Les Débats De La Chambre Des Communes
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43e LÉGISLATURE, 2e SESSION Débats de la Chambre des communes Compte rendu officiel (Hansard) Volume 150 No 039 Le lundi 30 novembre 2020 Présidence de l'honorable Anthony Rota TABLE DES MATIÈRES (La table des matières quotidienne des délibérations se trouve à la fin du présent numéro.) 2651 CHAMBRE DES COMMUNES Le lundi 30 novembre 2020 La séance est ouverte à 11 heures. est conscients de cela, à savoir que les lois fédérales viennent su‐ bordonner les lois provinciales. En revanche, le Parlement fédéral peut imposer des balises Prière strictes aux gouvernements dans l'application des lois qu'il adopte. Si les lois fédérales demandent le respect des lois du Québec et de celles des provinces, le gouvernement fédéral ne pourra plus autori‐ ser de projets qui y contreviennent. Cette stratégie de contourne‐ AFFAIRES ÉMANANT DES DÉPUTÉS ment est peut-être ce que vise le projet de loi C‑225, qui viendrait ● (1105) modifier sept lois fédérales. [Français] En effet, le projet de loi C‑225 viendrait modifier la Loi sur l'aé‐ ronautique et la Loi sur les ports de pêche et de plaisance, qui en‐ LA LOI SUR L'AÉRONAUTIQUE cadrent respectivement les aéroports, et les quais et les ports pour M. Mario Simard (Jonquière, BQ) propose que le projet de les petits bateaux. Le projet de loi modifie également la Loi sur la loi C-225, Loi modifiant la Loi sur l’aéronautique, la Loi sur les capitale nationale, qui encadre les activités de la Commission de la ports de pêche et de plaisance et d’autres lois (application du droit capitale nationale, tant à Ottawa qu'en Outaouais, ainsi que la Loi provincial), soit maintenant lu pour la deuxième fois et renvoyé au sur la radiocommunication, laquelle encadre les infrastructures de Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collecti‐ télécommunication, dont les antennes cellulaires. vités. Les autres lois modifiées par le projet de loi comprennent la Loi — Monsieur le Président, ce matin, je suis heureux de discuter sur les immeubles fédéraux et les biens réels fédéraux, qui encadre avec l'ensemble de mes collègues du projet de loi C‑225. Je suis l'ensemble des propriétés fédérales, la Loi maritime du Canada, qui d'autant plus heureux que ce projet de loi avait déjà été déposé en encadre les ports comme on le sait tous, et la Loi sur la Banque de 2018, sous le numéro C‑392, par celle que l'on appelle la passiona‐ l'infrastructure du Canada, qui encadre les projets réalisés par l'en‐ ria de l'environnement dans ma formation politique, à savoir la tremise de la Banque, lesquels peuvent à l'heure actuelle jouir d'une charmante députée de Repentigny. L'actuel projet de loi C‑225 est certaine forme d'immunité fédérale par rapport aux lois provin‐ quasiment le même. ciales et aux règlements municipaux. On le verra un peu plus tard dans le détail, mais, en prémices, En adoptant le projet de loi C‑225, le Parlement forcerait le gou‐ j'aimerais souligner ce que le projet de loi peut représenter. Il s'ins‐ vernement fédéral à s'assurer qu'il respecte les lois des provinces et crit parfaitement dans ce que sont mes ambitions politiques puis‐ les règlements municipaux avant d'autoriser une activité ou une in‐ qu'il suppose une plus grande autonomie politique pour le Québec. frastructure. À mon avis, cela s'inscrit donc clairement dans une re‐ Tout le monde semble conscient de cette trajectoire vers l'autono‐ cherche d'autonomie politique. mie politique qu'a prise l'histoire québécoise. Quels seraient les effets de ce projet de loi? Avec son adoption, Remontons jusqu'au fameux slogan « Maîtres chez nous » de les lois québécoises relatives à la protection de l'environnement et Jean Lesage. À son époque, la question environnementale n'était de l'aménagement du territoire s'appliqueraient sur l'ensemble du peut-être pas aussi pertinente qu'elle l'est aujourd'hui. Quant à Le‐ territoire québécois. En introduction, j'ai évoqué Jean Lesage: selon sage, il est même allé plus loin que ce slogan. moi, ce projet de loi serait donc une forme du « Maîtres chez nous » dans le contexte de l'environnement. En effet, je me rappelle le début de ce que l'on a appelé la Révo‐ lution tranquille, alors que Lesage avait eu cette belle phrase: Ainsi, les privilèges d'un promoteur aéroportuaire cesseraient de « L'État du Québec comme l'instrument principal d'émancipation primer sur les dispositions de la Loi sur la protection du territoire et collective des Québécois ». Cette phrase, tout de même assez fa‐ des activités agricoles ou les règlements municipaux. Les entre‐ meuse, signifie que ce que l'on cherche surtout est peut-être de don‐ prises de télécommunication devraient s'entendre avec les munici‐ ner corps à la nation québécoise d'une façon politique, ce qui se fait palités et ériger leurs tours et leurs antennes dans le respect des ré‐ par l'entremise d'une autonomie politique, d'après moi. sidents locaux. Les projets fédéraux d'infrastructure d'envergure se‐ raient, au même titre que tous les autres projets semblables, assujet‐ On sait que, lorsque le gouvernement fédéral agit dans les do‐ tis au processus d'évaluation du Bureau d'audiences publiques sur maines relevant de la compétence législative du Parlement fédéral, l'environnement du Québec. Ces projets devraient donc obtenir un le Québec et les provinces ne peuvent pas le forcer à respecter leurs certificat d'autorisation du gouvernement du Québec avant d'aller lois. Dans notre Constitution, il y a une forme de hiérarchie et on de l'avant. 2652 DÉBATS DES COMMUNES 30 novembre 2020 Affaires émanant des députés Dans le même ordre d'idées, les propriétés du gouvernement fé‐ cement devient déterminant, et le Québec n'a pas le pouvoir de dé‐ déral, y compris les pans du territoire urbain gatinois qui appar‐ terminer cela. tiennent à la Commission de la capitale nationale, devront respecter les schémas d'aménagement et les règlements municipaux adoptés On va voir que je suis bon joueur. Durant la campagne électorale par les autorités locales. de 2015, qui a amené le Parti libéral au pouvoir, celui-ci promettait dans sa plateforme de s'assurer de l'acceptabilité sociale des projets. En plus d'assurer une meilleure protection de l'environnement et C'est un mot qui est sur toutes les lèvres, aujourd'hui, « acceptabili‐ un aménagement plus harmonieux du territoire, le projet de loi té sociale ». Le Parti libéral nous disait, en 2015, que l'acceptabilité vient instaurer une certitude juridique dans des domaines marqués sociale devait être mise en avant pour l'acceptation d'un projet par de nombreuses contestations judiciaires liées au partage des avant d'offrir l'autorisation. compétences. En autorisant un projet qui enfreint une loi provin‐ Cela ne me fait pas plaisir, mais je vais citer ce qu'on peut lire ciale, c'est à une loi fédérale que le ministre fédéral contreviendrait, dans la plateforme de 2015 du Parti libéral: « Si ce sont les gouver‐ réglant la question du conflit de compétence une fois pour toutes. nements qui délivrent des permis aux projets de développement des On connaît le contexte constitutionnel canadien. Constitutionnel‐ ressources, seules les communautés peuvent donner leur permis‐ lement, le territoire québécois appartient aux Québécois et aux sion. » Comme je suis un homme charitable, je me suis dit: pour‐ Québécoises. Son occupation, son utilisation, son aménagement et quoi ne pas soutenir mes collègues libéraux pour leur permettre de sa protection relèvent, pour l'essentiel, des lois et des règlements du répondre à l'une de leurs promesses faites en 2015? Québec et des municipalités. Or, ce que venait faire l'Acte de ● (1110) l'Amérique du Nord britannique en 1867, c'est un partage des pou‐ voirs législatifs entre les provinces et le gouvernement fédéral qui Je fais cela par pur altruisme. Nous, les gens du Saguenay— accorde à Ottawa plusieurs pouvoirs qui touchent l'environnement Lac‑Saint‑Jean, sommes bien faits. Par pur altruisme, je suis prêt à et le territoire. faire cela pour mes collègues libéraux. Lors de la signature de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, Nous vivons en démocratie. Nos lois et règlements sont donc on était dans le contexte de 1867, et des éléments comme les télé‐ adoptés par les représentants du peuple et reflètent une certaine ac‐ communications n'existaient pas. C'est donc le pouvoir résiduaire ceptabilité sociale. Le projet de loi C‑225 viendrait en quelque sorte qui fait en sorte que tout ce qui n'a pas été nommé en 1867 relève concrétiser une promesse électorale des libéraux. du gouvernement fédéral. Les télécommunications font partie de Tout à l'heure, je parlais d'exemples qui ont fait la démonstration cela. La navigation, les quais et les ports, c'est autre chose. Il y a que la prérogative du gouvernement fédéral sur les lois environne‐ aussi la propriété publique, soit les terrains et les bâtiments qui ap‐ mentales du Québec peut donner lieu quelquefois à des circons‐ partiennent à Ottawa, ainsi que les transports interprovinciaux, y tances malheureuses. On pourrait revenir là-dessus. compris les infrastructures de transport, comme les oléoducs. Au fil des ans, nous nous sommes dotés de plusieurs lois, règle‐ On a eu cette discussion de façon assez récurrente lors de la der‐ ments et institutions qui nous ont assurés de la protection du terri‐ nière campagne électorale. C'était l'idée malheureuse de nos col‐ toire et de son aménagement harmonieux. Il s'agit par exemple de lègues conservateurs d'avoir un couloir énergétique qui aurait fait la Loi sur la protection de l'environnement du Québec, la Loi sur la passer un oléoduc sur le territoire québécois.