LeMonde Job: WMQ1805--0001-0 WAS LMQ1805-1 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 11:25 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0573 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE ÉCONOMIE 0123

MARDI 18 MAI 1999 LE MONDE CAMPUS LE MONDE ECONOMIE ̈

a Un cahier spécial universités S O M M A I R E Diplômés : la nouvelle donne TROISIÈME CYCLE 1 168 DESS, mastères, MBA en fiches sur e marché de l’emploi des Tous ces éléments apparaissent Internet. Comment lire jeunes diplômés, dopé Les entreprises clairement au travers des cartes cette base de données par l’amélioration de la régionales dressées à partir de la sur le site Web L collecte des projets U3M. Il n’est conjoncture, flirte avec repartent à la chasse du Monde l’euphorie de la fin des années 80. pas certain que tous voient le (pages XXII et XXIII) Les prévisions tablent sur des jeunes talents. jour, dans la mesure où les arbi- 65 000 recrutements pour 1999, trages politiques et budgétaires UNIVERSITÉS une progression de près de 20 % Parallèlement, qui leur donneront corps sont loin La carte de France des par rapport au score, déjà fort ho- d’être réalisés. Mais il demeure in- projets du plan norable, réalisé en 1998. Les les universités contestable qu’un nouveau pay- « Université du troisième conditions d’embauche s’amé- sage de l’enseignement supérieur millénaire » (U3M), liorent également. révolutionnent français est en passe de se dessi- région par région Dans la mesure où les entre- ner. (pages II à XXI) prises, mais aussi les administra- leur offre tions, voient dans la création de MOBILITÉ EUROPE nouveaux produits et de nou- de formation Les universités se préparent Pour poursuivre un veaux services l’un des facteurs aussi à l’accroissement de la mo- cursus dans une faculté majeurs de croissance et de per- afin de s’affirmer bilité géographique des étudiants de l’Union, encore faut-il formance, les offres d’emploi bé- à l’échelle européenne, même si a Emploi : 10 pages ne pas se perdre dans le néficient particulièrement aux di- dans le paysage beaucoup reste à faire de ce côté, maquis des équivalences plômés de haut niveau, tant les programmes communau- détenteurs de compétences poin- européen taires restent complexes et les fi- (pages XXIV à XXVI) tues et de capacités d’innovation. nancements insuffisants. FORMATION CONTINUE Avec une prime exceptionnelle Elles anticipent également de aux informaticiens que tous les probables développements de la La validation des acquis recruteurs s’arrachent. La base de formation continue : la priorité professionnels et les données construite par Le Monde du troisième millénaire » (U3M), donnée aux compétences et à l’in- 35 heures offrent de sur son site Web permet de dres- lancé par Claude Allègre. Ce sup- novation nécessite en effet le re- nouvelles possibilités ser un panorama de 1 168 forma- plément fait le point, région par tour en formation de salariés trop mais recèlent certains tions professionnalisées de troi- région – c’est une première –, sur longtemps coupés de l’évolution pièges sième cycle (DESS, mastères, cette nouvelle carte de France du des savoirs et des technologies. (page XXIX) MBA) qui répondent à cette défi- savoir. Là encore, ces nouveaux instru- nition. La priorité donnée à des thèmes ments que sont la validation des RECRUTEMENT précis en matière de recherche et acquis professionnels ou les pos- Sur un marché de ARBITRAGES de filières hautement qualifiantes, sibilités offertes par la réduction l’emploi des jeunes L’offre de formation supérieure la volonté de construire une offre du temps de travail restent balbu- diplômés plutôt devrait encore mieux épouser la de formation continue et d’ensei- tiants. Mais c’est sans doute de ce euphorique, le choix du demande des entreprises au cours gnement à distance, la création ou côté que sont à rechercher des stage est devenu des prochaines années, si l’on en le renforcement de structures de voies d’avenir. stratégique croit les projets de développe- transfert de technologies et de (page XXXI) ment proposés par les universités compétences vers le monde Marie-Béatrice Baudet d’annonces classées dans le cadre du plan « Université économique... et Antoine Reverchon

55e ANNÉE – No 16891 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 18 MAI 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Israël : le sort des urnes, les chances de la paix La guerre du Kosovo b L’élection du premier ministre s’est transformée en duel entre Benyamin Nétanyahou et le travailliste Ehoud Barak b Le chef de l’opposition était donné vainqueur par les sondages b Le scrutin a lieu a L’OTAN dénonce à la veille de la déclaration d’un Etat palestinien et de négociations cruciales pour la paix l’emploi par les Serbes PLUS DE quatre millions d’élec- teurs israéliens se rendaient aux de « boucliers humains » urnes lundi 17 mai pour des élec- tions qui ont pris la forme d’un a duel entre le premier ministre sor- Réunion des Quinze tant, Benyamin Nétanyahou, et le chef de l’opposition travailliste, à Bruxelles en présence Ehoud Barak. Ce dernier était d’Ibrahim Rugova DEREK HUDSON donné vainqueur par tous les ins- tituts de sondage après que le can- didat centriste, Itzhak Modechai, a et le candidat arabe, Azmi Bishara, L’armée yougoslave Cannes a retrouvé se furent retirés en sa faveur. A droite, M. Nétanyahou, le chef du ferme les frontières Likoud, se retrouvait également Marcel Proust seul en lice, l’autre postulant, Ben- du Monténégro LE FILM de Raoul Ruiz, ny Begin, s’étant désisté. Le Temps retrouvé, présenté di- Au pouvoir depuis le printemps a Près de manche 16 mai au Palais des festi- 1996, M. Nétanyahou, le chef de la vals, réconcilie avec le cinéma une droite, a dramatisé à l’extrême les 750 000 Kosovars œuvre littéraire qui n’avait suppor- dernières heures de la campagne. té jusqu’ici que des tentatives sans Il a déclaré qu’une victoire travail- ont fui la province lendemain ou sans réussite. Nos liste mettrait l’existence même ma dans le secteur arabe de Jéru- ciations cruciales entre Israël et Un dernier sondage publié lundi envoyés spéciaux ont aimé aussi d’Israël en péril en installant un salem. Yasser Arafat. Ces dernières par le quotidien Post cré- depuis le 24 mars Tout sur ma mère, mélodrame to- Etat palestinien « aux portes de Tel Les pays arabes, l’Europe et les doivent porter sur le statut défini- ditait M. Barak d’une avance de nique et sans tabous du réalisateur Aviv ». Il a ordonné, dimanche, la Etats-Unis ne cachaient pas leur tif des territoires de Cisjordanie et dix points sur M. Nétanyahou Lire pages 6 et 7, notre espagnol Pedro Almodovar. reprise de travaux gelés depuis préférence pour un gouvernement Gaza, sur celui de Jérusalem, sur le (55 % contre 45 % des suffrages) enquête sur le HCR page 14, plus d’un an sur le site controversé Barak, à la veille de la déclaration sort des implantations et celui des les points de vue page 15 Lire pages 30 à 32 de l’implantation juive de Har Ho- d’un Etat palestinien et de négo- réfugiés palestiniens. Lire pages 2 à 4 et le Kiosque page 34

a Corse : la droite Secrète Cour interpelle M. Jospin Les macabres filières du « marché de la mort » à Rio RIO DE JANEIRO Sa ligne de défense, bâtie en catastrophe durant ses horaires de permanence à l’hôpital L’opposition s’apprête à déposer une de notre correspondant sur le souci charitable « d’abréger les souf- constitue à cet égard la présomption la plus de cassation motion de censure contre la politique du Après avoir récemment salué, en plein ma- frances » de malades en phase terminale, n’a troublante. gouvernement en Corse. p. 8 rasme économique, l’annonce de la prochaine guère résisté aux premiers interrogatoires de D’autant que la « rapacité des croque- AMBIANCE feutrée, déci- mise en chantier du gratte-ciel le plus haut de la police. A ce stade de l’enquête, il est déjà morts » dénoncée pas la presse ne semble pas a sions collectives, traditions la planète (103 étages échelonnés sur acquis que le présumé stakhanoviste du crime se restreindre à la lucrative prise en charge pesantes : le fonctionnement de la 494 mètres) dans le centre de Sao Paulo, la en blouse blanche percevait, de la part de cinq des enterrements. Dans le flot de témoi- Cour de cassation est raconté dans a Boris Eltsine presse brésilienne, friande de superlatifs, spé- entreprises de pompes funèbres, une gnages accablants recueillis par la police et les notre enquête au centre de la plus cule maintenant sur un record mondial de commission sur chaque enterrement négocié reporters, des proches de patients décédés à haute juridiction judiciaire française, reprend l’avantage l’horreur : Edson Izidoro Guimaraes, qua- par ses soins avec les familles des défunts. Sur Salgado Filho font souvent état de cornées dont le rapport annuel est rendu pu- Boris Eltsine sort renforcé après l’échec rante-deux ans, père de famille ordinaire et le « marché de la mort » carioca, a-t-on appris prélevées sans l’autorisation préalable, exigée blic, lundi 17 mai. La « Cour de aide-soignant dur au labeur selon ses voisins à l’occasion, l’accidenté de la route trépassé par la loi, de la famille, et de cicatrices sus- cass’ », mise en cause à l’occasion du de la procédure de destitution engagée et ses collègues de travail, est soupçonné mérite même une prime spéciale : les indem- pectes relevées sur des cadavres sans que le procès du sang contaminé ainsi que contre lui. Sergueï Stepachine pourrait d’avoir provoqué la mort, par débranchement nités versées, sans trop rechigner en pareil personnel de l’hôpital daigne en fournir un par les écrits à caractère antisémite devenir le nouveau premier ministre. p. 5 de respirateurs ou injection létale, de 131 pa- cas, par les compagnies d’assurances locales semblant d’explication. de l’un de ses anciens membres, ap- et notre éditorial p. 17 tients traités ces dernières années à l’hôpital garantissent en effet la solvabilité du client La commissaire chargée du dossier, Marta paraît discrète, voire secrète. Pour municipal Salgado Filho de Rio. désemparé face au cruel aléa du destin. Cavalliere, commence à explorer la piste du certains magistrats, nommés à l’oc- Pris, il y a quelques jours, en flagrant délit Propriétaire d’un confortable appartement trafic d’organes. Eclaboussé par le scandale casion d’alternances politiques, a « Lutter contre d’assassinat à la seringue par une employée en banlieue et de deux voitures, signes ex- de « la mafia des pompes funèbres », le maire après avoir occupé des postes d’au- du service de nettoyage de l’établissement, ce térieurs de richesse incompatibles avec son de Rio, Luiz Paulo Conde, a interdit, quant à torité, la Cour ressemble à un «ci- l’illettrisme » sérieux postulant au gotha international des modeste salaire de 750 reals (3 000 francs, lui, par décret, jeudi 13 mai, la présence des metière des éléphants ». L’institution tueurs en série a avoué cinq meurtres dès son 576 euros), l’infirmier aujourd’hui sous les agents des firmes spécialisées dans les n’en détient pas moins un vaste Le Monde dévoile le contenu du rapport arrestation. Sur recommandation de ses avo- verrous a, sans doute, substantiellement ar- établissements de santé gérés par la munici- pouvoir : contrôler l’application de sur l’illettrisme que Marie-Thérèse Gef- cats, il s’est réfugié, depuis, dans le mutisme rondi ses fins de mois en recourant aux ca- palité. la loi dans tous les domaines. froy (RPR, Rhône) doit remettre à Mar- le plus total en attendant de déposer devant dences infernales. Le nombre anormalement tine Aubry. Un rapport sévère envers le un magistrat instructeur. élevé de décès systématiquement constatés Jean-Jacques Sévilla Lire page 10 Groupement permanent de lutte contre l’illettrisme. p. 11 Le puzzle social de Lionel Jospin L’aventure a Drame à Vauvert LIONEL JOSPIN est-il en train de s’entrechoquer et de poser au pre- Pour une raison de cohérence, tion de la baisse du temps de tra- La violence s’est emparée ce week-end monter, pièce par pièce, un puzzle mier ministre, dans les mois à venir, M. Jospin pouvait difficilement re- vail, il aurait dû expliquer aux Fran- Aventis d’une petite ville du Gard. Bilan : un social dont il ne maîtriserait pas la question de la cohérence de sa prendre l’idée – fortement suggérée çais qu’à l’avenir ils devraient mort et six blessés. p. 11 tous les éléments ? La réforme du politique sociale. On en a eu une par M. Charpin – d’un allongement travailler à la fois moins et plus : système de retraite, la réduction du première illustration, fin avril, avec à quarante-deux ans et demi de la moins sur la semaine, le mois ou temps de travail, la baisse des la publication du rapport du durée de cotisation. Alors qu’il est l’année, afin de créer des emplois ; a Doublé Ferrari charges sociales et la maîtrise des commissaire au Plan, Jean-Michel engagé dans la difficile élaboration mais plus sur le cycle de vie, pour dépenses de santé sont autant de Charpin, sur « l’avenir de nos re- de la seconde loi sur les 35 heures, obtenir des retraites décentes. à Monaco dossiers lourds qui risquent de traites ». qui doit entraîner une généralisa- Il le pouvait d’autant moins que la situation du marché du travail Après un départ fabuleux, Michael Schu- rend impossible, dans les dix pro- macher a remporté sur Ferrari le plus chaines années du moins, un tel al- prestigieux des Grands Prix de formule 1 longement de la durée de vie au travail, en dépit des gains d’espé- devant son coéquipier Eddie Irvine. p. 25 rance de vie. Les jeunes entrent en JEAN-RENÉ FOURTOU moyenne à vingt et un ans sur le marché du travail par la petite LE PDG de Rhône-Poulenc, Jean- a Football : porte des emplois précaires, plus de René Fourtou, et son homologue 80 % des embauches se faisant sur de Hoechst, Jürgen Dormann, des sociétés anonymes des contrats à durée déterminée ou touchent enfin au but. Réunir deux Le groupe socialiste de l’Assemblée doit des missions d’intérim. Les groupes pharmaceutiques, trop « vieux », qui n’ont de vieux que le faibles individuellement, pour en déposer une proposition de loi visant à nom, en sortent prématurément : faire Aventis, un des géants euro- créer des sociétés anonymes sportives moins de 40 % des hommes âgés de péens des sciences de la vie. Il reste professionnelles (SASP) pour les clubs 55 à 64 ans sont encore en activité, à réussir la mise en œuvre de la fu- professionnels. p. 26 l’un des taux les plus faibles d’Eu- sion. Un pari industriel et culturel. rope, et la moitié des retraités seu- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, lement sont passés directement de Lire pages 18 et 19 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; l’emploi à la retraite. Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, Dès lors, on comprend que International ...... 2 Aujourd’hui...... 25 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, M. Jospin ait pris la précaution de 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, France ...... 8 Immobilier/annonces 27 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; souligner, au moment de la remise Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Société...... 10 Météorologie...... 29 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. du rapport Charpin, la nécessité de Carnet...... 12 Jeux...... 29 « reconstruire une société de plein Régions ...... 13 Culture...... 30 emploi ». Horizons ...... 14 Guide culturel ...... 33 Entreprises ...... 18 Kiosque ...... 34 Jean-Michel Bezat Communication ...... 21 Abonnements...... 34 Tableau de bord...... 22 Radio-Télévision...... 35 Lire la suite page 17 LeMonde Job: WMQ1805--0002-0 WAS LMQ1805-2 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0575 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999

PROCHE-ORIENT Les Israéliens assurant le candidat travailliste Ehoud augmenté durant le week-end, avec le sceptiques quant à ses futures posi- sociaux) dans le nouveau Parlement se rendaient aux urnes lundi 17 mai Barak du succès face au chef du gou- retrait des candidats de trois petites tions à leur égard. b LE VOTE À LA b LA VEILLE du scrutin, les premières pour élire leur premier ministre et dé- vernement sortant, Benyamin Néta- listes. b LES PALESTINIENS, comme les devait faire une large place à constructions ont commencé sur le signer les 120 députés de la Knesset nyahou. b LES CHANCES de victoire de pays arabes et occidentaux, espèrent la représentation des intérêts catégo- site de la colonie d’Har Homa, en b LES SONDAGES étaient concordants, M. Barak dès le premier tour avaient une victoire de M. Barak, mais restent riels (religieux, ethniques, régionaux, Cisjordanie. Les élections israéliennes se sont transformées en un duel Barak-Nétanyahou Le chef travailliste et le premier ministre sortant du Likoud restaient seuls en lice pour l’élection directe du chef du gouvernement, après les retraits successifs des trois « petits candidats », l’Arabe israélien Azmi Bishara, le centriste Itzhak Mordehaï et l’ultranationaliste Benny Begin JÉRUSALEM liste Ehoud Barak. Selon les son- tion dont sont victimes les Arabes draient les siennes, il faisait l’objet Menahem Begin l’annonçait et ap- taient ses adversaires : quinze nou- de notre correspondant dages, ce dernier a toutes les d’Israël. « Nous avons présenté au de formidables pressions. Les plus pelait à voter pour sa liste d’Unité veaux jours de campagne avec un C’est, en quelque sorte, une pre- chances de remporter l’épreuve. candidat travailliste quinze points pré- hauts responsables de l’armée et des nationale, qui se maintient pour les Benyamin Nétanyahou acculé ris- mière mondiale : les Israéliens, ap- Lundi, toute la presse israélienne cis qui concernent la population arabe services de sécurité, de hauts diri- élections législatives. M. Begin n’a quaient, craignaient-ils, de conduire pelés aux urnes pour choisir un pre- donnait Ehoud Barak largement de ce pays, a-t-il expliqué. Je suis sûr geants politiques, dont le président pas appelé à voter pour M. Nétanya- aux pires excès. mier ministre vainqueur. que chacun d’eux est acceptable par Ezer Weizman lui-même, ses hou, mais nombre de ses électeurs M. Nétanyahou a réagi en profé- qui aura à af- Le premier retrait est survenu n’importe quel citoyen, juif ou arabe, propres alliés au sein du parti cen- potentiels reporteront logiquement rant à l’encontre de M. Bishara, fronter des dans l’après-midi de samedi, lorsque qu’il vote Likoud ou travailliste. Les re- triste, enfin, ont fait son siège, pour leurs voix dans cette direction. Sa « qui reçoit ses ordres de M. Arafat », échéances poli- le candidat arabe israélien Azmi Bis- présentants de la liste “Israël uni” qu’il se range derrière M. Barak. En candidature témoignait de la ran- des attaques aux connotations fri- tiques cru- hara a annoncé que, dans la mesure – liste d’union conduite par Ehoud s’y résignant in extremis, il a sauvé cœur d’une extrême-droite qui se sant le racisme. Au même moment, ciales, voteront où le candidat travailliste était sus- Barak et le Parti travailliste – nous son éventuel avenir politique. Mais il considère trompée par M. Nétanya- des colons ont investi une nouvelle directement au ceptible de gagner dès le premier ont donné des réponses positives. » a surtout souligné que son initiative hou, à ses yeux encore trop favo- colline en Cisjordanie occupée, où ils deuxième tour tour, il ne voulait pas, en se mainte- avait pour objectif d’éviter les dan- rable aux revendications palesti- ont installé quinze maisons mobiles. sans être pas- nant, prendre le risque d’un second. UN EFFET DOMINO gereuses tensions qui pourraient dé- niennes. Pour les mêmes raisons, et avec le sés par l’étape du premier ! A l’ori- Il n’a pas formellement appelé ses Le Parti travailliste a aussitôt nié couler de quinze jours de campagne Ces trois forfaits, selon toute vrai- feu vert d’un premier ministre qui gine, ce dernier devait avoir lieu le électeurs à voter pour M. Barak, pré- avoir conclu un marché avec M. Bis- supplémentaires. semblance, sonnent le glas des der- devrait avoir quitté le pouvoir dès 17 mai, suivi d’un second tour le cisant seulement qu’il avait reçu de hara en échange de son retrait. Mais Le dernier retrait, celui du candi- niers espoirs du chef du Likoud, le- mercredi, commençait la construc- 1er juin. Le forfait de trois candidats ce dernier l’assurance que ses reven- il est clair que les deux parties se dat d’extrême droite Benny Begin, quel, se reconnaissant en fâcheuse tion de maisons dans la colonie sur cinq l’a rendu inutile. Entre sa- dications seraient prises en considé- sont longuement et souvent ren- n’était plus qu’une question de posture, n’espérait plus qu’un se- d’Har Homa. medi 15 et dimanche 16 mai, Azmi ration. contrées, le Parti travailliste spé- temps. Dimanche, en fin d’après-mi- cond tour pour tenter de se refaire. Bishara, Itzhak Mordehaï et Benny M. Bishara était membre de la culant, quasi ouvertement, sur l’« ef- di, le fils de l’ancien premier ministre C’est précisément ce que redou- Georges Marion Begin ont annoncé qu’ils renon- dernière Knesset, élu sur une liste fet domino » que pouvait générer le çaient, laissant en lice les deux prin- d’union avec le Parti communiste. Il premier retrait. Il n’avait pas tort. Di- cipaux concurrents, le premier mi- se présentait, cette fois, sur une liste manche, le candidat du Parti du nistre sortant Benyamin indépendante pour, disait-il, mieux centre, Itzhak Mordehaï, annonçait Ehoud, héritier spirituel d’Itzhak Nétanyahou et le candidat travail- faire campagne contre la discrimina- qu’il jetait l’éponge, appelant ses électeurs à reporter leurs suffrages PARMI les figures de proue historiques du parti tra- cord ne garantissait pas suffisamment la sécurité d’Is- sur M. Barak. « Il faut changer de vailliste, il serait plus proche d’un Itzhak Rabin – dont raël ? Il n’en a pas moins déclaré, un jour de mars 1998, La construction de la colonie de Har Homa a débuté pouvoir et je pense qu’Ehoud Barak a il est considéré comme le fils spirituel – que d’un Shi- que s’il était « né palestinien », il aurait « probablement les qualités et l’expérience requises mon Pérès ; une « colombe dure » en quelque sorte rejoint une organisation terroriste » pour défendre sa La construction de maisons dans la nouvelle colonie de Har Homa, pour être premier ministre, même si je (l’expression anglaise, « hawkish dove », est encore cause. sur la colline d’Abou Ghneim, à la limite entre Jérusalem-est et la ville connais ses limites », a déclaré le lea- Né Ehoud Brog en 1942, en Palestine, il prit le nom autonome palestinienne de Bethléem, a commencé dimanche 16 mai, der centriste. Ancien ministre de la PORTRAIT de Barak (éclair) lorsqu’il s’engagea dans l’armée, à à 24 heures des élections israéliennes. D’énormes tracteurs ont arra- défense de M. Nétanyahou, qui Cet ancien chef d’état-major, l’âge de 17 ans. Dans ses spots de campagne électorale, ché des arbres pour aplanir des parcelles, et la construction de 150 lo- l’avait limogé en janvier, M. Morde- à la télévision, il est présenté comme le « militaire nu- gements a débuté. Il s’agit d’une première tranche de 1 025 logements, haï ne s’était présenté qu’avec un engagé dans l’armée à 17 ans, méro un, le plus décoré d’Israël ». Ses hauts faits pour un projet qui doit en compter 6 500 au total. seul programme : avoir la peau de offre un visage rassurant d’armes sont complaisamment rappelés, notamment L’appel d’offres pour ces premiers logements avait été lancé en no- son ancien patron, jugé « dange- aux électeurs, hauts faits d’armes à l’appui la prise d’assaut, alors qu’il est jeune colonel, d’un vembre 1998. Début mai, le ministère de l’habitat en a lancé un autre reux » pour la sécurité et l’avenir du avion de la compagnie belge Sabena détourné par un pour la construction d’une seconde tranche de 800 logements. Annon- pays. Il avait affirmé qu’il irait jus- commando palestinien sur Tel-Aviv en 1972. Par un ha- cée en mars 1997, la décision de construire Har Homa avait entraîné qu’au bout. Mais à mesure qu’aug- plus éloquente) : Ehoud Barak, le candidat travailliste sard de l’histoire, l’un de ses subordonnés était alors un blocage durable du processus de paix. Le gouvernement avait en- mentaient les intentions de vote en au poste de premier ministre en Israël, est tenu pour Benyamin Nétanyahou. suite gelé le projet, suscitant la colère de l’extrême droite. – (AFP.) faveur d’Ehoud Barak et que s’effon- intraitable sur les questions de sécurité, mais disposé à C’est encore Ehoud Barak qui, le 10 avril 1973, dégui- échanger des territoires contre la paix avec les Palesti- sé en femme, était à la tête du commando israélien qui niens. assassina trois dirigeants de l’OLP tenus pour respon- C’est en partie pour cela que cet ancien chef d’état- sables de la prise d’otages, près d’un an plus tôt, de on- major de l’armée, élu en juin 1997 à la tête du parti tra- ze athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich. vailliste, peut offrir un visage relativement rassurant M. Barak est parvenu à effacer récemment la seule pour tous ceux des Israéliens qui, insatisfaits de la poli- tâche inquiétante de sa carrière. Un rapport d’un juge tique du premier ministre sortant, Benyamin Nétanya- l’a blanchi d’accusations de la droite qui lui reprochait, hou, veulent garantir qu’un réglement de paix avec les à l’époque où il était chef d’état-major, d’avoir aban- Palestiniens ne se fera pas aux dépens de la sécurité de donné sur le terrain des soldats tués et blessés lors l’Etat hébreu. Ne fut-il pas l’un des rares membres du d’un accident pendant un entraînement. Brillant ma- gouvernement Rabin à s’abstenir, en septembre 1995, thématicien, et fier de l’être, il aime à parler de littéra- sur l’accord dit « Oslo II ou de Taba », conclu avec ture et à prouver ses talents de pianiste. l’OLP pour étendre l’autonomie palestinienne en Cis- jordanie, parce que, précisément, à ses yeux, cet ac- M. Na. Les Palestiniens hésitent entre résignation et espérance BOURKINE (Cisjordanie) c’est un accord sérieux, et pas ce que du Fatah à Gaza, résumant l’avis de notre envoyé spécial l’on a eu à Oslo. » Près de six ans général dans les territoires palesti- On trouve encore sur la route après la signature des accords inté- niens. « Mais tout de même, il vaut des traces des affrontements de sa- rimaires, Bourkine est toujours mieux Barak. Si on garde le même, medi, et la simple vue de plaques sous strict contrôle israélien, c’est toute la région qui serait se- comme l’écrasante majorité de la couée. » Ghazi Hamad, rédacteur REPORTAGE Cisjordanie. en chef d’El Risaleh, l’organe du Les jeunes ont A l’autre bout des territoires pa- Parti de la construction de la dé- lestiniens, à Gaza, on hésite aussi mocratie, n’a pas entendu dans la « les mains qui grattent » entre résignation et espérance. bouche du candidat travailliste de et les pierres « On ne peut pas se contenter de quoi nourrir l’espoir. « Est-ce qu’il a ne manquent pas dire que les juifs sont tous d’affreux critiqué la poursuite de la colonisa- sionistes », assure Iyad Sarraj. Pour tion, les destructions de maisons pa- cet intellectuel indépendant, «il lestiniennes, les confiscations de minéralogiques jaunes, comme faut reconnaître que les travaillistes terres ?, demande-t-il. Alors com- celles des véhicules des colons, suf- ont changé et qu’ils sont prêts à un ment pourrais-je lui faire fit à changer les regards. Mieux compromis. Et d’ailleurs, l’opinion confiance ? » vaut être escorté par des gens d’ici publique israélienne elle aussi a « Sur les questions essentielles quand on croise en voiture les changé, puisqu’elle est maintenant pour les Palestiniens, le statut des jeunes Palestiniens de Bourkine, favorable à un Etat palestinien ». territoires, le sort de Jérusalem, celui près de Naplouse. Ils ont « les Depuis le début de la campagne, des réfugiés, les questions de l’eau, mains qui grattent » et les pierres l’Autorité palestinienne se tait, des frontières, il n’existe pas de dif- ne manquent pas. Samedi 15 mai, mais les clips électoraux du Likoud férences entre le Likoud et les tra- les villageois se sont heurtés aux parlent pour elle. « Yasser Arafat, vaillistes, ce sont les faits », assure militaires israéliens. Il y a eu trois Fayçal Husseini [le responsable de Mahmoud Ajrami, du Front démo- blessés parmi les manifestants, qui la Maison d’Orient, bureau offi- cratique pour la libération de la Pa- protestaient contre l’arrivée de cieux de l’OLP à Jérusalem-Est], lestine. « On peut rêver en se disant quinze nouvelles caravanes près de Ahmed Tibi [le conseiller arabe is- que Barak peut être différent de Né- la colonie d’Alei Zahav, à 1 kilo- raélien du chef de l’OLP], votent tanyahou, mais je ne peux tout de mètre du village. tous pour Barak ! », ont-ils martelé. même pas me dire éternellement : La campagne électorale israé- Barak dit ceci ou cela, mais unique- lienne n’a pas ralenti les extensions PAS DE PARTENAIRE IDÉAL ment pour ne pas effrayer les Israé- des colonies de Cisjordanie, bien Que l’Autorité souhaite la dé- liens!» au contraire. Fébrilement, les co- faite de Benyamin Nétanyahou, Les avis convergent sur un seul lons ont multiplié les installations personne n’en doute. M. Arafat point : avec Ehoud Barak, la vie sauvages en « Judée-Samarie », s’est astreint au silence pour ne pas quotidienne s’améliorera sans avec la bienveillance des autorités. gêner Ehoud Barak, et aussi parce doute un peu. « Il débloquera cer- Azim Sabra, membre du Fatah, que ce dernier ne se présente pas tainement plus facilement des dos- n’attend pas monts et merveilles comme un partenaire idéal. Ancien siers comme le passage entre Gaza des élections de ce lundi : « Que ce opposant aux accords d’Oslo, sa et la Cisjordanie, ou bien le projet du soit Barak ou Nétanyahou, les cara- conception du dialogue israélo- port de Gaza. Mais après ? », de- vanes, elles, resteront. » Pour le mi- arabe semble bien plus étriquée mande Mahmoud Ajrami. Après, litant palestinien, le candidat tra- que celle d’un Shimon Pérès. Ehoud Barak devra prouver à ses vailliste et le premier ministre « C’est vrai que le peu qu’il a dit à détracteurs qu’il ne se contentera sortant ne sont pourtant pas « les propos du processus de paix n’est pas d’ajouter « un peu de miel au deux faces de la même médaille ». pas très différent des propos de Né- poison administré jusqu’à présent « Pour nous, mieux vaut Barak », as- tanyahou. C’est vrai aussi qu’il a l’air par Benyamin Nétanyahou ». sure-t-il. Son ami Eid Mahmoud têtu comme une mule », constate n’est pas d’accord : « L’essentiel, Diab Nemer Allouh, porte-parole Gilles Paris LeMonde Job: WMQ1805--0003-0 WAS LMQ1805-3 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0576 Lcp: 700 CMYK

LES ÉLECTIONS EN ISRAËL LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 3

Positionnement des principaux partis et coalitions aux élections de la Knesset

SELON LES DEUX GRANDES LIGNES DE FRACTURE DE LA SOCIÉTÉ ISRAÉLIENNE RELIGIEUX Sans angélisme, Arabes, Américains YAHADOUT HATORAH (ashkénazes, SHASS ultraorthodoxes) (séfarades, ultraorthodoxes) et Européens veulent la victoire de M. Barak PARTI NATIONAL Bloc de la foi RELIGIEUX (dissidents PNR) HEROUT MEIMAD MOLEDET (religieux Sa marge de manœuvre, s’il est élu, dépendra beaucoup de sa majorité progressistes) NON-INGÉRENCE dans les af- créé par M. Nétanyahou empoison- larité ne ferait que grandir s’il pro-

) ISRAËL UNI s faires intérieures d’un autre pays nait tout », selon l’expression d’un cédait, comme chacun le prévoit,

e NATIONALISTES vy d é ra L oblige : aucun gouvernement n’a intellectuel palestinien. Le candidat aux redéploiements programmés fa id GUESHERé v LISTE (s a dit son soulagement lorsque, fin dé- travailliste est également jugé ras- de l’armée israélienne en Cisjorda- D ARABE 3e VOIE cembre, le gouvernement israélien surant quant à la mise en applica- nie. Les mêmes s’inquiètent de cer- (sécuritaires) « RUSSES » UNIE tion des accords d’Oslo – conclus tains thèmes droitiers de la cam- TRAVAILLISTES PARTI Lieber- DU CENTRE mann sous la houlette de ses prédéces- pagne du candidat travailliste et Barak Mordehaï ANALYSE LIKOUD Nétanyahou seurs Itzhak Rabin et Shimon Pérès attendent d’avoir la preuve que le Certains Palestiniens à la tête du Parti travailliste –, Barak élu ne sera pas le même que s’inquiètent déjà des même s’il ne bénéficie pas du le Barak candidat. Et puis, font-ils « RUSSES » thèmes droitiers de la même crédit que ses illustres pré- remarquer, en admettant que le PRO-ÉTAT PALESTINIEN Chtcharanski décesseurs. Les chances de voir re- président Bill Clinton s’engage à campagne travailliste prendre les pourparlers avec la Sy- fond dans la relance du processus HADASH (communistes) rie et son pupille le Liban sont, elles de paix comme il l’a promis, son MERETZ annonçait l’organisation d’élections aussi, jugées meilleures. temps est compté – un an avant (gauche TSOMET générales anticipées. Ils n’en pen- que ne s’engage la campagne élec- BALAD « pacifiste ») SHINOUÏ (laïques ultra- saient pas moins, qu’ils soient POUR UN ÉTAT PALESTINIEN torale américaine, au cours de la- (arabes (laïques) nationalistes) antisionistes) arabes, européens ou américain Et puis Ehoud Barak est à la tête quelle il ne faut rien attendre. – pour ne parler que des plus direc- d’un parti dont la grande majorité Or c’est approximativement au LAÏQUES tement concernés par le processus est jugée favorable à la paix, et qui bout d’un tel délai que les choses de paix israélo-arabe. n’a pas hésité, en mai 1996, en guise devraient se corser et qu’un bor- En tout cas, depuis l’annonce du de bonne manière à l’égard de l’Au- dage américain, voire international, scrutin anticipé, le temps a suspen- torité palestinienne – qui venait s’avérera essentiel pour que le pro- Le scrutin pour la Knesset est dominé du son vol dans la région, si l’on ex- d’abroger les articles de la Charte cessus de paix israélo-palestinien clut les « conseils » prodigués par- de l’OLP impliquant la destruction arrive à son terme. Les questions tout dans le monde à M. Arafat de l’Etat d’Israël –, à se dire favo- clés de Jérusalem, des réfugiés, de par les identités et les valeurs « tribales » pour qu’il reporte son projet de rable à la création d’un Etat palesti- l’avenir des colonies de peuple- proclamer l’Etat palestinien le nien ; même si c’était fait du bout ment, que les accords d’Oslo n’ont « VOTE TRIBAL » : l’expression ashkénaze pur jus, le leader du Li- de l’ex-URSS sont la seule réelle 4 mai, date à laquelle auraient dû des lèvres et si le concept d’Etat re- traitées ni de près ni de loin et que est désormais entrée de plain-pied koud n’a pas manqué d’exploiter « ethnie » présente en tant que prendre fin les négociations sur le couvre des définitions diverses et l’on peut classer sous la rubrique dans le vocabulaire des polito- le filon. telle dans ce scrutin. Quatre partis statut définitif des territoires pales- variées, rappelle un diplomate eu- des compromis territoriaux défini- logues israéliens. « Vote tribal », en Un nouveau «WASP» israélien briguent leurs voix, les deux princi- tiniens. L’un des arguments massue ropéen. Certains pensent enfin – ou tifs, devront en effet être réglées. référence aux douze tribus d’Israël, – par analogie avec l’élite améri- paux étant celui, historique, de qui sous-tendaient ces « conseils » veulent se persuader – qu’un éven- Sur tous ces sujets, le discours des qui se seraient comme démulti- caine des White Anglo-saxon Protes- l’ex-« refuznik » Nathan Chtcha- était précisément de ne pas favori- tuel succès de M. Barak serait porté travaillistes n’a pas été, jusqu’à pliées au gré des multiples lignes tants [protestants blancs anglo- ranski (Israël Ba’alya, laïque de ser la réélection de Benyamin Néta- par un tel consensus américano- maintenant, différent de celui du Li- de fracture de la société : entre saxons] – a récemment émergé : le centre-droit) et le parti de l’ancien nyahou. arabo-européen qu’une véritable koud. Jusqu’où pourront-ils aller juifs et Arabes, ashkénazes et séfa- White Ashkenazi Sympathetic to Pa- chef de cabinet de M. Nétanyahou, C’est que, depuis qu’il est arrivé dynamique s’enclencherait, qui ne concrètement, et quel est le seuil en rades, religieux et laïques, parti- lestinians [Ashkénaze blanc pro-Pa- le très controversé et ultranationa- au pouvoir en juin 1996, l’actuel pourrait qu’aboutir à une paix véri- deçà duquel l’Autorité palesti- sans de concessions en faveur de la lestinien]. Attention : l’expression liste . Selon premier ministre a réussi à découra- table. nienne ne saurait aller, sont des paix et « sécuritaires » – pour peut induire en erreur. Certes, les les enquêtes, le « vote russe » ger même ceux qui ont voulu le cré- D’autres, Palestiniens surtout, questions jusqu’à maintenant sans n’évoquer que les plus flagrantes – laïques pacifistes et les quelques est très largement acquis à ces diter de l’ambition historique d’être craignent que ce consensus quasi réponse. sans compter les particularismes religieux progressistes se recrutent formations. l’artisan de la paix avec les voisins euphorique, essentiellement fondé Quoi qu’il en soit, tout le monde « ethniques » ou catégoriels. Sur plus dans l’élite intellectuelle ou arabes d’Israël. sur la satisfaction de voir M. Néta- s’accorde à penser que la marge de les 32 listes présentes à l’élection branchée, majoritairement ashké- b LES ARABES D’ISRAËL. Ces Rien ne garantissait alors – moins nyahou écarté du pouvoir, n’ait manœuvre du futur premier mi- législative, 23 défendent des inté- naze, mais beaucoup de sympathi- Palestiniens, restés dans le pays encore qu’aujourd’hui – que M. Né- pour effet une relance des pressions nistre israélien dépendra de sa ma- rêts identitaires non directement sants du Bloc de la foi (partisans après sa création, représentent au- tanyahou ne serait pas reconduit sur les Palestiniens, pour qu’ils ac- jorité parlementaire. Réponse aux politiques : religieux, ethniques, ré- religieux du Grand Israël, dont les jourd’hui 17 % de l’électorat. Leurs dans ses fonctions. Mais dès lors ceptent tout ce que proposerait un premières heures du mardi 18 mai. gionaux, sociaux ou autres, qui dirigeants sont presque tous ash- voix se répartissent entre le Parti que le jeu s’ouvrait enfin en Israël premier ministre israélien, accueilli sont, la plupart du temps, exclusifs kénazes) s’illustrent dans les start- communiste (qui a historiquement cette sorte de résignation générali- comme un sauveur et dont la popu- Mouna Naïm les uns des autres et suscitent des up et les milieux internautes. Et représenté leurs intérêts natio- sée à avoir M. Nétanyahou pour in- tensions exacerbées. Passage en re- Baroukh Goldstein, l’assassin naux, par absence d’alternative na- terlocuteur pour toute la durée de vue des principales « tribus » et de d’Hébron, médecin, religieux et ve- tionaliste légale), un parti de no- son mandat a commencé à se dissi- leur(s) identification(s) partisane nu des Etats-Unis, n’était pas exac- tables allié aux islamistes (la Liste per. Son principal rival, le candidat (s). tement un « schwarz ». arabe unie) et la liste Balad, ani- travailliste Ehoud Barak, étant, à mée par Azmi Bishara, un brillant tort ou à raison, crédité d’une vo- b LES SÉFARADES. Ce sont les b LES RELIGIEUX. Depuis intellectuel « palestino-israélien » lonté de faire aboutir les négocia- juifs originaires des pays musul- trente ans, leur poids politique et qui prône la « désionisation » d’Is- tions de paix, un certain espoir était mans et du bassin méditerranéen. leur influence sociale se sont consi- raël. Travaillistes, Likoud et même à nouveau permis. Surnom péjoratif dont les quali- dérablement renforcés. Leur élec- religieux récoltent traditionnelle- Sans angélisme toutefois, tant il fient certains Israéliens d’extrac- torat se divise en trois blocs dont la ment des voix arabes, marginale- est vrai que l’évolution des choses tion européenne : les « schwarz » « fiabilité », le jour J, pour chacun ment apportées par certains ne dépend pas uniquement de la [« noirs »]. Depuis la création de d’eux, est pratiquement sans faille. grands clans qui y trouvent leur personnalité et de l’appartenance l’Etat hébreu, diverses tentatives Le plus puissant est celui du Shass compte. politique du premier ministre, mais ont cherché à donner une identité (dix sièges dans la Knesset sor- aussi de la majorité dont il dispose- politique à ces citoyens, qui se tante) précédemment décrit. Le b LES PETITES TRIBUS. Elles ra à la Knesset ; tant il est vrai aussi vivent souvent comme de « se- deuxième, le Judaïsme unifié de la sont innombrables, et plusieurs que les questions les plus difficiles conde zone ». Aucune n’a durable- Thora (quatre sièges), regroupe la pourraient causer la surprise. Il en restent à régler, qu’il s’agisse de Jé- ment réussi. plupart des courants de l’ortho- est ainsi de la liste menée par l’ex- rusalem, du sort des réfugiés pales- Le Shass (acronyme d’« Organi- doxie originaire d’Europe centrale. starlette Pnina Rosemblum, qui a tiniens ou de celui des colonies de sation mondiale des séfarades ob- Politiquement, ces deux partis dé- très simplement intitulé sa forma- peuplement israéliennes en terri- servant la Thora ») y est parvenu : fendent beaucoup plus les intérêts tion... « Pnina Rosemblum ». Son toire palestinien. il possède aujourd’hui un très puis- catégoriels de leurs mandants credo : la défense des droits de la Schématiquement, ce qui est re- sant réseau associatif, éducatif et qu’ils n’adoptent une position femme. Les sondages la créditent proché à M. Nétanyahou tient en caritatif. Bien que d’essence ultra- tranchée sur la question palesti- d’un ou deux sièges. Autre force ceci : en près de trois ans, l’applica- orthodoxe, ce parti attire à lui, nienne (de peu d’intérêt à leurs montante, Force aux retraités, qui, tion de l’accord intérimaire israélo- avec un degré d’identification et de yeux). comme son nom l’indique, dé- palestinien d’Oslo n’a pratiquement discipline électorale rarement at- Le Parti national religieux (PNR, nonce la dégradation du pouvoir pas avancé, en dépit des promesses teint, une population souvent plus neuf sièges) constitue un courant d’achat des personnes âgées. Déjà et engagements du premier mi- traditionaliste que profondément plus moderniste, mais aussi beau- présente, la Troisième Voie, dont le nistre israélien – « impossible de lui religieuse, mais d’abord convain- coup plus politique. Une partie des message essentiel est la défense faire confiance, il n’a pas arrêté de cue que les séfarades sont les dés- ultranationalistes du Bloc de la foi, des colons du Golan, devrait se re- mentir », dit un diplomate arabe – hérités historiques du sionisme. qui l’ont beaucoup influencé, l’ont trouver dans la nouvelle Knesset. et malgré deux protocoles ou mé- Son chef politique, Arié Déri, sou- aujourd’hui abandonné pour re- Certaines listes constituent des morandums d’exécution (d’Hébron tient fermement M. Nétanyahou. joindre le Parti d’union nationale lobbies hyper-particularistes, tels en janvier 1997 et de Wye River en Mais son chef spirituel, le rabbin de Benny Begin, adversaire de tout Lev (Cœur), défenseur des intérêts octobre 1998) et l’implication active Ovadia Yossef, a souvent rappelé retrait des territoires palestiniens, des juifs originaires du Caucase et des Etats-Unis. La construction de que la préservation de la vie hu- et de Rehavaam Zéévi (partisan du de Boukhara, ou le Parti progres- colonies de peuplement – l’agran- maine l’emporte sur la terre du « transfert » des Palestiniens hors siste du centre, représentant des dissement de celles qui existent, a Grand Israël. Quant au fond, pour des frontières). « Roumains ». D’autres sont plus toujours protesté M. Nétanyahou – ses membres, Dieu et les œuvres Une petite frange du judaïsme folkloriques encore, comme celles n’a jamais autant prospéré et les du Shass sont à l’évidence plus im- religieux (Meimad), enfin, prône des partisans de la dépénalisation actes de « provocation » à Jérusa- portants que l’Etat et la politique des valeurs plus tolérantes, y de la marijuana ou du Parti du casi- lem se sont multipliés. Quant aux locale. Une attitude qui autorise compris sur la question palesti- no, qui milite pour la légalisation pourparlers israélo-syriens et israé- toutes les alliances opportunes. nienne, et s’est associée aux tra- des jeux en Israël, afin de concur- lo-libanais, arrêtés au prin- Deux autres mouvements, le vaillistes. rencer le casino ouvert par les Pa- temps 1996, ils n’ont pas connu Guecher, allié aux travaillistes et lestiniens à Jéricho. Sans compter l’ombre d’un début de commence- dirigé par David Lévy (d’origine b LES LAÏQUES. Après avoir le Parti régionaliste du désert du ment de reprise. marocaine) et le Parti du centre longtemps cru leur lutte contre Néguev, celui du Droit des d’Itzhak Mordehaï (originaire du l’influence religieuse irrémédiable- hommes dans la famille et celui de SOMBRES PERSPECTIVES Kurdistan irakien), peuvent espérer ment perdue, les voilà qui re- la Loi de la nature, qui propose à Si donc, en dépit des derniers bénéficier, marginalement, du naissent, surfant sur une vague de tous de se convertir à la méditation sondages qui le donnent vaincu, « vote séfarade ». ras-le-bol contre l’intolérance ul- transcendantale. Moins fortunées, M. Nétanyahou est reconduit dans tra-orthodoxe. Ceux-là votent une pléiade d’autres petites tribus ses fonctions de premier ministre, b LES ASHKÉNAZES. Ces juifs souvent travailliste, ou pour le Me- n’ont pu présenter leur liste. les perspectives paraissent historiquement issus de l’émigra- retz, qui allie laïcité et soutien à la Editorialiste du quotidien Haa- sombres. Même si l’impétrant, ne tion d’Europe centrale et orientale paix avec les Palestiniens. On au- retz, Hannah Kim écrivait récem- bénéficiant pas d’une bonne majo- ne constituent pas une « tribu » re- rait cependant tort d’assimiler à la ment : « Ces dernières années, nous rité, devra composer avec d’autres vendiquée, mais plutôt, par défaut, gauche l’hostilité à l’intolérance re- avons franchi le fossé qui sépare le forces, y compris le Parti travailliste. une « tribu » identifiée par les ligieuse. Le parti laïque le plus pluralisme politique du fractionne- Le pessimisme des Palestiniens et autres. Pour beaucoup, en Israël, agressif, Shinouï (Changement), se ment. Le pluralisme est éclairant, de certains diplomates arabes est ashkénaze signifie membre de situe au centre-droit. Quant à l’ul- positif, démocratique. Le fractionne- tel, dans ce cas de figure, qu’ils l’élite qui régente le pays depuis tranationaliste Tsomet (Carrefour), ment montre l’absence de liens qui n’excluent pas une grave exacerba- cinquante ans. Récemment, il a fait de la vindicte contre les unissent une société. » On estime tion des tensions inter-israéliennes, lorsque la comédienne Tiki Dayan « hommes en noir » son fonds de que la prochaine Knesset sera, qui se répercuterait négativement (elle-même d’origine syrienne...) a commerce. pour plus de la moitié, constituée sur le processus de paix et un regain tancé l’« assafsouf » [la « popu- de députés représentant les inté- de violence israélo-palestinienne. lace »] qui s’agite autour de Benya- b LES « RUSSES ». Avec leurs rêts spécifiques de l’une ou l’autre De quoi est crédité M. Barak ? min Nétanyahou, de très nom- journaux en russe et leurs réseaux des diverses tribus. D’abord d’un meilleur état d’esprit, breux séfarades se sont immé- extrêmement actifs, les 900 000 de meilleures dispositions, « ce qui diatement sentis visés. Pourtant juifs immigrés depuis 1989 des pays Sylvain Cypel est très important parce que le climat LeMonde Job: WMQ1805--0004-0 WAS LMQ1805-4 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0577 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 LES ÉLECTIONS EN ISRAËL Benyamin Nétanyahou : l’homme qui manipulait la peur Devenu premier ministre en jouant sur les inquiétudes de ses concitoyens, il affronte plus difficilement l’épreuve du pouvoir

JÉRUSALEM durant la campagne électorale, de notre correspondant barbouillant ses affiches d’un nez Si Benyamin Nétanyahou devait de Pinocchio, appendice nasal qui perdre les élections qui ont s’allonge lorsque son propriétaire commencé ce 17 mai, il devrait profère un mensonge. d’abord s’en prendre à sa réputa- C’est désormais un fait acquis : tion de menteur. « Il l’est tellement qu’on l’accepte, au nom des inté- que même le contraire de ce qu’il rêts supérieurs du pays, ou qu’on dit est un mensonge », affirme un le dénonce, M. Nétanyahou passe bon mot d’origine locale. Habile, pour un menteur, ce qui n’est ja- « Bibi » Nétanyahou l’était assuré- mais très bon lorsqu’on cherche à ment lorsqu’en 1996 il sut exploiter convaincre les électeurs de la qua- à son profit les peurs que suscita lité de ses convictions. un processus de paix peut-être L’homme, pourtant, n’en trop rapide pour les angoisses is- manque pas, en dépit de ses ma- raéliennes et juives. En acquit-il nœuvres ondoyantes qui l’ont trop de confiance ? Disant une souvent fait passer pour un oppor- chose et son contraire, donnant sa tuniste, prêt à enfourcher le pre- parole et, l’instant d’après, assu- mier cheval utile. C’était une er- rant n’avoir jamais rien promis, il a reur d’analyse. Benyamin bientôt franchi la fragile barrière Nétanyahou, nationaliste intransi-

qui sépare l’homme d’Etat retors geant, penche à l’extrême droite, ZIV KOREN/SYGMA du politicien ficelle. comme son père, Benzion Néta- Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, en meeting de campagne le 13 janvier à Natanya. Son image et, au-delà, son statut nyahou, professeur d’histoire, spé- de premier personnage d’Israël en cialiste reconnu de l’Inquisition es- encore plus dense que le sien. ment que lui, le fils de famille ash- repris ses études, décroche une li- campagne, montre aussi à quel ont été profondémment affectés. pagnole et, surtout, idéologue du En 1963, en compagnie de son kénaze né avec une cuillère cence en architecture et une maî- point il a su comprendre les senti- Les négociateurs palestiniens qui « révisionnisme », cette aile ultra épouse et de ses deux fils, Jona- d’argent dans la bouche, a suscité trise en administration des affaires ments de ses concitoyens, puis participèrent aux négociations de du sionisme. La méfiance et le mé- than et Benyamin, né en Israël en parmi les couches séfarades les au prestigieux Massachusetts Ins- capter leurs incertitudes à son pro- Wye River en octobre 1998, pris à l’égard des Arabes sont tels 1949, il émigra aux Etats-Unis, où il plus modestes et les plus margina- titute of Technology. Un petit pas- fit. comme l’entourage du président chez le vieux professeur que son avait déjà passé toute la guerre. Le lisées de la population. sage par Harvard, où il s’initie à la Paradoxalement, son accession à Clinton, ne sont pas les derniers à fils, plus réservé, en passerait journaliste Ari Shavit, qui, en 1996, C’est à Philadelphie qu’il vivra science politique et le voilà bientôt la tête du gouvernement l’a raconter d’édifiantes anecdotes presque pour gauchiste. Dans un a longuement interviewé Benya- ses années de collège, s’impré- dans la vie active, cadre auprès condamné. Il était impensable que qui illustrent ce qu’ils considèrent entretien accordé, en septembre min Nétanyahou, note que, gnant de la mentalité locale, de la d’une entreprise d’ameublement. la tension et la mobilisation comme le trait psychologique 1998, au quotidien , M. Né- comme son père, celui qui n’était culture et de la langue qui, des an- C’est son père qui, au début des restent ce qu’elles avaient été du- marquant du personnage. Quant tanyahou père estime cependant premier ministre que depuis quel- nées plus tard, lui vaudront le so- années 80, le présente à Moshe rant les quelque huit mois qui sé- aux président égyptien Moubarak, que ce dernier lui doit beaucoup : ques mois, « a eu à combattre, briquet de « Bibi l’Américain ». Il a Arens, alors ambassadeur d’Israël parèrent l’assassinat d’Itzhak Ra- il n’en parle jamais autrement « D’un point de vue idéologique, il a presque seul, la bêtise des élites diri- presque dix-huit ans lorsqu’éclate à Washington. Entre les deux bin de son remplacement par qu’en disant « le menteur ». hérité pas mal de choses de la mai- geantes avant, finalement, de réus- la guerre de six jours. Son frère Jo- hommes le contact passe rapide- Benyamin Nétanyahou. Petit à pe- Pis, la même épithète monte des son ; il a lu pas mal de bons bou- sir à percer ». Seul contre tous : nathan, revenu au pays pour y ment. Moshe Arens, qui sera un tit, la fièvre retomba et le nouveau rangs de sa famille politique, pas quins qu’il y a trouvés. » Benyamin Nétanyahou, parfois faire son service militaire, y sera jour son ministre de la défense, est premier ministre dut faire face à la toujours tendre avec les méthodes Idéologue intraitable et soupe- avec vision, plus souvent avec un blessé. Lui ne reviendra que quel- aussitôt séduit par ce jeune réalité du pouvoir, aux contradic- parfois déroutantes du premier au-lait, le vieux professeur ne par- entêtement désastreux, jouera ques mois plus tard, bientôt suivi homme qui connaît si bien le tions internes d’une majorité hété- ministre. Le vieil Itzhak Shamir, vint jamais à se faire accepter par souvent le rôle de l’outsider mé- par le troisième frère, Iddo. monde de Washington. La carrière rogène, aux engagements pris par qui lui mit le pied à l’étrier lorsqu’il l’establishment universitaire israé- prisé – par les élites, par l’esta- Comme son frère aîné, « Bibi » politique de Benyamin Nétanya- ses prédécesseurs, aux contraintes était lui-même premier ministre, lien, peu sensible à ses convictions blishment, par le système, par la rejoint l’armée et, bientôt aussi, les ne l’appella pas autremement en extrémistes, ni par les politiciens presse, etc.–, dans lequel les ex- commandos du Sayeret Matkal, recevant Le Monde il y a quelques d’extrême-droite, dont Menahem clus de tous bords aiment se re- troupes d’élite qui, sous les ordres En 1996, la victoire de M. Nétanyahou semaines. Et c’est aussi sur ce Begin, qui se méfiait de ce censeur connaître. Ici sans doute réside directs de l’état-major, constituent trait-là qu’insistèrent ses ennemis aux idées coulées dans un béton l’origine du paradoxal attache- la branche « action » des services contre un parti travailliste auréolé de la mort spéciaux d’Israël. Il en est membre lorsque le 28 décembre 1968, en de son martyr, Itzhak Rabin, montre à quel représailles aux attaques palesti- niennes contre les avions israé- point il a su comprendre les sentiments liens, son unité débarque sur l’aé- rodrome de Beyrouth, où elle fait de ses concitoyens, puis capter sauter treize avions de ligne ap- partenant majoritairement à la leurs incertitudes à son profit compagnie libanaise Middle East Airlines. Trois ans et demi plus tard, le hou commence. D’abord bras internationales, à la lente évolu- 9 mai 1972, il est de l’équipe qui droit de l’ambassadeur, il décroche tion de ses concitoyens, comme délivre les passagers d’un avion de bientôt le siège de représentant is- apaisés après le drame. En dépit la Sabena détourné entre Bruxelles raélien à l’ONU, lorsque son men- des promesses faites aux secteurs et Tel-Aviv par des Palestiniens de tor devient ministre des affaires les plus ultras, il dut en rabattre, le Septembre noir. L’assaut, au cours étrangères. Il restera aux Nations dissimuler, revenir en arrière, cé- duquel deux pirates de l’air sont unies quatre ans, où son bagout de der enfin. tués, est dirigé par... Ehoud Barak. diplomate élevé à l’américaine fait A ce petit jeu, on perd sur tous Bibi est blessé à la main par l’un de merveille auprès de CNN. La res- les tableaux. Le 21 décembre 1998, ses camarades, dont l’arme part ponsabilité lui vaudra aussi d’être près de deux ans avant le terme accidentellement. Des années plus désigné candidat du Likoud à normal de la législature, il tombait. tard, alors qu’Ehoud Barak et Be- l’élection législative de 1988. Elu Durant cinq mois d’une campagne nyamin Nétanyahou s’affrontent député, il devient bientôt, à trente- qui n’ont pas réussi à faire remon- pour la direction du pays, quel- neuf ans, vice-ministre des affaires ter sa cote, M. Nétanyahou a été ques confidences douteuses, mais étrangères, responsabilité précoce férocement attaqué par la presse, bien dirigées, laisseront entendre comparable à celle dont est investi ses adversaires, nombre de ses an- que le premier est responsable de Ehoud Barak qui, au même âge, a ciens amis. Jamais il n’a semblé la blessure du second, pour n’avoir décroché sa première étoile de gé- aussi seul, incapable de mordre sur pas convenablement maîtrisé son néral. l’opinion publique, méfiant à plan, ni doté ses hommes de l’ar- On le verra encore sur le devant l’égard de son entourage, menant mement adéquat. La justice, saisie, de la scène, porte-parole du pre- campagne avec pour seul collabo- tranchera après les élections. mier ministre Itzhak Shamir, lors- rateur de confiance son épouse, au D’autres opérations suivront, au qu’est lancée, le 30 octobre 1991, la caractère instable, brusquement Liban, sur lesquelles personne, au- conférence de Madrid, où Israé- investie de la responsabilité de dé- jourd’hui encore, n’a donné de dé- liens et Palestiniens tentent une finir les slogans de la bataille. tails. A la fin de l’année 1972, Bibi première approche de la paix. L’appel à la peur et la provoca- Nétanyahou quitte l’armée. Il re- Mais son véritable envol vient de tion qui lui avaient si bien réussi prendra brièvement l’uniforme en la défaite de son parti aux élec- en 1996, n’ont, cette fois, pas fait octobre 1973, durant la guerre de tions de juin 1992, lorsque Itzhak recette. La tentative, quelques Kippour, puis quittera définitive- Rabin remplace Itzhak Shamir à la jours seulement avant le scrutin, ment l’armée avec le grade de ca- tête du gouvernement. Quelques de faire fermer la Maison d’Orient, pitaine. Resté dans les comman- mois plus tard, le 25 mars 1993, il à Jérusalem-Est, au motif que ses dos spéciaux, son frère aîné, prend d’assaut le Likoud, dont il activités étaient en contradiction Jonathan, tombera à Entebbe, en est élu président. Son style brutal avec la souveraineté israélienne juillet 1976, à la tête de l’unité de et machiste plaît ; son savoir-faire sur la Ville Sainte, s’est trouvée choc venue spectaculairement dé- médiatique touche une cible ta- fermement contrecarrée par un livrer les otages de l’Airbus d’Air raudée par la peur, les doutes dans ministre de la police peu désireux France, détourné par un groupe l’avenir, les attentats palestiniens de voir la Cisjordanie s’enflammer palestinien du FPLP (Front popu- qui se multiplient. pour le seul bénéfice électoral de laire de libération de la Palestine), Jusqu’à son élection comme pre- son patron. Lorsque cet obstacle a avec l’aide de la Fraction armée mier ministre, le 29 mai 1996, il été contourné, c’est la Cour su- rouge allemande. Un jour, le culte donnera le meilleur de lui-même, prême qui est intervenue, comme du héros mort dans des cir- en phase avec ses troupes, leader si tout le monde s’était donné le constances tragiques et glorieuses populiste jamais en retard d’une mot pour l’empêcher de nuire. poussera son frère à créer une fon- déclaration démagogique, d’une Le 17 mai, les électeurs diront si dation destinée à lutter contre le aggressivité verbale contre cette les années Nétanyahou auront été terrorisme. Il écrira aussi quelques gauche qui, en traitant avec l’« en- plus qu’une parenthèse politique. livres qui ne révolutionneront pas nemi » palestinien, prend à re- Sa victoire est peu probable, mais le sujet. brousse-poil les convictions les ne peut être écartée. S’il devait Pour l’heure, Benyamin re- mieux assises du pays. Ses déclara- être réélu, alors que la prochaine tourne aux Etats-Unis où il tions enflammées – on le lui repro- Knesset s’annonce encore plus commence sa réelle vie d’adulte. chera – ne sont pas étrangères à la morcelée que la précédente, per- A-t-il alors caressé l’idée de s’y ins- nervosité qui a saisi le pays et, à sonne ne sait comment il pourrait taller définitivement, de changer terme, armé le bras de l’assassin former une majorité, gouverner et son nom et d’y prendre la nationa- d’Itzhak Rabin. Mais sa victoire réussir ce qu’il a si magistralement lité américaine, comme l’affirment contre un Parti travailliste auréolé raté. des commentateurs qui ne de la mort de son martyr, et donné comptent pas parmi ses amis ? Il a largement vainqueur en début de Georges Marion LeMonde Job: WMQ1805--0005-0 WAS LMQ1805-5 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0578 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 5

Boris Eltsine reprend l’avantage Tony Blair exige un gouvernement après l’échec de l’« impeachment » nord-irlandais autonome d’ici au 30 juin Confirmation probable de son candidat au poste de premier ministre Un nouvel échec de cet ultimatum conduirait probablement, Boris Eltsine sort renforcé de la bataille que l’opposi- Stepachine, le candidat du président, pourrait devenir de source proche des négociateurs, à une remise à plat tion avait engagée contre lui en tentant depuis des le nouveau premier ministre dès le 19 mai. (Lire aussi mois d’ouvrir une procédure de destitution. Sergueï notre éditorial page 17.) de l’accord historique dit du « vendredi saint » MOSCOU trahi la Russie ». Viktor Ilioukhine, De cette bombe, les députés, LONDRES républicains, rétorque que les ac- nouvelle tentative à Londres avec de nos correspondants l’homme qui mena durant des déjà engagés dans la préparation de notre correspondant cords signés ne font aucunement toutes les parties. Apparemment Boris Eltsine a emporté une mois l’accusation dénonçant «les des élections législatives de dé- « Définitive » et donc théorique- du désarmement de ses amis un sans plus de succès, les loyalistes première manche décisive dans la juifs de l’entourage présidentiel » cembre 1999, ne veulent pas. C’est ment inéluctable, la date du préalable à la formation du « gou- de David Trimble s’étant refusés le bataille frontale qu’il a engagée tout occupés à « défendre les inté- pourquoi plusieurs responsables 30 juin fixée, vendredi 14 mai, par vernement » autonome et qu’en jour suivant à entériner l’approche avec le Parlement russe en limo- rêts d’un petit groupe mafieux », ont évoqué dimanche la possible Tony Blair aux protagonistes tout état de cause ces mêmes ac- contournante préconisée au 10, geant, le 12 mai, son premier mi- s’est consolé en notant qu’une investiture, dès le premier tour, de nord-irlandais pour qu’ils ré- cords ne l’obligent qu’à « user de Downing Street. L’idée de Tony nistre Evgueni Primakov. C’est de majorité absolue était réunie sur Sergueï Stepachine. «Si je solvent une fois pour toutes leurs son influence » pour obtenir le re- Blair selon laquelle la commission l’hôpital central du Kremlin, où il les cinq charges. Dans les couloirs comprends bien, les députés n’ont différends, forment leur gouver- trait des armes de l’IRA d’ici juin sur le désarmement des groupes était pour « consultation », same- de la Douma, le chef du parti pas une forte allergie » à son en- nement autonome et permettent 2000. paramilitaires dirigée par le géné- di 15 mai, que le président a ap- d’extrême droite, Vladimir Jiri- contre, a estimé Guennadi Selez- enfin à Londres de procéder à la ral canadien John de Chastelin pris l’échec de la procédure de novski, qui s’était opposé à la des- nev, président communiste de la dévolution de pouvoirs prévue par pourrait dresser seule, et sans destitution lancée il y a dix mois titution, rayonnait : « Nous conti- Douma. Le libéral Boris Nemtsov, les accords du 10 avril 1998, a Les protagonistes avoir à justifier sa décision, la liste par les communistes de la Douma nuerons à nettoyer le pays des qui estimait impossible, jeudi der- toutes les apparences d’un ultima- des parties ayant « progressé » (chambre basse du Parlement). La rouges. » nier, l’investiture de M. Stepa- tum. Sauf qu’il s’agit de la troi- s’opposent toujours dans la voie du désarmement − ce deuxième manche se déroulera, chine, est maintenant persuadé sième « date limite » fixée depuis qui ouvrirait la voie à leur admis- mercredi 19 mai, lorsque les dépu- RUPTURE AVEC M. LOUJKOV que « la Douma le confirmera ». treize mois et que le bureau du sur la question sion à l’exécutif − est acceptée par tés se prononceront sur l’investi- Si les communistes, les agra- Tout comme M. Ryjkov qui ex- premier ministre se refuse à préci- les républicains mais pas par les ture du candidat Sergueï Stepa- riens et les députés de Pouvoir du plique que le nouveau gouverne- ser ce qui arriverait au cas où cette du désarmement formations protestantes. « Nous chine au poste de premier peuple ont voté pour la destitu- ment « sera temporaire et tech- dernière subirait le sort des deux réservons notre décision », a dit ministre. tion, des défections ont été enre- nique », dans l’attente de précédentes, à savoir l’oubli... de l’IRA M. Trimble. « Notre position, selon L’échec de l’« impeachment », gistrées au sein du groupe réfor- l’élection – prévue en juin 2 000 – Loi du genre pour tous les pro- laquelle il doit y avoir désarmement une arme brandie durant des mois mateur Iabloko et un absentéisme du successeur de Boris Eltsine. cessus de paix enclenchés sur la avant toute formation de l’exécutif, par la majorité nationalo-commu- inhabituel a été remarqué. Seule- Depuis trois jours, M. Stepa- base d’une certaine « ambiguïté En clair, on tourne en rond de- n’est pas changée et ne changera niste de la Douma, a inversé le ment 348 parlementaires ont pris chine a multiplié les signes de constructive », Tony Blair se re- puis des mois autour d’une ques- pas. » rapport de forces en faveur du un bulletin de vote, certains l’in- bonne volonté à l’adresse des dé- fuse bien entendu à envisager pu- tion d’autant moins d’actualité, Rien ne sera probablement joué Kremlin. Samedi, aucun des cinq validant ensuite volontairement. putés. Expliquant que « l’ossature bliquement un nouvel échec qui selon les républicains, que l’IRA, avant les élections européennes chefs d’accusation retenus contre Les fidèles du maire de Moscou, du gouvernement ne changera conduirait probablement, de comme d’ailleurs tous les princi- du 10 juin, David Trimble ne sou- le chef de l’Etat n’a rassemblé les Iouri Loujkov, ont soutenu les pas », que la politique de M. Pri- source proche des négociateurs, à paux groupes paramilitaires pro- haitant pas prêter le flanc, en 300 voix nécessaires (sur 450) à cinq charges démontrant ainsi la makov sera non seulement pour- une remise à plat de l’accord his- testants, n’utilisent plus ses armes pleine campagne, aux accusations l’ouverture de la procédure. L’ac- rupture consommée avec Boris suivie, mais « intensifiée ». torique dit du « vendredi saint ». depuis le cessez-le-feu de 1997. de trahison périodiquement lan- cusation de « destruction de Eltsine. M. Stepachine a aussi précisé Celui-ci prévoyait initialement la « Trust the rust », « Faites confiance cées par ses extrémistes et ceux, l’Union soviétique » a recueilli Mais le président russe a repris que son gouvernement n’intégre- formation d’un exécutif nord-ir- à la rouille », dit-on à Belfast. Mais plus virulents encore, de Ian Pais- 239 voix, l’« assaut contre le Parle- la main, les menaces répétées de rait pas de « figures odieuses », landais autonome, biconfession- les unionistes ne l’entendent pas ley. Vingt jours plus tard − d’où la ment en 1993 » a obtenu 263 suf- dissolution de la Douma et d’élec- c’est-à-dire inacceptables par la nel et multipartite entre nationa- de cette oreille et réclament la date limite choisie par M. Blair −, frages, le « génocide contre le tions législatives anticipées sont Douma, comme les libéraux Egor listes, républicains, loyalistes et preuve matérielle que l’IRA a irré- l’Ecosse et le pays de Galles qui peuple russe » 238, la « destruc- redoutées par les parlementaires. Gaïdar ou Anatoli Tchoubaïs. Plu- unionistes pour le 10 mars 1999. médiablement renoncé à la vio- viennent de voter pour leurs pre- tion » du complexe militaro-in- « Il est évident que Boris Eltsine est sieurs gouverneurs et M. Loujkov Mais ces derniers, dont le leader lence. Confrontés à cette impasse, mières Assemblées autonomes, dustriel et de l’armée 241. Enfin dangereux », a d’ailleurs expliqué ont, ce week-end, apporté leur protestant David Trimble est ap- Tony Blair et son homologue ir- recevront leurs pouvoirs de l’accusation concernant le « dé- Vladimir Ryjkov, président du soutien à M. Stepachine. Ce fidèle pelé à devenir le chef de l’exécutif landais, Bertie Ahern, avaient pas- Londres. Et l’Irlande du Nord, qui clenchement de la guerre de Tché- groupe Notre maison la Russie du président, qui se présente autonome en tant que patron du sé une vingtaine d’heures d’affilée, devait être la première à bénéficier tchénie », la seule qui était sus- (NDR), parti qui soutient pour- comme « un quadragénaire réfor- principal parti d’Ulster, se refusent début avril à Belfast, pour de la dévolution, entrera au même ceptible de réunir la majorité des tant le Kremlin. Le président « est mateur », pourrait ainsi devenir le à siéger au « gouvernement » avec convaincre les protagonistes de moment dans la dangereuse deux tiers (Le Monde du 16 mai), a une bombe nucléaire qui peut ex- quatrième premier ministre de les républicains du Sinn Fein tant faire preuve d’un peu de flexibili- période annuelle des marches et obtenu 283 voix. ploser à tout moment, comme l’a Boris Eltsine en quatorze mois. que la branche militaire de cette té. Sans succès. des défilés, toujours propices aux Le visage défait, Guennadi montré le renvoi, sans aucun motif, formation, l’IRA provisoire, n’aura Les deux premiers ministres violences sectaires... Ziouganov, chef du Parti commu- du gouvernement Primakov », a-t- François Bonnet pas commencé à rendre ses armes. partenaires ont refait, vendredi niste, s’en est pris à ceux « qui ont il ajouté. et Agathe Duparc A quoi Gerry Adams, chef des 14 mai pendant dix heures, une Patrice Claude LeMonde Job: WMQ1805--0006-0 WAS LMQ1805-6 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0579 Lcp: 700 CMYK

6 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 L’OTAN CONTRE LA SERBIE Kosovo : l’OTAN dénonce les « boucliers humains », mais sans « preuve formelle » Les consultations diplomatiques se poursuivent entre Russes et Occidentaux. Ibrahim Rugova, le leader kosovar modéré, et le président monténégrin Milo Djukanovic devaient participer, lundi à Bruxelles, à une réunion des ministres des affaires étrangères des Quinze L’OTAN a mené peu de raids aériens dans la encore intensifier ses bombardements sur avec une insistance croissante ce week-end dizaines de victimes civiles. « Nous pré- vons que les boucliers humains constituent nuit de dimanche 16 à lundi 17 mai. Selon la Yougoslavie malgré le risque de tuer des la possibilité que des « boucliers humains » voyons d’intensifier la campagne aé- un danger bien réel partout au Kosovo », les informations disponibles, Belgrade a civils albanais du Kosovo qui pourraient, aient été employés par les forces serbes à rienne », a déclaré à Tirana le commandant mais « nous avons une grande confiance connu une nuit tranquille. L’Alliance a selon elle, être utilisés comme « boucliers Korisa, un village du Kosovo où un bom- suprême des forces alliées en Europe, le gé- dans notre processus d’établissement des pourtant annoncé, dimanche, qu’elle allait humains ». Les Occidentaux ont évoqué bardement de l’OTAN a fait, vendredi, des néral américain Wesley Clark. « Nous sa- cibles », a affirmé le général Clark.

« NOUS continuerons à attaquer que, depuis la décision du libérés, a déclaré dimanche un rencontrer, lundi, le président fin- une trêve de 48 heures dans les à la défense William Cohen. « En- la machine militaire de Milosevic commandement suprême de l’ar- porte-parole du Pentagone. landais, Marrti Ahtisaari, et, mer- bombardements sur la Yougo- viron 100 000 homme en âge de se jusqu’à ce qu’il cède », ont averti mée d’entamer un retrait, annon- « Nous mettons au point les dé- credi, le secrétaire général de slavie pour permettre « à la diplo- battre ont disparu », a-t-il dit sur la secrétaire d’Etat américaine, cée le 10 mai, les forces de l’OTAN tails ; ils seront très prochainement l’OTAN, Javier Solana. Mardi, matie de déployer ses initiatives en la chaîne de télévision CBS. « Ils Madeleine Albright, et le secré- ont « soudain intensifié leur cam- libérés », a déclaré le porte-pa- M. Ahtisaari recevra l’envoyé spé- vue d’une solution politique ». ont pu être assassinés », a-t-il taire au Foreign Office, Robin pagne aérienne d’environ 50 % ». role, Glenn Flood. cial russe pour la Yougoslavie, b Une mission exploratoire ajouté. « Nous avons des informa- Cook, dans un article conjoint pu- « Cela étant, il nous est claire- b Sur le plan diplomatique, Viktor Tchernomyrdine, et le se- des Nations unies, la première tions selon lesquelles 4 600 (d’entre blié, dimanche 16 mai, par le Was- ment impossible de poursuivre les les Occidentaux multiplient leurs crétaire d’Etat adjoint américain, du genre depuis le début des eux) ont été exécutés. Mais je pense hington Post. Cela étant, le Penta- regroupements d’unités prévus en efforts pour un règlement de la Strobe Talbott. Le ministre grec frappes de l’OTAN en Yougo- que ce chiffre est bien plus élevé gone pense que le temps presse vue d’un retrait partiel de l’armée crise du Kosovo. Le chancelier al- des affaires étrangères, Georges slavie, est arrivée dimanche à Bel- que cela », a-t-il affirmé. dans le conflit en Yougoslavie, et et des forces de police », a-t-il lemand Gerhard Schröder devait Papandréou, a appelé dimanche à grade pour évaluer les besoins b Plus de 800 nouveaux réfu- que la seule façon de gagner la ajouté. Pourtant « l’armée yougo- humanitaires et ceux nécessaires giés du Kosovo ont traversé, di- guerre est d’envoyer des troupes slave applique sa décision (...) de à la reconstruction et la réhabili- manche, le principal poste-fron- au sol, a indiqué dimanche l’heb- façon graduelle, en fonction de la « Restez au Kosovo et vous ferez face tation du pays. Elle étudiera plus tière entre le Kosovo et la domadaire Newsweek. Il y a plu- situation au Kosovo, de retirer une particulièrement les problèmes Macédoine, à Blace, soit le plus sieurs semaines, l’état-major a partie de ses unités », a assuré le à une mort certaine », assure l’OTAN aux soldats serbes des personnes déplacées au Koso- grand nombre d’arrivées depuis le écrit au secrétaire américain à la colonel Novkovic. « Il est évident vo, a indiqué le chef de la mission, 5 mai, a indiqué le Haut-Commis- défense, William Cohen, « expli- que l’OTAN, qui insiste pour obte- « Restez au Kosovo et vous ferez face à une mort certaine ! », assure l’un des Sergio Vieira de Mello, chargé des sariat des Nations unies pour les quant que seules des troupes au sol nir un retrait de la police et de l’ar- 30 millions de tracts lâchés par des avions de l’OTAN sur les troupes serbes. questions humanitaires au sein de réfugiés (HCR) qui précise que garantiraient la réalisation des ob- mée (...) fait tout son possible pour Dessiné sur le tract, un hélicoptère Apache piquant droit sur un char. Depuis l’ONU. Les autorités yougoslaves quelque 748 400 Kosovars ont fui jectifs du gouvernement [au Koso- l’empêcher », a estimé l’officier. leur arrivée en Albanie, le 21 avril, aucun Apache n’est encore intervenu en ont assuré que « la mission pour- en Albanie, en Bosnie, en Macé- vo] », selon le magazine. L’OTAN et les Occidentaux ont opérations. L’armée de terre américaine n’est pas favorable à son emploi et rait visiter tous les endroits où elle a doine et au Monténégro depuis le b L’armée et la police yougo- affirmé n’avoir aucun indice Bill Clinton n’a pas donné son feu vert. « Ne m’attendez pas, insiste encore le demandé à se rendre », selon 24 mars, début des bombarde- slaves continuent leur retrait concret d’un tel retrait, accusant tract. Plus de 13 000 membres de l’armée yougoslave ont déjà quitté les forces M. de Mello. ments de l’OTAN en Yougoslavie. partiel du Kosovo, mais vont même Belgrade de regrouper ses serbes, car ils ne veulent plus répondre aux ordres illégaux donnés par Milosevic b Quelque 100 000 hommes Au total 915 402 réfugiés, soit en- l’adapter à « l’intensification » des forces. contre les civils au Kosovo. Abandonnez votre unité et votre équipement, et partez d’origine albanaise en âge de viron la moitié de la population raids aériens de l’OTAN, a déclaré b Deux soldats serbes, faits du Kosovo. » « Si vous choisissez de rester, l’OTAN vous attaquera à regret de combattre ont disparu au Kosovo du Kosovo, ont fui cette province dimanche un porte-parole de l’ar- prisonniers par l’Armée de libéra- toutes parts. C’est à vous de choisir », conclut le tract. Dès le début des raids, et pourraient avoir été tués par serbe depuis le début de la crise, il mée à Belgrade. Le colonel Mili- tion du Kosovo et remis à l’armée l’OTAN a largué des tracts de propagande et diffusé, depuis son avion les forces yougoslaves, a déclaré y a près de quinze mois, a indiqué voje Novkovic a assuré à la presse américaine en Albanie, vont être Commando Solo, des programmes de radio et de télévision. – (Reuters.) dimanche le secrétaire américain le HCR. L’Alliance rappelle à Bruxelles « Après les bombardements, les Serbes qu’« il n’y a pas de conflit sans son lot d’accidents » nous ont laissés partir... » BRUXELLES claré, lors d’une visite des troupes « J’estime que Milosevic et ses l’OTAN, le général allemand, Wal- BLACE (Macédoine) de passer par les fenêtres pour mon- de notre correspondant en Albanie : « Nous savons que les troupes ne se sont fixé aucune limite ter Jertz, s’est attaché pour sa part de notre envoyé spécial ter dedans », raconte Chamil Is- Le bombardement, dans la nuit boucliers humains constituent un dans l’utilisation des réfugiés comme à rassurer les autorités italiennes, Près de mille réfugiés ont fran- maili, trente-sept ans, qui a passé de jeudi 13 à vendredi 14 mai, danger bien réel au Kosovo. Mais boucliers humains », a déclaré inquiètes après les accidents subis chi, samedi 15 et dimanche 16 mai, plus de vingt jours dans la forêt d’une ferme dans la localité de Ko- nous avons une grande confiance en M. Cohen. « Se lamenter, comme le par des pêcheurs de l’Adriatique la frontière entre le Kosovo et la avec sa femme et ses quatre en- risa, au Kosovo, continue à faire notre processus d’établissement des font les Serbes, sur la mort des réfu- qui ont ramené dans leurs filets Macédoine, fermée « de fait » de- fants. l’objet d’une polémique entre cibles et nous prévoyons d’intensifier giés est aussi inconvenant que si des bombes larguées dans la mer puis le 6 mai, et les responsables Aussitôt descendus du train à l’OTAN et les autorités de Bel- la campagne aérienne afin d’at- Adolf Eichmann s’était plaint du par des avions de l’OTAN n’ayant des organisations humanitaires es- Blace, les réfugiés ont été emme- grade. Selon les responsables mili- teindre de manière encore plus effi- bombardement des fours créma- pu les utiliser sur le terrain (lire timent que le flux va s’accélérer nés en autocars dans le camp de taires de l’Alliance, cette ferme cace les forces au sol. » toires par l’aviation alliée », a-t-il page 7). dans les jours qui viennent. « Tout Cegrane, au sud-ouest de Skopje. était une « cible militaire légitime » poursuivi, avant de dénoncer «les Cinq zones de largage ont été le monde croyait que la frontière Samedi, une très nette tension car elle abritait du matériel mili- « LARMES DE CROCODILE » larmes de crocodiles versées par les déterminées, a indiqué le général était fermée mais quand ils ont ap- était réapparue entre les respon- taire et un poste de commande- William Cohen, secrétaire améri- auteurs de crimes de masse ». Dans Jertz : « Quand c’est possible, des pris, par les télévisions-satellites, sables humanitaires et les autori- ment de l’armée yougoslave ; les cain à la défense s’est attaché, le même registre, Jamie Shea a navires vont y récupérer les bombes que ce n’était pas le cas, ils se sont tés macédoniennes. L’armée avait Serbes affirment que ce bâtiment pour sa part, à contrer l’intense stigmatisé le président yougoslave lâchées. Les pilotes ne peuvent pas se précipités », raconte un cadre du ainsi empêché une équipe de Mé- ne servait que d’abri à des réfugiés propagande de Belgrade, qui uti- en le comparant à un « alcoolique poser avec leur bombes, car elles Haut-Commissariat des Nations decins du monde d’apporter de la regagnant leur village. Le bilan des lise l’accident de Korisa pour dé- qui rendrait un producteur de whis- pourraient exploser à l’atterris- unies pour les réfugiés (HCR). «Le nourriture dans un village, près de victimes s’élève, selon Belgrade, à noncer les « crimes délibérés de ky responsable des malheurs qui lui sage. » train était tout petit, et nous étions la frontière, qui accueille de nom- 87 morts et 78 blessés. l’OTAN » contre les populations ci- arrivent ». tellement nombreux à vouloir le breux réfugiés. De même, les poli- Plusieurs responsables des pays viles, en Serbie et au Kosovo. Le porte-parole militaire de Luc Rosenzweig prendre que nous avons été obligés ciers macédoniens n’avaient pas de l’Alliance, à Bruxelles, à autorisé des organisations huma- Londres, à Washington et à Bonn, nitaires à donner de l’eau aux réfu- ont évoqué, au cours du week-end, giés qui, sous un soleil de plomb, la possibilité que ces victimes aient attendaient dans les autocars. En été utilisés comme boucliers hu- revanche, dimanche, les choses se mains pour protéger des sites mili- « L’esprit chevaleresque des soldats yougoslaves » sont mieux passées. « Chaque jour, taires. « Nous avons des informa- DIMANCHE 16 MAI, le journal télévisé a par l’agresseur, selon lesquelles les organes de de 100 morts, « on a tiré non seulement sur nous devons reconquérir des droits tions selon lesquelles des civils ont donné des extraits d’une conférence de l’état-major de nos forces armées se trouvent des gens qui portaient dans leur cœur le désir que nous avions l’impression d’avoir servi dans le passé de boucliers hu- presse tenue au nom de « la direction de la dans l’Académie de médecine militaire », le légitime de rentrer dans leurs villages mais acquis », soupirait un médecin mains sous un pont le 13 mai, et que République fédérale de Yougoslavie [RFY] et colonel Novkovic a démenti « énergiquement aussi sur les efforts et les décisions du gouver- français. des véhicules militaires ont été mêlés du commandement suprême de l’armée ». De- ces mensonses éhontés » et il a rejeté « toute nement fédéral et républicain visant à norma- Ces derniers temps, plusieurs ré- à dessein à des convois civils »,a dé- puis « les premiers jours de l’agression de idée que les organes de l’état-major des forces liser la vie au Kosovo, résoudre les problèmes fugiés ont pu raconter comment claré Jamie Shea, le porte-parole l’OTAN, a-t-on expliqué, nos efforts résolus de armées de la RFY puissent, par quelque acte humanitaires et permettre le retour des gens ils avaient été utilisés comme bou- civil de l’OTAN. Tout en déplorant défense et nos sacrifices sont orientés vers une que ce soit, menacer la sécurité de personnes dans leurs foyers ». Elle a donc conclu que cliers humains par les Serbes pour cette « bavure », M. Shea a indiqué solution politique juste et honorable de la crise malades et blessées (...)La machine de propa- ceux qui, avec « leur bombes, avaient causé protéger des sites stratégiques. «A qu’« il n’y a pas de conflit sans son au Kosovo et une paix durable dans les Bal- gande de l’agresseur ignore grossièrement et, un grand exode essayent à présent, à nouveau six heures du matin, les Serbes sont lot d’accidents », laissant entendre kans ». de toute évidence, ne connaît pas l’esprit che- à l’aide de bombes, de déterminer le moment venus dans ma maison et nous ont que d’autres réfugiés pourraient Le chef du service de presse de l’état-ma- valeresque des soldats yougoslaves et le où les réfugiés rentreront dans leurs maisons ». obligés à les suivre jusqu’à la cen- être victimes de bombardements jor, le colonel Milivoje Novkovic, a déclaré comportement traditionnellement humain en- Enfin, le général de division Nebojsa Pav- trale thermique Kosovo B à Obiliq, au cours des opérations aériennes qu’un des obstacles à toute solution venait vers les blessés et les malades (...) Ceux qui le kovic, qui a reçu la plaquette d’argent de Nous y sommes restés jusqu’à une à venir. Pour le cas de Korisa, Jamie de l’OTAN puisque « Les forces agressives ont savent n’insinueraient jamais que l’état-major l’Association des anciens combattants, a te- heure de l’après-midi », raconte Shea a néanmoins reconnu qu’il intensifié les opérations aériennes sur la RFY d’une armée victorieuse dans les guerres bal- nu a assurer à la télévision « le commandant Afrim, vingt-deux ans. Témoi- n’y avait pas de « preuve formelle » et, surtout, sur le territoire du Kosovo, à la kaniques et lors des deux guerres mondiales suprême que les membres de la 3e armée gnage conforté par celui d’Avdul, que les réfugiés albanais aient été suite de la décision du commandement su- puisse s’installer dans un hôpital militaire ». considèrent que leurs vies n’auront aucune va- quarante-deux ans, qui, avec les forcés à servir de protection aux prême, le 9 mai, de retirer une partie des uni- Bratislava Morina, commissaire de la Ré- leur si nous ne défendons pas notre patrie, si vingt personnes de sa famille, a été soldats de Belgrade. tés de l’armée et de la police – ce qui empêche publique pour les réfugiés, donne une autre nous ne préservons pas notre liberté et si notre mis dans un bus pour être aussi De son côté, le général Wesley objectivement la réalisation de cette déci- raison empêchant toute avancée vers la solu- peuple n’est pas heureux ». transporté jusqu’à Kosovo B, où il Clark, commandant suprême des sion ». tion du conflit : à l’occasion du bombarde- est resté une dizaine d’heures. forces de l’Alliance en Europe a dé- Concernant les « informations présentées ment du village de Korisa, qui aurait fait près Hector Forest Pour « protéger » l’aéroport mi- litaire de Slatina, les Serbes au- raient, selon un autre réfugié, En- ver Strella, bloqué de nombreuses Les pays d’Europe du Nord restent méfiants à l’égard de l’organisation atlantique personnes dans une maison proche des pistes. « Ils nous ont en- STOCKHOLM ajoute ce commentateur, très écou- deux pays nordiques, une majorité pour un pays qui, comme la Suède, mate qualifie toutefois de « signe de tassés à l’étage. En dessous, ils de notre correspondant té sur les questions de politique de la population estime néanmoins veut coopérer avec l’Alliance dans la réalisme » la décision du gouverne- avaient mis des armes antiaériennes en Europe du Nord étrangère et de sécurité. Certains que les bombardements sont justi- gestion des crises », estime M. Mell- ment d’abandonner le concept de et un tank. Quand les bombarde- « Les premières réactions dans journaux, notamment, fiés. bourn. « défense indépendante » comme ments de l’OTAN ont été terminés, l’opinion ont été négatives », commencent à s’interroger sur la Le premier ministre suédois, le « fondement » de la politique du ils nous ont laissés partir ». constate Max Jakobson, ancien di- logique de la doctrine finlandaise, SITUATION DÉLICATE social-démocrate Göran Persson, pays en la matière. Ce terme a été plomate finlandais et partisan au moment où les droits de L’opération « Force alliée » a pla- s’en est tiré jusqu’à présent par une remplacé par « capacité de défense José-Alain Fralon d’une adhésion de son pays à l’homme sont bafoués de l’autre cé les gouvernements de Stock- pirouette en se félicitant qu’il n’y ait crédible ». Un changement qui a été l’OTAN. Les bombardements, par côté de l’Europe. holm et d’Helsinki dans une situa- plus de débat sur l’adhésion du interprété comme un indice d’un l’Alliance, d’un « petit pays indépen- En Suède, adepte de la même po- tion délicate. Fervents « onusiens » pays à l’Alliance. « A long terme », il éventuel ralliement futur de la Fin- dant », la République fédérale de litique de « non-alliance militaire » par tradition, il leur faut au- sera important pour la Suède d’en lande à l’OTAN. « C’est infondé », Yougoslavie, ont « marqué les es- que sa voisine, le conflit a égale- jourd’hui tenter de convaincre leurs faire partie, pour « influer sur les dé- affirme-t-on au ministère des af- prits », dit-il, et « les gens n’ont pas ment nui à la popularité de l’OTAN. opinions publiques de la « nécessi- cisions », a rétorqué Carl Bildt, le faires étrangères. « La non-alliance immédiatement fait le lien entre ces De 32 % en janvier 1999, les opi- té » de l’opération, lancée pourtant chef de l’opposition et aujourd’hui sert au mieux la sécurité du pays et la opérations et les horreurs commises nions favorables à l’adhésion du sans mandat des Nations unies. envoyé spécial du secrétaire géné- stabilité en Europe du Nord », plaide par les Serbes ». Le soutien à l’en- pays sont passées à 26 %. Le camp Pourquoi ? Parce que les deux pays ral de l’ONU dans les Balkans. Jaakko Blomberg, sous-secrétaire trée du pays neutre dans l’organisa- des opposants s’est renforcé (52 %). nordiques ont entamé un rappro- En Finlande, « il n’y a pas de vo- d’Etat. A Helsinki comme à Stock- tion militaire s’en est ressenti : il a « C’est la première fois que l’OTAN chement sensible avec l’OTAN. Pas lonté politique aujourd’hui pour pro- holm, on prend garde en effet à ne légèrement baissé – à 25 % – selon est en guerre. En outre, elle ne gagne question pour eux de participer à voquer un débat de fond sur l’adhé- pas prendre d’initiatives qui éloi- un sondage publié récemment, les pas comme elle l’aurait souhaité », ses opérations offensives. Mais ils sion », note M. Jakobson. gneraient la Russie voisine du reste opposants, eux, étant majoritaires commente Anders Mellbourn, di- sont désireux de prendre part aux Nombreux sont ceux qui estiment de l’Europe. Surtout en cette avec 51 %. « Je pense que ça peut recteur de l’Institut de politique efforts de maintien de la paix, leur sécurité mieux garantie depuis période de crise dans les Balkans. avoir évolué un peu depuis, les points étrangère de Stockholm, pour ex- comme en Bosnie. Or « l’exemple l’entrée du pays dans l’Union euro- de vue étant devenus plus élaborés », pliquer cette tendance. Dans les donné au Kosovo n’est pas concluant péenne, en 1995. L’ancien diplo- Antoine Jacob LeMonde Job: WMQ1805--0007-0 WAS LMQ1805-7 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0580 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN CONTRE LA SERBIE LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 7 Un délégué du CICR enlevé dans le Caucase MOSCOU. Un délégué néo-zélandais du Comité international de la Croix-Rouge, Geraldo Cruz Ribeiro, âgé de cinquante-cinq ans, a été enlevé à Naltchik, la capitale de la République de Kabardino-Balkarie (Fédération de Russie), ont indiqué le ministère de l’intérieur de la ré- gion et le CICR à Genève. Le représentant du CICR, en déplacement professionnel, a été enlevé, samedi 15 mai, par des inconnus qui l’ont contraint de monter dans une voiture. L’alerte a été donnée par une employée locale de la Croix-Rouge enlevée en même temps que le Néo-Zélandais puis libérée. Le CICR a suspendu toutes ses activités dans la région. La sous-déléga- tion de Naltchik, qui comprend neuf expatriés et quatre-vingts em- ployés locaux, menait des activités d’assistance humanitaire, en coopé- ration avec les comités locaux de la Croix-Rouge, dans l’ensemble de la région du Nord-Caucase. – (AFP, Reuters.)

EUROPE a SLOVAQUIE : Rudolf Schuster, le candidat de la coalition gou- vernementale, a frôlé la victoire au premier tour de l’élection pré- sidentielle, samedi 15 mai. Avec 47,4 % des voix, il devance l’ex-premier ministre national-populiste Vladimir Meciar (37,2 % des suffrages). M. Schuster est quasiment assuré de la victoire au second tour, le 29 mai. La candidate Magda Vasaryova (6,6 % des voix), proche de la L’armée yougoslave renforce sa pression au Monténégro coalition, a appelé à faire obstacle à M. Meciar. – (Corresp.) MAGHREB a TUNISIE : le procès de maître Radhia Nasraoui et de dix-neuf Les récentes visites en Europe du président Djukanovic semblent avoir exaspéré Belgrade autres inculpés – dont une majorité d’étudiants – a été reporté au sa- medi 19 juin. La chambre correctionnelle du tribunal de première ins- PODGORICA en Croatie. Les militaires y ont déjà monténégrine a stoppé les cars sui- Ce face-à-face police-armée, tance de Tunis a justifié sa décision, samedi 15 mai, par l’absence des de notre envoyée spéciale fait une démonstration de force vants pour leur éviter de tomber comme les rumeurs de putsch, 3 jeunes femmes inculpées dans l’affaire. Selon différents témoignages, Arrestations de dizaines de réfu- lors du dernier passage de M. Dju- entre les mains de l’armée. sont permanents au Monténégro elles se trouvaient dans les sous-sols du palais de justice et c’est sciem- giés du Kosovo, fermeture de kanovic, protégé par des membres Depuis dix jours, pourtant, l’ar- depuis l’élection de Milo Djuka- ment qu’elles n’ont pas été présentées devant la cour par les autorités. postes-frontières et mouvements des forces spéciales de la police mée avait cessé de harceler les cars novic, en 1997, contre le protégé Une vingtaine d’avocats et d’observateurs étrangers, des représentants de troupes divers : l’armée yougo- mises sur pied depuis deux ans qui venaient de Rozaje, ville d’en- de Slobodan Milosevic. L’armée du corps diplomatique de pays occidentaux, avaient fait le déplace- slave a renforcé, dimanche 16 mai, pour faire contrepoids à l’armée fi- trée des déportés du Kosovo. Elles serait-elle cette fois-ci plus mena- ment dans la salle d’audience où s’étaient massées plusieurs centaines la pression qu’elle exerce sporadi- dèle à Slobodan Milosevic. Di- les laissait partir sans problèmes çante ? « Rien n’est plus dangeu- de personnes. Par ailleurs, l’opposant Omar Mestir, qui avait été arrêté quement, depuis le 24 mars, contre manche, des journalistes étrangers vers l’Albanie, alors même que cer- reux qu’un tigre blessé », disent en milieu de semaine dernière, a été relâché vingt-quatre heures plus le gouvernement prooccidental du y ont été refoulés. L’armée s’est tains véhicules ne transportaient des Monténégrins qui, comme tard par la police tout comme douze syndicalistes (le Monde du 15 mai). Monténégro. aussi installée aux trois passages que des hommes, probablement leur président, vivent dans l’at- a ALGÉRIE : les six anciens candidats qui s’étaient retirés à la veille La protection qu’il accorde aux frontaliers vers la République serbe encadrés par l’UCK. Il était de l’in- tente de la chute du dictateur de de l’élection présidentielle du 15 avril pour protester contre les fraudes, opposants belgradois, de même de Bosnie et aurait arrêté des You- térêt des militaires de voir des Belgrade. Mais nul doute que ont signé, vendredi 14 mai, un « manifeste des libertés pour la démocra- que les visites en Europe, la se- goslaves en âge d’être mobilisés. « terroristes » quitter la RFY, sans M. Djukanovic a reçu, en Europe, tie ». Quoique très éloignés politiquement les uns des autres, les six ex- maine dernière, de Milo Djukano- Mais c’est à l’unique poste-fron- avoir à s’en « occuper ». des conseils de modération, en présidentiables affirment que « l’inexistence des libertés, la négation des vic, président de ce petit Etat, tière vers l’Albanie que ce durcisse- contrepoint de promesses d’aides. mécanismes démocratiques et le mépris de la volonté populaire [em- membre rétif de la République fé- ment a eu, dès samedi, les consé- INCURSION MUSCLÉE L’heure n’est pas aux initiatives pêchent] toute perspective de sortie de l’impasse politique et sécuritaire dérale de Yougoslavie (RFY), ont quences les plus sérieuses. L’armée Un groupe de « paramilitaires » visant à faire naître un nouvel actuelle ». Ils appellent à débattre afin de « dégager les moyens paci- suscité la colère de Belgrade et de y a non seulement empêché le pas- serbes a fait, en outre, une in- Etat indépendant dans les Bal- fiques pour mettre en échec toute velléité de soumettre par la force la so- l’opposition monténégrine, qui ré- sage de cars transportant des réfu- cursion musclée, dimanche, dans le kans, même si le Monténégro est ciété à un ordre totalitaire ». clame la destitution du chef de giés du Kosovo en transit au Mon- bourg de montagne de Rozaje, encouragé à y jouer le rôle d’un l’Etat. Accusé de trahison pour ses ténégro, mais en a fait descendre peuplé de Slaves musulmans. Des tremplin démocratique pour PROCHE-ORIENT rencontres « avec l’ennemi » en Al- au moins vingt-cinq hommes, qui dizaines d’entre eux se sont ras- l’après-guerre. En témoigne la vi- a KOWEÏT : le gouvernement koweïtien a accordé, dimanche lemagne, en Autriche et en France, ont été arrêtés. « Il y a des rumeurs semblés devant le poste de police, site commune en Allemagne de 16 mai, le droit de vote et d’éligibilité aux femmes, a annoncé l’agence M. Djukanovic est néanmoins déci- selon lesquelles certains ont été relâ- demandant à être armés pour se son président et de Zoran Djind- de presse Kuna. Cette décision n’entrera toutefois pas en vigueur pour dé, selon ses proches, à se rendre chés, mais, à en croire des réfugiés protéger. Au même moment, selon jic, ex-candidat démocrate à la les prochaines élections législatives, prévues en juillet, et le futur Parle- lundi à Bruxelles où il est invité à interrogés, le nombre des arresta- des témoins, des camions de sol- présidence serbe. La fureur de ment pourra réviser la décision prise dimanche par le gouvernement. rencontrer les ministres des af- tions pourrait être d’une centaine », dats montaient vers la région. Le M. Milosevic ne pouvait qu’en S’il ne le fait pas, les femmes participeront au scrutin de 2003. Le Ko- faires étrangères européens. a déclaré au Monde le représentant même jour, un millier de soldats être décuplée, avec ordre à son weït est la seule monarchie du Golfe dotée d’un Parlement élu. – (AP.) L’aéroport de Podgorica ayant du Haut-Commissariat des Nations ont aussi traversé le gros village armée de resserrer les vis au Mon- a YÉMEN-KOWEÏT : le chef de la diplomatie yéménite, Abdel Kader été détruit dès le début des frappes unies pour les réfugiés (HCR), Ro- montagnard de Cetinje, ancienne ténégro. Une armée qui est, avec Bajammal a rouvert, dimanche 16 mai, l’ambassade de son pays à Ko- de l’OTAN, le président monténé- bert Breen. Femmes et enfants en capitale du Monténégro et fief de la monnaie, le dernier lien d’une weït, fermée depuis huit ans en raison du soutien apporté par Sanaa à grin devra franchir un des barrages pleurs ont été recueillis à Tuzi, ses indépendantistes. Aussitôt, un fédération moribonde. Bagdad après l’invasion de l’Emirat en août 1990. – (AFP,AP.) que la police militaire vient de ren- bourgade à population albanaise millier de policiers armés et casqués forcer aux frontières : celui menant proche de la frontière, où la police se sont déployés sur leurs talons... Sophie Shihab ASIE a INDE-PAKISTAN : des duels d’artillerie se sont déroulés tout au long de la semaine du 10 au 16 mai à la frontière indo-pakistanaise au Cachemire. Selon Islamabad, les forces pakistanaises ont infligé « beaucoup de pertes » à l’armée indienne notamment dans le secteur Pêcheurs italiens au chômage pour cause de mer explosive montagneux de Kargil. Selon la presse du Cachemire indien, il y aurait ROME autre chalutier de Rimini ramenait une partie Ce qui n’a pas vraiment rassuré les pêcheurs entre 25 et 50 morts des deux côtés. − (AFP.) de notre correspondant de l’enveloppe de la bombe. Des pêcheurs se du nord de la mer Adriatique. Ils insistent pour a INDONÉSIE : les miliciens pro-indonésiens du Timor-Oriental Les pêcheurs de Chioggia sont en colère. Sa- retrouvent au chômage forcé pour cause de rencontrer le président D’Alema et obtenir des ont attaqué et incendié, dans la nuit de dimanche 16 à lundi 17 mai à medi 15 mai, ils se sont réunis dans ce port si- mer explosive. Ce week-end, des panneaux ont précisions supplémentaires de l’OTAN sur le Dili une dizaine de maisons appartenant à des partisans de l’indépen- tué à l’extrémité méridionale de la lagune de été plantés sur les plages de Venise : « Atten- nombre, le lieu et la nature des bombes jetées dance du territoire. Par ailleurs, dans l’île d’Amboine, huit personnes Venise. Ils ont décidé de ne plus payer leurs zione ! Mare Mi-Nato » ( « mer minée », jeu de à la mer. ont été tuées par balles, samedi 15 mai, au cours d’une intervention de impôts parce qu’ils ne peuvent plus travailler mots avec NATO, sigle anglais de l’OTAN utili- L’inquiétude a gagné les ports de Rimini et l’armée pour séparer des manifestants musulmans et chrétiens. −(AFP.) et n’ont donc plus de revenus. La faute en in- sé en italien). d’Ancône en raison des répercussions sur la a L’ex-président indonésien Suharto et ses six enfants disposent combe à l’OTAN et à ses avions qui, de retour Le gouvernement de Massimo D’Alema a pêche mais aussi sur le tourisme. Déjà, le d’avoirs d’un montant de 15 milliards de dollars, affirme le magazine de mission, larguent leurs bombes inutilisées demandé des explications à Bruxelles afin de 16 avril, un F-15 en difficulté a largué six américain Time dans son numéro à paraître cette semaine. Ces avoirs dans l’Adriatique et que les pêcheurs vénitiens savoir si, effectivement, l’Adriatique est deve- bombes sur le lac de Garde, au nord de l’Italie. « en biens mobiliers et immobiliers, bijoux et objets d’art » ont été recen- ramènent dans leurs filets. nue « la poubelle de l’OTAN », comme l’a sou- Elles n’ont toujours pas été récupérées mais sés à l’issue d’une enquête menée quatre mois durant dans 11 pays, se- Le 10 mai, l’une d’entre elles a explosé, bles- ligné, indigné, le maire de Chioggia, Fortunato l’OTAN est désormais disposée à collaborer lon l’hebdomadaire. sant les trois marins du Profeta, dont un griè- Guarnieri. « Ce sont des bombes désactivées. avec les autorités militaires italiennes. Car la vement. Les bombes pêchées sont presque Elles ont été lancées à quelques reprises dans les justice s’est saisie de ses largages intempestifs. AFRIQUE toujours de la même « espèce » : de petits cy- eaux internationales, dans des endroits prédé- Un bateau démineur, le Sapri, a été envoyé a ÉRYTHRÉE-ÉTHIOPIE : Addis-Abeba a lancé, dimanche 16 mai, lindres jaunes de 20 centimètres sur 6 qui se terminés. De ces zones, le gouvernement italien dans l’Adriatique pour récupérer les bombes. Il un raid aérien contre le port érythréen de Massawa, sur la mer Rouge. retrouvent au milieu des coquillages. Objets est parfaitement au courant », a répondu l’Al- sera bientôt rejoint par deux autres bâtiments La veille, les forces éthiopiennes avaient bombardé la ville frontalière insolites provenant des fameuses cluster liance. C’est vrai, assure le chef d’état-major de la marine italienne. L’entreprise s’annonce de Zalambessa, dans la partie centrale de la ligne de front. Cette reprise bombs, les bombes à fragmentation qui, avant de la défense, le général Mario Arpino, au Cor- difficile et peut-être risquée. Comme le dit le des hostilités intervient alors que les efforts de paix intensifs menés de- d’arriver au sol, libèrent une centaine ou plus riere della sera : « Il y a cinq ou six zones qui ont général Arpino, « tout pilote a l’obligation de puis un mois s’enlisent. Dimanche, le président égyptien Hosni Mou- de mini-bombes. été délimitées depuis la guerre en Bosnie en 1992 s’assurer avant tout lâchage de bombes qu’au- barak a rencontré son homologue érythréen. Il devrait s’entretenir Le commandant du Gurra a ainsi eu la sur- et une autre a été rajoutée dans le sud. Au total, cun navire ne se trouve à proximité ». avec le premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, dans les prochains prise de trouver, parmi les crustacés, une cin- il y a eu trois ou quatre situations d’urgence au jours. – (AP.) quantaine de ces cylindres luisants alors qu’un cours desquelles des bombes ont été larguées. » Michel Bôle-Richard LeMonde Job: WMQ1805--0008-0 WAS LMQ1805-8 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0581 Lcp: 700 CMYK

8 FRANCE LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999

CORSE La droite va déposer, dans paillote Chez Francis. Initialement groupe UDF de l’Assemblée natio- lundi, à l’opposition d’« utiliser la leur volonté de réconciliation. les prochains jours, une motion de proposée par l’UDF, cette initiative a nale, ont vivement mis en cause, di- Corse » pour « préparer les élections b PAUL GIACOBBI (PRG), président du censure contre la politique du gou- reçu le soutien du RPR et de DL. manche 16 mai, la « responsabilité européennes » et s’est dit « prêt » au conseil général de Haute-Corse, es- vernement en Corse, un mois après M. Sarkozy, président par intérim du politique » du premier ministre. débat de censure. b LES NATIONA- time que « l’autonomie et l’ancrage l’incendie par des gendarmes de la RPR, et M. Douste-Blazy, président du b FRANÇOIS HOLLANDE a reproché, LISTES ont affiché, samedi à Ajaccio, dans la République vont de pair » La droite relance le débat sur la responsabilité politique de M. Jospin Le RPR, l’UDF et Démocratie libérale ont décidé de déposer, cette semaine, une motion de censure contre la politique du gouvernement en Corse. Le premier ministre et le Parti socialiste affichent leur sérénité face à cette initiative POUR la seconde fois depuis le du RPR, Nicolas Sarkozy, a cepen- ment. Dans un entretien publié, tradition mafieuse qui n’est pas plus début de la législature, l’opposi- dant reconnu, vendredi 14 mai, lundi 17 mai, par Le Figaro, Chris- tolérable depuis les mésaventures tion RPR, UDF et Démocratie libé- que « le moment s’approche où il va tian Bonnet, sénateur (Rép. et du préfet Bonnet ». A la différence rale s’apprête à déposer une mo- nous falloir censurer un gouverne- ind.) du Morbihan et ancien mi- de M. Rossi, il a enfin conseillé aux tion de censure au titre de ment qui refuse à ce point d’assu- nistre de l’intérieur, s’indigne du élus de Corse de ne pas s’engager l’article 49-2 de la Constitution. La mer sa responsabilité politique » (Le traitement réservé à l’ancien pré- dans une nouvelle réforme du sta- première, le 29 avril 1998, avait Monde du 15 mai). Il avait pris fet de Corse Bernard Bonnet et de tut de l’île. Lors d’une réunion à porté sur la politique économique soin, auparavant, de s’entretenir « la danse du scalp qui s’est instau- huis clos à l’hôtel de ville d’Ajac- du gouvernement. avec les membres du conseil poli- rée autour de lui ». « On a complè- cio, M. Sarkozy a expliqué en Cette fois, l’affaire corse en est tique restreint dont il s’est entou- tement occulté la chute des agres- substance que le problème n’est le prétexte. Il ne reste plus aux ré. Il ne faut « pas confondre vitesse sions et des attentats qui sont à pas dû au statut de la Corse, mais à trois groupes de droite de l’Assem- et précipitation », a encore expli- mettre à son actif », rappelle le sé- un dysfonctionnement de l’Etat. blée nationale qu’à s’accorder sur qué M. Sarkozy, dimanche, au nateur, en dénonçant par ailleurs Lundi matin, le président du la date du dépôt de la motion, la- « Grand Jury-RTL-Le Monde-LCI » l’« impudence révoltante » du pro- groupe RPR, M. Debré, souhaitait quelle conditionne la date du dé- (lire page 16). priétaire de la paillote illégale, en trouver un accord amiable avec le bat de censure. La Constitution cours de reconstruction avec président de l’Assemblée natio- prévoyant un délai minimum de PROPOSITION « BIEN TARDIVE » l’« appui de quelques élus de pre- nale, Laurent Fabius, pour que la quarante-huit heures, la droite a L’UDF s’est aussitôt « réjouie », mier rang ». motion de censure puisse être ins- intérêt à attendre le milieu de se- dès vendredi, par la voix de Domi- crite à l’ordre du jour du mardi maine pour déposer son texte, afin nique Paillé, directeur de cam- « TRADITION MAFIEUSE » 25 mai. Au même moment, toute- d’éviter d’avoir à mobiliser ses pagne de François Bayrou, que le Sur ce point, le président du fois, sur RMC, le ministre des rela- troupes vendredi 21 mai, à la veille RPR « rejoigne enfin ses positions RPR s’est démarqué, en leur pré- tions avec le Parlement, Daniel du week-end de la Pentecôte. sur la nécessité de déposer une mo- sence, des élus de Corse, parmi Vaillant, ironisait sur l’initiative de Dès le mardi 4 mai, l’UDF – le tion de censure », tout en jugeant lesquels José Rossi, président de l’opposition, en estimant, dans un parti, non le groupe – avait repris – amabilité de campagne – cette l’Assemblée territoriale et pré- jeu de mots hasardeux, qu’elle une idée de François Léotard en position « bien tardive ». Le pré- sident du groupe DL de l’Assem- n’était que « le moyen d’éteindre souhaitant le dépôt d’une telle sident du groupe UDF de l’Assem- blée nationale, Jean Baggioni, pré- l’incendie électoral de la droite ». motion. Depuis, le RPR s’interro- blée nationale, Philippe Douste- ral de Démocratie libérale, Laurent blique, qui a d’ailleurs été mala- sident (RPR) de l’exécutif, et Quant à François Hollande, pre- geait sur le calendrier de mise en Blazy, a confirmé, dimanche, au Dominati, a affirmé, sur Radio- droitement mis en cause par Lionel Roland Francisci, député (RPR) de mier secrétaire du PS, il a repro- œuvre de cette procédure. Il re- « Club de la presse d’Europe 1 », Shalom : « J’attends toujours de Jospin, lui demande lui-même des Corse-du-Sud, en s’étonnant que ché, lundi sur Europe 1, à l’opposi- doutait notamment qu’après le re- qu’il proposerait, « dès lundi ma- Lionel Jospin qu’il explique en quoi comptes. » « la fameuse paillote, aussi illégale tion d’« utiliser la Corse » pour jet de la motion le débat sur la res- tin », à ses homologues du RPR et il assume ses responsabilités et, s’il Les développements judiciaires aujourd’hui qu’hier, [soit] re- « préparer les élections euro- ponsabilité du gouvernement se de DL, le dépôt d’une motion de ne le fait pas, compte tenu des infor- de l’enquête sur l’incendie de la construite avec une rapidité stupé- péennes », et s’est dit « prêt » au referme. censure, tout en laissant le choix mations qui ne vont pas tarder à ap- paillote Chez Francis alimentent le fiante ». Il a aussi souhaité que «la débat de censure. A l’occasion d’un voyage-éclair de la date ouvert. paraître, il n’est pas impensable discours de l’opposition sur la res- justice trouve le temps, à ses mo- en Corse, le président par intérim De son côté, le secrétaire géné- qu’un jour le président de la Répu- ponsabilité politique du gouverne- ments perdus, de s’occuper d’une Jean-Louis Saux

TROIS QUESTIONS À... pouvait s’attendre à de la mé- « Il faudra du temps pour tourner la page » des déchirements nationalistes thode, de la ténacité et à une cer- PAUL GIACOBBI taine dignité. Au lieu de cela, on a AJACCIO « C’est la priorité absolue, démocratique, du sé la lutte armée pour ne pas créer d’affronte- eu une action brouillonne et de notre envoyée spéciale mouvement nationaliste », soulignait d’ail- ments entre Corses. Max, son frère, marchait Vous êtes président (PRG) du bruyante, beaucoup de discours « J’aurais aimé manifester ma révolte contre leurs, en fin de manifestation, Jean-Guy Tala- en compagnie de U Rinnovu, une autre ten- 1 conseil général de Haute-Corse. grandiloquents et de faux pas, une ce qui s’est passé à la préfecture. Mais pas sous moni, chef de file de Corsica Nazione, mouve- dance, elle aussi hostile à la clandestinité. A vos yeux, la manifestation des grande absence de lisibilité et un leur banderole. » Cette femme qui s’exprime ment proche du FLNC-canal historique. « Il faudra du temps pour tourner la page. Et nationalistes est-elle un succès ? dérapage final particulièrement au lendemain de la marche unitaire, samedi Peu avant 15 heures, sous un soleil impla- nous ne nous laisserons pas berner par ce mot En terme de nombre de manifes- grave. 15 mai, à Ajaccio, de quatorze organisations cable, on s’était retrouvé par petits groupes. d’"union". Que Corsica Nazione donne des tants, c’est un échec retentissant. nationalistes est loin d’être isolée. Comme Pierre Poggioli, de l’Accolta naziunale corsa gages. Qu’elle abandonne le soutien à la clan- Lorsque les Corses sont descendus Vous-même, vous avez évolué d’autres, elle se dit « heureuse au fond qu’ils (ANC), et l’abbé Mondoloni n’arrêtaient pas destinité et à la violence du FLNC. Et qu’elle se dans la rue pour demander l’appli- 3 sur le sujet de l’autonomie... aient défilé nombreux, pour dénoncer ce que de serrer des mains, échangeant des mots de garde de toute hégémonie », commentait une cation des lois à la suite de l’assassi- Ce n’est pas moi qui ai évolué, nous pensons tous ». Le comité du Fium’Orbu, bienvenue en corse. A quelques mètres de là, femme venue de L’Ile-Rousse, en réclamant nat du préfet Erignac, ils formèrent c’est le monde, c’est l’Europe sur le à l’initiative de cette « marche vers l’union », des jeunes d’une association nationaliste du « un nettoyage. Qu’on se sépare de ceux qui une foule vingt fois plus nom- problème des régions et celui des peut s’estimer comblé. Plus de quatre mille lycée Laetitia d’Ajaccio se préparaient à parti- sont responsables des dérives criminelles ou af- breuse. Au-delà, il est clair qu’il ne langues régionales. Nous devons personnes sont venues de toute l’île, toutes ciper au service d’ordre. « Les divisions, les fairistes ». « Pour réussir la réconciliation, il suffit pas pour la famille nationa- donc nous inscrire dans cette évolu- générations réunies. Son porte-parole, Jo- meurtres entre fractions nationalistes, ce n’est faut discuter sans préalables de ce qui nous liste de manifester ensemble pour tion et considérer qu’une région seph Colombani, un maraîcher, n’a pas caché pas de notre génération. Nous militons tous en- rapproche. Pas de nettoyage préalable. Et pas démontrer qu’elle est unie et spécifique comme la Corse doit pro- son émotion. « Nous n’avons de leçons de ci- semble, autonomistes comme indépendan- d’hégémonie », observait M. Talamoni. qu’elle s’est accordée sur la ques- gressivement disposer des moyens visme et de morale à recevoir de personne. tistes », confiait l’un d’eux. Plus loin apparais- Sur le cours Napoléon, les passants se mas- tion de la violence. d’une gestion autonome et d’une Nous prédisons que l’actuelle République fran- sait François Santoni, ancien dirigeant de A saient devant le défilé. Les visages ne tradui- affirmation de sa culture et de sa çaise va s’effondrer comme s’est effondré le mur Cuncolta independentista, accueilli par des saient guère l’émotion, mais certains parais- Le message d’unité que les na- langue. Bien entendu, personne ne de Berlin, car les énarques et les apparatchiks poignées de main jusqu’ici inimaginables. saient hostiles. Dans le silence épais 2 tionalistes ont voulu faire pas- peut prétendre participer au débat sont seuls à élaborer des textes défendant des éclatèrent quelques chants militants et des ser peut-il emporter l’adhésion des démocratique, s’il ne renonce pas intérêts qui ne sont pas les nôtres. Aujourd’hui, « DISCUTER SANS PRÉALABLES » slogans qui évoquaient le début des an- Corses ? préalablement, clairement, et en nous avons effectué une avancée. » Quand le cortège s’est ébranlé, sous nées 80 : « Liberta ! », « Etat français assas- L’opinion publique en Corse ne donnant des garanties, à toute Dans les heures qui avaient précédé le dé- l’unique banderole, en corse, du comité du sin ! » Aux abords de la préfecture, des « Bon- se détermine pas du tout par rap- forme de violence politique. Nulle part, M. Colombani avait lancé un vibrant Fium’Orbu – « Pour une société corse de droit : net le jour, cagoule la nuit ! » jaillirent. Les port aux nationalistes. Si cela était part on n’a fondé de manière va- « appel au peuple, le pari de l’union et de la une solution politique » – François Alfonsi, de forces de police restaient discrètes : tel était le le cas, ceux-ci seraient largement lable, crédible, une paix sur une né- paix ». Les insulaires ne lui ont que fort peu l’Union du peuple corse (UPC), marchait à cô- choix du nouveau préfet de région, Jean- majoritaires. Aujourd’hui, les gociation avec ceux qui utilisent la répondu. Faut-il s’en étonner ? Les nationa- té de M. Poggioli. Ailleurs, on se regroupait Pierre Lacroix. Les manifestants entonnèrent Corses, très choqués, voient dans le violence à des fins politiques. En listes auraient pu proposer à toutes les forces par tendance, même si l’on se refusait à bran- « Ce soir on vous met le feu... ». Place du Dia- scandale que nous venons de vivre réalité, l’idée même d’autonomie de l’île un large rassemblement de contesta- dir son fanion, « par esprit d’union », expli- mant, avant de chanter les airs traditionnels non pas un acte isolé, mais la consé- doit se fonder sur le socle du respect tion contre les méthodes des représentants quait un membre du comité du Fium’Orbu. polyphoniques, M. Colombani prononça quence extrême d’une dérive dans des lois, pacte social fondamental. de l’Etat français. Ils ont préféré se retrouver Dans la foule, Edmond Simeoni, le leader l’unique discours de l’après-midi. On se sépa- la manière d’appliquer les lois dans L’autonomie et l’ancrage dans la Ré- entre eux, sur des mots d’ordre à eux ; en d’Aleria, qui vit naître, en 1975, le mouvement ra enfin, à regret mais avec discipline, dans la l’île. En réalité, l’opinion souhaite publique vont de pair. clair, se compter et démontrer à l’opinion nationaliste, circulait seul, chaleureux. fraîcheur qui enfin pointait. qu’on applique enfin les lois en qu’entre tendances jusque-là fratricides « Union, mais pas fusion dans un parti Corse, mais normalement. Après Propos recueillis par « l’heure est venue de la réconciliation ». unique », soulignait celui qui a toujours refu- D. R. l’assassinat du préfet Erignac, on Danielle Rouard Le premier ministre réfléchit à une évolution du statut de l’île Matignon entend lier réponse institutionnelle et propositions de développement économique LA TEMPÊTE judiciaire provi- cipalement à stigmatiser l’attitude pour les jeunes, tout cela réuni mais revanche, Elisabeth Guigou, mi- soirement calmée, Lionel Jospin de l’opposition, qu’il a jugée trop amplifié. Il faut apporter une ré- nistre de la justice, a paru, di- réfléchit désormais au discours qui agressive lors des débats consé- ponse en termes de développement manche sur Radio J, plus hostile à doit être le sien sur l’avenir de la cutifs à l’incendie de la paillote, et de la Corse », a expliqué le secré- toute évolution du statut de l’île. Corse. Deux occasions devraient ressouder son camp dans un rituel taire national du PCF. « Poser la question institutionnelle, lui permettre de reformuler la po- débat droite-gauche. Dernier point, enfin, le plus épi- a-t-elle déclaré, c’est en réalité vou- litique gouvernementale en la ma- L’exposé des buts poursuivis par neux, et qui ne devrait être abordé loir une échappatoire par rapport tière. Il s’agit d’abord du débat qui le gouvernement devrait consti- par le premier ministre qu’à l’oc- aux vrais problèmes qu’a à affronter se déroulera prochainement à tuer le second axe du discours du casion de son déplacement à Ajac- la Corse aujourd’hui. » Une posi- l’Assemblée nationale, dans le premier ministre. On estime, en cio : le statut de la Corse. Lors de tion qui paraît être également cadre de la motion de censure dé- effet, dans son entourage, que son intervention sur TF 1, le 4 mai, celle de Daniel Vaillant, ministre posée par l’opposition. Puis vien- l’accent mis sur le rétablissement au plus fort de la polémique, des relations avec le Parlement. dra le temps d’un déplacement du de l’Etat de droit sur l’île, ou sur le M. Jospin avait paru disposé à des « La Corse, a-t-il dit sur RMC, lun- premier ministre sur l’île, dont la retour à une plus grande sécurité évolutions en la matière, évoquant di 17 mai, ce n’est pas un problème date n’est pas encore fixée, mais des biens et des personnes, a fait notamment le « peuple corse », statutaire, ce n’est pas un problème qui pourrait intervenir très rapide- perdre de vue l’autre objectif né- qu’il assurait « respecter ». Depuis, institutionnel, c’est un problème de ment, avant le scrutin européen cessaire à une normalisation de la il n’est pas revenu sur le sujet, la vie concrète. » Malgré ces prises du 13 juin. situation : le développement mais cette formulation a ouvert de position ministérielles, on as- Le premier ministre souhaite, en économique de la Corse. Robert un débat au sein même de la ma- sure dans l’entourage du premier premier lieu, reparler du passé dif- Hue, invité de TF 1, dimanche jorité. « Il n’y a rien qui est à reje- ministre qu’aucune décision n’est ficile de la Corse, de l’écueil qu’a 17 mai, en a d’ailleurs rappelé ter, a ainsi assuré M. Hue. L’auto- prise sur ce sujet et que M. Jospin constitué ce dossier pour les gou- l’obligation à M. Jospin. « Cette ré- nomie peut tout à fait s’imaginer, si réfléchit encore aux possibles vernements de ces vingt dernières gion a tous les problèmes qu’on c’est plus de proximité, plus d’insti- avancées en la matière. années. Par ce rappel, qui promet connaît sur le continent avec le chô- tutions efficaces dans le cadre de d’être polémique, il cherche prin- mage, la précarité, les difficultés l’Etat, de la nation française. » En Jean-Michel Aphatie LeMonde Job: WMQ1805--0009-0 WAS LMQ1805-9 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0582 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 9

Plus de vingt listes s’affichent La CGT veut que le gouvernement exclue dans la compétition européenne tout « sursis » pour les 35 heures Les candidatures sont enregistrées jusqu’au 28 mai Pour Maryse Dumas, numéro deux de la confédération, En dépit de l’absence de débat européen, effacé à la du 13 juin suscite de nombreux prétendants. L’obstacle le gouvernement commet une faute en laissant planer le doute fois par la guerre en Yougoslavie et par la récente financier pourrait toutefois dissuader un certain er affaire de l’incendie de la paillote en Corse, le scrutin nombre d’entre eux d’aller jusqu’au bout. sur le respect de la date-butoir du 1 janvier 2000

L’OUVERTURE, lundi 17 mai, du rées de l’actualité. Pour l’heure, la A ces représentants des princi- TROIS JOURS avant la présen- prix fort dès la 36e heure. » Pour aux patrons de changer les modali- dépôt officiel des listes de candi- principale question est de savoir paux courants politiques, il faut tation, le 20 mai, d’un « pré- limiter les « ravages » de l’annuali- tés de calcul des pauses, des jours dats au ministère de l’intérieur est combien franchiront la porte du ajouter une quinzaine de « petites bilan » des accords de réduction sation, « généralisée dans nombre de congé ou de formation et de ne venue confirmer une information bureau des élections du ministère listes », dont certaines n’ont pas du temps de travail par le minis- d’accords de branche », la seconde pas abaisser la durée réelle du tra- dont on finissait, ces derniers de l’intérieur, jusqu’au vendredi encore confirmé leur candidature : tère de l’emploi et de la solidarité, loi doit « encadrer strictement » les vail ». temps, par douter : les électeurs 28 mai à 18 heures, clôture de l’en- Chasse, Pêche, Nature et Tradition la CGT a rendu publiques, lundi délais de prévenance en faveur La CGT reste favorable à une seront appelés aux urnes, le registrement des candidatures. Le (Jean Saint-Josse), Ecologie, le 17 mai, ses propositions pour la des salariés et réviser les durées aide structurelle, mais qui ne doit 13 juin, en vue de procéder à l’élec- record de vingt listes, enregistré choix de la vie (Antoine Waech- seconde loi sur les 35 heures. Par- minimales et maximales « pour pas être affectée de façon « quasi tion de leurs représentants au Par- lors du précédent scrutin de juin ter), Combat pour l’emploi (Pierre tant du constat que les qu’elles oscillent le plus près des systématique et sans contrepar- lement européen. Démarrée en 1994, sera-t-il égalé ? L’obstacle fi- Larrouturou), C.E.X.P.R.I.M.E.R. 3 291 accords d’entreprise recen- 35 heures ». tie » : « les incitations financières trombe, à l’automne 1998, avec nancier est de taille : seules les (liste regroupant des exclus sés le 7 avril par le ministère sont doivent être ciblées, viser la négo- l’entrée en lice – officieuse – du listes qui obtiendront au moins conduite par Daniel Lacroze-Mar- encore « loin du compte en terme ATTÉNUER L’ANNUALISATION ciation, l’augmentation des effectifs très médiatique Daniel Cohn-Ben- 5 % des suffrages exprimés se ver- ty), Vivant Énergie-France (Gérard d’emplois », la CGT prône un dur- Certains accords de branche, et la réduction de la durée du tra- dit, la campagne, soutenue, dans ront rembourser les frais de cam- Maudrux), Parti fédéraliste (Jean- cissement de l’attitude gouverne- comme celui négocié pour les vail », estime Mme Dumas. Hostile un premier temps, par le débat sur pagne, ainsi que le cautionnement Philippe Allenbach), Comité na- mentale pour que la seconde loi, « produits du sol », prévoient une aux allègements de charges sur les la ratification du traité d’Amster- de 100 000 francs qui doit obliga- tional pied-noir pour les euro- qui doit définir, à l’automne, les annualisation du temps de travail bas salaires, elle plaide pour une dam, a connu un printemps diffi- toirement accompagner leur dé- péennes (Christian Schembré), modalités concrètes de la réduc- avec des semaines qui peuvent revalorisation de 11,4 % des taux cile. Le déclenchement des frappes claration de candidature. Contre l’insécurité routière (Jean tion du temps de travail, reflète varier de 0 heure (en période horaires, pour que « les 35 heures aériennes de l’OTAN en Yougo- Neuf listes ont déjà été officiel- Mounié), Convergence citoyenne « des choix politiques en faveur de basse) à 48 heures (en période soient payées 39 ». Au sujet de la slavie, le 24 mars, en a supprimé lement déposées : PS (François (René Raullo), Chrétien-démo- l’emploi et du temps de travail ». haute), avec un délai d’informa- fonction publique, elle rappelle plusieurs volets – notamment ins- Hollande), PCF (Robert Hue), crate européen (Xavier Argenton), « Le gouvernement a une part de tion de trois jours, vingt-quatre que « le gouvernement doit s’appli- titutionnels ; encore avait-il Verts (Daniel Cohn-Bendit), LO- Ligue nationaliste (Guy Guerrin), responsabilité dans l’essoufflement heures en cas d’intempéries. La quer à lui-même ce qu’il demande conduit la plupart des respon- LCR (Arlette Laguiller et Alain Kri- L’Europe pour tous (Jean Aillaud), des accords sur les 35 heures, en CGT souhaite donc ramener ce au privé ». Tous les salariés sont sables politiques à amorcer un dé- vine), RPR-DL (Nicolas Sarkozy et Moins d’impôt maintenant (Nico- laissant planer le doute sur les minimum et ce maximum, respec- concernés, explique la dirigeante bat sur l’Europe de la défense... ré- Alain Madelin), UDF (François las Miguet), Parti de la loi modalités d’application, estime tivement, à 30 et 40 heures, avec cégétiste, y compris les cadres, qui duit en cendres, dans la nuit du 19 Bayrou), Rassemblement pour La naturelle (Benoît Frappé), Parti Maryse Dumas, numéro deux de possibilité pour les salariés d’être « ont besoin de se référer à un au 20 avril, par l’incendie d’une France (Charles Pasqua et Philippe humaniste (Marie-Laurence Cha- la CGT, dans un entretien publié, prévenus au moins huit jours à horaire collectif de travail respec- paillote en Corse. de Villiers), Front national pour nut-Sapin). lundi, par Le Parisien. La ministre l’avance en cas de changement des tant les règles légales et convention- Il reste quatre semaines aux can- l’unité française (Jean-Marie Le doit réaffirmer clairement qu’il n’y horaires. Mme Dumas refuse, aussi, nelles ». didats en lice pour remonter la Pen), Mouvement national (Bruno Clarisse Fabre et aura pas de sursis, que les heures de « laisser se prolonger une défini- pente, contre les vents et les ma- Mégret). Jean-Baptiste de Montvalon supplémentaires seront taxées au tion du travail effectif qui permette Alexandre Garcia Le RPR conserve la mairie de Saint-Paul de la Réunion SAINT-PAUL (La Réunion, second tour) I., 47 860 ; V., 32 754 ; A., 31,56 % ; E., 31 505. Liste d’union de la droite d’Alain Bénard (RPR), 17 880 (56,75 %), 39 sièges ; liste de gauche de Paul Vergès (PCR), sén., pr. c. r., 13 625 (43,25 %), 10 sièges. [La liste de droite conduite par Alain Bénard (RPR) conserve la mairie de Saint-Paul face à la liste conduite par le communiste Paul Vergès, qui avait aussi le soutien du PS. M. Bénard avait réussi à rallier sur son nom les trois autres listes de droite ayant dépassé la barre de 5 % au pre- mier tour. Outre Margie Sudre, ancienne présidente du conseil régional, l’ancien ministre de la ville Eric Raoult (RPR) et le président de l’UDF François Bayrou, en campagne pour les euro- péennes dans l’île, se sont rendus à Saint-Paul pour appeler les électeurs de droite à la mobilisa- tion. L’élection municipale partielle faisait suite à la démission d’une trentaine d’élus après l’incar- cération du maire sortant, Joseph Sinimalé (div. d.) pour sa participation présumée à des marchés truqués. M. Sinimalé avait appelé à voter pour la liste de M. Vergès. 9 mai 1999 : I., 47 860 ; V., 27 490 ; A., 42,56 % ; E., 26 189 ; PCR (Vergès), 9 139 (34,90 %) ; RPR (Bénard), 6 074 (23,19 %) ; div. d. (Bosviel, RPR diss.), 4 523 (17,27 %) ; div. d. (Vergoz, RPR diss.), 3 148 (12,02 %) ; div. d. (Pavaye, RPR diss.), 1 875 (7,16 %) ; PS (Mardenalom), 909 (3,47 %) ; div. d. (Lebreton), 311 (1,19 %) ; div. d. (Puylaurent), 210 (0,80 %). 16 mars 1997 : I., 44 026 ; V., 32 619 ; A., 25,91 % ; E., 31 006 ; Un. d. (Sinimalé, RPR), 16 842 (54,32 %) ; PCR (Vergès), 14 164 (45,68 %).] L’UDF garde le canton de Boos SEINE-MARITIME Canton de Boos (second tour) I., 25 625 ; V., 9 519 ; A., 62,85 % ; E., 8 951. Philippe Leroy, UDF, m. de Franqueville-Saint-Pierre, 4 566 (51,01 %)... ÉLU Michel Jeanne, PS, m. de Neuville-Chant-d’Oisel, 4 385 (48,99 %). [Philippe Leroy (UDF) conserve à la majorité départementale UDF-RPR-DL le canton de Boos, situé dans l’agglomération rouennaise, dont le siège était vacant après le décès de Bernard Gras- sin-Delyle (UDF). La participation, en légère progression par rapport au premier tour, reste très faible. La victoire de la droite est toutefois plus étriquée que prévu. Le socialiste Michel Jeanne a bien mobilisé les électeurs communistes et écologistes malgré le refus du candidat Vert à appeler à voter en sa faveur. M. Jeanne a sans doute bénéficié de la division de l’UDF, qui avait présenté deux candidats au premier tour. 9 mai 1999 : I., 25 624 ; V., 9 188 ; A., 64,14 % ; E., 8 918 ; Michel Jeanne, PS, m. de Neuville- Chant-d’Oisel, 1 999 (22,42 %) ; Philippe Leroy, UDF, m. de Franqueville-Saint-Pierre, 1 939 (21,74 %) ; Armelle Dersy, UDF, adj. m. du Mesnil-Esnard, 1 866 (20,92 %) ; Philippe Vue, Verts, 1 217 (13,65 %) ; Philippe Guilliot, PCF, m. d’Ymare, 794 (8,90 %) ; Josette Bossard, FN-MN, 591 (6,63 %) ; Nicolas Denis, La Droite, 512 (5,74 %).]

DÉPÊCHES a EUROPÉENNES : Alain Krivine, porte-parole de la Ligue commu- niste révolutionnaire, a dénoncé, le 16 mai, dans un communiqué, le « numéro d’équilibriste » du secrétaire national du PCF. « Si la posture de slalomeur » de M. Hue « s’orne d’une soudaine radicalisation du ton, cela n’est dû qu’aux craintes de la concurrence électorale sur sa gauche », a indiqué M. Krivine. a VERTS : la première « écolo-parade » des jeunes écologistes n’a réuni, à Paris, samedi 15 mai, que 2 000 personnes. Ni Daniel Cohn- Bendit, tête de liste des Verts pour les élections européennes, ni Domi- nique Voynet, ministre de l’environnement, n’étaient présents. a CHASSEURS : le député Noël Mamère (Vert) a indiqué, le 16 mai, sur Sud-Radio, qu’il allait porter plainte contre les chasseurs qui l’ont pris à partie, vendredi (Le Monde daté 16-17 mai). « Peut-on imaginer de laisser pendant des décennies des chasseurs avinés et gueulards s’en prendre par la violence à un élu de la République ? », s’est-il interrogé. LeMonde Job: WMQ1805--0010-0 WAS LMQ1805-10 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:34 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0583 Lcp: 700 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999

JUSTICE Le fonctionnement de la ses anciens membres, puis au mo- plus haute juridiction judiciaire fran- contrôler l’application de la loi, y casion d’alternances politiques, après Cour de cassation, qui rend public son ment de la prestation controversée çaise révèle ses méthodes à la fois dis- compris dans le domaine des droits de avoir occupé des postes d’autorité. rapport annuel, lundi 17 mai, a été mis du président de la Cour de justice de crètes et collectives. b COUR SU- l’homme, où elle applique la Conven- b SELON UN SOCIOLOGUE, la haute en cause à l’occasion de la publication la République lors du procès du sang PRÊME du système judiciaire, la Cour tion européenne. b SES MAGISTRATS juridiction a un « pouvoir formi- d’écrits à caractère antisémite d’un de contaminé. Une plongée au sein de la de cassation détient le pouvoir de ont, pour certains, été nommés à l’oc- dable » dans la vie publique. Voyage au cœur de la Cour de cassation, sommet du système judiciaire Ambiance feutrée, fonctionnement collectif, traditions pesantes : le fonctionnement de la Cour de cassation, mis en cause notamment à l’occasion du procès du sang contaminé, est révélé par une enquête où les plus hauts magistrats français sortent de leur réserve MÉDUSÉ, le milieu judiciaire dé- sont donc les magistrats de la Cour tré, très courtois, mais il n’y a aucune après l’article à caractère antisémite couvre, en novembre 1998, un ar- de cassation ? Occupant l’aile droite réelle atmosphère. Ce n’est pas anti- d’Alain Terrail. Tout juste une mo- ticle à caractère antisémite, signé du Palais de justice de Paris, dans pathique, mais ce n’est pas vraiment tion, faisant état de « l’émotion » par Alain Terrail, avocat général à la l’île de la Cité, la Cour de cassation chaleureux non plus. » des magistrats, a-t-elle circulé en in- Cour de cassation. Dans la revue de est un lieu protégé, comme coupé A l’instar de ce magistrat, la plu- terne. Ce texte, que la moitié des l’Association professionnelle des du reste du monde. Le visiteur y ac- part des membres de la Cour de membres de la Cour ont refusé de magistrats (APM ; droite), ce haut cède par un escalier imposant ou cassation que nous avons ren- signer, a été présenté au procureur magistrat affirmait, à propos d’un par une galerie éclairée de vitraux, contrés – dix magistrats du siège et général, Jean-François Burgelin, ain- autre magistrat : « Tant va Lévy au où siège une statue de Saint-Louis huit du parquet – ont refusé de s’ex- si qu’au premier président, Pierre four... qu’à la fin il se brûle. » Quel- rendant la justice. Tout ici appelle à primer à visage découvert. Caracté- Truche, qui n’ont pas jugé bon de le ques semaines plus tard, en février la solennité : les longs couloirs bor- ristique de la magistrature, la ré- rendre public. Encore leur avait-il 1999, les tâtonnements de Christian dés de bustes de magistrats comme serve est ici une seconde nature. Le été livré sans la liste des signa- Le Gunehec, l’une des figures de la les dorures de la Grande Chambre, recrutement de la Cour n’y est pas taires... placée au secret dans le bu- Cour de cassation à la présidence de où les magistrats de la Cour étranger. Hormis le groupe que for- reau d’un magistrat. la Cour de justice de la République tiennent leur audience de rentrée en ment les conseillers référendaires, La même frilosité a prévalu lors lors du procès du sang contaminé, robe rouge et en hermine. recrutés en milieu de carrière pour de la prestation peu convaincante provoque la consternation. Entre les La Cour de cassation, chargée de leurs compétences juridiques, les de Christian Le Gunehec, à la pré- deux hommes, rien de commun, si veiller à l’application du droit par les conseillers et les avocats généraux sidence de la Cour de justice de la ce n’est leur appartenance à la juri- juridictions inférieures, se vit sont tous en fin de carrière. « C’est République (CJR). Bien qu’humiliés diction judiciaire la plus élevée du comme un temple du droit. La plu- le début de la fin, s’amuse un avocat par le comportement de l’un des pays mais aussi la plus mystérieuse. part des magistrats ne disposent pas général. On en sort les pieds devant, plus éminents membres de la Cour, Atteinte dans son prestige, la Cour de bureaux et travaillent à leur do- en tout cas d’un point de vue profes- les hauts magistrats sont restés à de cassation, dont le rapport annuel micile, parfois en province. Ils ne se sionnel. » l’écart de la polémique. D’autant devait être rendu public, lundi réunissent que pour les audiences et Formant « l’élite judiciaire », les plus prudemment que c’est l’en- 17 mai, n’a jamais officiellement se croisent le plus souvent. Ce qui magistrats de la Cour de cassation semble des magistrats de la Cour réagi, fidèle à sa tradition de secret fait dire à l’un d’entre eux, mi-amu- n’ont pas tous le même profil. Il y a qui avait porté M. Le Gunehec à la et de respect de la hiérarchie. Qui sé, mi-amer : « C’est un lieu très feu- de purs techniciens du droit, qui ont accédé à la Cour après une carrière cession à la Cour, explique un avocat tête de la CJR. classique de juge du siège. A leur ar- général. On considère que chaque A ce jour, cette nomination reste rivée, ces magistrats confirmés de- magistrat appartient à un camp. » le dysfonctionnement le plus mar- TROIS QUESTIONS À... tution relativement repliée sur elle- serait-ce que par l’importance des viennent conseillers et se plongent « Tout le monde connaît les opinions quant de la Cour de cassation, où le même, dont le rôle est d’abord de affaires qui lui sont soumises. Aupa- dans un métier bien éloigné de leurs politiques de tout le monde, renchérit poids de la tradition l’emporte par- ALAIN BANCAUD pacifier et d’unifier les contradic- ravant, elle jouait sur le temps, en précédentes fonctions. Mais il y a une magistrate. C’est important dans fois sur le bon sens. L’ancien pré- tions qui peuvent apparaître dans attendant que les choses se dé- aussi des magistrats plus politiques, une juridiction où il s’agit d’interpré- sident de la chambre criminelle Chercheur au CNRS, vous êtes l’application de la loi. Les magistrats cantent pour pouvoir trancher. le plus souvent parquetiers, qui ont ter la loi. » s’était illustré le 22 juin 1994, en 1 l’auteur de La Haute Magistra- de la Cour pensent toujours le Maintenant, elle est de plus en plus exercé des fonctions de responsabi- commentant publiquement un arrêt ture judiciaire entre politique et sa- présent par rapport au passé, en ré- amenée à se positionner sur des lité au ministère de la justice ou au MYTHE DE L’UNANIMITÉ rendu dans l’affaire du sang conta- cerdoce (éditions LGDJ, 1993), une férence constante au « précédent ». questions de société. cabinet d’un garde des sceaux. C’est La Cour de cassation ne se ré- miné. Lors de l’élection du futur étude sociologique et historique sur Si la jurisprudence peut évoluer, c’est le cas notamment du groupe formé sume cependant pas à la couleur président de la Cour, début 1997, les magistrats de la Cour de cassa- à petits pas et à petit bruit, en ména- Comment expliquer le silence de par les avocats généraux. politique de ses membres. Son or- chacun avait en tête cet épisode, qui tion. Quelles sont les caractéris- geant les transitions et en évitant les 3 la Cour de cassation face aux Le plus souvent, les magistrats de ganisation, où chaque membre n’a posait d’évidents problèmes d’im- tiques de l’élite judiciaire ? éclats. polémiques impliquant certains de la Cour de cassation sont à la croi- presque aucun pouvoir individuel, partialité. Mais la déférence envers Les magistrats de la Cour de cassa- ces membres ? sée de ces deux profils. La plupart ne permet que très rarement M. Le Gunehec a balayé les réti- tion partagent tous une déférence Quel est le poids de la Cour de Il correspond au culte traditionnel sont des fins techniciens qui n’ont l’émergence de personnalités. Dans cences. Les membres de la Cour de naturelle envers la hiérarchie ainsi 2 cassation dans les institutions de l’irresponsabilité, qui est commun pas dédaigné, dans leur carrière, de les affaires importantes, la dizaine cassation essaient timidement d’en qu’une propension générale à la publiques ? à toute la magistrature. Ce corps, qui faire un passage aux côtés des poli- de membres de la chambre concer- tirer les leçons. Seuls certains re- courtoisie. Ils peuvent ainsi être très La Cour a un formidable pouvoir s’est toujours abrité derrière l’obéis- tiques. Cette proximité naturelle née se réunit, écoute le rapporteur connaissent facilement leur « res- différents, même politiquement, ce- dans la vie publique, puisqu’elle fait sance à la loi, tient par-dessus tout à avec le pouvoir rend la Cour parti- et l’avocat général, puis chacun ponsabilité collective ». Aucun débat la ne les empêchera jamais d’entre- évoluer en permanence le droit, pé- son unité. Il est exclu qu’on puisse culièrement attentive aux position- donne son avis avant de voter. Col- officiel ne s’est pourtant engagé tenir des rapports très courtois entre nal ou civil, comme le droit du tra- s’accabler entre soi. La manifestation nements politiques. S’il est de bon lective, la responsabilité de l’arrêt dans la juridiction sur ce chapitre. eux. Ils partagent également un vail. Mais ce n’est pas une institution d’une divergence avec ses pairs est ton de ne pas afficher ses opinions, n’incombe à personne en parti- Une fois encore, il aura suffi de lais- culte de la forme et un certain directement menaçante pour le poli- quasiment une faute profession- celles-ci ne sont ignorées de per- culier : le mythe d’une Cour de cas- ser passer l’orage avant que la Cour conservatisme qui implique qu’ils ne tique, car elle est détachée des af- nelle. sonne. « Les gens sont classés en sation unanime est préservé. de cassation ne retourne tranquille- remettent que difficilement en faires courantes. Elle est cependant fonction des idées qu’on leur prête, La Cour s’emploie à ne jamais bri- ment à ses dossiers. cause l’ordre des choses. Ce sont des appelée à se retrouver de plus en Propos recueillis par selon leur appartenance syndicale ou ser cette apparence. Aucune protes- caractéristiques typiques d’une insti- plus souvent en première ligne, ne Cécile Prieur le gouvernement qui a permis leur ac- tation officielle n’a filtré de la Cour, C. Pr. Une juridiction de plus en plus à l’écoute de l’Europe 30 000 dossiers par an b Rôle : « Il y a, pour toute la COUR SUPRÊME du système de nombreux dossiers célèbres : sociaux, qui permet de faciliter le au débat actuel sur le statut des ainsi entrée en résistance contre la République, une Cour de cassation », judiciaire, la Cour de cassation l’affaire du courrier de Lyon en travail des juges dans les affaires couples homosexuels. juridiction de Strasbourg en refu- dispose le code de l’organisation contrôle la bonne application de la 1796, l’affaire Dreyfus en 1906 ou financières. D’une manière géné- Depuis quelques années, la sant d’admettre comme recevable judiciaire. La Cour de cassation, qui loi par les juridictions inférieures, encore les dossiers Landru en 1921, rale, son poids est allé grandissant Cour de cassation a été amenée à le pourvoi formé par une per- se situe au sommet du système et, partant, participe de l’unifica- Violette Nozière en 1934 et Gaston dans les domaines sociaux les plus se conformer aux décisions de la sonne en fuite, alors que la CEDH judiciaire – comme le Conseil d’Etat tion du droit français. Dans le flot Dominici en 1952. sensibles. Ainsi, en 1991, elle dé- Cour européenne des droits de n’admet aucune restriction au pour les juridictions administratives des pourvois qui lui sont soumis, Au-delà des affaires parti- cide que le recours aux mères por- l’homme (CEDH), qui siège à droit de chacun de contester les –, n’est pas un troisième degré de elle rend chaque année des arrêts culières, la Cour a considéré, dès la teuses est contraire au droit fran- Strasbourg. L’influence de cette décisions de justice. juridiction et ses pouvoirs sont dits de principe, qui inaugurent de fin du XIXe siècle, qu’il lui apparte- çais, solution qui a ensuite été juridiction, qui contrôle le respect De même, la Cour refuse tou- limités. Après les tribunaux de nouvelles jurisprudences. L’his- nait de donner de la loi une inter- entérinée par la loi. de la Convention européenne des jours de se soumettre à la CEDH, première instance et les cours toire de cette juridiction est ainsi prétation conforme aux nécessités droits de l’homme de 1950, a inspi- qui affirme que la participation d’appel, son rôle n’est pas de émaillée de décisions qui, en du moment et, au besoin, d’aller AVOCATS GÉNÉRAUX ré une jurisprudence plus libérale des avocats généraux aux délibé- rejuger l’affaire mais de vérifier, à comblant les insuffisances ou les au-delà de la lettre de la loi. C’est En 1997, elle rend une décision à la Cour de cassation : droit à un rés de la Cour de cassation est in- l’occasion d’un pourvoi, si le droit a lacunes de loi, font d’elle une véri- ainsi qu’elle a été amenée, dans les importante en refusant à un tribunal impartial, durée raison- compatible avec le principe de été correctement interprété et table créatrice de droit. années 80, à définir, au fil des ar- concubin homosexuel le droit de nable de la détention provisoire, l’égalité des armes. La Cour de appliqué par les juges du fond. Si Les origines de la Cour de cassa- rêts Barbie et Touvier, la notion de bénéficier du transfert du bail de droit à la protection de la vie pri- cassation a certes retiré à ses avo- elle estime que ce n’est pas le cas, la tion sont liées à une traditionnelle crimes contre l’humanité, qui a son ami, après que celui-ci est dé- vée dans les affaires d’écoutes té- cats généraux la possibilité d’assis- Cour annule – en latin, cassare – la défiance envers la magistrature. ensuite inspiré, dans ce domaine, cédé. En décidant que « le concu- léphoniques, droit pour un trans- ter aux délibérés des affaires plai- décision irrégulière et renvoie à une Pour contrer la puissance des Par- la réforme du code pénal de 1994. binage ne pouvait résulter que sexuel de voir modifier son dées, mais elle refuse toujours de nouvelle juridiction de même degré lements (les ancêtres des tribu- Dans un tout autre domaine, la d’une relation stable et continue prénom, etc. supprimer ce corps, comme le lui et de même nature que celle qui a naux), l’Ancien Régime avait créé Cour a gardé une position ayant l’apparence du mariage, La Cour de cassation, qui reste enjoint la Cour européenne. rendu la décision. Elle peut rejeter le le Conseil des parties, qui faisait constante sur la nature et la pres- donc entre un homme et une souveraine, n’abdique cependant pourvoi : dans ce cas, la décision respecter l’autorité des ordon- cription du délit d’abus de biens femme », la Cour a ouvert la voie pas totalement sa volonté. Elle est C. Pr. attaquée devient irrévocable. nances royales sur les décisions b Organisation : la Cour est divisée des Parlements. Supprimée par la en six chambres spécialisées : la Révolution, cette institution renaît chambre criminelle en matière par la loi du 27 novembre 1790, qui pénale et cinq chambres civiles, institue le Tribunal de cassation. Le charme suranné du cimetière des éléphants dont la chambre commerciale pour Chargé de veiller à l’application INTITULÉ « Le procureur Cotte muté à la haignerie à la chancellerie, à Cécile Petit, an- sonne, sans qu’on soit appelé à prendre la le droit des affaires et la chambre uniforme du droit par les tribu- Cour de cassation », un petit dessin de Cabu cienne directrice de la Protection judiciaire de moindre décision, témoigne l’un d’entre eux. sociale pour le droit du travail. naux, ce tribunal n’était pas un trône dans le bureau du magistrat. On y voit la jeunesse, débarquée sans ménagements par Quand on a passé sa carrière à prendre des ini- Outre le premier président et les six troisième degré de juridiction : Alain Juppé, alors premier ministre, signifier Elisabeth Guigou en 1998, en passant par Jean tiatives, le contraste est considérable ». présidents de chambre, la Cour l’article 3 de la loi de 1790 précisait son congé à Bruno Cotte, ancien procureur de Géronimi, ancien chef de l’Inspection géné- D’autant que, arrivés en fin de carrière à la comprend 85 conseillers et que, « sous aucun prétexte et en au- Paris, en l’expédiant avocat général à la Cour rale des services judiciaires, qui a appris, en Cour, les avocats généraux n’ont guère d’es- 43 conseillers référendaires, un cun cas, le Tribunal de cassation ne de cassation. Un trait d’humour censé atté- 1997, sa nomination par Jacques Toubon en li- poir d’en sortir, sauf à accéder aux rares procureur général et 22 avocats pourra connaître du fond des af- nuer le caractère humiliant d’une sanction dé- sant le Journal officiel, nombreux sont ceux qui postes plus élevés dans la hiérarchie, comme généraux. faires ». guisée en promotion. Comme la plupart de ont suivi les revers d’une carrière marquée par l’a fait Jean-Pierre Dintilhac, nommé pro- b Fonctionnement : depuis ses vingt-deux collègues avocats généraux, leur proximité avec le politique. cureur de Paris en 1997 par Elisabeth Guigou. quelques années, la Cour doit faire DE DREYFUS À DOMINICI Bruno Cotte appartient au groupe restreint de Mais l’exception confirmant la règle, la plu- face à une augmentation continue Cette juridiction, à l’origine très magistrats que le pouvoir a placés à la Cour de RETOUR À L’ANONYMAT part des avocats généraux se sont fait une rai- du nombre des pourvois qui lui sont soumise au pouvoir législatif, va cassation afin de mieux s’en débarasser. Habi- De gauche comme de droite, le pouvoir a son. « C’est un peu comme une petite cage do- soumis : il faut ainsi attendre s’émanciper peu à peu. En 1804, au tués des postes d’autorité mais victimes des toujours habillé en promotions certaines relé- rée, dont ne peut pas sortir, affirme l’un d’eux. environ deux ans avant qu’une moment de la promulgation du changements de majorité politique, ils sont gations. Les postes d’avocats généraux sont, à Quand on comprend ça, on finit par s’intégrer à affaire soit jugée. Selon son rapport code civil par Napoléon, elle pour la plupart en fin de carrière. Dans le mi- cet égard, une bénédiction : ils ne nécessitent cette vie bénédictine, un peu monacale et routi- annuel, la Cour a reçu 30 100 prend le nom plus prestigieux de lieu judiciaire, où l’on sait être méchant, on qu’un avis simple du Conseil supérieur de la nière. » Certains trouvent même du goût pour nouvelles affaires en 1998 et en a Cour de cassation. En 1837, elle appelle le petit groupe qu’ils forment « le ci- magistrature qui ne lie pas le garde des ce métier solitaire, bien loin de leurs an- jugé 27 150. Le nombre d’affaires gagne le droit d’interpréter elle- metière des éléphants ». sceaux. ciennes responsabilités. « Finalement, je ne toujours en cours au 31 décembre même les lois sans recourir au lé- De Pierre Lyon-Caen, ancien président du Adieu honneurs, collaborateurs et chauf- suis pas mécontent d’être là, explique l’un 1998 s’élevait à 41 410 dossiers, soit gislateur. Syndicat de la magistrature (SM, gauche) et feurs... Pour beaucoup, la Cour de cassation d’eux. On y fait l’apprentissage de l’humilité... » une augmentation de 7,69 % par « Gardienne du droit », la Cour ancien procureur de Nanterre, devenu avocat signifie le retour à l’anonymat : « On peut pas- rapport à 1997. de cassation s’est prononcée dans général en 1994 après l’arrivée de Pierre Mé- ser des journées entières sans que le téléphone C. Pr. LeMonde Job: WMQ1805--0011-0 WAS LMQ1805-11 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0584 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 11 Le meurtre d’un jeune de dix-neuf ans déclenche de violentes émeutes à Vauvert (Gard) La fête locale avait exacerbé les passions entre communautés Un jeune homme de dix-neuf ans, Mounir Oub- d’une voiture dont l’alarme venait de se déclen- paravant, la fête locale des « diableries » avait baja, a été tué, dans la nuit de samedi à di- cher. Ce meurtre a déclenché une émeute qui a attisé les passions entre les habitants de cette manche, à Vauvert (Gard), par le propriétaire duré une bonne partie de la nuit. Deux jours au- bourgade camarguaise.

NÎMES truites à coups de barres de fer. La lisent depuis plusieurs semaines les journée de dimanche, un appel au de notre correspondant plupart gisent sur le toit. La préfec- rancœurs entre communautés. Les calme, au dialogue et au rétablisse- Des habitants qui jouent du fusil, ture du Gard fait état d’un bilan to- jeunes d’origine maghrébine ac- ment de l’ordre public. Après avoir des jeunes qui cassent voitures et tal de vingt voitures détruites, dont cusent les cafetiers de ne plus vou- reçu successivement des représen- commerces, avec au final un bilan trois incendiées. Sous l’œil des pas- loir les servir. Vendredi soir, alors tants des commerçants et de la de un mort et six blessés. Quel sants apeurés et des gendarmes dé- que débutait la fête locale des communauté issue de l’immigra- diable a donc piqué Vauvert ce bordés, les vitrines de quatre bars « diableries », le patron de l’un de tion, qui compte pour 15 % de la week-end ? Dans cette petite ville et de plusieurs commerces ont été ces bars, excédé par une bagarre, population, le maire de Vauvert ra- camarguaise de dix mille habitants, défoncées. Au Café de l’Embus- avait pris son fusil et tiré en l’air. conte la lente détérioration du cli- située à une vingtaine de kilo- cade, le flipper et le juke-box sont Déjà des voitures avaient été dé- mat communal. Il parle « d’une suc- mètres au sud de Nîmes, ce n’est renversés, des chaises ont été jetées truites. Durant la même soirée, un cession d’actes d’incivilité, puis de pas le béton qui est en cause. Ici, ce moyenne délinquance, qui ont exa- qu’on appelle la cité, c’est un en- cerbé les tensions jusqu’à ce geste semble de petits immeubles. Au L’initiative de la FIDL contre la violence soutenue par M. Allègre fou ». Il évoque aussi les longues Bosquet, il y a des fleurs aux bal- années passées à retisser un lien cons, un salon de thé arabe, un ca- Plus de cinq cents lycéens de la Fédération indépendante et démo- social aujourd’hui anéanti. Dans fé, et même l’union locale de la cratique lycéenne (FIDL) se sont réunis, samedi 15 et dimanche cet engrenage, la justice est accusée CGT. 16 mai, à Paris, à l’occasion de leur campagne « l’école contre la vio- de ne pas avoir été à la hauteur. La C’est devant l’entrée de ce syndi- lence », engagée dès 1997. Invité de la FIDL, le ministre de l’éducation semaine dernière, un jeune de Vau- cat que Mounir Oubbaja, dix-neuf nationale, Claude Allègre, a saisi l’occasion pour faire le bilan des vert soupçonné d’avoir blessé griè- ans, a été tué, dimanche, à 4 h 15 mesures annoncées après le mouvement lycéen d’octobre 98. Sans vement un policier municipal avait du matin. Selon plusieurs témoi- convaincre complètement l’ensemble des participants, il a estimé été relâché immédiatement après gnages, le propriétaire d’une voi- qu’en matière de droits des lycéens, la réforme était en cours et que son audition par un substitut du ture dont l’alarme venait de se dé- les 4 milliards du plan d’urgence avaient été distribués aux régions. procureur de la République de clencher a tiré sans sommation Par ailleurs, M. Allègre a fait état d’« une étude qui montrait que la Nîmes. « Et, pourtant, nous avions depuis la fenêtre de son apparte- violence montait depuis 1995, mais qu’aujourd’hui elle s’était arrêtée. envoyé un fax à 23 heures pour dire : ment, au quatrième étage. Une Elle a même décru de 10 % à Marseille ». Le ministre a ajouté qu’il sou- “Attention, ce jeune est considéré balle de fusil 22 long rifle a touché tiendrait, financièrement, « la bonne initiative » de la campagne ly- comme un meneur, si vous le relâ- à la carotide le jeune homme, qui céenne. chez, vous créez les conditions revenait d’un mariage. L’auteur du d’une situation explosive !” C’est coup de feu, âgé de trente-cinq ans, exactement ce qui s’est passé », ex- a été placé en garde à vue. Sa vic- contre les rangées de bouteilles. riverain de cinquante-trois ans plique Guy Roca, qui a déposé time est décédée lors de son trans- « C’est le plaisir de casser, de dé- avait à son tour tiré sur un groupe plainte, samedi 15 mai, pour « mise fert à l’hôpital. truire. Ils sont trois ou quatre me- de jeunes. Cinq d’entre eux, âgés de en danger d’autrui et non assistance Sans emploi, Mounir avait été neurs. Les gendarmes ne sont pas as- dix-sept à vingt-huit ans, avaient en danger » contre le substitut. condamné le 7 mai dernier à quatre sez nombreux. Ils nous disent de ne reçu des plombs. Deux avaient été A Vauvert, où l’on compte six mois de prison ferme pour l’incen- pas dramatiser. Ils en ont de bonnes ! blessés grièvement sans que leurs cents chasseurs et autant de fusils, die d’une voiture. « Mais on n’a pas Tout mon travail est foutu », enrage jours ne soient en danger. Le tireur une partie de la population aurait touché celle-là. Quand on est passés, le patron. D’autres commerçants avait, lui, été roué de coups. Di- dès lors considéré qu’il lui fallait une vitre était déjà cassée », assure prennent plus directement à partie manche, il était en garde à vue. dorénavant compter sur ses l’un de ses copains, qui, comme les forces de l’ordre. Sur le perron de l’hôtel de ville, propres moyens. Un discours que d’autres jeunes de la cité, a ensuite Les jeunes, qui étaient au alors que deux cent cinquante gen- l’on entendait également parmi les laissé exploser sa colère par des nombre d’une cinquantaine, ont vi- darmes et gendarmes mobiles qua- jeunes du Bosquet, dimanche « représailles » en centre-ville. siblement choisi leurs cibles. A drillent les ruelles du centre de la après-midi, alors que le calme était Dans la seule rue des Capitaines, Vauvert, où le taux de chômage commune, le maire socialiste, Guy revenu sur la ville. une demi-douzaine de voitures, tout comme le vote Front national Roca, et Fouad, un jeune du Bos- dont une d’Europe 1, ont été dé- dépassent les 20 %, les bars cristal- quet, lancent tous deux, à la mi- Richard Benguigui Un rapport préconise une refonte complète de la politique de lutte contre l’illettrisme MARIE-THÉRÈSE GEFFROY chiffres et les définitions, Mme Gef- sions locales, d’associations, d’or- « s’ignorent ». « Nous n’avons trou- (RPR, Rhône) s’était singularisée froy insiste néanmoins sur le fait ganismes de formation, les agents vé nulle part de description au sein de son parti en dénonçant que « ni le linguiste, ni le sociologue, font état de leur difficulté à abor- complète de l’ensemble des acteurs tôt et fort l’alliance du président de ni le psychologue, ni le formateur, ni der le problème avec les intéressés. de terrain », note d’ailleurs la région Rhône-Alpes, Charles le statisticien ne devrait prétendre Ils regrettent le manque d’outils et Mme Geffroy, avant de relever qu’il Millon, avec le Front national. pouvoir aborder seul un recense- leur impuissance à proposer im- existe pourtant, dans chaque ré- Maire du Ve arrondissement de ment des illettrés ». médiatement un contact utile. gion et chaque département, un Lyon, Mme Geffroy se distingue au- Dès l’étape capitale du diagnos- correspondant du GPLI. Et de rap- jourd’hui en remettant, à sa de- tic et de l’orientation de la per- AUCUNE VUE D’ENSEMBLE porter les « réflexions sévères », en- mande, à Martine Aubry, ministre sonne dépistée comme illettrée, les Quant aux entreprises et aux col- tendues sur le terrain, « sur l’ab- de l’emploi et de la solidarité ainsi difficultés commencent, constate lectivités publiques, elles offrent sence de définition précise des qu’à Nicole Péry, secrétaire d’Etat la députée du Rhône. Hormis les quelques réalisations exemplaires, missions de ces correspondants et à la formation professionnelle, un trois occasions systématiques de mais isolées. Ainsi, deux personnes des moyens dont ils disposent ». Le rapport intitulé « Lutter contre l’il- repérage que sont la Journée de qui se trouvent dans une situation rapport dénonce enfin «le lettrisme », particulièrement sévère préparation à la défense (JAPD), le identique d’illettrisme, avec le constraste entre un certain nombre envers le Groupement permanent bilan d’orientation de la Protection même type d’emploi, n’ont pas les d’acteurs très familiers entre eux, re- de lutte contre l’illettrisme (GPLI), judiciaire de la jeunesse (PJJ) et le mêmes chances de s’en sortir, que groupés autour du GPLI et la mé- mission interministérielle hébergée dépistage effectué par l’adminis- ce soit dans le public ou dans le connaissance même de ce réseau » au ministère de l’emploi. tration pénitentiaire, une foule privé, déplore Mme Geffroy. par ceux qui luttent contre l’illet- L’élue lyonnaise a établi le bilan d’acteurs concourt à débusquer L’étape de la formation n’est pas trisme. – inédit – de l’action publique en l’illettrisme, mais « de façon peu moins critiquable aux yeux de la Créé en 1984, le GPLI a « certai- matière d’illettrisme. Refusant les organisée et non systématique ». parlementaire. Il n’existe aucune nement eu dans les premières an- querelles de chapelles sur les Qu’il s’agisse de l’ANPE, des mis- vue d’ensemble des formations nées, un rôle majeur dans la prise de proposées : l’« état des lieux » éta- conscience du problème de l’illet- bli par le GPLI est « riche en illus- trisme », admet le rapport, mais il trations, mais ce n’est pas un bi- est devenu aux yeux d’un grand lan », note le rapport. Chaque nombre d’interlocuteurs « assez Manifestation à Bayonne contre région réinvente son analyse, il n’y opaque, trop loin des préoccupa- a pas de cahier des charges tions de l’action, trop investi par les commun et les « seules synergies universitaires et surtout, un lieu de l’éloignement des prisonniers basques tiennent au souci spontané de cer- conflit et de rivalités qui n’inté- BAYONNE rêt des uns et des autres » ; ou en- tains de s’informer des expériences ressent pas le terrain ». Son comité de notre correspondant core les règles pénitentiaires adop- existantes ». d’orientation « ne se réunit que très Entre 2 500 et 3 500 personnes tées par le Conseil de l’Europe le Le mode de financement de ces exceptionnellement et le GPLI ont défilé, samedi 15 mai, dans les 12 février 1987, selon lesquelles si formations reste complexe et fra- s’identifie à son seul secrétariat gé- rues de Bayonne pour demander la prison est une punition, les gile : règles embrouillées, multipli- néral qui entretient principalement « le rapprochement des prisonniers conditions de détention et les ré- cité des sources financières, préca- des relations bilatérales avec les mi- politiques basques », incarcérés gimes pénitentiaires ne doivent en rité des organismes et des nistères, dans des conditions plus ou pour la plupart en dehors du Pays- aucun cas aggraver cette souf- intervenants. Ces derniers ne sont moins bonnes ». basque. Convoquée par la coordi- france, ni celle des familles. pas assez souvent professionnels Après un tel bilan, les proposi- nation des comités de soutien et le Cette initiative arrive au terme et « aucun bilan complet ne permet tions n’étonnent guère : organiser comité de défense des droits de d’une campagne engagée depuis aujourd’hui d’apprécier la diversi- un vrai réseau de repérage et l’homme, cette manifestation avait plusieurs mois. 20 000 personnes, té » des situations, entre l’idéal d’orientation autour du pro- reçu l’appui de syndicats et de par- parmi lesquelles 470 élus, ont signé d’une équipe multidisciplinaire gramme Trace de réinsertion pro- tis politiques de gauche dont la une pétition demandant le rappro- stable, liée à la recherche, et des fessionnelle des jeunes précaires, CFDT, majoritaire au Pays basque, chement des prisonniers « Nous formateurs précaires et eux- du RMI et de la JAPD ; faire le bi- la CGT et SUD. avons plusieurs fois demandé un mêmes insuffisamment formés. lan de l’offre de formation, la dif- L’objectif des organisateurs est rendez-vous avec le garde des Les outils pédagogiques, réperto- fuser, former les formateurs ; de faire cesser l’éloignement avec sceaux, explique Jean-François Le- riés par le GPLI, n’ont pas été sys- réexaminer les dispositifs de finan- leur famille des quelque 70 prison- fort, responsable de la coordina- tématiquement évalués par cet or- cement et améliorer les taux de niers basques disséminés dans tion. Nous n’avons jamais eu de ré- ganisme. Il n’y a donc pas «de prise en charge des formations de 22 prisons de l’Hexagone, la plu- ponse. » Dans une interview, en politique rigoureuse des pouvoirs base ; se doter d’une organisation part à plusieurs centaines de kilo- janvier 1999, au quotidien madri- publics pour éviter de financer territorialisée ; créer une instance mètres de leur domicile. Ils rap- lène El Pais, Elisabeth Guigou indi- l’achat, l’utilisation et la promotion d’évaluation de l’action et enfin pellent en particulier le code de quait cependant qu’il n’y aura pas d’outils dépassés ou désuets », une « instance nationale de coordi- procédure pénale, qui précise qu’il de différence de traitement pour conclut le rapport. nation pour définir une politique et « doit être particulièrement veillé au les personnes incarcérées, qu’elles Les « parcours d’insertion » qui la mettre en œuvre », bref refonder maintien et à l’amélioration des re- soient kurdes, basques, bretonnes devraient être proposés aux per- le GPLI jugé peu efficace et dépas- lations [des détenus] avec leurs ou corses. sonnes repérées restent difficiles à sé. proches, pour autant que celles-ci établir, lorsque les acteurs qui de- paraissent souhaitables dans l’inté- Michel Garicoix vraient y concourir ensemble, Béatrice Gurrey LeMonde Job: WMQ1805--0012-0 WAS LMQ1805-12 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 09:21 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0585 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Robert et Andrée Jeannot, Assemblées générales ses parents, Naissances Gabriel Abittan, Association AVENIR son époux, Siège social : 4, place Raoul-Dautry, Hélène et Louis LEBRUN Géraldine, Claire et Stéphane, 75716 Paris Cedex 15 sont heureux d’annoncer la naissance de ses enfants, Saul Steinberg Pierre et Véronique Jeannot L’assemblée générale se tiendra Antoine, et leurs enfants, le vendredi 4 juin 1999, à 14 h 30, La famille Abittan, dans l’auditorium de la CNP Dessinateur du « New Yorker » le 5 mai 1999. ont la douleur de faire part du décès de niveau accueil, au 4, place Raoul-Dautry, 75015 Paris. LE DESSINATEUR Saul Stein- Après avoir exercé pendant devient un artiste renommé. Mais, Victor et Pierre, Danielle JEANNOT, berg, qui illustra de nombreuses deux ans, il place quelques dessins si ses œuvres sont vite la coque- ses frères, Ordre du jour : Eliane et Jean-Pierre Puissochet, survenu le 14 mai 1999, dans sa Rapports moral et financier couvertures du magazine The New dans la presse et crée un magazine luche des collectionneurs et cinquante-deuxième année. Yorker, et dont l’œuvre a été avec son ami Giovanni Guareschi entrent dans des musées (Musée Cécile et François Logerot, de l’Association ; Projet de budget pour l’an 2000 ; comparée à celles de Paul Klee ou (l’auteur de Don Camillo). Puis, en d’art moderne de New York, Vic- Michèle et Maurice Lebrun, La cérémonie religieuse aura lieu le ses grands-parents, Compte-rendu de la gestion financière de Picasso, est mort, mercredi 1940, Saul Steinberg quitte l’Italie, toria and Albert Museum), il reste mardi 18 mai, à 15 heures, en l’église s’associent à leur joie. Saint-Germain, à Fontenay-sous-Bois, du contrat Plein Temps. 12 mai, à son domicile new-yor- alliée à l’Allemagne nazie, avec un inclassable. « Je n’appartiens pas suivie de l’inhumation au cimetière Convocation des adhérents kais. Il était âgé de quatre-vingt- but : l’Amérique. Refoulé une pre- tout à fait au monde de l’art, de la communal de Fontenay-sous-Bois, à à 14 h 30 précises. quatre ans. mière fois, il se réfugie au Portu- bande dessinée ou de la presse ma- « L’amour n’est vrai que s’il est partagé, 16 h 15. Saul Steinberg faisait partie gal ; après un second échec, il gazine, alors le monde de l’art ne tu viens y prendre ta part », Cours d’une famille d’artistes. Né le s’installe à la Dominique. C’est de sait pas très bien où me mettre », Loris, – M. Serge Lardeux, 15 juin 1914 dans la petite ville rou- là qu’il envoie ses premiers dessins disait-il. son époux, INSTITUT ALEPH - PARIS-XV maine de Ramnicul-Sarat, près de au New Yorker et à Harpers’Bazaar. Pour The New Yorker, il a couvert le 13 mai 1999. Et toute sa famille Stages intensifs individuels d’hébreu Bucarest, son père était à la fois Un an plus tard, il débarque à Ellis Nuremberg, puis revenu à Man- font part du décès de biblique et moderne ; analyse novatrice peintre et relieur, et possédait un Island, avec, dit-on, un faux passe- hattan, il décrit l’« American way of Nadine PAOLANTONACCI, de la Bible ; initiation à la Kabbale : Philippe RAYMOND. Mme Claire Huguette LARDEUX, 01-40-61-06-67. petit atelier fabriquant des boîtes port qu’il avait conçu lui-même. life » des années 50-60, avec un née DUGUÉ, en carton. Saul Steinberg fut tou- trait de plus en plus abstrait, en 60, boulevard de la République, jours très proche de sa sœur, l’ar- tempérant son admiration d’une 93190 Livry-Gargan. survenu le 13 mai 1999, à l’âge de INCLASSABLE soixante-quatorze ans. Conférences tiste Lica Roman. Grâce à la pra- Il passe les années de guerre à distance ironique. Ensuite, il s’inté- tique en famille de plusieurs New York, s’y marie avec la ressera à la NASA et à Hollywood, L’incinération aura lieu au Forum-ENSAE. Les inégalités : une langues – le roumain, le yiddish et peintre Hedda Sterne, dont cet dont il tire dessins et observations, Anniversaires de naissance crématorium du Père-Lachaise, le fatalité ? Mercredi 19 mai 1999, à le français –, le jeune Saul fut très « anarchiste ordonné » se séparera tout en voyageant – son autre pas- jeudi 20 mai, à 11 h 15. 18 h 30, université Descartes, 10, avenue – Heureux anniversaire, Pierre-Larousse, à Malakoff (métro Porte- vite dévoré par l’amour des livres, quelques années plus tard mais sion –, dans le monde entier mais 50, boulevard Victor-Hugo, de-Vanves). Avec J. Barrot, A. Lipietz et des lettres et surtout des chiffres, sans jamais divorcer. Et il est pris aussi dans le Sud profond. Clémence, 92110 Clichy. L. Hoang Ngoc. dont le graphisme le ravissait. Il en charge par Betty Parsons, qui Le dessin le plus célèbre de Saul Entrée libre. Tél. : 01-41-17-64-98. développa d’ailleurs une théorie participe à la carrière de Rothko et Steinberg, imprimé en poster dans pour tes quatre-vingts ans. – Elle s’appelle mêlant l’onirisme animalier (et de Jackson Pollock. Le succès vient le monde entier (et adapté locale- Michèle, Michel, Marie-Jo, Paul, notamment le chat, qu’il reprit à Saul Steinberg, alors qu’il n’a ja- ment à Paris, Londres ou Rome), Catherine PIERRE. – L’INSTITUT MICHEL-VILLEY Barbara, Pierre, Delphine, pour la culture juridique et la dans son bestiaire de dessinateur) mais eu de plan de carrière : il de- représente la vision que les New- Stéphanie, Vincent, Jérôme, Thang, philosophie du droit de l’université Mathilde, Thu-Van, Lan, Son, Elle devait avoir trente-huit ans le et les chiffres, avec une prédilec- vient collaborateur attitré du New Yorkais ont du reste du monde : 14 juin. Paris-II (Panthéon-Assas) organise, le tion pour « l’abstraction du Yorker et, en 1945, publie son pre- une carte de Manhattan en pre- Thomas, Blanche, Constance, vendredi 21 mai 1999, une journée Elisabeth. nombre 4 ». mier livre d’esquisses, All in line. mier plan, et quelques monuments Elle est morte d’un cancer généralisé, consacrée à « Temps, interprétation le 17 avril 1999, à Plourivo (Côtes- C’est dès sa petite enfance qu’il Le magazine Time le célèbre, le étrangers au loin... Sa collabora- et droit ». Conférences à 10 heures d’Armor). et à 14 h 30. Lieu : Centre Panthéon, se mit à dessiner. Pour lui, le des- trait « steinbergien » est né. tion avec The New Yorker a duré 12, place du Panthéon, salle des conseils. Elle a été courageuse et courageuse. sin était une façon de remédier à Cet étranger qui a obtenu la ci- plus d’un demi-siècle, soit 85 cou- Gaëlle. Renseignements au 01-44-41-59-14. sa méconnaissance de l’alphabet toyenneté américaine conserve un vertures et 642 dessins. Il laisse 18 mai, dix-huit ans. Que ceux qui la connaissent, l’aiment, et des mots. Plus tard, devenu un regard extérieur, ironique et amu- aussi plusieurs livres dont The Pass- parlent d’elle, simplement. peintre reconnu, il expliqua que sé, tout en se conformant à un port, The Labyrinth, The Discovery of Que de chemins encore à découvrir... Gaspard, Louise et Alain. Séminaires « le griffonnage servait de “cou- style de vie : il était notamment America, etc., tandis que ses mains, veuse” à la main ». Adolescent, fou de base-ball, et tint la chro- prêtées l’espace d’un plan à Gene Kevin et Anne. COLLÈGE INTERNATIONAL DE PHILOSOPHIE Saul Steinberg suit ses parents à nique de la saison des Milwaukee Kelly, apparaissent dans le film Un Anniversaires de décès Bucarest. Ce féru de latin y étudie Braves en 1954. Il fréquente alors Américain à Paris. – Joyeux vingt ans à b Séminaires la philosophie et la littérature, des célébrités comme Le Corbu- René BLETTERIE, Louise Burchill : « Le “féminin” et la avant de partir en 1932 pour Milan sier, Stravinsky ou Saul Bellow, et Yves-Marie Labé Olivier SCHIEB. 18 mai 1989. philosophie “féministe” anglo- où il décroche son diplôme d’ar- saxonne ». chitecte, au Politecnico. Mais il Maman, Papa, Sébastien, Pierre-Alain, « Dans la fidélité, nous apprenons 20 et 27 mai, 3 et 10 juin, 18 h 30-20 h 30, Marie-Claude, Elsie, Julie. à n’être jamais consolés. » salle RC 4, université Paris-VII, 2, place sait déjà qu’il n’exercera pas long- a SIR IAN FRASER, chirurgien et périmenter la pénicilline, subs- René Char. Jussieu, Paris. temps ce métier qui nécessite trop l’un des pionniers de l’usage théra- tance dont on commençait alors à de contacts et de négociations peutique de la pénicilline durant la percevoir les immenses vertus thé- Mariages Jean-Claude Milner : « Antiphiloso- alors qu’il préfère observer, dessi- seconde guerre mondiale, est mort rapeutiques. Le docteur Fraser de- Avis de messe phie (2) ». M. et Mme Alain-Francis HONORÉ 20 et 27 mai, 3 juin, 18 h 30-20 h 30, ner, noter... à son domicile, en Irlande du Nord, vait ainsi développer l’usage de cet – La messe du 21 mai 1999, à 10 heures, mardi 11 mai, à l’âge de quatre- antibiotique chez les blessés des sont heureux d’annoncer le mariage de salle RC 3, université Paris-VII, 2, place en l’église Saint-Sulpice (chapelle de Jussieu, Paris. vingt-dix-huit ans. Né à Belfast, le troupes alliées. De retour à Belfast Vincent l’Assomption), à Paris, sera célébrée à JOURNAL OFFICIEL docteur Fraser avait servi dans les en 1946, il fut nommé chirurgien au avec l’intention de L’accès à toutes les activités du rangs de la médecine militaire bri- Royal Victoria Hospital et au Royal lle M Isabelle AMEINGUAL. Léon GISCHIA. Collège est libre et gratuit (dans la Au Journal officiel du jeudi tannique lors de la guerre 1939- Belfast Hospital for Sick Children limite des places disponibles). 13 mai est publié : 1945. En 1942, il avait quitté de Belfast. Le docteur Fraser avait Ils se donneront le sacrement le samedi Renseignements sur salles, b Observatoire : un arrêté por- l’Afrique de l’Ouest pour Alger, où été anobli en 1963 et avait publié, 5 juin 1999, à 15 h 30, au cours de répondeur : 01-44-41-46-85. Autres l’eucharistie célébrée en l’église Colloques renseignements : 01-44-41-46-80. tant nomination à l’Observatoire il devait être nommé à la tête d’une en 1989, ses Mémoires sous le titre Notre-Dame-de-l’Assomption de de la pauvreté et de l’exclusion. équipe de recherche chargée d’ex- Blood Sweat and Cheers. Du 20 au 22 mai, à Brest, Rencontres Carry-le-Rouet. européennes : « Médias, environnement et développement durable : quelle Communications diverses 5, avenue de la Source, information pour quels choix de ORDRE NATIONAL Francis Aribaut, ancien président de la sident d’une association d’anciens combat- 13620 Carry-le-Rouet. société ? » EXCLUSION SOCIALE, Chambre nationale des huissiers de justice ; tants ; Charles de Belder, président départe- Inscription (gratuite) à l’Université PSYCHIATRIE DU MÉRITE Agnès Delaroche, née Cavellat, conseillère à mental de l’Union nationale des européenne de l’environnement : Jeudi 27 mai 1999, la Cour de cassation ; Jean-Pierre Leclerc, combattants ; Jacques Dognin, vice-pré- Décès 01-45-26-46-25. Espace Rashi, Une liste de nominations, promo- président de section au Conseil d’Etat ; Jac- sident départemental de la Fédération natio- 39, rue Broca, Paris-5e queline Régnier, épouse Cochard, présidente nale des déportés et internés de la Résis- tions et élévations dans l’ordre na- – Mme Georges Dillemann, avec le CPOA, le Samu social, le Service honoraire du tribunal de grande instance de tance ; Philippe Roussel, membre du conseil son épouse, Eranne de Maavar, la Cité Saint-Martin, tional du Mérite est parue au Jour- Paris ; Denise Cagniant, née Plessis, profes- d’administration de l’association des anciens Tables rondes e Ses enfants, l’Association Aurore, la DASS de Paris, nal officiel daté vendredi 14-samedi seur honoraire des universités ; Pierre Cham- de la 2 DB ; Robert Espérou, ancien ingé- pagne, inspecteur général de l’administra- nieur général de l’aviation civile ; Bernard Ses petites-filles, 17 mai : les élections israéliennes l’hôpital Esquirol. 15 mai. tion ; Yves Coppens, professeur au Collège Fauveau, ancien ingénieur général des ponts Et toute la famille, en direct sur Radio Shalom. Réservation et renseignements : Sont élevés à la dignité de grand-croix : de France, membre de l’Institut ; Marie- et chaussées ; Dimitri Georgandelis, direc- Association MAAVAR : 01-43-48-50-30. Redjem Benzaïd, administrateur de l’Insti- ont la douleur de faire part du décès de L’Association des auditeurs France Coquard, née Lork, directrice de teur à Aéroports de Paris, Gérard Morançay, tut du monde arabe ; François Flohic, vice- de Radio Shalom centre d’information et d’orientation ; André président d’honneur d’un organisme euro- amiral ; Jacqueline Pery, née de La Rochebro- M. Georges Marie André Joseph participe à trois tables rondes Guinier, professeur émérite des universités, péen de sociétés d’exploitation d’auto- chard, déportée résistante. consacrées aux résultats membre de l’Académie des sciences ; Roger routes ; Claude Massu, vice-président d’une DILLEMANN, Soutenances de thèse Sont élevés à la dignité de grand officier : des élections israéliennes. Monier, directeur émérite de recherche, fédération d’offices d’HLM et d’offices ingénieur chimiste ICB, Jean Aicardi-Lejard, président de commis- membre de l’Académie des sciences ; Pierre d’aménagement et de construction ; Jean- docteur ès sciences, Animés par des journalistes – Xavier Grosclaude a soutenu, le sions ; Bernard Baudelot, avocat honoraire Leroux, inspecteur d’académie, directeur des Claude Brialy, comédien ; Dominique Fer- professeur honoraire et des spécialistes, 7 mai 1999, à l’université Robert- au barreau de Paris, ancien bâtonnier ; Ber- services de l’éducation nationale de la Cha- nandez, écrivain ; Gilbert, dit Gilles, Jacob, les débats seront diffusés Schuman de Strasbourg, sa thèse de nard de Bigault du Granrut, avocat au bar- et ancien vice-président rente-Maritime ; Gilles Bouilhaguet, préfet délégué général du Festival de Cannes ; Ro- sur Radio Shalom 94,8 FM reau de Paris, ancien bâtonnier ; Emile Blanc, de l’université René-Descartes, doctorat en droit intitulée « Les droits des Pyrénées-Atlantiques ; Antoine Guerrier bert Laffont, éditeur ; Jacqueline Vibert, et sur Internet www.radioshalom.com président du groupement de l’armement de doyen honoraire de la Faculté des actionnaires dans les opérations de Dumast, préfet honoraire ; Gérard Pacaut, épouse Perriard, dite Baudrier, journaliste ; l’Europe ococidentale ; Louise Cadoux, née des sciences pharmaceutiques et retransmis sur Canal Satellite. de fusion ». inspecteur général de l’administration ; Ra- Gérard Jacquet, inspecteur général de la coo- Trial, conseiller d’Etat honoraire ; Emile Ja- et biologiques de Paris, Tél. : 01-56-33-99-99. Le jury, composé de MM. Dominique miro Riéra, sous-directeur au ministère de pération technique ; Robert Leroux, gérant louneix, trésorier-payeur général honoraire ; l’Intérieur ; Yves Aubin de La Messuzière, mi- de sociétés agroalimentaires ; Louis Perpere, ancien président Schmidt, professeur à l’université Robert- Raymond Long, préfet honoraire ; Denise nistre plénipotentiaire à l’administration du conseiller dans un syndicat national profes- de la Société botanique de France, Schuman, directeur de thèse ; Jean- Vernay, née Jacob, secrétaire générale de ministère des affaires étrangères ; Isabelle sionnel ; Guy Raffi, inspecteur général de de l’Académie nationale de pharmacie François Barbiéri, professeur à l’Association nationale des anciennes dépor- Nos abonnés et nos actionnaires, Herr, épouse Renouard, ancienne ministre l’agriculture ; Raymond Mondet, jardinier et de la Société d’histoire de la pharmacie, l’université Toulouse-I - Sciences tées et internées de la Résistance. plénipotentiaire ; Jacques Le Blanc, ministre chroniqueur ; Walter Amsallem, ancien pré- chevalier de la Légion d’honneur, bénéficiant d’une réduction sur les Sont promus commandeurs : sociales ; Alain Couret, professeur à plénipotentiaire ; René Drouin, président du sident du conseil régional de Picardie, maire insertions du « Carnet du Monde », Pierre Capaces, vice-président de la société chevalier de l’ordre national l’université Paris-I - Panthéon-Sorbonne ; conseil d’adminstration d’une compagnie de Beauvais ; Jean Ducerf, conseiller général sont priés de bien vouloir nous com- me nationale Les Médaillés militaires ; Paul Fort, du Mérite, M Marie-Anne Frison-Roche, d’assurances (Suisse) ; Georges Philippe, ar- de Saône-et-Loire, maire de Vendenesse-lès- président d’une union départementale de la chevalier du Mérite agricole, muniquer leur numéro de référence. professeur à l’université Paris-IX - chitecte (Maroc) ; Gérard Lamblin, médecin- Charolles. société Les Médaillés militaires ; Michel Bi- officier des Palmes académiques, Dauphine, et M. Charles Goyet, conférencier en Côte d’Ivoire ; Louis Genot, Parmi les promus au grade d’officier on re- dron, ancien professeur d’enseignement gé- croix de bronze professeur à l’université Robert- président honoraire d’un conseil régional de lève les noms de Yves Berger, André Besson, néral des collèges ; Michel Barois, président l’ordre des experts-comptables ; Hélène Gis- Hector Bianciotti, écrivains ; Bernard Faivre des services militaires volontaires, Schuman, lui a décerné la mention Très honoraire d’un comité d’entraide sociale ; serot, née Velluz, procureur général de la d’Arcier, directeur du Festival d’Avignon ; Vous pouvez Honorable avec félicitations. Jean-Pierre Desgeorges, président-directeur Cour des comptes ; Jacques-Henri Gougen- Francis Girod, cinéaste ; Sylvie Guillem, ar- survenu à Paris, le 12 mai 1999, dans sa général d’un organisme bancaire ; Savinien heim, ancien président d’une banque ; Louis tiste chorégraphique ; Hubert Nyssen, édi- quatre-vingt-dix-septième année. nous transmettre Fousse, inspecteur général de l’aviation ci- Lichou, président honoraire d’une confédé- teur. vile ; Abel Goxe, délégué honoraire d’un vos annonces la veille ration bancaire ; Jean Rigaudie, directeur gé- Parmi les personnalités nommés chevaliers conseil supérieur des Français à l’étranger ; Les obsèques ont lieu le lundi 17 mai, à néral d’une chambre de commerce et d’in- figurent notamment Sylvie Fauvet, épouse pour le lendemain SOUTENANCES DE THÈSE Marcel Jullian, journaliste, scénariste ; Sébou Andelot (Haute-Marne). dustrie ; André Cothereau, receveur régional Vauzelle, juge au tribunal de grande instance Sarian, président d’honneur de l’Union na- jusqu’à 17 h des douanes à Poitiers ; Jean-Louis Barrault, d’Avignon ; Hervé Baslé, auteur, réalisateur ; tionale de l’église apostolique arménienne ; ¤ président directeur général de société ; Gé- Christophe Coin, chef d’orchestre ; Hélène Une messe sera dite en sa mémoire, le 83F TTC - 12,65 la ligne Yvette Berger, directrice d’une agence régio- Permanence le samedi rard Piketty, secrétaire général du conseil gé- Collet dite Surgère, comédienne ; Bernard mardi 25 mai, à 11 heures, en la chapelle nale d’hospitalisation ; Maurice Bonnet, vice- e néral des mines ; Alain Villaret, ingénieur gé- Faucon, photographe ; Régis Faucon, journa- du Val-de-Grâce, à Paris-5 . jusqu’à 16 heures Tarif Etudiants 99 président d’un comité de personnes âgées ; néral des ponts et chaussées ; Jean Agletiner, liste ; Robert, dit Fabrice, Luchini, comédien ; Abel Crépin, président honoraire d’une mu- président d’honneur d’associations d’anciens Pierre-Pascal Ory, historien ; Jean-Luc Peti- tuelle ; Pierre Rougerie, vice-président d’une 42, rue Henri-Barbusse, combattants ; André Baguet, ancien pré- trenaud, journaliste. université du temps libre ; Max Tétau, direc- 75005 Paris. teur médical d’une société pharmaceutique ; Jeanne Cheney, née Choulet, présidente d’un CARNET DU MONDE comité départemental d’une ligue humani- TARIFS 99 - TARIF à la ligne taire ; Françoise Mutin, née de La Chaise, présidente d’un comité national de défense des droits des femmes ; Francis Peigné, pré- DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, sident d’un intersyndicat national profes- sionnel ; Pierre Wolff, ancien chirurgien-den- ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 136 TTC - 20,73 ¤ tiste conseil d’une caisse de sécurité sociale ; TARIF ABONNÉS 118 F TTC - 17,98 ¤ NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, MARIAGES, FIANÇAILLES 520 F TTC - 79,27 ¤ FORFAIT 10 LIGNES Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 ¤ THÈSES - ÉTUDIANTS : 83 F TTC - 12,65 ¤ COLLOQUES - CONFÉRENCES : Nous consulter ట 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 Fax : 01.42.17.21.36 Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de deux lignes. Les lignes en blanc sont obliga- toires et facturées. LeMonde Job: WMQ1805--0013-0 WAS LMQ1805-13 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 09:54 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0586 Lcp: 700 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 Le ciel de la baie des Anges est saturé d’avions Grand Prix de Monaco, Festival de Cannes et pont de l’Ascension : l’aéroport de Nice, le deuxième de France, a encore enregistré, dimanche 16 mai, un pic de fréquentation de 503 vols. Les riverains sont excédés par les nuisances. Les responsables veulent désormais se soucier de l’environnement. NICE partie du paysage de la baie des problème n’est pas de poser [les veillent l’utilisation. Ils appar- kérosène. Le lessivage de la plate- vant les tribunaux », dit M. Pala. de notre correspondant Anges. Ils se posent, au bout de la avions] mais de les amener, ex- tiennent à l’armée des opposants à forme va à la mer. » Son association a demandé une Avec le long pont de l’Ascension promenade des Anglais, entre la plique Daniel Galibert. Nous avons l’aéroport, riverains et défenseurs La contestation a eu un premier expertise pour prouver que le pas- et l’afflux du public international mer et les collines. Dans les an- étendu notre espace de navigation de l’environnement réveillés au dé- effet : les responsables de l’aéro- sage des avions peut entraîner une attiré par le Grand Prix de Monaco nées 80, l’aéroport accompagne le jusqu’à la limite de celui de la Corse. but des années 90 par le projet port ne parlent plus de résultats en perte de la valeur des propriétés et le Festival de Cannes, l’aéroport développement économique de la Le plafond a été remonté pour pas- d’une nouvelle piste nord, inaugu- chiffres mais en qualité. « L’envi- survolées de 30 % à 40 %, et une de Nice-Côte d’Azur a connu, di- côte d’Azur, orchestré autour de la ser les montagnes proches et per- rée il y a quelques jours. ronnement est une nouvelle dimen- autre pour mesurer la qualité des manche 16 mai, un nouveau pic de montée en puissance du techno- mettre les échanges directs avec Depuis, les extensions de l’aéro- sion, indique M. Deplace. Nous dépôts de suie et de kérosène, no- fréquentation : il a enregistré pôle de Sophia Antipolis. Le palais l’Italie. Cela améliore nos trajec- port font l’objet de multiples re- mettons en place un système de me- tamment sur les ports de plai- 503 vols et les passagers ont dû des congrès permet d’ajouter le toires et fluidifie le trafic. » cours devant le tribunal adminis- sure du bruit et de surveillance des sance. supporter des retards allant jus- tourisme d’affaires au tableau tratif. « Il y a les nuisances sonores trajectoires. Une charte de l’environ- Avec vingt-cinq vols par heure, qu’à une heure trente. Des mas- d’une côte tournée jusqu’alors vers UNE AMORCE DE DIALOGUE évidentes, expose Jean-Claude Pala, nement est rédigée avec plusieurs l’aéroport de Nice n’est pas loin de sages antistress leur ont été propo- les plaisirs, les jeux et le luxe. Dans De leur balcon, des Antibois de l’association Cap d’Antibes En- associations. Un poste a été créé la saturation, estimée à vingt-huit sés, manière d’adoucir l’attente. le même temps, le pôle industriel épient avec des jumelles l’activité vironnement. Mais il y a aussi la pour entretenir les relations avec les vols. Celui de Toulon-Hyères, aé- L’incontestable réussite écono- de Marseille subit les effets de la aérienne. Ce sont les membres de pollution marine. En imperméabili- riverains. » roport militaire avec une zone ci- mique du deuxième aéroport de crise. Conséquence, l’aéroport de l’association Capsa qui protestent sant cinquante hectares de surface Cette amorce de dialogue suffi- vile, pourrait connaître une exten- France a ses revers que dénoncent Nice passe devant son concurrent contre le survol de leur ville. Ils ont supplémentaire pour la nouvelle ra-t-elle ? Certains opposants sont sion et devenir la troisième grande inlassablement les associations de provençal. obtenu l’installation d’une nou- piste et de nouveaux parkings irréductibles : « Pas question de si- porte du Sud-Est sur le ciel. riverains. « Nous devons rentrer Bruxelles donne le coup de velle balise destinée à guider les d’avions, le terre-plein n’absorbe gner une charte dont le seul but sera dans le cercle vertueux du dévelop- pouce : l’Europe oblige Air France avions au large du cap et en sur- plus les déchets liquides comme le de nous lier et de nous l’opposer de- Jean-Pierre Laborde pement économique soucieux de à laisser des créneaux horaires sur l’environnement », explique désor- Orly à d’autres compagnies. « Nous mais Daniel Galibert, le directeur avons profité de la libéralisation du de l’aviation civile de Nice. trafic aérien, explique Hervé De- Les avions ont, ici, un point place, directeur de l’aéroport. Dès Un appel d’offres annulé compromet l’aménagement de la vallée du Var commun avec les bateaux : ils font 1991, nous avons accueilli AOM. La NICE luvions. Le président du collège d’experts avait note administrative, non datée, portant l’en- libéralisation a été totale en 1996, et de notre correspondant été révoqué par le préfet des Alpes-Martimes. tête « mission interservices de l’eau », précise notre taux de croissance a atteint Une décision du tribunal administratif de Saisi par l’Association de défense des rive- que l’étude était en cours de réalisation et Une forte croissance 7,5 % cette année-là, 11,6 % en 1997 Nice ravive la polémique sur l’aménagement de rains de la vallée du Var, le tribunal administra- qu’un groupe de pilotage mensuel se réunirait et 9,7 % en 1998. » Plusieurs la vallée du Var, à l’ouest de Nice, par le dou- tif a souligné que « la Sogreah, à la date de la le 4 juin 1998. à l’international compagnies (KLM, Lufthansa et blement de la route nationale 202, Nice-Digne. décision litigieuse, était une société rattachée aux Le tribunal administratif de Nice a transmis Swissair) ont intégré Nice dans Les magistrats considèrent que la procédure groupes industriels Alcatel-Alsthom-Compagnie sa décision à la chambre régionale des comptes En 1998, le trafic « passagers » leur réseau de relations euro- d’appel d’offres pour le marché des études hy- générale d’électricité et Vivendi-CGE, lesquels et aux procureurs de la République de Nice et de l’aéroport de Nice a été de péennes. L’aéroport ouvre aussi drauliques a été faussée pour favoriser une so- étaient directement impliqués par le biais d’une de Grasse. L’Association de défense des rive- 8,087 millions, et le nombre de ses portes aux compagnies «low ciété liée, au moment de la signature du filiale dans la gestion des seuils du Var et de leur rains de la vallée du Var demande l’ouverture mouvements commerciaux a at- cost » de voyages à bas prix. La contrat, à Alcatel et Vivendi (Le Monde du micro-central (...). Il en résulte que la société So- d’un débat public sur l’aménagement de la val- teint 131 365. La progression du chambre de commerce crée, avec 26 janvier). Le 16 avril, le tribunal administratif greah ne présentait pas toutes les garanties d’ob- lée du Var. « Tout ceci semble avoir été fait pour trafic international a été la plus Air Littoral, basé à Montpellier, a analysé les conditions d’attribution par le di- jectivité indispensables pour mener une étude hâter la réalisation du projet de RN 202 bis, qui rapide. De 1993 à 1997, elle a at- une compagnie régionale, avec son recteur départemental de l’équipement, le globale refondatrice du bassin versant du Var ». souffre depuis son origine d’un manque de teint 40 %, ce qui représente un hub (lieu de connexion de ses vols) 23 novembre 1998, de l’étude globale du bassin concertation et constitue une mauvaise réponse gain de 1 million de passagers. sur la Côte d’Azur. versant du Var à la Sogreah. UN DÉBAT PUBLIC au crucial problème des déplacements dans la Sur la liaison Paris-Nice, trois Comment jongler avec autant Dans un pré-rapport, un collège d’experts La mise en perspective des différentes dates basse vallée du Var », estime Marius Papi, compagnies se font concur- d’avions, 400 en moyenne par avait, avant l’attribution de cette étude, dénon- étaye la décision de la juridiction administra- conseiller général (PC). Christian Estrosi, dépu- rence : Air France, AOM et Air li- jour ? Le trafic est géré par le cé les risques d’inondation accrus, notamment tive et démontre une volonté d’anticiper sur le té (RPR), qui avait défendu le projet, demande berté. Le hub d’Air littoral, créé centre européen de Bruxelles, qui par l’aménagement de la RN 202 bis en partie résultat de l’appel d’offres : le marché a été si- au préfet de clarifier la position de l’Etat et en octobre 1996 et qui dessert la étale les départs de l’aéroport. À dans le lit du fleuve. Les experts expliquaient gné le 23 novembre 1998, et les études ont été d’engager une enquête pour expliquer « la mul- grande majorité des liaisons Nice, la moyenne des retards a at- que les seuils, dont la reconstruction était pré- déposées en décembre. Mais dès le 12 mai 1998, tiplication des fautes et des erreurs commises transversales, aura cet été, au teint vingt-six minutes en avril. vue dans le projet, contribuaient à entraver le chef du service hydraulique de la DDE avait dans l’élaboration de ces procédures ». départ de Nice, vingt destina- C’est considérable, reconnaissent l’écoulement des eaux et empêchaient l’alimen- informé le directeur de la Sogreah qu’il était tions. – (Corresp.) les responsables niçois. « Notre tation de la nappe phréatique par le dépôt d’al- nécessaire d’entreprendre sans attendre. Une J.-P. L. LeMonde Job: WMQ1805--0014-0 WAS LMQ1805-14 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0587 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 HORIZONS ENQUÊTE

des organisations humanitaires, de- vant le fait accompli, « n’ait pas jugé utile de dénoncer publiquement l’at- titude des Macédoniens. Si le HCR a protesté, personne ne l’a entendu ! », ironise le président de MDM. «Je suis intervenue auprès du gouverne- ment de Macédoine, réplique Sada- ko Ogata, de son bureau de Ge- nève. La dénonciation publique n’est pas forcément la méthode la plus effi- cace. » Mme Ogata ne nie pas les diffi- cultés de son organisation à faire face. L’agence onusienne n’a-t-elle pas dû accepter, le 7 avril, par lettre officielle, l’aide de l’Alliance atlan- tique, manière à peine voilée d’avouer son impuissance ? S’ap- puyer sur l’OTAN – dont les pays membres sont, de facto, à la fois des belligérants et les principaux donateurs des organisations huma- nitaires – ne semble pas embarras- ser outre mesure le haut-commis- saire.

UR le plan de l’efficacité lo- S gistique, les militaires n’ont- ils pas fait la preuve de leur supériorité sur les civils ? « Les Amé- ricains sont capables, avec leur ar- mée, de construire un camp pour 20 000 réfugiés en une semaine – et nous devrions refuser ? », s’étonne Mme Ogata. « Que voulez-vous donc que je fasse ? Que j’aille à Paris, de- mander de l’aide à M. Josselin ou à M. Kouchner ? Je risque d’attendre longtemps ! », lance-t-elle, agacée. Il est vrai que la France, d’où ont fusé bien des critiques, n’est pas tou- jours la mieux placée pour accuser le HCR. Ainsi, les 5 millions de francs pro- mis haut et fort par Paris, le 6 avril, dans le cadre du programme d’ur- gence pour le Kosovo n’ont été ver- sés que le 26. La France, dont le « penchant prononcé pour les actions bilaté- rales » est connu, se situait, en 1998, YANNIS BEHRAKIS/REUTERS Des réfugiés se pressent lors d’une dans la liste des donateurs pour le distribution de nourriture, budget ordinaire du HCR, en quin- début avril, dans le « camp » zième position – juste derrière de Blace, à la frontière l’Australie, et bien loin des Etats- macédonienne. Le HCR Unis, de la Grande-Bretagne ou de est apparu dépassé devant l’Allemagne. l’ampleur et la soudaineté « La crise des réfugiés est arrivée, si de l’exode des Kosovars. j’ose dire, au bon moment : quand des doutes ont commencé à naître Le HCR en accusation sur l’efficacité de la guerre ... et de IEN n’a changé, « Oui, c’est vrai, nous n’étions pas frontière ? Pourquoi ne pas avoir sera-t-il suffisant pour redorer le l’OTAN, assure M. Jessen-Petersen. en apparence, sur prêts. Oui, nous avons été lents », Retards construit un parking, où les véhicules blason de l’agence onusienne ? Cette crise a fait diversion, et ce sont les bords du lac lâche-t-il à regret. pourraient stationner ? Pourquoi ne Rien n’est moins sûr. les humanitaires, en particulier le Léman. Rue de Du fait de ces lenteurs au démar- et flottements pas avoir prévu de lieux pour accueil- « Nous avons perdu la guerre de la HCR, qui en ont fait les frais. » Est- Montbrillant, à rage, le HCR aurait perdu « entre lir les gens, même provisoirement ? communication », regrette Soren ce, comme le pense Corinne Per- deux pas du Palais cinq et sept jours » de travail, va-t-il pour les Toutes proportions gardées, les réfu- Jessen-Petersen, évoquant les com- thuis, chargée de l’information du des nations, l’im- jusqu’à concéder. « Mais qui, des giés, quand ils arrivent, passent d’un mentaires de la presse européenne, HCR en France, parce que les réfu- meuble ultramo- militaires, des chefs d’Etat, des ex- premiers enfer à l’autre. Le HCR porte une particulièrement peu amènes en giés kosovars « sont des Européens R perts ou des responsables d’ONG, a lourde responsabilité. » France et, surtout, en Italie. Curieu- comme nous » que l’on se montre derne du Haut- Commissariat des Nations unies été capable de prévoir ce qui allait se secours, Devant ce flot d’attaques, Neill sement, malgré cette berezina mé- « plus exigeant avec le HCR» ? Pour pour les réfugiés (HCR) pointe dis- passer ? plaide-t-il en retour. Qui a Wright reste de marbre. C’est un art diatique présumée, le HCR a fait re- Jacky Mamou, les critiques « légi- traitement vers le ciel genevois son dit : attention ! vos chiffres sont sous- sous- dans lequel ce responsable du HCR, cette auprès des populations. « Rien times » lancées contre l’organisa- doigt de verre et de métal. Sept estimés ? Personne. » « Pourtant, tous chef de l’unité de liaison en ex-You- qu’en Italie, les dons privés ont atteint tion onusienne ne doivent « pas étages de silence immaculé, de bu- les mercredis, depuis quatorze mois, estimation goslavie, semble être passé maître. 8 millions de dollars (7 550 000 eu- conduire à décrédibiliser des institu- reaux nets et lisses, de visages ac- précise l’adjoint du haut-commis- « Je suis trop britannique pour me ros). C’est énorme ! », explique un tions dont le travail et la mission re- crochés à l’écran des ordinateurs. saire, nous nous réunissions avec les de l’afflux mettre en colère », soupire-t-il. Po- Une ruche onusienne, dans toute sa donateurs – France comprise – afin sée près de son bureau, une plante splendeur high-tech. Devant les de discuter de la situation en ex-You- des exilés, verte agonise. Depuis le 24 mars, « Les Américains sont capables, barbelés qui protègent le sas d’en- goslavie. Personne ne nous a donné la Neill Wright oublie de l’arroser. trée, des soldats en treillis montent moindre information qui aurait cor- manque Comme beaucoup d’autres ici, de- avec leur armée, de construire un camp la garde. A l’intérieur, des employés rigé les nôtres. » puis le déclenchement de la crise du s’activent. On prépare la venue du Témoin de cette imprévoyance – de cadres Kosovo, il travaille sept jours sur pour vingt mille réfugiés en une semaine vice-président du Burundi. Dra- que certains responsables du HCR sept et ne compte plus ses heures. peaux, tapis rouge et petits fours. préfèrent qualifier d’« innocence » et d’employés, « Certaines critiques sont justifiées : – et nous devrions refuser ? » Rien n’a changé, croit-on. Derrière –, un premier appel d’urgence aux nous n’avions pas assez de monde sur la belle façade genevoise, la crise, donateurs, publié le 1er avril, près le Haut- le terrain, OK ! Et ce n’étaient pas pourtant, a ouvert des lézardes. d’une semaine après le début des forcément les meilleurs éléments, connaisseur de la scène onusienne. lèvent de l’universel ». La création C’est Soren Jessen-Petersen, ad- frappes sur la Serbie, prédisait, Commissariat OK ! Mais beaucoup de reproches « Encore heureux que les télévisions d’une « agence humanitaire » au joint du haut-commissaire, qui uti- d’avril à la fin juin, un afflux de sont malhonnêtes ou sans fonde- aient été là pour filmer le scandale de sein de l’OTAN, censée pallier les lise le terme. La crise, celle du Koso- 150 000 personnes en Albanie et de des Nations ment », assure-t-il. Il connaît les Blace. Sans elles, personne n’aurait défaillances de ces institutions, re- vo, en a révélé d’autres. L’exode 100 000 autres en Macédoine. chiffres par cœur. Ceux des réfu- rien su de l’évacuation forcée des ré- présenterait « un recul terrible », soudain de plusieurs centaines de Quatre jours plus tard, le HCR doit unies pour giés, comme ceux du personnel du fugiés et on serait parti pour un considère le président de MDM. milliers de Kosovars, fuyant les mi- réviser son jugement. Alors que HCR. Rwanda-bis », ajoute ce même ob- Boi Lan Lemoine, qui travaille à la lices serbes au lendemain des pre- quelque 250 000 réfugiés piétinent les réfugiés servateur, faisant allusion à la « dis- section transport et distribution du mières frappes de l’OTAN sur Bel- en Albanie – soit 100 000 de plus la veille des frappes sur parition », à l’automne 1997, de HCR, a une vision plus pragmatique grade, a donné le signal du malaise que prévu – et que presque 140 000 a été dépassé Belgrade, le bureau du HCR quelque 250 000 réfugiés rwandais, et quotidienne de cette guerre dans autres sont arrivés en Macédoine, A onusien. Blâmé pour ses lenteurs, en Albanie se composait de dont tout laisse à penser qu’ils la guerre, qui lie et oppose à la fois son inertie, voire son incompé- les experts genevois publient à la par l’ampleur seulement « six [employés] interna- furent massacrés, à huis clos, dans militaires, politiques et humani- tence, le HCR est devenu, notam- hâte un deuxième appel. Dans ce tionaux et dix locaux ». Celui de Ma- les forêts du Zaïre. Là, déjà, le HCR taires. « Depuis le début des opéra- ment en Europe, « un bouc-émis- document, daté du 5 avril, un nou- de la crise cédoine se réduisait à « quatre inter- n’avait dit mot. tions, les vols humanitaires ont nette- saire facile » pour les politiciens et veau rush est annoncé – de 300 000 nationaux et huit locaux », auxquels Les images du « camp » de Blace, ment diminué. Je me bats tous les certaines organisations non gouver- Kosovars en Albanie, de 180 000 en du Kosovo il faut ajouter les quelque soixante un no man’s land boueux, situé en jours pour obtenir une dizaine de vols nementales (ONG), déplore le haut Macédoine et de 125 000 au Monté- membres du HCR évacués du Koso- Macédoine, que les autorités locales sur Skopje [Macédoine] et vingt ou fonctionnaire. Procès injuste ? négro. Nouveaux chiffres, nouvelles vo. Quant aux deux bureaux du ont vidé, en une nuit, de ses quel- trente vols sur Tirana [Albanie]. Peut-être. Mais les faits sont têtus. erreurs. Car, très vite, là encore, la Monténégro, ils totalisaient « dix in- que 40 000 occupants kosovars, ont Mais, franchement, c’est de plus en Le cauchemar du HCR réalité dépasse les plus noires prévi- ternationaux et quinze locaux ». fait le tour du monde, le 7 avril, plus dur », explique la jeune femme. commence le 24 mars, avec les sions. D’un total approximatif de Quand le raz-de-marée s’annonce, grâce aux télévisions. Ces réfugiés- Entre bombardiers et cargos char- bombardements alliés et le raz-de- 650 000 réfugiés, avancé comme Genève débauche, en urgence, plu- là ne sont pas morts, comme leurs gés de nourriture ou de médica- marée naissant des exilés kosovars probable, le 5 avril, on arrive, quin- sieurs dizaines de ses cadres et em- compagnons de misère du Rwanda. ments, le jeu est inégal. Ce sont les sur l’Albanie, la Macédoine, puis sur ze jours plus tard, au bilan colossal ployés installés dans toutes les par- Mais la brutalité avec laquelle ils militaires qui gagnent. Et même, la République yougoslave du Mon- de 950 000 exilés. « Le monde a été ties du monde. ont été traités par la police macédo- parfois, leurs amis «VIP»(very im- ténégro. « Le HCR aurait dû réagir, pris de court, et nous avec ! », ré- miers jours de flottement reconnus Depuis la fin avril, près de deux nienne a choqué. « Aucun enregis- portant person). donner l’alarme dès le premier jour sume John Horekens, directeur du à Genève. Les commentaires de cents de ses membres sont à pied trement préalable n’a été effectué : Il y a quelques jours, un groupe des frappes », estime Robert Seb- département communication et in- l’Organisation pour la sécurité et la d’œuvre, sur le terrain. Est-ce assez les familles ont été dispersées, les de sénateurs américains a réussi à bag, directeur des opérations inter- formation du HCR. coopération en Europe (OSCE), re- pour résister aux chocs à venir ? lieux de destination imposés », s’est se faire allouer un avion. « A cause nationales de la Croix-Rouge fran- « Sans le dévouement des familles cueillis, fin avril, par Nathaniel « Deux cents personnes, cela repré- indigné, le 9 avril, l’organisation d’eux, on a perdu trois vols humani- çaise. « Quand les premières vagues albanaises, la première semaine au- Herzberg, sont particulièrement sente, approximativement, un em- Médecins sans frontières (MSF), taires et ça a bouleversé toute la suite de réfugiés ont commencé à déferler, rait été fatale au pays, assure Arden durs. Certains membres de l’OSCE ployé du HCR pour 3 500 réfugiés, sommant le haut-commissaire, Sa- du programme », commente la les gens du HCR présents en Albanie Demeti, fonctionnaire albanais, à s’étonnent, par exemple, qu’« après explique Enda P. Savage, chef de la dako Ogata, de « faire en sorte que jeune officier du HCR. De Paris à se comptaient sur les doigts de la l’un des envoyés spéciaux du quatre semaines de crise, on ne soit logistique. Comparé aux militaires – le HCR remplisse son mandat et as- Genève, et de Genève à Washing- main », indique Jacky Mamou, pré- Monde, Nathaniel Herzberg. Pour toujours pas capable d’assurer un ac- on compte environ un soldat pour sure aux réfugiés l’assistance et la ton, tout le monde n’a pas, décidé- sident de Médecins du monde nous aider, il n’y avait que quelques cueil décent à ceux qui passent la quarante réfugiés –, cela peut sem- protection appropriées ». Pour sa ment, la même vision de l’humani- (MDM), qui souligne l’état de organisations humanitaires dépour- frontière ». Les questions concer- bler dérisoire. Pourtant, c’est gigan- part, Jacky Mamou, déplorant la taire et de « l’importance » des « grande impréparation » du HCR. vues de moyens. » Mais la paralysie nant l’organisation des secours ont tesque. C’est même la première fois « gestion calamiteuse » du HCR, personnes. M. Jessen-Petersen veut bien ad- du HCR aurait duré, selon d’autres l’allure d’un réquisitoire : « Pour- que le HCR mobilise un si grand s’étonne surtout de ce que l’agence mettre une partie de ces critiques. témoignages, bien au-delà des pre- quoi ne dispose-t-on pas de bus à la nombre de gens. » Cet effort tardif de l’ONU, mise, comme l’ensemble Catherine Simon LeMonde Job: WMQ1805--0015-0 WAS LMQ1805-15 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0588 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 15

Faux affrontement, vrais complices par Christophe Gallaz E qui rend la guerre du banais du Kosovo comme des On s’accorde, de part et d’autre, Le processus s’articule au gré rables. Tout se tient. La chaîne de membres de l’Alliance atlantique Kosovo si difficile à « boucliers humains », il n’y a sur le premier fait que Slobodan d’une logique sans faille entre de montage ne concourt qu’à ce but contre la République yougoslave méditer et lui confère qu’une différence perceptible au Milosevic commence par terroriser vrais partenaires qui se battent ultime : réduire l’être humain de de Slobodan Milosevic, mais celle C les Albanais du Kosovo puis les ex- chair à sa seule image. son caractère de ca- moment des conséquences. Entre comme s’ils étaient de vrais adver- que tous conduisent au nom d’un fouillage invraisemblable, c’est la manière arithmétique dont les pulse de leurs villages, et sur le se- saires. Il n’y a pas l’ombre d’un L’être humain de chair a ceci principe homicide absolu. Les uns qu’il n’y a pas de distance fonda- responsables politiques et écono- cond que les nations occidentales couac rédhibitoire entre eux. Les d’agaçant qu’il résiste par défini- tuent les autres afin que ces der- mentale entre le désir qui travaille miques des pays occidentaux ins- s’occupent d’eux dans les camps de phases s’enchaînent sans faillir tion aux injonctions du pouvoir niers ne tuent pas, même s’il se vé- les Etats occidentaux réunis au trumentalisent la pensée des ci- Macédoine ou du Monténégro, re- dans une atmosphère où les opi- politique et économique, ou qu’il rifie presque aussitôt que tout sein de l’Alliance atlantique et ce- toyens et des consommateurs cueillant au passage le bénéfice nions publiques occidentales ne s’y plie, à supposer qu’il s’y plie, tueur menacé d’être tué tue d’au- lui que Slobodan Milosevic mani- pour n’en faire qu’une donnée de d’une réputation humanitaire du sont pas loin d’applaudir quelque- trop mal et trop lentement. Mais, tant plus. Le cercle est infrangible. feste à propos du Kosovo depuis sondage d’opinion nécessaire à meilleur aloi. fois, en secret voire inconsciem- comme image, il est parfait. Sur ce Il désigne la perversion finale des 1989. C’est que nous autres, habi- leurs propres objectifs de domina- La division des tâches est au ment, le scandaleux Belgradois qui chapitre aussi, les dirigeants des droits de l’homme en tant que slo- tants des pays occidentaux, ne tion, et la manière matérielle dont point. On procède au dégraissage ridiculise si bien leurs propres gou- nations occidentales sont en rela- gan politique et gouvernemental. sommes pas, par rapport à lui, les troupes de Slobodan Milosevic industriel à coups de communiqués vernants. A quand la prochaine tion contractuelle incessante avec Les droits de l’homme ont été por- dans une situation d’altérité telle détruisent tous les documents sus- de presse du côté des pays occiden- trouvaille du criminel ? Suspense, Slobodan Milosevic. On œuvre de tés à de tels niveaux publicitaires qu’elle nous vaudrait des position- ceptibles d’attester l’identité des concert en toute confiance. Milose- qu’ils se sont institués, sous ce scin- nements clairs. C’est qu’entre le Albanais chassés du Kosovo, il n’y vic commence par débarrasser le tillement littéralement divertissant, régime institué par Slobodan Mi- a qu’une différence de méthode. On procède au dégraissage industriel Kosovo de toute chair qui pourrait en machine de guerre pure et losevic et le régime institué dans Une connivence à toute épreuve brouiller la vision d’un Kosovo cor- simple. Son efficacité progresse les Etats occidentaux, eux-mêmes lie ceux qui dirigent les Etats oc- à coups de communiqués de presse respondant au mythe de la serbi- sans faillir et l’image de l’humain infléchis par l’appareil écono- cidentaux et celui qui dirige la Ré- tude historique ; après quoi, les remplace sa chair où que celle-ci mique en voie de mondialisation, publique yougoslave. Que les pre- du côté des pays occidentaux, pays occidentaux prennent le re- subsiste et s’obstine. des paramètres d’homogénéisa- miers soient les bombardants du lais. Il y a disparition générale des tion comparables existent. Simple- second et que celui-ci soit le bom- tandis qu’on procède au nettoyage ethnique Ils exploitent, à leur tour, les ré- êtres de chair, non seulement dans ment, Slobodan Milosevic les for- bardé des premiers relève partiel- fugiés kosovars comme une image les villages du Kosovo mais aussi mule sans limites et les exalte en lement du leurre et de la cir- à coups de mitraillettes du côté serbe. en leur portant secours sur place dans les camps de réfugiés de Ma- pratique. Il est radical et ne s’em- constance historique. On tant qu’on veut, avec des élans de cédoine ou du Monténégro, qu’on barrasse d’aucune pudeur. Il em- s’accorde étroitement, de part et Ce n’est pas la même chose générosité formidables. Puis, pour retrouve parfois inexplicablement prunte des raccourcis qui mènent d’autre, depuis le début des opéra- éviter que ces réfugiés rede- vidés de leurs hôtes au matin. Où droit au but. C’est la seule nuance, tions. Sur le fait que Slobodan Mi- et c’est pourtant la même chose viennent des êtres doués d’une sont-ils passés ? Mystère. Seuls fût-elle de taille. losevic ne soit pas tué personnelle- chair excessive, ils feraient n’im- restent d’eux quelques instants de Entre la manière cynique dont ment : on prévoit conjointement porte quoi, et le font effectivement persistance rétinienne dans les les gérants de la finance et de l’in- son maintien durable comme par- taux, tandis qu’on procède au net- et vogue le récit ! Premier mouve- par tous les moyens administratifs yeux de leurs observateurs – les dustrie des pays occidentaux se tenaire privilégié des Occidentaux. toyage ethnique à coups de mitrail- ment, les Américains accroissent et policiers dont ils disposent ou nôtres – puis nous disparaîtrons à débarrassent de leurs salariés Sur le fait que soit détruit le tissu lettes du côté serbe. Ce n’est pas la leur engagement militaire aux fins qu’ils inventent à cette occasion, notre tour : en bombardant le Ko- qu’ils jugent indésirables et la ma- vital de la République yougoslave, même chose et c’est pourtant la d’actualiser leur barème mani- pour ne pas les accueillir à l’inté- sovo, les pays européens représen- nière criminelle dont Slobodan dont celui du Kosovo qu’on pré- même chose, qui fortifie autant le chéiste du Bien et du Mal, qui de- rieur de leurs propres frontières. tés au sein de l’Alliance atlantique Milosevic met en œuvre ses tend par ailleurs préserver : c’est cours des actions sur les marchés meure jusqu’à nouvel ordre le La chair humaine est une chose n’ont pas entrepris de porter se- troupes au Kosovo, il n’y a qu’une dans l’intérêt de Slobodan Milose- boursiers que le personnage de meilleur clip publicitaire de leur ex- beaucoup trop encombrante à l’in- cours au continent qui les abrite différence en termes de violence vic, qui peut rassembler autour de Slobodan Milosevic comme pivot pansion commerciale et financière térieur de toute frontière moderne, mais de se détruire, ou de se dé- physique. Entre la manière ordi- sa figure une opinion noyautant des négociations à venir. Entre les à travers le monde. Second mouve- voilà ce que nous dit la guerre du truire autant que se porter secours, naire dont les entreprises indus- ses opposants traditionnels, et Etats membres de l’Alliance atlan- ment, Slobodan Milosevic leur pro- Kosovo depuis des semaines. La ou de se porter secours sans s’aper- trielles et financières des pays oc- dans l’intérêt des pays occiden- tique et la République yougoslave pose ses services en qualité de co- chair est organique et l’ordre orga- cevoir qu’ils allaient se détruire. cidentaux considèrent leurs taux, qui peuvent faire la démons- de Slobodan Milosevic règne une réalisateur en libérant leurs trois nique est l’ennemi commun de Slo- Avanti ! effectifs comme une « ressource tration d’un art guerrier apte à la alliance objective occulte, sur la- soldats que ses troupes avaient bodan Milosevic et de ceux qui humaine », et la manière tactique destruction « chirurgicale » des in- quelle la greffe du conflit a si mal capturés quelques semaines plus s’affichent comme ses justiciers de dont les troupes de Slobodan Mi- frastructures et non plus barbare pris que plus personne ne sait vrai- tôt, les élevant souverainement au l’Alliance atlantique. La guerre du Christophe Gallaz est écri- losevic recourent aux fuyards al- des populations civiles. ment où passe la ligne de front. rang de figures héroïques mémo- Kosovo n’est pas la guerre des pays vain et chroniqueur.

Ceci est bien une guerre par André Glucksmann IEUX vaut ne pas contre 90 % des Kosovars, le maître esprits distingués se paient d’oxy- perdant. Ou bien les Kosovars re- Milosevic réintroduit sur notre ront-elles ne pas fléchir ? Elles jouer sur les mots. de Belgrade affiche d’immaculées mores et prononcent rarement le couvrent leur dignité et retrouvent continent la guerre contre les ci- montrent souvent plus de prin- Au cœur de l’Eu- intentions ; « un conquérant est mot qui brûle les lèvres sans le leur terre natale libérée. Ou bien vils. cipes que de résolution. Autant M toujours ami de la paix », il aimerait flanquer de qualificatifs qui neutra- les nettoyeurs l’emportent et font Un conflit éclate, une citation que la prohibition de l’inceste – le rope a bien lieu une guerre. Pourtant, par un pu- avancer sans opposition, note iro- lisent ou disqualifient – ainsi Um- avaliser internationalement leur tombe : « La guerre est la continua- complexe d’Œdipe –, la prohibi- dique et très général principe d’ir- niquement Clausewitz. Les alliés berto Eco détecte-t-il une « néo- entreprise coloniale et raciste. tion de la politique par d’autres tion d’une violence sans limite et réalité, personne ne déclare la atlantiques se rendent esclaves guerre », moitié « guerre émous- Depuis dix ans, les hauts faits moyens. » On l’entend générale- folle au point de tourner au suicide faire. L’OTAN se livre à des « opé- d’une dénégation symétrique en sée », moitié « farce » numérique. d’armes de Milosevic portent des ment à contre-sens : le militaire – le complexe d’Ajax, les fureurs rations », dont le caractère aérien sous-évaluant l’entreprise militaire Etranger à de pareilles contor- noms de villes et de villages canon- n’étant qu’un moyen au service d’Arès – paraît le défi constitutif de semble garantir l’essence céleste. dans laquelle ils s’engagent. N’ont- sions linguistiques, un public pla- nés, incendiés, assiégés, étouffés, d’une fin, mieux vaut débattre que toute collectivité humaine. Milosevic, officiellement, réprime ils pas publié qu’en trois jours l’af- nétaire chuchote « revoilà la rasés. Autant de victoires rempor- combattre, passons illico à la table des « bandits » et se réclame du faire serait bouclée ? Si des prin- guerre ». Face aux insoutenables tées sur de pauvres gens désarmés. de négociations. Chaque affronte- droit souverain qu’ont les Etats de cipes sans armes sont vides, l’usage images d’un peuple en déroute, on Autant de charniers et autant d’hé- ment ainsi naïvement réduit à un Inutile de se voiler policer leurs provinces comme bon des armes sans concept est vain. se souvient d’autres déportations catombes. Rien de plus planétaire- regrettable malentendu, notre élite leur semble. Seuls les antiguerre Dans cet étonnant conflit qui pa- massives et forcées, d’anciens ment banal qu’une telle besogne. a promené la fine équipe des puri- la face, les enjeux osent le mot, mais trichent illico raît se nier lui-même, attaques d’en exodes dont parents et grands-pa- La première guerre mondiale ali- ficateurs entre palaces helvétiques sur la chose, ils évoquent des « ta- haut et massacres terre à terre se rents témoignent encore. La gna 80 % de morts soldats ; la se- et cinq-étoiles new-yorkais, sont prosaïquement pis de bombes », ils voient Belgrade croisent sur nos écrans sans se ren- compassion, n’en déplaise aux mé- conde 50 % ; depuis 1945, la pro- l’abreuvant de sermons et d’espé- dévastée comme Dresde, ils jurent contrer dans la réalité. Extraterri- diologues, n’exclut pas la compré- portion s’est inversée, 80 % des rances sonnantes. Rien n’y fit. intelligibles, que la Serbie est un « nouveau torialité des uns, impunité des hension. Rien de l’inhumaine ac- victimes meurent sans uniforme. L’Ubu postcommuniste a continué Vietnam ». Ainsi euphémisée ou autres, l’ensemble persévère avec tualité n’est étranger à l’expérience Femmes et enfants deviennent des sa politique par des batailles in- il y aura un gagnant anathémisée, la réalité guerrière l’absurdité d’un cercle carré. Les du XXe siècle. L’œil voit, et l’his- cibles privilégiées et non plus, fâmes, offrant une version moins des événements nous laisse experts édulcorent : leur « révolu- toire sous-titre. comme jadis, butins ou sacrifiés idyllique de la sentence du général et un perdant bouche bée, bien qu’elle crève tion dans les affaires militaires » Inutile de se voiler la face, les en- marginaux. L’Europe, des décen- prussien, certes pacifique mais pas l’écran. parle de conflits de « basse intensi- jeux sont prosaïquement intelli- nies durant, ignora pareille mise en pacifiste. Quitte à évoquer Clause- Parti à la conquête du Kosovo té » ou « autres que la guerre ».Les gibles, il y aura un gagnant et un agonie massive des populations. witz, rappelons plutôt qu’il définit Il n’existe pas de civilisation qui la guerre comme « un duel de vo- n’ait inventé un art de guerre spé- lontés ». Les frappes de l’OTAN cifique. Toutes les sociétés ne manifestent la volonté occidentale, furent point belliqueuses ou belli- la dépopulation criminelle du Ko- cistes. Chacune dut néanmoins, Les rameurs par Mirjana Morokvasic-Müller sovo dévoile la volonté de l’état- par le dispositif réglé d’un usage li- major serbe. Cette guerre est la mité de la force, contredire l’explo- E suis rassurée : je m’at- Certes, même une famille dépla- pour les médias, la télévision no- fragmentation, dont l’objectif est continuation de la lutte entre deux sion extérieure, intérieure et intime tendais de la part des pro- cée par force est trop. Certes, il y tamment. Elles ont une valeur de tuer et de faire des blessés. politiques, l’une démocratique, de notre trop humaine capacité de moteurs de guerre et de la en avait à cette époque des mil- inestimable pour nos intellectuels Quant à l’infrastructure du pays, fondée sur le refus du crime de détruire. A la désolation militaire J pensée unique à des ré- liers. Mais les rapports du HCR médiatisés parisiens et autres qui, déjà entièrement détruite, le géné- masse, l’autre totalitaire, qui s’en du civil, barbarie ultime du siècle pliques virulentes à Régis pour l’automne 1998 (UNHCR Up- les uns des cafés de la rive gauche, ral de l’OTAN Naumann a dit : «A repaît. finissant, les démocraties tentent Debray (votre page « Débats » du date), après l’accord Holbrooke- les autres des bistrots à Bari (Su- la fin des bombardements, la Yougo- Gare aux démissions diplomati- d’opposer une stratégie antimas- 13 mai). Mais quel déluge, quelle Milosevic d’octobre 1998, font état san Sontag, pages « Débats » du slavie sera là où elle était il y a cin- quement habillées ! Une partition sacre, sorte de cran d’arrêt à l’ex- hargne ! Le Monde en a d’abord de 20 000 personnes déplacées et Monde, 21 avril), lancent des cris de quante ans. » Au Vietnam, les du Kosovo léserait les habitants tension universelle et, en l’oc- publié deux, celles de Bernard- de 175 000 en fin d’année, après les guerre – « juste » et « humani- bombardements devaient ren- non serbes (90 %) qui ont subi le currence, européenne du crime. Henri Lévy et Alain Joxe (14 mai). provocations de l’UCK (assassinats taire », bien entendu. voyer le pays à l’âge de pierre. pire déni d’humanité infligé à un Je ne commente pas ici quelque Comme beaucoup d’autres prê- de civils et de membres des forces Nos rameurs n’aiment pas être Quels « droits » prétend-on dé- peuple européen depuis la mort de jeu vidéo dont la règle exigerait de cheurs de la bien-pensance, ils ont, de l’ordre) et la riposte yougo- éclaboussés par ceux qui rament à fendre en détruisant un pays et Staline. Une troupe d’« interposi- maximiser les dégâts matériels en tout au long des guerres yougo- slave. Le rapport note, entre contre-courant, par ceux qui ont l’avenir de toute une population ? tion », de « casques bleus » sous- minimisant les pertes humaines, slaves, fait preuve d’un courage autres, que 90 villages serbes du eu le courage – le vrai – de s’aven- Dévaster et polluer la Yougoslavie, outillés et mal commandés, réité- auquel cas la plus morale façon de particulier : ils ont ramé dans le transformer le Kosovo en ruines : rerait la tragédie bosniaque – qui jouer serait de s’abstenir. A une sens du courant. Tellement persua- est-ce ainsi que l’OTAN entend ne se souvient de la légion hissant guerre contre les civils qui be- dés d’être toujours du côté de la Ils n’aiment pas être éclaboussés rassurer les populations qui s’y un caleçon au manche d’un balai sogne, cruelle, depuis dix ans, je « bonne cause », ils n’ont jamais trouvent encore ou faciliter le re- en guise de drapeau blanc ? Brû- constate que s’oppose enfin une cherché à se poser des questions par ceux qui rament à contre-courant, tour des réfugiés, albanais et non lant les identités, détruisant l’état guerre antiforces, grevée certes de qui auraient compliqué leur vision albanais ? Si c’est au nom des civil et la mémoire d’un peuple, trop évidents tâtonnements, re- manichéenne de la situation. Ils qui ont eu le courage de s’aventurer droits de l’homme et de la démo- l’autorité de Belgrade a perdu tout tards et faiblesses. J’ignore, nous n’ont pas trouvé nécessaire de s’in- cratie que l’OTAN mène cette droit de régir le Kosovo. ignorons l’issue de ce travail dans terroger sur des « évidences », de l’autre côté, chez l’adversaire guerre absurde, lâche et contre- Les frappes aériennes se sont pas l’incertain que constitue tout enga- même si celles-ci provenaient de productive, c’est précisément au sans effets : les Belgradois ne gement militaire. Mais je sais qui sources douteuses ou non véri- nom de ces mêmes valeurs qu’elle dansent plus dans la rue tandis que juge. C’est, en dernière instance, le fiées, pourvu que ces sources Kosovo ont été vidés de leurs po- turer de l’autre côté, chez l’adver- devrait l’arrêter immédiatement. leurs pairs en uniformes déportent, rescapé kosovar. Il votera, au vu et soient du « bon » côté : le leur. pulations. Il en ressort clairement saire, non pour nier la réalité Ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra en- pillent, violent et tuent. Belgrade au su de tous, avec ses pieds, après Bernard-Henri Lévy a même que les souffrances au Kosovo ne atroce des déportations forcées, core sauver la face, et non en s’en- sait que l’Alliance peut accroître sa avoir pesé, dans la boue et l’ex- contribué à créer des « évi- sont pas toutes albanaises, comme mais pour compléter la vision lisant davantage dans ce qui pression, encadrer et armer l’UCK, trême solitude, le pour et le contre, dences » : son film Bosna, à la pré- les bourreaux ne sont pas tous borgne de la réalité tragique du semble être une orgie guerrière. lancer ses troupes d’élite aéropor- sa et notre victoire, ou notre et sa tention documentaire et aux fins serbes. Kosovo et de la guerre contre la Que cela plaise aux intellectuels tées, soumettant les massacreurs défaite. Oui ou non, les bourreaux propagandistes. Alain Joxe, lui, Mais pourquoi se soucier des Yougoslavie et demander que bellicistes ou non. aux imprévus d’une guérilla élec- auront-ils été boutés hors de son n’hésite pas à parler de 300 000 ou faits, tellement contradictoires et à cessent les bombardements. Car, tronique. Le très peu exalté Econo- pays ? Oui ou non, sera-t-il noué de 500 000 Albanais du Kosovo dé- l’opposé de ce qui est déjà admis au prétexte de faire cesser une bar- mist et le toujours critique Institut par un deuil définitif ou rentrera-t- placés en 1998. Les a-t-il vus, comme vérité, alors qu’on peut barie, l’OTAN est en train d’en Mirjana Morokvasic- d’études stratégiques de Londres il chez lui ? comptés ? D’où tient-il ces utiliser les rumeurs ? En temps de commettre une autre. Les bavures Müller est chargée de re- s’accordent sur ce programme chiffres ? De rumeurs devenues guerre, en particulier, celles-ci ont et les « dommages collatéraux » ont cherches au CNRS (laboratoire avec Tony Blair. Milosevic ruse, « évidences » journalistiques qu’il l’avantage de simplifier les choses, déjà tué un millier de civils, sans d’analyse des systèmes politiques, preuve qu’il déchante. « Duel de André Glucksmann est légitime en s’en servant. Bravo ! donc de les rendre plus maniables parler des victimes des bombes à université Paris-X). volontés » : les démocraties sau- philosophe et écrivain. LeMonde Job: WMQ1805--0016-0 WAS LMQ1805-16 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 09:47 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0589 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 HORIZONS-ENTRETIENS

2000 DÉBATS POUR LE SIÈCLE À VENIR Un dialogue à l’Unesco sur l’avenir des passions Theodore Zeldin : « Développer l’homme de la Renaissance » Jean-Didier Vincent : « La passion, une cuisine à l’intérieur de notre cerveau » Le professeur britannique Theo- de la passion du langage qui est tique que vous pouvez interpréter – J.-D. V. L’émotion, qui est la Une passion contenue ou mise au cette thèse. A mon avis, il faut dore Zeldin et le neurobiologiste fondamentale. Le langage est né comme vous l’entendez. D’ail- représentation de la passion, est carcan perd sa fonction de pas- commencer par revoir notre per- français Jean-Didier Vincent ont du développement de notre cer- leurs, je suis sûr qu’une classifica- ce qui permet de distinguer les sion, qui est de permettre à ception du travail, qui est souvent participé, le 4 mai, à un dialogue veau. Un supplément de tion donnerait lieu de votre part à vertébrés des invertébrés. La pos- l’homme de se dépasser tout en synonyme de statut social. Je ne organisé par l’Unesco, à Paris, sur le 1 000 grammes de néocortex a su une interprétation. sibilité, chez les vertébrés, d’avoir restant dans une gestion économe partage pas la tendance actuelle thème « Les passions ont-elles un faire la différence par rapport à – J.-D. V. Le livre Biologie des des passions visibles les rend ex- au sens de Montaigne. qui consiste à faire de chacun avenir ? » notre ancêtre australopithèque. passions a été traduit en anglais traordinairement supérieurs aux –T. Z. Nous avons parlé des d’entre nous des spécialistes en « Theodore Zeldin. – La pas- Notre cerveau peut peser jusqu’à par Biology of the Emotions. Depuis invertébrés. Une mouche ne peut passions occidentales. Mais il faut fonction de ses talents parti- sion de la vie a évolué. Nous ne 1 600 grammes pour un mâle (et la fin du XIXe siècle, notamment pas transmettre sa souffrance à savoir qu’un grand courant de culiers. Il convient de donner à souhaitons plus rester paysans ou un peu moins pour une femelle). sous l’influence de William James l’homme. Le poulpe est le seul in- notre civilisation préconise la ré- tout le monde un « menu » de guerriers pour la vie entière. Le cerveau est non seulement le et des psychologues anglo-saxons, vertébré pour qui je plaide à pression des passions. Dans cer- l’ensemble des possibilités de la Notre vie doit refléter plusieurs siège de nos passions, mais aussi les notions d’émotion et de pas- chaque fois. Il est sans doute taines parties du monde, une vie. La conception du travail aspects de notre personnalité. Ce sion tendent à se confondre. Cette l’avenir de la vie sur terre. Le comme dispensateur d’un statut phénomène concerne particuliè- assimilation est peut-être perti- poulpe et la poulpesse rougissent social n’est plus valable. C’est rement la famille, qui n’est plus, nente à certains égards. Mais, à d’émotion, verdissent et changent pourquoi les professions sont au- comme avant, un lieu de repro- mon avis, l’émotion est seulement de couleur. Ce mode de communi- jourd’hui en crise. duction de normes et de compor- la surface de la passion. Ce sont le cation les rend beaucoup plus » Après les études à l’université, tements. Aujourd’hui, elle est le visage et le corps qui la rendent unis. qui concernent un nombre tou- résultat d’une rencontre entre visible. Comme Spinoza, Des- » A mon avis, poser la question jours plus important de per- deux êtres dont les enfants ac- cartes et les philosophes clas- de l’avenir des passions revient à sonnes, je propose que différents quièrent des comportements im- siques, je pense que la passion s’interroger sur l’avenir de métiers soient exercés pendant prévisibles et ont des exigences correspond à tout ce qui affecte la l’homme puisque l’homme est un trois mois de manière à construire inouïes. subjectivité du sujet par contraste être de passions et que les pas- le métier qui nous convient. Nous » La passion de l’espoir est celle avec la dimension raisonnable ou sions sont au cœur du vivant. devons trouver une nouvelle for- qui a le plus changé récemment. motrice de ses comportements. Mais elles n’ont pas un avenir as- mule pour développer l’homme Les populations se sont énormé- THEODORE ZELDIN Ces éléments sont réglés par des suré, l’avenir d’une espèce n’étant JEAN-DIDIER VINCENT de la Renaissance, cet homme que ment préoccupées de l’ambition mécanismes à l’intérieur du cer- jamais prévisible. La phylogenèse j’admire pour être à la fois agri- et de la promotion sociale tout en de notre compassion, qui est la veau à base de dopamine, de séro- s’écrit a posteriori. Une espèce science de l’existence s’est déve- culteur, diplomate, scientifique et éprouvant parfois de la peur par capacité de l’homme à partager tonine et d’autres produits. peut disparaître de ses propres loppée pour éviter les souffrances peintre. La personne du prochain rapport à l’ambition. Mais au- ses passions avec l’autre. Le » J’appelle ces mécanismes le perfectionnements ou du dépas- causées par les passions. millénaire sera en partie un jourd’hui, nos civilisations re- propre de l’homme est de re- « Big Brain Circuit » ; ils vous sement de ses processus adapta- – J.-D. V. Il faut savoir que des homme de la Renaissance et une mettent en question cette idée et connaître chez l’autre des pas- rendent parfois obsessionnels tifs. Certains oiseaux dispa- mécanismes très précis dans le femme moderne. semblent se demander s’il existe sions et de savoir que l’autre sait lorsque vous ne pouvez pas en raissent parce qu’ils ont une cerveau – qui sont d’une extraor- – J.-D. V. Sans vouloir être pro- d’autres formes d’espoir que celle qu’il sait. sortir. Ce système de gestion des queue trop longue qui les em- dinaire banalité, même s’ils ne vocateur, je souhaiterais indiquer de devenir PDG d’une entreprise » La dimension des collectivités passions fonctionne sur la base de pêche de voler. Gardons-nous de sont pas maîtrisés – sont respon- que mon idéal humain n’est pas qui va être rachetée par les Améri- humaines va croître avec le déve- processus opposants (comme un ce type d’évolution, notamment sables de l’addiction. J’insiste sur l’homme de la Renaissance, mais cains. loppement des communications. funiculaire avec un wagon qui en matière de communication. La l’emploi du terme addiction (du le libertin. Il me semble que l’exi- » La passion de l’action a sup- L’écriture a déjà permis l’établis- monte pendant que l’autre des- fin de l’espèce a peut-être latin addictus, c’est-à-dire celui gence morale, pour un libertin, planté la passion de l’inaction des sement des grandes villes et des cend). Ces systèmes passionnels commencé. Il nous revient de gé- qui n’a pas pu rembourser ses est plus élevée que pour un siècles précédents, qui s’incarnait lois. Ainsi, souvent, l’avenir est as- ou « passiogènes » sont parfois rer convenablement les passions. dettes à son créancier et qui de- homme de la Renaissance. dans l’aspiration à devenir aristo- socié à l’avenir des communica- traités par les psychotropes – qui » Il me semble que la gestion vient esclave). Ces mécanismes L’homme étant un être de crate ou rentier. La passion de tions, comme Internet. Mais, pa- stimulent la sérotonine ou in- est seulement possible au niveau conduisent à des cercles vicieux compassion, la jouissance parta- l’action qui se développe remet en rallèlement, le langage va se hibent la dopamine –, dont les de l’individu, non au niveau col- lorsqu’ils sont poussés à l’ex- gée des plaisirs doit lui permettre cause la distinction entre le travail couper de son support émotion- Français sont les premiers lectif, sauf dans les couvents ou trême. Nous pouvons devenir dé- de vivre cette compassion. Il faut et le loisir, faite par les ouvriers nel. Vous serez d’ailleurs d’accord consommateurs au monde. La les assemblées. Il faut savoir que pendants des nouvelles sources réapprendre la jouissance, la li- pour limiter leur temps de travail. avec moi pour dire que rien n’est passion, pour moi, est cette cui- la scientologie, par exemple, ne de passions qui s’offriront à nous, berté, mais aussi l’usage de la Aujourd’hui, l’éducation conduit plus réfrigérant qu’un site Inter- sine, à l’intérieur de notre cer- repose que sur le recours à un gal- sachant que ces passions seront souffrance partagée. La rationali- les gens à vouloir exercer un mé- net pornographique ou qu’un dia- veau, qu’agrémentent certaines vanomètre qui mesure la résis- très diverses et pourront renvoyer sation excessive de nos vies, la tier plus intéressant qui les rende logue entre universitaires par In- pilules. tance de la peau. Cet instrument par exemple à la nourriture, à la soumission à des exemples mo- meilleurs. Cet accroissement des ternet. Cette dilution de l’échange –T. Z. Puisque vous appelez était utilisé par les neuropsycho- course à pied, à la drogue ou au raux trop stricts et l’économie en exigences doit conduire à réinven- sur Internet nous laisse désempa- Descartes à la rescousse, j’aime- logues, dans les années 50 et 60, jeu. L’excès consiste en un dépas- termes de faculté de liberté ter le travail, l’objectif étant de le rés et à l’état sauvage. rais citer quelques mots de Hume, pour mesurer un certain type sement de ces systèmes. comportent des risques. Conti- mettre davantage en adéquation –T. Z. Je n’ai pas étudié au ly- son adversaire écossais: « Reason d’émotion. Toute l’« Eglise » re- –T. Z.Beaucoup pensent que nuer à gérer des plaisirs à travers avec nos ambitions. cée français. Je suis donc inca- is and always has been the slave of pose sur ce contrôle élémentaire, certains aspects de notre vie ne la répression ou l’exaltation mer- » La passion de l’extase a égale- pable de classifier et de faire des passion » (La raison est et a tou- mais très efficace, des passions. peuvent pas être contrôlés. Nous cantile peut entraîner les sociétés ment évolué. Nous avons cherché catégories. Chez nous, nous pré- jours été l’esclave de la passion). Je Vous comprendrez que cette « sa- serions prisonniers de notre en- très loin. à dépasser la routine, qui ne nous férons rester dans le flou poé- vous félicite donc de pouvoir dis- gesse », envisagée au niveau col- fance et de notre éducation. Or je » La question est de savoir com- suffisait plus, en ayant recours à tique. La passion est un mot poé- tinguer la raison de la passion. lectif, est terrible car aliénante. sens un désir de révolution contre ment il faut gérer les passions divers moyens comme la religion, pour ne pas tomber dans l’addic- le sport, la drogue, le sexe ou l’ar- tion. Les traités du XVIIIe siècle mée pour vivre plus intensément. faisaient référence au bon usage Encore aujourd’hui, certains se des passions. Dans le domaine de sentent revivre lorsqu’ils se Un spécialiste Un neuro-endocrinologue la gastrosophie, il va falloir intro- battent. L’un des chapitres de duire une culture du rare et du mon livre indiquant pourquoi des raffiné. Mais certaines passions progrès plus importants ont été des passions françaises admirateur de Casanova sont moins faciles à gérer. Outre réalisés en matière de gastrono- NÉ EN 1934 en Israël de parents tradition instaurée par les Ency- DIRECTEUR de l’Institut Al- de plusieurs ouvrages publiés aux l’érotisme, le pouvoir est une pas- mie que de sexe contribue à mon- juifs russes, Theodore Zeldin a clopédistes. fred-Fessard du CNRS, neurobio- éditions Odile Jacob, tels que Bio- sion puissante qui aliène certains trer que cette passion de l’extase d’abord vécu en Egypte avant Outre ce livre, devenu un texte logiste – ou plus exactement neu- logie des passions (1986), Casanova individus. peut être affinée. d’être éduqué en Angleterre, où il de référence, Theodore Zeldin a ro-endocrinologue –, Jean-Didier ou la contagion du plaisir (1990) et –T. Z.Toutes ces passions » La passion du voyage a aussi se révèle un étudiant particulière- écrit plusieurs ouvrages sur la Vincent est professeur à l’Institut La Chair et le Diable (1996). Il a pu- peuvent nous conduire dans une fait son apparition. Elle peut nous ment précoce, puisqu’il obtient sa France, son laboratoire de re- universitaire de France et à la fa- blié récemment La vie est une mauvaise direction, mais aussi aider à remédier à l’ennui que licence, au Birkbeck College de cherche, tels que Les Français culté de médecine de Paris-sud. Il fable, une autobiographie où il est dans la direction que nous cher- nous considérons, de plus en plus, Londres, à l’âge encore tendre de (Fayard) ou Les Françaises et l’his- a été le premier à mettre en évi- notamment question de sa chons. Il faut se garder de dire comme un obstacle à notre ambi- dix-sept ans. « Il m’a fallu du temps toire de l’humanité (Fayard). Pro- dence l’action modulatrice de cer- conception sur la moquette d’un que les passions changent la vie, tion. Le voyage fait aujourd’hui pour devenir jeune », constate-t-il fesseur à l’université d’Oxford, il a taines hormones sur l’activité cé- appartement du Trianon-Palace, à même si des tentatives sont pos- partie des éléments importants à ce propos. Il consacre sa thèse été pendant quinze ans doyen rébrale et sur les mécanismes Versailles, des hasards qui ont fait sibles. En revanche, je vous invite d’une éducation. de doctorat à la France, et ce tra- d’Anthony’s College. Il est actuel- nerveux de fonctions telles que la se rencontrer ses parents, et, en à rechercher des expériences qui – Jean-Didier Vincent. La pas- vail, devenu l’Histoire des passions lement Senior Fellow, poste pres- faim, la soif, la reproduction ou le remontant le cours du temps, de la vous impliquent personnellement sion est vraiment la principale ca- françaises, 1848-1945 (Grande Bi- tigieux qui permet à ses titulaires sommeil. Il a montré que certaines lagune originelle où, il y a des mil- et vous donnent des directions ractéristique de l’homme. La ri- bliothèque Payot, 1994), le rend de poursuivre à loisir leurs re- cellules endocrines partageaient liards d’années, des associations dans la vie. » chesse de l’homme repose sur ses célèbre. Refusant la spécialisation cherches. Son dernier essai vient avec les neurones les mêmes pro- d’atomes de carbone, d’oxygène, joies ou ses souffrances, qui per- qui caractérise les historiens de paraître en français sous le titre priétés d’excitabilité électrique. d’hydrogène et d’azote ont pu Propos recueillis par mettent l’éclosion de la raison et contemporains, il se situe dans la De la conversation , chez Fayard. Jean-Didier Vincent est l’auteur donner naissance à la vie. Dominique Dhombres Nicolas Sarkozy, président du RPR, au « Grand Jury RTL-"Le Monde"-LCI » « La puissance de l’Europe, c’est la puissance des nations qui la composent » « Vous vous prononcez pour disposition de la sécurité de l’Eu- France, mais en Europe – trop de l’Europe. Je n’en veux pas. Le déléguer une part de notre respon- transports qui connaît le plus de une Europe de la défense, mais rope. Ensuite, une des premières dé- d’hommes mobilisables et pas assez vieux fédéralisme, qui consiste à sabilité. La déléguer, pas l’abandon- jours de grève et où l’on ne décide dans laquelle les décisions se- cisions de l’Europe de la défense, de matériel. Quand je vois qu’on est faire de l’Europe un Etat, avec un ner ! Si vous n’avez pas de nations, il jamais de mettre un service mini- raient prises à l’unanimité. N’est- dans mon esprit, c’est la création obligé de démonter les pièces de président élu au suffrage universel n’y a pas de souveraineté, et s’il n’y mum les jours de grève. Et bien ce pas la condamner à l’impuis- d’une force de projection extérieure certains avions, parce qu’on n’a pas et un impôt européen, conduit à la a pas de souveraineté, il n’y a pas cette spécificité-là, moi, je n’en veux sance ? commune, qu’on pourrait fixer à en- acheté, depuis deux ans, des pièces disparition des nations. On organi- d’Europe. pas ! – Imaginez-vous une minute que viron cent mille hommes. Il faut que de rechange, je me dis que, dans un serait l’Europe autour d’un super- – Que souhaitez-vous donc dé- » Prenez l’affaire, très doulou- la France puisse décider d’envoyer nous revoyions non seulement nos pays où, quand même, le budget de Etat, avec de super-fonctionnaires, léguer à l’avenir ? reuse, de l’immigration. On a les des soldats en application d’une dé- stratégies de défense, mais aussi la défense est le deuxième budget un super-impôt, et les pays devien- – J’ai proposé qu’on établisse un mêmes problèmes que les autres. cision prise à la majorité des l’organisation de nos forces. Nous de la nation avec près de 250 mil- draient des régions. En effet, à partir sixième ”critère de Maastricht”, Pourquoi la France a-t-elle la législa- membres du Conseil européen alors n’avons pas de moyens pour les liards de francs, on peut se deman- du moment où il y aurait un pré- c’est-à-dire qu’on décide que, dans tion la plus laxiste ? Pourquoi la du- qu’elle s’y serait opposée ? L’Europe transporter. Nos dépenses d’équipe- der ce qu’on fait de cet argent ! sident de l’Europe élu par 375 mil- l’Union européenne, aucun des rée de rétention administrative est- de la défense ne peut se concevoir ment sont insuffisantes et nous – Vous voulez davantage d’Eu- lions d’Européens, que resterait-il quinze Etats ne puisse prélever sur elle de douze jours en France, de six que dans le cadre d’une Europe sommes finalement, dès qu’il s’agit rope, dites-vous. Qu’est-ce qui du chancelier allemand, du premier une personne physique, en impôts mois en Allemagne et, au Royaume- confédérale, une Europe des na- d’agir, pieds et poings liés. Je sou- vous distingue, à cet égard, de ministre britannique, du président et cotisations sociales, plus de 50 % Uni, illimitée ? Au nom de quoi de- tions, avec des décisions prises à haite qu’il y ait, à l’intérieur de l’Al- l’UDF ? du gouvernement espagnol et, de ce que cette personne gagne. De vrions-nous être submergés par l’unanimité. Mais je n’ai jamais dit liance atlantique, un pilier européen – Nous serons la seule liste à dire même, du président français ? même, quand j’irai au Parlement eu- l’immigration clandestine, régulari- que l’Europe de la défense doit être de défense. aux Français : ”Nous, nous n’oppo- » La puissance de l’Europe, c’est ropéen, je demanderai un rapport ser ces immigrés tous les dix ans, au systématiquement, tout de suite, – Lors de la discussion de la sons pas l’Europe et la nation. Nous la puissance des nations qui la sur le coût du travail, pour lieu de nous inspirer de ce qui se une Europe à quinze ! Je crois, bien prochaine loi de finances, l’an- n’opposons pas l’Europe et la composent. Si, aujourd’hui, l’Europe comprendre pourquoi le chômage passe dans des pays qui sont tout au contraire, à l’avenir d’une Europe cien ministre du budget que vous France. Au contraire, les deux vont compte, c’est parce qu’elle peut recule moins vite en France qu’ail- autant des démocraties que nous ? à plusieurs cercles. êtes demandera-t-il une aug- ensemble.” s’appuyer sur les grandes nations leurs. Je voudrais que les ministres » L’Europe des nations, c’est l’Eu- » Il y a, d’abord, le problème des mentation massive des crédits de » D’un côté, il y a ceux qui ne que sont la France, l’Allemagne, des affaires sociales se réunissent, rope qui va nous permettre d’avoir deux puissances nucléaires euro- la défense ? parlent que de la France, une France l’Espagne, l’Italie, que sais-je en- une fois par an, pour voir ce qui le mieux-disant de chacune de ces péennes, la Grande-Bretagne et la – Je souhaite une redistribution qui vivrait dans le monde des an- core ? Chaque fois que c’est favo- marche. grandes démocraties ! » France : je pense qu’il faut proposer profonde de notre budget de la dé- nées 60 : frileuse, archaïque, un peu rable à nos concitoyens, au lieu » La France a une supériorité sur la création d’un groupe de concerta- fense. Le choix de la professionnali- rabougrie. Et puis, de l’autre, il y a d’exercer notre souveraineté tout les autres pays européens : le réseau Propos recueillis par tion pour voir dans quelles condi- sation de nos armées, en 1996, était ceux qui ne parlent que de l’Europe seuls dans notre coin, on va l’exer- de chemin de fer et le TGV le plus Patrick Jarreau, tions ces deux puissances pour- un choix excellent. Nous avons au- et qui ont comme rêve, comme des- cer ensemble. Cela veut dire que formidable. Mais, en même temps, Olivier Mazerolle raient mettre leur feu nucléaire à la jourd’hui – pas seulement en sein, de faire de la France une région nous décidons souverainement de nous avons le service public des et Pierre-Luc Séguillon LeMonde Job: WMQ1805--0017-0 WAS LMQ1805-17 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:15 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0590 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 17 Dollar : la nouvelle stratégie américaine 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 LE DÉPART du secrétaire américain au Trésor, 21 avril sans s’en offusquer. On peut considérer ticent à toute forme d’intervention sur le marché Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F Robert Rubin et son remplacement, le 4 juillet, que M. Rubin a, à titre personnel, tiré les leçons des changes. L’aggravation du déficit commercial, Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 par son adjoint, Lawrence Summers, ne devrait de son expérience. l’exacerbation des contentieux internationaux et Internet : http : //www.lemonde.fr pas conduire à des changements dans la politique On peut aussi y voir les prémices d’une véri- la montée des tensions protectionnistes aux Etats- ÉDITORIAL économique des Etats-Unis. C’est ce que la majo- table réorientation de l’administration américaine. Unis vont faire peser, sur M. Summers, une pres- rité des observateurs ont expliqué après l’an- Jusqu’à présent, M. Summers est resté discret sur sion de plus en plus forte pour qu’il accepte, enfin, nonce, mercredi 12 mai, de la démission du ban- ces sujets. Certains observateurs ne manquent pas ce que M. Rubin avait toujours refusé, l’utilisation quier, un proche de Bill Clinton, et la désignation, de rappeler cependant que, à la fin des années 80, du dollar comme arme de politique commerciale. Eltsine, mécanicien du pouvoir pour lui succéder, de l’économiste. C’était, aussi, le brillant professeur de Harvard plaidait pour une A vingt mois des élections – et alors qu’il cher- l’avis des marchés (Le Monde du 15 mai). Il est un taxe sur les mouvements internationaux de capi- chera à être maintenu à son poste au-delà de A Constitution de la la Douma défient l’analyse des domaine pourtant où subsiste une véritable in- taux à court terme, une sorte de « taxe Tobin » cette échéance –, M. Summers, le professeur cas- Russie postcommu- rapports de forces. Ils ne s’ex- connue : c’est celui de la stratégie américaine du – à l’instar de « la gauche de la gauche » en sant mais plein d’idées, est-il le mieux à même de niste a été en partie pliquent pas non plus par l’acuité France ! M. Summers se réfère néanmoins au- résister à de telles pressions ? Comme il l’a déjà L dollar. Avant même sa démission, « Bob », tirant calquée sur la Consti- d’un débat politique qui aurait les leçons des grandes crises monétaires récentes, jourd’hui à des économistes plus classiques, montré à plusieurs occasions, il n’hésitera pas en tution américaine, et les députés emporté l’adhésion des indécis. avait amorcé dans ce domaine un véritable virage. comme Martin Feldstein, et recommande à tous, tout cas à user du chantage monétaire à l’égard russes se sont comportés un peu Boris Eltsine s’en est sorti parce On ne sait pas aujourd’hui si « Larry » le suivra. latino-américains, japonais ou européens, la déré- des autres pays du G 7 et à leur demander de comme leurs collègues du Sénat. que, malgré sa santé chancel- A priori, il n’y a aucune raison pour que gulation de tous leurs marchés. mieux participer au « partage du fardeau » –, celui Ils ont joué avec les articles per- lante, son élocution pâteuse et M. Summers conduise différemment les affaires des crises monétaires d’abord, celui de la guerre mettant l’impeachment de Boris ses propos parfois incohérents, il économiques internes du pays. Les deux hommes LE « PARTAGE DU FARDEAU » du Kosovo demain. Le professeur adore donner Eltsine mais, au moment de vo- reste un formidable mécanicien ont, grosso modo, les mêmes convictions. Ils tra- M. Summers reprendra-t-il ensuite à son des leçons au reste du monde. Saura-t-il, pour sa ter, ils ont fait marche arrière, du pouvoir qui sait mettre à pro- vaillent ensemble en parfaite harmonie depuis compte la religion du « dollar fort » de son pré- part, tirer les leçons de l’histoire économique ré- permettant au président d’en- fit les leçons apprises à l’école so- plus de six ans. A un an et demi des élections pré- décesseur ? S’il est un dogme auquel M. Rubin est cente ? « Pour mon nouveau job, Rubin m’a dit granger une victoire politique. La viétique dans un contexte semi- sidentielles, le nouveau titulaire hésitera ensuite à resté fidèle depuis 1995, c’est bien celui-là. d’être prudent, Greenspan d’être ennuyeux », ironi- comparaison s’arrête là. Les démocratique. Il use de préroga- contester les choix de son ex-patron : ceux-ci ont Contrairement à Lloyd Bentsen, son prédécesseur, sait-il il y a peu. Y parviendra-t-il ? Ce n’est pas chefs d’accusation, la procédure, tives démesurées (au regard des contribué à l’exceptionnelle performance de il a constamment expliqué qu’« un dollar fort était sûr. les rapports de forces entre les Constitutions démocratiques) l’économie américaine depuis huit ans. S’il le vou- dans l’intérêt de l’économie des Etats-Unis ». pouvoirs exécutif et législatif pour manipuler ses adversaires lait, il n’aurait ensuite que peu de marge de ma- L’homme de Wall Street qu’il fut a toujours été ré- Erik Izraelewicz n’ont aucun point commun. comme ses alliés. Il peut les cajo- nœuvre : aux Etats-Unis, le secrétaire au Trésor A la Douma, le sort de Boris ler ou les intimider, les menacer dispose de moins de manettes qu’un ministre des Eltsine paraissait scellé quand ou assurer leurs vieux jours et finances dans un pays européen. La monnaie dé- s’est ouvert, samedi 15 mai, la ceux de leur famille. Ainsi s’ex- pend de la Réserve fédérale, le budget du Congrès Bestiaire par André François séance, même s’il y avait encore plique qu’une centaine de dépu- et les revenus des entreprises privées. loin de la mise en accusation à la tés de tous bords ait courageuse- Le domaine dans lequel le Trésor américain destitution. La majorité des dé- ment préféré passer le temps du joue en revanche un rôle important – et de plus putés communistes et nationa- scrutin à l’infirmerie de la Dou- en plus important –, c’est celui de la diplomatie listes à la Chambre basse du Par- ma plutôt que dans la salle des économique et financière. Comme secrétaire ad- lement russe devait, pour séances. joint chargé des affaires internationales, M. Sum- l’occasion, recevoir le renfort des Pendant ce temps, quelques mers y a déjà œuvré. Il a eu à gérer, au côté de « libéraux » décidés à censurer le milliers de manifestants pro ou M. Rubin, les crises monétaires mexicaine (1993- président pour sa responsabilité anti-Elstine peuvent bien s’af- 1994), asiatique (1997), russe et brésilienne (1998). dans la guerre de Tchétchénie et fronter à coups de slogans, la Or, ces crises ont été un véritable choc pour surtout dans l’état catastro- grande majorité de la population M. Rubin. Il a été surpris par leur ampleur, leurs phique du pays. russe est indifférente. Elle sait effets et leur durée. Il les a analysées, pour partie, Le résultat semblait faire d’au- bien que son sort est indépen- comme la sanction de ses propres choix initiaux, tant moins de doute que, trois dant des intrigues du Kremlin et des choix très libéraux au départ. Il en a tiré les jours avant le vote, Boris Eltsine que, quel que soit le prochain conclusions. Dans ses déclarations les plus ré- s’était permis une petite provo- premier ministre de Boris Elt- centes, lors des réunions du Fonds monétaire in- cation en limogeant Evgueni Pri- sine, sa situation a peu de chance ternational (FMI) et de la Banque mondiale, fin makov, un premier ministre qui de s’améliorer. Un député « libé- avril à Washington et depuis, il a ébauché une avait le soutien quasi unanime ral » de Moscou remarquait jus- nouvelle approche. Qu’en est-il de M. Summers ? de la Douma, pour le remplacer tement que le président « se meut par un de ses affidés. Or tout dans un vide politique complet, PRÉMICES D’UNE RÉORIENTATION laisse à penser que Sergueï Ste- comme le tsar Nicolas II en 1917 ». Ainsi, au début de cette année encore, M. Ru- pachine pourrait être confirmé Mais la tragi-comédie du pouvoir bin avait répondu très négativement au souhait par les députés dès le premier fait une victime : l’espoir de voir de certains pays d’Amérique latine qui voulaient des trois tours de scrutin. les Russes faire confiance à des adopter comme monnaie nationale... le dollar. En Les revers des communistes à institutions démocratiques. Argentine, mais aussi au Mexique et au Brésil, les avocats d’une « dollarisation » de leur économie 0123 est édité par la SA LE MONDE n’avaient pour autant pas désarmé. M. Rubin Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani avait également fait connaître son hostilité à toute Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; idée de contrôle des changes, même pour des Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint pays émergents connaissant des difficultés passa- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau gères. Il condamnait alors autant les pratiques, Directeur artistique : Dominique Roynette modestes, du Chili, que les méthodes, plus radi- Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment cales, de la Malaisie. Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; Sur ces deux dossiers, essentiels alors que sont Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; engagées des discussions en vue d’une « nouvelle Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; architecture financière mondiale », M. Rubin a Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan opéré un « véritable changement de politique », se- lon les termes de l’hebdomadaire Business Week Médiateur : Robert Solé du 10 mai. Il a, à plusieurs reprises ces derniers Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; jours, exprimé son intérêt pour la « dollarisation » partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre de certaines économies, sous certaines conditions Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président naturellement. Il a indiqué qu’il n’avait pas d’«a priori » défavorable à l’égard des « currency Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) boards » mis en place par des pays comme l’Ar- Le Monde est édité par la SA Le Monde gentine. Il a aussi fait savoir que, pour des pays Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. émergents, il pouvait y avoir des circonstances Capital social : 985 000 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, dans lesquelles, à ses yeux, un contrôle provisoire Fonds commun de placement des personnels du Monde, L’hirondelle Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, des changes pouvait être souhaitable. « Certains Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, pays peuvent, comme le Chili, juger approprié, à un En aiguille du temps, elle nous invite à remettre les pendules Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. certain moment, le recours à des taxes sur les entrées de capitaux à court terme », déclarait-il ainsi le à l’heure pour déserter la peur de notre ombre – Vincent Pachès ILYA50 ANS, DANS 0123

ciale. Il semble beaucoup plus pitaux. Prudent sur les retraites, Pour d’évidentes raisons poli- prudent aujourd’hui dans son pro- prudent sur la réforme des charges tiques, M. Jospin essaie le plus Le puzzle social jet d’élargir l’assiette des cotisa- sociales patronales, prudent sur la souvent possible de s’assurer le Des immeubles sans concierge tions patronales (maladie et fa- maîtrise des dépenses de santé, soutien d’une majorité « plurielle » POUR les Parisiens traditiona- ser 34 000 francs par an – c’est du de Lionel Jospin mille) à d’autres éléments que la prudent, sans doute, sur les 35 et de syndicats qui lui réclament listes, un immeuble sans moins le chiffre qu’il nous a masse salariale, comme la valeur heures. Depuis deux ans, le pre- « toujours plus de social ». Déminer, concierge est un peu comme un avancé – pour payer son Suite de la première page ajoutée. La réforme pourrait même mier ministre a pris soin de dé- déminer encore, déminer toujours, corps sans âme. Lorsque, d’aven- concierge et subvenir aux diffé- n’avoir pour seul objectif que connecter les dossiers les uns des telle semble être la devise d’un pre- ture, ils trouvent la loge vide, ils rents frais accessoires (gaz, élec- On comprend aussi que M. d’éponger le surcoût du passage autres, et d’ouvrir les chantiers so- mier ministre qui, sur l’emploi, la se rendent compte de l’impor- tricité, charbon et assurances so- Charpin ait cru bon de préciser que aux 35 heures pour les bas salaires. ciaux à un rythme qu’il ne veut pas politique familiale, la santé ou les tance de ce personnage tant bro- ciales), il en assume lui-même sa réforme « suppose un contexte A aucun moment il n’a semblé prê- se faire imposer par les événe- retraites, recherche plus que ja- cardé, mais en définitive fort po- depuis trois mois les fonctions ! Il économique modifié » et la réunion ter l’oreille à la solution que lui a ments. Ainsi s’est-il encore donné mais l’adhésion des Français. Cette pulaire, et de qui l’on exige une vide les poubelles et entretient de deux conditions : que le main- soufflée le patronat : financer les du temps pour arrêter ses déci- méthode lui a, somme toute, bien vigilance de tous les instants. La l’escalier. Mais il a supprimé le tien dans l’emploi des seniors baisses de charges accordées dans sions sur les retraites. Elles ne de- réussi, en lui évitant les désagré- corporation se croit cependant « cordon », et a distribué à ses n’empêche pas les jeunes d’accé- le cadre des 35 heures par des vraient pas intervenir, au mieux, ments d’un Alain Juppé trop « droit menacée de disparaître... En ef- dix-huit locataires les clefs de la der au marché du travail, ce qui al- économies sur les dépenses so- avant la fin de l’année, à un mo- dans ses bottes » ; elle ne permet fet, de nombreux propriétaires porte d’entrée. Quant au cour- légerait les dépenses des caisses de ciales, notamment dans le do- ment où il peut espérer en avoir fi- pas de tracer des perspectives. Ni – en particulier ceux des petits rier, le facteur le répartit dans des retraite mais alourdirait celles de maine de la santé, le Medef n’hési- ni, sur le plan législatif du moins, de donner cohérence à sa politique immeubles – cherchent à se sépa- boîtes aux lettres particulières. Le l’assurance-chômage ; que les en- tant pas à affirmer qu’il y a un avec les 35 heures. sociale. Encore moins de définir rer de leurs concierges, qu’ils es- nouveau système n’a soulevé au- treprises améliorent le gestion des « lien politique » entre les deux une pédagogie de l’effort. timent ne plus pouvoir rémuné- cune protestation. fins de carrière, notamment en li- dossiers sociaux les plus sensibles DÉMINER ENCORE La demande sociale est sans li- rer. Des immeubles sans En attendant, les concierges, mitant le recours aux préretraites. du moment : les 35 heures et la re- Aujourd’hui, le premier ministre mite. Le besoin de protection so- concierge, il en existe dans de qui ne veulent pas se résigner à Plus globalement, il n’est pas fonte du système de santé. peut se prévaloir d’un relatif succès ciale, qu’il s’agisse de la santé ou nombreux pays étrangers et dans disparaître, organisent des mani- certain que les 35 heures fassent Qu’y aurait-il de scandaleux sur les fronts du chômage des retraites, est de plus en plus maintes villes de province. On en festations. Hier après-midi s’est bon ménage avec la « Sécu ». Si la dans un tel jeu de vases communi- (– 265 000 demandeurs d’emploi) fort. Actifs et retraités n’ont pas voit même apparaître dès main- tenu, salle Wagram, le premier réduction du temps de travail ne cants, dès lors que l’on serait sûr et des déficits sociaux (– 15 mil- non plus renoncé à améliorer leur tenant à Paris. meeting des concierges adhérant déclenche pas un puissant mouve- de l’inutilité de certaines dépenses liards de francs en 1998, contre 120 pouvoir d’achat. Quant au temps Tel propriétaire qui habite dans à Force ouvrière. Le 19 mai, un ment de créations d’emplois – on qui, en fait, ne servent qu’à main- milliards cumulés sur 1995-1996). libre, il pourrait devenir un nouvel son propre immeuble de la rue du rassemblement cégétiste est pré- ne le voit toujours pas s’amorcer –, tenir les rentes de situation d’une Pour autant, avec quelque 50 000 objet de revendication à la faveur Roule a employé les grands vu à la Bourse du travail. elle n’aura abouti qu’à amplifier la partie des professionnels de san- emplois créés ou préservés à ce des 35 heures. Comment satisfaire moyens. Ne voulant plus dépen- (18 mai 1949.) modération salariale en vigueur té ? Et pourquoi, à terme, ne pas y jour, il n’a pas encore convaincu ces demandes et, surtout, les depuis de nombreuses années affecter une partie des 62 milliards que la réduction du temps de tra- concilier ? Peut-on avoir en même (sans oublier la flexibilité des ho- de francs d’économies par an pré- vail est un bon remède au chô- temps une politique salariale géné- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS raires) et, par conséquent, à freiner vues dans le « plan stratégique » mage. « A suivre et à voir », reuse, un haut niveau de protec- Télématique : 3615 code LEMONDE l’évolution des ressources de la Sé- adopté, le 30 mars, par la Caisse semblent lui dire les Français. Il lui tion sociale et l’une des durées du Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC ou 08-36-29-04-56 curité sociale. Fin 1997, M. Jospin nationale d’assurance-maladie reste aussi à prouver sa capacité à travail les plus courtes des grands avait fait une réforme de grande (CNAM) ? Mais sur la réforme des rétablir durablement l’équilibre pays industrialisés ? Bref, com- Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 ampleur en transférant la quasi-to- cotisations patronales comme sur des comptes de la Sécurité sociale, ment reconstituer le puzzle du Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 talité de la cotisation maladie des le plan de Gilles Johanet, le direc- comme il s’y est engagé. Enfin, il « mieux-disant social ». A ces Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE salariés sur la contribution sociale teur de la CNAM, Lionel Jospin et devra se révéler capable de conso- questions, on attend toujours la ré- Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr généralisée (CSG), ponctionnant Martine Aubry jouent petit bras, lider les régimes par répartition ponse de Lionel Jospin. ainsi davantage les revenus du ca- semblant redouter par-dessus tout qui, n’en déplaise aux plus libé- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 pital au profit de la Sécurité so- un mouvement social dans les hô- raux, scellent le pacte social. Jean-Michel Bezat LeMonde Job: WMQ1805--0018-0 WAS LMQ1805-18 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0591 Lcp: 700 CMYK

18 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999

FUSION Le groupe allemand tiendra 53 % de la nouvelle société, le suisse Novartis. Sa création est publique d’échange sur son parte- actions, ce qui correspond à 29 mil- Hoechst et le français Rhône-Poulenc le second 47 %. b AVENTIS, le nou- prévue pour novembre 1999, sous naire. La parité retenue est de 4 ac- lions de titres. Il prévoit également devaient présenter, lundi 17 mai, les vel ensemble, sera un géant mondial réserve des approbations néces- tions Hoechst pour 3 actions Rhône- de payer un dividende exceptionnel détails de leur projet de fusion dans des sciences de la vie (santé hu- saires. b LE PROJET prévoit le lance- Poulenc. b HOECHST va racheter, au- d’un montant de 1,5 milliard d’euros les sciences de la vie. Le premier dé- maine, animale et végétale) derrière ment par Rhône-Poulenc d’une offre paravant, 5 % de son capital en à ses actionnaires. Rhône-Poulenc et Hoechst donneront naissance à Aventis dès cet automne Les ultimes difficultés écartées, le groupe français a annoncé, lundi 17 mai, une offre publique d’échange sur son allié allemand pour octobre. Le nouveau groupe, qui emploiera 95 000 salariés, doit encore aborder le volet social, sur lequel il n’a donné aucun détail PLUS DE CINQ MOIS après l’an- bre une offre publique d’échange montant de 1,5 milliard d’euros s’ils tion du projet et du calendrier a été chimie allemande déséquilibre le les conseils d’Hoechst et de Rhône- nonce de leur projet de fusion au (OPE) sur son partenaire allemand, apportent leurs actions à l’OPE. décidée. La fusion totale est prévue rapport entre les deux groupes, Poulenc, les Koweïtiens ont finale- sein d’Aventis, et malgré d’ultimes à raison de 3 actions Rhône-Pou- D’autre part, entre mai et octobre, pour la fin de l’année 1999, soit donnant une part prépondérante, ment donné leur accord jeudi difficultés, Rhône-Poulenc et lenc pour 4 titres Hoechst. En cas le groupe de Francfort rachètera deux ans avant l’échéance fixée à de plus de 60%, à Hoechst. 13 mai, et se sont engagés à appor- Hoechst devaient présenter, lundi d’apport de tous les titres, les ac- 5 % de son capital, soit 25 millions l’origine. Pour contourner un pro- Les Français ont peu apprécié ce ter leurs titres à l’OPE. Aventis, 17 mai, les modalités de leur rap- tionnaires des groupes français et d’actions. blème de fiscalité soulevé par les revirement, dû à la négligence des dont le siège sera situé à Stras- prochement. Le nouveau groupe, allemand détiendraient respective- Koweïtiens, c’est Rhône-Poulenc Allemands, qui avaient oublié d’as- bourg, sera organisé en deux qui emploiera 95 000 personnes, se- ment 47 % et 53 % d’Aventis. L’opé- ACCÉLÉRATION DU CALENDRIER qui lance une OPE sur les titres socier leur principal actionnaire à la branches : la pharmacie, à Franc- ra le numéro un mondial de la phar- ration sera considérée comme réus- Toutes ces mesures ont pour ob- Hoechst et acquiert la société d’in- création d’Aventis. Ils ont alors po- fort, et l’agriculture, à Lyon. S’y macie, avec un chiffre d’affaires de sie à condition que 90 % des actions jectif de ramener les deux groupes vestissement néerlandaise Gallus, sé deux conditions : obtenir un état ajoutera tout un ensemble d’activi- 9,6 milliards d’euros, à égalité avec de Hoechst soient apportés à l’OPE. le plus près possible des 50-50, afin qui détient les actions possédées des lieux des activités chimiques tés chimiques dont le groupe devra Astra-Zeneca, né cette année d’un Auparavant, le groupe de Franc- de justifier le principe du départ par la KPC. apportées par Francfort, et rame- se désengager. En attendant l’ap- mariage entre suédois et britan- fort, qui s’est déjà engagé à vendre d’un mariage d’égal à égal. Ce pos- Pour mieux valoriser la part alle- ner l’écart de valeurs au plus près probation des accords par leurs ac- niques. Dans la protection des une partie de ses activités tulat avait été écorné lorsque la Ku- mande, les deux futurs associés ap- du schéma initial de 50-50. Pour ar- tionnaires respectifs, les deux par- cultures, il occupera également le chimiques, étendra son programme wait Petroleum Corporation (KPC), portent leur chimie, Rhodia pour river à ce rééquilibrage, Rhône- tenaires vont continuer le premier rang, avec 3,9 milliards de cessions. Celui-ci inclut désor- principal actionnaire de Hoechst, Rhône-Poulenc, et une grande par- Poulenc estime que ses nouveaux processus d’intégration qui avait d’euros de ventes, devant le suisse mais Celanese, Ticona, Nutrinova, avec 24,5 % des actions, a contesté tie de celle de Hoechst. Cette nou- médicaments ont un potentiel plus été ralenti ces dernières semaines Novartis (3,5 milliards d’euros). Trespahan, ainsi que des participa- ce principe et demandé une meil- velle répartition remet en cause prometteur que prévu – ce qui ne devant les hésitation koweïtiennes. Sous réserve de l’approbation des tions dans Targor et Dyneon. Anti- leure valorisation de sa participa- l’un des principes fondamentaux de serait pas le cas pour son parte- Plus de 600 cadres ont été pressen- assemblées générales des deux cipant les recettes de ces cessions, tion. la fusion, celle d’un mariage d’égal naire – et estime que Hoechst a pris tis pour occuper des fonctions de groupes à la mi-juillet, Rhône-Pou- les actionnaires de Hoechst rece- Si les grandes lignes du projet à égal dans les sciences de la vie. du retard dans la restructuration de direction dans le nouveau groupe. lenc devrait lancer au mois d’octo- vront un dividende spécial d’un ont été maintenues, une accéléra- L’apport d’une grande partie de la sa chimie. Après l’approbation par Mais les dirigeants vont devoir ra- pidement évoquer la question des réduction d’effectifs, n’ayant jus- COMMENTAIRE avertir les dirigeants allemands à va falloir marier, et pas seulement Les principaux rapprochements dans la santé qu’à présent donné aucune indica- la dernière assemblée générale. faire cohabiter, trois cultures : al- tion dans ce domaine. UN PARI DIFFICILE Une alliance avec un Américain lemande, française et américaine. b 1994 OPA sur les 43,4 % du capital du Une réunion du comité de aurait peut-être été préférable, Le plus aisé sera le brassage des American Home Products français Roussel Uclaf, qu’il ne groupe européen de Rhône-Pou- Rhône-Poulenc et Hoechst ne ont-ils rappelé, mais au prix d’une équipes américaines dont Rhône- (Etats-Unis) acquiert American possède pas encore, pour lenc devrait se tenir dans les pro- pouvaient rester à l’écart de la re- disparition complète de Hoechst. Poulenc et Hoechst avaient pris le Cyanamid pour 10 milliards 3,5 milliards de dollars, et le chains jours. Les syndicats re- composition de l’industrie phar- Dans Aventis, l’un des parte- contrôle – une chance, car les de dollars. regroupe dans Hoechst Marion doutent 11 000 suppressions maceutique mondiale, sous peine naires prend-il le pas sur l’autre ? Etats-Unis sont le premier marché b 1995 Roussel. d’emplois, dont au moins 3 000 en de se mettre hors jeu. Plutôt que Sur le papier, c’est Rhône-Poulenc mondial de la pharmacie. En Eu- Glaxo (Royaume-Uni) achète son b 1997 France (lire le supplément « Le de s’isoler et de devenir la proie qui lance une offre d’échange de rope, l’opération s’annonce plus compatriote Wellcome Roche (Suisse) rachète Boehringer Monde Economie »). Autour de la d’un concurrent, l’idée d’un rap- titres sur Hoechst, mais le poids délicate tant les personnalités des (5,9 milliards de dollars). Mannheim (Allemagne) pour soixantaine, les deux PDG, Jürgen prochement a cheminé avec un des actionnaires allemands dans groupes sont fortes. L’expérience Hoechst (Allemagne) acquiert 10,2 milliards de dollars. Dormann et Jean-René Fourtou, souci partagé : celui de ne pas le nouvel ensemble sera plus im- montre que pour réussir une fu- Marion Merrel Dow (Etats-Unis) b 1998 disposent au maximum de cinq ans perdre son identité. portant que celui des Français si sion, l’une des deux cultures doit pour 7,1 milliards de dollars. Fusion des français Sanofi et pour installer Aventis. Pour prou- Côté français, chacun dans l’en- tous les titres sont apportés. Pour prendre le pas sur l’autre. Les diri- Pharmacia (Suède) et UpJohn Synthelabo pour 10,3 milliards ver qu’il s’agit bien d’un mariage treprise reconnaît qu’il fallait bou- les concepteurs du projet, l’essen- geants d’Aventis ont peu de (Etats-Unis) fusionnent pour de dollars. d’égal à égal, il serait prévu une al- ger, mais beaucoup s’interrogent tiel réside dans l’organisation, temps pour réussir. Il leur faudra 6 milliards de dollars. Annonce de l’opération ternance à la tête du directoire. sur le choix de Hoechst. Est-ce le l’idée de départ étant celle de rapidement convaincre les action- b 1996 Hoechst-Rhône-Poulenc. Après son départ, le successeur de bon partenaire ? Même scepti- l’égalité dans le partage des naires de la pertinence de ce Fusion des suisses Sandoz et Ciba b 1999 M. Dormann chez Aventis pourrait cisme à Francfort : « Cessons de tâches. choix. au sein de Novartis pour Zeneca (Grande-Bretagne) et être un Français. considérer Rhône-Poulenc comme Ce choix d’un mariage d’égal à 27 milliards de dollars. Astra (Suède) fusionnent pour une entreprise junior », ont dû égal est le plus difficile à réaliser. Il Dominique Gallois Hoechst (Allemagne) lance une 37,7 milliards de dollars. D. G.

PROFIL En cinq ans, les méthodes éner- par la suite. Avec la création PROFIL Tout au plus rappelait-on ses liens Ce sont aussi des administra- giques, la rigueur et la distance d’Aventis, ce patron parmi les avec Valéry Giscard d’Estaing, ren- teurs et des actionnaires fidèles LE VA-TOUT DE apparente de M. Dormann ont mieux payés du pays joue son va- JEAN-RENÉ FOURTOU, contré à l’occasion d’un audit sur qui auront soutenu M. Fourtou opéré une révolution sans pré- tout. Ce projet est aussi son l’UDF. dans sa stratégie. Au premier rang JÜRGEN DORMANN cédent. Sur le gigantesque site his- « œuvre » personnelle. C’est au PATRON ATYPIQUE Militant d’associations patronales desquels Claude Bébéar, patron torique de Francfort, où travaillent cours de promenades dans les fo- sur l’Europe, la qualité ou l’environ- d’Axa (actionnaire à hauteur de C’est un des patrons les plus en encore plus de 20 000 personnes, rêts d’Heidelberg, la ville où il est Anticonformiste : c’est l’épithète nement, M. Fourtou reste un pa- 2 %), avec lequel il partage le goût vus... et les plus controversés d’Al- un quart des effectifs a été remer- né en 1940, qu’il aurait initié le qui définit le mieux Jean-René tron peu charismatique, malgré ses de l’aventure, des grands crus et lemagne. Jürgen Dormann, qui cié. Saluée par les marchés finan- rapprochement avec son homo- Fourtou, PDG de Rhône-Poulenc enthousiasmes et la sincérité de ses de la gastronomie du Sud-Ouest. prendra la tête d’Aventis, est par- ciers, sa « vision » l’a rendu très logue français, Jean-René Fourtou. depuis treize ans. Sa nomination à propos. En treize ans, il aura pour- Pour ses soixante ans – il est né venu à la présidence du directoire médiatique dans une Allemagne Il a tout fait, ces derniers mois, la tête du groupe chimique et phar- tant fait réaliser une mue specta- le 20 juin 1939 à Libourne (Gi- de Hoechst en 1994. Pour la pre- en perpétuelle interrogation sur pour convaincre les petits porteurs maceutique en 1986 par le gouver- culaire à Rhône-Poulenc, restructu- ronde) –, ce fils d’enseignant mière fois, le poste était attribué à l’avenir de ses fleurons industriels. et le puissant syndicat IG BCE, bien nement Chirac – après vingt-trois rant le groupe, le désengageant de s’offre un cadeau d’annniveraire un non-chimiste. Depuis, cet Mais le changement a été tel que représenté au sein du conseil de ans passés dans le groupe de ses métiers traditionnels... jusqu’à peu commun : un mariage avec homme à l’allure longiligne a bou- nombre de salariés d’Hoechst ont surveillance du groupe en vertu consultats Bossard, dont sept la chimie. Au point qu’on repro- une entreprise allemande, dont il leversé les structures du conglomé- du mal à croire que leur patron ait des accords de cogestion. C’est lui, comme président – avait surpris. chait au groupe d’être en perpé- apprécie le dirigeant. rat chimique et pharmaceutique pu réaliser la totalité de sa carrière surtout, qui s’est envolé vers le Ko- C’était oublier que sa spécialité et tuelle réorganisation, pour ne pas Comme lui, Jürgen Dormann a pour en faire un groupe spécialisé dans la maison. Après avoir achevé weït pour convaincre son principal son secteur de prédilection était... dire désorganisation. Sans doute le fait évoluer en profondeur le dans les sciences de la vie. Le ma- ses études d’économie, Jürgen actionnaire, dont il avait d’abord la pharmacie. passé de consultant de M. Four- groupe Hoechst. Comme lui, il esti- riage avec Rhône-Poulenc consti- Dormann, est entré chez Hoechst sous-estimé les réticences. En cas Bien qu’ancien élève de Polytech- tou... Il aime décentraliser et délé- mait que son groupe était trop tue le point d’orgue de cette stra- voici trente-six ans ! Fidèle à son d’échec, c’est lui, de l’avis général, nique, M. Fourtou n’apparaissait guer, s’appuyant sur un état-major faible pour s’imposer à l’échelle tégie : il s’accompagne à terme obstination modernisatrice, il s’est qui paiera les pots cassés. pas comme un membre du sérail. Ni de fidèles, dont Igor Landau, direc- mondiale. d’un abandon des activités occupé au fil des années d’activités haute administration, ni cabinet teur général de Rhône-Poulenc et chimiques. qu’il s’est empressé de revendre Philippe Ricard ministériel, ni réseau politique. autre artisan de l’aventure Aventis. Claire Blandin LeMonde Job: WMQ1805--0019-0 WAS LMQ1805-19 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:35 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0592 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 19

Un leader dans la santé AVENTIS Les sciences de la vie, stratégie du troisième millénaire PHARMACIE AGRICULTURE 45 % RPR Rhône-Poulenc CLARIANT agro 50 % COMME Rhône-Poulenc, la plu- qui, en identifiant les premiers la que leurs efforts de recherche pro- Pour compléter leur maîtrise de HMR Hoechst Schiering WACKER part des groupes chimiques ont, en structure de la double hélice fitent à tous les départements », in- cette chaîne, les agropharmaciens Agrevo 67 % moins de dix ans, bouleversé leurs d’ADN (en 1953), ont livré au dique M. Mendoza-Vega. Mieux : ont cherché à acquérir le support 68 % Pasteur Mérieux Merial (50%) MESSER schémas de pensée, leur organisa- monde une clé essentielle du vi- en « recombinant » les informa- de leur nouvelle technologie : la Connaught tion et le champ de leurs compé- vant. tions génétiques, les chercheurs semence, dans lequelle seront in- RHODIA (vaccins) 100 % tences pour se redéployer dans les Ces nouvelles connaissances, peuvent faire des plantes ou des troduits ces caractères innovants. PM-MSD (50%) HR VET sciences de la vie. liées à la manipulation des gènes, animaux le lieu de production de En 1996, Agrevo rachète le belge (vaccins) 100 % C’est le britannique Imperial ont des applications incalculables nouveaux médicaments. Des végé- Plant Genetic Systems, l’un des Centeon RP animal DYSTAR nutrition Chemical Industries (ICI) qui en médecine. « Elles ont déjà per- taux transformés ont déjà fait, en plus beaux portefeuilles en bio- Dade Behring (et autres) (32,5%) donne, en 1993, le coup d’envoi en mis de produire synthétiquement laboratoire, la preuve de leur apti- technologies végétales. Monsanto scindant ses activités chimie et l’insuline, autrefois extraite des ca- tude à produire de l’albumine et de a dépensé plus de 8 milliards de ACTIFS À CÉDER RHÔNE-POULENC HOECHST santé, cette dernière étant logée davres d’animaux, ainsi que le vac- l’hémoglobine, indemnes de virus. dollars ces deux dernières années, dans une nouvelle société, Zeneca. cin de l’hépatite B, premier produit Et à l’Institut national de recherche intégrant notamment Dekalb, nu- STRUCTURE DE LA DIRECTION D’autres lui emboîtent le pas : biotechnologique à se classer, en agronomique (INRA) de Jouy-en- méro deux mondial des semences • DIRECTOIRE : Président Jürgen Dormann (Hoechst), après s’être séparés de leur chimie, 1994, au premier rang mondial des Josas (Yvelines), des lapins trans- de maïs, puis Cargill (hors Etats- Vice-président Jean-René Fourtou (Rhône-Poulenc), les suisses Sandoz et Ciba fu- ventes de produits pharmaceu- géniques fabriquent dans leur sang Unis), le plus grand fournisseur et deux autres membres Igor Landau (RP), Horst Waesche (H). sionnent pour donner naissance à tiques. On peut imaginer, dans le fu- et dans leur lait des protéines à in- d’oléagineux de la planète. En dé- • CONSEIL DE SURVEILLANCE : Président Marc Viénot (RP), Novartis, l’américain Monsanto se tur, une médecine adaptée au ba- térêt thérapeutique. but d’année, DuPont annonce l’ac- Vice-président Martin Frühauf (H). concentre sur le monde du vivant, gage génétique de chaque quisition du numéro un toutes ca- Cinq personnes sont issues du conseil d'administration de RP Rhône-Poulenc introduit sa filiale personne », estime Oscar Mendo- tégories des semences, Pioneer et cinq du conseil de surveillance de H. FORT POTENTIEL AGRICOLE chimie en Bourse pour convoler za-Vega, directeur de mission chez Pour ces entreprises, l’agri- Hi-Bred. • COMITÉ EXÉCUTIF : les quatre membres du directoire et cinq autres dirigeants avec la pharmacie de Hoechst... le consultant américain Ernst culture devient un vaste marché, Selon Yves Desmarescaux, di- – Alain Godard, directeur général d'Aventis Agriculture (RP), Richard J. Markham, directeur général d'Aventis Pharma (H), & Young, auteur d’un rapport an- sur lequel Monsanto, Novartis, recteur général de Rhône-Pou- Patrick Langlois, directeur financier (RP), René Pénisson, INNOMBRABLES APPLICATIONS nuel sur les industries biotechnolo- Agrevo (Hoechst) ou Rhône-Pou- lenc, un autre facteur accélère le directeur des ressources humaines (RP), et Klaus Schmieder, Au cœur de cette mutation, de giques. lenc commercialisent des plantes mouvement : « Diverses industries directeur administratif (H). récentes découvertes en biologie Mais les coûts en recherche et génétiquement transformées. Il qui relèvent de la chimie ou pétro- • AVENTIS PHARMA : président Igor Landau (RP) et la mise en œuvre de nouveaux développement sont astrono- s’agit principalement de cultures chimie devront aller à la rencontre et directeur général Richard J. Markham (H). outils, les biotechnologies, qui pro- miques, poussant les groupes de rendues résistantes à un herbicide des attentes du consommateur. Da- • AVENTIS AGRICULTURE : président Horst Waesche (H) mettent d’irriguer d’un sang neuf sciences de la vie à chercher des al- – pour désherber plus vite et moins vantage de contraintes réglemen- et directeur général Alain Godard (RP). tous les domaines des sciences de liances pour des raisons de taille et cher avec un produit « écologique- taires les forceront à trouver de la vie. Selon la définition du Centre de complémentarité. Zeneca fu- ment correct » – ou encore « auto- nouvelles solutions pour remplacer VENTES 1998 en milliards d'euros national de la recherche scienti- sionne avec le suédois Astra, Du- immunisées » contre les chenilles les sous-produits du pétrole qu’elles PHARMACIE PROTECTION DES CULTURES fique (CNRS), « les sciences de la Pont, le premier chimiste améri- qui attaquent les récoltes. Au-delà, vendent couramment. » L’agri- vie étudient les mécanismes vivants cain, cherche un partenaire dans la les biotechnologies végétales culture pourrait ainsi concurren- AVENTIS 9,6 AVENTIS 3,9 fondamentaux et apportent des ré- pharmacie, de même que Monsan- offrent la possibilité de modifier la cer partiellement la chimie, en ap- ASTRA ZENECA 9,6 NOVARTIS 3,5 ponses aux grands problèmes de so- to. nature même des aliments. Dans portant une nouvelle moisson de ciété dans les domaines de la santé Dans ce nouveau paysage, les laboratoires du monde entier, plastiques et de lubrifiants natu- MERCK 9,5 MONSANTO 2,5 humaine, de l’agronomie, de l’envi- l’agrochimie occupe une place cen- on recherche des maïs à haute te- rels, de « biocarburants » ou de NOVARTIS 9,4 ASTRA ZENECA 2,3 ronnement et de l’industrie ». Les trale. « Tenter de décortiquer l’in- neur en huile, des tomates plus sa- cultures moins gourmandes en responsables de ce bouleverse- formation génétique nécessite des voureuses, du riz plus économe en fertilisants. GLAXO WELLCOME 9,4 DUPONT 2,2 ment se nomment Watson et investissements très lourds. Les in- eau, des grains plus nourrissants Sources : IMS et Aventis Crick, les Prix Nobel de médecine dustries qui se lancent souhaitent pour les animaux d’élevage. Véronique Lorelle Rumeurs autour de l’avenir de la mini-voiture Smart DAIMLERCHRYSLER envisage- autour de 100 000 pour 1999, contre rait d’arrêter la production de la environ 130 000 prévus initiale- Smart, selon l’hebdomadaire alle- ment. Les performances de la mand Der Spiegel daté du lundi Smart seront mesurées par rapport 17 mai. Si les ventes n’augmentent à un objectif de ventes de pas de manière spectaculaire dans 80 000 unités cette année, a rappelé les trois, au maximum les six pro- M. Klein. chains mois, « je coupe le robinet », aurait déclaré Jürgen Schrempp, AMENDE coprésident de DaimlerChrysler à Par ailleurs, DaimlerChrysler doit des cadres du groupe. Lundi, un s’attendre à une amende d’au porte-parole a démenti cette infor- moins 100 millions d’euros pour mation. Selon Roland Klein, «on s’être opposé à l’achat de ses véhi- n’en discute pas actuellement ». cules à moindre frais en dehors DaimlerChrysler a lancé une cam- d’Allemagne, indique le commis- pagne marketing « coûteuse » qui saire européen à la concurrence, donne « déjà de très bons résul- Karel Van Miert, dans l’hebdoma- tats », selon M. Klein. C’est pour- daire allemand Focus à paraître quoi l’article du Spiegel « est dénué lundi. « Il s’agit d’une affaire simi- de tout fondement », a-t-il ajouté. laire à celle de Volkswagen, nous dis- Selon Der Spiegel, la fermeture posons de preuves dans quatre Etats du site d’Hambach, en Moselle, où membres ; aussi les amendes seront- est fabriquée la Smart, pourrait elles les mêmes que pour VW, voire coûter au groupe germano-améri- plus élevées », annonce M. Van cain entre 1 et 1,5 milliard d’euros Miert. Le constructeur est accusé (6,5 à 9,8 milliards de francs), dont de violer les directives européennes une partie serait consacrée au plan anti-trust en empêchant ses social concernant les 1 700 salariés concessionnaires exclusifs en Alle- de l’usine. En avril, la production magne, en Belgique, aux Pays-Bas de la Smart avait été arrêtée pen- et en Espagne de vendre des Mer- dant deux semaines. Cette suspen- cedes à des non-résidents. La sion constituait une déconvenue Commission a ouvert une procé- supplémentaire pour la mini-voi- dure judiciaire devant la Cour de ture, dont les performances justice des communautés euro- commerciales sont loin de remplir péennes. les attentes. Les chiffres de ventes ont en effet été révisés à la baisse, Stéphane Lauer Les très riches toujours plus riches PLUS de 6 millions de per- lignent que la crise en Asie n’a sonnes dans le monde évaluent guère affecté les grandes fortunes. leur fortune personnelle à plus de Les tycoons locaux avaient diversi- 1 million de dollars (6,1 millions de fié leurs placements et largement francs, 0,94 million d’euros), in- investi leurs actifs hors de leur dique le rapport annuel de la zone géographique. Ils ont donc, banque d’investissement Merrill eux aussi, profité de la formidable Lynch et de Gemini Consulting sur progression des Bourses améri- la richesse dans le monde. Les caine et européennes. Il en a été experts constatent que, en 1998, de même pour les grandes for- les individus les plus riches ont tunes qui se multiplient en Europe continué à s’enrichir : leur fortune de l’Est. globale a encore crû de 12 %, attei- L’étude relève que les parti- gnant 21 600 milliards de dollars culiers les plus fortunés cherchent (20 300 milliards d’euros). Et ce toujours à diversifier leurs place- n’est pas terminé. En 2003, leur ments. Malgré la quasi-faillite du fortune devrait atteindre fonds Long Term Capital Manage- 32 700 milliards de dollars, si l’on ment à l’automne 1998, ils conti- en croit l’étude, qui table sur la nuent à s’intéresser de très près poursuite de la prospérité éco- aux fonds dits spéculatifs, souvent nomique. qualifiés d’« investissements alter- C’est en Amérique du Nord que natifs », dans la mesure où l’évolu- sont concentrées les familles les tion de leur performance n’est pas plus riches, détenant 6 900 mil- forcément corrélée à celle des liards de dollars au total. En Eu- indices boursiers. Dans la catégo- rope, les particuliers les plus fortu- rie des investissements alternatifs, nés affichent 5 600 milliards de Merrill Lynch et Gemini Consul- dollars et en Asie 4 400 milliards ting classent aussi les fonds de de dollars. Les actifs des Sud- capital-risque, les fonds finançant Américains les plus riches sont le rachat d’entreprise avec un effet évalués à 2 700 milliards de dol- de levier par la dette ou encore les lars. Cette hiérarchie des très fonds spécialisés dans l’immo- riches selon les continents ne de- bilier. vrait guère bouger d’ici à 2003. Merrill Lynch et Gemini sou- Sophie Fay LeMonde Job: WMQ1805--0020-0 WAS LMQ1805-20 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:14 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0593 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 ENTREPRISES

L’euro n’a pas fait totalement disparaître les écarts La COB s’arroge le pouvoir entre les taux des obligations d’Etat en Europe de priver d’efficacité Les spécificités nationales existent encore sur les marchés financiers un contrat valable Les rendements des obligations d’Etat en Alle- prunts d’Etat français équivalents, et de 0,26 point risque supérieur par les investisseurs dans certains magne à dix ans étaient inférieurs, lundi 17 mai par rapport aux obligations italiennes et espa- pays de l’Euroland et aux habitudes qui font des en début de journée, de 0,12 point à ceux des em- gnoles. Cette différence tient à la perception d’un emprunts d’Etat allemands une référence. L’organisme critique Axa et Paribas LA MISE EN PLACE de l’euro Cette différence de qualité est ment des investisseurs. Ainsi, les reux, le contrat euro-notionnel du LE 4 MAI 1999, la Commission publication n’a pas été faite dans sur les marchés financiers n’a pas d’ailleurs reflétée dans la note attri- investisseurs étrangers, qui utili- Matif s’étant laissé très largement des opérations de Bourse (COB) a les délais requis ; le pacte perd gommé toutes les spécificités na- buée à chaque Etat par les agences saient fréquemment la devise alle- distancer en termes d’activité par émis un communiqué de presse à toute son efficacité ; si Paribas tionales. Si l’utilisation d’une mon- de notation. L’Allemagne est ainsi mande avant l’arrivée de l’euro, ont son homologue allemand. De plus, propos du contrat liant Axa et Pari- s’autorise néanmoins à se prévaloir naie unique accélère les restructu- notée triple A, soit la notation la conservé leurs habitudes. Ils em- le soutien autrefois apporté par les bas. Cet accord oblige chacune des d’un pacte dont la validité n’est pas rations des entreprises, incite les plus élevée, alors que l’Italie se si- ploient aujourd’hui les emprunts investisseurs domestiques français parties à obte- discutée, une procédure de sanc- investisseurs à élargir leur champ tue un cran en dessous avec un d’Etat allemand comme référence aux obligations françaises n’est nir le consen- tion administrative sera entamée. d’investissement, conduit les double A. des obligations à long terme en Eu- plus aussi prononcé. « Compte tenu tement de S’il faut lire ainsi le texte de la Bourses à rechercher des alliances rope. Lorsqu’ils veulent investir en de la faiblesse des taux de rende- l’autre lors- COB, pour le sauver du grief multiples, l’effet d’homogénéité Europe, ils pensent à l’Allemagne ; ment sur les emprunts d’Etat, les ges- qu’elle désire d’avoir présumé une renonciation, entre les obligations d’Etat de la On ne peut conclure lorsqu’ils s’interrogent sur les rai- tionnaires et les compagnies d’assu- céder les titres la violation du droit paraît plus zone euro n’est pas encore inter- sons de l’écart actuel sur les taux rances, qui ont des objectifs de qu’elle détient manifeste encore. En effet, juste venu. trop vite longs entre les Etats-Unis et l’Eu- rentabilité, recherchent de plus en dans le capital après avoir affirmé qu’elle n’avait Alors que les pays qui font partie rope, ils analysent le différentiel de plus des obligations d’émetteurs pri- de celle-ci. Cet pas le pouvoir d’annuler des de l’euro respectent tous les cri- à une victoire rendement entre les titres améri- vés, dont les rendements sont plus accord a été porté à la connais- contrats, la COB s’autorise, d’une tères de Maastricht ; alors que les cains et les obligations allemandes ; élevés que ceux des OAT », constate sance de la COB alors que les deux façon détournée mais acquise, à taux directeurs de ces différents de la dette allemande lorsqu’ils s’inquiètent des implica- un vendeur sur le marché obliga- OPE dont Paribas est actuellement priver d’efficacité un contrat, sous pays ont été progressivement ajus- tions du conflit dans les Balkans sur taire. l’objet étaient déjà en cours. La une sorte de condition suspensive tés par les banquiers centraux en la zone euro, ils privilégient les On ne peut cependant conclure COB demande que ces accords de procédure de sanction. Non 1998 pour atteindre un niveau Les emprunts les moins bien no- titres allemands, qu’ils considèrent trop vite à une victoire de la dette soient décrits dans les notes d’in- seulement aucun texte particulier identique au 1er janvier 1999, on tés se paient donc moins cher, à plus sûrs que ceux d’autres pays allemande. La hiérarchie entre les formation à destination des action- ne confère ce pouvoir à la COB pouvait pourtant s’attendre à ce cause de leur niveau de risque, européens. Selon Marie Owens émissions d’Etat français et alle- naires et du marché. Le pouvoir mais il n’existe pas, dans le sys- que leurs taux d’intérêt à long mais ils rémunèrent davantage l’in- Thomsen, économiste chez Merrill mand à 10 ans n’est pas respectée d’exiger cela est spécialement visé tème juridique français, de cas terme soient très proches, voire vestisseur. Aujourd’hui, toutefois, Lynch, l’élargissement récent de sur les titres d’échéance plus par l’article 5 du règlement COB dans lequel un juge, qui a pour- identiques. En fait, il n’en est rien : l’écart est plus important qu’il ne l’écart entre les rendements des courte. « Les emprunts de l’Etat n0 89-03 et correspond à la mission tant, lui, plénitude de juridiction, les obligations d’Etat allemandes devrait car il tient compte des obligations françaises ou italiennes français d’échéance 2005 et 2006 centrale de la COB de vérification c’est-à-dire les pleins pouvoirs délivrent un rendement inférieur doutes des investisseurs à l’égard et les emprunts d’Etat allemands sont plus chers [les taux français et de diffusion de l’information fi- d’appliquer le droit, soit autorisé à de 0,12 point à celui des obligations du pays, l’un des plus impliqués de est ainsi en partie lié aux événe- sont inférieurs de 0,13 point] que nancière. priver globalement et définitive- assimilables du Trésor français la zone euro dans le conflit au Ko- ments du Kosovo. leurs équivalents allemands, observe Mais la COB va plus loin dans ment d’efficacité un contrat vala- (OAT), ce qui les rend moins chères sovo. « Une différence de 0,15 % à Si les emprunts allemands à un arbitragiste. Cela provient de la l’analyse et l’usage qu’elle fait de blement formé. puisque leur taux évoluent en sens 0,20 % refléterait davantage l’écart 10 ans ont donc la faveur des inves- rareté des titres français sur ces ses propres pouvoirs. Certes, dans inverse de leur prix. De même, les de signature entre l’Italie et l’Alle- tisseurs, ce n’est pourtant pas échéances, qui sont conservés en un premier temps, elle affirme qu’il VOIES DE RECOURS taux italiens et espagnols sont su- magne », estime Nathalie Fillet, faute, de la part du Trésor français, grande majorité dans les porte- n’entre pas dans sa mission de se En droit commun, l’absence de périeurs de 0,26 point à ceux of- économiste de marché chez Pari- d’avoir aménagé et promu sa dette, feuilles des compagnies d’assurances prononcer « comme pourrait seul le publicité donnée à un contrat n’af- ferts par la dette allemande. bas. qui reste la plus moderne en Eu- françaises. » faire un arbitre ou juge, sur la validi- fecte en rien sa validité et son effi- Les fondamentaux économiques Mais dans le cas de la France et rope. Mais celle-ci n’est pas soute- La structure des taux d’intérêt en té et la portée juridique de tels ac- cacité à l’égard des parties : le prin- et financiers, qui sont différents de l’Allemagne, les 0,12 % qui sé- nue par un marché à terme vigou- zone euro ne permet donc pas ac- cords ». On observe une diver- cipe juridique du consensualisme d’un pays à l’autre dans la zone eu- parent leurs emprunts d’Etat à tuellement de parvenir à une seule gence avec le Conseil des marchés pose qu’un contrat est parfait dès ro, sont en partie responsables des 10 ans sont nettement plus éton- courbe des taux d’intérêt en Eu- financiers puisque celui-ci, dans l’instant que les volontés de celles- écarts observés sur les taux longs. nants car les deux Etats ont une Les rendements rope, comme pouvaient s’y at- son avis du 13 novembre 1998, ci se sont rencontrées, sans qu’une « L’endettement de l’Italie est nette- notation identique, leur endette- tendre certains professionnels l’an « Bouygues/Bolloré », avait appré- formalité soit nécessaire pour cela. ment plus important que celui de ment est très proche et la diffé- à dix ans dernier. Le débat ne porte d’ailleurs cié un pacte d’actionnaires au re- Certes, le système juridique est l’Allemagne – un ratio dette pu- rence d’anticipation sur leur situa- plus aujourd’hui sur une telle ques- gard de la notion d’action de construit de sorte qu’une telle af- blique sur produit intérieur brut de tion économique – la reprise de la b Allemagne : 4,14 % tion, les acteurs des marchés obli- concert. La COB adopte donc une firmation d’un pouvoir de la COB, 119,4 en 1998 pour l’Italie contre 62,6 croissance en Allemagne est moins b France : 4,26 % gataires s’étant en quelque sorte attitude plus nette : le droit des qu’on pourrait presque dire in- en Allemagne, selon les chiffres de assurée qu’en France – ne justifie, b Pays-Bas : 4,27 % habitués à piocher certains titres de contrats est hors de ses pouvoirs. concevable, ne puisse perdurer, du l’OCDE –, rappelle Florence Pisani, selon les professionnels, en rien un b Belgique : 4,37 % chaque On ne peut qu’approuver la clar- fait de voies de recours qui per- économiste à la CPR. Il est normal tel écart. En fait, la différence qui b Italie : 4,40 % Etat pour en faire une référence té de la solution posée pour la pre- mettent à la Cour d’appel de Paris que l’on observe des différences de subsiste actuellement entre les taux b Espagne : 4,40 % selon les maturités examinées. mière fois par la COB. Les juridic- d’examiner la question et de cen- taux qui reflètent la qualité de la sol- à 10 ans en France et en Allemagne b Portugal : 4,43 % tions de droit commun, tribunal de surer éventuellement le raisonne- vabilité des Etats. » tient principalement au comporte- b Norvège : 5,01 % Cécile Prudhomme grande instance ou tribunal de ment de la COB. commerce, ont donc vocation à Mais on débouche alors sur une être saisies pour apprécier les dif- autre difficulté. Ces affirmations, si férents contrats qui interfèrent, importantes dans leur portée juri- parfois d’une façon déterminante, dique, n’ont pas été exprimées Le savon de Marseille fait peau neuve dans les offres publiques. Mais, dans une décision individuelle MARSEILLE goûtaient la pâte sur leur langue et vénéraient estime que la partie n’est pas perdue. Il pré- dans un second temps, le commu- adoptée par le collège de la COB, de notre correspondant régional la Vierge, dont une statue trône toujours au- sentait récemment sa nouvelle gamme de pro- niqué de la COB sème au contraire ni même dans un avis, mais dans La Compagnie des savons de Marseille oc- dessus des chaudrons. Il conduit vers l’autre duits : cubes et pains à l’huile d’olive, savon- le trouble. En effet, il pose que Pa- un « communiqué de presse » issu cupe une usine comme on n’en voit plus guère atelier où, dans un autoclave de marque Mon- nettes au citron, au tilleul ou à l’abricot, dans ribas, parce qu’elle n’a pas publié du « service des relations pu- respirer, avec ses bâtiments anciens, ses chemi- savon, des tuyaux font passer les liquides : on une déclinaison de « senteurs provençales, fleu- ce pacte dès l’ouverture des offres bliques » de l’autorité de marché. nées et sa guérite d’entrée des années 60. Sous peut sortir ici 2 tonnes de savon à l’heure dans ries, fruitées ». Au cœur du renouveau : une publiques, à tout le moins celle Pour que le juge d’appel puisse un toit de tuiles plates et des poutres noircies, le cliquetis des mécaniques et le halètement gamme de savon liquide en bouteille, fabri- inamicale de la BNP, a « renoncé à en connaître, il faudrait donc que huit chaudrons de 7 mètres de haut, érigés il y a des machines à vapeur. quée selon un procédé breveté avec une autre se prévaloir du contenu de ces ac- l’on requalifie le document et un siècle en briques réfractaires, ont été reno- société, « 100 % naturel, respectant la peau, cords pendant toute la durée des qu’on y voie une décision, de sorte vés. Ils peuvent faire bouillir chacun 20 tonnes CITRON, TILLEUL OU ABRICOT biodégradable ». offres en cours ». Et la COB pour- qu’un recours à son encontre soit d’huiles végétales mêlées à un peu de soude et Plus bas, la pâte est vidée de son eau dans Cette gamme représente un pari de renou- suit : « Dans le cas contraire, la mise recevable. Dans un arrêt du 15 jan- d’eau, pour concevoir des pâtes de savon na- des boudineuses qui la rendent plus homo- vellement complet, pour lequel 2 millions de en œuvre de ces pactes pourrait être vier 1993, « Derveloy », la Cour turelles. Marmites du diable, fumantes, recou- gène : les bondillons, sortes de copeaux épais, francs ont été investis. Les ventes en France se qualifiée de manœuvre portant at- d’appel avait certes estimé qu’un vertes d’une croûte entre deux bouillonne- partent en sac chez des conditionneurs-reven- concentrent dans les magasins spécialisés, teinte au bon déroulement des offres communiqué de presse valait déci- ments, dont le contenu est à point quand, au deurs. D’autres entrent dans la dernière chaîne touristiques ou de produits bio. L’idée est publiques. » sion, dans la mesure où le marché terme de dix jours de cuissons et de refroidisse- pour finir en une longue barre crénelée débitée d’être assez solide pour aborder la grande dis- En droit, la renonciation à se financier le percevait comme tel. ments, il est recouvert de la « peau de léo- en cubes. C’est ainsi que la Compagnie des sa- tribution. Et surtout de changer radicalement prévaloir d’une prérogative juri- Un tel pragmatisme permettrait en pard » que les maîtres savonniers re- vons de Marseille, qui appartient à la fois à un de politique d’exportation : celle-ci (40 % du dique doit toujours être expresse tout cas au juge de statuer et de ra- connaissent à l’œil. Souvenir du siècle dernier, fabricant de détergent de Vénissieux et à un sa- chiffre d’affaires) se fait principalement vers et ne se présume jamais. Il ne peut mener la COB à la raison du droit. quand Marseille comptait 80 savonneries et vonnier de Nantes, reste une des dernières uni- les pays émergents. A terme, ce sont les mar- donc s’agir de cela, sauf à conclure que 10 % de sa classe ouvrière y travaillaient. tés de production, avec le très artisanal Le Sé- chés « riches » d’Amérique du Nord et du Ja- que la COB a méconnu un principe Marie-Anne Frison-Roche L’homme qui explique les secrets de la fabri- rail (sept employés) et un conditionneur : pon qui sont visés. juridique essentiel. Le raisonne- (professeur de droit cation vante le savoir-faire des maître savon- quarante-deux salariés du savon en tout. ment semble plutôt construit de la à l’université niers d’antan, qui vivaient dans la savonnerie, Laurent Bousquet, directeur depuis janvier, Michel Samson façon suivante : il fallait publier ; la Paris-Dauphine) 0123 DOSSIERS & DOCUMENTS littéraires Les écrivains engagés du XIXe siècle

De Charles Fourier à Eugène Sue, de Jules Vallès à Emile Zola, comment des intellectuels se sont battus pour la justice, l’égalité et la liberté : une leçon de civisme pour aujourd’hui. Et aussi : Victor Hugo, la légende d’un siècle

UNE PUBLICATION DU MONDE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX LeMonde Job: WMQ1805--0021-0 WAS LMQ1805-21 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 09:14 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0594 Lcp: 700 CMYK

21 COMMUNICATION LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 La stratégie et le statut du Réseau France Outre-mer sont en débat La discussion du projet de loi sur l’audiovisuel pourrait modifier la place de RFO dans les télévisions publiques. En matière de programmes, la chaîne tente de mettre en place une logique régionale pour s’adapter au développement du satellite LES RESPONSABLES DE RFO confronté à la concurrence des chel Besse, PDG de RFO, a affecté France Télévision. Afin de ménager politiques différents. De ce point des effectifs permanents est in- (Réseau France Outre-mer) ont programmes venant des autres 10 millions de francs (1,52 million les susceptibilités politiques, elle ne de vue, elle va dans le sens de la loi contrôlable », selon un respon- choisi l’université de la communi- pays.La chaîne ultramarine compte d’euros) supplémentaires aux co- l’avait pas inscrite dans le texte, d’orientation visant à renforcer la sable. Une centaine d’embauches cation de l’océan Indien, qui se sur sa diffusion par satellite pour productions que réalisent les sta- l’idée étant de laisser l’initiative de décentralisation dans les DOM, ac- ont été réalisées en 1998, alors réunit du 18 au 21 mai à la Réunion, se rénover et poursuivre sa mission tions. cette mesure aux députés. Mais ce tuellement en préparation chez qu’en 1996 un plan social avait en- pour tester leurs nouveaux pro- d’assurer la continuité territoriale. plan a échoué : en commission des Jean-Jack Queyranne, secrétaire traîné le départ d’une vingtaine de grammes. Diffusé par CanalSatel- Elle veut lancer quatre pro- DIVISION SYNDICALE affaires sociales, les députés ont re- d’Etat à l’outre-mer, et qui devrait personnes. « Il ne faut plus accroître lite, RFO Sat Océan Indien est grammes distincts qui arroseraient La mise en place de cette straté- poussé un amendement allant être débattue à l’automne. le volume de l’emploi permanent », composé de documentaires, de respectivement les zones de gie est concomitante au débat sur dans ce sens. assure M. Besse, qui compte in- magazines, de divertissements et l’océan Atlantique, de l’océan In- la place de RFO dans la nouvelle Du côté de l’entreprise, le PDG STABILISER LES EFFECTIFS clure ce postulat dans la négocia- d’émissions d’informations pro- dien, de l’océan Pacifique et de architecture de la télévision pu- est hostile à l’intégration à la hol- En revanche, ce système ne per- tion sur les trente-cinq heures. duits par RFO mais aussi par les té- l’Europe. Ils pourraient être ali- blique. Lors de l’élaboration du ding. Quant aux syndicats, qu’ils en mettra pas au gouvernement de se Ce sujet sera de toute façon au lévisions voisines de Madagascar mentés par des échanges d’émis- projet de loi, Catherine Trautmann, soient partisans, comme la CFDT, défausser des questions budgé- centre des discussions qui suivront ou de l’Ile Maurice, notamment. Il sions et des coproductions avec les ministre de la culture et de la la CFTC, la CGT, la CGC et le Syn- taires sur le président de la hol- la publication de l’audit de l’entre- est une préfiguration de ce que télévisions des pays voisins. En dé- communication, avait prévu l’inté- dicat national des journalistes, ou ding. Il continuera à avoir la res- prise. L’annonce que le déficit RFO pourrait devenir dans les an- pit d’un budget difficile, André-Mi- gration de RFO dans la holding plutôt adversaires, comme la ponsabilité de cette question, un pourrait s’élever à 64 millions de nées à venir, avec une stratégie ba- Confédération des syndicats auto- casse-tête pour tous les PDG suc- francs (9,76 millions d’euros) avait sée sur la régionalisation des pro- nomes (CSA), ils plaident tous cessifs de RFO. La masse salariale entraîné de la part du gouverne- grammes, plus adaptés aux Des paraboles pour faire entendre les voix du Sud pour une redéfinition des missions de ses 1 300 collaborateurs en est la ment la désignation d’une mission habitants auxquels ils sont desti- de RFO et pour des moyens bud- principale composante et toute va- d’audit (Le Monde du 13 janvier). nés. Pour sa cinquième édition, l’université de la communication de gétaires appropriés. riation de celle-ci pèse sur ce bud- Quatre inspecteurs venus des mi- En effet, cette chaîne est l’océan Indien, qui se réunit à la Réunion du 18 au 21 mai, a choisi le Désormais, le gouvernement get de 1,25 milliard de francs nistères des finances et des affaires confrontée à une remise en cause thème « Paraboles : les voix du Sud ». Les responsables des télé- s’oriente vers un système de (190 millions d’euros) en 1998. Les culturelles ont examiné les de sa fonction initiale. Créé pour visions de quelque vingt pays, parmi lesquels l’Afrique du Sud, le « conventionnement » qui permet- mouvements sociaux se traduisent comptes et le fonctionnement de transporter vers les DOM et les Kenya, les Comores, les Seychelles, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, trait à RFO de signer des contrats généralement par son accroisse- l’entreprise. Leur rapport devrait TOM les images des télévisions mais aussi la France, la Belgique et le Canada y débattront du rôle d’objectifs et de moyens avec ment, notamment en raison du être achevé début juin. Commen- métropolitaines, RFO doit au- des nouvelles technologies et de la transmission satellitaire pour France Télévision. Cette démarche phénomène de l’indexation, qui cera alors entre le gouvernement jourd’hui faire face à l’arrivée du cette zone géographique. a l’avantage de laisser une certaine fait grimper le montant des rému- et la direction de RFO une dis- satellite, qui apporte ces chaînes Cette manifestation est l’occasion de présenter les productions autonomie à RFO. En évitant une nérations. cussion sur la politique à mener dans les foyers au fur et à mesure réalisées par certains pays, mais surtout de débattre de tout ce qui centralisation excessive, elle per- Par ailleurs, dans ces régions où dans l’entreprise au second se- qu’ils s’équipent d’une parabole. touche aux médias écrits et audiovisuels : économie, réglementa- met de mieux ajuster sa stratégie le climat social est hypersensible et mestre. Du même coup, RFO perd sa situa- tions, programmes, rôle de l’information. Plusieurs ateliers seront avec les évolutions de ces régions où RFO est souvent un des plus tion de monopole et se retrouve consacrés à leur rôle en matière de culture, de santé et d’éducation. en pleine mutation et aux paysages gros employeurs, « la croissance Françoise Chirot RFI, BBC et Deutsche Welle lancent ensemble une radio à Budapest LES TROIS grandes radios eu- initiative se soldera par des efforts ropéennes d’actualité internatio- financiers considérables ? «Ce nale, Radio France Internationale n’est pas une question quantitative. (RFI), la britannique BBC World Après que l’expression “Europe de Service et le groupe allemand l’Est”, masquant les différences Deutsche Welle, s’associent pour entre les pays, a perdu du sens, il lancer une station commune qua- nous est très important d’être pré- drilingue, vingt-quatre heures sur sents dans chaque capitale, surtout vingt-quatre, à Budapest. Cette dans celle qui connaît le plus grand première mondiale, dans ce genre essor », explique Marie-Christine de coopération, constitue un nou- Gravereaux, responsable de l’Eu- veau défi pour ces poids lourds de rope à la direction des affaires in- la radiodiffusion. La décision en a ternationales de RFI. été prise fin avril. A l’issue d’un long processus d’attribution de TROIS PARTS ÉGALES fréquence, la nouvelle station de- En fait, le dossier Budapest se vra vraisemblablement être inau- révèle « le gros projet de l’année » gurée le 1er janvier 2000. pour RFI. D’autant que le groupe Implantées, par le moyen de re- français a été désigné pour ré- lais, dans la quasi-totalité des pays soudre les problèmes techniques, de l’Est peu après la chute du mur rassembler les différents pro- de Berlin, ces radios se voyaient grammes des partenaires et jusqu’ici empêchées de diriger composer, en y mêlant les siens, leurs ondes vers la Hongrie – ob- une nouvelle grille, puis l’envoyer, jectif pourtant primordial pour via un satellite, jusqu’à Budapest. elles – en raison de la lenteur de la RFI envisage également de législation et de la prudente ou- mettre en place une rédaction en verture du marché audiovisuel hongrois, afin de pouvoir fournir hongrois. En fait, après avoir satis- une émission en langue locale, à fait les chaînes commerciales, l’au- l’instar de BBC World Service et torité chargée de l’audiovisuel en de Deutsche Welle. Les trois ra- Hongrie vient de donner son feu dios se sont déjà mises d’accord vert aux aspirations internatio- sur la programmation et sur la ré- nales du service public en réser- partition, en trois parts égales, des vant une fréquence FM à un « pro- vingt-quatre heures de diffusion. gramme multilingue » dans la « Encore une grande nouveauté », région de Budapest. Les candidats précise Klara Whittall, chef du ser- français, britannique et allemand vice hongrois de la BBC, car il ne se sont vite rendu compte qu’il va- s’agit plus d’un simple relais en lait mieux s’unir pour cette pre- continu, mais d’un programme mière et dernière chance. Cette composé de différents pro- coopération sera, de plus, l’un des grammes internationaux. Cette atouts majeurs qui pourront jouer offre européenne cohérente ne se en leur faveur. veut pourtant pas « la voix de Quel intérêt peut-il y avoir, pour Bruxelles ». « Le seul fait de faire ces grandes radios, d’ajouter à écouter trois radios européennes leurs immenses réseaux mondiaux constitue déjà la promotion de l’Eu- une station de plus qui ne desser- rope », affirme Mme Gravereaux. vira que trois millions d’auditeurs potentiels, surtout quand une telle Claude Ban Rupert Murdoch entre en Italie avec le football APRÈS UNE TENTATIVE AVORTÉE à l’automne dernier, l’Aus- tralo-Américain Rupert Murdoch va finalement réussir son entrée en Italie, grâce au football. Un accord a été signé dimanche 16 mai entre le bouquet numérique Stream (135 000 abonnés) et le consortium Sds regroupant quatre clubs de football de première division (Fiorentina, Lazio, Parma, Roma). Il concerne la cession des droits télévisés du football en Italie jusqu’en 2002 et coûtera 240 milliards de lires par an (123,2 millions d’euros) à Stream qui bénéficie d’une option de renouvellement jusqu’en 2005. Telecom Italia, News Corp (groupe de Murdoch), Sds, et Cecchi Gori (pro- duction de cinéma) finaliseront le 24 mai leur entrée dans Stream. L’arrivée d’un autre partenaire – TF 1 ou un groupe italien – serait encore en discussion. Stream « disposera des droits des films et autres produits audiovisuels apportés par le groupe Cecchi Gori », précise le communiqué. Le grand rival de Stream, le bouquet Tele+ (Canal+) a déjà conclu les droits de retransmission des matchs des principales équipes italiennes (Juve, Inter, Milan et Naples). LeMonde Job: WMQ1805--0022-0 WAS LMQ1805-22 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0595 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 I FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SIIPDRR TPIWDRH RPTRDTP

SQWQ RRRP

AGENDA b AGFA-GEVAERT : Bayer a prévu TSWQ Excédent commercial rallèlement, le président de la

SPRH RQSP

de vendre sa filiale photographique TRUU Banque mondiale, James Wolfen-

SHVV RPTI

pour 2,13 milliards de dollars TQTP record pour le Japon sohn, a annoncé un programme si-

MARDI 18 MAI (13,2 milliards de francs). Agfa doit milaire de prêts garantis pour RWQT RIUI

a FRANCE : publication des être introduit en Bourse le 1er juin. TPRT L’EXCÉDENT COMMERCIAL ja- 2 milliards de dollars par son insti- RUVR RHVI

comptes provisoires de la nation TIQH ponais s’est accentué de 17,7 % au tution.

RTQP QWWH

en 1998 par l’Insee ; perspectives b ISPAT : le groupe anglo-indien [[[THIR [[[ [[[cours de l’exercice 1998-1999, pour

IU pF QI wF IU wF IU pF QI wF IU wF économiques semestrielles de a conclu, vendredi, l’achat définitif IU pF QI wF IU wF atteindre le record de 16 040 mil- a BRÉSIL : le ministre brésilien l’OCDE. d’Unimétal, Tréfileurope et SMR, liards de yens (122 milliards d’eu- de l’économie, Pedro Malan, a dé- Indices cours Var. % Var. %

a GRANDE-BRETAGNE : prix de filiales d’Usinor, pour 653 millions Europe 12 h 30 f se´lection 17/05 14/05 31/12 ros), a annoncé, lundi 17 mai, le claré, dimanche, que les taux d’in-

± IDRS UDRR détail en avril. de francs. EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QSWIDHW ministère des finances. L’excédent térêt, fixés actuellement à 27 %,

± QSTWDWV IDRU UDSP a RÉSULTATS : résultats annuels EUROPE ƒ„yˆˆ SH des paiements courants s’est éga- pourraient baisser jusqu’à 10 %

± QIHDSQ IDQV RDHV de Marks & Spencer, Sankyo, b NEW HOLLAND/CASE : le EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR lement élevé à un record de avant la fin de l’année en cours.

± IDQU UDIP Matsushita. constructeur de machines EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ PWWDHV 15 227 milliards de yens, en hausse

± RPTRDTP IDQU VDIU agricoles New Holland, filiale de PARIS geg RH de 17,6 %. Les exportations ont di- a RUSSIE : le directeur général

± IUVHDVW HDQV VDHV Fiat, va fusionner avec l’américain PARIS wshgeg minué de 4,5 %, à 47 630 milliards du Fonds monétaire internatio-

± PWHPDTU IDQT WDPU MERCREDI 19 MAI Case. Fiat détiendrait 71 % du PARIS ƒfp IPH de yens, et les importations de nal (FMI), Michel Camdessus, s’est

±

PURIDUI IDIP WDTU a FRANCE : conseil de la poli- nouvel ensemble, qui deviendrait PARIS ƒfp PSH 12,9 %, à 31 590 milliards. dit « prêt à continuer avec le nou-

 ± ± IWUIDRS HDSV IDSH

tique monétaire de la Banque de numéro un du secteur. PARIS ƒigyxh we‚gri Les économistes estiment que les veau gouvernement » russe, lundi,

± SRQDPI IDTP HDWH

France ; présentation du plan na- AMSTERDAM eiˆ mesures de relance du gouverne- dans un entretien au quotidien

± ± QIPIDIP IDPQ IIDIW

tional d’action pour l’emploi en BRUXELLES fiv PH ment pourraient aider à accroître britannique Financial Times.

± SIIPDRR IDIV PDPH

1999. SERVICES FRANCFORT heˆ QH la demande pour les importations a Le président de la Banque

± TPIWDRH IDPW SDUQ

a GRANDE-BRETAGNE : statis- b IBERIA : les pilotes de la LONDRES p„ƒi IHH cette année et réduire l’excédent. mondiale, James Wolfensohn, a

± IHHRTDIH IDIW PDIQ

tiques du chômage en avril. compagnie aérienne espagnole MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi « Le fait marquant de 1998-1999 est indiqué, samedi, que l’octroi de

± ± QRQIVDHH IDTW PDQU

a ESPAGNE : chômage au pre- ont rejeté, dimanche, une offre de MILAN wsf„iv QH que l’excédent commercial et des 3 milliards de dollars de nouveaux

± ± TWSIDWH IDTW PDWP mier trimestre. la direction – présentée comme la ZURICH ƒ€s paiements courants a augmenté en prêts à la Russie par la Banque a RÉSULTATS : comptes annuels dernière – pour débloquer le conflit dépit d’un ralentissement des expor- mondiale et le gouvernement ja- de la compagnie néerlandaise qui dure depuis bientôt deux mois. AME´ RIQUES tations », note Masaaki Suzuki, de ponais était actuellement bloqué KLM. l’institut de recherche Fuji. «Les en raison de la crise politique en b LANCHILE : la compagnie NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR exportations continuent de ralentir Russie.

aérienne chilienne est devenue, et il ne semble pas que l’excédent

IHWIQDE PSPUDVT

JEUDI 20 MAI vendredi, le huitième membre de IDHT des paiements courants continuera a ALLEMAGNE : le ministre des

IIIHU PTSP a FRANCE : commerce extérieur l’alliance aérienne Oneworld, qui IDIP d’augmenter », déclare pour sa finances, Hans Eichel, a estimé,

IHUPR PSUI de mars ; enquête d’avril sur l’in- regroupe notamment British IDII part un responsable du ministère lundi, dans un entretien au Finan-

vestissement dans l’industrie. Airways et American Airlines. des finances. cial Times, que l’énorme chantier IHQRP PRWH

a JAPON : rapport mensuel de la IDIH La reprise des cours du pétrole et de la réforme du système fiscal al-

WWTH PRIH

Banque du Japon ; production in- IDHV la récente croissance des achats lemand ne pourrait pas être finali-

WSUU PQPW

dustrielle en mars. FINANCE IDHU d’équipement de bureau en prove- sé avant, au plus tôt, janvier 2001.

WIWS PPRV

a EUROPE : réunion du conseil b GE Capital : la filiale financière IDHT nance des pays asiatiques pour- a L’indice des prix de gros en Al-

[[[ [[[ [[[

IU pF QI wF IR wF IU pF QI wF IR wF des gouverneurs de la BCE. de l’américain General Electric a IU pF QI wF IU wF raient également contribuer à une lemagne a augmenté de 0,5 % en a ÉTATS-UNIS : Alan Greens- repris le portefeuille de crédits progression des importations. avril comparé à mars, ce qui a ra- Indices cours Var. % Var. % pan, Robert Rubin et Lawrence commerciaux aux Etats-Unis (plus Ame´rique 10 h 16 f se´lection 14/05 veille 31/12 Toutefois, la vigueur de l’écono- mené sa baisse sur un an à – 3,1 %,

Summers devant la commission de 10 milliards d’euros mie américaine devrait empêcher a indiqué lundi l’Office de la statis- ± IHWIQDQP IDUS IVDVT E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

bancaire du Sénat ; commerce d’engagements) de la banque une vive contraction de l’excédent. tique. ± IQQUDVH PDIV VDVQ E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

extérieur en mars. japonaise Long Term Credit Bank a Le chef des services écono- a Hans Tietmeyer, président de ± PSPUDVT PDIH ISDPW E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

a RÉSULTATS : comptes annuels of Japan (LTCM), nationalisée en miques du gouvernement japo- la Bundesbank, la banque cen- ± TVVTDSH PDRP TDIV TORONTO „ƒi sxhiˆ

de l’assureur Allianz, de Mitsu- octobre 1998, en raison du poids nais, Taichi Sakaiya, a estimé, di- trale allemande, a estimé qu’il n’y ± IPQQSDHH I VIDVP SAO PAULO fy†iƒ€e

bishi, de Minolta, de Mazda ; as- écrasant de ses créances douteuses. manche, que l’adoption de avait pas « pour le moment » de ± QRQDQR PDPI RUDTW MEXICO fyvƒe

semblée générale de France Télé- nouvelles mesures de soutien à tensions inflationnistes en Europe ± SRTDHS HDIH PTDWU BUENOS AIRES wi‚†ev

com. b JP MORGAN : un héritier de la ± l’activité était « une option in- et que l’économie de la zone euro IPPDUQ PDPP SWDQW SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

± TQSTDTS PDTU QPDUR famille Hermès, Patrick CARACAS ge€s„ev qixi‚ev contournable ». devrait connaître une « accéléra- Gerrand-Hermès, réclame tion » au second semestre, dans un VENDREDI 21 MAI 120 millions de dollars a VIETNAM : le Japon va accor- entretien avec la chaîne de télévi- a FRANCE : emploi salarié au (112,6 millions d’euros) ASIE - PACIFIQUE der un prêt de 160 millions de sion américaine CNN diffusé lun- 1er trimestre ; production indus- d’indemnités à la banque dollars (150 millions d’euros) au di. trielle en mars. américaine pour avoir mal géré ses TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng ¤URO / YEN Vietnam pour relancer son écono-

a ÉTATS-UNIS : budget fédéral placements sur les marchés mie et tenter d’adoucir la difficulté a ROYAUME-UNI : le Fonds mo- ITRPIDHP IQIDQW

en avril. émergents, selon l’édition IPSVVDTH des réformes, a annoncé, di- nétaire international (FMI) a mis IUQHH IQR

américaine du 14 mai du Wall Street IQSVT manche à Hanoï, Kiichi Miyazawa, en garde contre la force de la livre

ITTPR IQP

Journal. IPUIR ministre japonais des finances. sterling, qui pourrait se révéler à

ISWRV IQH

LUNDI 24 MAI IIVRQ terme un obstacle à une adhésion

ISPUP IPV

a MARCHÉS : fermeture des b AVOIRS JUIFS : Dieter IHWUP a ASIE : le secrétaire d’Etat amé- éventuelle à l’euro, dans une étude

IRSWT IPU marchés en France, en Alle- Wissgott, un avocat allemand, a IHIHH ricain au Trésor, Lawrence Sum- dont le Financial Times publie lun-

magne, en Belgique, en Suisse et déposé, vendredi, 2 700 plaintes en mers, a incité, samedi, les mi- di des extraits. IQWPI IPS

aux Pays-Bas, en raison des fêtes dommages et intérêts, au nom de [[[WPPW [[[ [[[nistres des finances de la région

IU pF QI wF IU wF IU pF QI wF IU wF

de la Pentecôte. 22 000 anciens détenus polonais des IU pF QI wF IU wF Asie-Pacifique à compter aussi sur a PORTUGAL : le premier mi- camps de concentration nazis, Indices cours Var. % Var. % eux-mêmes et non surtout sur les nistre Antonio Guterres a affir- Zone Asie 10 h 16 f

contre la Dresdner Bank pour se´lection 17/05 14/05 31/12 Etats-Unis, alors que les écono- mé, samedi, que l’inflation au Por-

± ITRPIDHP PDQP IVDTQ

AFFAIRES obtenir réparation pour les mauvais TOKYO xsuuis PPS mies de la région tentent de se re- tugal était sous contrôle et qu’elle

± IPSVVDTH PDHV PSDPV

traitements subis et le travail forcé. HONGKONG rexq ƒixq dresser. n’était actuellement pas la grande

HDHH FFFF QSDHI

SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ a Le ministre japonais des fi- préoccupation de son gouverne-

± VQDQQ PDPQ PVDQP

INDUSTRIE b SG PARIBAS : l’assemblée SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ nances, Kiichi Miyazawa, a offert, ment. « Le pays croît plus vite que

± PWVVDQH PDIV TDPP

b AVENTIS : Rhône-Poulenc et générale de la Société générale se SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ samedi, 2 000 milliards de yens d’autres pays européens et il a donc

± QSDHP PDIH QTDQU

Hoechst ont annoncé, lundi 17 mai, tiendra le 4 juin (date de la BANGKOK ƒi„ (15,8 milliards d’euros) de garan- un taux d’inflation légèrement supé-

±

QWUQDVV PDRW QHDHT

les modalités de leur fusion. (Lire deuxième convocation) et celle de BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ ties d’emprunts aux pays asia- rieur », a ajouté le premier mi-

±

PPHSDIP PDHS TDUU p. 18.) Paribas le 7 juin. WELLINGTON xƒiERH tiques touchés par la récession. Pa- nistre.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 14/05

¤ HDISPRS UDRQQH FRANC...... TDSSWSU URO ...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDIVPS

Action Unicredito PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE QDQVUUR VDWRWH

Unicredito tenterait LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ...... QDWRPQV QUDTPU PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

en euros à Milan LUNDI 17 MAI, en milieu de L’INDICE DOW JONES de la

QDPUIWH IDTHSI

séance, l’indice CAC 40 s’inscrivait Bourse de New York a fortement ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN . RDUTUHQ IDSSTI SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

la Deutsche Bank 6,00

VDQPVWR IDWIHQ en recul de 1,43 %, à reculé, vendredi 14 mai, à PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QPRDVS ´ PDPHQUI ´

NOUVEAU REBONDISSEMENT 4,495 4 261,76 points. Vendredi 14 mai, 10 913,32 points (− 1,75 %). L’indice FLORIN NEERLANDAIS FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE .. IDTPTHU PSHDPU FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

dans l’après-midi, l’indice CAC 40 Nasdaq a perdu 54,13 points, pour IDIHQPR RDIWQU dans le secteur bancaire italien : le 14 mai MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... s’était subitement replié, affecté s’établir à 2 527,87 points. L’an- la Deutsche Bank, première 5,50 par le net recul de Wall Street, nonce d’une forte hausse des prix banque privée allemande, pour- Cours de change croise´s rait prendre le contrôle d’Unicre- pour terminer la séance en baisse à la consommation aux Etats-Unis dito, issu en 1998 de la fusion de de 2,08 %, à 4 307,90 points. L’ap- en avril (+ 0,7 % contre 0,4 % at- Cours Cours Cours Cours Cours Cours 17/05 12 h 30 f ¤

Credito Italiano avec plusieurs 5,00 parition de tensions inflation- tendu) explique ces replis. DOLLAR YEN(100) URO FRANC LIVRE FR. S. DOLLAR ...... FFFF HDVIPSV IDHTUVS HDITPUW IDTIWQS HDTTTQQ

caisses d’épargne du nord de nistes aux Etats-Unis est une mau-

YEN ...... IPQDHTSHH FFFF IQIDQWSHH PHDHQHHH IWWDPRHHH VIDWVSHH

l’Italie, a indiqué le quotidien vaise surprise pour l’ensemble des ¤URO...... HDWQTRT HDUTIHT FFFF HDISPRS IDSITRS HDTPRIH

économique allemand Handels- places financières internationales. TAUX FRANC...... TDIRPUS RDWWISH TDSSWSU FFFF WDWRWSH RDHWQTH

blatt dans son édition du lundi 4,50 LES MARCHÉS OBLIGATAIRES LIVRE...... HDTIUSQ HDSHIVH HDTSWRS HDIHHRS FFFF HDRIIRS FRANC SUISSE ...... IDSHHUS IDPIWRS IDTHPRH HDPRRQS PDRQHTH FFFF 17 mai. La banque allemande européens s’inscrivaient, lundi pourrait, selon le journal, annon- FRANCFORT 17 mai, en légère hausse, les taux cer soit une fusion, soit une offre 4,00 L’INDICE DAX 30 accentuait ses de rendement de l’emprunt d’Etat Taux d’inte´reˆt(%) Matif publique d’achat ou d’échange pertes, lundi 17 mai, en fin de ma- français se détendant, à 4,25 %. Le N D J F M AM Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier d’actions, sur le modèle de la fu- tinée, perdant 1,36 %, à président de la Bundesbank, Hans Taux 14/05 f Cours 12 h 30 f

1998 1999 j. j. 3 mois 10 ans 30ans 17/05 prix prix

5 113,04 points. Les opérateurs Tietmeyer, a estimé, dans un en- Notionnel 5,5 PDRQ RDPT SDIS

sion des groupes allemand et FRANCE ...... PDRV

Source : Bloomberg WQDWR WQDWH

JUIN 99...... IIPPS PDSI RDIR SDIP

américain Daimler et Chrysler. La craignaient un nouveau recul de la tretien avec la chaîne de télévision ALLEMAGNE .. PDRV

SDIP RDVI RDUR

banque, qui tient son assemblée Mediobanca aurait cherché appui Bourse américaine dans l’après- CNN diffusé lundi, que le niveau GDE-BRETAG. SDQS Euribor 3 mois

PST WUDRP WUDRP PDRR RDQI SDPV ITALIE...... PDRV JUIN 99......

HDHR IDPQ FFFF générale lundi, a apporté un auprès de la banque allemande midi. Vendredi 14 mai, l’indice « historiquement bas » des taux JAPON...... HDHS

RDTQ SDTR SDWQ

« démenti total » à cette informa- pour contrer l’offre d’Unicredito. avait perdu 1,25 %. longs européens consacre l’ab- E´TATS-UNIS... RDVR

HDVV PDSW QDVI

tion. La Deutsche Bank a toujours ma- sence d’anticipation inflationniste SUISSE...... HDST Pe´trole PDRR RDQP SDIW PAYS-BAS...... PDRQ Unicredito, dont la capitalisation nifesté son intérêt pour l’Italie : et permet de nourrir l’espoir d’une Cours Var. % boursière atteint 22,3 milliards elle est aujourd’hui le premier LONDRES accélération de l’activité au cours En dollars f 14/05 veille

du second semestre. Par ailleurs, la Matie`res premie`res HDVI d’euros, est la deuxième « vic- établissement étranger en Italie, VENDREDI 14 MAI, l’indice BRENT (LONDRES) ...... ITDPQ

± HDUV

time » des échecs dans la banque à la onzième place du marché, FT 100 a chuté de 2,42 %, à tension actuelle sur le marché WTI (NEW YORK) ...... IUDW

Cours Var. % ± HDIW LIGHT SWEET CRUDE .... IVDHR italienne, après celui de l’offre après ses acquisitions, en 1986, 6 300,40 points, après la publica- obligataire américain « n’est pas En dollars f 14/05 veille

publique d’échange lancée par de la Banca d’America (mainte- tion d’une hausse de l’indice des encore une indication pour des an- ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

FFFF

IMI San Paolo sur la Banca di Ro- nant Deutsche Bank SpA), en prix à la consommation améri- ticipations inflationnistes », a-t-il CUIVRE 3 MOIS...... FFFF Or

FFFF

ma. Le conseil d’administration 1994, de la Banca Popolare caine de 0,7 % en avril. jugé. ALUMINIUM 3 MOIS ...... FFFF FFFF

PLOMB 3 MOIS ...... FFFF

Cours Var %

FFFF FFFF ¤

de la Comit (Banca Commerciale di Lecco et, en 1995, de Finanza ETAIN 3 MOIS ...... En uros f 14/05 13/05

FFFF

Italiana) a en effet rejeté à l’una- et Futuro. Elle détient des parti- ZINC 3 MOIS...... FFFF

FFFF

OR FIN KILO BARRE ...... VQPH

FFFF NICKEL 3 MOIS ...... FFFF

FFFF

nimité, vendredi 14 mai, l’offre cipations de 0,75 % dans Unicre- TOKYO MONNAIES OR FIN LINGOT...... VRIH

ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

± HDTU

d’Unicredito – qui avait été lan- dito et de 4,5 % dans la Comit. LE DOLLAR était en hausse face ONCE D’OR (LO) $ ...... PUT

LUNDI 17 MAI, l’indice Nikkei a ± IDIH

ARGENT A TERME ...... SDRI

FFFF PIE`CE FRANCE 20 F...... RW

FFFF

cée le 21 mars – qui devait créer En avril 1998, la Deutsche Bank a au yen, lundi 17 mai, sur le marché PLATINE A TERME ...... FFFF FFFF suivi l’exemple de l’ensemble des PIE`CE SUISSE 20 F...... RWDIH

´ FFFF

l’un des tout premiers pôles ban- procédé à une augmentation de places occidentales en plongeant des changes de Tokyo, les investis- GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 F . RW

HDSW ´ PSRDS FFFF ` PRH

caires de la Péninsule (Le Monde capital de 3 milliards d’euros, no- de 2,32 %, à 16 421,02 points. Les seurs ayant été surpris par une BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ...

± PIVDS IDPR FFFF MAI¨S (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... RRI

± IQQ HDHV FFFF du 16-17 mai). La banque d’af- tamment pour financer le rachat investisseurs s’inquiètent d’un hausse plus forte que prévu de SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QIQ

faires Mediobanca marque là un de la banque américaine Bankers éventuel ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis en avril. SOFTS $/TONNE

FFFF

nouveau point, après avoir dé- Trust. l’économie américaine et donc L’euro, quant à lui, s’affichait à CACAO (NEW YORK)...... FFFF

HDPP CAFE´ (LONDRES) ...... IQUS Cotations, graphiques et indices en temps

barqué Antoine Bernheim de la des exportations de produits ja- 1,0663 dollar lundi matin, contre FFFF SUCRE BLANC (PARIS) ... IUW re´elsurlesiteWebdu«Monde». présidence de Generali fin avril. P. Sa. (avec AFP) ponais. 1,0661-64 dollar vendredi. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ1805--0023-0 WAS LMQ1805-23 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0596 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS I LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 23

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QSWIDHW

VALEURS EUROPE´ENNES PWWDHV

QIS QUUT

QSHR PWR QHVDQR QHQDPR

b L’action de la banque britan- séance du vendredi 14 mai. Le QTRQDVP QUHPDQV

QTWQDTP QPQQ nique Llyods TSB a abandonné groupe de distribution britannique PUQ QHTDWS

QTUWDRS

QHSDUS PWTP 2,6 %, vendredi 14 mai, pénalisée doit publier ses résultats annuel PSQ

par la faiblesse du marché obliga- mardi 18 mai. Les investisseurs s’at- PWWDHV PTWH

taire britannique, lui-même secoué tendent à une baisse de 47 % des PQP QSWIDHW

PRIW

par les chiffres de l’inflation améri- bénéfices. PIP [[[[[[[[ [[[[[[[[

ww t † v IV wes IQ xy†F IU wes ww t † v caine. b Le titre Cable & Wireless a re- PS wes IQ xy†F IU wes b Le titre de la banque allemande culé de 2,63 %, vendredi 14 mai. Les

e ± SDP FFFF hu WVDVV FFFF qf IRDIQ QDTP HypoVereinsbank a chuté de investisseurs tablent sur une fusion FINNAIR ps CHR. HANSEN HLD SMITHS IND PLC

e ASSURANCES e C ± ± PDTR HDSU ps IUDUI HDHT p‚ IIIDQ PDWT

6,7 %, vendredi 14 mai. La banque a prochaine de ses activités de câble G WIMPEY PLC qf CULTOR -1- STMICROELEC SIC

±

± e qf IVDUS IDTU hu RQDSW HDRI xy RDVV FFFF ± RUDTT HDUQ

été entraînée dans le remous pro- avec celles de Telewest Communi- GRANADA GROUP P DANISCO AGF /RM p‚ TANDBERG DATA A

e e e C ± ± p‚ VTDI QDPT p‚ PRRDV IDUU e p‚ QHDHU HDWI ± IHDRS HDRV HERMES INTL DANONE /RM ALLEANZA ASS s„ THOMSON CSF /RM

voqué par la hausse de l’inflation cations, son concurrent contrôlé e ± ± e s„ HDT IDTR q‚ IUDSS FFFF hu TWDRP HDUU ± PTVDS HDIW HPI DELTA DAIRY ALLIANZ AG hi WILLIAM DEMANT

e ± ± ± xv QPDS IDVI qf IHDTP PDWI RIRDTS IDSV ± IIDQQ RDPQ aux Etats-Unis. par Microsoft. HUNTER DOUGLAS DIAGEO ALLIED ZURICH qf f DJ E STOXX TECH P

e

± xv PVDS IDUP q‚ PPDIV FFFF ISDQV FFFF

b Le titre du groupe pharmaceu- b L’action Mannesmann AG a dé- KLM ELAIS OLEAGINOU ASPIS PRONIA GE q‚

e C C e qf RDII HDQU p‚ IQUDQ HDSW ± IIQ HDIV LADBROKE GRP ERID.BEGH.SAY / AXA /RM p‚

tique Glaxo, qui réalise la moitié de cliné de 2,24 %, durant la séance du e C ± IIDQR PDTT qf QDSW QDWS p‚ SERVICES COLLECTIFS ± IQDVH PDVV MOULINEX /RM GREENCORE GROUP CGU qf

e

± xy PDRQ FFFF xv SHDTS IDVR e ± PR HDHR son chiffre d’affaires aux Etats- vendredi 14 mai. Le groupe est ac- NCL HLDG HEINEKEN p‚ ± IHDTU PDUT CNP ASSURANCES ANGLIAN WATER qf

e

± e p‚ PSHDT IDTS q‚ PWDSR FFFF ± IWDPQ PDIR

PATHE /RM HELLENIC BOTTLI iƒ ± VDST HDSQ Unis, a reculé de 2,9 % durant la tuellement très bien valorisé en rai- CORP.MAPFRE R BRITISH ENERGY qf

qf IDTP FFFF q‚ IHDWW FFFF e IIT FFFF PENTLAND GRP HELLENIC SUGAR hi IDVW FFFF ERGO VERSICHERU CENTRICA qf

séance du vendredi 14 mai. son de ses activités de télécommu- e

C

± qf QDWP IDIS ps QRDWW IDRP SIDQV FFFF PERSIMMON PLC HUHTAMAEKI I VZ q‚ e ± VDRQ HDVP ETHNIKI GEN INS EDISON s„

b Le titre Marks & Spencer a nication. Mais il serait vulnérable si e ± e hi RSDW HDII qf IPDHW FFFF ± RDUW PDPR PREUSSAG AG KERRY GRP-A- s„ e QHW FFFF FONDIARIA ASS ELECTRABEL fi

e

± ± qf QDQH RDQW s„ HDVR PDQQ C WSDVH HDPW

RANK GROUP MONTEDISON hu e IUDUW FFFF abandonné 3,75 % à la fin de la les marchés se retournent. FORSIKRING CODA ELECTRIC PORTUG €„

± ± e gr PHUDSS HDTH gr IUUPDUV IDHV FFFF FFFF SAIRGROUP N NESTLE N xv e ± PHDVT IDIR FORTIS AMEV NV ENDESA iƒ

e

C

± e hu IHDWP PDUV s„ IDQ IDSP ± QQDR IDWI SAS DANMARK A/S PARMALAT s„ e ± IRPDI IDQW GENERALI ASS EVN e„

e e

C

± p‚ UVDQ HDIQ p‚ TIDS IDRR e

±

IVT PDHS SEB /RM PERNOD RICARD / e„ e ±

UQDV IDUQ

GENERALI HLD VI GAS NATURAL SDG iƒ

± RSQDVI QDHU

CLARIANT N gr

e

± ± e

gr TRUDWR HDSU ps VDWT PDRH ± PDIW QDIH

THE SWATCH GRP RAISIO GRP V s„

SDTV FFFF

Code Cours % Var. e INA HAFSLUND -A- xy

±

QVDS IDHQ

17/05 12 h 31 DEGUSSA-HUELS hi

± IRPDWS PDIR xy UDHQ FFFF f ¤ gr

UDWP FFFF

pays en uros veille THE SWATCH GRP RIEBER & SON -B qf QDWI FFFF

IRISH LIFE HAFSLUND -B- xy

IUDII FFFF

DYNO INDUSTRIER xy

± ± qf IDUQ PDST qf TDST PDUH

FFFF FFFF WILLIAM BAIRD TATE & LYLE qf e ±

IQDUP HDSV

LEGAL & GENERAL IBERDROLA iƒ

±

RSHWDWW HDQR

EMS-CHEM HOLD A gr

e e qf IIDUU FFFF €„ PIDST FFFF C ITS IDPQ

WILSON BOWDEN UNICER R hi e ±

QDWV HDSH

AUTOMOBILE e MUENCH RUECKVER ITALGAS s„

± TVDI QDIQ

HENKEL KGAA VZ hi e

C

± e„ RRDV HDRR qf TDUT HDPP

± TDRI HDRU

WOLFORD AG UNIGATE PLC qf ±

TDSI PDHS

NORWICH UNION NATIONAL GRID G qf

±

± ƒi QHDTP QDHI IHDWP PDHR

AUTOLIV SDR ICI qf

e

qf HDWU FFFF xv TVDIS FFFF e

± RTDS PDII

WW/WW UK UNITS UNILEVER ps ±

UDSW IDUT

e e POHJOLA YHTYMAE NATIONAL POWER qf C

±

fi QWDP IDSI TDS HDUV

BASF AG KEMIRA ps

±

ITRDIQ IDUV qf VDVS FFFF

± IQDIQ IDVI

f UNILEVER qf e

DJ E STOXX CYC GO P ±

IQQDP IDWW

e PRUDENTIAL CORP OESTERR ELEKTR e„

±

± hi TTR HDQH IHDVT PDHS

BMW LAPORTE qf

±

PQQDUI IDHU e

± WDRS HDVR

f s„

DJ E STOXX F & BV P ±

IHDWS HDTW

e RAS POWERGEN qf C ± hi PPDT QDVQ IHDUQ IDHS

CONTINENTAL AG PERSTORP -B- ƒi

qf VDHI FFFF

±

UDWS PDWT

e e ROYAL SUN ALLIA SCOT POWER qf

± ± hi VUDS IDSU IDP HDVQ

DAIMLERCHRYSLER SNIA s„

e

ps PVDP FFFF

±

IQDSW IDIH

e e PHARMACIE SAMPO -A- SEVERN TRENT qf ± ± s„ PDWS PDWT TQDUS IDTP

FIAT SOLVAY fi

± IVVVDVW PDSR gr e

±

ISTDQ IDHV

e e SWISS RE N SUEZ LYON EAUX/ p‚

± ± s„ IDRT QDQI fi RPDR PDUS

PH FFFF

FIAT PRIV. TESSENDERLO CHE ƒi ´

ASTRA -A- BIENS D’EQUIPEMENT e

€„ PTDHI FFFF

PRDSV FFFF

SEGUROS MUNDIAL SYDKRAFT -A- ƒi

± qf RDQP FFFF QPUDQV PDHR

IW FFFF

LUCAS VARITY f DJ E STOXX CHEM P ASTRA -B- ƒi

± ƒi ITDHR QDHR ±

ƒi IQDQS IDPR ±

ITDQI IDQS

e ABB AB -A- SKANDIA INSURAN SYDKRAFT -C- ƒi ±

p‚ RQDRP QDHV

SVDWQ FFFF

MICHELIN-B- /RM ELAN CORP qf

xy TDSR FFFF ±

ƒi IQDQH IDPR ±

IQDWV IDIV

e ABB AB -B- STOREBRAND THAMES WATER qf

± p‚ ISIDW IDRQ

±

PTDVR IDQR

PEUGEOT /RM GLAXO WELLCOME qf

± gr SWWDPS PDSR ± e

gr IQVHDUU IDTS ±

IQQ PDPI

e ´ ABB BADEN SWISS LIFE BR TRACTEBEL fi PDU FFFF s„ e

±

RH HDTP

PIRELLI CONGLOMERATS HOECHST AG hi

ISVDHV FFFF hu e

gr RURDRI FFFF ±

IPDUP IDIU

e ADECCO CHESEREX TOPDANMARK AS UNION EL.-FENOS iƒ ±

p‚ QWDQ PDWT

±

IQVPDTS HDRH

RENAULT NOVARTIS N gr

IQDHV FFFF

AKER RGI -A- xy e ± hu PRDRW QDUH ±

p‚ PUDPQ SDPW

±

IHDWS QDVT

e ALSTOM TRYG-BALTICA UNITED UTILITIE qf

± p‚ VQDUS IDSQ

±

WWDRP HDIR

VALEO /RM e NOVO NORDISK B hu

±

RSDIQ HDQV

CGIP /RM p‚ ± SSVDHS IDUT gr e ±

gr IIPQDTH HDTI

±

RUS HDPI

e ALUSUISSE LON G ZURICH ALLIED N VIAG hi

± TPDU IDSU

hi e C

PH HDHS

VOLKSWAGEN e ORION A ps

±

IDHR IDVW

CIR s„ ± HDVP

QIPDQR e ±

qf RDPR HDUI

f ± USDP PDHP

ASSOC BR PORTS DJ E STOXX INSU P VIVENDI/RM p‚

C

PQDWI HDWR

ƒi e C

IWDU QDIR

VOLVO -A- e ORION B ps

±

RPHDI QDTS

D’IETEREN SA fi

± ƒi PRDIR IDSW

±

IDQT

ATLAS COPCO -A- f DJ E STOXX PO SUP P QHHDWV

± PRDPS HDRT ƒi e

±

RTDSW HDHP

VOLVO -B- e RHONE POUL./RM p‚

±

RT IDHV

GAZ ET EAUX /RM p‚ ± PQDVH PDSP

ATLAS COPCO -B- ƒi

± PUHDQU IDUU

C

ITVPVDWT HDWU

f DJ E STOXX AUTO P e ROCHE HOLDING gr ±

IUH IDTP

GBL fi MEDIAS IHDHR FFFF

ATTICA ENTR SA q‚

± IHSIVDIH IDHT

ROCHE HOLDING G gr

±

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GENL ELECTR CO qf

C

WDWR HDUU

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e BSKYBGROUP qf

±

IRSDS IDHP

e SANOFI /RM p‚ C

TT HDUT

GEVAERT fi

± UDPH PDPT

qf e

BBA GROUP PLC C

PSVDV HDTT

BANQUES e CANAL PLUS /RM p‚

± IHUDS HDIW

e SCHERING AG hi ±

PWDTS PDIS

HAGEMEYER NV xv

xy IRDWI FFFF

BERGESEN C

UDVH HDSW

CARLTON COMMUNI qf

± IIDUI QDTP

qf EURO ±

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ABBEY NATIONAL qf SMITHKLINE BEEC ±

PDIV SDPT

INCHCAPE PLC qf

PTDSP FFFF

BONHEUR xy e ±

IQDHS HDUT

ELSEVIER xv

FFFF FFFF

e qf ______±

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ABN AMRO HOLDIN xv ZENECA GROUP ±

IHDRS HDSQ

INVESTOR -A- ƒi e C

RPDP HDRV

CMB fi e ±

IWH IDSS

HAVAS ADVERTISI p‚

±

QUPDSP HDQR

±

IRDHQ HDUS

ALLIED IRISH BA qf f DJ E STOXX PHAR P

±

IHDST HDSQ

INVESTOR -B- ƒi

±

PQDQH HDUU

CMG qf e

SDHS FFFF

INDEPENDENT NEW s‚ NOUVEAU

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IVDQQ FFFF

KVAERNER -A- xy

±

PDUQ PDUH

qf e

COOKSON GROUP P C

RHDV QDPT

e LAGARDERE SCA N p‚

±

PIDUT HDTR

ARGENTARIA R iƒ e

±

PSVDS QDUP

LVMH / RM p‚

±

UQWWDRQ PDTS

DAMPSKIBS -A- hu e ´ ± UDU QDIR

e MEDIASET s„ MARCHE

IUDUP FFFF

BPINTOMAYORR €„ ´

PHDVU FFFF

MYTILINEOS HOLD q‚ ENERGIE

C

UVWHDVW HDSW

DAMPSKIBS -B- hu ±

IVDVS IDSV

e PEARSON qf

IHDPQ FFFF

BANCO ESSI R €„

RHDHP FFFF

NORSK HYDRO xy

C

WDIU FFFF hu IISUSDTV HDHS

AKER MARITIME xy DAMSKIBS SVEND ±

UDTR QDHV

e REED INTERNATIO qf Cours % Var.

±

SHDHW IDUV

BANK AUSTRIA AG e„

±

IQUDWS IDRS

OERLIKON-BUEHRL gr 17/05 12 h 31 f ¤

C

±

SDRR IDTR qf PDSI IDPP

BG qf DELTA PLC en uros veille ± IQDIV QDUT

REUTERS GROUP qf

±

IVDIV HDSH

BANK OF IRELAND qf

ITDHU FFFF

ORKLA -A- xy

±

ITDTW IDIU xy TDRV FFFF

BP AMOCO qf DET SONDENFJ NO IHDUS FFFF

SCHIBSTED xy

QHDIU FFFF

BANK OF PIRAEUS q‚

IRDQH FFFF

ORKLA -B- xy

±

ISDTV FFFF qf UDTS PDUH

BURMAH CASTROL qf ELECTROCOMPONEN AMSTERDAM ±

RDPR IDUS

e TELEWEST COMM. qf

±

QUDVW PDIR

BANKINTER R iƒ e

QRDU FFFF

SONAE INVESTIME €„ e e C

QI HDIH hi UV FFFF

iƒ e

CEPSA EQUANT NV C ±

p‚ PHT IDWH PSDI

TF1 AIRSPRAY NV HDVH

±

PTDTT QDHV

BARCLAYS PLC qf e

±

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VEBA AG hi e e

± ±

fi IIS HDQS ps PUDT IDQW

ELECTRAFINA FINNLINES C

qf IHDPT IDQS ± IDHP

e UNITED NEWS & M ANTONOV PDVT ± STDP PDWR

BAYR.HYPO-U.VER hi ±

PDRT

f DJ E STOXX CONG P PSSDWW e

xv IUIDQS FFFF ± IIDV IDTU

Â

A

e @€u˜li™ite WOLTERS KLUWER C/TAC ± SDIW PDHV

BCA FIDEURAM s„

±

± qf V PDUT VDR

e WPP GROUP CARDIO CONTROL IDIV ± RDTV IDPU

BCA INTESA s„

±

QIIDIS HDVP FFFF

e f DJ E STOXX MEDIA P CSS IPDQS ± IDQU PDVR

BCA ROMA s„ TE´LE´COMMUNICATIONS

± VDVS

e HITT NV RDQP ± IQDWQ HDVS

BCO BILBAO VIZC iƒ

± qf ISDPR PDHR

± IWDR

e BRITISH TELECOM INNOCONCEPTS NV PDHP ± TUDI IDII

BCO POPULAR ESP iƒ

± qf IPDIQ IDRV

FFFF

e CABLE & WIRELES BIENS DE CONSOMMATION NEDGRAPHICS HOLD ITDRS

± PHDIU IDRU iƒ http://www.lemonde.fr

BSCH R

e

hi QRDV FFFF

C

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DEUTSCHE TELEKO e POLYDOC IDWT ±

QPDW QDHW e xv PTDWQ FFFF

BCP R €„ AHOLD

± ƒi VDUP HDTR

± VIDV

EUROPOLITAN HLD HDVS

C PROLION HOLDING PDWI IDSW e qf

± VI HDUR

BNP /RM p‚ ASDA GROUP PLC

e

± p‚ UIDQ HDST

±

T

FRANCE TELECOM RING ROSA PDRR

PPDUV FFFF e q‚ C IHS HDRV

CCF /RM p‚ ATHENS MEDICAL

q‚ PQDRW FFFF

± HDT

HELLENIC TELE ( e RING ROSA WT UDTW ± e„ TIDQP PDTU

QDRU FFFF

CHRISTIANIA BK xy AUSTRIA TABAK A

e C

xv RPDW IDWH

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KONINKLIJKE KPN e UCC HOLDING NV IDSP ±

TR PDPW e hi ± TDWP QDHV

COMIT s„ BEIERSDORF AG

FFFF FFFF

CAMDEN NATIONAL q‚ e ± p‚ SHDU IDQT

IURDSR FFFF

COMM.BANK OF GR q‚ BIC /RM

e

RIDVS FFFF

PORTUGAL TELECO €„

±

VDPU QDQT e qf ± PWDRS HDSI

COMMERZBANK hi BRIT AMER TOBAC

±

QPIDRU HDUU

SWISSCOM N gr e BRUXELLES ±

p‚ WHDHS PDVT ± IHUDRW IDHP

DEN DANSKE BK hu CASINO GP /RM

± WPDPW IDPW

TELE DANMARK hu La Bourse au quotidien :

± gr ISHIDPS HDPW PDIW FFFF

QDIW FFFF

DEN NORSKE BANK xy CFR UNITS -A- ENVIPCO HLD CT

e

IPRDS FFFF

TELECEL €„ e p‚ STR FFFF e PQDT FFFF

± SPDP PDPS

DEUTSCHE BANK A hi CPT MODERNES /R FARDEM BELGIUM ABC

e

±

WDTR IDIQ

TELECOM ITALIA s„ e ± fi VP IDPH FFFF e QDU

± IRQ HDTW

DEXIA CC fi DELHAIZE INTERNOC HLD

e

± RDVT PDRI

TELECOM ITALIA s„ e p‚ QPH FFFF FFFF e l’actualité des entreprises IQ

± IPSDT HDUW

DEXIA FCE RM p‚ ESSILOR INTL /R INTL BRACHYTHER B

e

± RSDUQ IDUH

TELEFONICA iƒ e ± fi TPSDS HDHV e IR FFFF

± QTDV QDIT

DRESDNER BANK hi ETS COLRUYT LINK SOFTWARE B

e

± SDQT HDWP

TIM s„

qf PDHS FFFF PDQW FFFF VWDRQ FFFF

ERGO BANK q‚ FYFFES PAYTON PLANAR

± IUDVW IDSH

VODAFONE GROUP qf e

± fi QTDQ IDVW e WDQ FFFF FFFF FFFF

FIRST AUSTRIAN e„ les cotations en direct GIB SYNERGIA

± HDWW

f DJ E STOXX TCOM P TQRDQT

q‚ PTDRR FFFF C IWDPP HDPW FOERENINGSSB A ƒi GOODYS

± qf IHDQH PDIT WDHR FFFF FOKUS BK xy IMPERIAL TOBACC

e

ps IQDR FFFF

± IIDWP IDTP

HALIFAX qf les informations financières... KESKO OY FRANCFORT

CONSTRUCTION e

± p‚ SUHDS HDUV

± QIDIP P qf L’OREAL /RM ± IIH

HSBC HOLDS 1&1AG&CO.KGAA SDHW

e

IWDW FFFF e €„

± iƒ RSDP PDPQ SQDPT FFFF

q‚ MODELO CONTINEN ACCIONA ± PITDS IONIAN BK REG.S AIXTRON SDHR

PIDQI FFFF e q‚

± ± iƒ IIDV HDIU VHDHS HDUQ hu PAPASTRATOS CIG FFFF

JYSKE BANK REG ACESA REG AUGUSTA BETEILIGUN ST

e

± p‚ SWQ HDIU C

q‚ PUDHT FFFF QSDSP IDTI

hu PROMODES /RM AKTOR SA ± QHDV KAPITAL HOLDING BB BIOTECH ZT-D HDQP

±

IIDIQ HDPU e e qf

C ± ps ISDWS HDQI SVDV IDTU

fi ASKO OY RECKITT & COLMA FFFF KBC BANCASSURAN BB MEDTECH ZT-D ITDV

± QDVQ HDQW e qf C

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qf SAFEWAY ± THDI LLOYDS TSB AUMAR R BERTRANDT AG QDHT

±

TDHT PDPH e e qf ±

± s„ TDTR IDQR SDST IDHU ps SAINSBURY J. PL

AUTOSTRADE ± ITDPS

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± ±

IQHDU QDIW qf PDTI QDQU

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±

SVDW IDHI e p‚

±

s„ RDTV IDPU TTDIV FFFF

q‚ SEITA /RM

BCA INTESA ± ISHDT

NAT BANK GREECE e CE COMPUTER EQUIPM HDPT

±

s„ SDUI PDHT

± PIDRH HDHS

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e qf

± ±

qf IDRU Q SQDHS PDVR

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±

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TDPR FFFF

qf e ± RI IDHT

ENTERPRISE OIL FLUGHAFEN WIEN e„

C

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± ± qf TDIV HDRW PHDQV PDRU

qf BLUE CIRCLE IND STAGECOACH HLDG FFFF

NATL WESTM BK CENIT SYSTEMHAUS IUS

xy UDUH FFFF

±

IRDWI QDHS

F.OLSEN ENERGY GKN qf e

±

iƒ IUDVV

e IDVI

± ± SDUH HDWU p‚ PPVDV IDPW

ƒi TABACALERA REG

± IPP

NORDBANKEN HOLD BOUYGUES /RM DRILLISCH PDRH

C

qf PDIV HDUH

LASMO ± QDQS HDRS

GLYNWED INTL PL qf e

±

QDVV HDSI e ps

± ± qf RDWS RDII

PPDQS HDTU

s„ TAMRO

FFFF

ROLO BANCA 1473 BPB e EDEL MUSIC E 98 FFFF

±

VTDU QDIP

OMV AG e„

IIDIU FFFF

HALKOR q‚

±

qf PDUW HDSR ±

± qf PDIU PDUP

IWDTV RDPU

qf TESCO PLC

CARADON C ST

ROYAL BK SCOTL e ELSA IDPU

±

SIIDS PDSU

PETROFINA SA BR fi

±

WDVS IDHU

HAYS qf e

PQDP FFFF e xv

± fi VWDW FFFF IIDIP QDVT

ƒi TNT POST GROEP ±

VVS

S-E-BANKEN -A- CBR EM.TV & MERCHANDI HDST

ISDIS FFFF

PETROLEUM GEO-S xy e C

hi SRDQ HDIV

±

IDQP e HEIDELBERGER DR RTUDTT

± ± qf TDQV PDHW

IUT PDII

p‚ f DJ E STOXX N CY G P C

HDPH

STE GENERAL-A-/ CHARTER e EUROMICRON PS

UT FFFF

PRIMAGAZ /RM p‚

PWDHT FFFF

e HELLAS CAN SA P q‚ ± €„ PSDVP FFFF ƒi QRDRU IDSW

CIMPOR SGPS R ± ITDV

SV HANDBK -A- GRAPHISOFT NV PDHR

VDIW FFFF

PROSAFE xy e

± QDIW PDRS

e s„ ±

± IVS PDTQ p‚ IFIL

gr PWSDSU QDPU

± IHSDV

UBS REG COLAS /RM e HOEFT & WESSEL QDVP

RSDQ FFFF

REPSOL iƒ

±

RDRS IDHI

e qf COMMERCE DISTRIBUTION ± ± qf IUDWP IDIU

RDRI P s„ IMI PLC

FFFF

UNICREDITO ITAL CRH PLC e HUNZINGER INFORMAT IHV

±

SPDVS PDHR

ROYAL DUTCH CO xv

e C hu SVDIW HDSW

± ± iƒ SIDS IDRR

TUDIV HDIQ

hu ISS INTL SERV-B ± ± QDVV HDQW CRISTALERIA ESP qf ISU

UNIDANMARK -A- ARCADIA GRP INFOMATEC QDTV

IRDIP FFFF

SAGA PETROLEUM xy

e ± ±

hu VWDRU IDUU iƒ QPDSS PDSR

q‚ PWDHU FFFF C

KOEBENHAVN LUFT ± qf IPDUQ IDTW PHU

XIOSBANK DRAGADOS CONSTR e BOOTS CO PLC INTERSHOP COMMUNIC IDRQ

±

QDTS IDHV

SAIPEM s„

e e ± ± iƒ SS PDTS

PURDPV IDRU ± PSDQ QDVH

f xv e ± ± PDUH IPQDU PDQU IWVDS

DJ E STOXX BANK P FOM CON CONTRAT KON.NEDLLOYD CARREFOUR /RM p‚ KINOWELT MEDIEN

±

TDVT Q

SHELL TRANSP & qf

e

± e WRDT HDWR

p‚ e ps IIP FFFF ± ± PIV QDSR GROUPE GTM p‚ QHDPS

KONE B CASTO.DUBOIS /R LHS GROUP QDTT

IHDUS FFFF

SMEDVIG -A- xy

±

VDWP IDIU

qf e e

hi RS FFFF ± ± iƒ IUDHV HDRI IPS

HANSON PLC e LAHMEYER CENTROS COMER P LINTEC COMPUTER SDQH

±

IIQDS PDUR

TOTAL /RM p‚

e

± UI PDHU

PRODUITS DE BASE hi e e ± ± PRDIT IDWS

HEIDELBERGER ZE iƒ SDR FFFF PIR HDTH

LEGRAND /RM p‚ CONTINENTE LOESCH UMWELTSCHUT

±

PDPU

f DJ E STOXX ENGY P PUWDWS

q‚ PRDHS FFFF

± ± IVDQV PDWT HELL.TECHNODO.R qf QQDUS IDTH q‚ IHQDRQ FFFF IQDWQ FFFF ALUMINIUM GREEC LEIF HOEGH xy DIXONS GROUP PL MENSCH UND MASCHIN

PWDTW FFFF

q‚ e ± ± C hi RTDP HDRQ UHDIS HERACLES GENL R e TDRU qf PDUU HDSS ± SUV HDVT

ARJO WIGGINS AP LINDE AG hi GEHE AG MOBILCOM

e

C

hi RHDS IDPS

± ± C IHDQW IDIS HOCHTIEF ESSEN qf PHDP PDRP

IWDPV HDSV ƒi e ± PWDU I

ASSIDOMAEN AB SERVICES FINANCIERS MAN AG hi GREAT UNIV STOR MUEHL PRODUCT & SE

± PWW RDPH

gr e

C

± IQW HDUP HOLDERBANK FINA p‚ TRDI PDSV ± RDPU IDPW

ƒi e GUILBERT /RM MUEHLBAUER HOLDING ± IIUDV HDIU

AVESTA MANNESMANN AG hi

±

qf IHDTQ IDVP

± IIUWDUV IDUU

e gr 3I ± ± ƒi PHDUQ URDRV QSDT HOLDERBANK FINA IDWQ

± RIU IDQH

fi e HENNES & MAURIT PFEIFFER VACU TECH

BEKAERT C

IUDI HDPW

METALLGESELLSCH hi

e

±

e fi TP HDWT

±

IPQ IDTH p‚ ALMANIJ e

± QS FFFF IMETAL /RM €„ WR QDHW

RDSW FFFF

BILTON qf e JERONIMO MARTIN PLENUM

PI FFFF

METRA A ps

e q‚ RPDWR FFFF

±

IHDUS IDVQ

e s„ ALPHA FINANCE e ± ± hi QWS IDIQ SS ITALCEMENTI QDSI

± SHDS IDSV

BOEHLER-UDDEHOL e„ KARSTADT AG PSI

±

RDUR QDTW

MORGAN CRUCIBLE qf

e ± qf VDVS UDSW

± RDRR IDQQ s„ AMVESCAP

± C qf IPDWR FFFF UPDI ITALCEMENTI RNC IDIH

PDIU PDIR

BRITISH STEEL qf KINGFISHER QIAGEN NV

PDSH FFFF

e NFC qf

C

e p‚ IPTDV IDPH

± WHDV HDVP

e p‚ BAIL INVEST /RM ± ± SDTV RDQR LAFARGE /RM qf PWDU PDQH ± ISDV IDPS

BUHRMANN NV xv MARKS & SPENCER REFUGIUM HOLDING A

C

TPDSW HDHS

e NKT HOLDING hu

€„ PTDTS FFFF

ISDPT FFFF

q‚ BPI R e

C ± hi TQDS IDSS RDII MICHANIKI REG. ISDP

± QDWR IDVW

BUNZL PLC qf METRO SACHSENRING AUTO

C

IRDQQ HDII

OCEAN GROUP qf

e ± qf UDVS PDVI

± IIDI HDVW

e ps BRITISH LAND CO ± ± qf IPDIH HDTP PTDQ PARTEK IDSH ± SDWP HDVR

CART.BURGO s„ NEXT PLC SALTUS TECHNOLOGY

±

IQDTV QDII

PENINS.ORIENT.S qf

±

e qf SDUW PDHS

±

IUH IDIT hi CAPITAL SHOPPIN e

± ± ISPDS IDWQ PHILIPP HOLZMAN p‚

TH RDRT ITDVU FFFF

ELKEM ASA, OSLO xy PINAULT PRINT./ SCM MICROSYSTEMS

±

RDHW QDSU

e qf

C PREMIER FARNELL

fi TS HDRT

±

IDIP PDTQ qf COBEPA e C

± s„ VDHU HDPS QPQDRW PILKINGTON PLC RDPW

ISDQW FFFF

ELVAL q‚ RINASCENTE SER SYSTEME

±

PHDSQ QDRP

e qf

± RAILTRACK iƒ IRTDR HDPH

± IPDQS PDSI qf CORP FIN ALBA - e e C PHDS HDRW SDV FFFF RMC GROUP PLC ps

ISDI FFFF

INPARSA €„ STOCKMANN A SERO ENTSORGUNG

e

± QWDSS IDRW

e xv

p‚ RT FFFF

C RANDSTAD HOLDIN

IDVP RDQS qf CPR /RM

± ± PIRDII IDUP RUGBY GRP gr IPIDS QDSU ± VDTR IDPI

JOHNSON MATTHEY qf VALORA HLDG N SINGULUS TECHNOLOG

hu IIQDTV FFFF

e ± gr ITQDPQ QDVT

± RATIN -A- ISUDQ IDHU e p‚ CS GROUP N ± ± qf IHDIU IDQP SW SAINT GOBAIN /R QDPV ± RRDW PDTW

MAYR-MELNHOF KA e„ W.H SMITH GRP SOFTM SOFTWARE BER

e

± hu IPHDRI HDWP

e ± p‚ SII HDPH

ITDI FFFF e €„ EURAFRANCE /RM RATIN -B- ± ± PDQV UDUR HDUV UV SEMAPA qf VDHS FFFF

METSAE-SERLA A ps WOLSELEY PLC TDS

e e

± ±

ps IPDU HDQW p‚ IPSDR HDPR

QQDRU FFFF ƒi FONCIERE LYONNA RAUMA OY ± C ± IDUT SKANSKA -B- QTHDPT RTDHS QDTT PRDVI IDVQ

MODO B FR ƒi f DJ E STOXX RETL P TECHNOTRANS

e

C ±

p‚ IHQDS HDRV

qf RDHV HDUS ±

IPDWP HDHS

hu GECINA /RM RENTOKIL INITIA ± QTDS SUPERFOS RDUH QSDRR FFFF

NORSKE SKOGIND- xy TELDAFAX

±

qf TDVW HDRR

C

± qf IDVH HDVQ QDRS HDVV

e HAMMERSON qf TARMAC ± ISS REXAM RDQP IIDPS FFFF

OUTOKUMPU OY -A ps TELES AG

C

QSDSP IDTI

hu e ±

qf PDUI IDIH ± VHDS HDWV

e TAYLOR WOODROW KAPITAL HOLDING p‚ IIDI FFFF ± HAUTE TECHNOLOGIE RPDTU PDPS PECHINEY-A- p‚ REXEL /RM TIPTEL

e ± qf IPDIV IDQS

IHP FFFF p‚ e LAND SECURITIES ±

PUDWI HDQP e e„

FFFF TECHNIP /RM RR

SDST FFFF

PORTUCEL INDUST €„ RHI AG e TRANSTEC ±

IIRDU IDSS

ALCATEL /RM p‚

qf UDPQ FFFF

VQDPU FFFF q‚ LIBERTY INT.HDG

e C

C STRDPW FFFF TITAN CEMENT RE gr RRDU IDRV

TDSS HDUU

RAUTARUUKKI K ps RIETER HLDG N W.E.T. AUTOMOTIVE

PHDUH FFFF

ALTEC SA REG. q‚

e

e ± s„ IHDW QDII

±

IHDQ PDVQ

UNICEM s„ MEDIOBANCA FFFF FFFF ±

± ƒi PIDHI IDSU IRDIW HDUR

RIO TINTO qf SANDVIK -A- e

±

VDWS PDUP

BAAN COMPANY xv

e

e ± s„ TDQR IDPS

±

VDSQ IDWS

iƒ MEDIOLANUM

FFFF URALITA FFFF

q‚ QHDIV FFFF ± PIDHI IDVQ

ƒi e

SIDENOR SANDVIK -B- C ISSDI HDUI

BARCO fi

± e qf TDVP RDTT

±

VDVP P

VALENCIANA CEM iƒ MEPC PLC FFFF FFFF

q‚ QUDST FFFF ± SPUDRU QDRQ

SILVER & BARYTE gr ±

TDTP RDIU

SAURER ARBON N BRITISH AEROSPA qf

e

e ± iƒ PIDU HDWI

± IUUDS IDPS

e„ METROVACESA

FFFF WIENERB BAUSTOF FFFF

± qf PDRR QDSW

± e PSDPS HDRR

SMURFIT JEFFERS ƒi ±

IPWDU HDTI

SCANIA AB -A- CAP GEMINI /RM p‚

e

± xv TDQR IDPS

± TDIR HDRW

e qf MEDIOLANUM FFFF WILLIAMS FFFF

€„ WDQU FFFF

SONAE INDUSTRIA ± ƒi PRDWU IDII

VVDUW FFFF

SCANIA AB -B- COLOPLAST B hu

e

±

p‚ IHQDV IDWV

± IDHS

e f IWWDVS PARIBAS

FFFF DJ E STOXX CNST P FFFF

WDQQ FFFF

SOPORCEL €„

±

± qf IWDIQ PDHP IRRTDWR HDWR

SCHINDLER HOLD gr COLT TELECOM NE

±

IRDIT HDWS

PROVIDENT FIN qf

FFFF FFFF

±

IIDSU IDWH

SSAB SW ST A FR ƒi e ±

p‚ QQDWS QDPV ± ISSRDQI IDIW

gr DASSAULT SYST./

e SCHINDLER HOLD

± PPDT IDWS

e RODAMCO NV xv

C

FFFF FFFF IHDR IDWT

STORA ENSO -A- ps e ±

HDUW QDTT e s„ ± SSDV QDRT

SCHNEIDER ELECT p‚ FINMECCANICA

±

PIDPV HDUI

e SCHRODERS PLC qf

C

FFFF

CONSOMMATION CYCLIQUE FFFF IHDTS IDRQ

STORA ENSO -R- ps e ±

SI QDWS e hi

±

IDPQ IDTH s„ FRESENIUS MED C

e SEAT-PAGINE GIA

± TPDUS HDPR

SEFIMEG N /RM p‚

C FFFF FFFF

PRDUS IDIR

SVENSKA CELLULO ƒi e ± ±

PQSDP PDQQ ƒi IHDIU PDTU

ACCOR /RM p‚ GAMBRO -A- ±

VDQT HDWH

e SECURICOR qf

± VQDI IDHU

e SIMCO N /RM p‚ FFFF FFFF

IUR FFFF

THYSSEN hi e e

± ±

IHH PDRR xv QRDW HDRQ

ADIDAS-SALOMON hi GETRONICS

±

IQDHU PDHW

SECURITAS -B- ƒi

±

SDPQ HDVT

SLOUGH ESTATES qf

FFFF FFFF

± VDPI IDQR

ƒi e

TRELLEBORG B C ±

PDUT RDSH hu QPDPW PDST

ALITALIA s„ GN GREAT NORDIC

± WUIDPW PDUS

e SGS GENEVA BR gr

± IPTDU PDQI

e UNIBAIL /RM p‚

C

FFFF FFFF

QSDQ HDSI

UNION MINIERE fi e ±

PT HDIP q‚ UIDWU FFFF

AUSTRIAN AIRLIN e„ INTRACOM R

±

QDRS IDQH

e SHANKS & MCEWAN qf HDSR FFFF

e UNIM s„

C FFFF FFFF

PWDI HDIU

UPM-KYMMENE COR ps e ± ±

THDSU HDHS xv VRDV PDHV

BANG & OLUFSEN hu e KON. PHILIPS EL

±

IPI PDPT

e p‚

± SIDEL /RM WDSS HDVQ

e VALLEHERMOSO iƒ

FFFF FFFF

± IQDW HDUI

USINOR p‚ ±

SDPU IDTW xy VDQU FFFF

BARRATT DEV PLC qf MERKANTILDATA

±

qf RDSV IDQI

± TDII PDIV

WOOLWICH PLC qf INVENSYS

FFFF FFFF q‚ QUDST FFFF

VIOHALCO C ± QDIV HDRU qf UDWP HDIW

BEAZER GROUP qf e MISYS

±

p‚ PIV HDRI

±

IDSQ

e f DJ E STOXX FINS P PRTDSS SITA /RM

FFFF FFFF

± PWDS IDWW

VOEST-ALPINE ST e„ e

± IDUT HDST xy PDQP FFFF

BENETTON GROUP s„ NERA ASA

C

ISDWP HDQS

SKF -A- ƒi

FFFF FFFF

± HDRT

f IUTDUW DJ E STOXX BASI P ± IHDWR HDWT xy PWDSV FFFF

BERKELEY GROUP qf NETCOM ASA

ITDUI FFFF

SKF -B- ƒi e ± ±

UDIU PDHU ps UIDRS HDPI

BRITISH AIRWAYS qf NOKIA

C

PSDRQ HDTQ

ALIMENTATION ET BOISSON SOPHUS BEREND - hu e ± P QDTS ps FFFF FFFF

BRYANT GROUP PL qf NOKIA -K-

e e

±

PHDVS IDVV

CHIMIE e STORK NV xv CODES PAYS ZONE EURO C ± ± SRDIS IDIH qf VDHI IDQI qf TDSU HDUH

CHARGEURS RM p‚ ALLIED DOMECQ NYCOMED AMERSHA

C

THRDPR IDQT

e SULZER FRAT.SA1 gr e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne C ± ± IPDSP HDWH p‚ VTDS PDPH qf UDPT FFFF xv PSDQ HDSW AGA -A- ƒi CLUB MED. /RM ASSOCIATE BRIT OCE

±

ISDVU HDQS

SVEDALA ƒi e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande ± ± ± ± IPDSP HDVV qf HDTS PDPU qf IRDPI PDQW s„ QDP PDIR AGA -B- ƒi COATS VIYELLA BASS OLIVETTI

IIQHHDWT FFFF

e e hu LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche C SVENDBORG -A- ± ± IRSDU QDIW qf WDSQ HDTR e„ RP FFFF qf RDPW IDHS AIR LIQUIDE /RM p‚ COMPASS GRP BBAG OE BRAU-BE ROLLS ROYCE

± UDIP IDHS

e e qf e FI : Finlande - BE : Belgique. ± ± ± T.I.GROUP PLC FFFF FFFF qf PDPU HDTT p‚ QTI HDQW p‚ SRS HDIV AKZO NOBEL xv COURTAULDS TEXT BONGRAIN /RM SAGEM

QRDPP FFFF e e e xy e ± ± ± ± QWDP IDSI hi PHDU PDIQ e„ RUDR IDHR hi QIQ PDTR

BASF AG hi DT.LUFTHANSA N BRAU-UNION TOMRA SYSTEMS SAP AG CODESPAYSHORSZONEEURO

e ±

WPDP QDWT e e„ e ± ± ± ± QTDVS IDRU ƒi IUDTT IDVT qf IPDSI HDPR hi QTIDS HDWT

BAYER AG hi ELECTROLUX -B- CADBURY SCHWEPP VA TECHNOLOGIE SAP VZ CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e

± C C ps IIDT IDIW ± ± ITDSU IDTP qf TDWU SDWQ hu RRDIQ HDSI qf VDSR HDIV

BOC GROUP PLC qf EMI GROUP CARLSBERG -B- VALMET SEMA GROUP GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e ± ± ± ± ± UPDSU IDWH p‚ IDRW IDWU hu RQDTV HDHS QQRDIT IDRP hi TWDT IDWU CIBA SPEC CHEM gr EURO DISNEY /RM CARLSBERG AS -A f DJ E STOXX IND GO P SIEMENS AG LeMonde Job: WMQ1805--0024-0 WAS LMQ1805-24 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0597 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 I FINANCES ET MARCHÉS

C C ± ± ± SHDSS QQIDSW IDTS TDWV RTDPH RTDIH QHPDRH HDPI TDQU VR VR SSI FFFF VDTV BIC...... SIDRH GPE VALFOND ACT...... SIMCO......

C ± ± ± ± ± VW SVQDVH HDSS IPDPU TSDVH TSDQH RPVDQR HDUS HDVQ PIVDWH PIU IRPQDRQ HDVT PDVQ BIS...... VWDSH GROUPE PARTOUCHE ... S.I.T.A ......

C C C C ± ± VIDIS SQPDQI HDSS ISDTV IQV IQVDIH WHSDVV HDHU PHDUW IQDTR IQDRU VVDQT IDPR WDIS B.N.P...... VIDTH GUILBERT...... SKIS ROSSIGNOL......

C C C ± ± ± IVQ IPHHDRH QDIU SDPH RWR RVRDPH QIUTDIR IDWV PTDUR IUWDVH IUSDTH IISIDVT PDQQ PUDPV VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... IVW GUYENNE GASCOGNE... SOCIETE GENERALE......

C ± ± ± ± ± QTI PQTV HDQV SDPU PRV PRIDPH ISVPDIU PDUR IWDVT ISR ISP WWUDHS IDPW PHDPQ BONGRAIN ...... QTPDRH HACHETTE FILI.ME...... SODEXHO ALLIANCE......

C C ± ± ± ± PPVDPH IRWTDVW IDSS PWDWQ IWQ IWH IPRTDQP IDSS QQDQH TW TUDQS RRIDUW PDQW IIDTI BOUYGUES ...... PQIDVH HAVAS ADVERTISIN ...... SOGEPARC (FIN) ......

C C C

± ± ± PUDWT IVQDRI IDUP RPDPW IPS IPQ VHTDVQ IDTH RRDHU PWDIQ PWDHT IWHDTP HDPR PTDIV b L’action BNP s’échangeait en baisse de 1,59 %, à BOUYGUES OFFS...... PVDRS IMETAL ...... SOMMER-ALLIBERT......

C C ± ± ± WDRU TPDIP PDSU RVDRQ IUDIS IU IIIDSI HDVU IHDUI QW QW PSSDVP FFFF UDUQ

80,3 euros, lundi 17 mai à l’ouverture des transactions. BULL#...... WDUP IMMEUBLES DE FCE ...... SOPHIA ......

C C C C ± PTH IUHSDRW IDIP IIDVQ TVDSH TVDSH RRWDQQ FFFF PIDRS TVDPS TUDVS RRSDHU HDSV QQDRS CANAL + ...... PSUDIH INFOGRAMES ENTER .... SPIR COMMUNIC. # ......

Le titre SG perdait 1,22 %, à 177,6 euros, tandis que C ± ± ± ± ± IQHDQH VSRDUI HDIS RDUH PPDVU PPDRH IRTDWQ PDHS WDQR VV VSDQS SSWDVT QDHI QVDPR CAP GEMINI ...... IQHDSH INGENICO ...... STRAFOR FACOM......

C ± ± ± ± ± SIDTH QQVDRU QDIV PUDUS PPDPI PPDIP IRSDIH HDRH HDQI ISV ISTDUH IHPUDVV HDVP IHDRT

l’action Paribas cédait 2,26 %, à 103,50 euros. A ces CARBONE LORRAINE..... SQDQH INTERBAIL...... SUEZ LYON.DES EA ......

C C C C

± ± IPR VIQDQW PDIQ ISDTV QPH QIRDSH PHTPDWV IDUI ISDQI IVV IVVDSH IPQTDRV HDPT RDSP

cours, les parités proposées par la BNP dans le cadre CARREFOUR ...... IPTDUH INTERTECHNIQUE...... SYNTHELABO ......

C C C C ± ± WHDTH SWRDQH PDPT PDII UHDVS UHDQS RTIDRU HDUH ISDTT IHP IHQ TUSDTR HDWV PVDRT CASINO GUICHARD ...... WPDUH ISIS ...... TECHNIP......

C C C ± ± ± SSDTH QTRDUI PDVV IDTH WPDWH WHDUH SWRDWS PDQT IQDSR PWDVH QHDPS IWVDRQ IDSI IUDQH de sa double OPE valorisaient l’action SG à 172,07 eu- CASINO GUICH.ADP ...... SUDPS JEAN LEFEBVRE ...... THOMSON-CSF......

C C ± ± ± PIUDPH IRPRDUR QDHU IIDUR VPDQH VPDQH SQWDVS FFFF SDPV IITDUH IIQDUH URSDVP PDSU QIDUV

ros et l’action Paribas à 110,41 euros. Dans le même CASTORAMA DUB.(L...... b PPRDIH KLEPIERRE...... TOTAL ......

C C C C

± ±

IHSDPH TWHDHU HDTT QPDWT PPHDVH PIWDSH IRQWDVQ HDSV PHDTW IPWDUH IPUDTH VQU IDTI PDUH

temps, l’OPE de SG sur Paribas valorisait le titre Pari- C.C.F...... IHRDSH LABINAL...... UNIBAIL ......

C C ± ± ± ± ISPDIH WWUDUI QDUQ PDHV WIDSS WHDIH SWIDHP IDSV IIDQH IIVDWH IITDSH UTRDIW PDHI PDWW CEGID (LY) ...... ISV LAFARGE...... UNION ASSUR.FDAL ......

C C C C C ± UDHP RTDHS HDIR R QWDSI RHDTH PTTDQP PDUS IPDIS IR IQDVS WHDVS IDHU RTDST bas à 111,12 euros. CERUS...... UDHI LAGARDERE...... USINOR......

C C ± ± ± ±

RSDIS PWTDIT HDQQ QDVQ URDWH URDVH RWHDTT HDIQ PPDWV VSDHS VRDPS SSPDTR HDWR PSDSH

b L’action Vivendi a reculé de 1,04 %, en début de CGIP ...... RSDQH LAPEYRE ...... VALEO ......

C C C ± ± SRDIS QSSDPH IDHW IRDWT RRDWV FFFF FFFF FFFF PHDRW QSDIH QRDWW PPWDSP HDQI SDPW

journée, lundi. Le groupe prépare son augmentation CHARGEURS...... SRDUS LEBON (CIE)...... VALLOUREC...... C ± ± ± ± ± SRDIH QSRDVU IDSH PPDSI PISDQH PIRDTH IRHUDTV HDQP RDWR PWDSH PWDPH IWIDSR IDHI HDQR CHRISTIAN DALLOZ ...... SQDQH LEGRAND ...... VIA BANQUE ......

C C C ± ± ±

IPUDWH VQVDWU PDQT QSDUT IPIDPH IPPDIH VHHDWP HDUR IH UTDUS USDPS RWQDTI IDWS PDIQ de capital au prix de 60 euros par action. CHRISTIAN DIOR ...... IQI LEGRAND ADP ...... VIVENDI ......

C C C

± ± ± UUDSH SHVDQU PDHP WDHW QWDQR RH PTPDQV IDTU RDIW IQDTW IQDTH VWDPI HDTS IDRI

b Le titre Pechiney a cédé 2,52 % à l’ouverture des CIC -ACTIONS A...... UWDIH LEGRIS INDUST...... WORMS (EX.SOMEAL .....

C C C ± ± ± STDQH QTWDQH PDRP IVDQU IIUDWH IIV UURDHQ HDHV QDVR PHR PHIDTH IQPPDRI IDIU IHDQV CIMENTS FRANCAIS ...... SUDUH LOCINDUS...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C ± ± transactions, lundi. Le groupe doit dévoiler son chiffre ± VPDSH SRIDIT IDWT QSDPH SUS SUP QUSPDHU HDSP UDIP CLARINS ...... VRDIS L’OREAL ......

C C ± ± VTDSH STUDRH PDPH IQDHR PTVDSH PSWDVH IUHRDIV QDPR SRDHW

d’affaires pour le premier trimestre 1999. CLUB MEDITERRANE .... VVDRS LVMH MOET HEN......

C

± ± ±

PR ISUDRQ HDHR UDPT ISHDQH ISIDIH WWIDIS HDSQ WDVW

b L’action BIC, dont 45 % des ventes sont réalisées CNP ASSURANCES ...... PRDHI MARINE WENDEL ......

C C C ± UVDQS SIQDWR HDUU QSDTP TDRR TDPH RHDTU QDUP UTDIQ COFLEXIP...... UUDUS METALEUROP ......

C C ± ± IVS IPIQDSP PDTQ QDIW RRDVH RQDSI PVSDRI PDVU PUDUH aux Etats-Unis, a abandonné 2,14 %, lundi matin. COLAS ...... IWH MICHELIN......

C C C ± PDQQ ISDPV HDVS PHDUP QSDQH QSDRH PQPDPI HDPV HDWT

b Le titre Groupe André a reculé de 3,55 %, à l’ouver- COMPTOIR ENTREP...... PDQS MONTUPET SA......

C ± ± % Var. RT QHIDUR FFFF ITDWS IIDTS IIDQH URDIP Q IQDVH

CPR ...... RT MOULINEX ...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

ture du marché, lundi. L’investisseur américain Guy 31/12 C International ± ± ± f ITDQW IHUDSI IDST PUDIS SRDTH SQDHS QRUDWW PDVQ QDQQ

CRED.FON.FRANCE ...... ITDTS NATEXIS...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

C C ± QTDWH PRPDHS HDWW IDWQ IVDPH IVDRS IPIDHP IDQU FFFF Wyser-Pratte a révélé qu’il a acquis en Bourse 4,69 % CFF.(FERRAILLES) ...... QUDPU NEOPOST......

C C C C ± ±

QVDHS PRWDSW HDIH IVDQI PTDRR PTDTS IURDVI HDUW IIDTW IIQDSH IIPDRH UQUDQH HDWT PWDQS

du capital. CREDIT LYONNAIS...... QVDHI NORBERT DENTRES...... a AMERICAN EXPRESS......

C C C C ± ± STDPS QTVDWV QDPI IH PUDPQ PU IUUDII HDVR IVDII SSDRH SSDSH QTRDHT HDIV PTDPS CS SIGNAUX(CSEE)...... SRDSH NORD-EST...... A.T.T. #......

b L’action Technip a progressé de 0,98 %, lundi ma- C ± ± ± ± ± TUDSH RRPDUU HDIR UDSS UPDRS UH RSWDIU QDQV RDQQ IVDHR IVDHP IIVDPH HDII VDPW DAMART ...... TUDTH NORDON (NY)...... BARRICK GOLD #......

C C C C ± ±

PRR ITHHDSR PDHV HDHQ PHQ PHS IQRRDUI HDWV QRDRU QPDTS QPDPH PIIDPP IDQU PPDVH tin. Le groupe a annoncé une augmentation de 4 % de DANONE...... PRWDPH NRJ # ...... CROWN CORK ORD.#.....

C C C

± ± IQQ VUPDRP HDIS PQDRU VDIT VDIT SQDSQ FFFF WDTU PIDRI PP IRRDQI PDUS WUDVR

son chiffre d’affaires au premier trimestre 1999 (+ 56 % DASSAULT-AVIATIO ...... IQQDPH OLIPAR...... DE BEERS # ......

C C ± ± ± ± QQDWW PPPDWT QDIT ISDIH IHSDWH IHQDWH TVIDSR IDVV RHDQP TTDUH TSDUH RQHDWT IDRW RHDQV DASSAULT SYSTEME...... QSDIH PARIBAS...... DU PONT NEMOURS..... a

C C C ± ± ± SRDRH QSTDVR PDSW PHDWT PSRDVH PSHDTH ITRQDVQ IDTR SDQU PTDHI PSDPR ITSDST PDWT PQDRV en incluant les activités de KTI et MDEU Mannes- DE DIETRICH...... SSDVS PATHE...... ERICSSON # ......

C C C C ± ± VP SQUDVV HDRW PWDRW RQDTS RPDUH PVHDHW PDIU SQDRV SUDPS SUDRS QUTDVS HDQR IIDTT

mann). DEVEAUX(LY)# ...... VIDTH PECHINEY ACT ORD ...... FORD MOTOR # ......

C C C ± ± IHDVP UHDWU FFFF RDRR TPDRH TIDHS RHHDRT PDIT IHDQQ WWDQH WW TRWDRH HDQH IPDUR DEV.R.N-P.CAL LI...... IHDVP PERNOD-RICARD...... GENERAL ELECT. #......

C C ± ± ± ± IPSDVH VPSDIW HDTQ RDIS ISRDIH ISIDRH WWQDIP IDUS IRDVI UW UU SHSDHW PDSQ PSDTQ DEXIA FRANCE ...... IPTDTH PEUGEOT...... GENERAL MOTORS # .....

C C ± ± ± ± TDHQ QWDSS HDQQ QWDPI ISSDSH ISPDSH IHHHDQQ IDWP TDQQ TDWI TDTI RQDQT RDQR PWDTH DMC (DOLLFUS MI)...... TDHI PINAULT-PRINT.RE...... HITACHI #......

C C C C

± ± PU IUUDII IDRS IHDVQ WQ WRDUH TPIDIW IDVP ITDII PPRDSH PPRDRH IRUIDWU HDHR RIDVH

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PUDRH PLASTIC OMN.(LY) ...... I.B.M # ......

C ± ± ± ±

IPUDTH VQU RDRW IIDUS UT FFFF FFFF FFFF SDWR SRDPH SR QSRDPP HDQT QDQR

______ECIA...... IQQDTH PRIMAGAZ...... ITO YOKADO #......

C C ± ± ± ± TVDIH RRTDUI IDQH HDVI SWR SWIDSH QVUWDWW HDRP RDSP IV IUDTW IITDHR IDUP PPDUT EIFFAGE ...... TW PROMODES...... MATSUSHITA #......

C C C ± ± ± IQIDVH VTRDSS PDQU QQDVQ IUIDWH ITW IIHVDSU IDTV IHDVT QUDVT QUDPI PRRDHV IDUI IRDRS ELF AQUITAINE ...... IQS PUBLICIS #...... MC DONALD’S #......

v xhs IU wes Cours releve´sa` 12 h 30

C C ± ± ± ± QUDSP PRTDIP HDQR RTDTI ITDTH ITDQH IHTDWP IDVH QDPH TTDRH TTDQH RQRDWH HDIS RDIU ERAMET ...... QUDTS REMY COINTREAU...... MERCK AND CO # ......

C C C ± ± ±

IQUDVH WHQDWI HDWS TDSI RHDSH QWDPP PSUDPU QDIT PDSH TDIS SDWR QVDWT QDRI PRDUV ERIDANIA BEGHIN...... IQTDSH RENAULT ...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PI m—i

C C C C ± QPIDWH PIIIDSQ HDSW RDHI VIDQH VIDSS SQRDWQ HDQH HDUR WPDWS FFFF FFFF FFFF PPDQH ESSILOR INTL ...... QPH REXEL...... MOBIL CORPORAT.#...... a

C C C ± ± QPQ PIIVDUR FFFF VDTS IVDTH IUDWR IIUDTV QDSR QVDSQ IQT IQIDPH VTHDTP QDSP RQDRS ESSILOR INTL.ADP...... QPQ RHODIA ...... MORGAN J.P. # ......

C C C ± ± ± VR SSI PDHT ITDPR RTDTH RTDSS QHSDQS HDIH TDIV IPDUP IPDSQ VPDIW IDRW SDPW ESSO...... VPDQH RHONE POULENC A...... NIPP. MEATPACKER......

C C ± ± ± % Var. ± SIHDSH QQRVDTT HDPW WDRW IHSDSH IHS TVVDUS HDRU HDSS QSDTT QSDVH PQRDVQ HDQW PIDST

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... SIP ROCHEFORTAISE CO ..... PHILIP MORRIS # ......

31/12 C C C C France C f ± IDRV WDUI PDTQ QSDUU PDUV PDVW IVDWT QDWS ITDSQ VRDPH VTDTH STVDHT PDVS WDHR

en ¤uros en ¤uros en francs veille EURO DISNEY...... IDSP ROCHETTE (LA) ...... PROCTER GAMBLE ......

(1)

C C C ± ± ± PVWDPH IVWUDHQ HDHT RSDQU RWDIH RVDQS QIUDIT IDSP WDQU IT ITDIH IHSDTI HDTP IIDSQ EUROPE 1...... PVW ROYAL CANIN...... SEGA ENTERPRISES ......

C C C C ± ± ± IRWDVH WVPDTP HDIW IDUQ IDRV IDSH WDVR IDQS QVDVV IHSH IHSH TVVUDSS FFFF VDWV SVDQH SUDQH QUSDVT IDUI RRDVH B.N.P. (T.P)...... ISHDIH EUROTUNNEL...... RUE IMPERIALE (L...... SCHLUMBERGER #......

C C C C ± ± ± ± IRIDWH WQHDVH PDIQ IDUP IHHDIH WWDHS TRWDUQ IDHR PDRR QVDPH QVDUH PSQDVT IDQH IHDVS VRDTS VRDPS SSPDTR HDRU QUDVP CR.LYONNAIS(TP) ...... IRS FIMALAC SA...... SADE (NY) ...... SONY CORP. #......

C ± ± ± ± RHRDSH PTSQDQS HDTI QDHP IVDTH IVDRI IPHDUT IDHP QDPS SRT SRT QSVIDSQ FFFF QDPH RENAULT (T.P.)...... RHU FINEXTEL...... SAGEM SA......

C C ± ± ± IVIDSH IIWHDST FFFF IDIW UQDWH UP RUPDPW PDSU PDWH ISW ISUDIH IHQHDSI IDIW QHDTI SAINT GOBAIN(T.P...... IVIDSH FIVES-LILLE...... SAINT-GOBAIN......

C C C

± ± ± IRW WUUDQV PDIP QDWU IPSDUH IPR VIQDQW IDQS UDQS UV UT RWVDSQ PDST TDUS

THOMSON S.A (T.P ...... IRSDWH SOC.FONC.LYON.# ...... SALVEPAR (NY) ...... ABRE´VIATIONS

C C C ± ± ± PQTDQH ISSHDHQ IDVT PVDIH UIDUH UIDHS RTTDHT HDWH RDWU IRU IRT WSUDUH HDTV RDHW

ACCOR ...... PRHDVH FRANCE TELECOM...... SANOFI ......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C ± ± ± ± ± RUDTS QIPDST HDUR TDQR TWV TVH RRTHDSI PDSU HDTU SQ SRDSH QSUDSH PDVQ VDHT AGF ...... RVDHI FROMAGERIES BEL...... SAUPIQUET (NS) ......

C C C

± ± ± ITDPW IHTDVT IDUR IVDUT IPHH IIVW UUWWDQQ HDWI PWDWV SUDVH SSDSH QTRDHT QDWU UDQW AIR FRANCE GPE N ...... ITDSV GALERIES LAFAYET ...... SCHNEIDER ELECTR...... SYMBOLES

C C ± ± ± ± IRSDWH WSUDHR QDHS TDTP VIDTH VIDTS SQSDSW HDHT IRDWQ SIDWH SHDVS QQQDSS PDHP WDUI

AIR LIQUIDE ...... ISHDSH GASCOGNE...... SCOR...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C C ± ± ± IIRDUH USPDQV IDSR IH SVDVH SV QVHDRT IDQT HDIP UVDPH UVDHS SIIDWU HDIW IHDII

ALCATEL ...... IITDSH GAUMONT #...... S.E.B...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C C C ± ± ± PV IVQDTU PDTH RHDPI RTDSH RSDQH PWUDIS PDSV HDHT TPDWH TPDUS RIIDTI HDPQ RDPI

ALSTOM...... PVDUS GAZ ET EAUX ...... SEFIMEG CA...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite; d cours pre´ce´dent.

C C C ± ± ±

PPQ IRTPDUV HDVV VDSI IHR IHQDSH TUVDWP HDRV PDIH SWDSH SVDVH QVSDUH IDIU IHDPI

ALTRAN TECHNO. #...... PPS GECINA...... SEITA...... `

± ± ± ± ± ± DERNIERE COLONNE RM (1) : VIDRS SQRDPV HDSR PHDHI RRDHS RQDSH PVSDQR IDPR IPDQV WDWW WDVS TRDTI IDRH IHDPH ATOS CA...... VIDWH GEOPHYSIQUE ...... SELECTIBANQUE......

C ± ± ± ± ± IIPDVH UQWDWP HDQS VDTR PTDQI PSDUT ITVDWU PDHW PHDUI QWDSH QWDQQ PSUDWW HDRQ RUDIP AXA...... IIQDPH GRANDVISION ...... SFIM...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C C C ± ± IPTDVH VQIDUS IDIW PDIV IQV IQQDUH VUUDHI QDII PUDII RQDTS RQDSH PVSDQR HDQR VDWI BAIL INVESTIS...... IPSDQH GROUPE ANDRE S.A ...... SGE...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C ± ± ± ± ± IHSDPH TWHDHU PDIQ IIDSP PH IWDWH IQHDSR HDSH R IPQDVH IPHDTH UWIDHV PDSV TTDVW BAZAR HOT. VILLE ...... IHUDSH GR.ZANNIER (LY) ...... SIDEL...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± ± ± ± SVDWH QVTDQT HDSH IDTU WSDSH WRDPH TIUDWI IDQT TDSQ ISQDRH ISQ IHHQDTI HDPT QDRH BERTRAND FAURE...... SWDPH GROUPE GTM ...... SILIC CA ......

C ± ± ± QSUDSH HDWH STDWH QUQDPR HDIU ITDSW IHVDVP HDVS SHDQH QPWDWS HDHW GUILLEMOT #...... SRDSH CRCAM TOUR.P.... LVL MEDICAL...... CIDER SANTE......

C C C ± QDIS RDQR SHDWS QQRDPI QDVT IWVDWH IQHRDUH HDHS UQDPH RVHDIT HDPU GUYANOR ACTI .... HDRV CROMETAL...... M6-METROPOLE.. CODETOUR......

SECOND C ± ± SHIDVI IDWV FFFF FFFF FFFF PDUH IUDUI QDSU IPDTW VQDPR SDUS NOUVEAU HF COMPANY...... UTDSH DAPTA-MALLIN.... MEDASYS DIGI .... COFIDUR #......

± ± ± ± QQRDVU HDPW SSDUH QTSDQU QDRT ISVDQH IHQVDQV IDQH QQDIH PIUDIP PDTI SIDHS ______HIGH CO...... GROUPE J.C.D ...... MANITOU # ...... CORA INDUSTR....

C C ±

PVSDRI IDIV VP SQUDVV FFFF SIDVH QQWDUW PDTQ IUU IITIDHR IDUP

´ HOLOGRAM IND .. RQDSI ´ DAUPHIN OTA ..... MANUTAN INTE .. DELACHAUX S...... C ± PVDVT IDIP QWDVH PTIDHU FFFF IHSDPH TWHDHU HDPV RH PTPDQV FFFF

MARCHE IGE + XAO...... RDRH MARCHE DECAN GROUPE... MARC ORIAN...... DELMON INDUS ..

C C ± QPDSR HDRH TR RIWDVI FFFF RVDSH QIVDIR HDVI IVDRS IPIDHP HDVI ILOG # ...... RDWT DU PAREIL AU...... MARIONNAUD P . DIGIGRAM #......

± ± ± PRDTH FFFF RIDQQ PUIDII RDWV QQDSH PIWDUS QDUQ SQ QRUDTT IDTT

IMECOM GROUP .. QDUS ENTRELEC CB ...... MECATHERM #.... DISTRIBORG G.....

v xhs IU wes

v xhs IU wes

C ± IPTDTH IDHP IHUDRH UHRDSH FFFF QV PRWDPT FFFF RUDSH QIIDSV IDHT INFONIE...... IWDQH L ENTREPRISE...... MGI COUTIER...... EMIN-LEYDIER.....

± ± ± ± IRUDWP IDWS RQDPS PVQDUH QDPR IQVDSH WHVDSH IDHU PTDVH IUSDVH HDUR

INFOTEL #...... PPDSS ETAM DEVELOP.... MICHEL THIER .... FLAMMARION S...

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 12 h 30 Une se´lection. Cours releve´sa` 12 h 30

± ± ± ISWDRH PDVH VV SUUDPR IDIP WDIH SWDTW QDIW IR WIDVQ FFFF LEXIBOOK #...... PRDQH EUROPEENNE C ... NAF-NAF #...... GRAVOGRAPH......

± ± ± RVDVU FFFF RQDIH PVPDUP QDWH PRIDIH ISVIDSI HDQU PHDRS IQRDIR PDTI JOLIEZ-REGOL...... d UDRS EUROP.EXTINC..... PENAUILLE PO..... GPE GUILLIN ......

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C ± IDVR FFFF RRDWU PWRDWV PDPH QH IWTDUW FFFF ISDPH WWDUI HDTS

JOLIEZ-REGOL...... d HDPV EXEL INDUSTR..... PHYTO-LIERAC .... JEANJEAN # ......

Valeurs f en ¤uros en francs veille Valeurs f en ¤uros en francs veille

C C ± TSDSQ HDIH QH IWTDUW SDHT UIDTH RTWDTU FFFF QIDVS PHVDWP QDRH LACIE GROUP...... WDWW EXPAND S.A...... POCHET...... d HBS TECHNOLO ..

C ± IQPDSH TDQI ITDSH IHVDPQ FFFF TQ RIQDPS FFFF IRRDWH WSHDRV FFFF TPDSH RHWDWU PDQR IRSDIH WSIDUW FFFF ADLPARTNER # .... PHDPH MEDIDEP #...... ADA...... FACTOREM...... RADIALL #...... HOT.REG.PARI .....d

± ± IIRDUW FFFF SDRW QTDHI FFFF VQDSH SRUDUP HDRU IPTDUH VQIDIH FFFF ST QTUDQR QDII IIH UPIDSS FFFF AB SOFT...... d IUDSH MILLE AMIS #...... AIGLE # ...... FACTOREM NV.....d RALLYE(CATHI ..... HUREL DUBOIS....

C C ± ± IQRDRU FFFF UDRS RVDVU WDPQ UWDWH SPRDII HDIP IWDVQ IQHDHV FFFF RPDPS PUUDIR IDHS IIPDTH UQVDTI RDTR ALPHAMEDIA...... PHDSH MONDIAL PECH ... ALGECO #...... FAIVELEY # ...... REYNOLDS...... IDI......

± ± ± ± ± QHDII UDVQ UDRS RVDVU HDTT VU SUHDTV PDIQ SDTH QTDUQ FFFF PQDTS ISSDIQ HDIT PI IQUDUS PDSS ALPHA MOS ...... RDSW NATUREX...... APRIL S.A.#( ...... FINACOR...... RUBIS #...... IMV TECHNOLO...

± ± ± ± IHQTDRI FFFF TR RIWDVI HDIS TIDUS RHSDHS QDRR TW RSPDTI FFFF IPHDRH UVWDUU HDRW PUDHS IUUDRR HDIV ALTAMIR & CI...... ISV OLITEC ...... ARKOPHARMA # .. FINATIS(EX.L ...... SABATE SA # ...... INTER PARFUM....

± ± ± ± IVDTW FFFF IWSDIH IPUWDUU FFFF VVDSH SVHDSP PDRP IRVDSH WURDIH I UHDSH RTPDRS IDIW RP PUSDSH IDIW APPLIGENE ON .... PDVS OMNICOM...... ASSUR.BQ.POP..... FININFO...... SEGUIN MOREA... IPO (NS) # ......

± ± ± SDTR IDIR IDRS WDSI HDTV PQDSH ISRDIS FFFF RQDSH PVSDQR PDPR WH SWHDQT FFFF PHDQH IQQDIT FFFF ASTRA ...... HDVT OXIS INTL RG...... ASSYSTEM #...... FLO (GROUPE) ..... SIDERGIE...... LABO.PHARMYG...d

C C ± ± ± WQDIS HDUH PHDRH IQQDVP PDQW IUVDIH IITVDPT HDSS RTDQH QHQDUI RDHR PQDSS ISRDRV IDHS IHS TVVDUS FFFF ATN...... IRDPH PERFECT TECH..... BENETEAU CA# .... FOCAL (GROUP .... SIPAREX (LY)...... M.B.ELECTRON....d

± ± ± QRPDRI PDRP WDRH TIDTT FFFF SDVI QVDII FFFF SQDRH QSHDPV HDIV PHDSH IQRDRU FFFF WUDVH TRIDSQ HDPH AVENIR TELEC...... SPDPH PHONE SYS.NE..... BISC. GARDEI...... FRAIKIN 2#...... SOCAMEL-RESC ... NSC GPE (NY) ......

C ± ± ± ± RVRDUS IDSW IIDRH URDUV S TPDQS RHVDWW HDIT RTDHQ QHIDWR HDHT RS PWSDIV IDIR RSDPU PWTDWS FFFF BELVEDERE...... UQDWH PICOGIGA...... BOIRON (LY)# ...... GAUTIER FRAN .... SOPRA #...... NOCIBE...... d

C ± ± IHIDHP FFFF USDSH RWSDPS HDRT QRDSH PPTDQI HDVT IDVH IIDVI FFFF QDTS PQDWR FFFF IISDVH USWDTH HDPS BIODOME #...... ISDRH PROSODIE ...... BOISSET (LY)...... GEL 2000...... SPORT ELEC S...... d ONET #......

C C ± ± ± ± QHTDWW IDRU PSDUQ ITVDUV IDIS VP SQUDVV HDQT PUDSH IVHDQW IDVS ISDHP WVDSP PDUV IUDIS IIPDSH IDRU BVRP EX DT S...... RTDVH PROLOGUE SOF.... BOIZEL CHANO ... GENERALE LOC .... STALLERGENES ... ORGASYNTH ......

± ± ± ± ± TRDVI HDQH RDTH QHDIU QDWT IVDTH IPPDHI HDPT TWDUH RSUDPH HDPV RRDRH PWIDPR FFFF QWDII PSTDSR PDPP CAC SYSTEMES .... WDVV QUANTEL ...... BONDUELLE ...... GEODIS #...... STEF-TFE # ...... PARIS EXPO......

C ± ± USDRR PDTU QT PQTDIR HDHP TDIH RHDHI FFFF PDIS IRDIH FFFF PDIW IRDQU FFFF PIDQT IRHDII HDVV CEREP ...... IIDSH R2I SANTE ...... BOURGEOIS (L.....d G.E.P PASQUI ...... d SUPERVOX (B)...... d PAUL PREDAUL....

± ± ± ± RDIQ VDTW QPDIH PIHDST IDPQ SRDSH QSUDSH FFFF QWDWW PTPDQP FFFF TQ RIQDPS QDHU UDVS SIDRW RDVR CHEMUNEX #...... HDTQ RADOUX INTL ...... BRICE...... GFI INDUSTRI...... SYLEA...... PIER IMPORT......

C ± ± ± ± QIIDSV HDVQ IQDSH VVDSS QDSU RUDTH QIPDPR HDTQ IIPDIH UQSDQQ IDTT PHR IQQVDIS PDVS PIDPH IQWDHT FFFF COIL...... RUDSH RECIF #...... BRICORAMA #...... GFI INFORMAT .... TF1 ...... PISC. DESJOY ......

± ± ± ± ± ± IIRDUW PDUP PHDTH IQSDIQ IDWH IHHDIH TSTDTI PDQR THDQH QWSDSR IDHT IHDTH TWDSQ RDWQ PPDPH IRSDTP PDTQ CRYO INTERAC .... IUDSH REPONSE #...... BRIOCHE PASQ .... GO SPORT...... TOUPARGEL (L .... PLAST.VAL LO......

C C ± ± ± PTPDQV TDWU TDQS RIDTS HDUW RQ PVPDHT QDIS ISDVS IHQDWU FFFF IHU UHIDVU HDWR QTDWR PRPDQI HDIT CYBER PRES.P...... RH REGINA RUBEN.... BUT S.A...... FINANCIERE G .....d TRANSICIEL # ...... REGIONAL AIR .....

C ± ± ± ± VSDPU IDST PPDVT IRWDWS HDIU RWDSR QPRDWT HDIP SRSH QSURWDTT FFFF QQDHS PITDUW IDQR QQDUH PPIDHT RDIP CYRANO # ...... IQ SAVEURS DE F ...... SOLERI...... GRAND MARNIE .. TRIGANO...... SECHE ENVIRO.....

C ± ± ISHDVU FFFF IP UVDUI IDPQ PW IWHDPQ IDQW SI QQRDSR FFFF IPSDPH VPIDPT PDIV UH RSWDIU FFFF DESK # ...... PQ SILICOMP # ...... CDA-CIE DES...... GROUPE BOURB .. UBI SOFT ENT ..... SERVICES ET ...... d

C C C ± ± IRDQU RDUV ITS IHVPDQQ SDUT QWDWH PTIDUQ HDHU IUDSQ IIRDWW HDHS RIPDIH PUHQDPH HDVI PHDHW IQIDUV FFFF DESK BS 98 ...... PDIW SERP RECYCLA ..... CEGEDIM # ...... GUERBET S.A...... a UNILOG...... SICAL......

C C ± ± ± ± SSDUT HDQS PVDTH IVUDTH HDTW IHPDPH TUHDQW HDIW RH PTPDQV PDVP PIDRS IRHDUH PDSH STDWH QUQDPR HDIU DMS # ...... VDSH SOI TEC SILI ...... CERG-FINANCE....a GUY DEGRENNE .. VIEL ET CIE...... SMOBY (LY) #......

C ± ± ± RSDWP HDST PPDHW IRRDWH FFFF PWDWS IWTDRT HDIT SIDSH QQUDVP Q UUDUS SIHDHI PDVI IHUDWH UHUDUV FFFF DURAND ALLIZ.... U STACI #...... d CGBI ...... GUYOMARC H N .. VILMOR.CLAUS.... SODICE EXP.( ......

C C C ± HDPW WDQH RDRW SSWDPH HDWR TDIU VDRH SSDIH FFFF VU SUHDTV PDPR SQDSH QSHDWR SIDUS QQWDRT FFFF DURAN DUBOI..... VSDPS STELAX ...... CLAYEUX (LY)...... HERMES INTL ...... VIRBAC ...... SOFIBUS......

C C C ± IPQDWV FFFF IW IPRDTQ QDPT RIDUS PUQDVT FFFF IHQDSH TUVDWP HDRV WHDWS SWTDSW HDHS QQDSS PPHDHU HDHP EFFIK #...... IVDWH SYNELEC #...... CNIM CA# ...... HYPARLO #(LY...... WALTER # ...... SOGEPAG(PARC ...

C C ± ± IQVDSR TDWT PDUH IUDUI IDVI SSDUH QTSDQU HDHV QHDPH IWVDIH RDIQ IQPDSH VTWDIR FFFF STDRH QTWDWT FFFF ESKER ...... PIDIP LA TETE D.L...... COFITEM-COFI .... I.C.C.#...... AFE ...... d SOLVING # ...... d

C C C ± ± ± PVWDWQ HDTU PVDWU IWHDHQ HDIH TRDVH RPSDHT HDQH RWDVH QPTDTU IDWT RHDSH PTSDTT QDVI VDIW SQDUP S EUROFINS SCI...... RRDPH THERMATECH I.... CIE FIN.ST-H...... IMMOB.BATIBA .... AFIBEL ...... S.T. DUPONT......

C ± ± ± ± TRDWR FFFF IITDIH UTIDSU RDVQ ISPDPH WWVDQU HDSP WDVP TRDRI HDSH QRDPH PPRDQR PDPV RQ PVPDHT IDUS EURO.CARGO S .... WDWH TITUS INTERA ...... C.A. PARIS I...... IMS(INT.META ..... AIRFEU#(NS)...... STEDIM # ......

C C ± ± ± QUQDWH UDSR IHHDTH TSWDVW FFFF RWDQW QPQDWV HDPP QWDTQ PSWDWT QDQR PWDSH IWQDSI PDWT IWDSH IPUDWI PDTQ EUROPSTAT #...... SU TITUS INTER...... d C.A.ILLE & V...... INFO REALITE ...... ALAIN MANOUK .. SURCOUF......

C C C C ± WIDVQ FFFF QSDVS PQSDIT QDQI RWDQW QPQDWV HDQP TDUS RRDPV PDQI UPDPS RUQDWQ HDQR VWDQS SVTDIH HDQW FABMASTER # ...... IR TRANSGENE # ...... C.A.LOIRE AT...... INT. COMPUTE..... BQUE TARNEAU... SYLIS # ......

C C ± ± PHHDHU IDTT IHDQS TUDVW HDRV RVDWR QPIDHQ FFFF IPH UVUDIS QDPP UTDPH RWWDVR FFFF SIDTH QQVDRU HDWS FI SYSTEM #...... QHDSH TR SERVICES...... C.A.MORBIHAN.... JET MULTIMED .... BIOPAT ...... TEAMLOG #......

C ± ± ± SQDUW PDQV RDSH PWDSP PDPU UQDHS RUWDIV FFFF WPDSH THTDUT HDSQ WPDQS THSDUV FFFF RQDWS PVVDPW IDRS FLOREANE MED... VDPH V CON TELEC...... C.A.DU NORD#..... LATECOERE # ...... C.A.GIRONDE...... THERMADOR GP..

C ± ± ± QUPDSV HDQS SDTR QU HDIU TQDSH RITDSQ PDSV III UPVDII FFFF RPDTH PUWDRR FFFF IRDPH WQDIS PDRH GENERIX # ...... STDVH WESTERN TELE .... C.A. OISE CC ...... L.D.C...... C.A.LOIRE/H...... THERMOCOMPAC

C C ± UIDSH FFFF VV SUUDPR FFFF UDRH RVDSR HDVH TQDPH RIRDST HDPQ IHTDSH TWVDSW HDIV GENESYS # ...... IHDWH ...... C.A.PAS DE C...... LECTRA SYST...... C.A. MIDI CC...... UNION FIN.FR .....

C C C C ± QIVDIR IDHR UVDIS SIPDTQ IDPQ RWDUH QPTDHI HDIH SQDWH QSQDST IDVP SP QRIDIH PDWU GENSET...... RVDSH ...... C.A.TOULOUSE..... LEON BRUXELL .... C.A. SOMME C ..... VRANKEN MONO.

± ± IPRDTQ IDHR RP PUSDSH FFFF PH IQIDIW IDPQ SU QUQDWH FFFF QRDPH PPRDQR FFFF GROUPE D # ...... IW ...... CRCAM CCI NV ....d LOUIS DREYFU..... CR.AG.SUD RH..... VULCANIC # ...... d

´ ´ PRIHDWU HQGHS IWHSDSH IPRWWDPT IUGHS ITHDUT IHSRDSP IRGHS IWDPS IPTDPU ITGHS NORD SUD DEVELOP. D ...... QTUDSS MONE.J C...... SLIVINTER...... INTENSYS C ......

SPHRDUT IRGHS IUDIU IIPDTQ ITGHS ´ UWQDRT IISTVDUW IUGHS MONE.J D ...... IUTQDTS TRILION...... INTENSYS D......

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDC

PPIDSU IRSQDRH ITGHS TPTDWT IRGHS

SICAV OBLIFUTUR C...... WSDSV Fonds communs de placements KALEı¨S DYNAMISME C ......

SHDPP QPWDRP ITGHS PIVDRT IRQQ ITGHS SSUDST IRGHS

PATRIMOINE RETRAITE C.... OBLIFUTUR D...... VS KALEIS DYNAMISME D......

IPTPIDTT HTGHS

ACTILION DYNAMIQUE C.... IWPRDIT

QHQDSI ITGHS RTDPU ´ IWSDIQ IPUWDWU ITGHS IQVTDQH IRGHS

PATRIMOINE RETRAITE D ... ORACTION...... PIIDQR KALEı¨SEQUILIBRE C ......

IPTPIDTT HTGHS

ACTILION DYNAMIQUE D.... IWPRDIT

´ IWPDHW IPTHDHQ ITGHS IIWIDRI IRGHS

REVENU-VERT ...... IVIDTQ ´ KALEIS EQUILIBRE D...... IIWUIDRV HTGHS

ACTILION EQUILIBRE C ...... IVPSDHR

FCP ´ ´ ´ IIVR ITGHS ´ ´ IVHDSH

IIWDUV IPGHS

Minitel : SEVEA ...... IVDPT ´ KALEı¨SSERENITE C...... IIURIDUH HTGHS

ACTILION EQUILIBRE D...... IUWHDHI

´ ´ ´ IITIDQU ITGHS

´ IUUDHS PIQWUDSI IRGHS

3616 CDC TRESOR (1,29 F/mn) SYNTHESIS ...... QPTPDHQ ´ KALEIS SERENITE D ...... IHVVP HTGHS

ACTILION PEA EQUIL...... ITSVDWS

ne se le™tionF

PQDUR ISSDUP ITGHS

QSHDPP IRGHS

UNIVERS ACTIONS ...... SQDQW LATITUDE C ......

IIPWHDRH HTGHS

ACTILION PRUDENCE C ...... IUPIDPI PHVHRDQQ ITGHS

FONSICAV C ...... QIUIDTH

IQSDTS ITGHS

´ PHDTV IPHSDHT IUGHS

MONE ASSOCIATIONS...... IVQDUI LATITUDE D......

IIHTUDRR HTGHS

´ ˆ ACTILION PRUDENCE D...... ITVUDPP PHUPWDVV ITGHS

MUTUAL. DEPOTS SIC. C ..... QITHDPS

TWRDHU ITGHS

ˆ OBLITYS D...... IHSDVI IPWVDSQ IUGHS Cours de cloture le 14 mai UNIVAR C ...... IWUDWT

TIHDHR IRGHS

LION ACTION EURO ...... WQ

´ PUPDVI ITGHS

PLENITUDE D PEA ...... RIDSW IPIUDRT IUGHS

Sicav en ligne : UNIVAR D...... IVSDTH

SVV IRGHS

LION PEA EURO...... VWDTR

IRTVWDHR ITGHS

POSTE GESTION D...... PPQWDQQ PUHDWV IRGHS

e 08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) UNIVERS-OBLIGATIONS ...... RIDQI

Valeurs unitaires Date ` RPVHSDUW ITGHS

E´metteurs f ´ POSTE PREMIERE SI...... TSPSDUH RHUDSS ITGHS

¤uros francsee cours ECUR. ACT. FUT.D PEA...... TPDIQ Fonds communs de placements ` PSTQWHDII ITGHS

´ POSTE PREMIERE 1 AN...... QWHVTDRP

PURDSP ITGHS

ECUR. CAPITALISATION C.... RIDVS IVVPDRH IPGHS

INDOCAM VAL. RESTR...... PVTDWU ` SSQVWDUQ ITGHS

POSTE PREMIERE 2-3...... VRRRDII

IQPDQU IPGHS

AGIPI ´ PHDIV VVQHWDPH ITGHS

ECUR. EXPANSION C...... IQRTPDTS CM EURO PEA...... PTWDSQ IIGHS

MASTER ACTIONS ...... RIDHW

SQVSDWQ ITGHS

REVENUS TRIMESTR. D ...... VPIDHV

PIRDWT IRGHS

´ ´ QPDUU RTIUDTU ITGHS

ECUR. GEOVALEURS C...... UHQDWT CM FRANCE ACTIONS ......

PWDPT IWIDWQ IIGHS

ITVDQP IRGHS

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PSDTT MASTER OBLIGATIONS ...... ´ IIPSDUS ITGHS

THESORA C ...... IUIDTP

IURDSS IRGHS

´ PTDTI QPRDIU ITGHS

ECUR. INVESTIS. D PEA...... RWDRP CM MID. ACT. FRANCE......

PHDHU IQIDTS IPGHS IUPDTS IRGHS

AGIPI ACTIONS (AXA)...... PTDQP OPTALIS DYNAMIQ. C ...... ´ WUHDHW ITGHS

THESORA D...... IRUDVW

PPHSDSP IRGHS

´ ´ QQTDPQ IQTQDIR ITGHS

EC. MONET.C/10 30/11/98...... PHUDVI CM MONDE ACTIONS......

IQHDQR IPGHS

OPTALIS DYNAMIQ. D...... IWDVU ´ PVQHUHDTQ ITGHS

TRESORYS C...... RQISQDVR

UHUDRS IRGHS

´ ´ IHUDVS IPPWDUP ITGHS

EC. MONET.D/10 30/11/98...... IVUDRU ´ CM OBLIG. LONG TERME....

IPRDSU IPGHS

3615 BNP OPTALIS EQUILIB. C ...... IVDWW PRIIDQH ITGHS

SOLSTICE D...... QTUDTH

IVUDVH IRGHS ´ ´ PVDTQ

QQRDRU ITGHS

ECUR. TRESORERIE C...... SHDWW ´ CM OPTION DYNAM...... IPIDQS IPGHS

OPTALIS EQUILIB. D...... IVDSH ´ QQHDHV IRGHS

´ ´ SHDQP QHSDUR ITGHS

´ ECUR. TRESORERIE D ...... RTDTI CM OPTION EQUIL...... IRPSPIDPI WQRVUUDVS IRGHS

IIVDWW IPGHS

ANTIGONE TRESORIE...... OPTALIS EXPANSION C ...... IVDIR SG ASSET MANAGEMENT

WWVDSH IRGHS

´ ISPDPP PHPQDVW ITGHS

ECUR. TRIMESTRIEL D...... QHVDSR CM OBLIG. COURT TERME .. PPVRDVT IRWVUDUH IRGHS

IIVDWW IPGHS

NATIO COURT TERME ...... OPTALIS EXPANSION D...... IVDIR Serveur vocal :

PHVWDTV IRGHS

´ QIVDSU IWPDUW ITGHS

EPARCOURT-SICAV D...... PWDQW CM OBLIG. MOYEN TERME . RHUHPPDRQ IRGHS

TPHSHDIU ´ ´ ´ IIQDHW IPGHS

NATIO COURT TERME 2 ...... OPTALIS SERENITE C...... IUDPR 08 36 68 36 62 (2,23 F/mn)

IIIRDRI IRGHS

´ ITWDVW IRRSSDRT ITGHS

GEOPTIM C ...... PPHQDUP CM OBLIG. QUATRE......

PPIWDTQ IRGHS

NATIO EPARGNE...... QQVDQV ´ ´ ´

IHVDHR IPGHS

OPTALIS SERENITE D ...... ITDRU ´ QWWHPDUV IPGHS

´ ACTIMONETAIRE C ...... THVQDIR IPWRIDIV ITGHS

GEOPTIM D...... IWUPDVU

RRUQDQT IRGHS

NATIO EP. CROISSANCE ...... TVIDWT Fonds communs de placements

SPSDTV IIGHS

PACTE SOL. LOGEM...... VHDIR ´ QHUUSDSQ IPGHS

ACTIMONETAIRE D...... RTWIDUH

QIHWDHR ITGHS

HORIZON C...... RUQDWU

IVPDRP IRGHS

PUDVI ´ IIUDVI IRGHS

NATIO EP. PATRIMOINE...... IUDWT

SQVDUR IIGHS

PACTE VERT T. MONDE...... VPDIQ CM OPTION MODERATION . IHUVDPH IPGHS

´ ´ CADENCE 1 D...... ITRDQU IHQDWU ITGHS

PREVOYANCE ECUR. D...... ISDVS PHUDIS IRGHS

NATIO EPARG. RETRAITE..... QIDSV

IHTUDSU IPGHS

´ LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE CADENCE 2 D...... ITPDUS IPPHIDPT IRGHS

NATIO EPARGNE TRESOR.... IVTHDHU

IHTTDQP IPGHS

CIC BANQUES CADENCE 3 D...... ITPDST

PPIDSW IRSQDSR IRGHS

SPIDHW IRGHS

NATIO EURO VALEURS ...... ´ ASIE 2000...... UWDRR ´

RPUDUS IPGHS

CREDIT AGRICOLE CAPIMONETAIRE C ...... TSDPI

IIRTDPV IRGHS

IURDUS ´ PPQWPDWW IRGHS

NATIO EURO OBLIG...... QRIQDUW

PIIDTV IRGHS

FRANCIC...... QPDPU SAINT-HONORE CAPITAL .... ´

QTVDPS IPGHS

08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) CAPIMONETAIRE D...... STDIR

IQRVDQP IRGHS

PHSDSS ´ ´

RIVDVW IRGHS

NATIO EURO OPPORT...... ST-HONORE MAR. EMER. .... TQDVT IVIDHR IRGHS

FRANCIC PIERRE...... PUDTH

QRHDHS IPGHS

´ INTEROBLIG C ...... SIDVR RPDUW PVHDTV IRGHS

PQPUDQR IRGHS

QSRDVH ATOUT AMERIQUE ...... ´ TIIDTV IRGHS

NATIO EURO PERSPECT...... ´ ST-HONORE PACIFIQUE ...... WQDPS PVIDVH IRGHS

EUROPE REGIONS...... RPDWT ´ RVQDVQ IPGHS

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NATIO IMMOBILIER...... ST-HONORE VIE SANTE ...... QPHDQI ´ ´ IPHHDRU IPGHS

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IPHPDIU IRGHS IVQDPU ATOUT CROISSANCE......

NATIO INTER...... ´ IRWPDVW IPGHS

CIC PARIS SELECT DYNAMIQUE C ...... PPUDSW

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STWUDUI IRGHS VTVDTI ATOUT FONCIER......

NATIO MONETAIRE C...... ´ ´ IHSUDPU IPGHS

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NATIO MONETAIRE D...... UWWDSP ATOUT FRANCE EUROPE .....

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NATIO OBLIG. LT...... QSDSV ATOUT FRANCE MONDE......

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NATIO PLACEMENT C...... IPTHWDUI DIEZE ......

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EPARCIC ...... UVTDTQ Sicav Info Poste : SOGENFRANCE D...... SQWDHI QSQSDTU IRGHS

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MENSUELCIC...... ISHTDVR 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) SOGEOBLIG D ...... IIHDVP UPTDWQ IPGHS

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NATIO REVENUS...... ´ RUDPS QHWDWR IPGHS

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OBLICIC MONDIAL...... TVQDHV ´ SOGEPARGNE D...... PTDSR IURDHW ITGHS PSQHDQS IPGHS

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NATIO SECURITE ...... IUUHDHS INDICIA FRANCE...... AMPLITUDE AMERIQUE C ...

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OBLICIC Re´GIONS ...... IWQDSU ´ SOGINTER C...... PTDRT IUQDSU ITGHS PRV ITPTDUU IRGHS

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´ ´ ´ PVQQDTH HQGHS ISSVDPI IHPPIDIW IPGHS RPDIU PUTDTP IRGHS IHQDSI TUVDWV ITGHS NORD SUD DEVELOP. C...... RQIDWV MONEDYN ...... SLIVARENTE ...... GEOBILYS D...... LeMonde Job: WMQ1805--0025-0 WAS LMQ1805-25 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:15 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0598 Lcp: 700 CMYK

25 AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999

SPORTS Quatrième épreuve du L’Allemand doit sa victoire à un fa- réalisé le premier doublé de son his- cedes au classement des construc- noplaces anglo-saxonnes. b LA SEP- championnat du monde de for- buleux départ qui lui permit de dé- toire à Monaco. Victorieuse de deux teurs. b LE CHAMPIONNAT du TIÈME place de Jarno Trulli ne doit mule 1, le Grand Prix de Monaco a passer son rival finlandais Mika Hak- précédents grands prix cette saison monde est loin, cependant, d’être pas cacher les progrès réalisés par été remporté, dimanche 16 mai, par kinen. b GRÂCE à la deuxième place (Australie et Saint-Marin), la Scude- terminé. Les prochaines épreuves l’écurie d’Alain Prost après une sai- Michael Schumacher sur Ferrari. acquise par Eddie Irvine, Ferrari a ria creuse l’écart sur McLaren-Mer- sont a priori plus favorables aux mo- son 1998 catastrophique. A Monaco, Michael Schumacher réussit parfaitement son festival Auteur d’un départ idéal, le double champion du monde (1994, 1995) a gagné le plus sélect et le plus difficile des Grands Prix de formule 1 pour la quatrième fois de sa carrière. Son coéquipier, Eddie Irvine, deuxième, permet à Ferrari de réaliser son premier doublé monégasque « C’EST FABULEUX... Superbe... mance. « Sur la grille, racontait-il, course dont il avait cru un peu trop Incroyable... Brillant... Ahurissant... j’étais juste derrière Mika. Au dé- tôt qu’elle serait sienne. Enfin, c’est excitant quoi ! » Si on ne part, il a patiné, ou bien il a bougé Dès lors, débarassé du souci de la l’avait interrompu, Mika Hakkinen, pour m’empêcher de passer, mais j’y protection de ses arrières, le roi du le pilote vedette de l’écurie McLa- suis allé sans trop de risque. » départ pouvait se consacrer à la ren-Mercedes, aurait épuisé toute Il était 14 heures plus une poi- victoire sans trop se soucier du dé- la collection d’adjectifs du diction- gnée de secondes et le chevalier de passement de ces maudits attardés naire. Qu’il était heureux, samedi la Scuderia virait en tête à Sainte- auxquels il a, finalement, rendu 15 mai, le brave Finlandais ! C’est Dévote. Selon les statisticiens, il hommage : « Il m’ont laissé passer. qu’il venait de conquérir, ici, à Mo- avait course gagnée. Ils ont été très fair-play. » Il pouvait naco, la pole-position du plus déli- Lui-même ne s’y trompait pas : rayer de sa mémoire la piteuse cat des grands prix. Autant dire que « Je savais que si j’arrivais à passer prestation dont il avait gratifié le la victoire l’attendait. devant à cet endroit-là, je ne risquais public du Grand Prix 1998 (deux ac- Le lendemain, sur le coup de plus grand-chose. C’était fait. Il me crochages, une 10e place). Il pou- 16 heures, une fois le drapeau à da- restait seulement à creuser l’écart vait, enfin, réfléchir à la phrase du miers abaissé sur ce qui est, en pour ravitailler (n.d.l.r : une fois au jour. temps ordinaire, une artère réser- 42e tour) tranquillement et répartir « Etre pilote de formule 1, c’est dé- vée aux touristes, le même homme sans rien changer à notre stratégie. » jà quelque chose de spécial. Gagner observait un silence blessé. Aucun Prudent ou fier, Michael Schuma- une course de formule 1, c’est super mot, aucun adjectif, aucun sourire. cher se refusait pourtant à livrer spécial. Et gagner l’épreuve la plus Qu’il était déçu, dimanche 16 mai, son véritable secret. Pour le percer, prestigieuse du circuit, c’est encore le pauvre Finlandais ! C’est qu’il ve- il fallait éplucher son emploi du plus super spécial », a-t-il lancé au nait de perdre, ici, en terre moné- temps de la semaine. pied du podium où trois généra- gasque, le plus prestigieux des tions de Grimaldi, Rainier, Albert et Grands Prix de la saison. Autant « ICI, IL VAUT MIEUX MENER « Andrea, venaient de lui remettre dire que la peine était son unique Vendredi 14 mai, profitant du son trophée. Trente-cinq victoires lot. traditionnel après-midi de relâche en Grand Prix, seize succès avec

A quelques mètres de là, l’Alle- que les essais du Grand Prix ac- AFP Ferrari, quatre triomphes à Mona- mand Michael Schumacher, l’en- corde à ses héros, il avait rejoint Ferrari réalise le premier doublé de son histoire à Monaco. co expliquaient son sourire. fant chéri de Ferrari et, donc, du Fiorano (Italie), le circuit privé de Pour autant, à l’image de Jean public italien, triomphait. Vain- l’écurie Ferrari par hélicoptère, his- n’en est pas un mais que Mika avait glissé Michael Schumacher mystère. « J’ai eu une seconde de Todt, team manager avisé, l’écurie queur sur le circuit princier pour la toire, disait-on, de roder un peu Hakkinen a, peut-être, négligé. pour expliquer son courroux avant déconcentration, confiait-il, à l’arri- italienne s’est bien gardée d’« en- quatrième fois de sa carrière – il plus la quatrième voiture de la for- Ayant retrouvé l’usage de la parole, de s’en prendre aux attardés ac- vée. Mais je ne sais toujours pas ce foncer » la concurrence. Diploma- s’était déjà imposé en 1994, 1995 et mation. En fait, il avait profité de il reconnaissait avoir « patiné en cusés de lui avoir interdit la qui s’est réellement passé. » Comble tie ? Pas seulement. Les trois pro- 1997 –, il se rapprochait de feu Ayr- l’occasion pour multiplier les mises accélérant au démarrage » et, par conquête de la place de vainqueur de malheur, à la faveur d’une de ces chaines courses – en Espagne, au ton Senna (six victoires, 1987, 1989, en situation de départ, une phase conséquent, admettait avoir facilité présumé. complexes batailles de ravitaille- Canada et en France –, disputées 1990, 1991, 1992, 1993), du regretté de course décisive à Monaco. La la tâche de son rival le plus sérieux. Dimanche, Mika Hakkinen a pu ment dont le stratège de Ferrari, sur des circuits très rapides, sont Graham Hill (cinq succès, 1963, précision n’est plus l’apanage des Juste retour des choses. La veille, vérifier la justesse de la sentence. Ross Brown, se régale, Eddie Irvine, théoriquement plus favorables aux 1964, 1965, 1968, 1969) et du « pro- Suisses. lors de la dernière séance d’essais, Tandis que l’Allemand empruntait qui avait imité son coéquipier Mi- véhicules à moteur allemand. Mais fesseur » Alain Prost (quatre bou- Enfin, avant de répondre aux il lui avait compliqué la partie en une voie à la fois royale et prin- chael Schumacher en « sautant » la théorie dit aussi que le pilote qui quets, 1984, 1985, 1986, 1988). ordres du starter, il avait effectué s’emparant de la pole position lors cière, lui s’empêtrait dans sa pour- dès le départ le Britannique David s’adjuge la pole position moné- Sous le regard froid du Finlan- un tour de chauffe particulière- de l’ultime tour de qualification. Un suite. Au 39e tour, il faisait un Coulthard (McLaren-Mercedes), gasque a toutes les chances de dais, le double champion du ment vigoureux. But de la ma- miracle, à en juger par la débauche « tout droit » avant le virage Mira- passait Mika Hakkinen. A l’entame s’imposer. monde (1994, 1995) expliquait, dé- nœuvre : échauffer correctement verbale sus-mentionnée du Finlan- beau et perdait 18 secondes. Une du 52e tour, le Finlandais se voyait cortiquait, analysait sa perfor- ses pneumatiques. Un détail qui dais. « Ici, il vaut mieux mener », autre catastrophe qui restait un relégué à la troisième place d’une Michel Dalloni

Les classements

Week-end à la chicane pour le chef de poste Gérard Tamaro b Grand Prix de Monaco, MONACO la sortie du tunnel, à 70 km/h à l’entrée de en formule 1 rien ne se perd. « Le volant de terton ou leurs clés à pipe à l’intérieur des quatrième épreuve du de notre envoyé spécial l’obstacle en essuyant une tempête de pous- Jarno Trulli, par exemple, vaut entre 250 000 et jantes, ce qui nous valait de les voir voler au Championnat du monde de Combinaison orange, casquette bleue, sou- sière de carbone provoquée par le freinage 450 000 francs (38 112 à 68 602 ¤), explique dessus de nos têtes, et nous, nous suivons une Formule 1. 1. Michael Schumacher liers de travail, regard accéré, Gérard Tamaro, n’a rien de banal, à moins d’habiter à proxi- notre chef de poste. Alors, une fois qu’il a formation rigoureuse. » (All/Ferrari) les 78 tours de cinquante-cinq ans, chef de poste sur la plus mité de la ligne droite des Hunaudières. quitté sa voiture, nous récupérons l’objet et Chaque année, en mars, les cinq cent 3,367 km soit 262,626 km en fameuse des chicanes de l’histoire de la for- Mais il arrive parfois que le commissaire nous le confions à un membre de l’écurie dont quatre-vingt-quatorze commissaires de piste 1 h 49 min31 s812 (moyenne : mule 1 depuis trente ans, joue les manne- Tamaro ne s’essuie pas. Dimanche, lors d’un nous portons le nom sur un registre, afin d’évi- sont convoqués une journée à la Turbie 143,864 km/h) ; 2. Eddie Irvine quins. Sa photo illustre la page 39 du pro- de ses 78 tours de piste, Michael Schumacher ter les réclamations. » Les autres éléments, (Alpes-Maritimes), sur les hauteurs de (Irl/Ferrari) à 30 s 476 ; 3. Mika gramme officiel du Grand Prix de Monaco a oublié la chicane. Il n’en a pas pour autant eux, sont récoltés à la faveur de chocs ou Monaco, pour y subir une batterie de tests Hakkinen (Fin/McLaren-Mercedes) 1999. Ce n’est pas un hasard, la durée de sa emprunté l’échappatoire ; non, il a tout sim- d’accrochages, mais sont rendus à leur pro- physiques – genre parcours du combattant – à 37s483 ; 4. Heinz-Harald carrière monégasque et ses états de service plement « tiré droit », mordant sur la partie priétaire selon la même procédure. et techniques – simulation incendie, désincar- Frentzen (All/Jordan-Mugen en font un des commissaires les plus prisés du relevée et bariolée de rouge et de blanc de la Si ce chef d’entreprise de bâtiment, installé cération d’un pilote, évacuation par grue... Honda) à 54s009 ; 5. Giancarlo circuit. Mais lui ne le dira jamais. chaussée, dont il a pu se féliciter au passage à Mandelieu (Alpes-Maritimes), est devenu Tous sont éliminatoires. A l’issue de cette ses- Fisichella (Ita/Benetton-Supertec) Ce qu’il assure, en revanche, c’est qu’il a qu’elle ne soit plus équipée d’un de ces commissaire, ce n’est évidemment pas par sion, chaque poste est invité à critiquer sa à un tour ; 6. Alexander Wurz passé, samedi 15 et dimanche 16 mai, un vibreurs déstabilisants. Pas de freinage, pas goût de la cueillette, mais bien par passion. prestation sur cassette vidéo. (Aut/Benetton-Supertec) à un week-end « tranquille ». Pas de sortie de de tempête. Pilote de rallye amateur au milieu des L’âge compte aussi. A cinquante-cinq ans, tour ; 7. Jarno Trulli route – il s’en félicite –, pas d’intervention des années 60 – la côte de l’Ampus (Var) garde un Gérard Tamaro a atteint celui de la retraite. (Ita/Prost-Peugeot) à un tour ; grues – il s’en réjouit –, pas d’objets volants DÉSORMAIS, EN F 1, RIEN NE SE PERD souvenir ému de l’équipage Tamaro-Sabella Mais l’ACM n’a pas voulu le priver du Grand 8. Alessandro Zanardi non identifiés catapultés par les bolides – il Alors, quand il n’y a rien à essuyer, les –, il a fini par rejoindre les rangs de l’Auto- Prix 2000. Elle l’a repêché. De toute façon, il a (Ita/Williams-Supertec) à deux s’en frotte encore les mains. Il a dû juste faire hommes de Gérard Tamaro – douze commis- mobile Club de Monaco (ACM), organisateur déjà réalisé son rêve : « En 1980, j’ai roulé en tours ; 9. Rubens Barrichello procéder à l’évacuation de la Prost-Peugeot saires, dix pompiers, quatre infirmiers-bran- et du Grand Prix et du Rallye de Monte- F 1 sur le circuit. Une Brabham avait aban- (Bré/Stewart-Ford) à sept tours. de Jarno Trulli, tombée en panne sèche à ses cardiers, deux médecins-réanimateurs, deux Carlo. donné chez nous. Après la course, il fallait la b Championnat du monde des pieds, une fois la ligne d’arrivée franchie. médecins-généralistes, deux grutiers – Il se souvient bien de ses débuts : « On était ramener à la ficelle (n.d.l.r., la remorquer) pilotes : 1. Michael Schumacher Pour le reste, la routine. Seulement, voilà, la ramassent. Au hasard des passages, ils en jean et on portait seulement un brassard. On jusqu’aux stands. Je me suis désigné. Un demi- (All), 26 points ; 2. Eddie Irvine routine du chef de poste de la chicane n’est récupèrent des bouts d’aileron, des morceaux faisait notre boulot sérieusement, mais ça res- tour de piste traîné par un camion. J’étais heu- (Irl), 18 pts ; 3. Mika Hakkinen pas une routine comme les autres. Pour le de carrosserie, des pièces de suspension ou tait décontracté. Aujourd’hui, tout est plus pro- reux, très fier. » (Fin), 14 pts ; 4. Heinz-Harald quidam, elle aurait même des airs d’aventure. bien un volant. Une fois qu’ils ont bien fessionnel, la sécurité comme la course. Les Frentzen (All), 13 pts ; 5. Ralf C’est que voir des autos passer de 285 km/h, à ramassé, ils restituent, parce que, désormais, mécanos n’oublient plus leurs rouleaux de chat- M. D. Schumacher (All), 7 pts ; 6. Giancarlo Fisichella (Ita), 7 pts ; 7. David Coulthard (G-B), 6 pts ; 8. Rubens Barrichello (Bré), 6 pts ; 9. Damon Hill (G-B), 3 pts. L’écurie Prost se hâte lentement mais sûrement b Championnat du monde des UNE ONCE de patience. La for- rière et suis parti tout droit dans ments de la nouvelle écurie BAR culeuse sixième place obtenue par course », se satisfait un Alain Prost constructeurs : 1. Ferrari : mule 1 a beau réclamer de ses pi- l’échappatoire pour ne pas heurter le rappellent que, de l’ambition à la Jarno Trulli lors d’un grand prix de que l’on a rarement vu si confiant 44 points ; 2. McLaren-Mercedes : lotes qu’ils soient les plus rapides à rail. » Résultat : à trop vouloir ga- réalité, le fossé est parfois énorme : Belgique marqué par des accidents depuis ses débuts en tant que patron 20 pts ; 3. Jordan-Mugen Honda : tout moment et à tout endroit, la gner une place, Jarno Trulli en per- l’équipe créée par le champion du en cascade, l’écurie aurait terminé d’écurie. L’ancien avance plusieurs 16 pts ; 4. Benetton-Supertec : discipline reine du sport automobile dra finalement une. monde 1997, Jacques Villeneuve, et l’année bredouille. explications. Il avoue ainsi être 8 pts ; 5. Williams-Supertec : 7 pts ; exige parfois de ses conducteurs Un malheur n’arrivant jamais seul, son manager, Craig Pollock, n’est « Il n’y avait aucune raison pour moins directif cette année avec son 6. Stewart-Ford : 6 pts ; 7. Arrows : qu’ils rongent leur frein. Une once Trulli apprendra un peu plus tard toujours pas parvenue à terminer la que cela se passe mieux en 1998. Et il personnel. Il se réjouit également de 1 pt ; Prost-Peugeot : 1 pt ; de patience, donc. C’est ce qu’il a l’abandon du Brésilien Rubens Bar- moindre course, en dépit de moyens n’y aucune raison pour que nous la cohabitation pacifique entre son Sauber-Petronas : 1 pt. manqué à Jarno Trulli, jeune pilote richello (Stewart-Ford) alors classé énormes et de promesses de vic- soyons champions du monde cette an- directeur technique, Bernard Dudot, b Prochain Grand Prix à de vingt-quatre ans, dimanche cinquième. S’il était resté tranquille- toires tonitruantes. née », déclare aujourd’hui Alain et l’ingénieur anglais John Barnard Barcelone (Espagne) dimanche 16 mai sur le circuit en ville de Mo- ment « en attente » derrière le pelo- Prost. Que des progrès aient été ac- arrivé en début d’année en tant que 30 mai. naco. La scène se déroule à environ ton de tête, l’Italien aurait marqué UN SCÉNARIO CATASTROPHE complis est une évidence. Lors du consultant. quinze tours de la fin de la course et son premier point cette saison, et le Alain Prost, lui, a au moins une précédent Grand Prix, à Imola le Peugeot-Sport doit prochaine- l’Italien à la tête d’ange se retrouve deuxième pour Prost, Grand Prix certitude : il ne pourra pas faire pire, 2 mai, Olivier Panis a réalisé le cin- ment livrer une nouvelle version de classé septième. La médaille en cho- après celui gagné par Olivier Panis à cette année, qu’en 1998. Pour sa pre- quième meilleur tour en course, der- son moteur aux monoplaces bleues. colat le guette : les règlements de la Interlagos le 11 avril. mière saison en championnat du rière les deux Ferrari et les deux Alain Prost promet de son côté de Fédération internationale de l’auto- Ainsi en va-t-il de l’écurie fondée monde après le rachat de Ligier, McLaren-Mercedes, avant qu’une nouvelles améliorations sur le châs- mobile (FIA) ne distribuant des en 1997 par l’ancien quadruple l’écurie franco-française avait vécu panne de moteur l’empêche de ter- sis pour les semaines à venir. Le points qu’aux six premiers, terminer champion du monde. Tout nouveau un scénario catastrophe. Les raisons miner l’épreuve. Jeudi à Monaco « professeur », comme le surnom- un grand prix à la septième place est venu en formule 1 doit passer par se mêlaient. Il en allait tout aussi pour la première journée d’essais maient les Italiens lors de son pas- la chose qu’il faut, par excellence, cette longue et laborieuse conquête bien de l’incohérence d’une boîte de libres, le Grenoblois réalisa le troi- sage chez Ferrari, n’est pas homme éviter en formule 1. consistant à grapiller des points au vitesses trop rapidement conçue que sième chronomètre du jour. Di- pressé. Festina lente : hâte-toi lente- L’intrépide conducteur décide coup par coup. D’autres ont vécu ce- de la détérioration des relations avec manche, c’est un nouveau problème ment. Telle pourrait être la devise alors, de son propre chef, d’accélé- la bien avant Alain Prost. L’Irlandais le motoriste Peugeot, en passant par de propulsion qui le contraignit à d’une écurie dont l’objectif est de rer. « J’ai attaqué comme en qualifi- Eddie Jordan dut attendre sa sep- le déménagement des salariés de l’abandon. terminer dans les six premières cette cation pour passer sixième, raconte-t- tième saison sur les circuits pour Magny-Cours (Nièvre) vers une « On améliore la voiture Grand Prix saison. il après la course. En arrivant à remporter, en 1998, son tout premier nouvelle usine construite à Guyan- après Grand Prix, même si cela ne se Sainte-Dévote, j’ai bloqué les roues ar- Grand Prix. Aujourd’hui, les erre- court (Yvelines). Sans une mira- voit pas toujours à la fin de la Frédéric Potet LeMonde Job: WMQ1805--0026-0 WAS LMQ1805-26 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:19 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0599 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 AUJOURD’HUI-SPORTS

L’Assemblée nationale va discuter le passage Un an après son titre mondial, des clubs professionnels en sociétés anonymes Roxana Maracineanu Les députés socialistes prévoient également de protéger la formation des jeunes sportifs nage en eaux plus calmes Une proposition de loi sur le sport émanant du deux sujets : la création d’un nouveau statut (SASP), et la protection des centres de forma- groupe socialiste devrait être déposée, mardi juridique pour les clubs professionnels, la tion, actuellement menacés de devenir la proie 18 mai, à l’Assemblée nationale. Elle concerne société anonyme sportive professionnelle des grands clubs étrangers. Elle est l’attraction des Championnats de France LE GROUPE SOCIALISTE de (SAOS) et pourront également à la cotation des clubs profession- franco-français de la formation. SES FINES LUNETTES lui profitant d’un poste d’expatrié l’Assemblée nationale doit dépo- choisir la société d’économie mix- nels. La droite pourrait déposer un Certains clubs n’hésitent pas, en donnent un air sage et réfléchi. pour rallier l’Algérie. Puis rejoindre ser, mardi 18 mai, une proposition te sportive locale (SEMSL) ou en- amendement sur ce point-là. En- effet, à offrir aux parents de Derrière se cache un regard rêveur, la France et y trouver refuge. Roxa- de loi relative au statut des clubs core l’entreprise unipersonnelle fin, une dernière « entrave » aux jeunes prodiges des sommes verti- deux yeux bleus comme les flots na avait neuf ans. Trop jeune pour professionnels et à la protection sportive à responsabilité limitée règles classiques de la libre entre- gineuses pour recruter leurs en- qui se posent sur vous en attendant en avoir conservé tous les souve- de la forma- (EUSRL). La plupart des forma- prise est envisagée : les action- fants. la question, sans la moindre impa- nirs. tion des tions de première division de- naires d’une SASP (ou d’une La seconde mesure s’inscrit dans tience. Ses cheveux humides, Depuis son titre mondial, il lui a jeunes sportifs vraient toutefois opter pour la SAOS) ne pourront pas posséder le prolongement de la première : à preuve d’un entraînement matinal, pourtant fallu répéter les détails de en France. Le SASP. Cette structure, réclamée à des parts dans un autre club. La l’avenir, un joueur ayant bénéficié tombent sur ses épaules en dis- ce passé, se mêler de politique, document de- cor et à cri par les dirigeants des multipropriété des groupements de l’enseignement d’un centre de crètes boucles rousses. Ses ma- trouver les mots justes pour glisser vrait être dis- grands clubs français, rendra pos- sportifs – sujet actuellement dé- formation pendant au moins un nières sont polies. Son sourire rete- sans déraper d’un sujet sur l’exclu- cuté en séance sible, en effet, le partage des di- battu au Tribunal arbitral du sport an devra obligatoirement signer nu. Roxana Maracineanu est plutôt sion au statut d’immigré. «La publique les 10 videndes, ce qui ne manquera (TAS) de Lausanne (Le Monde du dans le même club son « premier jolie à regarder. Et agréable à écou- presse a aimé mon histoire, raconte- et 17 juin à d’attirer des nouveaux investis- 14 avril) – est perçue, par le gou- contrat d’engagement sportif », ter parler d’elle-même, la voix t-elle. Mais les gens ont souvent tout l’occasion des niches parlemen- seurs. vernement, « comme un danger d’une durée de trois ans. Si une douce et posée, assise au premier mélangé. La natation, je l’ai apprise taires accordées à chaque parti. Cette ouverture vers un plus pour l’incertitude des résultats ». De clarification doit encore être né- rang des spectateurs des Cham- en France, à Mulhouse. Je ne suis pas Les sept articles présentés de- grand libéralisme ne se fera pas, la même façon, un club n’aura pas cessaire entre la signification de ce pionnats de France de natation, qui arrivée bardée de médailles. Evoquer vaient, à l’origine, figurer dans la cependant, sans garde-fou. La le droit de consentir un prêt à un « premier contrat d’engagement ont eu lieu du 10 au 16 mai dans la mon pays d’origine ne me gêne pas. nouvelle loi d’orientation sur le SASP devra ainsi cohabiter avec autre club. sportif » et les différents contrats piscine de Dunkerque. Elle en est la Au contraire, j’aime la Roumanie, sport à laquelle travaille Marie- une association de type loi 1901. actuellement prévus par la Charte vedette, la première attraction. Une presque toute ma famille y habite George Buffet. Mais, en raison de Cette dernière aura la charge du L’ARRÊT BOSMAN ATTAQUÉ du footballeur (contrat aspirant, bronchite malvenue faillit lui causer toujours. Mais cette partie de ma vie l’embouteillage du calendrier par- secteur amateur et continuera à L’autre volet de la proposition contrat stagiaire, premier contrat une sérieuse déconvenue. Battue n’a rien à voir avec mon itinéraire lementaire, le lourd projet de la posséder le numéro d’affiliation de loi du groupe socialiste professionnel), cette clause est sur 200 m 4 nages et sur 100 m dos, sportif. Et cela m’agace d’entendre ministre de la jeunesse et des auprès de la Fédération française concerne la formation des jeunes une attaque à peine voilée contre elle s’est finalement imposée dans les gens parler encore de moi comme sports ne pouvait pas être discuté de football (FFF). Cette précaution joueurs. En février, le pays des l’arrêt Bosman et la libre circula- le 200 m dos. de la Roumaine. » avant la fin de l’année. La majorité empêchera que se créent des clubs champions du monde s’était ému tion des sportifs dans l’Union eu- C’est sur cette distance qu’en jan- a donc décidé d’accélérer le pro- totalement privés, sur le modèle de l’annonce du « transfert » d’un ropéenne. vier 1998, elle était devenue, un peu cessus afin de clarifier des situa- américain. L’association perdra, en footballeur de quinze ans, Jérémie La France n’est pas le seul pays à par suprise, championne du monde Franck Esposito, tions qualifiées d’« urgentes » dans revanche, sa minorité de blocage Aliadière, vers le club londonien partir en guerre sur ce terrain. Plu- dans les eaux du bassin de Perth le milieu du football professionnel. au sein de la structure (au- d’Arsenal (Le Monde du 16 février). sieurs gouvernements, comme (Australie). Depuis, elle s’en ex- chef de file Le premier point de la proposi- jourd’hui de 34 % dans une SAOS), Alors que d’autres élèves des l’Espagne, l’Allemagne ou l’Italie, cuserait presque. Et profite de tion de loi évoque la création mais elle sera liée à la SASP par centres de formation français s’apprêtent à voter des disposi- chaque occasion pour en atténuer de l’équipe de France d’une nouvelle structure juridique, une convention, cela afin que le pourraient, à leur tour, prendre le tions visant à limiter les mouve- l’importance. « Ce n’était pas un ex- la société anonyme sportive pro- secteur professionnel continue de chemin de l’exode, deux mesures ments de joueurs étrangers dans ploit, explique-t-elle. J’ai eu de la En bon capitaine, l’Antibois fessionnelle (SASP). C’est la pre- financer le milieu amateur. immédiates ont été imaginées. La leurs championnats respectifs. chance, toutes les filles de la finale Franck Esposito n’a cessé durant mière fois, dans un texte de loi sur Sociétés anonymes d’un genre première prévoit d’interdire toute Cette question, avec celle de la étaient à peu près du même niveau. la semaine des championnats de le sport, qu’apparaît le mot « pro- spécial, ces SASP se verront, « transaction commerciale » sur le lutte contre le dopage, sera au D’ailleurs, mon temps n’était pas ex- France de natation, qui se sont fessionnel ». Les clubs n’auront d’autre part, interdire l’entrée en dos d’un mineur. Cette disposition cœur du sommet des quinze mi- traordinaire. » Mais l’histoire a déjà achevés dimanche 16 mai à Dun- pas l’obligation de se constituer en Bourse. Selon une enquête d’opi- n’aura pas seulement pour effet de nistres des sports européens, les 1er enfermé son nom dans ses livres. kerque, de montrer l’exemple. SASP. Ils pourront continuer à nion réalisée par le ministère de la se prémunir contre les recruteurs et 2 juin à Paderborn (Allemagne). Avant Roxana Maracineanu, la na- Après avoir amélioré son record fonctionner sous le régime de la jeunesse et des sports, plus de étrangers ; elle devrait également tation française n’avait jamais pu de France du 200 m papillon société anonyme à objet sportif 80 % des Français seraient hostiles mettre de l’ordre dans le marché Frédéric Potet mettre la main sur la moindre (1min56s17) –4e meilleure per- championne du monde. Et il n’est formance mondiale de tous les pas sûr qu’elle en découvre une temps – mercredi 12 mai, il a si- autre de sitôt. gné, samedi 15 mai, la meilleure Au bout de l’ennui et de la polémique, le FC Nantes a enlevé la Coupe de France performance mondiale de l’an- RÊVE OLYMPIQUE née sur 100 m papillon (53 s 08). UN PENALTY CHAGRIN dans solante inclination à narguer l’ad- lendemain de la rencontre. «Un de France) et de retrouver au mois Ce premier titre de gloire n’a pas Un faux départ, puis un incident une partie assommante, des versaire, balle au pied, au lieu de scandale, nous avons été volés », de septembre la Coupe de l’UEFA. bousculé longtemps sa paisible technique au micro du starter larmes et des chants d’un convenu conclure les actions. Dès lors, il pestait l’entraîneur de Sedan, Pa- Avec cet argument supplémen- existence. Roxana Maracineanu a ont peut-être même coûté au absolu. Triste décompte des émo- semblait évident que la décision trick Rémy. Frédéric Da Rocha, taire, le club de Nantes, qui a lancé repris le chemin de la piscine, à vice-champion du monde du tions. C’est peu dire que la 81e fi- interviendrait sur une erreur indi- très embarrassé, évoquait une ac- un appel d’offres (Le Monde du Mulhouse, en abandonnant der- 200 m les quelques centièmes le nale de la Coupe de France, dispu- viduelle. Elle survenait à la 57e mi- tion similaire face au FC Metz qui 15 mai), devrait enfin trouver un rière elle cet encombrant excédent séparant du record du monde tée au Stade de France samedi nute quand Pascal Garibian, l’ar- ne lui avait pas valu le bénéfice de repreneur privé. Il n’est pas sûr, de bagages. « J’ai eu l’occasion de (52 s 94). 15 mai, n’imprégnera pas nos sou- bitre, accordait à la surprise la sanction suprême. Ce penalty pour autant, que les moyens fi- me rendre dans des endroits où je « Ces deux meilleures perfor- venirs. Ce duel si saugrenu entre le générale un penalty à la suite d’un très douteux transformé par Oli- nanciers seront réunis pour n’aurais jamais pensé aller, raconte- mances mondiales de l’année me FC Nantes Atlantique et le Club duel qui mettait aux prises le Nan- vier Monterrubio relancera forcé- conserver l’effectif. Le talentueux t-elle d’un ton neutre pour résumer permettent d’aller tranquille aux sportif de Sedan-Ardennes (1-0) tais Frédéric Da Rocha au Seda- ment l’inaltérable débat sur l’arbi- libero argentin Nestor Fabbri, arri- son entrée dans le gotha. Mais je ne championnats d’Europe à Istan- brassait tant d’inconnues qu’il nais Stéphane Borbiconi dans la trage alors que le président et le vé en juillet 1998, pourrait être cé- suis pas devenue une vedette du bul », s’est réjoui « Espo », qui a semblait devoir échapper à la ba- surface de réparation de l’équipe comité directeur de l’Union natio- dé pour réaliser une confortable showbiz. » Elle gagne désormais, à aussi permis la qualification du nalité en ce cadre dévolu à l’extra- ardennaise. Pour l’arbitre, bien nale des arbitres français (UNAF) plus-value. vingt-quatre ans, assez d’argent relais 4 nages. ordinaire. C’était mésestimer l’en- placé, le défenseur a poussé l’atta- ont démissionné au matin de la fi- pour payer son loyer, régler ses fac- jeu qui stérilise spontanéité et quant. nale pour des querelles byzan- LES TÊTES TOURNENT tures et se « débrouiller seule ». improvisation, ces qualités-éten- « En revoyant les images à la télé- tines. Il permet en tout cas au Les Sedanais, qui sont bien par- Mais encore trop peu pour assurer Elle en perdrait presque son dards de générations de footbal- vision, j’ai été conforté dans ma dé- FCNA d’étoffer son palmarès (sept tis pour remonter en première di- son avenir et « vivre comme une calme. Mais l’effet ne dure pas. Et leurs nantais. cision », a déclaré M. Garibian au titres de champion, deux Coupes vision après vingt-cinq ans de dé- rentière ». Elle ne s’en plaint pas. elle évoque les Jeux de Sydney, « Nous étions tendus depuis le dé- boires, vont à leur tour découvrir « La natation ne fabrique pas des as- sommet programmé de sa carrière but de la semaine », a reconnu le le monde impitoyable du football- sistés, explique-t-elle en désignant de nageuse. « Je n’ai jamais connu jeune capitaine du FCNA, Mickaël Violences en Italie et en Allemagne business. Déjà, les premières têtes du doigt ces nageurs par dizaines les Jeux », avoue-t-elle. En 1996, un Landreau (vingt ans), après avoir se sont mises à tourner. Le gardien qui, sous ses yeux, cognent l’écume excès d’entraînement avait ralenti brandi le trophée, vingt ans après En Italie, 21 supporters de la Fiorentina ont été blessés, dont un par de but Nicolas Sachy envisagerait à la recherche d’une place en finale. sa cadence, au moment d’aller le premier succès de son club dans des coups de couteau à l’abdomen, lors d’affrontements entre tifosis à de rejoindre un club de D1 pour On doit tous faire des études, trouver chercher sa sélection pour Atlanta. cette épreuve. La somme de leurs l’issue de la rencontre de la 33e journée du championnat d’Italie, Fio- assurer un rôle de doublure plus une filière, préparer une formation. Dépitée, elle avait rangé ses mail- qualités techniques ajoutée à leur rentina-Lazio (1-1), disputé samedi 15 mai, à Florence. De graves in- rémunérateur qu’une place de ti- Cela fait de nous des gens normaux. lots et bouclé ses malles pour une maîtrise collective plaidait en fa- cidents ont également émaillé la fin de la rencontre entre Bologne et tulaire sous le maillot sedanais. Moi, je n’aimerais pas être autre- année d’études en Allemagne. «Je veur d’un succès des « Canaris ». la Sampdoria de Gênes. L’avant-centre Alex Di Rocco ment. » Elle a bouclé, en septembre ne voulais plus nager, dit-elle. Mais En face, les Sedanais n’avaient que En Allemagne également, le football amateur a connu, samedi pose clairement ses conditions : 1998, quatre années d’université par j’ai découvert à l’étranger une autre leur vaillance et une foi inébran- 15 mai, de nouvelles violences. Une centaine de supporteurs du VFB « Au mois de décembre, Manches- une maîtrise de traduction scienti- approche de la natation. Alors, je m’y lable en leur bonne étoile à oppo- Leipzig (D3) ont investi la pelouse après le premier but de leur équipe ter City m’avait proposé de faire un fique et technique. Elle parle quatre suis doucement remise. » Depuis, ser. Autant d’attributs qui leur ont contre Sachsen Leipzig. Seule l’intervention de la police montée et essai mais mes dirigeants s’y sont langues, français, roumain, alle- Roxana Maracineanu a fait de la permis de dominer, dans le sillage d’autres policiers a empêché qu’ils n’attaquent des supporteurs de opposés. Il va falloir que Sedan mand et anglais. place, dans sa douce existence, de l’AS Saint-Etienne, le cham- Sachsen. Jeudi 13 mai, à Offenbach, des affrontements avaient fait fasse un effort pour me conserver S’il n’y avait son nom, on la croi- pour six à sept heures quotidiennes pionnat de deuxième division mais cent blessés, dont 27 policiers, après un autre match de 3e division car en Angleterre je peux toucher en rait sans histoire. Mais l’impression d’entraînement. Le prix d’un pre- dont il était permis de douter de entre Kickers Offenbach et Waldhof Mannheim. Mardi 11 mai, la vio- deux ans ce que je mettrais six ans à est trompeuse. Roxana Maracinea- mier titre mondial. Et d’un rêve l’efficacité face à un adversaire de lence, à caractère xénophobe celle-là, s’était déchaînée à Berlin contre gagner en France. » nu est née à Bucarest, le 7 mai 1975, olympique. cet acabit. un club composé principalement de Turcs dont deux joueurs avaient de parents roumains. Sa famille a été blessés par les supporteurs du BFC Dynamo Berlin. – (AFP.) Elie Barth quitté le pays, sous l’ère Ceausescu, Alain Mercier APATHIE GÉNÉRALE Favoris, les Nantais ont ployé pendant quatre-vingt-dix minutes sous le poids de ce statut en- Le Tour d’Italie commence par l’exclusion de deux coureurs combrant. Entre les imprécisions des uns, les hésitations des autres SAMEDI 15 MAI à Agrigente, les reurs sont déclarés inaptes à heures de la matinée, avant le dé- conduite de Mario Cipollini, vain- part de la Grande Boucle, le 3 juil- et l’apathie de tous, l’entraîneur 162 concurrents du 82e Tour d’Ita- prendre le départ d’une épreuve. part de la classique Milan-San Re- queur dimanche à Modica et ac- let. « Nous déciderons le 16 juin, Raynald Denoueix a dû se frotter lie cycliste n’avaient pas mis un Comme toujours en pareil cas, mo, le peloton avait manifesté son tuel porteur du maillot rose de lea- affirmait-il dans les colonnes du les yeux pour reconnaître ses coup de pédale que deux d’entre l’entourage des coureurs se décla- mécontentement auprès de der. Un peloton écrasé par la Journal du Dimanche. Nous verrons joueurs. Devant tant d’impéritie, eux rentraient déjà à la maison (Le rait surpris, voire incrédule. « Loda l’Union cycliste internationale chaleur et tendu par des affaires dans quelle situation il se trouve à les laborieuses offensives des Ar- Monde daté 16 présente un taux naturel déjà très (UCI) quant à la méthode choisie à qui n’en finissent pas entame donc cette date. S’il ne répond pas aux dennais paraissaient plus ache- et 17 mai). élevé, entre 47 et 48 » expliquait le ce moment-là pour procéder à ce cette première grande course à critères [ceux concernant le vées, même si leur cheminement L’Italien Nico- médecin de son équipe, Daniele genre de test. A Milan 32 coureurs étapes de la saison. contrôle antidopage] du règlement, empruntait l’allure de la laie mas- la Loda, de la Tarci, lequel officiait la saison pas- soumis au prélèvement sanguin il ne pourra pas participer... Main- cotte Césarine, présentée avant le formation Bal- sée au sein de l’équipe française avaient été « piochés » au hasard VIRENQUE A PRIS LE DÉPART tenant il est tombé dans l’entonnoir coup d’envoi aux 78 586 specta- lan, et l’Espa- Casino et a été mis en examen en du tirage au sort et tirés de leur Moral en berne, le Français Ri- et toute la profession commence à teurs (nouveau record d’af- gnol Javier août 1998 par le juge Patrick Keil, sommeil dès 5 heures du matin, chard Virenque a pris le départ, se retourner contre lui. » fluence). Seule action digne de Ochoa, de chargé d’instruire l’affaire Festina. tandis que samedi, à Agrigente, seulement trois jours après en Samedi 15 mai, la presse ita- l’événement, un réflexe détermi- Kelme, ont été De son côté, Alvaro Pino n’en re- l’ensemble des participants étaient avoir fini avec une semaine judi- lienne et les organisateurs de ce nant de Mickaël Landreau privant mis au repos après la découverte venait pas. « La veille, nous avions concernés. Cette opération a eu ciaire particulièrement éprou- Giro dissimulaient à peine leur Sedan de l’ouverture du score d’un taux d’hématocrite (concen- fait nos propres tests et tout était en lieu entre 6 heures et 9 h 30, quel- vante. « Je sais que je ne suis pas en ressentiment à l’égard du Français juste avant la pause. tration de globules rouges dans le ordre. Je ne comprends rien à ques heures à peine avant le dé- mesure de gagner ce Giro », a-t-il et de ses employeurs de l’équipe La deuxième mi-temps fut un sang) supérieur à la norme. Leurs rien », clamait le directeur sportif part de la première étape – décro- déclaré. Au même moment, à Polti. « Ne vaudrait-il pas mieux peu moins éprouvante sur résultats aux tests sanguins effec- de l’Espagnol. chée au sprint par l’Italien Ivan 2 000 kilomètres de là, Jean- laisser Virenque à la maison ? » l’échelle de l’ennui. Les Nantais re- tués le matin même affichaient Pourtant, cette fois, les organi- Quaranta, de l’équipe Mobilvetta. Claude Killy, patron de l’Amaury suggérait Candido Cannavo, le di- nouaient, par moments, avec leur une valeur supérieure au taux 50, sateurs avaient annoncé leur in- Ce Giro, qui devait en terminer Sport Organisation (ASO), la so- recteur de La Gazetta dello Sport, savoir-faire sans se départir de le seuil maximum fixé fin 1996 par tention. Il est vrai qu’après une ini- lundi 17 mai avec son séjour en Si- ciété organisatrice du Tour de journal qui organise l’épreuve. leur inefficacité liée à l’absence l’UCI (Union cycliste internatio- tiative du même type, menée le cile, remonte désormais vers le France, ne garantissait pas la pré- d’un véritable buteur et à une dé- nale) au dessus duquel les cou- 20 mars, aux toutes premières nord de la péninsule sous la sence du champion varois au dé- Yves Bordenave LeMonde Job: WMQ1805--0027-0 WAS LMQ1805-27 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:21 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0600 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 27 Le Stade toulousain écrase le Stade français La Suissesse Martina Hingis s’impose à Berlin et lave l’affront subi la saison dernière QUARANTE-DEUX MINUTES ont suffi à Martina Hingis, numéro un mondiale, pour inscrire son nom au tournoi de Berlin et s’ad- juger, dimanche 16 mai, le 23e titre de sa carrière. La Suissesse a écrasé la Française Julie Halard-Decugis (6-0, 6-1) en finale, à une Les Toulousains ont nettement dominé (51-19) les Parisiens en quarts de finale du championnat de France semaine des Internationaux de France, seul tournoi du Grand Che- lem manquant à son palmarès. De Berlin, Martina Hingis a prévenu Le match au sommet des quarts de finale du cham- français. Les Parisiens, champions de France en titre, se miers (26-28), Montferrand a pris le dessus à domicile Venus Williams, sa grande rivale américaine : « Je n’ai pas peur de pionnat de France de rugby a vu la victoire, samedi sont lourdement inclinés sur le score de 51 à 19. Dans sur Castres (36-31) et Bourgoin l’a emporté à Bègles- son jeu tout en puissance. Face à cela, j’ai mon cerveau ! » Julie Ha- 15 mai à Toulouse, du Stade toulousain sur le Stade les autres rencontres, Grenoble s’est imposé à Colo- Bordeaux (8-14). Les demi-finales auront lieu le 22 mai. lard-Decugis, qui avait éliminé notamment l’Allemande Steffi Graf, va gagner cinq places au classement WTA et pointer, au 16e rang. TOULOUSE tion » et, finalement, de « l’accueil du disent les hommes de terrain, une Devant son public extraordinaire, de notre envoyé spécial public toulousain », bruyant, hostile, équipe de rugby protège, au-delà de les Toulousains n’ont, en effet, rien DÉPÊCHES C’est pénible d’expliquer des dé- chambreur. « Pas par manque de res- sa ligne d’en-but, toute la commu- négligé du festin promis par la puis- a FOOTBALL : Manchester United a été sacré champion d’An- faites, toujours des défaites. Depuis pect, assure le Parisien. Cela montre nauté qui la soutient. Sans doute sance invitante. Ils ont dominé dans gleterre pour la douzième fois de son histoire, la cinquième en sept le début de l’année, d’échecs en combien ils nous craignaient. » faut-il voir dans cette défense sym- tous les secteurs, les touches, les mê- ans, dimanche 16 mai, grâce à une victoire étriquée sur Tottenham Coupe d’Eu- Jamais le joli Stadium de Toulouse, bolique de la ville l’héritage d’un de lées, le jeu au large, en percussion, en (2-1) lors de la 38e et dernière journée de championnat. Invaincus rope en dé- enceinte empruntée aux footballeurs ces jeux moyenâgeux, tenu pour un contre-attaque. Serge Simon, le pilier depuis 31 matches (toutes compétitions confondues), les « Red De- convenues pour disputer les phases finales du ancêtre du rugby : les joueurs de- parisien, a vu passer des joueurs «en vils » devancent d’un point les « Gunners » d’Arsenal, vainqueur dans le Tournoi championnat de France de rugby, vaient porter le « ballon » jusque sur haut, en bas, à gauche, à droite, en d’Aston Villa (1-0). des cinq na- n’avait connu pareille affluence pour la place du village adverse pour rem- dessus, en dessous ». Ils portaient, a Le Milan AC s’est emparé, samedi 15 mai, lors de la 33e jour- tions, c’est un quart de finale : trente-huit mille porter la partie. pour une fois, des maillots blanc et née, de la première place du championnat d’Italie, grâce à sa vic- pourtant deve- spectateurs venus rappeler que, en noir, mais c’était bien des Toulou- toire sur Empoli (4-0). Les Milanais ont exploité le faux-pas de la nu une litanie France, la capitale du rugby est bai- « UN POUR CENT DE LA DONNE » sains, avides de revanche, certes, Lazio, auteur d’un match nul à Florence (1-1), pour devancer les Ro- pour quelques- gnée par la Garonne. Ils sont tous là Pour Guy Novès, l’entraîneur du mais surtout désireux de s’assurer mains d’un point. Parme, troisième, s’est laissé surprendre par Pia- uns des meilleurs rugbymen français, pour laver l’affront commis un an au- Stade toulousain, l’avantage du ter- une place en Coupe d’Europe – pour cenza (0-1). internationaux du Stade français- paravant par les autres Stadistes du rain ne représente pas plus de «un les rejoindre dans cette compétition a Le FC Barcelone se trouve à une victoire du titre de champion CASG ou d’ailleurs. Samedi 15 mai, rugby français, ces « usurpateurs » pour cent de la donne ». Pourtant, très lucrative, le Stade français devra d’Espagne après avoir fait match nul (1-1) à domicile face à Valla- c’était au tour de Thomas Lombard de Paris, coupables d’avoir assommé, pendant l’échauffement, l’ailier Xa- impérativement gagner la finale de la dolid, samedi 15 mai, lors de la 34e journée de la Liga. de s’exercer. C’était à lui, l’ailier du en 1998, « leur » Stade, le vrai, le tou- vier Garbajosa a eu « des frissons » Coupe de France, samedi 5 juin. Ils a Youri Djorkaeff a indiqué, samedi 15 mai, qu’il ne porterait plus Stade français et du XV de France, de lousain, d’un cinglant 39-3 en demi- lorsqu’il a entendu ces spectateurs sont passés de partout, ils ont inscrit les couleurs bleu et noir de l’Inter Milan la saison prochaine. Sans réciter le pensum du jour. La tête finales du championnat. qui « hurlent à la mort pour leur sept essais (Emile Ntamack (2), Cé- exclure un retour en France, il n’a pour l’heure donné aucune desti- baissée, la voix monocorde, il Aucune rivalité historique ne sé- équipe ». Franck Belot, le deuxième- dric Desbrosses (2), Michel Marfaing, nation. cherche ses mots, pense à l’avenir, pare les deux clubs les mieux dotés de ligne toulousain, voit là une spécifici- Christian Labit, et un de pénalité), a HOCKEY SUR GLACE : la République tchèque a remporté, di- forcément meilleur. Il vient d’encais- France, le champion en titre et le té française : « C’est culturel, ex- contre seulement trois pour des Pari- manche 16 mai, à Lillehammer (Norvège), son deuxième titre mon- ser, face au Stade toulousain, une de champion « culturel », mais l’outrage plique-t-il. C’est tout bête, tu es chez siens plutôt essoufflés (Sébastien dial, après celui de 1996, en s’imposant face à la Finlande. Dans ce ces défaites (51-19) qui marquent une a profondément marqué les suppor- toi, c’est ton jardin. Tu as tes habitudes, Viars, Christophe Dominici et Sylvain troisième match décisif, le Tchèque Jan Hlavac a donné la victoire à carrière au rouge de la honte. « Il faut teurs toulousains. Alors ils crient, ils tes vestiaires. » Le capitaine de Tou- Marconnet). 51-19 : l’addition est son équipe lors de la prolongation de vingt minutes avec « mort su- vivre une expérience comme celle-là chantent, ils mettent en garde : «On louse va plus loin : « C’est une grosse lourde pour le Stade français, mais bite ». La Suède a pris la troisième place au détriment du Canada pour se rendre compte de ce que cela est chez nous ! » Si le Stade toulousain injustice, je ne comprends pas que l’on c’est la « maison », le Stade toulou- (3-2). représente », avance le vaincu du jour. a déserté son terrain habituel des fasse jouer les phases finales à domi- sain, qui a régalé. a TENNIS : le Brésilien Gustavo Kuerten a gagné le tournoi de « Effondré », il soupire : « C’est Sept-Deniers, il joue tout de même cile. Mais la bêtise est là, on en a bien Rome, dimanche 16 mai, en battant en finale l’Australien Patrick comme avec l’équipe de France. » Les « à la maison ». On ne saura jamais profité. » Eric Collier Rafter, 6-4, 7-5, 7-6 (8-6). mains nouées, il évoque ensuite «les mesurer l’impact du public dans la dégâts » causés par un incroyable victoire d’une équipe, mais, dans le REPRODUCTION INTERDITE Emile Ntamack, plus puissant et per- rugby plus que dans n’importe quel forant que jamais au centre de l’at- autre sport, un match à domicile a taque toulousaine. Il parle aussi de toujours été considéré comme un IMMOBILIER « rebondir », de « se remettre en ques- « plus ». En défendant son pré carré, ̄ Edgar-Quinet, standing, Var, mer à 15 km, villa T6. 2 OFFRES VENTES s/jard. ÉTRANGER 130 m , gde terrasse, très 2/3 p., 60 m2 balc., calme, calme, + pisc. sur 3 400 m2. VIDES L’AS Montferrand et Bourgoin-Jallieu en demi-finales A vendre prox Marbella Oliviers. Px : 1,850 MF. 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AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 29 ------Temps orageux 18 MAI 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé MARDI, une dépression centrée nuageux avec des pluies assez vers 12h00 DU VOYAGEUR sur le pays favorise les remontées soutenues. L’après-midi, des instables sur l’ensemble des ré- foyers orageux se développeront. Peu gions. Malgré des périodes enso- Il fera de 19 à 23 degrés. Belfast nuageux a FRANCE. Avec l’ouverture du leillées les nuages accompagnés Poitou-Charentes, Aquitaine, Liverpool terminal F 2 de Roissy 2, Air France Dublin de pluies ou d’averses seront Midi-Pyrénées. – Sur Poitou-Cha- Varsovie Kiev termine la mise en place du hall F souvent présents. Des foyers ora- rentes et Aquitaine, les nuages se- qui accueillera désormais 42 % de sa Amsterdam Berlin Brèves geux se développeront çà et là. ront présents toute la journée, ils éclaircies clientèle à Charles-de-Gaulle ainsi seront accompagnés de pluies, Londres que ses alliés, Air India, TAM (Bré- Bretagne, pays de Loire, 50 o Bruxelles Basse-Normandie. – La journée d’averses ou d’orages. Sur Midi- Prague sil), Japan Airlines et Middle East sera très chargée avec de nom- Pyrénées on verra parfois le soleil Couvert Airlines. Aux clients, ce hall offre breux nuages accompagnés de mais les orages ne sont pas à ex- Paris Strasbourg Vienne une meilleure qualité de service, Budapest pluies parfois assez soutenues. clure. Brume avec un deuxième salon, « L’Es- Des orages éclateront. Le matin, le Nantes pace », pour les passagers affaires Limousin, Auvergne, Rhône- Berne brouillard vent de nord-est soufflera jusqu’à Alpes. – La journée sera très ins- Bucarest et des prestations distinctes pour les 100 km/h en rafales le long des table avec des pluies parfois sou- Lyon Milan clients de « l’Espace 180 ». La côtes de la Manche. Il fera de 18 à tenues et des averses orageuses. Belgrade Sofia Averses compagnie a privilégié la rapidité 20 degrés. Des chutes de grêle sont possibles Toulouse Istanbul des circuits de correspondance, la Nord-Picardie, Ile-de-France, sous les orages. Il fera de 22 à moitié des passagers n’effectuant Pluie Centre, Haute-Normandie, Ar- 26 degrés. Rome qu’une courte escale. Ce module dennes. – Le ciel sera partagé Languedoc-Roussillon, Pro- Barcelone Naples devrait permettre à Air France de o Madrid entre nuages, éclaircies et averses vence-Alpes-Côte d’Azur, 40 totaliser 28 millions de passagers parfois orageuses. Des chutes de Corse. – Nuages et belles éclair- Lisbonne Athènes Orages par an sur son hub de Roissy-CDG2. grêle sont possibles. Il fera de 18 à cies se partageront le ciel. Quel- a MAURICE. En juillet, la chaîne 22 degrés. ques foyers orageux se développe- Séville américaine Radisson ouvrira un Champagne, Lorraine, Alsace, ront sur le relief des Alpes. Le vent Tunis Neige nouvel établissement à Maurice. Si- Bourgogne, Franche-Comté. – de sud-est soufflera jusqu’à Alger tué à la Pointe aux piments, sur la Malgré quelques éclaircies à la mi- 70 km/h en rafales sur le golfe du côte nord-ouest, il comptera journée, le ciel sera souvent très Lion. Il fera de 22 à 26 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort 198 chambres et 3 restaurants.

PRÉVISIONS POUR LE 18 MAI 1999 PAPEETE 25/30 S KIEV 6/13 N VENISE 15/20 C LE CAIRE 20/34 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/31 C LISBONNE 12/15 N VIENNE 8/19 S MARRAKECH 12/23 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 20/25 N LIVERPOOL 8/14 P AMÉRIQUES NAIROBI 15/23 C EUROPE LONDRES 11/15 P BRASILIA 12/26 S PRETORIA 10/17 C C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 8/20 S LUXEMBOURG 10/20 N BUENOS AIR. 9/13 P RABAT 12/19 C FRANCE métropole NANCY 10/21 P ATHENES 16/27 C MADRID 8/12 P CARACAS 24/31 S TUNIS 18/26 S AJACCIO 14/24 N NANTES 10/16 P BARCELONE 16/21 S MILAN 15/20 P CHICAGO 10/15 P ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 13/19 P NICE 14/19 P BELFAST 6/16 S MOSCOU 2/11 S LIMA 16/22 S BANGKOK 25/31 P BORDEAUX 10/22 P PARIS 11/21 P BELGRADE 10/20 S MUNICH 7/20 S LOS ANGELES 17/23 N BOMBAY 27/32 P BOURGES 9/21 P PAU 8/20 P BERLIN 8/19 S NAPLES 17/31 C MEXICO 13/25 S DJAKARTA 26/31 N BREST 10/16 P PERPIGNAN 13/22 N BERNE 8/20 P OSLO 6/16 S MONTREAL 17/30 S DUBAI 28/38 S CAEN 11/18 P RENNES 10/19 P BRUXELLES 10/19 C PALMA DE M. 14/24 S NEW YORK 15/20 C HANOI 26/30 P CHERBOURG 10/17 P ST-ETIENNE 13/22 P BUCAREST 6/19 N PRAGUE 4/17 S SAN FRANCIS. 8/14 N HONGKONG 25/28 S CLERMONT-F. 12/23 P STRASBOURG 11/23 P BUDAPEST 8/19 N ROME 19/26 C SANTIAGO/CHI 3/21 S JERUSALEM 17/28 S DIJON 12/23 P TOULOUSE 10/22 P COPENHAGUE 8/15 S SEVILLE 13/20 N TORONTO 16/23 N NEW DEHLI 27/41 S GRENOBLE 13/26 P TOURS 9/20 P DUBLIN 6/14 S SOFIA 11/20 N WASHINGTON 16/25 P PEKIN 13/17 P LILLE 9/20 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 9/22 S ST-PETERSB. 5/11 N AFRIQUE SEOUL 15/23 P LIMOGES 9/20 P CAYENNE 23/30 P GENEVE 12/17 P STOCKHOLM 8/19 S ALGER 13/23 S SINGAPOUR 27/30 P LYON 13/24 P FORT-DE-FR. 24/30 C HELSINKI 4/14 S TENERIFE 14/21 S DAKAR 20/25 S SYDNEY 13/20 S MARSEILLE 14/24 N NOUMEA 22/26 P ISTANBUL 13/19 S VARSOVIE 3/14 S KINSHASA 23/28 P TOKYO 16/21 N Situation le 17 mai à 0 heure TU Prévisions pour le 19 mai à 0 heure TU

ASTRONOMIE Pierres de Lune et de Mars au Muséum national d’histoire naturelle

1492. La date est magique. allemand Ernst Chladni ose affir- quitter Mars alors que, tous les d’or, dans la salle du trésor, blin- Mais la remontée dans le temps entrée dans notre atmosphère et se D’esprit, on vole vers Colomb et mer l’origine extraterrestre de ces constructeurs de fusée le savent, il dée, de la galerie de minéralogie du et dans la formation de notre sys- dire qu’il contient, inchangés, des ses caravelles. Cependant, pour les pierres qui tombent du ciel. est nécessaire d’atteindre 11,2 kilo- Muséum. tème solaire peut aller encore plus éléments forgés par une étoile chasseurs de météorites, cette Extraterrestres certes, mais par- mètres par seconde – plus de Pourtant, sur le plan purement loin grâce à ces corps venus à la aujourd’hui disparue. Mais, après année marque un événement fois voisines. Même si la plupart 40 000 kilomètres à l’heure – pour scientifique, ces « pépites » n’ont fois de l’espace et du passé. En tout, une partie des atomes qui presque aussi important que la des météorites sont des fragments décoller de la Terre et surtout ne pas forcément autant d’intérêt que 1987, une équipe américaine composent notre corps, comme le découverte de l’Amérique. Restons d’astéroïdes gravitant entre Mars pas y retomber. la grande majorité des météorites, découvrit que les chondrites primi- calcium contenu dans nos os, sont dans l’Ancien Monde, plus précisé- et Jupiter, qui, sous l’influence de lesquelles, provenant d’astéroïdes, tives contenaient quelques rares et eux aussi issus de ces étoiles ment à Ensisheim, en Alsace, et l’énorme masse jovienne, quittent PRIX « ASTRONOMIQUES » n’ont pas été transformées comme minuscules cristaux dont les mortes. Notre squelette n’en est lisons la chronique : « En l’an 1492, leur orbite, s’entrechoquent et Cela dit, les météorites lunaires l’ont été les roches terrestres, mar- constituants présentaient des que le lointain souvenir. le septième jour de novembre, aux volent en éclats, certaines nous et martiennes s’avèrent rares. On tiennes ou lunaires. Après le phé- compositions isotopiques complè- environs de midi, retentit un terrible arrivent de la Lune ou de Mars n’en connaît que vingt-six au nomène d’accrétion qui a donné tement différentes de celles pré- Pierre Barthélémy coup de tonnerre accompagné de elles-mêmes. Pourtant, là-bas, il monde (treize de chaque) et leur naissance aux planètes, celles-ci sentes dans le système solaire. déflagrations et d’éclairs, et une n’est nul lance-pierre, nul volcan, cote atteint des valeurs souvent connaissaient une si haute tempé- ૽ Galerie de minéralogie et de pierre énorme tomba. » Pour la pre- nulle catapulte assez puissants incroyables. Alors que les missions rature que leur matériau originel a DU CALCIUM DONT ON FAIT LES OS géologie du Muséum national mière fois de l’histoire, une météo- pour propulser dans le vide inter- Apollo ont rapporté de notre satel- fondu. Les métaux ont sombré vers En revanche, elles étaient ana- d’histoire naturelle, 36, rue Geof- rite et les témoignages contempo- planétaire des rochers parfois lite des « brouettes » de rochers, le centre de la planète pour en for- logues à celles que l’on retrouve froy-Saint-Hilaire, 75005 Paris. rains de sa chute sont conservés. Il imposants. Pour arriver jusqu’à jalousement conservés par la mer le noyau. dans les étoiles en fin de vie que Ouvert tous les jours (sauf le faudra attendre la fin du nous, les pierres de la Lune ou de NASA, le prix des météorites En revanche, comme l’explique sont les géantes rouges. « Ces cris- mardi) de 10 heures à 17 heures et XVIIIe siècle pour que le physicien Mars ont simplement été éjectées lunaires frôle celui des pierres pré- Claude Perron, « certains astéroïdes taux datent donc d’avant la forma- le week-end de 10 heures à de leur corps parent lors d’une col- cieuses : 10 000 dollars (9 380 eu- ont très vite évacué leur chaleur ini- tion du système solaire, explique 18 heures. Entrée : 30 F (4,57 ¤) SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE lision entre celui-ci et une météo- ros) le gramme ! Pour les cailloux tiale et n’ont pas fondu. Dans les Claude Perron, et proviennent des plein tarif, 20 F (3,05 ¤) tarif réduit. • vendredi 21 mai 1999 • (à Paris) rite. venus de Mars, le prix est divisé par météorites qui en sont issues, tout est matériaux synthétisés par une autre ૽ Une exposition itinérante du Comme le résume Claude Per- dix mais reste quand même hors de resté mélangé, en place. Les roches étoile que la nôtre. Ces météorites Muséum sur les météorites a pris ron, chercheur au Muséum natio- portée de bien des bourses. Ainsi, terrestres ne peuvent que donner nous renseignent sur le processus de ses quartiers jusqu’au 29 août à nal d’histoire naturelle (MNHN) et le MNHN a dû échanger un de ses l’époque de leur formation. Les plus fusion thermonucléaire à l’œuvre Poitiers, à l’Espace Mendès-France, spécialiste des pierres venues de échantillons pour acquérir une anciennes se trouvent au Groenland dans les géantes rouges, et nous pou- 1, place de la Cathédrale. Ouvert 06 h 04Lever Coucher 21 h 31 l’espace, « des météorites créent des lamelle de 4 grammes extraite et ont 3,8 milliards d’années. En fait, vons ainsi comparer nos données du lundi au vendredi de 9 h 30 à météorites ». Etant donné la rela- d’une météorite lunaire et une la Terre ne peut donner son âge véri- avec les études théoriques des astro- 18 h 30, les samedis, dimanches et tive légèreté de notre satellite et de autre de 35 grammes provenant table. En revanche, les météorites les physiciens. C’est une forme d’astro- jours fériés de 14 heures à 18 h 30. la planète rouge, il n’est pas diffi- d’une météorite martienne. Ces plus primitives, les chondrites, nomie faite au laboratoire. » Entrée : 25 F (3,81 ¤) pour les cile de s’arracher à leur force de deux spécimens sont désormais donnent l’âge de la formation du Il y a une forme indicible d’émo- adultes et 15 F (2,29 ¤) pour les 12 h 18Lever Coucher 2h 56 gravitation. Une vitesse de 5 kilo- exposés, aux côtés de diamants, système solaire, soit 4,566 milliards tion à contempler, dans le creux de enfants. Renseignements et réser- ( le 22/05) mètres par seconde « suffit » pour d’aigues-marines et de buissons d’années ». sa main, un caillou noirci par son vations au 05-49-50-33-08.

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99116 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME No 121

quand elles sont bonnes. – 7. Ouver- ture sur la table. Rendit moins lourd. Le théorème de Victor – 8. Possessif. Sur la table. Les taqui- ner stimule. – 9. Trop fougueux. Met VICTOR est peintre. Il connaît le Victor remarque alors que les en opposition. – 10. Négation. Dou- théorème des quatre couleurs (qui quatre coins de l’échiquier sont blée, c’est un don. Voyelles. – 11. Qui affirme que quatre couleurs suf- aussi de couleurs toutes différentes. ne s’embarrasse pas trop. fisent pour peindre n’importe Il ferait bien de son résultat un quelle carte de sorte que deux théorème – on l’appellerait le théo- Philippe Dupuis régions adjacentes soient de cou- rème de Victor – et se pose des leurs différentes) et vient de questions : SOLUTION DU No 99115 peindre les cases de cet échiquier de Les quatre coins sont-ils de cou- huit cases sur huit en utilisant exac- leurs différentes quel que soit le HORIZONTALEMENT tement quatre couleurs. Artiste, il a coloriage respectant la règle impo- ajouté à son œuvre une pointe de sée ? La propriété reste-t-elle vraie I. Sureffectif. – II. Asymétrie. – raffinement : les cases ayant un sur un échiquer de dix cases III. Vue. Spasmes. – IV. Or. Es. Ste. – sommet commun sont également sur dix ? V. Ipéca. Merci. – VI. Rémoise. Aiv toutes de couleurs différentes. (via). – VII. Feinte. Diva. – VIII. SO. Elisabeth Busser Laurel. – IX. Ib. Mils. Eli (île). – Sauriez-vous peindre cet échi- Solution dans Le Monde du et Gilles Cohen X. Roui. Aeu. Le. – XI. Enregistrer. quier à la manière de Victor ? mardi 25 mai. © POLE 1999

VERTICALEMENT Solution du problème no 120 treillis plus simple, en supprimant 1. Savoir-faire. – 2. Usurpée. Bon. paru dans Le Monde du 11 mai. les lignes et les colonnes compor- – 3. Rye. Emis. Ur. – 4. Em. Econo- Un carré (ou un rectangle) n’est tant une seule barre diagonale, ce HORIZONTALEMENT dans le bassin. – X. Fait la séparation. mie. – 5. Fessait. – 6. FTP. Sellai. – jamais rigide, alors qu’un triangle qui ne change rien au caractère Partir en voyage. – XI. Ce n’est pas 7. Erasme. Ases. – 8. Ciste. Dû. Ut. – l’est. rigide ou non du treillis. Ainsi, le I. Fait l’homme, mais fait aussi parce qu’il est fin qu’il a de l’esprit. 9. Téméraire. – 10. Civelle. – 11. Festi- On peut, par étapes successives, treillis 1 devient, par simplifica- crédit. – II. Creuse la terre. Quel- Reste au coin de l’œil. valier. transformer chaque treillis en un tions successives, le treillis ci- qu’un de proche. – III. Assure la liai- contre de droite (en haut), qui son avec les îles. – IV. Baie nipponne. VERTICALEMENT n’est pas rigide, puisqu’il S’accroche au cou des belles. – comporte une ligne sans barre dia- V. Passe de bonne heure. – VI. Passe 1. Cherchent la petite bête. – 2. Ac- gonale. Le treillis 1 ne l’est donc d’un bord à l’autre. Passe directe- croche cœurs. Toujours stupéfiant. – pas. On montre de la même façon ment dans les caisses de Bercy. – 3. Généreusement fourni. Qui ne va- que les treillis 2 et 3 sont rigides. VII. Pour trouver le bon morceau. rie pas. – 4. Richesses intérieures. Pour rigidifier un treillis 4 × 4, il Particule après explosion. Remue. – Prendre le temps de la réflexion. – faut lui ajouter sept barres diago- VIII. Rejettes en bloc. Vient quand 5. Marque du temps. Le même nales correctement placées. En bas on voudrait tout rejeter. – IX. A l’aise temps pour tous. – 6. Plus faciles à droite, un schéma qui convient. LeMonde Job: WMQ1805--0030-0 WAS LMQ1805-30 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0603 Lcp: 700 CMYK

30 CULTURE LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 INSTANTANÉ CROISETTE CANNES 99 de nos envoyés spéciaux Tout le monde a son idée sur Du côté de l’ami allemand Le séjour de Mademoiselle Molière l’œuvre de Marcel Proust. Surtout ceux qui ne l’ont pas MONSIEUR le ministre est fati- sur la terrasse de l’Eden Roc et en moment, le même groupe Kirch se IL Y A MOINS D’UN MOIS, le téléphone a sonné dans l’appartement pari- vraiment lue et qui, sont, gué. Invité d’honneur du Club des présence de Sean Connery, en mis- rapprochait, toujours à Cannes, de sien de Yasmina Reza, l’auteur français universellement célébré pour sa évidemment, les plus prompts à producteurs européens, Michael sion de relations publiques pour Canal+. pièce Art. En ligne, Gilles Jacob, délégué général du Festival de Cannes, la jouer les gardiens du temple. Nauman, qui inaugure le maroquin Haute Voltige, produit par Arnon Ces grandes manœuvres font pa- priait d’accepter d’être membre du jury de la Sélection officielle, présidé C’est sans doute pour cela que de la culture disparu en Allemagne Milchan (New Regency Produc- raître encore plus dérisoires les at- par David Cronenberg. Innocemment, Yasmina Reza a demandé à réflé- la très belle Recherche depuis cinquante ans, voudrait par- tion), le consortium européen for- taques lancées au début de cette chir. Peu familière de Cannes, elle n’a pas alors le senti- proustienne de Raoul Ruiz, la ler d’autre chose que de l’exception mé par Kirch et Mediaset (la hol- année par le directeur du Festival ment de l’importance de la proposition. Quelques gageure cinématographique du culturelle à laquelle tiennent tant ding de Silvio Berlusconi) de Berlin contre l’absence de films jours après son acceptation, elle comprendra dans le Temps retrouvé, film raffiné, ces obstinés de Français. Après un annonçait son nouvel accord avec allemands à Cannes. A Cannes, mi- regard des autres, ses proches, ses amis d’ici et de très émouvant, subtil et drôle, qui a discours minimal et consensuel la société de production de Robert nistre et grandes entreprises ger- loin, le privilège qu’on lui a accordé... su éviter le piège de (conservons le statu quo, pourtant Redford, s’ajoutant à celui conclu maniques sont venus signifier que C’est qu’elle n’a pas la grosse tête, notre demoiselle l’adaptation comme celui de partiel et précaire, obtenu lors des Molière. Si Art est joué dans le monde entier, dans près l’académisme, n’a recueilli que négociations du GATT en 1993), il LA PHRASE DU JOUR de trente traductions et jusqu’en Irak ou en Syrie ré- des applaudissements polis lors converserait volontiers des plaisirs YASMINA cemment, elle continue d’écrire et sa phobie de la de la soirée du 16 mai. de la voile ou du vin. L’après-midi REZA foule l’a presque convaincue de rester attelée à sa pro- Une ovation avait, en de dimanche, passé avec ses homo- « Les cinéastes européens devraient faire chaine pièce, déjà écrite au tiers. Une comédie, mais une comédie nar- revanche, salué la veille le film logues Giovanna Melandri (Italie) quoise dont elle a seule le secret aujourd’hui, qui aura Paris pour décor. de Pedro Almodovar, Tout sur et Catherine Trautmann (France), des sentiments leur patrimoine ; les films Deux femmes seront de la partie, opposées à deux hommes. « Dans une ma mère, qui conjugue lui aussi s’est conclu par une déclaration veine d’une certaine tonicité », nous dit Yasmina Reza, qui a préféré « laisser émotion et jubilation, mais à d’intentions : permettre au disposi- sentimentaux n’ont pas besoin d’effets de côté la veine sentimentale et atmosphérique » de ses premières pièces. partir d’une trame plus simple, tif d’intervention dans le cinéma, le Son vieux complice, Félix Ascot, directeur du Théâtre Hébertot à Paris, pré- celle du mélo, magnifiquement Plan média, de faire remonter à spéciaux, ils peuvent être réalisés sentera le nouvel opus au début de 2000 au moment où, à New York, Nick subverti. 25 % la part du cinéma européen Nolte créera L’Homme du hasard, l’une des pièces écrites avant Art. Le week-end était si riche que sur chaque marché national (ce qui avec des budgets très modestes (...) » Et le cinéma ? Son premier scénario, Le Pique-nique de Lulu Kreutz, vient les festivaliers ont eu bien du ne donnerait une amélioration Pedro Almodovar, réalisateur d’être porté à l’écran par Didier Martiny et présenté au Marché du film – il mal à voir tout ce qu’il aurait qu’en Allemagne). sortira en France cet automne. Philippe Noiret, Carole Bouquet et Niels fallu ne pas manquer. Outre les Ami de Wim Wenders, M. Nau- Arestrup partagent le haut de l’affiche. Sinon, rien. Yasmina Reza a telle- fictions, de Dominique Cabrera man, qui a fait sa carrière dans avec M. Milchan. Jan Mojto, pré- le cinéma tel qu’ils le conçoivent ment dit non aux nombreux producteurs qui lui ont fait des avances que à Chen Kaige, sans oublier le l’édition aux Etats-Unis, déçoit sident du groupe Kirch et de la fu- n’est que marchandise, qu’il plus personne ne la sollicite. Cela lui a laissé le temps d’achever son nou- nouveau Steven Soderbergh, ceux qui espéraient un nouveau ture société commune « dont le convient de faire prospérer à coup veau roman, Une désolation, qui sera publié en septembre chez Albin-Mi- nos envoyés spéciaux ont champion de la culture europénne. nom et l’implantation ne seront déci- de produits performants : les pro- chel. distingué deux documentaires Affable et cultivé, il apparaît dés qu’après l’autorisation » par la ductions hollywoodiennes. Il y D’ici là, il aura fallu attribuer une Palme d’or. A cette fin, Yasmina Reza voit exceptionnels. L’un, Mon ennemi comme l’intercesseur sympathique Commission européenne, déclare avait pourtant un beau film alle- deux ou trois films chaque jour et se réunit avec ses camarades du jury tous intime Klaus Kinski, de Werner d’une stratégie purement indus- vouloir multiplier ce genre d’al- mand à Cannes ce dimanche, Mon les deux ou trois jours. André Téchiné, qu’elle ne connaissait pas et qu’elle Herzog, est présenté dans la trielle, dont le Festival de Cannes a liances avec des sociétés d’outre- ennemi intime, de Werner Herzog. ne quitte plus, est celui qui a sa préférence. Invitée de Cannes, elle est en sélection officielle, hors fourni quelques nouveaux épi- Atlantique, « en vue de produire Il ne faudrait pas que son titre dé- principe maîtresse de son temps, mais la politesse l’oblige à répondre à de compétition, l’autre, Sud, de sodes. 25 films américains par an ». On se signe le rôle de l’Allemagne dans la nombreuses sollicitations. Ce qui ne correspond pas tout à fait à son idéal Chantal Akerman, figure dans Du côté des grands groupes, le dirige donc vers la création d’une culture européenne de demain. de vie : « Me coucher à dix heures et me réveiller avec les poules ». la sélection de la Quinzaine des munichois Kirch, via sa filiale Beta- major américaine offshore, battant réalisateurs. film, fait l’actualité. Vendredi 14, pavillon germano-italien. Au même J.-M.F. Olivier Schmitt Raoul Ruiz fait danser Marcel et ses amis Le Temps retrouvé. L’improbable et succulente réussite de la transposition de l’œuvre de Proust grâce à un sens aigu du cinéma rapports de forces entre ses optiques ou sonores, le montage) COMPÉTITION OFFICIELLE. composantes – aristocrates vrais sous le signe de l’onirisme et de la Film français de Raoul Ruiz. ou faux, banquiers, commerçants fantasmagorie. Et c’est comme si Avec Emmanuelle Béart, Pascal enrichis, coquettes et cocottes –, toutes ces tentatives avaient enfin Greggory, Marcello Mazzarella, tandis que se dessine le signal de trouvé leur raison d’être, comme si John Malkovich, Catherine De- temps nouveaux, la boucherie de la liberté de mouvement à l’égard neuve, Vincent Perez, Marie- 14. Un enfant, qui est Marcel du réalisme que Ruiz revendique France-Pisier. (2 h 38.) Proust, tient une lanterne ma- depuis longtemps – mais le réel ne gique, voilà pour l’insondable dé- se laisse pas faire si aisément – Comment réussit-on une ga- bat autour de la question de l’au- s’imposait cette fois comme une geure cinématographique ? Par la teur et de son identité ou non avec évidence. Dès lors, tout devient combinaison harmonieuse d’un le narrateur de La Recherche. Le possible, cerbères de l’œuvre litté- grand nombre de réussites, plus... narrateur, ici, c’est naturellement raire et gardiens du réalisme sont quelque chose. Il y a du pari stu- Raoul Ruiz, celui qui fait le film. renvoyés dos-à-dos, désarmés, pide dans le projet d’adapter Gardiens du temple proustien et tandis qu’à chaque plan on sent Proust à l’écran. Dès les premières vestales du petit Marcel, passez que tout peut arriver, à chaque en- séquences, on songe pourtant qu’il votre chemin : quiconque se cram- chaînement se joue un petit sus- se pourrait que Raoul Ruiz ait ponnera à son souvenir trop précis pense. Artiste du cinématographe, trouvé la solution miracle. Rien de du texte perdra tout, le film et le donc géographe, Ruiz a fait de La très original au premier abord, bonheur qui en émane. Car là est Recherche du temps perdu un pays, c’est d’ailleurs ce qui plaît dans la bien le miracle de ce film-fleuve, a ou une forêt, à l’intérieur duquel il reconstitution scrupuleuse des priori menacé par l’académisme, la devient possible de se promener derniers jours de l’écrivain : la sim- pompe antiquaire et le star sys- en tout sens, de se laisser sur- plicité un peu vieillotte du procédé tem. C’est un film qui rend heu- prendre au détour d’un virage par qui consiste à lancer la machine à reux. l’une ou l’autre de ces ombre remonter le temps avec une collec- souvent dérisoires, certaines ter- tion de photos où figurent les AISANCE AÉRIENNE ribles, d’autres bouleversantes. principaux personnages, et l’ac- L’enfant a tourné le rayon de sa

teur qui joue Proust énonçant lanterne, dans un éblouissement ERIC CARO/H&K CORRIDORS SECRETS leurs noms tandis qu’on entend blanc est apparue Catherine De- Pascal Greggory vu par François-Marie Banier sur le tournage du « Temps retrouvé ». S’entrouvrent dès lors les portes leurs voix qui s’élèvent et se neuve, plus éblouissante encore, d’un monde ambigu et prêt à bas- mêlent. Là est le premier élément magnifique, frémissante de vie, et du Temps retrouvé au cinéma. Mais avoir des corps et des visages, il tés de son jeu de très grand acteur, culer, se creusent dans l’épaisseur de la réussite du film : ne pas qui semble s’amuser à jouer voici que déferle un rire en cas- fallait trouver la juste proportion toutes les harmoniques de sa dic- des murs de stuc les corridors se- prendre de haut le spectateur au Odette de Crécy, faisant irruption cade, qu’on reconnaît, il ne vient de statut et la bonne distance tion et de sa gestuelle, tout l’hu- crets qui relient les salons d’une nom du caractère monumental de dans sa grande robe violette au pas de chez Gallimard mais de entre acteur et rôle, ce que seul mour de ce que la situation pos- classe dominante dont l’arrogance l’œuvre adaptée, ne pas chercher à château des Guermantes. Ce n’est chez François Truffaut. C’est Ma- Alain Delon était parvenu à faire sède à la fois de loufoque et de est teintée d’inquiétude aux cabi- faire Proust avec la caméra. pas Odette, c’est bien Deneuve rie-France Pisier en Mme Verdurin, dans le Swann de Schlöndorff. Il délicieux. C’est un charme qui nets sado-maso d’un bordel homo Nous voici donc partis pour un jouant Odette, et dans ce décalage chacun ses sonates de Vinteuil, le jouait Charlus, voici un autre passe ! Rien n’est plus périlleux, et dessiné avec un tact incroyable- voyage dans le passé. On circulera revendiqué, ce redoublement as- cinéma est ici réservoir inépui- Charlus, qui ne cède en rien à son si souvent déplaisant que la « per- ment généreux. Dans cette choré- librement d’une époque à l’autre sumé de la vedette de la littérature sable de souvenirs autant que la brillant prédécesseur : John Mal- formance d’acteur ». Ici il n’y a graphie réglée au millimètre, selon dans ce tournant du siècle où la campée par une vedette de l’écran, mémoire de Marcel Proust. kovich, avec une pointe de son que cela et, parce qu’il s’agit d’un des règles inventées pour lui seul bonne société voit se modifier les se gagne l’un des principaux défis Oui, ses personnages pouvaient propre accent et toute les subtili- théâtre imaginaire, d’une scène par le maître de ballet Ruiz, un mentale dont Raoul Ruiz a établi mot, un geste, un silence suffisent l’espace et les règles de fonction- à suggérer les inépuisables diffé- Raoul Ruiz, réalisateur nement, tous sont légitimes, et rences de castes, les vertigineux et succulents. infinitésimaux déplacements dont Emmanuelle Béart et Gilberte, – sous les oripeaux du désir de pa- « J’ai pu adapter Proust parce que Victor Hugo était trop cher » Pascal Greggory et Saint Loup, raître et de la volonté de puissance Vincent Perez et Morel, Chiara – le besoin d’aimer et la peur de « Comment avez-vous décou- néaste proustien. Cette expres- dans le film fait parfois songer à – Le montage de ce film a dû Mastroianni et Albertine, Elsa Zy- mourir enclenchent les méca- vert l’œuvre de Proust ? sion a-t-elle un sens ? la navigation dans un CD-Rom. être particulièrement long et berstein et Rachel, Melvil Poupaud nismes. Sous le regard acéré et dis- – Je l’ai lu pour la première fois – Je ne sais pas, mais il est vrai – Exactement. Dans les années compliqué ? et le prince de Foix... C’est à tant de Marcel Proust, qui est un en espagnol, alors que je vivais en- que, dans mes films, j’aime les di- 70, j’ai écrit un texte pour les Ca- – Non, le montage était prêt... chaque fois comme un couple de personnage du film de Raoul Ruiz core au Chili. Il est sans doute plus gressions, les détails énigmatiques hiers du cinéma intitulé « Les ob- dans ma tête. Il en existe même un danseurs (l’acteur et son person- (impeccablement interprété par facile à un ou révélateurs, j’aime me lancer jets dans le cinéma », qui plaidait deuxième, différent, que j’aimerais nage) qui s’élance pour interpréter Marcello Mazzarella), il y a, au étranger de dans une grande scène à partir pour des films dont tous les élé- effectuer un jour. J’ai vite compris son pas de deux, et entraîner dans fond, plus de tendresse que de prétendre d’un élément apparemment mi- ments seraient reliés entre eux. qu’il n’y avait pas d’équivalence à son sillage le souvenir du texte et cruauté. adapter un tel neur, j’aime changer de style et Mes réalisations ont toujours cher- chercher aux longues phrases de le plaisir du spectacle, réunis par- Et quand sur le visage de l’acteur monument lit- pratiquer le pastiche, toutes choses ché à inventer des formes narra- Proust dans des plans longs. Mes delà les débats scolastiques. Cette italien naît fugacement le sourire téraire. Et les qu’on trouve chez Proust. tives de ce type, susceptibles de films précédents m’ont aidé à choi- aisance aérienne et souvent rieuse qu’avait Robert De Niro à la fin de traductions de – Comment cette adaptation remplacer la construction clas- sir des solutions aussi simples de la mise en place vient de loin : cette autre opération magique me- La Recherche est-elle devenue possible ? sique en trois ou cinq actes. Et c’est qu’un classique champ-contre- de la déjà longue carrière de Ruiz, née sur le temps et le pouvoir sous RAOUL – que j’ai lue – Grâce au relativisme. Après ce que font aujourd’hui sous une champ, mais où vingt ans se sont réalisateur chilien installé en le signe des images, Il était une fois RUIZ depuis en fran- Généalogie d’un crime, je voulais forme industrielle les CD-Rom. écoulés dans la collure des deux France depuis un quart de siècle, l’Amérique, on songe que c’est, çais bien sûr, mais aussi en italien adapter Les Travailleurs de la mer, Mais mes mises en scène recou- plans. En même temps, j’ai beau- signataire de trente-six films dont pour aujourd’hui aussi (au mo- et en portugais – sont également qui est un projet hors de prix. Pau- raient souvent à des contraintes coup étudié les œuvres de Max les très mémorables L’Hypothèse ment de la guerre du Kosovo), que des entreprises passionnantes. De- lo Branco, le producteur, a alors formelles que je m’imposais pour Ophüls, un cinéaste dans lequel je du tableau volé, Les Trois Couronnes Ruiz a réalisé son Il était une fois puis que je l’ai lue, j’ai voulu adap- suggéré qu’on pourrait plutôt faire sortir de la structure narrative ha- me reconnais car lui aussi aimait à du matelot, L’Eveillé du Pont de l’Al- l’Europe. Alors, au cinéma, le bruit ter l’œuvre de Proust, mais comme quelque chose à partir de La Re- bituelle. Au moment de réaliser Le se mettre dans des situations im- ma, Généalogie d’un crime, et de d’une petite cuiller peut prendre longtemps ce projet est resté fi- cherche. Nous avons donc adapté Temps retrouvé, j’ai compris que possibles et qu’ensuite tout beaucoup d’autres plus ou moins de vitesse le goût d’une madeleine. nancièrement hors de portée, je Proust parce que Victor Hugo était ces procédés n’étaient pas néces- semble, aux spectateurs, d’une ai- aboutis. Pour notre plus grand plaisir. m’étais résolu à mettre plutôt trop cher. saires, que je pouvais modifier à sance complète. » Depuis toujours, Raoul Ruiz tra- Proust dans tous mes films. – La circulation entre les ma guise les codes de représenta- vaille l’utilisation du fantastique à J.-M. F. – C’est pourquoi on dit au- époques, les personnages et les tion sans respecter une règle du Propos recueillis par l’écran, mène des recherches jourd’hui que vous êtes un ci- situations que vous instaurez jeu définie à l’avance. Jean-Michel Frodon (concernant la narration, les effets ૽ Sortie en salles le 19 mai. LeMonde Job: WMQ1805--0031-0 WAS LMQ1805-31 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0604 Lcp: 700 CMYK

CULTURE-CANNES 99 LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 31

LA PHOTOGRAPHIE DE DEREK HUDSON Bond est de retour L’acteur le plus élégant de Cannes, Sean Connery, revient après une longue absence pour présenter le dernier film où il joue, Entrapment (Haute Voltige), de Jon Amiel. Tout de noir vêtu, le mythe de soixante-neuf ans a excité les milliers de fans qui espéraient l’apercevoir dans sa montée des marches du Palais des festivals.

Kiyoshi Kurosawa, ou la deuxième vie du cinéma nippon TOKYO correspondance A Kyobashi, à deux pas du quar- tier de Ginza à Tokyo, l’immeuble dans lequel a emménagé la nouvelle école de cinéma Eiga Bi Gakko abri- ta dans une autre vie le siège d’une banque. L’école a hérité de la salle des coffres et d’un hall superbe, do- té d’un plafond qui n’en finit pas et de larges coursives. Kiyoshi Kurosa- wa, le réalisateur de Charisma pré- senté le 17 mai à la Quinzaine des réalisateurs, y a tourné les dernières scènes de son nouveau film, une histoire d’amour dont le scénario a été écrit avec les étudiants du cours supérieur d’Eiga Bi Gakko. Seuls IPG/COSMOS l’ingénieur du son et le chef opéra- teur sont professionnels, tous les postes d’assistants sont occupés par des étudiants. L’école, fondée en Terence Stamp, ange noir des rues de Los Angeles 1998 par le producteur-distributeur indépendant Eurospace et le Centre culturel de l’Athénée (français) a dé- cidé de produire chaque année les L’Anglais. Steven Soderbergh reprend le personnage, l’acteur et des séquences d’un film de Ken Loach de 1967. films de deux de ses professeurs-ci- néastes, dans un but pédagogique. Le héros affronte un producteur véreux, meurtrier par accident, qui fait commerce d’anciennes idées de jeunesse Le tournage dure quinze jours, pour un budget d’environ 1,5 million de son. Aujourd’hui, Wilson est libre film de Soderbergh, sur le décalage revêtu d’un tee-shirt frappé du ley Ann Warren à Terence Stamp, francs. SÉLECTION OFFICIELLE (hors et doit affronter un nouvel adver- linguistique, culturel, humain d’un portrait de Mao ou du Che ; Lesley curieux de savoir ce qu’il représen- L’équation rebuterait peut-être compétition). Film américain de saire : Terry Valentine, producteur truand qui débarquait sur une Ann Warren, dont l’essentiel de la tait pour sa fille. nombre de réalisateurs occiden- Steven Soderbergh. Avec Te- véreux reconverti à la musique. autre planète. Il symbolisait aussi carrière remonte à cette époque, Terence Stamp incarne Wilson taux. Elle n’a rien d’exceptionnelle rence Stamp, Lesley Ann War- Dans les années 60, Valentine sil- le rapport complexe entre l’Europe formidable en alter ego de Stamp, avec le génie d’un comédien qui au Japon, où la plupart des films qui ren, Luis Guzman, Peter Fonda. lonnait l’Amérique sur sa Harley et les Etats-Unis. Ce fut l’un de ces brûlant d’amour pour cet homme s’est construit, depuis Théorème, ont façonné le renouveau actuel du (1 h 30.) Davidson. Il a depuis délaissé sa films des années 70 qui continuent qui ne pense même pas à l’embras- un personnage qui existe au-delà cinéma nippon ont des budgets mi- moto pour une décapotable et une de fasciner beaucoup de comé- ser ; Joe Dallessandro enfin, égérie des films qu’il tourne – bons ou nuscules. Kurosawa, qui, à qua- Dans une rue de Los Angeles au- somptueuse demeure à Hollywood diens et réalisateurs américains d’Andy Warhol, étonnant en tueur mauvais. Et c’est bien l’ange de la rante-quatre ans, boucle son ving- jourd’hui, après neuf ans passés en Hills. Accessoirement, il a trahi – Sylvester Stallone projette d’en à gages frôlant la débilité mentale. mort du film de Pasolini qui, dans tième film, est sans doute le prison, un homme, tout de noir vê- l’esprit de ses années de jeunesse, tourner un remake. une des plus belles scènes du film, représentant le plus radical et le tu, les cheveux blancs, le visage dont il a fait son fonds de L’Anglais devrait accéder bientôt UN FANTÔME entre subrepticement dans la plus prolifique de ce cinéma de sculpté par les rides, rôde à la re- commerce. Il est incarné par Peter au même statut : l’un des films de La ténacité de Steven Soder- chambre de Terry Valentine pour bouts de ficelles. Avant Cure, Quali- cherche du meurtrier de sa fille. Il Fonda, le Captain America d’Easy genre les plus marquants de son bergh, qui, depuis dix ans, récupérer la photo de sa fille. fied to live et Charisma, tournés avec est anglais et répond au nom de Rider. Valentine est revenu de tout, époque. La qualité des dialogues construit une œuvre cohérente, D’objet fétiche, cette photo se des budgets relativement élevés Wilson. meurtrier par accident plus que par du scénariste Lem Dobbs, l’écriture qu’elle se situe dans le cadre du ci- transforme en une image mentale (autour de 5 millions de francs !), Un Anglais de ce nom-là a déjà désir. Seuls comptent désormais remarquable des seconds rôles, néma expérimental ou du cinéma que son père peut aimer et chérir. Kiyoshi Kurosawa a fait ses armes à existé à l’écran. C’était en 1967, à la ses chemises, son compte en cette manière de distiller les dia- de genre, est admirable. Dans Kaf- L’Anglais raconte moins l’histoire l’école des séries V – vidéo – qui faveur de Pas de larmes pour Joy, le banque et ses dents, qu’il observe logues par bribes en leur associant ka, il transformait l’écrivain en per- d’une vengeance que celle d’un sont aussi des séries B (les deux film d’un réalisateur débutant, Ken avec la minutie d’un attardé dans un lieu à chaque fois différent, sonnage de fiction, plongé dans homme qui se rend à l’autre bout lettres se prononcent de la même Loach. Trente ans plus tard, le ci- le miroir de sa salle de bains. donnant au film une temporalité une intrigue digne de ses propres du monde pour s’emparer d’un cli- manière en japonais). néaste américain Steven Soder- propre, sont les signes d’un art livres. L’Anglais se déroule lui aussi ché. Il est beaucoup question de bergh a repris plusieurs séquences LES STIGMATES DES ANNÉES 70 – celui de la Série B – dont trop de dans un univers singulier dans le- temps retrouvé cette année à SÉRIES PERVERTIES de ce film, qu’il insère en flash- Citer Ken Loach n’a pas suffi à réalisateurs américains ont oublié quel Steven Soderbergh ne Cannes. Discrète, la fabrique à En outre, les séries V de Kurosa- back dans L’Anglais, et choisi le Soderbergh. Il y a vingt-cinq ans les règles. cherche plus à entretenir l’illusion souvenirs de Steven Soderbergh wa ont la particularité d’être de même acteur : Terence Stamp. Ce- sortait en Angleterre Get Carter,de Significativement, tous les se- que ses protagonistes soient autre sera l’une des merveilles de ce Fes- vraies séries, comme les six opus de lui-ci incarnait hier un truand, père Mike Hodges, avec Michael Caine. conds rôles de L’Anglais portent les chose que des personnages de fic- tival. Katte ni shiagare (« Fais ce que tu d’une petite fille, à qui un tribunal L’Anglais en est, sa manière, le re- stigmates des années 70 : Luis Guz- tion. « Vous n’étiez pour elle qu’un veux ») réalisés en 1995 et 1996, les infligeait une lourde peine de pri- make. Get Carter jouait, comme le man, homme de main de Wilson, fantôme dans sa vie », répond Les- Samuel Blumenfeld deux volets de Revenge (1997), ou, sur le même thème, la série de deux films réalisés en 1998 – entre Cure et Licence to live, à savoir The Détournement de crime Serpent Path et Eyes of Spider. Bruits de Chine « J’aime ce système, qui n’existe qu’au Japon. Les films passent une se- So Close To Paradise. Entre polar et récit d’apprentissage, le Chinois Scenery et Darkness and Light. Une errance maine ou deux tard le soir dans une petite salle, puis sortent tout de suite Wang Xiao Shuai manie l’art du contrepoint comme de la dentelle neurasthénique et une chronique douce-amère en vidéo. Mais pour moi ce sont de vrais films », explique Kiyoshi Kuro- back (celle de Dong Zhi) qui ins- l’Antonioni de L’Avventura jus- QUINZAINE DES RÉALISA- sont mystérieuses. Scenery paraît sawa, qui a perverti le genre en y UN CERTAIN REGARD. Film crivent le film dans un genre mé- qu’au Garrel du Vent de la nuit. TEURS. Scenery. Film chinois de signé par un disciple d’Antonioni modelant un monde à l’image de chinois de Wang Xiao Shuai. taphysique où c’est le plus Le film raconte aussi, et peut- Zhao Jisong. Avec Lin Peng, Sun qui serait plus neurasthénique ses obsessions, notamment celle de Avec Wang Tong, Shi Yu, Guo, souvent par la femme que le mal- être surtout, l’histoire de la trans- Feng Ying, Zhao Yun Yun. que son maître. la deuxième vie, de ce nouveau Tao. (1 h 30.) heur arrive. mission, par le cinéma de genre et (1 h 40.) Darkness and Light. Film Darkness and Light, de Chang stade d’existence qu’atteignent Il n’y aurait rien de nouveau la figure d’une fille perdue, de chinois (Taïwan) de Chang Tso- Tso-chi, suit pendant quelques après un choc (un accident, un Ce film est le récit d’un combat. sous ce soleil noir, si un second ré- l’éternelle fiction de la mort et du chi. Avec Lee Kang I, Tsai Ming semaines une adolescente de la échec, un crime ou autre) les héros Celui-ci se déroule dans la forme cit ne contaminait le premier, pour désir. Shiou, Shie Bau Huei. (1 h 42.) banlieue de Taipei, entre son père de ses films. Les séries V de Kurosa- même de l’œuvre, entre deux tra- finir par en triompher. Disputant à Troisième long métrage de aveugle qui dirige un institut de wa ont un acteur fétiche, Show Ai- ditions narratives : le film noir et celui-ci deux de ses éléments fon- Wang Xiao Shuei, réalisateur indé- Deux films chinois ont été pré- massage dont les employés sont kawa, star du cinéma V nippon et le récit d’apprentissage. Beaucoup damentaux – la narration subjec- pendant chinois de trente-trois sentés ce week-end dans la sélec- aveugles et son jeune voisin, alter ego, en plus sombre et plus d’éléments du film sacrifient au tive en voix off et le personnage ans, ce film, terminé en 1996, a eu tion de la Quinzaine des réalisa- membre d’une bande de gang- brutal, du Koji Yakusho (star, lui, du premier de ces genres, qui consti- féminin –, il s’agit du roman d’ap- maille à partir avec la censure, qui teurs. Deux films dissemblables, sters, dont elle tombe amou- grand écran) de Cure, Qualified to tue de prime abord le récit maître. prentissage du timide et mutique l’a jugé trop pessimiste. En dépit témoins de la diversité des hypo- reuse. live et Charisma. L’histoire, située lors de la ré- Dong Zhi et de son amour ina- des concessions faites par le réali- thèses formelles proposées par le Dans Eyes of Spider et Serpent forme économique chinoise des voué pour la maîtresse de son ami. sateur, le film n’est pas sorti à ce cinéma asiatique aujourd’hui. UN MONDE INCOMPLET Path, Aikawa joue un personnage années 80, est celle de deux amis jour en Chine. Scenery, de Zhao Jisong, débute Quoi de commun entre Scene- qui a le même nom : les deux films originaires d’un même village, INCERTITUDE ET POÉSIE A l’image de Jia Zang Ke, dont par la rencontre d’un jeune avo- ry, errance austère et concep- ont été tournés l’un à la suite de poussés en ville par le désir de Entre journal intime et capta- on a découvert l’extraordinaire cat apathique et d’une jeune tuelle, et Darkness and Light, l’autre, deux semaines pour chacun, s’enrichir. Si Dong Zhi n’est qu’un tion documentaire, cette part du Xiao Wu voilà quelques mois en femme, chauffeur de taxi. Celle- chronique douce-amère ? Sans avec la même équipe technique et modeste porteur, Gao Ping, son film est éclairée par les rais per- France (Le Monde du 14 janvier), ci lui décrit le viol dont elle aurait doute la capacité à utiliser le son les mêmes acteurs, sur le même aîné, est un petit malfrat à l’affût çants des sentiments naissants, la So Close To Paradise témoigne de été victime et lui demande de re- comme un élément fondamental thème de départ, en l’occurrence la du coup qui le sortira de la lumière pacifiée du grand jour, les l’émergence d’une nouvelle géné- trouver le coupable. Commence du récit. Cris, babils divers, inter- vengeance, mais pour deux his- mouise. péniches qui passent, évoquant la ration de cinéastes en Chine, dont alors pour l’homme une quête pellations, sont comme la preuve, toires et deux traitements complè- Escroqué par un autre voyou, vie laborieuse du fleuve. le talent de mise en scène s’allie à sans issue, le violeur ayant le don parfois burlesque, d’une vie ef- tements différents. « Cela créé un membre d’une puissante bande Par ces recours fréquents à l’el- un plus grand souci de vérité et de de disparaître avant que l’on fervescente dans Darkness and ensemble que l’on peut considérer locale, tenaillé par le désir de ven- lipse, ces instants de pure vacuité, réalisme. mette la main sur lui. Light. Quant à Scenery, il décrit comme une paire. Au lieu de se déci- geance, il kidnappe avec l’aide de ces plans où la beauté naît d’un Pour peu qu’on lui laisse l’occa- Très vite, le spectateur s’inter- l’incomplétude définitive du der pour un seul traitement, je peux Dong Zhi la fiancée du chef de la détail parfaitement trivial, le film a sion de s’exprimer, il faudra désor- roge sur les motivations de la monde, symbolisée par l’appari- explorer plusieurs possibilités », se fé- bande, Yuan Hong, qui devient sa l’allure d’un flux de conscience mais compter avec elle dans l’im- femme qui semble attirée par le tion récurrente d’un personnage licite Kurosawa, cinéaste de la maîtresse. C’est évidemment ici dont l’aboutissement – une simple pressionnante efflorescence de la personnage principal. Les rues de sourd ou le dictaphone défec- deuxième vie. que les ennuis vont commencer, caresse de la femme aimée – se créativité asiatique. sont dépeuplées, les actions des tueux du héros. dans une dominante nocturne et charge de toute l’incertitude et individus n’aboutissent pas, les Brice Pedroletti une narration subjective en flash- toute la poésie du cinéma, depuis Jacques Mandelbaum motivations des protagonistes Jean-François Rauger LeMonde Job: WMQ1805--0032-0 WAS LMQ1805-32 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:16 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0605 Lcp: 700 CMYK

32 / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 CULTURE-CANNES 99 Almodovar, Permanence le check-up des origines du Sud profond Sud. A partir d’un fait Tout sur ma mère. Ovation pour le feu d’artifice divers raciste au Texas, sentimental et familial du cinéaste espagnol un grand documentaire Cette fusion s’accomplit grâce à de Chantal Akerman SÉLECTION OFFICIELLE (en la puissance d’incarnation des in- compétition). Film espagnol de terprètes, tels qu’Almodovar les Pedro Almodovar. Avec Cecilia filme. Et d’abord, belle, émou- QUINZAINE DES RÉALISA- Roth, Marisa Paredes, Candela vante et sensuelle, Cecilia Roth, TEURS. Documentaire franco- Peña, Antonio San Juan, Pene- qui est Manuela, femme de 40 ans belge de Chantal Akerman. lope Cruz, Rosa Maria Sarda. vivant à Madrid avec son fils de (1 h 10.) (1 h 40.) 18 ans. Elle allait lui révéler son origine et ce qu’est devenu son Les très grands documentaires, Au sortir du film – et de l’ovation père quand il est écrasé par une et Sud en fait partie, ont toujours qui l’a accueilli à Cannes – de quoi voiture. Folle de douleur, Manuela la prescience d’un événement. se souvient-on ? De presque rien retourne à Barcelone qu’elle avait Ainsi, Chantal Akerman s’était d’abord, sinon d’une intense émo- quitté dix-huit ans plus tôt, en- rendue dans le Sud des Etats-Unis tion mêlée à une grande jubilation. ceinte... Voilà : cette sombre et pour y tourner un documentaire, TERESA ISASI L’histoire ? On ne sait plus trop, si- mouvante histoire prend chair, « Tout sur ma mère » : un portrait attentif des « déviances » d’aujourd’hui et de toujours. par attirance pour William Faulk- non qu’il s’agissait d’un mélo, pur prend sens par ces merveilleuses ner et James Baldwin. C’est à ce sucre tendre et pure amertume des présences, filmées par Almodovar wicz, évoque Opening Night de gens par-delà les barrières phy- imbrique la fable sur le théâtre, un moment-là que survient dans la larmes sentimentales. Pourtant les avec une sorte de gratitude admi- Cassavetes, deux des plus beaux siques, éthiques ou politiques. Se document sur les quartiers réser- petite ville de Jasper, au Texas, le tendres orphelines et les vilains sé- rative, que sont les acteurs – ici, films sur le monde de la représen- confrontant à cette limite, le ciné- vés de Barcelone, un pamphlet so- meurtre d’un Noir, traîné sur plu- ducteurs ont une drôle de bobine comme pratiquement toujours tation, que rejoint Tout sur ma ma de Pedro Almodovar fonc- cial, un reportage sur la transplan- sieurs kilomètres à l’arrière d’une chez Almodovar, et la morale (cru- chez lui, les actrices. Puisqu’il mère, film sur le théâtre mais sur- tionne sur la croyance en un flux tation d’organe (autre forme de voiture par trois Blancs liés à des ciale dans tout mélodrame) prend s’agit, bien évidemment, de spec- tout sur la mise en spectacle de la qui peut prendre toutes les maintien de la chaîne de la vie). Au groupes d’extrême-droite. «On d’inhabituels détours. tacle. vie quotidienne, les codes de la re- formes, entraîner toutes les début de ce film, un plan – audace aurait cru un bruit de pneu crevé » Peu importe, travestis, trans- présentation sociale, sexuelle et situations, du moment qu’il coule formelle dont Almodovar est cou- raconte un Noir qui avait entendu sexuels, prostitués, drogués s’im- LA QUESTION DE LA RAMPE affective où chacun joue son – ou dans le sens de la vie. Tout sur ma tumier – transforme l’écran en la voiture passer près de chez lui. posent si naturellement comme les Manuela a fait du théâtre autre- ses – rôle(s). mère est donc aussi – comme page blanche, où un crayon écrit. « La tête et le bras ont été arrachés plus proches de nos semblables fois, cela a marqué et marquera Almodovar est un cinéaste de la toute l’œuvre du réalisateur – un Tout sur ma mère est un carnet de en premier », explique un des humains que le film peut mettre en encore son destin, nous voici dans limite. Mais c’est dans la réalité film sur le deuil, et sur la manière notes personnelles, pas le résultat membres de la police. marche sa double et généreuse hé- la loge de Marisa Paredes, éblouis- même qu’il pose la question de la dont la mort participe de l’exis- d’une ingéniérie scénaristique et Chantal Akerman réussit à dé- lice : être à la fois le plus classique sante, et de sa partenaire dans Un rampe, cette ligne symbolique qui tence de chacun et de la continuité de réalisation. Au centre de ce gager ce fait divers de la chro- des récits familiaux et un portrait tramway nommé désir, Candela Pe- sépare la scène de la salle. Ques- de tous, symbolisée par la ré- vaste mouvement, il y un homme, nique judiciaire pour l’inscrire attentif des « déviances » d’au- ña, plus troublante en amante des- tion vertigineuse de la transgres- currence du même prénom, Este- un artiste qui dit « je », Pedro Al- dans une histoire qui serait celle jourd’hui et de toujours. Etre à la tructrice de la star vieillissante sion qui, au-delà des provocations ban, donné à trois générations modovar. du lynchage, du peuple noir dans fois un remarquable film d’auteur qu’en Blanche Dubois sur scène. auxquelles on a trop réduit son successives. le Sud, et des mouvements ra- et un grand film ouvert à tous. Almodovar cite Eve de Mankie- œuvre, interroge ce qui unit les Pour capter cet élan, le cinéaste J.-M.F. cistes blancs. Ce meurtre ne se se- rait jamais produit, comme le pense naïvement le shérif local, si NADIA ET LES HIPPOPOTAMES la ville de Jasper ne connaissait Klaus Kinski, le diable probablement Un certain regard pas le chômage. a Dominique Cabrera revient à Cannes avec un film qui met en jeu, sans Chantal Akerman a parfaite- vraiment le résoudre, un problème épineux : la représentation du politique. ment vu dans ce fait divers l’occa- Mon ennemi intime Klaus Kinski. Werner Herzog filme D’Eisenstein à Tavernier, en passant par le cinéma militant et le film social sion de retracer une généalogie de britannique, beaucoup de réponses ont été avancées. Dominique Cabrera l’oppression dans cette région des son acteur fétiche, son double maléfique a choisi la méthode de la juxtaposition. Soit la greffe d’une histoire ro- Etats-Unis. De ces arbres dont les manesque – une femme au landau (Ariane Ascaride) recherche le père de branches étaient déformées par le té qui confinaient à l’absolu. Werner Herzog tourna, entre 1972 et son enfant au cours d’une nuit passée parmi les syndicalistes du rail – sur poids des Noirs pendus au bout, SÉLECTION OFFICIELLE (hors Herzog était tombé sur le seul 1987, cinq films avec Klaus Kinski : un matériau tiré de l’histoire sociale récente – la reconstitution, avec la par- comme le raconte une vieille compétition). Documentaire al- comédien pour qui le cinéma et la Aguirre, la colère de Dieu ; Nosferatu, ticipation des cheminots, de la grève de décembre 1995. On ne tranchera femme, à ce concert de Nat King lemand de Werner Herzog. vie se confondaient de manière irré- fantôme de la nuit ; Woyzeck ; Fitz- pas sur le sentiment partagé qu’on a éprouvé à la vision de ce film, où de Cole en 1956, relaté par un autre (1 h 35.) ductible. Il le savait. Ce fut sa chance carraldo ; Cobra Verde. Mon ennemi belles idées de mise en scène sauvent un symbolisme pesant – le poids de témoin, et qui avait été interrom- et son malheur. Kinski fut successi- intime prend place entre tous ces l’hippopotame contre la légèreté de l’époque – et suggèrent une incerti- pu par un Blanc monté sur scène « J’avais abandonné mon projet de vement pour Herzog un conquista- moments que l’on devinait sans ja- tude fondamentale sur les notions, artistiques et politiques, de réussite et pour le lacérer à coup de chaînes. le tuer », avoue Werner Herzog à la dor fou, un vampire, un composi- mais les voir, que Herzog a bien fil- d’échec. J. M. Un des moments les plus frap- fin d’un des documents les plus teur d’opéra dément. Mon ennemi més et nous montre enfin . « Nous Film français de Dominique Cabrera. Avec Ariane Ascaride, Marilyne Canto, pants de ce documentaire admi- bouleversants qu’un metteur en intime le montre encore plus halluci- étions deux masses critiques qui, Thierry Frémont. (1 h 40.) rable reste l’oraison funèbre de la scène ait consacré à l’un de ses né que tous ces personnages réunis. misent ensemble, forment un mé- victime, montrée dans toute sa comédiens. Faute de s’être débar- lange explosif ». THE WAR ZONE longueur, avec une puissance, une rassé de Klaus Kinski, il ne lui restait « DEUX MASSES CRITIQUES » Le réalisateur allemand aurait pu Quinzaine des réalisateurs émotion, et une rigueur dans l’at- plus qu’à l’aimer, et aujourd’hui à le Probablement, et c’est la part la tuer son alter ego – dans une cer- a Un adolescent découvre que son père entretient des relations sexuelles tention portée au rituel qui rap- regretter. Kinski était fou, mégalo- plus émouvante de ce documen- taine mesure, Kinski est la part avec sa sœur et hésite à dévoiler cette situation. Première réalisation de pelle la fameuse cérémonie d’en- mane, meurtrier en puissance, taire, Herzog n’a jamais pu conti- maudite d’Herzog, un jumeau qui l’acteur d’origine britannique Tim Roth, The War Zone évite brillamment terrement du Mirage de la vie de lâche, perfectionniste, attentionné nuer à faire de cinéma de fiction de- aurait supporté à sa place la charge tous les poncifs du cinéma social à l’anglaise. En installant ses protago- Douglas Sirk. et grossier. Il pouvait tirer à la Win- puis la mort de Kinski en 1991. Mon d’un pouvoir maléfique – à plu- nistes dans une maison isolée, en optant pour une photographie sombre, il chester sur une tente qui abritait des ennemi intime porte ce deuil. Au sieurs reprises. Sur le tournage parvient à une stylisation, parfois trop appliquée, qui décrit avec succès la S. Bd figurants d’Aguirre, ou taper à coup plus fort de son intensité, la collabo- d’Aguirre, après s’être passé les pulsion de l’inceste, la honte et les réflexes de dénégation qu’elle engendre. de baguette sur un comédien au ration entre les deux hommes res- nerfs sur un des assistants, Kinski J.- F.R. point de presque lui fracasser le semblait à une version diabolique avait commencé à faire ses valises. Film britannique de Tim Roth. Avec Ray Winstone, Lara Belmont, Freddie crâne. de la dialectique du maître et de Et comme ce fut le cas pour de Cunliffe. (1 h 39.) Il était surtout génial. Un génie l’esclave et exposait de la manière la nombreuses tournées théâtrales CONCERTS qui abolissait les frontières entre le plus angoissante possible ce qui ar- qu’ils avait lâchées en plein milieu, PEAU NEUVE réel et la fiction, le vécu et l’inter- rive lorsque la création artistique Kinski aurait mené sa menace à Un certain regard prétation, et incarnait ses person- n’était envisagée qu’en termes sacri- bien. Herzog était rentré dans sa a Alain est un vélléitaire qui passe sa vie à tester des jeux vidéo. Marié à nages avec une intensité et une véri- ficiels. tente et avait menacé d’abattre l’ac- une infirmière, père de famille, il décide de tout plaquer pour suivre un teur de huit balles, se réservant stage de formation de conducteur d’engin. Singulière idée, qui permet au pour lui la neuvième, s’il ne réinté- film et au personnage d’aller creuser en Corrèze un autre rapport au réel. A grait pas immédiatement le tour- travers la soudaine passion d’Alain pour Manu, figure d’innocent passion- nage. La seconde occasion se situa né par les machines, le film met subtilement en chantier un récit d’appren- pendant le tournage de Fitzcarraldo tissage et d’amitié partagée, entre enfance et maturité. Après L’Incruste où l’hystérie de Kinski atteignit des (1994), qu’elle avait réalisé dans le cadre de la série « Tous les garçons et les sommets. filles de leur âge » produite par Arte, Emilie Deleuze entre de façon remar- quable dans le monde du cinéma. J. M. PATATES CHAUDES Film français d’Emilie Deleuze. Avec Samuel Le Bihan, Marcial Di Fonzo Bo, Effrayés par les colères dévasta- Catherine Vinatier (1 h 36.) trices du comédien, les Indiens em- ployés comme figurants propo- MOLOCH sèrent gracieusement à Herzog, Sélection officielle (en compétition) Krystian dont ils louaient la gentillesse, de a Une femme nue, laiteuse et fessue, déambule, seule, sur les terrasses tuer Kinski. La troisième tentative d’une forteresse alpine. Cette séquence d’ouverture baigne dans une lu- ZIMERMAN sera la bonne. Herzog l’a filmée. mière d’aquarium et scelle de façon infiniment troublante la rencontre iné- Dans la dernière scène de Cobra dite entre l’opulence de cette chair, la dureté de la pierre et le paysage em- Mercredi 26 mai - 20 h 30 Verde, le dernier film qu’il tourne- brumé des montagnes environnantes. Elle suscite aussi deux certitudes : il PLEYEL ront ensemble, Kinski se laisse s’agit, sans l’ombre d’un doute, de l’univers esthétique du cinéaste russe mourir dans un délire et un aban- Alexandre Sokourov ; cette distorsion délibérée du réel, sous le signe de la CHOPIN - SCHUMANN don qui n’ont plus rien à voir avec déliquescence, produit un intense sentiment de malaise. Il ne s’agit plus de Valmalete une quelconque interprétation . «Il pénétrer, comme dans Pages cachées (1993), dans l’univers mental de la lit- avait gaspillé son énergie. On aurait térature russe, mais d’évoquer une journée banale d’Adolf Hitler et d’Eva dit qu’il s’était consumé ». Braun à Berchtesgaden en 1942. Le dispositif théâtral qui se met en place Au début de Mon ennemi intime, aboutit à une sorte de traité de psychopathologie de la vie quotienne hitlé- Herzog entre par inadvertance dans rienne qui revient peu ou prou à expliquer le IIIe Reich par l’échec de son un appartement habité par un guide dans sa vocation de peintre. L’intérêt de cette approche reste plus couple de bourgeois allemands. que jamais à démontrer. J. M. Herzog y avait vécu trois mois avec Film russe de Alexandre Sokourov. Avec Leonoid Mosgovoi, Elena Rufanova, Kinski alors qu’il n’avait que treize Leonid Sokol (1 h 45.) ans. Herzog montre au couple la salle de bains où le comédien s’était L’EMPEREUR ET L’ASSASSIN enfermé quarante-huit heures Compétition officielle avant de tout casser, puis le salon a En 221 avant Jésus-Christ, l’empereur Shi Huangdi unifie l’empire de où, un soir, Kinski avait balancé des Chine aux dimensions qui sont encore les siennes aujourd’hui. Formidable patates chaudes à la tête d’un cri- épopée politique, militaire et diplomatique, dont Chen Kaige propose ici tique de théâtre. « Vous êtes remar- une version romancée et allégorique. Romancée puisqu’il construit son quable », avait dit ce dernier. «Je scénario sur l’amour d’une belle et courageuse concubine pour le jeune roi suis prodigieux », avait violemment lancé dans sa quête du pouvoir absolu ; allégorique puisque c’est évidem- corrigé l’acteur. A ce moment pré- ment vers le pouvoir contemporain que lorgne le réalisateur. Cette fresque cis, le couple bourgeois réalise qu’il est servie par d’immenses moyens en hommes, décors et accessoires habite au mauvais endroit. Les lieux souvent très beaux. Depuis longtemps engagé dans un académisme spec- hantés sont, on le sait, rarement taculaire (qui lui valut la palme d’or pour Adieu ma concubine en 1993), ce- fréquentables. lui qui fut naguère l’un des chefs de file de la renaissance du cinéma chinois ressuscite les fastes décoratifs du cinéma soviétique des années 50. J.- M. F. S. Bd Film chinois de Chen Kaige. Avec Gong Li, Zhang Fengyi, Li Xuejian. (2 h 43.) LeMonde Job: WMQ1805--0033-0 WAS LMQ1805-33 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0606 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 33 A Sceaux, SORTIR John Surman fait sonner son jazz sacré Exposition : Les « Discussions PARIS au coin du feu » une maison La Chambre de Joseph Grigely du professeur Swedenborg L’œuvre de l’Américain Joseph dans la cathédrale de Coutances Les spectateurs sont admis au Grigely est faite de bouts de d’André Lurçat compte-gouttes (quarante-cinq) conversations écrites qu’il dans la « chambre pliante » du entretient au quotidien : petits Près de 40 000 personnes ont fréquenté, du 8 au 15 mai, professeur Swedenborg. Un jeune billets, pages de carnets et cartons est menacée artiste plein d’humour la garde. griffonnés, traces d’échanges avec e Assisté par la femme de chambre les autres... L’artiste est sourd la 18 édition du festival Jazz sous les pommiers, du professeur, il tente de depuis l’âge de onze ans. Certains reproduire ses expériences papiers sont épinglés aux murs, de démolition organisé dans la sous-préfecture de la Manche scientifiques et esthétiques et fait d’autres précieusement encadrés UN BULLDOZER-PELLETEUSE comme des artisans détenteurs de Organ Band, dirigé par le pianiste revivre l’homme de science à et posés sur des semblants de est au milieu du jardin dont une JAZZ SOUS LES POMMIERS, John quelques secrets. gallois Huw Warren. Pas d’orgue de travers, notamment, une cassette cheminées Louis XV, pour plus de partie des arbres ont été coupés, Surman, Huw Warren, Andy Jeudi 13 mai, Jazz sous les pom- barbarie au programme mais un « piratée ». L’auteur-metteur en chaleur. des meubles en vrac sont entassés Sheppard. Coutances, le 13 mai. miers avait ainsi centré sa journée mélange de cordes et d’anches élé- scène-scénographe Michel Galerie Air de Paris, 32, rue e o dans un coin. Au fond, une maison sur la scène britannique. Dans gant et un peu sage, où des airs de Jacquelin fait passer de surprise Louise-Weiss, 13 . M Chevaleret. domine la scène. Avec ses fenêtres COUTANCES l’après-midi, c’est le saxophoniste dessins animés (Raymond Scott, en surprise dans un univers Tél. : 01-44-23-02-77. Tous les jours, horizontales largement ouvertes de notre envoyé spécial John Surman qui a d’abord triom- Chuck Jones) rencontrent une écri- parfaitement insolite. Comme par de 14 heures à 19 heures. Fermé le lundi. Jusqu’au 29 mai. sur la verdure et des décrochés géo- A Coutances (Manche), des affi- phé. Venant de derrière l’autel de la ture de chambre encore un peu ser- magie, la femme de chambre peut métriques, c’est un volume cubiste chettes annoncent que la quasi- cathédrale de Coutances, il s’avance rée. Cette plaisante alliance de folk marcher sur une planche en équilibre et se mettre à parler ORLÉANS et complexe, comme les aimait totalité de concerts du festival Jazz lentement en improvisant au bary- anglais et de jazz classique donne le alors qu’elle était muette. Les jeux André Lurçat. L’architecte a sous les pommiers (du 8 au 15 mai) ton vers la cinquantaine de chan- ton avant l’arrivée du quintette Carrefour des littératures d’objets alimentent les jeux de construit ce bâtiment au 2 bis, bou- sont complets. Certaines soirées teurs, femmes et hommes, du Salis- d’Andy Sheppard. dramatiques européennes mots : l’euphorie des spectateurs levard Desgranges à Sceaux, en avaient même fait le plein depuis bury Chorus Festival, dirigés par Le saxophoniste a eu la confiance en traduction sera alimentée par des « œufs au 1955-1956. Disparaîtra-t-il demain ? deux ou trois semaines. Le public Howard Moody. Au-dessus, invi- de Gil Evans, George Russel et L’Atelier de la traduction de la riz ». Il est menacé par un permis de – toute la ville, le département – sible, au clavier des grandes orgues, Carla Bley, qui lui ont donné une Scène nationale d’Orléans Cité internationale (Théâtre), 21, démolir, toujours valable, et par un accompagne, pousse « son » festi- John Taylor répond à Surman, les place prépondérante dans leurs propose trois lectures-spectacles boulevard Jourdan, 14e. RER permis de construire délivré le val comme cela se voit peu. Pour voix émergent d’un prélude. Pro- grands ensembles. En leader, il a de pièces inédites. Asylum, Cité-Universitaire. Du lundi au Asylum !, de l’Irlandais Donal 17 mars par le maire de Sceaux, cette 18e édition, 18 000 places ont verbs and Songs, en partie écrit, en dirigé un big band brillant trop vite dimanche. Relâche le mercredi. O’Kelly, pose le problème de Pierre Ringenbach, pour « trois vil- été vendues, près de 40 000 per- partie improvisé, débute. disparu, ses formations ont été plus Jusqu’au 30 mai. Tél. : l’immigration en Europe las en fond de parcelle ». Alors sonnes seront passées prendre le ou moins électriques. Celle-là se 01-43-13-50-50. De 55 F à 110 F. aujourd’hui à travers les déboires qu’une instance de classement, en pouls du festival dans une sous-pré- promène dans les musiques du GRANDE MUSIQUE SANS NOM Zhu Xiao-Mei (piano) d’un Ougandais. Metro, des raison des « menaces de destruction fecture tranquille qui compte envi- A partir d’éléments du jazz, de monde (île Maurice, Afrique noire, Bach : Partitas pour clavier BWV Espagnols Rafaël Gonzalez et qui pèsent sur cet édifice », est ins- ron 12 000 habitants. fragments familiers d’hymnes de Brésil) un peu à la façon du jazz 827, 826 et 830. Francisco Sanguino, place face à truite depuis le 14 décembre 1998. A Coutances, la durée a permis musique sacrée, de cycles répétitifs atmosphérique du guitariste Pat Ses compositeurs de prédilection face un homme et une femme sur André Lurçat (1894-1970) est l’un de ne pas recourir seulement à des variés, les instruments – chœur, Metheny. Ce n’est pas sa musique se comptent sur les doigts d’une un quai de métro. Wittgenstein, des architectes français importants vedettes passe-partout et aux per- saxophone, orgues – se ques- qui intéresse ici chez Sheppard, main : Bach est probablement son Bernhard und andere, de du mouvement moderne. Contem- formances d’artistes de rue (parmi tionnent et se répondent, par- mais bien ce que l’instrumentiste pain quotidien et celui qu’elle l’Autrichien Gerald Szyszkowitz, porain de Le Corbusier, avec qui il les troupes invitées, la Compagnie viennent à se lier naturellement. Le donne à entendre : précision des emmènerait sur une île déserte. raconte l’attente par deux amies s’opposa souvent, il a été actif du Albedo et ses « bigbrozeurs », longs spectaculaire n’est pas de mise, le attaques, contrôle du souffle, arti- Elle le joue avec une épure qui et rivales de « l’objet de leur milieu des années 20 au début des personnages à la Columbo, aux recueillement appliqué non plus. culation et, au-delà de la technique, n’exclut jamais la tendresse et désir » : l’égocentrique Thomas années 60. Le groupe scolaire qu’il cous extensibles, qui déambulent, C’est de la grande musique, sans une émotion palpable, une vérité l’émotion. Bernhard, qui les repousse. construisit à Villejuif, entre 1930 et obtient un succès). On vient ici nom, qu’il faut laisser venir dans sa qui se transmet de la scène vers la Les Abbesses (Théâtre de la Ville), Scène nationale, carré 1933, avec ses matériaux bon mar- écouter la plupart des esthétiques beauté toute simple. salle. 31, rue des Abbesses, 18e. Mo Saint-Vincent, 45 Orléans. Les 19, ché, sa composition à partir de du jazz, toujours respectueux de la En soirée, au théâtre, on est Abbesses. Le 17, à 19 h 30. Tél. : 20 et 21 mai, à 20 h 30. Tél. : masses géométriques, ses longues belle ouvrage de musiciens perçus d’abord venu découvrir le Barrell Sylvain Siclier 01-42-74-22-77. 95 F. 02-38-62-45-68. Entrée libre. fenêtres horizontales, ses pilotis et son toit-terrasse, est représentatif d’un style qu’il imposa jusqu’en GUIDE Autriche et en URSS. Après la guerre, ce moderne qui travaille à Saint-Denis et dans la banlieue REPRISE Les Wriggles parisienne – il est alors proche du Le Réservoir, 16, rue de la Forge-royale, Parti communiste – sera respon- Gilda 11e. Mo Ledru-Rollin. Le 17, à 23 h 30. sable de la reconstruction de Mau- de Charles Vidor. Américain, 1946, noir Tél.: 01-43-56-39-60. beuge, où il se révèle attentif aux et blanc (1 h 50). Paco De Lucia VO : Action Ecoles, 5e. Tél. : 01-43-29- Olympia, 28, boulevard des Capucines, demandes des habitants comme à e os 79-89. 8 . M Opéra, Madeleine. Le 17, à la forme urbaine préexistante. 20 h 30. Tél. : 01-47-42-25-49. De 170 F TROUVER SON FILM à 190 F. PATRIMOINE INCOMPRIS Mistic Revelation of Rastafari Tous les films Paris et régions sur le Mi- New Morning, 7-9, rue des Petites- A Sceaux, à partir de 1948, il des- nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36- Ecuries, 10e. Mo Château-d’Eau. Les 17 sine quatre maisons individuelles, 68-03-78 (2,23 F/mn) et 18, à 21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. où il associe la modernité construc- ENTRÉES IMMÉDIATES De 110 F à 130 F. tive et technique à la demande de confort qui naît avec le début d’une Le Kiosque Théâtre : les places du jour RÉSERVATIONS vendues à moitié prix (+ 16 F de prospérité en marche. Trois sont Juliette Gréco situées en bordure du parc, rue commission par place). Place de la Ma- deleine et Parvis de la gare Montpar- Théâtre national de l’Odéon, 1, place Paul-Couderc – l’une de celle-ci lui nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi Paul-Claudel, 6e . Du 25 au 30 mai + servira d’ailleurs de domicile et au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le 1er et 2 juin. Tél. : 01-44-41-36-36. De d’atelier –, la dernière, dite maison dimanche. 143 F à 220 F. Larrey, boulevard Desgranges, sur Lettres algériennes Lauryn Hill mise en scène d’Emmanuelle Destre- Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, 19e. une parcelle de 1 300 m2. Toutes mau, avec Gaëla Le Devehat, Amel De- Mo Porte-de-Pantin. Le 27 mai. Tél. : 01- sont implantées sur un terrain en jemel, Eléonore Pourriat et Jean Bard. 42-08-60-00. pente ; l’architecte use de la décli- Proscénium, 2, passage du Bureau, 11e. Véronique Gens vité pour combiner les différents Mo Alexandre-Dumas, Charonne. Le 17, Comédie des Champs-Elysées, 15, ave- niveaux de l’édifice, au plan à 20 h 30. Tél. : 01-40-09-77-19. 50 F et nue Montaigne, 8e. Mo Alma-Marceau. 80 F. Jusqu’au 24 mai. Le 31 mai. Tél. : 01-53-23-99-11. compact ; les circulations sont Voyage au bout de la nuit réduites aux seuls paliers de l’esca- de Louis-Ferdinand Céline, avec Fa- DERNIERS JOURS lier. brice Luchini. A peu près fermées sur la rue, Théâtre Paris-Villette, 211, avenue 22 mai : e o elles s’ouvrent sur un jardin. Ces Jean-Jaurès, 19 . M Porte-de-Pantin. Moi, pas moi Le 17, à 21 heures. Tél. : 01-42-01-89-48. de Jean-Claude Carrière, Louis-Charles habitations sont d’autant plus 95 F et 160 F. Jusqu’au 30 juin. Sirjacq et Elfriede Jelinek, mise en économiques que l’architecte uti- Ensemble Orlando Gibbons scène de Margarethe von Trotta et lise des éléments standards (carre- William Byrd : l’âge d’or de la musique Matthias Fontheim, avec Hanna Schy- lages, portes, fenêtres) pour ses élizabéthaine. Gérard Lesne (alto). gulla. Théâtre Grévin, 10, boulevard Mont- Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pa- constructions. La dénivellation de martre, 9e. Mo Grands-Boulevards. Le cinq mètres entre le boulevard Des- blo-Picasso, 92 Nanterre. Du mardi au 17, à 20 h 30. Tél. : 01-48-24-16-97. De samedi, à 20 h 30. Tél.: 01-46-14-70-00. granges et le sol du jardin a dicté 140 F à 220 F. De 55 F à 140 F. Les Estudanses l’organisation particulière de la Amants ; Vieux Ménage Festival universitaire européen de d’Octave Mirbeau, mise en scène de maison Larrey, avec ses trois danse. niveaux et son système de ter- Epinay-sur-Seine (93). Maison du Jean Bouchaud, avec Alain Pralon, rasses. théâtre et de la danse, 75, avenue de Martine Chevallier et Florence Viala. Comédie-Française Studio-Théâtre, 99, A la mairie, on indique qu’il ne la Marne. Les 17 et 18, à 21 heures. rue de Rivoli, 1er. Mo Palais-Royal, s’agit pas de détruire l’œuvre de Tél. : 01-48-26-45-00. 50 F. Lydia Lunch Louvre. Les mardi, mercredi, vendredi, Lurçat, qui sera conservée, mais de Arapaho, 30, avenue d’Italie (Centre lundi, à 18 h 30. Tél. : 01-44-58-98-58. construire trois maisons indivi- Italie II), 13e. Mo Place-d’Italie. Le 17, à De 45 F à 80 F. Jusqu’au 22 mai. duelles à l’emplacement du jardin, 20 h 30. Tél. : 01-53-79-00-11. 80 F. Konrad Loder avec six places de parking en sous- Wladimir Anselme Galerie Bernard Jordan, 5, rue Chapon, L’Européen, 3, rue Biot, 17e. Mo Place- 3e. Mo Arts-et-Métiers. Tél. : 01-42-77- sol – ce qui est conforme au plan de-Clichy. Le 17, à 20 h 30. Tél. : 01-43- 19-61. De 14 h 30 à 19 heures. Fermé di- d’occupation des sols. Pourtant, si 87-97-13. De 80 F à 100 F. manche et lundi. un permis de démolir avait été refusé le 25 septembre 1998, ce refus a été abrogé le 20 janvier 1999. La menace d’une destruction plane donc toujours. Elle est d’ail- leurs prise au sérieux à la direction du patrimoine et de l’architecture, où l’on a décidé l’instance de clas- sement pour éviter la démolition. La construction de trois édifices – certes approuvée par l’architecte des Bâtiments de France – sur une parcelle aussi étroite ne manquera pas de dénaturer l’œuvre de Lurçat. On peut se demander pourquoi une municipalité qui a la chance de pos- séder sur son territoire quelques éléments importants du patrimoine du XXe siècle – il existe également à Sceaux une villa signée Mallet- Stevens – est à ce point indifférente à sa conservation et à sa mise en valeur. Il est vrai que ce jeune patrimoine est encore souvent incompris. Après, il sera trop tard.

Emmanuel de Roux LeMonde Job: WMQ1805--0034-0 WAS LMQ1805-34 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0607 Lcp: 700 CMYK

34 KIOSQUE LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 EN VUE Les « Choses vues au Kosovo » de Régis Debray dans « Marianne » a « La violence sans discrimination, répétée jour après jour, désensibilise les gens à la L’écrivain publie, dans l’hebdomadaire de Jean-François Kahn, violence et à ses conséquences », a déclaré, samedi 15 mai, Bill le récit vécu de son voyage. Un témoignage singulièrement biaisé Clinton à Hollywood devant une brochette de stars. « TOUTE REPRODUCTION par- gnage brut, et volontairement dé- tion. « Ce que j’aperçois, sous une maigre. La même remarque vaut tielle de ces notes, de ces photos, est cousu. pluie battante, me glace : route dé- pour d’autres scènes de désolation, a La sortie, le 19 mai, du dernier interdite. Chaque détail est véridique « A Belgrade, Novi Sad, Pristina, serte, maisons brûlées, villages lu- pour lesquelles sont présentées des épisode de La Guerre des étoiles – et, séparé des autres, mensonger. les ululements de sirènes annonçant naires. Terrible ». Pourquoi Régis interprétations qui exonèrent plus pourrait provoquer une vague Prenez le tout pêle-mêle, ou rien ». les avions et missiles n’émeuvent plus Debray ne s’en tient-il pas à cette ou moins les Serbes. A Pristina, les d’absentéisme en Amérique et On ne suivra pas ici l’injonction de grand monde ». C’est le tableau description ? Il donne en effet aus- galeries marchandes albanaises coûter aux entreprises Régis Debray qui conclut ainsi, d’un pays qui continue à fonction- sitôt la parole à des « journalistes sont dévastées. 293 millions de dollars, selon la dans Marianne de cette semaine, ner et d’une population nullement installés à Pristina » qui lui affir- Le correspondant de l’AFP parle société de consultants son récit des « choses vues au Koso- affolée par les frappes aériennes ment que « c’est là où les combats de « casseurs et de voyous déchaî- Challenger, Gay and Chrismas. vo ». que propose Régis Debray. Ainsi à avec l’UCK ont été les plus durs ». nés » et fait observer à Régis De- Ce texte, version « vécue » de Novi Sad, où les quatre ponts sur le Qui sont ces journalistes ? bray que des boutiques serbes ont a Jeudi 13 mai, à Offenbach, en son séjour d’une semaine en Serbie Danube ont tous été détruits. «Un On a l’impression qu’il s’agit, en- également été détruites et pillées. Allemagne, des affrontements de et au Kosovo, lui a inspiré les ré- bac bondé fait un aller-retour de core et toujours, d’Aleksander Mi- « Difficile, chaque fois (et cela vaut plusieurs heures, ont fait, à l’issue flexions plus théoriques contenues berge à berge, poussé par de petites tic, de l’AFP, et de Paul Watson, du aussi pour les villages dévastés alen- d’une rencontre de football – un dans sa « Lettre d’un voyageur au péniches militaires. Les gens font la Los Angeles Times, déjà présentés, tour) de faire la part des destructions match nul, 0 à 0 –, plus de cent président de la République », pu- queue sagement sur l’embarcadère, maison ». Mais c’est évidemment le dans Le Monde, comme les uniques dûes aux échanges de feu UCK- blessés dont 27 policiers. bliée dans Le Monde du 13 mai. comme pour l’autobus. Une nouvelle Kosovo, quasiment fermé aux ob- « témoins occidentaux, accessibles et Serbes, aux représailles après coup, Après les conseils donnés à Jacques routine. Pas de bousculades. Ils vont servateurs étrangers depuis le dé- oculaires » de Régis Debray. aux bombes OTAN, au « nettoyage a Un premier missile serbe s’est Chirac et à l’OTAN, voici le témoi- et viennent entre leur bureau et leur but du conflit, qui retient l’atten- Comme explication, c’est un peu ethnique », commente ce dernier. égaré, vendredi en Bulgarie. Les Dans le Grand Hotel de Pristina, cinq précédents provenaient de après deux verres d’alcool de l’OTAN. DANS LA PRESSE haine, l’insulte et l’arrogance y font tique permanente du mensonge lui les réunir à une même table – et de prune, les « convives serbes » se office de pièces à conviction. Je ne a aliéné progressivement la plupart leur dire des choses d’une simplici- confient à Régis Debray : les Koso- a Dans un bourg de Sibérie L’HUMANITÉ suis pas sûr de partager toutes tes des leaders politiques, et le clienté- té désarmante. A Régis Debray, on vars d’origine albanaise ? « Ils ont occidentale, un enfant de dix ans Claude Cabanes analyses sur les origines de cette lisme qu’il a cultivé à l’endroit des rappellerait le danger de ces des milliers de marks en poche. Ils a été dévoré à la sortie de l’école a Cher Régis, tu ne le sais pas, tragédie ni de pouvoir faire miens différentes communautés n’a fait voyages trop brefs au cœur des roulent en Mercedes. Ils contrôlent par des chiens errants mais tu es mort. Accusé, jugé, pen- tous les chapitres de ton témoi- qu’aviver les rivalités entre des dictatures. Que d’exemples élo- tout le commerce. Et surtout – leit- abandonnés par leurs maîtres sans du. Tu as posé la mauvaise ques- gnage, mais je partage, et t’en féli- groupes sociaux par définition ja- quents, depuis les opérations de motiv – ils font 10, 15, 20 enfants – argent pour les nourrir. tion : « Est-on autorisé à réfléchir ? cite, ta volonté de soumettre cette mais satisfaits de leur sort. Sa poli- séduction d’un Abetz ou d’un Rib- on ne peut pas rivaliser. On n’était Est-ce criminel ? » Ça l’est. Aussi- guerre à la question, au feu de l’es- tique sociale désastreuse a eu pour bentrop jusqu’aux innombrables plus chez nous ici ». a La femme endormie à qui il tôt, le cou, la corde, la trappe. prit critique, d’opposer aux certi- effet de ne pas séduire les classes séjours idylliques d’une foule d’es- Cette vision ne cadre pas du voulait voler un baiser, réveillée « C’est fini », dit l’un ; « Adieu », dit tudes trop bruyantes de ses pro- moyennes, plutôt portées à accor- prits libres et subtils dans l’URSS tout avec celle que l’écrivain a eu en sursaut, lui avait coupé la l’autre. Les bourreaux ne sont pas moteurs et de ses acteurs der leurs suffrages aux travaillistes, stalinienne, de Mrs Roosevelt à « de pauvres gens hagards avec des langue d’un coup de dent loquaces devant la fosse l’appareillage intime du doute. et de décourager les couches popu- Sartre et tant d’autres ! La fréquen- têtes et des mains de paysans » dans instinctif : le muet Ahzahar commune. En temps de guerre, on laires, celles-là mêmes qui votent tation des dictateurs et de leurs les camps de réfugiés, en Macé- Ahmad, d’Alor Setar en Malaisie, ne pense pas autrement, c’est tout. LCI traditionnellement pour le Likoud. amis est souvent plus plaisante que doine. « C’est renversant. Ces domi- risque à présent le fouet et dix ans Ou on le fait en douce, on n’écrit Pierre Luc Séguillon celle de leurs adversaires. Tout le nateurs revendiquent en dominés. de prison. pas des lettres du front, on ne dé- a Il n’est pas certain que Benya- LE FIGARO talent de Debray ne suffit pas à en- Nous, les pauvres ; eux, les riches. La range pas. Ta lettre d’un voyageur min Nétanyahou perde les élec- Jean D’Ormesson traîner l’adhésion. Le régime Milo- revanche des gueux. Je reste per- a Le cheikh Abdel Aziz Ben Baz, en provenance de Yougoslavie au- tions israéliennes. Mais, ce qui est a D’un côté Régis Debray, de sevic, les informations dont nous plexe : rien n’est « raccord ». La grand mufti d’Arabie saoudite, rait pu être un document à verser certain, c’est que la cause de sa dé- l’autre, Bernard-Henri Lévy. On disposons le montrent avec évi- « perplexité » s’applique aussi à ce mort jeudi 13 mai, favorable à une au débat contradictoire sur la faite, si défaite il essuie, sera aurait envie, avec amitié et sans dence, n’a rien à envier aux ré- « témoignage », singulièrement stricte application de la charia guerre des Balkans : elle a été ver- double : il sera victime de son fias- ironie excessive, de les prendre à gimes que Régis Debray a combat- biaisé. contre les femmes non voilées, sée à charge par les instructeurs co social et de sa manière toute part l’un et l’autre – car il serait tus avec courage et détermination, était aveugle depuis l’âge de d’un procès en sorcellerie. La particulière de gouverner. Sa pra- maintenant difficile, j’imagine, de les armes à la main. Dominique Dhombres vingt ans.

a Au dire du journal Qods, c’est la SUR LA TOILE femme d’Ahmad Asgharpour, condamné à la lapidation pour www.multimania.com/courtois/murphy.htm PIRATAGE avoir tué ses trois fils dans la ville a Le site Web de la Maison de Babol en Iran, qui a lancé le Blanche a une nouvelle fois été plus de pierres. Une classification savante des variantes de la loi de Murphy, dite de l’« emmerdement maximum » fermé à la suite d’une série d’at- taques de pirates informatiques, a Après avoir mouillé ses couches GRÂCE à Christophe Courtois, Jean-Christophe Courtois en a probablement basés à Hongkong, un bébé de sept semaines est jeune informaticien strasbourgeois, identifié, catalogué et publié près qui ont réussi à afficher des mes- mort à Londres dans le la célèbre loi de Murphy possède de cinq mille, de qualité diverse. Ils sages de protestation contre le sèche-linge où sa sœur de désormais un site en français : touchent des domaines aussi variés bombardement de l’ambassade de trois ans l’avait enfermé, croyant « Egalement connue sous le nom de que l’art, l’armée, l’entreprise, le Chine en Yougoslavie. – (AP.) réparer les dégâts. “loi de l’emmerdement maximum”, jeu, la télévision, le réveille-matin, a « Je dois prêter allégeance à la la loi de Murphy est, avec le chaos, la le sport, le voyage, la cuisine, le FÊTES reine tous les huit ans, rien ne relativité, et la mécanique quan- Père Noël et, bien sûr, la politique. a « Préparer un week-end, c’est m’oblige à contempler son effigie tique, une des plus grandes décou- Toutes tendent à prouver l’inéluc- bien. Aller quelque part quand c’est tous les jours », a déclaré vertes du siècle », peut-on lire en tabilité d’un mauvais choix, ou la la fête, c’est tellement mieux » : l’as- Meredith Burgmann, députée au avant-propos. Découverte en 1949 cruauté vicieuse de la nature : sociation Peña Zinzin et Baoom Parlement de la province de par Edward A. Murphy, capitaine « Quand la pierre tombe sur l’œuf, Productions ont ouvert un site Nouvelles Galles du Sud en dans l’armée de l’air des Etats-Unis, l’œuf se casse ; quand l’œuf tombe Web qui recense toutes les fêtes, Australie, qui a fait remplacer le sa formulation originelle est la sui- sur la pierre, l’œuf se casse. » ferias, carnavals, festivals folklo- portrait d’Elizabeth II par une vante : « S’il existe deux ou plusieurs Christophe Courtois a mis en riques et festivités diverses organi- œuvre aborigène. manières de faire quelque chose et ligne une méthode pour aider les sées dans les villes et villages de que l’une d’entre elles est susceptible débutants à créer leurs propres lois. France métropolitaine et des a Une bénévole australienne, de se solder par une catastrophe, on Il recommande les thèmes pos- DOM-TOM. La liste contient déjà victime d’une agression sexuelle, peut être certain que quelqu’un se sibles, indique des sources d’inspi- plus de 2 500 événements. mardi 11 mai, dans un camp de débrouillera pour la choisir. » ration, et énumère les procédés sty- baoom.com transit à Sydney, a décidé de ne Pour éclairer les internautes du listiques requis pour rédiger une loi pas porter plainte, car il s’agissait monde entier, le site de M. Cour- dans les règles de l’art. Les meil- DESTINATION SURPRISE d’un réfugié kosovar. tois affiche des traductions en di- divisions, que tout le monde aura effet, elle n’est qu’un cas parti- leures seront affichées sur son site. a Le site Web du Guide du Routard a Une marque de sous-vêtements verses langues, dont l’italien, le expérimentée lors d’un petit déjeu- culier : or, par définition, la loi gé- Il dispose d’un stock de deux mille et Go Voyages organisent un jeu- féminins a présenté, jeudi 6 mai, à créole, l’alsacien, le roumain, le ner : « Toute tartine beurrée livrée à nérale fait échouer toute expé- lois, mises en ligne progressive- concours en huit questions. Les Madrid, un slip « antiviol », en grec, le finlandais et le québécois elle-même tombera du côté beurré. » rience visant à l’établir. ment ou envoyées par échantillon lauréats, qui seront tirés au sort mailles d’acier, « résistant à une (« si y’a de quoi qui peut te péter Mais ce n’est jamais si simple : La loi de Murphy a engendré aux abonnés de sa liste de diffu- parmi les bonnes réponses, gagne- arme blanche ». dans face, ben ça va arriver »). En « Malgré quelques tentatives, cette d’innombrables dérivés, variantes sion. ront deux billets aller-retour pour France, cette loi d’airain est plus dernière loi n’a en fait jamais pu être et applications pratiques, imaginés une destination-surprise. Christian Colombani connue à travers l’une de ses sub- démontrée expérimentalement. » En par des auteurs souvent anonymes. Xavier de Moulins www.routard.com

Lettre au peloton d’exécution par Alain Rollat NE fusillez pas le soldat De- sa chambre, mais c’était simple lectuel ! La prochaine fois que bray ! Il commence à recouvrer la péché d’orgueil. Marianne le parachutera en terri- raison. Samedi soir, sur France 2, Il saura désormais qu’il faut de toire journalistique, donnez à Ré- il se souvenait déjà mieux des la bouteille pour naviguer au mi- gis Debray un tuteur expérimen- exactions de l’ennemi : « Un po- lieu des faits qui mentent parce té. Je vous suggère l’auteur de grom est passé par là, c’est affreux, qu’ils sont isolés de leur contexte, l’Esquisse d’une philosophie du les marques du nettoyage sont om- des jugements qui déforment mensonge qui a si bien raconté niprésentes. » La question qu’il quand ils se fondent sur des véri- comment, en 1968, il n’avait pas soulevait était légitime : pourquoi tés fragmentaires, de la bonne foi cru à la possibilité d’une inter- infliger une « punition collective » qui abuse lorsqu’elle privilégie vention soviétique en Tchécoslo- à un peuple alors qu’il aurait suffi une grille de lecture. Jeudi soir, vaquie après avoir assisté à une « d’intervenir, ponctuellement, là sur Arte, par exemple, au premier rencontre « fraternelle » entre où il y avait nettoyage ethnique» ? abord, on avait envie de rallier Brejnev et Dubcek : « Je revois en- Laissez-lui donc le temps d’appe- l’humaniste serbe qui disait à ses core les deux hommes bras dessus, ler à la guerre terrestre. Ce n’est compatriotes : « Tout projet qui a bras dessous. (...) Cette image, qui pas tous les jours qu’un philo- pour but la haine nationale ne n’était que diversion, leurre, pesa sophe est volontaire pour jouer pourra jamais nous faire progres- subrepticement sur mon raisonne- les estafettes. Accordez-lui un ser. » C’était Milosevic ! Le Milo- ment : prisonnier de cette vision la- sursis. Le chemin de la vérité est sevic de jadis ! Celui d’avant sa mentablement raphaélique, je ne si aléatoire ! En temps de guerre, croisade contre les Albanais. Le parvins pas à concevoir le pire. Je les chausse-trappes habituelles soldat Debray apprendra qu’à ne le souhaitais pas non plus et – l’ignorance, l’erreur, le men- trop s’en tenir aux « choses l’apparence, ici, vint au secours de songe – y sont multipliées par la vues », on verse dans le récit fol- mes propres espérances. Là est le propagande. La vérité n’y est plus klorique. piège. » Il se trouve, justement, seulement voilée mais camouflée. N’oubliez pas, pour votre part, que ce confrère lucide exerce à Le soldat Debray a cru qu’il pour- que la vérité reste plurielle. Gar- Marianne : il s’appelle Jean-Fran- rait la discerner aussi bien que de dez-vous du totalitarisme intel- çois Kahn. LeMonde Job: WMQ1805--0035-0 WAS LMQ1805-35 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 09:10 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0608 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / 35 LUNDI 17 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.50 Candamo, un voyage au-delà 23.35 John Pizzarelli chante les DÉBATS TÉLÉVISION de l’enfer. Odyssée Beatles. ARTE 22.05 L’Histoire de l’Italie Montréal 1998. Muzzik 21.20 Télévision, un service public, 0.10 Highwaymen Live. 19.00 Nature. L’Arche de Noé. e TF 1 pour quoi faire ? Invités : Catherine au XX siècle. [33/42]. New York 1990. Avec Johnny Cash, 19.45 Météo, Arte info. Les partis fasciste et nazi. Planète Waylon Jennings, Willie Nelson, Trautmann ; Monique Dagnaud ; 18.25 Exclusif. 20.15 La Vie en feuilleton. [1/4]. Marc-André Feffer ; J.-L. Missika ; 22.25 D’île en île. Galapagos, Kris Kristofferson. Canal Jimmy Jacques Peskine. Forum Planète un univers volcanique. Odyssée 19.05 Le Bigdil. Spécial Cannes. 20.45 Trois couleurs Blanc a TÉLÉFILMS 19.50 Clic & Net. Film. Krzysztof Kieslowski. &. 22.50 Gore Vidal 22.10 La Complainte de Marie. MAGAZINES par Gore Vidal. [2/2]. Planète 20.00 Journal, Météo. Téléfilm. Niko Brücher (v.o.). &. 20.15 Jeunesse volée. 20.50 Maison de famille. 23.50 La Face cachée Christopher Leitch. RTBF 1 23.40 Court-circuit. Passage souterrain. 18.30 Nulle part ailleurs. Téléfilm. Serge Moati. &. Krzysztof Kieslowski (v.o.). &. En direct de Cannes. Canal + d’Hollywood. Paris Première 20.50 Maison de famille. 22.40 Y a pas photo ! Serge Moati. TF 1 0.10 La Vieille Fille aa 19.10 et 0.10 Le Rendez-vous. 0.25 La Case de l’oncle doc. Les histoires étonnantes Film. Edmund Goulding. &. Georges Sarre et Yoav Tocker. LCI Merkhana, l’extase du khât. France 3 21.00 Saint-Yves. Harry Hook. France 2 et drôles de l’amour. 1.45 Les Aventures 20.00 20h Paris Première. Les quadras du 0.45 Jazz 6. 22.10 La Complainte de Marie. 0.10 Culture ! cinéma français. Invités : Pierre Arditi, The Story of Jazz. M6 Niko Brücher. Arte du prince Ahmed aa 0.50 F 1 magazine. Film. muet. Lotte Reiniger. &. Richard Berry, François Cluzet, Vincent 23.00 Chicago Blues. 1.25 TF 1 nuit, Météo. Lindon. Paris Première MUSIQUE Joe Chapelle. %. France 3 21.00 Lundi soir. Invités : Zinedine Zidane M6 et Laurent Fabius. Eurosport 21.00 R.A.S. aa FRANCE 2 20.30 Show Bardot. COURTS MÉTRAGES Yves Boisset. Avec Jacques Spiesser, 21.05 Le Point. 19.20 Mariés, deux enfants. &. En 1967. Avec Brigitte Bardot, Jacques Weber (France, 1973, 18.45 Les Z’amours de l’an 2000. Le bogue de l’an 2000. TV 5 Serge Gainsbourg, Sacha Distel, 22.15 Courts au 13. 115 min) &. Paris Première 19.50 Ciné 6 spécial Cannes. 22.00 Les Elections israéliennes. Claude Bolling, Claude Brasseur, Black valise. Hervé Hadmar. 13ème RUE 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Manitas de Plata. Canal Jimmy 21.00 L’Année de l’éveil aa En duplex de . LCI 22.40 On vous rappellera... Gérard Corbiau (France - Belgique, 19.20 Qui est qui ? Nicolas Bedos. &. Canal + 20.10 Notre belle famille. &. 22.35 Mots croisés. 21.00 Cavalleria Rusticana. 1990, 100 min) &. Cinéstar 2 20.00 Journal, Météo. Opéra de Mascagni. 22.43 Les F.A.E.L.L. 20.40 Décrochage info, La guerre au Kosovo. France 2 21.25 Jules et Jim aaa 21.00 Saint-Yves. Les Produits stars. Mise en scène de Liliana Cavani. Lyonel Kouro. &. Canal + Téléfilm. Harry Hook. &. 22.40 Y a pas photo ! Invités : Sacha Distel, Par l’Orchestre du Théâtre communal François Truffaut (France, 1961, 20.50 A double tranchant a Jocelyne Béroard. TF 1 23.40 Court-circuit. Passage souterrain. N., 105 min) &. Cinétoile 22.35 Mots croisés. de Bologne et les Chœurs Krzysztof Kieslowski. Arte Film. Richard Marquand. %. 0.50 Le Cercle. Cannes : du Théâtre communal de Bologne, 22.10 L’Armoire volante aa La guerre au Kosovo. 22.55 Flirts avec la mort. l’argent de la bobine. France 2 dir. Riccardo Muti. Muzzik Carlo Rim (France, 1948, N., 0.25 Journal, Météo. Téléfilm. Kevin Alber. ?. 22.25 Une éducation manquée. SÉRIES 100 min) &. Ciné Classics 0.50 Le Cercle. 0.45 Jazz 6. The Story of Jazz. DOCUMENTAIRES Opérette de Chabrier et Milhaud. 22.15 MASH aa Cannes : l’argent de la bobine. Mise en scène de Pierre Jourdan. 21.20 New York Police Blues. Par le Sinfonietta, l’Orchestre La théorie du big bang. Canal Jimmy Robert Altman (Etats-Unis, 1970, RADIO 20.20 Le Vaisseau spatial Terre. régional de Picardie et le Madrigal, 21.25 Leaving L.A. 115 min) %. Canal Jimmy FRANCE 3 La vieille femme dir. Michel Swierczewski. Muzzik et les graines. Odyssée The Black Widower (v.o.). Série Club 22.35 La Vérité sur Bébé Donge aa 22.45 Pierre Boulez dirige l’Orchestre 22.10 Aux frontières du réel. Henri Decoin (France, 1951, 18.20 Questions pour un champion. FRANCE-CULTURE 20.30 Que la reine sauve N., 110 min) &. Festival 18.50 Un livre, un jour. philharmonique de Vienne. Poursuite. %. TSR la BBC. Forum Planète Œuvres de Debussy, Boulez, 23.00 Buffy contre les vampires. [1/2]. 22.35 Un faux mouvement aa 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 21.00 Le Grand Débat. 20.45 La IIIe République. [2/6]. Histoire Bartok, Stravinsky. Mezzo Bienvenue à Sunnydale. Série Club Carl Franklin (Etats-Unis, 1992, 20.05 Fa Si La. Par Alain Rollat v.o., 105 min) ?. Ciné Cinéma 3 20.35 Tout le sport. en collaboration avec Le Monde. Comment être heureux 22.45 Happy Together aa 20.55 Cobra. Wong Kar-wai (Hongkong, 1997, ensemble à l’école ? [1/2]. Film. George Pan Cosmatos. ?. 22.10 Fiction. v.o., 95 min) %. Canal + 22.25 Météo, Soir 3. 23.00 Nuits magnétiques. Cannes 99. 22.45 A l’est d’Eden aaa 23.00 Chicago Blues. Elia Kazan (Etats-Unis, 1955, Téléfilm. Joe Chapelle. %. v.o., 115 min) &. Ciné Cinéma 1 FRANCE-MUSIQUE RADIO J TF1 CANAL+ 0.25 La Case de l’oncle doc. 22.55 Sang pour sang aa Merkhana, l’extase du khât. e Joel et Ethan Coen (Etats-Unis, 1984, 1.20 Le Magazine du cheval. 20.00 19 Festival d’Ambronay. 20.00 Elections israéliennes 20.50 Maison de famille 0.20 Les Corps ouverts a 95 min) ?. Cinéstar 2 Concert par l’Ensemble Doulce 1.45 Les Pieds sur l’herbe. A l’occasion du premier tour des Après Tendre Piège et Un mois de Rémi (Yasmine Belmadi), un jeune 23.00 Alice aa Mémoire, dir. Denis Raisin-Dadre, hautbois et flûtes, etc. élections générales en Israël, la ra- réflexion, voici le troisième épisode beur, élève de terminale, vit à Paris Woody Allen (Etats-Unis, 1990, 120 min) &. Téva CANAL + 22.30 Musique pluriel. dio de la communauté juive en des aventures des Cornier et avec son père et sa sœur. En quête 23.10 David Golder aa Œuvres de Gupta, Gudmundur. France (FM Paris, 94,8) organise consorts, réunis, cette fois, pour d’un job pour payer ses sorties, il Julien Duvivier (France, 1930, ̈ En clair jusqu’à 20.40 23.07 Le Bel Aujourd’hui. N., 75 min) &. Cinétoile 18.30 Nulle part ailleurs. Œuvres de Fedele, Donatoni, une grande soirée électorale de- décider du sort des « Charmilles », est dragué par un réalisateur de ci- Lindberg, Hindemith. 23.50 Monsieur 20.40 Le Cinquième Elément a puis le Hammam Café. Les résul- la vieille demeure familiale. Les néma (Pierre-Loup Rajot). Amou- Smith au Sénat aaa Film. Luc Besson. %. RADIO CLASSIQUE tats, enrichis d’interviews et de personnages principaux (Alexan- reusement indécis, Rémi se laisse Frank Capra (Etats-Unis, 1939, 22.40 On vous rappellera... Nicolas Bedos. &. commentaires, seront donnés en dra Kazan, Antoine Dulery, Marie- séduire, sans renoncer pour autant N., 110 min) &. Ciné Classics 20.15 Les Soirées. 0.10 La Vieille Fille aa 22.43 Les F.A.E.L.L. Lyonel Kouro. &. Œuvres de Rossini, Liszt. direct d’Israël. De nombreux res- Christine Barrault, etc.) contri- à vivre parallèlement d’autres ex- Edmund Goulding (Etats-Unis, 1939, 22.45 Happy Together aa 20.40 Concert par l’Orchestre de Paris, ponsables politiques français in- buent au charme de ces périences. Un film de Sébastien N., 95 min) &. Arte Film. Wong Kar-wai (v.o.). %. dir. Michael Gielen : Œuvres de Stravinsky, Bruckner. terviendront depuis Paris. La soi- retrouvailles. Humour et cocasse- Lifshitz se jouant des formes tradi- 0.20 Les Corps ouverts a 0.20 Les Corps ouverts a Sébastien Lifshitz (France, 1997, Film. Sébastien Lifshitz. ?. 22.05 Les Soirées... (suite). Œuvres rée sera également retransmise rie dans cette comédie qui a un tionnelles du récit. Prix Jean-Vigo 44 min) ?. Canal + 1.05 Boxe hebdo. de Chopin, Schubert, etc. dans toute la France sur TPS. peu perdu en réjouissante vivacité. du court métrage 1998. MARDI 18 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.15 La Vie en feuilleton. 16.35 Né pour tuer aa TÉLÉVISION MAGAZINES Marions-nous ! [2/4]. Arte TÉLÉFILMS Robert Wise (Etats-Unis, 1947, LA CINQUIÈME/ARTE 20.30 Sur la terre des pharaons. N., v.o., 100 min) &. Ciné Classics 14.30 La Cinquième rencontre... [1/3]. Les trois preuves 17.10 La Lune d’Omaha. 18.15 Monsieur Smith TF 1 14.30 La Cinquième Rencontre... Santé, science : La néonatalité. archéologiques. Forum Planète Jean Marbœuf. Festival Santé, science : La néonatalité. Avec Jean-Pierre Relier. La Cinquième 20.30 Les Chevaux du soleil. au Sénat aaa 16.00 Les Grandes Aventures 20.35 Nos années birmanes. Planète Frank Capra (Etats-Unis, 1939, N., 16.30 Vidéo gag. 16.10 et 20.10 Le Talk Show. Amos Gitaï, François Villiers [3/4]. Festival e v.o., 125 min) &. Ciné Classics du XX siècle. Sean Connery, John Amiel. LCI 20.40 La Vie en face. 16.45 Sunset Beach. &. Chômeurs, pas chiens ! Arte 22.20 Les Filles du maître de chai. 18.55 Hôtel des Amériques aa 17.35 Melrose Place. &. 16.30 Les Dessous de la Terre. 17.00 Les Lumières du music-hall. François Luciani [1/3]. TV 5 André Téchiné (France, 1981, 17.00 Au nom de la loi. &. Les Frères Jacques. 20.45 Benazir Bhutto, 18.25 Exclusif. 22.50 Les Yeux de la victime. 95 min) &. Ciné Cinéma 2 19.05 Le Bigdil. 17.30 100 % question. Serge Reggiani. Paris Première sur le fil du rasoir. Histoire David S. Jackson. %. M6 20.30 Une partie de campagne aa 19.50 Clic & Net. 17.55 Le Futur en marche. 17.15 Le Débat. 20.55 Bon anniversaire, 23.00 Bijoux, hot-dogs et tasses de thé. Jean Renoir (France, 1936, N., 18.20 Météo. Les éléctions israélienne. LCI 20.00 Journal, Météo. monsieur Trenet. France 3 George Schaefer. TMC 45 min) &. Ciné Classics 20.50 Didier a Film. Alain Chabat. &. 18.30 Le Monde des animaux. 18.30 Nulle part ailleurs. 23.15 Le Secret. 20.30 Un faux mouvement aa A Cannes. Invités : Zebda. Canal + 21.20 La Russie en guerre 22.50 High Secret City, 19.00 Archimède. Karen Arthur. Festival Carl Franklin (Etats-Unis, 1992, 19.45 Météo, Arte info. 19.00 Archimède. sainte. Odyssée 100 min) ?. Ciné Cinéma 2 la ville du grand secret. Voir : L’espace d’une nuit. 21.45 Assassinées 20.30 Retour à Howards End aa La cassette. &. Coup de froid. &. 20.15 La Vie en feuilleton. [2/4]. COURTS MÉTRAGES 20.40 La Vie en face. Pourquoi : L’infini. Sciences animées : pour l’honneur. Histoire James Ivory (Grande-Bretagne, 1991, 0.30 Le docteur mène l’enquête. Le berceau de l’homme. Application : v.o., 140 min) &. Ciné Cinéma 3 Chômeurs, pas chiens ! 21.50 Comedia. 23.05 Comedia. Docteur X. %. Mise aux enchères. Comment : 20.45 Gadjo dilo aa 21.50 Comedia. Devenir comédien. Le code-barre. Livre : La Plus Belle Rue du Conservatoire. Casting. Lyèce Boukhitine. Arte 1.20 TF 1 nuit, Météo. « Mais songeons à répéter, Tony Gatlif (France, 1997, 1.32 Clic & Net. Rue du Conservatoire. Histoire du monde. Expérience : 100 min) %. Canal + vert 23.05 Casting. Court métrage. Le compagnon de Sirius. Arte s’il vous plaît ». Arte SÉRIES 20.55 La Flibustière des Antilles aa Lyèce Boukhitine. &. 19.10 et 0.10 Le Rendez-vous 23.00 Lieux mythiques. [7 et 8/20]. FRANCE 2 23.15 Elvire Jouvet 40. &. Mystères de la Crète antique. Jacques Tourneur (Etats-Unis, 1952, 0.15 «Mais songeons à répéter, 17.00 Au nom de la loi. 85 min) &. TMC de Ruth Elkrief. Les sites sacrés d’Irlande. Histoire s’il vous plaît». Invité : François Bayrou. LCI Lundi matin. La Cinquième 16.45 Des chiffres et des lettres. 0.45 Les Amoureux du Pôle. France 3 17.15 et 22.45 Un livre, des livres. 1.00 Ça tourne à Manhattan aa 20.00 20h Paris Première. La trentaine 17.25 Seconde B. La grande loterie. TMC 17.20 Cap des Pins. &. Film. Tom DiCillo (v.o.). &. triomphante. Invités : Bruno Putzulu, 17.50 Hartley, cœurs à vif. France 2 Xavier Beauvois, Jean-Marc Barr, SPORTS EN DIRECT 17.50 Hartley, cœurs à vif. &. 2.30 Court-circuit. Yvan Attal. Paris Première 18.25 Chérie, j’ai rétréci les gosses. 18.45 Les Z’amours de l’an 2000. Fauché. William Farley (v.o.). &. Chérie, y’a d’la magie dans l’air. M6 20.50 Fréquenstar. Francis Cabrel. M6 15.00 Cyclisme. Tour d’Italie. 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. e 18.30 Magnum. 21.00 Le Gai Savoir. 4 étape : Vibo Valentia - 19.20 Qui est qui ? M6 Terme Luigiane. Eurosport - TSR [1/2]. Magnum à la une. 13ème RUE Hervé Bourges. Paris Première 20.00 Journal, Météo. 17.00 Tennis. Championnat 19.20 L’Homme de fer. 15.15 Les Anges du bonheur. &. 21.05 Temps présent. Sur la piste suisse 21.00 Au revoir les enfants aaa du monde par équipes. Eurosport Lettres anonymes. 13ème RUE 16.10 Boulevard des clips. des chimistes de l’apartheid. TV 5 Film. Louis Malle. &. 20.10 Campus Show. L’argent 17.35 Agence Acapulco. &. 23.00 Place de la République. Pousse-toi 20.30 Boxe. 22.50 Bouche à oreille. Championnat de France. n’a pas d’importance. Série Club 18.25 Chérie, j’ai rétréci les gosses. &. de là que je m’y mette ! France 2 23.00 Place de la République. Poids mi-lourds. Jean-Marc Mormeck- 20.40 L’Inspecteur Lavardin. 19.20 Mariés, deux enfants. &. 23.20 Science 3. Pousse-toi de là que je m’y mette ! Guangina Larmé. Eurosport Le Diable en ville. 13ème RUE 19.50 Ciné 6 spécial Cannes. Sur la piste du crime [3/3] : 0.35 Journal, Météo. 2.05 Basket NBA. Canal + 20.55 La Vie à cinq. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Avis d’experts. France 3 0.55 Le Cercle. Cannes : Noir Black Negra. A reculons. Téva 20.10 Notre belle famille. &. 0.00 Les Grands Débats politiques. MUSIQUE Face à face avec Guy Mollet 21.00 Seinfeld. FRANCE 3 20.40 Décrochage info, 24 janvier 1966 [2/2]. Histoire Dérapages. Canal Jimmy E = M6 découverte. 17.35 L’Oiseau de feu, de Stravinsky. 0.55 Le Cercle. 21.05 The Practice. Hiérarchies. 21.00 Au revoir les enfants aaa 16.10 Grands gourmands. Montauban. 20.50 Fréquenstar. Francis Cabrel. Cannes : Noir Black Negra. France 2 Par le Philadelphia Orchestra, Les mains sales. Série Club dir. Eugène Ormandy. Mezzo Louis Malle. Avec Gaspard Manesse, 16.40 Les Minikeums. 22.50 Les Yeux de la victime. 1.35 Saga-Cités. Tous en scène. France 3 21.45 Ally McBeal. Raphaël Fejtö (France, 1987, 17.45 Le Kadox. Téléfilm. David S. Jackson. %. 19.30 Le Trio Wanderer interprète. Pyramids on the Nile (v.o.). Téva 105 min) &. France 2 Avec Vincent Coq, piano ; 18.20 Questions pour un champion. 0.30 Capital. DOCUMENTAIRES 22.40 Twin Peaks. (v.o.). Série Club 21.15 Les Lumières de la ville aa J.-M. Phillips-Varjabédian, violon ; Charles Chaplin (Etats-Unis, 1930, 18.50 Un livre, un jour. Raphaël Pidoux, violoncelle. 22.50 High Secret City. muet, N., 90 min) &. Ciné Classics 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. RADIO 17.15 Cinq colonnes à la une. Planète Œuvres de Beethoven, Mendelssohn, La cassette. Coup de froid. TF 1 Dvorak. Mezzo 22.45 Justin de Marseille aa 20.05 Fa Si La. 17.30 Maîtres et élèves 22.50 Millennium. Maurice Tourneur (France, 1934, 20.35 Tout le sport. 19.55 Amalia, a Strange Way of Life. Quête sanglante. TSR N., 95 min) &. Ciné Classics FRANCE-CULTURE en URSS. Histoire 1955-1965, Gaivota. 20.55 Bon anniversaire, 22.55 Star Trek, 22.50 A l’est d’Eden aaa 18.05 D’île en île. Galapagos, Avec Amalia Rodrigues, chant. Muzzik monsieur Trenet. 20.02 Les Chemins de la musique. [2/5]. un univers volcanique. Odyssée Elia Kazan (Etats-Unis, 1955, 21.00 Symphonie no 8, de Bruckner. la nouvelle génération. 22.45 Météo, Soir 3. L’héritage (v.o.). Canal Jimmy v.o., 110 min) &. Ciné Cinéma 3 20.30 Agora. Philippe Muray. 18.20 La Deuxième Révolution russe. Tokyo 1992. Par l’Orchestre 23.20 Science 3. Sur la piste 21.00 Poésie studio. [3/8]. L’affaire Eltsine. Planète philharmonique de Munich, 23.00 La Loi de Los Angeles. 23.35 Le Mari du crime [3/3] : Avis d’experts. 22.10 Mauvais genres. 18.30 Mémoire arménienne. [3/3]. dir. Sergiu Celibidache. Muzzik Du sang et des larmes. Téva de la femme à barbe aa 0.15 Magazine olympique. Des exilés en terre de France. Histoire 21.40 La Mort de Cléopâtre, de Berlioz. Marco Ferreri (France - Italie, 1964, 23.00 Nuits magnétiques. 23.30 King of the Hill. N., v.o., 90 min) &. Cinétoile 0.45 Les Amoureux du Pôle. Festival de Cannes 99. 18.45 La Vie Privée de la chouette Avec Anne-Sofie von Otter. I Remember Mono (v.o.). Série Club 1.35 Saga-Cités. Tous en scène. Dir. John Eliot Gardiner. Mezzo 0.05 Du jour au lendemain. [2/5]. des clochers. TMC 23.45 Star Trek, 22.05 Nuits d’été, de Berlioz. 19.00 La Palette de Rembrandt. Odyssée Lausanne 1994. Deep Space Nine. CANAL + FRANCE-MUSIQUE 19.25 Qui êtes vous, Barbara Hendricks, soprano, avec Rivaux (v.o.). Canal Jimmy l’Orchestre de chambre de Lausanne, 0.50 Les Prédateurs. 16.00 Contes de la forêt andalouse. 20.00 Concert. Par le POM, dir. Andy Emler, docteur Freud ? Odyssée dir. Jesus Lopez Cobos. Mezzo La robe de l’ombre. 13ème RUE 16.55 Spiceworld, le film a François Jeanneau et Philippe Macé, 20.05 Les Bravades Film. Bob Spiers. &. Philippe Slominski et Jean Gobinet, 22.50 Métissages en Muzzik. 1.10 Friends. The One Where trompettes, etc. de St-Tropez. Planète New Morning 1999. Muzzik Ross Can’t Flirt (v.o.). Canal Jimmy ̈ En clair jusqu’à 20.40 22.30 Musique pluriel. 18.30 Nulle part ailleurs. Œuvres de Shaatun, Buchholz. 20.40 Le Ninja de Beverly Hills. 23.07 Le Dialogue des muses. Film. Dennis Dugan. &. 22.05 On vous rappellera... RADIO CLASSIQUE Nicolas Bedos. &. de l’occupant nazi. La forme clas- 22.08 Les F.A.E.L.L. Lyonel Kouro. &. 20.15 Les Soirées. Symphonie no 2 op. 55, FRANCE 2 ARTE 22.10 Volcano a de Saint-Saëns, par l’Orchestre sique de la mise en scène, la par- Film. Mick Jackson (v.o.). %. symphonique de Vienne, dir, Georges 21.00 Au revoir faite reconstitution de cette 20.15 Marions-nous ! [2/4] Prêtre. 20.40 Mendelssohn et la France. 23.50 Box of Moonlight aa Œuvres de Cherubini, Mendelssohn, les enfants aaa époque sombre et le réalisme psy- Stéphane et Astrid ont un petit COLLECTION CHRISTOPHE L. Film. Tom DiCillo (v.o.). &. Reicha, Liszt, Chopin. Dans un collège religieux des envi- chologique de cette œuvre huma- garçon, du travail, une famille et 23.45 Pelle le conquérant aaa 1.40 Arliss. 22.45 Les Soirées... (suite). rons de Paris, en plein hiver 1943- niste, émouvante mais sans mani- des amis. Un jour, Stéphane de- Bille August. Avec Max von Sydow Et les supporters ? &. Œuvres de Berlioz, Mendelssohn. (Dan, 1987, 145 min). Ciné Cinéma 2 1944, un pensionnaire se lie d’ami- mande Astrid en mariage. Mais les chéisme, effaçaient ainsi les 23.50 Box of Moonlight aa tié avec un nouvel élève. Il dé- ambiguïtés qu’avait laissé planer le faire-part, la robe, la cérémonie, la Tom DiCillo (Etats-Unis, 1997, SIGNIFICATION DES SYMBOLES couvre que celui-ci est juif, et se film Lacombe Lucien, que Louis réception, etc., tout est sujet à v.o., 108 min) &. Canal + cache sous une fausse identité. Malle avait tourné en 1974. Tradui- conflits. Le rapprochement des 0.10 Un faux mouvement aa Les codes du CSA Les cotes des films C’est après dix ans passés aux deux familles est rude. Le mariage Carl Franklin (Etats-Unis, 1992, & Tous publics a On peut voir sant la maturité du cinéaste, Au re- 105 min) ?. Ciné Cinéma 1 Etats-Unis que Louis Malle tourna voir les enfants obtint un grand suc- aura bel et bien lieu. L’intérêt de ce % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer 0.20 L’Etrangère aa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique ce film qui portait à l’écran un sou- cès public et fut plusieurs fois feuilleton documentaire (de lundi Anatole Litvak (Etats-Unis, 1940, N., v.o., 140 min) &. Ciné Classics ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + venir personnel, lié à la tragédie du primé en 1987 : Lion d’or du Festi- à jeudi) réside surtout dans l’ob- ! Public adulte DD Dernière diffusion régime de Vichy, à l’antisémitisme, val de Venise, prix Louis-Delluc et servation – quasi anthropolo- 1.00 Ça tourne à Manhattan aa d Tom DiCillo (Etats-Unis, 1995, Interdit aux moins de 16 ans Sous-titrage spécial pour à la dénonciation et à la présence sept Césars. gique – des mœurs bourgeoises. v.o., 90 min) &. Arte # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ1805--0036-0 WAS LMQ1805-36 Op.: XX Rev.: 17-05-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:17,12, Base : LMQPAG 49Fap: 100 No: 0609 Lcp: 700 CMYK

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MARDI 18 MAI 1999 Une députée islamiste turque Méduses : Le médiologue épinglé les pêcheurs par Pierre Georges privée de sa nationalité RÉGIS DEBRAY voulait sur- guère des commissaires aux af- de Marseille veulent tout, dit-il, provoquer le débat. faires indigènes, se tiennent géné- C’est parfaitement réussi. Le dé- ralement de l’autre côté de la Merve Kavakçi avait gardé son foulard au Parlement bat a eu lieu : journalistiquement, barrière. La prudence leur or- être indemnisés Régis Debray est donné pour ridi- donne de ne jamais trop se placer ISTANBUL « laïque ». Alors que la députée est ment la laïcité, les ultra-nationa- DEPUIS quelques jours, des cule. Ridicule de naïveté. Ridicule en amont de l’actualité. Là, il y a de notre correspondante accusée d’être un « agent provoca- listes du Parti d’action nationaliste bancs de méduses impression- de ce ridicule ordinaire qui toujours le risque de se tromper. La jeune députée islamiste Merve teur » travaillant pour l’étranger, le (MHP) affichent sur ce sujet une nants sont apparus sur tout le lit- consiste à tirer des conclusions Mais de rester plutôt en aval dans Kavakçi, qui avait fait scandale en dirigeant du Parti de la vertu (RP, is- ligne proche de celle des islamistes. toral méditerranéen, de Menton à définitives d’impressions frag- la confortable faculté de juger. Ils se présentant à l’Assemblée natio- lamiste), comparant Mme Kavakçi à Devlet Bahçeli, le dirigeant du MHP, la frontière espagnole. Le phéno- mentaires. Ridicule de n’avoir pu n’ont donc pas vocation à ra- nale pour prêter serment avec son Jeanne d’Arc, a affirmé que plu- souhaitait que le prochain gouver- mène, récurrent et naturel, est, résister à la tentation élémentaire conter. Mais vocation à dénoncer foulard islamique, le 2 mai, a été sieurs autres parlementaires, y nement lève l’interdiction de porter cette année, particulièrement pré- de faire coïncider ce qu’il voyait ce que d’autres ont raconté. déchue de sa nationalité turque par compris des membres du Parti dé- le foulard dans les universités et coce et a pris une ampleur excep- avec ce qu’il croyait. Ou inverse- La presse étant ce qu’elle est, le président Suleyman Demirel. Le mocratique de gauche (DSP) du modifie la loi sur l’éducation qui tionnelle qui commence à inquié- ment. c’est-à-dire capable des pires er- chef de l’Etat a ratifié, samedi premier ministre Bülent Ecevit, dé- bloque l’accès aux écoles religieuses ter. A certains endroits du littoral Depuis pas mal de temps, beau- reurs et excès, il suffit d’attendre 15 mai, un décret, adopté par le ca- tiennent deux passeports. au niveau du secondaire. de la baie de Marseille, l’eau est coup de gens cognent allègrement le dérapage et de cogner. Avec binet intérimaire avec un empresse- Malgré l’opposition du premier gélatineuse et rouge, aucune plage sur la profession journalistique toutes les apparences d’une vertu ment peu coutumier. UN PAVÉ DANS LA MARE ministre à ces réformes, la forma- ou recoin de la côte rocheuse n’est composée uniquement – comme et d’une rigueur qui passent pour Les autorités affirment que La décision du gouvernement tion d’un gouvernement – associant épargné. chacun sait – de flibustiers. De la plus extrême marque du sérieux Mme Kavakçi, une informaticienne risque de radicaliser les milieux isla- le DSP, le MHP et l’ANAP de Mesut Un responsable du comité local crétins. De mal-voyants encore et de la crédibilité. de trente et un ans formée aux mistes. Ils affirment que Mme Ka- Yilmaz – semblait proche. Jusqu’à de pêches de Marseille, Mourad plus mal-disants. De corrompus. Régis Debray n’est pas journa- Etats-Unis, avait récemment obte- vakçi est victime d’un « lynchage ce que l’épouse du premier mi- Kahoul, a annoncé qu’il devait de- De falsificateurs. De manipula- liste. Il est écrivain et philosophe. nu la nationalité américaine sans en politique » qui ne résout pas pour nistre, Rahsan Ecevit, ne jette un mander lundi 17 mai, à la direction teurs. D’agents du grand capital. Il est politique. Il se veut « médio- informer les autorités. Bien que la autant la question du foulard. Au pavé dans la mare... départementale des affaires mari- Ou de petits télégraphistes imbé- logue ». Mais il n’est pas journa- loi turque permette la double natio- cours des dernières élections, plu- Vice-présidente du DSP, Mme Ece- times, de déclarer l’état de catas- ciles de la fameuse et fumeuse liste. D’une certaine manière, il nalité, une autorisation officielle est sieurs femmes portant le foulard vit a récemment rappelé le passé trophe naturelle, afin que des in- pensée unique. Le discours porte. partage, peut-être même à son in- en principe requise. La jeune ont été élues à divers postes muni- violent des Loups Gris d’extrême demnités puissent être allouées Bien plus, il est porteur. Et même su, ce réquisitoire permanent anti- femme va vraisemblablement faire cipaux. Certaines ont temporaire- droite et leur implication dans des aux professionnels. Selon lui, 40 % sacrément vendeur, aux bonnes presse et ce formidable mépris du appel auprès du Conseil d’Etat. La ment choisi de porter une perruque gangs mafieux. Furieux, Devlet des cent dix bateaux de pêche au affaires de la vertu ! procureur pour une engeance pré- décision de lui enlever son statut de ou de se découvrir, mais le pro- Bahçeli a annulé un rendez-vous chalut sont déjà désarmés, leurs fi- Le discours porte. Surtout s’il sumée falsificatrice par essence ou député relève de l’Assemblée natio- blème va inévitablement resurgir. avec le premier ministre, au cours lets étant endommagés par les est tenu par quelques journalistes faiblesse. Et c’est ainsi qu’il est nale ou du Haut-Conseil électoral. Cette question est au centre des duquel les deux hommes devaient masses énormes de méduses qu’ils qui font profession de dénoncer, parti en Yougoslavie, au Kosovo. Au cours des deux dernières se- négociations en cours pour la for- finaliser les détails de leur coopéra- remontent, et les poissons en esprits libres et critiques, les er- En faux journaliste. En vrai maines, la jeune politicienne a été mation d’un gouvernement. tion. peuvent être rendus imman- rements permanents de la presse. homme d’opinion. Porteur autant la cible d’attaques sans précédent Contrairement à Bülent Ecevit et geables s’ils ne sont pas rincés. Ce sont nos bœufs carottes à de ses préjugés sur la presse que de la part de la presse dite son parti, qui défendent farouche- Nicole Pope – (Corresp. rég.) nous. Notre presse de la presse. de ses certitudes sur la guerre. Sur En chaire comme en encre ! Une le thème du « vous allez lire ce autorité suprême et autoconsa- que vous allez lire ». crée. Elle laisse au vulgaire plumi- On a lu, en effet. Une telle ac- tif le soin d’enquêter sur les faits cumulation d’erreurs élémentaires et se réserve le privilège et le droit – on parle ici, d’un point de vue de dénoncer les méfaits. Ce sont, strictement professionnel, du mi- en somme, nos juges de presse. nimum exigible d’un élève de pre- Nos redresseurs de presse lancés mière année en école de journa- dans un permanent reportage in- lisme sur la vérification et le térieur sur les mœurs, outrances recoupement des informations, la et dérapages d’une corporation multiplicité des sources et le refus dont ils relèvent par accident, des impressions – est une catas- qu’ils méprisent par habitude et trophe. Et c’est ainsi qu’un débat soupçonnent par principe. fondé et parfaitement respectable Les journalistes aux affaires s’appuie sur un récit parcellaire et journalistiques, comme il fut na- totalement contestable. Le meurtrier de cinq personnes est recherché en Moselle UN RESSORTISSANT allemand de trente-six ans, Guenter Hermann Ewen, soupçonné d’avoir tué, dimanche 16 mai, cinq personnes, quatre en Allemagne et une en France, et blessé dix autres personnes, était encore recherché, lundi matin, en Moselle par quelque deux cents gendarmes aidés d’un hélicoptère. Cet homme originaire de Beckingen, près de Sarrebruck, était déjà connu de la police judiciaire locale. Dans sa fuite, il a agressé plusieurs automobilistes. La dernière voiture dont il s’est servie a été retrouvée, dimanche en fin d’après- midi, à Montenach, à trois kilomètres de Sierck (Moselle), près d’une forêt où les recherches se poursuivaient lundi.

DÉPÊCHES a JUSTICE : l’Eglise réformée de France (ERF) a demandé, di- manche 16 mai, la grâce d’un condamné à une « double peine ». Réunie en synode à Fréjus (Var), la branche la plus importante du protestantisme français a attiré l’attention du président de la Répu- blique sur la situation d’un Maghrébin de la région lyonnaise, interdit de territoire en France à la suite d’une condamnation pénale. « La na- tionalité étrangère d’une personne qui réside en France depuis toujours, qui y a toute sa famille, femme, enfants, ne doit pas autoriser une expul- sion du territoire », affirme l’ERF, dans un vœu adopté lors de son sy- node. a La famille d’Amadou Ndiaye, le passager du vol Paris-Dakar, mort, jeudi 13 mai, après une injection de sédatif, a annoncé, samedi 15 mai, qu’elle allait porter plainte. « On veut savoir ce qui lui a été in- jecté et à quelle dose », a annoncé l’oncle de la victime, selon qui le Sé- négalais de trente et un ans, menuisier-décorateur en Arabie saoudite et père de deux enfants, rentrait au pays afin de soigner sa dépres- sion. a INONDATIONS : la décrue du Rhin, amorcée samedi 15 mai, après quatre jours de montée des eaux, s’est confirmée, di- manche 16, notamment grâce au beau temps, mais elle devrait être lente, a indiqué le Centre d’alerte rhénan et d’information nautique de Gambsheim, dans le Bas-Rhin.

Tirage du Monde daté dimanche 16-lundi 17 mai : 592 671 exemplaires. 1-3 LeMonde Job: WDE2099--0001-0 WAS MDE2099-1 Op.: XX Rev.: 15-05-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:17,09, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0168 Lcp: 700 CMYK

MARDI 18 MAI 1999 LES ENJEUX [ LES INITIATIVES

EUROPE BOUSSOLE LE SOCIAL DANS L’HISTOIRE FUTURS Robert Coleman, Hongkong est empêtrée dans Les outils de mesure des directeur la récession et la déflation. économistes seraient faux ! Le chronométrage général des La consommation des ménages est 1909 Les indices ne prendraient pas du temps de travail est introduit transports à affectée par suffisamment en compte Variation du PIB à Billancourt, qui, rapidement, devient Bruxelles, se bat la montée du en pourcentage l’évolution technologique. le modèle de la très grande usine pour déréguler le rail. La France, chômage et Ainsi, Taux d’inflation taylorisée. La « forteresse ouvrière » de en pourcentage OFFRES D’EMPLOIS elle, garde ses distances avec la la baisse des – 5,1 l’inflation 3,5 – 5,7 Renault a été liée à toutes les faces de De la page IX politique commune dans l’Union salaires réels – 6,9 serait 3,0 e 2,5 T2 T3 T4 l’histoire de France du XX siècle à la page XVIII (page IV) (page V) surestimée 2,0 1998 (page VI) (page VI) 1,5 1,0 93-94 94-95 95-96 96-97

Plus d’un mariage d’entreprises sur deux est un échec. Les Pourquoi les fusions dirigeants négligent les hommes et les cultures : une erreur souvent fatale ne tiennent pas leurs promesses rrêtez la machine infer- Renault n’a pas tardé à faire le mé- de bord censés imprimer le rythme nale ! Face à la frénésie nage chez Nissan, écartant brutale- et la bonne marche des fusions, la Des constructions gigantesques, mais périlleuses des fusions et acquisi- ment les 37 membres du conseil gestion des hommes reste trop tions, plusieurs fonds d’administration de l’entreprise ja- souvent du domaine de la langue deA pension commencent à s’inter- ponaise, faisant fi de ses déclara- de bois et de la guerre des nerfs. roger sur le bien-fondé de ces tions de respect mutuel. Même si constructions trop souvent déce- les acquéreurs s’en défendent, il y a EFFICACITÉ vantes. Dans plus d’un cas sur toujours un vainqueur et un vain- Tout n’est pas encore joué, Des sa larié deux, les transactions détruisent de cu, et personne n’est dupe. Ce rap- maintenant qu’une meilleure prise par le s tou la valeur, lésant in fine les action- port de forces fragilise énormé- en compte du facteur humain fait s ré chés ductio naires. Sans compter les milliers ment le camp des perdants. Les son chemin dans les esprits des in- L’EXEMPLE DU SECTEURns d'e ffectifs d’emplois perdus, la démotivation médecins du travail témoignent vestisseurs, qui en font de plus en BANCAIRE des cadres qui craignent pour leur ainsi des manifestations patholo- plus un critère de performance fi- carrière, et les dégâts psycholo- giques engendrées par l’accroisse- nancière. La bonne conduite des Lorsque les réseaux giques qui affectent la ment du stress. ne se recoupent pas fusions et acquisitions devient un La réalité productivité. Ce déséquilibre peut également centre d’intérêt, comme le sont au- 3 à 5 % Et pourtant on n’a jamais célébré conduire au départ des meilleurs, jourd’hui le « gouvernement d’en- Pour des activités semblables Dans plus d'un cas autant de mariages, Hoechst- déjà repérés par les concurrents treprise » (présence de personnali- sur deux, les Des Rhône-Poulenc donnant le la cette trop contents de profiter de la si- tés extérieures au conseil actionnaires synergies attendues semaine. Certes la mondialisation tuation. Une grande partie de d’administration) et le « rating so- Source : Bain & company20 à 25 % déçus ont été surestimées. exige de disposer de réseaux de l’équipe de communication du cial » (classement des entreprises Les bénéfices ne sont plus en plus vastes, d’afficher les constructeur automobile américain en fonction de leur politique so- pas au rendez-vous. prix les plus compétitifs via des Chrysler n’a pas hésité, à l’occasion ciale), deux démarches qui visent à Création 42% Principale cause économies d’échelle et grâce à des du rachat par l’allemand Daimler, à davantage de transparence et de valeur 58% édiocres d'échec : l'absence pressions plus importantes sur les partir chez General Motors. d’éthique dans un souci d’efficacité Des résultats m 55,8 Destruction de prise en compte fournisseurs. L’avènement de l’eu- Depuis deux ans, les études s’ac- économique. de valeur Source : A. T. Kearney des ressources ro a accéléré la nécessité de faire 43 35,5 cumulent pour souligner ces insuf- On s’apercevra peut-être alors humaines et des bloc sur le Vieux Continent, long- fisances. Mais les dirigeants que le chemin de la croissance ne 39,9 33,3 Création différences culturelles. temps à la traîne par rapport aux semblent paralysés et les cabinets passe pas forcément par la course de valeur Etats-Unis. de conseil, alors qu’ils reven- aux acquisitions. Encore faut-il que Mais cette course à la rentabilité, diquent un savoir-faire en la ma- cette prise de conscience soit par- -47,4 exigée par les marchés financiers et tière, ne parviennent pas à inverser tagée par les marchés financiers et

Destruction -42,3 -52,6 des actionnaires de plus en plus le mouvement. les acteurs économiques. Afin que -73,4 de valeur gourmands, peut conduire à des En réalité, on s’attaque là à des la machine retrouve un rythme rai- S ET -67,7 M UE R IQ mastodontes ingérables et obérer enjeux de pouvoir, chasse gardée sonnable et ne fonce plus dans le N SPATIALE une croissance à moyen et long du top management, où le non-dit mur. E IE ET TÉLÉCO D SECTEUCAIRE N IM ACIE ET ESPACE AÉRO ÉLECTRO terme. règne. Alors que les patrons ac- RAN TIO CH BAN ney G ARM Kear e : AT Pis encore, dans le secteur ban- PH Sourc cumulent dans les domaines finan- Marie-Béatrice Baudet ISTRIBU D caire notamment, les rapproche- cier, juridique et fiscal des tableaux et Martine Laronche ments font fuir une partie de la Les cinq secteurs les plus visés clientèle. La fusion des deux éta- blissements suisses UBS et SBS a en milliards de dollars 80 entraîné le départ de 14 000 clients dans les deux premiers mois sui- 64 vant l’annonce de l’opération. Pour ne citer qu’elle... 48 Une pause s’avérerait salutaire pour s’attaquer aux raisons d’un si 32 mauvais palmarès. On les connaît, les experts en management sont 16 unanimes : l’absence de prise en

0 compte des ressources humaines T T T E E et des cultures d’entreprise est res- E E E C IL E E E E LE Z AN B U U QU C O A R O IQ IQ N AN TR G SU OM ponsable de ces dégâts. Les diri- IM UT BA É S T H E FIN P A AU C AC geants, qui se disent volontiers dé- RM HA P Source : KPMG Corporate FINANCE munis face à ces questions, les traitent quand il est déjà trop tard, La valeur mondiale des lors de la phase d’intégration, une fois la transaction conclue. fusions-acquisitions Les espérances explose La course au gigantisme permet RAPPORT DE FORCES en milliards de dollars Or cette problématique devrait d'accroître ses parts de marché, intervenir très en amont et déter- 2500 d'étendre ses réseaux et de se miner − au même titre que les cri- 2000 renforcer en matière de recherche et tères stratégiques, économiques et 1500 développement. La compétitivité doit financiers − le choix même des en- , Economica 1000 aussi être au rendez-vous grâce aux treprises convoitées. Aujourd’hui, 500 économies d'échelle réalisées et aux cette priorité est réelle dans seule- Cyclope pressions accrues sur les ment 5 % des cas. 0 fournisseurs. 1990 92 94 96 98 Dans ce domaine sensible, les Source : bonnes volontés affichées ne dé- passent pas le stade de l’intention. LeMonde Job: WDE2099--0002-0 WAS MDE2099-2 Op.: XX Rev.: 15-05-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:17,09, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0169 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 DOSSIER ̄ FUSIONS Les mariages d’entreprises débouchent Questions-réponses sur un échec dans plus d’un cas sur deux Le phénomène des naires veulent percevoir des ujourd’hui, les entre- de postes sur 21 000, tandis que la systématiques. « Un nombre impor- fusions-acquisitions dividendes de plus en plus éle- prises paraissent souf- Dans la plupart fusion entre l’Union de banques tant de fusions récentes ou de projets 1 est-il nouveau ? vés et voir leurs actions prendre frir de boulimie. Et la suisses (UBS) et la Société de de fusion dans les télécommunica- La course au gigantisme n’est de la valeur rapidement. Cette A banque suisse (SBS) a conduit à tions, comme MCI avec WorldCom frénésie des fusions et des secteurs, pas récente. La première grande rentabilité est pesée au trébu- acquisitions ne semble pas près de 13 000 suppressions de postes sur ou encore Deutsche Telekom avec vague de concentration (on par- chet du return on equity (ROE), se calmer : 1999 devrait battre les les rapprochements 56 000, soit près du quart des effec- Telecom Italia, mais aussi dans les lait alors de « trusts ») remonte c’est-à-dire le rapport entre records de l’année dernière. En tifs ! secteurs de l’automobile, de la santé à la deuxième partie du résultat net et fonds propres. Le 1998, le montant total des opéra- s’accompagnent de « Le secteur bancaire a besoin de ou encore des nouvelles technolo- XIXe siècle, lorsque s’est dérou- niveau actuel des taux de rende- tions de fusion et acquisition avait se restructurer et d’aller vers des gies, trouvent davantage leur justifi- lée ce que les experts du rapport ment exigé par les marchés dépassé 2 500 milliards de dollars réductions d’effectifs emplois à plus forte valeur ajoutée, cation dans les synergies de crois- Cyclope (Economica, 1998) atteint 15 %. (2 358 milliards d’euros), soit 50 % explique Denis Chabaneix, vice- sance que dans les synergies de appellent la « première mondiali- Les économies d’échelle de plus que l’année précédente, mars 1996, pour créer le géant président à Paris de Bain and coût », estime René Abate, senior sation ». Apparaissent alors aux deviennent, au travers des selon la base de données Securities Novartis, s’est accompagné de Company. Les fusions-acquisitions vice-président au Boston Consul- Etats-Unis quelques grandes fusions-acquisitions, un des Data. 10 000 suppressions de postes, tan- ne sont qu’un révélateur de cela. » ting Group à Paris. entreprises dans les chemins de moyens de satisfaire l’action- Après l’industrie pétrolière et la dis que Glaxo, six mois après le Le coût social peut être d’autant Il n’empêche, la « casse » sociale fer (Vanderbilt), l’acier (Carne- naire. Plus on est gros, plus on pharmacie, les télécoms, avec rachat de Wellcome, annonçait une plus élevé que les acquéreurs liée aux fusions est d’autant moins gie) et le pétrole (Standard Oil). peut, en principe, rationaliser l’annonce du rapprochement entre réduction de 12,5 % de ses effectifs potentiels jouent la surenchère acceptable que ces opérations sont En Europe, les concentrations ses achats et faire des écono- Deutsche Telekom et Telecom Ita- dans les trois ans, soit 7 500 per- auprès des actionnaires. Ainsi, loin d’être systématiquement cou- furent plus lentes et se firent sur mies. Il faut croître sur un sec- lia, l’automobile, avec le rachat par sonnes. dans le cadre du rapprochement ronnées de succès. Selon une des bases nationales ou colo- teur donné, en élaguant les acti- Ford de la branche automobile de Les banques sont également entre la Société générale (SG) et enquête réalisée en novembre par niales. Dans l’après-guerre, il y vités secondaires. Volvo, ou encore les services en soumises à rude épreuve. Selon Paribas, l’équipe de direction s’est le cabinet de conseil AT Kearney, eut une forte poussée des entre- Cette recherche de rentabilité ligne, avec l’acquisition de Net- une étude de janvier 1999 réalisée engagée à une rentabilité de 18 % sur 115 opérations, 42 % ont créé prises américaines vers le Vieux risque toutefois de se faire au scape par AOL, prennent le relais. par le cabinet Bain and Company des fonds propres dès 2001. De son de la valeur pour les actionnaires, Continent. La forme qui domine détriment des investissements et Qu’importe si l’expérience sur une quarantaine de fusions côté, la BNP, qui défend une fusion tandis que 58 % en ont détruit. alors est celle du conglomérat, d’une croissance à moyen ou montre que, dans au moins la moi- dans ce secteur, toutes les opéra- à trois, promet 16 % dès 2002. Tou- Une autre étude, publiée par regroupement d’activités dispa- long terme. tié des cas, voire plus, ce type tions se sont accompagnées de tefois, quel que soit le schéma − un Mercer Management Consulting rates dont le modèle fut ITT. d’opération ne crée pas de valeur réductions d’effectifs. Elles vont de ensemble SG-Paribas avec 5 000 en septembre 1997 et portant sur Depuis, le mouvement s’est Les fusions créent-elles supplémentaire pour les action- 3 % à 5 % pour des entreprises suppressions de postes (essentiel- 360 opérations d’acquisition d’une fortement accéléré. Entre 1990 et de la valeur naires : le marché en raffole. Et les dont le recoupement géogra- lement à l’étranger), ou un valeur supérieure à 3 milliards de 1998, le montant total des 4 dans les banques ? rapprochements semblent phique est limité, jusqu’à 20 à 25 % ensemble SG-Paribas-BNP, avec francs, réalisées entre 1986 et 1996, volumes des opérations de Le secteur bancaire est l’un d’autant mieux salués par la pour des activités très semblables 8 500 suppressions d’emplois −, les est un peu plus optimiste. L’étude fusion-acquisition a été multi- des plus actifs en matière de Bourse qu’ils s’accompagnent de implantées sur le même territoire. directions assurent qu’il n’y aura démontre que 52 % des fusions plié par cinq (de 500 à 2 500 mil- fusions et acquisitions : rappro- coupes dans les effectifs, pro- Ainsi, le rapprochement entre le pas de départs contraints. réalisées dans les années 90 sont liards de dollars, soit de 476 à chement de Chase and Chemical messes de dividendes croissants. finlandais Merita et le suédois Fréquentes, les réductions des succès, alors que dans les 2 380 milliards d’euros). en 1996, de Citicorp et Travelers, Car, dans la plupart des secteurs, Nordbanken en octobre 1997 a d’effectifs dans le cadre de rappro- années 80 ce chiffre n’était que de ou encore de Deutsche Bank et fusion rime avec réductions conduit à environ 600 suppressions chements ne sont toutefois pas 37 %. La France est-elle Bankers Trust en 1998, pour ne d’effectifs. En annonçant leur rap- Comment s’explique la réussite ? en bonne place citer que quelques-unes de ces prochement en août 1998, le Bri- Plus que le prix ou même l’inten- 2 dans ce jeu mondial ? opérations. tannique BP et l’Américain Amoco Daimler-Chrysler, une exception... tion stratégique, le management La prise de conscience fran- Les banques, soumises à la n’ont pas fait mystère des de la mise en œuvre ferait la dif- çaise a été très tardive. Dans pression de clients et d’action- 6 000 suppressions de postes à la Quelques fusions échappent aux réductions d’effectifs : le rachat férence. La taille des opérations bien des cas, les entreprises naires de plus en plus exigeants, clé. Présentée comme la plus de l’américain Chrysler par Daimler, l’an dernier, s’est accompagné compromettrait également les hexagonales font figure de sui- sont confrontées à des besoins grande fusion industrielle de l’his- de créations nettes d’emplois, grâce notamment à une bonne année chances de succès : plus les tran- veuses. Il existe des exceptions, d’investissements en technolo- toire, l’opération a pourtant été 1998 pour l’industrie automobile allemande. Le fait que les deux sactions sont importantes, plus bien sûr, à l’instar d’Axa, qui a gies de l’information considé- dépassée en décembre dernier par constructeurs ne soient pas implantés sur les mêmes marchés géo- elles risquent d’échouer, selon absorbé l’UAP dès 1996, ou de rables et doivent atteindre une un autre mariage de titans entre les graphiques et produisent des gammes de véhicules très différentes l’étude de Mercer. Sur des opéra- Lafarge, qui a lancé en 1997 son taille critique. Pourtant, les deux américains Exxon et Mobil, comptent également pour beaucoup. tions d’un montant supérieur à OPA sur le britannique Redland. résultats des fusions-acquisi- avec des réductions d’effectifs Les effectifs du nouvel ensemble sont donc passés de 425 000 em- 30 % du chiffre d’affaires de Comme l’explique Elie Cohen, tions sont très décevants, si l’on concernant 9 000 personnes, soit plois en 1997 à 441 000 en 1998, avec un chiffre d’affaires et des béné- l’acquéreur, 25 % seulement se président de l’université Paris- en croit une étude de un peu plus de 7 % du personnel. fices en hausse. Une nouvelle organisation des systèmes de vente et sont révélées des succès. Dauphine, il faut distinguer deux Bain & Company réalisée en Dans la pharmacie, le rappro- de marketing a été mise en place et les services financiers des deux cas de figure. Les secteurs dispo- janvier 1999. chement entre Sandoz et Ciba, en groupes ont été fusionnés. Martine Laronche sant d’une tradition capitalis- L’examen a porté sur une qua- tique ancienne, marqués par une rantaine de transactions avant, forte initiative entrepreneuriale pendant et après la fusion, qui se (la grande distribution, le luxe, répartissent pour moitié en des opérations dites « mûres », Des médecins du travail brisent le mur du silence etc.), qui ont prospéré par crois- sance interne et externe. Et puis c’est-à-dire réalisées durant les autres (banques, assurances, cette décennie, mais avant la fin our le moment, il n’a rien remarqué. national, en Suisse, auprès de plus de deux mille se sentent menacés ne vont pas voir le médecin plus etc.), où la présence de l’Etat au du premier semestre 1997, et Ni cigarettes supplémentaires, ni salariés (« Health effects of job insecurity among fréquemment, c’est parce qu’ils ne veulent pas capital des sociétés a considéra- pour moitié en opérations plus douleurs au dos plus régulières, employees in Swiss general population », par G. s’absenter de leur lieu de travail » et par là même blement freiné la démarche. récentes. P Domenighetti, B. D’Avanzo, et B. Bisig, Cahier de alerter la hiérarchie de leurs problèmes d’angoisse. souvent les premiers symptômes Ces faiblesses se paient Il apparaît qu’un tiers seule- d’une recrudescence du stress. Rien remarqué... : recherches économiques, université de Lau- Les plus touchés, indiquent les médecins, sont aujourd’hui. Les patrons français ment des transactions « mûres » ce médecin du travail à la Société générale est sanne, avril 1999) qui permet de quantifier le phé- clairement les salariés les plus qualifiés, les cadres, ont une capacité plus faible à ont vraiment créé de la valeur (le formel. nomène. Et, comme l’indiquent les auteurs en pré- « car leur investissement dans une carrière profes- mobiliser de la trésorerie face à recul manque pour évaluer les Il y a toutefois le mutisme des employés. Comme face, « enfin briser la loi du silence. A l’évidence, sionnelle est beaucoup plus fort. La crainte de perdre des concurrents américains et transactions plus récentes). Un si le feuilleton de la fusion possible, Paribas pour l’idée de mesurer l’impact direct d’un environne- leur emploi est vécue comme une catastrophe. Les européens mieux capitalisés, et autre tiers semble neutre. Seul commencer, et maintenant la BNP, avait paralysé ment socio-économique sur l’état de santé déplaît ouvriers et les employés sont beaucoup plus fata- leurs groupes sont, du coup, un tiers est, finalement, une les langues. En réalité, les salariés accusent le coup. aux hommes politiques et aux hauts responsables listes ». plus facilement opéables. Sur- réussite. L’opération avec Paribas, une banque d’affaires, sanitaires car, compte tenu des résultats, cela les Décidés à changer la donne, et donc à mieux tout depuis que le filet des Les critères retenus pour clas- n’inquiétait pas outre mesure. Depuis que la BNP conduirait à remettre en cause les modèles actuels ». faire entendre leur voix, les chercheurs insistent noyaux durs et des participa- ser ces transactions ont été, est venue metttre son grain de sel, l’ambiance a sur le bien-fondé de la recommandation adoptée tions croisées, mis en place lors d’une part, l’évolution du cours changé. On craint pour son emploi, on a peur de LES CADRES SONT LES PLUS TOUCHÉS en novembre 1996 lors de la cinquième conférence des privatisations et qui les avait boursier des acteurs de la fusion l’arbitrage futur sur la composition des équipes. En Suisse, un salarié sur dix (soit 400 000 per- des ministres de la santé européens. Elle propose la protégées un temps, n’existe vis-à-vis de l’indice pertinent au Certains ont même suspendu des projets person- sonnes environ) se sent fortement menacé dans mise en place d’indicateurs susceptibles d’évaluer plus. niveau national et au niveau du nels comme l’achat d’une maison par exemple, son emploi. Cette peur, note l’enquête des méde- l’impact direct des politiques économiques sur la secteur ; et, d’autre part, l’évolu- puisque, désormais, l’avenir est incertain. cins du travail, se traduit par l’augmentation de la santé. L’idée semble faire son chemin. Le projet de Pourquoi les marchés tion des revenus et du rapport Les médecins du travail voient bien comment la consommation de cigarettes (+ 60 %) et d’alcool création d’un centre basé à Bruxelles, à l’initiative poussent-ils coûts-revenus. frénésie des fusions et acquisitions contribue au (+ 30 %). Les douleurs au dos redoublent (+ 100 %). de l’OMS et de la London School of Economics, est 3 à de telles opérations ? A signaler : aucune des tran- développement des pathologies liées au stress et à Ces malaises ne se traduisent pas néanmoins par lancé. La rentabilité est le maître- sactions transnationales n’a été l’insécurité de l’emploi. Pour autant, il n’existe l’augmentation des visites médicales. « Mais atten- mot des marchés. Les action- classée en tant que succès. aujourd’hui qu’une seule étude réalisée au niveau tion, explique le docteur Domenighetti, si ceux qui M.-B. B. Hoechst a mis vingt-cinq ans pour « intégrer » le français Roussel Uclaf

a prochaine fusion, dans le tère de l’industrie. Cet accord, va- quelques mois. La direction du labo- plus épargnée que ses consœurs Pour éviter tout licenciement, la di- secteur des sciences de la Le géant allemand lable trois ans et « renouvelable par ratoire est de nouveau confiée à un Hoechst en Allemagne et Marion rection signait, fin décembre 1995, vie, de Hoechst Marion tacite reconduction », avait pour ob- Français. aux Etats-Unis. avec la CFDT et la CGC un accord L jectif de maintenir l’autonomie de La donne changera totalement en de préretraite volontaire à temps Roussel (HMR) et de épouse maintenant Rhône-Poulenc pour créer Aventis Roussel Uclaf tout en développant 1995 avec le rachat par Hoechst du DÉPARTS EN PRÉRETRAITE complet dès cinquante-six ans pour suscite l’inquiétude des salariés fran- Rhône-Poulenc. Une des possibilités d’accord entre ses laboratoire américain Marion. La dé- « Il n’y aura pas de plans sociaux l’année 1996. Les plans entièrement çais. Les syndicats redoutent deux principaux actionnaires, cision est alors prise de regrouper les en France », affirmaient en dé- financés par l’entreprise, sans re- 11 000 suppressions d’emplois dans nouvelle alliance Hoechst et Rhône-Poulenc. trois entités, française, allemande et cembre 1995 les dirigeants du labo- cours à la loi Robien, ont concerné le monde, dont au moins 3 000 en La « cohabitation » entre les deux américaine, dans une même struc- ratoire pharmaceutique. Le groupe près de 10 % de l’effectif total. France. à gérer groupes ne s’est pas traduite par des ture, HMR, tout en respectant les français (8 000 salariés) garde cha- Finalement, au niveau du groupe, Au début du mois de mai, une dé- décisions importantes pour leur fi- trois cultures. Rationalisation oblige, cun de ses sites, à l’exception du ces mesures reposant sur le respect légation de l’intersyndicale de HMR mais qui n’a pas empêché une éro- liale commune. Néanmoins, les le nouvel état-major réorganise le centre de recherche de Strasbourg d’une triple culture s’avèrent insuffi- et Rhône-Poulenc a été reçue à Ma- sion globale des effectifs chez Rous- équipes dirigeantes ont profité de groupe en spécialisant chaque site (185 personnes), vendu à Synthéla- santes. Un nouveau plan est décidé tignon par des conseillers de Lionel sel Uclaf en raison des départs en cette période pour nouer des de production et de recherche avec bo. deux ans plus tard, une réorganisa- Jospin. Selon les syndicats, « les re- préretraite (500 environ). De 8 064 contacts entre eux. L’expérience a pour objectif de réduire les effectifs Toutefois, cette réorganisation im- tion imposée par la concurrence et présentants du premier ministre ont salariés voici quatre ans, les effectifs été brève – trois ans –, Rhône-Pou- de 8 000 personnes, pour les rame- plique une nouvelle répartition des par l’exigence des marchés finan- indiqué que, si ce dernier n’était pas sont revenus à 7 404 personnes au- lenc souhaitant vendre sa participa- ner de 45 000 à 37 000 salariés. En domaines de recherche, qui passent ciers. Aux premiers jours de 1998, la en mesure de s’opposer à la fusion, il jourd’hui. tion minoritaire afin de se désendet- raison de son histoire et de sa volon- en France de quatre à deux (les anti- direction annonce un plan d’écono- avait son mot à dire en termes d’em- Février 1990 : l’Etat français décide ter avant sa privatisation. Le té d’indépendance, Roussel Uclaf est infectieux et les maladies de l’os). mies de 460 millions de deutsche- ploi, de santé publique et de re- de vendre à Rhône-Poulenc les 35 % désengagement s’est concrétisé en marks d’ici à la fin 1999 (0,23 milliard cherche ». de Roussel Uclaf acquis en 1982, lors 1993. d’euros). Il prévoit la suppression de de la tentative de nationalisation de Seul maître à bord, Hoechst tente Bibliographie 600 postes de chercheurs sur les SOUTIEN DES POUVOIRS PUBLICS ce laboratoire. Roussel Uclaf est à alors de prendre la direction de 1 670 existant à Francfort et de 123 Le personnel de HMR, qui craint l’époque une filiale française de l’al- Roussel Uclaf. Auparavant, bien b Pratique des négociations dans b Croître, un impératif pour en France sur les 1 067. la fermeture du site de Romainville lemand Hoechst : ce dernier, entré qu’ayant le contrôle du laboratoire, les rapprochements l’entreprise, de Dwight Gerz et Ces décisions suscitent l’inquié- (Seine-Saint-Denis), espère un sou- au capital en 1968, était devenu ma- le chimiste allemand ne s’était ja- d’entreprises : fusions, Joao Baptista (Village Mondial, tude du personnel, principalement tien des pouvoirs publics français, joritaire en 1974. mais immiscé dans sa gestion, lais- acquisitions, joint-ventures, de 1996, 210 p., 138 F, 21,04 euros). en Allemagne et en France. «La fu- comme en 1995 lorsque l’allemand Au-delà du transfert d’une partici- sant les rênes à Edouard Sakiz, fa- Jean-Marc Loncle et Jean-Yves b Les Alliances stratégiques, sion Hoechst, Marion, Roussel ne s’est Hoechst, rassemblant toutes ses fi- pation étatique à une entreprise pu- rouche défenseur de l’autonomie de Trochon (EFE, 1997, 344 p., 450 F, de Timothy Collins et Thomas pas déroulée comme prévu », re- liales santé au sein d’un même pôle, blique, apparaît la volonté de créer l’entreprise. 68,6 euros). Doorley (InterEditions, 1991, 384 p., connaissait le patron de Hoechst, menaçait les salariés de Roussel un partenariat industriel et euro- Après son départ en retraite en b OPA, fusions et acquisitions : 336 F, 51,22 euros). Jürgen Dormann, en janvier 1998, Uclaf. Les dirigeants s’étaient alors péen de grande envergure. « Le nu- 1995, la première tentative de reprise une arme dans la concurrence b Fusion, acquisition, plus de deux ans après la création engagés, pour une durée de trois méro un français de la chimie et en main se solde par un échec. Venu industrielle et commerciale, de développement : comment officielle d’HMR. ans, à réaliser au moins 700 em- Hoechst sont déjà des partenaires na- de Francfort, son successeur doit re- Jean-Pierre Thuillier (Dunod, 1992, communiquer (Etude éditée par la bauches. Une promesse respectée, turels », entendait-on alors au minis- partir en Allemagne au bout de 120 p., 88 F, 13,42 euros). Cegos, 1999, 158 p.). Dominique Gallois LeMonde Job: WDE2099--0003-0 WAS MDE2099-3 Op.: XX Rev.: 15-05-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:17,09, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0170 Lcp: 700 CMYK

DOSSIER LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / III

Thierry Conilh de Beyssac, directeur général de Hewitt Associates ̄ CHRONIQUE « Le facteur humain est pris en compte par Serge Marti dès le départ dans 5 % des opérations seulement » Les tours infernales

« Des chiffres indiquent que fois par an, les 750 salariés à haut mauvaises nouvelles claires à de es arbres ne montent pas jusqu’au ciel », dit l’adage bour- plus d’une fusion sur deux est potentiel de son groupe, et cela ne bonnes nouvelles douteuses. sier, signifiant par là que les marchés d’actions ne un échec. Comment expliquez- se résume pas à « bonjour, comment − Existe-t-il des modes peuvent pas caracoler indéfiniment de record en record vous ces piètres résultats ? ça va... », ce sont de véritables d’action vertueux concernant les et que, tôt ou tard, un correctif doit mathématiquement − Il y a une convergence des échanges. ressources humaines ? intervenir.L Force est de reconnaître, pourtant, que l’irrésistible as- chiffres donnés par les investisseurs » Ce type de démarche reste mal- − La solution consiste à suivre cension de Wall Street contredit jusqu’à présent la loi des séries. financiers, les banquiers et les cabi- heureusement exceptionnelle. Re- une méthodologie précise et à arrê- En moyenne, les actions cotées au New York Stock Exchange ont nets de conseil comme le nôtre pour gardez la composition des équipes ter de bricoler. Premier principe, progressé de 26 % par an depuis 1995 (contre une moyenne de 10 % dire que deux fusions-acquisitions de business developers − les spécia- placer le dossier ressources hu- avant cette date) et l’indice Dow Jones, que l’on voyait buter sur trois ne produisent pas la créa- listes réunis pour qu’une fusion-ac- maines en amont de la décision et contre le mur des 10 000 points, a allègrement franchi l’obstacle à tion de valeur escomptée lors de la quisition se passe le mieux pos- lui donner un poids aussi important la mi-mars. Depuis, la guerre du Kosovo n’a pas contribué à dé- transaction. Cela se sait vite sible −, vous y trouverez des juristes, qu’aux paramètres économiques et gonfler la bulle spéculative. L’indice désormais centenaire (depuis puisque, en général, plus des trois des fiscalistes, des experts en straté- financiers. Cela permet de sélection- 1996) a continué à marquer des points ; au rythme des frappes de quarts des résultats espérés gie, des financiers, mais combien de ner, parmi les entreprises cibles, la l’OTAN sur la Serbie. s’obtiennent dans les dix-huit pre- directeurs des ressources hu- mieux adaptée sur le plan humain. Dans les salles de marché, quelques esprits chagrins s’efforcent miers mois. maines ?... ̄ » L’objectif, ensuite, est d’établir cependant d’anticiper un éventuel retournement. Sans le secours » Cette proportion des deux tiers − Comment expliquer ces des plans d’action, à 30, 60, de l’ancienne boule de cristal. Il n’y a pas si longtemps, lorsque les est aberrante. Comment s’explique- résistances ? Thierry Conilh 100 jours : communiquer quotidien- boursiers n’étaient pas encore tous transformés en têtards à écran t-elle ? Dans la très grande majorité − Les dirigeants ont le sentiment de Beyssac nement pour éviter, par exemple, gavés de logarithmes, on n’hésitait pas à recourir aux vieilles des cas, par l’insuffisante prise en profond que les ressources hu- b Diplômé de commerce que des salariés n’apprennent des maximes pour prédire compte des ressources humaines. maines sont importantes, mais international et de sciences nouvelles par la presse. Expliquer l’avenir. Ainsi, annonçait- 1980-82 = 100 en monnaies nationales Mais il faut dire qu’il y a aussi par- restent fondamentalement ingé- économiques, Thierry Conilh comment le dossier va être traité, la on doctement, mais avec 1000 fois un mauvais ciblage des entre- rables. Ils ont bien sûr compris de Beyssac, 39 ans, a débuté manière dont les organisations syn- le sourire : « Lorsqu’en 850 prises à marier et une surestimation qu’une culture d’entreprise était un sa carrière professionnelle dicales vont être impliquées, etc. raison de la mode la lon- des synergies attendues. élément majeur à prendre en dans le secteur du conseil » Je pense qu’il ne faut pas hésiter gueur des jupes raccourcit, 700 − D’où vient ce déficit dans compte, mais ils pensent qu’il est à prononcer le mot « boîte à ou- c’est que les actions vont 600 en communication et marketing. Europe la gestion des ressources impossible de l’évaluer. Ils préfèrent b En 1989, il participe tils », même si les cabinets-conseils monter. Lorsqu’elle ral- 500 humaines ? s’intéresser aux systèmes d’informa- à la création de la filiale espagnole l’ont en horreur puisque nous van- longe, la Bourse va bais- 400 − J’entends depuis des années les tion, à la logistique, au commercial, de Hewitt Associates, cabinet de tons tous notre capacité à faire du ser!» PDG, les directeurs financiers expli- à la gestion financière, au « dur » conseil en ressources humaines. sur-mesure. Qu’y trouvons-nous ? Facéties que tout cela ? 300 quer que les ressources humaines d’une entreprise, alors que les res- Six ans plus tard, il est responsable Des check-lists sur les systèmes de Sans doute. Mais des per- sont importantes et ne doivent sur- sources humaines restent du du développement européen. rémunération, les politiques de re- sonnages autrement plus Japon tout pas être négligées lors d’une fu- domaine du « soft ». Il dirige aujourd’hui traite et de prévoyance... bref, au- sérieux se sont, eux aussi, 200 sion-acquisition ; or je les vois agir, » Cette peur face aux ressources le bureau de Paris. tant de points qui permettent mis en tête de détermi- Etats-Unis en définitive, comme si elles humaines est redoublée dans le cas d’identifier les données sociales et ner d’où pourrait prove- 150 n’étaient pas gérables. d’une fusion-acquisition. D’autant culturelles clés d’une entreprise. nir le prochain coup de » Il faut savoir, et là encore les que la rapidité est considérée publicitaire peu crédible car de Tout cela ne suffit pas. Il faut égale- grisou. A partir d’indica- chiffres des spécialistes concordent, comme un gage de succès. toute façon, dans 90 % des cas, les ment faire preuve de créativité, teurs, là aussi, inatten- 100 que le facteur humain n’est pris en − Est-il possible de maîtriser choses ne seront plus jamais pour ne pas tomber dans une ap- dus. C’est le cas d’An- 80 compte dès le départ, en amont l’angoisse et tous les sentiments, comme avant et les salariés le proche trop réductrice. drew Lawrence, le direc- d’une fusion-acquisition, que dans raisonnés ou pas, provoqués par savent parfaitement. − L’idée est donc de disposer teur adjoint du départe- 1980 82 84 8688 90 92 94 96 98 5 % des cas ! Et encore, il y a eu un l’annonce d’une fusion- − Que penser des déclarations d’une banque de données qui va ment de recherche-action Source : Rexecode progrès : les financiers placent dé- acquisition ? de Michel Pébereau, patron de au-delà des chiffres officiels, de Dresdner Kleinwort Cours de Bourse depuis 1980 sormais le capital humain comme le − Je le pense, oui. On parle la BNP, qui a expliqué que le rap- souvent peu crédibles... Benson, qui, après avoir quatrième critère pour prodiguer souvent du stade d’intégration, qui prochement qu’il souhaite entre − Vous n’imaginez pas les décou- étudié les principales crises financières des cent dernières années, leurs conseils de placements dans dure au minimum entre trois et cinq son groupe, la Société générale vertes que nous pouvons faire sur établit une étroite corrélation entre ces bourrasques et... la hau- une entreprise. C’est ce même senti- ans. Mais, en réalité, l’essentiel se et Paribas ne provoquerait pas les engagements sociaux annoncés teur atteinte par les gratte-ciel dans les pays où elles se sont pro- ment qui les amène à défendre joue au cours de la période de tran- de licenciements ?... lors d’une fusion (stock-options, duites ! Eléments troublants à l’appui. l’idée de gouvernement d’entreprise sition, ces cent jours qui suivent − Certains analystes financiers es- prévoyance, retraite...) et qui ne cor- A Manhattan, au début du siècle, rappelle-t-il, des promoteurs (corporate governance). l’annonce de la transaction. C’est là timent que c’est possible. D’autres respondent pas ensuite à la réalité. avaient voulu construire les deux plus hauts immeubles du » Au sein de ces fameux 5 %, qui où vous traitez la paralysie, les n’y croient absolument pas. Il est Un grand groupe a, par exemple, à monde. Le Singer Building et le Metropolitan Life Building trouvez-vous ? Les meilleurs parmi peurs, la démotivation, le syndrome sûr que l’immense majorité des fu- l’occasion d’un rapprochement, n’étaient pas complètement achevés (le premier en 1908, le second les plus gros acquéreurs. Je pense, classique du vainqueur (l’acheteur) sions-acquisitions se traduisent par sous-estimé de moitié le montant un an plus tard), que les Etats-Unis subissaient « la panique de par exemple, à General Electric dont et du vaincu. Il y a les craintes concer- la suppression des emplois qui dou- de ses engagements en matière de 1907 » lorsque entre mai 1907 et juin 1908 le PIB américain s’effon- le président, Jack Welsh, est le pa- nant l’emploi, bien sûr, mais il y a blonnent. Mais prenez le cas d’AGF retraite vis-à-vis de ses salariés. Or drait de 11 % en termes réels. Plus tard, l’érection du Chrysler Buil- tron le plus admiré au monde par aussi la question de l’évolution des et d’Allianz. Ces deux assureurs ont quand un « acheté » doit des mil- ding (1930) et de l’Empire State Building (1931) allait coïncider avec les financiers. Quand on lui de- carrières. Qui dit que ce ne sera pas le expliqué qu’ils préféraient préserver liards à ses salariés, sa valeur est di- la Grande Dépression des années 30. La série noire se poursuit mande comment il travaille, il ré- nouveau venu qui va s’emparer du les emplois plutôt que de s’exposer minuée d’autant... » avec, au début des années 70, la construction des tours jumelles pond qu’il consacre 80 % de son poste brigué depuis des années ? à des débrayages massifs. du World Trade Center et, au même moment ou presque, le choc temps à rencontrer les gens qu’il a » Il faut éviter à tout prix que les » Par expérience, nous savons Propos recueillis par pétrolier de 1973, doublé de l’effondrement du système de Bretton embauchés. Il voit, au moins une dirigeants n’affichent un discours aussi que les salariés préfèrent de Marie-Béatrice Baudet Woods. Continuant à interpréter son « indice des gratte-ciel », Andrew Laurence affirme que la construction de la tour Sears à Chicago, destinée à coiffer l’arrogante New York sur la hauteur, n’est pas sans rapport avec le krach d’octobre 1987 à Wall Street. Idem pour La première peur passée, les salariés essaient le projet pharaonique de la tour Petronas à Kuala Lumpur, achevé en 1997... l’année de la crise asiatique ! Et maintenant, à qui le tour ? Shanghaï a heureusement décidé de reporter la construc- tion de ce qui devait être la plus haute tour du monde. En re- de se projeter dans l’avenir vanche, à Melbourne, l’architecte Bruno Grollo s’obstine à édifier un gratte-ciel de 113 étages, à peu de chose près de la même hau- teur que la tour de Russie, ce gigantesque building qui doit être ans la soirée du 9 octo- certains ne se privent pas de nous le miers touchés ». Paul parle avec un construit à Moscou, là où a éclaté la Berezina du rouble en août bre 1997, un coursier a Les sentiments dans rappeler... ». Les salariés com- certain fatalisme. Depuis plusieurs 1998. Mais c’est à nouveau d’Amérique que pourrait provenir le sonné chez Colette mencent cependant à se connaître. années, sa division vit des restruc- principal danger avec le projet de construire un nouveau New D « Mais à la cantine, reprend-il, les turations. Vuaillet, pour lui re- les nouvelles entités York Stock Exchange, haut de 140 étages. Pour conjurer le sort ou mettre un pli urgent. Secrétaire CGT Prisu déjeunent de leur côté, les Mo- « La direction a annoncé le 12 avril par simple amnésie ? En tout cas, gare au vertige. du comité central d’entreprise (CCE) Monoprix & Prisunic noprix du leur. » qu’il y avait encore des sureffectifs, de Prisunic, elle était convoquée le L’ambivalence caractérise aussi ce précisant que ce n’était pas lié à la fu- lendemain à 9 heures à une réunion et Aerospatiale-Matra que ressentent les salariés du nou- sion, explique Colette Cousinié, dé- extraordinaire du CCE. « Je pensais veau groupe Aerospatiale-Matra, is- léguée syndicale CGC Aerospatiale INTERNATIONAL SCHOOL OF MANAGEMENT qu’ils annonceraient la vente de l’im- restent ambivalents su de la fusion de Matra Hautes Missiles. Ce qui veut dire qu’avec la mobilier. Mais c’était pire : ils ven- Technologies (groupe Lagardère) et fusion, il y aura un sureffectif de plus daient tout. » Monoprix (228 maga- poir » : « On va devenir un parc de de la SA Aerospatiale, dont les capi- grande ampleur encore. » La diffé- ISM FULLY ACCREDITED * sins à l’époque et 13 000 salariés) 350 magasins, avec un potentiel taux étaient détenus à 100 % par rence entre les restructurations pas- venait d’acheter Prisunic (131 maga- d’achat supérieur. On pourra concur- l’Etat. « Il fallait regrouper nos forces sées et celles à venir, c’est le statut Pour cadres et dirigeants de 30 à 45 ans, diplômés de l’enseignement supérieur, sins alors et 4 500 salariés) pour rencer les hypermarchés. » pour concurrencer les Etats-Unis », de l’Aerospatiale, aujourd’hui priva- le seul MBA accrédité USA Europe compatible avec votre vie professionnelle : 1,6 milliard de francs (0,24 milliard Les cultures vont-elles harmo- convient Paul, cadre informaticien tisée. Jusqu’à présent, la société d’euros) au groupe Pinault-Prin- nieusement se marier ? « Il y a tou- dans la filiale Aerospatiale Missiles à avait géré les départs par des me- International Executive temps-Redoute (PPR). jours eu une concurrence entre les Châtillon. Depuis de longues an- sures d’âge. Maintenant, « avec Pour la déléguée, cette nouvelle deux sociétés, malgré un pacte de nées, Aerospatiale travaillait déjà en Matra et ses méthodes du privé, on ne ieMBA Master of Business Administration fut « un choc ». « On n’aurait jamais non-agression », observe Raymond partenariat avec différentes sociétés, sait pas comment cela se fera », a 520 h de formation intensive en management international : pensé à ça. La politique commerciale Girault. Monoprix a une réputation dont Matra, sur des programmes. confie Paul. b 10 séminaires mensuels à PARIS de Monoprix avait tellement été criti- d’entreprise « paternaliste », impri- « La première réaction à l’annonce b 2 mois à NEW YORK et thèse quée par Prisunic. C’est plutôt nous mée par le caractère familial du de la fusion a été la méfiance, ra- SURCHARGE qui aurions dû racheter Monoprix. groupe Galeries Lafayette. Tandis conte Bernard Morize, responsable Les salariés trouvent aussi des rai- b ieMBA accrédité * C’était dans l’air depuis des années. » que dans le groupe PPR règne une CGC de la branche défense chez sons de se rassurer. A l’Aerospatiale, d Tout a changé depuis. D’ici à la fin culture de « financiers » Par ce ma- Matra. La seconde réaction, c’était de « l’Etat était à la fois notre action- 2000, l’enseigne Prisunic aura riage, Agnès espère qu’émergera dire qu’il fallait faire ce rapproche- naire, notre patron, notre client, mais Master of Business Administration disparu. une nouvelle mentalité, « pas uni- ment. On ne peut pas se permettre il reculait les programmes, raconte MBA in International Management Côté magasins, il ne devrait y quement appuyée sur la rentabilité ». d’avoir en France deux entreprises qui Jean-François Citerne, délégué cen- avoir que « très peu de doublons », Mais d’autres salariés voient surtout fabriquent des produits concurrents, tral CGC. Alors peut-être que la pri- a Diplômés de l’enseignement supérieur, 27 à 35 ans, avec expérience professionnelle avait assuré Philippe Houzé, pré- ce qu’ils perdent : tous les accords alors que les budgets de défense sont vatisation avec Matra présentera des a sident du directoire du nouvel en- d’entreprise de Prisunic ont été dé- en chute libre en Europe. » avantages. L’Etat respectait plus ses 12 mois dont 8 mois en FLORIDE : MBA accrédité * semble. Pourtant, « cinq sites Mono- noncés. « En fait, estime Raymond Mais ce n’est pas l’avis de tout le engagements envers Matra qu’envers d prix ferment actuellement », observe Girault, on a pris le plus mauvais monde, selon la CGT de Matra nous ». Raymond Girault, délégué syndical dans chacune des deux entreprises ». branche défense : « Les gens sont in- La fusion ne sera effective que le central CGT de Monoprix. quiets pour l’emploi. » Il est toutefois 11 juin, à la veille de l’ouverture du DBA Doctorate of Business Administration Certains salariés sont inquiets. CANTINE difficile de les mobiliser. « Pour l’ins- Salon de l’aéronautique du Bourget. a Pour cadres ou dirigeants, 35 à 45 ans, titulaires d’un MBA ou équivalent « Quand il y a une fusion, constate C’est peut-être à Boulogne-Billan- tant, reprend la CGT, on est sur le Les salariés d’Aerospatiale ne a Sur une période de deux ans, compatibles avec votre vie professionnelle : Brigitte, étalagiste à Prisunic, c’est court, où les sièges des deux socié- dossier des 35 heures et des augmen- semblent pas redouter le choc des rare que l’on conserve tous les em- tés ont été réunis sur un seul site, tations générales. La fusion, cela nous cultures. « Quand il y a du travail, il Séminaires intensifs spécialisés et thèse : DBA accrédité * ployés. » Chez Monoprix, en re- que le climat est le plus tendu. Un dépasse un peu. On manque d’infor- n’y a pas de problème de culture, d vanche, Pierre, vendeur, n’a « pas de sureffectif de 300 personnes sur mations et de forces syndicales. » même si au départ, il peut y avoir des craintes sur l’emploi » : « Moi, quand 1 300 a été annoncé. Les deux comi- Chez Aerospatiale aussi, « on sait frictions », estime Paul. Déjà, des sa- Certificats : finance & marketing : 120 heures j’arrive dans mon rayon, la fusion, tés d’entreprise n’ont pas encore fu- bien que cette fusion aura des consé- lariés d’Aerospatiale sont détachés je ne la vois pas. Sauf que mainte- sionné. Dans la hiérarchie, « il y a quences sur l’emploi, reprend Paul. chez Matra, en surcharge de travail. International School of Management nant, on porte des tee-shirts Mono- beaucoup de gens de Monoprix, ob- Matra apporte ses activités essentielle- La grande aventure ne fait que 148, rue de Grenelle, 75007 Paris prix & Prisunic. » serve Jean-Luc Bigot, délégué syndi- ment centrées sur l’espace et la dé- commencer. Tél. : 01-45-51-09-09 – Fax : 01-45-51-09-08 Pour Agnès, cadre chez Prisunic, cal CGT au siège. C’est normal, c’est fense, dont les missiles, qui est notre Programmes exclusivement gérés par International School of Management USA ISM cette fusion représente un « es- eux qui nous ont rachetés. D’ailleurs, activité. Nous serons donc les pre- Francine Aizicovici Internet : http://ism-mba.edu email : info@ism-mba-edu LeMonde Job: WDE2099--0004-0 WAS MDE2099-4 Op.: XX Rev.: 15-05-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:17,09, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0171 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 EUROPE ̄ LE SOCIAL DANS L’UNION La France garde ses distances avec la politique par Francis Kessler des transports dans l’Union Vers l’abandon des algré le foisonne- que cette concurrence accrue allait dit Robert Coleman, directeur de ment des colloques Dans l’aérien comme faire abandonner les petites lignes la DG VII à Bruxelles. De 1995 à consacrés à l’Union, aériennes. Or, Rodez et Bergerac 1999, 15 milliards d’euros ou M continuent à être desservies par une 100 milliards de francs ont été inves- « tickets modérateurs » ? la France ne témoi- pour le rail, l’arrivée gne pas toujours d’une « fibre » ou deux compagnies. La France est tis dans le développement des n France, la participation financière des assurés aux frais européenne très développée. La de nouveaux bénie des dieux en raison de sa réseaux de transports à raison de de soins se présente notamment sous la forme du dernière de ces manifestations, qui situation au cœur de l’Europe et de 65 % pour le chemin de fer, de 18 % « ticket modérateur » et du « forfait hospitalier journa- s’est tenue dans les locaux de concurrents, prônée son étendue ; elle devrait être la pre- pour les systèmes de gestion des lier » : une fraction des frais de soins médicaux et para- l’Assemblée nationale, le 6 mai, en mière de la classe. Mais parce qu’il transports et de 13 % pour les routes. médicauxE reste à la charge de l’assuré social, sauf à être témoigne. par la Commission, faut protéger le pavillon national, il On peut s’attendre à un doublement compensé par des institutions de protection sociale complémen- Organisée par l’association Ave- n’y a pas de réseaux européens et des budgets européens des trans- taire et, pour les plus pauvres, par l’aide sociale. Connue aussi nir Transports que préside Domi- est source de conflits deux compagnies seulement relient ports, mais cela ne dépassera pas sous l’appellation « partage des coûts », cette participation est nique Bussereau, député (Démo- la France et l’Allemagne. La gestion 15 % des besoins ». souvent justifiée par le souci de faire connaître aux assurés le cratie libérale) de la Charente- l’exploitation de réseaux en des ressources rares que sont les cré- prix des soins prodigués. Elle permet également et surtout aux Maritime, cette journée était Grande-Bretagne ou en Suède. neaux horaires sur les aéroports FINANCEMENTS Etats de réduire la part des dépenses publiques consacrées à la censée répondre à la question « L’Europe des transports ferro- devrait être équitable. Nous consta- Où trouver l’argent pour percer maladie. « l’Europe des transports : slogan ou viaires n’existe pas, s’est plaint tons que les Etats traînent les pieds des tunnels entre Chambéry et Le « partage des coûts » a été mis en place, à partir de la fin des réalité ? » Slogan, serait-on tenté Philippe Citroën, directeur de la et qu’en réalité le transport aérien l’Italie ou sous le Brenner autri- années 70, sous les appellations les plus variées, dans la plupart de répondre à la lecture de la liste stratégie à la SNCF, car pour ache- n’est pas libéralisé. » chien ? Claude Martinand, pré- des pays européens qui ne le connaissaient pas encore. Il y avait des rapporteurs et des interve- miner un train de fret de Lyon à A l’opposé, le discours de la sident de Réseau ferré de France, alors urgence à endiguer « l’explosion des coûts de santé ». nants de ce colloque : sur dix-huit Francfort, il faut compter deux compagnie publique a semblé plus n’a pas caché être partisan de Aujourd’hui, les politiques de maîtrise des dépenses de santé noms, un seul était étranger... jours, en raison des formalités ampoulé : « La Commission a par- financements mixtes associant touchent également l’offre de soins. Mais on a toujours volon- administratives et des différences de fois des positions un peu spéciales, fonds publics et capitaux privés. tiers recours à la participation des assurés pour tenter de juguler COURANTS ÉLECTRIQUES courants électriques alimentant les déclare Marc Lamidey, directeur L’ultime scène a été jouée par le coût et la demande de services médicaux. Pourtant, en ouverture, Pierre locomotives. » Il en a conclu qu’il général adjoint d’Air France. Elle Louis Gallois, président de la Les tableaux publiés annuellement par Missoc, le système Moscovici, ministre délégué n’est vraiment pas d’actualité de favorise systématiquement les nou- SNCF. Il a dit, sans précaution ora- d’information mutuelle des Etats membres sur la protection chargé des affaires européennes, a faire circuler, en France, des trains veaux entrants sur le marché. toire, tout le mal qu’il pensait des sociale, mis en place par la Commission de Bruxelles, confirment rappelé qu’il n’était pas « dans concurrents de ceux de la société Veut-on un transport aérien fiable et projets de la Commission de faire que la participation aux frais médicaux est très répandue. Le l’intention du gouvernement de nationale, « mais de consolider une ponctuel, ou un transport aérien circuler sur les rails français des partage des coûts rend ainsi compte de l’importance des écono- mener des combats d’arrière-garde, SNCF en phase de convalescence ». totalement débridé et qui ne fonc- trains concurrents des siens : mies à réaliser. mais, simplement, de veiller, comme Antoine Frérot, directeur géné- tionne pas ? » « Un : à la sortie nord de Bordeaux, A contre-courant de ce désengagement de plus en plus impor- le font l’ensemble de nos parte- ral de la CGEA, a refusé d’opposer on ne fera pas passer un train de tant des systèmes publics d’assurance-maladie, on observe, naires, à la préservation des intérêts le service public et la concurrence. GOULETS D’ÉTRANGLEMENT plus ; la concurrence ne générera depuis le début de cette année, une amélioration de la prise en des opérateurs français et à une « On oublie que la France a inventé, Acte II : l’harmonisation. Le rail pas de trafic supplémentaire, si on charge, et donc une réduction de la participation des assurés, libéralisation maîtrisée, à l’opposé il y a un siècle, une solution qui les et la route ont été d’accord pour ne construit pas de nouvelles infras- dans quelques Etats de l’Union européenne. de tout dogmatisme ultralibéral ». réconcilie, a-t-il dit. C’est la déléga- dire que l’harmonisation des régle- tructures. Deux : la libéralisation ne Les Pays-Bas avaient mis en place, en 1997, une participation Le décor était planté pour une tion de service public, dans laquelle mentations environnementales, doit pas permettre aux nouveaux rénovée et majorée des assurés aux frais de santé, aussi bien pièce en trois actes où l’héroïne, la le service public est défini par la techniques et sociales est urgente. opérateurs d’écrémer les bonnes dans le domaine de l’assurance-maladie stricto sensu que dans France, se montre sur la défensive. puissance publique, et son exécution Jacques Dumerc, directeur général lignes et de cantonner la SNCF entre celui de l’assurance pour frais Acte I : la libéralisation. Le est confiée à une entreprise privée de Novatrans, a regretté que la Capdenac et Toulouse. Trois : Les Etats mettent médicaux exceptionnels chœur rituel qui oppose les « libé- ou publique, mais après une mise en longueur des trains ne soit pas la j’attends la Commission sur la (AWBZ). Cette participation raux » et les « conservateurs » ne concurrence entre les candidats. La même en France (750 mètres) et concurrence intermodale ; par souvent en balance des assurés a été supprimée concerne que l’aérien et le chemin concurrence ne consiste pas à faire en Italie (550 mètres). La Fédéra- exemple, les avancées sur les péages depuis le 1er janvier 1999. Le de fer, car la route, la mer et la circuler un train entre celui de tion nationale des transports rou- ferroviaires doivent s’accompagner les économies législateur néerlandais est voie d’eau sont en passe d’être 8 h 10 et celui de 8 h 12... » tiers s’est alarmée de l’emploi de de progrès sur la question des revenu sur cette mesure sans affranchies des contraintes qui Le jeu de rôles était plus conducteurs bulgares ou slovènes péages autoroutiers. En tout cas, il réalisables à court hésiter, car il est apparu que protégeaient les monopoles. convenu entre Air France et son qui passent au volant beaucoup n’est pas question qu’un type, l’effet attendu de diminution Dans l’aérien comme pour le challenger, Air Liberté, filiale de plus que les 48 heures par semaine équipé d’un téléphone et d’un fax, terme par « le partage de la consommation de soins chemin de fer, la dispute se British Airways. « Il y a dix ans, compatibles avec la sécurité. loue un wagon et qu’il puisse, sans ne s’est pas produit de façon concentre sur l’arrivée de nou- était décidé le libre accès au ciel de Acte III : les infrastructures. A avoir rien investi, acheter un de nos des coûts » significative. De plus, l’exis- veaux concurrents prônée par la tous les opérateurs européens, a quoi servirait de libéraliser les sillons [NDLR : liaison ferrée entre tence de nombreuses déroga- Commission pour renforcer une affirmé Marc Rochet, président transports et d’en harmoniser les deux points et à une heure don- et les impératifs tions au principe de la partici- concurrence trop anémique à ses d’Air Liberté. Il a fallu que la conditions de concurrence, si des née] pour nous concurrencer ! » Un pation des assurés à leurs yeux. Pour le rail, le débat s’est cir- compagnie TAT [NDLR : autre goulets d’étranglement ralentis- bon résumé des positions fran- de santé publique. dépenses de santé avait conscrit à la SNCF et à son minus- filiale de British Airways] assigne saient les flux de voyageurs et de çaises face à une Europe des trans- conduit à une augmentation cule challenger, la CGEA, filiale du l’Etat français devant les juridictions marchandises ? Le budget des ports qui peine à devenir réalité. Certains d’entre eux sensible des frais de gestion groupe Vivendi, qui tisse patiem- européennes pour que l’ouverture Quinze fait de son mieux pour des institutions d’assurance. ment sa toile en reprenant commence en 1995. On a prétendu « réduire les chaînons manquants, a Alain Faujas privilégient à nouveau La mesure était donc peu effi- cace et coûtait cher. ces derniers, Les dépenses supplémen- taires liées à l’abandon de ce Robert Coleman, un Britannique adepte au profit « ticket modérateur » à la hollandaise vont être financées du plus grand nombre par une hausse des cotisations, elle-même compensée par la du rail « dynamique » disparition du « partage des coûts » aussi bien pour les frais d’aide à domicile que pour les services aux parents et enfants. La réforme conduira à ce qu’un plus grand nombre d’assurés puisse BRUXELLES de participation à l’investissement missions de service public, tout recourir à ces services aux personnes, avec la création d’emplois de notre envoyée spéciale Après la libéralisation initial. On trouve dans ce camp la comme cela est le cas dans le trans- à la clé. uriste de formation, Britan- Grande-Bretagne, les Pays-Bas et port aérien et maritime pour la des- La toute nouvelle loi allemande dite « de renforcement de la nique, diplômé d’une uni- des airs, le directeur les pays scandinaves, l’Allemagne serte des Açores ou de Madère par solidarité dans l’assurance-maladie légale » prévoit également versité américaine, qu’est-ce (qui diffère néanmoins sur la poli- exemple ». J qui a donc incité Robert l’abandon, dans certains cas, de la participation des assurés ou général des transports tique de définition des coûts), et, L’incendie survenu dans le tun- une réduction des frais restant à leur charge. Ainsi, le forfait à Coleman à venir à Bruxelles depuis peu, l’Espagne et l’Italie. nel du Mont-Blanc aura pour payer pour chaque ordonnance délivrée est abaissé et le tiers- faire carrière à la Commission à Bruxelles De l’autre « les conservateurs, conséquence indirecte de donner payant intégral rétabli pour les frais liés à des maladies chro- européenne ? « Un peu de hasard, défenseurs du service public, une nouvelle impulsion au déve- niques. Le chancelier Schröder honore ainsi l’une de ses certes, mais pas seulement », se bat pour déréguler s’opposent à la libéralisation ». loppement des solutions associant promesses électorales et met fin à la politique de désengagement répond, le sourire aux lèvres, le C’est la position de la France, de la le rail et la route. « Cela va renfor- de l’assurance sociale prônée par le gouvernement précédent ; il patron de la DG VII, la direction les chemins de fer Belgique et du Luxembourg. cer la pression pour réfléchir à la profite aussi de l’embellie financière de ces caisses pour réaliser générale chargée des transports. Désormais minoritaires, il n’est traversée des Alpes. » En Autriche la réforme. « Je suis venu à la Commission à-faux avec ce que l’on avait fait néanmoins pas question « de leur en particulier, où un Groupement La Norvège a choisi d’aller dans le même sens, tout en présen- afin d’utiliser le droit pour créer des dans le reste de l’économie. Ce sont forcer la main », affirme notre d’intérêt économique (GIE) va tra- tant une variante technique intéressante. Ce pays a mis en place marchés libéralisés », explique-t-il les industriels qui ont dit qu’il n’était adepte du consensus, qui a bon vailler à la création d’un nouveau une participation forfaitaire aux frais de consultations médicales dans un raccourci saisissant. pas possible d’avoir un marché espoir d’aboutir à des accords de tunnel ferroviaire. et un ticket modérateur exprimé en pourcentage du prix des « Depuis 1974, la grande aventure, unique de produits sans avoir un principe en juin, « et en tout cas médicaments. Depuis peu, le Parlement a fixé un montant c’était la réalisation du marché marché unique des services pour avant la fin de l’année ». MESURES FISCALES plafond annuel de la participation des assurés au frais de santé. intérieur. Si on voulait être au transporter la production ». Face à la croissance plus rapide La solution trouvée avec la Dès que ce plafond (1 320 couronnes norvégiennes, soit centre du mouvement politique, il Les embouteillages aériens sont des transports routiers, Robert Suisse, après de longues négocia- 160 euros) est dépassé, l’assuré identifié par une carte spécifique fallait être là », ajoute-t-il. d’ailleurs, pour Robert Coleman, Coleman est un adepte du « rail tions, est exemplaire pour Robert se trouve dispensé du paiement du ticket modérateur jusqu’à la D’autant que s’il aime visible- une preuve du « bilan très positif dynamique... mais sans subsides Coleman, dans la mesure où « elle fin de l’année. Les frais liés aux traitements médicaux des enfants ment la politique, dans son sens pour l’utilisateur » de la libéralisa- croisés et sans monopole. L’Etat doit a fait dériver un système basé sur de moins de seize ans sont comptabilisés au profit des parents premier, à savoir l’amélioration de tion des transports aériens. « Tout payer l’opérateur pour honorer ses des restrictions quantitatives, favori- qui peuvent, dès lors, atteindre plus vite le plafond annuel. On la vie et de l’organisation de la le monde s’attend à de très nom- sant des choix non justifiés écono- notera également que les soins aux enfants de moins de sept ans cité, Robert Coleman ne se voit breux retards cet été. La machine miquement, vers un système fondé et aux femmes enceintes sont exonérés de ticket modérateur. guère faire une carrière politique politique doit y répondre ». sur le marché ». Les Etats mettent souvent en balance les économies réalisables dans son pays : « Je ne suis pas un Comment ? En s’attaquant à la La Suisse a accepté de lever son à court terme par « le partage des coûts » et les impératifs de homme de parti. C’est peut-être nature « territoriale et monopolis- interdiction de traverse du terri- santé publique. Certains d’entre eux privilégient à nouveau ces arrogant, mais j’estime que les par- tique du contrôle aérien », bien sûr. toire pour des poids lourds dont la derniers, au profit du plus grand nombre. On ne peut que s’en tis ont des positions trop simplistes. « La fonction de contrôle doit rester charge est supérieure à 28 tonnes, réjouir : la solidarité, élément essentiel de la Sécurité sociale, en Je vois toujours le point de vue de un service public. Mais certaines et de s’aligner sur la limitation à 40 sort gagnante. Ces améliorations généralisées des régimes de l’autre. A la DG VII, un poste très choses pourraient être faites pour tonnes de l’Union européenne, en base visent à réaffirmer l’égalité devant les droits sociaux. politique, il faut trouver des pas- mettre les opérateurs en concur- échange d’un droit de passage plus D’autres pays suivent une voie différente. Il y est prévu sages entre des positions diver- rence, pour donner plus d’indépen- cher, et de la percée de deux nou- d’améliorer la couverture maladie de quelques-uns seulement. gentes. C’est un rôle qui me dance aux pilotes en utilisant les veaux tunnels ferroviaires. La Belgique connaît ainsi une exonération du ticket modérateur convient, car je suis plus un homme nouvelles techniques. ». Le directeur de la DG VII prône uniquement pour les personnes qui ont droit au revenu de consensus. » Après la libéralisation des airs, des mesures du même type, c’est- minimum d’existence ou à un revenu garanti pour personnes Robert Coleman se bat aujour- à-dire basées sur la rationalité âgées. LOGIQUE COMMUNAUTAIRE d’hui pour déréguler les chemins ̄ économique, pour pallier les La « couverture maladie universelle » française est une autre D’ailleurs, mieux vaut ne pas lui de fer. Non pas tant pour les voya- « coûts externes », dus aux nui- illustration de ce souci de garantir un meilleur accès aux soins parler d’idéologie, au risque geurs que pour le fret. La question Robert John Coleman sances occasionnées par les trans- médicaux. Mais cette initiative traduit, comme la nouvelle légis- d’entamer sa placidité toute bri- est de savoir « comment faire payer b Juriste de formation, Robert ports. « Il faut mettre en place un lation autrichienne – instaurant la possibilité pour les personnes tannique. « Ma position n’est pas une société de chemin de fer qui ose Coleman, 55 ans, est entré à la système fiscal qui incite les gens à à faibles revenus d’accéder sans frais aux soins dentaires auprès idéologique ; elle est due à l’expé- aller sur l’infrastructure d’une Commission en 1974, après avoir diminuer la production de gaz car- de dispensaires gérés par les caisses d’assurance-maladie –, un rience », s’insurge-t-il lorsque l’on autre », explique-t-il non sans iro- été professeur de droit, bonique ; il faut donner des bonifi- recentrage des politiques publiques vers les catégories les moins évoque la possibilité que ses prises nie. puis avocat. cations à ceux qui utilisent des voi- aisées de la population. Ces mesures ou réformes, louables dans de position libérales soient peut- Actuellement, deux camps b A Bruxelles, il s’est tures dégageant peu de CO2 , et non leur principe, s’accompagnent d’effets de seuil et (inévitable- être liées à sa nationalité. « C’est la s’affrontent sur cette question. successivement occupé du droit pénaliser les autres. C’est plus effi- ment) de nouvelles exclusions que certains feignent d’ignorer. logique communautaire qui nous D’un côté, les « libéraux » esti- des sociétés, de la propriété cace que de donner aux gens pousse dans ce sens. Les Etats- ment qu’il faut donner l’accès à intellectuelle et des marchés l’impression qu’on va les punir ! ». Francis Kessler est directeur de l’institut du travail à l’université membres ont mis un quart de siècle tous ceux qui le souhaitent, en ne publics. Toute une éducation ! Robert-Schuman de Strasbourg. à s’engager [dans la libéralisation leur faisant payer que le coût mar- b Il est, depuis 1991, à la DG VII, des transports]. Ils étaient en porte- ginal d’utilisation, sans demander chargée des transports. Annie Kahn LeMonde Job: WDE2099--0005-0 WAS MDE2099-5 Op.: XX Rev.: 15-05-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:17,09, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0172 Lcp: 700 CMYK

BOUSSOLE LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / V

EUROPE Les chiffres de l’économie mondiale Le commerce extérieur de l'Union s'essouffle ÉTATS-UNIS JAPON ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI EURO 11 UE 15 en pourcentage en millions d'euros 20 20 PRODUCTION INDUSTRIELLE (en %) Sur un an ...... 2.2 (fév.) – 4,7 (fév.) – 1,1 (fév.) 0,6 (janv.) – 0,5 (fév.) 1,0 (fév.) – 3,0 (fév.) – 1,9 (déc.) – 1 (fév.) – 0,2 (fév.) – 0,3 (fév.) 15 15 Sur trois mois ...... 0,3 (fév.) – 0,8 (fév.) – 0,7 (fév.) 0,1 (janv.) 0,5 (fév.) 0,1 (fév.) – 0,9 (fév.) 0,2 (déc.) – 0,3 (fév.) – 0,7 (fév.) – 0,7 (fév.)

10 10 TAUX DE CHÔMAGE (en %)

5 5 1999...... 4,4 (mars) 5,1 (mars) 9,5 (mars) 8,9 (mars) 17,7 (mars) 11,3 (mars) 11,8 (janv.) 3,7 (fév.) 6,2 (janv.) 10,6 (mars) 9,7 (mars) PRIX À LA CONSOMMATION (en %) 0 0 Sur un an ...... 1,7 (janv.) – 0,1 (juil.) 0,5 (mars) 1,3 (mars) 2,1 (mars) 0,5 (mars) 1,4 (mars) 2,0 (mars) 1,7 (mars) 1,0 (mars) 1,2 (mars) -5 -5 Sur un mois...... 0,2 – 0,6 0,2 0,1 0,4 0,4 0,2 1,0 0,5 0,3 0,4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 PIB EN VOLUME 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 3e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trim. 4e trim. 1996 1997 1998 (dernier trimestre connu, en %) 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 IMPORTS EXPORTS, VOLUMES EN GLISSEMENTS ANNUELS Sur un an ...... 4,3 – 3,0 2,6 2,2 3,6 2,8 1,2 3,3 1,1 2,3 2,2 SOLDE Sur trois mois ...... 1,5 – 0,8 0,4 0,3 0,7 0,7 0,5 1,2 0,1 0,2 0,2 Source : Eurostat DÉFICIT PUBLIC / PIB (en %) a LES ÉCHANGES commerciaux entre l’Union européenne et le reste du 1997...... 0,1 – 3,3 – 2,7 – 2,1 – 2,6 – 3 – 2,7 – 1,4 – 1,9 – 2,5 – 2,3 monde ont dégagé un surplus de 20,3 milliards d’euros en faveur des 1998*...... 1,4 – 5,5 – 2,1 – 1,3 – 1,8 – 2,9 – 2,7 – 0,9 – 0,6 – 2,1 – 1,5 Quinze en 1998, contre 48,5 milliards d’euros en 1997. Cette détérioration DETTE PUBLIQUE / PIB (en %) est presque entièrement due au Royaume-Uni, qui affiche un déficit de 1998...... ND ND 61 117,3 65,6 58,5 118,7 67,7 49,4 73,8 69,5 41,2 milliards d’euros en 1998. a LA ZONE EURO est plus excédentaire que l’Union (+ 83,2 milliards BALANCE COURANTE** d’euros en 1998, en recul de 5 milliards par rapport à 1997). L’Allemagne (en % du PIB annuel) 3e trimestre 3e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trim. 4e trim. affiche un excédent record de 69,1 milliards d’euros, en progression de Solde trimestriel 1997...... – 0,4 0,4 0,1 1,4 0,1 0,6 0,6 1,4 0,2 0,4 0,3 6 milliards. En revanche, l’excédent italien se contracte de 4 milliards Solde trimestriel 1998...... – 0,90 0,76 – 0,03 1,54 – 0,61 0,81 0,39 1,17 0,24 0,32 0,26 pour s’établir à 22,9 milliards. a EN RAISON DE LA CRISE ASIATIQUE et des variations des cours des * prévisions Commission européenne ** y compris les flux intrazones pour UE15 et EURO11. Le chiffre de la balance courante belge inclut celui du Luxembourg. devises, les exportations de l’Union vers le reste du monde ont considé- rablement ralenti sur les trois derniers trimestres. Source : Eurostat. Pour plus d’informations : http://europa.eu.int/eurostat.html

FRANCE Les chiffres de l’économie française PHILIPPINES Les critères d'achat d'un produit en pourcentage Les exportations ont continué de progresser DERNIER MOIS VARIATION Variation en pourcentage en milliards de dollars FRANCE GRANDE-BRETAGNE CONNU SUR UN AN 30 2,9 CONSOMMATION DES MÉNAGES + 1,57 % (mars) + 6,3 % 95 84 84 80 20 2,7 74 TAUX D’ÉPARGNE 14,2 % (3e trim. 98) – 5,9 % 76 2,5 72 72 10 POUVOIR D’ACHAT DES MÉNAGES + 0,5 % (3e trim. 98) 2,6 % 2,3 Prix e 0 Label inspire TAUX DE SALAIRE HORAIRE OUVRIER + 0,3 % (4 trim. 98) + 1,2 % Marque 2,1 Garantiesd'hygiène compétitif de qualité confiance et de sécurité INVESTISSEMENT + 1,4 % (4e trim. 98) + 0,4 % ALLEMAGNE – 10 1,9 COMMERCE EXTÉRIEUR 73 – 20 1,7 72 61 (en milliards de francs / euros) + 9,477 MdF / + 1,4 milliard d’euros (jan.) – 16,7 % 58 (solde cumulé sur 12 mois) + 151,850 MdF / + 23,2 milliards d’euros (98/99) – 7,4 % – 30 1,5 ENQUÊTE MENSUELLE SUR LE MORAL JMMJ S NJ MMJ S N JM Prix Prix DES MÉNAGES – 10 (avril) – 18** Label 1997 1998 1999 Garantiesd'hygiène Fabriquéen France Garantiesd'hygiène compétitif Garanties compétitif de qualité Associationde consom. écologiques et de sécurité et de sécurité ENQUÊTE MENSUELLE DANS L’INDUSTRIE* PRODUCTION MANUFACTURIÈRE EXPORTATIONS Source : Credoc opinion des chefs d’entreprise – 24 (avril) – 24** Source : Datastream sur les perspectives générales

a LES CONSOMMATEURS FRANÇAIS mettent en avant l’hygiène et la TAUX DE CHÔMAGE DES JEUNES (– de 25 ans) 22 % (mars) – 3,9 % a PARMI LES PAYS touchés par la crise, les Philippines ont le mieux ré- sécurité au moment de l’achat d’un produit. Une préoccupation que l’on sisté. Le PIB n’a reculé que de 0,5 % en 1998. Et ce sont les facteurs clima- PART DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE retrouve dans l’ensemble de l’Europe, puisque trois Allemands sur quatre (UN AN) DANS LE CHÔMAGE TOTAL 38,5 % (mars) + 0,19 % tiques et leur incidence sur la production agricole qui expliquent l’essen- et plus de neuf Britanniques sur dix agissent de même. Les problèmes de tiel de ce ralentissement. santé publique liés à l’industrie agroalimentaire (« vache folle », listé- EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR a GRÂCE AU MARCHÉ AMÉRICAIN et à la bonne tenue de l’électro- riose, salmonellose, organismes génétiquement modifiés, etc.), ex- MARCHAND 1 051 750 (mars) – 1,46 % nique, les exportations ont fortement progressé l’an dernier (+ 17 %). pliquent en grande partie cet arbitrage. EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR Leur croissance commence toutefois à s’essouffler. a LE PRIX est le deuxième critère. Les difficultés économiques et sociales NON MARCHAND 399 029 (mars) – 6,9 % a LE CRÉDIT BANCAIRE reste déprimé en dépit de la détente des taux ont conduit, depuis une vingtaine d’années, les acheteurs français à se d’intérêt, et les créances douteuses dépassent 12 % des prêts. Ce niveau INTÉRIM 532 098 + 28,8 % montrer économes. Le développement des magasins de hard discount, demeure néanmoins nettement plus bas que ceux des pays asiatiques en l’apparition des produits « premiers prix » dès les années 80 sont des * solde des opinions négatives et positives, données CVS **solde net douze mois auparavant crise, les banques philippines ayant déjà été restructurées dans les an- signes tangibles de cette volonté. (Credoc.) Source : Insee, Dares, Douanes et Unedic. nées 80. (Source : Caisse des dépôts, risque-pays.) ̄ UN CHIFFRE Hongkong empêtrée dans la récession et la déflation

4% ’économie de Hongkong le Japon (– 17 %), Singapour terdépendance des deux écono- meure affectée par la montée ra- est entrée en récession La consommation des (– 12,8 %) et la Chine (– 10 %). mies, ces évolutions se confortent pide du chômage, qui atteint 6,2 % LA PROGRESSION au premier trimestre La baisse des exportations vers mutuellement pour redresser leur actuellement (contre 3,5 % il y a DE L’EMPLOI L 1998. Le produit intérieur ménages est affectée la Chine, qui représente plus du compétitivité et estomper, à court un an), et par la baisse des salaires EN FRANCE DE 1983 À 1998 brut a baissé de 5 % l’année der- tiers du commerce international terme, les pressions à la dévalua- réels. nière et il devrait reculer encore de par la montée du de la région administrative spé- tion. Au premier trimestre 1999, le L’évolution de la situation Le nombre d’emplois en 2,5 % à 5 % en 1999. Exempte des ciale, tient à la fois au ralentisse- recul des exportations de Hong- économique en Chine pèse direc- France a progressé d’environ dysfonctionnements majeurs ré- chômage et la baisse ment de la croissance chinoise en kong (– 9 % en valeur) reflète un tement sur les perspectives de re- 850 000 (soit + 4 %) sur quinze vélés par la crise dans d’autres 1998 et au fait que les exportations ajustement à la baisse des prix prise économique à Hongkong. ans, de 1983 à 1998. Ces créa- pays d’Asie, mais très internatio- des salaires réels comme les importations du plus que des volumes. Les banques locales sont forte- tions nettes d’emplois sont plus nalisée, l’économie de Hongkong continent se font de plus en plus ment exposées au risque chinois, nombreuses pendant la pre- est directement atteinte par l’ins- drement des prix des actifs bour- directement avec les pays tiers, RELANCE BUDGÉTAIRE l’encours des crédits à la Chine re- mière période (+ 520 000 de tabilité monétaire et financière siers et immobiliers les met main- sans passer par Hongkong. La dégradation de la situation présentant environ 15 % de leur bi- 1983 à 1990) que durant la se- dans la région. tenant à un niveau inférieur à celui La déflation amorcée fin 1998 économique a conduit les autori- lan. Le mauvais état du système fi- conde (+ 330 000 de 1990 à L’euphorie des marchés finan- d’avant la « bulle » du premier se- s’est accentuée au cours des pre- tés de Hongkong à intervenir plus nancier chinois conduit les 1998). ciers et immobiliers qui avait ac- mestre 1997. miers mois de 1999 (l’indice des vigoureusement que ne le voulait banques de Hongkong à rationner Ce chiffre de 4 % est une compagné la rétrocession du terri- Parallèlement, la crise des prix à la consommation a baissé la tradition de libéralisme du terri- leurs crédits à la Chine, et ce ta- moyenne qui ne traduit pas, se- toire à la Chine, le 1er juillet 1997, a économies asiatiques a provoqué de 2,6 % en mars). Les baisses de toire pour stabiliser l’économie. rissement des financements exté- lon l’enquête menée par le mi- été brutalement interrompue au une stagnation de la demande de prix constituent une partie du pro- Lors de la crise financière d’août rieurs contribue à son tour à ag- nistère de l’emploi (Premières cours de l’été par des pressions financements dans la région et un cessus d’ajustement d’une écono- 1998, l’autorité monétaire a enrayé graver les difficultés des Informations et Premières Syn- spéculatives contre le dollar de rationnement du crédit qui ont af- mie qui était devenue de plus en la chute des cours boursiers en entreprises chinoises. thèses, mai 1999), la disparité Hongkong qui ont culminé fin oc- fecté Hongkong dans son rôle de plus chère par rapport à ses procédant à des achats massifs des situations au niveau de cha- tobre. centre financier international. concurrents. Depuis septembre d’actions (estimés à 15 milliards de Françoise Lemoine cune des filières profession- Au cours de l’année 1998, des at- La baisse d’activité, amorcée dès 1998, la conjonction de la déflation dollars américains) qui en ont fait Centre d’études prospectives et nelles. Deux métiers sur trois, taques récurrentes contre la mon- le dernier trimestre 1997 dans les à Hongkong et de l’appréciation un des principaux actionnaires de d’informations internationales soit 57 % de l’emploi total, aug- naie locale ont eu lieu, particuliè- secteurs exposés à la crise finan- nominale et réelle des monnaies la Bourse. A la suite de la crise, a (Cepii). mentent leurs effectifs de plus rement violentes en août, au cière, tels que les banques, l’im- asiatiques se traduit par un mou- été prise une série de mesures qui de 25 %. Il s’agit avant tout de moment où la baisse du yen a fait mobilier, le tourisme, a gagné tous vement de dépréciation du dollar limitent les mouvements spécula- métiers qualifiés, cadres et craindre une dévaluation du yuan les secteurs de l’économie en 1998. de Hongkong. Début 1999, son tifs sur la monnaie tout en renfor- techniciens. Symétriquement, chinois. Le peg (la parité fixe avec La dépréciation des actifs a eu des taux de change effectif réel est re- çant le système de currency board. dans les métiers non qualifiés, le dollar américain instituée en effets de richesse négatifs sur les venu à son niveau d’avant les dé- Dans le même temps, les actions l’emploi a fortement chuté 1983) a été maintenu au prix d’in- ménages qui ont réduit leur valuations asiatiques. de relance budgétaire se sont tra- (– 26 %). terventions de l’autorité moné- consommation ; le volume des On observe une évolution simi- duites par l’apparition d’un déficit Parmi les 48 familles profes- taire de Hongkong et de fortes ventes au détail a ainsi chuté de laire, et pour les mêmes raisons, modéré, équivalent à 2 % du PIB sionnelles très créatrices d’em- hausses des taux d’intérêt. 17 % en 1998. S’y est ajouté le re- dans le cas du yuan chinois, l’autre pour l’année fiscale 1998-1999, au plois, on trouve aussi bien les flux du tourisme asiatique qui a eu monnaie asiatique qui a résisté à lieu de l’excédent prévu. Le projet ouvriers qualifiés, les assistants ATTAQUES CONTRE LA MONNAIE des répercussions sur différents une dévaluation. Etant donné l’in- de budget pour 1999-2000 va dans maternels, les techniciens et Les attaques contre la monnaie secteurs de services. le même sens expansionniste et agents de maîtrise, les cadres sont allées de pair avec l’effondre- Du côté des entreprises, la perte comporte allégements fiscaux et technico-commerciaux, les in- ment des cours boursiers, les spé- de confiance et les taux d’intérêt Une croissance en chute accroissement des dépenses, no- formaticiens, etc. Au sein de culateurs jouant simultanément élevés ont provoqué une chute des TAUX DE VARIATION DU PIB* tamment dans le secteur des in- celles ayant supprimé des em- sur les deux marchés : d’un côté, investissements. La dépression des (par rapport à la même période frastructures, qui se traduiront par plois, figurent par exemple les ils ont vendu massivement des économies voisines a aussi exercé de l'année précédente) une augmentation du déficit en ouvriers non qualifiés, les em- dollars de Hongkong, faisant ainsi un effet récessif sur les exporta- en % raison de la récession. ployés, les agriculteurs, les ma- monter les taux d’intérêt ; de tions qui représentent (y compris 2,8 Parallèlement, le gouvernement rins-pêcheurs, les bouchers, etc. l’autre, ils vendaient à terme des les réexportations) 120 % du pro- a annoncé un vaste programme Les nouveaux emplois se ca- actions en anticipant la baisse des duit intérieur brut (PIB). d’investissement sur cinq ans pour ractérisent par le développe- cours consécutive à la hausse des La baisse des exportations moderniser les infrastructures de ment des formes particulières taux d’intérêt. Au terme prévu, la hongkongaises, de 7 % en valeur transport et développer les nou- d’embauche : progression du différence des cours leur procurait en 1998, s’explique apparemment – 2,6 velles technologies de l’informa- temps partiel, contrats à durée des gains, quelle que soit l’évolu- plus par la chute de la demande tion. Les prévisions officielles de déterminée, intérim, stages, etc. tion du taux de change. Résultat : des pays asiatiques que par une croissance du PIB de 0,5 % en 1999 – 5,1 Cette nouvelle donne est sur- l’indice Hang Seng de la Bourse a perte de compétitivité imputable à – 5,7 ont peu de chances d’être réali- tout valable pour les ouvriers chuté de 60 % entre son sommet l’appréciation réelle du dollar de sées. La relance budgétaire aura – 6,9 non qualifiés et les employés, et de l’été 1997 et l’été 1998. Hongkong. Les exportations vers un effet d’autant plus modéré que beaucoup plus faible chez les La hausse des taux d’intérêt a la plupart des pays européens T4 T1 T2 T3 T4 le budget a un poids relativement cadres et les professions inter- aussi causé une chute des prix de (sauf l’Allemagne) ont continué à 1997 1998 faible dans l’économie (17 % du médiaires. l’immobilier de l’ordre de 50 % au progresser ; elles ont stagné vers PIB). La progression de la Source : Hongkong Census cours de cette période. Cet effon- les Etats-Unis, mais ont chuté vers * prix 1990 and Statistics Department consommation des ménages de- LeMonde Job: WDE2099--0006-0 WAS MDE2099-6 Op.: XX Rev.: 15-05-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:17,09, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0173 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 FUTURS ̄ Peut-on enseigner l’entrepreneuriat ? LE SOCIAL DANS L’HISTOIRE

par Jean-Louis Robert our que s’installe une Une seconde approche consiste prises. C’est ce schéma qu’ont par croissance durable ba- Le nombre à proposer en fin de cursus, ou au exemple mis au point l’Ecole na- sée sur les nouvelles titre de la formation continue, une tionale supérieure des télécommu- P spécialisation en entrepreneuriat : nications de Bretagne, l’Ecole des technologies et la capa- de formations cité d’innovation, il est au- celle-ci allie enseignements théo- mines d’Alès ou encore Supélec. Billancourt, jourd’hui admis par la plupart des supérieures à la riques et réalisations pratiques, le Dans cette dernière école, par acteurs politiques ou économiques plus souvent au travers de la créa- exemple, un enseignement théo- que la création d’entreprises par création d’entreprises tion d’une entreprise par l’étu- rique obligatoire a été mis en place des jeunes issus des meilleures for- diant. en deuxième année. L’étudiant « la forteresse ouvrière » mations de technologie et de ges- a été multiplié par dix Le programme HEC-Entrepre- peut consacrer sa troisième année tion constitue un ferment de tout neurs, créé il y a vingt ans, le DESS et son stage de fin d’études à un ’abandon de toute activité de production des usines premier ordre. en quatre ans création d’entreprises et gestion projet de création, et passer à Renault sur le site de Billancourt, en 1992, fut vécu comme Depuis quelques années, écoles de projets innovants, de l’universi- l’acte à la sortie de l’école : il béné- un événement national. C’est dire l’importance symbolique et universités multiplient des pro- rique (effectifs enseignants et étu- té Bordeaux-IV, ou encore le mas- ficiera alors du soutien des ensei- considérable de l’aventure industrielle qui s’est déroulée grammes dits d’« entrepreneu- diants), voire les aspects qualita- tère Innover et Entreprendre, de gnants et des laboratoires, et dansL cette banlieue proche de Paris, au bord de la Seine. Une confir- riat », de formation à la création tifs. Mais « il n’est pas encore l’Ecole supérieure de commerce de pourra s’installer dans l’une des mation de cette importance a été la vive polémique qui s’est déve- d’entreprises ou d’activités. Alors question de labellisation : le tri se fe- Paris (ESCP), suivent, parmi beau- pépinières d’entreprises proches loppée autour de l’avenir du site et en particulier du sort à réserver qu’il n’en existait qu’une quinzaine ra avec le temps, lorsqu’auront été coup d’autres, ce modèle. du campus. aux bâtiments de l’île Seguin, cet immense « paquebot », un des en 1995, on en comptait fin 1998... clarifiés, par la recherche et les pu- Comme l’écrit Olivier Basso, res- derniers témoins de la richesse et du dynamisme de l’industrie auto- 155, plus 75 en projet ! L’entrepre- blications, les concepts et les péda- ponsable de ce dernier cursus, PÉPINIÈRES mobile dans la région Ile-de-France au XXe siècle. neuriat est en passe de devenir gogies qui y sont mis en œuvre », l’enseignement dispensé concerne Mais cette formule suppose que, C’est que Billancourt fut, au XXe siècle, le lieu de toutes les innova- une mode, tout comme, dans les poursuit l’enseignant à l’EM Lyon. tant les techniques de gestion outre les compétences d’enseigne- tions, de toutes les avant-gardes, techniques, sociales, politiques. Il années 80, le furent les cursus in- Un rapport remis au secrétariat (comptabilité, vente, stratégie, res- ment ou de recherche en entrepre- est moins nécessaire d’insister sur les innovations techniques, ternationaux : la moindre école de d’Etat à l’industrie en octobre 1998 sources humaines) que le compor- neuriat, déjà assez rares étant innombrables depuis la voiturette que Louis Renault avait construite commerce se doit aujourd’hui de sur La formation entrepreneuriale tement du créateur : leadership, donné la nouveauté du thème, en 1899, à vingt et un ans, dans un petit atelier aménagé dans la lancer un tel programme. Quelque des ingénieurs avait déjà distingué construction d’équipe, développe- soient également réunies des maison de ses parents à Billancourt, que sur les dimensions sociales 65 écoles de gestion, 47 écoles trois types de programmes. Les ment de soi. compétences en matière d’ac- et politiques. d’ingénieurs et 43 universités l’ont premiers consistent à dispenser à Ce type de programmes compagnement de projet. Ce n’est Billancourt devint rapidement le modèle de la très grande usine déjà fait. tous les étudiants, dès la première s’adresse bien sûr aux étudiants qu’à cette condition que les jeunes taylorisée. Avec ses 4 000 ouvriers à la veille de la guerre de 1914- année, un enseignement d’entre- déjà porteurs de projet. Ils en ac- diplômés se risqueront à franchir 1918, elle faisait déjà figure d’usine moderne. C’est là que fut intro- TYPOLOGIE preneuriat. A l’EM-Lyon, par cueillent généralement une di- le pas de la création. duit précocement, en 1909, le chronométrage du temps de travail. Le temps semble donc venu de exemple, les élèves de première zaine, soit l’équivalent de 5 à 10 % En attendant, les vocations sont La Grande Guerre devait donner un nouvel élan à l’usine trans- séparer le bon grain de l’ivraie, et année travaillent par groupes de d’une promotion. Mais ils ont d’autant plus rares que le marché formée en une ruche productive de tanks et de munitions. En 1918, de voir un peu plus clair dans cette cinq ou six sur une simulation de pour inconvénient de « lâcher » le du travail salarié est favorable : se- l’usine occupait déjà 22 000 ouvriers et était devenue la première offre de formation. C’est ce à quoi création d’entreprise. créateur dans la nature une fois la lon le sondage Scanner jeunes di- usine de la région parisienne. On y introduit alors différents modes souhaite s’employer l’Académie de « Il ne s’agit pas d’aboutir à des formation terminée. plômés, réalisé par l’agence de de transports mécaniques des pièces d’un poste de travail à un l’entrepreneuriat (www. entrepre- créations effectives, explique Sté- C’est pourquoi se développe, de- presse Zélig auprès des élèves et autre : anticipation de la chaîne qui ne sera introduite à Billancourt neuriat. fr), créée il y a un an et de- phane Marion, mais de développer puis peu, une troisième approche, étudiants en fin de cursus, 21 % que plus tardivement, dans les années 20. mi, et qui associe à titre individuel des attitudes et des comportements englobant la sensibilisation, le re- des futurs diplômés des universi- Le nouvel et décisif élan productif dans les années 20 va donner à les enseignants et les chercheurs d’autonomie, de réactivité, de capa- pérage de projets, la formation tés de gestion et 16 % de ceux des l’usine son aspect quasi définitif. L’historien Patrick Fridenson a engagés dans ces programmes. cité à traduire des idées en projets, théorique, l’accompagnement à la universités scientifiques ont un remarquablement décrit l’installation, autour de 1930, des ateliers de « Notre objectif, explique Sté- autant de qualités recherchées au- création et le suivi, généralement projet de création d’entreprise, l’île Seguin, la conquête d’un immense territoire sur la commune de phane Marion, enseignant à jourd’hui par les employeurs. » au sein d’un incubateur d’entre- contre 13 % dans les écoles de ges- Billancourt ; l’ensemble s’enfermant dans de hauts murs qui l’Ecole de management (EM) Lyon tion et 9 % dans les écoles d’ingé- s’abattent directement dans la Seine. La « forteresse » est née. et en charge du secrétariat de nieurs. Il ne s’agit que d’inten- Désormais, suivant les fluctuations de la production, 35 000 à l’Académie, est de faire reconnaître Une discipline venue d’outre-Atlantique tions : dans les faits, 80 % des 40 000 ouvriers vont travailler sur le site avant que ne commence, l’entrepreneuriat comme une disci- diplômés des grandes écoles in- dans les années 70, le déclin des effectifs. pline académique, comme aux L’« entrepreneurship » est né dans les universités américaines tègrent des entreprises de plus de Billancourt et Renault, longtemps confondus dans les esprits, ont Etats-Unis. » Première victoire en dans les années 60. Il y avait une centaine de programmes en 1975, 100 salariés. été les modèles des relations sociales du XXe siècle jusqu’à la crise. ce sens en France, un poste de 250 en 1985, 370 en 1992 (universités et business schools confondues), Les auteurs du rapport espèrent Ce modèle est double. Billancourt est d’abord l’image de la grande maître de conférences, proposé dont le plus connu est sans doute celui du Babson College, dans le néanmoins que les enseignements usine combative où se sont par l’université Lyon-III en Massachussets ; depuis, leur nombre aurait doublé dans les seules d’entrepreneuriat puissent au jouées des pages décisives de sciences de gestion, a été cette an- universités. moins apprendre aux futurs cadres Les luttes l’histoire sociale de la France. née « profilé » sur le thème de la « Dans les années 70, nos meilleurs étudiants s’orientaient vers l’in- et dirigeants à « ne pas avoir une Sans doute cela a-t-il tenu à création d’entreprises. dustrie et dans les années 80 vers la finance ; dans les années 90, ils attitude dans leur comportement de Billancourt l’immensité même de l’usine, L’Académie, qui organisera son créent leur entreprise », observe Chuck Holloway, professeur à la managérial qui tuerait ou du moins mais la personnalité de Louis premier congrès national les 15 et Stanford Business School. Aujourd’hui, 80 % du contenu de ces pro- inhiberait l’innovation ». Ce qui se- ont toujours Renault y est aussi pour beau- 16 novembre à Lille, est en train grammes, au départ axé sur la mise en œuvre de projets, est théo- rait effectivement une révolution coup, avec la mise en place de recenser tous les programmes, rique. « Si ceux qui ont échoué réussissent mieux la fois d’après, pour- dans les entreprises... une répercussion d’une variante dure et répressive afin d’en établir une typologie, suit Chuck Holloway, c’est qu’ils ont appris quelque chose de leur du taylorisme. Billancourt a été d’en évaluer l’importance numé- échec : c’est ce savoir que nous devons formaliser et transmettre. » Antoine Reverchon qui dépasse leur cadre le lieu-témoin des relations sociales à la française (et le Parti initial. Une expression communiste français y aura naturellement son premier populaire a souvent bastion). A des phases d’appa- Les outils de mesure des économistes rente atonie succèdent des couru les rues : moments de luttes intenses. Dès 1912, les Renault lancent le « il n’est pas exagéré premier mouvement contre le seraient faux ! chronométrage. de dire que, lorsque En 1917-1918, ce sont les délé- maginerait-on un urbaniste dive. » Les effets sont aussi sen- politique de ne pas taxer pour l’ins- gués d’atelier de Billancourt qui qui prendrait des décisions à Les indices ne sibles pour le citoyen : le taux tant les échanges sur Internet, dont Renault éternue, organisent les mouvements I partir de plans dont la moitié d’inflation intervient dans le calcul les conséquences budgétaires se- sociaux dans les usines de des cotes seraient mal tail- prendraient pas des tranches d’imposition, dans la ront pourtant colossales. Ce parti- toute la France guerre, et Renault connaîtra une lées ? Il ne pourrait poursuivre détermination des augmentations san de la bit-tax, c’est-à-dire d’un grande grève d’une semaine en longtemps sa tâche tant les consé- suffisamment en de salaires ou des pensions des re- impôt lié à la quantité d’informa- tressaille » mai 1918 qui entraînera toute la quences calamiteuses de son tra- traités. Surtout en Europe. tions échangées sur le réseau, es- métallurgie parisienne. Les vail seraient patentes. A en croire compte l’évolution « Aux Etats-Unis, les rémunéra- time que les Etats ne peuvent se souvenirs abondent de l’occupation de Billancourt en 1936 et des Luc Soete, professeur d’économie tions sont de plus en plus liées au permettre de renoncer à imposer signes de la réappropriation symbolique de l’usine par ses ouvriers. internationale à l’université de technologique profit de l’entreprise, via les stock- les produits et services consommés En mai 1947, c’est encore Billancourt qui donne le signal du départ Maastricht, les décisionnaires tant options par exemple. » sur leur territoire, dernière catégo- d’une grande grève salariale qui aboutira à une crise politique et au dans le domaine de la politique flationniste », estime Luc Soete. Un Tous les citoyens ne sont pas lo- rie de « ressources certaines pour départ des ministres communistes du gouvernement. Et qui ne se que de l’économie sont dans une ordinateur, à prix constant, offre gés à la même enseigne. « Ceux qui l’Etat ». « Tout comme il y a cent à souvient de ce meeting du 28 mai 1968, dans le grand hall de l’usine, situation comparable. Ils utilisent de plus en plus de possibilités à son travaillent utilisent plus de nouveaux deux cents ans, l’impôt sur le blé où furent votés le refus du protocole d’accord de Matignon et la des outils faux (les indices écono- utilisateur d’une année sur l’autre. produits de hautes technologies que [corn-tax] dominait les discussions poursuite de la grève ? miques) ; les prévisions établies ne Idem pour un téléphone portable. les retraités ou les chômeurs. » Les économiques, les gouvernements de- On l’aura constaté, les luttes de Billancourt ont toujours une peuvent donc qu’être erronées, et En conséquence, l’inflation est su- premiers retirent un bénéfice plus vraient aujourd’hui s’interroger sur répercussion qui dépasse leur cadre initial. Une expression populaire les décisions prises mauvaises. Le restimée. grand (mais sous-estimé par les in- la façon d’ajuster leur système d’im- a souvent couru les rues, clairement formulée le 10 janvier 1963 par décalage constaté entre les écono- Ce qui a des conséquences dices) de leurs achats que les se- position à l’importance croissante Maurice Bokanowski à l’Assemblée nationale : « il n’est pas exagéré mies européennes et américaines économiques et budgétaires. «Les conds. Pour tenir compte de ce des échanges d’information dans la de dire que, lorsque Renault éternue, toute la France tressaille ». serait une conséquence de ces er- responsables de la Fed, aux Etats- phénomène, le calcul des salaires consommation et la production Mais le modèle Renault des relations sociales, ce n’est pas seule- reurs de mesure, affirme-t-il. Unis, ont été bien plus tôt conscients devrait donc prendre en compte un économiques ». ment celui de la grande grève. Après la seconde guerre mondiale et « La mesure de la production, de de ce phénomène et ont donc jugé taux de hausse des prix bien plus la nationalisation, Renault va faire figure d’entreprise pilote au plan son rythme de croissance et de acceptable un taux d’inflation de faible pour un cadre que pour un Annie Kahn social, avec un dispositif contractuel très riche entre la Régie et les l’amélioration réelle du bien-être 3 %. Alors que ce n’est que très ré- retraité ne bénéficiant que d’une syndicats. Ainsi, le 15 septembre 1955, l’accord Renault anticipe d’un économique est entachée d’une er- cemment que Wim Duisenberg [le petite pension. « L’inflation, comme an la loi accordant la troisième semaine des congés payés ; et le reur croissante. L’amélioration de la président de la Banque centrale mesure réelle de la dépréciation des 29 décembre 1962, l’accord Renault anticipera de six ans la loi accor- qualité des nouveaux biens et ser- européenne], en raison de ce pro- prix, n’a que peu de sens, estime Luc dant les quatre semaines. vices n’est pas suffisamment prise en blème de mesure, a jugé acceptable Soete. La consommation est de plus L’aventure humaine, enfin, derrière les murs de cette forteresse. compte dans l’indice des prix, par un taux de 2 %. Le fait que l’euro en plus personnalisée, et l’on conti- Un certain Georges Omer (qui n’était autre que Roger Vailland, exemple. De ce fait, il est de plus en continue de baisser est une consé- nue d’utiliser des chiffres basés sur jeune journaliste de vingt-deux ans) titrait un article dans Paris-Midi plus pertinent de parler d’illusion in- quence de cette prise en compte tar- des paniers standardisés. » du 30 juillet 1929, « L’île de Billancourt, île mystérieuse ». En 1930 La nature de plus en plus imma- encore, il livrait un reportage intitulé « Mes vacances à Billancourt ». térielle des produits et services est C’est que la population ouvrière n’était que très partiellement Les technologies de l'information contribuent en grande partie à l’origine de cette inscrite dans l’espace local. Beaucoup d’ouvriers résidaient loin de à la baisse de l'inflation en Amérique du Nord mauvaise appréciation de leur va- l’usine, dans le Paris populaire ou en d’autres banlieues. Mais TAUX D'INFLATION ANNUEL en pourcentage leur. Car leur coût marginal de pro- l’observateur sensible qu’était Roger Vailland eut tôt fait de 4,5 duction baisse très rapidement, comprendre la vie intense de l’île, et de noter la diversité des ACTUEL ESTIMÉ pour devenir quasiment nul. Le ̄ 4,0 ouvriers. De nombreux immigrés se côtoyaient dans l’usine ; dans les prix de la reproduction d’un texte années 30, on y parlait quarante langues. Certes les liens avec les 3,5 publié sur Internet, par exemple, Luc Soete b Professeur d’économie ouvriers français, souvent les plus qualifiés, n’étaient pas toujours 3,0 est infime par rapport à celui de sa faciles, mais il faut retenir que l’usine a aussi été un formidable diffusion sur un support papier. internationale à l’université de creuset où l’intégration de générations d’ouvriers étrangers s’est 2,5 « Actuellement, alors que l’activité Maastricht, Luc Soete dirige le faite dans le respect des cultures originelles. 2,0 économique se concentre de plus en Maastricht Economic Research plus dans des échanges d’informa- Institute on Innovation and Le site de Billancourt est lié à toutes les faces de l’histoire de 1,5 France du XXe siècle. Billancourt fut aussi aux avant-gardes de la tions immatérielles, des pans entiers Technology (Merit) qu’il a créé en défense de la patrie. Ces ouvriers volontiers révolutionnaires ne 1,0 de la chaîne de valeur deviennent 1988. firent aucune grève lorsque des offensives allemandes se dévelop- 90-91 91-92 92-93 93-94 94-95 95-96 96-97 invisibles ; tellement invisibles b Il a publié de nombreux paient pendant la Grande Guerre. Un quart de siècle plus tard, ils AVEC LES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION SANS qu’une part substantielle s’évapore, ouvrages sur les implications furent particulièrement nombreux à s’engager dans la Résistance. incorporée dans des biens ou des économiques de l’innovation dans Source : ESA services matériels, et sont finalement les pays développés. Les résultats sont même sous-estimés, car ils ne tiennent pas compte des cachés, non mesurés, ni vus, ni b Il préside le groupe d’experts de Jean-Louis Robert est titulaire de la chaire d’histoire sociale du effets des technologies de l'information sur l'amélioration du rapport connus, au bénéfice du consomma- la Commission européenne pour XXe siècle à l’université Paris-I - Panthéon-Sorbonne. qualité/prix de biens et services d'autres secteurs (automobile, télécoms, teur », dit Luc Soete. Pour lui, cela les aspects sociétaux et sociaux de services financiers, etc.). expliquerait en partie la décision la société de l’information. LeMonde Job: WDE2099--0007-0 WAS MDE2099-7 Op.: XX Rev.: 15-05-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:17,09, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0174 Lcp: 700 CMYK

TRIBUNES LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 / VII ̄ Les 35 heures dans le commerce, une menace LIVRES de régression sociale par Serge Marti

par Patrick Brody Dans l’œil

ans le commerce, la mise en 35 heures. Cela ne veut pas dire qu’à partir de ce Rappelons que 70 % des salariés des maga- place des 35 heures se traduit par moment-là, il n’y aura plus rien à négocier et sins populaires (Monoprix, Prisunic, etc.) sont des matières premières D le pire des scénarios. L’Union du que c’est l’Etat qui fixera comment chaque en- à temps partiel. Flexibilité maximale, salaires commerce de centre-ville (UCV) a treprise doit négocier. » La ministre parle égale- moins que minimum (inférieurs au SMIC), le dénoncé les conventions collectives de ment de « simplifications » et de « souplesse ». comble de la précarité est atteint. L’UCV veut CYCLOPE - LES MARCHÉS MONDIAUX, branches et « proposé » comme bases de né- Difficile d’être moins directif... encore l’accroître en prenant prétexte de la sous la direction de Philippe Chalmin gociations l’annualisation généralisée, l’aug- Dans le commerce parisien, où temps partiel concurrence des hypermarchés et des centres Economica, 534 p., 500 F, 76,22 ¤. mentation de la flexibilité avec douze se- assorti d’heures « complémentaires » et an- commerciaux. Argument fallacieux : le pouvoir maines à 48 heures sans nualisation sont imposés mas- d’achat des consommateurs n’est pas ne simple embellie ? Peut-être. Mais quand on est majoration de salaire, la géné- Avec un cadre horaire sivement, 50 000 emplois ont extensible. confronté à une descente aux enfers continue – à savoir ralisation du travail six jour été supprimés au cours des dix C’est pourquoi nous demandons que la une baisse, en termes réels, des prix des matières pre- sur sept et l’allongement des commun à tous, dernières années. Dire que concurrence s’exerce dans un cadre horaire mières qui, à en croire l’indice publié depuis 1864 par horaires d’ouverture des ma- l’augmentation du contingent commun à tous, hypers et centre commerciaux TheU Economist, dure quasiment depuis un siècle –, il faut savoir se gasins. La direction du Prin- hypermarchés et d’heures supplémentaires, la compris. Au lieu de se battre à coups de noc- contenter de peu ! C’est ce que fait Philippe Chalmin, professeur à Pa- temps vient de s’aligner sur généralisation de l’annualisa- turnes et d’ouvertures dominicales, syno- ris-IX - Dauphine et coordinateur de l’équipe qui, depuis treize ans l’UCV en dénonçant les ac- centres commerciaux tion et le développement du nymes de dumping social, les enseignes se fe- maintenant, publie le fameux rapport Cyclope, ce volumineux ouvrage cords collectifs en vigueur temps partiel entraîneront fa- raient concurrence sur la qualité de leurs de référence qui passe en revue l’état des marchés mondiaux. Un état dans ce magasin depuis 1977. compris, au lieu talement des suppressions produits et le service rendu à la clientèle. Les des lieux exhaustif. Des céréales aux viandes et au vin, des engrais et Comme nous le craignions d’emplois, ne relève pas de pouvoirs publics doivent fixer les règles du jeu. semi-conducteurs aux métaux précieux et non ferreux. En passant par depuis le début, le patronat de se battre à coups l’idéologie mais des mathéma- Les salariés des grands magasins (Printemps, des produits plus exotiques comme le poivre ou les bois tropicaux... s’est saisi d’une loi dépourvue tiques. Galeries Lafayette, BHV...) et des magasins po- « Les cours des matières premières sont actuellement à un plancher, et de volonté pour aggraver en- de nocturnes Comme les autres salariés, à pulaires – des femmes dans leur immense ma- on note une reprise sur certains marchés », relève M. Chalmin qui met à core davantage les conditions temps plein et en contrat à du- jorité – ont encore défilé le 29 janvier dernier. part le cas du pétrole dont le cours actuel (17 dollars le baril pour la de vie et de travail des sala- et d’ouvertures rée indéterminée, à temps par- Pour réclamer la limitation des horaires d’ou- qualité brent), en hausse de près de 40 % après une chute brutale qui riés. Dans notre secteur, le tiel, en contrat à durée déter- verture, deux jours de repos consécutifs, la li- l’a ramené autour de 10 dollars, est due, selon lui, à une « surréac- temps partiel et la flexibilité dominicales, minée ou en intérim, comme mitation du recours au temps partiel et la sup- tion » du marché. En dehors du brut, des velléités de reprise sont per- règnent en maîtres. les chômeurs pas ou peu in- pression des exonérations de charges liées à ce ceptibles sur le coton, la laine, le caoutchouc, l’acier et la pâte à pa- Que prévoit la loi contre le les enseignes demnisés, ceux du commerce type de contrats. pier. temps partiel imposé ? La sup- espéraient une loi synonyme Les salariés à temps partiel doivent bénéfi- Mais le Cyclope ne se borne pas à une revue de détail des « commo- pression des exonérations se feraient de justice sociale et de recul du cier d’une véritable priorité d’embauche à dités », lesquelles représentent, il est vrai, les deux tiers des échanges (30 % des cotisations sociales) chômage. Pour le moment, temps complet. Il faut limiter le recours aux de marchandises et le tiers des échanges de services dans le monde. Il qui ont provoqué l’explosion concurrence sur tant une partie des accords si- contrats à durée déterminée (pas plus de 5 % est aussi un instrument d’analyse des soubresauts de la planète. A du temps partiel ? Non ! Ci- gnés que le contenu de la loi par entreprise), mettre en place un véritable commencer par le coup de torchon est-asiatique de l’été 1997, dont tons encore les heures supplé- la qualité de leurs n’incitent guère à l’optimisme. contrôle des horaires, abaisser les durées les effets s’effacent trop lentement. Pour les auteurs du rapport, cette mentaires, payées au tarif Seules avancées tangibles : la maximales hebdomadaires de 48 heures à « dernière crise du XXe siècle » a occasionné − somme toute − des dégâts normal après avoir été bapti- produits et le service limitation à deux heures de la 44 heures et la journée de travail de 10 à limités. A noter également, dans cette bible sur les marchés, un intéres- sées heures « complémen- coupure dans la journée de 9 heures, limiter fortement le recours aux sant retour sur image à propos de LTCM, ce fonds spéculatif sauvé de la taires », les contrats de rendu à la clientèle travail, mesure qu’il ne sera heures supplémentaires et majorer le tarif des faillite par la Réserve fédérale américaine, et un panorama pédagogique 16 heures, le travail six jours pas facile d’imposer partout, heures complémentaires pour les salariés à sur le vent de fusions-acquisitions qui continue à souffler, tous continents sur sept, voire sept sur sept pour des salariés et une vague incitation à augmenter le temps temps partiel. confondus. en contrat à durée déterminée et à temps par- de travail des salariés à temps partiel. La version définitive de la loi Aubry est tiel, les horaires tardifs... Là encore, la ministre Le rôle du ministère du travail est sans doute d’une importance capitale pour l’ensemble des du travail ne prévoit rien. de convaincre les patrons de négocier. Il est salariés, essentielle pour les salariés à temps Et pour le moment, rien ne permet d’espérer aussi de faire une loi améliorant la situation partiel, vitale pour les chômeurs. Rappelons une amélioration substantielle dans la version des salariés qui, pour une grande partie d’entre qu’à l’origine les 35 heures avaient pour ob- définitive de la loi : le gouvernement a annon- eux – d’entre elles, devrait-on dire pour le jectif de donner du travail aux chômeurs, du cé le mois dernier qu’il renonçait à son projet commerce –, ne gagnent même pas le SMIC, et temps libre aux salariés. Si la loi reste en l’état, initial de taxer le travail précaire. Et comme si n’ont donc pas le minimum pour vivre. la réduction du temps de travail aboutira à l’ef- cela n’était pas assez pour le patronat, et assez Le manque de détermination des pouvoirs fet exactement inverse. C’est pourquoi, nous peu pour les salariés, le gouvernement vient de publics n’a pas échappé au patronat du œuvrons pour que la loi soit synonyme de pro- décider que « la date du 1er janvier 2000 ne doit commerce. Les salariés de ce secteur vont ser- grès social, et non l’inverse. pas être un couperet » (Le Monde du 27 février). vir de cobayes à l’ensemble du patronat. Celui Interrogée dans Le Monde du 30 mars, Mar- de l’édition a déjà commencé l’offensive. Patrick Brody est secrétaire général du tine Aubry enfonce encore le clou : « La durée L’UCV fait le forcing pour obtenir, en échange Syndicat du commerce parisien (Sycopa) légale du travail passera, au 1er janvier 2000, à des 35 heures, davantage de flexibilité. CFDT. La sécurité sociale réduit les inégalités aux Etats-Unis

ui a dit que les Etats- versements de la sécurité sociale. souvent l’essentiel de leur revenu. Unis manquaient de Une étude révèle que, A New York, les mêmes presta- En moyenne, les paiements de la mécanismes de redis- tions font chuter le seuil de pau- sécurité sociale représentent Q vreté de 50 à 15,1 %. En Illinois, ce 67,7 % du revenu de l’ensemble tribution ? Une étude sans les prestations du Center on Budget taux passe de 48,4 % à 10,1 %. des veuves âgées, contre 55,5 % and Policy Priorities (CBPP), un versées, des millions Compte tenu de la démogra- du revenu des femmes âgées en- institut de recherche non gouver- phie américaine, ces chiffres core mariées. nemental basé à Washington, ré- de personnes âgées concernent des millions de per- Concernant le rapport à la pau- vèle que, sans les prestations de sonnes : plus d’un million en Cali- vreté, les femmes ont, en 1997, la sécurité sociale, près de la moi- basculeraient fornie, 883 000 en Floride... également représenté les trois tié des personnes âgées de 65 ans C’est sur les femmes que l’effet cinquièmes de cette partie de la et plus, soit 11,4 millions de per- dans la pauvreté sécurité sociale est le plus sen- population âgée (7 millions de sonnes, auraient basculé en des- sible. Elles reçoivent plus de la personnes) que la sécurité sociale sous du seuil de pauvreté. Ce der- tombe à 11,9 %. Ces prestations moitié des prestations (53 %), a sortie de la pauvreté. nier était de 8 240 dollars par an jouent également un rôle impor- alors qu’elles ne fournissent que (7 847 euros) pour une personne tant pour l’ensemble des per- 38 % des cotisations. Compte te- GROUPES ETHNIQUES seule en 1998 et le double pour sonnes âgées. Elles représentent nu de la structure progressive des En Californie, c’est plus de deux une famille de quatre personnes. au moins 50 % du revenu de plus prestations, celles qui avaient des femmes sur trois qui auraient été Qu’est-ce que la sécurité so- de la moitié des personnes âgées bas salaires touchent un pourcen- pauvres sans la sécurité sociale ; ciale américaine ? Un organisme en général, et 90 % du revenu tage plus élevé de leur ancien re- en Pennsylvanie, leur nombre at- collecteur de cotisations : 7,65 % d’un bon quart d’entre elles. Pour venu que les femmes les mieux teint 456 000 ; au Texas, 366 000 ; du salaire brut plafonné à 15 %, les prestations de sécurité payées. dans le Michigan, 279 000... Logi- 68 400 dollars en 1998 (65 137 eu- sociale sont les seuls revenus. quement aussi, les femmes âgées ros) et 7,65 % du revenu annuel Il s’agit là de chiffres natio- VEUVES sont les plus nombreuses à se re- d’un travailleur indépendant pla- naux ; des disparités existent, Etat Les veuves sont le groupe le trouver en dessous du seuil de fonné à 125 000 dollars par Etat. En Californie, 43,2 % des plus susceptible de tomber dans pauvreté (2,7 millions contre (119 037euros). personnes âgées de 65 ans et plus la pauvreté. Ces femmes n’ont, 1,1 million). Ces taxes sont redistribuées seraient « pauvres » sans la sé- pour la plupart, pas eu d’emploi Les inégalités demeurent vives sous forme de retraites de base, curité sociale. Avec la retraite de ou n’ont pas travaillé le nombre entre personnes âgées selon d’aides aux handicapés, d’alloca- base et l’assurance-maladie, ce d’heures suffisant pour bénéficier qu’elles sont blanches ou appar- tions chômage et de prestations taux chute à 12,5 %. En Floride, le d’une retraite de base à taux tiennent à un groupe ethnique de d’assurance-maladie. En 1998, les seuil de pauvreté passe de 48,7 % plein. Les prestations de sécurité couleur. En 1997, 46,3 % des fonds recueillis par la sécurité so- à 11,9 % si l’on tient compte des sociale représentent donc Blancs âgés de 65 ans et plus ciale ont atteint 457,7 milliards de étaient considérés comme dollars (436 milliards d’euros) et pauvres alors que ce ratio atteint ont immédiatement été redistri- Les personnes âgées, grandes bénéficiaires 54,9 % chez les Hispaniques et bués (hormis l’alimentation d’un de la Sécurité sociale 59,9 % chez les Noirs. important fonds de réserve placé Taux de pauvreté en pourcentage La sécurité sociale a aussi joué en obligations du Trésor) à 60 son rôle correcteur dans ce cas de 44 millions de personnes. figure, mais dans des proportions 50 différentes selon les groupes ra- DISPARITÉS SELON LES ÉTATS 40 ciaux. Les prestations sociales ont L’étude du CBPP analyse l’im- réduit le nombre de Blancs pact des prestations sociales sur 30 pauvres de 12,5 millions à 2,4 mil- le revenu. 49,1 % des personnes 20 lions en 1997, alors que, chez les âgées de 65 ans et plus seraient Noirs, le nombre de pauvres est considérées comme pauvres si 10 passé de 1,6 million à 800 000 seu- aucune prestation sociale n’était 0 lement. « Les populations âgées prise en compte. Avec le mini- FEMMES ÂGÉES HOMMES ÂGÉS noires et hispaniques dépendent de mum vieillesse et l’assurance- la sécurité sociale beaucoup plus chômage, ce taux tombe à 47,6 %. AVANT LES AIDES DE LA SÉCURITÉ SOCIALE que les Blancs, leurs sources de re- Avec les prestations de la sécurité APRÈS LES AIDES DE LA SÉCURITÉ SOCIALE venus étant beaucoup moins diver- sociale (retraite de base principa- sifiées. », souligne cette étude. lement et aide aux personnes APRÈS L'ENSEMBLE DES AIDES DES PROGRAMMES GOUVERNEMENTAUX handicapées), le taux de pauvres Source : CBPP Yves Mamou LeMonde Job: WDE2099--0008-0 WAS MDE2099-8 Op.: XX Rev.: 15-05-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:17,09, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0175 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / MARDI 18 MAI 1999 INITIATIVES Les chèques-vacances Les entreprises d’Ile-de-France subventionnent le tourisme social hors-la-loi sur le temps de travail On connaît le système des chèques-vacances, créé en 1982. Les employeurs, les comités d’entreprises et des organismes sociaux, quelques semaines de au pis ne rémunèrent pas ». Autre qui réunissent la grande distribu- comme les caisses d’allocations familiales, bonifient l’épargne réalisée la discussion parlemen- Un état des lieux dérive, dont on parle peu tion alimentaire (hypermarchés) par les salariés pendant une durée minimale. Cette épargne et cette taire relative à la se- souvent : le cumul d’emplois, si- et non alimentaire, les entreprises bonification donnent droit à des chèques acceptés, par exemple, par A gnalé dans 6 % des contrôles. de gardiennage et les SSII ; les conde loi sur les des dérapages alerte les villages de vacances, la SNCF, des hôtels ou des restaurants. 35 heures, un rapport interne de la Dans le nettoyage, par exemple, la « activités à taux d’infraction On sait moins que l’Agence nationale pour les chèques-vacances direction régionale du travail, de sur les risques d’un faiblesse des rémunérations « en- élevés, transgressant quelques (ANCV), qui les gère, dégage des bénéfices depuis 1989 et que ses l’emploi et de la formation profes- traîne le cumul de nombreux em- règles », qui regroupent les petits statuts prévoient qu’une partie de ceux-ci soit affectée à des actions de sionnelle (DRTEFP) d’Ile-de- passage « virtuel » plois et donc un nombre d’heures commerces et les entreprises de tourisme social. L’ANCV vient de publier le bilan des subventions France vient opportunément sou- supérieur à la durée légale », sou- nettoyage ; et enfin les « activités à qu’elle a octroyées à des équipements, entre 1994 et 1998. En cinq ans, ligner que la réduction du temps aux 35 heures ligne le rapport. Ce cumul se pra- taux d’infraction plus faibles, trans- le montant des subventions est passé de 6,6 millions de francs de travail (RTT) n’a de sens que si tique également dans les établis- gressant quelques règles », qui ras- (1 million d’euros) à 26,3 millions (4 millions d’euros). Une subvention elle s’appuie sur le respect des dis- mesure du temps de travail sont im- sements de soins. semblent les moyennes et petites sur deux est allée à des villages de vacances ; une sur cinq, à des positions légales concernant la du- portants » du fait de son individua- Le temps partiel est utilisé dans surfaces alimentaires, les entre- maisons familiales ; une sur dix, à des campings. rée du travail. Or, selon les inspec- lisation et de la dissémination des 44 % des entreprises contrôlées et prises de restauration rapide ap- Durant ces cinq ans, l’ANCV a également consacré 690 000 francs teurs et contrôleurs du travail qui lieux de travail, comme dans le touche « une majorité » de leurs partenant à une chaîne et les éta- (105 200 euros) à des « actions solidaires » ; en participant par exemple, ont collaboré à ce document, nettoyage ou les sociétés de ser- salariés, pour lesquels cette forme blissements de soins. en 1998, à des rencontres artistiques et culturelles pour les jeunes de celles-ci sont massivement inap- vices d’ingénierie et d’informa- d’emploi est « largement subie ». Chelles (Seine-et-Marne) en difficulté. Dans le même laps de temps, pliquées. tique (SSII). 20 % des fiches soulignent que les MENACES elle a consacré 1,5 million de francs (0,23 million d’euros) aux installa- Cette publication intervient au Des dépassements des durées entreprises ne tiennent pas Globalement, l’accueil réservé tions sportives, en cofinançant par exemple, en 1998, la rénovation moment où cinq inspecteurs du maximales quotidiennes et hebdo- compte des dispositions conven- par les employeurs à l’inspection d’un voilier de croisière, conçu comme outil d’insertion pour les jeunes travail ont rendu public leur « pro- madaires ont été relevés dans 40 % tionnelles, parfois dérogatoires, du travail « n’est pas enthou- des quartiers sensibles de Châteauroux (Indre). jet de loi » sur les 35 heures, qui des contrôles effectués. Ils qui étaient pourtant censées ré- siaste », constate le rapport. Dans souligne que « le risque grandit concernent 28 % des ouvriers, pondre aux besoins des branches : près d’un tiers des entreprises, les d’une diminution purement vir- 32 % des employés et 14 % des respect irrégulier des cycles, non- agents ont eu des difficultés pour DÉPÊCHES tuelle » du temps de travail. techniciens, ainsi qu’une « très im- respect des deux jours de repos accéder aux documents néces- Le document de la DRTEFP ap- portante proportion de cadres » hebdomadaires, modulation sau- saires au contrôle. « Des menaces b VALIDATION DES ACQUIS. Habitat-Formation, le fonds d’assu- porte de nouveaux arguments au que l’inspection n’a toutefois pas vage, notamment dans la grande verbales » ont même été relevées. rance-formation des professionnels de l’aménagement et de l’urba- débat. Il ne s’agit ni d’une étude pu chiffrer. distribution, etc. Dans plus d’un cas sur deux, le nisme, a réalisé en janvier 1999 une enquête auprès des universités scientifique ni d’un recensement En revanche, les dépassements Enfin, le repos compensateur contrôle a abouti à une notifica- françaises, afin de recenser leurs pratiques en matière de validation exhaustif des situations. Mais du du contingent d’heures supplé- n’est pas respecté dans 30 % des tion d’observation de la part de des acquis professionnels. Le guide issu de cette enquête spécifie, pour regard porté par l’inspection du mentaires sont peu fréquents. entreprises contrôlées. Au final, l’inspection. Et près de 30 % des chaque université et en distinguant le dispositif du décret de 1985 et travail d’Ile-de-France sur le res- Toutefois, ces résultats doivent « une partie non négligeable du contrôles se sont soldés par un celui de la loi de 1992, le nombre de dossiers déposés, les coordonnées pect du droit en matière de durée être « relativisés », les inspecteurs sur-travail est rétribuée en dessous procès-verbal. Un taux élevé. des services chargés de sa mise en œuvre, ou encore si la pratique de la du travail. Il résulte de l’exploita- ayant observé que ces dépasse- des règles minimales fixées par la Les inspecteurs ont tenté de me- validation des acquis professionnels y est « courante » ou « rare », tion de 400 fiches remplies lors de ments constituent « des pratiques loi, voire n’est rétribuée d’aucune surer l’effet de leur action, en générale à l’université ou spécifique à certaines de ses composantes. contrôles en entreprises, dans le courantes dans certaines branches manière. Ce qui revient à du travail contrôlant à nouveau certaines Renseignements : Habitat-Formation, 13−15, rue des Sablons, BP cadre d’une action régionale me- (restauration rapide et grande dis- gratuit ». entreprises. 45 fiches de second 145-16, 75763 Paris Cedex 16. née de 1996 à 1998. Certains épi- tribution notamment) ». Des en- Le rapport propose une sorte de contrôle ont pu être exploitées. sodes de cette initiative avaient treprises ont, par exemple, recours classement par branches : les « ac- Dans plus d’une entreprise sur b EMPLOI. L’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et l’Association fait grand bruit, notamment chez « aux heures supplémentaires non tivités à taux d’infraction élevés en deux, des changements sont inter- pour la formation des adultes (AFPA) ont signé, le 27 avril, une Thomson-Radars et contre-me- déclarées dans la feuille de paye, matière de durée du travail, tran- venus. Dans 22 % des cas, les me- convention de coopération pour la période 1999−2003, par laquelle les sure (RCM), dont l’ancien PDG, qu’au mieux, ils sous-rémunèrent, gressant toute la réglementation », sures prises visaient « à faire dis- deux organismes publics s’engagent à développer sur le plan local un Bernard Rocquemont, comparais- paraître toutes les infractions « service intégré d’appui au projet professionnel ». Ces services sait, lundi 12 avril, devant le tribu- constatées lors du premier pas- communs permettront aux demandeurs d’emploi de construire des nal correctionnel de Versailles, Repères sage » L’attitude de l’employeur a parcours intégrant démarche d’accès à l’emploi et formation, en pour répondre de 6 000 infractions changé dans 38 % des cas. « évitant les aller et retour inutiles entre les deux organismes ». relevées en neuf mois de contrôle. b La durée du travail effectif ne effectuées à l’intérieur du Ce qui témoigne, au moins, d’ Par ailleurs, l’ANPE s’engage à faciliter l’accès à l’emploi des stagiaires Trois sujets apparaissent peut excéder 10 heures par jour contingent annuel (130 heures) « une prise de conscience de l’em- de l’AFPA, et celle-ci s’engage à aider l’ANPE à évaluer les compé- « préoccupants », indique le rap- et 48 heures par semaine, la ouvrent droit à un repos ployeur », estime le rapport. En tences professionnelles des demandeurs d’emploi. port. D’une part, les salariés des moyenne sur douze semaines compensateur égal à 50 % des revanche, des infractions sub- entreprises contrôlées « travaillent consécutives étant de heures accomplies au-delà sistent. Et, dans un cas sur deux, beaucoup et souvent au-delà de la 46 heures au maximum. de 42 heures hebdomadaires. un procès-verbal a été rédigé. AGENDA durée légale, mais aussi des maxi- b Les heures supplémentaire b Le statut de cadre ne suffit pas Une seconde enquête a démarré ma autorisés » par les textes. donnent lieu à des majorations de à exclure du droit au paiement au début de l’année, qui suivra les b INVESTISSEMENTS. Quelles sont les entreprises françaises qui ont D’autre part, la diffusion du temps salaire : 25 % pour les huit des heures supplémentaires. S’il évolutions des entreprises, notam- vraiment réussi en Amérique du Nord et pourquoi ? Les conseillers du partiel « fait fi des nombreuses dis- premières heures, 50 % pour les s’agit d’un contrat au « forfait », ment celles provoquées par la commerce extérieur de la France organisent, les 20 et 21 mai, un positions protectrices des salariés ». heures suivantes. Dans les le salaire doit inclure mise en place des 35 heures. colloque sur « Vingt ans d’investissement direct français aux Etats- Enfin, l’inspection du travail entreprises de plus de dix salariés, la rémunération d’éventuels Unis », avec différents partenaires dont la chambre de commerce souligne que « les problèmes de les heures supplémentaires dépassements d’horaires. Francine Aizicovici franco-américaine d’Atlanta. Renseignements : 01-53-83-92-96.

b RETRAITES. Huit ans après la publication du Livre blanc sur les retraites, la publication du rapport Charpin relance le débat. Claude Evin, ancien ministre, député de Loire-Atlantique, organise, le jeudi Les architectes, des artistes qui ont du mal 20 mai à l’Assemblée nationale, les septièmes rencontres parlemen- taires sur la protection sociale. Au programme : « Réformer les retraites : un enjeu de solidarité ». Renseignements : 01-40-20-15-48. à vendre leur expertise face aux ingénieurs

b PROSPECTIVES. La formation continue en 2010, ce qu’elle ne sera ’image est trompeuse. qu’ils présentaient de gros défauts que « les clients des architectes plus, ce qu’elle pourrait être à travers des expériences d’entreprises ou Quelques bâtiments pres- La profession, sinistrée de conception. Seules des considé- avaient de plus en plus recours à ces d’institutions : l’Association française pour l’expansion par la forma- tigieux signés par des rations esthétiques avaient été bureaux d’études pour se couvrir ». tion (Afref) fera le point, le 25 mai, dans les locaux de Sources L professionnels renom- après des années prises en compte par les jurys. L’obligation faite par la loi de re- d’Europe, à Paris-la Défense, entre 16 heures et 19 heures (socle de la més internationalement comme La loi de 1977 qui avait pour ob- courir à un architecte pour toute Grande Arche). Jean Nouvel, Dominique Perrault de crise jectif de renforcer cette profession construction de plus de 170 m2 et Inscriptions payantes à l’Afref. Fax : 01-42-93-63-83. ou Christian de Portzamparc, déjà fragile a eu des effets pervers autres caractéristiques n’a souvent entre autres, pourraient laisser de la construction, et, d’une certaine façon, contribué été qu’un leurre. « Certains archi- b CHÔMAGE. Les adhérents de la Coordination des organismes d’aide croire à un engouement pour l’ar- à l’affaiblir, estime Florent Cham- tectes signaient des permis sans aux chômeurs par l’emploi (Coorace) se réuniront en congrès les 28 et chitecture en France. Il n’en est est pénalisée py. Les concours rendus obliga- suivre les chantiers. » La loi n’a 29 mai à Grenoble. Face à la persistance d’un chômage massif struc- rien. « En France, 68 % de la toires par le décret du 20 janvier guère réussi à défendre la profes- turel, acteurs associatifs, représentants des pouvoirs publics, déci- construction est réalisée sans archi- par une formation 1980 pour toutes les constructions sion. « Le prestige des ingénieurs, deurs politiques et économiques, chercheurs, débattront autour du tecte, assure Florent Champy, so- publiques d’une certaine impor- les grands corps font que l’archi- thème : un nouveau défi pour l’économie sociale, l’emploi pour tous. ciologue, chercheur au CNRS. et un droit inadaptés tance ont accentué l’émiettement tecte est court-circuité. » Renseignements : 01-49-23-70-50 ou [email protected] Chaque année, depuis à peu près de la profession. Ce système des concours est dix ans, environ un architecte libé- « un toilettage prudent de la loi de « Les jeunes architectes ont eu spécifiquement français. Florent ral sur six n’obtient aucune 1977 [NDLR : qui régit la profes- l’impression qu’ils avaient leur Champy évalue à 2 000 le nombre SUR INTERNET commande et doit vivre d’autres ac- sion d’architecte] ». chance, explique-t-il. Mais il s’agis- de concours organisés annuelle- tivités ou de solidarité familiale. En Selon Florent Champy, cette loi sait souvent de coups sans lende- ment en France, contre 600 pour b DROIT. Le site Jurisweb, revue de l’actualité juridique française en 1995, 30,5 % des architectes exer- mais aussi, et peut-être surtout, la main. Les agences ainsi constituées l’Allemagne, 300 pour l’Espagne et ligne, s’est étoffé. On y trouve désormais des contributions extérieures çant à titre libéral ont gagné moins formation des architectes sont ina- sans clientèle, par des jeunes à peine une dizaine pour les autres sur des thèmes variés relevant tant du droit public que du droit privé. de 90 000 francs par an. » Et pour- daptées aux besoins du marché. n’ayant pas appris le métier, étaient pays de l’Union. En France, la plu- Par exemple, au menu cette semaine : le caractère licite de l’interven- tant : « Les architectes sont propor- Ce qui explique la situation excep- incapables d’intégrer d’autres part des agences sont uniperson- tion de l’OTAN. De nombreux liens pointent vers les textes juridiques tionnellement moins nombreux en tionnellement mauvaise des archi- compétences. » Et en particulier nelles ; alors qu’aux Etats-Unis il concernés. Des arrêts et décisions sont commentés. Des dossiers sont France que dans la plupart des pays tectes français, par rapport à leurs des ingénieurs. Alors que, parallè- n’est pas rare que les agences aussi mis en ligne, avec une rubrique spécifique sur le droit des de l’Union européenne. » collègues européens. « Ils se re- lement, les bureaux d’études ne comptent plusieurs centaines de nouvelles technologies. La crise de la construction n’est plient sur une identité d’artiste », cessaient, eux, de se renforcer et personnes, architectes et ingé- jurisweb. citeweb. net/ pas seule responsable du marasme observe Florent Champy, et face nieurs. actuel de cette profession. Dans aux ingénieurs « sont incapables Peu sollicités en France, les ar- b AFFAIRES. Ce nouvel Annuaire de l’entreprise et des affaires est un un livre sur Les Architectes et la d’asseoir leur expertise ». chitectes le sont encore moins à très bon répertoire de sites utiles pour les entreprises, les chercheurs Commande publique, complété La formation des architectes l’étranger (à l’exception des et les étudiants s’intéressant au monde de l’entreprise et du d’un article paru dans le numéro n’inclut pas, ou trop peu, de tech- grands noms déjà évoqués). «A commerce. Il pointe vers trois catégories de ressources : les fonctions d’avril du bulletin CNRS Info, nique. Il n’en est pas de même l’export, ce sont les bureaux d’études (finances, marketing, export, opportunités d’affaires, emploi...) ; les Florent Champy analyse les rai- dans les autres pays européens. techniques qui décrochent les secteurs (agroalimentaire, pharmacie, transports, télécoms...) ; les sons de l’échec de cette profession « En Grèce, les deux premières contrats, et vont ensuite chercher les institutions. et les conséquences économiques années d’enseignement sont architectes. » www. pros21. com/fr/index. html qui en découlent. communes avec les ingénieurs du Pour remédier à cet état de fait, Cet ouvrage, commencé il y a génie civil. Les liens sont forts aussi Florent Champy suggère quelques plus de dix ans, arrive à point aux Pays-Bas, en Irlande ou dans les pistes. « Il faut réfléchir à des struc- nommé. Au ministère de la politecnici italiens et les anciens tures juridiques qui obligent l’archi- culture, la direction de l’architec- polytechnics anglais, pays où plu- tecte à aller jusqu’à la réception des ture et du patrimoine réfléchit, ac- sieurs systèmes coexistent. Les archi- ouvrages ; ou que l’architecte s’asso- tuellement, à des mesures qui per- tectes disposent alors d’un savoir- ̄ cie à des bureaux d’études tech- mettraient « d’améliorer la faire qui leur permet de se substi- niques. » Mais encore faudrait-il situation professionnelle des archi- tuer aux ingénieurs pour certains Florent Champy que les architectes renoncent à tectes tout en élevant la qualité de la aspects techniques de la concep- b Ancien élève de l’Ecole normale leur « culte de l’indépendance ». construction architecturale », pré- tion. » En France, « seule l’Ecole supérieure, agrégé de sciences Peut-être faudrait-il aussi renfor- cise Raphaël Hacquin, adjoint au nationale supérieure des arts et in- sociales, docteur en sociologie, cer l’enseignement technique. sous-directeur en charge des for- dustrie de Strasbourg regroupe les Florent Champy, 33 ans, est « Mais beaucoup d’architectes ne mations, des métiers et de la re- formations d’architecte et d’ingé- chercheur au CNRS. veulent pas devenir ingénieurs. » cherche architecturale et urbaine. nieur ». b Il a publié Les Architectes et la Les réformes des mentalités Les travaux des quatre commis- Dans son livre, Florent Champy Commande publique (PUF, 1998). semblent aussi nécessaires que les sions qui viennent de plancher sur donne quelques exemples de pro- b Il représente le CNRS au réformes juridiques. le sujet seront rendus publics en jets ayant obtenu des prix et de ce Comité consultatif de la recherche juillet. Ils pourraient conduire à fait fortement médiatisés, alors architecturale. Annie Kahn