Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage Les campagnes d’altitude 4 Châtaigneraie 06 cantalienne

« C’est un pays de châtaigniers et de 1. SITUATION Cet ensemble appartient à la famille de pay- blé noir qui sent déjà le Limousin. Un sages : 4. Les campagnes d’altitude. La Châtaigneraie cantalienne est un ensemble pays de grand large et de vie chétive. de paysages situé sur les terres les plus basses Les unités de paysages qui composent cet Pays de chouannerie. » du département du (entre deux cents ensemble : 4.06 A Collines de Saint-Mamet / Henri POURRAT, En Auvergne, 1966, Arthaud et huit cents mètres d’altitude) au sud-ouest. 4.06 B Collines de Lafeuillade-en-Vézy / 4.06 Elle appartient administrativement au Cantal C Collines de la Brousse / 4.06 D Collines de (et donc à l’Auvergne), mais s’étend également Leucamp / 4.06 E Bassin de la Besserte / 4.06 au-delà des limites départementales vers le Lot, F Plateaux de / 4.06 G Collines de où elle est alors davantage appelée Châtaignal, Mourjou / 4.06 H Vallée du Lot / 4.06 I Pla- et vers le nord Aveyron. Au nord, la vallée de teaux de Marcolès et Saint Antoine / 4.06 J la Cère (9.06) délimite ce vaste espace. Au sud, Collines de Boisset / 4.06 K Plateau de Saint la limite est nettement marquée par les vallées Saury / 4.06 L Plateau de la Ségalassière / 4.06 du Lot et de ses affluents qui, très encaissées, M Plateau de Siran. constituent une belle rupture topographique. La vallée du Lot faisant la limite administrative n’est pas décrite ici, mais tient une place impor- 2. GRANDES COMPOSANTES tante pour l’ensemble de paysages de la Châ- DES PAYSAGES taigneraie. La topographie, issue de l’altération des gra- 2.1 Le défrichage de la Châtaigne- nites, se caractérise par sa douceur : une arène raie : la perte de correspondance sableuse couvre les versants et a donné nais- entre le nom et le lieu sance à des formes de reliefs aux pentes douces. La Châtaigneraie représente de manière géné- Au nord de la Châtaigneraie, la vue pano- rale des plateaux schisteux et granitiques orga- ramique depuis le Puy Saint-Laurent (Saint- nisés en une succession de croupes aux som- Mamet-la-Salvetat) en direction du massif du mets arrondis, profondément entaillés par les Cantal donne une image claire de ce qu’est en réseaux hydrographiques (Célé, Cère, Rance et train de devenir cet ensemble de paysage. Son affluents du Lot au sud...). apparence était très différente il y a cinquante

DREAL Auvergne www.paysages.auvergne.gouv.fr Février 2015 page 2 / Les campagnes d’altitude / Châtaigneraie cantalienne 4.06

Au nord de par la D33 ans. La Châtaigneraie a subi une grande mu- vers Quézac conduit d’autre part à un regroupement des tation depuis les années soixante. Ce que l’on parcelles ; les clôtures en barbelé remplacent pouvait voir était essentiellement un paysage Ces vingt dernières années, l’évolution de la progressivement l’ancien réseau de haies bo- de forêt. De 1970 à 1990, les forêts ont été Châtaigneraie s’est encore accélérée. La pre- cagères » (Source : Atlas départemental des défrichées pour mettre en pâture les terres mière évolution des années soixante (moder- paysages du Cantal). pour l’élevage. Le phénomène se prolonge nisation et mécanisation) a permis majoritai- Récemment, la tendance dans certaines zones aujourd’hui ne laissant progressivement aux rement la mise en prairie des anciennes forêts de la Châtaigneraie est à la mise en culture in- habitants de la Châtaigneraie que son nom pour l’élevage. « Sur la période avant-guerre, tensive des parcelles pour les céréales. Au 19e et sa mémoire. Elle fait clairement partie des la Châtaigneraie était sur un système polycul- siècle, la Châtaigneraie était l’endroit le moins ensembles de paysages auvergnats qui ont tural avec de petites exploitations produisant riche du Cantal. Aujourd’hui, une forme subi le plus de changements depuis quelques de la céréale, de la châtaigne et de l’élevage d’agriculture plus intensive s’y est développée. décennies. ovin et porcin. Dès les années 1950-1960, la Ce changement est très perceptible le long de révolution productiviste va entraîner des bou- la route qui traverse le plateau au-dessus de 2.2 Le pH de la terre et la chaux leversements d’envergure dans les pratiques Quézac. Sur les terrains en pente douce du agricoles. […] Bien que la production se soit haut du plateau, l’agriculture céréalière rem- Les terrains de la Châtaigneraie sont des ter- de plus en plus appuyée sur l’élevage (élevage place progressivement l’agriculture bocagère rains acides. Au moment de leur déboise- bovin et élevage hors sol de porcins), l’activité ancienne. Les petites parcelles de prairies na- ment, il a fallu les chauler pour élever leur pH. agricole restait alors marquée par la polycul- turelles, de fauche et de pacage, entourées de Le calcaire pour le chaulage provenait de car- ture traditionnelle, ce dont témoignent en- haies de petits fruitiers sauvages, de pommiers rières à chaux situées à quelques kilomètres au core, dans une certaine mesure, les paysages. de bordure et de châtaigniers disparaissent au nord sur les coteaux calcaires de Saint-Paul- Ces derniers sont constitués d’une juxtapo- profit de champs de maïs plus vastes. Les haies des-Landes, dans l’ensemble de paysages du sition de champs cultivés (production de sont supprimées, les terrains remembrés. La bassin d’. Les coteaux sont visibles de- céréales et de maïs), de parcelles de cultures nature du sol du plateau, très drainante, crée puis le Puy Saint-Laurent. Une nappe blanche fourragères et surtout de prairies naturelles ou depuis toujours des conditions de sécheresse se dégage nettement sur les prairies vertes des artificielles. À l’origine relativement comparti- peu propices à la culture intensive du maïs. reliefs. Si ces coteaux calcaires n’avaient pas menté (effets combinés du relief et de la pré- Des ouvrages de prélèvement de l’eau dans les été si proches, la mise en culture de ces terres sence du réseau bocager), [...] le parcellaire est petits cours d’eau des vallons ont été réalisés aurait posé plus de questions. de plus en plus lâche, les faibles contraintes pour faire monter l’eau jusqu’au plateau et l’ir- liées à la topographie permettant très faci- riguer. Le sol s’appauvrit rapidement par des 2.3 Des prairies bocagères aux lement l’agrandissement des parcelles et la phénomènes d’érosion qui résultent de cette champs de maïs : exemple du plateau mécanisation. L’intensification de l’agriculture irrigation forcée. Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 3

Vue panoramique depuis les hauts de la commune de Quézac

2.4 Apparition d’une ambiance in- se cache généralement derrière un ensemble raître beaucoup d’entre eux qui marquaient dustrielle amenée par les nouvelles formé d’une grande stabulation, d’un bâtiment le maillage bocager. La disparition progressive pratiques agricole de stockage, d’une zone d’ensilage et de la nou- de l’utilité qui donnait un sens à leur présence, velle maison des exploitants... L’installation om- comme celle des châtaigniers (ombre pour les Signe 1 : Les grosses machines sur les petites niprésente de panneaux solaires sur les toitures bêtes, bois de chauffage ou autre, délimitation routes de campagne marque fortement aujourd’hui l’apparence de des petites parcelles...), est clairement lisible La présence de machines de grande taille dans certaines d’entre elles. dans leur état d’abandon. des endroits un peu reculés et calmes donne une atmosphère industrielle aux paysages de la 2.5 Effet de simplification des terri- Signe 3 : Situation modèle de disparition pro- châtaigneraie. C’est à peu près la même impres- toires agricoles gressive de la forme d’un petit cours d’eau sion que donnent des passages de camions de Sur la route départementale 220 entre Saint- transport de pierres dans les campagnes où se Signe 1 : épierrement pour de grandes par- Saury et Glénat, on peut voir un petit cours trouvent des carrières. Des tracteurs, tirant de celles de ray-grass et disparition du paysage d’eau, comme il y en avait beaucoup par le grandes remorques de maïs d’ensilage, roulent, printanier passé, qui serpente dans une prairie pâturée en saison, sur de petites routes de campagne. De grandes parcelles ont été épierrées au bull- par les vaches. La prairie est au creux d’un léger Souvent, les agriculteurs font appel, pour l’en- dozer pour être ensuite semées en ray-grass. vallon. Les anciens avaient creusé un réseau de silage, à des prestataires de service qui viennent Leur apparence est celle d’une grande culture, fossés pour rendre la prairie humide pâturable. avec leurs machines. Les mêmes prestataires un ensemble vert homogène. La prairie d’ori- Ils avaient laissé le ruisseau serpenter en conser- proposent d’autres services nécessitant du gros gine et la diversité des espèces qui la constituait vant les arbres qui le bordaient (ripisylve étroite matériel agricole : sciage, terrassement de drai- a disparu. Sa disparition s’accompagne d’une dominée par les saules...) pour maintenir natu- nage, broyage et déchiquetage du bois, entre- perte : celle des paysages printaniers fleuris et rellement les berges et éviter que les bovins ne tien des haies et fossés par des épareuses... L’agri- du bocage à châtaigniers et à chênes, au pro- les dégradent en venant boire au ruisseau. Pro- culture industrielle s’est organisée autour de ces fit d’un paysage agricole industriel orienté par gressivement les arbres ont disparu. Il n’en reste prestataires capables de répondre à ses besoins. les primes agro-herbagères. Un an sur deux, les qu’un vestige en amont. Les berges se sont éro- parcelles sont cultivées en maïs. dées du fait de l’absence de la ripisylve. Ailleurs, Signe 2 : L’agrandissement rapide et consé- la forme naturelle du cours d’eau qui serpente quent de certaines exploitations Signe 2 : Disparition progressive des vieux dans la prairie humide pourrait disparaître, ca- Le niveau de présence de certaines exploita- chênes isolés nalisée en ligne droite pour homogénéiser le tions agricoles a changé en quelques décennies. Historiquement, les chênes étaient exploi- terrain, obtenir plus de superficie de culture et Elles se sont agrandies considérablement en tés en têtard ou écépés avec interdiction de drainer de manière plus efficace. Le petit cours vingt ans. Le bâtiment d’exploitation d’origine dessouchage. Le remembrement a fait dispa- d’eau qui serpente "encore" est un vestige. page 4 / Les campagnes d’altitude / Châtaigneraie cantalienne 4.06

Signe 4 : Raréfaction des traces de modes an- douces qui permettaient le captage de l’eau et de forêts qu’était la Châtaigneraie ancienne, ciens d’utilisation des zones humides et son transport dans la prairie pour l’irriguer. avant sa mise en culture récente. Leur air an- Après sur la route départementale 33, Les rigoles étroites ont été creusées tous les cien, leur silhouette, le fait qu’ils ne sont pas dans une légère cuvette qui s’apparente à une dix mètres perpendiculairement à la pente. renouvelés, leur donnent un air anachronique. alvéole granitique entourée d’arènes bombées Les pentes sont très drainantes à cet endroit Leur utilité actuelle, physique et symbolique, couvertes d’une forêt de feuillus, une arbores- et l’irrigation permettait d’obtenir une coupe n’en est pas moins grande. (cf. Grandes com- cence de petits fossés a été creusée pour drai- de regain. Le système s’apparente à d’autres posantes des paysages : signe 2, disparition pro- ner légèrement une zone humide et la rendre systèmes traditionnels d’irrigation comme par gressive des vieux chênes isolés) pâturable par les bêtes. Ce sont les traces des exemple aux levades dans le Limousin ou aux modes d’exploitation anciens de la Châtaigne- rases pratiquées dans le Cézallier. Les rases de- 3.3 Les andins : expression de la mu- raie. Ce réseau de fossés facilement identifiables vaient être bien orientées par rapport à la pente tation des paysages de la Châtai- par la présence des graminées qui s’installent et leur profondeur devait être calculée au plus gneraie dans leurs parages humides, permet de réduire juste pour que l’eau circule le plus rapidement l’engorgement du sol et d’atteindre un niveau possible car le temps de captage était compté Les exploitants déboisent des parcelles pour y de portance suffisant pour que les bovins ne s’y et partagé entre chaque agriculteur. Le temps mettre de l’herbe. Les résidus végétaux du dé- embourbent pas. d’irrigation était sévèrement réglementé. Les boisement sont empilés pour former des an- La multiplicité de ces zones humides qui stoc- rigoles sont devenues rares. Les retenues colli- dins et éviter de les évacuer. Les andins forment kent de l’eau et alimentent des ruisseaux puis naires prennent le dessus aujourd’hui comme des buttes allongées conséquentes d’un mètre les rivières sert de bassin naturel de rétention. pratique d’irrigation (aménagements de récu- cinquante de hauteur environ et en moyenne Leur disparition engendrée par un drainage pération et stockage des eaux de surface, un d’une vingtaine de mètres de longueur. Les ex- tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, au-delà de la peu comme des micro-barrages, souvent utili- ploitants les laissent s’enfricher. Ils forment en- disparition d’une certaine diversité animale et sés pour l’irrigation agricole). suite un îlot végétal à forme singulière au milieu végétale, peut poser des problèmes en aval au d’une prairie. Ce genre d’andins devient un mo- niveau des rivières. Il y a encore, sur le territoire tif paysager de la Châtaigneraie. Il est l’expres- de la Châtaigneraie, deux modes d’agriculture 3. MOTIFS PAYSAGERS sion d’une mutation des paysages : les espaces qui se côtoient. L’ancien mode d’élevage exten- devenus forestiers sont reconvertis en espaces sif de bovins perdure, étroitement lié aux aléas 3.1 Les chaos granitiques au milieu de grandes cultures. La pratique est identique de la topographie locale. Un nouveau mode des champs en Margeride mais moins généralisée du fait s’installe, système plus intensif lié à la culture de l’altitude élevée qui limite de fait la pression du maïs. La mise en culture de la Châtaigneraie a né- agricole. cessité un épierrage de blocs de granite qui se Signe 5 : Raréfaction du système traditionnel retrouvent amoncelés par les agriculteurs au 3.4 Les terriers d’irrigation et développement des retenues milieu des parcelles. collinaires À noter la présence de « terriers » souvent à Sur la route départementale 219, en direction 3.2 Les vieux chênes isolés proximité des hameaux : micro-carrières d’ex- de la Baresie, dans le vallon d’un affluent du traction de l’arène, utilisée pour les enduits Célé, la Ressègue, une prairie en forte pente a Dans les prés, restent encore de vieux chênes extérieurs des maisons. Les relations entre la été lacérée de petits béals horizontaux à pentes isolés qui sont un signe du territoire d’élevage roche et l’architecture sont particulièrement évidentes, les bâtiments traditionnels utilisant les matériaux locaux : blocs de granite pour les murs et les encadrements, lauzes pour les cou- vertures.

3.5 Les sécadous

Aux habitations et aux bâtiments agricoles an- ciens s’associent les sécadous, petits bâtiments destinés autrefois au séchage des châtaignes. Le rez-de-chaussée était le niveau du foyer qui chauffait et asséchait l’espace. Au-dessus étaient entreposées les châtaignes sur un plan- cher de bois ajouré. Ce genre de construction porte différents noms en fonction des régions : Exploitation agricole moderne sur la commune de Parlan clède, clédier, séchadour... Aujourd’hui souvent Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 5

Grandes cultures entre Saint Saury et le Rouget abandonnés, beaucoup de ces petits édifices, ner, si bien qu’on a réussi à garder là des prairies de noisetiers et des grands lierres servaient de qui participent à l’identité de la Châtaigneraie naturelles qui disparaissent ailleurs, remplacées refuge à l’avifaune et aux chauves-souris. Ils ont dans son ensemble, disparaissent. par des prairies de ray-grass ou des champs de disparu pour stabiliser les ruines. L’exemple du maïs. Les zones humides ont été conservées château de Naucase est très actuel car il illustre 3.6 Les exploitations agricoles mo- ainsi que les espèces fruitières qui ailleurs dis- la nécessaire interaction entre un projet de pré- dernes paraissent avec le remembrement des parcelles. servation du paysage agricole et un projet de Aujourd’hui, les parcelles sont dédiées au pa- préservation d’un bâtiment ancien. La construction de bâtiments agricoles en ex- cage de chevaux de traits. Une association met tension des anciens corps de fermes est en train en place des animations autour du thème de 4.2 Le belvédère panoramique de La- de générer l’apparition d’un motif paysager la gestion des prairies par la présence des che- bastide-du-Haut-Mont dans le dé- futur très prégnant dans cet ensemble de pay- vaux. partement voisin du Lot sages. (cf. Grandes composantes de paysages : Autour du château, le mur d’enceinte longe apparition d’une ambiance industrielle amenée le parc sur une longueur d’un kilomètre, dans Labastide-du-Haut-Mont est un bourg dans le par le biais agricole, signe 2...) des états divers. Il est peu à peu remonté. Un département du Lot qui occupe un point haut chantier d’insertion a été mis en place pour et fait belvédère panoramique sur la Châtaigne- construire un cheminement pédagogique sur raie cantalienne. Un belvédère a été aménagé 4. EXPÉRIENCES ET le site. sur un réservoir d’eau en béton pour admirer ENDROITS SINGULIERS Le site, avec sa route-digue surélevée et ses le panorama. Quatre antennes d’opérateurs té- murs qui canalisaient les cheminements était léphoniques ont été construites dans le village. 4.1 Le site du château de Naucase par le passé un péage, un passage obligatoire. Le château de Naucase est inscrit depuis 2003 4.3 Un belvédère multifonctions La digue de l’ancien étang du château transfor- sur la liste des Monuments Historiques. Un mée en route sert d’accès au château de Nau- chantier, dit de stabilisation, vient d’être réa- Le bourg de Saint-Mamet-la-Salvetat a été case par le sud. Elle traverse une zone humide, lisé sur les ruines du château pour éviter la construit au pied d’un petit relief, le Puy Saint- départ du bassin versant d’un petit affluent dégradation progressive des restes du bâti- Laurent, que l’extension progressive du bourg a de la Rance, ancien étang disparu. Le Sivom ment et dans un but pédagogique. Avant les fini par encercler à moitié, en laissant libres et de Maurs a acquis le château, il y a plus de dix travaux, un grand tilleul se dressait dans la tour toujours exploitées les prairies d’élevage sur ses ans. Quinze hectares de terrain appartiennent et donnait au lieu un caractère mystérieux et flancs. Sur le sommet, une table d’orientation à la Communauté des communes du pays de fantasmatique bien connu des habitants des a été installée sur la butte d’un réservoir semi Maurs. Les sols aux abords du château sont alentours. Le tilleul a disparu. Un couple de enterré, au pied de l’antenne de télécommuni- tellement ingrats qu’on ne peut pas les retour- hiboux moyen duc habitait la tour. Des cépées cation et à côté d’un poste électrique. Le belvé- page 6 / Les campagnes d’altitude / Châtaigneraie cantalienne 4.06

dère et la table ont été orientés en direction de la vue panoramique très large sur les monts du Cantal et le bassin d’Aurillac. La vue réelle de- puis le sommet est un panoramique sur 360 de- grés. Le sommet du Puy-Saint-Laurent est une grande esplanade très légèrement en pente. De nombreux aménagements et de nombreuses constructions y ont été réalisés au cours du temps. Ils dénotent l’importance de cet espace pour les habitants de la commune et ses modes d’utilisation au cours du temps. C’est un cas d’école d’accumulation d’usages et de fonctions sur un point haut localement célèbre. En été, le parc-sommet panoramique accueille la fête lo- cale. Le feu d’artifice du 14 Juillet y est l’un des plus beaux du département du Cantal.

4.4 Gare en rase campagne : Le Rouget

Le Rouget est une commune récente née du développement du chemin de fer. Son origine est sa gare. Elle a été construite en rase cam- Entrée de village plantée de pommiers à Lablanquie pagne au moment de la construction de la ligne de chemin de fer qui relie Clermont-Ferrand à d’Aménagement et de Gestion des Eaux) sur mauvaise qualité. On peut découvrir dans ces Toulouse. La commune est née en 1945. C’est le bassin hydrographique du Célé. Le SAGE a forêts des alignements de châtaigniers à l’aban- devenu une petite ville de mille habitants très quatre grands objectifs : don âgés de trois cents ans qui se fondent dans dynamique, grâce au train qui, à l’origine, a per- • améliorer la qualité des eaux ; le taillis récent. Pour l’entretenir et l’exploiter mis le développement d’une industrie du bois. • gérer quantitativement la ressource ; au maximum, on envoyait dans la châtaigne- La petite ville s’est aujourd’hui reconvertie dans • restaurer et entretenir les milieux aqua- raie les cochons que l’on parquait et parfois les le tourisme vert. tiques ; vaches après avoir ramassé les châtaignes pour • mettre en valeur le patrimoine du bassin du l’hiver. 4.5 La chapelle Notre-Dame du Pont Célé. 4.9 L’expérience d’une entrée de Au 18e siècle, une petite chapelle isolée a été 4.7 L’expérience des châtaigniers en bourg en alignements de pommiers construite au bord de la Rance. Elle a été classée fleurs Monument Historique. Un chemin permet d’y En allant de à La Barésie sur la route dé- accéder en longeant la rivière. Derrière la cha- Au printemps, dans les vallées aux pentes fo- partementale 219, à l’entrée de Lablanquie, des pelle, l’ensemble formé par un pré en esplanade restières, les châtaigniers en fleurs produisent arbres fruitiers forment un alignement routier bordé par un bois et le cours d’eau semble "faire un événement naturel qui marque fortement sur une distance de deux cents mètres environ partie" de la chapelle. l’espace, célébrant la saison et le passage des avant d’entrer dans le village. C’est une "entrée années. de ville" singulière à pommiers. C’est une forme 4.6 La Rance, le Célé, le Veyre originale de verger en alignement de bord de 4.8 L’expérience des verger de châtai- route. Le verger ne consomme pas l’espace Ces rivières aux eaux cristallines sur sol grani- gniers dans la forêt agricole et agrémente l’arrivée sur le bourg. tique sont favorables à la présence de moules Certains pommiers ont dépéri et ont été rem- perlières, sous réserve d’une eau de qualité, Après Murgat, dans le Sud de la Châtaigneraie, placés par des jeunes. Les troncs des arbres se non polluée. Les rivières de ce bassin hébergent une petite route goudronnée est couverte de trouvent de l’autre côté d’une clôture dans les de plus des populations d’écrevisses à pattes châtaignes, "aménagement involontaire" qui prés. Les houppiers dépassent sur la route. Le blanches, de lamproies de Planer et de Cha- génère une expérience singulière. La route tra- Code Rural dit que la branche qui se trouve au- bots. Le Syndicat mixte du Bassin de la Rance et verse une vallée aux pentes couvertes d’une dessus de la route ne peut être récoltée qu’avec du Célé permet la mise en place d’une gestion forêt de feuillus. Une culture de châtaigniers y accord du propriétaire. Après une certaine date conservatoire de ces espèces. Un Contrat de ri- est entretenue. Les arbres ont été greffés. Au- de récolte, les pommes qui se trouvent sur la vière Célé a été mis en place en 2004 et a été cune repousse aux pieds, l’espace du sol est très voie publique peuvent être récoltées par qui- relayé par la mise en place d’un SAGE (Schéma net : les châtaignes issues des repousses sont de conque le désire. Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 7

Andin de déforestation

5. CE QUI A CHANGé OU (cf. Grandes composantes des paysages : ef- La disparition du bocage, des haies EST EN TRAIN DE CHANGER fet de simplification des territoires agricoles / et des arbres isolés signe 3, situation modèle de disparition pro- De plus en plus, le réseau de haies et d’arbres La disparition des châtaigniers gressive de la forme d’un petit cours d’eau + isolés, dispositif spatial du bocage pour l’éle- Depuis les années 1950, beaucoup de terres signe 4, raréfaction des traces de modes an- vage, disparait de la châtaigneraie du fait de de la Châtaigneraie ont été mises en culture. ciens d’utilisation des zones humides) la mise en culture de ces terres. Il en résulte Les châtaigniers ont disparu progressivement progressivement une sorte d’uniformisation au point que le nom de l’ensemble ne reflète L’installation de pompes et la créa- simplifiée du territoire. maintenant qu’une caractéristique passée. tion de réserves collinaires pour (cf. Grandes composantes des paysages : ef- (cf. Grandes composantes des paysages : le dé- l’irrigation fet de simplification des territoires agricoles / frichage de la Châtaigneraie...) Avec le développement d’un mode d’agricul- signe 2, disparition progressive des vieux ture plus intensif qu’auparavant, les besoins chênes isolés) Le déboisement des forêts pour ga- en eau d’irrigation se développent. Des ré- gner des terres agricoles, érosion serves artificielles de récupération des eaux de L’extension et la modernisation des sols surface apparaissent de plus en plus, intercep- des exploitations agricoles. Les conséquences du déboisement de la Châ- tant le circuit plus ancien des eaux pluviales. (cf. Apparition d’une ambiance industrielle taigneraie et de sa mise en culture ont des ex- (cf. Grandes composantes des paysages : ef- amenée par les nouvelles pratiques agricoles : pressions lisibles dans le paysage. fet de simplification des territoires agricoles signe 2, l’agrandissement rapide et consé- (cf. Motifs paysagers : les andins, expression de / signe 5, raréfaction du système traditionnel quent de certaines exploitations) la mutation des paysages de la Châtaigneraie) d’irrigation et développement des retenues collinaires) Le drainage des zones humides et la disparition des ripisylves avec la L’épierrement mécanique. forme naturelle des petits cours La mécanisation de l’épierrement découvre de d’eau grandes parcelles pour la monoculture. Les pratiques anciennes d’élevage conser- (cf. Grandes composantes des paysages : ef- vaient, exploitaient, s’accommodaient des fet de simplification des territoires agricoles / différentes formes de présences de l’eau. L’évo- signe 1, épierrement pour de grandes parcelles lution des pratiques agricoles tend plutôt à de ray-grass...) simplifier les variations de milieux et de pay- sages que ces présences induisaient.