Un Bourg Du Vieux Beauvaisis. Milly-Sur-Thérain
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Un bourg du vieux Beauvaisis Couverture : Sceaux de Guy de Milly (1243) et de Robert de Milly (1229). (Service photographique des Archives départementales de l'Oise). Abbé DENYS LE SAYEC Membre de la Société Académique de l'Oise Un bourg du vieux Beauvaisis MILLY-SUR-THÉRAIN des origines à nos jours ÉDITIONS NOTRE-DAME COUTANCES 1963 " REVIVRE LE PASSÉ NOUS ENSEIGNE ET NOUS AIDE A COMPRENDRE LE PRÉSENT " A Monsieur Jean Vinot-Préfontaine, Président de la Société Académique de l'Oise et Monsieur Pierre Vuatrin, Vice-Président A toute la population et aux nombreux amis de Milly-sur-Thérain. PRÉFACE Beauvais, le 8 février 1963, Cher Monsieur le Curé, Vous me demandez une introduction à votre travail. Puis-je refuser l'honneur que vous me faites ? Je ne le pense pas. Lorsque vous êtes entré dans notre Compagnie, vous n'étiez pas un inconnu pour nous. Vous aviez signalé votre passage dans votre précédente paroisse, en consacrant une plaquette à « La charmante petite église de Bouillancy ». C'était déjà un titre appréciable. Aujourd'hui, vous entreprenez un travail de plus grande envergure, sur une très ancienne paroisse du Beauvaisis : MILLY-SUR-THERAIN, dont vous êtes actuellement curé. Ce faisant, vous marchez sur les traces du savant Abbé Renet — qui fut en son temps secrétaire perpé- tuel de la Société Académique de l'Oise —, mais heureusement pour le lecteur, vous avez su maîtriser votre plume et limiter votre champ d'investigations. Il en résulte que votre travail, qui s'étend des lointaines origines de l'ancienne châtellenie de Milly — laquelle dût son importance à ses puissants seigneurs du Beauvaisis — jusqu'à l'époque la plus contemporaine, à ses institutions, à son industrie, à ses étangs fameux, il en résulte, dis-je, que votre travail doit plaire, aussi bien aux amoureux du passé, qu'à ceux, beaucoup plus nombreux qu'on le croit généralement, qui s'intéressent aujourd'hui à leur petite patrie. C'est donc avec plaisir et conscience que je vous félicite, cher Monsieur le Curé, de votre initiative, que je souhaite être suivie par beaucoup dans notre beau département de l'Oise, si riche dans son passé, dans son présent et dans son avenir. Jean VINOT-PREFONTAINE, Président de la Société Académique de l'Oise. PROLOGUE Les origines des moindres villages sont, comme celles des plus grands peuples, presque toujours enve- loppées de ténèbres. Les documents écrits font défaut. Les données archéologiques sont rares. Les noms même des localités n'offrent bien souvent que des énigmes à déchiffrer. MILLY-SUR-THERAIN est un des bourgs de l'ancien Beauvaisis, dont les origines, les ruines et les souvenirs, provoquent le plus de questions, de pro- blèmes, de recherches historiques, généalogiques et archéologiques. Son vaste territoire s'étend depuis Troissereux jusqu'à Belloy. Autrefois, il allait de Pisseleu à Lhéraule. Seul (2.369 hectares), il embrassait presque la sixième partie du Canton de Marseille-en-Beauvais ( 15.680 hectares). C'est le dernier reflet de la puissance des châtelains, dont les noms, les exploits, les violences et les services, les usurpations et les institutions, les crimes et les bienfaits, ne nous sont partiellement connus qu'à travers les archives. Les ruines du « Caté » — domaine féodal — attestent des malheurs. On montrait jadis, au pied de la Mairie, les fondements de la porte d'Amiens. On connaît bien difficilement les seigneurs qui ont élevé, et les ennemis qui ont renversé les fortifications de Milly. D'autres ruines féodales couronnent les hauteurs voisines de Milly. Les forts de Moimont et de Houssoy, n'ont laissé sur le territoire de la commune que des buttes et des fossés. Dans les dépendances de la Châtellenie, le « caté » d'Oudeuil et la « motte » de Haucourt, ne sont guère connus que des bûcherons et des gardes-forestiers. Les châteaux et seigneureries de Campdeville et de Courroy, qui relevaient du « chastel » de Milly, ne sont plus que des fermes. Milly avait des établissements religieux aujourd'hui disparus. Le nom de prieuré est resté attaché à un enclos. Entre le prieuré et le caté se cachent sous terre les soubassements d'une église, dont le nom est resté à l'ancienne place publique de Milly. En dehors du bourg, sur la route de Beauvais, un lieu-dit « La Maladrerie », désigne l'emplacement de l'une des plus anciennes fondations des châtelains de Milly. Les ruines mêmes ont péri. Jetée en dehors de la forteresse, et restée seule debout sur le coteau qui domine le village, l'église paroissiale Saint-Hilaire, plusieurs fois rajeunie, contemple depuis neuf cents ans, les ruines accumulées à ses pieds. Les châtelains ne viennent plus réclamer leurs droits honorifiques. Leurs droits utiles ont été suppri- més. Leurs domaines sont passés en d'autres mains. Les révolutions ont tellement bouleversé la société, que nos contemporains ignorent ce qu'était une châtellenie. Les historiens arrivent à percer un peu les ténèbres de ce passé, déjà si lointain, les mystères de ce régime, si incompatible avec nos mœurs actuelles. Pour étudier l'histoire des ruines de Milly, de ses fondations religieuses, de ses institutions féodales ou sociales, de sa vie religieuse, communale, profession- nelle et sociale, nous avons d'abord feuilleté le gigantesque travail de l'Abbé Renet (qui était secrétaire de la Société Académique de l'Oise en 1880), travail qui a paru dans les mémoires de la Société Académique entre 1888 et 1895. Naturellement, nous avons consulté avec beaucoup d'intérêt les archives paroissiales et communales à Milly, et surtout au Dépôt des Archives départemen- tales de l'Oise (Avenue Victor-Hugo, à Beauvais), travail facilité par le classement impeccable de ces milliers de documents, et l'amabilité de la Direction et des différents services. Nous avons parcouru également, aux Archives départementales, différents ouvrages : — Histoire et Antiquités du pays du Beauvaisis, de Louvet (1631-1635). — Histoire Ecclésiastique et Civile de Beauvais et du Beauvaisis, de Hermant (1680). — Extrait de l'annuaire du Département de l'Oise, de Graves ( 1833) . — Histoire du Diocèse de Beauvais, de Delettre (1842 et 1843). — Etude sur les monuments de l'architecture militaire en Syrie et dans l'île de Chypre, de Rey (1871). — Géographie physique et historique du Départe- ment de l'Oise, de Deladreue et Pihan (1886). — Inventaire des titres de la Maison de Milly, de De Poli (1888). — Les Seigneurs de Troissereux, de De Corberon (1901). — Dictionnaire biologique illustré de l'Oise (1907). — Cartulaire de l'Hôtel-Dieu de Beauvais, du Dr Leblond (1919). — Essai d'Histoire régionale : Département de l'Oise et pays qui l'ont formé, de Mme Launay et MM. Fauqueux et Launay (1925). — Beauvais, son Histoire, de M. Fauqueux (1939). — Guide de Beauvais (Cathédrale - Tapisseries - Principaux monuments de la ville), de Mgr L. Tesson (1950). — Les 697 Communes du Département de l'Oise, de M. E. Lambert, Président de la « Société Archéologique-Historique et Géographique » de Creil (1953). — Ebauche d'Histoire régionale de la poste aux lettres, de M. le docteur Ch. Poujol, Vice- Président de la Société Académique de l'Oise (1954). — Dictionnaire topographique du Département de l'Oise, de M. E. Lambert (1953-1955). — Numéro spécial de l'Education Nationale, sur « Les Archives ». — Différents Annuaires du département jusqu'à nos jours. — Toponymie du Département de l'Oise, de M. E. Lambert (1963). Nous remercions très respectueusement Mgr le Vicaire Général L. Tesson, historien apprécié de la cathédrale et de la ville de Beauvais, qui a étudié avec bienveillance notre travail. Nous sommes vivement reconnaissant à M. Vinot- Préfontaine, Président de la Société Académique de l'Oise et M. P. Vuatrin, Vice-Président, qui ont été pour nous deux guides doctes et sûrs, en même temps que d'aimables conseillers. Nous avons fait part de l'étude aux membres de la « Société Académique de l'Oise », dans sa séance du mardi 18 décembre 1962, à l'Hôtel-de-Ville de Beauvais, et tous nous ont encouragé à le faire paraître. Nous sommes également très reconnaissant aux nombreux témoignages locaux et régionaux (nous nous excusons de ne pouvoir citer leurs noms), et qui nous ont fortement aidé. CHAPITRE PREMIER Les origines de Milly MILLY, en Beauvaisis (Milli, Milliacum, Miliacum, Melliacum, Milleium), à 11 kilomètres de Beauvais, sur l'antique voie Beauvais-Dieppe, est un bourg du vieux Beauvaisis, sis à la limite méridionale du canton de Marseille, à 84 mètres d'altitude et à 92 kilomètres de Paris. Nul doute que les plaines et les collines, qui se partagent ou environnent le territoire de Milly, n'aient été fréquentées et même habitées aux temps dits préhistoriques. On a trouvé sur place des vestiges nombreux et indubitables du passage et du séjour des populations primitives aux environs de Milly. On a découvert des grattoirs, des fragments de haches polies, des hachettes en forme d'amande et autres instruments dits néolithiques ou paléolithiques, ciseaux ou tranchets, perçoirs, polissoirs à mains, etc..., un assortissement varié de curiosités préhistoriques, très spécialement entre Herchie et Les Forges. Sur l'éminence qui porte le nom de Justice, entre Campdeville et Milly, on a trouvé des hachettes éclatées, étroites et allongées, des grattoirs, perçoirs, nucléi, des débris de pièces informes, mais moins nombreux qu'au Pâtis de Herchies. Il y avait, en ce lieu au moins, une station préhistorique. Un spécimen de hache plus large s'est montré au- dessus de Campdeville. Un type de hachette plus étroite s'est rencontré vers Troissereux. Les formes et les dimensions varient, suivant celles du silex naturel que l'on avait à travailler. Quelques échantillons de grattoirs et de hachettes ont été recueillis sur la pente qui s'incline de la route du Tréport vers le bois de Campdeville et de Courroy.