Apprendre et partager la nature Vincent Bawedin

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Vincent Bawedin. Apprendre et partager la nature : L’accès à l’environnement : diffusion des connais- sances et partage des espaces... un besoin d’éthique ?. 2002. ￿hal-00280464￿

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Actes du colloque « apprendre et partager la nature »

L’accès à l’environnement : diffusion des connaissances et partage des espaces… un besoin d’éthique ?

sous la coordination de Vincent BAWEDIN

Colloque national organisé par le

Comité Nature et Citoyenneté

le samedi 01 décembre 2001 à () - grand amphithéâtre Dewailly -

avec le soutien de

. la Direction Régionale de l’Environnement ( DIREN Picardie) ,

. la Ligue des Droits de l’Homme et du citoyen (LDH - fédération de la Somme ), hal-00280464, version 1 - 18 May 2008

. la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves ( FCPE de la Somme ) et

. la Confédération Paysanne de la Somme

Juin 2002

Comité Nature et Citoyenneté, 3, place Dewailly - OVACAM - BP40326 80003 Amiens CEDEX 1 1

Actes du colloque « apprendre et partager la nature »

L’accès à l’environnement : diffusion des connaissances et partage des espaces… un besoin d’éthique ?

Vincent BAWEDIN (Coord.)

Président Fondateur du Comité Nature et Citoyenneté & Doctorant à l’I.G.A.R.U.N. - Géolittomer-Nantes LETG - UMR 6554 *

* Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Chemin de la Censive du Tertre - BP 81227 44312 Nantes Cedex 3

Liste des auteurs et intervenants

Jacques AUBRY , Inspecteur d’Académie, Inspection Académique de la Somme, 4 rue Germain Bleuet, BP 2607, 80026 Amiens cedex 01 Pierre BARGE , Secrétaire Général Adjoint, Ligue des Droits de l’Homme, 138 rue Marcadet 75018 Paris ; courriel : [email protected] Vincent BAWEDIN , Président, Comité Nature et Citoyenneté, 2 rue Flatters 80000 Amiens ; courriel : [email protected] Pascal DACHEUX , Confédération Paysanne, 80160 Le Bosquel ; courriel : [email protected] Daniel DELAIRE , Délégué Régional Adjoint, ONCFS Nord - Pas de Calais - Picardie, 7 bis rue du Mont - BP 11 62134 Bergueneuse Amélie DELAVAL , Diplômée de 3 è cycle de l’Institut d’Etudes Politiques de Lille II, 16 rue Carpeaux / 8 Cour Prévost 59000 Lille Pierre DRON , Président de l’APBG Picardie, 42 rue de la Chaussée 80680 Sains en Amiénois Thierry HANOCQ , Chargé de missions, DIREN Picardie, 56 rue Jules Barni 80040 Amiens cedex 01 ; courriel : [email protected] Jean-Marc HOEBLICH , Maître de conférences, Université de Picardie Jules Verne, Faculté hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 d’Histoire et de Géographie, chemin du Thil, Campus-sud 80025 Amiens cedex 01 ; courriel : [email protected] Ketty KATTALAN , Professeur, Lycée Professionnel Romain Rolland, rue Romain Rolland 80080 Amiens Patrick LETANGRE , Délégué Régional, ANCER Nord-Picardie, 4 rue du Moulin 80800 ; courriel : [email protected] Etienne PETITJEAN , Délégué Régional, ONCFS Nord - Pas de Calais - Picardie, 7 bis rue du Mont - BP 11 62134 Bergueneuse Jean-Pierre RAFFIN , Responsable du DESS « Espace & Milieux », Université Paris VII - Denis Diderot, UFR GHSS, case postale 7071, 2 place Jussieu 75251 Paris cedex 05 Pierre RECHENMANN , Président, GRAINE Picardie, 25 rue du Connétable, 60500 Chantilly, courriel : [email protected] Laurent ROY , Directeur, DIREN Picardie, 56 rue Jules Barni 80040 Amiens cedex 01

Comité de lecture :

V. Bawedin (Comité Nature et Citoyenneté, Institut de Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes), E. De Feraudy (Direction Régionale de l’Environnement - Picardie), P. Dron (Président de l’Association des Professeurs de Biologie-Géologie de Picardie), JM. Hoeblich (Maître de conférences en géographie à l’Université de Picardie Jules Verne), JM. Laout (Président de la Ligue des Droits de l’Homme - Fédération de la Somme), JP. Legrand (Conseil scientifique régional du patrimoine naturel de Picardie), et JL. Piot (Fédération des Conseils de Parents d’Elèves - Somme).

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Programme du colloque

13h45 : accueil des participants

14h00 : ouverture du colloque 15h10 : l’accès à la citoyenneté par l’éducation à l’environnement : un exemple concret Vincent Bawedin , Président fondateur du Comité Ketty Katalan , enseignante au Lycée Professionnel Nature et Citoyenneté, Doctorant à l’Institut de (LP) Romain Rolland d’Amiens Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes

Jacques Aubry , Inspecteur d’Académie de la Somme 15h30 : quelle éducation à l’environnement Laurent Roy , Directeur Régional de l’Environnement dans nos universités ? (DIREN Picardie) Jean-Marc Hoeblich , Maître de conférences en géographie à l’Université de Picardie Jules Verne

14h20 : première séance La diffusion des connaissances en matière d’environnement : une exigence d’éthiq ue. Le 15h50 : discussion en rapport avec la rôle des associations, des collectivités et de première séance l’État. (questions-réponses)

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Président de séance : Pierre Dron , Président de l’Association des Professeurs de Biologie-Géologie de 16h15 : pause Picardie (APBG)

16h40 : deuxième séance 14h30 : des associations agréées d’éducation L’accès aux espaces naturels publics : vers populaire et d’initiation à la nature plus d’égalité ? Plaidoyer pour une rassemblées pour l’éducation à meilleure harmonie entre les différentes l’environnement catégories d’usagers de la nature Pierre Rechenmann , Président du GRAINE Picardie (Groupement Régional d’Animation et d’Information à la Nature et à l’Environnement) Président de séance : Pascal Dacheux ,

représentant de la Confédération Paysanne à la CDOA de la Somme (Commission Départementale 14h50 : Natura 2000 : mythes et réalités d’Orientation Agricole) Thierry Hanocq , chargé de mission à la Direction Régionale de l’Environnement (DIREN Picardie)

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16h50 : territoire et gestion démocratique des 18h10 : l’application du droit en matière de espaces publics chasse et la législation concernant le partage Pierre Barge, membre du Bureau National de la des espaces…quelques cas concrets Ligue des Droits de l’Homme (LDH), enseignant- Etienne Petitjean et Daniel Delaire , Délégué et chercheur à Paris 8 Délégué régional adjoint de l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) Nord-Pas de Calais-Picardie

17h10 : rapports chasseurs - non-chasseurs dans les espaces naturels publics : en progrès ? 18h30 : discussion en rapport avec la seconde Jean-Pierre Raffin , ancien conseiller en charge du séance patrimoine naturel et de l’éducation à (questions-réponses) l’environnement auprès du MATE (Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement), enseignant-chercheur à Paris 7

18h55 : conclusion et clôture du colloque

17h30 : Chasse Pêche Nature et Traditions Vincent Bawedin , Président fondateur du Comité (CPNT), son programme et son répertoire Nature et Citoyenneté, Doctorant à l’Institut de d’action : l’appropriation de la nature ? Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes Amélie Delaval , diplômée de 3 è cycle de l’Institut

d’Études Politiques (IEP) de Lille 2 Daniel Cadoux , Préfet de la région Picardie, Préfet de la Somme (ou son représentant )

17h50 : des chasseurs inclinés à la protection des sites et ouverts aux autres usager s de la nature : le cas de l’ANCER Patrick Letangre , Délégué Nord-Picardie de l’ANCER (Association Nationale pour une Chasse 19h15 : pot de clôture et verre de l’amitié Écologiquement Responsable)

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Sommaire

Programme du colloque page 2

Ouverture du colloque page 6 Allocution de Vincent Bawedin (Comité Nature et Citoyenneté) page 6 Allocution de Jacques Aubry (Inspection Académique de la Somme) page 8 Allocution de Laurent Roy (DIREN Picardie) page 10

Première séance page 13 La diffusion des connaissances en matière d’environnement : une exigence d’éthique. Le rôle des associations, des collectivités et de l’Etat .

Propos introductifs de Pierre Dron (APBG - Picardie) page 13 Des associations agréées d’éducation populaire et d’initiation à la nature rassemblées pour l’éducation à l’environnement. Pierre Rechenmann (GRAINE de Picardie) page 17 Natura 2000 : mythes et réalités. Thierry Hanocq (DIREN Picardie) page 21 L’accès à la citoyenneté par l’éducation à l’environnement : un exemple concret. Ketty Katalan (Lycée Professionnel Romain Rolland) page 26 Quel enseignement de l’environnement, quelle éducation à l’environnement dans nos universités ? Jean-Marc Hoeblich (Université de Picardie Jules Verne) page 30

Débat (questions-réponses) en rapport avec la première séance page34 hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Seconde séance page 43 L’accès aux espaces naturels publics : vers plus d’égalité ? Plaidoyer pour une meilleure harmonie entre les différentes catégories d’usagers de la nature.

Propos introductifs de Pascal Dacheux (Confédération Paysanne) page 43 Territoire et gestion démocratique des espaces publics. Pierre Barge (Ligue des Droits de l’Homme) page 44 Rapports chasseurs – non-chasseurs dans les espaces naturels publics : en progrès ? Jean-Pierre Raffin (Université de Paris VII - Denis Diderot) page 48 Chasse Pêche Nature et Traditions (CPNT), son programme et son répertoire d’action : l’appropriation de la nature ? Amélie Delaval (Institut d’Etudes Politiques - Lille II) page 63 Des chasseurs inclinés à la protection des sites et ouverts aux autres usagers de la nature : le cas de l’Association Nationale pour une Chasse Ecologiquement Responsable. Patrick Letangre (ANCER Nord - Picardie) page 70 L’application du droit en matière de chasse et la législation concernant le partage des espaces…quelques cas concrets. Etienne Petitjean et Daniel Delaire (ONCFS Nord, Pas-de-Calais, Picardie) page 74 5

Débat (questions-réponses) en rapport avec la seconde séance page 77

Conclusion et clôture du colloque Allocution de Vincent Bawedin (Comité Nature et Citoyenneté) page 88 Allocution de Laurent Roy , représentant Daniel Cadoux (Préfet de la région Picardie, Préfet de la Somme) page 89

Annexes page 92 Plaquette « pour une éducation sur l’environnement équilibrée, large et objective », Comité Nature et Citoyenneté, DIREN Picardie, Inspection Académique de la Somme et FCPE - Somme document joint Extrait de la charte du réseau « Ecole & Nature » page 93 Liste des sigles utilisés page 95 Liste des participants inscrits au colloque page 97

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Actes du colloque national « apprendre et partager la nature » - Comité Nature et Citoyenneté - Amiens le 01 décembre 2001 6

Ouverture du colloque

Vincent BAWEDIN Président Fondateur du Comité Nature et Citoyenneté Doctorant à l’ I.G.A.R.U.N. - Géolittomer-Nantes, LETG-UMR 6554

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs bonjour et bienvenue.

« Apprendre et partager la nature », ce sont les deux axes auxquels nous allons nous intéresser en nous interrogeant, dans un premier temps, sur les modes de diffusion des connaissances en matière d’environnement : quelle éducation à l’environnement ?, par qui ?, pour qui ? et pourquoi ?… Et d’ailleurs pourquoi souhaitons-nous poser ces questions ?

Tout simplement parce que le moment est passionnelle, transmise de père en plus qu’opportun de le faire, étant donné fils…alors l’obscurantisme menace. les enjeux qu’elles impliquent. Elles paraissent en effet bien légitimes quelques La seconde thématique abordée ici, qui mois après que l’on ait attribué le intéressera autant les chercheurs en débordement du fleuve Somme à, sciences sociales, les professionnels de la quasiment, un « robinet » situé quelque nature, les étudiants, que les habitués des part dans la capitale ; quelques trop espaces naturels - pêcheurs, randonneurs, nombreuses années après que la fameuse cavaliers, chasseurs, naturalistes -, sera Directive « Habitats » 92-432/CEE, mieux justement le partage de ces espaces où de connue sous l’appellation Natura 2000, soit plus en plus d’usagers auront à se

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 la cible - le terme est approprié - de tous retrouver. les maux et soit systématiquement Il y a plusieurs raisons à cela : citons le stigmatisée alors qu’elle est une chance gain de temps libre - les trente-cinq heures réelle pour tous ceux qui sont sincèrement -, la place plus grande laissée aux loisirs soucieux de développement durable. dans notre société, le désir de « verdure » Chacun connaît la formule « calomniez, qui se fait ressentir chez de plus en plus de calomniez, il en restera toujours quelque citadins, dont beaucoup d’ailleurs viennent chose… »…elle est si vraie. habiter à la campagne - ceux que nous Quand l’information dans le domaine de appelons les rurbains -. l’environnement - mais il vaudrait mieux Je pourrais ajouter parmi ces raisons en l’occurrence parler de désinformation - l’autoroute A.16. contribue à servir des intérêts particuliers, le plus souvent politiques dans l’Ouest du Il sera question dans cette séance des département de la Somme, et consiste à règles communes, d’utilité publique qui effrayer, pour mieux les récupérer, des doivent amener à une meilleure entente populations socialement fragiles qui n’ont entre usagers de la nature, dans un comme moyen d’évasion qu’une activité département où certains, pour des raisons

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précédemment évoquées, n’hésitent pas, au nécessaire qu’il a réussi au niveau nom de la défense de « leur » territoire - et départemental ou régional, d’associations nous verrons cette notion complexe de par ailleurs toutes connues et reconnues : territoire - et des coutumes traditionnelles Ligue des Droits de l’Homme, Fédération qui y ont cours, à malmener parfois des des Conseils de Parents d’Elèves, touristes, voire des élus de la République. Fédération des Œuvres Laïques / Ligue de Mais si l’on veut que les règles et les lois l’Enseignement, Fédération Léo Lagrange, soient acceptées, il faut que leur raison Centres d’Entraînement aux Méthodes d’être soit comprise et donc expliquée par d’Education Active, Picardie Nature… des gens compétents, reconnus et n’ayant toutes animées par une exigence de ni arrières pensées, ni propagande à citoyenneté et de démocratie. Rassembler revendre. Or ce risque est présent, y ces structures déjà existantes, issues du compris dans les établissements scolaires. monde de l’éducation, de l’environnement, Nous voyons là le lien étroit qui existe de la défense de valeurs républicaines et entre éducation à l’environnement et humanistes, fait l’originalité et la grande partage des espaces, entre environnement cohérence de notre Comité qui occupe et citoyenneté, et l’importance qu’il y a à donc une place qui était vacante dans le mettre en avant ces corrélations. C’est paysage associatif. Nous pourrions dire, pourquoi ces thèmes ont été regroupés vous l’aurez compris étant donné le dans notre colloque dont nul ne s’étonnera contexte local et régional, que ce Comité qu’il ait lieu dans le département de la est conjoncturel. Cela ne signifie en aucun Somme. cas qu’il soit éphémère… Le Comité Nature et Citoyenneté est très heureux de vous accueillir à ce rendez- Ce sont donc bien l’éducation, vous. Mais au fait, qu’est-ce que c’est que l’environnement et le partage qui nous ce Comité dont on entend parler de plus en réunissent aujourd’hui. plus ? On y trouve qui ? Je sais que certains se posent ces questions, légitimes Afin de mieux concrétiser cela encore, je dans le sens ou notre organisation est très laisse maintenant la parole à Monsieur jeune. Cette plaquette *, fournie à l’entrée, Jacques Aubry, Inspecteur d’Académie de permettra à ceux qui nous connaissent mal la Somme, et à Monsieur Laurent Roy, de mieux nous appréhender. Le Comité Directeur Régional de l’Environnement qui

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Nature et Citoyenneté, c’est un organisme vont respectivement co-ouvrir ce colloque. rassembleur, très attaché à l’intérêt général comme le montre le regroupement inédit et Je les remercie d’avoir accepté d’être là.

* voir Annexe 1 Actes du colloque national « apprendre et partager la nature » - Comité Nature et Citoyenneté - Amiens le 01 décembre 2001 8

Jacques AUBRY Inspecteur d’Académie de la Somme

Merci monsieur le président, et je vous dirai aussi merci d’avoir pensé que, naturellement, l’Education Nationale avait sa place à tenir dans le cadre d’un colloque sur ce sujet.

Nous y avons hommes et qu’elle est donc rentrée dans un naturellement notre place non seulement cadre d’interactions. parce que l’éducation commence chez Nous avons les professeurs de Sciences de l’enfant et qu’elle se fait, pour beaucoup, la Vie et de la Terre comme on dit, donc de dans les établissements scolaires et la terre et de la vie, qui par leur mission également dans les familles, mais nous y d’éducation du jeune contribuent à former avons également notre place parce que de le citoyen de demain, à former l’éco- nombreux enseignants du premier degré, citoyen comme nous disons aussi. Je notais du second degré, du supérieur sont très que nous sommes en train de travailler au fortement engagés dans cette lutte allais-je niveau de l’Education Nationale dans le dire - mais je n’aime pas le terme de lutte - cadre de l’ERE. L’ERE, c’est un grand cette promotion, cette défense de notre mot, je sais qu’en Picardie on a tendance à planète au sens large. Nous évoquons l’épeler puisque c’est une abréviation. souvent des catastrophes lorsqu’on parle de L’ERE - qui signifie l’Education Relative à notre territoire, mais on ne cherche pas l’Environnement - devient une composante beaucoup à quoi elles ont été dues. importante de la formation de l’écolier, L’homme maintenant interagit avec la futur citoyen ; du collégien, futur citoyen ; nature. La nature dépend de nous et nous du lycéen, futur citoyen parce qu’à chaque dépendons d’elle : nous sommes en pleine niveau les exigences sont différentes. interaction. Nous sommes peut-être à une Pour avoir cette éducation du citoyen, de hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 charnière et il est important, comme vous cet éco-citoyen de demain, nous ne l’avez rappelé, de s’appuyer sur des pouvons pas le faire seuls, de même que événements dont certains viennent d’avoir nous ne pouvons pas former le citoyen lieu dans ce département. Ils sont peut-être « tout court » de demain, seuls. un symbole dans ce département où nous Et là je tenais à signaler et à rappeler, et je avons cette Baie de Somme, qui fait partie crois que c’est à ce titre que vous m’avez des plus belles baies du monde - du « club demandé d’être à vos côtés, combien des plus belles baies du monde » comme d’associations oeuvrent autour de on dit - et qui permet de rappeler qu’il y a l’éducation - j’en vois quelques-unes dans des lieux qui gardent cette beauté naturelle la salle et je les remercie d’être présentes - mais est-ce que ça veut encore dire aujourd’hui - et ont su s’engager dans la quelque chose naturel ? -, … allons en Baie défense de ce patrimoine merveilleux que de Somme et nous verrons que ça veut dire nous avons. quelque chose. Dans ce domaine-là, nous avons vu avec Donc aujourd’hui si je suis là, ce n’est ces inondations que le climat a tendance à peut-être pas à titre de picard que je suis évoluer et que cette évolution n’est peut- aussi, de picard de Picardie Maritime, je être pas indépendante des actions des n’ose pas dire d’Abbevillois parce que

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vous avez en effet rappelé que … « le encore à progresser, que l’éducation à robinet »… Cette histoire m’a un peu l’environnement a encore plus à progresser choqué car le matheux que je suis connaît et je dirai au travers de cela que respecter les problèmes de robinets. Mais là, j’ai la nature, c’est d’abord se respecter soi- trouvé cela « un peu gros » et j’ai réfléchi : même et respecter les autres. « pourquoi une rumeur passe si bien alors Et dans ce cadre-là, le travail que vous qu’elle dit des contre vérités faites monsieur le président s’inscrit tout à manifestes ? » , et j’ai essayé d’employer fait dans les objectifs qui nous sont définis des termes simples car je crois que par la loi d’orientation de l’Education l’éducation c’est aussi d’employer des Nationale - qui date de 1989 - qui n’est pas termes simples : une loi d’opportunité, sur laquelle nous S’il est si facile de prendre de l’eau à Paris continuons de travailler et sur laquelle pour l’amener dans notre Baie de Somme il beaucoup de mes collègues enseignants, devait être encore plus facile de prendre de dans les établissements, travaillent au jour l’eau à pour la mettre en Baie de le jour - j’en vois dans la salle, je les Somme. On a vu que c’était très difficile, remercie -. Donc, je puis vous assurer que donc réfléchissons à cela. Réfléchissons si certains ne sont pas là cela ne veut pas aussi, quand on parle d’éducation, que dire qu’ils ne travaillent pas avec vous, certains ont été faire constater que l’eau dans le même sens, pour que nos enfants et arrivait d’amont ! Heureusement que des nos petits enfants aient demain à être fiers professeurs de lettres sont à nos côtés de la France bien sûr, puisque nous également. sommes en France, et que nous nous On atteint un niveau qui, tout de même, inscrivons dans un cadre national, mais je montre que l’éducation « tout court » a dirais plutôt de la planète et de la Picardie.

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Laurent ROY Directeur Régional de l’Environnement (DIREN Picardie)

Je suis quant à moi ici à double titre puisque j’y suis en tant que Directeur Régional de l’Environnement, et que la DIREN est partenaire de ce colloque, d’ailleurs Thierry Hanocq, de la DIREN, reviendra plus précisément sur la procédure Natura 2000, source de biens des conflits. J’y suis également en tant que représentant du Préfet puisqu’il m’a confié le soin de le représenter aujourd’hui.

Pourquoi ce colloque est-il particulièrement pertinent ? Je crois qu’un bref rappel historique ne de la mutation d’une société à dominante fera pas de mal. La nature en France, c’est rurale vers une société à dominante urbaine d’abord un concept à manier avec des ce qui a, entre autres choses comme guillemets, puisqu’en pays tempéré la conséquence le fait que dans les nature porte toujours peu ou prou la campagnes il y a de moins en moins de marque de l’homme sauf peut-être à très monde et de moins en moins de bras, haute altitude, et encore. Donc on parle notamment pour entretenir les milieux. Ce bien ici de milieux qui ont été peu ou prou contexte a alors changé parce que ceux qui anthropisés, façonnés par l’homme. Ils sont restés dans les campagnes, les l’ont été jusqu’à la fin du XIX è siècle sans agriculteurs en particulier, ont que cette question de partage de la nature complètement modifié leurs pratiques et ne se pose vraiment parce que, de fait, ils leur manière de produire et ceci en étaient utilisés par une France à majorité conséquence, notamment, des évolutions rurale, par une société et une population à des politiques agricoles. On sait que les majorité rurale qui géraient et entretenaient politiques agricoles actuellement en place les milieux en question en fonction de leurs ont tout misé sur la production, sur le besoins. Et comme sous produit, comme soutien à la production, pas sans raison hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 conséquences, cela produisait des paysages d’ailleurs puisqu’au lendemain de la et des milieux. L’exemple le plus évident deuxième guerre mondiale il s’agissait de est celui du bocage, une pure création nourrir la France dans un contexte de humaine. C’est une création humaine pénurie alimentaire. Mais cela a entraîné d’ailleurs récente puisque datant du XIX è une mutation sans précédent de siècle pour l’essentiel, correspondant au l’agriculture : industrialisation, besoin de l’élevage en terme de clôtures, modification des pratiques dont les en terme de fourrages, et qui a produit, par conséquences en terme d’environnement ricochets, des milieux et des paysages sont évidentes, qu’il s’agisse de la intéressants. Il n’y avait alors pas de conflit banalisation des paysages, qu’il s’agisse du d’usage à proprement parler parce qu’on retournement des prairies et donc de la avait une population rurale implantée dans perte de milieux intéressants ou qu’il son milieu et qui le gérait pour produire ce s’agisse des problèmes de pollution de dont elle avait besoin. Evidemment le l’eau par les nitrates ou les produits contexte a fondamentalement changé tout phytosanitaires. Donc nous avons une au cours du XX è siècle, sous les double modification : dans les campagnes, conséquences de la désertification, de des pratiques agricoles qui subissent une l’exode rural, de l’industrialisation et donc mutation - que l’on peut qualifier de

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révolutionnaire - et, en parallèle, partage spatio-temporel des milieux qui l’apparition du concept de préservation de s’impose et donc des questions de conflits la nature, l’apparition de la nature en tant d’usage qui peuvent également se poser. que patrimoine à préserver. Rappelons que Avec ces trois pôles, on est arrivé à cette l’écologie en tant que science est quelque situation où nous devons essayer de chose de récent puisqu’elle date du début trouver les méthodes pour discuter, du XX è siècle et, petit à petit, s’est dialoguer, se concerter de façon à résoudre développée la notion que la nature en elle- cette multiplicité de conflits potentiels et même avait une valeur, que les espèces en ce de manière à définir une stratégie un elles-mêmes avaient une valeur, qu’on a tant soit peu globale et cohérente de inventé la notion de biodiversité spécifique gestion et de mise en valeur des milieux -, si bien que l’on arrive maintenant à une naturels. Donc l’enjeu actuel est celui-ci, situation avec trois pôles en situation c’est un enjeu compliqué et qui suppose de d’affrontement potentiel plus ou moins se parler beaucoup. marqué selon les cas : - les producteurs d’espaces : ceux qui C’est pour cela notamment que l’initiative vivent des espaces qu’ils produisent, c’est du Comité Nature et Citoyenneté à dire pour l’essentiel les agriculteurs ou d’organiser le colloque est importante les forestiers puisque les espaces agricoles puisqu’il est important de multiplier les ou forestiers représentent 75 % de la occasions de discussion entre représentants superficie française, plus encore sans doute de sensibilités diverses et d’intérêts divers, dans une région de plaine comme la notre, de se parler beaucoup, pas seulement au - les utilisateurs et consommateurs niveau général - au niveau des concepts -, d’espaces : tous les usages récréatifs de la cela suppose de se parler beaucoup au nature - ces usages pouvant aller de la niveau du concret, au niveau du terrain. On randonnée à la chasse - ; soit une forme de reviendra tout à l’heure, je l’ai dit, sur « consommation » de l’espace et Natura 2000. Ce que nous enseigne - le pôle de conservation de la nature : actuellement le plus Natura 2000, c’est qui cherche à défendre la nature pour sa que c’est au niveau local, sur un site donné valeur patrimoniale, pour ce qu’elle - quand un site est proposé au titre du représente en elle-même. réseau Natura 2000 - quand on réunit l’ensemble des acteurs concernés qu’on y

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Ensuite, on peut imaginer toutes les arrive le mieux, parce qu’on parle là catégories de conflits d’usage entre ces réellement de concret, on dit : « voilà, on a différents pôles voire même au sein de ces un territoire, on a un espace, on a des pôles. Par exemple, les discussions autour milieux intéressants, des activités de Natura 2000 avec le monde de la humaines, comment on fait ?, comment on chasse : c’est un conflit entre la défense gère ? ; on a tels intérêts et vous, vous avez patrimoniale de la nature et une catégorie telles pratiques, concrètement comment ça particulière d’usagers - les chasseurs en se passe pour que les pratiques soient l’occurrence -. Mais on peut dire aussi compatibles avec la préservation du qu’il peut y avoir des conflits entre ces territoire ? ». mêmes chasseurs et les producteurs de l’espace que sont les agriculteurs dans Cela suppose évidemment, pour se parler certains cas, autour de la problématique de et pour avoir une quelconque chance de dégâts de gibier par exemple, dégâts dus s’entendre et se comprendre quand on se aux sangliers dans certains secteurs parle, d’avoir un minimum de culture notamment. On peut dire aussi qu’il y a des commune. D’où la question de la conflits au sein du collège des « usagers » connaissance, d’« apprendre la nature », la eux-mêmes puisque entre - toujours - les nécessité fondamentale d’actions de chasseurs et les randonneurs il y a bien un formation, de pédagogie pour disposer

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d’un minimum de bases communes afin de veut sortir de cette impossibilité de pouvoir parler en se comprenant, et discussion, il faut avoir des lieux de pouvoir se parler en se comprenant pour discussion, il faut savoir de quoi l’on parle, définir ces méthodes de gestion commune, avoir une culture commune, une de concertation dont nous avons besoin. connaissance commune. J’espère que ce C’est donc pour cela qu’il est colloque y contribuera. Je vous remercie. particulièrement bienvenu que le premier thème de votre colloque soit consacré à Vincent BAWEDIN : Merci monsieur le cette thématique de la connaissance. Directeur Régional. Nous allons tout de L’exemple de la rumeur d’Abbeville, lors suite entrer dans le vif du sujet avec la des inondations, démontre assurément que première séance : « la diffusion des l’on a tenu un dialogue impossible entre connaissances en matière des autorités, des experts d’obédiences d’environnement : une exigence d’éthique. diverses qui disaient tous la même chose, Le rôle des associations, des collectivités et invariablement, et une population sur le de l’Etat » et j’appelle pour présider cette terrain qui refusait de l’entendre, qui première séance Pierre Dron, président de parlait simplement d’autre chose et se l’Association régionale des Professeurs de posait d’autres questions. Donc, si l’on Biologie-Géologie.

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Première séance

La diffusion des connaissances en matière d’environnement : une exigence d’éthique. Le rôle des associations, des collectivités et de l’Etat.

Pierre DRON Président de l’APBG de Picarde (Association des Professeurs de Biologie- Géologie)

Je suppose que Vincent m’a demandé de présider cette partie parce que j’ai un long passé d’enseignant de biologie-géologie sur la ville d’Amiens. J’ai passé trente ans dans un lycée - ce qui fait pas mal de temps - et vous avez pu constater avec l’intervention de monsieur l’Inspecteur d’Académie qu’effectivement, la partie institution scolaire peut être très importante dans l’apprentissage de l’environnement.

Cette intervention portera sur la usage. Ces remarques sont valables en transmission des connaissances en milieu milieu scolaire mais également pour tout scolaire et plus particulièrement en matière public et donc vous devez, vous, d’environnement et sur certaines difficultés organismes de formation et d’éducation que l’on peut rencontrer. Pourquoi présents aujourd’hui dans cette salle, être transmission plutôt que diffusion ? La confrontés au même problème. diffusion semble indiquer que les hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 connaissances partent en de multiples 1) Rappel du texte de la circulaire directions, un peu comme les akènes de (BOEN n° 20 du 16.05.85.) : pissenlit du symbole du dictionnaire Larousse, « je sème à tous vents ». Semer, Dans la petite notice qui a été mise au c’est bien beau, encore faut-il que les point par le Comité Nature et graines germent ! La transmission suppose Citoyenneté*, je me suis basé sur une qu’il y ait un récepteur. Il n’y a circulaire et j’ai eu, un peu comme véritablement transmission d’un message monsieur l’Inspecteur d’Académie, une que si celui-ci est reçu, décodé - le cas position administrative. La circulaire est la échéant - et compris. Apporter des suivante : informations n’a pas d’utilité en soi, si « Durant la scolarité obligatoire, elles ne sont pas transmises. Les akènes de l’observation d’animaux familiers ou pissenlit nécessitent un sol ayant certaines sauvages dans leur milieu de vie est caractéristiques ; les informations que vous souvent la base d’activités dont l’objet est apportez à un public donné ne peuvent être la connaissance du monde vivant, la transmises que si l’esprit de ce public est compréhension des équilibres biologiques suffisamment ouvert, formé pour qu’il les et l’éducation au respect de la vie dans comprenne et qu’il en fasse ensuite bon toutes ses formes .»

* voir Annexe 1 Actes du colloque national « apprendre et partager la nature » - Comité Nature et Citoyenneté - Amiens le 01 décembre 2001 14

Ce texte peut paraître limitatif par rapport à . Y-a-t-il progrès si ce projet est néfaste à la vision globale de l’environnement que l’homme (au monde vivant) ? l’on a actuellement et qui inclut des notions plus larges que celles liées à une . Y-a-t-il progrès si ce projet est favorable étude purement écologue du milieu, telle à l’homme (au monde vivant) ? celle de développement durable. En effet, C’est à dire, si l’on revient au texte, qu’en il semble se limiter à un environnement fin de compte, toute acquisition de biologique, ce qui est très restreint, mais il connaissances doit amener à une réflexion faut le replacer dans son contexte : celui de et la dernière partie de cette circulaire l’enseignement élémentaire. « l’éducation au respect de la vie sous Cependant, l’étude de ce texte va permettre toutes ses formes » c’est la réflexion que de soulever deux problèmes fondamentaux l’on peut tirer des conclusions que l’on a à en matière d’éducation et donc d’éducation partir des activités réalisées avec les élèves à l’environnement : auparavant : il faut élargir le problème et apprendre à réfléchir, c’est essentiel. Si on a) Le premier est celui des connaissances à n’apprend pas à réfléchir, l’eau viendra transmettre et de leur mode de toujours de Paris…

transmission. Les connaissances évoquées Il n’y a pas progrès s’il n’y a pas réflexion sont celles du monde vivant et la sur les connaissances acquises et ceci compréhension des équilibres biologiques. constitue l’essence de l’humanité, de ses Le mode de transmission est basé sur des progrès, et par cette réflexion l’essence de observations et sur des activités ; l’humanisme. effectivement, nous, enseignants, nous ne sommes pas là pour annoncer des 2) Les connaissances : qui peut les connaissances mais pour les faire acquérir transmettre ? qui peut les faire et il est donc nécessaire, pour ce faire, de acquérir ? (et comment ?) se baser sur des activités pratiques. a) L’institution scolaire à ces différents b) Le deuxième problème fondamental niveaux : apparaît à la fin de cette circulaire. Il n’y a Ecole, collège, lycée, université (par pas acquisition de connaissances sans une exemple la circulaire précédente, les réflexion sur celles-ci. Bien sûr, cette programmes du collège, du lycée, et pour hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 réflexion doit être adaptée au niveau de l’université, voir l’intervention de celui qui les acquiert, ce n’est pas Monsieur Hoeblich). L’institution scolaire nécessairement une dissertation comme toute institution a ses limites. Nous philosophique de haut niveau. Et dans cette en reparlerons. Certains parmi vous circulaire cet aboutissement est pensent - peut-être - que l’on n’apprend « l’éducation au respect de la vie sous rien à l’école en matière d’environnement ; toutes ses formes ». c’est, bien sûr, faux. La circulaire dont Il est donc nécessaire d’avoir une réflexion nous venons de parler montre par ses sur les connaissances acquises. Nous objectifs l’importance qui lui est donnée pouvons illustrer cela en nous posant dans l’enseignement élémentaire. quatre questions en rapport avec la notion Dans l’enseignement secondaire et en ce de progrès scientifique : qui concerne plus particulièrement les . Y-a-t-il progrès lorsque de nouvelles Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), connaissances scientifiques sont acquises ? c’est en 6 ème que le programme est le plus . Y-a-t-il progrès lorsque ces nouvelles orienté vers l’environnement. Il comprend connaissances entrent dans un projet ? trois parties :

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- La première est intitulée « notre médias - mais cet apport manque souvent environnement » et va permettre de le d’une réflexion sur la connaissance définir, de dégager ses caractéristiques apportée - ou par des associations (géographiques, biologiques - répartition intervenant dans le domaine de des êtres vivants, action de l’homme -, l’environnement, dont de nombreuses sont …) ; ici présentes aujourd’hui.

- La seconde porte sur « l’organisation du Pour quelles actions ? : monde vivant » et comporte l’étude du peuplement d’un milieu et les relations - actions dans un cade général : organisent alimentaires, ce qui permet de dégager des des sorties tout public comme peut le faire données écologiques importantes. toute association loi de 1901.

- La troisième comprend une partie portant - actions dans le cadre de l’Education sur « la responsabilité de l’homme vis à vis Nationale et ceci nécessite un agrément , ce du cadre de vie et de l’environnement » et qui est normal car le monde de l’E.N. permet de développer les dimensions intéresse beaucoup d’organismes dont les sociales de la responsabilité de l’homme objectifs sont parfois bien loin de (étude du POS, par exemple) et de l’élève. l’humanisme évoqué tout à l’heure, en Dans les autres classes, c’est particulier les sectes qui sous divers ponctuellement que l’on rencontre des déguisements essaient d’intervenir dans les thèmes en rapport avec l’environnement. domaines de l’éducation à la santé, à la L’enseignement de culture scientifique de sexualité et à l’environnement. 1ère L et ES, les TPE de 1 ère S et Terminale Ceci est connu, très connu. S peuvent être des occasions de développer une culture environnementale. Cet agrément est donc nécessaire sinon on risque de tomber vers des dérives sectaires. b) Les autres : L’agrément est une habilitation à la fois du Un programme est par essence limitatif et point de vue des connaissances - donc peut difficilement apporter la vision scientifiques, par exemple -, du point de

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 globale de l’environnement et c’est pour vue pédagogique - action en coordination cela que certains parmi vous pensent qu’il avec l’enseignant qui reste responsable de n’y a pas assez d’éducation à sa classe et d’ailleurs aussi de ce qui est dit l’environnement dans nos programmes, par l’intervenant -, mais qui devrait l’être mais tous les spécialistes disent la même aussi du point de vue éthique. chose en ce qui concerne leur spécialité. Est-ce la fonction de l’école de satisfaire le L’intervenant est là pour un acte éducatif et spécialiste ? Ne doit-elle pas plutôt non pour faire du prosélytisme en faveur apporter des connaissances de base et de son association. développer l’aptitude à les utiliser ? Si l’on se réfère encore à la circulaire précédente, sa dernière partie « éducation Il y a donc nécessité d’un apport au respect de la vie sous toutes ses complémentaire de connaissances et de formes » doit être respectée par les méthodes par des canaux extérieurs à l’ intervenants. Si on est amené à expliquer Education Nationale, par exemple par les que des populations animales doivent

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être limitées, il faut le faire en se basant sur culture, son éducation et la philosophie qui des arguments scientifiques sérieux et mène sa vie et ses comportements. reconnus par la communauté scientifique. L’éducation à l’environnement, en sortant Si le propos dérive, l’enseignant est du cadre strictement humain, amène à une responsable de la dérive du propos. compréhension globale du fonctionnement Pour terminer, je reviendrai sur le cas du du monde qui nous entoure et au respect collège qui est un cas intéressant : à ce que nous devons porter à toutes ses niveau, l’éducation à l’environnement doit composantes. être comme l’éducation à la santé, une éducation à la citoyenneté - même si cette Les intervenants suivants vont illustrer ces expression est depuis quelques temps mise quelques propos très généraux. à toutes les sauces et, de ce fait, assez L’intervenant suivant est monsieur Pierre galvaudée -. Rechenmann, président du G.R.A.I.N.E. de L’éducation à la santé n’a pas qu’une Picardie - Groupement Régional implication personnelle, elle fait intervenir d’Information et d’Animation à la Nature également un comportement collectif vis à et à l’Environnement -. Je viens de parler vis des grands problèmes de santé des associations et de leur importance, publique. L’«éducation au respect de la vie Monsieur Rechenmann va nous parler des sous toutes ses formes » est aussi une associations agréées d’éducation populaire éducation au respect de l’autre quelle que et d’initiation à la nature rassemblées pour soit son apparence, quelles que soient sa l’éducation à l’environnement.

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I) Des associations agréées d’éducation populaire et d’initiation à la nature rassemblées pour l’éducation à l’environnement

Pierre RECHENMANN Président du GRAINE Picardie (Groupement Régional d’Animation et d’Information à la Nature et à l’Environnement)

Bonjour à tous, merci à Vincent de m’avoir invité et de me donner la parole. Je suis en effet président du GRAINE de Picardie et c’est à ce titre que je vais intervenir mais j’aimerais auparavant définir de quoi on parle.

L’éducation à l’environnement est un Ensuite, ça a été l’éducation pour la nature concept assez récent et évolutif. Mon et l’environnement, c’est à dire connaître intervention se fera en quatre points : pour aimer, aimer pour protéger et protéger - d’abord les champs de l’éducation à pour transmettre . Il s’agit donc de penser l’environnement l’environnement pour mieux panser - - le réseau « Ecole & Nature » qui existe réparer - l’environnement. Et donc au plan national, qui est un réseau l’animateur devient militant, les principaux d’éducateurs à l’environnement repères étant la charte de Belgrade, le - l’inter-réseau qui regroupe l’ensemble premier choc pétrolier de 1973 et la loi sur des réseaux régionaux et pour finir, en tant la protection de la nature de 1976. que président, - le GRAINE de Picardie qui est un des Ensuite, ça a été l’éducation par la nature réseaux régionaux en France. et l’environnement, et la nature devient un moyen d’éduquer plutôt qu’un objet

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 1) les champs de l’éducation à d’études. On profite d’être en extérieur l’environnement : un rapide historique : pour développer les sens et l’imaginaire, la sensibilité, et c’est l’occasion d’aborder le L’éducation à l’environnement a été au global, le complexe, la diversité, la départ l’initiation à la nature : une complexité et l’animateur devient découverte de la nature arpentée sur le professionnel. C’est à ce moment là que terrain, très pragmatique, en compagnie l’on trouve ce profil d’animateur-nature : d’un animateur, amateur passionné en pédagogue, naturaliste, deux compétences général. Il s’agit là d’une approche où la nouvellement associées. nature est régie par ses lois propres et où le C’est vivre la nature avec les enfants qui rôle de l’Homme n’y est guère évoqué. est une approche très sensorielle, d’origine C’est aussi la création des premiers Parcs canadienne. Naturels nationaux, aux Etats-Unis, au Au final, c’est l’éducation relative à début du XX è siècle, et la création du l’environnement qui est un concept Ministère de l’Environnement en 1971. beaucoup plus récent celui-là. Il s’agit là Cela est la première étape de ce long d ‘associer les moyens éducatifs avec cheminement. l’objet de la découverte, du milieu.

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Il y a donc une cohérence entre paroles et développement durable c’est quoi ? actes qui est recherchée, l’animateur Pour Lucie Sauvai, sociologue québécoise devient un technicien et c’est Rio (1992), qui parle beaucoup d’éducation à Johannesburg bientôt, c’est une approche l’environnement, le développement francophone et de plus en plus durable cache quoi ?, c’est le internationale. développement durable de quoi…de la Donc nous parlons maintenant d’Education globalisation des marchés ? de la Relative à l’Environnement : l’ERE, c’est croissance économique ? de l’ultra en effet un nouveau sigle. libéralisme ? Alors l’ERE peut devenir un moyen de produire toujours plus, au Du point de vue des acteurs et des service du développement durable, c’est à structures, ça a également évolué avec dire une ressource marchande comme une l’émergence du concept, ce qui est normal. autre ? Ou bien il s’agit du développement des - Au début, dans les années 1960, les individus et des sociétés dans le respect des premiers, les pionniers, il faut quand même générations futures et des ressources à le rappeler, sont les CEMEA, qui ont été venir ? Le développement est-il une vraiment à l’origine - moi-même, j’ai été finalité intangible et constitue-t-il le formé par eux et c’est eux qui m’ont donné fondement des valeurs que nous voulons la passion et la vocation de ce que j’ai réunifier pour rétablir le réseau des découvert ensuite -, ce sont les BTS relations : personnes / sociétés / protection de la nature, les Centres environnement. ? Ce n’est pas sûr… d’Initiation à la Nature (CIN - Boult aux Bois). 2) le réseau « Ecole & Nature » - les années 1970 ont été celles d’une certaine structuration et organisation avec Ce réseau est né en 1983 au sein d’un le Ministère de l’Environnement, les Parcs réseau régional. Il a pris un statut associatif Naturels, les CPIE. en 1990 et c’est à partir de cette - les années 1980 : ça a été le réseau constitution en réseau national que les « Ecole & Nature » qui a été l’occasion de réseaux territoriaux se sont développés : rassembler les éducateurs à les GRAINE. Il y en a partout, dans toutes l’environnement très dispersés, qui se les régions.

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 croyaient isolés, les GRAINE Ce sont des réseaux d’éducateurs qui se (Groupements Régionaux d’Animation et rencontrent, qui échangent, qui mutualisent d’Information sur la Nature et leurs expériences, leurs compétences et l’Environnement). leurs outils. - les années 1990 vont structurer : avec les Mais c’est surtout un réseau, c’est à dire rencontres de Planète ERE : Planète ERE-1 une structuration qui se caractérise par son à Montréal, Planète ERE-2 il y a une horizontalité et son absence de hiérarchie semaine à Paris, à l’UNESCO, et la place entre ses membres (définition de la charte de l’ERE, de l’Education Relative à d’ « Ecole & Nature »*). l’Environnement dans les programmes de Ce type de structure se distingue donc l’éducation nationale, les chartes multiples. d’une fédération ou d’une union dans Maintenant, la suite, il s’agit lesquelles peut exister une tentation d’institutionnaliser et là ça devient plus d’uniformisation ou de hiérarchisation. difficile. L’ERE est reconnue par les politiques, les décideurs et les experts comme un facteur de première importance pour réaliser le développement durable. C’est ce que dit l’UNESCO. Mais le

* voir Annexe 2 Actes du colloque national « apprendre et partager la nature » - Comité Nature et Citoyenneté - Amiens le 01 décembre 2001 19

Le réseau constitue donc une structuration la rencontre avec les partenaires existants appropriée à la mise en œuvre de la qui nous disaient « et bien écoutez, il y a ce démocratie participative. Donc il y a des qu ‘il faut : il y a une charte existante, des valeurs éthiques, d’ailleurs « Ecole & partenaires nombreux mais institutionnels Nature » trouve ses origines dans les avec les trois CPIE ». On s’est dit : non, mouvements d’éducation populaire, qu’il n’y avait pas que cela, il n’y a pas d’éducation nouvelle, de protection et de qu’eux , il y a la société civile, avec une gestion de la nature, de développement diversité d’associations qui existaient déjà, local des territoires et intègre des nombreuses et qui se trouvaient un peu composantes comme l’action sociale, le seules. On a proposé, à l’occasion de la développement durable, la non-violence, promotion de l’outil « Ricochet » en les relations nord / sud, la culture et la Picardie de créer un réseau. Il représente citoyenneté. « Ecole & Nature » est gérée une trentaine de membres actifs dont, les par des co-présidents. Il n’y a pas de CEMEA, le CAUE, les CPIE - deux sur président, il y a huit co-présidents, c’est trois -, les lycées agricoles qui sont des intéressant… partenaires très actifs du service public, « En Savoir Plus », qui est sur Amiens, les 3) les GRAINE et la dynamique d’inter PEP-80, Picardie Nature, les fermes réseaux pédagogiques, la Bergerette à Beauvais, L’inter réseau, correspond à des services « Format Nature », à Compiègne…et que les GRAINE s’échangent entre eux, divers autres. c’est très porteur, et au plan national l’inter On a créé une revue qui s’appelle Pic réseau organise des rencontres nationales hardi-infos, qui permet d’échanger entre- et régionales. Il y a une feuille de l’IR - IR, nous, on a également décidé d’adhérer à la comme Inter Réseau - qui est produite par charte d’ « Ecole & Nature » devant la le GRAINE Pays du Nord, nos voisins, difficulté qu’on avait à en créer une, nous pour l’ensemble des GRAINE de France et nous sommes dit : on prend celle d’ qui est distribuée à l’ensemble des « Ecole & Nature » et nous avons adhéré à adhérents de tous les GRAINE. On a cette charte et donc à « Ecole & Nature », à également produit des ouvrages comme l’inter réseau, on a créé un collectif « éduquer à l’environnement par la régional d’éducation à l’environnement pédagogie de projets », des guides pour ouvrir les membres actifs à d’autres

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 pratiques pour monter son projet membres qui souhaitent s’associer à des d’éducation à l’environnement, le guide projets d’envergure en Picardie comme la d’animateurs de réseaux, très récent, suite formation des animateurs de « Ricochet » à des co-formations entre animateurs, il y a et « Roule ta boule » puisque des la création de « Roule ta boule » à propos animateurs membres actifs forment des des déchets, de « Ricochet » sur l’eau, des animateurs voire des enseignants à ces outils pédagogiques conçus avec la outils. Il y a aussi eu les assises régionales Fondation de France, entre autres, « mon d’Education à l’Environnement en Picardie jardin secret », un outil sur les jardins, un pour préparer aux assises nationales à site Internet - ça ça devient banal - et des Lille. Il y a eu une dizaine d’enseignants expertises entre les réseaux qui que le Rectorat a mis à disposition pour s’entraident. participer aux assises nationales et je l’en remercie. Ces assises régionales en 4) le GRAINE de Picardie Picardie ont été un succès, avec un forum Il est né tardivement, il y a à peine trois et une table ronde rassemblant plus de 200 ans. Nous nous sommes fait beaucoup personnes. Une autre action importante a aider par cette dynamique très porteuse des été l’organisation, en Picardie, de Planète réseaux et d’ « Ecole & Nature ». Le ERE-2. La réunion des éducateurs contexte de la naissance du GRAINE a été francophones en France : environ 500

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éducateurs francophones se sont répartis à un emploi jeune pour faire cela -, donc dans onze régions pendant trois jours dont vérifier que les membres souscrivent bien la Picardie qui les a invités. Il y avait une et répondent bien à ce cahier des charges certaine diversité de pays dont beaucoup qui permettra d’offrir une garantie aux de canadiens et de québécois. Il y avait partenaires et notamment à l’Education trois sites qui accueillaient ces éducateurs Nationale, mais pas seulement : aux étrangers : le Lycée Agricole de Thiérache, universités, aux entreprises - le public est un à la Bergerette à Beauvais et le large - pour faciliter des actions troisième à « Thiérache Point Nature ». d’animation auprès du public mais aussi de Ces trois sites ont ensuite été réunis près d’ formation de formateurs dans ces Amiens, au Lycée Agricole du Paraclet où structures dont je parlais. Cela concerne les la synthèse de ce qui a été vécu dans enseignants qui le souhaitent (professeurs chaque site a été effectuée. Ces opérations d’histoire - géographie, de sciences, n’auraient pas pu se faire sans le instituteurs), les documentalistes dans une partenariat technique et financier de dynamique de pédagogie de projets. C’est l’ADEME*, du Rectorat, du Conseil cette pédagogie de projets qui fait la Régional avec les semaines de spécificité de notre démarche et qui met l’environnement, très utiles pour cela, la l’apprenant en situation de monter son DRAF *, la DRDJS * et la DIREN *. Voilà projet et d’acquérir des connaissances par pour les actions. lui-même. C’est une démarche active que les CEMEA pratiquent déjà, par exemple. Les projets du GRAINE sont fondés sur En ce qui concerne les projets du GRAINE cette méthode active. de Picardie, ce que nous souhaitons, maintenant qu’on a appris à se connaître Voilà ce que j’avais à vous dire sur le entre nous - puisque ces trois ans ont été GRAINE, je vous remercie. nécessaires pour apprendre à nous connaître entre acteurs - c’est de mettre en place une stratégie de reconnaissance. Pierre DRON : Dans son introduction Vous parliez d’agrément, nous pensons à Vincent a parlé de Natura 2000 ; monsieur un agrément collectif via le GRAINE qui Thierry Hanocq, chargé de mission à la pourra élaborer un cahier des charges Direction Régionale de l’Environnement va donc nous parler de : « Natura 2000 : hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 auxquels les membres adhérents devront souscrire par le biais d’enquêtes - on songe mythes et réalités ».

* voir liste des sigles utilisés, page 95 Actes du colloque national « apprendre et partager la nature » - Comité Nature et Citoyenneté - Amiens le 01 décembre 2001 21

II) Natura 2000 : mythes et réalités

Thierry HANOCQ Chargé de missions à la DIREN

Bonjour, je vais vous parler de Natura 2000. Le thème de la discussion sera « mythes et réalités » parce qu’il a paru intéressant de faire un point sur les fantasmes qui entourent cette directive qui, effectivement, a stigmatisé un certain nombre d’oppositions. Nous allons essayer de comprendre aujourd’hui pour quelles raisons et d’expliquer un peu la manière dont, en Picardie, on applique cette directive.

Le réseau Natura 2000 s’appuie sur deux directives européennes, la directive « Oiseaux » de 1979 et la directive « Habitats » de 1992 (document 1).

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Document 1

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1) Les textes fondateurs 2) Quelle perception ?

La directive « Oiseaux » définit des Zones Ces textes ont suscité de nombreuses de Protections Spéciales (ZPS) qui sont des interrogations, voire des oppositions zones reconnues d’importance européenne locales. En 1979, alors que certains pour la protection des oiseaux et qui voyaient en la directive « Oiseaux » un doivent faire l’objet d’une attention toute outil de protection des espèces, d’autres particulière de la part des états membres l’ont vécu comme une restriction pour garantir le maintien de la capacité unilatérale de la chasse. Cette directive qui d’accueil de ces zones de façon durable. préconisait une non-chasse des oiseaux migrateurs, en période de retour La directive « Habitat » est un peu plus notamment, a entraîné une diminution des complexe dans le principe. Elle définit un périodes de chasse traditionnelle, puisque nombre de types d’habitats naturels qui depuis 1979, les dates d’ouverture et de sont définis par un cortège floristique fermeture ont été attaquées devant les poussant dans des conditions édaphiques tribunaux. Donc, certains, les chasseurs similaires, des milieux similaires et qui notamment, ont cru ressentir une définissent ainsi un habitat naturel. Un substitution de la politique nationale par certain nombre de ces habitats naturels ont des décisions de tribunaux supranationaux été listés en annexe 1. En annexe 2, c’est activés par la « technocratie européenne ». un certain nombre d’habitats d’espèces Cette frustration a entraîné une méfiance animales autres qu’oiseaux. La directive extrême envers la politique de protection indique aux états membres qu’ils doivent de la nature européenne. Or, de fait, dans préparer une liste nationale de sites qui l’Union Européenne, c’est le principe de contiennent des habitats d’espèces et des subsidiarité qui s’applique, principe selon habitats naturels et qui doit être proposée lequel les directives européennes fixent des au niveau européen pour, si elle est objectifs et les états membres sont libres validée, devenir des sites qui seront d’appliquer les moyens qu’ils veulent pour reconnus d’importance communautaire. atteindre ces objectifs. Dans ce contexte tendu et conflictuel est arrivée la directive Il y a donc dans la directive habitat, « Habitats » en 1992. Elle a été très mal contrairement à la directive oiseaux, prise dès le départ étant données les impressions laissées par la directive

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 plusieurs étapes : - une proposition nationale « Oiseaux » et dans les années qui ont - une validation au niveau européen suivi, le monde rural s’y est aussitôt Ces listes de sites d’importance opposé en dénonçant l’absence de communautaire seront déclarées Zones garanties quant à la pérennité des activités Spéciales de Conservation (ZSC) à partir économiques et traditionnelles. du moment où les états membres auront Cette directive Habitat s’est traduite dans fixé un système de garanties qui permettent le droit français par un décret en 1995 d’avoir une gestion durable de ces zones. préconisant un certain mode d’emploi pour définir les sites Natura 2000, notamment En 1992, la directive habitat indique que en terme de consultation du monde rural. les ZSC + les ZPS (créées dès 1979) Pour répondre aux interrogations de ce seraient réunies au sein d’un même réseau dernier, le gouvernement a rédigé un appelé réseau Natura 2000. La directive Mémorandum à l’attention de l’Union fixe également une échéance qui est pour Européenne spécifiant la vision française 2004. de la directive Natura 2000 (document 2).

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Document 2

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Une fois le Mémorandum approuvé par 3) Les oppositions l’Union Européenne en 1997, le gouvernement français étant assuré que Il n’y avait pas eu de transposition dans le l’application de la directive se ferait de droit français de ces notions depuis une manière concertée et contractuelle - basée dizaine d’années - depuis 1992 pour la sur le volontariat -, la procédure a repris directive « Habitats », voire même 1979 son cours et les différentes phases depuis pour la directive « Oiseaux » -. l’établissement de la liste de sites jusqu'à la rédaction du document d’objectifs, s’est C’est pourquoi cette transposition a parfois déroulée en concertation avec les différents été présentée comme une application des représentants du monde rural. Directives européennes à la hussarde, sans garanties apportées au monde rural. Enfin, en 2001 une ordonnance est parue, La manière dont cette directive a été mise permettant de fixer, en matière législative, en place contribuait donc à stigmatiser les la notion de ZPS et de ZSC. oppositions.

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Ces oppositions étaient telles qu’en 1996, précisément les mesures de gestion qui le gouvernement de l’époque a décidé de allaient être proposées puisque les milieux geler la procédure de mise en place de n’avaient pas encore fait l’objet d’études Natura 2000 pour mettre au point des approfondies à ce stade. Les questions qui règles de travail formalisées dans le se sont alors posées, de façon fort logique, Mémorandum. Cependant, la mise en étaient « quelles contraintes cela impose-t- pratique de cette politique a continué à être il ?, quelle gestion va être imposée à observée de manière extrêmement l’intérieur de ces enveloppes (espaces méfiante et critique, puisque ce délimités désignés) ?. » Or, comme nous Mémorandum précise que la gestion des n’en n’étions qu’au début des démarches, sites Natura 2000 relève de la les études n’ayant pas été lancées, il n’y responsabilité des Etats membres, donc pas avait pas de réponse. Cela a été considéré des propriétaires, pas des usagers. Il soit comme une démarche non revient aux Etats membres d’adopter les transparente, soit comme un manque de mesures qu’ils estiment les plus sérieux. Les interlocuteurs ont cru qu’il appropriées pour atteindre les objectifs s’agissait d’une lacune dans la démarche fixés par la directive. Cela réaffirme le puisque, disaient ils, il leur était demandé principe de subsidiarité. La Commission de se prononcer sans connaître les tenants Européenne reconnaît que les dispositions et les aboutissants. contractuelles, qui sont vraiment la volonté politique française, sont un moyen de Pour répondre à ces interrogations, dans satisfaire aux objectifs de la directive. Cela deux départements - l’Oise et la Somme -, signifie que pour le maintien des ZPS ou le préfet de la région Picardie a donné un des ZSC au titre de la directive Oiseaux ou certain nombre de garanties sur ce que ne au titre de la Directive Habitat dans un état serait pas Natura 2000 vis à vis des de conservation favorable, la France activités socio-économiques sur chaque s’engage dans la signature de contrats entre site - maintien des activités notamment les usagers ou les propriétaires. Ceux-ci dans les domaines de la sylviculture, de la comportent un engagement de bonne chasse, de l’agriculture, de l’industrie...-. gestion du point de vue environnemental, Ce document s’intitule « les engagements et en contre-partie l’Etat s’engage à du Préfet sur Natura 2000 ». financer les surcoûts. L’UE accepte que le Dans le troisième département, l’Aisne, il

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 document d’objectif, qui fait la liste des mesures susceptibles de faire l’objet de a été choisi de commencer la démarche du contrats et qui définit les objectifs de document d’objectifs avant la désignation conservation sur un site soit le document et la transmission officielle du site, ceci de référence qui garantisse la pérennité des dans le but d’avoir un maximum de sites du réseau Natura 2000. précisions sur la gestion qui sera Suite à ce mémorandum et à ses préconisée. dispositions contractuelles, la mise en place de Natura 2000 s’est poursuivie. La Les sites ont été transmis sur la base Directive imposait d’établir une liste de d’inventaires existants comme les ZNIEFF propositions de sites d’intérêt (Zones Naturelles d’Intérêts Ecologique, Faunistique et Floristique) pour la plupart communautaire. Cela s’est fait par la ème définition d’une enveloppe de référence où avec une définition au 1/100 000 . on savait qu’il y avait des habitats Enfin, la réalisation de documents intéressants au niveau européen. Une d’objectifs a débuté, les premiers sites volonté de concertation a été mise en servant à affiner la démarche. Leur œuvre très en amont de la démarche de élaboration se fait en différentes phases désignation des sites, sans connaître (se reporter au document 3).

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Document 3

Là encore, une multitude d’interrogations Il est cependant à regretter que ce voire de défiances sont apparues. Les compromis atteint localement - c’est un acteurs de terrain ont un grand besoin compromis puisque l’on sort vraiment d’être écoutés et informés, et les problèmes gagnant / gagnant - est assez fragile car il rencontrés ont toujours une solution dès peut être remis en cause par une décision lors que l’on s’attache à les résoudre au rendue par tel ou tel tribunal ou par des plus près du terrain. Ainsi, sur l’exemple décisions politiques qui se basent, elles, sur d’un document d’objectifs réalisé sur la des principes généraux. Moyenne Vallée de l’Oise dans le département de l’Aisne, les acteurs de la vallée et leurs représentants, farouchement opposés à la démarche à son démarrage, Pierre Dron : Je vous remercie beaucoup veulent aujourd’hui être pleinement partie monsieur Hanocq. Je crois que votre hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 prenante dans sa mise en œuvre conclusion sur les aspects concrets est contractuelle. extrêmement importante et conforte un peu ce que disait monsieur Roy tout à l’heure, à Nous pourrons retenir de cela que savoir que se retrouver autour d’une table lorsqu’on travaille à partir de principes et discuter, c’est important. généraux on rencontre des oppositions - philosophiques même - par contre, dès que Maintenant, madame Ketty Katalan, l’on rentre sur des cas concrets de terrain, enseignante au Lycée Professionnel on trouve toujours des solutions qui Romain Rolland d’Amiens, va nous parler permettent aux acteurs locaux et à de l’accès à la citoyenneté par l’éducation l’environnement en général de sortir à l’environnement : un exemple concret. gagnants. Nous restons dans le concret.

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III) L’accès à la citoyenneté par l’éducation à l’environnement : un exemple concret

Ketty KATALAN Professeur au Lycée Professionnel Romain Rolland – Amiens

Messieurs les présidents, mesdames et messieurs bonjour. Je vais vous apporter un témoignage d’une expérience de l’accès à la citoyenneté par l’éducation à l’environnement.

Avant de vous parler de l'expérience s'enferment facilement dans une menée avec mes élèves sur atmosphère de "ghetto" qui génère l'environnement, il me semble méfiance, animosité envers l'autre, et indispensable de situer l'établissement dans même rejet de l'autre. En effet, ils sont trop lequel je travaille. J'enseigne les lettres - souvent habitués à faire reconnaître leurs histoire au lycée Romain Rolland, lycée droits et à oublier leurs devoirs. professionnel tertiaire, en zone d'éducation Et dans notre rôle de professeur en ZEP, prioritaire (ZEP), au nord d'Amiens. nous devons accompagner nos élèves de Nos élèves arrivent donc pour la plupart, lycée professionnel à devenir des citoyens des collèges voisins de ZEP et ils sont à part entière. nombreux, ceux qui vivent dans les Mais citoyen, que cela signifie-t-il pour quartiers Nord de la ville - quartiers eux qui, dans de très nombreux cas, ont difficiles -, où la violence sous toutes ses perdu tout repère ? Il s'agit donc pour nous, formes fait partie de leur quotidien. enseignants, de percevoir les qualités de Ces jeunes, que nous accueillons au lycée chacun et leur intérêt pour le travail en appartiennent en majorité à un milieu classe, de valoriser ce travail et de défavorisé en raison de leur environnement redonner confiance à ces jeunes combien hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 social, économique et culturel - un nombre attachants, malgré leur attitude parfois très important d'élèves, d'ailleurs, fait appel au désinvolte. fonds d'aide social pour l'achat de leur Je dirai que c'est pour cela qu'il faut être matériel scolaire -. On pourrait croire que sans cesse à la recherche de pratiques je suis en train de tracer un tableau bien susceptibles de donner du sens aux sombre de la jeunesse qui fréquente notre apprentissages et à favoriser la établissement scolaire. Mais il s'agit trop socialisation de nos élèves. Et, les régulièrement d'adolescents qui n'ont rien expériences qui se déroulent en dehors de choisi de leur vie, ni leur quartier où règne l'école permettent d'élargir l'univers de une atmosphère pesante, ni leur voie l'élève et de favoriser une certaine professionnelle qui est généralement la motivation de celui ci, de retour en classe. conséquence d'un échec scolaire. C'est pourquoi au printemps 2000, lorsque monsieur et madame Hoeblich, professeurs Ces élèves, chez qui tout est à construire en géographie à l'Université de Picardie quand ils arrivent au lycée, doivent se Jules Verne, m'ont proposé, avec réconcilier avec l'école, et accepter les l'association" pour le Littoral Picard et la règles de notre société. Ils ont peu Baie de Somme", une sortie de l'occasion de sortir de leur quartier et ils sensibilisation à l'environnement sur la

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côte picarde, j'ai été enthousiasmée par ce pêcheurs de la pêche embarquée et à pied, projet et l'intérêt que lui avaient porté mes du directeur de l'école de chars à voile de élèves alors en seconde année de BEP des -plage, un des directeurs de Belle métiers du secrétariat. Avec cette Dune et le propriétaire du gîte rural de la découverte, ils ont pris conscience des ferme de la Motte dans l'arrière pays -. risques naturels que connaît la côte. Une exposition "de la falaise au sable fin " 1ère sortie : Risques naturels et correspondant à cette première sortie a été prévention sur le littoral picard . organisée afin de faire partager leur Ault / Cayeux avec l'observation des découverte. risques naturels et de leur prévention : - le recul de la falaise à Ault. C'est ainsi que devant l'engouement que - le risque d'inondations dans les bas ces lycéens ont manifesté, je décidai de champs de Cayeux. poursuivre ce travail par la réalisation d'un Les élèves ont analysé l'attitude adoptée "projet éducatif et culturel" l'année scolaire par les citoyens face à ces risques et les suivante, alors qu'ils poursuivaient leur choix d'aménagement de la cote. cycle scolaire en terminale BEP. 2ème sortie : Environnement et économie Ainsi de la prise de conscience des risques en Baie de Somme. naturels que connaît la côte picarde, est né Travail sur le thème : L'ensablement en le projet sur l'environnement sous l'intitulé Baie de Somme et la vie économique. "éco-citoyens ". Du Hourdel à la pointe de saint Quentin, la Baie de Somme s'ensable inexorablement Cette action s'est articulée autour de trois et la vie des hommes s'en trouve modifiée : sorties pédagogiques planifiées en - Certaines activités ont dû être déplacées. collaboration avec monsieur et madame - Certains hommes luttent contre ce Hoeblich sur le littoral afin d'appréhender phénomène pour sauvegarder leur activité. sur le terrain, l'éducation à - D'autres évoluent pour rester entre terre l'environnement. et mer dans cet estuaire qu'habite, depuis Notre objectif a été de faire naître chez les des générations, leur famille. élèves une éthique environnementale à Ce constat a éveillé chez nos jeunes la travers trois thèmes : les risques naturels et capacité d'adapter une attitude responsable

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 la prévention ; l'environnement et face à l'environnement l'économie ; l'environnement et l'aménagement d'un site touristique. 3ème sortie : Environnement et tourisme Trois sites ont été retenus pour mener à sur la côte picarde . bien cette étude. Lors de la troisième sortie, les lycéens se Avant chaque sortie, le thème a été préparé sont penchés sur un aspect important de soit en autonomie soit avec l'aide d'un cette région : Environnement et tourisme professeur ou de la documentaliste par : sur la côte picarde. - la lecture de journaux et revues Le site choisi pour ce travail a été : Quend- - des recherches sur Internet plage les pins avec Belle Dune éco-village - l'élaboration de questionnaires pour les et le gîte rural de la ferme de la Motte. enquêtes sur le terrain auprès des intervenants extérieurs : représentants de Au cours de ces sorties les élèves ont différentes associations, collectivités compris l'interaction des différents territoriales ou acteurs de l'économie - éléments en milieu naturel, ils ont identifié représentants du SMACOPI *, de la DDE la complexité du paysage, ils ont pris *, du GEMEL *, de l'IFREMER *, de

* voir liste des sigles, page 95 Actes du colloque national « apprendre et partager la nature » - Comité Nature et Citoyenneté - Amiens le 01 décembre 2001 28

conscience des erreurs du passé pour un la Baie de Somme a défilé afin d'animer avenir meilleur. Et ils ont concrétisé leurs l'exposition. Au moment du vernissage les recherches par une documentation élèves se sont investis dans l'accueil avec photographique. un discours de bienvenue qui a donné le Ensuite, leur réflexion s'est portée sur le ton de l'exposition. choix que tout citoyen doit faire pour vivre Ils ont ensuite présenté leur expérience et le plus intelligemment possible dans son fait réfléchir les visiteurs sur les choix environnement. possibles en matière d'environnement. Pour donner plus d'intérêt à leurs travaux, Après avoir réuni tous les documents ils ont distribué un questionnaire de concernant le résultat de leurs découvertes satisfaction, un questionnaire au moment des sorties, les élèves ont d'observation, et ont organisé un concours organisé le vernissage d'une exposition avec pour prix un livre sur la Baie de mise en place du 3 au 10 mai 2001 sous le Somme. titre : "La côte picarde : Entre terre et mer Et c'est avec beaucoup de regret que les que choisir ?" lycéens ont démonté et rangé leur oeuvre Dans le cadre d'un projet pluridisciplinaire en s'interrogeant sur le caractère éphémère à caractère professionnel, et sous la de cette exposition mais gardant un direction de Rose-Marie Fleury professeur excellent souvenir de leurs sorties et des de secrétariat, de Franck Adriaenssens, intervenants qui leur ont permis de réaliser professeur de mathématiques et de moi- ce projet. même, ils ont eu le plaisir de présenter leurs travaux réalisés à l'occasion du projet Deux élèves de la classe ont participé aux éducatif et culturel : " Eco-citoyens ", ateliers du samedi 7 avril 2001 lors du réflexion sur l'environnement et sur colloque "les falaises picardes : Etat des l'attitude citoyenne à adopter pour le lieux, enjeux, actions." Elles ont rapporté protéger. avec beaucoup de précisions leur journée à leurs camarades - spectacle magnifique Cette exposition a regroupé les photos, d'une promenade en mer le long des croquis et commentaires des élèves falaises entre Le Tréport et Ault, exécutés à l'occasion de sorties découverte du secteur sauvegardé de Mers pédagogiques au printemps 2000 alors les Bains, travaux d'autres élèves et nde

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 qu'ils étaient en 2 BEP et durant l'hiver étudiants, et une table ronde qui les a 2001, en terminale. fortement impressionnées. - Les élèves ont préparé le vernissage et la présentation de leur exposition aux autres Cette expérience même si elle a été parfois lycéens, parents et invités. difficile à mener, même s'il a fallu se battre pour que les élèves soient assidus, qu'ils A cette occasion, les élèves ont organisé collaborent par une attitude responsable, a l'exposition : été positive, dans la mesure où certains ont - Préparation des panneaux avec la volonté modifié leur comportement en respectant de mettre en valeur leurs découvertes et leur lieu de vie, le lycée ; d'autres se sont analyses. impliqués activement pour sensibiliser - Préparation du cadre de l'exposition ; leurs camarades aux problèmes autour d'éléments naturels (Tronc d'arbre, d'environnement auxquels ils avaient été filet de pêche, sable, plantes, galets…) les confrontés, d'autres encore sont allés plus photos, textes, croquis ont été loin dans leur réflexion en évoquant le rôle astucieusement installés dans l'ordre de chacun dans sa responsabilité des choix chronologique des sorties pédagogiques. environnementaux à l'échelle locale mais Un film extrait de l'émission Thalassa sur

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aussi mondiale - avec le problème de l'effet environnement proche mais aussi de serre -. solidaires à l'échelle planétaire.

Enfin persuadée de la réussite de cette Voilà pour mon expérience avec les élèves expérience, j'ai renouvelé cette année deux de mon lycée. Je vous remercie. PEC sur l'environnement : d'une part en collaboration avec la même équipe Pierre DRON : Je vous remercie beaucoup pédagogique que l'an dernier, nous madame. Je crois qu’effectivement, relater travaillons avec une classe de seconde BEP ainsi un cas concret, c’est très intéressant. sur les énergies renouvelables, d'autre part, Le vôtre est bien, il est présenté là en ce avec une collègue de lettres-histoire, nous moment mais je pense que dans développons le concept d'environnement et l’Education Nationale il y a un certain solidarité à travers le thème des nombre de cas concrets comme celui-là qui inondations, avec une classe de Bac procèdent de l’éducation à commerce. l’environnement. Merci beaucoup pour votre présentation. Madame a parlé de Pour conclure, je dirai que pour nous, monsieur Hoeblich qui est l’intervenant enseignants, il semble très important que suivant. Donc, Jean-Marc Hoeblich, maître nos élèves, acteurs du futur, apprennent à de conférences en géographie à connaître leurs propres valeurs, s'ouvrent le l’Université de Picardie Jules Verne va plus tôt possible au monde extérieur, se nous parler de l’éducation à sentent concernés et responsables de leur l’environnement dans nos universités.

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008

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IV) Quel enseignement de l’environnement, quelle éducation à l’environnement dans nos universités ?

Jean Marc HOEBLICH Maître de conférences en géographie à l’UPJV

Mesdames, messieurs bonjour. Je tiens à préciser que mon intervention n’a pas l’ambition de l’exhaustivité, car ce sujet serait un sujet de thèse. a été légèrement modifié : « quel enseignement de l’environnement, quelle éducation à l’environnement dans nos universités » ? J’essayerai d’éviter la caricature, même si mon intervention reste relativement courte.

Dans le cadre des universités françaises, géologie fait partie d’un tout ! Que s’est-il l’environnement a eu du mal à trouver un passé ensuite, y a-t-il eu un malentendu ? véritable créneau parfaitement identifiable. Est-ce une science ? Une pratique ? 1) un malentendu en voie L’éducation à l’environnement a-t-elle une d’éclaircissement ? réelle place dans l’université? Est-ce encore un thème d’actualité ? Je me Plus près de nous, dans les années 1970, permettrai de prendre des exemples qui les naturalistes plus particulièrement, se sont plutôt concrets, vécus, ainsi que sont intéressés à l’environnement, le point d’autres expériences que je connais par de départ étant en général l’écologie, ailleurs. l’étude des écosystèmes et les menaces sur la biodiversité, suivant l’affinité des L’étude de l’environnement est déjà enseignants et des chercheurs. L’étude des ancienne si l’on donne à ce terme milieux naturels excluait souvent l’homme « environnement » une large acception ; on du champ d’investigations et les recherches pourrait même remonter au XIX e siècle s’effectuaient essentiellement dans des hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 avec les recherches portant sur les milieux, milieux extrêmes (terres australes, hautes naturels de préférence. Les sciences de la montagnes) qui étaient le plus souvent le nature et la géographie, entre autres, ont point de départ des études de milieux qui, abordé ces thèmes, surtout à l’époque où comme le disait monsieur Laurent Roy, les frontières entre les sciences n’étaient semblaient être naturels. pas imperméables. L’impact des activités anthropiques était A titre d’exemple, je peux citer des cartes aussi là pour pouvoir évaluer les dégâts sur géologiques des années 1930 de les milieux dits naturels (à mettre en Madagascar, ancienne colonie française : parallèle, la loi du 10 juillet 1976 relative à l’introduction de la notice géologique la protection de la nature). La mise en laissait une place non négligeable au place des études d’impact (loi du 19 juillet paysage, à la végétation, aux populations, à 1976 sur les installations classées) a donné leurs coutumes et activités,… un coup de fouet supplémentaire à la l’environnement en quelque sorte. Tout ce recherche appliquée. Ceci explique sans préambule, alors que l’objectif premier de doute aussi pourquoi l’environnement est cette carte était d’inventorier un possible encore trop souvent lié à une image gisement minéral dans le secteur !... La « verte ».

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Dans les années 1970 encore, les De la même manière des enseignements se géographes n’ont pas été de reste, et on sont multipliés donnant naissance à des peut penser en particulier à J. Tricart, formations spécifiques, parfois innovantes. géomorphologue réputé qui, avec J. Kilian, Les DEA en milieu et environnement sont pédologue, avait lancé « l’éco- plus d’une cinquantaine (« sciences et géographie », en fait une approche techniques de l’environnement », systémique sur un espace dans lequel « géosciences de l’environnement », évolue l’homme. Il s’agissait d’une « systèmes spatiaux et environnement », approche globale, d’une étude de « sciences de l’environnement marin », l’environnement. Ceci ne concernait « environnement, sociétés, territoires »…). qu’une petite partie de la géographie, pas De nombreux DESS également, à toujours reconnue par certains mandarins commencer par celui de Picardie : en la matière. En effet, durant ces années « Environnement, aménagement, 1970 et 1980 surtout, les chercheurs développement agricole et voyaient leur avenir dans une recherche agroalimentaire » (dont la réorganisation extrêmement pointue, spécialisée, le plus date de 1994, sous la direction de Paul souvent loin de cette approche globale Oudart, ici présent), « Ecosystèmes nécessaire à l’étude de l’environnement. méditerranéens », « espace rural et Dans ce cadre-là, l’environnement ne environnement », « ressources naturelles et pouvait être une science, surtout pas environnements », « dynamique des exacte, puisque faisant appel à une paysages », « génie écologique », « gestion approche plutôt systémique qu’analytique. de la planète »... Cette formation Globalité rimait avec « généralités » (pour professionnalisante recherche son ne pas dire évidences et « conversations de originalité dans le partenariat avec des café du commerce »). Certes tous les professionnels, dans la pluridisciplinarité et chercheurs ne raisonnaient pas de la sorte. dans les actions concrètes. On pourrait dire En Picardie, un module pluridisciplinaire que nous avons là un creuset de recherche « espace et environnement » destiné aux appliquée à l’environnement, sans vouloir étudiants de DEUG était assuré en (ou pouvoir) l’affirmer ouvertement. particulier par R. Regrain, F. Vignon et E. Désiré. C’était déjà mettre deux D’autres diplômes se teintent enseignements (sciences de la vie et d’environnement ou basent leur formation

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 géographie) en complémentarité pour sur ce domaine, les maîtrises spécialisées approcher un thème commun… . (MST) et tout récemment les licences professionnelles. A partir des années 1990 la conférence de On peut retenir à l’aube du troisième Rio en juin 1992 a eu un véritable impact millénaire que le champ sémantique s’est médiatique, y compris dans nos alors considérablement élargi, actuellement universités, chacun se rendant compte que il est quasiment devenu incontrôlable. On dans sa propre matière, il pouvait faire de ne peut pas exclure que l’effet de mode, l’environnement, comme M. Jourdain de la politique (après Rio) et/ou opportuniste ait prose sans le savoir… agi sur de tels développements. Il est D’autres sciences universitaires se sont intéressant de noter que ces dernières emparées du concept de l’environnement, années, le terme « environnement » en l’infléchissant vers la notion de galvaudé par certains est remplacé par « milieu », « d’espace » qui entoure l’être « développement durable » répondant ainsi humain. aux textes et recommandations nationales Des thèmes en dualité tels que voire internationales sans que ce concept « environnement et santé », « transport et soit réellement assimilé par le grand environnement », … s’inscrivent dans cette public. optique.

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Nous pouvons aussi nous demander s’il pour certaines disciplines : Sciences de la n’y a pas un effet de mode… vie et de la Terre, Histoire-géographie, mais aussi Sciences physiques ou encore 2) l’éducation à l’environnement n’a pas Maths-sciences pour les professeurs de parfaitement trouvé sa place lycées professionnels (limité à quelques heures). Quant à l’éducation à l’environnement, relativement récente par rapport à l’étude C’est dans le cadre de l’Action culturelle - de l’environnement, elle semble le parent dès 1987/88 - et au niveau de la MAFPEN pauvre dans l’enseignement supérieur en (Mission Académique à la Formation des France. Personnels de l’Education Nationale) du Le colloque de Belgrade en 1975 et la Rectorat de l’Académie d’Amiens que la conférence de Tbilissi en 1977, ont mis en pratique de l’éducation à l’environnement évidence la nécessité de former les est apparue concrètement. enseignants à l’éducation à Raymond Regrain - encore - avait l’environnement. En France, dès 1971, encouragé la création d’un groupe de nous pouvons trouver des traces de recherches et d’actions pour la formation circulaires (Bulletin Officiel de (GRAF) à l’attention des enseignants des l’Education Nationale, BOEN) et de lycées et collèges et dirigé par Danièle protocoles d’accord entre ministères qui Bazin. La particularité de ces groupes de donnent un cadre à l’éducation à recherches très variées, portait sur le l’environnement et sont en quelque sorte principe d’un encadrement les réponses aux recommandations et pluridisciplinaire, scientifique obligatoire directives internationales. par plusieurs enseignants universitaires. Le Les efforts pour l’éducation à résultat a débouché, entre autres, sur des l’environnement portent principalement sur outils d’aide à l’éducation à les jeunes (écoles, collèges et lycées). Or, l’environnement : la mallette pédagogique les enseignants devant être formés, cette « artisans de l’environnement » en est la tâche est dévalue essentiellement aux principale illustration. C’était une réponse IUFM (Instituts Universitaires de concrète à un besoin de formation que ne Formation des Maîtres) avec plus ou moins remplissait pas suffisamment l’université. de bonheur selon les académies. On peut Si, dans d’autres universités, l’éducation à

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 citer l’exemple d’Aix-Marseille où Maryse l’environnement existe, ce n’est pas la Clary passait pour une des pionnières en la règle générale ou bien elle reste discrète. matière. Les quatre mots-clés pour l’éducation à 3) pourquoi cette relative discrétion de l’environnement sont les suivants : l’éducation à l’environnement ? • L’interdisciplinarité (pour ne pas dire la pluridisciplinarité) Le champ d’étude est très vaste, puisqu’il • Le partenariat (les services, les devrait aller « du global au local », ou acteurs…) l’inverse. Ceci touche de très nombreuses • L’ouverture de l’école vers le matières dites « classiques », or la monde qui l’entoure pluridisciplinarité devrait s’imposer. • L’application de méthodes actives Mais qui sait réellement la pratiquer ? Un chercheur risque-t-il de perdre son identité dans l’environnement ?

De façon concrète, en Picardie par L’université n’est pas la seule à assurer exemple, l’éducation à l’environnement est l’éducation relative à l’environnement. intégrée dans l’enseignement pédagogique

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Dans bien des cas ce sont les associations professionnalisation (DESS, licences qui remplissent en partie ce rôle, en professionnelles, Maîtrises spécialisées…). particulier auprès des jeunes durant la La mise en place de la pluridisciplinarité, période de loisirs, ou encore dans le cadre qui est indispensable pour enseigner de la formation continue. Des organismes l’environnement, existe bien dans les (ADEME, CPIE …) ont également leur textes, les propositions, mais trop peu dans place dans ce domaine. Certes, au niveau les faits, dans les actions. de la qualité, il peut y avoir des distorsions. Les IUFM prennent en compte l’éducation Les évaluations sont difficiles. Dans un à l’environnement mais le programme, qui certain nombre de cas, le partenariat est est lourd, ne laisse qu’une place restreinte une solution assez heureuse, qui oblige à la à cette éducation à l’environnement. pluridisciplinarité et permet de sortir des filières classiques, d’oser, d’inventer, Tout ceci nuit à une bonne lisibilité de la d’imaginer. Chacun y trouve sa place, recherche et de la formation relative à essaie de répondre à une question l’environnement. environnementale. Mais s’il est difficile de parler pour le moment d’une véritable Je vous remercie d’avoir été patient. science de l’environnement, science qui se cherche encore, l’éducation à l’environnement n’est pas encore bien intégrée dans nos universités. Bibliographie : Quant à la citoyenneté, soit elle tombe sous le sens au niveau de l’enseignement, soit, « Artisans de l’environnement » (1998), dans le cadre de l’université, on estime Pour une citoyenneté active et vécue, qu’elle dépend de certaines facultés - CRDP Amiens, 3 livres, 24 livrets. aspects juridiques, sociaux… - si bien que le lien entre citoyenneté et environnement BAZIN Danièle, HOEBLICH Jean-Marc n’est pas toujours explicite. (1998), L’éducation à l’environnement en France, un concept récent et évolutif, Espaces pour demain , n° 56, 2 e trimestre Conclusion 1998, p. 10-11.

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 GIOLITTO Pierre (1997), L’éducation à Sur un plan général, le lot d’expériences en l’environnement dans l’Union européenne, ce qui concerne l’environnement en milieu OCDE. universitaire commence à être significatif. L’originalité côtoie l’opportunité, GIOLITTO Pierre, CLARY Maryse notamment dans le cadre des diplômes plus (1994), Profession enseignant. Eduquer à récents qui conduisent directement à la l’environnement, Hachette, Paris, 375 p.

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Pierre DRON : Je vous remercie monsieur je sais que l’an dernier il y a eu trois Hoeblich. Nous avons prévu maintenant semaines sur l’environnement en formation vingt-cinq minutes de débat, de questions- continue, donc ça se développe - ont tous, réponses. pour la deuxième année, une demi-journée Pour lancer le débat je vais peut-être poser complète - ils sont autour de 440 - pour la première question. Monsieur Hoeblich a entendre parler d’environnement, qu’ils dit qu’à l’IUFM il y avait un certain soient professeurs de latin, de math, de horaire qui était assuré dans le cadre de physique ou de chimie ou conseiller l’éducation à l’environnement : comme pédagogique…. Danièle Bazin est dans la salle, peut-être pourrait-elle préciser ? En février où on va leur présenter l’éducation à la santé, la sécurité et Danièle BAZIN , formatrice à l’IUFM : l’environnement dans la mesure où la Il y a, pour cette année, en sciences de la citoyenneté est sous-jacente à tous ces vie et de la Terre, l’équivalent d’une problèmes et où il y a à la fois la journée d’enseignement assurée, qui est compréhension de l’organisation sociale obligatoire et qui s’articule avec qui est très complexe ainsi que des l’éducation à la santé ; en histoire- changements d’attitude et de géographie il y a plusieurs journées aussi ; comportements souhaités que sont le en sciences physiques une journée et demie respect de soi, des autres et de leur et en sciences pour Lycées Professionnels environnement. C’est pas Byzance, on en une journée également Ce qui est quand est convaincu, mais petit à petit il y a un même pas mal, ce n’est qu’un début. Ceci frémissement du côté de l’Education est obligatoire et il y a également une Nationale. option qui là est optionnelle. Il s’agit d’une Maintenant en ce qui concerne les textes, option longue de trois jours, qui cette là je suis quand même un petit peu au année, à notre grande joie, comprend courant, j’ai beaucoup planché pendant X quarante candidats, et une option courte années là-dessus : tout est dit et très bien d’une journée qui va avoir lieu ces jours-ci dit chez nous depuis 1980, depuis les où on compte 20 candidats. Ceci s’ajoute à Projets d’Actions Educatives (PAE) ou ce qui est obligatoire. Quelles sont les même les classes vertes. Il y a beaucoup de disciplines où il n’y a pas grand chose ? Ce textes qui parlent de cela, mais le vrai sont les disciplines à lourds horaires que hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 problème - je n’engage que moi - c’est que sont le français, les langues, les les programmes sont terriblement lourds mathématiques. Mais là, les choses sont en pour nos collègues de toutes disciplines, cours de négociation, c’est assez difficile que la difficulté du métier, d’arriver à démontrer que l’on peut malheureusement, s’est aggravée vu le travailler en interdisciplinarité, mais ça se public hétérogène et difficile de certains fait. En français par exemple, sur le plan de quartiers et cette approche obligatoire en la littérature, pas mal d’enseignants interdisciplinarité, cette ouverture de commencent à aborder les problèmes l’école - et il faut aussi protéger l’école, environnementaux comme les problèmes inversement, de problèmes que nous ne de Ault avec Victor Hugo, ou par les connaissions pas quand nous étions jeunes comptes rendus d’expériences ou les enseignants nous même, que sont les visites de sites ou encore la mise en forme sectes, que sont les agressions, … - sont de vidéos. Pour la seconde année, toutes des freins au développement de l’éducation les disciplines confondues de professeurs à l’environnement actuellement. de collèges et de lycées - je suis moins capable de vous parler du premier degré, Le partenariat est difficile à établir et au

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demeurant je sais qu’il y a petit à petit, par la pression de la vie quotidienne et de la Delphine DEBAST, étudiante en DESS à l’UPJV : société civile, une prise en compte dans Vous avez parlé de la sensibilisation des l’école et une volonté de développer cette plus jeunes, à partir du collège jusqu ‘à éducation à l’environnement. Ce qui est l’université. Mais quelles sont vos actions, très dommage, c’est que selon les si vous en avez, au niveau de la enseignants que nos chères têtes blondes - sensibilisation à l’environnement pour les ou brunes - ont, ils vont être très adultes ? Une deuxième question par performants en éducation à rapport à l’intervention de monsieur l’environnement, ils auront fait les choses Hanocq qui a parlé de Natura 2000, vis à de façon tout à fait performante, mais c’est vis des chasseurs qui étaient contre, est-ce loin d’être généralisé, or qu’on le veuille que concernant ce thème de la ou pas dans le quotidien (là je descendais sensibilisation des adultes il n’y a pas un en écoutant France Inter et c’était une problème de communication, justement ? émission typiquement sur

l’environnement ; sur le problème Pierre DRON : Evelyne Marchand, de d’éolienne, etc…) on parle constamment l’ADEME souhaite répondre d’environnement, il en est constamment question. La grande difficulté, c’est que Evelyne MARCHAND , ADEME : l’école qui se veut sérieuse et qui est A l’ADEME - c’est l’Agence de sérieuse se doit d’avoir une culture très l’Environnement et de la Maîtrise de solide dans le domaine et comme elle est l’Energie -, on intervient sur les champs interdisciplinaire, je vous assure qu’on n’a des déchets, de la maîtrise de l’énergie, sur pas trop d’une vie pour commencer à le développement des énergies comprendre la complexité des choses et les renouvelables, de la qualité de l’air et c’est interactions. Et ce qui me fait très peur en vrai qu’on s’occupe beaucoup moins de fin de carrière, c’est que, pour faire, on en toutes les problématiques comme celles finisse par faire tout et n’importe quoi, et des paysages, de l’eau…Ceci dit je peux qu’il y a énormément d’erreurs qui sont vous parler de ce que l’on peut mettre en faites par méconnaissance, et là je pense place vis à vis de nos thèmes. Ce que l’on que la plus belle fonction de l’école c’est fait en partenariat, avec beaucoup bien d’apporter cette connaissance qui d’associations justement, c’est d’essayer de hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 galope - vu que les sciences et les sensibiliser et d’inciter la sensibilisation connaissances galopent ; connaissance des des adultes notamment à travers les problèmes, de leurs solutions - et que cette structures intercommunales qui s’occupent fonction est immense. On ne sera pas trop des déchets. On forme les chargés de nombreux avec les associations à condition communication, les ambassadeurs de tri… d’avoir un langage cohérent entre nous et Il y a, par exemple, six jours de formation une recherche de qualité et d’humanité. pour ces gens là avec l’ADEME sur la C’est ce que les associations savent faire professionnalisation dans le cadre de la en général qui est le contrepoids de ce que communication orale ou écrite qui est l’intellect peut faire, c’est à dire une destinée aux adultes. Maintenant, profonde humanité… globalement, on vous invite à un colloque qui se passe le 4 décembre prochain et qui Pierre DRON : Voilà Danièle, je se fait sur le développement durable, où t’interromps parce que vous savez, quand l’on essayera ensemble de trouver des Danièle Bazin commence à parler de actions pour agir, pour aller voir plus loin, l’environnement, elle va vous parler de manière globale. C’est tout ce que je pendant des heures étant donné les peux vous dire, maintenant on peut se fonctions qu’elle a eues au Rectorat, ça rapprocher si vous souhaitez effectivement pourrait durer très longtemps.

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avoir des dates. Comme on agit avec nos Jean-Marc HOEBLICH : Pour répondre à partenaires, il y a beaucoup de choses qui Mademoiselle Debast, on ne peut pas non se font, beaucoup de colloques dans les plus mettre les adultes derrière une table à structures intercommunales, beaucoup l’école sauf s’ils le demandent. Vous avez, aussi de sensibilisation des adultes, je crois par exemple, l’Université Tous Ages que ça c’est important : par exemple le (UTA) destinée à un public très large qui SMVO (Syndicat Mixte de la Moyenne veut voir ce que l’on fait dans l’université. Vallée de l’Oise) avec lequel il y a eu un Il est vrai que cela prend souvent la forme colloque où 300 élus sont venus, il y a de colloques, de forums, de manifestations, quinze jours ou trois semaines. Cela pour on met même parfois le banquet à la fin vous dire qu’on essaye d’informer tout le pour attirer les gens, pour faire passer un monde, et aux élus ensuite de faire leur certain nombre de messages. Tout dépend métier d’information. de la qualité de la formation et du message que l’on veut donner. Ce n’est pas de la Delphine DEBAST : même manière que l’on s’adresse à un Mais est-ce que vous ne croyez pas que ces public d’adultes, encore que, ce que vous colloques, justement, sont dirigés dites : proposer une formation qui donne essentiellement vers les élus - parce que vraiment son nom, en disant que c’est pour eux sont finalement un peu intéressés - et une mise à niveau, peut-être que cela aussi essentiellement vers ceux qui sont attirerait un certain nombre de personnes déjà sensibilisés à l’environnement… qui n’osent pas ou qui n’ont pas l’opportunité de se déplacer dans ce genre Pierre DRON : Le GRAINE intervient de manifestation. également dans la formation des adultes… Delphine DEBAST : Pierre RECHENMANN : Oui, en effet, il y a …Moi je pensais plus au niveau de la un des membres du GRAINE - il s’agit publicité ou quelque chose comme ça… des Ateliers de la Bergerette à Beauvais : qui connaît ? - ( plusieurs doigts se lèvent Jean-Marc HOEBLICH : dans la salle ) Voilà, c’est une recyclerie - Oui, la sensibilisation. La sensibilisation, une ressourcerie comme disent les cela se fait, par exemple « en ville sans ma Québécois - et toutes les semaines ils voiture » le 22 septembre c’est vraiment récupèrent des objets abandonnés, des pour sensibiliser tout le monde, je ne sais hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 rebus, des « monstres » comme l’on dit et pas si c’est suffisant. ils les retapent et les revendent. Seize Mais il y a aussi des formations assurées emplois ont quand même ainsi été créés. par des entreprises privées qui ont Donc toutes les semaines il y a une vente développé ce créneau dans les usines. Cela au public, et c’est l’occasion une fois que touche souvent la santé, la qualité et pas le public est arrivé de faire une formation seulement l’environnement. de ces personnes sur le recyclage ou la réduction des déchets voire de la Pierre DRON : Monsieur Raffin, vous consommation : mieux consommer, moins souhaitez répondre rejeter, moins consommer de déchets. C’est l’occasion quand les gens viennent de leur donner une information, et il s’agit de tout le monde, des gens de la rue, de vous et moi, ce n’est pas réservé aux élus, au contraire, c’est vraiment le public que nous sommes.

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Jean-Pierre RAFFIN , ancien conseiller en en faire, alors là d’accord. Il faut que le charge du patrimoine et de l’éducation à partenaire concerné soit amené à discuter l’environnement auprès du MATE, enseignant- sur la façon dont on va gérer, et c’est ce chercheur à l’université de Paris VII : qui s’est fait dans le guide méthodologique

où justement a été choisi en 1995 une Non pas répondre mais apporter quelques trentaine de sites représentant des compléments d’informations. Il se trouve situations totalement différentes, où on a que j’étais parlementaire européen lorsque associé sur place qui des chasseurs, qui des la Directive « Habitat » a été élaborée, j’y pêcheurs, des forestiers, des agriculteurs ai donc participé et j’ai toujours beaucoup etc…pour voir quelles étaient les modalités d’intérêt à en entendre parler parce que de gestion qu’on allait mettre en place. souvent ce que l’on dit n’est pas dans la Mais c’était après la phase d’inventaire, et directive. C’est notamment tout ce qui a ce qui s’est passé en France, c’est qu’il y a été véhiculé par les opposants, le « groupe eu confusion et blocage au moment où on des neuf » en 1995 / 1996. Je voudrais en était au stade d’inventaire. Aussi une revenir sur quelques points en complément chose qu’il faut rajouter, c’est que de ce qu’a dit monsieur Hanocq : le l’essentiel des inventaires a été fait à partir mémorandum, la contractualisation et les des ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêts documents d’objectifs, c’est dans la Faunistiques et Floristiques) qui étaient des directive. Et en fait, on a fait un photographies à un instant donné de mémorandum en disant « nous la France, l’existence de la diversité biologique en nous souhaitons que… » mais c’était déjà France. dans la directive. Il n’y a rien de nouveau. Mais ces ZNIEFF avaient besoin d’être Deuxième élément, et c’est ce qui a été un réactualisées, ce qui fait que dans certains point de blocage en France, c’est lorsqu’il cas, on a travaillé sur des éléments y a eu la confusion entre la phase bibliographiques faute de moyens parce d’inventaire et la phase de concertation sur que ce qu’on oublie toujours de dire, c’est : « une fois que l’on a fait l’inventaire : qui a fait les ZNIEFF ? A qui a-t-on confié qu’est ce que l’on en fait ? ». Pour avoir les premiers inventaires des contours de discuté avec des élus là-dessus, je leur référence des sites Natura 2000 ? : aux disais : quand un archiviste vient dans la comités scientifiques régionaux du sacristie de votre commune pour essayer patrimoine naturel où les gens ont travaillé hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 de dater un psautier ou un évangéliaire, bénévolement. Et quand il fallait les est-ce que vous demandez à négocier la réactualiser point par point, sur le terrain, date ? Il dit non bien sûr, ce n’est pas de pour savoir ce qu’on avait connu dans la notre ressort sauf si, parfois littérature quatre ou cinq ans avant, on a professionnellement, on est compétent. demandé de faire ça aux gens Lorsqu’un architecte des bâtiments de bénévolement. Or d’autres pays européens France vient dans votre commune pour ont fait autrement : c’est le cas de voir de quand datent le calvaire, le lavoir, l’Espagne qui a demandé des fonds à est-ce que vous voulez négocier la date ? Il l’Europe, qui a mis des fonds propres et dit non, bien sûr. Alors je dis Natura 2000 qui a engagé 300 scientifiques pour faire c’est exactement la même chose. Au stade ces inventaires. Donc il est évident que la d’inventaire, que se passe-t-il ? Vous avez qualité du travail rendu…, même si la des scientifiques - en général bénévoles, je qualité du travail rendu en France est reviendrai ensuite sur cet aspect - qui vont bonne, mais on a fait fonctionner en essayer de faire l’inventaire de l’existant, France, comme toujours dans ces et l’existant n’est pas matière à domaines- là, les bénévoles et après on

négociation. Qu’ensuite on discute pour savoir comment va-t-on gérer, ce qu’on va

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s’étonne que les bénévoles n’aillent pas puisqu’on s’aperçoit que toute information aussi vite que les professionnels. Cela pose sur des principes généraux autour de la tout le problème de la connaissance. directive est systématiquement mal Edwige de Feraudy qui est là pourrait vous interprétée. C’est donc véritablement un en parler : comment étaient fournies, au choix de stratégie de travailler au plus près Muséum, les bases de données sur la faune du site même si effectivement il y a des et la flore ?… C’est essentiellement sur la problèmes de personnel à régler. Sur le base du bénévolat, ça c’est aussi une réalité mémorandum, ça n’apportait en effet pas et quand on compare avec les autres pays grand chose par rapport à la directive. étrangers, on peut quand-même se poser Simplement, la réaction de nos des questions. Là aussi intervient le interlocuteurs, localement, s’explique problème de l’information qu’a soulevé parce que c’était quand même la voix madame tout à l’heure et Laurent Roy française de la directive, donc même si ça pourra s’en rappeler. Lorsqu’on était n’apportait pas grand chose, c’était ensemble au cabinet en 1997 on a dit : quelque chose de fort et d’important. Natura 2000, c’est « une affaire de bistrots ». Il faut qu’on ait des gens qui Pascal DACHEUX , Confédération Paysanne : puissent aller discuter dans les communes Bonjour, j’ai une question à poser : face à où il y a des propositions de sites avec le l’investissement des fédérations de Maire, avec l’agriculteur, comme ça, à la chasseurs dans la sensibilisation à base, sur le terrain comme on le disait tout l’environnement du public scolaire et étant à l’heure concernant les problèmes de donné la dérive sectaire du mouvement des gestion. Seulement la réponse, pour les chasseurs, locaux notamment, je voulais « affaires de bistrots », il faut avoir des savoir ce qu’en pensent les responsables de gens. Ce n’est pas uniquement un l’enseignement et ce qu’ils font pour problème de foi, il faut avoir des gens qui prévenir des présentations qui pourraient soient disponibles, et les DIREN n’avaient être tendancieuses. pas les personnels disponibles. Il y a aussi toute cette bonne partie de cette Pierre DRON : Vous avez posé la question information qui s’est faite sur la base du aux administrateurs, les administrateurs ne bénévolat associatif, du bénévolat sont plus là…c’est une façon facile de fuir d’enseignants qui connaissaient le site et vous allez dire. Moi je pense que nous avons des programmes et comme je l’ai dit hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 qui en ont discuté. Mais tant qu’on fait des politiques comme Natura 2000 à 80 % - dans mon intervention au début, lorsque c’est ce qui s’est fait en 1993 quand on a nous avons un travail avec un intervenant lancé Natura 2000 - sur du bénévolat, on extérieur qui vient dans notre classe nous ne peut pas non plus attendre des miracles. gardons la responsabilité de ce qui est dit. Le professeur - je parle du professeur parce Thierry HANOCQ : Pour répondre sur le que moi je suis prof - est toujours défaut d’information : oui effectivement, il responsable en fin de compte de ce qui est y a un défaut d’information, on s’aperçoit dit. Cela veut dire qu’avant de faire que cette intervention a eu lieu aujourd’hui intervenir quelqu’un dans une classe on parce qu’il y a effectivement un certain doit le rencontrer, on doit discuter avec lui. nombre d’idées qui sont véhiculées et qui Et à la suite de cette discussion, on se rend ne sont pas forcément correctes. Cela dit, compte de ce qui peut être dit, et si comme ça a été rappelé, la stratégie qui a effectivement ce qui est dit ne relève pas été adoptée est de faire vraiment une de l’éthique de la profession du professeur information au plus près du site plutôt et de la biologie, l’enseignant n’a pas à qu’une information générale, faire intervenir cette personne.

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Vincent BAWEDIN : Si j’ai bien compris la entendu -, ils ne peuvent théoriquement pas question également, l’une des réponses à entrer dans l’établissement scolaire.Mais cette question réside aussi peut-être dans moi - je n’engage que moi - j’ai un cette plaquette *… souvenir vraiment magnifique de gens que je vois dans la salle grâce auxquels on a Pascal DACHEUX : …C’est probable mais fait un travail à Frémontiers, avec des est-ce qu’il est possible de quantifier enfants d’Etouvie, avec les chasseurs et l’intervention des fédérations au sein de Picardie Nature sur un comptage de l’enseignement, est-ce que quelqu’un a des chevreuils dans la forêt de Frémontiers. On éléments là-dessus ? a d’ailleurs terminé tous ensemble autour d’un feu de bois, à manger des pommes de Pierre DRON : Pour moi, dans le cadre des terre. Chacun a expliqué aux enfants son professeurs de biologie-géologie que je point de vue : je pense que l’important en connais, dans le cadre du secondaire - environnement, c’est ce que je peux tirer collèges, lycées - je pense que ce sont des comme leçon, c’est d’avoir le maximum choses qui sont rares. d’informations, d’essayer de faire le tri dans ces informations et d’essayer de voir Vincent BAWEDIN : Je crois que Madame où sont les enjeux. Ce n’est toujours Bazin va répondre, mais j’ai un élément de qu’une question « à qui profite le crime, réponse à donner. Statutairement les quels sont les enjeux, quels sont les Fédérations des Chasseurs peuvent compromis ? », et c’est une excellente intervenir dans le domaine scolaire éducation à la laïcité - et je n’engage que uniquement de façon ponctuelle, c’est à moi -. dire une fois ou deux par an, et non pas sur des programmes suivis et réguliers. Pierre DRON : Il est vrai aussi que dans certaines petites communes rurales ou des Danièle BAZIN : J’ai quitté le Rectorat chasseurs connaissent l’enseignant, ils depuis un an - ce n’est pas que je me défile peuvent dire « bon, et bien on va aller faire - mais j’ignorais d’ailleurs qu’ils avaient, à un tour dans ta classe… », je pense que priori, d’après la réaction que ça a suscitée, c’est une façon effectivement facile de une importance aussi grande en matière pénétrer. d’interventions dans les classes. De toute

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 façon je pense que ce sont des classes du Vincent BAWEDIN : Oui, et je pense qu’il premier degré et rien n’empêche de se ne faut pas avoir la langue de bois. On manifester - mais je pense que c’est un peu n’empêche aucunement, par l’initiative de votre objectif - auprès des Inspections la plaquette, l’intervention des chasseurs Académiques ou du Rectorat à l’Action dans les écoles mais on essaye de parer à Culturelle par exemple, pour demander à le d’éventuelles dérives : je rappelle que l’on savoir. Il y a une surveillance de plus en est dans le département de la Somme et plus sérieuse des associations de toutes que certaines Fédérations de Chasse, sortes qui interviennent dans les parfois, sont difficilement dissociables établissements scolaires, en particulier d’un certain mouvement politique et qu’au- pour protéger des sectes puisqu’il faut delà même du prosélytisme, c’est le risque appeler un chat un chat, et il y a même des de propagande politique qui existe . C’est sectes qui sont un petit peu côté un risque dont il faut être conscient ! environnementaliste, il faut le savoir aussi, Et, excusez-moi j’ai l’esprit d’escalier, donc dans ce cadre là, les chefs pour répondre à mademoiselle tout à d’établissement sont responsables. S’il n’y l’heure - mademoiselle Debast - quant à a pas eu ce fameux agrément - il y a une l’éducation à l’environnement pour les commission avec une mini enquête bien adultes, il existe tout un éventail d’associations dont a parlé Danièle Bazin, * voir Annexe 1 Actes du colloque national « apprendre et partager la nature » - Comité Nature et Citoyenneté - Amiens le 01 décembre 2001 40

comme Picardie Nature, qui font de contacté pour programmer des sorties, moi l’éducation à l’environnement - je pourrais on ne m’a jamais proposé de sorties. Il faut aussi citer la Société Linnéenne Nord- que je trouve le financement toute seule. Picardie -, et qui inculquent une culture scientifique à tous les adultes, et non- Vincent BAWEDIN : Vous n’êtes pas adultes, qui le désirent. militant non plus…

Anne GALLOO-LAMBLIN , enseignante à Jean-Marc HOEBLICH : … Je ne suis pas Bray / Somme (80) : militant non plus ! Je suis enseignante dans un petit collège en Disons simplement que dans le cadre de SVT et j’essaye de faire un peu l’Association pour le Littoral Picard que d’éducation à l’environnement. Je souhaite préside Jacques Mortier qui n’est pas là revenir sur les questions de formation, de aujourd’hui - et qui s’en excuse -, il y a pluridisciplinarité, de partenariat, toujours eu l’esprit du Recteur Mallet qui d’ouverture de l’école, de méthodes dit que l’éducation à l’environnement c’est actives. Il y a donc beaucoup de choses qui pour tous. Pensons aux gens et aux jeunes existent déjà dans l’école, mais moi mon qui n’ont même pas entendu ce mot là. problème c’est plutôt le financement, la C’était là un hasard, j’aurais pu tomber motivation pour travailler en équipe, dans votre établissement. On a dit : « on va l’accompagnement pour des projets et ma voir du côté de Romain Rolland », comme réponse - peut-être personnelle - c’est : ça cela avait été le cas avec le collège voisin, marche quand on est militant, et militant comme ça a été le cas avec des écoles de la c’est plus un terme d’association. Pour côte, c’est un petit peu le hasard. parler de l’intervention sur « comment Maintenant le PEC, c’est Madame Katalan intéresser les adultes ou les jeunes, qui l’a monté. Il y a eu cette opportunité, comment les amener à une découverte, à elle s’est rendue compte qu’avec les élèves une approche, donc à un projet par rapport cela marchait et que ce n’était pas à leur environnement » : là, ma réponse simplement sortir prendre de l’air en Baie c’est peut-être par les associations, par de Somme, qu’il y avait quelque chose nous, comment on fait boule de neige à d’autre et elle m’a appelé pour le support notre niveau pour intéresser d’autres et les scientifique. Elle ne voulait pas juste faire amener à une réflexion. Et j’ai encore une passer le message citoyenneté- petite question : toutes ces formations sur

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 environnement, elle voulait comprendre ce l’environnement, elles débouchent sur des que cela pouvait contenir. Elle vous l’a dit, grands diplômés… quelles sont leur elle est professeur d’Histoire et de Lettres. profession future ? Est-ce que vraiment il y Donc cela a été un travail - monsieur a du travail dans ce domaine pour tous ces Thuillier, proviseur adjoint ici présent peut étudiants ? en parler -, avec tous les collègues de l’école et c’est un investissement complet Jean-Marc HOEBLICH : Sur le de toute une équipe pédagogique. Ce qui financement et comment monter un projet : est intéressant, c’est que cela se poursuit vous avez les fameux PEC dont madame avec d’autres projets auxquels je ne suis Bazin pourrait vous parler et madame pas du tout partie prenante. Je crois que Katalan pourrait très bien vous dire ce qu’il c’est une question d’initiative personnelle en est. Alors, déjà, il y a un mot qui actuellement. Danièle Bazin pourrait m’étonne : vous parlez de militante, et bien également vous parler du projet madame Katalan ce n’est justement pas la « L’homme dans sa vallée » : qui a très personne militante qui soit… bien marché car le thème semblait intéresser beaucoup de personnes. Anne GALLOO-LAMBLIN : …Elle a dit Pour la formation à l’environnement, les dans son approche que vous l’aviez Parcs Naturels Régionaux, par exemple,

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n’embauchent pas beaucoup - même si j’ai transports, d’environnement… et certes, appris que j’ai un étudiant d’il y a deux ans nous n’avons pas la science infuse. Donc qui est rentré dans celui du Boulonnais - nous nous remettons très souvent - nous parce qu’il n’y a pas beaucoup de place. écoutons du moins - à l’avis des Actuellement, vous avez beaucoup spécialistes, des « technocrates », lesquels d’étudiants qui rentrent dans les sont parfois soumis d’ailleurs à des communautés de communes, les lobbying pour tout ce qui concerne collectivités territoriales, par exemple, justement ces problèmes d’environnement. pour monter des projets environnementaux. J’ai pour ma part la chance d’être en même J’ai ainsi un étudiant qui est sorti au mois temps historien et géographe ce qui me d’octobre et le 1 er novembre, il était donne quelques éléments d’appréciation embauché à Saint Martin de Crau, à six mais, loin s’en faut, pas d’avoir toutes les cents kilomètres de chez lui. Il est cartes en main. On est donc un peu « responsable environnement et dépendant, effectivement, de l’avis des dits aménagement » avec des personnes sous spécialistes. Or les lois de décentralisation sa responsabilité et avec des projets à ont confié aux départements de monter, d’autres à gérer, et la mise en nombreuses compétences en matière cohérence de tout le volet d’environnement, que ce soit la gestion de environnemental. l’eau, la gestion des déchets ménagers ou Il y a aussi d’autres débouchés dans les encore la gestion des zones sensibles. Et entreprises comme l’agroalimentaire où qui plus est dans ce département de la vous avez le management environnemental Somme, je dirai qu’on est servi, avec la qui est un créneau très étroit qui va vite se vallée de la Somme et avec le littoral boucher mais où il y a des choses à faire. Il Picard. On s’en est donc remis pour le y a aussi des débouchés dans l’éducation à littoral Picard à un bras séculier, qui est l’environnement. Beaucoup d’anciens devenu d’ailleurs un véritable Etat dans étudiants, d’anciens DESS, se trouvent l’Etat, et qui est le SMACOPI (Syndicat responsables en haut lieu, parfois même Mixte d’Aménagement de la Côte Picarde) président ou directeur de certaines et qui essaye tant bien que mal de concilier associations que vous connaissez en développement économique et touristique Picardie. Je ne vais pas les nommer mais avec protection, effectivement, de ce ils se connaissent très bien. Donc il y a des littoral, qu’on ne peut pas qualifier

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 places, il faut être imaginatif. véritablement de naturel parce que je crois que les espaces naturels c’est une vue de Pierre DRON : Nous avons pris un peu de l’esprit depuis le XIX è siècle et même retard ; encore une question… depuis l’époque néolithique en fait, depuis que l’homme a commencé à maîtriser les Christian MANABLE , Conseiller Général de paysages et la nature. la Somme : Donc voilà ce qu’il en est pour les élus et Merci. Bien qu’ayant des liens de sang très c’est vrai qu’il y a un risque. Il y a un étroits avec Danièle Bazin, je m’efforcerai risque que leurs décisions politiques, qui d’être bref. Je souhaiterais intervenir sur le engagent l’avenir, soient, parfois, thème information et formation des élus déterminées par ce qu’on appelle des sur l’environnement, étant moi-même spécialistes, par les services qui nous Conseiller Général de la Somme. Comme entourent. Or dans ce département il faut le nom de notre fonction l’indique, un bien dire qu’on a quand même un lobbying conseiller général c’est un généraliste, chasse particulièrement puissant. Sur c’est-à-dire que dans une journée nous quatre conseillers généraux CPNT, le sommes amenés à aborder des problèmes département de la Somme en compte à lui extrêmement variés, extrêmement divers, tout seul deux. Et j’ai pu déjà constater que que ce soit social, culturel, scolaire, de par des alliances politiques plus ou moins

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naturelles, ils arrivent à faire passer dans cette opération qui est un véritable certains messages, ils arrivent à obtenir la combat de titan de l’homme contre la mise en place de certaines politiques, et je nature et où on applique depuis deux pense en particulier à une décision qui a siècles la logique Shadocks. été prise il y a quelques jours seulement, Eh bien, le message est difficile à faire qui est la mise à l’étude de la création passer, il est extrêmement difficile et je d’une maison de la chasse qui sera située crois qu’en fait il faut du temps, il faut vraisemblablement dans l’ouest du effectivement de l’information et il faut département. Essayer de combattre ces notamment ce genre de colloque, auquel lobbying, ce n’est pas facile et en ce qui devraient participer un peu plus d’élus - je me concerne, Vincent Bawedin le sait bien, regrette qu’il n’y en ait pas davantage dans depuis une dizaine d’années, j’essaye de la salle - pour faire avancer ces idées. faire passer au niveau de l’assemblée départementale l’idée de dépoldérisation Donc je crois que c’est une question de partielle des bas-champs. Parce que les temps, il faut être tenace, il faut vraiment collectivités publiques et l’argent public agir sur la durée pour que ces idées sont investis depuis plus de deux siècles percent.

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Fin de la première séance

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Seconde séance

L’accès aux espaces naturels publics : vers plus d’égalité ? Plaidoyer pour une meilleure harmonie entre tous les usagers de la nature.

Pascal DACHEUX Représentant de la Confédération Paysanne à la CDOA (Commission Départementale d’Orientation Agricole)

Bonjour,

je tenais d’abord à remercier Vincent Bawedin, d’une part de m’avoir sollicité pour présider cette deuxième partie de colloque, puis également et surtout pour être à l’initiative de ce Comité qui me paraît très utile dans le contexte local.

En effet, nous sommes dans une région près aux même errements si je puis dire. Il assez particulière où après la connaissance y a aujourd’hui la nécessité de faire des que nous pouvons avoir du paysage avec tableaux, la nécessité de « marchandiser » des partitions gauche / droite de la société, l’espace. Mon engagement à la avec des partitions républicains / Confédération Paysanne est arrivé là pour, extrémistes, nous semblons assister à une un peu, témoigner, agir, pour éviter une nouvelle partition entre urbains et ruraux. telle dérive du monde agricole. Et je Il y a, en effet, un certain discours qui se souhaite que de telles actions puissent développe dans la campagne où, en fait, les aussi être menées dans le domaine de la ruraux, qui sauraient de quoi on parle chasse. hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 quand on parle de nature, seraient envahis Cette chasse, je la voudrais respectueuse, par des urbains qui n’y connaissent rien. Il non productiviste et supportable pour les y aurait ceux qui savent, qui habitent la citoyens. Ce constat est alarmant et je ne campagne, et les autres, qui viennent de la me reconnais pas plus dans le monde ville, qui n’y connaissent rien. agricole dominant que nous connaissons Ma présence ici est un témoignage puisque que dans le monde de la chasse tel qu’il je chasse depuis l’âge de seize ans et que je nous est présenté. C’est pour cela que je suis agriculteur. Donc à ces deux titres je suis très heureux d’être ici. suis un utilisateur important de l’espace naturel. Mais sans plus attendre, je vais demander à Mais ce que je voulais dire c’est que ce nos invités de nous présenter cette nouvelle n’est pas parce que l’on a ces deux répartition du paysage que nous activités que l’on se coupe forcément de la connaissons. En premier lieu, je société. Le monde agricole, par sa dérive demanderai à Monsieur Pierre Barge de productiviste, a eu un peu tendance à nous présenter le thème « territoire et oublier le « sceau du citoyen » et le monde gestion démocratique des espaces de la chasse en est arrivé aujourd’hui à peu publics ».

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I) Territoire et gestion démocratique des espaces publics

Pierre BARGE Secrétaire Général Adjoint de la Ligue des Droits de l’Homme, enseignant-chercheur à l’université de Paris VIII

Merci de m’avoir invité. Sur le papier de présentation, je suis aussi présenté comme universitaire, ce n’est pas à ce titre-là que je vais intervenir mais plutôt en tant que membre du Bureau National de la Ligue des Droits de l’Homme. Cependant je voudrais faire deux premières observations à la suite de ce qui a été dit tout à l’heure.

La première, malgré tout, en tant même de la citoyenneté. Alors vous allez qu’universitaire sortant d’une université me dire, c’est peut-être un peu loin de la qui au départ se voulait pluridisciplinaire et question de l’environnement et des ayant une longue expérience de cette questions de territoire. Je vais essayer avec affaire si j’ose dire, je voudrais dire qu’il vous à la fois de revenir sur ces questions n’y a pas de perte d’identité de de territoire et de citoyenneté et d’être, je l’enseignant chercheur quand il essaye de l’espère, concret par rapport à ce qui nous faire de la pluridisciplinarité. Mais par préoccupe. contre, la perte de reconnaissance que peut La première question est celle du territoire avoir l’universitaire quant il fait de la et de l’espace et la mobilité des individus pluridisciplinarité, ça c’est une autre dans l’espace. On peut distinguer plusieurs question qui mériterait fortement d’être espaces en réalité : des espaces de vie, des abordée tant l’université nous enferme espaces de propriété, des espaces de dans des thématiques : je suis économiste pouvoir…Il n’y a pas si longtemps, la et je vais vous parler maintenant de droits population n’était pas mobile sur l’espace, de l’homme, je ne suis ni juriste ni elle était dans un espace immédiat qui était géographe, mais je tenais quand même à le canton et la paroisse, sauf quelques hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 souligner cette question qui est une privilégiés qui se déplaçaient dans question récurrente depuis des années et l’espace : les marchands, les représentants qu’il faudra quand même un jour que nous du pouvoir, les armées - je crois que la abordions au sein de l’université. Picardie connaît bien cette question -. Il y a La deuxième question, c’est, et je vais encore plus longtemps, la mobilité dans l’aborder longuement, la question de la l’espace, l’occupation de l’espace était un citoyenneté. Je crois que l’on ne devient privilège donné au prince et c’est, par pas citoyen mais que l’on naît citoyen. Et exemple, en 1493 que le Pape a partagé le la question qui est posée, c’est monde entre l’Est et l’Ouest, c’est à dire à effectivement, comment on a les moyens l’Ouest les Espagnols, à l’Est les Portugais. d’exercer sa citoyenneté ? Parce que la Les Anglais et les Français ne l’ont pas question centrale que je voudrais aborder entendu comme cela, ils sont partis à la maintenant, c’est bien la question de conquête de l’Amérique du Nord mais il y « comment se pose la question de la avait des princes, des autorités qui citoyenneté et des droits de l’homme ? » et décidaient comment se partager le monde « comment se fait le passage des droits et il y en a des restes toujours : si l’on individuels à la construction des droits regarde en Angleterre, par exemple, les collectifs ? » qui est, à mon sens, l’essence pouvoirs qu’ont les Lords sur les terres par

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rapport à ceux qui les occupent. J’étais l’exercice de la citoyenneté a été une récemment en Bretagne et quelqu’un question relativement simple : on vivait sur rappelait à juste titre qu’en ce qui concerne un territoire donné et on avait des le fermage et le métayage, la loi qui permet représentants chargés de gérer ce territoire. aux fermiers, et dans une moindre mesure En France la gestion se faisait de façon maintenant aux métayers, de pouvoir rester centralisée, avec une délégation sous sur leurs terres - les premières lois datant tutelle aux communes et aux départements, de 1936 - date exactement du 13 avril et la France se partageait grosso modo en 1946. Donc jusqu’à une période récente, un monde rural agricole et en un monde métayers et fermiers étaient à la disposition urbain. Aujourd’hui les questions ont de leur propriétaire et c’était bien un reste totalement changé ; je ne vais pas revenir de l’Ancien Régime. Et c’est cela qui s’est sur des statistiques sur le monde rural mais passé en 1789 , c’est que tout d’un coup, au XIX è siècle, trois français sur quatre l’individu est passé de l’état de sujet à vivaient dans le monde rural. L’effet l’état de citoyen. Toute femme, tout ciseaux, c’est à dire monde rural / urbain se homme, n’est plus le sujet d’un noble local fait aux alentours de 1930, c’est-à-dire que, - d’un prince ou d’un roi -, il est citoyen, il en 1930, 50 % de la population vit dans le a des droits. Si chaque individu a le droit monde rural et 50 % dans le monde urbain. de proposer d’accompagner et de participer A la libération, environ 30 % de la aux décisions qui le concernent, de population active était une population contester ou d’évaluer les décisions, ses agricole. Aujourd’hui, nous en sommes droits sont aussi des droits socialement bien-sûr très loin. Donc nous sommes construits. C’est le rôle de la loi, votée par aujourd’hui dans une société où le monde les représentants des citoyens de définir les urbain est dominant, et d’autre part, où ce droits individuels en même temps que de que l’on appelle le monde rural est les limiter. fortement dominé par une culture urbaine, La limite des droits individuels, ce sont les c’est-à-dire où les habitants du rural ne autres droits individuels et les droits sont pas des personnes qui vivent collectifs. Avoir des droits, ce n’est pas principalement de l’activité agricole mais avoir des privilèges repris au prince, ce qui sont plutôt des employés et - je n’est pas faire de chaque individu ou regardais avant de venir des statistiques sur groupe d’individus le propriétaire d’un fief les communes rurales - aujourd’hui dans

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 de droits, au contraire, les droits les communes rurales 50 % des personnes individuels ne sont que des droits partagés. qui vivent dans une commune rurale Il n’y a de droits que dans l’égalité des travaillent sur le territoire d’une autre droits. Je voulais rappeler tout ceci, parce commune, ce taux est de 80 % en ce qui que dans le sujet qui nous concerne concerne les périphéries urbaines, et les aujourd’hui, bien entendu, qui est la ruraux aujourd’hui font en moyenne pour question de la gestion démocratique des aller travailler 18 kilomètres par jour. C’est espaces publics, il est évident que si on n’a d’ailleurs un vrai problème dans le monde pas compris fondamentalement ce qu’est rural pour ceux qui n’ont pas des moyens l’exercice de la citoyenneté, comment de locomotion mais je pense que ce n’est pourrait-on avoir un partage démocratique pas l’objet du débat aujourd’hui. Je veux des espaces publics ? simplement dire par-là qu’aujourd’hui, nous sommes dans une société de la Je vais revenir sur cette question mais il y a mobilité : mobilité dans le temps, mobilité une autre chose qui nous préoccupe dans l’espace, alors qu’avant on pouvait aujourd’hui, c’est celle que j’ai abordée à naître, aller à l’école, se marier, travailler l’entrée, c’est que pendant longtemps en et mourir dans son village, aujourd’hui on France en particulier, la question de naît quelque part, on va faire ses études

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quelque part, on va travailler quelque part, Roscoff ?, suis-je breton parce que je on va faire des enfants quelque part. Je me prends ma retraite en Bretagne et pourtant souviens d’une étude que j’avais fait faire j’aimerais bien revenir dans ma région autour de la région de Morlaix où on d’origine et je me sens toujours de ma voyait très bien comment les populations région d’origine ?, la question de la sur un espace restreint faisaient des citoyenneté aujourd’hui nous amène à mutations dans leur vie puisqu’ils se poser à la fois une question de friction dans mariaient, ils faisaient des enfants, ils les espaces de citoyenneté et aussi de allaient habiter une petite maison et puis friction entre les espaces et en particulier après cela ils reviennent vers la ville entre les espaces institutionnels. centre. Il y a la mobilité du travail, il y a Pourquoi ? Parce que je vais habiter un aussi ceux que l’on appelle les hommes et village, je vais travailler dans un autre les femmes TGV, c’est-à-dire qui se village et je vais peut-être aller à l’hôpital déplacent tous les jours. Donc nous avons dans un autre endroit. D’autre part se pose un bouleversement complet, structurel la question de ce microcosme qu’est le entre ce qui était le monde rural et le local par rapport au mondial et de monde urbain et nous avons un l’organisation de cet espace dans un autre changement très profond dans les espace mondial où finalement je vais avoir habitudes des populations. A partir de là, la des intérêts qui seront différents mais question qui se pose est, bien entendu, la néanmoins complémentaires. Comment je question de « comment j’exerce ma peux respecter l’identité locale tout en citoyenneté, sur quel espace j’exerce ma faisant que l’intérêt général qui se pose au citoyenneté ? ». C’est une question qui niveau régional, au niveau national, au était évidente à une certaine époque, tout niveau européen ou au niveau du monde simplement : je l’exerce dans mon village, soit respecté ? Comment je peux à la fois je l’exerce dans mon département et je être citoyen au niveau local et en même l’exerce sur le territoire français. temps citoyen du monde ? Aujourd’hui, cette question se pose de Il est évident que ce sont là de grandes façon fondamentalement différente dans la questions et ces questions il nous faut bien mesure où les espaces se sont multipliés. entendu les aborder, et c’est la question D’autre part, nous avons eu dans notre fondamentale, je pense, qui est posée dans pays une décentralisation. On a la gestion démocratique des espaces et

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 décentralisé un certain nombre de dans l’ouverture et la fermeture de ces compétences et se pose la question de la espaces. légitimité des compétences, et en même Si on regarde la question de la légitimité temps cette décentralisation a posé la d’agir dans l’espace, la gestion question des identités alors qu’une partie démocratique c’est quoi ? C’est d’abord : des personnes se reconnaissent dans - préparer la décision plusieurs identités. Je l’avais dit un petit - deuxièmement, c’est décider peu dans mon papier de présentation : d’où - troisièmement, c’est accompagner la suis-je ? Et à partir du moment où je me décision reconnais quelque part, en tant que citoyen, j’ai le droit d’agir sur mon milieu. Suis-je 1) La préparation de la décision , on breton parce que je suis né en Bretagne ? - appelle ça généralement la démocratie de et la question est récurrente aujourd’hui -, participation, c’est-à-dire comment tous les suis-je Breton parce que j’habite à Brest, citoyens, tous ceux qui sont concernés alors que je suis né ailleurs ?, suis-je breton vont, sur un espace donné, participer à la parce que une partie de ma vie, j’ai vécu en décision. Souvent, vous allez me dire, c’est Bretagne ?, est-ce que je suis breton parce quelque chose de très théorique ce dont que j’ai ma résidence secondaire du côté de vous nous parlez parce que, au quotidien

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ce n’est pas vraiment cela qu’on voit dans territoire local ? Comment je pars de la nos villages. La Ligue des Droits de règle générale et des droits fondamentaux l’Homme en tous les cas, participe à faire de l’humanité à des droits particuliers qui en sorte que ce processus démocratique de sont l’exercice social au sein d’une petite la décision puisse avoir lieu et ce sera l’un communauté ? Et bien je pense qu’une des des enjeux d’ailleurs de ce qui va sortir du grosses questions qui nous est posée sommet de Laken et de la future aujourd’hui, dans la gestion démocratique convention européenne. des espaces publics, c’est justement la stricte application de ce concept de 2) La question de la décision . La question citoyenneté. Aujourd’hui la citoyenneté de la décision en démocratie, c’est toujours s’exerce sur des espaces multiples, la question de la représentation politique et conséquence de l’articulation des espaces de la fixation de la loi et de la règle et, en particulier, des espaces de vie et des commune. espaces institutionnels. Parce qu’une des Alors, en droit on va pouvoir distinguer la grosses questions qui est posée aujourd’hui loi et la règle, ce qui est un gros débat qui et je ne vais pas m’attarder là-dessus - on nous anime aujourd’hui. pourrait en parler longuement - c’est « comment il y a des espaces 3) L’accompagnement, la gestion de la institutionnels qui sont hérités - dans notre décision : pays : la commune, le département, la Après la prise de décision c’est la question région, qui est plus récente, et l’Etat - et du suivi de la décision, de la gestion de la comment il y a des espaces de vie qui ne décision, et à ce moment-là, la question est correspondent pas forcément à ces espaces de savoir qui participe à la gestion de la institutionnels et comment j’arrive à décision. Certains appellent ça la articuler espaces institutionnels et espaces gouvernance aujourd’hui, c’est-à-dire, de vie dans une gestion démocratique des finalement, comment des individus, des espaces publics ? » associations peuvent être associés à l’évaluation et au suivi de la décision et Je pense qu’il n’est pas nécessaire éventuellement, comment ils peuvent être d’aborder ces questions de l’évolution associés à, disons, voir comment les droits institutionnelle ni de parler de l’évolution sont respectés et sur quel espace. Et là il y de l’espace européen mais je pense

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 a à débattre sur ce qui est du domaine de fondamentalement que s’il y a un espace « qui fait la règle générale ? » : est-ce que collectif, l’établissement des règles passe c’est au niveau du local, du régional, du par la garantie des droits individuels et national, au niveau européen, mondial ? des droits collectifs entre tous ceux qui Qui fait la règle générale et comment peut- se partagent un territoire . il y avoir des règles particulières qui Merci. s’appliquent au niveau en dessous ? C’est à dire comment j’obéis… Pascal DACHEUX : Merci monsieur Pierre Je vais prendre un exemple…on va parler Barge pour ces éclaircissements sur le des oiseaux par exemple : concept récent de citoyenneté. Je Est-ce qu’il y a une protection quelque part m’adresse maintenant à Jean Pierre Raffin, du patrimoine de l’humanité ? Cela c’est ancien conseiller en charge du patrimoine une règle générale, en règle générale il y a naturel et de l’éducation à l’environnement une protection du patrimoine de auprès du Ministère de l’Aménagement du l’humanité. Comment cette protection Territoire et de l’Environnement pour générale du patrimoine de l’humanité se aborder le thème des rapports chasseurs / décline au niveau de l’Europe, au niveau non-chasseurs dans les espaces naturels de l’Etat français et au niveau d’un publics.

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II) Les rapports chasseurs / non-chasseurs dans les espaces naturels publics : en progrès ?

Jean-Pierre RAFFIN Ancien conseiller en charge du patrimoine naturel et de l’éducation à l’environnement auprès du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement (MATE), Maître de conférences à l’université Paris VII - Denis Diderot

Merci et bonsoir…après Paris VIII, Paris VII, on continue dans la numérotation. L’exercice d’éthologie qui m’a été demandé, c’est-à- dire l’analyse des comportements de différents groupes sociaux, n’est pas aisé. Parce que, premièrement, ces comportements ne s’inscrivent pas dans le cheminement d’un long fleuve tranquille - tout le monde a entendu parler des conflits entre chasseurs et non-chasseurs – et, deuxièmement, parce que les trois éléments du débat sont d’une certaine manière assez incertains.

Avant de chercher à mieux comprendre les une nature “ humanisée ”. rapports entre ces deux catégories de La notion d’“espace public ” est ambiguë. citoyens et leur évolution, encore faut-il Si l’on s’en tient au droit, le domaine définir le sens que l’on accorde aux termes public est constitué des biens qui ne sont utilisés. Qu’est-ce qu’un espace naturel pas susceptibles d’appropriation privée, public ? c’est-à-dire : cours d’eau, rivages, routes, voies ferrées et casernes. Si l’on prend en 1) Les espaces naturels publics compte le vécu de nos concitoyens, les espaces publics sont des espaces ouverts, La notion d ‘espaces naturels en qui c’est-à-dire, dont l’accès n’est pas interdit, certains voient des lieux soustraits à ce qui ne veut pas dire qu’ils ne soient pas, l’action de l’homme n’a pas grand sens en de jure , des espaces appropriés, des un pays que l’homme a travaillé depuis des espaces privés. Certains propriétaires hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 millénaires. Ce que nous appelons manifestent clairement leur volonté “ nature ” est tout autant le résultat du d’interdire la fréquentation de leurs travail de nos ancêtres paysans ou territoires ou d’en limiter l’accès - clôtures, aménageurs que le fruit de l’évolution pancartes -. D’autres, heureusement plus spontanée d’une flore et d’une faune nombreux, pratiquent, vraisemblablement sauvages qui ont dû cohabiter, co-évoluer sans le savoir, l ’Allemansrätt, droit pour survivre. Sans l’homme, bien des coutumier suédois qui permet à chaque zones humides, bien des pelouses sèches citoyen de pénétrer et séjourner sur les riches en orchidées, par exemple, terrains privés pour peu que soient n’existeraient pas. II est non moins vrai respectées quelques règles de bonne qu’entre une culture de maïs abondamment conduite. fertilisée et traitée par des pesticides, une L’on se tiendra donc ici à l’acception prairie du bocage charollais ou une prairie commune de la notion d’espace naturel de fauche alluviale, il y a de profondes public. Mais satisfaire le développement de différences. Mais il s’agit plus de la demande de “ nature ” par nos différences liées au degré et à la durée des concitoyens pose quelques problèmes car interventions de l’homme que de ceux qui expriment cette demande ne sont différences entre une nature “vierge” et que rarement propriétaires ou gestionnaires

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des espaces où se trouve cette “ nature ”. commun français voire européen qu’est la Sauf à partager le territoire en ghettos faune sauvage. Il doit ensuite adhérer dévolus à telle ou telle activité, il faut bien obligatoirement à la Fédération des trouver un modus vivendi entre les usagers Chasseurs de son département. Le et les détenteurs de ces espaces. président y a été longtemps nommé par le Voyons maintenant quelles sont les ministre chargé de la chasse - ministre de différentes catégories d’acteurs : l’Agriculture puis de l’Environnement à partir de 1971 - avant que des mesures de 2) Les chasseurs déconcentration récentes ne confient cette nomination au préfet. Cette organisation Ce sont des personnes, essentiellement de conduit à ce que les fédérations sexe masculin, qui pratiquent une activité départementales des chasseurs disposent de fort ancienne dont on sait qu’avec la ressources financières importantes qui leur cueillette et la pêche elle a été source de permettent de peser fortement sur la vie subsistance importante avant que ne vienne publique. Comme le faisait remarquer, en la sédentarisation des premiers mars 2000, un rapport de la Cour des agriculteurs. Au fil du temps, la chasse a Comptes : perdu, peu à peu, en Europe occidentale, “ L’Etat n’a pas choisi entre deux systèmes son rôle nutritionnel pour devenir plus d’organisation dont l’un découle des textes ludique tout en gardant un aspect de 1941 et l’autre de la nouvelle gastronomique et convivial qui en fait organisation mise en place en 1974-1975. toujours l’attrait pour nombre de nos Si le choix était fait de renforcer concitoyens. l’autonomie des fédérations, chacune La chasse et donc ceux qui en sont les d’elles devrait être libre de fixer ses adeptes ont une légitimité pour peu que la propres cotisations, dans le cadre de ses pratique et les pratiquants se plient aux missions, et ces cotisations cesseraient règles régissant la société française à d’être obligatoires, comme c’est le droit l’échelle nationale mais aussi à l’échelle commun des associations. européenne puisque nous nous inscrivons Si, au contraire, le caractère obligatoire dans une dynamique communautaire qui de ces cotisations est confirmé, l’Etat doit doit transcender les égoïsmes des états- assumer pleinement son rôle et se donner nations. Cette légitimité n’exclut pas qu’il les moyens, juridiques et administratifs, de

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 ne faille aussi tenir compte de ceux qui, définir limitativement le rôle des pour des raisons d’ordre éthique ou autres, fédérations, d’ajuster les cotisations de récusent la chasse et ont autant de chacune d’entre elles à sa situation légitimité à vouloir défendre leur point de particulière et de contrôler réellement vue. l’emploi qui en est fait. Les chasseurs ont une organisation que Sur ce point, le projet de loi n’apporte l’on doit bien qualifier de “corporatiste” aucune amélioration ”. puisque fortement marquée par la philosophie de l’Etat français qui, en juin En 1986, un rapport de l’Inspection 1941, instaura des sociétés - maintenant Générale des Finances demandait déjà une fédérations dotées d’un statut-type depuis clarification des circuits financiers 1975 - départementales des chasseurs à concernant certains aspects de adhésion et cotisation obligatoires. l’organisation de la chasse, tout comme, Schématiquement, après avoir acquis un d’ailleurs, le rapport de la commission de permis de chasser - à l’issue d’un examen médiation sur la chasse, pilotée par depuis 1976 - le postulant chasseur l’Inspecteur général Cailleteau en 1997 / acquitte diverses redevances et taxes qui 1998 où l’on peut lui donnent, en quelque sorte, le droit de lire : “ Malheureusement, de crainte sans prélever une partie du patrimoine naturel doute des réactions des fédérations

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auxquelles l’adhésion et la cotisation ainsi que la nouvelle loi sur la chasse, obligatoires ont donné un potentiel votée en juin 2000, n’a effectivement pas d’influence considérable, les dernières fondamentalement amélioré la situation. évolutions n’ont été traduites dans le droit positif qu’avec de telles précautions que Les pratiques de chasse ont changé depuis nous nous trouvons dans des situations l’immédiat après-guerre et certaines des juridiques ambiguës qui sont à l’origine crispations observées ces dernières d’un contentieux abondant ”. décennies trouvent leur origine dans ce changement. Deux remarques peuvent être faites à L’introduction, en 1952, du virus de la propos du maintien par les pouvoirs myxomatose par un scientifique publics d’une organisation de la chasse irresponsable qui cherchait à limiter le figée avec laquelle sont entretenus des lapin de garenne sur sa propriété en Eure- rapports ambigus depuis les années et-Loir a provoqué, en quelques années, quarante. l’effondrement des populations d’une La pérennisation d’une structure espèce qui était le gibier préféré du notabiliaire ( cf. DARBON, La crise de la chasseur français. Cet événement s’est chasse française, la fin d’un monde. produit au moment où de profondes L’Harmattan, 1997 et TRAÏNI, Les modifications commençaient d’affecter les braconniers de la politique, les ressorts de milieux ruraux - par exemple : la conversion à Chasse, Pêche, Nature et remembrement, mise en culture de zones Traditions, Cahiers du CEVIPOF, n°28, de friches, fermeture de milieux ouverts 2000) et népotique n’a pas favorisé par boisements spontanés ou volontaires - l’évolution de la chasse dans un monde où qui n’ont pas permis la réinstallation du tout changeait - destruction du tissu lapin de garenne lorsqu’une certaine humain et du paysage rural, évolution des résistance à la myxomatose s’est instaurée. attentes de la société, etc…-. Il s’en est suivi un report de la pression de Le maintien de l’ambiguïté des rapports chasse sur d’autres espèces moins entre l’appareil d’Etat et la chasse a donné prolifiques : perdrix, faisans, lièvres. Cette lieu et donne lieu à des connivences pression s’exerçant au moment où ces malsaines y compris financières. Il faut espèces subissaient, elles-mêmes, les effets bien constater qu’une bonne part de cet négatifs de pratiques agricoles peu

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 appareil - préfets, services du ministère de soucieuses de la diversité biologique, a l’Agriculture en charge de la chasse au contribué, peu à peu, à la raréfaction du niveau départemental, services fiscaux, petit gibier sédentaire et au développement magistrature, etc…- ferme les yeux sur des de tentatives de “ repeuplements ”, voire agissements plus proches de ceux qui ont d’introductions - cf. par exemple le cas du cours dans un système mafieux que ceux Sylvilagus - plus ou moins anarchiques, que l’on attendrait d’un système inefficaces et coûteuses. Cette démocratique. Cette tolérance illustre tout artificialisation de la chasse était d’ailleurs à fait ce qu’Yves Mény appelait les assez contradictoire avec le slogan corruptions blanche et grise dans son cynégétique « la chasse, c’est naturel ». magistral “ La corruption de la L’on en arrivait à une situation République ” ( Fayard, 1992). paradoxale : un nombre des chasseurs Les tentatives du Ministère de augmentant - 1,7 million de permis de l’Aménagement du Territoire et de chasser dans les années 1950, près de 2,2 l’Environnement pour assainir cette millions dans les années 1980 - alors que le situation se sont heurtées à une étonnante petit gibier sédentaire déclinait. Il s’en est mauvaise volonté tant de services de l’Etat suivi un certain report de la pression de que de hauts responsables politiques. C’est chasse sur le gibier migrateur qui allait

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provoquer quelques conflits entre manifestations, saccages de locaux, protecteurs de la nature et chasseurs. destruction volontaire d’espèces protégées, etc…-, violence tolérée de manière Parallèlement à une modification étonnante par la puissance publique tout progressive des pratiques de chasse, comme celle d’ailleurs d’une partie du l’image de marque des chasseurs a changé syndicalisme agricole. Il s’y joint dans l’opinion publique. Alors que dans les l’expression d’un machisme inacceptable années 1950-1970, le chasseur était encore dont on a eu des exemples lors de essentiellement un rural perçu sans grande manifestations organisées par les unions et hostilité - seuls 16 % de personnes fédérations de chasseurs ces dernières interrogées en 1977 demandaient années. L’on a le sentiment que le monde l’interdiction de la chasse -, le pourcentage de la chasse est atteint du syndrome de “ la de personnes tout à fait contre ou plutôt forteresse assiégée ” par suite, notamment, contre la chasse dépasse 50 % en 1998. Les de la baisse régulière de ses effectifs de 25 raisons sont multiples. L’on peut citer, sans à 30.000 adeptes par an. Atteignant 2, 4 ordre hiérarchique : millions en 1980, ils sont passés à 1 , 4 million en 2000. Comme le faisait . l’adhésion aux idées de non-violence et remarquer une étude publiée en janvier la recherche d’une certaine harmonie avec 2000 par la COFREMCA : “ L’attitude une nature idéalisée qui font rejeter tout défensive des chasseurs, en posture de comportement agressif ou tout ce qui est “ victimisation ”, les conduit à radicaliser perçu comme tel, leurs positions. S’estimant l’objet d’une

. le vêtement. Le chasseur rural ne se vindicte injustifiée, ils adoptent des déguisait pas en guerrier avec tenue comportements jusqu’au-boutistes, camouflée pour pratiquer son loisir favori - renforçant leur coupure avec le reste d’une le seul fait d’évoquer ce point provoquait société qui ne leur est pourtant pas a priori en 1976 lors d’un congrès national de hostile. Pour les crispés, le mythe du chasseurs les huées à l’encontre de l’auteur complot n’est pas loin ”, de ces lignes alors taxé d’être un antimilitariste primaire…-, . l’artificialisation croissante de la chasse - par exemple lâchers d’un petit gibier . le développement d’un sentiment d’élevage peu apte à se défendre, “ les

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 d’insécurité chez les promeneurs citadins cocottes ”, attirant la sympathie des en période de chasse - sentiment promeneurs et induisant une lutte acharnée vraisemblablement accentué par la tenue et contre les petits prédateurs auxquels les la pratique de chasses en battue conduisant naturalistes portent un vif intérêt ; lâchers à ce que le promeneur ignorant l’art de “ cochongliers ”, nourrissage de cynégétique se trouve confronté à des sangliers qui commettent les uns et les “ guerriers ” ratissant la campagne autres des dégâts importants, etc. -, militairement et faisant preuve encore trop souvent d’un comportement agressif vis-à- . l’adoption, en 1964, de la loi sur les vis de promeneurs considérés comme des associations de chasse agréées, dite loi gêneurs -. L’on ne peut oublier que des Verdeille attribuant aux chasseurs un droit non-chasseurs ont été victimes de tirs exorbitant, celui de pouvoir imposer à un accidentels voire volontaires lorsqu’ils propriétaire l’exercice de la chasse chez s’opposaient à des pratiques de chasse lui, même s’il ne chasse pas et ne souhaite chez eux - par exemple, en 1984, dans le pas que l’on chasse chez lui. Cette Var ; en 1991 dans les Alpes-maritimes…-, disposition était d’autant plus paradoxale qu’elle contrevient à un principe édicté le . l’utilisation trop fréquente de la violence 20 avril 1790 par une Assemblée nationale comme moyen de pression -

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révolutionnaire : « Il est défendu à toutes ceux-là même qui ont développé une personnes de chasser en quelque temps et agriculture intensive dont on connaît bien quelque manière que ce soit sur le terrain les effets catastrophiques sur le patrimoine d’autrui sans son consentement » à vivant sauvage. L’auteur de ces lignes, laquelle le monde de la chasse se réfère en parlementaire européen entre 1989 et 1994, permanence pour légitimer son loisir, s’est toujours étonné de n’avoir vu aucune plainte de responsables cynégétiques . la pression de chasses dites relatives aux mécanismes de la Politique “ traditionnelles ” - mais où est la Agricole Commune dont les conséquences “ tradition ” lorsque l’on utilise un filet de étaient pourtant désastreuses sur le fibres synthétiques, de la glu synthétique, maintien des zones humides indispensables un magnétophone, un véhicule 4 x 4, etc. à à la sauvagine. Ces responsables n’en la place du chanvre, de l’écorce de houx, proclamaient pas moins leur volonté des appeaux et des… pieds - sur des farouche de défendre les conditions de espèces migratrices traversant la France maintien et de restauration du gibier d’eau. et ce sans tenir compte du plus élémentaire Les associations de protection de la nature bon sens, d’une convention signée en 1902 manifestaient, au contraire, une vigilance et ratifiée en 1905 par la France et d’une sans faille pour la défense des zones directive européenne tendant à ce qu’il y humides. C’est par exemple, le cas de la ait une gestion commune pour un plainte relative à la destruction du Marais patrimoine naturel commun aux différents Poitevin déposée en 1989. Elle a permis la états de la Communauté, condamnation de la France par la Cour de Justice des Communautés européennes le . la montée en puissance d’associations de 25 novembre 2000 au vu notamment d’un protection de la nature demandant le rapport de la Ligue pour la Protection des respect des lois en vigueur et d’un Oiseaux montrant que l’effectif des mouvement politique écologiste dont une canards hivernants dans cette zone avait bonne partie des militants est issue de ce diminué de 75 % entre 1986 et 1996, monde associatif et ne manifeste pas une passion pour l’art cynégétique, . la politisation de la chasse au travers de l’émergence et de l’installation du . le développement de nouvelles formes de mouvement Chasse Pêche Nature & loisirs “ de nature ” conduisant aussi bien à Traditions (CPNT). hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 des conflits de territoires qu’à un certain désintérêt pour la chasse, 3) Les non-chasseurs

. l’accroissement de la population urbaine au détriment de la population rurale dont Ils constituent un ensemble difficile à une des conséquences est la cerner. De la personne isolée, de sexe aussi commercialisation de la chasse. Là où le bien féminin que masculin, à l’association rural chassait épisodiquement à l’occasion d’exploitants agricoles ou forestiers, de de déplacements sur son exploitation, le randonneurs ou de protection de la nature citadin détermine une période précise où il manifestant indifférence ou hostilité envers va chasser. Il loue fréquemment un le principe de la chasse ou ses adeptes, tous territoire et cherche à rentabiliser son les cas de figure se présentent. investissement, Il est bien entendu impossible de définir les traits principaux du citoyen isolé. Dès . le manque d’intérêt, pendant de longues 1982, lors de la VIII è Journée cynégétique années, pour la protection des milieux et de Châteauroux, un sociologue du Centre une certaine schizophrénie du monde de la de Communication avancée, faisait chasse. Bien des notables cynégétiques remarquer qu’il s’établissait, peu à peu, un ruraux ont été - et certains le sont encore -

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consensus social “ mou ” hostile à la . SOFRES - Rassemblement des opposants chasse et à ses adeptes pour de multiples à la chasse (1988) : La chasse est cruelle et raisons dont certaines de celles évoquées barbare ? : D’accord, 53 %. ci-dessus. Le citoyen opposé à la chasse . BVA - Union nationale des Fédérations n’était pas prêt à descendre dans la rue départementales des Chasseurs (1990) : pour manifester son opposition mais il opinion sur la chasse en général : Bonne participait à la construction d’une opinion (36%), mauvaise (55%) ; opinion sur les publique hostile à la chasse. chasseurs en général : bonne (40%), C’est, sans doute, l’une des explications de mauvaise (49%), l’augmentation du pourcentage de . BVA - Union nationale des Fédérations personnes opposées à la chasse et aux départementales des Chasseurs(1991). chasseurs telle que l’indiquent différents Bonne (40%), mauvaise (55 %) opinion sur sondages depuis 1977 : la chasse en général ; bonne (40%), mauvaise (55%) opinion sur les chasseurs . SOFRES - Le Pèlerin (1977) : 16% pour en général. l’interdiction de la chasse purement et . SOFRES - Rassemblement des opposants simplement. à la chasse (1998) : Personnellement tout à . Publimétrie - Le Quotidien de Paris fait (8%), plutôt pour (28%) la chasse ; tout (1978) : Approbation de la chasse telle à fait (28 %), plutôt contre (32%) la qu’elle se pratique en France : approuvent, chasse. 24 % ; n’approuvent pas, 47%. . Louis Harris-Science & Nature (1998). . Ifop - La Vie (1980) : Suppression Maintien de la chasse en France ? : Tout à complète de la chasse sur l’ensemble du fait (9%), plutôt pour (45%). Tout à fait territoire français ? Pas du tout d’accord, (18%) plutôt (26%) défavorable. 22,3% ; plutôt pas d’accord, 18, 3% ; tout à . IFEN (1998) : Approbation de la chasse fait d’accord, 32 % et plutôt d’accord, pratiquée en France ? oui, 39% non, 49 %. 18,2%. . Ifop - Union nationale des Fédérations . Indice Opinion - Le Quotidien de Paris départementales des chasseur - Figaro (1981) : la chasse est une activité humaine Magazine (1999). Très bonne (7%), plutôt traditionnelle qu’il faut conserver à tout bonne (39%) opinion des chasseurs en prix : 46 % d’accord, 45% pas d’accord. général ; très mauvaise (19%), plutôt . Centre de Communication avancée - mauvaise (32%) opinion des chasseurs en

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Union nationale des Présidents de général. La chasse est une tradition, un art Fédérations départementales de Chasseurs de vivre (22%), une occupation cruelle (1984) : On devrait faire des lois plus (25%), un loisir (25%), le plaisir de se sévères pour obliger les chasseurs à retrouver en contact avec la nature (20%). respecter d’avantage la nature et les espèces sauvages : 90 % d’accord ; il L’on constate également de grandes faudrait interdire la chasse : pas d’accord, variations dans le pourcentage des 78,8%, d’accord, 20,9 % ; c’est criminel de personnes interrogées qui ne se prononcent tuer des animaux sans défense : pas pas (7% en 1977, 29 % en 1978, 9,3% en d’accord, 47,2%, d’accord, 52,1% ; la 1980, 7% en 1988, 4,2 et 13 % en 1998, chasse est une boucherie nuisible à la faune 3% en 1999), variations interprétées sauvage : d’accord, 44,9% ; un comme la conséquence d’une certaine défoulement pour ceux qui ont envie de radicalisation de la chasse. jouer à la guerre : d’accord 47 %. . Publimétrie - Rassemblement des Pour ce qui concerne les associations Opposants à la Chasse (1986) : d’utilisateurs de la nature, il faut tout Approbation du fait de chasser, donc de d’abord signaler deux traits qui les tuer des animaux uniquement par plaisir : distinguent fondamentalement des oui, 18% ; non, 74 %. associations cynégétiques :

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- certaines peuvent être déclarées d’utilité “ représailles ” menée en mai 2001 par la publique, Fédération départementale des syndicats - l’adhésion et la cotisation sont d’exploitants agricoles de l’Isère contre le volontaires. siège de la Fédération départementale des Il convient de distinguer schématiquement chasseurs de ce département à la suite de celles qui regroupent des exploitants - dégâts de sangliers. Comme le déclarait agriculteurs, forestiers - et défendent les alors le président de la FDSEA : “ La intérêts de leurs adhérents, celles qui chasse, c’est un loisir. Le champ détruit utilisent des aménités des espaces naturels par le sanglier, c’est notre outil de travail, - paysage, flore et faune - et cherchent à en notre vie. Trop de gens semblent faciliter l’accès - sentiers balisés - sans l’oublier ”. forcément se mobiliser pour en assurer la Mais il y avait aussi les effets d’une chasse sauvegarde et celles qui ont pour vocation incontrôlée. Après l’abolition des première la pérennité et/ou la restauration privilèges dont celui de la chasse, le 4 août de la qualité de ces espaces. 1789, les excès furent tels que le maire de Montargis, par exemple, constatait, en La nature des rapports de ces associations octobre de la même année “ les campagnes avec le monde de la chasse dépendra donc sont désolées et dévastées par le nombre beaucoup de leur objet social et des prodigieux de chasseurs et de chiens qui occasions de rencontres avec des produisent les plus grands dommages chasseurs. partout ”… Lorsque l’objet social, par exemple la randonnée pédestre, conduit à ce que Lorsque l’objet social de l’association est chasseurs et non-chasseurs fréquentent à “la protection de la nature ”, les rapports certaines périodes de l’année les mêmes peuvent être fort différents selon qu’à ces territoires, des conflits peuvent se faire jour termes correspondent des éléments ne mais rester ponctuels, anecdotiques donnant pas lieu - ou peu - à des conflits pourrait-on dire, car liés à des d’usage - minéraux, fossiles, flore, comportements individuels. S’il y a des invertébrés, etc. - ou au contraire sources chasseurs arrogants, il y a aussi des potentielles de conflits - milieux, oiseaux, promeneurs qui se font un malin plaisir à mammifères directement ou indirectement perturber une chasse… concernés par des pratiques de chasse - .

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Lorsque l’objet social de l’association est 4) Quelle évolution des rapports entre l’exploitation d’une ressource dont le chasseurs et non-chasseurs ? Progrès ou gibier tire aussi parti, les conflits peuvent régression ? être durables. C’est le cas d’un antagonisme certain entre chasseurs et Pouvoir analyser objectivement une agriculteurs et forestiers confrontés aux évolution implique que l’on dispose de dégâts de gibier - lapins, cervidés et termes de comparaison dans le temps et sangliers, etc. -. Ces conflits ne sont pas d’indicateurs précis. Cela n’est pas le cas. nouveaux. Sous l’Ancien Régime, la Constater aujourd’hui que les rapports paysannerie se plaignait des dégâts commis entre chasseurs et non-chasseurs ne sont par le gibier comme en témoignent les plus les mêmes qu’à la fin des années cahiers de doléances de 1789. Certaines cinquante ne permet pas d’apprécier s’il y protestations voire manifestations de a eu progrès ou régression, s’il y a eu plus paysans de la fin du XVIII è ne sont guère ou moins de conflits, puisque la chasse et différentes de celles, très actuelles, de la société française ont changé. La syndicats d’exploitants agricoles en divers relecture des débats parlementaires qui ont départements - Ardèche, Bouches-du- précédé le vote de la loi Verdeille (1964) Rhône, Drôme, etc. - ou de l’opération de sur les associations communales de chasse

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agréées (ACCA) montre, par exemple, que partir de 1976, à des protestations relatives ce qui allait devenir l’occasion d’âpres aux chasses dites traditionnelles- sur les débats trente ans après - le droit de non- quelles on reviendra plus loin - comme le chasse - était à peine discuté. tir de la tourterelle des bois au mois de mai C’est donc au travers d’une approche dans le Sud-Ouest et à l’application de la subjective d’un vécu de 35 ans de vie loi Verdeille. associative - Société Nationale de La montée en puissance des récriminations Protection de la Nature, France Nature et le développement d’un climat conflictuel Environnement, Association française pour conduit à une rencontre, au mois de janvier l’Etude et la Protection des Mammifères, 1980, entre Jean-Claude Lefeuvre, Artus, etc. - enrichie d’un mandat de président de France Nature Environnement parlementaire européen (1989-1994) et (FNE) et Jacques Hamelin, président de d’un travail de deux ans (1997-1999) au l’Union nationale des Fédérations cabinet de Mme Voynet, ministre de départementales des Chasseurs (UNFDC). l’Aménagement du Territoire et de Un communiqué de presse intitulé “les l’Environnement, que je tenterai d’aborder associations de protection de la nature et la l’évolution des rapports entre chasseurs et chasse ” publié le 20 février souligne, en non-chasseurs qui n’ont pas constitué un particulier, que “ les protecteurs et les long fleuve tranquille… chasseurs se sont montrés unanimes pour dire que les points de convergence étaient Je tiens à rappeler tout d’abord que je n’ai plus importants, plus nombreux, que les aucune hostilité de principe à la chasse, j’ai points de désaccord et qu’il fallait appris à chasser avec mon père et le maire notamment agir ensemble pour arrêter la d’un village du Brionnais (Bourgogne détérioration des habitats nécessaires à la charollaise), à la fin des années cinquante faune sauvage, voire à les recréer quand et j’ai cessé de pratiquer ce loisir au milieu cela est possible ”. Il conclut qu’“ un des années soixante pour diverses raisons. consensus favorable est donc établi entre N’ayant pas d’opposition de principe à la chasseurs et protecteurs. Ils ont décidé chasse et pensant que l’organisation de la ensemble de se rencontrer le plus souvent chasse pouvait et devait évoluer, j’ai possible pour discuter de dossiers précis : adhéré, dès sa création en 1989, à les premières actions communes seront des l’ANCER (Association nationale pour une démarches de protection des habitats et de

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 chasse écologiquement responsable). conditions de survie de la faune. Ils Lorsque je regarde, aujourd’hui, aborderont ensuite les dossiers les plus l’évolution des rapports du monde litigieux avec une compréhension associatif de la protection de la nature, réciproque d’autant plus élargie qu’ils monde qui comporte parmi ses adhérents auront combattu côte à côte pour la chasseurs et non-chasseurs, je distingue défense des milieux naturels ”. Cette très schématiquement deux grandes phases démarche bénéficie d’un appui fort de M. qui peuvent être illustrées par la manière d’Ornano, ministre de la Qualité de la Vie dont s’est située France Nature qui a déjà manifesté une fermeté certaine Environnement vis-à-vis de la chasse. face aux chasseurs girondins en 1979. Mais en 1981, le changement de majorité 4a) Du conflit à la concertation . politique va induire une altération progressive dans une dynamique pourtant La première va schématiquement de la bien engagée - c’est en 1981, que le création de cette fédération (1968) à la fin Président de l’UNFDC et le secrétaire des années 1980. On constate que le thème général adjoint de FNE mènent une “chasse ” est d’abord très peu présent (cf. mission conjointe en Irlande pour évaluer les motions proposées et votées en l’impact des fonds européens sur le Assemblée Générale) puis se limite, à

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maintien des zones humides -. En effet, que globale et à long terme. Elle doit pour alors que le président de l’Union nationale les espèces migratrices, être des Fédérations départementales des internationale. Elle a pour objectif Chasseurs vient de condamner d’assurer ou de reconstituer la diversité publiquement -18 avril 1981 - le tir de la d’un patrimoine vivant national et tourterelle des bois dans le Sud-Ouest en international. déclarant “ nous ne pouvons plus tolérer les - des conventions et accords tirs de printemps d’oiseaux qui remontent internationaux ratifiés par la France, pour nidifier ”, M. Crépeau, le tout - de l’opinion de ceux qui les récusent nouveau ministre de l’Environnement, (NDLA, les prélèvements) car la faune autorise une ouverture anticipée de la sauvage est un bien commun à l’ensemble chasse à cette espèce en août 1981, prélude de la nation. à une tentative de légalisation du tir en Ces principes s’appliquent notamment à mai qui deviendra effective en 1982. C’est l’exercice de la chasse ”. le début d’une nouvelle guérilla juridique où les associations de protection de la Faute d’un appui du pouvoir politique tant nature auront gain de cause, le Conseil dans la défense des milieux - le cas du d’Etat annulant, les uns après les autres, les Marais poitevin détruit année après année arrêtés de M. Crépeau jusqu’à l’arrivée de avec le concours du Ministère de Madame Bouchardeau au ministère de l’Agriculture en est une illustration - que l’Environnement. Malgré ce camouflet dans le contrôle de pratiques de chasses infligé tant aux chasseurs qu’aux contestées par les protecteurs - par protecteurs, ceux-ci continuent de travailler exemple la légalisation de chasses dites ensemble à la protection des milieux, par traditionnelles par le subterfuge d’un exemple pour l’élaboration d’une stratégie cavalier législatif introduit en décembre commune de défense des zones humides 1988 - et avec l’arrivée d’un nouveau des départements du littoral atlantique - président de l’Union nationale des dont le Marais poitevin - en mars 1984. Fédérations départementales des Chasseurs en 1988, l’alliance contractée en 1980 s’est Cette année 1984, France Nature peu à peu dissoute. Environnement (FNE) présentait une contribution à un projet de loi portant Les chasses dites traditionnelles ont depuis

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 réorganisation de la chasse associant les longtemps constitué une pomme de différentes catégories d’usagers de la discorde entre chasseurs et protecteurs, nature à la gestion de la faune sauvage, voire même chez les chasseurs. contribution dont le préambule avançait : Il y a tout d’abord le cas des chasses “ Les prélèvements exercés par l’homme pratiquées avec des moyens non sélectifs aux dépens de la faune sauvage ne comme filets, lacets, gluaux, etc. correspondent plus, à quelques exceptions permettant la capture ou la destruction en près, à une nécessité vitale dans la France nombre d’oiseaux. Ces méthodes prohibées d’aujourd’hui. Prélever, c’est-à-dire par la Convention de Paris signée en 1902 chasser, pêcher, collecter, etc…peut être - ratifiée en 1905 -, par la Convention de avec la même légitimité, accepté ou refusé Berne signée en 1979 - ratifiée en 1989 - au nom d’une éthique ou de goûts puis la directive 79/409/CEE dite directive personnels. L’exercice de prélèvements “ Oiseaux ” (1979), ont été cependant doit tenir compte : “ tolérées ” malgré les protestations de - d’impératifs biologiques indispensables à protecteurs de la nature et de chasseurs - la pérennité ou à la restauration du Congrès de la chasse de Carcassonne en patrimoine vivant sauvage. Ainsi la 1920, d’Arles en 1923 ; Conseil gestion de la faune sauvage ne peut être international de la chasse et

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congrès des Présidents de Fédérations des - En 1986, le Directeur de l’Office chasseurs de France en 1970 -. Au national de la chasse - qui était Directeur président de la Ligue pour la Protection des de la Protection de la Nature en 1982 - Oiseaux, qui s’étonnait en 1978, que la annonce 42 départements, chiffre repris Convention de Paris de 1902 ne soit dans une circulaire de l’ONC de 1996 toujours pas appliquée en France plus de annulée par le Conseil d’Etat en 1999. 70 ans après sa ratification, M. François - La loi de juin 2000 retiendra 27 Delmas, secrétaire d’Etat auprès du départements où la chasse de nuit à la hutte Ministre de l’Environnement et du Cadre est réputée traditionnelle… de Vie répondait qu’il fallait “ tenir compte des périodes de guerre ou Pour sortir de cette ambiguïté récurrente, d’agitation politique et sociale qui ont valu j’avais suggéré à M. Patriat - lorsqu’il d’autres préoccupations aux commençait le rapport qui allait donner la gouvernements successifs ”… Les raisons loi chasse de juin 2000 - de faire procéder de cette hostilité des protecteurs à certaines à une analyse de photographies aériennes de ces chasses pratiquées au fusil et aux des zones où se pratique la chasse à la engins tiennent au fait qu’elles donnaient hutte. En effet, ces huttes assorties de lieu à des destructions d’oiseaux autres que mares sont facilement identifiables et l’on les oiseaux gibiers. C’est ainsi qu’un dispose, dans certains cas, de séries de chasseur racontait lui-même (Sud-Ouest, 2 photographies aériennes sur plusieurs mai 1969) à propos de la chasse à la décennies. Leur examen aurait permis tourterelle des bois en mai dans le Médoc d’infirmer ou de confirmer l’ancienneté de “ on matraquait les bondrées apivores, les pratiques souvent affirmée par les buses, les martinets, les faucons, les chasseurs de gibier d’eau comme huppes, les loriots, les tourterelles aussi, séculaires. Cette suggestion n’a pas été bien sûr ! ”. retenue et pourtant elle aurait permis de constater que, par exemple, les huttes Par ailleurs, il y a tout lieu de s’interroger installées au droit de Grand Fort Philippe - sur l’historicité de certaines traditions. A Platier d’Oye - sont postérieures aux côté de pratiques fort anciennes comme la années soixante, pour la simple raison que chasse aux pantes des palombières les vasières où elles sont situées basques, la chasse au fusil pratiquée sur les n’existaient pas avant 1970 et sont dues à

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 cols pyrénéens - Iraty par exemple - ou en l’atterrissement du rivage par Ardèche - col de l’Escrinet - est récente. sédimentations marine et éolienne. Il en est Certaines de ces chasses conduisent à des de même pour certaines huttes de la Baie affirmations péremptoires fluctuantes qui de Somme installées à partir du début des laissent quelques doutes sur la réalité de années soixante (voir aussi document 4). leur ancienneté. Dans le même ordre d’idée, l’on peut Ainsi, en est-il, par exemple, de la chasse signaler l’étonnant argumentaire développé de nuit aux anatidés, interdite depuis 1844, récemment par la Fédération mais tolérée dans certains départements au départementale des Landes et nom de la “ tradition ”. l’Association départementale des chasses - Au début de l’année 1982, le Directeur traditionnelles à la matole des Landes pour de la Protection de la Nature indique que justifier l’ancienneté de la chasse au sont concernés par cette chasse Bruant ortolan. Il est fait état d’écrits du traditionnelle 16 départements côtiers. XIII è et du XVII è attestant ce type de - Une enquête de l’ONC publiée à la fin de chasse. Or lorsque l’on consulte ces écrits l’année 1982 donne 35 départements (sur on constate qu’il n’est pas fait mention du 8016 installations de chasse répertoriées Bruant ortolan mais de lièvres, lapins, dont la date de création est connue, 78 sont sangliers, cerfs, chevreuils, daims, oiseaux antérieures à l’année 1900). de forêt, etc. ou de cochevis !

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Les protecteurs de la nature, s’ils sont prêts faut-il le rappeler, la fixation de dates à reconnaître l’ancienneté de certaines d’ouverture et de fermeture de la chasse pratiques ne sont pas disposés à admettre aux oiseaux migrateurs - activité n’importe quoi au nom d’une « tradition » concernant surtout les 300 000 chasseurs fabriquée de toutes pièces. Il resterait de gibier d’eau - et la protection d’espèces également à débattre de la « tradition » comme le Bruant ortolan. comme justification en soi. Bien des Il faut reconnaître une habileté certaine à traditions qui ne correspondaient plus aux ceux qui ont réussi à manipuler l’ensemble changements de la société ont disparu des chasseurs français en leur donnant à (rapaces nocturnes cloués sur les portes des croire que la demande d’application de granges, par exemple). Doit-on règles communes pour la chasse aux systématiquement le regretter ? oiseaux migrateurs était une atteinte intolérable à l’exercice de la chasse. Et 4b) De la concertation au conflit . pourtant, il est bien évident que ce qui concerne les oiseaux migrateurs ne La deuxième phase se caractérise par : concerne pas le petit et le grand gibier - une montée en puissance de la guérilla sédentaires. D’une certaine manière on a juridique prenant pour appui la directive l’impression que le monde de la chasse “ Oiseaux ”, réagit comme les plus farouches tenants du - le développement d’une politisation de la tout automobile qui présentent comme chasse. remettant en cause le principe même de l’usage de l’automobile le fait que certains Même si localement chasseurs et citoyens demandent simplement le respect protecteurs peuvent entretenir des rapports des limitations de vitesse, des feux rouges fructueux - par exemple sur la fixation des ou des lignes continues ! dates d’ouverture au gibier d’eau dans l’Ain, pour la gestion et la protection de Pour la fixation des périodes de chasse la zones humides en Brenne, pour la directive “Oiseaux ” arrête deux principes : restauration de haies en Normandie, lors de - pas de chasse sur des oiseaux en période comptages de chamois dans le Parc de reproduction - ce qui est communément national des Ecrins, etc . - l’on est passé admis pour le gibier sédentaire -, globalement d’une logique de concertation - pas de chasse sur des oiseaux en

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 à une logique de conflits, par instances migration de retour depuis les zones juridiques interposées - tribunaux d’hivernage - ce qui est du simple bon administratifs, Conseil d’Etat, Cour de sens en terme de dynamique de population Justice des Communautés européennes, -.Or, pour des raisons principalement Cour européenne des Droits de l’Homme - électoralistes, ces principes ne sont pas à propos de l’application de la directive appliqués car ils ne s’inscrivent pas dans “ Oiseaux ” - périodes de chasse aux certaines pratiques de chasse dites oiseaux migrateurs, liste d’espèces à traditionnelles. Les associations de protéger comme le Bruant ortolan - ou de protection de la nature qui introduisent des la Convention européenne des Droits de contentieux ont donc quasi l’Homme sur laquelle se grefferont, systématiquement gain de cause. A titre ensuite, ceux nés de la mise en œuvre de d’exemple, en arrivant, en 1997, au cabinet la directive 92/ 43/CEE concernant la de Madame Voynet, ministre de conservation des habitats naturels ainsi que l’aménagement du territoire et de de la faune et de la flore sauvages, dite l’environnement, j’ai pu constater que sur directive “ Habitats ” ou “ Natura 2000 ”. les 68 arrêtés d’ouverture anticipée de la chasse au gibier d’eau signés par les Ces conflits concernent essentiellement,

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prédécesseurs de Madame Voynet et s’emploient à convaincre le Président de la attaqués au Conseil d’Etat, 65 avaient été Commission européenne, M. Delors et le annulés en se fondant sur la directive Commissaire en charge de “Oiseaux ” - en 1999, les chiffres seront de l’environnement, M. Paleokrassas, de la 87 arrêtés annulés sur 89 attaqués -. La nécessité de modifier la directive différence entre le chiffre des annulations “Oiseaux ” dans le sens souhaité par les et celui des arrêtés attaqués tient à des chasseurs français. Il faut faire vite avant questions de forme. les élections européennes de juin 1994. Quant aux arrêtés préfectoraux de Ainsi donc, après passage au Conseil des fermeture de la chasse aux oiseaux ministres européens, une proposition de migrateurs, pris en vertu de la loi de juillet modification est-elle transmise au 1994, sur les 38 attaqués devant les Parlement européen, avec demande de tribunaux administratifs, 23 avaient été procédure d’urgence, - c’est-à-dire sans annulés par des tribunaux administratifs. examen en commission et sans désignation La différence entre le chiffre des d’un rapporteur -. Le Parlement européen annulations et celui des arrêtés attaqués refuse l’urgence. Pour calmer le tient au fait que les tribunaux avaient tantôt mécontentement des chasseurs français le fait référence à la loi de 1994, tantôt à la gouvernement laisse - ou fait directive “Oiseaux ”. subrepticement, selon certaines analyses En effet, plutôt que de tenter de faire politiques - adopter, en juin 1994, une loi appliquer en France la directive anticipant la modification de la directive 79/409/CEE, les gouvernements successifs “Oiseaux” proposée au Parlement se sont employés soit à essayer de la faire européen. C’est le développement d’un modifier dans le sens souhaité par les imbroglio juridique. chasseurs d’oiseaux migrateurs français En effet, le Parlement européen, aux soit à la contourner. C’est un peu comme termes de la procédure normale adopte en si, en matière de circulation automobile, février 1996 les conclusions d’un rapport constatant qu’un certain nombre de Mme van Putten sur le projet de d’automobilistes ne respectent ni les lignes modification de la directive “Oiseaux”. Les continues, ni les limitations de vitesse, les conclusions ne vont pas du tout dans le pouvoirs publics décidaient de légaliser ces sens voulu par les chasseurs français, en ce hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 pratiques afin que leurs auteurs ne soient sens que la rapporteure propose une date plus en infraction. Le résultat en a été un de compromis politique entre les exigences imbroglio juridique inextricable. de la protection des espèces telles que rappelées par la Cour de Justice des Cela a été le cas de la loi de 1994 sur les Communautés européennes et le souhait dates de fermeture, de la loi de 1998 sur les des chasseurs, à savoir une fermeture dates d’ouverture et de fermeture et de la unique au 31 janvier - date trop précoce loi de juin 2000. aux yeux des chasseurs français -. Craignant que la position du Parlement * 1994 - Comme en 1870 … européen ne soit reprise par le Conseil des Après un arrêt de la Cour de Justice des ministres européens, M. Juppé, le Premier Communautés européennes de janvier ministre de l’époque, intervient alors 1994 constatant que les dates de fermeture auprès du nouveau Président de la de la chasse aux oiseaux migrateurs Commission européenne, M.Santer, pour pratiquées en France n’étaient pas que soit gelée la procédure de modification compatibles avec la directive “Oiseaux ”, de la directive “Oiseaux ”. Il apparaît, en le Premier ministre, M. Balladur, et le effet, que la France est politiquement très ministre de l’Environnement, M. Barnier, isolée. En cas de vote au Conseil sur la

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proposition du Parlement européen, seuls l’ANCER se disent prêts : la Grèce et le Portugal soutiendraient la - à discuter de dates de compromis France dans son opposition aux politique autour de la mi-août, conclusions du rapport Van Putten. - à plaider la cause des chasseurs français Le fait que la directive n’ait pas été auprès de la Commission européenne. modifiée ne peut donc que conduire les L’UNFDC et l’ANCGE, sentant instances judiciaires saisies à constater que manifestement que la proposition de loi les dates fixées par la loi de 1994 sont votée au Sénat qui leur offre des dates incompatibles avec les principes de la d’ouvertures plus précoces a toutes directive “Oiseaux ”, d’où l’exaspération chances d’être adoptée par une Assemblée de chasseurs voyant annulés, de plus en nationale sur laquelle ils exercent une forte plus souvent, les arrêtés autorisant la pression, refusent d’entrer dans un chasse aux oiseaux migrateurs aux dates processus de négociation. qu’ils souhaitent. La proposition de loi adoptée au Sénat est * 1998 - La Grande Guerre … présentée à l’Assemblée nationale dans une Pour “sécuriser” les dates d’ouverture fenêtre parlementaire. Elle est votée grâce anticipée et de fermeture de la chasse aux à l’aval tacite du Premier ministre et au oiseaux migrateurs - comme il était concours de son parti. Comme le fait alors d’ailleurs déjà avancé en 1994…-, des remarquer ARS, la lettre du Club sénateurs de groupes politiques divers socialiste (7 juillet 1998) ce vote est :“ une déposent, en 1996-1997 et 1997-1998, 3 faute contre la morale : dans cette propositions de loi - n°346 rectifié de M. médiocre affaire, nous perdrons sur tous Roland du Luart & al. ; n°359 de M. les tableaux. Comme ce texte ne pourra Michel Charasse ; n° 135 de M. Pierre pas être appliqué en l’état et devra donc Lefebvre & al .-. Il en résulte un texte être revu, nous perdrons vis-à-vis des discuté et adopté au Sénat en janvier 1998. chasseurs que l’on a cru amadouer par un Peu après, quelques 150.000 chasseurs vote hypocrite. Et nous perdrons aussi vis- défilent à Paris en février pour demander la à-vis de ceux - plus nombreux qu’on ne le modification de la directive “Oiseaux ” et croit, et d’abord chez les socialistes - qui clamer leur détestation de Mme Voynet, ne comprennent pas que les parlementaires ministre en charge de la chasse - une aient ainsi cédé devant un lobby, aussi

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 femme, qui plus est « verte », donc vocal et, par endroits, aussi menaçant soit- responsable de tous leurs maux il ”. Les faits ont montré la pertinence de judiciaires- . cette analyse d’un courant minoritaire du parti majoritaire. Une tentative de compromis politique entre Ainsi que prévu et comme l’avait annoncé chasseurs et protecteurs de la nature est Mme Voynet au Sénat en janvier 1998, les tentée par Mme Voynet qui réunit à son contentieux reprennent de plus belle. Les ministère, les Présidents de l’Union protecteurs de la nature qui ont fait un pas nationale des Fédérations départementales en avant, quelquefois en prenant le risque des chasseurs (UNFDC), et de de mécontenter leurs troupes, ont le l’Association nationale des Chasseurs de sentiment d’avoir été bernés par les Gibier d’Eau (ANCGE), les Présidents de politiques. Sachant que le droit est pour France Nature Environnement (FNE), de la eux, ils réengagent donc la guérilla Ligue pour la Protection des Oiseaux juridique. (LPO) et de l’Association nationale pour En 1999, le Conseil d’Etat annule des une Chasse écologiquement responsable arrêtés pris en vertu des lois de 1994 et (ANCER). Lors des premières discussions 1998. En décembre 2000, la Cour de sur les dates d’ouverture anticipée de la Justice des Communautés rappelle, à son chasse au gibier d’eau, FNE, la LPO et tour, que les arrêtés d’ouverture anticipée

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au gibier d’eau signés par les prospère un mouvement comme Chasse, prédécesseurs de Mme Voynet - et donc, Pêche, Nature et Traditions quitte à s’en de facto , les dates retenues dans la loi de inquiéter ensuite. juin 1998 - tout comme les dates fixées par les arrêtés de fermeture de la chasse aux La chasse n’a rien à y gagner, car oiseaux migrateurs pris en vertu de la loi l’atmosphère conflictuelle qui la marque de 1994 - dates reprises dans la loi de maintenant est l’une des causes de 1998 - sont incompatibles avec la directive l’érosion de ses adeptes. “Oiseaux ”. Les cyniques penseront qu’il suffit d’attendre pour que les conflits cessent * 2000 - La der des der ? par affaiblissement ou disparition d’une La n-ième loi sur la chasse, celle de juin partie des protagonistes. 2000, comme les lois précédentes a généré de nouveaux conflits juridiques. Ainsi en La protection de la nature a peu à gagner février et mai 2001, le Conseil d’Etat au maintien de cette situation. Elle se prive annulait-il des arrêtés de fermeture à la d’alliés qui pourraient être précieux dans la chasse aux oiseaux migrateurs et lutte contre la détérioration de milieux d’ouverture anticipée de la chasse au gibier indispensables aux espèces tant végétales d’eau pris en fonction de cette loi. qu’animales, dont elles souhaitent la pérennité et la restauration. Conclusion La vie démocratique de notre pays n’a rien, La situation est donc bloquée. Elle risque non plus, à gagner à la pérennisation de de le rester aussi longtemps que des conflits entre différentes catégories responsables politiques proposeront ou d’usagers d’un patrimoine commun à laisseront voter des textes de circonstance l’ensemble des citoyens. pour satisfaire les chasseurs les plus extrêmes, au lieu de s’employer à convaincre que la seule solution réside Pascal DACHEUX : je vous remercie dans une négociation avec les protecteurs beaucoup Monsieur Raffin pour ce riche de la nature. Cette négociation peut exposé et j’appelle maintenant Amélie permettre d’aboutir à un compromis Delaval, diplômée de troisième cycle de

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 comme cela se passe dans d’autres pays l’Institut d’Etudes Politiques de européens - par exemple, Grande-Bretagne l’Université de Lille et qui va nous parler ou Danemark -. En ne le faisant pas, ces du programme et du répertoire d’actions de responsables alimentent eux-mêmes des CPNT et s’interroger sur l’appropriation ou conflits qui constituent le terreau où non de la nature par ce mouvement.

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III) Chasse Pêche Nature et Traditions (CPNT), son programme et son répertoire d’action : une appropriation de la nature ?

Amélie DELAVAL Diplômée de 3 è cycle de l’IEP (Institut d’Etudes Politiques) de l’université de Lille II

Bonjour à tous et merci à Vincent Bawedin de m’avoir invitée.

"Chasse, Pêche, On doit la création de CPNT à des Nature et présidents de fédérations départementales Traditions", autrement appelé "le de chasseurs, comme Hubert Ballédent mouvement des chasseurs en colère", et pour la Somme, et principalement à André qui semble être à l'origine de Goustat, qui fût le président du mouvement manifestations de chasseurs, affiche, à partir de la fondation, c'est-à-dire en depuis quelque temps, un intérêt fort pour février 1989, jusqu'à son remplacement par le thème de la nature. Jean Saint-Josse - qui en est aujourd'hui le Or, cette organisation est indirectement à président-. La création de CPNT fût à l'origine de manifestations et d'actions qui l'origine de conflits entre des fédérations doivent être qualifiées de violentes. Cela de chasseurs et l'UNFDC (l'Union nous amène à nous poser la question de Nationale des Fédérations Départementales savoir si l'on ne peut pas parler d'une forme de Chasseurs), certaines condamnant la d'appropriation de la nature. création d'un mouvement politique. CPNT aurait été, selon ses membres, créé La création de CPNT pour contrer la montée de l'écologie politique qui utiliserait l'Europe pour hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 La création du mouvement CPNT est imposer ses points de vue et qui lutterait anecdotique. Selon ses dirigeants, il a particulièrement contre la chasse. débuté par des manifestations de Actuellement, le parti compterait, selon les "chasseurs en colère" suivies d'un boycott dires d'Yves Butel, député européen CPNT du référendum sur la nouvelle Calédonie et conseiller général de la Somme, 50 000 en 1989. Cela aurait permis, par la suite, adhérents. aux actuels leaders de CPNT de prendre La création de CPNT doit être prise en conscience de l'ampleur d'un phénomène compte dans le contexte de crise de la pouvant déboucher sur la création d'une chasse. En effet, le nombre de porteurs de force politique. permis de chasse ne fait que baisser pour Selon Jean Pilniak, délégué départemental ne représenter aujourd'hui que 1 400 000 CPNT dans la Somme, en l'espace de individus. De la même manière, l'âge seulement 3 ou 4 jours , des chasseurs moyen des chasseurs ne fait qu'augmenter. auraient réussi à transmettre un message de Il est, en effet, de plus en plus difficile boycott du référendum pour recueillir pour les fédérations départementales de finalement plus de 8.000 bulletins chasseurs de "recruter" des jeunes "chasseurs en colère". chasseurs qui assureront le futur du monde

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cynégétique. CPNT ne doit pas être selon ses dirigeants, à prendre puis à envisagé comme un parti politique mais exercer le pouvoir mais plutôt à exercer plutôt comme un mouvement constitué en une sorte de "contrôle" des institutions de groupe de pression, dont le but initial, lors l'intérieur. de sa création, était de défendre les acquis de la chasse et ce quel qu'en soit le prix à Ses élus payer : organiser des manifestations violentes par l'intermédiaire des Depuis sa création, CPNT a connu des associations de chasse, faire pression sur résultats électoraux en progression. Il a les élus locaux et nationaux, et même atteint un résultat sans précédent lors des entrer en politique. élections européennes de 1999 puisqu'il a recueilli 6,77% des voix au niveau de la Néanmoins, donc, CPNT n'est pas un parti nation et a connu d'incroyables pics dans mais plutôt un groupe de pression. certains départements comme la Somme où Ainsi, même les membres de CPNT il a recueilli 27,06% des voix. Cette semblent être conscients de ne pas former élection lui a permis d'obtenir 6 députés un parti, puisque CPNT a déclaré lors de sa européens au niveau national dont Yves profession de foi en 1999: "Notre vocation Butel et Jean Saint-Josse. n'a jamais été de nous installer dans les CPNT a également obtenu des sièges dans institutions du pouvoir politique. Nous les collectivités territoriales puisqu'un de voulons seulement peser au sein du ses membres, Michel Blondin est Parlement européen pour faire entendre actuellement conseiller régional et vice- les voix de celles et de ceux qui veulent président de la région Picardie. conserver leurs racines et leurs De la même manière, les dernières identités." 1CPNT ne chercherait donc pas, élections cantonales de 2001 ont permis à CPNT d'obtenir dans la Somme deux sièges de conseillers généraux pour Yves

Butel et Nicolas Lottin.

Les désirs et les propositions de CPNT

Le "parti des chasseurs" a initialement

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 fondé son programme sur la défense de la

chasse, en particulier contre ce qu'il considère être des attaques de la part de

l'Europe et des écologistes. Mais CPNT, lentement, a élargi cette

thématique pour intégrer celle de la défense de la ruralité et des traditions.

Ainsi, CPNT déclare dans son "livre blanc", qui contient le programme du

mouvement, que : " revitaliser la ruralité, aménager le territoire, préserver le

patrimoine naturel et culturel, développer la qualité de vie, harmoniser les activités

économiques, de loisirs et de tourisme : tels sont les objectifs de CPNT ". 2

1CPNT,"élection des représentants de la France au 2 Parlement européen, Scrutin du 13 juin 1999, profession CPNT, Livre Blanc , p 58 de foi", Problèmes politiques et sociaux, n° 842

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Les idées transmises par CPNT peuvent sont présentés comme des gestionnaires et être rassemblées en deux groupes: celui des protecteurs de la nature qui s'inquiètent des valeurs et des activités à défendre et, pour elle tout au long de l'année. Les de l'autre côté, celui des agresseurs à membres de CPNT rappellent, par combattre. exemple, que ce sont les chasseurs qui CPNT défendrait tout d'abord ce que l'on nourrissent les gibiers pendant l'hiver. nomme la ruralité. Cela passerait évidemment par une défense active de la Face à cet univers cynégétique fragilisé, chasse puisque pour CPNT, la chasse est CPNT propose de s'en prendre à un une des dernières activités des campagnes. ensemble « d'agresseurs ». CPNT propose donc de ne pas limiter le droit de chasse acquis lors de la révolution Le premier est bien évidemment l'Europe . française. Ce droit de chasse devrait donc L'Europe serait coupable d'attaquer la être préservé en ne subissant aucune chasse, un droit issu de la Révolution . Elle modification. A travers cela, c'est la société chercherait à tout diriger depuis Bruxelles rurale traditionnelle qui serait défendue, en étant trop éloignée de la réalité pour puisque la chasse garantirait des valeurs saisir les réels besoins de la population. Le rurales "vraies" telles que la solidarité, le plus grave pour CPNT, serait que la France savoir-vivre, la convivialité. soit sous domination européenne. Pour CPNT proposerait la défense de traditions André Goustat, en attaquant la chasse, rurales qui pourraient, en partie, être des l'Europe a réduit la France à une position solutions à des problèmes actuels tels que de vassal : " La plus haute juridiction de l'insécurité dans les villes. Les campagnes notre pays nous a donné tort : le droit proposeraient un mode de vie proche des français avait donc disparu. C'est le droit centres d'intérêts les plus importants des européen qui s'appliquait désormais : nous citoyens. n'étions plus français. Il a bien fallu se rendre à l'évidence : la France était Il faudrait donc revenir à plus de ruralité 3 "traditionnelle". Pour CPNT, cela passerait devenue vassalisée par Bruxelles." par la défense de la chasse, de Cette Europe serait donc responsable des l'environnement, des traditions, de maux de la ruralité. l'artisanat, de la bonne chair. Si la chasse est au cœur du programme de Les écologistes sont également fortement critiqués par les membres de CPNT. Ils

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 CPNT, la pêche, en revanche, semble être oubliée alors qu'elle est inclue en deuxième seraient, un peu comme l'Europe, coupés position dans le nom de l'organisation. Et des réalités de terrain, intolérants et on peut constater qu’en effet, il y a peu de acharnés. CPNT justifie même sa création traces de cette activité dans les à cause de l'entrée sur la scène politique publications internes à CPNT mais de l'écologie politique. Pour André également dans le discours de Goustat, les véritables connaisseurs de la l'organisation. nature seraient les ruraux et non les Verts. Il va même jusqu'à les qualifier Enfin, le dernier cheval de bataille de 4 CPNT serait la protection de la « Nature » . d'Ayatollahs refusant toute discussion En effet, CPNT présente les chasseurs avec les chasseurs. Ainsi les écologistes comme les seuls vrais défenseurs de la nature. Ainsi, Yves Butel rappelle fréquemment ses actions en faveur de

l'environnement, comme le nettoyage des 3Goustat André, La parole aux terroirs, éditions du plages. De la même manière, les chasseurs rocher, Monaco, 1994, p 20-21

4Goustat André, La parole aux terroirs, éditions du rocher, Monaco, 1994, p 39

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sont considérés comme les responsables Ils permettent tout d'abord de rassembler. de tous les problèmes de la chasse. Ils En effet, ils désignent l'ennemi commun, le sont, selon CPNT, à l'origine des responsable. Ce faisant, ils délimitent aussi législations limitant le droit de chasse. les frontières du groupe. Ils permettent Yves Butel dira par exemple lors d'un également de mobiliser autour d'une entretien : "Je vous dis que ces gens-là y thématique commune. Enfin, ils permettent sont complètement évaporés et puis que de détourner la responsabilité de certains je sais pas pourquoi ils ont été élus" ou acteurs. Par exemple CPNT ne rend pas les encore "C'est des mecs qui ont perdu chasseurs responsables de leur propre toutes notions des petites gens de la violence puisque ce sont les hommes campagne, voyez ? C'est des parisiens. politiques qui ont négligé trop longtemps C'est des mecs qui, pour moi, ne savent le monde cynégétique qui en seraient la plus vivre" 5. cause. Grâce aux "boucs émissaires" Les villes sont aussi considérées comme CPNT ne se remet jamais en cause. les vecteurs de tous les maux. En effet, la Ce type de répertoire d'action n'est sans disparition des valeurs traditionnelles doute pas nouveau. Il rappelle, en effet, rurales est imputable pour CPNT à la celui utilisé par les poujadistes. On y croissance des villes qui écrasent, par leur retrouve aussi l'utilisation de "boucs puissance, les campagnes. Les urbains émissaires", les élus, le Fisc mais aussi un déconsidéreraient, de plus, les ruraux. certain usage de la violence verbale et Une des dernières cibles privilégiées de même physique. CPNT, c' est : le milieu politique . Le mouvement ne voit b) l'utilisation du réseau cynégétique en eux que corruption et distance vis-à-vis local de la réalité de terrain et des attentes des citoyens. Ils ne se soucient pas, pour CPNT a également fondé son organisation CPNT, de leurs électeurs ce qui aurait lassé sur une deuxième spécificité qui est sa ces derniers. Ainsi, les électeurs se seraient proximité avec le réseau cynégétique local. tournés vers des hommes de bon sens, les Ainsi, une fois en place, CPNT s'est servi membres de CPNT et selon Jean Pilniak le de sa connaissance du milieu cynégétique succès de CPNT s'expliquerait par un ras- pour mobiliser son électorat. Jean Pilniak le-bol des promesses non tenues et de la ne cache pas que les "bons" résultats

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 langue de bois. électoraux sont dus à la proximité entre CPNT et le monde de la chasse. 1) Organisation et mode de Néanmoins, on est en droit de se demander fonctionnement de CPNT jusqu'où cette proximité est légale.

Après cette brève présentation de CPNT, Au sujet de la Fédération départementale intéressons-nous à ce qui a été mis en des chasseurs de la Somme, les liens œuvre pour permettre au mouvement de semblent être importants. Nous n'en s'agrandir. citerons ici que quelques-uns. Tout d'abord, les dirigeants de CPNT sont a) L'utilisation de boucs émissaires issus de la fédération comme Yves Butel et La première spécificité de CPNT a été la Jean Pilniak. D'autre part, le siège de mise en place dans son programme de CPNT à Amiens se situe juste à côté de la "boucs émissaires". fédération. Enfin, de nombreuses rumeurs Ainsi, les quatre opposants pour CPNT que courent sur des relations financières d'aide l'on a cités précédemment, c'est-à-dire de la fédération vers CPNT, notamment l'Europe, les écologistes, les villes et les dans le cadre du financement des élus, répondent à des fonctions précises. campagnes. Cela semblerait d'autant plus probable qu'André Goustat a déjà été

5 condamné pour des pratiques semblables Butel Yves, entretien, 2000

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avec la fédération départementale des de chasseurs, des manifestations et des chasseurs de Dordogne. actions qui dépassent ce qui est Mais, si ces liens financiers n'ont pas été généralement admis. Le discours de CPNT prouvés, la proximité entre les deux est également très violent, très imagé. Les organisations est très importante membres de CPNT, même s’ils simplement au regard du trimestriel condamnent officiellement ces actions, les Picardie Chasse publié par la fédération. incitent. Ainsi Jean Pilniak a confié lors En effet, dans ces numéros de très d'un entretien que pour lui : "La violence nombreux articles font état des actions des de certains chasseurs dans la baie de membres de CPNT, critiquent fortement Somme, je dis que c'est une réaction tout à les mouvements écologistes et les élus et fait logique de ce qui devait arriver. Cette n'hésitent pas à appeler directement à voter violence est due d'abord, en partie, à ceux pour CPNT. Cette revue est pour CPNT un qui l'ont créée et ceux qui l'ont créée, ce ne atout de premier ordre puisque cela lui sont pas les chasseurs, ce sont tout d'abord permet de cibler directement l'électorat les écologistes anti-chasse et les députés qu'il cherche à atteindre. de la gauche plurielle qui ont créé la CPNT est également très proche de situation. Donc c'est à eux que revient la certaines associations de chasse violence…" 7. spécialisées de la Somme. La principale de La violence des chasseurs est destinée à ces associations est l'Association Picarde tous avec tout de même une préférence des Chasseurs de Gibier d’Eau (APCGE). pour les écologistes et les élus. Les dirigeants de CPNT ne cachent pas Cette violence est justifiée chez CPNT par leur recours aux associations pour la défense, entre autres, de la nature, thème contacter les chasseurs même s'ils nient qui nous intéresse ici. Quel est donc le toute relation illégale. rapport qu'entretient le mouvement CPNT avec ce thème ? c) L'utilisation d'un répertoire d'action violent 2) CPNT et son rapport à la nature

CPNT a eu, enfin, recours, à ce qui a) Une valorisation procurée par le constitue sa plus grande spécificité pour se concept de nature mettre en place et se faire connaître, c'est à hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 dire des méthodes violentes. C'est ce que Ce thème de la nature n'a pas toujours été nous appellerons un répertoire d'action présent chez CPNT. violent. Cette notion de "répertoires de En effet, progressivement, la thématique l'action collective" est empruntée à Charles 6 unique de défense de la chasse s'est élargie Tilly . Pour lui : "Toute population a un à la ruralité et à la nature. Ainsi, CPT répertoire limité d'actions collectives, (chasse pêche traditions) est devenu CPNT c'est-à-dire de moyens d'agir en commun (chasse pêche Nature et traditions) en sur la base d'intérêts partagés". Il cite constatant l'importance et la comme exemple les grèves, les complémentarité du créneau "ruraliste" et manifestations, les réunions électorales, les en amplifiant son discours rassemblements, etc. environnementaliste. Le répertoire d'action utilisé par CPNT est Cet intérêt pour la « Nature » se manifeste particulièrement violent. Nous ne ferons chez CPNT par la revendication d'actions pas ici de liste exhaustive de toutes les de protection de l'environnement d'une actions violentes du mouvement. Nous pouvons simplement constater que CPNT 7 Pilniak Jean, entretien, 2000 organise, par l'intermédiaire d'associations

6 Tilly Charles, La France conteste, Fayard, 1986, p 541

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importance assez relative. Néanmoins, ces la nature, une relation paradoxale de actions, aussi rares soient-elles, sont très collaboration et de prédation, la mort de médiatisées par CPNT et la Fédération. Par l'animal, de l'homme et de la plante, la exemple, il y a eu dans Picardie Chasse domestication et la violence de la nature des photos d'Yves Butel et de chasseurs en sauvage s'inscrivant dans cette relation train de nettoyer le littoral après les marées complexe. La nature est mise au service de noires. l'homme [ ... ]. 5 CPNT aurait donc une Cet ajout du thème de la nature procure à conception de la nature assez ancienne, et l'organisation de nombreux avantages. l'envisagerait comme un ensemble sauvage à domestiquer. Tout d'abord, cela permet à CPNT d'élargir son électorat potentiel. Le mouvement Chez les protecteurs de la nature, cette cible plus que les chasseurs et leur famille notion serait différente. Dominique Darbon et essaye de s'intéresser aux ruraux et à considère que la nature deviendrait un tous ceux qui seraient sensibles à la sanctuaire : " L'homme n'y est plus protection de la nature. prédateur, n'y inscrit plus son histoire ; il y D'autre part, en utilisant le thème de la est un étranger. Il n'est plus dans la nature nature, CPNT espère se débarrasser de son qu'un visiteur toléré, qu'un intrus qui vient image corporatiste. Le thème de la nature y puiser le repos, le délassement, le serait plus légitimant aux yeux du monde. dépaysement. Ce patrimoine intouchable CPNT semble, en effet, avoir du mal à qui exclut progressivement l'homme du justifier son existence uniquement par la monde de la nature par la constitution de défense de la chasse. réserves interdites rejette toute intervention humaine, toute soumission de b) Des rapports chasseurs / protecteurs la nature à l'homme, toute inscription de de l'environnement, rendus complexes l'humanité dans un rapport de force avec par des conceptions de la nature l'animalité tel que le décrit aussi bien la différentes chasse que la tauromachie par exemple." 9

Mais, si le thème de la nature est riche Sur le terrain, cette opposition se traduit pour cette organisation en terme de par des actions allant des injures aux valorisation, en utilisant ce concept, CPNT attaques physiques que nous ne doit alors faire face à d'autres organisations

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 détaillerons pas ici. chez qui ce thème est fondateur. Ainsi,

CPNT s'oppose à certains mouvements de Conclusion : CPNT s'approprie - t - il la protection de l'environnement et aux partis nature ? écologistes, cela de manière violente pouvant déboucher sur des attaques En définitive, est-ce que l'on doit pour physiques. autant en conclure à une appropriation de A l'origine des conflits qui opposent la nature ? chasseurs et protecteurs de Sur un plan conceptuel, CPNT semble, en l'environnement, on retrouve une tout cas, vouloir imposer sa propre différence de conception de la nature. Selon Dominique Darbon, CPNT et plus 8Darbon Dominique, La crise de la chasse en généralement le monde de la chasse, France : la fin d'un monde , Conjonctures politiques, l'Harmattan, Paris, 1997, p 46 partageraient une conception classique de 9 la nature qui ferait de cette dernière Darbon Dominique, La crise de la chasse en France : la fin d'un monde , Conjonctures toujours: " A la fois un partenaire et un politiques, l'Harmattan, Paris, 1997, p 47-48 ennemi, contre lequel l'homme devait lutter en permanence pour affirmer sa vocation à la domination. L'homme développait avec

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conception des choses en tentant de travers votre exposé le marché de dupes décrédibiliser les autres acteurs. CPNT ne proposé par CPNT où seul le conflit tolérerait, donc, que sa vision de la Nature. entretient le mouvement. Et cette intolérance semble, effectivement, Mais je vais maintenant donner la parole à être parfois si forte, qu'elle peut se traduire, Patrick Letangre qui représente ici concrètement, par un désir d'appropriation l’ANCER : Association Nationale des de certains lieux. Je vous remercie. Chasseurs Ecologiquement Responsables - je fais moi-même partie de cette Pascal DACHEUX : Merci Amélie Delaval association - et qui propose une autre pour votre travail. Nous sentons bien à approche de la chasse envers la société.

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IV) Des chasseurs inclinés à la protection des sites et ouverts aux autres usagers de la nature : le cas de l’ANCER.

Patrick LETANGRE Délégué Nord - Picardie de l’Association Nationale pour une Chasse Ecologiquement Responsable (ANCER).

Monsieur le président, Vincent, merci de m’avoir invité ; mesdames, messieurs, quelques mots pour vous présenter l’ANCER, Association Nationale pour une Chasse Ecologiquement Responsable, que je représente ici pour la Picardie.

L’ANCER a été constituée au mois de mai vice-versa, constatant qu'il est de bonnes et 1989 par Simon Charbonneau, Professeur de mauvaises chasses dans l'un comme de droit de l’environnement à l’université dans l'autre, et pensant que la vérité n'est de Bordeaux et actuel Président de pas dans un système mais dans la gestion. l’ANCER. Il fut l’un des pionniers de la critique du développement comme 1) Les objectifs de l’ANCER principale cause de la destruction de la nature, et il a obtenu l’agrément de Nos objectifs sont de : l’ANCER en décembre 1992 au titre de la protection de l'environnement. - Promouvoir un exercice de la chasse L'ANCER a pour ambition de regrouper conforme au contexte de la société les chasseurs modernes jugeant l'évolution moderne et aux réalités écologiques ; de la chasse trop lente, et qui ont quelques conditions essentielles de l'activité difficultés à s'exprimer dans les structures cynégétique, existantes à l'intérieur du monde cynégétique. - Inciter à un changement de hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 comportement du chasseur qui permettra le Créée par des chasseurs pour que vive la passage de la chasse cueillette à la chasse chasse, l'ANCER s'ouvre vers l'extérieur gestion, en admettant tout non-chasseur intéressé par la gestion de la faune et qui approuve - Participer aux actions de sauvegarde et de son action. gestion des habitats, avec les autres usagers de la nature, L’ANCER, si elle rejette certaines pratiques incompatibles avec les réalités - Contribuer ainsi à restaurer l'image du d'aujourd'hui, ne privilégie pas tel ou tel chasseur dans l'opinion publique, mode de chasse, proposant plutôt une éthique, et la rigueur dans la gestion des - Garantir aux générations à venir la espèces et des espaces. possibilité de connaître une faune sauvage, riche, variée et naturelle, et le droit De la même manière, l'ANCER ne d'exercer sur cette faune une activité privilégie pas un système plutôt qu’un légitime de prédation. autre, la chasse privée à la communale et

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Après cette présentation succincte de incontournable auquel les chasseurs sont l’ANCER, j’aborderai directement le sujet inévitablement confrontés. du colloque : C’est un fait, il y a 1 million quatre cent 2) « Apprendre et partager la nature » mille chasseurs en France, dont le nombre diminue d’environ 3 % par an, et il y a 15 En ce qui me concerne, j’aborderai les millions d’utilisateurs de la nature dont le relations des chasseurs avec les autres nombre progresse de 10 %. utilisateurs de la nature. La volonté de l’ANCER est de faire en Il y a une demande de droit à la nature, que sorte que les chasseurs entretiennent avec fait-on ? Comment devons-nous vivre leur environnement, et le monde écologiste ensemble la nature, le partage des en l’occurrence, les meilleures relations territoires ? Il y aura demain des endroits qui soient, parce que nous sommes dans où il y aura des chasseurs, des une société de droit et parce qu’une société randonneurs… Il faut arriver à composer et qui verrait des groupes vivre en autarcie et surtout à vivre ensemble. parfois en opposition avec d’autres catégories de citoyens, ce serait peut être Ce qui est important dans la nouvelle loi d’un point de vue démocratique chasse, c’est qu’elle demande de prendre particulièrement plaisant mais les conflits en compte ces problématiques de la d’extrêmes n’apportent jamais les réponses relation avec les autres. qui contentent le plus grand nombre. Le sujet est extrêmement compliqué, la relation avec les autres, lorsque l’on Il y a une montée, pas seulement en France préside une société de chasse de village, d’ailleurs, mais en Europe, d’une nécessite d’informer peut être l’ensemble revendication au droit à la nature qui est un des habitants du village des dates de chasse phénomène tout à fait essentiel... - peut-être - mais c’est bien d’autres choses, c’est également des actions que ce Des préoccupations se font jour, des responsable peut-être amené à conduire clivages également qui ne sont pas sans dans une commune en termes d’animation, incidence sur la politique, et parmi ces de gestion des espaces, etc. C’est un tas de nouveaux clivages, il y a le rapport à la choses qui nous amène à nous dire que

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 nature. La société est incontestablement de nous vivons avec d’autres, parmi d’autres, plus en plus urbaine mais, plus elle est avec nos droits qui, sur le plan du droit urbaine, plus la vie des champs ré- positif, sont réels et puissants, mais avec enchante. Certains se préoccupent de la d’autres qui revendiquent un droit qui n’est nature qu’ils voient de loin, ils ne la pas encore dans la loi, mais la notion comprennent pas forcément bien, mais peu d’usages non appropriatifs figure dans la importe. Les chasseurs qui étaient loi chasse, est évoquée dans la loi sport, pratiquement les seuls à utiliser l’espace donc le droit à la nature n’existe pas en rural - je ne parle pas des acteurs droit positif, mais l’idée d’usage non économiques que sont les agriculteurs et appropriatifs de la nature existe déjà dans les forestiers -, du monde de la campagne la loi chasse. et de la forêt, sont de moins en moins Il se passe quelque chose que nous devons seuls : il y a les sports de pleine nature qui prendre en compte, nous, chasseurs. ont fait l’objet d’une reconnaissance C’est l’imagination qui doit nous inspirer devant la toute nouvelle loi sport, il y a des pour diligenter des actions, les plus activités ludiques de pleine nature qui se nombreuses possibles, qui incitent les développent, il y a une demande de plus en chasseurs - les acteurs de terrain en plus forte sur l’utilisation de la nature, sur l’occurrence - à faire la démonstration de le droit à la nature, et c’est un phénomène leur capacité à vivre ensemble la nature.

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C’est un sujet majeur. Si la chasse ne saisit nouveaux textes, qui d’ailleurs ouvrent de pas les occasions qui lui sont offertes nouveaux horizons et un changement de d’établir ces relations et de les raisonner, mentalité radicale. Nous arriverons peut- de les mettre en place ; concrètement de être ainsi à gérer les espèces et les espaces. faire la démonstration de sa capacité de vivre avec les autres, la chasse pourrait Un point qui caractérise l’esprit de la loi et, rencontrer des problèmes. par ricochet, intéresse et interpelle, c’est cette volonté du législateur de placer les La loi nous offre l’opportunité puisque chasseurs devant leurs responsabilités en c’est d’abord aux chasseurs qu’elle terme de capacité à peser sur demande de s’en occuper, donc, c’est à l’aménagement du territoire. Il est vrai que nous de saisir cette opportunité. l’existence des espèces sauvages dépend Dans cette problématique là, le rôle de la des capacités d’accueil du territoire et nouvelle Fédération Régionale est tout à d’habitats sauvegardés, protégés. fait essentiel. J’aborderai dans le chapitre Le législateur a souhaité que les chasseurs suivant les nouvelles structures mises en puissent mettre en place un certain nombre place par le législateur. A ce titre, elle doit de dispositifs visant à contribuer à être initiatrice auprès des institutions l’amélioration des habitats de la faune régionales en matière d’aménagement du sauvage, en passant par une Fédération territoire, elle doit être imaginative en Régionale, et là, je pense que le législateur matière d’établissement de relations avec en créant cette nouvelle structure a voulu notre environnement au sens le plus large éviter le travers politique actuellement du terme. Il s’agit de créer le cadre des rencontré dans de nombreuses fédérations droits et des devoirs de chacun. départementales. Là, il y a un vrai travail à faire. Il y a Très concrètement, la Fédération régionale d’ailleurs déjà eu des concertations qui se sera appelée à suggérer, à discuter, à mettent progressivement en place : le proposer à l’administration, à l’état et aux Conseil Régional de Bourgogne avec les fédérations la mise en place d’un certain Fédérations des Chasseurs et le Saint nombre de dispositifs, notamment en ce Hubert Club de France ont organisé un qui nous concerne aujourd’hui, à proposer colloque national le 3 novembre 2000 à les conditions d’une relation raisonnée et Chalon-sur-Saône sur le thème : « La durable pour l’ensemble des utilisateurs de

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 nature pour tous : Droits et Devoirs », ce la nature, rendues possibles par la qui est très voisin de notre colloque reconnaissance des droits et devoirs de d’aujourd’hui. chacun. Il y a trois points essentiels, d’ailleurs Il faudra bien que des idées novatrices soit simples à retenir, qui sont : formation, appliquées, pas de langue de bois : du aménagement et relations. concret, du réel. Il faut placer les chasseurs devant leurs responsabilités : 3) La nouvelle loi chasse et les Les chasseurs doivent faire aujourd’hui, de nouvelles structures. plus en plus, la démonstration de leurs compétences. Ce n’est pas propre aux Concernant la nouvelle loi « chasse », chasseurs, toutes les structures existantes chacun en pense ce qu’il veut en penser. doivent faire la preuve aux autres de leurs Ce n’est pas le lieu pour faire un jugement compétences. de valeur sur ce texte. Il existe, il s’applique. Nous devons le mettre en La question existentielle « que fais-tu, qui œuvre avec plaisir ou le subir. De toutes es-tu, pourquoi chasses-tu, à quoi façons, nous devons travailler avec ces sert l’intérêt général de chasser ? » nous est

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posée. Il nous appartient à l’ANCER, et utilisateurs de la nature. C’est dans cet aux travers des nouvelles structures, de esprit que l’Association Nationale pour une démontrer, à travers nos capacités à élever Chasse Ecologiquement Responsable le niveau de connaissances et de œuvre. compétences des chasseurs, à aider à la reconquête des habitats de la faune Je vous remercie. sauvage, à vivre ensemble la nature, que la chasse et les chasseurs sont porteurs d’un enjeu culturel important, légitime et nécessaire. Au même titre qu’il faut de la Pascal DACHEUX : merci à l’ANCER et à diversité en terme écologique, il faut de la Patrick Letangre, son représentant, pour diversité en terme culturel et les chasseurs l’espoir que cette association suscite, sont un élément incontournable de cette notamment dans notre département. Je vais diversité. maintenant appeler Daniel Delaire, délégué régional adjoint à l’Office National de la Pour ces raisons, la chasse doit passer par Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) une remise en cause et apporter des ainsi qu’Etienne Petitjean, responsable de réponses concrètes à l’ensemble des ce même office.

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V) L’application du droit en matière de chasse et la législation concernant le partage des espaces

Etienne PETITJEAN Délégué Régional de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS - Nord, Pas-de-Calais, Picardie)

et

Daniel DELAIRE , Délégué Régional adjoint de l’ONCFS.

Etienne PETITJEAN : Bonsoir, nous Daniel DELAIRE : Monsieur le président sommes les derniers, nous essayerons de merci, mesdemoiselles, mesdames, ne pas encore « allonger la durée ». Je vais messieurs, bonsoir. juste faire une petite présentation de ce que J’espère que l’uniforme ne vous fera pas nous faisons. Daniel Delaire et moi-même trop peur…je n’ai pas d’arme. Dans un sommes les délégués régionaux de l’Office premier temps, pour parler de ce qui est National de la Chasse et de la Faune l’application du droit en matière de chasse Sauvage (ONCFS). Nous sommes des il faut, d’ailleurs, passer par deux fonctionnaires du Ministère de définitions : l’Environnement et l’ONCFS est donc un - qu’est ce que la chasse ? établissement public à caractère - qu’est ce que le gibier ? administratif. La mission de cet office est assez simple, c’est la protection de la faune Ensuite il faut se demander « où se passe la sauvage et de ses habitats - j’insiste bien chasse ? » afin d’en arriver à une sur les habitats -. La mission se concrétise législation concernant le partage des en fait par trois pôles essentiels : espaces. . des missions de police, ça c’est tout à fait hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 clair, - la chasse : c’est une activité ancestrale . une mission de recherche, il y a une qui, au départ, servait à se nourrir. On la grosse activité technique, définit à l’heure actuelle de la sorte : c’est . des missions de développement. la recherche du gibier en vue de se l’ accaparer. Comme le disait tout à l’heure Pierre Barge - le gibier, selon une définition en parlant de décentralisation, la création jurisprudentielle toujours en vigueur, c’est de cette délégation régionale, qui, en fait, les espèces que l’homme a l’habitude de couvre deux régions puisque c’est Nord- chasser. L’homme a chassé au départ pour Pas de Calais et Picardie, rentre dans un se nourrir et se vêtir, si bien qu’au niveau cycle de décentralisation de l’office qui a des espèces à l’heure actuelle, le gibier souhaité avoir un représentant au niveau de comprendrait aussi bien l’ours et le loup la Picardie, dont le siège se situe à Amiens. que le cerf, le lièvre et le lapin. Si bien Voilà, quant à la présentation de cette qu’il a fallu classer les espèces. Il y a le délégation qui a été créée il y a moins d’un gibier chassable, que l’on peut tirer, le mois ; c’est tout récent. « gibier protégé », totalement protégé, et Je passe la parole à Monsieur Delaire sur le certaines espèces qui sont partiellement sujet même qui nous intéresse. protégées.

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Je ne dévoilerai pas un secret d’Etat, ni législation, que l’on disait alors complète, même ne manquerai à l’obligation de sur l’exercice de la chasse. réserve professionnelle en vous disant que la chasse s’exerce dans le milieu naturel, - les sources internationales du droit de c’est connu de tout le monde, on rencontre la chasse :

très rarement des chasseurs dans les Ces sources sont doubles. Les plus immeubles à six étages ou dans le métro anciennes revêtent la forme de conventions parisien. internationales, dont on a parlé tout à Le fait que cette chasse s’exerce dans le l’heure ; les autres, plus récentes, milieu naturel a fait que le droit de chasse a découlent des institutions communautaires dû évoluer, l’espace naturel étant partagé, européennes. C’est-à-dire qu’il y a eu des et même occupé, par d’autres utilisateurs, conventions et ensuite, au niveau de la on évolue vers une législation qui concerne communauté européenne, on va retrouver le partage des espaces. des décisions, des règlements, des Voici les rappels que l’on peut vous donner directives. La communauté internationale ce soir : reconnaît pour principe que la faune constitue un patrimoine commun reçu de - la liberté de chasser et le droit de nos ancêtres, que nous devons transmettre propriété : intégralement à nos successeurs. Entre

Une simple coutume issue du droit romain temps, en France, cette idée est reprise par a consacré le gibier comme « res nullius ». la loi du 10 juillet 1976 sur la protection de Elle permet tous les abus puisqu’il n’en la nature. résulte aucun devoir de protection de la faune. Or la faune sauvage fait quand - la loi chasse et ses ambitions :

même partie du patrimoine national et La loi chasse votée par le parlement et même européen, et même mondial si l’on promulguée le 26 juillet 2000 traduit veut aller plus loin. Après les privilèges de plusieurs ambitions : tout en légitimant la l’Ancien Régime, la Révolution va chasse dans ses pratiques actuelles, elle consacrer la liberté de chasser, liée au droit encadre l’acte de chasse en tenant compte de propriété. La démocratisation de la des engagements internationaux de la chasse entraînera une chasse généralisée France, du nécessaire partage de la nature avec l’accord tacite des propriétaires. Il

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 entre les différents usagers, des impératifs n’est alors aucunement question de de sécurité et de formation. protéger les espèces ni de maintenir les Elle fixe le fondement d’une gestion équilibres naturels. intégrée de la faune et de ses habitats. La loi 2000-698 du 26 juillet 2000 exige que - les sources nationales du droit de la la chasse s’exerce désormais dans des chasse : conditions compatibles avec les usages non appropriatifs de la nature (article L. 420-1 Le droit de la chasse s’est constitué du Code de l’Environnement). progressivement au cours des deux derniers siècles. Des ajouts successifs - droit de non-chasse : traduisent l’évolution des préoccupations La modification de la loi Verdeille et des concepts. (Associations Communales de Chasse Le droit de chasse propre à l’Ancien Agréées), via la loi du 26 juillet 2000, Régime, « droit exclusif féodal », disparaît permet à l’opposant à la chasse, le 4 août 1789. Il devient alors lié au droit propriétaire de terrain incluts dans de propriété. Il faut attendre pratiquement l’ACCA, de retirer ce droit de chasse à la loi du 3 mai 1844 pour aboutir à une l’ACCA.

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- l’évolution de la législation vers le dans des codes anciens, autant dans le code partage des espaces : rural que dans le code forestier, même dans le code des communes. Je vous cite un Les nouvelles règles de gestion impliquent exemple, au niveau du code forestier, il que le droit de propriété entraîne un certain nous prescrit quand même un certain nombre d’obligations liées à la respect de la nature, y compris même de la conservation d’un habitat, d’un espace propriété, quant au niveau de la propriété particulier ou de la faune sauvage ainsi que on interdit la cueillette des produits du sol - du gibier se trouvant sur les fonds. Des c’est prévu par le code forestier -, on ne territoires sont actuellement classés en peut pas prélever n’importe quoi en forêt, Réserves Naturelles obligatoires ou en et si on peut se promener, avoir des Réserves Naturelles volontaires ou inclus activités en forêt, il ne faut pas non plus dans des arrêtés de biotopes préfectoraux circuler hors des chemins forestiers avec pour des raisons de préservation d’une des véhicules, hippiques ou à moteur. espèce ou d’un habitat particulier. Je vous remercie de votre attention. Sur l’évolution de la chasse et du partage de la nature, je citerai Monsieur Gérard Tendron, Directeur Général de l’ONCFS, Pascal DACHEUX : Merci monsieur. Vous je ne veux pas l’oublier, c’est la période avez posé la question d’une activité des notations qui arrive : « Parce que ancestrale, alors je voulais dire l’amélioration de la qualité des habitats, qu’aujourd’hui les chasseurs utilisent indispensable au bon fonctionnement de la internet, les téléphones portables et les faune sauvage, est devenue la lunettes à visée nocturne, donc ça doit faire préoccupation d’intérêt général, la partie de la tradition ; vous avez également pratique de la chasse dans les années à posé la question du gibier, c’est une notion venir devra s’insérer dans une politique de assez subjective effectivement puisqu’en gestion durable et raisonnable, cohérente fait, en Angleterre le renard - puisqu’il est à l’ensemble des acteurs de chassé à courre - est un gibier alors qu’en l’aménagement du territoire », et on parle France il est classé comme nuisible, et bien de l’ensemble des acteurs de qu’en est-il du faisan que l’on sort de la l’aménagement du territoire. volière. A quel moment est-il un gibier, à

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 quel moment est-il un animal d’élevage ? - l’évolution de la réglementation Et, enfin, vous avez aussi posé la question du lieu de la chasse, est-ce que le désert Le partage des espaces naturels demeure agro-industriel que nous laisse l’agriculture soumis aux règles d’une législation productiviste est le lieu idéal de cette évolutive depuis plusieurs décennies qui activité ?…Or on n’entend pas souvent le concernent tous les usagers de la nature lobby chasse « taper » sur le lobby agricole aussi bien chasseurs que non-chasseurs. et là je pense qu’il y a des conflits Cette législation attribue des droits à d’intérêts qui ne sont pas abordés. chaque usager de la nature mais leur Nous allons maintenant passer la parole à implique également des devoirs, et la salle et aux questions qui pourraient certains de ces devoirs figurent d’ailleurs émerger.

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Alain MAILLARD , Maître de conférences en à protester contre certains abus que je sociologie à l’UPJV : préciserai lors de mon intervention. CPNT Bonsoir, j’ai une question de sociologue joue effectivement sur l’opposition, Pascal pour Amélie, puisque je suis sociologue à Dacheux l’a dit, entre la ville et la l’Université de Picardie : concernant votre campagne : les citadins n’entendant jamais enquête, avez-vous des indications sur les rien à la campagne, ils sont même catégories socioprofessionnelles les plus responsables des inondations à Abbeville, représentées dans le mouvement CPNT, et Paris étant tout désigné. Mais je crois que, est-ce que vous savez pour qui votaient la dans la ville où je suis, CPNT touche des plupart des membres de CPNT avant qu’ils citadins qui habitent des grands ensembles ne se constituent en groupe de pression et qui se sentent exclus du développement, comme vous nous l’avez expliqué ? qui vivent dans une sorte de misère sociale et politique et qui sont capables de rejeter - Amélie DELAVAL : Je pense qu’il y a, en pour voter pour Monsieur Butel qui n’avait fait, une majorité des électeurs de CPNT aucun programme - un ancien élu socialiste qui sont des ouvriers mais je n’ai pas eu notamment - peut-être porte-t-il une part de accès à des statistiques sur cela. Sinon, je responsabilité dans son échec -. pense qu’il y a une partie de son électorat D’autre part il y a une autre distinction qui qui vient du Parti Communiste. J’ai est faite entre l’intellectuel - pour rencontré par exemple Maxime Gremetz et reprendre une expression de Roland je pense qu’effectivement il est conscient Barthes « une sorte d’hélicoptère qui ne de devoir s’intéresser à cette thématique comprend rien à rien » - et puis la vox pour ne pas perdre totalement une partie de populi qui au contraire, elle, est très son électorat. C’est aussi un vote plus rural attachée à la réalité et comprend les réalités mais pas uniquement. du terroir. Je reviens sur la deuxième distinction entre Pascal DACHEUX : Jean-Pierre Raffin a le droit et le fait. On a bien parlé du droit à des éléments, peut-être, qu’il va nous plusieurs reprises, le fait c’est des actes communiquer. délictueux : caillassage de permanence électorale, tracts à connotation raciste ou Jean-Pierre RAFFIN : C’est au sociologue antisémite, tel commerçant du Crotoy en que je m’adresse : il y a eu un diplôme qui Baie de Somme qui dit qu’ « on ne chasse a été soutenu en 2000 par Monsieur Traini hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 pas seulement du gibier mais on chasse sur CPNT qui complète tout à fait ce que également l’Arabe », occupation de disait Amélie, et je pense qu’il y a les l’espace public maritime pendant des chiffres dedans, je regarde… semaines et des semaines sans que personne ne lève la main, ça fait beaucoup Jean-François COCQUET , membre du et, avec en plus de ça, ce renversement du Bureau départemental de la Ligue des Droits discours CPNT que vous aviez noté : c’est de l’Homme (LDH) : maintenant les écologistes ou les Je voudrais revenir sur trois partitions ou défenseurs des droits de l’homme qui trois distinctions qui ont été faites, la deviennent intolérants. Il y a d’ailleurs une première entre la ruralité et la ville ; la expression qui commence à apparaître, deuxième entre le droit et le non-droit, même dans les journaux nationaux comme parce que pour qu’il y ait droit il faut qu’il Le Monde , les « extrêmes - chasse » ; alors y ait désir d’observer la loi ; et puis le il y a les extrême chasse et les « extrêmes discours du CPNT et sa réalité. Je précise écologistes » maintenant. Et donc, le que j’habite Abbeville, que je suis membre discours du CPNT et la réalité, c’est de la Ligue des Droits de l’Homme et que justement ces exactions, ces délits et ces nous sommes les derniers, dans cette ville, crimes.

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Mon étonnement est le suivant et c’est là Patrick LETANGRE : Vis-à-vis de CPNT à que j’interroge qui voudra bien répondre : Abbeville, ils sont toujours en campagne moi je suis étonné de l’utilisation par les électorale, donc, actuellement, on politiques - et des aigrefins de la politique, rencontrera toujours des problèmes. C’est je connais telle personne qui est un aux politiques aussi de prendre les universitaire, un économiste distingué, décisions et à l’Etat de faire appliquer le dont l’argumentaire a précédé les élections droit… et qui a joué avec toute une population qui a voté CPNT ; c’était préparé…contre Jean-François COCQUET : C’est à l’Etat de l’Europe, contre les intellectuels, contre la faire appliquer le droit et aux élus d’avoir ville… - ; donc il y a des politiques qui du courage ! utilisent, et il y a des politiques qui se taisent et qui virent leur veste pour essayer Patrick LETANGRE : Tout à fait, mais de sauver leur siège, ou qui ne portent pas comme nous sommes en permanence en plainte. Je suis étonné, dans la ville où je campagne électorale, actuellement, sur des suis, par le silence de la justice, très sujets brûlants comme la chasse, on prompte à arrêter - je suis enseignant - un n’entend plus personne, bizarrement… professeur pour un livre « absolument horrible » qui est le grand cahier d’Agota Jean-François COCQUET : …Le Conseiller Kristof et qui ne s’aperçoit pas, par Général socialiste, qui s’est fait battre par exemple, que monsieur Butel peut être sur Monsieur Butel, ne cessait pas de parler du une première page d’un journal en terroir et se comportait comme un opposition totale avec la loi et inviter à chasseur, lui aussi : il a la monnaie de sa chasser sans qu’il y ait la moindre pièce parce que les chasseurs ont voté pour poursuite. On laisse… . Et puis je suis celui qui les représentait peut-être le aussi étonné par le silence des institutions mieux, et d’une certaine façon il est fiscales, parce qu’on sait qu’il y a des responsable. Je souligne que je ne suis pas huttes qui se louent très très cher, et il n’y a chasseur mais que je ne suis pas non plus pas, à mon sens, d’imposition. Le CPNT anti-chasse… d’ailleurs, mouvement populiste et poujadiste comme vous l’avez dit, joue sur Vincent BAWEDIN : Ta question une sorte d’unanimisme alors qu’il masque s’adressait aux politiques. On peut

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 une réalité qui est terrible. La réalité, c’est regretter, effectivement, qu’ils ne soient qu’il y a la hutte avec 4 x 4 et chemins pas plus nombreux ici aujourd’hui bien goudronnés et puis le pauvre, et on masque qu’ils aient été invités. En revanche, c’est cette réalité derrière une mystification, une vrai, on peut remarquer qu’ils sont fantasmagorie. Cela a été tout à fait bien beaucoup plus nombreux dans les dit, et je reviens là en tant que militant des Assemblées Générales de Fédérations de droits de l’homme, je suis étonné de voir, chasseurs… précisément, ce silence assourdissant des responsables politiques et de la justice dans Patrick THIERY , Secrétaire de Picardie la ville où je suis. Nature : (applaudissements nourris dans la salle ) Je voulais simplement apporter quelques informations en ce qui concerne l’électorat Pascal DACHEUX : Merci pour votre de CPNT. Vous disiez tout à l’heure que témoignage, je ne sais pas si quelqu’un Maxime Gremetz pensait que c’était veut répondre à la position des essentiellement l’électorat ouvrier. On peut politiques… se rappeler que, parmi les inscriptions qui

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fleurissaient sur la côte picarde à la veille sommes là aussi, à vos côtés. Le respect de des élections européennes, il y en avait une la vie dans toutes ses formes, c’est bien visible : c’était « votez CPNT ou effectivement sa forme humaine, sa forme Front National ». Par ailleurs, une autre animale et sa forme végétale, donc dans information en ce qui concerne l’absence ces cas là on a du mal, effectivement, à de poursuite contre les chasseurs de CPNT voir la chasse comme quelque chose de violents sur la côte picarde : le dossier qui respectueux. Il y a quand même une a été instruit par un juge d’instruction analogie entre les chasseurs et les paysans : d’Abbeville vient d'être transmis à un c’est le nombre. Ils sont même devenus procureur, donc à priori on peut penser plus nombreux que nous, on n’est plus qu’il y aura quand même des poursuites qu’1,2 million, ils sont encore 1,4 million, judiciaires. mais je pense qu’on décline à la même allure, j’espère qu’ « ils nous passeront en- Bruno GALLOO , Président de la dessous » rapidement parce qu’il y a Confédération Paysanne de Picardie, membre beaucoup de points communs entre nos du CESR : deux « professions » : ce sont des lobbies

Pour faire le lien avec la séance très puissants, violents - en terme précédente, j’ai aussi été formé aux d’attaques physiques aux personnes - et CEMEA dans le cadre d’un service en tant j’appelle les citoyens que vous êtes à vous qu’objecteur. J’ai été moi aussi chasseur de lever parce que justement en terme de 1978 - lors de mes 16 ans - jusqu’en 1988, condamnation de personnes qui oeuvrent pour rapidement me rendre compte qu’il pour le bien commun, la Confédération n’y avait pas grand chose qui survivait Paysanne est bien placée pour savoir sur après notre passage. J’ai refait un petit qui on tape, et c’est pour cela que je fais la essai en 1992 lors d’un séjour en différence entre des violences physiques et Allemagne, pensant que là-bas il y avait de des atteintes aux personnes, et des la tradition. Effectivement, on ne posait violences qui selon nous n’en sont pas pas le gibier n’importe comment sur le vraiment. L’autre analogie, c’est ce retour bord du champ, on ne passait pas tout son constant à la tradition, aux années 1960. temps à chasser, il y avait aussi de la Alors je n’aime pas beaucoup, même si ma convivialité, et puis j’ai tué en Allemagne question tout à l’heure portera là-dessus, lors de deux traques plus de lièvres qu’en tous ces rappels historiques qui font en hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Picardie en huit ans de chasse… Il y avait sorte qu’on ne regarde pas beaucoup vers donc du gibier, il y avait du plaisir. Mais le futur. D’après les sondages sur les lorsque la saison s’est terminée, la chasse paysans, avec des résultats très proches de changeait de main et on a « nettoyé le ce que Monsieur Raffin disait, l’image des territoire » : lorsque j’ai eu l’occasion par paysans n’a jamais été aussi mauvaise et je le toit d’un 4 x 4 de tuer un chevreuil, c’est peux vous dire que c’est dur quand on est la dernière fois que j’ai tiré une balle et je paysan. Heureusement que l’on peut me suis promis de ne plus jamais adhérer à un syndicat comme la recommencer. Confédération Paysanne pour se redorer le Je voudrais remercier Vincent d’avoir blason parce que sinon, c’est très dur. invité la Confédération Paysanne à Quand est-ce qu’on change ? On fait des participer à ce colloque citoyen, une autre rappels historiques sur les années 60, sur le organisation, elle, soit-disant productivisme mais quand est-ce qu’on démocratique, le Conseil Général, n’a pas change ? Puisqu’hier j’étais dans une daigné nous inviter à une conférence sur assemblée avec des Anglais et ils citaient l’environnement qui avait lieu hier, mais un proverbe « learn to walk before you on se retrouvera peut-être un jour, ils se want to run » , « apprends à marcher rendront peut-être compte que nous avant de vouloir courir »… Aujourd’hui

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on marche déjà sur la tête, donc il est grand Washington », une brigade de police, temps de changer. spécifique de l’ONC sur le commerce Enfin, pour finir, je vais poser une question international des espèces de la faune parce que je ne voudrais pas être accusé de sauvage. prosélytisme puisque « la Conf. » est Qu’est ce qu’un chasseur ? Je peux le quelques fois assimilée à une secte et nous définir de par moi-même, je suis chasseur avons un gourou, tout le monde le connaît et je n’ai pas honte de le dire. Je pense être ici, mais s’il a touché des cheveux ou des un chasseur respectueux et des autres - poils, ce ne sont que ceux des épis de maïs. parce que ma liberté à moi s’arrête où celle Alors ma question s’adressera à Monsieur des autres commence - et de la nature. Je Delaire qui a abordé dans son exposé deux vous dirai que je chasse le gibier qu’il me questions : qu’est-ce que la chasse, qu’est- plaît de chasser, que je chasse très peu, et ce que le gibier ? Je pense qu’il en manque qu’à l’heure actuelle, je ne prendrai aucune une troisième, j’espère que vous y position. Je regrette quand même quelque travaillerez ou que vous m’apporterez une chose, c’est que - ce n’est pas spécifique - réponse : qu’est ce qu’un chasseur ? La dans des assemblées où quand on rencontre question ne s’arrête pas là, est-ce que vous des personnes pour discuter comme telle pourriez nous donner quelques éléments en est l’occasion aujourd’hui, un d’histoire, justement, quant à la scission amalgame se crée, autant dans l’esprit du entre l’ONC (Office National de la Chasse) public que dans l’esprit même de certaines - et de la Faune Sauvage maintenant - et la personnes de la haute administration, y Fédération des Chasseurs. Est-ce qu’il faut compris judiciaire : quand on parle de y voir, puisque vous avez rajouté Faune chasseurs, systématiquement on « voit » Sauvage à votre organisme, un défenseur des groupuscules de chasseurs qui en de la faune sauvage et, du côté de la réalité n’ont absolument rien de chasseurs. fédération, des défenseurs du fun sauvage ? Dans toutes les sociétés, il y a ce qu’on appelle - même chez les sangliers, vous Daniel DELAIRE : Oui, en ce qui concerne devez le savoir - des bêtes que l’on qualifie la scission entre les fédérations de « noires ». Même si leur nombre départementales des chasseurs et l’Office représente epsilon , ces personnes peuvent National de la Chasse, on peut en parler. faire très mal… Le conflit justement venait des missions de Sachez que, pour nous, Office National de

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 police confiées à la garderie nationale, qui la Chasse, les chasseurs doivent être des était placée, en matière judiciaire sous personnes respectueuses des autres et l’autorité directe du procureur de la respectueuses de l’environnement ; quant République. Là, la garderie nationale a fait aux groupuscules, je préfère les ignorer son travail, parfois même dans les plus pour aujourd’hui. mauvaises conditions. En ce qui concerne l’évolution de l’établissement, de l’ ONC Bruno GALLOO : Mais, en aucun cas je ne on en arrive à l’ONCFS. C’est peut-être voulais vous manquer de respect ! Je malheureux vous allez me dire, qu’il ait voulais simplement terminer en félicitant fallu que ce soit une loi chasse qui décide Amélie pour son courage qui frise un peu de modifier l’appellation de l’inconscience en pays de Somme. l’établissement mais il faut quand même savoir que l’ONC, tout en portant Jean-Pierre RAFFIN : Je voudrais l’étiquette « Office National de la Chasse » compléter ce qu’a dit Monsieur Delaire. s’occupait déjà de la faune sauvage en Effectivement, lorsqu’il parlait du travail matière de gestion et de police depuis sur la CITES (Cf. convention de 1977. La preuve dans l’historique : la Washington - ndlr), l’Office National de la création de la « brigade convention Chasse - c’était avant qu’il ne soit ONCFS

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- a fait un énorme travail dans ce domaine fois où des personnes privées ou des là contre d’ailleurs l’avis et le sentiment associations ont essayé que le Fisc des responsables nationaux de la chasse intervienne, lorsque par exemple il y a des qui estimaient que ce n’était pas le boulot locations sur le domaine public maritime, il de l’Office National de la Chasse et de la ne peut pas y avoir sous-location….Il y a Faune Sauvage de s’occuper des de l’argent qui passe là-dedans, c’est tout perroquets. J’ai encore en tête certaines un système, c’est lié au système discussions où l’on disait « non ça, c’est la corporatiste. Il y a beaucoup de gens qui se protection de la nature, nous c’est pas ça, sont intéressés à cette organisation, il y a c’est le gibier qui intéresse les beaucoup d’articles là-dessus. chasseurs… » et c’est tout à l’honneur de Il y a eu un très bon article, sorti dans l’ONCFS d’avoir monté cette brigade, l’Express il y a trois semaines, sur « où va d’avoir diffusé et d’avoir travaillé dans ce l’argent des chasseurs ? ». C’est très domaine. Deuxième élément, on a toujours instructif parce qu’il y a un monde noir. beaucoup de mal à comprendre le mode de Yves Mény, qui avait travaillé sur la fonctionnement de la société cynégétique corruption de la République - c’était la parce qu’il est vrai que c’est une corruption en col gris ou en col blanc - dit organisation qui est exorbitante du droit énormément de choses là-dessus, et on vit français. Tous les gens qui ont travaillé, les cela lorsqu’on commence à essayer de juristes - et il y a eu un rapport de la Cour creuser et de voir comment ça marche. des Comptes en 2000 justement sur les projets de la loi 2000, et la loi sur la chasse Jean-Claude DEMAIE, Conseiller municipal n’a pas touché à ce domaine là - , il y a une de : intrication de la sphère du privé et de la Ce n’est pas une question, c’est plutôt une sphère du public qui date de 1941. C’est précision que je voudrais apporter à lorsque l’Etat français en 1941 a attribué à Amélie Delaval que je remercie d’ailleurs des sociétés privées le monopole de pour son exposé, qui a été très courageux l’adhésion et le monopole de la cotisation. comme cela a été dit, et puis un petit regret Cela n’existe que dans le domaine de la après. chasse, ce qui donne un grand pouvoir La précision, c’est que dans toute la financier aux fédérations. On ne se rend brochette de responsables cynégétiques pas compte de l’intrication qu’il y a et le qu’elle a pu nous citer, elle a oublié quelqu’un qui, à mon sens, a joué un rôle

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 rapport de la cour des comptes a dit « il faut que l’Etat choisisse : ou les très important au niveau de la Somme, qui associations cynégétiques sont des a eu une place aussi assez grande faite par associations de loi 1901 et fixent leurs FR3 et par le Courrier Picard : il s’agit de cotisations comme bon elles l’entendent Jean Louis Soufflet dont tout le monde a mais elles ne peuvent pas être à la fois dans entendu parler et qui, sous couvert de l’Etat et en dehors de l’Etat ». Or le monde respecter la loi et de ne pas donner de la chasse a une organisation sociale qui d’ordres, a quand même répété maintes et est une organisation ambiguë. Et toute une maintes fois que lui, respectueux de la loi, série de problèmes qui se posent vis à vis ne pourrait pas empêcher ses troupes - ce de la chasse sont liés au maintien de cette sont ses propres mots, un terme militaire ambiguïté parce qu’il y a des intérêts quand même…- d’avoir des débordements, financiers et d’une certaine manière - là je ce qui voulait dire qu’il les poussait en se parle en mon nom personnel - c’est un peu cachant derrière. un système mafieux. Le fait qu’il n’y ait Le regret, c’est que le mercredi qui avait pas de poursuites dans un certain nombre été envisagé, presque décidé comme jour de cas, quand on va regarder ce qu’il y a de non-chasse ait été annulé, grâce, en sous le tapis, c’est pas toujours très propre partie, à l’aide de trois députés de la au point de vue financier. Le nombre de

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Somme dont je partage les idées mais en l’accepter, éventuellement la subir mais tout cas je ne partage pas celle là. que de toute façon elle existait et que l’ANCER suivait ce qu’elle disait. Et bien Xavier COMMECY , Vice-président de je voulais rappeler que dans cette loi il y a Picardie Nature : aussi des dates de fixation de chasse - Ce n’est pas une question, c’est une Jean-Pierre Raffin nous disait tout à anecdote pour illustrer cette fin d’après l’heure qu’il était totalement aberrant de midi : « plaidoyer pour une harmonie entre chasser des espèces en période de les différentes catégories d’usagers de la reproduction -, l’ANCER approuve ces nature ». Je n’ai entendu que les derniers dates, il a oublié de nous le dire. Monsieur exposés parce que j’étais en début d’après Simon Charbonneau (président de midi à pour dire, avec d’autres, l’ANCER - ndlr) qui était à Amiens la qu’un certain nombre de picards ne veulent semaine dernière revendiquait ces dates. pas d’un troisième aéroport en Picardie. Alors pourquoi je vous raconte mon début d’après-midi ? Parce qu’il n’y avait pas Patrick LETANGRE : Non, non, je vous que nous là-bas, il y avait aussi des répondrai et Monsieur Raffin peut vous chasseurs et quand Jean-Pierre Raffin répondre également. Quand il y a eu cette terminait en disant qu’il faisait un vœu sur fameuse réunion - que monsieur Raffin a un compromis pour qu’il y ait une façon de d’ailleurs rappelée tout à l’heure - au discuter ensemble et rappelait que dans les ministère de l’environnement avec années 1970 / 1980 c’était possible, et bien Dominique Voynet, Simon Charbonneau cet après-midi, au simple nom de Noël était présent avec l’Union des Fédérations Mamère, qui est intervenu, il y a eu sifflets, de Chasseurs. Simon Charbonneau a quolibets et insultes. Et, pendant très proposé comme date le 15 août pour longtemps, Noël Mamère n’a pas pu parler. essayer de trouver un compromis général Pourquoi je rappelle cela ? Parce que les afin d’apaiser évidemment ce conflit qui ne gens qui faisaient ça étaient sous une débouchait sur rien. Or, monsieur Raffin banderole qui était CPNT. Et sur cette l’a rappelé tout à l’heure, les chasseurs banderole de CPNT - Amélie Delaval nous n’ont absolument pas voulu écouter Simon disait qu’il ne voulait pas s’inscrire dans le Charbonneau, en pensant qu’il était un paysage politique - était inscrit « non à la traître parmi les traîtres, des chasseurs - gauche plurielle ». Dans une manifestation

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 d’ailleurs nous passons très régulièrement où, théoriquement, tout le monde devait pour des traîtres puisqu’on n’a pas la aller dans un même but - chacun fait ses parole identique aux chasseurs de base -. choix, je ne sais pas si tout le monde est Peu importe, on a le droit de s’exprimer d’accord ou non avec cette manifestation, mais là où je ne suis absolument pas ce n’est pas le problème -. Mais même d’accord avec vous, monsieur Raffin peut quand il y a un objectif commun, ces gens- me contredire si je mens, mais Simon là ne sont même pas capables de respecter Charbonneau avait à cette réunion proposé quelqu’un qui parle et qui dit la même le 15 août. Donc on était au 20 août ou au chose qu’eux, parce qu’il a une étiquette et 15 août, on allait trouver le compromis, sous couvert de ruralité, on prend des mais les chasseurs ont malheureusement positions politiques très nettes. fait échouer la négociation par leur Un dernier petit point sur la personne qui intransigeance, ils étaient restés bloqués est intervenue au nom de l’ANCER, il sur le 14 juillet qui est de toute évidence nous a parlé de cette nouvelle loi avec les une mauvaise date parce que l’on ne peut aspects positifs sur les droits, les devoirs pas chasser le gibier d’eau au 14 juillet. Et des chasseurs, sur la prise en compte des ça, la majorité des habitats… Il a quand même oublié quelque chose, il nous a dit que cette loi il fallait

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sauvaginiers en sont conscients, mais il n’y a pas de problème : les associations remontés, malheureusement, par des ont le droit pour elles. Donc elles jouent dirigeants, toujours avec une arrière pensée gagnant ! politique, on leur fait miroiter, on leur fait croire qu’ils vont rechasser au 14 juillet, ce Pierre BARGE : On a raison de donner des qui est aberrant. exemples précis concernant la tradition. Une question qui nous est posée souvent, Jean-Pierre RAFFIN : …Je confirme tout à c’est la question - je l’évoquais tout à fait ce que dit Monsieur Letangre… l’heure - de ses origines, de sa culture, de ce que l’on est aujourd’hui, et moi je Xavier COMMECY : …Mais ça n’a pas été prends toujours l’exemple des traditions la position de Monsieur Charbonneau il y a alimentaires, parce que j’aime bien trois semaines, ici à Amiens. manger. La tradition alimentaire date toujours de la grand-mère, l’armagnac date Jean-Pierre RAFFIN : … Non mais, du début du siècle, le riz en Camargue et attendez ! On discutait en 1998, c’était les chevaux de Camargue sont très récents, autour du 15 - 20 août, on entrait dans un les plats traditionnels sénégalais avec du processus de négociations et on n’avait pas riz cassé proviennent de la colonisation de fixé de dates. Il aurait été anormal que l’Indochine et le fait que le riz cassé, lorsqu’on commence une négociation, on impropre à la consommation en France, on dise : c’est telles dates. On s’orientait vers l’expédie au Sénégal et que finalement ces dates-là, parce qu’il y avait aussi des maintenant, quand on veut faire un plat problèmes comme savoir sur quels types traditionnel et bien on prend du riz cassé de milieux elles s’appliqueraient, parce que pour faire du riz traditionnel…il y a des tas chasser sur des vasières ou chasser sur des d’exemples comme cela qui font que la zones où il y a des nids, on pouvait trouver tradition, elle n’est pas loin, et que si l’on des dates différentes. Donc la veut parler d’avenir il faut parler par problématique, était d’entrer dans un rapport à ce que l’on est, comment on processus de négociations et comme l’avait construit l’avenir dans des rapports dit Lionel Brard à l’époque, président de interculturels et comment les gens peuvent France Nature Environnement, d’aller vers se rencontrer. J’ai aimé ce qui a été dit tout un compromis politique. On savait très à l’heure parce que je n’aime pas la notion

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 bien qu’en matière de reproduction des des devoirs. Je crois effectivement qu’il y a espèces, si on autorisait l’ouverture des droits individuels et que ces droits anticipée aux alentours du 15 - 20 août on individuels, ça a été dit, et bien ils tapait dans des oiseaux qui n’avaient pas s’arrêtent où commencent ceux des autres, fini leur reproduction. Donc au pied de la c’est-à-dire qu’il y a la question des droits lettre, on ne respectait pas la directive, ça individuels et des droits collectifs et qu’il y on le savait bien mais cela touchait un a une responsabilité individuelle aussi par pourcentage d’oiseaux moins important rapport au respect des droits collectifs. La qu’en ouvrant au 14 juillet. Et Ligue des Droits de l’Homme est une politiquement, les associations étaient association généraliste, c’est-à-dire qu’elle prêtes à transiger pour retrouver une croit à l’universalité des droits et à leur atmosphère un peu plus pacifiée que la indivisibilité, ce qui fait que dans toutes les guérilla qui existe depuis les années 1980. questions de société, les choses se Cela, effectivement, les chasseurs officiels, rejoignent et parmi les questions qui ont l’Union Nationale des Chasseurs, monsieur été posées, il y a celle de nos institutions, Daillant et monsieur Pouget n’ont pas celle du rôle des politiques et, je l’ai dit voulu rentrer dans cette démarche, ce qui tout à l’heure, une des grosses questions fait qu’on est reparti dans la guérilla et là, qui nous est posée aujourd’hui, c’est le

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rapport entre la représentation politique et des droits de l’homme, de faire respecter, la production publique, qui n’est pas et il est bien certain que ces fondamentaux forcément adaptée au niveau local, ce qui ne sont pas toujours dans la loi. fait que dans une société qui est celle C’est là la question. En fait, il faudrait d’aujourd’hui - où, il ne faut jamais qu’on arrive à parler de ces trois niveaux l’oublier, cinq à six millions de personnes de la construction du droit, du droit sont des populations paupérisées -, la existant et de son respect dans la mesure question de la responsabilité politique n’est où nous estimons que la loi qui est votée pas toujours très visible parce qu’elle est n’est pas contradictoire avec les plutôt transférée, et que par conséquent se fondamentaux, et donc des moyens que pose une grosse question, c’est : quelles nous nous donnons ensuite de faire évoluer institutions politiques et quelle réforme la loi. Voilà ce que je voulais dire sur la institutionnelle nous devons avoir et en question des droits qui avait été posée tout particulier, est-ce que ceux qui aujourd’hui à l’heure. font de la politique sont prêts à accepter le non-cumul des mandats qui est une condition sine qua non des réformes Pascal DACHEUX : Alors, je ne sais pas politiques ? Je ne parle pas de tous ceux s’il nous reste un petit peu de temps pour qui, étrangers, sont exclus des élections continuer ce débat… locales qui est aussi une autre question qu’il faudrait aborder. Ensuite, il y a la question de la Thierry RIGAUX , Ingénieur écologue : construction des droits. Je dis bien la Je souhaiterais intervenir sur la thématique construction des droits, parce que l’on de l’accès aux milieux naturels, sur le construit des droits et il y a des partage des espaces. Les espaces protégés représentants qui votent la loi, mais des sont des espaces qui sont intéressants, non organisations comme la nôtre ne sont pas seulement pour la conservation de la toujours d’accord avec ce qui est voté par nature, de la diversité biologique, mais nos représentants. Si je vois les lois anti- aussi pour tout un ensemble de personnes terroristes qui sont plutôt des lois anti- qui ont envie d’être au contact d’une nature délinquance aujourd’hui, il est évident relativement préservée. qu’une organisation comme la nôtre n’est Il se trouve que du coup, sur ces espaces- là, les gestionnaires quels qu’ils soient - hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 pas tout à fait d’accord avec la forme que ça prend. Par contre, nous serions assez que ce soit des Réserves Naturelles ou pas contents que certaines lois qui sont - ont tendance à essayer de limiter la actuellement en vigueur soient pression exercée par l’homme sur les actuellement appliquées.. En fait, nous espaces - si on prend un exemple régional : sommes confrontés à trois questions qui la Réserve Naturelle de la Baie de Somme sont : où on a des paysages qui sont magnifiques et assez uniques - et donc ce sont des La construction des droits et comment les espaces qui en eux-mêmes sont très citoyens participent à la construction de attractifs pour pas mal d’usagers. Alors, ce ces droits ; comment ces droits trouvent qui se passe, c’est que dans une logique de une valeur législative et à ce moment, la conservation de la nature, petit à petit on question de leur application ; et la va édicter - c’est la tendance à mon avis troisième question c’est la question de dans laquelle on s’inscrit - pas mal de l’évolution du droit. Mais il ne peut pas y limitations aux droits des uns et des autres avoir de droits figés à un moment donné à se promener dans ces espaces naturels dans la mesure où la société évolue, même protégés, et je pense qu’il y a un écueil en s’il y a des fondamentaux que nous tout cas à éviter. Je pense que, d’une

essayons toujours, en tant qu’organisation

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certaine manière, aujourd’hui, c’est une C’est sûr qu’elles ont en face d’elles une forme de logique que de limiter les activité agricole qui, dans une région pressions sur un réseau d’espaces qui sont comme la Picardie, a des pratiques qui des confettis sur le territoire national, et on simplifient les paysages très fortement et risque d’avoir des conflits entre ceux qui se que ce n’est pas évident d’infléchir cette soucient de conservation de la nature et tendance. tout un ensemble de catégories d’usagers de la nature - alors en Baie de Somme, c’est de la randonnée équestre, des Jean-Christian CORNETTE , Directeur du Syndicat Mixte pour l’Aménagement de la promeneurs, des ornithos, etc… - et tout ça Côte Picarde (SMACOPI) : parce que les espaces protégés sont réduits Je voudrais un peu prolonger le propos de à des espaces extrêmement restreints et Thierry, avec une illustration simple : le que, du coup, comme par ailleurs il y a une Conservatoire du Littoral a fait une grande pression de chasse qui est relativement enquête sur ses terrains et il a posé la forte sur les quelques espaces protégés qui question « Quel est à votre avis en France subsistent, on ne peut pas, à la limite, l’espace naturel, propriété du supporter la moindre pression humaine - je Conservatoire, qui est le plus naturel ? », force un peu le trait -. Cela me paraît donc 70 % des réponses étaient : le parc important de veiller, d’une manière ornithologique du Marquenterre. C’est générale, à ce qu’en dehors de ces espaces- intéressant parce que c’est un endigage des là, on essaye de maintenir des espaces que années 1960, donc il serait totalement l’on appelle d’un vilain nom de « nature proscrit par la loi littoral, et en fait on fait ordinaire », c’est-à-dire de faire en sorte passer 130 à 140 000 personnes dans des que la campagne soit, disons plus vivante couloirs grillagés et on va dans des et agréable. Car si on laisse s’installer une observatoires. Et on a demandé tout à sorte de dichotomie et d’évolutions l’heure « Que sont les chasseurs ? », mais divergentes entre des espaces protégés qui j’aurais proposé « Qu’est-ce que la seraient bien gérés, où la nature serait nature ? ». Finalement, ces utilisateurs de encore bien vivante, et des espaces voués à la nature qui sont de plus en plus une agriculture qui est quasiment mono nombreux veulent une nature mise en fonctionnelle, de production, alors c’est scène et la confusion entre nature et évident que les pressions sur les quelques paysage est très forte. Ce qui est clair, c’est hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 espaces protégés seront de plus en plus que la demande sociale de nature est fortes et qu’il faudra interdire aux gens de considérable, l’espace de la Baie de bénéficier des espaces protégés. Alors, Somme est un espace de plus en plus théoriquement, sur la nature ordinaire, on convoité, les flux de circulation sont de devrait avoir des convergences d’intérêts plus en plus nombreux et nous, nous évidentes entre la plupart des usagers de la sommes gestionnaires, nous sommes nature, qu’ils soient chasseurs et non- confrontés à des problématiques de gestion chasseurs. Là c’est un domaine sur lequel extrêmement complexes, c’est vrai que le il est évident que les chasseurs ont intérêt à monde de la chasse doit s’adapter et on en maintenir une campagne qui ait encore des est les premiers conscients, mais aussi on infrastructures écologiques, des talus, des peut donner un autre exemple : haies, aussi importants que possible et une manifestation aussi intéressante que le pourtant jusqu’à présent, c’est quand Festival de l’Oiseau qui glorifie et essaye même pas un terrain sur lequel ces de montrer une nature extraordinaire. différentes catégories d’usagers de la Quand on est confronté au mois d’avril à nature ont beaucoup œuvré ensemble. des promenades sur des levées de galets du

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Hourdel ou de la digue des bas-champs où avec plusieurs centaines d’oiseaux - c’est il y a quelques dizaines de nids de un spectacle extraordinaire -, et bien ça ne Gravelots, eh bien, ce merveilleux défilé fonctionne pas. Et on ne sait pas très bien : de gens tout habillés en Décathlon, derrière faut-il informer sur la distance à parcourir eux ça devient un désert… On n’ose pas le ou faut-il complètement fermer cet espace, dire, et je crois que les conflits sont comme cela les oiseaux seront vraiment multiples et, vraiment, l’éducation du tranquilles. En tout cas, moi je suis au public ça nous pose problème. Et la niveau du point d’interrogation pour difficulté c’est que plus on communique, l’instant. plus on informe sur la qualité de cette nature, et plus la demande sociale et la demande de visite sont fortes. Alors Jean-Pierre RAFFIN : Je dirai que c’est un quelque part aujourd’hui on n’est pas loin débat typiquement français. Il y a belle de l’effet de ciseaux entre…on ne sait lurette que, par exemple les Américains et plus : faut-il informer ou faut-il cacher les Britanniques, voire les Finlandais et les cette nature comme l’a dit Thierry ? Faut-il Suédois, se sont posé, en anticipant sur ce sanctuariser ? Quel est le niveau qui allait se passer, les problèmes de la d’information, quel comportement doit-on fréquentation des milieux naturels adopter ? Je vous avoue qu’on est en plein préservés, comme d’ailleurs on les pose doute. En tout cas ce que l’on sait, c’est chez nous en matière de patrimoine que beaucoup de certitudes sont en train de culturel. Quand on dit que dans tel château tomber devant ces dizaines, ces centaines il ne faut pas qu’il y ait plus de tant de de milliers de personnes qui arrivent et on personnes à l’heure parce que sinon la ne sait plus très bien. Dernier exemple qui charpente ne tient pas, c’est parfaitement est un exemple assez intéressant. Nous admis du public d’avoir des quotas en gérons un site cynégétique totalement fonction de l’objet que l’on veut maintenir. emblématique qui est la « Hutte des 400 Et là je dirai, en matière de milieux coups » - qui est vraiment le mythe du naturels - je me souviens, j’ai siégé au chasseur de gibier d’eau en Picardie - et Conseil National de Protection de la nous avons tenté de faire partager cet Nature à partir de 1977-1978 - lorsque l’on espace qui est absolument extraordinaire, disait « il faut anticiper, ne pas se trouver hors des périodes de chasse. On s’est dit, il confrontés à ce problème parce qu’après il

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 y a un public de chasseurs, il paye cher, à faut le gérer » on entendait « Oh là, non, la limite il le mérite. Et puis on voudrait non, non, non, c’est le droit à la faire venir des non-chasseurs. Nous louons nature… »…on parle toujours des droits cet espace en gîte de nature de la fermeture mais jamais des devoirs. Cela rejoint ce de la chasse à l’ouverture - on ne sait plus que l’on disait sur l’information et très bien quand c’est, mais enfin on se l’éducation, tant qu’on n’expliquera pas, débrouille, on fait à peu près comme on parce que les gens ne sont pas forcément peut - et on est surpris. D’abord, ça marche de mauvaise foi, mais ils ne savent pas. On très peu, alors qu’on a un public ne leur a quelquefois pas expliqué qu’ils ne d’amoureux de la nature : ils arrivent à la peuvent pas être plus de 10, 20, 30 ou 50 maison du garde, ils frappent à la porte, ils sur tel itinéraire à tel moment à la journée. disent « bon, on va à la hutte »…et ils On arrive à le faire comprendre, par remontent dans leur voiture, parce qu’il y a exemple au Conservatoire du Littoral 350 mètres à faire à pieds. C’est la (CLRL), en terme d’érosion, par rapport principale raison pour laquelle nous avons aux dunes, que s’il y a un piétinement, les du mal à louer ce gîte, c’est incroyable, oyats ne poussent pas et qu’à ce moment-là pour ceux qui aiment un lever de soleil au on arrive à faire démarrer un phénomène mois de mars sur la Mare des 400 coups d’érosion, mais en matière de fréquentation

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et de dérangement par rapport à la faune, et concerne l’accès aux milieux naturels il y a dérangement parfois lié aussi aux à la fois cet aspect-là et aussi il faut quand ornithologues ou aux photographes - il n’y même dire qu’il y a des tas d’autres a pas que les chasseurs qui sont endroits où les gens pourraient aller. Moi perturbants, les ornithos et les protecteurs je travaille pas mal dans le Parc National de la nature peuvent l’être -. Mais ça, c’est des Ecrins parce qu’il y a le label Parc, les tout un travail de fond, d’information et gens viennent sur tel itinéraire, mais de d’éducation. Mais il ne faut pas attendre, l’autre côté, dans la même vallée, vous encore une fois, d’être confronté au avez exactement les même milieux qui problème pour s’en préoccuper. sont aussi intéressants, et bien les gens n’y Malheureusement, en matière de gestion et vont pas, parce qu’il y a aussi l’effet de fréquentation des espaces naturels, on publicitaire. Il y a aussi, je pense, un attend que le problème soit là pour essayer certain dévoiement de l’image télévisuelle de réagir, et c’est quelquefois trop tard. où vous avez la nature à vos pieds dans vos Moi je vois un autre exemple : la loi 4 x 4 pantoufles. Bien sûr, on ne sait plus qu’il pour l’accès des véhicules tout terrain aux faut marcher pour y aller et on a milieux naturels qui a été votée du temps l’impression que lorsqu’on va aller sur le de Brice Lalonde. Je me souviens avoir milieu naturel, on n’aura aucune difficulté, rencontré Huguette Bouchardeau sur cette ça sera facile parce qu’on a pris l’habitude thématique-là en 1983, il n’y avait pas de voir l’animal à trois mètres de son encore de problème en France. On fauteuil et quand on va sortir, on demande commençait à voir s’installer des la même chose. Il y a tout un travail importateurs - il n’y avait pas encore de d’information, y compris des gens qui fabricants de 4 x 4 français - de matériel projettent ces émissions, tout un travail de japonais. Je me souviens très bien avoir dit fond, y compris au niveau de l’Education « c’est un loisir qui va se développer, il est Nationale où là - je n’ai pas voulu donc temps avant qu’il ne devienne intervenir mais il se trouve que j’ai été important, qu’il n’y ait un lobby parlementaire européen - j’ai eu à faire un économique qui va faire pression pour rapport sur l’éducation à l’environnement qu’on fasse du 4 x 4 partout, y compris dans les différents pays européens. En dans les zones à Ours - Total avait même France, on a signé des quantités de organisé des concours de 4 x 4 sur la protocoles, protocole Savary / Crépeau,

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 transpyrénéenne - avant que ce problème protocole Lang / Ségolène Royale, etc., le ne se pose, il faut essayer de se donner les problème c’est que quand on veut, après, outils permettant de le contrôler ». On ne les appliquer, c’est déjà beaucoup plus l’a pas fait et on a dû voter la loi 4 x 4, je compliqué mais on a une belle loi. Cela, ne dirais pas en catastrophe mais beaucoup c’est aussi assez français. Moi, j’aime trop tard. Et ce que vous dîtes, c’est aussi mieux les pays anglo-saxons qui n’ont pas un autre exemple de la difficulté, dans nos de belles lois, ils ont des trucs beaucoup sociétés, d’anticiper l’évènement et de se plus pragmatiques, mais ils se posent donner les moyens de pouvoir y répondre d’abord la question de la mise en œuvre. quand c’est encore possible. Une fois que le lobby d’importateurs est là, que partout vous avez en montagnes, des gens qui Pascal DACHEUX : Merci Jean-Pierre vendent des 4 x 4, qui organisent eux- Raffin, nous allons maintenant arrêter le mêmes des petits safaris sans contrôle, ça dialogue avec la salle, parce qu’il se fait devient un lobby économique et à ce tard. Alors Vincent, bravo pour ce moment-là c’est une confrontation parce colloque… mais qu’est-ce qu’on peut qu’on n’a pas anticipé, et en ce qui faire ?

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Vincent BAWEDIN : …Eh bien, nous allons une certaine radicalisation, une conclure, mais c’est un travail collectif. « contraction » chez certains d’entre eux ; Chacun aura pu s’exprimer au cours de ce pas chez ceux de l’ANCER en tout cas. colloque, c’est déjà un premier point ; Proportionnellement à cette réaction colloque dont les thématiques n’ont pas d’ailleurs, le sentiment anti-chasse croît, ce fini d’être à l’ordre du jour. qui prouve bien que la radicalité n’amène à En effet, qu’il s’agisse de s’informer en rien pour quiconque. matière d’environnement, ou de En revanche, le tourisme dit de nature fait « pratiquer » les espaces naturels publics, de plus en plus d’adeptes, et pour illustrer les attentes et les demandes seront de plus les propos de Jean-Christian Cornette, je en plus nombreuses et diversifiées. peux montrer ceci : (voir document 5). L’environnement sera une discipline phare C’est tiré du magazine La Recherche du de ce XXI è siècle, et la notion, complexe, mois dernier, évidemment cela a été pris en nous l’avons vu, de territoire qu’il intègre Grande Bretagne, le Birdwatching sera au cœur des problématiques présentes (l’observation ornithologique) ; alors, à et à venir. Ces notions de territoire et quand ce genre d’image au Hâble d’Ault d’espace sont aussi associées à celle de monsieur Cornette ?… frontière. Mais les valeurs universelles, auxquelles nous croyons au Comité Nature Ce ne sont là que quelques exemples. Il et Citoyenneté - liberté, égalité, fraternité, semble en tout cas qu’un pas dans le sens laïcité - peuvent permettre, sinon de faire d’un partage de la nature plus harmonieux abstraction de ces frontières, de a été engagé par de nombreuses parties comprendre, d’accepter et d’appliquer les réunies ici aujourd’hui, il aboutira si la règles communes, d’utilité publique, qui ligne directrice qui les rassemble est seules peuvent garantir le respect des droits l’intérêt général. Nous avons confiance. de chacun et en l’occurrence, de tous les usagers de la nature sans exclusive. La De même, en terme d’éducation à tendance chez ces derniers va connaître des l’environnement, il importe, aujourd’hui changements au cours de ce siècle : le plus qu’hier, d’être vigilant et de faire nombre de chasseurs est globalement en appel aux organismes agréés pour ce faire. baisse - ça je crois que c’est inéluctable - Nous avons vu là que c’était un minimum. ce qui peut traduire, nous l’avons abordé, hal-00280464, version 1 - 18 May 2008

Document 5 Tiré du mensuel La Recherche n° 347 (novembre 2001)

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Sur cette note d’espoir, je tiens à remercier grande vitesse. Donc cette nécessité d’un ceux sans qui ce colloque n’aurait pu être : apprentissage repose d’abord sur la la Direction Régionale de l’Environnement continuité, la transmission d’un savoir (DIREN Picardie) d’une part, et nos naturaliste, notamment à l’université et là partenaires que sont les Fédérations nous avons de quoi être réellement départementales de la Ligue des Droits de inquiets. l’Homme et des Conseils de Parents d’Elèves, ainsi que la Confédération Il ne faut pas que des spécialistes bien Paysanne. entendu, il faut une approche interdisciplinaire, une approche globale Je laisse maintenant le dernier mot au autour des questions d’environnement, représentant de Monsieur Daniel Cadoux, l’intégration de l’environnement dans les Préfet de la région Picardie, Préfet de la politiques publiques, l’intégration de Somme ; un autre représentant de l’Etat : l’environnement dans les projets de Monsieur Laurent Roy. territoire qui sont certainement un des défis du moment, à la suite des nombreuses lois qui se sont succédées sur ce sujet, la loi Laurent ROY : C’est un exercice un peu Voynet sur l’aménagement du territoire, la redoutable de venir conclure maintenant, loi Chevènement et la nouvelle loi SRU en tout d’abord parce que ça a été dense et matière d’urbanisme, qui toutes favorisent ensuite parce que conclure après avoir l’émergence de projets de territoires sur ouvert, il faut être capable de démontrer des territoires bien identifiés. L’enjeu pour qu’on a retenu quelque chose de ce qu’on a les politiques de l’environnement est de écouté ! s’intégrer dans ces politiques de territoires Alors je vais essayer, sans prétendre pour qu’elles se traduisent en vrais projets résumer ni faire une synthèse exhaustive de développement durable. D’ailleurs ce de ce qui s’est dit - évidemment, ce serait n’est sans doute pas un hasard si, à présomptueux -, de présenter ce que, moi, quelques jours d’intervalle, à la fois le ce colloque m’a inspiré. C’est d’abord la Conseil Général dans le cadre de sa nécessité d’apprendre pour mieux partager conférence départementale pour la nature et pas seulement comme ci c’était l’environnement dans la Somme hier, et découplé, mais vraiment dans un but de l’ADEME mardi, ont traité de cette

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 rendre le partage possible, et pour cela, question. Des spécialistes, une approche pour apprendre, il faut d’abord des globale interdisciplinaire et puis, bien spécialistes. Je trouve que c’est quelque entendu, cela a été au cœur cette fois du chose qui n’est pas complètement revenu premier débat, la nécessité d’une culture dans la première partie de ce colloque, générale chez chacun, et le meilleur moyen c’est la nécessité d’appuyer cet pour l’acquérir c’est évidemment au niveau apprentissage sur des spécialistes et scolaire, d’où le rôle essentiel de notamment, puisqu’on parle de nature, sur l’Education Nationale, tout d’abord parce des naturalistes. A été évoqué tout à qu’après, c’est difficile à rattraper. Cela a l’heure, par Monsieur Hoeblich, le fait que été une des questions qui a provoqué le l’environnement ce n’était pas uniquement débat lors du premier échange sur des gens pour faire des inventaires. Certes, « comment fait-on pour toucher ensuite les néanmoins il y a un moment où on finira adultes et en particulier les adultes qui ne par ne plus les trouver, ces gens pour faire sont pas sensibilisés ? », parce que toucher des inventaires et pour compter les oiseaux un public déjà acquis à la cause, c’est et les petites fleurs. En particulier facile. Toucher un public qui n’est pas d’ailleurs, tout ce qui est plus petit que les réceptif, à priori, et qui ne s’intéresse pas oiseaux, les petites fleurs, les insectes, etc. aux questions de l’environnement est une où là, la compétence se raréfie à très difficulté beaucoup plus redoutable. D’où

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la nécessité de commencer d’abord chez apprentissage de la citoyenneté dans la les scolaires parce qu’après on aura du mal formation de chacun. Le but en à rattraper le coup. Ceci dit, ce n’est pas l’occurrence, je l’ai dit : apprendre pour forcement irrattrapable. On a vu, par partager la nature donc réussir ensuite à l’exemple de Natura 2000, qu’en se plaçant partager la nature. résolument au niveau du terrain et du concret, en faisant ce que disait Jean-Pierre Comment partager la nature et d’abord Raffin tout à l’heure - c’est à dire en pourquoi partager la nature ? C’est en fait faisant du débat de bistrot -, en allant voir sur les dernières interventions, celles de vraiment les gens individuellement, ce qui Thierry Rigaux et de Jean-Christian suppose à la fois du temps et des gens, et Cornette que je rebondirai. Parce que s’il ce qui empêche d’avancer rapidement sur n’y a pas de partage de la nature en masse, beaucoup de territoires à la fois. Mais en en général, en ce qui concerne l’ensemble faisant vraiment de la proximité et du des espaces naturels, on va vers un partage concret, on réussit à discuter sur cette physique. C’est-à-dire on partage, on met politique de la nature, on réussit à faire de des barbelés autour d’espaces naturels à la sensibilisation à la nature et à forte valeur patrimoniale, ailleurs on l’environnement mais ça devient vraiment chasse, ou alors on fait de l’agriculture un travail de conviction à conduire intensive, etc.. On a alors un partage individu par individu, en particulier si le géographique de la nature, une espèce de travail à l’âge scolaire n’a pas été ghetto de nature avec, à ce moment-là, des complètement fait. problèmes redoutables, où on concentre sur des espaces de faible superficie, à la fois la Ensuite, pourquoi ce passage chez les vocation patrimoniale de protection de la scolaires est-il une nécessité ? Parce que, et nature à proprement parler et la vocation cela est bien ressorti de quelques de découverte, d’ouverture, d’usage interventions, notamment celle de Madame récréatif, etc.. . Donc, la nécessité, c’est Katalan, c’est une éducation à la bien d’élargir la base, c’est-à-dire d’être citoyenneté. C’est une éducation à la capable de concilier différentes utilisations citoyenneté et je m’écarterai un petit peu des espaces naturels et ruraux sur la plus d’ailleurs du parallèle qui a été fait avec grande superficie possible, donc y compris l’éducation à la santé. L’éducation à la sur la nature ordinaire. Pour ce faire, j’ai retenu le concept de démocratie

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 santé c’est quand même un petit peu moins altruiste : on est directement concerné, on participative, donc d’associer l’ensemble le voit bien d’ailleurs en matière de des acteurs concernés pour définir des politique alimentaire, on voit bien que, en règles de gestion dans la concertation, avec matière alimentaire, le consommateur à nouveau, là, des difficultés qui se lambda, sans que ce soit désobligeant, c’est posent : trouver le bon niveau, avec des à dire celui qui n’est pas forcement dans niveaux réglementaires qui sont les cercles militants, est spontanément hétérogènes et qui peuvent remonter au beaucoup plus réceptif à des arguments de niveau communautaire ou international. type sanitaire, « attention vous allez risquer Donc là, le niveau local peut être en porte à de vous empoisonner si vous mangez tel faux s’il n’a pas de marge d’adaptation par type de produit, etc… », ( Cf. par exemple rapport à ces règles ; avec le problème le débat sur les OGM) , qu’à des arguments également que cette gestion participative se de types environnementaux « attention, il passe quand même entre titulaires de droit ne faut pas acheter tel type de produit qui ne sont pas tous égaux entre détenteurs parce que la manière dont il a été produit de « droits réels » et les autres. n’est pas respectueuse de Et là, j’ai été surpris que la question du l’environnement… ». L’éducation à droit de propriété ne soit quasiment pas l’environnement permet donc un évoquée. Et pourtant, cette question de

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droit de propriété est bien au cœur des ce qu’elle est, ceci dit, de la loi chasse difficultés que l’on peut avoir dès lors vient notamment, cela a été dit pendant les qu’on discute du partage de la nature. On a interventions, la création des Fédérations bien quelque part, quand même, quelqu’un, Régionales des Chasseurs. Je prends note, dès lors qu’on parle d’un espace naturel, je donne acte au nouveau président de la qui en est le propriétaire et qui, de ce fait, Fédération Régionale des Chasseurs qui a est en situation fondamentalement été élu, d’un discours qui est très différente de tous les autres en terme compatible avec ce qui s’est dit juridique. Et cela, pour bâtir de manière aujourd’hui en terme de partage, concertée une politique de gestion d’ouverture, etc . Alors, bien entendu, il concertée, c’est une difficulté peut y avoir loin des discours aux actes, fondamentale. donc maintenant il reste à faire et on ne fait que commencer. Mais, ceci dit, le fait Néanmoins, je souhaiterais moi aussi, d’entendre d’un président élu à la comme vous l’avez fait, terminer sur une Fédération Régionale des Chasseurs des note optimiste, et d’abord parce que c’est discours qui auraient eu tout à fait leur le métier de la puissance publique. Parce place cet après-midi parmi les intervenants, que quel est donc le rôle de la puissance je considère ça comme un facteur d’espoir. publique si ce n’est d’essayer de dégager Il nous reste à travailler pour construire sur un compromis pour arriver à un partage cet espoir. apaisé des espaces ? Ce devrait être cela le La troisième enfin, c’est ce qui se passe métier de la puissance publique, faire sur le littoral. Bien sûr que ce n’est pas accoucher les compromis : donc il faut être facile de concilier la fréquentation capable de se placer dans cette situation là. touristique et la préservation, néanmoins, Je verrai plusieurs facteurs d’optimisme on assiste sur le littoral à une émergence de dans les évènements récents. On avait stratégies de développement, basées sur la parlé, lors du discours d’introduction tout à très grande qualité des espaces naturels et l’heure, des inondations de la Somme et des paysages littoraux, qui essayent d’être des problèmes de rumeurs qu’on avait pu compatibles par rapport à cela. C’est bien rencontrer. Ces inondations de la Somme ce qu’essaye de monter, petit à petit, le ont eu entre autres, comme conséquence de SMACOPI et c’est d’ailleurs pour donner démontrer l’inefficacité et les risques que un cadre, un outil à ce type de conciliation,

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 peut engendrer une gestion totalement que le gouvernement a décidé en juillet privée, « particulière », de la vallée et de dernier de lancer une opération « Grand ses zones humides et de ses étangs. La Site » sur la Baie de Somme, sur le littoral multiplication d’une gestion chaotique de picard, dont le but est de concilier l’ensemble des zones humides conduit à protection et préservation des espaces et une absence de solidarité de bassin versant, gestion d’une fréquentation en conduit à protéger des zones qu’il vaudrait accroissement. On s’est bien placé, là, dans mieux laisser inondables et donc d’inonder une situation où l’on devra avoir les outils des quartiers habités qu’il aurait fallu pour faire correctement ce type de travail. protéger, etc… Donc essayons de faire en sorte que cet événement fasse émerger la Voilà les raisons qui me conduisent à être nécessité d’une gestion plus collective, optimiste sur cette capacité, petit à petit, à donc d’aller vers ce consensus, d’aller vers dégager du consensus autour du partage de ce compromis. Premier point, premier la nature. En tout état de cause, je crois que facteur d’optimisme, ça peut faire votre colloque et les débats d’aujourd’hui apparaître cette nécessité. auront été utiles à cette fin, ils auront montré à la fois la richesse du sujet et la Deuxième facteur, eh bien c’est la loi capacité à discuter autour de ce sujet, c’est chasse. On en a parlé, la loi chasse, elle est pourquoi je vous remercie de l’avoir organisé.

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ANNEXES

• Annexe 1 (document volant joint aux actes) : plaquette « pour une information sur l’environnement équilibrée, large et objective », novembre 2001, Comité Nature et Citoyenneté, DIREN Picardie, Inspection Académique de la Somme et FCPE - Somme, 4 p.

• Annexe 2 : extraits de la charte du réseau « Ecole & Nature », août 1998.

• Annexe 3 : liste des sigles utilisés dans les actes du colloque « Apprendre et partager la nature ».

• Annexe 4 : liste des personnes inscrites au colloque « Apprendre et partager la nature » du 01 décembre 2001. hal-00280464, version 1 - 18 May 2008

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Liste des sigles utilisés

ACCA : Association Communale de Chasse Agréée ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie ANCER : Association Nationale pour une Chasse Ecologiquement Responsable ANCGE : Association Nationale des Chasseurs de Gibier d’Eau APBG : Association des Professeurs de Biologie-Géologie APCGE : Association Picarde des Chasseurs de Gibier d’Eau BEP : Brevet d’Enseignement Professionnel BOEN : Bulletin Officiel de l’Education Nationale BTS : Brevet de Technicien Supérieur CAUE : Conseil à l’Architecture à l’Urbanisme et à l’Environnement CDOA : Commission Départementale d’Orientation Agricole CEE : Communauté Economique Européenne CEMEA : Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active CESR : Conseil Economique et Social Régional CIN : Centre d’Initiation à la Nature CLRL : Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres CPIE : Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement CPNT : Chasse Pêche Nature Traditions DDE : Direction Départementale de l’Equipement DEA : Diplôme d’Etudes Approfondies DESS : Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées DEUG : Diplôme d’Etudes Universitaires Générales DIREN : Direction Régionale de l’Environnement DRAF : Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt DRJS : Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports ERE : Education Relative à l’Environnement FCPE : Fédération des Conseils de Parents d’Elèves FDSEA : Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles FNSEA : Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 FNE : France Nature Environnement FOL : Fédération des Œuvres Laïques GEMEL : Groupe d’Etudes des Milieux Estuariens et Littoraux GRAF : Groupe de Recherches et d’Actions pour la Formation GRAINE : Groupement Régional d’Animation et d’Information à la Nature IEP : Institut d’Etudes Politiques IFREMER : Institut Français de Recherches et d’Etudes sur la Mer IGARUN : Institut de Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes INRA : Institut National de la Recherche Agronomique IUFM : Institut Universitaire pour la Formation des Maîtres LDH : Ligue des Droits de l’Homme et du citoyen LETG : Littoral Environnement Télédétection Géomatique LP : Lycée Professionnel LPO : Ligue pour la Protection des Oiseaux MAFPEN : Mission Académique à la Formation du Personnel de l’Education Nationale MATE : Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement MST : Maîtrise de Science et Technique ONC : Office National de la Chasse ( remplacé par le suivant depuis la loi de juillet 2000 ) ONCFS : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage

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PAE : Projet d’Actions Educatives PEC : Projet Educatif et Culturel PEP : Pupilles de l’Enseignement Public SMACOPI : Syndicat Mixte d’Aménagement de la Côte Picarde SMVO : Syndicat Mixte de la Moyenne Vallée de l’Oise SRU : loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain SVT : Sciences de la Vie et de la Terre UE : Union Européenne UFOLEP : Union Française des Œuvres Laïques d’Education Physique UNFDC : Union Nationale des Fédérations Départementales de Chasseurs UPJV : Université de Picardie Jules Verne ZEP : Zone d’Education Prioritaire ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêts Ecologique Faunistique et Floristique ZPS : Zone de Protection Spéciale ZSC : Zone Spéciale de Conservation

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Liste des inscrits au colloque « apprendre et partager la nature » du 01 décembre 2001

M. Mathieu ALBERS lycéen Albert (80) M. Olivier ANCELIN INRA Laon (02) Mme Françoise ANDRIEUX Solidarité Sans Frontière Amiens (80) M. Jacques AUBRY Inspection Académique de la Amiens (80) Somme M. Aurélien AVRONSART étudiant - Université de Picardie Amiens (80) Jules Verne (UPJV) M. Pierre BARGE Ligue des Droits de l’Homme - Paris (75) Bureau National Mlle Karine BARRAL étudiante DESS - UPJV Amiens (80) M. Stéphane BAUDELET Scouts de France Amiens (80) M. Christophe BATICLE sociologue - UPJV Amiens (80) Mme Francine BAUDRY retraitée de l’enseignement Velennes (80) M. Gérard BAUDRY retraité de l’enseignement Velennes (80) Mme Nadine BAWEDIN-PRUVOT retraitée de l’enseignement Amiens (80) M. Vincent BAWEDIN Comité Nature et Citoyenneté Amiens (80) Mme Danièle BAZIN formatrice IUFM Amiens (80) M. Frédéric BLIN Picardie Nature Amiens (80) Mlle Caroline BERDAL étudiante - UPJV Amiens (80) M. Frédéric BOUCHINET Groupe d’Etudes Ornithologique de Morienval (60) l’Oise (GEOR - 60) M. Pascal BRUNON CEMEA de Picardie Amiens (80) M. Jean-Louis CADOUX enseignant - chercheur à l’UPJV Amiens (80) Faculté d’Histoire Géographie M. Grégory CASSORET Syndicat Mixte d’Aménagement de Abbeville (80) la Côte Picarde (SMACOPI) Mlle Sophie CHEVALIER étudiante - UPJV Amiens (80) M. Olivier CLOQUIER étudiant - UPJV Amiens (80) Mme Martine COCQUET Ligue des Droits de l’Homme Abbeville (80) M. Jean-François COCQUET Ligue des Droits de l’Homme Abbeville (80) M. Julien COLARD étudiant à l’EDHEC Lille (59) hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 M. Xavier COMMECY Picardie Nature Amiens (80) M. Jean-Christian CORNETTE SMACOPI Abbeville (80) Mme Claudine CORNETTE Abbeville (80) M. Philippe COULON animateur (80) Mlle Delphine DEBAST étudiante DESS - UPJV Amiens (80) M. Pascal DACHEUX Confédération Paysanne Le Bosquel (80) M. Samuel DECERF étudiant DESS - UPJV Amiens (80) Mlle Line DESCOURRIERE étudiante à l’Institut d’Etudes Lille (59) Politiques (IEP) - Lille 2 Mlle Edwige DE FERAUDY DIREN Picardie Amiens (80) M. Daniel DELAIRE ONCFS Nord Pas-de-Calais Bergueneuse (62) Picardie Mlle Amélie DELAVAL Institut d’Etudes Politiques - Lille (59) Université de Lille 2 M. Régis DELAVAL enseignant Condé sur l’Escaut (59) M. Régis DELCOURT enseignant Tours en Vimeu (80) Mlle Karine DELIGNIERE étudiante DESS - UPJV Amiens (80) M. Jean-Claude DEMAIE conseiller municipal Corbie (80) Mme Séverine DEMAILLY conseillère municipale (80) 98

Mme Marie Odile DESJONQUIERES enseignante Amiens (80) M. Régis DESPLANQUES retraité de l’Education Nationale Amiens (80) (IUFM - Géographie) Mlle Nathalie DOLLE Ras l’Front Amiens (80) Mme Françoise DRON enseignante Sains en Amiénois (80) M. Pierre DRON Association des Professeurs de Sains en Amiénois Biologie - Géologie (APBG) de (80) Picardie Mme Josiane DUPUIS Ligue des Droits de l’Homme Amiens (80) Mme Marie-Odile DUPUIS Fédération des Œuvres Laïques Amiens (80) (F.O.L.) Mme Caroline DURANT enseignante Amiens (80) M. Jacques ESTIENNE Pupilles de l’Enseignement Public Amiens (80) de la Somme (PEP - 80) M. Cédric FAGOT Abbeville (80) Mlle Isabelle FARCY étudiante DEA de sociologie - UPJV Amiens (80) M. Hervé FARCY Ligue des Droits de l’Homme Abbeville (80) M. Christian FEUILLETTE ADEME Amiens (80) M. Yves FLAMENT retraité de l’enseignement - guide Amiens (80) conférencier M. Emmanuel FOURNIER (80) M. Rémy FRANCOIS Société de chasse communale (80) Mme Marie Hélène FREMAU Berck / Mer (62) M. Jean-Louis FREMAU Berck / Mer (62) M. Bruno GALLOO Confédération Paysanne, Conseil Ville / Ancre (80) Economique et Social (CESR Picardie) Mme Anne GALLOO - LAMBLIN Collège Saint Exupéry Bray / Somme (80) M. Laurent GAVORY Picardie Nature Amiens (80) M. Hervé GOURLAIN Ligue des Droits de l’Homme Abbeville (80) Mlle Sandrine HAMIOT Abbeville (80) M. Thierry HANOCQ DIREN Picardie Amiens (80) M. Jean-Marc HOEBLICH maître de conférences en Amiens (80)

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 géographie - UPJV M. Ludovic HURIEZ étudiant DESS - UPJV Amiens (80) M. Hermann ISENBRANDT Amiens (80) M. Yann JOSEAU Fédération Léo Lagrange de Picardie Amiens (80) Mme Ketty KATALAN Lycée Professionnel Romain Amiens (80) Rolland M. Jean-Pierre KATALAN enseignant Amiens (80) M. Alain KERVEILLANT étudiant DESS - UPJV Amiens (80) Mme Monique LAOUT retraitée de l’enseignement (80) M. Jean-Marie LAOUT Ligue des Droits de l’Homme - Camon (80) Fédération de la Somme Mme Dominique LARIVIERE enseignante Abbeville (80) M. Gilles LARIVIERE Ligue des Droits de l’Homme Abbeville (80) Mlle Marie LAVAL étudiante - UPJV Amiens (80) Mlle Mathilde LEFEVRE étudiante - UPJV Amiens (80) M. Philippe LEFUR Beauvais (60) M. Jean-Paul LEGRAND Conseil Scientifique Régional du Le Caule (76) Patrimoine Naturel de Picardie M. Fabien LEGRAND Rectorat - service culturel Amiens (80) M. Sébastien LEGRIS (80) M. José LEJEUNE enseignant Berck / Mer (62) Mme Colette LEJON Ligue des Droits de l’Homme Amiens (80) 99

M. Thierry LEMAIRE Conservatoire des Sites Naturels de Amiens (80) Picardie (CSNP) M. Olivier LE NEANNEC étudiant DESS - UPJV Amiens (80) M. Bertrand LENOBLE étudiant - UPJV Amiens (80) Mme Bernadette LETANGRE Heilly (80) M. Patrick LETANGRE ANCER Nord - Picardie Heilly (80) Mme Sylvie LIEVAL Amiens (80) M. Francis LIEVAL Amiens (80) M. Mathieu LOISEL Amiens (80) M. Didier LONCLE élu comité de quartier sud-est Amiens (80) M. Cédric LOUVET Groupe d’Etudes Ornithologiques de Morienval (60) l’Oise (GEOR - 60) M. Alain MAILLARD maître de conférences en sociologie Amiens (80) à l’UPJV M. Gilles MAIRESSE enseignant-chercheur, UFR de Amiens (80) Pharmacie - UPJV Mme Sabine MALLE Saint - Sauveur (80) M. Stéphane MALO étudiant - UPJV Amiens (80) M. Christian MANABLE Conseiller Général de la Somme (80) Mme Evelyne MARCHAND ADEME Amiens (80) Mme Régine MARCHAND retraitée de l’enseignement Amiens (80) Mlle Linda MARTINEZ étudiante - UPJV Amiens (80) M. William MATHOT Groupe d’Etudes Ornithologiques de Morienval (60) l’Oise Mme Maud MENAGER-LEMAIRE Camon (80) Mme Brigitte MERCIER - TRICOTTET conseillère municipale Camon (80) Mme Yvette MOMEGE Amiens (80) M. Jean-Marc MOMEGE Amiens (80) M. Franck MONCOMBLE Comité Nature et Citoyenneté Amiens (80) M. Martial MOUQUERON Loeuilly (80) M. Jean MUNGUIA Comité Départemental de la Amiens (80) Randonnée Pédestre de la Somme Mlle Elodie MUNOZ étudiante DESS - UPJV Amiens (80) Mlle Alexandra NAUWYNCK étudiante DESS - UPJV Amiens (80)

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Mlle Gaél NEDELEC INERIS Amiens (80) M. Alain NEDELEC F.O.L. / UFOLEP de la Somme Amiens (80) M. Cédric NOCLERCQ Lille (59) M. Paul OUDART professeur émérite de géographie - Amiens (80) UPJV Mme Chantal PEGUET médecin Bacouel / Selle (80) Mlle Amandine PERRIAND étudiante - UPJV Amiens (80) M. Etienne PETITJEAN ONCFS Nord Pas-de-Calais Bergueneuse (62) Picardie Mme Christiane PIOT Camon (80) M. Jean-Louis PIOT adjoint au Maire Camon (80) Mme Annick POILLY puéricultrice - Conseil Général Amiens (80) M. Jean-Marie POILLY FCPE - Somme Amiens (80) M. René PRESTAUX Comité Départemental de la Amiens (80) Randonnée Pédestre M. Jean-Louis PUCHALA FCPE - Somme Amiens (80) Mlle Florence QUIGNON étudiante BTSA - GPN Liez (02) M. Jean-Pierre RAFFIN enseignant-chercheur, université Paris (75) de Paris 7 - Denis Diderot M. Bénoule RASIDIMANANA pasteur Amiens (80) M. Pierre RECHENMANN GRAINE de Picardie Chantilly (60)

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M. Thierry RIGAUX ingénieur écologue Amiens (80) Mme Marie Martine ROUSSEL enseignante à l’IUT Salouel (80) M. Laurent ROY DIREN Picardie Amiens (80) M. Jérôme SAINTIGNY attaché parlementaire d’Yves Butel Amiens (80) (eurodéputé CPNT) M. Cédric SIRANTOINE étudiant - UPJV Amiens (80) Mlle Estelle SOMONT étudiante en DEUST Environnement Calais (62) et Milieux Marins M. Jean Paul SOUPE Ligue des Droits de l’Homme Abbeville (80) Mme Eliane SOUPE Ligue des Droits de l’Homme Abbeville (80) Mme Monique TELLIER Ligue des Droits de l’Homme Amiens (80) M. Pierre TELLIER retraité de l’Enseignement Supérieur Camon (80) M. Patrick THIERY Picardie Nature Amiens (80) M. Jean-Marie THIERY délégué médical en retraite (80) M. Michel THUILLIER Lycée Professionnel Romain Amiens (80) Rolland M. Sylvain TOURTE étudiant en environnement Lille (59) ISA Lille Mlle Anne TRANNOY CPIE Pays de l’Aisne Merlieux (02) Mlle Laetitia VANDAMME étudiante en Santé- Environnement Lille (59) M. Guy VINCENT Amiens (80) Mme Anne VIOLET Marcq en Baroeul (59) M. Florent VIOLET agrégé de biochimie - génie Marcq en Baroeul biologique (59) Mme Patricia WALLET Fédération des Chasseurs de la Amiens (80) Somme (FDC - 80) Mme Nicole WARIN Collège Jules Verne (80) M. Jean-Michel WARIN instituteur Amiens (80) M. Alain WILLIAM animateur nature Amiens (80)

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Actes du colloque national « apprendre et partager la nature » - Comité Nature et Citoyenneté - Amiens le 01 décembre 2001 101

Ces actes ont pu être réalisés grâce au soutien du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement

« Apprendre et partager la nature » : vaste programme ! L’accès à l’environnement : diffusion des connaissances et partage des espaces… un besoin d’éthique ? Telles ont été les thématiques et les questions abordées au cours de ce colloque, le 01 er décembre 2001 à Amiens (Somme). Sa réalisation, dont l’idée a germé dans la capitale de la Picardie Maritime - Abbeville -, est apparue particulièrement opportune au Comité Nature et Citoyenneté , organisme agréé par le Ministère de l’Education Nationale , à l’heure où les enjeux sociétaux prouvent que des connaissances solides en matière d’environnement ont plus que jamais besoin d’être transmises, le plus largement possible mais aussi avec la meilleure qualité et objectivité qui soient… De même, le « besoin de verdure », qui se fait de plus en plus ressentir aujourd’hui, amène des catégories d’ usagers de la nature toujours plus nombreuses et diversifiées à se retrouver dans les espaces naturels publics. Il s’agit d’un fait récent, que l’on doit entre autres à la place toujours plus grande laissée aux loisirs dans notre société, à une péri-urbanisation grandissante, etc… Certes des conflits d’usage persistent ça et là dans ces milieux dits « naturels », mais un partage harmonieux de ces espaces est désormais une nécessité reconnue et souhaitable. Afin qu’il puisse être fait dans le respect des utilisations, des besoins et aussi des aspirations légitimes de chacun, mais également dans un souci de développement durable, une connaissance globale et commune de l’environnement et des activités que chaque catégorie d’utilisateurs y exerce est essentielle. C’est pourquoi « éducation » et « partage » sont les deux axes complémentaires de ce colloque. Bien évidemment, dans le département où avait lieu ce rendez-vous, le thème de la chasse a tenu une place de choix.

hal-00280464, version 1 - 18 May 2008 Grâce à ce programme, entre 150 et 200 personnes ont pu assister aux exposés de qualité proposés et débattre sur les différentes thématiques abordées. L’assistance, riche et diversifiée (représentants d’organismes publics, de l’Etat, du monde de la chasse, agriculteurs, enseignants, universitaires - géographes, biologistes, économistes, politologues, sociologues -, élus, responsables d’associations - scientifiques, de protection de l’environnement, d’éducation populaire, de randonnée pédestre -…) a, en effet, contribué à la dynamique de cette journée. Ce colloque, dû à l’initiative de Vincent Bawedin, président fondateur du Comité Nature et Citoyenneté, a pu se réaliser grâce au soutien de la Direction Régionale de l’Environnement (DIREN Picardie), à l’aide des Fédérations départementales de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE), au concours de la Confédération Paysanne ainsi, bien entendu, qu’à la participation des nombreux intervenants sollicités. Les interventions et les débats qui s’en sont suivis sont retranscrits dans ces actes dont nous espérons qu’ils permettront, dans les domaines d’un savoir et d’une nature partagés, de réfléchir, d’échanger et de progresser ensemble .

COMITE NATURE ET CITOYENNETE, 3 place Dewailly ––– OVACAM --- BP 40326 --- 80003 Amiens cedex 1

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