UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ------

ECOLE NORMALE SUPERIEURE ANTANANARIVO

C.E.R D’HISTOIRE-GEOGRAPHIE

L’ECOLE PAUL MINAULT D’AMBOHIJATOVO FLEURON DE L’ENSEIGNEMENT PROTESTANT A (1901-1977)

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE (C.A.P.E.N)

Date de soutenance : 10 Avril 2006

Présenté par :

Mlle RANDRIAMAMONJY Ony Navalona

Année Universitaire -2005 2006 Nom et prénoms du chercheur : RANDRIAMAMONJY Ony Navalona Titre de l’ouvrage : L’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo : fleuron de l’enseignement protestant à Madagascar (1901-1977) Nombre de pages : 95 Nombre de tableaux : 8 Nombre de photos : 10 Nombre de cartes : 5 Nombre de graphique : 1

Résumé du mémoire :

Durant les premières années de la colonisation, l’Enseignement Protestant, qui avait pris une place prédominante sous le royaume de Madagascar, subissait la politique coloniale, largement favorable à l’école catholique. Gallieni reprochait aux écoles protestantes, leur orientation, plutôt anglophile, et leurs lacunes dans l’enseignement du français. Ainsi la LMS appelle les protestants français à la rescousse. C’est dans ce cadre qu’est créée l’Ecole Paul Minault, du nom du missionnaire de la Mission Protestante Française (Mission Evangélique de Paris) assassiné quelque temps seulement après son arrivée à Madagascar. Créée en 1901, l’Ecole Paul Minault s’installe d’abord dans divers quartiers de la ville avant de se fixer à Ambohijatovo Nord puis à Ambohijatovo Sud. Dénommée « Ecole Paul Minault, Collège des Missions Evangéliques » puis « Collège Paul Minault » cet établissement se proposait d’instruire et éduquer dans le cadre de la religion protestante. Elle était alors aidée matériellement et financièrement par des Missions protestantes locales et étrangères. Son personnel se composait des missionnaires étrangers, des pasteurs et des professeurs malgaches, de préférence d’anciens élèves, et qui adoptaient une pédagogie libérale. L’Ecole multipliait les activités culturelles, artistiques ou sportives destinées à faire entretenir constamment un esprit de famille. C'est là que réside une de ses particularités qui ont assuré ses succès et sa réputation. A Androhibe, depuis 1977, l’Ecole a connu un autre visage, et même un certain déclin. L’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo n’est plus qu’un souvenir, voire un mythe.

Mots-clés : Mission Protestante Française, Ecole Paul Minault, élite, Madagascar, enseignement, colonisation, religion, protestantisme. Nom et grade du Directeur du mémoire : Monsieur RAZAFIMBELO Célestin, Maître de Conférences. Adresse du chercheur : Lot 20 FA Ambohidrano-Ouest SABOTSY-NAMEHANA ANTANANARIVO 103 UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE NORMALE SUPERIEURE CER HISTOIRE-GEOGRAPHIE ------

L’ECOLE PAUL MINAULT D’AMBOHIJATOVO FLEURON DE L’ENSEIGNEMENT PROTESTANT A MADAGASCAR (1901-1977)

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE (C.A.P.E.N)

MEMBRE DE JURY : Président du Jury : Monsieur RAMANANTSOA RAMARCEL Benjamina Juge : Monsieur RANDRIAMAMONJY Frédéric Rapporteur : Monsieur RAZAFIMBELO Célestin

Présenté par : Mlle RANDRIAMAMONJY Ony Navalona Mars-2006-

A tous les Formateurs et compagnons de la promotion « VAHATRA »,

A tous les membres de ma famille,

Aux Anciens de PATA qui ont bien voulu m’aider dans mes recherches. REMERCIEMENTS

Dans le cadre de l’élaboration de ce mémoire, nous tenons en premier lieu à évoquer le souvenir ému de l’illustre Missionnaire Protestant qui a donné son nom à ce prestigieux établissement de formation d’Ambohijatovo. Nous voulons nommer de Révérend-Pasteur Paul Minault. Prédicateur de talent, il aurait dû continuer une brillante carrière en France. Mais il avait choisi, en tant que Missionnaire, la voie d’un martyr, dans un pays en pleine effervescence. Qu’il repose en paix et que toutes les générations d’élèves de l’établissement qui porte son nom se souviennent de son sacrifice. Nous tenons également à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont apporté leur soutien et leur encouragement dans nos investigations. Nous pensons en particulier aux membres du jury :

Monsieur RAMANANTSOA RAMARCEL Benjamina Président Monsieur RANDRIAMAMONJY Frédéric Juge Monsieur Célestin RAZAFIMBELO. Rapporteur

Nous remercions également : Tous nos amis de promotion qui nous avons aidée dans nos recherches. Les membres de l’Association des anciens élèves de l’Ecole Paul Minault qui ont bien voulu répondre à nos sollicitations et aux questionnaires que nous leur avions soumis. A tous, nous tenons à leur exprimer nos vifs remerciements. Non seulement ils nous ont prodigué de conseils d’ordre méthodologique, mais également, ils nous ont révélé des facettes et des visages jusqu’alors inconnus de cette école de renom. Que tous soient assurés de notre profonde gratitude et de notre sincère reconnaissance. Nous leur devons beaucoup pour la suite de notre carrière professionnelle. Grand merci enfin à nos chers parents, à notre oncle Jaofetra et surtout à notre bien aimé Daddy qui tous, n’ont cessé de nous apporter leur réconfort moral et matériel dans les moments les plus difficiles de notre vie estudiantine. Décidemment, nous ne saurions pas les oublier car ils sont vraiment inoubliables. 1

INTRODUCTION GENERALE

Dès le début du XIXè siècle l’Ecole était conçue par Radama I comme un moyen de moderniser le pays. Il a accueilli les premiers missionnaires et encouragé leur œuvre scolaire. L’école était également considérée par ces missionnaires comme un moyen d’évangéliser le pays, ou les Malgaches. Avec l’avènement de la période coloniale, Gallieni a développé l’enseignement dans le but de former des auxiliaires de la colonisation et d’imposer la langue française et la culture française. Notre attention s’est portée sur l’Ecole Paul Minault, une institution qui tient une place importante dans l’histoire de l’enseignement confessionnel à Madagascar. Par ce choix, nous comptons étudier le passé prestigieux d’une école confessionnelle presque unique en son genre et d’où est issue une partie de l’élite malgache. Actuellement, l’Ecole Paul Minault se trouve à Androhibe, à 7km au Nord du centre de la ville d’Antananarivo. Elle fait partie intégrante de la dite ville mais occupe une situation privilégiée car elle se trouve dans une zone d’extension notoire. Androhibe est rattachée administrativement au quartier d’Amboniloha. Le nouveau site est situé à 2km au Nord de la cité d’Analamahitsy, tout près de l’actuel Centre National de Formation Administrative. Le choix du découpage chronologique, 1901-1977 trouve sa raison dans le fait que ces années correspondaient à la période coloniale et néo-coloniale. Il s’agit ici de voir et d’analyser l’évolution d’une école confessionnelle pas toujours en bon terme avec le pouvoir dans ces phases où l’école laïque règne en maître. Ainsi il est légitime de se demander : « Pourquoi l’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo est-elle restée le fleuron de l’enseignement protestant de 1901-1977 ? Depuis sa création, quelles sont les raisons qui expliquent la bonne réputation du collège Paul Minault malgré un contexte qui ne lui est pas toujours favorable ? ». Ainsi cette étude comprendra trois volets : d’abord la difficile implantation de l’Ecole Paul Minault dans le cadre de l’enseignement colonial, ensuite les raisons de sa réussite, et enfin le bilan et les perspectives d’avenir de cette Ecole.

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Dans l’élaboration de ce Mémoire, nous nous sommes référée à des documents se trouvant dans les Archives de la FJKM de Faravohitra à savoir les différents journaux de l’Eglise Ny Mpamafy, Teny soa, Fiainana…ainsi que les journaux des Missions. Seulement, ces articles de journaux ne parlent guère du contenu de l’enseignement pratiqué à l’Ecole Paul Minault. Nous avons aussi consulté les Archives de l’Ecole : des correspondances administratives, des échanges épistolaires entre les Directeurs et des correspondants nationaux et étrangers, des différents rapports du premier Directeur de l’Ecole Paul Minault à l’intention de la Mission Protestante Française qui s’occupe de l’Ecole. Quant aux documents concernant directement l’Ecole Paul Minault, ils sont assez rares. Les plus importants sont : l’ouvrage de André CHAZEL qui s’intitule « l’Ecole Paul Minault, un aspect de la question scolaire à Tananarive » et celui de Nalisoa RAVALITERA « Ny Kolejy Paul Minault taloha sy ankehitriny 1901-1986 ». Il nous a fourni tous les renseignements, même un résumé de l’histoire de l’Ecole. Bref, nous avons entrepris des recherches auprès des documents officiels pour éviter les risques d’erreurs, et nous les considérons comme fiables.

Enfin, nous avons procédé à des enquêtes et recueil de témoignage auprès des anciens élèves, en leur soumettant un questionnaire. Certains se sont pliés gentiment à cet exercice, ayant eu le plaisir à raconter ce qu’ils ont vécu dans leur ancienne Ecole. D’autres ont préféré répondre oralement tels notre poète national RADO ou Andriamanantena Georges, Mr RAMAROSON l’ancien président de l’Association des Anciens élèves, et Mme Lalavololona RAKOTOMAVO, l’épouse du feu Justin RAMASOMANANA qui était le premier Malgache devenu Directeur de l’Ecole Paul Minault. Elle était également responsable de l’Internat des Jeunes filles en 1962-1965. La plupart de ces anciens élèves étaient en général des promotions entre 1940-1977. Essayer de reconstituer l’histoire d’une Ecole qui est plus que centenaire n’est pas une entreprise aisée. Ainsi, au cours de notre travail nous avons eu des obstacles au niveau de la documentation, car elle est quasi-inexistante. Les documents qui restent ne sont d’aucun soin particulier : délaissés dans un débarras de l’établissement actuel à Androhibe, ils sont éparpilles, presque irrécupérables cajaunis par le temps. 3

Mais heureusement, nous avons pu trouver d’autres informations orales plus intéressantes auprès de quelques anciens élèves.

Bref, ce travail ne prétend pas épuiser le sujet, en raison même de la diversité des domaines et de la dispersion des documentations. Néanmoins il essaie de répondre à l’ensemble des questions et à la problématique concernant les raisons de la réussite de cette école confessionnelle d’Ambohijatovo.

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PREMIERE PARTIE :

LA DIFFICILE IMPLANTATION DE L’ECOLE PAUL MINAULT DANS LE CADRE DE

L’ENSEIGNEMENT COLONIAL 5

CHAPITRE I SITUATION DE L’ENSEIGNEMENT A MADAGASCAR A LA FIN DU XIXè ET AU DEBUT DU XIXè

Dans sa doctrine de base, l’enseignement que les nouveaux maîtres du pouvoir colonial allaient appliquer à Madagascar à la fin du XIXè siècle n’était pas très éloigné du système éducatif en vigueur dans l’ancienne métropole. Il importe donc de rappeler brièvement ici les fondements de cette doctrine avant de présenter ses particularités appliquées dans notre pays.

1. Rappel succinct des fondements du système éducatif français (1) En France, vers la fin du XIXè siècle, l’école républicaine, une école d’Etat, se développait en affaiblissant l’école privée. Ce fut un véritable projet de société, donc une œuvre politique, caractérisée par les trois mots-clés : la laïcité, l’obligation, la gratuité, inspirés des lois de 1881-1882 par Jules Ferry. Du coup, la religion n’était plus enseignée à l’Ecole. L’instruction morale et civique remplaçait l’instruction religieuse. Le personnel enseignant était laïcisé et ne donnait plus place aux congréganistes.

Concernant les établissements scolaires, les anciennes salles d’asile devenaient des écoles maternelles. De plus, on notait un essor de l’enseignement primaire, de l’enseignement secondaire ainsi que la multiplication des Facultés du Supérieur.

L’œuvre de Jules Ferry ne s’arrêtait pas là. Les Ecoles Normales étaient obligatoires dans tous les Départements. Les Ecoles Normales Supérieures furent créées. Tous les diplômes classiques ou pédagogiques existaient et sanctionnaient les études à tous les niveaux : le CEPE, le Brevet Elémentaire, les CAP, les Baccalauréat (1ère et 2ème Partie), la Licence, l’Agrégation, les Doctorats (3ème Cycle et Doctorat d’Etat).

(1 ) GAILLARD (J), « Aux racines de l’Ecole de la République », dans la Revue le Monde de l’Education, juillet-Août 2000, p.20-22 n°283 6

Gratuite, obligatoire et laïque, l’Ecole de la République était massivement ouverte aux filles et aux femmes. Elle devenait le creuset de l’unité nationale, de l’ordre républicain, de la démocratie.

Née d’un combat politique, elle avait une mission politique dont le but était éminemment humain : instruire et éduquer.

2. Application du système éducatif français à Madagascar Ce fut cette mission politique de l’enseignement que les nouveaux occupants, le Général Joseph Simon Gallieni en tête, Gouverneur général, allaient appliquer à Madagascar, mais avec des objectifs quelque peu différents.

Rappelons d’abord quelques faits historiques de l’époque pour mieux cadrer cet enseignement colonial dans son contexte vécu par le pays.

Par la loi d’annexion du 06 Août 1896 votée par le Gouvernement et le Parlement français, Madagascar fut déclarée colonie française. Arrivée dans l’île en Septembre 1896, le général Gallieni se chargea de mener l’œuvre de pacification du pays et de sa colonisation effective. Jusqu’à son départ de l’île le 13 Mai 1905, ce général « autoritaire » avait pris un certain nombre de mesures oppressives contre les Malgaches en vue d’imposer l’autorité coloniale, à savoir : - la suppression du gouvernement malgache en exilant la dernière reine, Ranavalona III, d’abord à la Réunion, puis en en Alger où elle mourut en 1917 ; - la répression contre l’insurrection des Menalamba, ces nationalistes Malgaches qui s’opposaient farouchement à la colonisation de l’île ; - l’adoption des mesures socio-économiques oppressives afin de mettre les Malgaches en état de sujétion : les impôts coloniaux et les corvées sous toutes leurs formes, l’accaparement des bonnes terres au profit des colons, la « politique des races » pour mieux dominer le pays selon la devise « diviser pour régner », l’enseignement colonial ainsi que la mainmise économique qui se traduisait par le système de l’économie de traite1. Cette mainmise économique s’entretenait

1 L’économie de traite était l’organisation économique qui consistait pour un pays colonisateur à se procurer au moindre coût les plus grandes quantités possibles de matières et les produits agricoles exotiques et à vendue le plus cher possible la plus grande quantité de surplus invendue en métropole. 7 par le développement de la scolarisation avec l’ouverture des centres de recherches et des stations agricoles comme Nanisana (Antananarivo), Ivoloina (Tamatave), et Ambohimanga (Alaotra). Pour Gallieni, la « conquête par l’Ecole » selon ses dires, apparaissait une nécessité impérieuse. Il s’agissait non seulement d’abattre l’hégémonie merina (1) en matière d’éducation, mais également de scolariser les populations des régions côtières délaissées jusque-là. En effet, à la veille de la colonisation, l’Île a été alphabétisée malgré l’inégale répartition de l’enseignement institué par les missionnaires. Cette empreinte européenne n’a touché que les Hautes Terres Centrales, les Merina, et secondairement les Betsileo ou les Sihanaka. Les régions excentriques restaient fidèles à la civilisation des ancêtres. Le but de l’enseignement colonial imposé par le gouvernement du Général Gallieni est de « répandre la langue et la civilisation françaises ». Il avait écrit que « la langue française doit devenir la base de l’enseignement dans toute l’île… Les programmes doivent avoir un caractère professionnel de façon que les écoles fournissent aussitôt que possible des auxiliaires aux entreprises agricoles et industrielles de nos colons ».(2) En 1896, grâce aux œuvres scolaires des missionnaires, la scolarisation a connu un progrès incontestable. Mais à l’arrivée des colonisateurs, cette œuvre scolaire allait connaître une situation nouvelle marquée par une « mainmise totale »(3) destinée à la mise en valeur de la colonie. Sur le plan structurel, selon l’arrêté du 25 Janvier 1904 organisant les écoles officielles, modifié par les arrêtés du 12 Juillet 1913, du 14 Février 1916 et du 17 Janvier 1929, l’enseignement officiel était à plusieurs degrés : (l’enseignement du 1er degré, du second degré et celui du 3è orienté dans un sens pratique. Ce fut un enseignement bilingue dans lequel on donnait au français une place prépondérante.(4)

(1) GRANDIDIER « Gallieni » in le monde colonial illustré, janvier 1924 (2) GALLIENI « Neuf ans à Madagascar », 1908, p 52 (3) Terme emprunté à P BOITEAU, op. cit. p 225. (4) L’enseignement à Madagascar en 1931, A.R.M, E 123, p6

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2.1. L’enseignement du 1ère degré Il était donné dans les « Ecoles Officielles Laïques », équivalentes des Ecoles Primaires Publiques actuelles. En effet, une école était pratiquement partagée en divisions et chaque division est répartie en années appelées 1ère et 2ème années. Il y avait quatre classes appelées respectivement : 1ère A et 1ère B (sous-entendu 1ère Année, sorte de cours élémentaires), 2ème A et 2ème B (sorte de cours moyens).(1)

Cet enseignement du 1ère degré se proposait de donner aux élèves des connaissances de base : apprentissage de la lecture, de l’écriture, du calcul, du dessin, des connaissances usuelles au cours des deux premières années, approfondissement de ces connaissances pendant les deux dernières années avec l’adjonction de l’éducation morale et civique, le jardinage, la couture pour le filles ou même des travaux pratiques pour les garçons dans des ateliers scolaires (maçonnerie, menuiserie, ferronnerie) Ce fut en somme un enseignement orienté dans un sens pratique pour donner aux élèves un savoir-faire utilitaire afin qu’il puissent devenir plus tard des serviteurs fidèles et opérationnels des colons. Il faut préciser que sur le plan pédagogique, l’approche par compétence (APC) tant vantée à l’heure actuelle était déjà appliquée à l’époque dans cet enseignement du premier degré. Concrétiser son enseignement était pour le Maître une obligation, un impératif majeur.

En plus du Français considéré à la fois comme langue maternelle et langue d’enseignement, les Malgaches s’initiaient à l’histoire et la géographique de la France. Ce fut vraiment barbant pour ces élèves Malgaches qui devraient faire preuve de d’imagination pour tout comprendre et réciter souvent bêtement, leurs leçons.

(1) Notes de F.V Esoavelomandroso, « Langue, culture et colonisation à Madagascar : le Malgache et le Français dans l’enseignement officiel (1916-1940) in Omaly sy Anio, n° 3-4, p120. 9

Enfin à l’issue de cet enseignement du premier degré, les meilleurs élèves, reçus par concours, entraient dans les Ecoles Régionales ou Ménagères où le français était la base de toutes les matières d’épreuves. Quant aux autres qui ne réussissaient pas à ce concours, ils allaient continuer dans les écoles privées s’ils avaient la possibilité de poursuivre leurs études, ou malheureusement, ils abandonnaient celles-ci.

Notons qu’en 1902, Madagascar comptait 280 écoles officielles. L’effectif des élèves dans ces écoles était 20.0231. Au départ de Gallieni en 1905, ce chiffre s’élevait à 23.0002 écoliers, sans compter les effectifs dans les écoles privées libres ou confessionnelles.

Toutefois, ces chiffres ne permettent pas encore d’avoir une idée claire de l’effectif de la population scolarisable à Madagascar à cause de l’absence de statistiques valables à cette époque.

2.2. L’enseignement du Second degré : Il était donné dans les Ecoles Régionales. En réalité, une École Régionale comprenait trois sections : la section générale, la section technique et la section agricole. Ces élèves étaient préparés à devenir en effet des fonctionnaires des employés, des ouvriers ou des contremaîtres, à se trouver en rapport plus fréquent avec les Européens. La pratique des deux langues s’avérait indispensable. Cependant, face aux luttes d’influences religieuses dans certaines régions de Madagascar, la laïcité, synonyme de neutralité était une obligation politique. De ce fait, les écoles régionales furent implantées en premier lieu dans les régions où les rivalités confessionnelles étaient plus vives. Ainsi la première école régionale fut installée en 1900 à Fianarantsoa, et dans la région centrale, le ….

1 P. Ranavalona « L’évolution de la scolarisation de 1820 à nos jours, Lumière N° 1590, du 16 Juin 1966. 2 DESCHAMPS (H), Histoire de Madagascar, Ed. Berger-Levrault, Paris, 1972. p.249

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En général, ces écoles régionales se trouvaient dans certaines villes importantes de Madagascar1 L’Ecole Régionale prit donc un caractère pratique et professionnel dès sa création. Les élèves sont recrutés au concours, les candidats ne peuvent s’y présenter que deux fois. Ils doivent avoir au moins 13 ans et ne pas avoir plus de 16 ans. Les études y duraient trois ans, et de plus :

1°- s’ils appartiennent à la section d’enseignement général, ils passeront à l’examen du Certificat d’Études du Second Degré ou C.E.S.D. S’ils réussissent, ils passent à l’Ecole Le Myre de Vilers, et resteront au service de la Colonie pendant dix ans comme fonctionnaires à leur sortie de cette Ecole.

2°- s’ils appartiennent à la sous-section industrielle, ils feront deux ans soit comme élève à l’Ecole Industrielle, soit comme apprenti dans une section d’apprentissage et exerceront leur métier pendant dix ans dans la Colonie ;

3°- s’ils appartiennent à la sous-section agricole, ils continueront leurs études pendant trois années dans une École Pratique d’Agriculture comme à Morarano- Marovoay ou à la Station Agricole d’Alaotra. A leur sortie de ces Ecoles, en tant que fonctionnaires, ils travailleront au service de l’Agriculture.

En 1929, les 14 Ecoles régionales comptaient 1320 élèves2. Notons également que l’Ecole Régionale était surtout destinée à servir d’exemple et de stimulant pour les écoles confessionnelles. Elle était aussi réservée aux garçons. Quant aux filles, elles étaient dirigées vers les Ecoles Ménagères, vers les Ecoles de sages-femmes régionales. En 1909, l’Ecole Flacourt, une école supérieure indigène, a été créée. Les études y étaient payantes. L’enseignement y est donné exclusivement en français.

1. Mantasoa (Tananarive), Ambatondrazaka, , Fianarantsoa, Ambositra, Mananjary, Farafangana, Tamatave, Maroantsetra, Majunga, Analalava, Maevatanana, Tuléar, Morondava. Chaque école a sa zone de recrutement 2 André YOU, « Madagascar, colonie française », Société d’Editions géographiques martines et coloniales, Paris, 1931, p234 11

2.3. L’enseignement du 3ème degré : Ce fut un enseignement devenu de plus en plus spécialisé, donné dans quatre établissements du 3ème degré : l’école de Géomètre indigène, l’École Technique Professionnelle, Le Myre de Vilers et l’École de Médecine1. A cela s’ajoute l’Ecole d’Agriculture, servant à multiplier les métiers productifs surtout dans l’agriculture et dans l’Industrie. A l’issue du cycle d’études du Second degré sanctionnées par le C.E.S.D., une autre sélection s’imposait pour l’admission dans les écoles de formation du 3ème degré. La connaissance de la langue française devenait une condition sine qua non de réussite. De même au niveau professionnel, la connaissance et la pratique du français devaient permettre une situation privilégiée. En effet, seule la fréquentation de ces écoles du 3è degré permettait l’acquisition de la connaissance suffisante du français et la pratique de la culture française dans la vie quotidienne, facteurs décisifs pour une ascencion sociale de l’époque coloniale.

En un mot, ce bref rappel du système éducatif français transporté à Madagascar ne concernait que l’enseignement public. L’on peut alors se demander la situation de l’enseignement non officiel tout au début de la colonisation.

3. Situation de l’enseignement confessionnel au début de la colonisation Il est évident que la conversion du pouvoir au protestantisme en 1868 et l’institution de l’école obligatoire contribuaient à gonfler l’effectif dans les écoles protestantes. D’après Bianquis, à la veille de la colonisation française en 1894, on dénombrait 137.356 élèves dans les écoles protestantes2. Selon Deschamps, en 1905 l’enseignement des missions n’avait que croître puisqu’il atteignait 209.000 élèves dont 127.000 protestants et 82.000 catholiques3.

L’enseignement catholique était entre les mains des Jésuites comme au Collège Saint Michel de la capitale, ou assuré par des Pères du Saint Esprit dans le Nord de l’Ile, par des Pères Lazaristes dans le Sud. C’était un enseignement en

1 D’après les Circulaires et Arrêtés, Série Enseignement, D.199, A.R.M. 2 Dans son ouvrage « L’oeuvre des missions Protestantes à Madagascar cité par G.Chapus, « Quatre vingt années d’influences européennes en Imerina », Tananarive, 1925, p142. 3 Hubert DESCHAMPS « Histoire de Madagascar » Ed.Berger Levrault, Paris, 1972, p 249 12 constant progrès, fortement appuyé par les nouveaux occupants de l’Ile, le Général Gallieni en particulier, pour freiner l’influence des Anglais qui soutenaient les Missions Protestantes solidement installées dans la sphère sociale, Merina y compris le Vakinankaratra et l’Antsihanaka.

En effet, le protestantisme était devenu une réligion d’Etat sous Rainilaiarivony et restait prédominant dans la première année de la colonisation. La L.M.S (London Missionary Society), La société londonienne de Missionnaires, appuyait fortement les établissements scolaires protestants, tels le collège Pastoral qui commença à fonctionner en 1869, le Normal School créé en 1862, et l’Académie Médicale Missionnaire ouverte en 1880. Cet enseignement supérieur a permis la formation des premiers intellectuels malgaches des médecins. Et l’on avait coutume d’entendre le slogan : « Qui dit Anglais, dit Protestant »(9) pour montrer la grande influence anglaise dans le domaine de la religion et de l’enseignement à Madagascar vers la fin du XIXè siècle. Au moment de l’annexion de l’Ile par la France, les institutions d’enseignement libre comptaient près de cent vingt huit mille élèves, dont plus de la moitié dans l’Imerina ; vingt huit mille seulement étaient à la mission française, qui comprenait cinquante trois pères jésuites et vingt sept frères des écoles chrétiennes. Des écoles norvégiennes comptant trente sept mille élèves étaient reparties dans le Vakinankaratra et le Betsileo. La prédominance était assurée aux missions anglaises par une loi malgache, prise à leur instigation, qui obligeait l’élève à terminer ses études dans l’établissement où il les avait commencées.

Cependant, la situation allait radicalement changer avec la colonisation effective de l’Ile par la France en 1896. Pour réduire l’avance de ces missions anglaises, le Résident Général Laroche fit promulguer la loi du 9 Mars 1896 autorisant les enfants à changer d’école à la fin de l’année scolaire et rendant l’instruction obligatoire à partir de six ans pour les garçons et pour les filles.

(9) RABEMANAHAKA (J.W), Tantaran’ny Protestanta : FFPM, 80 taona (1913-1993), Antananarivo,1993, p34 13

Le général Gallieni assimilait même la révolte des Menalamba au protestantisme apporté par les Anglais. Le Pasteur Ravelomanana rapporte que le nouveau pouvoir colonial pourchassait les Menalamba accusés de protestants notoires. (1)

Dès lors, l’avenir des écoles protestantes restait bien incertain, d’autant plus qu’en 1897, la mission britannique transférait toutes ses Ecoles à la Mission Protestante Française (M.P.F)10. Celle-ci envoya à Madagascar une mission composée de Missionnaires intrépides et dynamiques pour sauver les établissements protestants en difficulté. Le Pasteur Paul MINAULT faisait partie de cette mission. Et c’est dans cette atmosphère de troubles et d’incertitude qu’une Ecole qui allait porter son nom, avait été créée.

(1) RAVELOMANANA, « Ny Sekolin’ny Protestanta sy ny fampianarana samihafa nataony teto Madagasikara, éd. Salohy, 1968, p.103 14

CHAPITRE II VERS LA CREATION DE L’ECOLE PAUL MINAULT Deux éminents théologiens de la M.P.F, les Français BOEGNER et GERMONT, tous des missionnaires, allaient peser de tout leurs poids au sein de cette Mission pour pousser celle-ci à œuvrer davantage à Madagascar, quelles que soient les difficultés rencontrées. Ils avaient compris la nécessité d’instaurer un enseignement supérieur protestant de qualité dans l’Ile, estimant que le protestantisme rimait avec français après l’élimination des Anglais. Face à la poussée des écoles supérieures catholiques ou des écoles publiques, il fallait, disait – ils, former des auxiliaires efficaces à l’œuvre civilisatrice de la France1. En mission d’inspection dans l’île en 1898, le pasteur BOEGNER, alors Président de la MPF, essaya de convaincre le général Gallieni à agir dans ce sens. Quant au Pasteur Gustave MONDAIN, un ancien de l’Ecole Normale Supérieure, il vint s’installer à Madagascar en 1897, et allait y devenir un des piliers de l’enseignement protestant. En effet, il allait fonder et diriger le Collège Protestant d’Ambatomanga2. Il allait même enseigner à l’Ecole Paul Minault ou y assurer l’intérim du Directeur quand celui-ci allait en congé en France. Il demanda une aide de la MPF pour remettre sur les rails le protestantisme malgache. Les protestants de France dits « Société des Missions Evangéliques » accédèrent à sa demande en envoyant dans l’île un contingent de missionnaires, en Février 1897, qui comprenait les pasteurs DURAND, MONDAIN, GALLAND, MEYER, DELORD, DUCOMMUN, et surtout les deux futurs martyrs, les Pasteurs Benjamin ESCANDE et Paul MINAULT3. 1- Le Réverend Paul Minault devenu martyr Peu de temps après arrivée dans l’île, Benjamin Escande et Paul Minault allaient effectuer à cheval une visite pastorale à . Ce fut en quelque sorte une mission secrète car il ne fallait pas mettre au courant le pouvoir colonial en place peu enclin à la cause du protestantisme. C’est pourquoi les deux missionnaires n’avaient voulu emprunter une route plus passante et voyante à savoir le tracé de la

1 CHAZEL André : « Un aspect de la question scolaire à Tananarive, l’Ecole Paul Minault, Société des Missions Evangeliques, Paris, 1903, p.1,6

2 Dans la région du Vakiniadiana-District de Manjakandriana 3 RAVELOMANANA : « Ny sekolin’ny Protestanta sy ny Fampianarana samihafa nataony teto Madagascar, éd.Salohy, 1968, p.104 15

RN7. Ils préféraient prendre un itinéraire plus discret en allant vers l’Ouest par Arivonimamo, puis . Mais arrivés au niveau d’Ambatondradama (cf.carte) près de Faratsiho, ils allaient être victimes d’une embuscade, le 02 Mai 1897.1

D’autre part, le missionnaire anglican Mac MAHON en compagnie de quelques paroissiens du village de , était allé chercher à Ambatondradama les corps de ces deux missionnaires martyrs pour les enterrer ensuite dans la cour du temple anglican de Ramainandro. Mac MAHON racontait cette action très risquée à ses élèves de l’Ecole Paul Minault quand il y enseignait de 1931 à 1933.

De nombreuses questions furent posées sur les auteurs et les raisons de ce double meurtre. On formulait bien des hypothèses pour tenter d’identifier les véritables meurtriers ainsi que leurs commanditaires. Mais jusqu’à ce jour, le mystère reste sans réponse. Seules les armes utilisées étaient bien connues. Un certain Rainimanga guide accompagnateur des deux missionnaires, raconta qu’il s’agissait de tirs au fusil , que dans leur fuite éperdue après une première série de tirs, les deux pasteurs tombaient un à un, criblés de balles2 Quant aux assassins, le Pasteur RABARY soutenait qu’il s’agissait des guerriers Menalamba hostiles à toute présence française dans l’île, bien que le Révérend Mac Mahon affirmât qu’il n’y avait plus de Menalamba dans cette région de l’Ankaratra en 18983. Il accusait même, sous des formes voilées, les tenants du pouvoir colonial qui défendaient le catholicisme tout en s’opposant au regain de l’influence protestante dans le pays. Pour le Pasteur Gustave Mondain, les meurtriers seraient envoyés par un autre groupement religieux en l’occurrence des catholiques. Mais le vénérable pasteur n’avait pas des preuves tangibles pour soutenir ses affirmations.

1Journal Officiel du 1er janvier 1897. - Ny sakaizan’ny tanora, n°456, « Paul Minault, Janvier 1928 pp.24-25 2 - RAVALITERA Nalisoa , « Kolejy Paul Minault, taloha sy ankehitriny, 1986, p12 Journal des missions de 1897 (pp501-503) 3 Sakaizan’ny tanora n°1044, Février 1981, p n°1159, Jolay 1986, p 3201-3024

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Pour l’histoire, les deux missionnaires étaient devenus de vrais martyrs du protestantisme malgache au même titre que les Rasalama ou Rafaralahy Andriamazoto… Et ce fut en leur souvenir qu’on avait donné leurs noms à deux écoles protestantes : celle d’Ambositra allait désormais porter le nom de Benjamin Escande, tandis que l’Ecole d’Ambohijatovo celui de Paul Minault. (cf.photo page 17)

Ainsi, durant plus de trois quart de siècle, des générations de jeunes Malgaches allaient fréquenter ces deux établissements aussi prestigieux l’un que l’autre. C’est celui de la capitale qui nous intéresse et fait l’objet du présent Mémoire.

2 : Les implantations successives de l’Ecole

Ce fut le 24 Janvier 1901 que l’Ecole Paul Minault fut inaugurée par décision de la Conférence Intermissionnaire des Ecole Protestantes, sur proposition du pasteur BOEGNER1, alors président de la MPF. Mais rien n’était définitif quant au site où allait être construit l’établissement. A son inauguration, l’Ecole se trouvait d’abord à Ambatobevanja, un quartier situé sur le versant occidental de la colline d’Andohalo, entre l’actuel Lycée Gallieni et le temple protestant d’Amboninampamarinana. Les classes étaient installées dans la maison de Rasendranoro, sœur de la reine Ranalona III. Actuellement, il nous est impossible de retrouver les traces de cette maison Toujours était-il qu’elle avait bien abrité les premières classes, provisoirement, puisqu’elle n’était pas faite pour cet usage. Trop exiguë et peu fonctionnelle, elle ne pouvait pas accueillir un effectif d’élèves en constante augmentation. C’est pourquoi, dès le 10 Avril 1901, l’établissement devait quitter Ambatobevanja pour aménager à Antaninandro, plus au Nord, en contrebas de la colline de Faravohitra. Là, le bâtiment utilisé était plus spacieux, mais encore peu fonctionnel pour un effectif d’élèves sans cesse croissant. Bien vite, l’Ecole devait le quitter et devait aménager à Ambondrona, ex-rue Dupleix (actuelle rue Rajaofera), un quartier plus populeux, donc peu accommodant pour la tranquillité des élèves qui avaient besoin de plus de sérénité pour leurs études. Et l’école devait de nouveau quitter ce quartier d’Ambondrona en 1905 pour installer définitivement à Ambohijatovo Nord à l’emplacement même de l’actuel « COLLEGE-

1 ANDRE Chazel “ l’Ecole Paul Minault” , dans journal des missions 1914, p76

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AMBOHIJATOVO-NORD » où l’on avait un espace plus grand, où un certain nombre de bâtiments pouvaient être construits pour les classes plus fonctionnelles et pour l’aménagement d’un internat. L’Ecole devenait « ECOLE PAUL MINAULT, Collège des Missions Evangeliques depuis 1914.1

En effet, nous avons eu un plan établi le 23 Septembre 1905 par le Service de la Voirie de Tananarive et qui autorisait le Directeur de l’Ecole d’Ambohijatovo – Nord, M. André Chazel, de « construire une école, un mur de clôture et un mur de soutènement sur un terrain qu’il possède dans le quartier d’Ambohijatovo ». Propriétés immatriculées sous les noms « Benjamin Escande » R on d’Yon, N°950, « Bethanie » Ron d’Yon n°206, « Paul Minault » Ron Ym N°946 et « Berquin » N Ron Yon N°1219. Ainsi, en 1905, l’Ecole était bâtie sur une vaste esplanade limitée au Nord et à l’Est par une falaise abrupte, au Sud par un sentier qui, actuellement, se trouve juste au dessus du tunnel d’Ambanidia, et qui descend, parsemé par endroits d’escaliers, vers le Super Market. Du côté Ouest, le domaine scolaire était limité par la Rue Gallieni (actuelle Rue Rainandriamampandry) et l’Avenue Labourdonnais (actuelle Rue Ratsimamakitany).

D’après ce plan, l’école et le mur de clôture à construire se trouvaient du côté Nord-Ouest, (marquage en rouge) le long de cette Avenue Labourdonnais, tandis que le mur de soutènement borde une partie du sentier au Sud-Est.

Faisons enfin remarquer que des bâtiments de la Mission Protestante Française se trouvaient déjà à l’époque à côté de ce domaine scolaire de l’Ecole Paul Minault, dans l’angle Nord-Est du plan. Toujours est-il que les deux institutions étaient inséparables dans leurs actions, l’une soutenant l’autre, et qu’elles vivaient côte à côte dans le même quartier, ce qui facilitait leurs relations. Cependant, l’aventure de l’Ecole Paul Minault ne s’arrêtait pas à Ambohijatovo Nord où elle était restée pendant quarante ans. Elle allait quitter ce lieu et émigrer de nouveaux, à environs 200 m de là, à Ambohijatovo – Sud, au point d’aboutissement de l’Avenue Labourdonnais si l’on remonte vers la colline d’Andohalo.

1 RANDRIAMAMONJY Frédéric, Ny fanabeazana nokasaina sy notanterahina tao amin’ny Sekoly Paul (2003), in bulletin Académie Nationale tome 79/1-2, 2001, p26

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L’emplacement exact se trouve à l’heure actuelle, à côté de la Place Claude Ratsarazaka au milieu de laquelle est érigée la stèle commémorant l’assassinat du Colonel Ratsimandrava, et entre les rues Pierre Rapiera et Docteur Raharinosy (voir plan)

Au moment de l’inauguration de ce nouveau bâtiment d’Ambohijatovo – Sud, le Mercredi 02 Mars 1949, l’un des orateurs n’avait pas manqué de souligner, avec une certaine pointe de fierté toute légitime, les avantages obtenus en construisant cette nouvelle école(1)

Il disait en substance : « L’Ecole Paul Minault est l’unique établissement supérieur protestant de Tananarive. Elle comprend maintenant des bâtiments à la fois grands et dignes de sa renommée. Le nombre de pièces est largement suffisant qu’on peut aménager ici l’internat des garçons. L’Ecole Paul Minault n’est pas seulement destinée aux enfants de la capitale mais également à tous les élèves de l’Ile toute entière »2 Une autre révolution allait s’opérer en Mai 1949 dans la vie de l’école, moment au cours duquel elle avait accueilli le premier contingent de jeunes filles. Désormais, l’école devenait un établissement, mixte. Cette mixité traduisait la volonté des responsables de l’établissement et ceux de la Mission Protestante, d’accorder plus de liberté aux jeunes filles. Cela allait dans le sens de la démocratisation de l’enseignement prôné par les lois Jules Ferry, ainsi que dans l’esprit de l’émancipation progressive de la femme. Dans les classes où filles et garçons se côtoyaient, l’émulation était très animée, ce qui améliorait tout naturellement les performances scolaires. S’installer de nouveau à Ambohijatovo-Sud ne voulait pas dire abandonner définitivement Ambohijatovo – Nord. Celui – ci servait encore à l’intendance. En effet, si l’internat des garçons s’installait à Ambohijatovo Sud, celui des filles était resté à Ambohijatovo – Nord.

1 RALAMBOMAHAY « Ny Ecole Paul Minault » , dans Ny Mpamafy Avril 1949. p.173 2 Discours reproduit par NALISOA RAVALITERA « Kolejy Paul .Minault taloha sy ankehitriny 1901 -1986 », Ed. Salohy 1986. p.14

Source : L’auteur

Photo n°2: L’Ecole Paul Minault à Ambohijatovo-Nord,2005 Ce bâtiment, au premier plan, était celui construit en 1905, selon la demande du Directeur André CHAZEL, objet de l’autorisation de construire accordée le 23 Septembre 1905. A l’arrière-plan se trouve le bâtiment réservé à l’internat de jeunes filles. Actuellement, ces bâtiments sont toujours utilisés par le même Collège d’Ambohijatovo-Nord pour accueillir des élèves internes.

Source : Nalisoa RAVALITERA, 1952

Source : L’Auteur, 2005 Photo n°3 : L’Ecole Paul Minault à Ambohijatovo-Sud. Ces anciens bâtiments, aux murs de briques cuites rouges, aux toits en tuiles, évoquent une architecture à la fois médiévale, (présence d’un donjon aux petites ouvertures) et de la Renaissance (toits en V renversé et assez larges ouvertures vitrées). Ces bâtiments en parties réhabilités, se servent actuellement de siège au FFKM ou Fiombonan’ny Fiangonana Kristiana Malagasy. Ils portent le nom symbolique de VOHIPIRAISANA.

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Même si les bâtiments d’Ambohijatovo Sud étaient plus grands et abritait de nombreuses classes (six), une grande salle pour les conférences, des logements de fonction pour le Directeur et le Secrétaire, une bibliothèque et un laboratoire assez fournis pour son temps (cf. annexe), ils ne pouvaient suffire face à l’afflux des élèves qui se bousculaient pour entrer dans cet établissement. Notons que l’effectif s’élevait à 608 en 1977. L’idée fut donc prise de quitter définitivement ces domaines d’Ambohijatovo Nord et Sud en 1977, même si cette idée fut mûrie dès le début des années 70. Ce fut un projet grandiose car il fallait repartir à zéro, acheter un vaste terrain, reconstruire de nouveaux bâtiments, déménager, réaménager. Finalement, un terrain fut trouvé à Androhibe, pour bâtir le nouveau Collège, à environ 7 km du centre-ville, dans la banlieue Nord de la capitale. Le coût total du projet14 était estimé en 1974 à 282 Millions de Fmg, une somme colossale à l’époque qu’il fallait à tout prix trouver de tous côtés. Ce nouveau site est un terrain domanial de 30.460 m² (3ha 4a 60 ca) que la Fédération des Eglises Protestantes ou Fiombonan’ny Fiangonana Protestanta eto Madagasikara avait acheté à l’Etat avec un prix de faveur : 150 fmg / m² au lieu de 1000 Fmg /m2_15 (voir annexe). Mais une difficulté survint : ce terrain était déjà mis en valeur par un habitant d’Androhibe. En compensation de ses efforts, la FFPM lui avait donné une certaine somme pour qu’il cède ce terrain. Mais ses descendants ont refusé cette offre, réclamant la possession pure et simple du terrain. Ce différend est loin d’être résolu à l’heure actuelle bien que le Collège Paul Minault ait régularisé à son nom la situation juridique du terrain avec un titre foncier définitif. Ce terrain peut suffire pour la construction d’un complexe scolaire comprenant : - un bâtiment administratif avec les bureaux du Directeur, des surveillants, une salle de professeurs ; - 20 salles de classes, pour 500 élèves environ ; - une bibliothèque avec une salle de lecture ; - des ateliers d’enseignement technique (laboratoire de physique- chimie) ;

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- des dortoirs pouvant contenir cent pensionnaires ; - des logements de Professeurs assurant en même temps la surveillance et l’éducation des pensionnaires ; - le réfectoire pouvant servir 300 rationnaires, avec ses annexes : cuisine, réserves et logement de cuisiniers ; - une infirmerie ; - des installations sportives : terrains de foot, de basket, de volley

L’étude du berceau de la vie de l’Ecole nous montre que l’Ecole ne dispose d’une infrastructure complète et d’un environnement favorable qu’à partir de 1977, soixante seize années après sa création. (cf. plan page 21)

La grande nouveauté de l’établissement d’Androhibe vient du fait qu’en plus des classes secondaires, des classes maternelles et primaires viennent gonfler les effectifs qui sont à 450. Et depuis 2001, un Institut Supérieur Agro-alimentaire fut créé.

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Tableau N°1 : L’environnement de l’Ecole Paul Minault d’Androhibe. Les différents bâtiments Leur utilisation Remarques a) Les bâtiments Inaugurés en 1977. 1) Bureaux Direction, Secrétaire, SG, Salle des Repeints en 2004. Professeurs. 2) Salles de classe du primaire. Etudes 7 salles de classe pouvant accueillir 100 élèves. 3) Salles de classe des Secondaires (à Etudes 12 salles de classe : Tableau Noir, bancs, étage). au total pour 300 4) Institut Supérieur Protestant de Paul Minault : - Au premier étage : 4 salles. Etudes - Au rez-de-chaussée : laboratoire de Salle spécialisée Ne sont plus dotés d’équipements, non physique-chimie fonctionnel depuis 1996 5) 2 terrains omnisports Basket, Volley Entretenus 6) Terrain de foot. 7) Grande salle Réfectoire, amphithéâtre Pouvant accueillir 300 convives 10) Logements : Logements du Personnel - Au premier étage : 4 chambres administratif : les enseignants, séparées de couloir. surveillants - Rez-de-chaussée : bibliothèque Mieux équipeé en livres 11) Logements : Logements des enseignants - Au premier étage : 5 chambres séparées. - Rez -de-chaussée : infirmerie. b) Bloc internat * Dortoir des filles. - A l’étage : grande salle, salle On avait au total 2 dortoirs, avec 25 d’étude, une petite salle, logement du jeunes filles directeur. - Rez-de-chaussée : logement du personnel enseignant. * Dortoir des garçons. -A l’étage : lingerie, dortoirs pour 29 garçons, 2 chambres, logement d’un enseignant. - Rez-de-chaussée : 2 chambres. * Cuisine. Tous les ustensiles

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CHAPITRE III

UN SOUTIEN MATERIEL ET FINANCIER ASSURE PAR LES MISSIONS PROTESTANTES.

Etablissement confessionnel protestant, l’Ecole Paul Minault bénéficiait depuis sa création d’aides substantielles de tous horizons. Ces aides provenaient de l’étranger ou étaient octroyées par des organisations ou associations locales. Sans ces aides, à la fois matérielles, financières ou techniques, l’Ecole ne pouvait pas vivre ou survivre face aux difficultés croissantes auxquelles elle était confrontée.

1- Les aides étrangères : Avant tout, ce fut la Mission Protestante Française qui était le premier pourvoyeur d’aides de l’Ecole à l’initiative de son président, le Pasteur Alfred BOEGNER. En 1898, comme nous l’avons déjà dit, il était en visite à Madagascar pour inspecter les actions des églises et des écoles protestantes après le départ de la mission britannique en 1897. Par la suite, la MPF s’était impliquée à fond pour soutenir techniquement et financièrement l’établissement : elle envoyait des Enseignants de haut niveau, compétents, pour donner des cours à l’école, même temporairement, tels les Mondain, Bianquis, Lescure, ou Standing pour ne citer que ceux-là. Presque tous les Directeurs qui s’étaient succédés à la tête de l’établissement de 1901 à 1977, étaient proposés ou nommés par la MPF, et étaient assurés de son soutien. Lors de son premier congé en France1, par exemple, le premier directeur, André CHAZEL, avait obtenu 50.000 francs or. Cette somme était le fruit des quêtes obtenues auprès des protestants de France animés par les responsables de la MPF. Elle avait permis, en partie, l’extension des bâtiments d’Ambohijatovo – Nord.

1- RANDRIAMAMONJY Frédéric, « Ny fanabeazana nokasaina sy notanterahina tao amin’ny Sekoly Paul Minault », dans Bulletin Académie Nationale ; tome 79/1-2, 2001/2003), p.26 - MONDAIN « Monsieur André CHAZEL » dans Ny MPAMAFY, Août 1938, pp 14-16. A. CHAZEL, l’Ecole Paul Minault. in journal des Missions, 1914, p.76

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Une autre société française appelée la Société des Missions Evangéliques ou SME ayant sont siège au N° 102 Boulevard Arago à Paris, contribuait également à aider techniquement et financièrement l’Ecole Paul Minault. Une lettre1 du Pasteur Jean BIANQUIS, son Secrétaire Général qui était déjà en mission à Madagascar en 1901 et enseignait les Saintes Ecritures à l’Ecole, avait formulé à l’adresse de son ami André Chazel, des directives précises et détaillées concernant les nouvelles constructions envisagées par ce dernier en vue de créer une section supérieure à l’Ecole. Dans cette lettre, le Pasteur Bianquis transmettait l’opinion du Comité Directeur de la SME sur les points suivants :

- le refus d’autoriser M. Chazel à procéder à construire de nouveaux bâtiments pendant la saison de pluies et sans plan d’ensemble bien établi par un architecte ; - la nécessité de reculer le commencement des travaux pour 1907 ou 1908 afin qu’on puisse recueillir des fonds supplémentaires pour les constructions ; - l’accord du Comité sur l’affectation des fonds destinés à l’Ecole pour la construction de la section supérieure ; - les directives techniques précises et fermes concernant l’exécution des travaux.

En somme, ce fut une longue lettre qui témoignait la ferme volonté de la SME d’accorder une aide substantielle mais utilisée à bon escient. Le Directeur CHAZEL devait respecter à la lettre ces directives même s’il n’était pas chaud pour les appliquer. En plus des aides françaises, d’autres contributions venaient d’Europe, en particulier des Pays-Bas, par l’intermédiaire de trois organisme, suivants : - La Nederlandse Hervormde Kerk, Generale Diakonas Raad basée à Utrecht. Dans les années 60, elle contribuait à verser 20.000 florins au budget du Collège pendant trois ans2 - L’Eglise Réformée des Pays-Bas ou ICCO (International Coordination Committee for Développement Projets). Son Secrétaire général Adjoint, le Docteur Van der POORT, revenu dans son pays après un séjour à Tananarive, avait adressé

1 Archive de l’E.P.M, d’après une lettre datée du 21 Juillet 1905. 2 A.E.P.M. Lettre de remerciement du Directeur Ramasomanana Justin en date du 12 Juin 1967. 24 une lettre1, au Secrétaire général de l’Enseignement Protestant, Hermann RAVELOMANANA, dans laquelle il expliquait en détails la contribution de l’ICCO à la construction du nouveau Collège d’Androhibe. (cf annexe C) Enfin, en plus des aides financières, ces organismes étrangers envoyaient également des Assistants techniques qui enseignaient au Collège Paul Minault dont ils payaient leurs frais de voyage et leurs salaires.

2. les aides locales Elles étaient de deux sortes : celles de l’Eglise Protestante et celles de l’Association des Anciens élèves, sans exclure les aides individuelles et anonymes.

a. la contribution de l’Eglise Protestante : Etablissement protestant, l’Ecole Paul Minault bénéficiait tout naturellement du soutien matériel et financier de la Fédération des Eglises Protestantes de Madagascar. Dans leur budget, les paroisses protestantes réservaient obligatoirement une rubrique indiquant leur part de cotisation pour soutenir l’Ecole Paul Minault(2). A titre d’exemple, voici un tableau montrant la contribution de quelques paroisses de la capitale (3) Dans ce tableau, nous classons les paroisses par ordre croissant suivant l’importance de leur contribution respective :

TABLEAU N° 2 : Des contributions des églises pour l’ECOLE Paul Minault Temple d’Ambatomitsangana………………………………..30 Frs Temple d’Andravoahangy…………………………………....36, 15 Frs Temple d’Ambodifiakarana…………………………………...50Frs Temple d’Anjanahary………………………………………….75Frs Temple d’Andrainarivo………………………………………..75Frs Temple d’Isotry………………………………………………..100Frs Temple d’Ankadimbahoaka………………………………….100Frs Temple d’Andohalo……………………………………………104,30Frs Temple d’Analakely…………………………………………..150Frs Temple d’Amparibe……………………………………………150Frs Temple de Faravohitra………………………………………..158Frs

Source : Ny Mpamafy, Fevrier 1923. Remarque : Le journal ne précisait s’il s’agissait de contributions mensuelles ou annuelles.

(1) A.E.P.M Lettre datée du 21 Décembre 1973 (2) Révérend. J.J JONES, 6ème Rapport de la Conférence Intermissionnaires, 1948, p.45 (3) « La Contribution des paroisses pour l’Ecole Paul Minault », in Ny Mpamafy, Fév 1923, p.100 25

b. la contribution de l’Association des Anciens élèves : Il ne nous apparaît pas encore opportun d’exposer dans cette partie tout ce qui caractérise cette Association son but, son histoire depuis 1945, ses membres ou ses actions précises. Nous en reparlerons en détails dans la 3ème partie de ce Mémoire. Contentons-nous simplement d’évoquer ici que l’Association des Anciens avait accordé à l’Ecole des aides ponctuelles à la demande du Directeur selon les besoins du moment (des manuels par exemple), des aides périodiques(des prix à distribuer aux élèves) ou des aides suivies (comme l’octroi de bourses à l’étranger).1

En définitive, toutes ces formes d’aides étrangères ou locales reçues par l’Ecole Paul Minault constituaient un appoint non négligeable qui lui permettait de subvenir à ses besoins et de pérenniser ses actions, et ce, en plus des écolages que payaient les élèves.

1PATA/Association des anciens élèves de l’Ecole Paul Minault, Nouvelle Imprimerie des arts graphiques, 1976, p.7 26

CONCLUSION

Ainsi, il s’avère qu’au début de la colonisation définitive de Madagascar par la France, le contexte n’était guère favorable pour l’implantation d’une nouvelle école protestante qui allait concurrencer les autres établissements publics ou privés du pays. Mais le premier Directeur, André CHAZEL, par sa ténacité, par son savoir-faire, par son sens des relations, avait su mettre en orbite cette Ecole et la gérer efficacement.

Il importe alors, dans la deuxième partie qui va suivre d’examiner les raisons de sa réussite liées à sa personnalité ainsi qu’aux objectifs qu’il s’était fixé. Pour ce faire, nous retiendrons les trois grandes idées suivantes : en premier lieu le bon choix des objectifs du Collège Paul Minault, puis un personnel administratif et enseignant qualifiés, à la fois trié sur le volet, et enfin l’esprit de famille dans le strict respect de la discipline. 27

DEUXIEME PARTIE

LES RAISONS DE LA REUSSITE DE L’ECOLE PAUL MINAULT D’AMBOHIJATOVO 28

CHAPITRE IV

LES OBJECTIFS DE L’ECOLE PAUL MINAULT

Comme toute institution de formation digne de ce nom qui voulait réussir et pérenniser ses actions, l’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo avait des objectifs précis. Former des futurs citoyens responsables, perpétuer l’école française sans délaisser les valeurs malgaches, forger une élite protestante au service du protestantisme, tels étaient ses véritables objectifs durant ses 77 ans d’existence.

1. Former des citoyens responsables : Au début de l’époque coloniale, le pays avait besoin d’élites qui devaient tenir des postes subalternes dans l’administration. C’étaient des fonctionnaires fidèles qui servaient d’intermédiaires entre les administrateurs coloniaux et la population indigène :des gouverneurs,des sous-gouverneurs,des chefs de canton,des écrivains interprètes,des secrétaires administratifs,mais aussi des instituteurs,des postiers, des infirmiers, des sages-femmes, des médecins de l’ Assistance Médicale Indigène.

Mais il y avait également des cadres dans les entreprises privées des différents secteurs : des comptables, des secrétaires, des responsables du personnel, des gérants…

Dans leurs activités respectives, ces élites malgaches devaient être des citoyens responsables, consciencieux, patriotes, dévoués ; ils devaient obéir aux ordres de leurs chefs hiérarchiques. Les fonctionnaires étaient surtout reconnaissables pour leur tenue de travail ou de cérémonie. Ils inspiraient ainsi respect et confiance aux yeux de la population. A l’Ecole Paul Minault, André CHAZEL, le premier Directeur, en tant que Français et bon diplomate, se conformait à cet objectif du pouvoir colonial former des élites indigènes au service de la colonisation, et ce, pour montrer un visage acceptable pour l’administration coloniale. Sinon, sa mission d’éducateur serait vouée à l’échec s’il se contentait de servir uniquement le protestantisme déjà très mal vu par les nouveaux maîtres du pays acquis au catholicisme.

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C’est pourquoi dans la pratique, CHAZEL avait mis en place des méthodes pédagogiques déjà utilisées dans les anciens « Publics Schools » anglais et qui visaient à forger le sens de responsabilité des élèves. Ces méthodes consistaient à donner plus de place aux études personnelles, à l’autodiscipline et à l’importance de la lecture personnelle qui, selon Krüger, était à la fois « exigée et dirigée »1. Ainsi, les élèves étudiaient seuls dans une grande salle à l’aide des manuels qu’ils auraient préalablement choisis à la bibliothèque, et suivant un programme établi trimestriellement 2 Cette méthode était décrite de la façon suivante : « Chacun se met à son travail. La règle unique de la discipline est la suivante : tout est permis qui ne dérange pas autrui. On peut changer de place, on peut se mettre à deux ou à trois pour discuter ou préparer un devoir difficile. Il n’y a pas d’horaire imposé : chacun étudie à l’heure qui lui convient, la matière qui lui plaît. Une difficulté se présente-t-elle ? On vient demander au professeur une explication. Celui-ci donne au moment opportun quand l’élève éprouve le besoin et le désir de comprendre »3 Cette pédagogie libérale qui annonce déjà la pédagogie nouvelle poussait les élèves à l’autodidaxie progressive, à travailler consciencieusement seuls, à effectuer des recherches personnelles en acceptant une saine émulation au milieu de leurs camarades. L’Ecole Paul Minault contribuait donc dès le départ à la préparation de l’élite indigène. En effet, les élèves préparaient, à l’issue de la 3ème année d’études, les concours d’entrée dans les établissements du 3ème degré comme l’entrée à l’Ecole de Médecine, ou dans la section administrative de l’Ecole Le Myre de Vilers4. Ainsi, dès janvier 1903, 5 élèves sur 22 sont tous reçus au concours d’entrée à l’Ecole de Médecine. Cinq autres élèves étaient reçus parmi les premiers de la section supérieure de l’Ecole Le Myre de Vilers de Mahamasina. Le reste trouve des postes dans différentes administrations de situations satisfaisantes 5

1 KRÜGER, « L’Ecole Paul Minault » dans le Rapport de la 4ème Conférence Intermissionnaire, Tana, 1934, p. 32.

2 IDEM 3 IDEM, p.28 4 A.E.P.M : Rapport de Chazel pour la Conférence de la MPF, 1903. 5 Source : IDEM 30

Par la suite, l’Ecole Paul Minault fournissait un contingent non négligeable de candidats reçus aux divers concours d’entrée dans ces établissements de formation, jusqu’à leur disparition ou au changement de leur statut. Elle rivalisait ainsi les anciennes écoles Régionales du second degré, le Collège Saint Michel ou les Lycées publics existants, tels Gallieni ou Jules Ferry.1 Elle fournissait un lot de cadres compétents dans les établissements de commerce, dans les banques ou dans les industries. La réussite de ses élèves dans divers domaines de la vie assurait à l’Ecole Paul Minault sa bonne réputation dans le pays.

2-Perpétuer l’école française en respectant les valeurs malgaches : Rappelons le but de l’enseignement français 2 instruire et éduquer. Instruire, c’est acquérir des connaissances variées. Eduquer, c’est forger le caractère du futur citoyen responsable et capable. Contrairement au système anglo-saxon, tel l’exemple américain qui prône une plus grande spécialisation, l’enseignement du type français ambitionne de donner un savoir encyclopédique :on apprend un peu de tout aux élèves, même si les matières enseignées ne seront pas directement utilisées dans la vie pratique du futur citoyen. C’est aussi un enseignement de plus en plus démocratique ouvert à tous, aux garçons comme aux filles et aux femmes mais élitiste avec l’instauration du système de concours, comme conséquence une augmentation des déperditions scolaires à tous les niveaux. Toutes ces caractéristiques de l’enseignement français métropolitain étaient appliquées à Madagascar par les « premiers occupants » du pays avec l’emploi systématique de la langue française. En effet, par la circulaire du 05 Octobre 1896, la langue française devait devenir la base de l’enseignement dans tout Madagascar 3

L’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo devait se conformer à toutes ces exigences de l’école française durant son existence, surtout en ce qui concernait l’utilisation du Français. Grâce aux concours des Enseignants Français en fonction

1 CHAZEL : « L’Ecole Paul Minault, un aspect de la question scolaire à Tananarive », Société des Missions Evangéliques, Paris, 1903, p13

2 GAILLARD(J) « Aux racines de l’Ecole de la République » in Le Monde de d’éducation, N° 283, Juillet- Août, 2000, P 22

3 GALLIENI, « Neuf ans à Madagascar », 1908, p.52 31

dans cet établissement et aux manuels de français utilisés, cette maîtrise du Français allait devenir l’une des bases de la réussite des élèves de Paul Minault. André Chazel écrivait : « On s’efforce en particulier de rendre ces jeunes gens non seulement capable de s’exprimer en français, mais de lire avec profit les livres français grâce auxquels ils pourront par eux-mêmes s’initier plus complètement à notre civilisation, les mettre à même de poursuivre avec plus de fruit leurs études, soit dans les Ecoles Supérieures de la colonie, soit même en France » (1). D’ailleurs, il ne pouvait procéder autrement, c'est-à-dire, à contre courant des instructions officielles qui étaient formelles, même si elles changeaient d’une période à une autre. En effet, l’enseignement du français avait connu trois grands changements(23 à Madagascar, à savoir : • le Français comme langue maternelle et langue d’enseignement à l’époque coloniale (1896-1960), tandis que le Malgache avait le statut d’une langue vivante étrangère. . • le Français comme langue seconde à l’époque néocoloniale (1960-1975) et utilisée officiellement au même titre que le Malgache considérée comme langue d’enseignement, surtout dans le Primaire, selon les instructions de l’UNESCO. • le Français comme une langue étrangère (depuis 1975 à nos jours). Comme l’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo avait vécu toutes ces époques, tous ces changements concernant l’enseignement du Français et du Malgache,donc celui-ci n’était pas négligé par les responsables de l’établissement. Ainsi, le Directeur Etienne KRUGER, en place de 1938 à 1948, disait en toute sincérité : « l’enseignement de la langue nationale doit se faire au même niveau que celui des autres langues étrangères. J’encourage tous ceux qui ont le talent à prodiguer cet enseignement. Je donne tort aux étrangers qui sous- estiment votre nation de demain».(3)

(1) Un des ses rapports annuels adressés à la M.P.F, 1902, A.E.P.M (2) BACHIR ADEHAME SOUDJAY et PAUL AUGER, « Madagascar : enseigner une langue étrangère comme une langue d’ouverture internationale, Septembre 1991. (3) Propos rapporté par E.D ANDRIAMALALA dans « Dox sy ny Tononkalo », journal DINGANA N°5, 1970, cité par Nalisoa RAVALITERA, « Kolejy Paul Minault taloha sy ankehitriny 1901-1986, éd.Salohy, 1986, Illustré, p18 32

En somme, le Malgache était bien enseigné à l’Ecole Paul Minault. De grands professeurs y avaient assuré des cours de Malgache très prisés par les élèves, tels les RAVELOJAONA le Pasteur d’Ambohitantely, Henri RANDZAVOLA,Alphonse RAVOAJANAHARY,Andrianony,RANAIVO Benjamin pour ne citer que ceux-là. Mieux, parmi les anciens élèves de Paul Minault sortaient des Malgachisants émérites dans le domaine de la littérature : Prosper .RAJAOBELINA, Samuel RANDRIA, Jean NARIVONY, Nalisoa RAVALITERA, Georges ANDRIAMANANTENA (Rado), RAZAKANDRAINY Dox, Frédéric et Esther RANDRIAMAMONJY… Le second objectif de l’Ecole était largement atteint.

3. Former des élites protestantes « …La Mission doit former l’élite des églises et par conséquent participe à la formation de l’élite du peuple »1. Ce fut le dernier objectif, et non des moindres, que l’Ecole Paul Minault s’était fixé depuis sa création. L’école privée confessionnelle devait privilégier l’éducation chrétienne, sous-entendu, l’éducation protestante. Son ambition était de tenir la dragée haute face à la poussée de l’enseignement catholique de la ville, ou dans les autres villes de province : à Antsirabe (Saint- Joseph), à Fianarantsoa (Saint François Xavier), à Diégo, ou à Majunga. On suppose que l’Ecole traite les mêmes matières d’enseignement général que celles dispensées dans les Ecoles Officielles à partir du 1931. L’enseignement des Saintes Ecritures était assuré par de grands théologiens protestants à savoir les missionnaires : Alfred BOEGNER, Gustave MONDAIN, Rey LESCURE, Jean BIANQUIS,HALLANGER, Pasteur RAVELOJAONA… De temps en temps, des prédicateurs de talent donnaient à l’Ecole Paul Minault des conférences appréciées, tels les Pasteurs Charles BONZON, Lucien PEYROT, TISSOT, LEW, Richard ANDRIAMANJATO… Des séances matinales de culte étaient organisées pour chaque classe. Et chaque semaine, il y avait des cultes collectifs le jeudi matin,organisés à tour de rôle par chaque classe sous la direction des Professeurs. Les résultats de cet enseignement protestant étaient prévisibles et attendu ; la plupart des élèves à la sortie de l’Ecole Paul Minault, devenaient des serviteurs dévoués de l’Eglise protestante. Ils constituaient les éléments laïcs très actifs des

1 KRÜGER, « L’Ecole Paul Minault » dans le Rapport de la 4èmeConférence Intermissionnaire, Tananarive, 1934, p.30. 33 mouvements ou associations protestants : jeunesse étudiante chrétienne (MPIKRIMA ou Mpianatra Kristianina Malagasy), mouvements scouts (Tily ou Mpanazava),… Un grand nombre de fonctionnaires, des gens de professions libérales sortis de Paul Minault sont devenus membres de la Sainte Cène ou des Diacres dans les nombreuses paroisses de l’Ile. Certains anciens élèves ont même embrassé la carrière pastorale, à l’exemple des pasteurs Daniel RALIBERA, Lucien RAKOTONIRAINY ou RAMINO Paul pour ne citer que ceux-là. 34

CHAPITRE V

LE CHOIX D’UN PERSONNEL QUALIFIE

Sans un personnel enseignant ou d’encadrement qualifié, tout enseignement public, libre ou confessionnel, est voué, tôt au tard, à un échec. C’est pourquoi les prometteurs de l’Ecole Paul Minault avaient érigé en règles d’or les trois principes fondamentaux suivants : • une sévère sélection du Personnel administratif ou enseignant, • une polyvalence limitée des Enseignants ; • la pérennisation des expériences. Nous essayerons de montrer dans ce chapitre les avantages de ces trois principes tel que l’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo les avait appliqués.

1. Une sévère sélection du personnel administratif et enseignant : Cette sélection ne se faisait pas au hasard. Elle devait avoir l’aval des instances supérieures de l’Eglise protestante et par celui du Service public de l’Enseignement. Nous présentons d’abord ce mode de recrutement avant de reproduire la liste des Directeurs successifs ayant présidé à la destinée de cette Ecole depuis sa création jusqu’à ce jour. Le succès des actions pédagogiques dépend donc d’un appareil administratif efficace et des responsables professionnellement qualifiés et consciencieux.

1.1. Le mode de recrutement du Personnel : Avant tout, les organes dirigeants de l’Eglise Protestante y tenaient un rôle fondamental, à savoir la MPF et plus tard la F.F.P.M.

1.1.a. le rôle de la MPF1: était fondamental dans la vie de cet établissement. Elle avait, au début, décidé sa création, ses implantations successives, précisé ses objectifs, désigné le premier Directeur et ses proches collaborateurs. Elle participait au financement de l’Ecole et donnait son avis sur toutes les questions d’organisation, de fonctionnement ou d’orientation à prendre.

1 Dans le rapport de la troisième Conférence Intermissionnaire avec les annexes des précédentes conférences, Tana, 1926, p.2. 35

Concernant le recrutement du Personnel, elle avait toujours décidé, l’acceptait ou refusait.

1.1.b. le rôle de la FFPM Cette Fédération des Eglises Protestantes de Madagascar avait vu le jour à la première Conférence Intermissionnaire qui se tenait à Tananarive en Octobre 1913. Cette Conférence avait réuni 7 Sociétés de Missions protestantes(1), y comprise la MPF dont le Directeur adjoint D.COUVE, venu de Paris, avait présidé cette première Conférence Intermissionnaire.

Par la suite, la FFPM tenait à organiser des Conférences Intermissionnaires périodiques, presque tous les sept ans ou selon les circonstances et les besoins de la Fédération. Pendant ses Conférences, la FFPM examinaient tous les problèmes du protestantisme malgache ceux, des Ecoles protestantes, des Associations existant en son sein, des Foyers (Foyer Avoko de Faravohitra, et d’Ambohidratrimo…). La FFPM s’occupe actuellement du centre de Formation Chrétienne d’Ilafy ou FOFIKRI, de l’Aumônerie Protestante Universitaire…Même si la FFPM ne comprend plus, à partir du 1968, que deux églises protestantes, la FJKM et la FLM(2), elle reste une réalité bien vivante. Elle siège à « Vohipiraisana », nom qui désigne actuellement l’ancienne Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo-Sud. Son secrétaire général fait partie du Comité Directeur de cet établissement et de ce fait, prend part à la désignation du Directeur de l’Ecole. D’ailleurs, d’après le règlement adopté par le FFPM, ce Directeur doit être proposé à tour de rôle par la FJKM ou la FLM. 1.1.c. Le rôle du Comité Directeur de l’Ecole : D’abord, ce Comité comprend les membres suivants : • le Directeur de l’Ecole • 4 Représentants de FLM (tous des Pasteurs)

1 Ces 7 sociétés de Mission étaient : - London Missionary Society (Mission de Londres)………………………………..LMS - Society for the Propagation of the Gospel (Mission anglicane)...... SPG - Norvegian Misssionary Society (Mission Luthérienne Norvégienne)...... NMS - Friends Foreign Mission Association (Mission des Quakers)...... FFMA - Mission Protestante Française / Société des Missions Evangéliques…….……….MPF - United Lutheran Church of America (Mission américaine de Fort-Dauphin)....….MLA - Américan Lutheran Board of Missions (Mission Américaine de Manasoa)...... LBM (2) RABEMANAHAKA (J.W), « Tantaran’ny Protestanta : FFPM, 80 taona (1913-1993), Antananarivo1993, pp61-69 36

• 4 Représentants du FJKM encore des Pasteurs • Le Secrétaire Général de la FFPM • 1 Représentant des Professeurs • 1 Membre de l’Administration de l’Ecole • le Secrétaire Général de la FLM ou le Secrétaire Général de la FJKM Donc, il n’y a plus de représentant des parents d’élèves, ni de l’Association des Anciens élèves alors que ces derniers faisaient auparavant partie de ce Comité. Concernant le recrutement du Personnel administratif et enseignant, le Comité Directeur est sollicité par le Directeur en exercice pour donner son avis. Un personnel administratif restreint et dont les membres ont des attributions bien définies et bien coordonnées, contribue à rendre fonctionnelle l’organisation de l’Ecole. En 1971, 12 membres du personnel administratif assurent les différentes responsabilités pour 369 élèves 1 (cf. Annexe ) 1.1.d. Le rôle du Directeur de l’Ecole Comme il s’occupe de la gestion de l’établissement, il assure en même temps les relations entre l’Ecole et le FFPM. Il se charge des correspondances administratives de l’Ecole. Il transmet les propositions de nomination ou de défection du personnel au Service Provincial de l’Enseignement qui, par Arrêté, les accepte ou les refusait selon des conditions bien précises qu’il faut remplir : le niveau des diplômes, l’état de santé, la situation judiciaire, le certificat de bonne vie et de bonnes mœurs 2 (cf. Annexe ) Il se charge aussi de l’orientation morale des élèves. A cet effet il fait périodiquement des rassemblements au cours desquels il fait passer des instructions des informations, des messages de bonne conduite Par cette éducation morale même sociale, nous constatons que l’Ecole Paul Minault s’est souciée de former vraiment des hommes et citoyens. Selon les témoignages des anciens élèves, en 1971 le Secrétaire assurait à la fois le secrétariat et l’économat. Il régit les questions matérielles et pécuniaires et s’occupait de l’administration du personnel subalterne. La Directrice d’internat et les moniteurs s’occupaient de l’application de la discipline.

1 cf. Liste nominative du personnel, Archives de l’Ecole Paul Minaul 2 Lettres administratives,…A.E.P.M 37

En somme, le choix du recrutement du Personnel administratif ou Enseignant de l’Ecole était sévère, en particulier celui du Directeur, car la destinée de l’Etablissement dépendait, en grande partie de lui.

1.2. Les Directeurs successifs :

Tableau N°3 les Directeurs successifs

1901 -1924 : André François Emilien CHAZEL 1924 -1925 : Gustave MONDAIN Avril 1925 – mai 1925 : Mme QUETIN DUPRE 1925 – 1929 : LIPP 1929 -1931 : Gustave MONDAIN 1931 -1932 : William LODS 1932 -1938 : Etienne KRÜGER 1938 – 1940 : William LODS 1940 – 1948 : Etienne KRÜGER 1948 – 1951 : Mme GALLISSOT 1951 – 1952 : Etienne KRÜGER 1952 – 1955 : Paul ENGEL 1955 – 1962 : William LODS Intérim de : Mlle Hélène Marguerite HARLE Juillet 1962-1963 : Justin RAMASOMANANA Nov. 1963 – 1966 : Frédéric RANDRIAMAMONJY 1966 – 1977 : Justin RAMASOMANANA 1977 – 1991 : Ammi RASOANINDRAINY 1991 … Gilbert RANAIVO Source : Les Arrêtés du Service de l’Enseignement de Tananarive A.E.P.M

Faute de documents sur la biographie de chacun de ces Directeurs, nous ne pouvons pas retracer leur portrait respectif ni parler de leur œuvre qu’ils ont laissée Certains parmi eux étaient revenus deux fois au poste (Mondain, Ramasomanana), d’autres trois fois même (Lods, Krüger), ce qui témoigne de la grande confiance que la M.P.F. et la conférence Intermissionnaire avaient placé en eux. Le changement intervenu à la tête de la direction de l’Ecole était un événement historique. Effectivement, à partir de 1962, la direction était confiée à des Malgaches. Ils étaient tous des anciens élèves de l’Ecole. Seul Justin RAMASOMANANA, qui a tant fait pour le transfert de l’Ecole à Androhibe, n’est plus de ce monde. 38

RANDRIAMAMONJY Frédéric1 n’est resté que 3 ans à la tête de l’établissement, et ce à son grand regret, puisqu’il a été vivement sollicité par le Ministre des Affaires culturelles Laurent BOTOKEKY pour enseigner à l’INRPF (a) à cause de sa compétence2. (cf Annexe ) Il fera davantage la fierté de l’Ecole Paul Minault en tant que diplomate, Ambassadeur à Moscou, et homme de Lettres avec sa femme Esther RANDRIAMAMONJY, également une ancienne élève de Paul Minault.

Quant à Ammi RASOANINDRAINY, il a inauguré la direction du Collège à Androhibe. Pendant 14 ans, il a tout fait pour redorer le blason de l’établissement. Que ce vénérable Directeur jouisse maintenant d’une retraite bien méritée. Quant à RANAIVO Gilbert, en poste depuis 15ans, il s’investit pour garder le cap.

Enfin, à tout Seigneur, tout honneur ! Nous tenons à faire une exception à l’endroit du premier Directeur, feu ANDRE CHAZEL, le pionnier de l’Eglise Protestante dans le domaine de l’éducation (3). Il est diplômé de Licence – ès – Lettres (cf Annexe G) Rappelons-le, il était envoyé par la MPF à Madagascar en 1898 pour s’occuper des écoles protestantes dans la région de Fianarantsoa. Il fut de nouveau affecté à Tananarive pour y créer une « Ecole Supérieure Indigène de garçons » et qui devait porter le nom du missionnaire-martyr, Paul Minault. Il s’attela à la tâche, pendant 23ans, avec toute son énergie et son savoir-faire jusqu’à sa mort survenue le 05 Mai 1938. L’Ecole garde de lui le souvenir ému d’un chrétien fervent, d’un pédagogue et d’un humaniste au grand cœur dévouée à la cause de la jeunesse malgache. (4)

2. La polyvalence limitée des Enseignants : Une liste des Professeurs avec cadre et ancienneté de service en 1974 a montré l’existence de 7 professeurs certifiés, 9 Professeurs licenciés, 1 agrégé. Ainsi les Enseignants de l’Ecole sont des enseignants qualifiés d’une large culture.

1 Premier Malgache Docteur de 3ème Cycle en Sciences Naturelles 2 Lettre du Ministre N°1343 / AC SA.6 du 19 Janvier 1966 A.E.P.M INRFP : l’ancêtre de l’Ecole Normale Supérieure– Ampefiloha (3) MONDAIN « André CHAZEL », in NY MPAMAFY, Août 1938, pp 14-16 (4) In Journal FIAINANA, Juillet 1938, pp222-224

39

En plus, ils sont polyvalents. Pour un établissement privé qui veut limiter le nombre d’enseignants, la polyvalence présente l’avantage de restreindre les dépenses liées aux salaires. A l’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo les enseignants étaient polyvalents à deux ou à trois matières. Cette polyvalence limitée présente ainsi l’avantage d’économiser des heures de travail. Un Professeur polyvalent à deux ou à trois matières pourra se consacrer davantage à la recherche, aux échanges d’idées avec les élèves. Il pourra adopter comme méthode de travail la pédagogie différenciée qui consiste à suivre de près l’effort de chaque élève. Il peut ainsi le guider, redresser ses erreurs, relever ses lacunes ou encourager ses efforts. Si le professeur est rémunéré par heure et par matière enseignée, le Professeur polyvalent gagne plus qu’un Professeur spécialisé à une seule matière. Il est donc plus motivé30 dans l’accomplissement de son travail. (cf. Annexe)

A l’Ecole Paul Minault, la polyvalence limitée était recommandée, sinon exigée, pour le recrutement des responsables administratifs. Pour ne citer que quelques exemples pris au hasard car il est fastidieux d’établir ici une liste complète, prenons en premier lieu le cas de Chazel. En tant que Directeur, il était à la fois Professeur de Philosophie, d’Histoire et de Littérature française. Le pasteur Gustave Mondain, agrégé de l’Ecole Normale Supérieure, enseignait également les Sciences et les Saintes Ecritures tout en assurant la direction de l’Ecole. Il en était de même du Directeur Justin RAMASOMANANA qui enseignait en même temps le latin et les Mathématiques. Quant à M. RATOLOJANAHARY, le respectueux Surveillant d’Internat, il assurait en même temps des cours de Malgaches, d’Histoire et d’Arts en général. (1)

Du côté des Enseignants, leur polyvalence était tout aussi remarquable quand souvent ils enseignaient des matières opposées, à la fois littéraires et scientifiques. Dans les années 60, pour être plus près de nous, Jean François HENOUARD enseignait également les mathématiques, l’Histoire et le Français…

(1) Nalisoa RAVALITERA, « Kolejy Paul Minault taloha sy ankehitriny 1901-1986, éd. Salohy, p 85. Propos confirmés par les enquêtes menées auprès des anciens-élèves 40

En définitive, cette polyvalence limitée des Responsables administratifs et des Enseignants était un des facteurs de réussite pour l’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo.

3. La pérennisation des expériences : C’était l’un des éléments qui expliquait la réussite de l’ancienne Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo. Il y avait une continuation des actions qui se transmettaient d’une génération d’élèves ou de responsables à une autre. Ces actions venaient surtout de l’Association des anciens élèves, très active dans le temps.

3.1. Des anciens élèves devenus responsables de l’Ecole : Nous pensons surtout aux trois premiers directeurs Malgaches qui se sont succédés à partir de 1962. Ayant pris la relève des Français, ils étaient tour à tour animés de la ferme volonté de réussir, sinon plus, jamais moins, que leurs Maîtres. Les bonnes, méthodes de gouvernance que ces derniers avaient appliquées, ils les retenaient, les appliquaient à leur tour en les améliorant, en les actualisant. C’était le cas pour le travail personnel ou en groupe jugé toujours bénéfique pour l’acquisition des connaissances. Les activités au sein l’établissement, les multiples activités péries et post scolaires qui entretenaient l’esprit de famille étaient gardées, sinon améliorées. Quant à la discipline, ces héritiers devenus responsables continuaient de les appliquer avec fermeté ou souplesse selon les circonstances. En somme, la relève était assurée, et la réputation de l’Ecole était sauvegardée.

3.2. Des anciens élèves devenus des Enseignants à l’Ecole : Ils étaient nombreux dans cette situation pour diverses raisons 1 : l’assurance d’avoir trouvé un travail dans un établissement qui leur était si familier, d’où la joie d’y retourner ; la fierté de pouvoir transmettre leur savoir qui les admiraient, la reconnaissance envers leurs anciens Enseignants et qui se traduit par le bonheur de se mettre à leur place. Au risque d’être partial envers les uns et les autres, nous nous gardons de citer des noms de ces anciens élèves devenus à leur tour des Professeurs dans leur ancienne école. Dans leur discipline respective, ils s’efforçaient d’appliquer les mêmes procédés pédagogiques, la méthode active, que

1 Témoignage d’un ancien Directeur de l’Ecole Paul Minault. 41 leurs anciens Professeurs. Mieux, ils cherchaient à les améliorer afin d’obtenir de bons résultats. Ils appliquaient la discipline avec tact, au besoin d’une façon sévère mais sans méchanceté. Ils entretenaient une bonne relation avec les élèves grâce aux nombreuses activités auxquelles ils prenaient une part active, toujours dans le but d’entretenir l’esprit de famille au sein de l’établissement. Ils avaient conscience que celui-ci devait rester une école de vie et jamais une prison 1 Cette transmission du flambeau, l’Ecole la devait également à l’Association des anciens élèves devenue très active à un moment donné de son histoire.

3.3. La contribution de l’Association des Anciens : 3.3. a. Historique : « Ny Maintimolaly » ou l’Association des anciens élèves de l’Ecole Paul Minault fut fondée pour la première fois en 1945 suivant l’autorisation du Directeur Etienne KRÜGER. Mais bien vite, à cause des événements vécus par le pays en 1947, l’Association était mise en veilleuse jusqu’en 1953, date à partir de laquelle on avait modifié son statut. Une autre amélioration de ce statut, prise par l’assemblée générale extraordinaire des membres, allait encore intervenir à la fin du mois de Janvier 1971(2) Parmi les fondateurs de l’Association, il est difficile d’oublier Prosper RAJAOBELINA, homme de lettres devenu diplomate (3), et premier Président, Arsène RASOLDIER (Vice-Président), Charles RAVOAJANAHARY (Secrétaire) ou RAMANANDRAIBE. Après le transfert de l’Ecole à Androhibe en 1977, l’Association était présidée par M. RAMAROSAONA devenu membre d’office du Comité Directeur, l’organe qui dirigeait l’établissement.

3.3. b. Les membres de l’Association : Les membres actifs étaient naturellement les anciens élèves de Paul Minault, qu’ils travaillaient à l’Ecole ou ailleurs. Ils payaient une cotisation modique de 200Frs (4). Puis venaient les amis de Paul Minault, c'est-à-dire les personnes qui s’intéressaient à elle, voulaient la soutenir en payant une cotisation annuelle de 500 Frs. De même, les membres d’honneur comprenaient les personnes influentes qui

1 Témoignages des anciens élèves 2 PATA / Association des anciens élèves de l’E.P.M, Nouvelle Imprimerie des arts graphiques, 1976, p.6 (3) Ambassadeur à Addis-Abeba auprès de l’OUA (4) 1FCFA : Unité monétaire de l’époque coloniale, en usage dans la Communauté Française d’Afrique 42 désiraient aider l’Ecole, et versaient au moins 2000Frs de cotisation par an. Enfin, il existait des membres de bienfaiteurs qui soutenaient l’Association en payant une cotisation annuelle de 5000 Frs en plus d’autres dons qu’ils pouvaient généreusement lui accorder. 3.3. c. Le but de l’Association L’Association avait un double but : d’abord s’entr’aider entres les membres tout en essayant de raviver leur esprit de camaraderie né à l’Ecole, puis aider l’école, matériellement ou moralement. L’article 5 du statut modifié du 21 Mars 1953 précise que pour atteindre ce double but, « l’association organise des réunions, des conférences des promenades, des cercles d’études ou de réflexions, des quêtes ou toutes autres manifestations et, éventuellement, la publication d’un journal ou d’une revue » Dans la pratique, les membres devraient faire preuve de dynamisme, de débrouillardise, et de solidarité. Même éparpillés dans le monde ou à travers l’île, les membres cherchaient toujours à garder le contact entre eux. 3.3.d. Les actions de l’Association : Faute de documents écrits plus variés, il nous est difficile de présenter une liste détaillée des œuvres entreprises par l’Association des Anciens de Paul Minault depuis sa création jusqu’à ce jour. Seuls leur publication (33) ainsi que l’ouvrage de Nalisoa RAVALITERA(2)en donnent un petit aperçu. Malgré la mise en veilleuse de l’Association pendant quelques années, elle ne cessait de réaliser son double but. Ainsi, concernant la volonté de garder le contact entre les anciens, ceux-ci organisaient presque tous les ans des rencontres amicales autour d’un pot au domicile du Président RAMAROSON à Isoraka. « Ambiance chaude de retrouvailles au cours desquels on évoquait de nombreux souvenirs de l’Ecole par des blagues, des récits humouristiques, des danses … »(3) (cf photo page 42’ en bas). L’on se plaisait parfois à mettre la tenue que l’on portait lors des fêtes ou des cérémonies officielles (cf. photo page 42’, en haut). Leurs tenues étaient un mélange attirant de costume européen et de tenue typiquement malgache que l’on mettait lors du défilé du 14 Juillet, fête devenue nationale dans les colonies

(1) PATA : Association des anciens élèves de l’E.P.M ; Nouvelle Imprimerie des arts graphiques, 1976, p.6. (2) RAVALITERA (N) : « Kolejy Paul Minault taloha sy ankehitriny : 1901-1986, éd.Salohy p.40 (3) IDEM, p.40

43 comme en Métropole. Les anciens tenaient par plaisir à arborer de nouveau cette tenue lors de leurs retrouvailles au cours desquelles l’on prenait des propositions sur les actions à entreprendre au bénéfice de l’Ecole. Ces propositions seront soumises à l’assemblée générale de tous les membres pour être adoptées définitivement.

En effet, pour le soutien matériel et moral à l’Ecole, l’Association n’avait cessé d’accomplir trois types d’actions : • des actions ponctuelles : quand la direction de l’Ecole communiquait à l’Associations un besoin urgent en matériel qui allait rester à l’Ecole : un équipement mobilier, des appareils de laboratoires, des manuels de classe pour la bibliothèque… • des aides périodiques : qui se renouvelaient presque tous les ans, par exemple des livres pour la distribution des prix, certaines sommes d’argent pour les camps de travail ou les colonies de vacances. • Des aides suivies intéressaient l’octroi de bourses de voyages à l’étranger, le paiement des écolages des élèves méritants mais de famille en difficulté. C’est ainsi que l’Association avait pris en charge les frais de séjour, pendant 5 ans, du Professeur MINJLIEFF (en 1974) qui avait enseigné à l’Ecole.

Enfin, quand on s’était aperçu de l’exiguïté ou de la vetusté des bâtiments d’Ambohijatovo Sud, et face à l’augmentation progressive des effectifs, la décision était prise au début des années 70 de construire une Ecole à Androhibe. Sans hésiter, l’Association avait appuyé cette idée. Elle avait pris une part non négligeable pour la réalisation de ce nouveau complexe d’Androhibe. 44

CHAPITRE VI

ENTRETENIR EN PERMANENCE UN ESPRIT DE FAMILLE

C’est, d’après nous, l’un des éléments originaux qui se trouvent à la base de la réussite à l’Ecole Paul Minault. Il suscite en effet la cohésion dans l’effort collectif, entretient une émulation saine, tout en faisant respecter la discipline de groupe. C’est dans ce dernier chapitre de la deuxième partie de ce Mémoire que nous allons développer successivement les points suivants : • le respect de la discipline ; • les activités au sein de l’Ecole, • les activités extra-scolaires. « ETRE PATA d’un jour, être PATA pour toujours »1, c’est dans ce chapitre que nous allons élucider l’origine et la portée de ce slogan devenu légendaire et attachant.

1. Le strict respect de la discipline Pour mieux clarifier cette idée, il nous faut présenter d’abord les principaux caractères de la discipline appliquée à l’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo, avant de développer ses applications aux différentes entités ayant existé au sein de cet établissement. Le leader chinois, MAO TSE TOUNG disait que « pour éviter la guerre, il faut commencer par définir le mot ». Pour simplifier au maximum, nous prenons la définition du Petit Larousse qui dit que : « la discipline est l’ensemble des obligations qui règlent la vie dans un groupe ». Pris dans ce sens, la discipline adoptée par l’ancienne Ecole Paul Minault avait des aspects particuliers, qu’elle n’était pas non plus la même à différentes époques, aussi bien pour les élèves que pour le personnel enseignant et administratif.

1.1. Les aspects particuliers de cette discipline : C’est avant tout une discipline qui régit la vie d’une Ecole chrétienne et protestante. Dès le départ, elle était élaborée et adoptée en respectant cet objectif fondamental de l’établissement qui voulait une instruction et une éducation

1 RAVALITERA (N), « Kolejy Paul M. taloha sy ankehitriny 1901-1986, Ed. Salohy, 1986, p.30 45 respectant les préceptes de la religion protestante. Jusqu’à ce jour, cette discipline n’a pas dévié de ce but.

C’est aussi une discipline souple à caractère évolutif. Selon les souvenirs vécus des anciens élèves. En effet, il ne s’agit pas d’une discipline militaire, rigide, du type spartiate, mais d’un règlement qui s’adapte à toutes les circonstances et selon l’étendue du groupe qui l’adopte à diverses époques de la vie de l’Ecole. Il est clair que la discipline appliquée dès 1901 par M. CHAZEL, pour ses 22 élèves externes 1, n’était pas la même que la discipline appliquée en 1949 avec l’arrivée des premières jeunes filles internes dont le nombre était 13 sur 110.2 De même la discipline en vigueur actuellement à Androhibe pour environ 450 élèves n’est plus la même que celle appliquée pendant les dernières années scolaires passées à Ambohijatovo-Sud

Seulement, nous n’avons trouvé aucune trace écrite de ces différentes disciplines. Seules les enquêtes effectuées auprès de quelques anciens élèves nous ont permis de constater qu’elles existaient bel et bien, qu’elles concernaient des obligations pour les élèves d’une part, que pour les Enseignants d’autre part.

1.2 La discipline pour les élèves Elle présentait les prescriptions suivantes : • La bonne conduite chrétienne : - Obligation de suivre les cours sur les Saintes Ecritures, d’être présent au culte matinal dans chaque classe ou au culte hebdomadaire collectif du mercredi ou du jeudi selon l’emploi du temps. - Etre de bonne vie et de bonnes mœurs : l’interdiction de fumer ou de boire de l’alcool, de porter atteinte à la pudeur, de proférer des injures, de s’adonner aux jeux d’argent dans l’enceinte de l’école. • Des obligations de tous genres: - Eviter les absences non motivées - Payer régulièrement les écolages. - Participer aux activités culturelles et sportives. - Participer aux activités péri et para scolaires.

1 A.E.P.M Rapport de CHAZEL pour la conférence de la MPF en 1903 2 LALLISSOT (1), « ECOLE PAUL MINAULT, fidirana Octobre 1949 », dans Ny Mpamafy, Novembre 1949. 46

- Apprendre ses leçons et faire ses devoirs à temps. • Des sanctions : - L’interdiction d’entrer en classe après une heure de retard et faire venir les parents auprès de la Direction. - L’exclusion temporaire. - La mise à pied définitive après délibération du conseil de discipline. Ce que nous pouvons retenir de ces règlements scolaires, c’est qu’ils visent toujours à former des futurs citoyens responsables et également disciplinés dans leur travail d’adulte.

1.3. la discipline pour les Enseignants : Elle concerne :

1.3.1.La bonne conduite et les bonnes mœurs : dans la droite ligne de la vie chrétienne - Recrutés de préférence en tant que Protestants déjà diacres ou membres de la Sainte Cène ou aspirant à le devenir - S’engager à se conduire en bons Protestants dans la façon de parler, de s’habiller et de se comporter. Donc éviter les médisances, les calomnies ; ne jamais discréditer un collège en face des élèves -Eviter de fumer en classe ou d’y être soûl.

1.3.2.) Le respect des obligations professionnelles : - Mettre à jour ses préparations. - Etre ponctuel. - Diriger le culte matinal en classe. - Punir les élèves indisciplinés. - Faire régner l’ordre dans les classes. - Organiser deux ou trois tests pour chaque classe, en plus des examens trimestriels. - Etre présent aux Conseils de classe ou aux délibérations. - Prendre une part active aux travaux du Conseil Pédagogique d’Établissement (CPE). - Participer éventuellement au Conseil de Discipline

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1.3.3. La vie de relations envers les autres collègues en cas de naissances, de décès, de maladies selon un « fehim-pihavanana » typiquement malgache, et cela fait l’objet d’un règlement particulier.

En somme, tout ce qui peut gêner la bonne marche des études ne trouve pas sa place dans l’organisation de l’école, comme l’atteste l’emploi du temps. (cf. Annexe I) Ainsi une discipline souple dans son application mais sévère en théorie permettant aux élèves d’être consciencieux, d’acquérir de bonnes habitudes (à savoir le sens de la discipline, la ponctualité, la persévérance, l’esprit de corps) constitue les gages de réussite des élèves. Elle obligeait enfin les élèves et les Enseignants à prendre part aux diverses activités organisées au sein de l’établissement. En effet, les élèves n’étaient pas associés à la gestion ni à l’administration de l’Ecole.

2. Les activités culturelles et sportives : Ces activités étaient prévues et rendues obligatoires par la discipline générale de l’école. Elles étaient inscrite dans l’emploi du temps de chaque classe. Nous retenons essentiellement les séances de culte journalier ou hebdomadaire, les sports de loisir ou de compétition en dehors des cours de gym, le journalisme, la chorale et le théâtre. Ces activités permettaient aux élèves de l’Ecole Paul Minault d’avoir le sentiment d’appartenir à une même grande famille.

2.1. L’union sacrée dans le culte : Comme l’Ecole avait un caractère confessionnel, le culte occupait une place privilégiée dans l’emploi du temps de chaque classe ainsi que pour l’ensemble de l’établissement. Pendant la première heure de la journée, on organisait un culte matinal de 25 minutes avant de commencer le premier cours. Le Directeur assurait ce culte, le dirigeait ou laissait un professeur désigné à tour de rôle s’en occuper. Ce fut un moment d’intense piété. Les cantiques, la lecture d’un passage de la Bible, les prières s’alternaient. Puis, il y avait l’organisation de cultes collectifs, chaque mercredi matin pour les classes du 1er Cycle (6è en 3è), et le jeudi matin pour le second Cycle (de la Seconde en Terminales). 48

Dans la grande salle où l’on organisait ces cultes collectifs était écrit en bonne place un slogan tiré du livre de Saint Mathieu 633 disant : « cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ». La seule lecture de ce slogan, une fois qu’on pénétrait dans la salle, donnait à la séance un caractère solennel, poussait indirectement les élèves à respecter l’ordre et le silence. Au fil des années, afin d’éviter certaine routine, l’administration de l’Ecole confiait la direction du culte, à tour de rôle, à une classe donnée. Les élèves responsables faisaient alors preuve d’ingéniosité, de savoir-faire, d’invention pour rendre ces cultes plus originaux. Par exemple, ils les meublaient de poèmes ou de chants de leur propre invention, ou de chants spécifiques des autres confessions apportées par les élèves non protestants de l’établissement. Des transformations1 ont été apportées à ces chants sur les paroles, le rythme suivant les règles du solfège malgache que les élèves avaient appris à maîtriser. Ainsi, des chants religieux bien connus, tels : « Masoko manganohano », « Lavitra akaiky », « Mpivahiny » avaient trouvé des arrangements originaux grâce à des « play-back » ou cassettes pré-enregistrées. De même, les « Negro Spirituals » étaient interprétés au cours de ces cultes collectifs, puis diffusés pour la première fois à Madagascar par les élèves de Paul Minault d’Ambohijatovo.

Pour les cultes hebdomadaires, ils duraient environ 45 minutes et comprenaient, en plus de la lecture des passages de la bible, des chants, des poèmes, des prières, une omélie. Parfois, pour celle-ci, on faisait appel au service d’un prédicateur de renom dont la seule présence physique enthousiasmait les élèves et dont l’art oratoire enflammait la foi. Les pasteurs RAVELOJAONA, ANDRIAMANJATO, d’Ambohitantely RAKOTOVAO Johanessa Amboninampamarinana, RAKOTONIRAINY Lucien d’Avaratr’Andohalo, PEYROT et LEW du Temple français d’Andohalo… étaient parmi les invités de marque.

Les sermons prononcés par ces Pasteurs, donnaient au culte un caractère plus solennel, renforçaient davantage la foi et l’honnêteté de tous, selon les témoignages des anciens élèves. Il ne s’agissait point d’endoctrinement mais d’une

1 RAVALITERA (N), « Kolejy Paul M. taloha sy ankehitriny 1901-1986”, Ed. Salohy, p.20. 49

ouverture d’esprit, d’un enrichissement spirituel afin de perpétuer le caractère confessionnel de l’établissement A tout point de vue, ces cultes étaient indispensables et bénéfiques pour les élèves en vue de leur éducation chrétienne permanente.

2.2. Les activités sportives et l’apparition du surnom « PATA » Comme tout établissement scolaire qui se respecte et qui envisage la formation complète de l’homme et de tout l’homme, l’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo prévoyait des cours d’Education Sportive dans ses emplois du temps.

• La concurrence saine en cours de Gymnastique Si, universellement, le but de l’E.P.S. est de forger un esprit sain, dans un corps sain, à l’école Paul Minault, ce but avait pris depuis toujours, un petit plus, à savoir l’entretien ou l’affermissement de l’esprit de famille et de saine concurrence 1

A l’Ecole Paul Minault, pour l’apprentissage2 d’un sport collectif, les élèves d’une classe étaient divisés en deux camps : le camp des « Littéraires » et celui des « Scientifiques » ayant chacun son équipe. Les deux camps s’affrontaient pour disputer un match. Ceux qui ne jouaient pas encourageaient leurs joueurs par des cris « Hip-hip-hip…oooh ! », ou des applaudissements nourris accompagnés de chants rythmés au son des claquettes.

Cette saine et joyeuse concurrence se poursuivait en classe entre les deux camps, lors d’une interrogation écrite, d’un examen trimestriel ou d’un examen officiel de fin d’année. On continuait la compétition pour savoir lequel des deux camps, les Littéraires ou les Scientifiques allait remporter la victoire en remportant le plus de succès pour monter en classe supérieure ou pour réussir au BE ou BAC. Cela témoigne de la solidarité des élèves, et cet esprit s’étend après même la formation à l’Ecole pour renforcer l’esprit de corps.

1 Nalisoa RAVALITERA, « Kolejy Paul Minault taloha sy ankehitriny 1901-1986 », éd.Salohy, p33 2 Nalisoa RAVALITERA, « Kolejy Paul Minault. taloha sy ankehitriny 1901-1986, Ed. Salohy , p.23 50

• Des Professeurs sportifs de l’équipe ASPRO Les sports collectifs (le foot-ball et le volley-ball) n’étaient pas seulement pratiqués par les élèves mais également par les membres du Personnel enseignant et administratif. Ils se distinguaient par leur expérience, leur technique et tactique de jeu, par leur farouche volonté de vaincre quand ils affrontaient les équipes des élèves. Certains de ces « grands » se comportaient même sur le terrain comme des clouns, ce qui donnait aux matches un cachet folklorique qui enthousiasmait les spectateurs.

A une époque donnée, l’équipe des Grands adopta le nom de ASPRO, appellation qui évoquait le nom d’un médicament semblable à l’Aspirine. Et l’on scandait à tu-tête les mots « ASPRO ! ASPRO ! ASPRO !... » quand un Grand marquait un but ou un panier lors d’un match contre l’équipe des élèves… En réalité, le mot ASPRO était une abréviation du nom donné à l’équipe des Grands, et voulait dire : « Association sportive des professeurs ». Et quand cette équipe adverse félicitait les vainqueurs avec une pointe d’humour, disant que « les Professeurs sont des as » ou des « As Professionnels », ou des « AS-PRO ». En même temps, certains élèves spectateurs brandissaient par miracle des boîtes d’ASPRO qu’ils avaient apportées dans leur poche avant le match, dans le but de décourager ou de ridiculiser complaisamment leurs Professeurs.

• L’origine du surnom PATA : Faute de terrain de jeux à Ambohijatovo à cause de l’exiguité des cours, les élèves de Paul Minault faisaient souvent leurs séances d’EPS à Antsahamanitra, là même où se trouvait le Foyer Chrétien des Jeunes Gens ou « Lapan’ny Tovolahy Kristiana ». Dans ce foyer existaient des salles de jeux, des salles d’eau, des terrains de volley, de basket, de tennis et une piscine sans compter le fameux théâtre de verdure. Pour le reste des activités sportives comme le foot ou l’athlétisme, les élèves allaient s’entraîner à Mahamasina ou Ankatso. D’autre part, à Ambohijatovo Sud, des élèves avaient aussi l’habitude de faire du footing matinal dans les rues des quartiers environnants. En tout cas, après toute séance d’entraînement, il fallait prendre

51 rapidement une douche si l’on ne voulait pas d’être en retard au cours suivant ou au culte matinal. Or, après la douche, certains élèves mettaient un temps fou pour enfiler leur pantalon. Et leurs camarades de se moquer d’eux, disant « on dirait que vous enfilez un pantalon en fer »1 et non, sous entendu un pantalon souple facile à enfiler. En Malgache c’était plus expressif ! « Toa mampiditra pataloha vy ianareo izany !». Du coup, l’expression « pataloha vy » était gardée pour surnommer un élève qui traînait pour enfiler son pantalon après une douche. Et puisque le surnom en question est plus long à prononcer, on employait simplement le diminutif « PATA »

• Une rencontre décisive pour PATA : Les élèves de Paul Minault disputaient également des matches inter-scolaires organisés par l’OSSUM2 tous les jeudi après midi. En 1951, un match de volley-ball eut lieu dans le cadre de l’OSSUM entre l’équipe de Paul Minault et celle du Lycée Gallieni. Match très disputé au cours duquel les élèves « pataloha vy » se montraient très combatifs et percutants en marquant des points à tous les coups, donnant ainsi la victoire à leur équipe. A chaque point gagné, les supporters enthousiastes et déchaînés scandaient : « Pataloha…vy ! » ou « Pata aloha …vy !» « sagorogorona ! Taboum ! Zé ! ». Désormais, l’expression « Pataloha vy » devint un cri de guerre pour encourager une équipe de Paul Minault en compétition. Pour l’exprimer plus rapidement et avec plus de vigueur, on préférait le diminutif PATA voulait dire le plus fort, le meilleur le plus intelligent, le patron en somme. C’était le challenger coriace, dur comme fer. Progressivement, le surnom s’était étendu à l’établissement : l’Ecole portait désormais le nom de PATA, exprimant un certain état d’esprit supérieur ou la cohésion de groupes d’élèves fiers d’appartenir à une grande famille devenue célèbre.

Aussitôt après ce match de volley gagné par l’équipe de PATA, une bagarre allait se produire entre les élèves de deux établissements3. Les élèves du Lycée Gallieni, en grande partie composés de Français, méprisaient les Malgaches en général et les élèves de PATA en particulier qu’ils traitaient de « chiens ». Les PATA,

1Témoignage d’un ancien élève de l’E.P.M 2 OSSUM : Office Sportive Scolaire et Universitaire Malagasy 3 RAVALITERA (N), « Kolejy.Paul.Minault, taloha sy ankehitriny. 1901-1986, Ed Salohy, op. Cit p.38 52 faisant preuve de cohésion et ne voulant pas se laisser-faire, arrivaient à rallier à leur cause les élèves des autres établissements de la capitale pour s’opposer à ces Français méprisants. La rencontre entre les deux camps opposés avait eu lieu à Ambatonakanga, en face du Temple Protestant. Les élèves de Paul Minault, très excités, bien groupé, scandaient en chœur leur cri de guerre : « Pata ! Pata ! Allez- y ». Les élèves des autres établissements les encourageaient. Mais au milieu de la clameur, le mot « Police » se fit entendre, et la foule d’élèves se dispersa comme par enchantement. La bagarre, heureusement, était évitée de justesse.

Désormais, le mot « PATA » acquit une connotation politique, exprimant un fort sentiment patriotique ou une certaine cohésion nationale. Au lendemain de cette manifestation d’Ambatonakanga, le Directeur de l’Ecole Paul Minault, Etienne KRÜGER à l’époque, réunit ses élèves, essaya de les raisonner, et déclara à la fin de son discours : « votre indépendance, vous l’aurez un de ces jours ».

• Et Pata devint immortel Considéré au début comme un argot, avec un sens péjoratif, le mot PATA exprimait désormais un sentiment de fierté ou traduisait l’appartenance à une grande famille d’élèves, d’enseignants, d’administratifs, d’anciens élèves, d’amis de parents, de sympathisants acquis à la cause de ce prestigieux établissement scolaire protestant qu’était Paul Minault. Le mot n’allait plus être effacé du vocabulaire et voulait désormais dire PATRON, celui qui est en tête, qui commande. Le mot PATA figure en bonne place sur le logo (38) de l’Ecole, inventé par l’élève NARY de la classe de 4ème, promotion sortante 1973-1974. Ce logo avec l’inscription « Kolejy Paul Minault », présente un livre blanc ouvert, sur fond orange. Ce livre est le symbole du savoir qu’il faut acquérir et développer en permanence. Au milieu de la charnière du livre surgit un flambeau dont la flamme, toujours allumée, traduit l’amour de l’école, mieux, le patriotisme qu’il faut transmettre aux futures générations d’élèves. Quelle belle devise ! Toujours en 1974, le mot « Pata » entra encore dans l’histoire de l’établissement. L’hymne (39) du Collège fut crée avec comme titre « Ry Pata Mamiko ». (Ma chère Pata). Les paroles étaient de l’élève RAKOTOJOELIMARIA

(38 )RAVALITERA (N), « K.P.M, tal. Sy ank. 19016-1986, Ed. Salohy, p40, 39 Idem, p.51 53

Andrianaina et la musique de RAKOTOMALALA Malanjaona (page 56). D’après les paroles, l’hymne exprime le profond attachement de tout élève Pata à son Ecole et qui implore Dieu pour qu’il la protège éternellement. Ensuite,l’élève exprime sa reconnaissance envers cette Ecole, et doit profondément le regretter s’il lui arrive de l’oublier. Par la suite, Pata fut de plus en plus glorifié. Le mot porta le nom d’un journal du Collège, le « PATA VAOVAO », confectionné par une équipe d’élèves de l’établissement. De plus, il est chanté dans bien des poèmes composées par des anciens élèves devenus des écrivains ou poètes comme Paul RAPATSALAHY, Nalisoa RAVALITERA, Dox…Lors d’un concours organisé pendant la célébration du 85ème anniversaire de l’établissement, le poème de l’élève de Terminale A, ANDRIANAVALONA Volatiana, obtint le 1er prix. (cf.Annexe) Selon l’auteur, Pata est source de savoir, de la sagesse, et symbolise la solidarité entre les élèves…Enfin dans un autre poème bien lyrique, RAVALITERA Nalisoa, écrivain et Enseignant Chercheur, exprime sa profonde reconnaissance envers son ancienne école où il avait puisé ses connaissances et renforcé sa foi. Pour lui, dans ce poème, cette école reste inoubliable. En un mot, PATA évoque le nom d’un établissement centenaire au passé glorieux difficile à oublier.

2.3. L’initiation au théâtre : Etre acteur ne s’improvise pas. Les élèves de Pata qui voulaient s’adonner à cet art, l’avaient compris dès le départ. C’est pourquoi ils avaient commencé par un apprentissage le plus simple : réciter des poèmes. • Pour commencer, déclamer des poèmes : Les élèves de Pata essayaient de réciter les poèmes de Victor Hugo, de Lamartine, de Jean Narivony ou de Rabearivelo… Tous les lundis matin, les élèves se groupaient dans la grande salle, se divisaient en quatre groupes, et chaque déclamait un poème dont les strophes étaient alternées de chansonnettes »1. Il s’agissait bien des poèmes en Français et en Malgache. Si un groupe omettait d’inclure des poèmes malgaches, le Directeur Etienne KRUGER ne manquait pas de le réprimander. Cette attitude montrait bien le souci de ce Directeur

1 Propos recueillis par RAVALITERA dans Dox sy ny Tononkalo, Dinika lah. 5, 1970, p.13 54

de vouloir mettre sur le même pied d’égalité l’apprentissage du Français et celui du Malgache. • Des poèmes aux pièces théâtrales : Habitués à déclamer des poèmes de plus en plus difficiles, les élèves se mettaient à jouer des pièces de théâtre. Leurs Professeurs de Français, de Malgache, ou d’Anglais,les encadraient en jouant le rôle de metteurs en scène. On jouait surtout de pièces classiques françaises, telle la pièce de Molière, « Georges Dandin » très estimée du public. En Malgache, les élèves avaient fini par en inventer. Parmi eux, certains étaient devenus des acteurs pleins de talent, tels les Lesth Andriambelo, Samuel Randria, Célestin Andriamanantena qui interprétaient avec aisance les pièces « Imbahitrila Fananolahy » ou « Imaitsoanala »…

Durant plusieurs décennies, même avec le progrès du cinéma, le théâtre restait un spectacle très apprécié du public, ce qui encourageait les élèves de Paul Minault à s’y consacrer.

Les élèves de Paul Minault, amateurs de théâtre, avaient parfaitement compris tous les avantages et exigences du théâtre, et s’efforçait d’en tenir compte. Quand ils avaient entendu la gloire des acteurs français tels Sacha Guitry, Saraha Bernhart,et surtout Gérard Philippe dans le Cid de CORNEILLE, ils redoublaient d’ardeur pour les imiter, même,sachant à l’avance, qu’ils ne pourraient jamais les égaler. Cependant, certains élèves comme PAOLY et BENZ de la promotion sortante 1969 / 1970, étaient réputés pour avoir bien interprété les personnages de la pièce de Molière « Georges DANDIN ». Quant à Lesth ANDRIAMBELO, à sa sortie de l’Ecole, il avait bien fait son choix : embrasser définitivement la carrière d’acteur professionnel du théâtre. Il avait créé une troupe qui portait son nom, la « Troupe Lesth Andriambelo » qui donnait des représentions très populaires dans les principales villes de l’île, au cours des années 60.

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Source : Nalisoa RAVALITERA Photo n°4 : Au théâtre d’Ambohijatovo-Sud, les deux acteurs les plus doués, PAUL et BENZ, de la promotion 1969-1970, jouaient la pièce « GEORGES DANDIN » de MOLIERE.

Source : Nalisoa RAVALITERA Photo n°5 : Représentation en plein air Le groupe choral de PATA se produisait sur la place de la République à Andohalo, 14 Octobre 1958, fête de la République naissante. 56

2.4. Le journalisme : Cette activité fut la moins connue alors qu’elle existait bel bien au sein de l’établissement, en mobilisant un certain nombre d’élèves et certainement des Professeurs. Dans son ouvrage, Nalisoa RAVALITERA mentionnait que des journaux de l’Ecole1 portaient les noms suivants: - Tarabolana - Talaky mandeha - Pata vaovao - Sagorogorona Il est indéniable que dans leur contenu, ces journaux parlaient de tout ce qu’on faisait à l’Ecole à diverses époques, ou tout ce qu’elle vivait entre autres : les classes existantes, les activités culturelles, se déroulant à l’école, l’association des parents ou des anciens élèves… Une chose est sûre : tous ceux qui avaient conçu ces journaux, les avaient réalisés matériellement, les avaient diffusés, avaient un sens aigu de la créativité, de la débrouillardise, du bon travail en équipe. A coup sûr, ces journaux contribuaient à assurer la promotion de l’Etablissement. 2.5. Des chants, de la musique, de la chorale (2) : Ce sont des activités incontournables pour une école confessionnelle protestante. Ces activités étaient très appréciées des élèves de PATA, encouragée par la direction de l’Ecole et par les Enseignants. A certaines époques, dans certaines classes, les chants ou la musique étaient au programme. Il fallait les étudier sérieusement car ils faisaient partie des épreuves orales au Brevet Elémentaire par exemple. Les dirigeants de l’école cherchaient de tout temps à organiser des groupes, qui pour jouer des instruments de musiques, qui pour chanter ensemble. Pour ce faire, il fallait un minimum d’organisation, un certain sens musical, et beaucoup d’abnégation. Le premier groupe choral, connu ayant chanté du Negro Spiritual à Madagascar était formé par 7 pensionnaires de l’Ecole Paul Minault d’Ambohijatovo-Sud au début des années 60. Il s’agissait du groupe sans nom, formé par Ndriana, Victor, Charles, Naly, Faly, Stéphane et Andriakamelo. Faly était au piano. Tous les sept étaient inspirés par le passage du groupe GOLDEN GATE

1 RAVALITERA, « Kolejy Paul Minault taloha sy ankehitriny 1901-1986, Ed. Salohy, 1986, p.40 (2) IDEM, p.28 57

QUARTET à Madagascar. Ce fut un immense succès qui encouragea d’autres groupes à se former comme les PILGRIMS, les BLUES BELLS, les ROCKINGS BOYS, les CASDOS, les ECHO DARWIN…

Au fil des années, les chorales de PATA devenaient de plus en plus célèbres. Elles se produisaient sur les scènes des autres établissements de la capitale, au théâtre de verdure d’Antsahamanitra, et même sur l’esplanade d’Andohalo. Les choristes se distinguaient par leur tenue typiquement malgache, avec le port de « lamba » aussi bien pour les jeunes filles que pour les jeunes gens. (cf.photo n°06) Quant à la prestation de chaque groupe, elle était très appréciée par un large public de connaisseurs. A chaque représentation, le répertoire changeait avec de nouveaux chants en français, en malgache et même en anglais. L’harmonie des sons, la synchronisation des gestes, l’uniformisation des tenues donnaient au spectacle un ensemble envoûtant.

Parmi les choristes se trouvaient des musiciens talentueux, tels : BESSA, TOVO ANDRIANANDRAINA… qui jouaient du piano, de l’harmonium, de la guitare, du violon, du saxophone. Certains allaient joindre des groupes de chanteurs devenus célèbres tels MR RAZAFY, Henri RATSIMBAZAFY, IRAIMBILANJA…

L’activité musicale restait une tradition bien assise au sein du Collège Paul Minault. Elle se transmettait d’une génération d’élèves à une autre. Elle avait contribué à renforcer l’esprit de famille entre les élèves de promotions différentes.

2.6. Les veillées : Régulièrement, l’activité musicale formait la partie importante des programmes des veillées1 que l’Ecole avait l’habitude d’organiser à chaque fin de semaine ou à la veille des départs en vacances. Une veillée était une occasion pour mieux se connaître, et pour consolider l’esprit de famille.

1 RAVALITERA (N) : Kolejy Paul Minault taloha ny ankehitriny 1901-1986, Ed. Salohy p. 32. 58

Ces veillées étaient très animées : on déclamait des poèmes, on chantait en groupes, on présentait des devinettes ou des sketches, ou on faisait des concours de danses…Il arrivait même de prolonger ces veillées jusqu’à minuit et parfois jusqu’à l’aube, selon la témoignage des anciens, surtout à la veille des départs en vacances. A tout point de vue, les veillées pratiquées au sein de Paul Minault entretenaient la solidarité, tout en faisant éclore des talents cachés.

3. Les activités extra-scolaires : Les activités culturelles et sportives obligeaient parfois les élèves de PATA à sortir au-delà du domaine scolaire. Cette fois-ci, concernant les activités extra- scolaires, elles se passaient en dehors et même très loin de l’Ecole. Il s’agit du scoutisme et des sorties éducatives (1)

3.1. Le scoutisme : « La pratique du scoutisme constitue un autre aspect de la vie », affirmait un des anciens élèves. Des garçons intégraient le mouvement TILY de la capitale tandis que des jeunes filles faisaient parties des MPANAZAVA.

Rappelons que le mouvement scout, crée par l’Anglais BADEN-POWEL est une école de fraternité, de responsabilité et de communion culturelle. Tout scout y reçoit une éducation complète à la fois sur le plan physique, culturel et religieux. Sur le plan moral, il faut être disposé à affronter les difficultés, à se débrouiller, à aider les autres, et à vivre en groupe. Les élèves de Paul Minault sont déjà habitués à toutes ces exigences. Presque tous les Directeurs de Paul Minault ont été favorables à ce que les élèves fassent partie des équipes de Scouts. Dans les années 50, les Routiers de PATA, sous la direction du chef Justin RAMASOMANANA (futur premier Directeur Malgache), se distinguaient par leur cohésion, l’endurance ou les actions qu’ils avaient entreprises au cours de leurs déplacements : ils aidaient les villageois dans leurs travaux, apportaient les soins élémentaires aux malades, animaient des soirées récréatives.(2) (1) RAVALITERA (N) : « Kolejy Paul Minault taloha sy ankehitriny, 1901-1986 », éd.Salohy, 1986, p.30. (2) Idem.p31 59

En effet, le scoutisme est une école de vie. Les élèves de PATA qui sont passés par cette école, sont devenus de futurs hauts responsables du pays, et se distinguaient par leur technicité, leur honnêteté, leur patriotisme. 3.2. Les sorties éducatives1 : Elles étaient nombreuses et variées. Ces sorties revêtaient les objectifs suivants : - renforcer les liens de solidarité entre les élèves et les Enseignants ou les responsables administratifs, - découvrir d’autres réalités en dehors de l’école afin d’élargir les connaissances, - développer les liens d’amitié grâce à des œuvres de bienfaisance qu’on pouvait entreprendre, - favoriser le brassage ethnique afin de mieux se comprendre et renforcer l’unité nationale toujours fragile. 3.2.a. Les visites dans les foyers où la Mission Protestante s’occupe des œuvres sociales. En effet, la FFPM a depuis longtemps pris en charge le redressement de jeunes délinquants comme au foyer de Faravohitra ou d’Ambohidratrimo. Les élèves de Paul Minault venaient animer de séances récréatives tout en apportant quelques jouets, gâteaux…Au programme de ces visites, il y avait du culte, des jeux et des chants des danses 3.2.b. Les réunions de travail : se passaient le plus souvent au FOFIKRI au Foibe Fiofanana Kristiana à Ankadikely-Ilafy, où il y avait déjà les infrastructures d’accueil, ou à Mantasoa. Durant ces réunions, la grande famille PATA était en séminaire, c'est-à-dire, des réunions au cours desquelles l’on faisait le point de la situation, où l’on apprenait quelque chose sur la gestion protestante. Ainsi des exposés suivis de débats, quelquefois des travaux pratiques étaient au programme. 3.2.c. Les voyages d’étude étaient organisés à l’intention des élèves d’une classe sous la direction d’un ou deux Professeurs. L’objet du voyage était de voir sur place des réalités historiques, géographiques, sociales en rapport avec des éléments du programme en vigueur. Après ces voyages organisés, les élèves devaient rédiger un compte rendu selon les directives de leurs Professeurs.

1 Nalisoa RAVALITERA, « Kolejy Paul Minault taloha sy ankehitriny 1901-1986, éd, Salohy, p.22 60

3.2.d. Les camps de travail : constituaient également une originalité parmi les multiples activités éducatives organisées par la grande famille de Paul Minault. Cette fois-ci, il s’agissait de travaux manuels sur terrain, programmés à l’avance en accord avec une paroisse protestante ou une communauté villageoise. Ces travaux étaient des plus variés : des travaux de reboisement, de réfection d’une clôture, de construction d’une maison, de fabrication ou de transport de briques. Pour les garçons des années 50, il fallait mettre en pratique les notions théoriques apprises lors des heures de travaux pratiqués prévus par l’emploi du temps. « Faire œuvre de bienfaisance », tel était l’objet de ces camps de travail qui invitaient les élèves à aller très loin de l’école : à , à Fort Dauphin… 3.2.f. Les colonies de vacances : étaient lancées pour la première fois, du côté protestant, par l’Ecole Paul Minault. Elles étaient pratiquées par ses élèves autorisés par leurs parents. Les destinations favorites étaient. Ambila- Lemaitso, Antsirabe ou Majunga. Notons que de nombreux moniteurs de colonies de vacances se recrutaient parmi les anciens élèves de PATA rodés dans ce genre d’activité. Toutes les activités culturelles ou sportives, toutes ces sorties extra-scolaires ne pouvaient être réalisées sans l’existence d’un milieu où se concentraient toutes les initiatives et d’où partaient bien des projets ou programmes d’action. Ils s’agit de l’internant auquel nous consacrons une attention particulière en guise de conclusion à cette deuxième partie de notre Mémoire. L’INTERNAT DE PATA Le régime de l’école est l’externat et l’internat. En fait, il n’y avait pas un établissement, mais deux : l’un réservé aux jeunes filles, se trouvait à Montparnasse, ,villa à l’est d’Ambohijatovo Nord, elle évoquait le quartier de Paris du même nom dans le XIVème Arrondissement . Quant à l’internat des garçons, il se trouvait à Ambohijatovo-Sud, dans l’enceinte même de l’école. Effectivement, l’École s’occupait de l’hébergement des élèves. Les conditions de vie étaient acceptables. Concernant le régime alimentaire, certains anciens élèves enquêtées s’accordent à préciser que l’alimentation à l’école apparaît suffisante et complète. En un mot, les élèves ont bénéficié d’une assistance matérielle suffisante : 61 ils sont logés, nourris, et équipés. La sécurité matérielle était un gage d’un bon résultat scolaire pour ces élèves. Récréer la vie dans un internat est toujours riche d’enseignements, en bien ou en mal. C’est celle d’une grande famille condamnée à s’entendre, à se tolérer, à s’entr’aider. C’était un lieu pour raffermir l’amitié, la solidarité ou même la complicité. Les anciens élèves de Pata, pensionnaires de ces internats, se souviennent avec nostalgie leurs bons moments passés ensemble. La discipline, c’était même de l’auto-discipline, était respectée. Elle avait permis de forger le caractère de ces jeunes gens et de ces jeunes filles : « responsables et intègres » affirmait un ancien élève. Ils pouffent de rires quand ils se rappellent les transformations de la langue Arabe, selon leur propre codification, pour se communiquer entre eux, pour ne pas être compris des surveillants d’internat. Ils se rappellent par exemple des mots ou expressions comme « Analizy, tanifa, grand film »…que, eux seuls comprennent le vrai sens. Ils évoquent avec émotion et fierté les mille et une anecdotes de leur vie communautaire, les petites bêtises, les blagues, les bizutages, les fêtes de sortie, les derniers moments passés avant de se séparer définitivement. Ils auront en mémoire les portraits ou les surnoms de leurs Professeurs, des surveillants, des Directeurs… Cette vie de famille renforcée par l’existence de l’internat était curieusement la même que celle qui existait dans un établissement français, le Collège CEVENOL à Chambon-sur-Lignon dans le Département de Haute-Loire et qui entretenait un partenariat éducatif avec le Collège Paul Minault1. Ceux qui avaient visité ce Collège Cévénol, dit « Ecole Jumelée du Collège Paul Minault », tels William LODS, Justin RAMASOMANANA, Théodore ANDRIAMPILAZASOA qui était un ancien professeur, se sentaient comme chez eux car ce Collège français avait la même organisation, la même vie de famille où régnait une confiance réciproque entre éducateurs et élèves.

1 RAVALITERA ; Kolejy Paul Minault, taloha sy ankehitriny 1901-1986, Ed. Salohy, 1986, p.30 62

CONCLUSION

En définitive, nous soutenons que la bonne réputation de l’Ecole Paul Minault implantée à Ambohijatovo n’était pas un mythe mais une réalité vivante. Les objectifs

étaient bien définis. Un personnel enseignant ou administratif trié sur le volet assurait un enseignement de qualité. Une discipline souple entretenait un esprit de famille continu. Tout contribuait à une réussite certaine d’une époque à une autre. Il importe alors d’examiner dans la troisième partie de ce Mémoire les résultats escomptés ou acquis à travers certaines réalités chiffrées qui sont glanées dans des rapports annuels ou des lettres administratives, tout comme les résultats aux examens et les

éléments qui constituent la grandeur et la décadence de PATA.

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3ème PARTIE.

BILAN ET PERSPECTIVES D’AVENIR DU COLLEGE PAUL MINAULT. 64

CHAPITRE.VII

LES DONNEES CHIFREES ET BILAN.

Il serait peut être utile de rappeler dans ce chapitre les dimensions financières c'est-à-dire les écolages, les salaires, les charges de l’Ecole Paul Minault ainsi que les effectifs. Le but de note démarche est de démontrer que malgré certaines difficultés financières, l’école pouvait s’en sortir et sauvegarder son prestige.

Durant les premières décennies de son existence, l’École ne pouvait présenter que des fragments de statistiques peu sûres. Le peu de données chiffrées que nous avions pu découvrir au hasard de nos recherches se trouvaient à travers les rapports d’activité envoyés par les Directeurs successifs à la conférence générale de la MPF, ou bien à l’intention de la Société des Missions Evangéliques de Paris.

Tableau n°4 : Echantillon d’écolages au cours des deux premières décennies Années Ecolage Mode de paiement. Total en une année. 1917 2Frs. Mensuel. 18 Frs. 1920. 40 Frs Trimestriel. 120 Frs.

L’année scolaire comprenait neuf mois d’après ce tableau. Comme les écolages augmentaient sans cesse, seuls les élèves des nantis pouvaient pour- suivre jusqu’au bout leurs études.

Par contre, vers la fin des années 50, et surtout à partir des années 60, les statistiques devenaient plus fiables, mieux conservées.

1. L’évolution des écolages.

Le Collège Paul Minault étant un établissement libre, il ne pouvait fonctionner et survivre sans les écolages payés par les élèves. C’était la première source de financement pour le fonctionnement de l’école.

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Tableau n°4 : Montants trimestriels des écolages en Françs CFA.

Années 1957-1958 1958-1959 1959-1960.

Classes PREMIER P 3900 S.ces Exper. S.ces Exper. R 2600 5850. 5850. 3900. 3900. SECONDE P 3600. 5400. 5400. R 2400. 3600. 3600. TROISIEME P 3300. 4950. 4950. R 2200. 3300. 3300. QUATRIEME P 3000. 4500. 4500. R 2000. 3000. 3000. CINQUIEME P 2700. 4050. 4050. R 1800. 2700. 2700. SIXIEME P 2400. 3600. 3600. R 1600. 2400. 2400. Source : Archives de l’Ecole Paul Minault- Lettres administratives

P : pour les passants. R : pour les redoublants.

Observations :

1. Pendant l’année scolaire 1957-1958, il n’y avait que six classes, de la 6ème en 1ère. Ce n’est qu’à partir de l’année scolaire 1958-1959, qu’on avait ajouté une classe Terminale, dite Sciences expérimentales, l’équivalent de la Série D actuelle. 2. Le montant des écolages n’était pas le même d’une classe à une autre. Ces écolages étaient plus élevés au fur et à mesure qu’on montait classes supérieures 3. De même, les écarts entre les écolages des passants et ceux des redoublants augmentaient également d’une classe à une autre. En 1957-1958, en classe de 6ème la différence était de 800F, 900F en 5è, 1000F en 4è 1100F en 3ème ,1200F en Seconde et 1300F en Première, soit une réduction de 66,7% pour lesredoublants de toutes les classes(1). Au cours des deux dernières années du tableau, 1958-1959 et 1959-1960, le montant des écolages était élevé et resté le même, pour chaque classe. Les

1 Les pourcentages ont été calculés à partir de ces chiffres

66 redoublants avaient toujours eu une réduction de 66,7% soit 1200F en 6ème, 1350F en 5ème, 1500F en 4ème, 1650F en 3ème, 1800F en Seconde et 1950F en Première et en Sciences Expérimentales. Toutes ces augmentations et différences étaient le fruit de calculs en relation avec le coût de la vie de l’époque. Les tarifs étaient fixés par le Comité Directeur de l’Ecole. Il était évident que ces écolages n’étaient guère suffisants pour faire fonctionner normalement l’établissement. Voilà pourquoi on sollicitait à la fois des aides étrangères et des aides locales tous azimuts. Il existait d’autres réductions qui ne figuraient pas sur ce tableau. Elles intéressaient les frères et sœurs d’une même famille. Le Comité Directeur avait pris les mesures suivantes : l’aîné des enfants payait un plein tarif, le second 200F de moins et à partir du 3è enfant,on payait 400F de moins. Enfin, les orphelins ne payaient pas du tout des écolages dès lors que leur situation était certifiée par le Pasteur d’une paroisse. Tableau n°6.. : Ecolages durant les années 60 (1962-1970) Année 1962- 1963- 1964- 1965- 1966- 1967- 1968- 1969- 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 Classes Sciences P 5850 5850 6400 8500 8500 8500 8500 8500 Expérimentales R 3900 3900 4300 8300 8300 Classe I P 5850 5850 6400 8000 8000 8000 8000 8000 R 3900 3900 4300 7800 7800 7800 Classe seconde P 5400 5400 6000 7400 7400 7400 7400 7400 R 3600 3600 4000 7200 7200 7200 Classe III P 4950 4950 5500 6800 6800 6800 6800 6800 R 3300 3300 3700 6600 Classe IV P 4500 4500 5000 6200 6200 6200 6200 6200 R 3000 3000 3400 6000 6000 Classe V P 4050 4050 4500 5600 5600 5600 5600 5600 R 2700 2700 3000 Classe VI P 3600 3600 4000 5000 5000 5000 5000 5000 R 2400 2400 2700 Source : Archives de l’ECOLE Paul Minault-Lettres administratives

Remarques et observations De nouvelles classes Terminales étaient apparues à partir de l’année scolaire 1965-1966 : une Terminale Littéraire dite de « Philosophie », l’équivalent de la Série A, actuelle et une Terminale Scientifique, dite Mathématique Elémentaire l’équivalent de la Série C. Depuis 1967, les différentes options A, C, D, existent à l’Ecole Paul Minault.

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Les écolages devenaient de plus en plus chers d’une classe à une autre. Mais pour chaque classe, ils n’avaient plus changé à partir de l’année scolaire 1965-1966 D’après ce tableau, pendant les trois premières années scolaires de cette décennie, on payait les mêmes écolages en 1ère et en Terminales. Mais avec l’apparition des classes de « Mathématique Elémentaire» et de « Philosophie »les tarifs n’étaient plus les mêmes pour ces classes. Nous observons également qu’à partir 1968, l’écolage payé par les redoublants ainsi que les passants était le même soit 5000F en 6ème , 5600F en 5 ème, 6200F en 4 ème, 6800F en 3 ème, 7400 en IInde, 8000F en Première et 8500F pour les Terminales A, C, D. Si nous nous en tenons à ces écolages qui n’étaient, que des exemples parmi tant d’autres, disons qu’ils étaient modiques car l’établissement confessionnel, d’obédience protestante n’avait pas un but lucratif : il ne cherchait qu’à instruire et éduquer. Aussi, si les écolages étaient insuffisants, pour payer les salaires des Professeurs Malgaches, les églises et les missions protestantes comblaient toujours le manque à gagner. Faisons remarquer que les écolages ne constituaient pas les seules rentrées d’argent du collège. Pour faire face aux dépenses de la cantine, il y avait également les pensions que les élèves internes devaient payer. Mais concernant les montants de ces pensions, nous n’en avions trouvé aucun document chiffré. Il est toutefois certain que des exonérations existaient également en faveurs des pensionnaires orphelins ou des frères et sœurs qui étaient des cas particuliers.

2-Les dépenses de fonctionnement : En général, ces dépenses de fonctionnement comprenaient les salaires de l’ensemble du Personnel, l’achat des fournitures de bureau, la consommation des eaux et électricité, les dépenses de la cantine, les redevances postales ,les éventuels frais de déplacement ou même des imprévus…..

Au début, certainement, le Directeur tenait lui-même la comptabilité de l’Ecole. Mais dès les années 50, selon les dires des anciens élèves, le Secrétaire assurait la fonction de l’Économe. Et par la suite, au fur et à mesure que les effectifs des élèves augmentaient, cette fonction était dévolue à un Econome aidé d’un Dépensier qui faisait les achats au marché. 68

Pour les dépenses de bureau ou de la cantine, nous n’avons trouvé aucun document permettant d’avoir une aidée de leur volume. Par contre pour les salaires du Personnel, c'est-à-dire pour les Enseignants (titulaires et chargés des cours) et les Administratifs (directeur, Secrétaire, Surveillants, concierge, jardiniers, gardien…) il y avait quelques documents. En effet, après l’indépendance de l’Île en 1960, le nouveau Secrétariat d’Etat chargé du Travail et des Lois Sociales avait obligé l’Ecole Paul Minault à se conformer à la législation de travail du fait qu’elle utilisait des Agents rémunérés et soumis à des obligations professionnelles. (Annexe K) En effet : -ces salaires étaient payés en espèces, donc pouvaient satisfaire rapidement les besoins des intéressés au lieu de virer leur salaire dans une banque ; -on pouvait percevoir une avance en cas de besoin ou emprunter une certaine somme auprès de la direction, et ce, pendant un temps déterminé -ces salaires étaient calculés de telle sorte qu’ils comprenaient, autre le traitement de base, des allocations familiales (pour la femme et les enfants) et une indemnité de logement (1).

Quand au montant de ces salaires, il était apparemment peu élevé : selon son diplôme et son ancienneté, un Professeur ne touchait que 400 à 600FMG de l’heure (en 1964). Mais vu la valeur de la monnaie de l’époque en rapport au coût de la vie, c’était un salaire pouvant satisfaire largement les besoins du travailleur.Dix ans plus tard,le meme Prof touchait 3000F de l’heure.

Notre but dans cette étude est de montrer que ces personnels enseignants et administratifs sont bien motivés. (c.f annexe)

3. L’évolution des effectifs des élèves

A la fin de l’année scolaire 1901-1902, le première Directeur André CHAZEL parlait d’un effectif global de 22 élèves, (41) tous des jeunes gens, dont quatre étaient arrivés en cours d’année. Et de parler aussitôt du sort de quelques-uns des

(1) Lettre du 31 Juillet 1962-A.E.P.M (2) Dans son rapport d’activités sur l’Ecole Paul Minault 1901-1902 adressé à la Conférence des Missions Protestantes. 69

élèves car ils avaient quitté l’établissement dès la fin de 1901 : l’un était renvoyé temporairement et n’était plus revenu ; un autre était reçu au difficile concours d’entrée à l’Ecole de Médecine ; les 5 autres avaient trouvé du travail dans le commerce ou dans l’administration, tandis que le dernier était retiré par ses parents pour des raisons non exprimées.

En 1903, le nombre des élèves était 31. C’était très réduit pour l’ensemble de l’établissement ce qui facilitait le travail des Professeurs. Concernant ces effectifs ils ne dépendaient pas du bon vouloir de l’administration de l’Ecole de les augmenter ou des les diminuer d’une année à une autre. Ils dépendaient de deux importants facteurs, à savoir : a) La capacité d’accueil des classes : En 1903, André CHAZEL exposait les problèmes rencontrés par l’Ecole Paul Minault « une école sans local ni matériel,l’école avait fonctionné dans des conditions défavorables…le matériel de démonstration, au moins pour la partie scientifique, était à peu près nul pour la physique-chimie. Nous n’avons qu’un petit nombre de livres de lecture et de travail »(1) b) L’aval du Service Provincial de l’Enseignement qui,près inspection des locaux, précisait par arrêté le nombre d’élèves autorisés à fréquenter l’établissement42. Notons que les classes devaient obéir à des normes précises sur leurs dimensions, sur le nombre d’ouvertures et même sur leur orientation.

Du temps que l’établissement s’appelait encore « Ecole Supérieure Indigène de garçons d’Ambohijatovo Nord) jusqu’ en en 1949, les effectifs étaient très réduits et toujours fixés par le Service Provincial de l’Enseignement, d’après le tableau suivant :

(1) André CHAZEL, L’Ecole Paul Minault, un aspect de la question scolaire à Tananarive, Société des Missions Evangéliques, Paris, 1903, p12 70

Tableau n°6 : Quelques effectifs durant les 50 premières années : Dates Effectifs Autorises Effectifs Réels Années scolaires 1901-1902 Néant 22 1914-1915 40 Maximum 37 1916-1917 50 40 1930-1931 50 42 1937-1938 50 à70 45 1949-1950 100 à 150 110 1951-1952 150 à 250 150 1953-1954 150 à 250 243

Source : Les Arrêtés du Service Provincial de l’Enseignement de Tananarive (de 1914-1954) A.E.P.M. Ny MPAMAFY, Novembre 1949.

Remarques L’année scolaire coïncidait avec l’année civile et non à cheval entre deux années comme actuellement. Les effectifs autorisés et les effectifs réels ne cessaient d’augmenter. Explications D’après ces chiffres connus, jusqu’en 1930, l’effectif annuel autorisé était bien précis. Par la suite, le Service de l’Enseignement avait accordé une autorisation plus large, à cause du nombre croissant d’élèves qui entraient dans les écoles privées. Depuis 1949, l’installation de l’École à Ambohijatovo-Sud dans les nouveaux locaux fut inaugurée le 02 Mars 1949. Et dès les mois de Mai 1949, ce fut l’ouverture de l’internat pour les jeunes filles. Tous ces changements expliquent le gonflement des effectifs en 1949 soit le quintuple du nombre des élèves de 1901. En 1953, le total des effectifs atteint 243 soit presque plus de 11 fois par rapport au nombre des élèves au moment de l’ouverture de l’Ecole.L’effectif réduit dans chaque classe se répercutait sur la qualité de l’enseignement : les élèves étaient plus encadrés par les professeurs qui pouvaient mieux contrôler leur travail personnel. A l’oral, chaque 71

élève pouvait être interrogé le plus souvent possible au lieu d’être délaissé comme dans une classe à effectif pléthorique.

Tableau n°8 : Evolution des effectifs à le fin des années 60 et au début des années 70 : (dont filles : 2è colonne de chaque année) Années 1967 1968 1969 1970 1971 1972 Classes G F G F G F G F G F G F 6è 56 30 61 30 59 32 64 36 69 37 67 34 5è 60 37 53 34 49 32 51 31 60 36 51 26 4è 47 25 43 28 42 32 38 23 44 31 44 26 3è 41 23 34 18 44 23 39 29 40 23 37 20 2è (M,M’, B) 33 15 64 28 33 19 32 21 40 26 60 42 1è (M,M’, B) 35 11 38 16 58 25 64 30 62 35 37 20 Terminales 54 18 78 32 65 24 63 20 54 14 64 30 TOTAL 326 159 371 186 350 187 351 190 369 202 360 198 dont internes 62 22 62 23 53 16 43 14 42 14 39 14 Source : Bureau de la statistique du Ministère des affaires culturelles, A.E.P.M Il nous apparaît judicieux de procéder à une représentation graphique ce tableau pour avoir une vue synoptique des données qui y figurent. On peut aisément faire des comparaisons d’une année à une autre. Cette représentation graphique en bâtonnets a pour avantage de distinguer nettement les effectifs présentés par dans le tableau.

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En tant que Collège, l’établissement n’avait pas de classes primaires. Il comprenait des classes du secondaire du 1e cycle (de la 6ème en 3ème) dont la moyenne annuelle est de 198 élèves, ainsi que des classes du secondaires du second cycle (de la seconde en terminales) ayant une moyenne annuelle de 181 élèves à la fin de années 60 et au début des années 70. Nous constatons également une nette augmentation des effectifs pour l’ensemble de l’établissement. La moyenne annuelle était de 354 élèves. On était loin des 243 élèves de l’année scolaire 1952-1953. I y avait des classes parallèles pour chaque niveau, les classes étaient moyennement surchargées d’une année à une autre. Cette augmentation globale des effectifs s’explique par le fait que l’établissement avait acquis une solide réputation qui attirait bien des élèves à s’y inscrire. Précisions également que les élèves s’orientent en seconde et en première en série M’. Généralement, la structure de l’enseignement secondaire long présente 2 sortes d’établissements secondaires : - classiques (langue nationale, langues vivantes, l’ancienne, sciences) - modernes (langue nationale, langue vivantes, sciences techniques, la série M’ se classe dans la catégorie de l’enseignement moderne débouchant en classes de Sciences Expérimentales. D’après le tableau, deux remarques attirent particulièrement notre attention sur les nombres de filles qui fréquentaient l’établissement ou qui entraient à l’internat. Pour l’ensemble du Collège, les filles constituaient tous les ans plus de la moitie des effectifs (exemple : en 1969 : 187 filles sur 350 élèves, ou en 1972 on avait 198 filles sur 360 élèves) sauf en 1967 et 1968. Mais depuis 1969, il y avait plus de filles que garçons : 187 filles contre 163 garçons en 1969, 190 filles contre 125 garçons en 1970, 202 filles contre 125 garçons en 1971 et 198 filles contre 162 garçons en 1972. Ce phénomène est le reflet de l’obligation et de la gratuité de l’enseignement dans le primaire, un nombre important d’élèves se bousculaient dans le secondaire. En outre, à Madagascar, depuis le retour de l’indépendance en 1960, cette démocratisation de l’enseignement surtout dans le primaire a pour conséquence l’afflux de filles dans les écoles, et à tous les niveaux. Les parents ne considèrent plus le Collège Paul Minault comme un domaine privilégié réservé aux seuls garçons. Avec le vent de liberté qui soufflait dans le pays après l’indépendance, la libération de la femme se concrétisait par l’accès massif des filles à l’éducation. Il 73 n’était pas étonnant si ce collège, comme tous les établissement scolaires de l’île d’ailleurs, accueillait davantage de filles. Quant aux effectifs des élèves internes, ils ne cessaient de diminuer, surtout depuis 1962. De 62 garçons internes en 1967, ils n’étaient plus que 39 en 1972. Pour les filles, elles n’étaient plus que 14 en 1972 s’il y avait encore 22 et 23 en 1967 et 1968. D’où venait cette diminution ? Il est difficile d’y avancer une quelconque explication plausible et convaincante. Il se peut en effet que la pension devenue de plus en plus chère n’était plus à la portée de toutes les bourses. D’après Frédéric RANDRIAMAMONJY, le nombre d’élèves était 350 en 1963. La plupart 291des élèves soit 86%, étaient issus de la classe moyenne (des fonctionnaires cadre C ou D, des commerçants) et 46, soit 14%, étaient des enfants des paroissiens. D’autre part, avec le vent de liberté qui soufflait dans le pays, les jeunes s’intéressaient peu à la vie d’internat considérée à tort ou à raison comme une prison. Voilà pourquoi, l’on assistait à la disparition progressive des internats des autres établissements, ceux du Lycée Gallieni, de Jules Ferry, de l’École Normale d’Avaradrova… Leur disparition s’explique sans doute par l’augmentation du coût de la vie. En outre, de nouveaux collèges et lycées s’installaient dans les principales villes de province, et les élèves ne venaient plus en nombre poursuivre leurs études dans la capitale. Pour le cas de l’Ecole Paul Minault, il y avait l’insuffisance des locaux.

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CHAPITRE VIII LES EXAMENS : ORGANISATIONS ET RESULTATS

1. L’organisation des examens d’entrée Le système colonial était sélectif et élitiste et l’Ecole n’échappe pas à cette règle, mais cette sélection revêt une autre signification, une garantie de qualité et de rentabilité de l’Ecole. La conception liée à la notion d’élite reste valable. André CHAZEL confirmait en 1901, date de l’ouverture de l’Ecole que « …La Société des Missions de Paris a ouvert un établissement d’enseignement supérieur, destiné à donner une éducation chrétienne à l’élite des jeunes gens »1. Ainsi, dès sa création l’Ecole Paul Minault ne voulait recevoir que les meilleurs. Ils étaient choisis par un « concours d’admission ». Un autre critère était l’âge : ils devaient avoir 16 ou 17 ans pour suivre un cours d’études de 3 années, et sous une influence chrétienne. L’élève devait donc se munir d’un certificat de bonne conduite délivrée par le Pasteur de sa paroisse d’origine. En plus, l’élève devait être diplômé du C.E.S.D. Des enfants de Pasteurs y entraient plus facilement mais sur recommandations. Mais on ne connaît pas plus sur les modalités de ce concours. Toujours est il qu’il s’agissait de bien sélectionner les élèves qui, à l’issue de leurs études, formeraient une partie de l’élite nationale indigène et protestante. Les résultats ne se faisaient pas attendre car dès le mois de décembre 1902, CHAZEL écrivait avec fierté que « des examens ont permis pour la première fois à une dizaine d’entre nos élèves, de se mesurer avec les élèves des autres écoles de Tananarive. Au concours d’entrée à l’École de Médecine et de la section supérieure administrative de l’École le Myre de Vilers, les élèves ont tous réussi, tandis que presque aucun des candidats présentés par les diverses écoles protestantes ne réussissait à se classer avec eux ».2 Plus tard, au fil des ans et avec l’expérience, ce concours d’entrée était mieux organisé, et comprenait des épreuves écrites et orales. Grâce à des documents manuscrits que nous avions découverts, nous pouvons avoir des exemples de ces concours en 1917 et en 1922. (cf Annexe)

1 André CHAZEL, « L’école Paul Minault, un aspect de la question scolaire à Tananarive », Paris, 1903, p.1 2 Idem, p.11, op.cit 75

1.1 Concours d’entrée en 1917 Les documents étaient écrits de la main même du Directeur André CHAZEL. L’écriture était plus ou moins stylisée mais lisible. Pour les moyennes obtenues par les candidats, il les écrivait à l’encre rouge. Et pour d’autres remarques, il utilisait du crayon de couleur rouge gras. Pour ce concours, retenons les points suivants :

1.1.1. Déroulement : Du 05 au 08 Janvier 1917, les deux premiers jours étaient consacrés aux épreuves écrites et le 8 janvier déroulait l’examen oral. Donc i y a ait une petite pause pour remettre au Jury de corriger les copies et relever les notes. Tout se passait donc très vite.

1.1.2. Nombre des candidats : Ils étaient 23, tous des garçons. Ce nombre limité de candidats permit de bien organiser ce concours : corriger rapidement les copies procéder au relevé des notes, calculer le total de ce notes…

1.1.3. Le Jury Etait composé du Directeur André CHAZEL, du professeur Gustave Mondain et d’un Maître Adjoint Malgache Monsieur ANDRIANONY.

1.1.4. Les épreuves écrites : Comprenaient : - Une composition de Malgache (1heure 30 minutes) - Une épreuve d’Arithmétique et Système métrique (1heure 30minutes) - Une épreuve de version (1heure 30 minutes) : un texte en français écrit préalablement au tableau qu’il fallait traduire en Malgaches

1.1.5. Les résultats de l’écrit D’abord, les épreuves étaient toutes notées sur 10. Et le Jury s’en tenait au total des notes obtenues par chaque candidat au lieu de calculer une moyenne, d’autant plus qu’aucune note n’est affectée d’un quelconque coefficient. Au vu de ces totaux, on s’aperçoit que : - les candidats qui ont les meilleures notes, soit plus de 27/40 ont été dispensés de l’oral, donc immédiatement reçu à ce concours. Ils étaient au nombre de six (6) 76

- les candidats ayant obtenu moins de 15/40 ont été éliminés .Ils sont au nombre de cinq (5)

Donc, il ne restait plus que 12 candidats qui devraient passer l’examen oral.

1.1.6. Les épreuves orales. Elles comprenaient : - Une lecture et interrogations en français (grammaire et sujet divers). - des interrogations d’Arithmétique, Système Métrique et de Géométrie élémentaire. Concernant cet examen oral, nous avons retrouvé la feuille de brouillon du Directeur André CHAZEL sur laquelle il avait griffonné des observations succinctes et des notes en face des noms des candidats. Sur cette feuille de brouillon figuraient : - des remarques positives telles : « bonne prononciation, jeune, air intelligent, assez bien, bon… » - des remarques négatives : « pas jeune, noir, air peu intelligent, lit mal, médiocre, faible, absent… » Malgré ces remarques négatives et des notes brillantes pour certains, tous les 12 candidats ont été reçus à l’oral, avec toutefois une certaine réserve pour quatre d’entre eux « mis en observations » c'est-à-dire à suivre de près dans tout ce qu’il allaient faire en classe pour mieux réussir pour mésuser dans leurs études. C’est dire qu’il y avait une certaine tolérance lors de ces épreuves orales. Finalement, seuls les cinq candidats éliminés à l’issue des épreuves écrites étaient définitivement écartés. Ainsi, seuls 18 élèves triés sur le volet allaient constituer la classe. André CHAZEL envisageait même de « mettre les élites à part de leurs camarades moins avancés ou moins intelligents »1. Il n’était pas étonnant s’ils allaient être bien encadrés par leurs professeurs. 1-2. Le concours d’entrée en 1922 : Ce document présentait le nombre des candidats qui avaient concouru (ils étaient 33), le nombre des admis (20), et même l’école d’origine de chacun d’eux : une école supérieure officielle de Tana offrait le plus fort contingent de candidats (16) ; s’en suivit l’école officielle d’Ambohijatovo-Nord(9) ou d’autres écoles officielles. André Chazel a précisé que parmi les candidats reçus, l’un d’eux était de religion anglicane.

1 André CHAZEL « L’ E. P. M, un aspect de la question scolaire à Tana « ; Société des Missions Evangéliques, Paris, 1903, p. 9. 77

En définitive, le concours existait bel et bien pour entrer à l’Ecole Paul Minault, et qu’il était bien organisé étant donné le nombre encore réduit des candidats. Mais, au fur et à mesure que les candidats devenaient de plus en plus nombreux, on était obligé de limiter les épreuves écrites tout en supprimant les épreuves orales.

2. L’organisation des examens internes Il s’agissait des examens organisés par les Professeurs au sein même de l’établissement pour tester la capacité d’assimilation des élèves au bout d’un certain temps de travail. L’évaluation du travail scolaire montre aussi le savoir-faire pédagogique de ces professeurs de l’Ecole. L’évaluation et le contrôle du travail des élèves se font à travers : -les interrogations individuelles orales au début de chaque cours. -les interrogations écrites permettant un contrôle rapide. -les examens trimestriels et les examens blancs.

2-1.Les examens trimestriels: Ils constituaient une obligation professionnelle pour les Profs d’après les instructions qui leur étaient données. Ces examens devaient faire l’objet d’une organisation minutieuse. Vint enfin le jour de la proclamation des résultats, soit dans la grande salle, soit dans chaque classe. Ce fut un moment une intense émotion pour les élèves qui devaient se lever une fois leur nom appelé pour écouter attentivement les observations des Professeurs1. Cette proclamation publique des résultats favorisait l’émulation entre les élèves. Enfin, étant donné le côté positif que revêtent ces examens trimestriels, ils sont encore gardés actuellement au Collège d’Androhibe. 2-2. Les examens blancs : Ils intéressaient uniquement les classes qui préparaient les examens officiels. Pour les classes de 3ème il y avait le Brevet Elémentaire ou le concours d’entrée à l’année préparatoire de l’école de Médecine ou l’entrée à l’école Le Myre de Vilers.

1 Témoignage d’un ancien élève. 78

Plus tard le BEPC remplace le BE. Les classes de Première préparaient le Bac 1ère partie ou le Pré-Bac, et les classes Terminales, le BAC de toutes les séries. L’organisation de ces examens blancs était munitieuse, les sujets posés devaient toucher l’ensemble des programmes de l’année. En effet, ces examens blancs étaient organisés à l’approche des examens officiels dans le but de mieux préparer les élèves à mieux affronter ceux-ci. Avec tous ces systèmes de contrôle, il n’était étonnant si les élèves de Paul Minault obtenaient de bons résultats aux examens officiels.

3- La réussite aux examens officiels : Il fallait ici prendre le mot « examen officiel » dans son sens global comme étant une épreuve organisée par l’Etat en vue d’obtenir un diplôme académique, ou bien pour passer dans une classe supérieure à la suite d’une sélection sans qu’on n’obtienne un diplôme : c’est l’objet d’un concours. Les élèves de Paul Minault préparaient de tout temps des concours d’entrée à l’École de Médecine. Notons que pour cette dernière, il y avait deux possibilités pour y entrer : ou bien il fallait se présenter directement au concours de recrutement d’élèves- médecins ; ou bien, il fallait d’abord entrer par voie de concours à la section Médicale de l’École Le Myre de Vilers qui était en réalité une section préparatoire pour entrer à l’École de Médecine de Befelatanana. Pour tous ces divers concours, nous n’avons trouvé que des rapports annuels des Directeurs envoyés à la Conférence des Missions Protestantes et qui, mentionnaient le succès des élèves de PATA à ces divers concours. En1903, 5 élèves sur 17 ont été reçus à l’école de Médecine, 5 autres ont réussi au concours dans la section administrative de Le Myre de Vilers, et 7 ont trouvé des postes dans différentes administrations1. Par contre, pour certains examens officiels, certains chiffres étaient plus connus vers les dernières années passées à Ambohijatovo-Sud. En voici un exemple qui nous paraît assez significatif.

1 Rapport de Chazel en 1903-A.E.P.M 79

Tableau n°8 : Nombre d’élèves du Collège Paul Minault d’Ambohijatovo-Sud reçus aux examens (2) depuis 1969 jusqu’en 1973. EXAMENS Années 1969 1970 1971 1972 1973 Situation BEPC Présentés 40 37 40 32 29 Reçus 38 29 34 31 28 % de réussite 95% 78% 85% 97% 97% PRE-BAC Présentés 58 64 61 37 53 Reçus 40 26 40 21 44 % de réussite 69% 41% 66% 57% 70% BACC Présentés 65 63 52 60 45 Reçus 21 35 28 27 32 % de réussite 32% 56% 54% 65% 71% Source : Bureau de la statistique du Ministère de Affaires Culturelles. Observations et Commentaires : Pour avoir des idées plus précises sur la réussite globale des élèves du Collège Paul Minault au cours de ces années figurant sur ce tableau,nous avons calculé tous les pourcentages de réussite. Ainsi, pour le BEPC, presque la quasi-totalité des élèves de PATA ont été reçus. Les pourcentages se situent entre 78% et 97%. Le pourcentage moyen de réussite se situe autour de 90%. Pour le Pré-Bacc, plus de la moitie des candidats présentés ont réussi sauf en 1970 qui enregistre le plus faible taux de réussite soit 41%. Les scores des autres années se situent entre 57% et 70%. Le pourcentage moyen de réussite est autour de 61%. Enfin quant au Bac, là également, on observe que plus de la moitié des élèves ont réussi. Les pourcentages de réussite se trouvent entre 54% et 71% ayant comme moyenne autour de 56%. Par contre, on a enregistré un faible pourcentage de réussite en 1969. Dans l’ensemble, à ces trois examens, l’Ecole avait connu de bons résultats qui s’expliquent par la combinaison de toutes les pratiques décrites précédemment à savoir : - la sélection sévère des élèves à leur entrée à l’Ecole car ils devaient passer un concours ou un test de niveau pour être admis dans l’établissement ; 80

- l’organisation des examens trimestriels et des examens blancs qui permettaient aux élèves de s’entraîner efficacement tout au long de l’année scolaire. - la qualification des enseignants ainsi que la mise en pratique de la méthode active.

Un fait mérite d’être souligné et rapporté pour le BAC Blanc 1. Pour tout le monde, les épreuves se passaient le jeudi matin après le culte. Le jeudi après-midi était consacré aux rencontres sportives inter-établissements dans le cadre de l’OSSUM. Parfois, ces rencontres sportives se passaient assez loin de la capitale à ou Miarinarivo ou Antsirabe. Ainsi les élèves de PATA qui devaient participer à ces rencontres étaient obligés de quitter l’école dans la matinée de jeudi. Ils devaient par conséquent faire leur Bac Blanc dès le mercredi après-midi.

On les laisse seuls, sans surveillance, composer dans une salle, sans qu’ils se communiquent entre eux. Mieux ils faisaient les mêmes épreuves que les autres élèves qui allaient composer le jeudi matin. Mais ils ne communiquaient point aux autres les sujets sortis, tandis que leurs camarades ne les leur demandaient pas non plus 2. Toute l’éducation chrétienne que ces élèves ont reçue se reflète dans ce comportement plein de confiance et d’honneteté sans faille.

Au terme de ce 2ème chapitre consacré aux examens, à leur organisation et aux résultats, il nous paraît judicieux de faire le point sur la situation du Collège Paul Minault vers les dernières années de son installation à Ambohijatovo. Deux faits majeurs attirent notre attention. 1. La bonne réputation de Collège était fortement assise. L’établissement fonctionnait merveilleusement bien grâce au dynamisme de ses dirigeants, à l’expérience et au savoir-faire de ses Professeurs, à la cohésion de toutes les entités qui formaient une grande famille unie dans l’effort et animée d’une solide foi chrétienne. 2. L’école se trouvait à l’étroit dans ce site d’Ambohijatovo-Sud. Vu le nombre sans cesse croissant de ses élèves vu la vétusté et l’insuffisance de ses bâtiments, il

1 Nalisoa RAVALITERA « KolejyPaul .Minault taloha sy ankehitriny 1901-1986, Ed.Salohy, 1986,p.45 2 81 lui fallait trouver un endroit plus vaste pour mieux s’épanouir. Bref, elle était le nouveau condamnée à émigrer. la décision prise vers le début des années 70 était irrévocable, elle était lourde de conséquence pour l’avenir de l’établissement. 82

CHAPITRE IX

Changement de situation opérés d’Ambohijatovo à Androhibe. C’est dans ce chapitre que nous essayerons de dresser un bilan sur la situation de Paul Minault d’hier et d’aujourd’hui. Un bilan comprend de facto deux aspects,l’un positif et l’autre négatif .Dans les premières parties de ce chapitre,nous tâcherons de replacer le collège Paul Minault au sein de l’enseignement protestant en particulier et dans la vie nationale en général,c’est le côté positif .Par contre,dans la 3ème partie nous montrons sans complaisance ce qui est à la base du changement de cet établissement installé à Androhibe .

1. LA PLACE DE PATA DANS L’ENSEIGNEMENT MALGACHE Dans le monde de l’éducation, disons-le sans ambages que l’École Paul Minault a fait parler d’elle. Elle était réputée par son sérieux ou par le rayonnement de ses multiples activités. Son principal objectif, à savoir instruire et éduquer, était atteint malgré bien des difficultés auxquelles elle devait faire face.

Durant les 76 ans de son existence, les responsables de l’enseignement avaient reconnu le côté sérieux de ses actions éducatives. Gallieni, le premier même hostile au protestantisme, n’avait eu le courage d’interdire la création de cette école. Sachant que le Collège Paul Minault. pouvait former des auxiliaires indigènes de valeurs que l’administration coloniale devait recruter, tous les Gouverneurs Généraux qui se sont succédés à la tête du pays n’avaient jamais voulu porter ombrage à l’œuvre éducative entreprise par les Directeurs successifs de l’École .Cet établissement était réellement la pépinière des candidats qui entraient à l’École Le Myre de Vilers,à l’École de Médecine et plus tard, jusqu’ en 195O,au lycée Gallieni (Lycée d’Andohalo actuelle)ou Jules ferry pour préparer le Baccalauréat rappelons que,même le Ministre des Affaires Culturelles des années 60 ,le défunt Laurent BOTOKEKY avait reconnu la valeur des enseignants de Paul Minault .C’est pourquoi il avait sollicité l’un d’eux,Frédéric RANDRIAMAMONJY à venir enseigner à l’INSRFP (cf. Annexe.).

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L’École Paul Minault pouvait rivaliser les établissement secondaires publics les plus renommés tels le Lycée Gallieni, le Lycée Jules Ferry, les Écoles Normales d’Instituteurs d’Avaradrova, et de Mahamasina tant sur le plan intellectuel,que sportif1. Les multiples activités culturelles ou sportives faisaient parler d’elle au-delà de la capitale. Ses succès dans ces domaines forcent le respect et l’admiration de tous. En tant qu’établissement privé confessionnel, elle était trop connue dans le monde protestant. De nombreuses paroisses contribuaient à son financement Nous avons vu que par leurs nombreuses activités,en retour,les élèves de PATA égayaient les foyers ,les orphelinats tenus par des responsables protestants. Et durant de nombreuses années, cette Ecole occupait la place de leader, face à d’autres établissement protestants connus tels le collège Benjamin Escande d’Ambositra, les Ecoles Normales d’Ambatomanga ou d’Ambacahadimitafo, ou même plus tard,le Collège Protestant Rasalama d’Andravoahangy… D’ailleurs, de nombreux anciens boursiers de Paul Minault enseignent dans ces établissements protestants.

En conclusion, la réputation de PATA ne s’était pas seulement installée dans le domaine de l’enseignement .Elle rayonnait également sur le plan national, et au-de là des frontières.

2. Le rayonnement de PATA sur le plan national ou international : « Etre PATA d’un jour, être PATA pour toujours ».C’est le slogan répétons-le, que tous les élèves de Paul. Minault ont adopté avec une pointe de fierté. Le cri de ralliement revient en mémoire, les vieux souvenirs s’échangent…, telles les séquences d’un film juteusement apprécié.

1. Sur le plan national : Les anciens élèves de PATA constituent de tout temps la fine crème de l’élite malgache .Il n’y a pas une pointe d’exagération de notre part là-dessus. Dans la société, les édile de PATA se reconnaissent par leur sérieux, leur savoir –faire, leur sociabilité, leur intégrité, leur dévouement,et surtout par la droiture formée à partir de l’éducation protestante puritaine qu’ils ont reçue.

1 :Nalisoa RAVALITERRA « Kolejy Paul Minault ,taloha sy ny ankehitriny (19O1-1986)Ed.Salohy,1986 p,26 84

L’association des Anciens Elèves avait édité un fascicule dans lequel étaient rassemblés les noms de ceux qui avaient passé dans ce prestigieux établissement depuis1924.C’est un exemplaire que M. RANDRIAMAMONJY Frédéric nous a aimablement prêté. Dès que nous l’avions montré à l’ancien président de l’Association, M, RAMAROSON qui habite à Isoraka, avouait que pour lui c’est une précieuse relique. Et il l’a gardé dans le but d’en faire une photocopie. Heureusement que nous avions déjà pris soin de relever quelques noms connus dans des domaines aussi variés que la médecine,l’administration,l’enseignement,la religion,la politique,la société civile,le monde des arts et des lettre,la justice,la diplomatie,la pharmacie,…La liste n’est pas exhaustive. Parmi les noms connus, il y en a qui ont brillé dans deux carrières différentes. En effet,à par leur profession habituelle,ils ont occupé des fonctions électives en tant que Maires ou Députés ou Sénateurs,et même Président la République tel le Professeur en cardiologie ZAFY Albert. D’autres noms sont moins connus du public à cause de leur modestie.En effet ,selon l’écriture Sainte on glorifie celui qui sait se rabaisser .Parmi ces anciens PATA, il en a qui sont restés des martyrs dans l’ombre. Soit qu’ils étaient tombés sur les champs de batailles en Europe pendant les deux guerres mondiales , soit qu’ils étaient victimes de laRébellion de 1947…Quand la malgachisation des cadres était activée depuis la 1ère République, la plupart des anciens PATA tenaient des postes-clés dans toutes les branches administratives, postes tenus auparavant par des techniciens français. 2. Sur le plan international Des anciens boursiers de PATA partis étudier en Europe y sont restés parce qu’ils y avaient trouvé du travail après leurs études .D’autres sont partis travaillés ou émigrés en Afrique francophone, particulièrement en Côté d’Ivoire.Où qu’ils se trouvent ils sont toujours estimés des habitants de leur pays d’accueil grace à leur gentillesse, leur compétence, leur sociabilité.

Dans la domaine de la diplomatie, nous croyions savoir que deux anciens PATA ont dignement représenté notre pays à l’étranger en tant qu’anciens ambassadeurs .Le premier fut le grammairien Prospère RAJAOBELINA ,. Quant au second, ce fut le professeur Frédéric RANDRAMAMONJY devenu Ambassadeur à Moscou, auprès de l’ancienne URSS. Rappelons qu’il était le second 85

Directeur Malgache de PATA de 1963 à 1966.Devenu historien par passion,il vient de publier un ouvrage sur l’histoire de Madagascar.

Pour terminer cette partie sur le rayonnement de PATA sur le plan à la fois national et international, qu’il nous soit permis de présenter ici une liste non complète de quelque ancien élèves de PATA à titre de simple illustration de notre Mémoire, sans qu’il y ait un quelconque parti pris de notre part. Que ceux qui dont le nom n’y figurent pas, ne nous en veulent pas car il est pratiquement impossible de retenir tous les noms d’anciens élèves de 1901 à1977. Qu’ils soient au contraire fiers et heureux de retrouver ici les noms de leurs anciens condisciples qui ont fait honneur à leur école de jadis.

LISTE Des Enseignants - Charles RAVOAJANAHARY - Prosper RAJAOBELINA - Justin RAMASOMANANA - RASOANINDRAINY Ammi - Jean Nalisoa RAVALITERA - RASOLOFO Raymond - BALANCOURT Henri Gérard - Richard ANDRIAMANJATO - RAJAOFERA Maurice (1èrLicencié Malgache) - ANDRIANONY (1èr Doctorat Malgache) - RASOAMIARAMANANA (Université de Madagascar) - RAMANALINARIVO Rodin − RAKOTOARIVELO Jean Jacques… Des Médecins - Dr Alban RATSIVALAKA - Pr Zafy Albert - Pr Blaise RANDRIAMANGA - Pr Andry RASAMINDRAKOTROKA

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Ambassadeurs - Prosper RAJAOBELINA (O.U.A) - Frédéric RANDRIAMAMONJY - Victor ANDRIAMASY(UNESCO) DesHommes d’Eglise - Pasteur Daniel RALIBERA - Pasteur RAMAMBASOA Joseph - Pasteur Daniel RATEFY - Pasteur RAMINO PAUL… Des politiciens : - Pasteur Richard ANDRIAMANJATO - Professeur Rakotovao RAZAKABOANA - RALISON Alphonse - RAVELOMANANA Herman - RAMAHALEO Jean - RAKOTONDRAMBOA Noël (SG –Présidence) - TSIEBO Calvin (1er Vice-Président de la République. Des écrivains, poètes, artistes : - Georges et Céléstin ANDRIAMANANTENA - E.D ANDRIAMALALA - Jean NARIVONY - DOX RAZAKANDRAINY - Esther RANDRIAMAMONJY - BESSA - Lest ANDRIAMBELO De grands Commis de l’Etat - RAHETILAH Jonas (Magistrat) - RAZATOVO(ex : Directeur de l’ ENAM) - RAKOTONIANA Roland (SOLIMA) - RAKOTOMALALA Claude (COTON) - RAVELOMANANA Raoul (ancien V.P de la Banque Centrale) 87

Pour terminer, nous ne pouvons pas passer sous silence tous les anciens qui nous ont reçu gentiment chez eux, montrant leur sens de la communication et leur amabilité. De vrais PATA, toujours disponibles et serviables .Certains sont vraiment intarissables dans leur récit, d’autres plus réservés quand il fallait aborder la nouvelle situation à Androhibe pour ne pas froisser certaines susceptibilités.

3. La nouvelle situation à Androhibe Rappelons que le nouveau Collège Paul Minault d’Androhibe fut inauguré en Avril 1977.Inutile de revenir sur les principales raisons qui avaient motivé le départ d’Ambohijatovo. Une chose est certaine : la vie de l’établissement allait être complètement bouleversée.

Laissons volontiers parler cet article du journal l’Express de Madagascar du 08 octobre 2004(cf ANNEXE M) qui nous est tombé entre les mains. Le titre de l’article parle de lui-même « Le collège de Paul Minault perd sa crédibilité » Notre intention est de ne pas traduire ce texte pour éviter un difficile exercice de thème ou version afin de ne pas trahir son vrai sens. Contentons-nous de traduire les trois sous-titres mis en relief : des résultats en baisse, personne n’est encore capable de diriger le Collège, l’insuffisance de contributions de la part de la Direction de la FFPM, constituée par la FJKM et la FLM.

Dans son contenu, cet article fait la comparaison entre deux établissements : celui d’Ambohijatovo qui avait connu des années de gloire, et celui d’Androhibe qui connait actuellement des difficultés. Qu’en est-il exactement ? Inutile de cacher la vérité et tâchons d’énumérer sans complaisance toutes les raisons qui ont conduit à ce chagement en évitant de les commenter, tellement elle parle d’elles mêmes. D’ailleurs, elle nous ont été fournies par les réponses des Anciens Elèves à qui nous avions adressé un questionnaire.Il s’agit de : 3-1 L’éloignement Il est à l’origine de la baisse des effectifs : si en1990, il y avait 1100 élèves, un an après, il n’y avait plus que 640, et en 2003 seulement 450(1) .Les élèves qui habitent en ville ne veulent plus aller a Androhibe à cause des frais de transport et de restauration qu’il faut payer en plus de l’écolage qui est déjà cher. Par

(1) Registre et matricules –A.E.P.M 88

conséquent, le Collège est devenu un établissement local ou de quartier. Le nombre d’élèves provenant des provinces est en baisse. Ils sont tous des pensionnaires(1). Ainsi, les rentrées d’argent baissent et ne suffisent plus pour faire face aux dépenses grandissantes de fonctionnement. 3-2- La mise à l’écart des Missionnaires et des Anciens : Ils n’y enseignent plus, ne font plus partis du Comité Directeur de l’Ecole. Bref, ces anciens se sentent surtout frustrés car ils ne doivent plus aider convenablement l’Ecole. Ils n’enseignent plus au Collège alors qu’ils faisaient vivre les prestiges de l’établissement. 3–3- Le concours d’entrée n’est plus qu’un simple test, une simple formalité avec beaucoup de tolérance43dans le but d’avoir plus d’élèves, même s’ils ne sont pas du niveau. 3-4– La suppression des aides étrangères alors jadis, elles faisaient vivre l’école. La FFPM n’accorde plus qu’une somme de 50.000 fmg toute l’année(2). Ce Collège est donc confronté à de sérieuses contraintes budgétaires. 3-5- Le changement de statut : à Ambohijatovo, c’était uniquement un Collège secondaire, de la 6è en Terminales. A Androhibe, on a ajouté des classes maternelles et primaires dans le but de satisfaire une centaine autosuffisance. Avec cette massification, on a affaire à des élèves trop jeunes en 6è (de 8 à 10 ans) incapables de faire un travail individuel ou en groupe, alors qu’à Ambohijatovo, ils étaient plus mûrs (de 14 à 15 ans ou 16 à 17ans) capables de s’autodiscipliner. 3-6- La responsabilité des Enseignants : car les élèves sont l’image du maître la plupart d’entre eux ne font plus vivre le prestige de l’Ecole. Leur recrutement n’est plus très sélectif car basé uniquement sur la possession des diplômes universitaires et non pédagogiques. Ils n’ont plus d’échanges d’expériences pédagogiques plus fructueuses avec des coopérants étrangers comme à Ambohijatovo du temps où des Missionnaires et autres coopérants y enseignaient. Sans ces échanges d’expériences, bien vite la routine s’installe sur le plan pédagogique. 3-7- Une certaine léthargie au niveau de la Direction à cause d’une opposition sourde entre le FLM et le FJKM, tous membres du Comité Directeur de l’École, sur l’alternance. La règle adoptée fixait le mandat du Directeur à quatre ans. Or l’actuel Directeur proposé par la FLM, est là depuis 1991, soit pendant 15 ans.

(1) Au nombre de 80 élèves dont 60 Eleves sont en provenance de Tana (2) Confirmé par l’actuel Directeur du Collège Paul Minault

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CONCLUSION GENERALE

L’Ecole protestante Paul Minault installée à Ambohijatovo de 1901 à 1977 a fait son temps. « Instruire et éduquer » était son principal objectif. Tout contribuait à assurer son succès et sa bonne réputation : des aides accordées par des Eglises protestantes étrangères ou locales, un personnel qualifié et dynamique, le strict respect de la discipline, l’entretien permanent d’un esprit de famille grâce à ses nombreuses activités culturelles ou sportives, la contribution de ses anciens élèves à l’œuvre éducative… Ayant suivi les grandes lignes du système éducatif français sans renier les valeurs malgaches, cette Ecole avait formé des générations d’élèves qui allaient constituer une partie de l’élite protestante malgache. Pour l’avenir de l’Ecole Paul Minault, il est encore possible de redorer son blason en conciliant dans son objectif « élitisme et massification ».Pour ce faire, il importe d’apporter des changements au niveau de la direction c'est-à-dire recruter un directeur que l’on pourrait bien payer, de trouver des aides matérielles et financières, d’accepter la contribution des missions nationales ou étrangères ainsi que celle des anciens élèves garants de la continuité et condition sine qua non de redémarrage. Se contenter de vivre en autarcie, de se confiner dans son coin sans projets bien précis, c’est courir au devant d’un échec certain. Bien des écoles rivales des autres missions, également installées dans cette périphérie Nord de la capitale, connaissent un prestige grandissant. Le Collège Paul Minault et les établissements protestants en général doivent les imiter s’ils veulent éviter une décadence dans un monde où la concurrence devient de plus en plus rude. Alors que reste-t-il du prestige de l’Ecole protestante ? A travers l’histoire de l’Ecole Paul Minault et de son évolution actuelle, où se situent les maux qui ruinent l’enseignement protestant ? Il est évident que si l’enseignement protestant avait brillé à l’époque des missionnaires, est-ce que l’esprit de mission, et de sacrifice ainsi que d’appartenance n’existent plus chez les Protestants ? 90

BIBLIOGRAPHIE Ouvrages généraux : • André CHAZEL, « L’Ecole Paul Minault, un aspect de la question scolaire à Tananarive », Société des Missions Evangéliques, Paris, 1903. • André CHAZEL, « Revue chrétienne », décembre 1903. • André XOU, « Madagascar Colonie française, Paris, 1931. • BACHIR A.D / P. AUGER, « Madagascar : enseigner une langue étrangère comme langue d’ouverture internationale », 1991. • BOITEAU P, « Contribution à l’histoire de la nation malgache, éditions sociales, Paris 1958. • CHAPUS et MONDAIN, « L’action protestante à Madagascar », Imprimerie L.M.S, Tananarive, 1937. • CREDO (Centre de Recherche d’Etude et de Documentation), « Madagasikara sy ny Fivavahana kristiana », éd. Ambozontany, Antananarivo, 1992. • ESOAVELOMANDROSO (F), « Politique des races et enseignement colonial (jusqu’en 1940) », in Omaly sy anio, 1977, pp 245-254. ESOAVELOMANDROSO (F), « Langue, culture et colonisation à Madagascar : le malgache et le français dans l’enseignement officiel (1916- 1940) in Omaly sy anio, N°3-4, p.120 • GALLIENI, « Neuf ans à Madagascar », 1908. • G. MONDAIN, « Que les Missions Protestantes ont fait pour l’instruction publique à Madagascar », Société des Missions Evangéliques, Paris, 1904. • Hubert DESCHAMPS, « Histoire de Madagascar », Ed. Berger-Levrault », Paris, 1960. • RABEMANAHAKA (J.W), « Tantaran’ny Protestanta : FFPM, 80 taona (1913- 1993), Antananarivo, 1993. • RANDRIAMAMONJY Fréderic, “Ny fanabeazana nokasaina sy nontanterahina tao amin’ny Sekoly Paul Minault”, in Bulletin académie nationale Art. Let. Sci-Tome 79/1-2, 2001 (2003). • RAVELOMANANA, “Ny Sekolin’ny Protestanta sy ny Fampinarana samihafa nataony teto Madagasikara”, Ed. Salohy, 1968. 91

• RAVALITERA Nalisoa, “Kolejy Paul Minault” taloha sy ankehitriny 1901- 1986 » éd. SAlohy, 1986, Illustré. • PATA, Association des anciens élèves de l’Ecole Paul Minault », Nouvelle Imprimerie des arts graphiques, 1976. Revues et journaux : « Fahatsiarovana an’Itompokolahy André CHAZEL », in FIAINANA. Juillet 1938, pp. 222-224. « Ny sekoly Protestanta eto Antananarivo, tao FIAINANA, Juin 1952, pp 91-92. “Izay ilaintsika Protestanta Malagasy Sekoly ambony”, in FIAINANA, Mei-Juin 1955, p.72. “Ny Sekoly Protestanta ao amin’ny didin’Antananarivo”, in FIAINANA, Mars-Avril 1955, pp45-48. “Ny fampianarana sy fitaizana tao Ecole Paul Minault”, in FIAINANA, Mai 1949. COTE Archive FJKM SOL 129 “Ecole Paul Minault, ny vola naloan’ny Fiangonana sasany ho fanampiana ny Ecole”, in Ny MPAMAFY, Février 1923. SOL129 “Ecole Paul Minault : Collège des Missions Evangéliques », in Ny MPAMAFY, 1er Janvier 1926. pp12-13. « Dian-tongotry ny Misionera teto aminn’y tanintsika », 34 An, Ny MPAMAFY N° 5, Mei 1953. SOL 136 RANDRIAMISEZA, “Enina amby telopolo taona lasa izay 21 Mei 1897 : Itompokolahy Paul Minault sy Benjamin Escande”in Ny MPAMAFY, juin 1933 pp.89- 93. SOL 138 “Ny Ecole Paul Minault », in Ny MPAMAFY, Avril 1949. p.p1 RALAMBOMAHAY, « Ny Sekoly Paul Minault, fidirana Octobre1949”, In Ny MPAMAFY p. MONDAIN «Monsieur André CHAZEL», in Ny MPAMAFY, Août 1938, pp.14-16. « Ny asan’ny Société des Missions Evangéliques de Paris, (MPF) eto Imerina sy Betsileo nandritry ny 40 taona (1896-1936)”, in Ny MPAMAFY, juillet 1936, pp.8- 24. « Fanafoanana ny diplaoma CESD », in Ny RANOVELONA, Décembre 1957, p.24

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SOL 182 “l’Ecole Paul Minault : tantanan’ny Synoda 3 tonta”, in Ny RANOVELONA janvier 1966, p.7. IV-3 « Paul Minault », in Ny SAKAIZAN’NY Tanora, N°456, janvier 1928, pp24-25 IV-3. R.T.S, “Paul Minault”, in Ny SAKAIZAN’NY TANORA, N°1044, Février 1981, p.3200. RAMAHERY, sy Solohery RR, “Paul Minault”, in Ny SAKAIZAN’NY TANORA, N° 1156, Jolay 1986, pp3200-3204. E.42. “Ny Ecole Paul Minault”, in NY TENY SOA, Ed. LMS, “Rapport de la Conférence générale de Madagascar”, (Emyrne et Betsileo), in Journal des Missions, Avril 1900. Journal des Missions, 1897.pp501-503 RAL 244 André CHAZEL, « L’Ecole Paul Minault », in p.76 Journal des Missions, 1914. Patrick A, « Mihen-danja ny Kolejy Paul Minault, in Express de Madagascar, 8 Nov. 2004, p.9

Communications et rapports : • GONTARD (M), « Les Missions à Madagascar en 1903 », in Bulletin de Madagascar, N° 287, Avril 1970, pp.377-380. • BJERTNES, Rapports de la troisième Conférence Intermissionnaire avec annexes des précédentes conférences, Tana, 1926. • BURTON, « Le Foyer et l’Ecole Paul Minault », dans le Rapport de la quatrième Conférence Intermissionnaire, 1932, pp66. • Rapport de la cinquième Conférence Intermissionnaire, 1938, p5, 62. • « Fitadiavan-kevitra, momba ny Ecole Paul Minault », dans le sixième Conférence Intermissionnaire, 1948, p45. • « Inona moa ny FFPM ? Jobily faha 90 taona 1913, 2003 », Ed Salohy, Tana, 2003, 43p. • KRÜGER, « L’Ecole Paul Minault » dans le Rapport de la Conférence Intermissionnaire, Tana, 1932, p.30. • REV. EVANS, « Rapport sur l’activité du Comité Intermissionnaire du 1921 à 1926 » dans le Rapport de la troisième Conférence Intermissionnaire, Tana 1926, pp18-21. 93

• L’enseignement à Madagascar en 1931, E.123, A.R.M. • Rapport de CHAZEL pour la Conférence de la MPF en 1900, A.E.P.M. • Circulaires et arrêtés, Série enseignement D. 199, A.R.M.

Articles • GAILLARD (J), « Aux racines de l’Ecole de la République », dans le Monde de l’éducation, N°283, Juillet – Août, 2000, pp.19-27. • GRANDIDIER, « Gallieni », in Le Monde colonial, illustré, janvier, 1924. • P RAVAHONA, « L’évolution de la scolarisation de 1820 à nos jours », dans Lumière N°1590, 16 juin 1966. 94

LISTE DES ABREVIATIONS

A.E.P.M : Archives de l’Ecole Paul Minault A.R.M : Archives de la R2publique Malgache A.F.J.K.M : Archives F.J.K.M C.A.P : Certificat d’Aptitude Pédagogique C.E.P.E : Certificat d’Etudes Primaire Elémentaire C.E.S.D : Certificat d’Etudes du Second Degré E.P.M : Ecole Paul Minault E.P.S : Education Physique et Sportive F.F..P.M : Fiombonan’ny Fiangonana Protestanta eto Madagasikara F.L.M : Fiangonana Loterana Malagasy F.J.K.M : Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagasikara

I.C.C.O : International Coordination Commitée for Developpement PROJETS INRFP : Institut National de Recherche et de Formation Pédagogiques L.M.S : London Missionnary Society M.P.F : Mission Protestante Française OSSUM : Office Sportive Scolaire et Universitaire Malagasy PATA : Surnom de l’Ecole Paul Minault

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TABLE DES MATIERES Introduction générale ...... 1 PREMIÈRE PARTIE : LA DIFFICILE IMPLANTATION DE L’ECOLE PAUL MINAULT DANS LE CADRE DE L’ENSEIGNEMENT COLONIAL ...... 4 Chapitre I : SITUATION DE L’ENSEIGNEMENT A MADAGASCAR A LA FIN DU XIXè SIECLE ET AU DEBUT DU XXè SIECLE ...... 5 1- Rappel succinct des fondements du système éducatif français...... 5 2- Application du système éducatif français à Madagascar ...... 6 2-1- L’enseignement du 1èr degré ...... 8 2-2- L’enseignement du Second degré...... 9 2-3- L’enseignement du 3ème degré ...... 11 3- Situation de l’enseignement confessionnel au début de la colonisation...... 11 Chapitre II : VERS LA CREATION DE L’ECOLE PAUL MINAULT...... 14 1- Le Révérend Paul Minault devenu martyr...... 14 2- Les implantations successives de l’Ecole ...... 16 Chapitre III : UN SOUTIEN MATERIEL ET FINANCIER ASSURE PAR LES MISSIONS PROTESTANTES ...... 22 1- Les aides étrangères ...... 22 2- Les aides locales ...... 24 2-1- La contribution de l’Eglise protestante...... 24 2-2- La contribution de l’Association des Anciens élèves ...... 25 CONCLUSION ...... 26

DEUXIEME PARTIE : LES RAISONS DE LA REUSSITE DE L’ECOLE PAUL MINAULT D’AMBOHIJATOVO ...... 27 Chapitre IV : LES OBJECTIFS DE L’ECOLE PAUL MINAULT ...... 28 1- Former des citoyens responsables...... 28 2- Perpétuer l’école française en respectant les valeurs malgaches ...... 30 3- Former des élites protestantes...... 32 Chapitre V : LE CHOIX D’UN PERSONNEL QUALIFIE...... 34 1- Une sévère sélection du personnel administratif et enseignant ...... 34 1-1- Le mode de recrutement ...... 34 1-1-a- Le rôle de la MPF...... 34 1-1-b- Le rôle de la FFPM...... 35 1-1-c- Le rôle du Comité Directeur de l’Ecole ...... 35

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1-1-d- Le rôle du Directeur de l’Ecole ...... 36 1-2- Les Directeurs successifs...... 37 2- La polyvalence limitée des Enseignants ...... 38 3- La pérennisation des expériences...... 40 3-1- Des anciens élèves devenus responsables de l’ECOLE ...... 40 3-2- Des anciens élèves devenus des Enseignants à l’Ecole...... 40 3-3- La contribution de l’Association des Anciens...... 41 3-3-a- Historique ...... 41 3-3-b- Les membres de l’Association ...... 41 3-3-c- Le but de l’Association...... 42 3-3-d- Les actions de l’Association...... 42 Chapitre VI : ENTRETENIR EN PERMANENCE UN ESPRIT DE FAMILLE...... 44 1- Le strict respect de la discipline...... 44 1-1- Les aspects particuliers de cette discipline...... 44 1-2- La discipline pour les élèves...... 45 1-3- La discipline pour les enseignants...... 46 1-3-a- La bonne conduite et les bonnes mœurs...... 46 1-3-b- Le respect des obligations professionnelles ...... 46 1-3-c- La vie de relations envers les autres collègues...... 47 2- Les activités culturelles et sportives ...... 47 2-1- L’union sacrée dans le culte ...... 47 2-2- Les activités sportives et l’apparition du surnom « PATA »...... 49 • La concurrence saine en cours de Gymnastique ...... 49 • Des Professeurs sportifs de l’équipe ASPRO ...... 50 • L’origine du surnom PATA ...... 50 • Une rencontre décisive pour PATA ...... 51 • Et PATA devint immortel ...... 52 2-3- L’initiation au théâtre ...... 53 • Pour commencer, déclamer des poèmes ...... 53 • Des poèmes aux pièces théâtrales ...... 54 2-4- Le journalisme ...... 56 2-5-Des chants, de la musique, de la chorale : ...... 56 2-6- Les veillées ...... 57 3- Les activités extra-scolaires ...... 58 3-1- Le scoutisme ...... 58 3-2- Les sorties éducatives ...... 59 97

3-2-a- Les visites dans les foyers ...... 59 3-2-b- Les réunions de travail ...... 59 3-2-c- Les voyages d’étude ...... 59 3-2-d- Les camps de travail...... 60 3-2-e- Les colonies de vacances...... 60 L’INTERNAT DE PATA...... 60 CONCLUSION ...... 62 TROISIEME PARTIE : BILAN ET PERSPECTIVES D’AVENIR DU COLLEGE PAUL MINAULT ...... 63 Chapitre VII : LES DONNÉES CHIFFRÉES ET BILAN ...... 64 1- L’évolution des écolages...... 64 2- Les dépenses de fonctionnement ...... 67 3- L’évolution des effectifs des élèves...... 68 Chapitre VIII : LES EXAMENS : ORGANISATIONS ET RÉSULTATS...... 74 1- L’organisation des examens d’entrée...... 74 1-1- Concours d’entrée en 1917 ...... 75 1-2- Le concours d’entrée en 1922...... 76 2- L’organisation des examens internes ...... 77 2-1- Les examens trimestriels ...... 77 2-2- Les examens blancs ...... 77 3- La réussite aux examens officiels ...... 78 Chapitre IX : LES CHANGEMENTS DE SITUATION OPERES D’AMBOHIJATOVO A ANDROHIBE ...... 82 1- La place de PATA dans l’enseignement malgache...... 82 2- Le rayonnement de PATA sur le plan national ou international ...... 83 LISTE DES ANCIENS PATA ...... 85 3- La nouvelle situation à Androhibe...... 87 3-1- L’éloignement...... 87 3-2- La mise à l’écart des Missionnaires et des Anciens ...... 88 3-3- Le concours d’entrée ...... 88 3-4- La suppression des aides étrangères ...... 88 3-5- Le changement de statut ...... 88 3-6- La responsabilité des Enseignants ...... 88 3-7- Une certaine léthargie au niveau de la Direction...... 88 CONCLUSION GENERALE...... 89 BIBLIOGRAPHIE ...... 90 ABREVIATION ……………………………………………………………………………..94 98

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