ASSOCIATION DES AMIS DES CABLES SOUS-MARINS

Le NC Pierre de Fermat (en cours de construction)

BULLETIN N° 48 – JANVIER 2014

SOMMAIRE

NUMERO 48 – JANVIER 2014

Articles Auteurs Pages

Le Navire Câblier Pierre de Fermat.

Sommaire 1

Le billet du Président. A. Van Oudheusden 2

Les systèmes bon marché (lettre à un ami) Jean Devos 3

Pierre de Fermat Wikipédia 4

Les télécommunications du Ministère de l’Intérieur G Fouchard 5

Les câbles sous-marins en temps de guerre A Van Oudheusden 25

Bonnes feuilles sur Marcel Bayard Germain Bonnet-Winckler 31

Hommage à Jean Vivet Rédaction 46

Hommage à Claude Maulini Rédaction 47

Les orientations des associations culturelles Rédaction 50

RENOUVELLEMENT DE VOTRE ABONNEMENT. Ce numéro 48 du bulletin est envoyé aux membres de l’Association à jour de leur cotisation. Nous vous rappelons que le montant de la cotisation est passé à 15 Euros. (Décision prise par l’Assemblée Générale du 13 juin 2009). Elle couvre la période de janvier à décembre et donne droit à 2 ou 3 numéros annuels. Transmettez vos cotisations (et vos coordonnées pour les nouveaux adhérents) au Trésorier de l’AACSM à l’adresse ci-dessous :

Mr Gérard Fouchard Trésorier de l’AACSM 40 Quai Hoche 83500 LA SEYNE SUR MER Site de l’association : www. Cablesm.fr

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LE BILLET DU PRESIDENT

Alain Van Oudheusden

Jean Vivet vient de nous quitter en cette fin d’année 2013. Encore un ami qui nous abandonne. Il a entretenu le réseau côtier de câbles sous-marins avant de terminer sa carrière comme directeur d’établissement des centres téléphoniques de Marseille-Centre. Beaucoup de nos adhérents l’ont bien connu, je pense à MM Lucas, Bonneau et Salvador par exemple, qui pourront compléter notre article dans un prochain bulletin.

C'est avec tristesse que nous venons d'apprendre le décès de Claude Maulini, encore un ami qui nous quitte. Nous lui rendrons hommage dans ce bulletin au travers des amis qui l'on bien connu et qui ont navigués avec lui.

Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, nous orientons les éclairages sur les communications par câbles sous-marins et sur des personnalités de Marcel Bayard, Georges Painvin et Jean Vivet par exemple.

L’Association termine l’année par la conclusion de trois projets pilotés respectivement par :  La FNARH qui publie une Chronologie du 19ème siècle sous la direction de notre ami Claude Pérardel, dont nous assurons la partie câbles sous-marins.  La société EPISERM qui publie une biographie de Marcel Bayard en collaboration avec l’Association des Amis des câbles sous-marins et la famille Bayard. Cet ouvrage de 90 pages format A4 est signé M Germain Bonnet-Winckler, président d’EPISERM.  La Ville de la Seyne, dans le cadre d’un concours sur la Mémoire des Ports de Méditerranée. La Ville de La Seyne s’est classée parmi les finalistes du concours et l’AACSM a pris en charge l’histoire du port de Brégaillon L’exposition est présentée dans le hall du Conseil Régional de Marseille pendant tout le dernier trimestre 2013.

Nous publions dans ce bulletin quelques bonnes feuilles sur la vie de Marcel Bayard et sur la conférence de Gérard Fouchard au colloque historique de la FNARH (le télégraphe de 1850 à 1878) ou dans le cadre de conférences publiques (Les câbles sous-marins télégraphiques de l’Empire colonial et la sécurité des correspondances pendant les deux guerres mondiales).

Je ne manquerai pas de rappeler le succès du site internet animé par Francis Tressières en quelques chiffres :  Nombre de visites 13.600 visites par mois  Feuilles lues 20.000 pages visitées par mois  Pays d’origine de nos visiteurs plus de 50

Nous avons noté que le président d’ « Orange Marine » avait communiqué sur les câbles sous- marins dans le bulletin de l’ACORAM. Nous reprenons cette information sur le site internet www.cablesm.fr et sur le futur navire Pierre de Fermat. Le bulletin vous présente le bébé … virtuel, plus vrai que nature et la carrière de son patron, Pierre de Fermat.

Enfin, votre association réfléchit sur son évolution compte tenu des orientations qui sont données par les sociétés Orange et La Poste dans les domaines patrimoniaux et culturels. Les difficultés ne sont d’ailleurs pas seulement rencontrées par les entreprises mais par les collectivités territoriales (communes et département) qui se trouvent bien démunies lorsqu’il faut faire face à la conservation du patrimoine culturel de notre pays.

Alain Van Oudheusden. President de l’AACSM.

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LA LETTRE DE JEAN DEVOS

Systèmes « bon marché »

Mon ami,

La culture dominante de l’activité sous-marine a été longtemps celle-ci : « C’est cher mais c’est ultra-fiable car c’est au fond des mers ». Un répéteur sous-marin était alors un objet magique, impressionnant, mystérieux, un bijou d’un million de $, car conçu pour fonctionner 25 années sans la moindre défaillance dans les dures conditions des grandes profondeurs, à « 20.000 lieues sous les mers » !! L’image du répéteur quittant le navire câblier pour s’enfoncer dans l’eau à jamais faisait rêver et même fantasmer. Les premiers répéteurs étaient équipés d’un parachute pour amortir leur descente ! Il ne fallait pas être trop brutal avec ces précieuses petites bêtes ! Les lampes des répéteurs du câble Marseille-Alger en 1957, sélectionnées, triées, pré-vieillies, sous-alimentées, valaient chacune « le prix d’une 4 CV », la voiture de l’époque. J’ai encore en mémoire la cérémonie organisée pour la sortie du millième répéteur d’Alcatel. Tous les VIP ont apposé leur signature sur la coque en fibre de verre de l’engin qui trônait au centre de la réception où le champagne coulait à flots ! Cette culture de la super-fiabilité sous-marine faisait de cette activité un « monde à part » ; cette culture est en train de disparaître sous l’effet de divers facteurs. J’en ai pris conscience à SubOptic 2013. Un conférencier très crédible a présenté un papier qui est un véritable « signal d’alarme ». Les faits dont il rend compte et les mots qu’il utilise sont tout simplement effrayants. En voici quelques uns : « Au moins 9 systèmes entrés en service entre 2000 et 2010 connaissent des défaillances techniques. Le nombre de lasers à risque est d’environ 10.000 dont 10% sont déjà tombés en panne, nécessitant le remplacement de plus de 80 répéteurs » Un tel papier, il y a 20 ou 30 ans, aurait soulevé une énorme émotion. Pas aujourd’hui ! Le signal d’alarme a été écouté mais ne sera pas entendu ! La culture dominante d’aujourd’hui transforme le « mariage » opérateur / fournisseur en une simple relation passagère « acheteur/vendeur ». On est passé d’une relation durable et stable en expériences « d’un soir ». On passe de l’amour au sexe ! Le vendeur se montre prévenant et sexy, trompeur s’il le faut, l’acheteur se montre exigeant et se « protège « au maximum. On espère le « bon coup ». Et si c’est la panne, le « réseau » fournira d’autres relations. Autrement dit, l’acheteur veut bien de la qualité mais pas « à tout prix ». Le « bon acheteur », c’est celui qui obtient un « bon prix ». Le fournisseur de son coté « joue le jeu » et donne priorité à la baisse des coûts ! Une liaison sous-marine c’est un maillon du réseau comme un autre ! C’est banal, normal ! Mon ami, le « bon marché » est à la mode. C’est sans doute inéluctable ! Où cela nous mènera t’il ? Nul ne le sait ! Nous balançons entre l’espoir et la crainte. Certes nous devons accepter certaines évolutions mais toutes ne sont pas des progrès. Faut-il que nous jetions à la rivière nos vieux habits, notre veille culture démodée ? La question est posée !

Jean Devos Submarcom Consulting AQEST Senior Advisor

PS : Tout ceci mérite réflexion. Le « low cost » pourrait bien coûter cher à certains. Les grands opérateurs ont des réseaux maillés. Mais quid des entrepreneurs privés ? Mais quid des petits pays lointains et excentrés ?

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PIERRE DE FERMAT (1601-1665)

(Biographie tiré du site Wikipédia)

ierre de Fermat était un génial mathématicien français du XVIIe, qui a contribué avec Descartes à la création de la géométrie analytique (il est le premier à donner une méthode P générale pour la détermination des tangentes à une courbe plane), à celle du calcul infinitésimal (avec Leibniz et Newton), et à celle du calcul des probabilités (avec Pascal). C'est surtout le fondateur de la théorie moderne des nombres, la branche des mathématiques qui étudie les nombres entiers. Né près de Toulouse (précisément à Beaumont de Lomagne) en 1601, d'un père négociant en cuir, Fermat a toujours vécu bien loin des centres intellectuels européens. Il n'était d'ailleurs pas mathématicien professionnel, mais magistrat (il fut aussi conseillé au parlement de Toulouse à partir de 1631, puis membre de la chambre de l'édit de Castres), et il ne participa à la vie mathématique de son époque que par sa correspondance privée avec d'autres savants. Il est mort à Castres en 1665.

Fermat a été très influencé par la lecture des classiques de l'Antiquité, notamment celle de Diophante, mathématicien grec auteur de l'Arithmetica, que les européens ont redécouverte au milieu du XVIe s. Fermat annotera abondamment la marge de son exemplaire (son fils rééditera l'Arithmetica avec les notes de Fermat). Il était annoncé, plus rarement prouvé, de nombreux théorèmes. En 1840, tous étaient démontrés ou invalidés. Tous sauf un : la conjecture appelée grand théorème de Fermat, qui a maintenu les mathématiciens en haleine jusqu'en 1994.

En marge du problème qui consiste à trouver des carrés qui sont sommes de deux autres carrés (on appelle cela chercher des triplets pythagoriciens, car il s'agit des côtés d'un triangle rectangle - ex : 5^2=3^2+4^2), Fermat écrivit : "D'autre part, un cube n'est jamais somme de deux cubes, une puissance quatrième n'est jamais somme de deux puissances quatrièmes, et plus généralement aucune puissance supérieure stricte à 2 n'est somme de deux puissances analogues. J'ai trouvé une merveilleuse démonstration de cette proposition, mais je ne peux l'écrire dans cette marge car elle est trop longue". On ne saura jamais si Fermat avait réellement une preuve de son théorème, c'est peu probable, mais après tout qu'importe! Des générations de mathématiciens s'y sont cassé les dents, tout en y forgeant les outils modernes de l'arithmétique.

On retrouva une démonstration de Fermat pour le cas des puissances 4-4èmes, fondée sur l'ingénieuse méthode de la descente infinie. Il a fallu attendre 100 ans pour que Leonhard Euler fournisse une démonstration du cas n=3, avec une erreur certes, mais les idées essentielles y étaient, puis 1820 pour que Dirichlet et Legendre traitent le cas n=5. Un grand pas fut franchi par Kümmer au milieu du XIXe s. avec des travaux très importants sur les entiers cyclotomiques. Il est parvenu à démontrer le théorème pour tous les exposants premiers inférieurs à 100, hormis 37, 59 et 67. Il faudra attendre le 19 septembre 1994, et le mathématicien anglais Andrew Wiles, pour qu'après nombre de progrès, le théorème de Fermat soit entièrement résolu. La démonstration de Wiles prend environ 1000 pages. Il n'y avait effectivement pas assez de place dans la marge !

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LES CABLES SOUS-MARINS SOUS LE

MINISTERE DE L’INTERIEUR (1850-1878)

Gérard Fouchard

Nous retraçons les grandes dates des câbles sous-marins entre 1850 et 1878, lorsque le télégraphe dépendait en du ministère de l’Intérieur. Nous ne détaillons que certains évènements industriels historiques restés mystérieux comme l’influence de Jacques Babinet jusqu’en 1959, les mouvements des ingénieurs des télégraphes après 1861, la méconnaissance en France de la théorie de Maxwell1 (présentée pour la première fois à Londres en 1864), et par conséquent sur le retard de la France dans la télégraphie électrique. La création d’un ministère des Postes et des Télégraphes en 1878 est-elle la solution pour combler ce retard ?

A partir de 1840, le télégraphe Chappe est menacé par le télégraphe électrique. La période de transition est d’autant plus courte que le télégraphe électrique permet de franchir les mers dix ans plus tard. La France est à la pointe du progrès aux côtés de l’Angleterre et les câbles sous-marins constituent rapidement le principal support du télégraphe intercontinental. Pourtant les résultats obtenus par notre pays sous le 3ème Empire et la 3ème République sont médiocres alors que les britanniques câblent la planète entre 1850 et 1878. C’est un avantage décisif qui s’étendra pendant plus d'un siècle.

1ère partie : Du télégraphe Chappe au télégraphe électrique (1850-1864)

1.1 – Les grandes étapes du télégraphe Chappe (rappel).

La ligne – Lille est construite en 1794. Les suivantes entre 1795 et 1830. Le télégraphe Chappe est une entreprise d’Etat, coûteuse et liée aux conditions météorologiques.

L’exploitation du réseau cesse en 1853.

Le télégraphe Chappe en Algérie.  1837 - Le génie militaire installe une première ligne Alger – Boufarik.  1843 - Le service télégraphique est ensuite chargé du réseau (ligne Alger – Miliana)  1847 – La Ligne Alger – Oran est mise en service.  1853 – La Ligne Alger – Constantine est mise en service.  1854 - Les embranchements de Bône et Philippeville sont mis en service. Il est naturel de transférer le personnel métropolitain en Algérie.

1 - Les équations de Maxwell sont présentées la première fois à la Royal Society en 1864 et décrivent le comportement et les relations du champ électromagnétique et de son interaction avec la matière. 6

La guerre de Crimée (1853-1856)

 1855 – Pose de 2 liaisons sous-marines militaires en Mer Noire pour les besoins de la guerre de Crimée (Varna - Balaklava – 570 Km pour le Royaume Uni et Varna – Constantinople – 275 Km pour l’Empire Ottoman). Elles permettent de relier Londres, Istanbul et Paris. A partir de Balaklava, la ligne est prolongée par télégraphe électrique sur le PC allié du Général Pélissier à Sébastopol puis par des liaisons militaires filaires et Chappe aux premières lignes. Le câble sous-marin a fonctionné 10 mois jusqu’à la chute de Sébastopol.

1.2 – Le développement de la télégraphie électrique terrestre (1842 – 1854).

Les débuts du télégraphe électrique sont annoncés par quelques dates importantes :  1837. Premiers brevets de télégraphie électrique déposés par W F Cooke et Charles Wheatstone en Grande Bretagne et par Samuel Morse et Alfred Vail aux Etats-Unis).  1845. Première ligne française de télégraphe électrique posée le long du chemin de fer Paris – Rouen en 1845. C’est une ligne 2 fils dont le gouvernement confie l’installation à E. Gounelle et L. Bréguet.  6 janvier 1851. Décret de prospérité ayant pour objectif de relier toutes les préfectures à la capitale, y compris Ajaccio et Alger.  1 mars 1851. Le télégraphe est mis à la disposition du public, non par philanthropie mais parce qu’il faut rentabiliser l’investissement considérable exigé pour construire le réseau.  27 décembre 1851. Renforcement de la loi sur le Monopole complétant la loi du 2 mai 1837. La France opte pour un monopole de l’État et non pour des sociétés télégraphiques.  1854. La carte du réseau français montre que l’objectif de 1851 est rempli en France métropolitaine et que seuls, Ajaccio et Alger ne sont pas reliés à Paris2.

1.3 - Les premiers câbles sous-marins en Manche et en Méditerranée (1850 – 1860).

 10 août 1849. Décret approuvant la concession exclusive aux frères Brett pour une durée de 10 ans pour l’installation d’un câble au plus tard le 1 septembre 1850 entre Calais et Douvres. La convention est renouvelée le 19 décembre 1850 et JW Brett fonde avec J. Carmichael la Compagnie Sous-marine ayant son siège à Londres.

Les deux câbles Calais – Douvres ont une structure très différente. Le câble de 1850 (à gauche), sans protection est léger et a été lesté pendant la pose. Celui de 1851 (à droite), défini par l’ingénieur Crampton est très semblable aux câbles actuels et doté d’une armure en acier très résistante. Il fonctionnera pendant plus de 40 ans.

 19 octobre 1851. Pose avec succès du câble entre la France et l’Angleterre par la Compagnie sous-marine.

2 - La carte du réseau télégraphique de 1954 est publiée dans l’ouvrage « Du Morse à l’Internet » 7

 10 juin 1853 – Loi autorisant J W Brett à poser une liaison reliant la Corse, la Sardaigne et l’Algérie.  Juin 1854 – Fondation par Brett de la compagnie «The Mediterranean Electric Telegraph Company ».  Octobre 1854. Pose des câbles Livourne - Macinaggio et Bonifacio – Santa Theresa reliant la Corse au continent et à la Sardaigne. Sondages entre Cagliari et Bône.  1855 – Première tentative de pose de la ligne Cagliari – Bône3 (JW Brett).  1857 – Succès de la seconde tentative de pose de la ligne Cagliari – Bône (R.S Newall). Difficilement posé, la ligne est en service le 1 novembre 1857, elle fonctionne jusqu’au début de 1859 mais le câble ne sera jamais réparé.  1858 – Pose de Pirou - Jersey - Guernesey – Weymouth par la Compagnie sous-marine.  1859 – Pose de Boulogne – Folkestone qui complète la série des câbles posés avec succès par la Compagnie sous-marine et indiqués ci-dessous4.

Pose Extrémités Long. Compagnie Cr Fin exp. 1850 Calais - Douvres 45,000 Sté Tg de la Manche 1 1850 1851 Calais - Douvres 46,300 Submarine Tg C 4 1891 1859 Boulogne - Folkestone 41,016 Submarine Tg C° 6 1910 1859 Pirou – Jersey 1 31,021 Submarine Tg C° 1 1910 1861 Dieppe – Beachy Head 117,626 Submarine Tg C° 7 1944 1870 Antifer – Beachy Head 134,636 Submarine Tg C° 6 1910 1870 Brignogan - Salcombe 187,052 Anglo-Amerc. Tg 1 1880 Pirou – Jersey 1bis (ex n° 1) 31,000 Submarine Tg C° 1 1910

Jacques Babinet, élève d’Ampère et conseiller de l’Empereur peut alors triompher5. Après le succès de la pose du câble Cagliari – Bône en 1857, il écrit :

« On a pu atteindre l’Algérie, et le bulletin météorologique de notre colonie africaine parvient chaque jour à l’Observatoire. Le câble électrique anglais est arrivé de Sardaigne à Malte et de Malte à Corfou, dans le nord des îles Ioniennes, et sur la côte occidentale de la Grèce ; il arrivera bientôt de là dans l’île de Candie, et de Candie à Alexandrie. Dieu le conduise à Bombay et à Calcutta ! Voilà donc les mers plus sûres que les terres pour les transmissions télégraphiques ! C’est à la France et à M. Brett que l’on doit la télégraphie sous-marine. Je ne cesse de répéter que sans la ferme volonté du chef de la République française d’alors, ni l’Angleterre ne communiquerait avec le continent, ni aucune des communications télégraphiques actuelles n’aurait eu lieu, et qu’on n’eût point créé le câble de cent cinquante lieues qui traversait la Mer-Noire, de Varna à Balaklava, et qui a été si utile pour diriger cette lointaine guerre. Au moyen du câble traversant la Mer-Noire, on recevait des nouvelles stratégiques de la Crimée, comme du temps de Henri IV on eût pu en avoir à Paris de Melun ou de Fontainebleau ».

3 - L’histoire des poses de JW Brett entre la France et l’Angleterre et entre Livourne, la Corse, la Sardaigne et l’Algérie est relatée dans les Annales Télégraphiques de 1856 et dans la partie historique du traité de télégraphie d’Eugène Wünschendorff. 4 - Nomenclature des câbles formant le réseau sous-marin (1ère édition - Berne 1877). 5 - Jacques Babinet - Revue des deux Mondes – 2ème période, tome 13, 1858 (pp. 219-232). 8

Sous l’influence de Babinet, la France impériale semble investir peu dans les câbles sous-marins. Elle se satisfait de concessions accordées aux investisseurs privés, en particulier au britannique J.W Brett. Par contre, les britanniques croient au câble ; ils construisent une industrie de fabrication de câbles et ses investisseurs fondent des compagnies qui câblent la mer du Nord, la mer Méditerranée orientale et l’Atlantique Nord. La convention exclusive de 50 ans accordée à F.N. Gisborne pour relier Terre-Neuve au continent américain va changer le monde, mais cet entrepreneur se trouve rapidement en difficultés et sera oublié par l’histoire.

1.4 - Les échecs britanniques dans les océans Atlantique (1858) et Indien (1860).

L’américain Cyrus Field construit sa fortune dans les chemins de fer. Il s’intéresse ensuite aux câbles sous-marins et décide de racheter les avoirs de Gisborne (câble du continent américain à Terre-Neuve). Il dispose alors de la Convention exclusive d’atterrissement de câbles sous-marins à Terre Neuve.

Il comprend qu’il lui faut s’associer à deux spécialistes britanniques J.W. Brett et Charles Bright et ensemble, ils fondent l’Atlantic Telegraph, entreprise pionnière du câble sous-marin d’Atlantique Nord reliant l’Islande à Terre Neuve.

Au départ en pose du premier câble transatlantique de 1858, à gauche, les deux navires

Niagara et Agamemnon jointent les deux extrémités du câble au milieu de l’Océan puis

partent chacun de leur côté pour rejoindre leur patrie. A droite, la pose de l’atterrissement

de Karachi. 9

Charles Bright se tourne également vers l’Orient car relier l’Inde intéresse davantage le gouvernement britannique. Il bénéficie d’une concession du gouvernement ottoman en 1857 et de la garantie financière du gouvernement britannique pour fonder la compagnie « The Red Sea and India Telegraph Company ». Son objectif est de construire une liaison multipoints entre Suez et Bombay, ligne importante pour le gouvernement britannique destinée à relier les colonies orientales à Londres. Le gouvernement accorde à la compagnie comme à celle de Cyrus Field une garantie d’intérêts de 50 ans (d’août 1858 à juillet 1908).

 5 août 1858 – Le câble transatlantique est posé entre Valentia (Irlande) et Trinity Bay (Terre Neuve). L’équipement de la ligne n’est pas installé immédiatement et la ligne ne reste que 28 jours en exploitation. Elle s’éteint le 18 septembre 1858 par suite de l’erreur de l’ingénieur de la compagnie pensant améliorer la qualité du signal par l’augmentation de la tension des piles.  1859 – Echec de la liaison sous-marine sur l’Inde. La compagnie n’assurera jamais la continuité de la ligne entre Aden et Bombay, ce qui lui permettra de faire jouer la garantie financière qui lui est accordée.  21 avril 1861 – En France, le ministre de l’intérieur déclare JW Brett et sa compagnie déchus de leurs droits. Brett décède deux ans plus tard (3 décembre 1863) à l’âge de 58 ans.

2ème partie : Les véritables débuts des câbles sous-marins (1861 – 1870).

2.1 - La Convention Britannique de 1861 (The Blue Book et ses conséquences6).

En 1859, quelques mois après la mise en service des câbles, les deux grands projets de l’Atlantic Telegraph et de la compagnie de C. Bright font jouer leur garanties de 25 ans qui sont respectivement de 14.000 livres par an et de 18.000 livres par an.

Devant le sinistre qui engage les finances publiques, le gouvernement britannique réagit. Il crée deux Commissions l’une pour définir un système d’unités cohérent (BS Standard) et l’autre pour enquêter sur la construction et l’entretien des câbles sous-marins (Commission Galton). La commission sur les câbles comprend 8 membres présidés par le Commandant Douglas Galton, 4 du Ministère du Commerce (dont D Galton et C. Wheatstone) et 4 de l’Atlantic Telegraph (Edwin & Latimer Clarck, C F Varley et G Saward) dont les actionnaires ont englouti une fortune dans l’océan Atlantique.

La Commission constate d’abord que de la liste des plus de 20.826 Km de câbles sous-marins qui ont été posés, plus de 14.626 Km ont été abandonnés. Il reste donc environ 6.000 Km de câbles en service. Tous ces câbles en service sont posés à des profondeurs inférieures à 200 mètres et sont facilement réparables. Lorsque le Bureau Télégraphique International de Berne établira sa première nomenclature en 1877, on note que parmi tous les câbles en service posés avant 1861, 5.113 Km le sont encore en 1877 dont les câbles posés dans la Manche et la Mer du Nord par The Submarine C° (La Compagnie Sous-marine) de JW Bret et J Carmichael.

Par contre, la Commission constate que tous les câbles posés par grands fonds sont fragiles, difficiles à poser et, en cas de réparation, ils cèdent sous l’effet de leur poids, en particulier le câble de RS Newall, trop léger. La Commission auditionne 43 ingénieurs et marins, tous britanniques en 22 séances et dépose ses conclusions en avril 1861. Le rapport montre que les échecs enregistrés n’ont pas une seule cause mais plusieurs, à la fois scientifiques (lois de la transmission mal connues), techniques (appareils lumineux codeurs et décodeurs de signaux), industrielles (pureté des matériaux) et maritimes (faible capacité de stockage et de possibilités de manœuvre des navires insuffisantes).

6 - La traduction du rapport de la commission britannique est publiée dans le Tome 4 des Annales Télégraphiques de 1861 pages 529 et suivantes, publié sur le site www.cablesm.fr . 10

Le rapport britannique cite les chercheurs français et donnent raison à Fizeau et Gounelle montrant que la vitesse du signal électrique est « indépendante de la force du courant, mais qu’elle varie avec la matière employée »7. Pour Gounelle, cette satisfaction sera de courte durée puisqu’il décède peu après, pendant la polémique l’opposant à Guillemin sur ce point. Si les conclusions du rapport britannique sont partagées par les ingénieurs des Télégraphes, ce n’est pas le cas de J Babinet qui continue sa croisade contre la pose des câbles de grands fonds8.

2.2 – Tentatives françaises en Méditerranée (1860-1865), le NC Dix-Décembre (1863)9.

L’échec de Brett et de la Compagnie Méditerranéenne pousse le ministre de l’Intérieur à prendre la direction de la construction de la ligne sur l’Algérie.  14 juillet 1860 – Loi approuvant la Convention du 13 avril signée avec Glass Eliott pour poser une liaison Toulon – Alger.  21 juillet 1860 – Décret approuvant la Convention du 13 avril signée avec Glass Eliott pour poser une liaison entre le continent et Ajaccio.  23 octobre 1860 – Convention additionnelle pour installation de Mahon – Alger.  22 mai 1861 - Décret approuvant la Convention du 2 juillet signée avec la Compagnie sous- marine pour poser une liaison Dieppe – Beachy-Head.  12 juin 1861 – Décret approuvant la Convention du 4 juillet pour poser une liaison Port Vendres – Mahon.  1863 – Acquisition du Dix-Décembre, charbonnier britannique et création du service des câbles sous-marins électro-sémaphoriques à Toulon.  30 déc. 1863 - Décret approuvant l’accord avec l’Espagne signé par Napoléon III, J. Baboche et Drouyn de Louis approuvant la pose d’une liaison Oran – Carthagène.  1865 - Accord avec le gouvernement italien pour la pose de Marsala – Bizerte – La Calle. Câble construit par Siemens Brothers (252 Km), posé par le Dix-Décembre en juin 1865, fautif en 1869 et réparé en 1874. Le gouvernement réussit enfin une liaison fiable avec l’Afrique du Nord.

 

Le Dix-Décembre, devenu l’Ampère est un ancien charbonnier britannique transformé en navire câblier. Initialement basé à Toulon (1864-1873), il laissera sa place à la Charente en 1974.

Le NC Dix-Décembre d’installe le réseau électro-sémaphorique (1864-1865) et la longueur totale du réseau français passe alors à 1994 Km :  1423 Km de câbles côtiers électro-sémaphoriques.  571 Km de câbles côtiers de l’Administration des télégraphes.

7 - Cité dans les conclusions du Blue Book éditées par Les Annales Télégraphiques. 8 - Atten (Michel) in La revue des Télécommunications, Paris, décembre 1988. 9 - Wünschendorff (Eugène) – Traité de télégraphie (1888) - La partie historique développe en détail l’histoire des tentatives françaises en Méditerranée et décrit le NC Dix-décembre. 11

De 1860 à 1865 (en 6 ans), la France dépense une fortune (4.856.324 Francs), ne trouvant plus d’investisseurs intéressés à prendre le risque d’une ligne reliant l’Algérie.

2.3 – Le grand départ de la télégraphie sous-marine britannique (1864 – 1872)10.

Les Britanniques réorganisent l’industrie des câbles télégraphiques, l’usine de Newall disparaît, celle d’Indian Rubber (Greenwich) est modernisée. Pender, associé à Cyrus Field dans l’Atlantic Telegraph profite d’une augmentation de capital pour acquérir la majorité du capital dans la nouvelle compagnie et devenir le président de l’Anglo-American Telegraph Company. Il s’associe avec Daniel Goosh, président de l’usine à câbles de Greenwich devenue « Telcon et Maintenance » et impose sa stratégie. Après avoir réussi l’installation de deux câbles transatlantiques (1865–1866), Georges Pender entreprend de construire la ligne sous-marine vers l’Inde. Sur cette route, il se heurte à deux autres projets de lignes terrestres par l’Anatolie et le Caucase. Pour réussir son projet, il fonde quatre compagnies télégraphiques chargées de réaliser une partie de la liaison entre la Grande Bretagne et l’Inde, il s’agit de :

The British Indian Submarine Telegraph Company (1868) Anglo-Méditerranean Telegraph Company (1868) Falmouth Gibraltar & Malta Telegraph Company (1869) Marseille-Algiers and Malta Telegraph Company (1869)

Après la guerre de Crimée, les relations franco-britanniques sont excellentes. L’Empereur signe les 5 et 28 février 1870 deux décrets pour réaliser Marseille – Alger (avant le 5 février) et Bône - Malte (avant le 25 février). Le bénéficiaire de la concession est le banquier d’Erlanger qui cède la Concession à la société de Drouyn de Louis. Drouyn de Louis, ambassadeur de France de Napoléon 3 est retiré de la politique et entre dans les Affaires.

John Pender, en homme d’affaires avisé l’avait choisi pour présider la compagnie Marseille – Alger – Malte. Les deux câbles sous-marins Marseille – Bône (444,71 MN) et Bône – Malte (379,870 MN) sont mis en service le 1er août 1870. Ainsi, la première liaison entre la France continentale et l’Algérie est anglaise.

Dans la négociation, G Pender obtient la mise à disposition d’une ligne Calais - Marseille, indispensable à l’acheminement du trafic. Pour relier Londres à Malte et au-delà, G Pender dispose donc dès l’origine de deux itinéraires : l’un le détroit de Gibraltar, supposé vulnérable et l’autre par la France, pourvoyeur de trafic.

Lorsque le Great Eastern termine la pose de la liaison Aden – Bombay le 28 juin 1870, Londres est relié à Bombay. Après quelques mois d’exploitation, G. Pender fonde l ’Eastern Telegraph Company le 1er juin 1872. Dans le Conseil d’Administration de la compagnie anglaise, on note la présence du banquier Erlanger, de l’Ambassadeur Drouyn de Louis et de l’américain Cyrus Field.

Au-delà de Bombay, G Pender tisse son réseau vers Singapour (1870), Saigon et Hong Kong (1871) et enfin Darwin (1872) relié à Adelaïde par voie terrestre. Ce réseau est confié à l’Eastern Extension Telegraph Company.

L’idée d’établir des liaisons transatlantiques au départ de France vers les deux Amérique prend corps après la pose des 2 câbles de 1866. L’Empereur accorde successivement deux Concessions :  Le 6 juillet 1868 accordant au baron Erlanger une concession de 20 ans pour approuver le cahier des charges d’une ligne appartenant à la Société du Câble Transatlantique Français. Le

10 - Barthy-King (Hugh), Girdle round the Earth, Heinnemann, Londres, 1979. 12

câble est posé le 14 juillet 1869 et mis en exploitation par les deux gouvernements français et américain seulement le 31 mars 1871.  Le 19 août 1869 à Pier Albert Belestrini pour un système reliant la France, le Brésil, Haïti, l’Italie et le Portugal. Cette ligne qui ne sera jamais posée défraiera la chronique juridique.

2.4 - Le câble transatlantique français (1869-1873)11.

Le premier projet est ambitieux, suite à un appel à concession pour réaliser un câble direct entre la France et les Etats-Unis lancée par le ministère de l’Intérieur, le baron Erlanger et Julius Reuter établissent un cahier des charges approuvé par le Vicomte de Vougy le 13 juin 1868. Les soumissionnaires obtiennent la concession lors de l’ouverture des offres le 8 juillet 1868 vérifiant le versement d’une caution de 500.000 francs. Le projet prévoit l’installation d’un câble direct reliant Brest à Saint-Pierre (2.885 Mn) et Saint Pierre aux Etats-Unis. L’exploitation au départ de France dépend du bureau PTT de Brest. Le câble est commandé à deux constructeurs anglais Telcon (du groupe Pender) et Henley pour la seconde. Une compagnie française achète le Great Eastern et la pose principale se déroule entre le 21 juin et le 14 juillet 1869.

Le Great Eastern et son armada au départ en pose du câble français (vu par l’Illustration). Jules Verne embarqua sur le navire qui lui inspira son livre « L’ile Mystérieuse ». La France entière se passionna pour le navire et la pose d’un câble qui n’avait de français que son nom……

Le baron Erlanger est le banquier de Julius Reuter, un ancien d’Havas, qui a fondé son agence de Presse à Londres en 1865. Ce dernier est scandalisé par les tarifs des messages télégraphiques transatlantiques imposés par l’Anglo-Américan. Il fonde sa propre société (française) à Paris avec un capital majoritairement britannique. Il bénéficie d’une concession de 20 ans et on note que dans l’art 7 du cahier des charges, il est bien précisé que la compagnie, créée par les concessionnaires, ne pourra pas fusionner ses intérêts avec une autre compagnie française ou étrangère.

En confiant l’ingénierie du projet à des experts britanniques et en achetant britannique, Julius Reuter dût faire face à des retards et des surcoûts dans la réalisation du projet. Dès la mise en service du câble le 15 août 1869, les tarifs du concurrent (Anglo-Américan) baissent de 20 livres en 1866 à 1,5 livre. Le business plan de la compagnie s’effondre et Reuter comprend qu’il lui sera difficile de continuer la compétition. En juin 187312, le sort de la compagnie est jeté lorsque Reuter cède ses parts aux britanniques permettant l’absorption de la compagnie française par l’Anglo- Américan. Les prix des messages recommencent à monter13.

11 - On trouve des descriptions de l’installation du câble de 1869 dans l’année scientifique, L’illustration et dans le traité de E. Wunschendorff fournissent une description complète de la pose du câble transatlantique français et de la disparition de la société en 1874. 12 - « Du Morse à l’Internet » décrit les causes de disparition de la société française lorsque Julius Reuter vend ses intérêts à la compagnie concurrente négociant ses parts contre un tarif avantageux pour son trafic transatlantique. 13 - Gillian Cookson in « Ruinous compétition » The French Atlantic Telegraph of 1869 » in Recherche et Innovation – EKSA 1999. 13

3ème partie : L’héritage de la 3ème République (1872 – 1879).

L’Empire s’éteint le 2 septembre 1870 à Sedan et la lutte continue.

3.1 - Projets des gouvernements Gambetta et Thiers (nov. 1870 – janv. 1871) et Thiers (mai 1871)

Eugène Wünschendorff. En 1866, E Wünschendorff, directeur de la transmission à Strasbourg, se plaint de ses conditions de travail et de l’ambiance délétère qui règne dans le service et confie à ses amis qu’il envisage de quitter l’administration. Il reçoit en octobre 1867 une lettre de reproche du Vicomte de Vougy. L’ambiance est mauvaise chez les Ingénieurs des télégraphes. Le 8 juillet 1870, il est muté à Nice, car l’Empire n’a pas confiance dans les cadres alsaciens. Wünchendorff demande à intégrer une unité combattante comme « volontaire franc-tireur ». Il est affecté à l’Armée de la Loire à Tours. Le 18 octobre 1870, il reçoit dans son affectation, son assimilation au grade de capitaine et ses émoluments. Il part au front le 3 janvier 1871 lorsque la première armée de la Loire, devenue armée de l’Est (général Bourbaki) se porte sur Belfort. Après quelques succès où E Wünchendorff et l’Inspecteur en chef Aubry se font remarquer, l’armée Bourbaki bat en retraite sur Pontarlier et les transmetteurs se réfugient en Suisse le 1 février 1871 après l’ du 28 janvier. On les retrouve à Lyon le 7 février et en récompense de leurs services, ils sont démobilisés. Il est nommé à Marseille le 19 juin 1871 jusqu'au 1 janvier 1878.

Lorsque E Wunchendorff se place sous l’autorité de l’Inspecteur en chef d’Aubry à Tours (18 octobre–fin décembre 1870), le gouvernement Gambetta négocie des projets de câbles sous- marins ci-dessous avec la compagnie anglaise Indian Rubber & Gutta Percha.  28 nov. – 1 déc. (décret du 2 décembre 1870) : Gravelines – Cherbourg.  15 – 21 déc. 1870 : Cherbourg – Brest.  25 – 28 janv. 1870 : Brest - Bordeaux. Il s’agit sans doute de construire un réseau grande distance sous-marins échappant à l’occupant mais le projet ne verra pas le jour. Selon certaines sources, le premier câble est installé mais Bismarck intime aux britanniques de ne pas livrer le second câble, selon d’autres sources les deux câbles sont mis sous séquestre. On peut supposer que pour E Wünschendorff, ces projets lui permettent de négocier la fourniture d’un câble avec une compagnie anglaise. Le 4 mai 1871, Thiers, chef du gouvernement et son ministre de l’Intérieur Picard signent un décret approuvant l’amendement aux contrats préalablement signés avec Indian Rubber. La mission préalable est menée par l’Inspecteur Richard à Londres mais on ne précise pas les autres 14 membres de la délégation. Il est prévu de relever le câble déjà posé (Gravelines – Cherbourg), de le reconditionner avec le câble fabriqué puis de le poser entre Marseille et Alger. Le câble de 922 Km est posé par le NC International le 1 juillet 187114. Sa première réparation n’aura lieu qu’en 1880. C’est le second câble posé entre la France et l’Algérie.

3.2 – La Grande compagnie des télégraphes du Nord (12-24 oct. 1872) et la Direct Spanish Telegraph C° (1872). Oye – Fano (1873) et Marseille Barcelone (1874).

Le 24 octobre 1872, un décret approuve la convention du 12 octobre signée avec M C F Teitgen de la Grande compagnie des télégraphes du Nord pour la construction d’une ligne reliant Fano (Danemark) à Oye près de Calais (385,30 Mn). Cette liaison offre une route alternative aux routes anglaises car elle permet de relier la France à la Chine et au Japon par le transsibérien.

On retrouve Indian Rubber, le constructeur anglais en promoteur de la compagnie Direct Spanish Telegraph Company en 1872. Les gouvernements espagnol et français accordent à cette compagnie le droit d’exploiter les câbles Cap Lizard – Bilbao et Marseille - Barcelone 1874. En 1882, les deux états demandent à la compagnie anglaise de construire deux câbles Cadix – Teneriffe et Teneriffe – Saint Louis du Sénégal réalisés en 1883 et 1885. Or, en 1884, absorbée par l’Eastern, ces câbles ne peuvent être réparés que par les navires câbliers de Gibraltar ou de Bathurst (Gambie). Encore une tentative d’indépendance de la France et de l’Espagne vis-à-vis de la Grande Bretagne qui fait long-feu.

3.3 – La renégociation des conventions entre le gouvernement et l’Eastern Telegraph Company (1870-1876).

La convention du 25 janvier 1870 et le décret du 5 février 1870

Dès son installation au pouvoir, la 3ème République constate la dépendance de l’Administration face à la compagnie anglaise Eastern Telegraph et tente de renégocier les conventions en cours

14 - Le récit de la réception de M Richard qui s’est déroulée à Silverstown est décrit dans l’Année Scientifique. 15 de son côté, celle-ci se plaint du mauvais service offert entre Calais et Marseille et surtout des retards de son trafic entre Marseille et Malte compte tenu de la priorité accordée au trafic officiel.

La compagnie anglaise du câble Marseille-Bône-Malte était présidée par M Drouyn de Louis, ministre des affaires étrangères de Napoléon III, installé en Grande Bretagne après sa disgrâce. En 1872, cette compagnie est absorbée par l’Eastern et son président siège au Conseil de l’Administration de l’Eastern avec le Baron Erlanger et Cyrus Field. Ce sont les seuls étrangers récompensés pour services rendus à la Couronne.

La liaison Marseille – Alger – Malte a été ouverte au public le 1 août 1870 par courtoisie sans doute puisque le câble Marseille – Alger n° 1 est en service depuis le 1 juillet.

Dans le cadre de l’Accord entre l’Eastern et l’Administration française, une nouvelle Convention est signée accordant à l’Eastern de doubler la ligne Marseille – Bône – Malte par une seconde liaison de 463,09 MN + 371,90 MN immergée par le Calabria en 1877.

L’accord prévoit l’affectation du nouveau câble Marseille – Bône 1877 au trafic du gouvernement français et du câble ancien au trafic exclusif de la société Eastern qui bénéficie également d’une ligne Londres – Marseille par câble sous-marin et une ligne terrestre exclusive entretenue par l’administration française entre Calais et Marseille.

3.4 – La Charente (1874), les réparations et le Marseille – Alger (1879).

La Charente est affectée par décret en 1873. C’est un ancien transport de troupe de la Marine Impériale endommagé à Cadix lors de la campagne du Mexique. Après sa transformation, en 1874, il entreprend la réparation des câbles Corse – Sardaigne et Marsala – Bizerte interrompus le 4 septembre 1869 au début de la guerre franco-prussienne. Le navire est basé à Toulon et le Dix- Décembre, devenu Ampère prendra son port d’attache au Havre. De nombreuses réparations occupent les deux navires. En 1876, la Charente relève le câble italien 3 conducteurs Cannitello (Calabre) – Ganzini (Sicile) et pose un nouveau câble. Ensuite, elle répare Bagnara (Calabre) – Cap Mazzini (Sicile).

Le NC Charente (1873 – 1930) à son

poste à quai à La Seyne sur Mer

devant l’usine de fabrication des

câbles sous-marins construite en

1881. Ce paysage familier verra se

succéder tous les navires câbliers

des PTT, France Télecom et Orange

de la Charente en 1881 au Pierre de

Fermat en 2014.

De son côté, l’Ampère installe en 1877 des câbles sur l’île de Sein (11,7 Km), l’île Molène (14,7 Km), entre Le Havre et Honfleur et remplace la liaison Ouessant - Leberildut (23,2 Km). La Charente répare en été les câbles de Chausey et remplace ceux de Belle-Ile et Noirmoutier.

En 1878, la Charente pose les câbles Bénat - Port Cros et Antibes - Saint Florent commandé en Angleterre et posés en août par le John Pender (152 Mn) sous la supervision de MM Ailhaud et Wünschendorff.

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3.5 – La Compagnie du câble sous-marin de Paris à New York (PQ).

Depuis 1876, M Pouyer-Quertier, ancien ministre des finances de Thiers et négociateur des accords de Francfort, étudie l’installation d’une liaison transatlantique. Il crée la Compagnie du câble sous-marin de Paris à New York et s’adresse au second constructeur britannique Siemens Brothers, indépendant de la nébuleuse de Pender.

Le projet est ambitieux et comprend l’achat d’un navire-câblier et de 5 liaisons terrestres ou sous- marines :  Brest - Saint-Pierre (FR) 4373 Km 28-oct-1879  Ligne terrestre (EU) de l’AUT 15-déc-1879 (7 janv)  Saint Pierre – Cap Cod (EU) 1535 Km 10-nov-1879 (gouv. EU)  Saint Pierre – Cap Breton (CAN) 477 Km 7-déc-1879  Brignogan – Land’s End (GB) 200 Km Mai-1870 (gouv. GB)

Pouyer-Quertier laisse à son vice-président le VA Brosse la charge des affaires françaises. Il signe avec Siemens un contrat clé en main qui comprend la fourniture et la pose des câbles mais aussi les négociations des accords avec les gouvernements américains et britanniques. Il choisit un opérateur télégraphique aux Etats-Unis, l’American Union Telegraph (signature le 7 janvier 1879) comme correspondant local. Tout paraît bien organisé, seule l’autorisation britannique d’exploiter le câble de Land’s End tarde un peu.

En 1878, le ministère des PTT, avec ses deux navires, pose deux câbles Marseille – Alger et la liaison sur Bône, a rempli ses objectifs. Pour acheminer le trafic télégraphique international, il utilise les câbles des compagnies étrangères britanniques (16 câbles – 11.000 Km) et danoise (1 câble de 719 Km). La longueur du réseau français n’est que de 2.273 Km et permet de desservir les îles côtières et l’Algérie.

Epilogue.

En regroupant la Poste et le Télégraphe au sein d’un même ministère, le gouvernement pense se donner les moyens de mieux servir le service public, les intérêts nationaux et commerciaux et les citoyens.

Une disposition juridique ne fournit pas les besoins financiers nécessaires et le gouvernement doit trancher entre confier l’entreprise au public ou au privé. Il lui faut développer les services postaux et de télécommunications (nous sommes à la vielle de l’introduction du téléphone), construire un réseau de câbles sous-marins transatlantiques (confié à une société d’économie mixte), un réseau colonial (confié au gouvernement) et introduire le service téléphonique (qui sera confié au secteur privé). En s’engageant dans le développement d’un empire colonial, la troisième République s’engage également à équiper ses colonies et à bâtir un grand réseau colonial de télécommunication.

Les Etats-Unis et l’Allemagne établissent le même constat que la France. Ils déplorent le retard de leurs services télégraphiques et la dépendance de leurs communications vis-à-vis des compagnies britanniques. Au début des années 1880, les trois nations sont sur la même ligne de départ. Elles utiliseront des moyens différents pour satisfaire leurs besoins. Les nations européennes développeront des usines mais pas les Américains. Ils utiliseront des armes juridiques (loi sur la concurrence des compagnies industrielles, réciprocité des accords nationaux, loi sur le Monopole contre les entreprises dominantes étrangères).

On connaît la suite, la France se dote assez tardivement d’un grand réseau colonial mixte câbles sous-marins et radioélectrique après de nombreuses hésitations et plusieurs débats à la Chambre des députés. Il ne sera construit que vers 1930, avant la seconde guerre mondiale.

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Ce réseau permettra d’affronter la concurrence de la Grande Bretagne, des Etats-Unis et de l’Allemagne et de de maintenir la place de la France dans le monde. Dans le second conflit mondial, les communications françaises joueront un rôle essentiel pour asseoir la France aux côtés des vainqueurs entre 1940 et 1944. Le réseau reste au service des communications des trois capitales successives de la France Libre : Brazzaville (Juillet 1940), Alger (novembre 1942) puis Paris (août 1944).

Bibliographie.  Bright (Charles) – The story of the Atlantic Telegraph - Georges Newnes Ltd - Londres, 1903.  Nomenclature des câbles formant le réseau sous-marin du globe édités par le Bureau de l’Union Internationale Télégraphique de Berne (1877 à 1960).  Wünschendorff (Eugène) – Traité de télégraphie sous-marine – Baudry et C°, Paris 1888.  Haigh (Kenneth H) – Cableships and Submarine cables – Londres 1968 & 1978.  Barty-King (Hugh) – Girdle round the Earth – Heineman - Londres, 1979.  Zweig (Stephan) – Les très riches heures de l’humanité – Belfond – Paris, 1989.  Griset (Pascal) - Les télécommunications transatlantiques de la France – Rive Droite Paris 1995.  Salvador (René)…… - Du Morse à l’Internet, AACSM Toulon, 2005.  Ministère de l’Intérieur – Direction des Lignes Télégraphiques – Lois et Réglements.  Les Annales Télégraphiques – 2 séries entre 1850 et 1880.  L’Année Scientifique – L. Figuier 1856 à 1880.  Nouvelles Annales de la Marine et des Colonies (1849-1850)  Revue Maritimes et Coloniales (1851 – 1878)  L’illustration (1848 – 1878)  Le rapport Millerand (1900) – Extrait sur les câbles sous-marins.  La condition internationale des câbles sous-marins et son évolution juridique (ext Dalloz 1953 30ème cahier par J-D Ricard (publié dans la revue des PTT de France (mai-juin 1954)  Réflexions sur la guerre électronique (Général Desfemmes), publié dans La Jaune et la Rouge (juillet août 1976)  Les câbles sous-marins des origines à 1929 par Philippe Bata dans la revue T des télécommunications n° 45 (octobre 1982)  French submarine télégraph cables par René Salvador – Etude pour ATT (CC Duncan) 20 novembre 1989.

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RESEAU DE CABLES ATTERRISSANT EN FRANCE EN 1877

Année Atterrissements Km crs Propriétaire 1851 Calais - Douvres 41,694 4 Submarine Telegraph Company 1859 Pirou (Coutances) - Jersey 31,021 1 Submarine Telegraph Company 1859 Boulogne - Folkestone 37,577 6 Submarine Telegraph Company 1861 Dieppe – Beachy Head 115,472 7 Submarine Telegraph Company 1870 Le Havre – Beachy Head 129,140 6 Submarine Telegraph Company

1873 Fano (Danemark) - Calais 719,337 1 Great Northern Telegraph C° 1874 Barcelone - Marseille 408,510 1 Direct Spanish Telegraph C° 1870 Marseille – Bone n° 1 828,560 1 Eastern Telegraph Company 1877 Marseille – Bone n° 2 858,555 1 Eastern Telegraph Company 1870 Bône (Algérie) - Malte 712,170 1 Eastern Telegraph Company 1877 Bone (Algérie) – Malte 714,774 1 Eastern Telegraph Company

1869 Brest (Minou) – Saint Pierre 4788,660 1 Anglo-American Telegraph C° 1869 Saint Pierre - Duxbury (Boston) 1387,667 1 Anglo-American Telegraph C° 1867 Saint Pierre – Sydney (Canada) 349,435 1 Anglo-American Telegraph C° 1872 Saint Pierre – Sydney 337,964 1 Anglo-American Telegraph C° 1867 Saint Pierre – Placentia (TN) 207,646 1 Anglo-American Telegraph C° 1870 Brignogan - Salcombe 187,052 1 Anglo-American Telegraph C°

1866 Livourne - Macinaggio 111,120 1 Direction des télégraphes 1866 Bonifacio – Sta Theresa 14,816 1 Direction des télégraphes 1871 Marseille - Alger 926,000 1 Direction des télégraphes

1877 Le Havre - Honfleur 10,100 1 Direction des télégraphes 1865 Anse du Verger – île Chausey 20,900 1 Direction des télégraphes 1872 Arcouest - Bréhat 1,950 1 Direction des télégraphes 1865 Roscoff – île de Batz 1,500 1 Direction des télégraphes 1865 Laberildut - Ouessant 22,630 1 Direction des télégraphes 1877 Porzmoguer – île Molène 14,900 1 Direction des télégraphes 1865 Trevignon – île Penfret 17,250 1 Direction des télégraphes 1865 Pte du Talus – île de Groix 10,030 1 Direction des télégraphes 1863 Pt Maria – Pt Puce (Belle Île) 15,170 1 Direction des télégraphes 1863 Pt Maria – Pt Jan (Belle Île) 16,350 1 Direction des télégraphes 1865 Samzun (Belle île) - île d’Houat 13,780 1 Direction des télégraphes 1865 Ile Houat – île Hoédic 7,800 1 Direction des télégraphes 1865 La Barre - Ile de Noirmoutier 1,050 1 Direction des télégraphes 1865 Pte de la Vacherie - Ile de Yeu 18,280 1 Direction des télégraphes 1865 La Repentie – Ile de Ré 3,850 1 Direction des télégraphes 1865 Fouras - Aix 5,350 1 Direction des télégraphes 1865 Fort Boyard – île d’Aix 1,000 1 Direction des télégraphes 1865 Ile d’Aix – île d’Oléron 9,190 1 Direction des télégraphes 1865 Le Chapus – île d’Oléron 3,010 1 Direction des télégraphes 1865 Endoume - Ile de Ratonneau 2,750 1 Direction des télégraphes 1865 Giens - Ile de Porquerolles 3,500 1 Direction des télégraphes 1865 Bénat - Ile du Levant 12,440 1 Direction des télégraphes 1865 Ile de Ste Marguerite 2,250 1 Direction des télégraphes

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LOIS, DECRETS ET CONVENTIONS POUR L’ATTERRISSEMENT ET L’EXPLOITATION

DES CABLES SOUS MARINS

Dates Intervenants Sources 1849 10 août 1849 – Décret approuvant la concession exclusive de 10 ans G B accordée aux frères Brett pour l’installation d’un câble au plus tard le 1 Wunschendorf septembre 1850. Signataires Ld Mauley, Cadogan, J Carmichael et JW Brett. Création de la Société du câble sous-marin de la Manche immatriculée à Paris. 1850 19 décembre 1850 – Renouvellement de la concession pour 10 ans a/c G B du 1 octobre 1851. Constitution de la Submarine Telegraph Company au J D Ricard capital de 2.500.000 francs. Le câble Calais – Douvres est posé les 25 et 26 septembre 1851 par le Blazer (il manque 1MN de câble), et donc complété le 19 octobre 1851. 1851 6 janvier 1851, toutes les préfectures doivent être reliées à Paris par le télégraphe électrique. Un programme de 6.500.000 francs est voté entre 1850 et 1852 pour équiper le territoire. 1851 24 octobre 1851 – J D Ricard 13 décembre 1851 - Décret approuvant la concession du 1 octobre renouvelée à la Submarine cable company (siège à Londres). 1851 27 décembre 1851 – Décret-loi complétant la loi du 2 mai 1837 sur le monopole de la transmission télégraphique. 1852 1 octobre – Première liaison Paris – Londres sans relais intermédiaires 1853 10 juin – Loi approuvant la convention entre J W Brett et l’Etat pour la D.P. 53.4.135 ligne avec la Corse, la Sardaigne, la Tunisie et au-delà. Fondation de la Compagnie du Télégraphe Electrique de la Méditerranée pour la correspondance avec l’Algérie et les Indes. Voir année 1857. 1855 17 juillet – Loi approuvant la convention (à vérifier) avec Newall pour la MU 20 août pose d’un câble sous-marin Kafiacra (Varna) – Balaklava. Câble posé le A.T p 108 12 août par l’Argus assisté du Terrible D.P. 55.4.96 1857 19 mai – Décret autorisant W Glover et Co à faire atterrir auprès de D.P. 57.4.178 Bordeaux une ligne Bordeaux – Cap Finistère – Lisbonne – Açores – Boston. 1857 15 juin – Décret approuvant la convention additionnelle du 8 mai 1857 D.P. 57.4.86 entre Brett et l’Etat pour prolonger la réalisation de la ligne Sardaigne – G B Algérie (Bône) jusqu’au 1 août 1857. Brett s’engage à réaliser en moins de 2 ans une ligne Sardaigne – Malte – Corfou – Alexandrie. Par contre, la déchéance sera prononcée si la construction n’est pas réalisée le 1 août 1858 – Abandon des travaux par Brett . 21 avril 1861 – Brett est déchu de sa concession par le Ministre de l’Intérieur. 1857 19 décembre – Décret précisant que l’installation de la liaison D.P. 58.4.9 - Sardaigne – Algérie est reprise par Newall. Pose en septembre 1858. Ailhaud-AT nov Mise en service le 1 novembre 1859. Abandon de la liaison après défaut 58 du 21 janvier 1860. 1858 Convention avec la Compagnie du Télégraphe Electrique des Iles de la G B Manche pour la pose de Pirou- Jersey – Guernesey – Weymouth (GB) – 180 km installés par Newall.

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1859 12 janvier – Décret approuvant la convention du 2 janvier entre l’Etat M.U (1 fév p.121) (Delangle min int.) et la Submarine cable co (J Carmichael et J W Brett) pour la construction d’un câble entre Boulogne et Folkestone dans un délai de 6 mois ainsi que dans un délai d’un an les câble Le Havre – Angleterre et les Iles Anglo-Normandes. Câble de 38 km posé le 11 août par Glass Elliot 1859 6 août – Décret Cité par Ricard 1859 10 octobre – Décret D.P. 59.4.84 1860 18 juin – Décret D.P. 60.4.88 1860 14 juillet – Loi signée par Napoléon III approuvant la convention du 13 D.P. 60.4.89 avril signée avec Glass Elliot pour la pose d’une liaison directe Alger – G B Toulon pour 1.900.000 francs et annulant le crédit ouvert par le décret du 24 février 1860. Décret 1 Décret 2 G B Convention additionnelle le 23 octobre avec Glass Elliot pour l’installation d’un câble Mahon – Alger. 1860 21 juillet – Décret approuvant la convention du 13 avril 1860 signée avec G B Glass Elliot pour la construction d’un câble direct entre le continent A T Mars 62 (entre Saint-Tropez et Toulon) et Ajaccio. 1860 28 juillet – Décret J D Ricard 1860 23 août – Décret J D Ricard 1860 23 octobre – Décret approuvant la convention du 26 septembre 1860 G B prévoyant 260.000 francs de crédits sup pour la déviation sur Minorque. D.P. 60.4.155 1860 1 décembre – Décret D.P. 61.4.12 1861 22 mai – Décret approuvant la convention du 2 janvier passée avec la G B Submarine cable company (Carmichael et J W Brett) pour une liaison 4 conducteurs entre Dieppe et Beachy Head. Il y est prévu une ligne entre l’Ambassade à Londres et le Quai d’Orsay à Paris. Ligne posée en juin avec une autre ligne Dieppe – Newhaven. 1861 12 juin – Décret approuvant la convention du 4 juillet prévoyant Alger – D.P. 61.4.78 Port Vendres (la liaison fonctionnera du 1 au 20 novembre). G B 1861 19 août – Décret approuvant la convention du 4 juillet prévoyant la pose D.P. 61.4.121 de la liaison Mahon – Port Vendres 1861 13 novembre – décision du Conseil de préfecture de la Seine confirmant G B (décision et l’annulation de la concession de Brett et confirmant sa décision décrets en antérieure du 21 avril 1861. Décision reprise dans les deux décrets du annexes) Conseil d’Etats du 20 mars et du 22 mai 1862 1863 13 mai – Loi accordant 900.000 francs pour la construction de lignes G B sous marines (réseau côtier). 3 décembre – Décès de Brett à l’âge de 58 ans. 1863 30 décembre – Décret pour l’installation du câble Oran – Carthagène G B signé par Drouyn de Luys, Napoléon III et J Baboche, garde des Sceaux. Référence à l’accord du 28 décembre 1863 entre les deux gouvernements français et espagnols. 1863 11 juin - Acquisition du Dix Décembre. G B Création de l’administration des câbles sous-marins à Toulon : un navire, deux dépôts (Toulon et Le Havre) et un atelier. 1864 4 juin – Loi approuvant la convention passée avec Rowett, Simon et D.P. 64.4.82 Trotter pour l’installation d’une liaison entre la France et les Etats-Unis BG dans un délai de trois ans. Dans la convention jointe à la loi, il est prévu RMC 1865 p 34 que le câble touche Saint Pierre ou les Açores. La Compagnie télégraphique de l’Océan a un capital de 18.000.000 francs.

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1965 Accord avec le gouvernement italien pour la pose d’un Marsala – Bizerte G B – La Calle. Pose. Câble construit par Siemens et H (252 Km). Pose par la Dix décembre en juin 1865. Fautif le 4 septembre 1869, sera réparé en 1874 par la Charente. En décembre, le navire se rend à Charlton pour embarquer Livourne – Bastia (60 Km) chez Siemens. 1868 6 juillet – Concession accordée par le ministre de l’intérieur Pinard. En G B annexe le cahier des charges signé le 23 juin entre la Compagnie du câble sous-marin de Paris à New York. Un procès-verbal de remise est signé le 8 juillet 1868. Durée de la concession : 20 ans. Le câble est posé le 14 juillet 1869 (fabrication TCM et Henley). Le 31 mars 1870, accord entre les deux gouvernements français et américains sur l’exploitation de la liaison transatlantique déjà posée. Repris par l’Anglo en 1873, la liaison est abandonnée en 1893. 1869 19 août – Décret approuvant la convention signée entre la France, le G B Brésil, Haïti, l’Italie et le Portugal le 16 mai 1864 pour concéder à Pier Alberto Belestrini la construction d’une ligne reliant l’Europe à l’Amérique centrale et au Brésil. 1870 5 et 28 février – Décrets impérial (Napoléon III, Chevallier de Valdôma D.P. 70.4.28 (Intérieur) et Le Bœuf (Guerre) accordant la concession de l’installation D.P. 70.4.45 et de l’exploitation de Marseille – Algérie – Malte approuvant G B respectivement les conventions du 25 janvier et du 21 février 1870. le baron d’Erlanger est le premier bénéficiaire, Eugêne Breitmayer, le second. Il est précisé que les poses soient ainsi réalisées : Marseille – Bône (avant le 15 août 70) – Malte (avant le 15 août 71). 19 juillet 1870 : déclaration de la guerre. 1870 2 septembre 1870 : capitulation de l’empereur à Sedan. 1871 4 septembre 1870 : proclamation de la République. 17 février 1871 : Thiers, chef de l’exécutif. 28 mai 1871 : fin de la Commune. 1870 En 1870, trois contrats sont passés auprès la société Indian Rubber & GB Gutta Percha C° pour l’installation de : - Câbles sous-marins en Manche et dans l’Océan, les 28 novembre – 1 décembre approuvés par décret signé à Tours le 2 décembre 1870). - Câble Cotentin – Bretagne, les 15-21 décembre 1870 - Câble Brest – Bordeaux les 25-28 janvier 1871 Sources divergentes : le premier câble sera posé, l’autre est fabriqué ou câbles mis sous séquestre par la GB à la demande de l’Allemagne. 1871 4 mai 1871 – Décret signé à Versailles par Thiers et le ministre de GB l’intérieur Ernest Picard approuvant les engagements pris à Londres le 29 avril 1871 par M Richard, inspecteur des Lignes Télégraphiques et Matthew Gray de la société Indian Rubber & Gutta Percha C° pour l’installation d’un Marseille – Alger. La compagnie relèvera le câble déjà posé et constituera un câble unique avec la fabrication en cours. L’ International installe le premier câble Marseille – Alger le 1 juillet. 1872 Le 12 octobre, signature de la convention entre le ministre et la Grande Compagnie des Télégraphes du Nord (GNTC) pour la construction d’une ligne Calais – Fano (Danemark) approuvée par le décret gouvernemental daté du 24 octobre 1872. Le câble est posé en 1873 1872 Réseau sémaphorique : 1.423 Km GB Réseau côtier et Marseille – Alger : 1.140 Km 1873 Décret affectant la Charente à l’administration des P et T. Transformé en GB câblier en septembre 1874, le navire répare Corse – Sardaigne et Marsala – Bizerte interrompus depuis le 4 septembre 1869.

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1874 18 avril 1874 – Convention valable 15 ans signée par le ministre de BHPT l’Intérieur (de Broglie) et P. Stanhope) pour une liaison France – Corse – Sicile (fac) – Malte (fac) – Egypte. La ligne sur la Corse devant être réalisée avant le 1 mai 1875 1876 25 juillet – Rédaction et signature des statuts de la PQ, société au BHPT capital de 39.000.000 francs chez Maître Dufour 16 rue de l’Arcade à TC13/13471 Paris (enregistrée à Paris le 10 août 1876 folio 6, case 3). 1876 5 décembre 1876 – Décret approuvant la convention signée le 12 août BHPT entre le ministre de l’Intérieur, le baron d’Erlanger au nom de l’Eastern et P Stanhope résiliant la convention du 18 avril 1874 (avec Stanhope) et celle du 28 novembre 1874 (avec l’Eastern) et annonçant la suivante. 1876 5 décembre – Décret du Président de la République approuvant la BHPT convention valable jusqu’au 31 décembre 1888 signée le 12 août 1876 entre le ministre de l’Intérieur et le baron Erlanger, au nom de l’Eastern pour la pose d’un second Marseille – Bône (neuf) dans un délai de 4 mois après approbation par le PR, au plus tard le 30 juin 1877. L’Administration aura la libre disposition du câble neuf, l’Eastern du câble ancien. Elle fournira un fil entre la Manche et les bureaux de l’Eastern de Marseille et de Bône. 1877 9 février – Convention valable jusqu’au 31 décembre 1888 signée entre BHPT le ministre de l’Intérieur et l’Eastern (Lord William Hay) pour la normalisation d’un fil Londres – Marseille contre l’usage du Marseille – Bône. 1877 Le 28 octobre, les Républicains remportent la majorité de la Chambre des députés. 1878 Mac Mahon démissionne le 30 janvier 1879. Il est remplacé par Jules Grévy. Le 4 février Ministère Waddington avec Jules Ferry à l’Instruction Publique. Le 27 février 1878, la Direction des Télégraphes quitte le Ministère de l’Intérieur pour constituer avec les Postes le Secrétariat des P & T sous la tutelle du Ministère des Finances. 1879 17 mars. Création de la Société Française des Télégraphes Sous- PG p 655 Marins (SFTSM).appelée la PQ. 1879 La concession accordée par le gouvernement français à la PQ stipule que le câble direct France – Etats Unis ne doit avoir d’autres atterrissements que la France et les Etats-Unis. 1883 Le 11 juin, le comte d’Okska et M Fernandez Neda cèdent à la Spanish APH Telecom Telegraph leur concession accordée par l’Espagne pour l’atterrissement de câbles à Ténériffe. Cet accord est approuvé le 11 juin 1883 par le gouvernement espagnol en référence aux accords de Saint Petersburg (28 juillet 1879). 1884 5 juillet 1884 – Loi 14.445 approuvant la convention franco-espagnole JO B 855 p 2 à 7 du 2 mai 1884 pour ouvrir une liaison entre Cadix et Dakar. 30 juillet 1884 – Loi 14.503 ouvrant un crédit de 1.416.666 ,67 francs JO B 862 p130 pour construire la liaison.

Sources :

A T Annales Télégraphiques BHPT Bibliothèques des Postes et Télécommunications G B Etude de Georges Bourgoin – Revue de l’Associations des Amis des CSM J O Journal Officiel P G Pascal Griset JD Ricard JD Ricard dans La Revue des PTT de France - 1954 Wünschendorff – Traité de télégraphie sous-marines - 1888

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LE TELEGRAPHE EN TEMPS DE GUERRE

Alain Van Oudheusden

La guerre de Crimée (1853-1856)

En 1855, la pose des 2 liaisons en mer Noire (Varna - Balaklava et Varna – Constantinople) marque le début des applications militaires des câbles sous-marins pour les besoins de la guerre de Crimée. Ces câbles permettent de relier  Le premier (installé par la Grande Bretagne) les capitales de Londres et de Paris à Balaklava par télégraphe électrique et de prolonger la ligne par liaisons militaires filaires et Chappe sur le PC allié du Général Pélissier à Sébastopol. Cette ligne fonctionne 10 mois, le temps du siège de Sébastopol et n’est pas réparée.  Le second (installé par l’empire Ottoman), relie les 3 capitales alliées de Londres et de Paris à Constantinople.

La Convention sur la Protection des câbles sous-marins du 14 mars 1884.

Sans revenir sur la lente élaboration de la Convention15, que toutes les compagnies câblières souhaitaient voir ratifiée par les Etats, notons que la Convention n’est pas applicable en temps de guerre à la demande du gouvernement britannique qui plaidait que le câble était un instrument nécessaire à la conduite de la guerre. La pose des câbles de 1855 et la pratique de plusieurs nations à cette époque justifiaient cette position non négociable.

Les premières coupures de câbles sous-marins et de trafic (1870 – 1900).

 1877 : La Turquie coupe le câble britannique Constantinople – Odessa.  1882 : les deux belligérants Pérou et le Chili coupent le câble britannique qui les relie.  1885 : Chute de Lon Son (Tonkin). L’Eastern retient le message adressé au gouvernement Jules Ferry. C’est la chute de Jules Ferry.  1893 : Ultimatum français au Siam. Retard des correspondances par suite du contrôle des contenus des messages par le personnel de l’ Eastern (premier cas avéré de censure).  1894 : Mort du roi du Maroc. Les britanniques arrêtent 36 heures le trafic du câble Tanger Gibraltar.  1895 : Prise de Tananarive par Duchesne. Information conservée pendant 3 jours par les britanniques.  1895 : Guerre entre l’Espagne et les Etats Unis. L’amiral Cervera ne reçoit pas le télégramme demandant le rapatriement de sa flotte. Elle sera détruite.  1898 : Face à face Kitchener – Marchand à Fachoda, puis Guerre des Boers en Afrique du Sud. En octobre 1899, la Grande Bretagne décide de censurer tous les télégrammes officiels et privés à destination de l’Afrique australe. La presse parisienne puis française se déchaîne.

 Le 2 décembre 1900 Alexandre Millerand, reprenant la première page du quotidien La Sarthe du 26 octobre 1899, déclare à la Chambre :

15 - Le texte de la Convention est publié sur le site www.cablesm.fr 24

« Parce-que Mr Chamberlain a voulu faire la guerre au Transwaal, est-ce qu’aucune nation ne pourra plus continuer ses transactions entre les pays qui n’appartiennent pas encore, que l’on sache, ni à la République sud-Africaine, ni à la Grande Bretagne, et qui sont situés à quelques centaines de kilomètres du théâtre des opérations. »  En 1904, les deux pays signent l’Entente Cordiale. Devenus alliés contre l’Allemagne, la France revoit son programme de pose de câbles sous-marins et abandonne l’installation de l’épine dorsale du réseau colonial qui devait prolonger Brest – Dakar (1905) par une liaison Dakar – Réunion – Saigon.

1880 - 1914 : Internationalisation du réseau. Reconfiguration du réseau britannique (the All Red Line).

Le raidissement du Royaume Uni dans le contrôle du trafic international commence en 1880 lorsque le réseau s’internationalise. Les Etats-Unis et les grandes nations européennes prennent des mesures pour soustraire leurs communications à la domination britannique, soit en créant leurs réseaux nationaux, soit en diversifiant leurs itinéraires, soit en créant des entreprises industrielles nationales. Si l’exemple français est significatif, la politique américaine est plus efficace.

La Grande Bretagne tire également la conclusion des décisions étrangères et prend au tournant du siècle la décision de relier toutes les colonies britanniques par des lignes atterrissant uniquement dans des territoires britanniques. S’agit-il de préparer la guerre de 1914 après la signature de l’Entente Cordiale. Cette politique du gouvernement n’est pas partagée par le groupe de l’Eastern car la rentabilité de son réseau se réduit avec leur extension et la concurrence étrangère. On note l’installation des liaisons suivantes :  1979 - Pose du transatlantique de la PQ  1880 et 1882 - Pose des câbles transatlantiques dupliqués des compagnies américaines Western Union et Commercial Cable C°.  1888 - Création de la Société Française des Télégraphes sous-marins.  1896 - Fusion des compagnies françaises PQ et SFTSM.  1901 - Pose des câbles allemands transatlantiques, d’Afrique de l’Ouest et du réseau de la compagnie Germano – néerlandais dans le SE Asiatique.  1902 - La ligne du Pacific Board et la traversée de l’océan Indien Batavia – Le Cap via les Cocos et l’île Maurice constitue trois itinéraires pour acheminer le trafic de l’Australie.  1903 - Par ailleurs la compagnie américaine CCC décide de construire un trans-pacifique avec L’Eastern mais c’est encore un partage de trafic pour l’Eastern.  1911 - Enfin, le rachat de Western Union par ATT place l’acquéreur sous la loi américaine anti-trust. Elle prive surtout les compagnies anglaises d’un partenaire aux Etats-Unis. La Direct US et l’Anglo-American loue leurs réseaux respectivement en avril et en octobre 1911.

La première guerre mondiale et l’après-guerre (1914 – 1918).

Chaque belligérant s’applique à détruire le réseau de l’adversaire et à connaître le contenu de ses correspondances par la censure et le déchiffrage des informations transmises. Lorsque le conflit éclate, on assiste à la guerre des câble entre les belligérants et à l’opposition des pays neutres dont les Etats-Unis qui entre dans le conflit en 1917 en s’appuyant sur une correspondance violée (le télégramme Zimmermann). On note que :  Tous les câbles sous-marins sont coupés dans la Manche et ils seront utilisés par les alliés. Ceux d’Afrique sont coupés et partiellement réutilisés. Ceux du Pacifique sont coupés mais non saisis.  Les chaînes radio allemandes d’Afrique (colonies allemandes occupées) et du Pacifique (Samoa, Nauru et New Paupern) sont rapidement détruites.

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 Les allemands essaient de détruire des centres radio et câbles anglais (Cocos par l’Emden et Fanning par le Leipzig/Nurberg) ainsi que les câbles transatlantiques à l’aide de leurs sous-marins.  L’Allemagne perd la guerre des câbles et de la radio en quelques semaines. Toutefois les câbles de la Baltique de GNTC sont coupés.  En 1915, le Dacia (Indian Rubba) est affrété par la France pour re-router le câble allemand Emden – Tenerife – Monrovia en un Brest – Casablanca – Dakar. En décembre 1915, il est torpillé par un sous-marin allemand au large de Funchal.

Le chiffrement des messages et la censure du contenu deviennent la règle en temps de guerre. Le chiffrement est un phénomène peu connu mais déjà largement pratiqué par les Etats.  En 1914, les allemands ignorent que les alliés connaissent les codes de décryptage de leurs messages dès la déclaration de la guerre. Les britanniques, en particulier, connaissent parfaitement les codes utilisés par la Kriegsmarine. L’armée française connaît également le code allemand utilisé par les services diplomatiques ainsi que les codes utilisé par l’Etat-Major avec ses Armées.

Sans entrer dans les détails, citons quelques exemples célèbres : En septembre 1914, les télégrammes anticipant la victoire de la Marne. Le plan d’invasion allemand est connu dès 1913. Dès la déclaration de la guerre, son application est surveillée par des avions de reconnaissance. Le message du 30 août 1914 transmis par le GQG allemand demande aux Armées allemandes de ne pas poursuivre sur Paris mais d’envelopper les armées françaises. Une fois déchiffré par les services de renseignement, Joffre peut vérifier le suivi du plan par des avions de reconnaissance, mobiliser Galiéni et l’armée Maunouri et contrer l’ennemi sur la Marne (victoire du 6 septembre 1914).

En décembre 1914, deux télégrammes précipitent la bataille des Falklands16. Après sa victoire sur la flotte anglaise à la bataille du Coronel au large du Chili, l’Amiral von Spee reçoit l’ordre de rentrer en Allemagne avec sa flotte du Pacifique. Il est poursuivi par la flotte japonaise dans le Pacifique et attendu par une flotte anglaise dans l’Atlantique. Il semble qu’un faux message britannique lui demande d’occuper les îles Falklands (Malouines) pour s'y établir afin de lancer des raids sur le trafic Anglais. Comme il capte aussi un second message radio, réel celui-ci confirmant le départ du cuirassé Canopus pour l'Afrique du sud où aurait éclaté une révolte, il ne peut pas hésiter.

Von Spee, après avoir traversé le cap Horn, et capturé un voilier Britannique pour se ravitailler en charbon, perd trois jours laissant la flottille de vapeurs auxiliaires dans le dédale des îles de la terre de feu, et met le cap sur les Malouines qu'il pense pouvoir dévaster et prendre Port Stanley grâce à un corps expéditionnaire embarqué.

Il tombe dans le guet-apens tendu par l’Amirauté Britannique. La flotte britannique, est bien là, supérieure en nombre, en rapidité et en puissance. Le Canopus est échoué au sud de l’île, son tir bien réglé sur le lieu de passage de la flotte allemande devant Port Stanley. La bataille du 8 décembre tourne au carnage puisque seul le Dresden réussi à s’échapper : 19 morts britanniques, 1871 morts côté allemand dont l’amiral Von Spee et des deux fils à bord du Shamhorst. La marine et les câbles sous-marins britanniques conserveront la maitrise des mers pendant toute la guerre. L’Allemagne n’utilisera que des sous-marins.

Janvier 1915 – Le général Desfemmes17, en charge du service des Transmissions de l’Armée dans les années 1960 a publié dans la revue « La rouge et la Noire » le rôle de Georges Painvin et

16 - Article publié sur le site internet www.cablesm.fr. 17 - Article " Réflexions sur la guerre électronique " paru dans la Revue de l'Armée (n° 24 de décembre 62). 26 du 2ème Bureau () pendant la guerre. « C’'est alors que se produisit, le 21 janvier 1915, un événement qui devait faire quelque bruit là où régnait habituellement le plus profond silence : l'arrivée d'un mémoire exposant une méthode pour reconstituer toute nouvelle clé du système ABC avec le premier texte intercepté, donc un seul, quelle qu'en soit la longueur ; le mémoire était signé d'un inconnu ». Georges Painvin fût détaché au cabinet jusqu’à la fin des hostilités et déchiffra tous les codes allemands jusqu’à la fin de la guerre.

Le 16 janvier 1917 – Le télégramme de Zimmerman entre dans l’histoire. Ce télégramme est envoyé par le ministre des affaires étrangères du Reich à l’ambassade allemande au Mexique pour décider ce pays à entrer en guerre contre les Etats-Unis. Transmis par l’ambassade allemande en Suède sur un câble de la Western Union, il est saisi au cours de son transit en Grande Bretagne, déchiffré et remis au président des Etats-Unis. Plus que le torpillage du paquebot Lusitania par un sous-marin, ce télégramme précipite l’entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des alliés.

Le télégramme Zimmerman, chiffré et déchiffré et ci-dessous la traduction française.

« Nous avons l'intention d'inaugurer la guerre sous-marine à outrance. Le 1er février. En dépit de cela, nous désirons que les États-Unis restent neutres, et si nous n'y réussissons pas, nous proposons une alliance au Mexique. Nous ferons la guerre ensemble et nous ferons la paix ensemble. Nous accorderons notre appui financier au Mexique, qui aura à reconquérir les territoires du Nouveau Mexique, du Texas et de l'Arizona. Les détails du règlement sont laissés à votre initiative. Vous aurez à informer le président du Mexique de la proposition ci-dessus aussitôt que vous serez certain de la déclaration de guerre avec les États-Unis, et vous suggérerez que le président du Mexique, de sa propre initiative, communique avec le Japon, proposant à cette dernière nation

« Georges Painvin, jeune capitaine de réserve d'artillerie de 30 ans, avait suivi les cours d'état-major, où sa brillante intelligence, son dynamisme et son excellente présentation l'avaient fait remarquer et lui avaient valu de recevoir comme affectation de mobilisation les fonctions d'officier d'ordonnance du général Maunoury. Pour vous situer mieux le personnage, je vous dirai qu'il avait mené de front, avec une aisance déconcertante, des études universitaires extrêmement brillantes qui le virent parmi les majors d'entrée et de sortie de la promotion 1905 de l'Ecole Polytechnique, ainsi que des études musicales qui lui valurent un premier prix de violoncelle au conservatoire de Nantes ». Ce texte est repris sur le site internet www.cablesm.fr.

27 d'adhérer immédiatement à notre plan, et vous offrirez en même temps d'agir comme médiateur entre l'Allemagne et le Japon. Veuillez attirer l'attention du président du Mexique sur l'emploi sans merci de nos sous-marins qui obligera l'Angleterre à signer la paix dans quelques mois. Signé : ZIMMERMANN ».

Le président mexicain Carranza déclina les propositions de Zimmermann le 14 avril après la déclaration de guerre des États-Unis à l'Allemagne.

3 juin 1918 – Le radiogramme de la victoire. Georges Painvain, brillant polytechnicien du cabinet Noir fournit aux hautes instances de l'armée françaises le 2 juin 1918 un message déchiffré envoyé le 1er juin 1918 en direction des avant-postes allemands dans la région de Remaugies, au nord de Compiègne. Le texte, plus tard appelé « Radiogramme de la Victoire », se présentait sous cette forme chiffrée :

FGAXA XAXFF FAFVA AVDFA GAXFX FAFAG DXGGX AGXFD XGAGX GAXGX AGXVF VXXAG XDDAX GGAAF DGGAF FXGGX XDFAX GXAXV AGXGG DFAGG GXVAX VFXGV FFGGA XDGAX FDVGG A La traduction française du radiogramme chiffré est : « Hâtez l'approvisionnement en munitions, le faire même de jour tant qu'on n'est pas vu ».

Le message fut transmis au quartier général de Foch, qui fut convaincu de l'imminence de l'attaque sur Compiègne. Les dernières troupes de réserve disponibles furent placées autour de la ville et repoussèrent l'attaque.

Ainsi, la censure et le décryptage des messages ont eu un rôle déterminant pendant la première guerre mondiale. Elles ont permis aux forces alliées de détruire la marine allemande, ses câbles sous-marins de télécommunications et certainement comblé le handicap des alliés dans le domaine terrestre (hommes et armement).

L’entre deux-Guerres.

Après la guerre, les européens fortement endettés par le conflit ont eu à faire face aux ambitions américaines et à l’application de la doctrine Monroe (« L’Amérique aux Américains »).

La CFCT perd son réseau des Antilles, racheté par une compagnie américaine. Le gouvernement privilégie la mise en place d’un réseau colonial au détriment de la mise en place d’un réseau international. La CFCT n’a pas les moyens de rénover son réseau transatlantique et d’installer des câbles chargés, ses réserves étant mobilisées pour installer un réseau de lignes radioélectriques.

Après la crise de 1929, les gouvernements obligent les compagnies de câbles et les compagnies radio à se regrouper sur une base nationale. En Grande Bretagne, Marconi et l’Eastern deviennent Cable & Wireless, en France la CFCT et Radio-France deviennent France Câbles et Radio, en Italie Italcable et Italradio se regroupent. Aux Etats-Unis, Commercial Cable Company s’unit à Mac Kay Radio. Seule la Western Union reste une compagnie de câbles. La fiction des compagnies indépendantes de leur gouvernement devient clairement une fiction.

La seconde guerre mondiale.

Dès l’ouverture des hostilités, en septembre 1939, le scénario de la guerre précédente se précise. L’Allemagne perd ses câbles sous-marins et sabote les câbles alliés avec leurs sous-marins. Les compagnies alliées éprouvent beaucoup plus de difficultés à protéger les câbles coupés par les sous-marins allemands et italiens car la Grande Bretagne ne dispose plus de la maîtrise absolue des océans en particulier en Méditerranée et en mer Rouge, on note que :  Dès la déclaration de la guerre, les câbles allemands sont coupés.

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 Le NC Faraday 2 (Siemens Brothers) est réquisitionné en décembre 1940 pour charger un câble à Greenwich. Il quitte Londres pour Falsmouth le 25 mars 1941 et appareille pour arriver à Milford avant la nuit. A 07h45, un Heinkel III l’attaque et lance 2 bombes (8 morts et 35 blessés à bord) mais l’avion est abattu. Le navire est perdu et son stock de câble prévu pour poser un câble Tobrouk – Alexandrie est également perdu. Le manque de câble de réserve sera une donnée permanente de la guerre du fait des bombardements de Calais puis de Londres.  L’entrée en guerre de l’Italie a pour conséquence la coupure des câbles anglais près de Malte et d’Aden (câbles coupés face à l’Erythrée) et l’interruption de la route directe de l’Inde par la mer Rouge, obligeant le trafic à contourner l’Afrique par Le Cap.  La Grande Bretagne installe deux câbles au départ de Tobrouk pendant la guerre.  A partir de mai 1940, la France de Vichy est rangée de fait aux côtés de l’Allemagne. Le réseau de câbles sous-marins sert de câbles de réserves aux alliés. Les câbliers français qui subsistent sous la direction de Vichy ne peuvent pas intervenir.  On constate que la France Libre poursuit le combat grâce à la structure du réseau radioélectrique colonial (plan Ferrié installé entre 1920 et 1922 et toujours modernisé).

Lorsque l’AEF rejoint la France Libre dès 1940 (capitale Brazzaville), le centre radio de Brazzaville peut communiquer avec toutes les colonies. Le débarquement allié au Maroc, Oran et Alger (novembre 1942), permet à Alger de devenir capitale de la France libre et de libérer les colonies d’Afrique. Le réseau radio de 1925 a joué un rôle considérable dès 1940, dès lors que la France est occupée. A la libération, si le réseau de câbles français de la côte d’Afrique est rapidement remis en état, il n’en est pas de même en Méditerranée ou dans l’Atlantique Nord.

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MARCEL BAYARD

L’enfance et les périodes des guerres

Germain Bonnet-Winckler Président d’Episerm

Nul n’est prophète en son pays. Cet adage ne s’est jamais si bien appliqué qu’à la personne de Honoré - Marcel Bayard, né dans un petit « pays » d’Auvergne… qui l’a totalement oublié un demi- siècle seulement après sa mort. Entre Rougeac (Saint-Eble) et Chavaniac-Lafayette, seuls quelques parents en cultivent encore le souvenir. Pourtant Marcel Bayard est à tous points de vue un personnage hors du commun, parti de la maison familiale, implantée dans une commune de Haute-Loire de tout juste cinq cents âmes, et d’une communale rurale à classe unique, pour devenir polytechnicien, scientifique, enseignant, savant ! Pour être consulté dans les colloques internationaux, briller dans les réceptions… et pourtant ne jamais oublier ses origines, ni cesser de militer pour l’amélioration du sort des plus pauvres.

Élève doué, héros de la guerre de 14 (croix de guerre), blessé au combat, mathématicien mondialement connu, architecte à ses heures, haut fonctionnaire de la direction générale des P.T.T., artisan de la reconstruction de la flotte câblière française après la deuxième guerre mondiale… Il n’en a pas moins été, paradoxalement et simultanément, militant d’ultragauche, prônant à ce titre la révolution dans le contexte difficile de l’Entre-deux-guerres et de la crise économique dite de 1929.

Il reste parallèlement un agriculteur avisé, faisant planter trente hectares de bois sur son domaine de La Varenne (Chavaniac-Lafayette), un père de famille et l’un des pères de la téléphonie moderne en ayant largement contribué à la remise en état des réseaux à l’issue de la deuxième guerre mondiale et puissamment œuvré à développer le maillage et la technologie des câbles sous-marins intercontinentaux… Ce qui lui vaudra une reconnaissance nationale, son nom étant donné, en 1961, au plus moderne navire câblier des P.T.T. de sa génération… Voilà qui fait beaucoup pour un seul homme disparu trop tôt à l’âge de 61 ans.

Voilà qui fait aussi beaucoup de mauvaises raisons d’avoir laissé s’estomper le souvenir. Nous espérons que cette recherche, réalisée dans le cadre de l’Episerm avec le précieux concours de membres de la famille, permettra de mieux appréhender la personnalité aussi riche que complexe de Marcel Bayard qui n’en laissait lui-même que rarement appréhender simultanément toutes les facettes.

Germain Bonnet-Winckler

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Le parcours exceptionnel de Marcel Bayard

Appelé dès 1914 dans les chasseurs à pied (23e BCP). Grièvement blessé en 1916, décoré de la Croix de guerre. Versé dans l’artillerie (81e régiment d’artillerie, puis 83e d’artillerie lourde, puis 84e RALT), il termine la guerre comme officier orienteur. Préparation de l’Ecole Polytechnique en 1919 au Centre d’Etudes de Strasbourg.

Elève à l’École Polytechnique (Promotion X 1919 Spéciale). Elève Ingénieur des P.T.T. Ingénieur des P.T.T. à titre provisoire, à sa sortie de l’Ecole Polytechnique. Ecole Supérieure d’Electricité (Ingénieur E.S.E.) Ecole Supérieure des P.T.T. (Ingénieur des P.T.T.). Ingénieur au service des câbles sous-marins puis à l’administration centrale des P.T.T. (1923- 1927). Nommé ingénieur en chef le 1er Janvier 1930, chef de la Section des Etudes Techniques Télégraphiques au Ministère des P.T.T. Direction de l'Exploitation Télégraphique (1927-1941). Directeur des Études à l'École Nationale Supérieure des Télécommunications (1941-1945). Ingénieur en chef à la Direction de l'Exploitation Télégraphique au ministère des Postes. Inspecteur Général adjoint des P.T.T. (1945, 1948). Directeur du Service des Câbles sous-marins (1944-1951). Ingénieur général des Télécommunications (1954). Vice-président de la Société mathématique de France.

Et, entre autres : Licencié es-sciences (certificats de calcul différentiel et intégral, de mécanique rationnelle, d’électrotechnique générale et d'analyse supérieure). Membre du Comité Technique de l’administration des P.T.T, Délégué au Comité Consultatif des communications télégraphiques (C.C.I.T.); Rapporteur principal de la XIe Commission, Professeur, à l’Ecole Supérieure des P.T.T., du cours de Théorie de la transmission télégraphique (Etude mathématique des phénomènes transitoires). Correcteur titulaire de l’épreuve de Géométrie descriptive à l’Ecole Polytechnique à partir de 1931.

Décorations :

Croix de guerre 14/18 Chevalier de la Légion d’Honneur en 1936 Officier de la Légion d’Honneur en 1946 Officier du Mérite Postal en 1954 Titulaire de plusieurs décorations étrangères et notamment du « Lion Blanc », en Tchécoslovaquie, et « l’Iftikhar » en Tunisie.

La recherche et les brevets

Après la seconde guerre mondiale, Marcel Bayard a peaufiné son œuvre scientifique. En 1944, on lui doit une contribution essentielle à la théorie de la transformation de Laplace, relative à l'originale d'une fonction de fonction (publiée aux compte- rendus de l’Académie des sciences).

De 1947 à 1952, ses principaux efforts porteront sur « la synthèse des réseaux électriques à un nombre quelconque de paires de bornes. »

Parallèlement, Marcel Bayard dépose, avec son ami Charles Roquet, toute une série de brevets notamment aux Etats-Unis et au Canada. Nous avons trouvé trace de certains d’entre eux, datés de 1943 à 1952. 31

 13 janvier 1953 : Raymond Jacques Charles Roquet, Honoré Marcel Bayard: Pré-correcteur complets pour systèmes pour la transmission de signaux (CA 489505).  30 septembre 1952 : Honoré Marcel Bayard, Raymond Jacques Charles Roquet: Précorrection pour déformation de ligne dans la télégraphie (CA 486804).  23 avril 1952 : Apparatus for compensating for telegraph distortion. Honoré Marcel Bayard (GB670579).  26 janvier 1948 [3 mars 1947] : Code telegraphy. Bayard H-M., and Roquet R-J-C. No. 2279/48. Class 40. In an arrangement for the precorrection of signal elements transmitted over a line, the delay imposed on each characteristic instant of the transmitted modulation is determined.  12 mars 1952 : Apparatus for pre-correcting telegraph signals to compensate for characteristic distortion in transmission over a line. Honore Marcel Bayard (GB668272).  Code telegraphy. BAYARD, H. M., and ROQUET, R. J. C. Jan. 2, 1948, No. 166/48. Addition to 652,601. [A Specification was laid open to inspection under Sect. 91 of the Acts, Feb. 23, 1948.] Class 40. Apparatus for precorrecting telegraph signals by delaying the retransmission of each...  13 juin 1951 : Process and apparatus for correcting distortion produced in the transmission of telegraphic signals. Honore Marcel Bayard (GB654352).  654,352. Code telegraphy. BAYARD, H. M., and ROQUET, R. J. C. June 14, 1946, No. 17948. Convention date, June 1, 1945. Drawings to Specification. [Class 40 A telegraphic transmission system for compensating the characteristic distortion of a telegraph line comprises a compensating network...  25 avril 1951 : Apparatus for pre-correcting telegraph signals to compensate for characteristic distortion in transmission over a line. Honore Marcel Bayard (GB652601)  Code telegraphy. BAYARD, H. M., and ROQUET, R. J. C. April 30, 1945, No. 10903. Convention date, Nov. 18, 1943. [Class 40] Apparatus, for pre-correcting double-current telegraph signals to compensate for the characteristic distortion arising in their transmission over a telegraph...  28 février 1951 : Method and arrangement for measuring the index number of a telegraph modulation. Honore Marcel Bayard (GB650531)  650,531. Telegraphy, testing. BAYARD, H. M., and ROQUET, R. J. C. Jan. 9, 1947, No. 799. Convention date, Jan. 9, 1946. [Class 40] The index of modulation of a Baudot or like telegraph transmission has been defined by the C.C.I.T. as where a 1 ... a h represent respectively the values of each...  Balancing device for systems for transmitting signals. Honore Marcel Bayard Nov, 28 1949: GB632569.  632,569. Impedance networks. BAYARD, H. M., and ROQUET, R. J. C. April 24, 1945, No. 10317. Convention date, Aug. 7, 1941. Drawings to Specification. [Class 40 (viii)] An artificial balancing line for simulating submarine cables and other transmission lines comprises a limited number of quadripoles...  Method of and apparatus for duplexing for transmission systems. Honore Marcel Bayard Apr, 22 1948: GB600939  600,939. Duplex telegraphy. BAYARD, H. M., and ROQUET, R. J. C. May 2, 1945, No. 11164. Convention date, Oct. 11, 1943. [Class 40 (iii)] [Also in Group XXXVI] For adjusting an artificial line a to simulate a submarine cable L or the like in duplex telegraphy, the lines are connected as adjacent...

C’est alors que Marcel Bayard, qui approche tout juste la soixantaine, est atteint d’une tumeur au cerveau qui nécessite une intervention chirurgicale en 1955. II s’éteint le 15 avril 1956, à l’âge de 61 ans, après cette longue et pénible maladie pendant laquelle il a poursuivi ses activités professionnelles.

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DE CHAVANIAC-LAFAYETTE A SAINT-EBLE (3 juin 1895 - 15 juillet 1913)

Honoré-Marcel Bayard (il préférera se faire appeler Marcel) a grandi entre Chavaniac-Lafayette, où sa famille exploitait depuis des lustres un domaine agricole à « La Varenne », et Rougeac (Saint- Eble), où son père, Etienne Bayard18, cultivateur lors de sa naissance, avait choisi de faire construire sa maison après son mariage avec Louise Pignol19, le 11 avril 1894.

Honoré Marcel Bayard sera leur premier enfant, né à Chavaniac-Lafayette20 le 3 juin 1895. Il n’aura qu’une sœur, Marie, qui deviendra plus tard Madame Tavernier et la maman de trois garçons : Marcel, Paul et Fernand.

En fait, l’histoire de la famille Bayard se confond depuis des siècles avec celle des communes de Saint Georges d’Aurac/ Chavaniac-Lafayette et de Saint-Eble (Haute-Loire). Les liens familiaux entre ces villages, situés de part et d’autre de la « route royale » conduisant de Brioude au Puy- en-Velay (actuelle RN102), remontent au moins à la fin du XVIIe siècle. Ils sont ensuite constants avec, par exemple, Paul Bayard, dont le fils Antoine, né avant 1748 (date du décès de sa mère Catherine Rodier elle-même née à Saint-Georges d’Aurac), épouse Marie Mallet… à Saint-Eble, en 1771. Ou encore avec la présence au rang des ancêtres de Marcel Bayard de Jean-Baptiste Chaumet (fils d'André et Marie Parrel), né à Saint-Eble, et marié le 6 février 1758 à Langeac avec Marianne Vezian.

Mais pourquoi Etienne Bayard qui, comme son épouse, avait un avenir tout tracé à La Varenne (Chavagnac), choisit-il de s’installer à Rougeac (Saint-Eble)? Essentiellement sous la pression de sa jeune épouse qui ne souhaitait pas qu’il reprenne l’exploitation agricole familiale. Elle préférait que son couple suive la voie de son propre père, négociant aubergiste à Chavaniac. Etienne et Louise décidèrent donc de se lancer eux aussi dans le négoce. Nous sommes à l’époque de l’ouverture des lignes de chemin de fer dans le massif central. Ils hésitent à s’implanter au Marcet, sur la ligne Paris-Nimes, et décident finalement de faire construire leur maison au plus près, à proximité de la gare de Rougeac, sur la ligne de Saint-Etienne à Arvant. Ils deviennent marchand de grain… pour peu de temps. Des clients indélicats du Midi, mauvais payeurs, font péricliter l’affaire21. Etienne Bayard se reconvertit donc en négociant en vin. Comme son beau-père Pignol de Chavagnac.

Le petit Honoré-Marcel Bayard grandit donc entre Rougeac et Chavagnac, entre parents et grands-parents. Il va, peut-être, à l’école communale de Saint-Eble… Mais très vite c’est l’école de

18 Étienne Bayard, né à Chavaniac-Lafayette (commune de Saint-Georges-d'Aurac), le 2 juin 1866, décédé en 1944, cultivateur chez ses parents au jour de son mariage, négociant à Rougeac (Saint-Eble) par la suite. Il était lui-même le fils de Sébastien Bayard (1821-1905), cultivateur, scieur de long, à La Varenne (Chavaniac-Lafayette), et de Anastasie Pigeon (1836-1867), qui décède alors que son fils a tout juste un an, 19 Louise Pignol, née à Saint-Georges-d'Aurac (Chavaniac-Lafayette), le 12 août 1872, décédée à Saint Eble, le 9 février 1953. Elle était la fille de Jean Régis Pignol, négociant-aubergiste, né à Chavaniac-Lafayette le 1er novembre 1849, et Marguerite Monier, née à Langeac le 20 mars 1850. 20 La commune de Chavaniac-Lafayette vient alors tout juste de prendre son nom définitif. En effet, ce bourg appartenait initialement à la commune de Saint-Georges d’Aurac. Il est devenu chef- lieu de commune, sous le nom de Chavaniac, en 1880 par scission avec la précédente. Lafayette a été ajouté en 1884. 21 A Rougeac, le père de Marcel Bayard avait installé un magasin à grain sur un terrain appartenant à la famille Langlade avec clause d’abandon des installations à la fin du bail. C’est finalement la famille Langlade qui a fait le commerce du grain, poursuivi par la suite par un gendre, Pignol, puis par un gendre de Pignol : Beaumel. Cette entreprise existe encore aujourd’hui. 33

Chavaniac-Lafayette qui s’impose car, selon la mémoire familiale, son père avait un assez fort caractère et, peut-être, pas toujours les meilleures relations avec la municipalité de Saint-Eble. C’est ainsi qu’il passe les épreuves du « Certificat d’études primaires élémentaires » à Paulhaguet le 12 juin 1906, avec épreuve spéciale « Agriculture ». Il obtient ce premier examen avec succès22, ce qui lui permet d’envisager de poursuivre des études secondaires possibles uniquement en internat au Puy-en-Velay.

(Collection Patrick Bayard)

Son père entend bien qu’il en soit ainsi et que ce certificat d’études (déjà pas si simple à obtenir à l’époque) ne soit qu’une première étape vers le baccalauréat, poursuivant dans la lignée familiale puisque Etienne Bayard est lui-même bachelier. A la rentrée scolaire d’octobre 1906, Marcel intègre donc le Lycée du Puy. Il est brillant élève, mais la pension et les études coûtent cher. Ses parents demandent donc une bourse et l’obtiennent. Par décret en date du 19 septembre 1909, Honoré (Marcel) est nommé « élève du Gouvernement » à titre définitif au Lycée du Puy-en-Velay avec une bourse d’internat de 300 francs23. Un an plus tard il achève sa classe de troisième (Division B) et obtient son « Certificat d’Etudes secondaires du premier degré »24. Notons, au passage, que c’est le premier document qui lui reconnaît le seul prénom de Marcel. La porte est ouverte vers le fameux baccalauréat. Marcel Bayard poursuit un parcours sans faute et décroche le précieux parchemin devant l’université de Clermont-Ferrand le 15 juillet 1913. Il a 18 ans et le titre de Bachelier de l’enseignement secondaire avec mentions « sciences, langues vivantes et mathématiques ». Le voilà promis au plus bel avenir. Sans doute s’interroge-t-il ! Ira-t-il à l’université ? S’orientera-t-il vers une école d’ingénieur ou une autre grande école ? Il est loin de se douter que l’histoire du monde s’apprête à lui jouer un mauvais tour. Marcel Bayard a 19 ans lorsque la Première guerre mondiale est déclarée.

22 Annexe 1 p.81 23 Annexe 2 p.82 24 Annexe 3 p.82 34

CINQ ANS DE GUERRE (18 décembre 1914 – 23 octobre 1919)

Deux ans séparent ces deux

photos de Marcel Bayard en

uniforme des chasseurs à

pied.

(Collection Patrick Bayard)

Marcel Bayard est appelé le 18 décembre 1914 dans les chasseurs à pied25. Il intègre le 23e bataillon de Chasseurs à Pied (BCP) et rejoint son affectation à la 12e compagnie à Grasse où il entame sa période d’instruction. Il ne le sait pas encore mais cette période de classe durera quatre mois. A son arrivée il écrit à ses parents : « Il y a tellement de conscrits du recrutement du Puy que l’on entend l’auvergnat plus souvent que le provençal et presque autant que le français ».

Lors de la mobilisation de Marcel Bayard, le 23e bataillon de chasseurs est au front depuis les premières heures de la guerre. Ayant reçu l’ordre de mobilisation le 1er août 1914 à 16h45, il s’est porté dès le lendemain sur la frontière italienne. L’Italie n’étant pas agressive, il redescend rapidement à Nice où il embarque pour les frontières de l’est de la France où les combats commencent. Le 23e BCP compte alors 28 officiers et 1687 gradés et chasseurs. Les bataillons de chasseurs comptent alors six compagnies et une section de mitrailleuses.

Le 23e BCP participe aux opérations de Lorraine (13 août - 1er novembre). Dès le 20 août, il a déjà perdu 7 officiers et 508 gradés ou chasseurs26. Le 25 août quatre officiers et 125 hommes de plus sont hors de combat. En octobre, ayant perdu près de la moitié de ses effectifs, le bataillon stationne en Woëvre pour reconstituer son effectif.

Début novembre, le 23e BCP embarque à Toul à destination des Flandres. Directement engagé il perd 145 hommes en quatre jours. Le 2 décembre, le bataillon compte 51 tués et 124 blessés

25 Les bataillons de chasseurs à pied (BCP) sont composés généralement d’hommes de petite taille, très vifs et excellents tireurs. Ces bataillons agissent en tirailleurs à l’avant de l’infanterie, en profitant des accidents de terrain, à la différence de l’infanterie de ligne employée en formation plus compacte (au moins jusqu’en 1914). Il existe 31 bataillons de chasseurs d’active lors de l’entrée en guerre (1 à 31). Ceux spécialisés dans le combat en montagne ajoutaient un A pour « alpin » (BCAP). Chacun sera doublé d’un bataillon de réservistes, ces bataillons prenant le nom (41 à 71). Neuf bataillons supplémentaires seront créés pendant la guerre. Les bataillons alpins de réserve prenaient le nom de BCA pour les différencier de ceux d’actives. Toutes ces appellations se sont rapidement confondues par suite des recompositions des unités consécutives aux très lourdes pertes enregistrées. 26 « Historique du 23e bataillon de chasseurs à pied », ouvrage anonyme publié (sans date) par l’Imprimerie Antiboise, F. Fugairon & Cie, 17 rue du Petit Four, Antibes 35 supplémentaires. Il part à pied en Artois, où les attaques prévues sont finalement ajournées, et embarque le 12 janvier 1915 à destination des Vosges. C’est là que Marcel Bayard le rejoint.

Marcel Bayard rejoint son bataillon dans les Vosges

Le 17 avril 1915, alors que Marcel rentre d’une permission chez un camarade à Nice, l’ordre de départ est donné. Les jeunes recrues qui ont terminé leur instruction doivent se mettre en route le surlendemain pour Gérardmer. La nouvelle est rude car, compte tenu de l’éloignement, Marcel n’a jamais pu rentrer en permission chez lui depuis sa mobilisation. Il ne sait pas comment annoncer la nouvelle à sa famille. Il met deux jours à le faire dans une lettre qu’il veut réconfortante mais qui trahit davantage le fatalisme que l’élan guerrier.

(Collection Patrick Bayard).

L’ami Gaston Boyer, de Saint-Eble, cité dans la lettre, n’accompagnera malheureusement pas longtemps Marcel Bayard. Affecté à la 1ère compagnie, il est tué deux mois plus tard, le 15 juin 1915, au bois d’Eichewalde, près de Metzeral. Son frère Firmin, sergent au 121e R.I., était décédé le 12 octobre 1914 à l’hôpital de Noyon (Oise) de suite de ses blessures.

A l’heure où il écrit ces lignes Marcel Bayard sait sans doute que le 23e BCP a été engagé dans l’attaque du Reichakerkopf en mars 1915. Il y a perdu pratiquement tous ses cadres et plus de la moitié de son effectif (610 hommes hors de combat). C’est pour cela qu’il a été renvoyé à l’arrière le 26 mars pour se réorganiser et incorporer de nouveaux arrivants. Dirigé sur la Bresse, il stationne finalement à Granges sur Vologne, près de Gérardmer.

La campagne des Vosges sera très difficile. Là, plus qu’ailleurs, la vie des tranchées est rude et pénible du fait du froid, de la neige et de l’âpreté des combats. Le 23e BCA (nous le nommerons désormais ainsi) s’y battra tout au long des années 1915 et 1916 avec une énergie et un courage qui vaudront aux chasseurs alpins d’être baptisés « les diables bleus » par les Allemands.

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Pour son baptême du feu, Marcel Bayard va très vite découvrir la réalité de la guerre et l’immense « boucherie » des champs de bataille. A peine reformé, le bataillon (qui appartient à la 4e brigade de chasseurs, elle-même rattachée à la 47e division), est transporté le 9 mai sur le terrain d’opération de Metzeral. Le 22 juin, Metzeral est tombé, mais le 23e BCA a encore perdu la moitié des effectifs engagés. Il est mis une nouvelle fois au repos dans la vallée de la Fecht pour se réorganiser. Du 5 juillet au 8 août, il occupe Metzeral et le Braunkopf. Le 9 août, il est transporté vers le Lingekopf pour achever la conquête de la crête du Linge. Cette opération s’avèrera particulièrement meurtrière (perte de près de 300 hommes) mais, au-delà, se traduira par des combats au corps à corps et par l’utilisation par les Allemands de liquides enflammés et de gaz asphyxiants. Le bataillon est relevé le 7 septembre.

(Collection Patrick Bayard).

Aucune opération d’envergure n’étant programmée sur le front, il est affecté à l’occupation de secteurs et à l’organisation de positions durant tout l’hiver 1915/1916. Après un repos à Gerbepal (7 au 15 septembre), il occupe le secteur des Lacs (jusqu’au 7 novembre) puis le Braunkopf. Quelques jours de repos (du 29 novembre au 8 décembre) et il remonte à l’est de Metzeral.

Pendant cette occupation Marcel Bayard obtient une permission qui lui permet de rentrer chez lui. Le 2 janvier 1916 Marcel est en route pour rejoindre son unité. Dans une lettre à ses parents, il commente son parcours : Epinal, Bussang, Wesserline, Kruth, Wildenstein. Le 8, il est à Mittlach. Le 9, il écrit à ses parents :

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Le 10 janvier, Marcel Bayard monte en ligne dans les tranchées puis revient à l’arrière et ainsi de suite. Le bataillon est mis au repos à Gerbepal du 10 février au 12 mars, puis occupe à nouveau le secteur des Lacs jusqu’au 6 juin. Le 16 mai Marcel Bayard écrit à ses parents :

Chers Parents

Je vous envoie par le même courrier un colis contenant une lampe faite avec une douille d’obus de 65, un jersey et du tabac pour papa Rambot. Comme je le fais recommander, j’espère qu’il arrivera intact. Dans les colis que vous m’envoyez il est inutile de mettre du chocolat car il nous est très facile d’en faire venir et il n’est pas cher (3 francs le kilo). Il vaut mieux y mettre de temps en temps des mouchoirs et des chaussettes, car cela se perd facilement.

Actuellement il fait un temps splendide et un calme magnifique. Je suis en ce moment couché sur l’herbe en bras de chemise avec une branche sur la tête pour faire un peu d’ombre. J’ai un panorama magnifique. Devant, rien que des arbres qui me masquent la montagne, en face, où sont les boches. A droite, une vallée verte où serpentent une route, un petit ruisseau et des réseaux de fils de fer. Une église et quelques maisons autour dans le fond. Quelques petits bois çà et là. Cette vallée est entre les lignes, car ici les lignes sont éloignées. Plus à droite, à 1500 m en ligne droite, c’est le Linge et le Schratzmaeule qui domine avec sa crête bouleversée par les obus et ou il ne reste presque plus de sapins alors qu’autrefois il y avait une forêt. D’autres montagnes couvertes de sapins terminent l’horizon sur la droite. On n’entend aucun coup de fusil, rien qu’un grondement sourd qui doit venir de 5 à 6 kilomètres, peut-être plus, ce sont des grosses marmites qui doivent se casser par la bas du coté de Metzeral.

Ce sont des journées charmantes que l’on passe ici et dont vous ne pouvez pas vous faire une idée, de même que vous ne pouvez pas vous faire une idée des plus mauvais moments que nous vivons. Ce sont précisément les souvenirs de ces mauvais moments qui nous rendent si agréables et qui intensifient les moindres plaisirs. Aussi on peut dire qu’après cette guerre si terrible, ceux qui en reviendront, il leur faudra peu de chose pour être heureux. Malheureusement cette conséquence heureuse de la guerre n’en compense pas les horreurs. Ce qui est pire c’est qu’on n’en voit pas la fin. Heureusement que les permissions sont là pour adoucir un peu cette attente.

Quel plaisir le jour où ce cauchemar cessera et où nous serons tous réunis, je l’espère. Dans cet espoir, je vous envoie mes plus affectueux baisers.

Le bataillon passe dans le secteur du Bonhomme (du 7 au 22 juin), occupe le secteur du Violu (23/31 juin), cantonne à Laval, près Bruyère (jusqu’au 16 juillet), et part à l’instruction à Ferrières et Saffais. Il s’aguerrit aux engins nouveaux, aux grenades, grenades à fusils, fusils mitrailleurs, engins d’accompagnements…

Cette fébrilité annonce un nouvel engagement. Il y a alors deux grands terrains d’opérations : Verdun, après les offensives de février, et la Somme, où se prépare une importante offensive coordonnée avec les Anglais. C’est finalement pour la Somme que le 23e BCA embarque le 30 juillet.

L’offensive de la Somme

Le bataillon arrive le 2 août à Saint-Aubin-de-Montenoy, où il est mis en réserve jusqu’au 12. Dès le lendemain Marcel Bayard envoie à ses parents une lettre grossièrement codée pour indiquer sa position (les lettres en gras composent le nom de la localité).

Le 12 août, le bataillon est transporté à Hamelet et s’intègre au 1er corps d’armée. Le 20 il relève le 30e bataillon de chasseurs à Maricourt. Le 27, la première compagnie participe à une attaque au sud de Maurepas au cours de laquelle elle emporte ses objectifs au prix de quarante hommes hors de combat. Le 29 août le bataillon vient occuper les tranchées de la Lipa et de la Pestilence entre

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Maurepas et Maricourt. Parallèlement, du 20 août au 2 septembre, le 23e BCA est affecté au ravitaillement de l’ensemble des premières lignes, mission qui s’effectue de nuit sous les tirs ennemis (120 hommes hors de combat) et l’offensive n’est pas commencée.

L’attaque est lancée sur tout le front le 3 septembre à midi. Marcel Bayard est en première ligne. L’objectif du 23e BCA est la position du Chemin Creux, puissante position allemande défendue par des éléments du Régiment de la Garde. La position est enlevée à l’issue d’un corps à corps sanglant. Au matin du 4, le régiment reprend l’offensive vers les tranchées de Sivas (séparées de nos lignes par un plateau découvert de 400m) puis les positions allemandes dites de la Ferme de l’Hôpital et de Croupe du sud. A 11h, les tranchées de Sivas sont "nettoyées". A 12 heures, le bataillon reformé reprend la deuxième partie de l’attaque. L’objectif nécessite le franchissement d’un nouveau plateau découvert de 600 mètres. La Ferme de l’Hôpital tombe la première.

Au pied de la Croupe du sud la situation est plus délicate, les Français sont pris à la fois sous les tirs des Allemands et ceux de leur propre artillerie qui tire trop court. Conséquence de la mise hors de combat des agents de liaison, le tir ne sera allongé que le 5 septembre au matin. Le 23e est relevé par le 3e régiment de zouaves. Du côté de la ferme de l’Hôpital, le 23e BCA reprend l’offensive le 5 à 14 heures et emporte ses objectifs avant d’être relevé. L’ensemble de ces opérations sur la Somme lui a coûté 450 hommes, dont 10 officiers.

Mis au repos dans la région d’Hamelet, le bataillon reçoit le renfort de 150 jeunes chasseurs de la classe 1916 et remonte en ligne le 14 septembre au soir. C’est le soir de la première attaque sur Rancourt. Après les préparations d’artillerie, une première offensive est déclenchée le 15 à 15 heures. Le 23e BCA fait un premier bond de 200 mètres environ. Une nouvelle attaque est déclenchée à 18h30 et les objectifs enlevés. Du 16 au 19 septembre, il est prévu de conforter les nouvelles positions et de progresser localement pour "rectifier le front". C’est au cours de ces combats que Marcel Bayard est blessé. Les opérations sur Rancourt se traduisent pour le 23e BCA, par la mise hors de combat de 308 hommes supplémentaires, dont 7 officiers.

Marcel Bayard blessé devant Rancourt

Marcel Bayard sur son lit à l’Hôpital Danois en septembre

1916

(3e en partant de la gauche)

(Collection Patrick Bayard).

Marcel Bayard est grièvement blessé le 15 septembre, alors qu’il participe à une attaque sur Rancourt27. Il est blessé par balle au côté droit et immédiatement évacué. De l’ambulance, il écrit à ses parents pour les rassurer

27 Rancourt sera repris aux Allemands le 25 septembre à l’issue de très durs combats. 39

C’est de l’ambulance que je vous écris. Blessé, hier, à l’attaque de Rancourt. Une balle vers les côtes droites. Blessure superficielle. Ce n’est pas grave. Vous écrirai demain de l’hôpital. Je ne souffre pas beaucoup. Ne vous faites pas de mauvais sang. Votre Marcel qui vous embrasse de tout cœur.

Pris en charge par la Croix-Rouge danoise il est hospitalisé à l’Hôpital Benneval (Paris XVI). Il écrit à ses parents de l’hôpital danois de Paris, notamment le 4, le 6, le 16 octobre. Il ne se plaint pas et indique même vouloir profiter de sa convalescence pour reprendre ses études et notamment préparer Math-spé. Le 18 octobre, il avertit ses parents qu’il est transféré précipitamment à l’Hôpital de Sèvres.

Décoré de la Croix de guerre (étoile de bronze)

C’est là qu’il apprend sa citation pour la Croix de Guerre (étoile de bronze) avec citation à l’ordre de la Brigade. Il en fait part à ses parents dans un courrier du 3 novembre.

La citation à l’ordre de la Brigade (voir ci-dessous) Artilleurs autour d’un vieux canon de 220 à Fontainebleau. (Collection Patrick Bayard)

Citation à l’ordre de la brigade n° 94

Le Colonel Lançon Commandant la 5e brigade de chasseurs, cite à l’ordre de la Brigade, Bayard Marcel, caporal fourrier28. Motif de la citation : En toutes circonstances, et en particulier le 15 septembre, a fait l’admiration de tous en conservant sous les bombardements les plus violents et sous le feu même des mitrailleuses, son entrain et sa belle humeur. Grièvement blessé en arrivant sur une position ennemie. Aux Armées le 23 octobre 1916. Trois semaines plus tard (le 25), il écrit pour annoncer son arrivée à Rougeac, en convalescence. Celle-ci ne sera que de courte durée. Le 16 décembre, il rejoint la base de son unité de chasseurs à pied, à Grasse. Il passe devant la commission médicale le 26 décembre. Celle-ci le déclare inapte pour l’infanterie et le propose pour l’artillerie d’assaut (les chars).

28 Fourrier : Sous-officier chargé de distribuer les vivres et de pourvoir au logement des militaires 40

1917 - Le 17 janvier, il écrit à ses parents qu’il est toujours à Grasse. Il en profite pour commenter la situation en Allemagne soulignant que la population meurt de faim.

Muté au 81e Régiment d’artillerie

Le 9 février 1917, Marcel est arrivé à Marly-village pour suivre une formation d’élève stagiaire artillerie. Le 12 février, de Marly Le Roi, il indique qu’il suit des cours d’électricité donné par un lieutenant, ingénieur électricien, qu’il qualifie de professeur « épatant ».

Le 14 février, il est brigadier fourrier et s’inscrit à l’examen d’entrée au peloton d’élève aspirant d’artillerie. Le 22 février, il écrit, de Versailles, qu’il passe le concours à Fontainebleau. Le 10 mars, il est au Trou d’Enfer où il apprend intensivement, (il dira de manière abrutissante) à conduire les camions. Le 16 mars, il apprend à conduire les tracteurs à chenilles. Toujours au Trou d’Enfer le 7 avril lorsqu’il reçoit le résultat du concours pour le peloton d’élève aspirant. Il est reçu 11e sur 168 admis et le 1er du 81e régiment d’artillerie. Il écrit à ses parents son désir de travailler pour préparer le concours de l’école centrale.

Mais sa famille n’est pas très riche. Le 12 avril, il envoie un nouveau courrier de Marly dans lequel il s’interroge pour savoir s’il doit dépenser les 60 francs de droits d’inscription pour préparer Centrale, d’autant qu’il ne sait pas comment faire pour rattraper son retard et trouver le temps d’apprendre. Le 17 avril, Marcel est à nouveau au Trou d’Enfer pour apprendre, cette fois, à conduire des Schneider (petits blindés). Le 28 avril, il arrive à Fontainebleau pour un stage de quatre mois à l’école d’élève aspirant (57e Brigade).

Le 10 septembre 1917, son séjour à l’école d’élève aspirant s’étant brillamment terminé, il intègre le 14e groupe du 83e régiment d’artillerie lourde au camp de Saint-Maur (par Vincennes). Le 27 septembre, l’aspirant Bayard a reçu son grade. Il est affecté au 84e régiment d’artillerie lourde à tracteurs (RALT) et très précisément à la troisième batterie du 2e groupe qu’il a rejoint à Saint Dizier (à 6 km de Valcourt). Ayant été bien noté il a pu choisir plus facilement son affectation. En optant pour l’artillerie lourde, il sait qu’il restera plus en retrait des premières lignes. Il écrit à ses parents pour leur annoncer la nouvelle.

Le 2e groupe reste quelques temps à Saint Dizier, en arrière du front de Verdun que le 84e a tenu jusqu’au 15 décembre 1917. En fait l’état-major met à profit la période d’hiver, de grand froid et de calme relatif sur le front pour réorganiser le 84ème régiment d’artillerie dont les groupes vont à tour de rôle à Noailles ou Saint-Dizier pour s’équiper en matériel plus moderne. Déjà le 1er octobre 1917, les six groupes courts dont la vie était, depuis quelques mois, assez distincte de celle du régiment, en ont été définitivement détachés pour former le 284ème régiment d’artillerie29.

Les groupes longs, après avoir touché leur nouveau matériel partent à l’entraînement. Ils

29 Les régiments d’artillerie lourde à tracteurs (RALT) ont été créés à partir de 1915. Ils sont alors numérotés de 81 à 90. En 1917, tous ces régiments comprenaient 12 groupes, composés chacun de deux batteries numérotées de 1 à 24. Cette organisation très lourde avait entraîné la création de deux groupements au sein de chaque régiment. Le premier groupement réunissait les groupes n°1 à n°6 armés de canons longs. Le deuxième groupement (groupes 7 à 12) était armé de canons courts ou de mortiers. Le 1er octobre 1917, chacun des dix RALT (81 à 90) est scindé en deux. Les anciens RALT (81 à 90) conservent leurs six premiers groupes (1 à 6) équipés de canons longs. Les dix nouveaux RALT (281 à 290) se voient dotés des groupes 7 à 12 des régiments précédents. 41 passeront les deux mois et demi d'hiver à l'arrière, autour de Meurcourt, près de Luxeuil. C'est une période d'instruction intense au cours de laquelle tout le régiment est rassemblé, sauf le 2ème groupe, de Marcel Bayard, un peu à l'écart, près de Giromagny.

Marcel écrit régulièrement à ses parents pour les tenir informés de l’évolution de sa situation. Le 6 janvier, il leur indique qu’il fait tellement froid que tous les radiateurs de tracteurs ont éclaté. Il précise qu’il fait couramment -15 °c et que le thermomètre est même descendu, à -28°.

Un peu plus tard, le voilà qui se prend à espérer une promotion vers le 15 mai 191830.

Le 18 Avril 1918, il note que les aspirants font désormais fonction d'officiers. Lui s'occupe de la préparation des tirs. Mais également de la popote (puisqu’il est le plus jeune). Il apprécie cette deuxième mission en ce qu’elle lui permet de " se promener " pour faire des achats sur Amiens ou Breteuil. Les "promenades" doivent en effet être les bienvenues puisque le régiment a retrouvé toute son activité et ne va pas connaître de repos pendant plusieurs mois. Aux premiers beaux jours, le 84ème RA a passé quelques jours à Mandres, dans la région de Gondrecourt. Mais dès le 21 mars, les Allemands ont engagé une attaque de printemps de grande envergure. Le 25 mars, à 9 heures, l'ordre arrive de partir sans délai et d'être le lendemain matin à Coole, à 110 kilomètres.

Les Allemands ont ouvert une brèche au nord-ouest. Les Anglais refluent, les Français montent les relever. Le 31 mars, dans la nuit, le 84e est à hauteur de Montdidier. Le 2 avril au matin les quarante-huit pièces sont en batterie, de Montdidier à Amiens. Elles tireront jour et nuit, d'avril à mai. L'ennemi épuisé renonce à prendre Amiens. Marcel Bayard écrit à ses parents le 24 mai "Amiens est totalement détruit". Impuissant devant Amiens, l'ennemi reporte ses efforts plus au sud et attaque, le 9 juin, entre Montdidier et Compiègne. Les 1er et 6e groupes sont transportés d'urgence sur ce front et reçoivent le choc le plus rude. Le reste du régiment, change l'orientation de ses pièces et bat de ses feux le flanc de l'attaque ennemie. Le 12 juin, le 84e contribue à la contre-attaque.

Le 28 juillet 1918, Marcel Bayard envoie une nouvelle lettre à ses parents. Il n’est plus au 2e groupe, mais a été affecté au 6e groupe du 84e RALT. Il quitte le bois de Bove à 4 heures du matin. Sa batterie est à 10 Km des lignes allemandes.

Marcel Bayard évacué pour maladie

Le 8 août Montdidier est repris. C’est le signal d'une marche en avant qui ne cessera plus. Mais Marcel Bayard ne va pas accompagner son régiment bien longtemps. Le 21 Août, il est évacué sur hôpital de Breuil (près de Clermont) pour une dysenterie. Il indique dans un courrier qu’il n’y avait aucun moyen de se soigner à la batterie, et que cette pathologie est très contagieuse. Les courriers se suivent le 1er septembre, il commence à se relever et à manger le 5, il quitte l'hôpital du Breuil pour un Hôpital militaire sur Paris (Bégin à Saint-Mandé) ; le 7 "il n'a plus que la peau et les os". Le 18 Octobre, il retrouve son unité mais n'est plus affecté en batterie. Il rejoint l’Etat-Major du 6e groupe qui est devenu le groupe D (84ème RAL - groupe D - secteur 220).

Pendant son absence la situation a évolué. Durant les premiers jours de septembre, l’offensive

30 Curieusement, sa fiche de Polytechnique indiquera plus tard qu’un décret du 13 août 1921 (J.O. du 21 août) confirme sa promotion de sous-lieutenant au 84ème Régiment d’artillerie au rang du 27 novembre 1917 (voir page 20). 42 française s’est poursuivie sur la Somme. Après huit jours de repos à Bresles, suite à plus de six mois d'engagements sans répit, le 84ème RAL avait repris position entre Suippes et Mourmelon, lorsque, le 26 septembre, a été déclenché l'attaque, la dernière, qui de Reims à l'Argonne, enfonce les lignes allemandes qui refluent en désordre.

Lorsque Marcel Bayard rejoint son unité, l’avance française est tellement rapide que, bientôt, le 84ème RAL n’arrive plus à suivre. Le 1er novembre, Marcel indique dans un courrier qu’il y a eu une attaque importante, mais que les Allemands sont partis. Le 5 novembre, il est devant Vouziers, quand arrive au régiment l’ordre de « Cessez le feu».

Dès lors, c'est la fin de la guerre pour le 84e RAL qui se rassemble à l'arrière, à Courtisols. C'est là qu’il apprend l'armistice. Le 84ème repart de Courtisols à Rebais, près de Meaux et, en janvier 1919, couvre 500 kilomètres de plus, de Meaux à Strasbourg. Pour retrouver une vie du temps de paix, la démobilisation et l’arrivée des jeunes des classes 1918 et 1919. Les lettres de Marcel à ses parents se succèdent. Le 27 novembre mais son courrier traduit un certain désarroi : les unités ne savent pas comment s'organiser pour démobiliser. Le 4 décembre, c’est l’incertitude: l’Angleterre et l’Amérique démobilisent, mais la France hésite encore. Le 10 décembre : "on procède au recensement pour préparer la démobilisation. Mais cela ne commencera pas de suite car les "boches" ne rempliraient pas très bien les conditions de l'armistice". Marcel Bayard achève la guerre au 84ème régiment d’artillerie lourde basé à Lyon, mais en garnison à Strasbourg ce qui lui permet de suivre les cours de préparation au concours de Polytechnique, durant les six premiers mois de 1919.

Le sous-lieutenant Bayard (promu lieutenant le 27 novembre 1919) termine officiellement sa campagne contre l’Allemagne le 23 octobre 1919 après pratiquement cinq ans de guerre. Mais il reste militaire et c’est à ce titre qu’il va bientôt intégrer l’Ecole Polytechnique. L’expérience de la guerre et de ses horreurs a profondément marqué Marcel Bayard. Elle laisse, comme chez tous les poilus, des traces dans son caractère, mais ouvre également chez lui une période de réflexion philosophique et politique qui le conduit très vite à se tourner vers le pacifisme internationaliste et le "communisme de conseils" anti-stalinien.

CINQ ANS DE GUERRE (3 Septembre 1939 à août/septembre 1944)

Lors de la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, Marcel Bayard est à la Direction de l'Exploitation Télégraphique depuis 1927. Il va mettre la période de la guerre à profit pour poursuivre ses travaux… et se faire oublier. Est-ce parce qu’il apparaît avant tout comme une sommité dans le monde scientifique ? Est-ce parce qu’il a pris la précaution de ne pas signer tous ses articles ou de les signer "Honoré Bayard" alors qu’il est davantage connu sous le patronyme de "Marcel Bayard" ? Est-ce parce qu’il a bénéficié d’une protection du Ministère des PTT ? Est-ce tout simplement parce qu’il n’avait pas de carte du Parti Communiste ?

Toujours est-il que Marcel Bayard ne semble pas avoir été inquiété à une époque où la simple suspicion d’appartenir à la mouvance communiste valait bien des tracas. Si ce n’est une arrestation31. Plus significatif encore du manque d’intérêt que lui portent les services de police et de l’absence de rapprochement opéré entre ses activités politiques et professionnelles, Marcel Bayard est chargé d’organiser et de contrôler les services des lignes et les installations de télécommunications de Paris sous l’Occupation. Sa carte professionnelle, dûment accompagnée

31 Rappelons qu’en septembre 1939, quarante-six députés communistes, élus lors des législatives de 1936, ont été arrêtés. 43 d’un Ausweis de l’autorité allemande, lui est même renouvelée le 22 mai 1941, trois mois tout juste après la rupture du pacte germano-soviétique.

S’agissait-il simplement de lui procurer un ausweis ? Au contraire quelqu’un s’est-il aperçu de quelque chose ? Trois mois plus tard, Marcel Bayard est nommé Directeur des Études à l'École Nationale Supérieure des Télécommunications, poste qu’il occupera jusqu’en 1945. Ses élèves, parmi lesquels Raymond Croze32 et René Salvador33, lui ont largement rendu hommage. René Salvador écrira notamment34 : "Je l'ai connu d'abord comme professeur - son cours était un peu ardu surtout dans la partie synthèse des réseaux, mais surtout comme directeur aux câbles sous- marins. C'est lui qui m'y a fait entrer (…) J'ai le souvenir d'un directeur très autoritaire, mais très juste, vérifiant tout et ne laissant échapper aucun détail. Très bienveillant pour les jeunes Ingénieurs, il savait leur donner tout de suite des responsabilités, ce qui lui a valu bien des critiques des anciens." Même hommage de Robert Chapuis, un autre de ses élèves35 : "Marcel Bayard, qui fut mon très remarquable professeur à l’ENST (1943-1944), nous expliquant les mérites de "l’Analyse" et de ses applications. Il fut le créateur de ce que l’on appelle en France, puis aux Etats-Unis, "la relation de Bayard-Bode". Il s’agit d’une relation entre phase et amplitude, en particulier pour la théorie de la "contre-réaction" due à Black.

Marcel Bayard a-t-il eu parallèlement des activités plus secrètes sous l’Occupation ? Nous l’ignorons. Toujours est-il qu’il retrouve de très hautes fonctions dès la Libération de Paris et qu’il est promu Officier de la Légion d’Honneur par décret du 6 juin 1946 (JO du 12 juin) pris sur proposition du ministre des Postes en qualité d’inspecteur général adjoint, directeur du service des câbles sous-marins.

32 Raymond Croze, directeur général des Télécommunications dans les années 50, sera notamment à l’origine de l’attribution du nom de Marcel Bayard au navire câblier mis en chantier en 1958. 33 Directeur des câbles sous-marins de 1973 à 1984. 34 « Revue de la FNARH » (Fédération Nationale des Associations de personnel de La Poste et de France Télécom pour la Recherche Historique, n°87, 2003, p.244. 35 A l’occasion d’un éloge de Raymond Croze, le 27 avril 2001 à La Seyne sur Mer. 44

HOMMAGE A JEAN VIVET

Gérard Fouchard

Nous apprenons la disparition de Jean Vivet, retiré d’abord à Saint Césaire sur Siagne puis à Marseille. Lorsque je suis arrivé à la DCSM en 1964, c’était l’un des cadres de base de l’équipe des câbles sous-marins dirigée par René Salvador articulée autour de Guy Baron, Michel Hirsch, Pellegrin, Chaumonot et Bonnaud. La Direction était alors située 20 rue Las Cases à Paris.

Avec J Vivet, MM Salvador, A Fouchard,

Lemasson et G Millet. Toute une époque.

Il était un ingénieur des travaux, plus précisément INPAT. Doté d’une grande culture, pro fondément humain et grand professionnel, il avait l’estime de tous, était reconnu par les marins, les officiers, les clients et les fournisseurs (Roger Lucas et Jean Devos alors à Calais pourront témoigner). Il était tout à la fois ingénieur, marin, transmetteur alors que sa spécialité était la commutation et il prenait volontiers la plume pour les journalistes. Il m’a immédiatement enrôlé et appris l’art des missions amphibie, de la localisation des dérangements avec la mystérieuse boite Bayard. Les techniques du faux zéro et de la localisation d’une rupture cachetée à une époque qui attendait la mise en service des échomètres et des réflectomètres.

Il était chargé du réseau des câbles côtiers, une soixantaine de câbles couvrant le littoral. Il se servait du NC Alsace mais le plus souvent il armait des moyens locaux (un bac ou une barge), posant au gré des besoins des câbles 7 ou 14 quartes sous plomb ou des câbles 1 ou 4 quartes polythène pour mettre en service le téléphone dans ces îles qui ne connaissaient que le télégraphe.

« La navigation est un Art, disait-il, qu’on ne peut pas confier à des ingénieurs de Polytechniques » aimait-il dire au carré des officiers, sûr de son effet, assurant l’ambiance de l’équipe et du bord, souvent des bretons avec qui, il installa un réseau en Guyane. Les guyanais sont devenus les aristocrates des missions amphibie et Jean leur idole. J’ignorais alors que son épouse Hélène ne supportait plus les séparations. Il m’envoyait volontiers, très paternel. « Tu verras, laisses faire le bosco et les soudeurs, ce sont la garantie d’une bonne mission ». Pour lui tout était simple et j’étais sans doute le successeur attendu. Il n’a pas eu de 45 chance car Hirsch et Baron avaient la même idée ce qui réduisait ma disponibilité. Grâce à lui, j’ai appris la théorie du pont de Wheatstone et me suis retrouvé instructeur à la rue Barrault (ENST + Cours professionnels) en 1967.

On peut voir sur cette photo : A gauche Louis Mendy, René Berretta A droite : Jean vivet, louis Christophe Mertz.

Debout : Georges Bourguoin

De retour rue Las Cases, je partage alors son bureau et je découvre mieux l’homme de convictions qui avait fait un trait sur sa carrière au nom de ses idées, tout en ayant le sens des responsabilités, de l’autorité (toujours débonnaire) et du travail bien fait. Il me racontait s’être engagé dans l’armée d’Afrique, participé au débarquement de Provence dans les commandos de chocs, pris le Coudon avec son commando en libérant Toulon en août 1944. Après la guerre, il réussit le concours d’ingénieur des travaux des PTT, est nommé au Maroc où il rencontre Hélène, une jeune résistante arrêtée par la Gestapo avec son groupe, soumise à la question et déportée en Allemagne. Pour des raisons politiques, il est sanctionné et muté d’office à la DCSM.

Les qualités de Jean n’avaient échappé à personne, ni à René Salvador ni au nouveau directeur Robert Wilmet. Ils eurent à cœur de plaider sa cause auprès du directeur du personnel des télécommunications (Clavaud). Il est alors nommé INP puis directeur départemental adjoint et directeur d’établissement à Marseille-Centre. Hélène et lui avaient bien mérité ce poste peu demandé mais combien contraignant (1974-1981)

Hélène oublia les câbles sous-marins mais elle accordait volontiers un bon de sortie à Jean pour se rendre à La Seyne participer aux agapes de l’Association à l’auberge du « Saule Pleureur ». Il venait alors avec René Salvador et Mertz, refaisaient l’histoire des câbles sous-marins que vous pouvez maintenant lire dans « Du Morse à l’Internet ». On pratiquait alors le lien social intergénérationnel, dit-on aujourd’hui. Nous l’ignorions à l’époque. Nous demandons d’autres témoignages à ceux qui l’ont bien connu.

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HOMMAGE A CLAUDE MAULINI

Rédaction

NDLR - Nous avons appris le décès de notre ami Claude Maulini survenue le 11 décembre 2013. La rédaction et ses amis André Butin, Michel Bougeard se sont mobilisés pour lancer la chaine d’information aux membres de notre communauté et exprimer notre sympathie et nos condoléances à son épouse Denise, ses filles Catherine et Cécile et à sa petite fille Margot. Au revoir, notre gabach ….

MauMau s'en est allé pour une dernière pose, c'était un chic type, un grand bonhomme, sympa, discret et un cableman très PRO. France Telecom Marine lui doit beaucoup! Michel Bougeard

Je viens d'apprendre par Madame Maulini le décès de Claude. Il était hospitalisé depuis lundi. Il avait de gros problèmes de santé depuis 7/8 ans. Mme Maulini me demandait si je connaissais un collègue de Bretagne qui avait gardé des contacts avec Claude? Je pense qu’il s’agit de Le Bolloch. Je viens de laisser un message à Charles Agostini, qui l'appelait souvent. Claude Maulini était de toutes les poses du Bayard quasiment. Discret et efficace il était d'un commerce très agréable et apprécié par tout le monde. J'ai prévenu ses amis de Toulon et d’ailleurs. André Butin

C’était toujours un plaisir de voir Claude Maulini monter la coupée du Vercors dès l’accostage à Calais, Newington (N-H. USA), Botany Bay (Sydney.Australie) ou ailleurs. La présence de Claude à bord était un gage de réussite dans la préparation des différentes poses de câbles auxquelles il participa activement. C’était aussi l’assurance du bon déroulement de ces mêmes poses in situ, aux quatre coins de la planète. A la grande satisfaction des représentants des acheteurs de la liaison. Claude était un homme affable, sympathique et discret, gardant son calme dans les situations difficiles. Il exerçait son métier avec passion. Ce grand professionnel de la pose de câbles sous- marins savait transmettre cette passion et son savoir-faire à ses « élèves », les petits nouveaux de la Mission qui prenaient la relève. Mon meilleur souvenir de cette collaboration avec ce « cableman » remonte à janvier/février 1989 quand le Vercors s’élança de Point Arena (à 110km au Nord de San Francisco) pour une pose F.O de 4.100 km vers Hawaï. A l’époque, la liaison HAWAÏ 4, dans les abysses du Pacifique Nord, par 4.000 mètres de fond, était la pose de tous les records ! Mr Dillard était le jeune chef de Mission entourés de vieux briscards, tels que J-P Combe et l’incontournable, l'indispensable, Claude Maulini. La pose fut parfaite, ou presque un répéteur récalcitrant qui n’aimait pas l’eau salée, nous retarda quelque peu ! Toujours est-il que, trois semaines plus tard, le Vercors faisait une entrée triomphale en baie de Makaha (île d’Oahu) où nous attendaient impatiemment le vieux câblier de l’ATT, le NC Charles L. Brown, tenant l’extrémité de l’atterrissement pour l’épissure finale. Bien évidemment, Claude Maulini fut associé aux différentes poses SEAMEWE, pour ne citer que les plus importantes dans sa longue carrière de « cableman ». Il mérite bien cette appellation contrôlée « d’homme qui relie les hommes », avec toutes ces poses totalisant des dizaines de milliers de kilomètres de câbles sous-marins à son actif ! Bien plus que le tour du globe ! Les internautes lui doivent beaucoup ! Merci Claude, tu as bien fait le job. Repose en paix. Michel Bougeard

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Comme pour vous aujourd'hui, je vouais une grande admiration et une sympathie sincère à Claude pour son grand professionnalisme et ses qualités humaines. J'ai beaucoup appris à son contact. Je suis très touché par sa perte, même si nos chemins se sont éloignés. Je me permets de vous demander de transmettre mes plus sincères regrets et mon humble soutien à ses proches. Gilles Garcia

Je garde un excellent souvenir de C Maulini que je rencontrais lors des embarquements à Calais dans les années 70. Oui c'est bien très triste... Jean Devos

Je me souviens de mes premières poses sur le Bayard où Claude m'a appris le métier, surtout les embarquements de Calais où nous avons pu partager nos gouts pour le cinéma et la musique. Jean-Jacques Taurines.

Je crois que Claude reste l’homme du Vercors et de la pose et reconnu comme symbole de tous sur les câbliers. Nous avons partagé l’inoubliable campagne de Taiwan (projet TIMOR). Il fallait que ce soit lui pour réussir la pose. Gilbert Gimenez

La nouvelle du décès de notre ami Claude nous bouleverse et nous souhaitons nous associer à votre douleur de perdre un mari, un père et un grand père. Pour nous tous, de la famille des câbliers, Claude était un ami avec qui nous avons partagé les campagnes en mer lorsqu’il vous avait quitté. Certaines étaient joyeuses et bon enfant, les plus faciles. D'autres plus difficiles, voire pénibles. Dans tous les cas, c'était un patron rassurant et compétent qui inspirait confiance et qui gardait les soucis pour lui. Lorsqu'il est arrivé aux câbles en 1965, je crois, il m'accorda un permis de sortie et se chargea des travaux à la mer, le réseau côtier et toutes les poses du navires-câblier Marcel Bayard puis du Vercors. Lorsque je suis revenu deux ans plus tard, nous avons suivi notre chemin, lui à Paris, moi à La Seyne. C’était un ingénieur de très grande qualité, un expert des poses. Il est resté fidèle à notre association pour conserver le lien social qui a toujours animé les gens des câbliers. Je sais que cette vie choisie et adoptée n'était pas facile pour notre entourage, pour notre épouse d'abord mais aussi pour nos deux filles (puisque nous avions eu le bonheur d'avoir deux filles l'un et l'autre). Sachez toutes les quatre que nous regretterons beaucoup notre camarade qui partagea notre passion et que nous nous associons à votre peine. Gérard Fouchard

Je pense que notre collègue Gérard Vigouroux a trouvé la réponse à la question de Madame Maulini. Nous étions partis ensemble sur le Marcel Bayard, en 1975, pour faire les sondages Casa, Dakar, Abidjan Lagos avec Burg, Beneux. Nous avions eu très chaud car le Bayard venait d'être équipé d'un chauffage tout neuf, pour aller à Terre Neuve !!! Le " marquis", le commandant Mertz avait fait installer une piscine sur la plage avant... A l'époque, Abidjan était calme, c'est lors de cette escale que le "marquis" avait accueilli les "officiels" en baskets blanches. Le Bayard devait sentir sa triste fin... car il y avait eu un incendie à la cuisine, ce qui avait beaucoup impressionné. André Butin

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Nous avons pu joindre Jean Marie Le Bolloc'h ce matin. Effectivement, ils avaient gardé des liens, et il y a quelques mois, Claude lui téléphonais pour lui faire part de ses graves ennuis de santé. Ils avaient appris à bien se connaître (et s'apprécier), lors de missions côtières sur la côte Atlantique. Puis, sur le Vercors, ils avaient partagés tant de missions, aussi incontournables l'un que l'autre. Nous devrions revoir notre Ancien Bosco, demain ou après-demain; il nous en dira un peu plus sur ces fameuses missions, dont il semble avoir gardé un excellent souvenir. Une dernière précision : ils avaient le même âge.

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LA VIE DE L’ASSOCIATION

Rédaction

Les membres du bureau ont été bien en cette fin d’année car beaucoup de projets se terminent après un suivi assez long. Ainsi, la chronologie du 19ème siècle et le Concours sur la Mémoire des ports ont commencé au début de l’année 2012. Le projet de la biographie de Marcel Bayard a demandé 12 mois. Les expertises, les conférences et la réponse au courrier trouve des solutions rapides. Enfin, le maintien opérationnel du site Internet demande un suivi permanent.

Concours sur la Mémoire des Ports de la Méditerranée

La présentation de la ville de La Seyne sur Mer et le diplôme reçu du Conseil Régional.

Le concours international sur la Mémoire des Ports de la Méditerranée organisé par l’Office de la Mer de Marseille est terminé. Une cinquantaine de villes de la côte Méditerranéenne (Italie, Espagne, France, Algérie, Tunisie, Maroc, Croatie, Liban, Grèce etc.) ont participé. Le concours précisait bien que les villes participantes devaient faire appel à des associations de sauvegarde du Patrimoine nautique et non par des sociétés.

Il nous a été demandé de présenter l’évolution du Port de Brégaillon, l’un des 12 ports de l’année, celui qui regroupe les activités de haute technologie c’est-à-dire les câbles sous-marins, Ifremer et les CNIM qui sont les moteurs économiques de la Ville. Nous avons suspendu le recueil de témoignages des anciens marins pour le film dédié à la mémoire maritime de La Seyne sur Mer (MM Leca, Berreta et Mendy) à la demande d’Orange Marine sans bien comprendre les raisons. Le maire de La Seyne s’en est d’ailleurs étonné publiquement lors de la présentation publique du film à la population.

La proclamation des prix s’est déroulée le 21 novembre dans l’hôtel de la Région de Marseille et le lauréat est la ville italienne de Cesenautico (ville d'Emilie Romagne près de Rimini sur la mer Adriatique). La Seyne est l’un des meilleurs finalistes d’un concours comprenant 37 candidats à l’origine, puis 15 finalistes. Les maires-adjoints de la Ville de La Seyne ont reçu leur prix des mains de Mme Pierano, Vice – Présidente du Conseil Régional.

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Les travaux des 15 finalistes sont présentés dans le hall d’entrée du Conseil Régional dans le cadre des cérémonies liées aux manifestations « Marseille capitale européenne de la Culture ».

La délégation seynoise conduite par Mme Leguen et Cyrulnick (Maire-adjointes) aux côtés de Mme Pierano (Vice-Présidente du Conseil Régional) reçoit le prix des organisateurs.

Le site Internet. Nous avions constaté que le site http://www.cablesm.fr avait connu une interruption d’une quinzaine de jours en novembre 2012. Le webmeste à vite cerné le problème entre la panne ou un piratage ? Il a profité de l’occasion pour le reconstruire sous une forme plus agréable en abandonnant le logiciel « Joumla » en le remplaçant par le logiciel « Serif Web plus X6 ».

C’est le succès du site qui a causé la panne. En effet, pour l’année 2012.  le nombre de visites passe à 67 245 (1er janvier au 31 décembre 2012) contre 52 854 (Janvier 2011 – décembre 2011), (+27%)  le nombre de pages lues passe à 129 406 (1er janvier au 31 décembre 2012) contre 90.153 (1er janvier 2011 au 31 décembre 2011) (+43.5%).

Les statistiques annuelles ne sont pas connues mais la fréquentation du site est semblable à celles de 2013. Le site est majoritairement vu par des Français, mais il intéresse également des ukrainiens (.ua 122 visites en 2012) des belges (.be 101 en 2012), des canadiens (.ca 69 en 2012) des allemands (.de 49 en 2012), des chinois (.cn 48 en 2012) des brésiliens (.br 46 en 2012) britanniques (uk), des hollandais (nl) etc…,

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Les publications (Chronologie du 19ème siècle et biographie de Marcel Bayard)

La Chronologie des évènements du 19ème siècle publiée par la FNARH sous la direction de Claude Pérardel. Ce bel ouvrage est identique dans sa forme à la chronologie du 20ème siècle publiée il y a 5 ans. Alain Gibert et Claude Perardel ont invité les représentants de La Poste et Orange lors de la cérémonie de lancement de l’ouvrage qui s’est déroulée à la Fondation de la France Libre le 10 octobre 2013.

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L’AACSM a participé à ce bel ouvrage collectif (ci-dessous) salué par les dirigeants d’Orange. La biographie de Marcel Bayard (ci-dessous) et également un ouvrage collectif de 90 pages publié par Mr Germain Bonnet-Winckler, président de l’Episerm. Trois participants :

 l'Episerm, société savante de Mazeyrat-d’Allier.  L'AACSM (essentiellement MM René Salvador et Gérard Fouchard). Ils ont rédigé la partie consacrée au Marcel Bayard directeur de la DCSM. Il était prévu une partie consacrée à Marcel Bayard ingénieur aux câbles sous-marins (1923-1927) à partir des archives stockées dans la partie supérieure de la base de Méditerranée (fabrication et contrôle à Saint Tropez et installation par le Silvergray du câble Marseille – Phillipeville). Cette question est soumise à votre appréciation.  La famille a fourni la riche iconographie sur Marcel Bayard et sa famille.

En accord avec cette association nous publierons prochainement cette biographie sous la forme d’un bulletin hors-série dans la mesure où nous trouverons un sponsor. La société Orange Marine a été contactée.

Expertises

Questions posées par des héritiers surpris : quels sont ces échantillons de câble ?

Les propriétaires aimeraient avoir un prix, une évaluation, voire les céder ou les donner à un acheteur, à une association, à un musée. 53

Nous conseillons généralement à ces propriétaires de s’adresser à la Collection Historique des Télécom, éventuellement au Musée des Arts et Métiers.

Les Rendez-vous de l’Histoire de Blois (11 - 12 et 13 octobre 2013).

La FNARH et l’ARH PTT centre bénéficiaient d’un stand aux rendez-vous de l’Histoire de Blois. Plusieurs administrateurs de la FNARH ont assuré la promotion de la Chronologie du 19ème siècle sur le stand aux cotés des membres de l’association régionale.

Réunion de lien social.

La traditionnelle réunion du mois de novembre s’est déroulée le 16 au restaurant de La plage au Brusc à la satisfaction de tous.

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Un moment offert par l’AACSM pour oublier la morosité ambiante.

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Le financement des activités.

L’association des câbles sous-marins (AACSM) n’a pas de locaux, son musée et ses collections (mémoire) ont été confisqués ; autant de facteurs propre à réduire ses frais de fonctionnement. Les membres du bureau utilisent leur temps et leurs biens pour assurer à la fois la publication des bulletins et le fonctionnement du site Internet. Toutes les informations recueillies sont mises gratuitement à la disposition du public.

La publication d’un bulletin est coûteuse. Les frais postaux s’envolent et pourtant, nous arrivons à tenir nos objectifs grâce aux cotisations (30%), à la subvention de la FNARH (30%) et nos réserves accumulées au moment de la vente de l’ouvrage « Du Morse à l’Internet ».

Lors des deux réunions du Conseil d’Administration de la FNARH et de la Conférence des Présidents du 10 octobre, Alain Gibert (président de la FNARH) a ciblé les difficultés des associations en précisant (je le cite):  La Poste et Orange, pour des raisons différentes (réduction du chiffre d’affaires ou réductions du personnel réduiront les dotations à la FNARH et les Comités d’entreprises prendront le relai des maisons mères.  Cette réduction fragilisent les associations qui louent des locaux pour abriter des collections et qui supportent des augmentations de loyers et des frais de fonctionnement courant.  Les critères d’appréciation de nos activités restent le nombre d’adhérents (mais surtout d’actifs), nos publications, les expositions ou toute activité permettant de garantir le lien social, les musées etc. Notre cadre est donc fixé et reste rigide.  Il nous est demandé de mettre en avant les « prestations que nous pouvons amener aux actifs. La spécificité de nos activités étant entendue, mais l’attente est de plus en plus forte sur notre bilan à ce sujet.  On nous demande de nous tourner vers des financements publics, de créer un lien intergénérationnel (alors que précisément les actifs sont peu tournés vers la culture d’entreprise).

Rappelons que notre association a monté sa première exposition à La Seyne sur Mer "Les lignes de la mer" qui s'est tenue dans les locaux de l'hôtel de ville de La Seyne sur mer du 15 au 25 octobre 1976". Association créée officiellement en 1980 pour transformer l’Ampère III et conserver des collections de maquettes et de pièces uniques. Elle s’est donc engagée dans la sauvegarde du patrimoine sous la direction des derniers directeurs des câbles sous-marins MM Salvador et Mouret que nous saluons puisqu’ils sont à la fois Présidents d’Honneurs et adhérents.

Pour être clair, le Bureau a envisagé de suspendre les activités de l’AACSM après l’édition du numéro 50, c’est-à-dire en 2015, après 40 ans de bons et loyaux service de trois générations de bénévoles. Une association ressemble à une entreprise familiale la première génération construit l’entreprise, la seconde la développe et la troisième la maintien tant bien que mal et ce que fait la quatrième est encore du domaine de la prévision.

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