Abilly, “ Le Petit-Paulmy ” ______
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ATLAS ARCHÉOLOGIQUE DE TOURAINE IV LES LIEUX ___________________________________________________________________________________________ Abilly, “ Le Petit-Paulmy ” ___________________________________________________________________________________________ -HDQ&ODXGH0DUTXHW, Laure-Anne Millet-Richard2 805&,7(5(6/$72Musée du Grand-Pressigny Alors que les ateliers de taille pressigniens témoins Claire Cauvin d’observer l’association d’outillage en GX GpELWDJH GH JUDQGHV ODPHV GH VLOH[ j OD ¿Q GX silex sur lames de “ livres de beurre ” et de tessons de Néolithique (entre 2800 et 2400 ans av. n. è.) sont céramique parmi lesquels des fragments de cuillères FRQQXVGHSXLVOD¿QGXe s., l’existence d’habitats indiquant bien l’existence d’activités domestiques au contemporains de cette production a été longtemps pays des grandes lames de silex et l’appartenance de méconnue. Le Petit Paulmy est le premier site de ce FHVHQVHPEOHVjOD¿QGX1pROLWKLTXH CAUVIN type fouillé dans la région pressignienne. /HVIRXLOOHVUpFHQWHVFRQ¿UPHURQWFHVDYLVPrPHVL ce n’est qu’une très faible partie du site qui a, jusqu’à Situé sur le versant de la rive droite de la Claise, à maintenant, été véritablement explorée. l’entrée est du bourg d’Abilly, le Petit Paulmy fait partie, avec l’habitat du Foulon, de toute une aire d’habitations et d’activités de l’homme préhistorique. Une habitation et un atelier de taille Ceci est attesté par le grand nombre d’outils ramassés dans cette zone et par l’existence d’autres aires 'L[ FDPSDJQHV GH IRXLOOH GHSXLV RQW SHUPLV d’habitat révélées soit par des observations aériennes, la mise au jour de vestiges indiquant des traces soit par des sondages dans lesquels la coexistence de d’occupation, sur tout le versant, depuis le Paléolithique tessons de céramiques et d’outils en silex sur lames jusqu’à l’époque gallo-romaine. L’aire domestique du de “ livres de beurre ” (pour ce terme, voir MILLET- 1pROLWKLTXH ¿QDO HVW VLWXpH YHUV OH KDXW GH OD SHQWH RICHARD DpWpGpPRQWUpH sans être directement sur le plateau. L’intérêt de cette découverte permettant d’espérer la découverte (Q TXDWUH DUFKpRORJXHV RQW IDLW OH SRLQW VXU d’un lieu de vie des artisans-tailleurs pressigniens a les ramassages de surface effectués au Petit Paulmy MXVWL¿pXQHIRXLOOHHWXQHDQDO\VHDSSURIRQGLHV$LQVL (CORDIER et al. /HV DXWHXUV RQW GpFULW XQH les vestiges ont été interprétés comme une habitation abondante industrie lithique se composant de nucléus dans laquelle des hommes ont également taillé du silex “ livres de beurre ” et d’outils variés tels des fragments (MARQUET, MILLET-RICHARD de poignards sur lames de “ livres de beurre ” GRFXPHQW GHVJUDWWRLUV«TXLVHUHWURXYHQWSRXU L’habitat est attesté par la présence de deux foyers l’essentiel dans l’industrie découverte au cours de situés l’un, à l’extérieur de la construction l’autre, nos campagnes de fouille. Ils ont signalé également j O¶LQWpULHXU PDLV LO HVW LPSRVVLEOH G¶DI¿UPHU OHXU de nombreux tessons de poterie découverts en surface caractère strictement contemporain. Ce second RX ORUV GH VRQGDJHV HQ SDU 3 *HVOLQ HW HQ foyer a livré des tessons possédant encore un SDU ) %HUWKRXLQ HW 3 -RDQQqV /HV DXWHXUV placage d’éléments organiques issus de la nourriture considéraient alors ce site comme un lieu d’habitat cuite. L’atelier de taille du silex est attesté par et de taille du silex. Cette station pouvait, selon eux, l’abondance et la répartition des produits de débitage, “ être considérée comme une des plus intéressantes du particulièrement autour du foyer interne, et surtout par terroir, sinon la plus riche et la plus variée de toutes ”. un certain nombre de raccords d’éclats ayant subi des 'HVWUDQFKpHVRXYHUWHVHQGDQVODSDUWLHQRUG accidents de taille. Des calages de poteaux confortent de la parcelle par Raoul Daniel, ont permis à Marie- l’hypothèse de l’existence d’une construction. Pour citer cette notice : MARQUET J.-C., MILLET-RICHARD L.-A. - Abilly, “ Le Petit-Paulmy ”, in : Zadora-Rio É. (dir.) - Atlas Archéologique de Touraine, 53e Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France, FERACF, Tours, 2014, http://a2t.univ-tours.fr/notice.php?171, 2013 2 ATLAS ARCHÉOLOGIQUE DE TOURAINE Répartition spatiale des objets L’observation des sédiments rencontrés au cours de la fouille a non seulement permis d’observer des Les relevés tridimensionnels précis de tous les variations verticales tout à fait normales dans un objets découverts à la fouille permettent de proposer JLVHPHQWVWUDWL¿pPDLVDXVVLGHVYDULDWLRQVKRUL]RQWDOHV l’hypothèse d’une reconstitution de la construction. beaucoup moins fréquentes dans les gisements archéologiques. Une hypothèse est proposée : un La répartition verticale des artefacts montre une plancher positionné sur une grande partie de la surface disposition en large nappe d’objets, de forme GHODFRQVWUXFWLRQDXUDLWHPSrFKpOHVSDUWLFXOHV¿QHV lenticulaire, dont l’épaisseur maximum se trouve du torchis de se répartir dans le sable environnant au sensiblement au niveau de la structure et qui va en moment de l’effondrement des murs. s’amincissant vers l’extérieur et ceci dans toutes les directions sauf vers l’est où la paroi de la construction a limité la dispersion des vestiges. L’industrie lithique du site L’ensemble du matériel lithique (niveau en place et La répartition horizontale des artefacts (objets niveau supérieur plus perturbé) de l’aire domestique lithiques et céramiques) de la couche d’occupation en GX1pROLWKLTXH¿QDOUHSUpVHQWHHQYLURQREMHWV place (c’est en fait un niveau comprenant du mobilier WDLOOpVSDUPLOHVTXHOVPHVXUDQWSOXVGHFP lithique nettement plus frais que dans les couches ont été repérés en trois dimensions. supérieures et une absence de tessons des périodes historiques) montre un semis d’objets d’une densité Les “ livres de beurre ” caractéristiques des ateliers extrêmement variable d’une zone à une autre, qui du Grand-Pressigny ont, sur ce site, presque toutes été plaide en faveur d’un sédiment peu ou pas remanié reprises pour débiter des lames à talon lisse et parfois (une lentille uniforme aurait laissé supposer un également des éclats. Des éclats de mise en forme mélange aléatoire). GHV QXFOpXV ³ OLYUHV GH EHXUUH ´ RQW pWp LGHQWL¿pV Certains raccords ont pu être faits entre des éclats La plupart des blocs observés sont associés en petits qui se trouvaient près du foyer. Parmi eux se trouvent groupes, quelquefois situés autour d’un espace vide de de grosses esquilles accidentellement détachées des TXHOTXHVjFPGHGLDPqWUH$SUqVGpFRPSRVLWLRQ éclats à la suite d’une percussion violente et qui ont du bois dans ce milieu sableux extrêmement agressif pu être raccordées aux éclats d’où elles provenaient WUqVR[\JpQpHWDFLGH LOQHUHVWHSOXVSRXULGHQWL¿HU (accidents dits “ en nacelle ”). Les longueurs de la présence du poteau, que l’emplacement des blocs ces esquilles étant inférieures aux dimensions des du calage. Pour certains poteaux seulement, il a été outils les plus petits, ces pièces ne peuvent avoir été possible d’observer une différence de nature entre le transportées jusqu’à ce foyer dans le but de s’en servir sédiment du trou du poteau et celui dans lequel ce trou pour l’outillage ; il s’agit donc ici de la preuve de la avait été creusé. taille du silex sur place, dans cette construction. Selon notre hypothèse, tout un ensemble de calages La fouille n’a bien sûr pas livré de grande lame GHVVLQHXQRYDOHGHPGHORQJXHXUHWGHP entière issue de “ livre de beurre ” mais de nombreux de largeur. Ces calages soulignent l’emplacement de fragments de ce type de lames. Les lames entières, la paroi de la construction. À l’intérieur de cet ovale, produites par des artisans-tailleurs possédant un très haut niveau de savoir-faire, étaient en effet très et disposés selon son grand axe, plusieurs calages majoritairement conservées pour être diffusées en indiquent la position des poteaux qui soutenaient dehors de la région pressignienne et transformées l’arête faîtière de la charpente. En dehors de ces en poignards (voir MILLET-RICHARD /HV calages qui ont permis de dessiner le plan au sol grandes lames entières et non retouchées ne se de la construction, d’autres calages situés tant à trouvent donc que dans des dépôts correspondant l’intérieur qu’à l’extérieur pourraient y appartenir et à des stocks non encore emportés vers des régions participer ainsi au soutien de poteaux. Il est cependant plus éloignées ; seulement deux de ces dépôts ont à LPSRVVLEOHG¶DI¿UPHUTX¶LOVDSSDUWLHQQHQWjODPrPH ce jour été découverts dans la région pressignienne, construction. En effet, même si aucune autre trace de VXUODFRPPXHGH%DUURX CHAUVEAUGESLIN, foyer n’a été découverte et que la lentille d’objets ne BASTIEN, PELEGRIN semble pas déborder de cet ovale, les perturbations au sud de la construction provoquées par les occupants de Le nombre d’éclats de mise en forme de “ livres de O¶kJHGX%URQ]HHWGHVSpULRGHVKLVWRULTXHV SHXWrWUH beurre ”, croisé avec les variétés de couleurs de silex gallo-romaine) doivent nous inciter à la prudence. des déchets de taille issus de cette même chaîne KWWSDWXQLYWRXUVIUQRWLFHSKS"LG -($1&/$8'(0$548(7/$85($11(0,//(75,&+$5'$%,//<³/(3(7,73$8/0<´ opératoire, montre que le nombre de “ livres de dispersion dans toute l’épaisseur de la nappe d’artefacts beurre ” mises en forme et débitées dans l’habitat est FRQ¿UPDQWO¶XQLFLWpG¶RFFXSDWLRQGHFHWHVSDFH ¿QDOHPHQW WUqV IDLEOH SDV SOXV G¶XQH TXDUDQWDLQH Les tessons correspondent à presque une centaine de 6HORQ OHV H[SpULPHQWDWLRQV GH - 3HOHJULQ FHOD QH vases différents parmi lesquels des vases tronconiques UHSUpVHQWHUDLW TXH j MRXUV GH WUDYDLO SRXU XQH ou hémisphériques, des écuelles, des assiettes, des personne, c’est-à-dire très peu de temps comparé à la coupes, une cuillère et une fusaïole. Le plus grand durée d’occupation d’une maison (MARQUET, MILLET- vase reconstitué mesure plus de 40 cm de haut. Son RICHARD GLDPqWUHjODEDVHHVWGHFPHWGHFPDXVRPPHW Sa forme est sub-cylindrique. La panse est légèrement /HV RXWLOV DX QRPEUH GH UHSUpVHQWHQW HQYLURQ galbée. Une languette horizontale de préhension est GHO¶HQVHPEOHGXPDWpULHOOLWKLTXH SRXU située à 40 mm du bord (document 2). le niveau en place).