L’Algérie profonde / Actualités

Aurès

L’histoire au cœur des montagnes

Le sud-est de la wilaya de Batna, aux portes du grand désert algérien, recèle des richesses naturelles et historiques “presque” uniques.

De la ville de Batna, en passant par les communes de Tazoult, , Arris, et vers Kimmel, une vue imprenable de monts et de forêts qui se tiennent debout s’étale sur plus de 100 kilomètres. À Oued Taga, une escale à la source de Berbague s’impose à tout visiteur ayant mis le pied dans la région pour la première fois. De là, il est facile d’apprécier les cavernes que la nature a sculptées dans la dure roche des montagnes et que les moudjahiddine ainsi que les habitants de la région ont fréquentées des années durant. En arrivant à Ichmoul, la montée se fait rapide et discrète. À un moment, on fini par voir les montagnes d’en haut. Surtout celle qui a valu à la région son nom Ichmoul. Les villageois racontent que c’est grâce à la montagne qui a la forme d’un cœur que les ancêtres lui ont donné l’appellation Ich n’ouel (le sommet du cœur). À l’entrée du petit village de Medina d’Ichmoul, la première chose qui saute aux yeux est le versant de Chelia, derrière lequel se trouve la wilaya de . Le village donne l’impression d’être de l’autre côté de la Méditerranée, en Grèce ou en Italie. Les maisonnettes montent en étages, une à une, pour arriver presque au sommet des collines. De la nouvelle Médina à l’ancienne “Medina” ou Sidi Ali. Ce petit et modeste village, implanté au cœur d’une verdure rafraîchissante, nous fait presque oublier la ville de Batna qui, à force de se moderniser, a perdu toute vocation. La magie s’offre de plus en plus fort à chaque virage jusqu’à Timechtaouine. Une chaîne de montagnes qui s’étend vers le sud à T’kout, à la frontière de Biskra. La région est connue pour sa mine de plomb, aujourd’hui à l’arrêt. Mais la particularité de cette région, ce sont les lettres amazighs dessinées sur les portes des propriétés et les “lhezamette” (ceinture). C’est dans cette partie du massif des Aurès que prennent naissance les cours d’eau, les oueds les plus importants de la wilaya, oued Abdi et oued Labiod en particulier. Le “djebel” de Chelia est aussi réputé pour son cèdre, son pic de Lala Kalthoum et ses cavernes, lieu de prédilection pour les amoureux de la nature et les écolos. Récemment, la société nationale Safa Aurès a pris l’initiative de rouvrir un hôtel qui existe dans la région depuis les années 80. Construit dans un virage, sur la montagne, il a longtemps été fermé pour des raisons liées à la situation sécuritaire. Ce ne sont que ces dernières années que les colonies de vacances ont fait leur retour. À Kimmel, l’autre cime des Aurès, se situe une autre richesse qu’est la forêt de Kimmel, communément appelée la forêt de Beni Melloul. Elle représente les limites naturelles de la commune avec les wilayas de Khenchela et Biskra et s’étend sur plus de 12 000 ha. C’était l’un des premiers fiefs de la Révolution. D’après le P/APC de Kimmel, Moustari Salah, le premier voyage effectué par l’une des figures emblématiques des Aurès, Mustapha Benboulaïd, s’est fait à partir de cette forêt. C’était un voyage vers l’Égypte en passant par la Libye et qui, malheureusement, a été avorté, puisque le groupe de combattants parmi lesquels se trouvait BenboulaÏd a été arrêté aux frontières tunisio-libyennes.

Lamia F.