COLLÈGE DE FRANCE – CNRS CENTRE DE RECHERCHE D’HISTOIRE ET CIVILISATION DE BYZANCE

TRAVAUX ET MÉMOIRES 16

Mélanges Cécile Morrisson

Ouvrage publié avec le concours de la fondation Ebersolt du Collège de France et de l’université Paris-Sorbonne

Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance 52, rue du Cardinal-Lemoine – 75005 Paris 2010 HOMMAGE À CÉCILE MORRISSON

Χαλεπῶς ἂν οἰκήσαιμεν ἐν Βυζαντίοις, ῞Οπου σιδαρέοισι τοῖς νομίσμασιν χρῶνται Nous aurions bien du mal à vivre chez les Byzantins, Où ils utilisent des monnaies en fer (Plato Comicus, ve s. av. J.-C.)

Une monnaie de fer à Byzance ? Aux origines obscures de la cité, sans doute, mais non à l’époque impériale et byzantine, objet de prédilection de Cécile Morrisson, où elle a sans cesse étudié l’usage de l’or, de l’argent, du bronze et même du plomb, mais jamais du fer – et pour cause. Certes, c’est par sa médaille d’argent que le CNRS a tenu à reconnaître ses mérites. Pourtant, c’est bien une volonté de fer qu’il lui a fallu pour mener à bien le catalogue des monnaies byzantines de la Bibliothèque nationale, diriger son prestigieux Cabinet des médailles, puis le Centre d’histoire et civilisation de Byzance, pour éditer ou coéditer (non sans y contribuer largement) des ouvrages de référence aussi indispensables qu’Hommes et richesses dans L’Empire byzantin, Le monde byzantin 1 dans la « Nouvelle Clio », les Villages dans l’Empire byzantin, les Trésors monétaires byzantins des Balkans, l’Economic history of Byzantium, sans préjudice de plus d’une centaine d’articles ciblés sur tel aspect de la circulation monétaire ou de la vie économique et sociale à Byzance. Une telle bibliographie le prouve amplement, Cécile Morrisson a toujours conçu et pratiqué la numismatique non comme une discipline strictement technique refermée sur elle-même, mais comme une voie d’accès à la réalité historique la plus large dans une pratique vraiment pluridisciplinaire, en collaborant avec archéologues et philologues. De l’étude mécanique de la frappe des pièces byzantines à la synthèse sur l’histoire économique de Byzance en passant par l’analyse par fluorescence de l’aloi des pièces paléologues, de l’Afrique byzantine à la Syrie omeyyade, du monnayage axoumite à l’argent du Potosi, c’est la même curiosité et la même rigueur que l’on voit à l’œuvre, cherchant jusque dans les plus petits détails techniques les indices révélateurs pour l’historienne qu’elle est. Ces accomplissements n’ont pas manqué d’être reconnus, par l’Académie des inscriptions et belles-lettres comme, la même année, par l’Académie d’Athènes, puis la Medieval Academy of America. Témoin du rayonnement international de son œuvre, un point d’attache lui est cher entre tous : le département de numismatique du Centre d’études byzantines de Dumbarton Oaks à Washington, où elle continue à exercer les fonctions de Consultant for Byzantine , dans la lignée du regretté qui fut pour elle un ami autant qu’un maître. VI HOMMAGE À CÉCILE MORRISSON

En France comme à l’étranger, Cécile Morrisson n’a cessé de cultiver collaborations et échanges de vues, d’animer de son énergie communicative des équipes et des entreprises collectives, fidèle au programme de Paul Lemerle par la variété des disciplines mises en œuvre comme par l’unité de son projet historique. La diversité des auteurs et souscripteurs du présent volume est à la mesure de son rayonnement scientifique et personnel. Collègues, élèves, amis, tous ont voulu lui exprimer admiration et reconnaissance par cet hommage imprimé, lointain équivalent de la couronne d’or, ou modiolos, que l’Antiquité tardive réservait à ses empereurs.

Τεῦξόν μοι στέφανον, χρυσὸν χαλκόν τε κεράσσας κασσίτερόν θ’ ἅμα τοῖσι πολύκμητόν τε σίδηρον Forge-moi une couronne, en mêlant or et argent Ainsi que l’étain, et le fer si dur à travailler. (Anthologie Palatine XIV, 49) TABLE DES MATIÈRES

Hommage à Cécile Morrisson ...... V Tabula gratulatoria ...... VII Abréviations ...... XI Bibliographie des travaux de Cécile Morrisson de 1966 à 2011 ...... XV

Ermanno Arslan, Produzione e circolazione dei nominali inferiori in rame nel VI secolo in Italia, tra Longobardi e Bizantini : il complesso di Brescello (RE) ...... 1 Julian Baker, Un trésor médiéval de Corinthe à la Bibliothèque nationale ...... 35 Simon Bendall, Some graffiti on eleventh century histamena of Michael VII (1071–1078) 51 Gabriela Bijovsky, A single die solidi hoard of Heraclius from Jerusalem ...... 55 Pierre-Marie Blanc cf. Jean-Pierre Sodini Marc Bompaire, Le mythe du besant ? ...... 93 Maurizio Buora and John Nesbitt, A new gold seal of Alexios I Komnenos from the upper castle at Attimis (Udine, Italy) ...... 117 Bruno Callegher, Annotazioni su folles bizantini siracusani (ca. 641/842-845) : da un probabile ripostiglio della Sicilia orientale ...... 123 Béatrice Caseau, La marque de propriété d’un commerciaire du vie siècle ...... 139 John Casey, A lead sealing of the joint reign of Constantine and Licinius ...... 151 Daniele Castrizio, Emissioni monetali in oro e bronzo della zecca di Reggio sotto Basilio I e Leone VI ...... 157 Jean-Claude Cheynet, Les gestionnaires des biens impériaux : étude sociale (xe-xiie siècle) ... 163 Marie-Hélène Congourdeau et Olivier Delouis, La Supplique à la très pieuse augusta sur l’intérêt de Nicolas Cabasilas ...... 205 Gilbert Dagron, Quelques remarques sur le cérémonial des fêtes profanes dans le De cerimoniis ...... 237 Olivier Delouis cf. Marie-Hélène Congourdeau Vincent Déroche, Thésaurisation et circulation monétaire chez les moines d’après la littérature édifiante de l’Antiquité tardive ...... 245 Denis Feissel, Trois notes sur l’empereur Maurice ...... 253 Franz Füeg, The beginning of the concavely struck histamena ...... 273

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 891-893. TABLE DES MATIÈRES

Thierry Ganchou, L’ultime testament de Géôrgios Goudélès, hommes d’affaires, mésazôn de Jean V et ktètôr (Constantinople, 4 mars 1421) ...... 277 Jean Gascou, Ostraca byzantins d’Edfou et d’autres provenances ...... 359 Maria Gerolymatou, À propos des origines des monastères de la Vierge de l’Alsos et de la Vierge tôn Spondôn sur l’île de Cos ...... 387 Vera Guruleva, Trebizond coins in Crimea ...... 401 Robert Halleux, Nouveaux textes sur la métallurgie du zinc et du laiton dans l’Antiquité et le haut Moyen Âge ...... 413 Vujadin Ivanišević, La monnaie paléobyzantine dans l’Illyricum du nord ...... 441 Michel Kaplan, L’économie du monastère de la Kosmosôteira fondé par Isaac Comnène d’après le typikon (1152) ...... 455 Stavros Lazaris, Des chevaux, des textes et des images dans l’Antiquité tardive et à Byzance ...... 485 Chris Lightfoot, Coinage of the Amorian dynasty found at Amorium ...... 503 Giacomo Manganaro, Fontane ed edifici termali nella Catina « bilingue » tardo-antica e l’editto di Eumathios del 434 d. C...... 513 Jean-Marie Martin, De l’usage des dignités impériales en Italie (fin du viiie-début du xiie siècle) ...... 533 Nicholas J. and Susan J. Mayhew, Monetisation in late Roman and early Anglo-Saxon England ...... 549 D. Michael Metcalf, “First to Öland, then to Gotland…” : the arrival and dispersal of late Roman and Byzantine solidi in Sweden and Denmark ...... 561 Sophie Métivier et Vivien Prigent, La circulation monétaire dans la Cappadoce byzantine d’après les collections des musées de Kayseri et de Niğde ...... 577 John Nesbitt cf. Maurizio Buora Catherine Otten-Froux, Les droits du consul des Vénitiens à Famagouste au xve siècle ... 619 Arietta Papaconstantinou, A preliminary prosopography of moneylenders in early Islamic Egypt and South Palestine ...... 631 Pagona Papadopoulou, Le chichaton et les noms de monnaies à la fin du xie siècle ...... 649 Vasiliki Penna, Reassessing the gold coinage of Basil I : the testimony of an unknown Byzantine “pattern” coin ...... 663 Dominique Pieri cf. Jean-Pierre Sodini Brigitte Pitarakis, La cruche en cuivre du trésor monétaire de Kocamustafapaşa à Istanbul (xie siècle) ...... 675 Henri Pottier, L’empereur Justinien survivant à la peste bubonique (542) ...... 685 Vivien Prigent cf. Sophie Métivier Alessia Rovelli, Naples, ville et atelier monétaire de l’Empire byzantin : l’apport des fouilles récentes ...... 693 Guillaume Saint-Guillain, Comment les Vénitiens n’ont pas acquis la Crète : note à propos de l’élection impériale de 1204 et du partage projeté de l’Empire byzantin ...... 713 Werner Seibt, Der byzantinische Rangtitel Sebastos in vorkomnenischer Zeit ...... 759 TABLE DES MATIÈRES

Jonathan Shepard, Hard on heretics, light on Latins : the balancing-act of Alexios I Komnenos ...... 765 Kostis Smyrlis, “Our lord and father” : peasants and monks in mid-fourteenth-century Macedonia ...... 779 Jean-Pierre Sodini, Pierre-Marie Blanc, Dominique Pieri, Nouvelles eulogies de Qal‘at Sem‘an (fouilles 2007-2010) ...... 793 Alan M. Stahl, Bowls and cups : concave coins in medieval Italy and in Byzantium ...... 813 Stanisław Suchodolski, Le type byzantin aux origines du monnayage en Pologne ...... 821 Alice-Mary Talbot, Personal poverty in Byzantine monasticism : ideals and reality ...... 829 Lucia Travaini, Some thoughts on mints from unpublished notes by Philip Grierson ...... 843 Alicia Walker, Numismatic and metrological parallels for the iconography of early Byzantine marriage jewelry : the question of the crowned bride ...... 849 Constantin Zuckerman, On the titles and office of the Byzantine βασιλεύς ...... 865

Table des matières ...... 891 PRODUZIONE E CIRCOLAZIONE DEI NOMINALI INFERIORI IN RAME NEL VI SECOLO IN ITALIA, TRA LONGOBARDI E BIZANTINI : IL COMPLESSO DI BRESCELLO (RE)

Ermanno Arslan

Nel corso della verifica dei fondi di magazzino di un piccolo Museo di provincia italiano, il Museo Civico « Carlo Verri » di Biassono (Monza-Brianza), è stato recuperato, il 26 marzo 2009, in un involto dimenticato da molti anni, un complesso di 254 piccolissime monete in rame1. Era accompagnato solo dall’indicazione manoscritta di provenienza « da Brescello », un centro nell’attuale provincia di Reggio Emilia, sul confine con la provincia di Parma, sulla riva meridionale del fiume Po2. Successivamente è giunta notizia di un ulteriore nucleo con la medesima provenienza, con 39 monete, che non fu possibile recuperare, ma del quale si ottenne indirettamente documentazione sufficiente per le immagini, i pesi e i diametri. In questo contributo si esaminano quindi un Nucleo A e un Nucleo B, per un totale di 293 esemplari. Con i dati del secondo nucleo giunsero anche informazioni attendibili relative alle modalità del ritrovamento, in un anno non precisato, nel fondo di un canale agricolo in aperta campagna, a Brescello. Non sappiamo quante fossero le monete al momento del recupero. Se mancano

1. Le monete erano in bustine numerate, dalla n. 1 alla n. 256, con mancanti le nn. 14-15-31- 32-33. Associate erano tre monete non numerate, chiaramente appartenenti al nucleo, che quindi corrisponde oggi a 254 esemplari. In questo contributo, per ovvie ragioni di spazio, vengono presentati in riproduzione solo alcuni esemplari selezionati, di Diritto e di Rovescio, rimandando per un esame completo dell’intero complesso e delle associazioni di Diritto e Rovescio al sito www.museobiassono.it, che propone tutte le monete scansionate a colori con pesi e diametri. 2. In assenza di qualsiasi indicazione circa la data e le circostanze del rinvenimento, è probabile che il complesso, giudicato allora un modestissimo ripostiglio privo di interesse, sia stato recuperato dal Prof. Alberico Lopiccoli, oggi scomparso, responsabile della Raccolta Museale di Biassono fino al 1978, e prima, per molti anni, Ispettore Onorario per i Beni Archeologici per la Lombardia. Il plico, che forse non era stato mai aperto, venne dimenticato, fino al recentissimo recupero nel corso della sistemazione finale dei magazzini del Museo, e fu denunciato immediatamente alle autorità di tutela (Soprintendenza ai Beni Archeologici per la Lombardia), che lo ha lasciato in deposito al Museo di Biassono, autorizzandone lo studio e la pubblicazione. Il complesso è stato registrato con i nn. di Stato St. 164485-164739.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 1-34. UN TRÉSOR MÉDIÉVAL DE CORINTHE À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE*

par Julian Baker

Au tournant du xve siècle, Corinthe vivait une histoire mouvementée et turbulente1 : après la mort du seigneur florentin de Corinthe et duc d’Athènes, Nerio Acciaiuoli († 1394), la succession de la ville et de sa châtellenie fut disputée par ses gendres, le comte palatin de Céphalonie et duc de Leucade, Charles Ier Tocco, et le despote de Mistra Théodore Ier Paléologue. Cet épisode, qui introduisit bon nombre de combattants turcs dans la région, se termina par la prise de la ville par Tocco, qui n’hésita pas à tenter de la vendre, avec la ville de Mégare, aux Vénitiens pour 40 000 ducats d’or, une somme jugée excessive. Entre 1395 et 1396, Tocco concéda donc Corinthe à Théodore, pour 6 000 ducats associés à un paiement annuel de 600 ducats. Le Paléologue, ayant d’abord en vain supplié Venise de contribuer à la défense de l’Isthme, essaya après mars 1396 de vendre la ville et sa région pour 20 000 ducats d’or à Venise, à Tocco, et à Zaccaria Asan, connétable de Morée. Après l’échec de cette démarche, sans doute poussé par une deuxième vague turque en 1397, le despote livra Corinthe aux chevaliers de Saint-Jean de Rhodes, à condition qu’ils assument la défense du Péloponnèse contre les avances turques. Le régime des moines-soldats, qui dut, après 1400, s’étendre sur la totalité des possessions du despote

* Je tiens à exprimer toute ma gratitude à Vivien Prigent pour avoir revu mon français. 1. Les études suivantes concernent la ville et sa région pendant cette période : J. H. Finley, Corinth in the middle ages, Speculum 7, 4, 1932, p. 477-499, spéc. p. 488-493 ; D. A. Zakythinos, Le despotat grec de Morée. 1, Histoire politique, Paris 1932, éd. revue et augmentée par Ch. Maltézou, London 1975, p. 143-146, p. 158-161, p. 168, p. 170 ; R.-J. Loenertz, Pour l’histoire du Péloponnèse au xive siècle (1382-1404), dans R.-J. Loenertz, Byzantina et Franco-Graeca : articles parus de 1935 à 1966, réédités avec la collaboration de P. Schreiner, Roma 1970, p. 227-265, spéc. 253-265 ; A. Bon, La Morée franque : recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d’Achaïe (1205-1430), Paris 1969, p. 474-476 ; J. Chrysostomides, Corinth 1394-1397 : some new facts, Βυζαντινά 7, 1975, p. 81-110 ; Ch. Maltezou, Οι ιστορικές περιπέτειες της Κορίνθου στα τέλη του 14ου αιώνα, Σύμμεικτα 3, 1979, p. 29-42 ; N. Moschonas, Η επιδρομή του Καρόλου Α' Tocco στην Αργολίδα το 1395, ∆ίπτυχα 3, 1982-1983, p. 242-248 ; M. Kordoses, Συμβολή στην ιστορία και τοπογραφία της περιοχής Κορίνθου στους μέσους χρόνους, Athènes 1981, p. 109-117 ; T. E. Gregory, The Hexamilion and the fortress, Princeton 1993 (= Isthmia. 5), p. 14-19 ; J. Chrysostomides, Έμπορος εναντίον ευγενών : μια εντυπωσιακή δικαστική υπόθεση από την Πελοπόννησο των ετών 1391-1409, Πελοποννησιακά 28, 2005-2006, p. 65-80, spéc. p. 71-75.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 35-49. SOME GRAFFITI ON ELEVENTH CENTURY HISTAMENA OF MICHAEL VII (1071–1078)*

by Simon Bendall

Graffiti, usually in the form of single letters or symbols, appear occasionally on fourth century solidi and even once on a gold medallion1 and on some early Byzantine solidi but do not appear to be generally found on the later Byzantine coinage except for a short period towards the end of the 11th century and then only on worn histamena of Michael VII and, occasionally, those of Nicephorus III but seldom if ever after the coin reform of Alexius I in ca. 1095. No systematic study has been made of such graffiti. Indeed, coins with graffiti passing through the numismatic trade are normally offered apologetically, the epigraphy being regarded as a blemish diminishing the commercial value of such coins. As part of an attempt to remedy this situation the author copied the graffiti on the borders of ten worn histamena of Michael VII (1071–1078) which were part of a small hoard of these coins seen in trade in c. 1975–1980.2 All these coins were considerably worn and had circulated well after their date of issue in the reign that saw the loss of eastern Anatolia following the battle of Manzikert in 1071. These graffiti differ from the earlier ones in being more extensive, engraved on both sides of the coins in various scripts around the borders of the coins and not in the fields of the coin designs. It is writer’s experience that the histamena of Michael in good condition, of which there are many, come from areas under Byzantine control but that those exhibiting much wear are found in small hoards that seldom contain any later issues3 and come from areas

* It is a pleasure to contribute to this volume to celebrate the 70th birthday of Cécile Morrisson whom I have known for over 30 years and who has helped me so much in my own researches. 1. P. J. Casey, Liberalitas augustis : imperial military donatives and the Arras hoard, in Kaiser, Heer und Gesellschaft in der Römischen Kaiserzeit : Gedenkschrift für Eric Birley, G. Alföldy, B. Dobson, W. Eck (Hg.), Stuttgart 2000. 2. There is no record of the number of coins in the hoard. 3. Histamena of the succeeding emperor Nicephorus III (1078–1081) are also found considerably worn as are some of the pre-reform issues of Alexius I (1081–1092). Although Manzikert was a disaster, the Byzantines did not immediately lose control of all central and eastern Anatolia for some years. Interestingly, also in the writer’s experience, worn coins of these three emperors do not seem to be

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 51-53. A SINGLE DIE SOLIDI HOARD OF HERACLIUS FROM JERUSALEM

by Gabriela Bijovsky

The excavations In December 2008 a hoard of 264 Byzantine gold coins was discov ered during exca- vations at the Giv‘ati parking lot in Jerusalem. The site is located on the eastern slope of the Tyropoeon Valley, on the western spur of the City of David. In modern terms the excavation is situated some 30m south of the Ottoman period city wall that encircles the Old city of Jerusalem, directly across from the Dung gate (fig. 1). The present archaeological excava- tions, under the direction of Doron Ben-Ami and Yana Tchekhanovets of the Israel Antiquities Authority, are the final phase of a large-scale project which will excavate the entire parking.1 Sections of this area were excavated in the past by K. M. Kenyon (1963–1967) and by R. Reich and E. Shukrun of the IAA (in 2005). During the current excavations carried out continuously from 2007, bedrock was reached and twelve occupational strata were detected dating from the Iron Age II to the early Islamic period. The Byzantine (V–VI) and Late Second Temple strata (VII) comprise the most prominent remains at the site. Fig. 1 – Location of the site.

1. The excavations are carried out on behalf of the Israel Antiquities Authority (IAA). The coins were cleaned at the laboratories of the IAA under the direction of Lena Kupperschmidt and were photographed by Clara Amit of the IAA. My thanks to Dr. Doron Ben-Ami and Yana Tchekhanovets of the IAA for their permission to publish the hoard in this book. I am indebted to H. Stark for his helpful comments and corrections.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 55-92. LE MYTHE DU BESANT ?

par Marc Bompaire

Le « problème de l’or au Moyen Âge » ne cesse de susciter l’intérêt des historiens occidentalistes depuis Marc Bloch1, aussi bien sur son versant du haut Moyen Âge que sur celui du retour à l’or en 12522. Les premières émissions italiennes du xiiie s. ont récemment fait l’objet d’enquêtes nouvelles, notamment grâce à l’exploitation par Lucia Travaini3 des listes de monnaies figurant dans les traités mathématiques ou marchands ou grâce à l’apparition de nouveaux trésors4 ou de mentions attestant par exemple la circulation significative des augustales de Frédéric II5. Ces émissions avaient été accompagnées et précédées par des frappes d’imitations des monnaies arabes ou byzantines : après les mancusos barcelonais du xie s., il s’agissait surtout des taris siciliens, des marabotins alfonsins d’Alphonse VIII de Castille (datés de 1178 à 1217) ou des besants saracénats d’Acre et Tripoli (frappés depuis le xiie s. aux types des dinars en dépit de leur nom) et enfin des besants blancs des Lusignan de Chypre (depuis 1190 environ) pour ce qui est du modèle byzantin. Un texte récemment redécouvert aux Archives nationales à Paris par Johan Bernard6 atteste également en 1244 à Montpellier de l’existence bien établie (peut-être depuis longtemps car il est alors vendu) d’un atelier affinant l’or (esmerum) et frappant marabotins, besants et masmutines : esmerum auri et jus plenum et licenciam faciendi in

1. M. Bloch, Le problème de l’or au Moyen Âge, Annales d’histoire économique et sociale 5, 1933, p. 1-34. 2. R. S. Lopez, Back to gold, 1252, The economic history review 9, 1956 p. 161-198. 3. L. Travaini, Monete, mercanti e matematica : le monete medievali nei trattati di aritmetica e nei libri di mercatura, Roma 2003. 4. Par exemple le trésor de florins trouvé à Acre : R. Kool, A thirteenth century hoard of Gold florins from the medieval harbour of Acre, NC 166, 2006, p. 301-320. 5. 14 exemplaires figuraient dans le trésor d’Henri III d’Angleterre en 1251 (D. A. Carpenter, Gold and gold coins in England in the mid-thirteenth century, NC 147, 1987, p. 106-113). On trouve aussi 141 pièces à Gênes en 1245 ou même dans des zones plus retirées comme Chiavenna où les deux pièces citées furent certes fondues pour un usage liturgique (P. Grillo, La moneta coniata nella documentazione privata in area lombarda, dans La moneta in ambiente rurale nell’Italia tardomedioevale : atti dell’Incontro di studio, Roma, 21-22 settembre 2000, a cura di P. Delogu e S. Sorda, Roma 2002, p. 53-56, P. Mainoni, Moneta di conto e moneta circolante nelle Alpi lombarde, ibid., p. 67-68. 6. M. Bompaire, J. Bernard, Le retour à l’or au xiiie s., le cas de Montpellier (…1244…), dans XIV International numismatic Congress : proceedings (Glasgow 2009), sous presse, où est édité le texte, jadis connu de Du Cange.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 93-116. A NEW GOLD SEAL OF ALEXIOS I KOMNENOS FROM THE UPPER CASTLE AT ATTIMIS (UDINE, ITALY)*

by Maurizio Buora and John Nesbitt

The recent excavations (1998-2009) At Attimis, a village situated to the northeast of Udine, close to the border of Italy and Slovenia (fig. 1), there stand two castles at a distance of 160 meters from each other. The upper one is at 411 meters above sea level (fig. 2) and the lower one is at a height of 380 meters above sea level. Only small ruins remain of each structure.

The first mention of the castle of Attimis The marquisate of Attimis is mentioned in a document written in the year 1105 by Patriarch John of Aquileia. On 8th November 1106 Berthold of Moosburg, counter- archbishop of Salzburg (1085-1106), gave the castle of Attimis to his niece Matilde and her husband Conrad. This development occurred during the Investiture Controversy, a struggle between Emperor and Pope. The story of Berthold is typical of that tormented period. At barely 25 years of age Berthold was appointed by the Holy Roman Emperor Henry IV (1084-1105), whose follower he remained, to the episcopal throne of Salzburg as counter-archbishop. This was the result of the following circumstance: the bishop then in office, Gebhard of Helfenstein (1060-1088), had joined at the Council of Quedlinburg (1085) all the followers of the recently deceased Pope Gregory VII (1073-1085) in calling for the banishment of Henry IV, who in turn was a supporter of the counter-pope Clement III (1085-1100). Clement, nominated by Emperor Henry, obtained recognition of his papal title only within territories directly controlled by the emperor. When in 1086 Bavaria and Swabia under Archduke Welf (died in 1101) rose against Emperor Henry, Berthold had to flee and Archbishop Gebhard re-entered Salzburg. After the death of Gebhard in 1088, Berthold again took possession of Salzburg, this time until 1090. On 25th April of that year, the Benedictine Thiemo was elected bishop

* Prof. Cécile Morrisson has long been interested in gold Byzantine seals and it is with great pleasure that Dr. Buora and I add a new specimen to her list of such objects. We are pleased to make this new gold seal known because it is a rare example of an excavated specimen and in addition the obverse is of exceptional quality.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 117-122. ANNOTAZIONI SU FOLLES BIZANTINI SIRACUSANI (ca. 641/842-845) : DA UN PROBABILE RIPOSTIGLIO DELLA SICILIA ORIENTALE

Bruno Callegher

Il fortunato recupero di un gruzzolo di emissioni della zecca di Siracusa, individuato tra le monete conservate al Museo Bottacin di Padova1, permette di offrire a Cécile Morrisson un saggio coerente con il suo interesse per la monetazione della Sicilia bizantina. A questa particolare area del Mediterraneo, inserita nel sistema di conto e nell’area monetaria costantinopolitana, in contatto sia con l’Africa settentrionale sia con le entità statali della penisola italica, la studiosa ha dedicato varie ricerche, in seguito confluite nell’essenziale contributo del 19982. In esso, dopo un’ampia ricerca bibliografica, lamentava che « La documentation rassemblée sur la circulation de la monnaie de bronze en Sicile par les chercheurs italiens, surtout au cours des dix dernières années, permet d’esquisser aujourd’hui un tableau imparfait, mais néanmoins clair, même si malheureusement une partie des trouvailles continue d’apparaître sur le marché sans aucune provenance3 ». A riprova di una simile penosa dispersione sulla quale si sono scritte molte e interessanti pagine4, non

1. Le monete emersero nel corso della revisione generale, iniziata nel 2002, in vista del trasferimento del Museo e delle sue collezioni numismatiche dall’edificio del convento degli Eremitani a Palazzo Zuckermann, sede attuale del Museo Bottacin. Esse erano conservate in un cartoccio contrassegnato dall’indicazione manoscritta : « Tesoretto proveniente dalla Sicilia Orientale », senza alcun dato riguardante le circostanze dell’ingresso in Museo. 2. C. Morrisson, La Sicile byzantine : une lueur dans les siècles obscurs, NAC 27, 1998, p. 307-334. 3. Morrisson, La Sicile byzantine (citato alla nota 2), p. 308-309. 4. La precaria condizione del patrimonio numismatico in Sicilia è discussa in La storia mutilata : la dispersione dei rinvenimenti monetali in Italia : atti dell’incontro di studio (Roma, 9 dicembre 1997), Roma 1999, dove, alle p. 80-89, A. Tusa Cutroni asserisce che il fenomeno ha raggiunto « livelli di rottura di pari passo con la conclamata impotenza dell’autorità di tutela ». L’ardua tutela dei beni archeologici (monete comprese) della Sicilia era tema di riflessione ben noto fin dalla fine dell’Ottocento come ricordato in F. Maurici, Paolo Orsi e l’archeologia della Sicilia bizantina e medievale, JÖB 60, 2010, p. 83-100 : 97-99.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 123-138. P79:Mise en page 1 05/05/11 08:44 Page1

LA MARQUE DE PROPRIÉTÉ D’UN COMMERCIAIRE DU VIe SIÈCLE

par Béatrice Caseau

La tablette métallique à queues d’aronde (tabula ansata), qui fait l’objet de cette petite étude fait partie d’une collection privée qui appartient à Monsieur Dimitri Theodorides*. Elle est malheureusement brisée et mesure en l’état actuel 13,5 cm sur 7,5 cm (fig. 1).

Fig. 1 – Tablette en bronze, 13,5 x 7,5 cm (collection Theodorides).

* Je remercie M. Theodorides de m’avoir autorisée à publier cet objet de sa collection et Mme Pitarakis, MM. Cheynet, Déroche, Feissel, Fournet, Gascou, Perrin et Zuckerman pour leur relecture et leurs conseils avisés.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 139-150. A LEAD SEALING OF THE JOINT REIGN OF CONSTANTINE AND LICINIUS*

by John Casey

This note records a lead sealing produced from the reverse die of a gold coin of the mint of Rome which the writer saw on the London market. The die was struck upon a flattened ring of lead 18mm wide and 30mm in diameter, the die impression itself is 16mm in diameter (fig. 1). GL[OR]IA EX-ERC[ITI] AVGG NN – in exergue PR Emperor mounted, advancing left, right hand raise in imperial gesture; short/cloak flowing behind.

Fig. 1 – Lead bag seal of the Rome mint. (3:1).

* In offering this paper to Cécile Morrisson I am aware that her enormous contribution to knowledge resides in the Christian empire of East Rome. That the apparently insignificant object discussed here played a part in the creation of that Christian empire makes, I hope, this offering relevant to the field of her research.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 151-156. EMISSIONI MONETALI IN ORO E BRONZO DELLA ZECCA DI REGGIO SOTTO BASILIO I E LEONE VI

Daniele Castrizio

Relativamente alle emissioni monetali bizantine a cavallo tra la fine del IX e gli inizi del X secolo, nelle maggiori collezioni museali sono presenti alcuni folles in bronzo attribuiti fino a poco tempo fa ad una zecca indeterminata1. Si tratta, in particolare, di una serie coniata nella parte finale del regno dell’imperatore Basilio e di due serie emesse nei primi anni del governo di Leone VI. Quelle battute a nome di Basilio I sono monete che presentano al recto un busto frontale dell’Imperatore, barbuto, con la corona imperiale (lo stemma), il divitision e la fascia consolare (il loros), nella mano destra una croce potenziata. Sul verso sono visibili i busti dei suoi figli, a s. Leone ed a d. Alessandro, entrambi con stemma e clamide, identificati dalla leggenda LEONCEALE (ΛΕΩΝ ΚΑΙ ΑΛΕξανδρος). Tra le loro teste appare un astro, mentre all’altezza delle spalle si trova piccola croce (fig. 1). I pesi attestati oscillano tra i 3,62 ed i 2,2 g. Per la datazione di quest’emissione, il terminus post quem è fornito non solo e non tanto dall’assenza di Costantino, erede presuntivo di Basilio I morto il 3 settembre 877, quanto dalla presenza del busto di Alessandro, associato al trono dal padre tra il settembre ed il novembre dell’anno 879. Molto simile a questa emissione, sia dal punto di vista stilistico sia per la tecnica e le dimensioni del tondello, appaiono anche tre altre serie battute durante il regno di Leone VI, con pesi che si attestano sul medesimo standard ponderale (p. max. 4,51 g, p. min. 2,27 g, con un esemplare usurato di 1,51 g), inferiore a quello precedentemente adottato a Siracusa2 ed a quello in uso a Costantinopoli. Le monete della Serie I hanno una

1. Cfr. J. Sabatier, Description générale des monnaies byzantines frappées sous les empereurs d’Orient, depuis Arcadius jusqu’à la prise de Constantinople par Mahomet II. 1, Graz 1955, tav. XLV, n. 9 ; W. Wroth, Imperial Byzantine coins in the British Museum, Chicago 19662, p. 442, n. 33, tav. LI, 3, con bibliografia precedente ; BNC 2, 34/X/AE/07. 2. Exempli gratia forniamo il punto di addensamento, da noi rilevato nelle principali collezioni edite, dei folleis battuti dalle zecche di Costantinopoli e Siracusa durante i regni di Michele II (7,5/7 g e 4/3,5 g) ; Teofilo (8/7 g e 4/2,5 g) ; Michele III (9/6 g e 4,5/1,5 g) ; Basilio I (8/7 g) ; Leone VI (7/6 g).

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 157-162. LES GESTIONNAIRES DES BIENS IMPÉRIAUX : ÉTUDE SOCIALE (Xe-XIIe SIÈCLE)

par Jean-Claude Cheynet

Les curateurs des biens ne formaient pas un corps homogène dans l’Empire byzantin. Leurs conditions, très diverses, reflétaient les fortunes tout aussi variées qu’ils avaient à gérer, celles de l’empereur ou du fisc comme celles de puissants aristocrates qui exerçaient souvent des fonctions publiques1, mais aussi celles de notables plus modestes, dont l’influence s’exerçait à l’échelle d’une petite ville. Les domaines publics étaient aussi d’importance inégale. Des curateurs géraient ces domaines à l’échelle d’un thème, qui pouvaient inclure de vastes zones de cette région, d’autres seulement un groupe de biens publics, enfin d’autres encore, un seul domaine qui pouvait cependant être fort étendu. Les biens des plus riches aristocrates ou ceux des plus puissants monastères provenaient souvent de biens du fisc. Un des exemples les plus célèbres est connu par le sceau de Nicétas, ostiaire et curateur des biens de Léon le curopalate, soit le frère de Nicéphore II Phocas. Pour d’autres exemples de gestionnaires d’une grande fortune privée, citons Bardanès, intendant (pronoètès) du grand domestique Grégoire Pakourianos et son « homme », qui avait en charge les biens du monastère fondé par son maître à Bačkovo, ou encore le moine et protosyncelle Nicétas, pronoètès des biens du mégaduc2. Dans ces deux derniers cas, la majeure partie des biens était aussi d’origine publique3. En étudiant les curateurs signalés par les sources narratives et ceux qui ont laissé des sceaux, nous sommes certains d’atteindre la couche supérieure de cette catégorie de fonctionnaires. Pour apprécier le niveau social d’un sujet du basileus, nous avons plusieurs moyens d’investigation, selon l’époque où fut frappé le sceau. La dignité portée constituait le principal marqueur social. La hiérarchie a évolué entre l’époque protobyzantine et celle des

1. Quatre curateurs, établis dans des thèmes orientaux où ils géraient les biens de certains archontes, c’est-à-dire de fonctionnaires provinciaux, furent tués par des rebelles d’origine géorgienne, qui participaient à la révolte de Nicéphore Phocas au Col-Tors de 1021 (Ioannis Scylitzae Synopsis historiarum, rec. I. Thurn [CFHB. Series Berolinensis 5], Berlin – New York 1973, p. 367). 2. Actes de Xèropotamou, éd. diplomatique par J. Bompaire (Archives de l’Athos 3), Paris 1964, acte no 7 (1085). 3. P. Gautier, Le typikon du sébaste Grégoire Pakourianos, REB 42, 1984, p. 37 et p. 129.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 163-204. LA SUPPLIQUE À LA TRÈS PIEUSE AUGUSTA SUR L’INTÉRÊT DE NICOLAS CABASILAS

par Marie-Hélène Congourdeau et Olivier Delouis1

L’usure – à savoir le surplus versé en excès du capital en raison d’un prêt – a toujours suscité une forte réticence au sein du monde chrétien2. Malgré la condamnation des Écritures3, des conciles4 et des Pères5, l’État byzantin accepta toutefois d’encadrer cette pratique par la législation justinienne dès le vie siècle6. À l’exception d’une loi de l’empereur Basile Ier (867-886), rapidement rapportée par son fils Léon VI (886-912), la légalité de l’intérêt ne fut dès lors plus contestée7. Devant le fait accompli, l’Église byzantine adopta une position accommodante : si elle n’exemptait pas le commerce d’argent d’un lourd soupçon moral, elle se contenta de maintenir l’interdiction nicéenne qui ne visait que les

1. Marie-Hélène Congourdeau est l’auteur de la partie IV de cette étude. Le reste de l’article et l’édition critique reviennent à Olivier Delouis. La traduction est commune aux deux auteurs. Nous remercions Vincent Déroche, Albert Failler et Vassiliki Kravari pour leur relecture du texte grec et de sa traduction. 2. L’usure a un double sens : le mot désigne « toute espèce d’intérêt que produit l’argent » mais aussi, par extension, « le profit qu’on retire d’un prêt au-dessus du taux légal ou habituel » (Littré). La seconde acception étant aujourd’hui majoritaire, nous parlerons pour éviter toute confusion de « prêt à intérêt » ou simplement d’« intérêt ». 3. Dans le Pentateuque : Ex 22, 24 ; Lv 25, 36-37 ; Dt 23, 20-21. Dans les textes prophétiques : Ez 18, 8.13.17 ; Ps 14, 5 ; 54, 12 ; 71, 14. Le Christ en revanche accepte l’intérêt : Mt 25, 27 ; Lc 19, 23 ; il demande de ne pas éviter celui qui veut emprunter : Mt 5, 42 ; quant au « Prêter sans rien espérer en retour » (∆ανείζετε μηδὲν ἀπελπίζοντες, Lc 6, 35), il ne contient aucune condamnation. 4. Nicée I, c. 17 ; Laodicée, c. 4 ; Carthage, c. 5 ; In Trullo, c. 10 ; Canons apostoliques, 44. 5. Trois auteurs importants pour le monde grec : Basile de Césarée, Homilia super psalmo 14 (CPG 2836), PG 29, 264-280 (aux emprunteurs) ; Grégoire de Nysse, Contra usurarios (CPG 3171), dans Gregorii Nysseni Opera. IX, Sermones. 1, ed. G. Heil, A. Van Heck, E. Gebhardt et A. Spira, Leiden 1967, p. 193-207 (aux prêteurs) ; Jean Chrysostome, Homilia XLI in Genesim (CPG 4409), PG 53, p. 374-385 ; Homilia LVI in Matthaeum (CPG 4424), PG 58, p. 549-558. 6. En particulier : CJ iv, 32.26 (a. 528) ; Nov. 106 (a. 540). Voir G. Cassimatis, Les intérêts dans la législation de Justinien et dans le droit byzantin, Paris 1931 ; D. Gofas, The Byzantine law of interest, dans EHB, t. 3, p. 1095-1104, ici p. 1096-1098. 7. Pour Basile Ier : Procheiros nomos, xvi, 14 (Zepos II) ; pour Léon VI : Novelle 83, dans Les Novelles de Léon VI le Sage, texte et trad. publiés par A. Dain et P. Noailles, Paris 1944, p. 280-282.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 205-236. QUELQUES REMARQUES SUR LE CÉRÉMONIAL DES FÊTES PROFANES DANS LE DE CERIMONIIS

par Gilbert Dagron

Comme les autres collections ou recueils dont Constantin Porphyrogénète a pris l’initiative ou assuré le parrainage, le Livre des cérémonies est fait d’éléments empruntés, de documents, comptes rendus ou récits plus anciens, que des enquêteurs ont trouvés dans les archives ou les bibliothèques, que des rédacteurs ont transformés en modèles et que divers réviseurs ont actualisés, complétés et truffés de remarques qui nous permettent aujourd’hui de mieux repérer des strates1. L’ensemble est composite, mais nullement disparate, et avant de le dépecer, il faut comprendre sa relative unité. Non celle d’un ouvrage achevé et destiné à un usage hors du palais, mais celle d’une entreprise visant, par la vertu d’un cérémonial sans faute, à restaurer dans son éclat une institution impériale mise en cause dans les turbulences de l’iconoclasme, de l’affaire de la « tétragamie » et de l’usurpation de Lécapène, le « parvenu ». Le projet de Constantin VII n’est pas à proprement parler datable, mais il s’organise autour de deux dates. La première, comme l’ont montré des études récentes de Constantin Zuckerman2 et de Bernard Flusin3, est celle de 946. La légitimité dynastique est alors non seulement rétablie mais assurée par un mariage ; une activité diplomatique intense consacre la place de Constantinople dans le monde ; le problème des rapports entre l’empereur et l’Église peut paraître réglé, non par une théorie qui reste illusoire, mais par une bonne pratique que trace Constantin dans de nombreux chapitres du Livre des cérémonies, et qu’il développe avec emphase, cette même année, dans son discours sur le retour des reliques de Grégoire de Nazianze. La seconde

1. Nous renvoyons à l’édition du Corpus de Bonn : Constantini Porphyrogeniti imperatoris De cerimoniis aulae byzantinae, éd. I. Reiske, Bonn 1829 (abrégée De cerim.), mais en indiquant, pour le livre I, le numéro des chapitres du manuscrit de Leipzig, que Reiske a modifié sans tenir compte d’une lacune de neuf chapitres entre I, 9 et I, 18. 2. C. Zuckerman, Le voyage d’Olga et la première ambassade espagnole à Constantinople en 946, TM 13, 2000, p. 647-672 ; O. Kresten, Staatsempfänge im Kaiserpalast von Konstan tinopel um die Mitte des 10. Jahrhunderts : Beobachtungen zu Kapitel II 15 des sogenannten « Zeremonien buches » (Österreichische Akademie der Wissenschaften, philosophisch-historische Klasse, Sitzungsberichte 670), Wien 2000. 3. B. Flusin, Le panégyrique de Constantin VII Porphyrogénète pour la translation des reliques de Grégoire le Théologien (BHG 728), REB 57, 1999, p. 5-97.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 237-244. THÉSAURISATION ET CIRCULATION MONÉTAIRE CHEZ LES MOINES D’APRÈS LA LITTÉRATURE ÉDIFIANTE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE

par Vincent Déroche

L’essor du monachisme posa très vite le problème du rapport des moines aux richesses en général et à l’argent en particulier. Bien entendu, l’idéal énoncé dès la célèbre Vie d’Antoine est le renoncement total : Antoine vend tous ses biens et vit le plus souvent par ses propres moyens, jusqu’au fameux jardin qu’il cultive dans sa dernière étape du désert intérieur1. Pas de thésaurisation, même pas d’échange économique. Un des apophtegmes attribués à Antoine est cohérent avec cette idée : pour faire comprendre son erreur à un moine qui a gardé un peu d’argent en réserve, il lui fait acheter de la viande au village et revenir vers sa cellule couvert de lanières de cette viande ; chiens et oiseaux s’emparent de cette viande et blessent l’homme au passage : c’est ce que font les démons au moine qui garde de l’argent2. Or, il est maintenant bien établi que les moines de l’époque, entrés dans cet état par une vocation individuelle, gardaient souvent tout ou partie de leurs biens, se créaient au désert des propriétés foncières sous la forme de cellules en propriété privée qu’ils se léguaient les uns aux autres3 ; il est également établi que ces moines vivaient en

1. Don des biens aux pauvres : Athanase d’Alexandrie, Vie d’Antoine, chap. 2-3, introd., texte critique, trad., notes et index par G. J. M. Bartelink (SC 400), Paris 1994, p. 132-135 ; le jardin : chap. 50, p. 268-273. On notera qu’un des pièges tendus par le diable est de mettre sur le chemin d’Antoine un grand disque d’argent, puis une masse d’or, qu’Antoine laisse : chap. 11-12, p. 164-167. 2. Les Apophtegmes des Pères : collection systématique. 1, Chapitres I-IX, introd., texte critique, trad. et notes par J.-Cl. Guy (SC 387), Paris 1993, VI 1 (= Antoine 20), p. 316-317. 3. L’existence d’une propriété privée des moines est confirmée par la loi de 434 du Code théodosien 5, 3, 1 sur les propriétés du moine mort intestat et sans parents ; l’apophtegme Gélasios 2 raconte que Gélasios refuse un énorme héritage, mais par décision personnelle et non par impossibilité légale. La normalité de l’héritage entre moines est confirmée par la Vie d’Étienne le Sabaïte au viiie s. ; l’oncle d’Étienne, lui aussi moine, lui lègue sa fortune, et une femme lègue ses biens à son fils moine : The life of Stephen of Mar Sabas, ed. by J. Lamoreaux (CSCO 579), Louvain 1999, chap. 9, p. 10-11, et chap. 44, p. 71.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 245-252. TROIS NOTES SUR L’EMPEREUR MAURICE

par Denis Feissel

I. Un Cappadocien d’ascendance romaine ? L’empereur Maurice, au dire de sources multiples et concordantes dont ses contemporains Évagre et Jean d’Éphèse, était natif d’Arabissos, ce qui lui vaut d’être qualifié par eux de Cappadocien même si, administrativement, la cité d’Arabissos appartenait alors à la province d’Arménie Troisième1. Évagre distingue toutefois entre l’ascendance immédiate de Maurice et une plus lointaine origine : Χειροτονεῖ δὲ τῆς ἑῴας στρατηγὸν Μαυρίκιον, ἕλκοντα μὲν γένος καὶ τοὔνομα ἐκ τῆς πρεσβυτέρας Ῥώμης, ἐκ δὲ τῶν προσεχῶν πατέρων Ἀραβισσὸν πατρίδα ἐπιγραφόμενον τοῦ Καππαδοκῶν ἔθνους. « [Tibère] nomme maître des milices d’Orient Maurice, dont la famille et le nom remontaient à l’ancienne Rome, bien que par ses ancêtres immédiats il revendiquât pour patrie Arabissos, de la province des Cappadociens.2 » On a pu se demander si cette ascendance romaine n’était pas une simple flatterie de l’historien destinée à compenser une naissance peu glorieuse3. Le nom de Maurice, bien que d’origine latine, ne suffirait guère à étayer cette prétention, d’autant plus paradoxale qu’une tradition plus tardive fait au contraire de Maurice le premier des empereurs « grecs »4, et que les modernes s’accordent à voir en lui un homo novus. Cependant, une source peu remarquée incite à prendre le témoignage d’Évagre plus au sérieux.

1. L’ensemble des sources est réuni par J. Martindale, PLRE III, p. 855-860, Flavius Mauricius Tiberius 4. S. Métivier, La Cappadoce (IVe-VIe s.), Paris 2005, p. 421 et n. 212, rappelle qu’Arabissos ne fait plus partie de la Cappadoce depuis le ive s. 2. Évagre, Hist. eccl. V, 19. 3. L’extraction romaine de Maurice est mise au compte de la flagornerie d’Évagre par E. Stein, Studien zur Geschichte des byzantinischen Reiches, vornehmlich unter den Kaisern Justinus II. und Tiberius Constantinus, Stuttgart 1919, p. 70-71 : « wenn der liebedienerische Euagrius erzählt, Mauricius sei altrömischer Abstammung gewesen, so ist das symptomatisch dafür, wie stark trotz allem noch die lateinischen Tendenzen im Reiche oder wenigstens in dessen Leitung waren. » Tout en se référant à Stein, Martindale (loc. cit. n. 1) suspend son jugement : « possibly true but perhaps just flattery ». 4. Paul Diacre, Historia Langobardorum III, 15 : Mauricius indutus purpura, redimitus diademate, ad circum processit, adclamatisque sibi laudibus, largita populo munera, primus ex Graecorum genere in imperio confirmatus est. Les mots que nous soulignons ne figurent pas dans la source de Paul Diacre, qui est ici Grégoire de Tours, Historia Francorum VI, 30 (cf. n. 38).

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 253-272. THE BEGINNING OF THE CONCAVELY STRUCK HISTAMENA

by Franz Füeg

For 300 years, Byzantium’s histamenon, and later the hyperperon, were nearly exclusively struck in a concave/convex form. This shape appeared first during the reign of Constantine IX Monomachos (1042–1055). The dies of a corpus1 of 227 samples shows that the change from flat to concave cuts occurred during the first issue. The examined samples have a diameter of 26mm to more than 30mm. Of these, 159 are flat or slightly bent (fig. 3 and 4); the outer of the three circles of dots is 23–25mm on the obverse and 22.5–24.5mm on the reverse. On average, this makes it the biggest gold coin until Alexius I’s reform in 1092, and it also has the largest image area between the circles of dots. On the other 68 of the 227 samples, the diameter of the circle of dots is 10% smaller (20.5–22.5mm on the obverse and 20–22mm on the reverse); accordingly, the unstruck edge of the coin is wider. This edge is now slightly bent. The diameter of the blank remains unchanged on average but is diminished due to the bending of the edge during striking (fig. 5). Among the 68 samples there are reverse dies with diverging iconographies: on 19 samples the patriarchal cross on the globe on the reverse was replaced with the ✝ with ᴗ on the shaft of the cross (fig. 6). From now on, histamena are always struck in concave/convex form. Only the coins of two issues from January 1055 until August 1057 are still flat as well as some individual flat examples of concave series. The change from flat to concave coinage was preceded by an extended development in which the flan as well as the circle of dots slowly increased in size. Constantine VII and his son Romanus II (945–959) struck small, below average flans of 19 to 20mm. Under Romanus II (959–963) they return to the usual measurement for a solidus of 19 to 21mm. Then, under the term of histamenon, the average size of the flan increases with nearly every series until 1005. During the last 20 years of Basil II’s 50-year reign, the coins are 23 to 26mm wide and the circle of dots can reach 23.5mm. These measurements are also adopted by Constantine VIII (1025–1028). Contrarily, Romanus III’s (1028–1034)

1. Corpus of the nomismata from Basil II to Eudocia (976–1067) (in work).

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 273-276. L’ULTIME TESTAMENT DE GÉÔRGIOS GOUDÉLÈS, HOMME D’AFFAIRES, MÉSAZÔN DE JEAN V ET KTÈTÔR (CONSTANTINOPLE, 4 MARS 1421)

par Thierry Ganchou

De l’installation des Notaras en Italie après la chute de Constantinople, l’ Ἔκθεσις Χρονικὴ a rendu compte1, tandis que dans ses Ἀποδείξεις ἱστοριῶν, Chalkokondylès a rapporté que la famille y détenait des placements bancaires2. Mais rien de tel pour les Goudélès : aucune source grecque, contemporaine comme tardive, ne s’est fait l’écho des avoirs de cette famille à Gênes, pas plus que de son repli en Italie après 1453. Plus étonnant encore, si les archives italiennes ont permis relativement tôt de brosser, au moins dans ses grandes lignes, la biographie de la dernière survivante Notaras, la fameuse Anna qui s’éteignit à Venise en 15073, ces mêmes archives sont jusqu’ici restées obstinément muettes sur ces descendants Goudélès qui choisirent pourtant, eux aussi, de se réfugier dans la métropole de la lagune, et qui s’y perpétuèrent même plus longtemps que les Notaras, la dernière représentante de la famille, Moïsa Goudélina Sgouromallina, ne mourant qu’après 1550. C’est à l’occasion d’un travail systématique de dépouillement des fonds financiers génois à propos des placements Notaras, dont l’existence, attestée par Chalkokondylès, avait été confirmée en 1977 par Michel Balard dans sa Romanie génoise4, que j’ai eu la surprise de constater l’évidence de ces placements Goudélès génois, eux totalement inconnus. En 1999, lors d’un congrès à Conques où je donnais une première synthèse sur les fonds Notaras, en révélant notamment les conditions très particulières du rachat

1. Ecthesis Chronica and Chronicon Athenarum, ed. with critical notes and indices by S. P. Lambros, London 1902, p. 174-7. 2. Laonici Chalcocandylae Historiarum demonstrationes, rec. E. Darkó, Budapest 1922, II, p. 1668-11. 3. Dès 1890, dans le tome IX de ses Documents inédits relatifs à l’histoire de la Grèce au moyen âge, K. N. Sathas publiait une série de documents vénitiens tirés des registres du Consiglio dei Dieci relatifs aux permissions accordées à Anna pour faire célébrer la messe en grec chez elle (p. xxviii-xl), de même qu’il signalait l’aide financière par elle fournie en 1498 pour la publication du Mega Etymologikon (ibid., p. xi), mentionnant surtout le passage de Sanudo se rapportant à sa mort à Venise, en 1507 (ibid., p. vi). 4. M. Balard, La Romanie génoise (XIIe-début du XVe siècle), Rome 1978, t. I, p. 347-349.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 277-358. OSTRACA BYZANTINS D’EDFOU ET D’AUTRES PROVENANCES*

par Jean Gascou

La collection d’ostraca grecs, démotiques, coptes1 et arabes de l’Ifao s’est constituée dans des circonstances obscures, les acquisitions et dons d’origines diverses s’y mêlant aux documents de fouilles. Elle a dû être inventoriée puisque la majorité de ces pièces sont cotées, mais le catalogue a disparu. J’ai copié dans les années 1973-1979 une quarantaine de textes grecs et coptes dont j’ai déjà publié certains2. Voici, en hommage à Cécile Morrisson, numismate et historienne éminente de l’économie byzantine, dix-neuf pièces grecques tardives, économiques et fiscales.

Ostraca d’Edfou (1-17) Les documents qui suivent proviennent d’Edfou (Apollinopolis Magna ou, selon l’usage tardif, « Apollônos Anô »). D’après des marques de fouilleur qu’on voit souvent au dos, ils ont été découverts par Maurice Alliot dans ses campagnes de 1932-19333.

* Je remercie Mme Béatrix Midant-Reynes, directrice de l’Ifao, de m’avoir autorisé à publier les présents documents et leurs photographies (réalisées par l’Ifao en 1979). La police grecque utilisée est IFAO-Grec Unicode. Pour l’explication des sigles papyrologiques, voir http://scriptorium.lib.duke. edu/papyrus/texts/clist_papyri.html. 1. C’est ici le lieu de signaler le catalogue récent de Seÿna Bacot, Ostraca grecs et coptes de Tell Edfou, Le Caire 2009 (145 pièces coptes et grecques ; ci-après O.EdfouCopte). 2. Ostrakon grec tardif de l’IFAO, BIFAO 78, 1978, p. 227-230 (SB XIV 11844), Ostraca de Djémé, BIFAO 79, 1979, p. 77-86 (pièces coptes avec deux grecques, SB XVI 12346-12347), La garnison de Thèbes d’après O. IFAO inv 12, CRIPEL 8, 1986, p. 73-74 (SB XVIII, 13321) et, en collaboration avec K. A. Worp, Un dossier d’ostraca du vie siècle : les archives des huiliers d’Aphroditô, dans Miscellanea papyrologica in occasione del bicentenario dell’edizione della Charta Borgiana, a cura di M. Capasso et al., Firenze 1990, t. I, p. 217-244 (= Fiscalité et société en Égypte byzantine, Paris, 2008, section XVII, p. 377-400) : 7 pièces sur les 30 publiées appartiennent à l’Ifao, les actuels SB XX 14549 (sans no d’inv.), 14554 (inv. 4), 14559 (inv. 6), 14563 (inv. 5), 14565 (inv. 13), 14568 (inv. 2), 14573 (sans no d’inv.). 3. Pour la liste des campagnes de fouilles impliquant la France à Edfou, voir M.-H. Rutschowscaya et D. Benazeth, Apports des fouilles d’Edfou au musée du Louvre, dans Tell-Edfou soixante ans après : actes du colloque franco-polonais, Le Caire, 15 octobre 1996, Le Caire 1999, p. 55-58, sp. p. 55, et J. Gascou,

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 359-385. À PROPOS DES ORIGINES DES MONASTÈRES DE LA VIERGE DE L’ALSOS ET DE LA VIERGE TÔN SPONDÔN SUR L’ÎLE DE COS

par Maria Gerolymatou

Les archives byzantines du monastère de Saint-Jean-le-Théologien de Patmos fournissent des renseignements précieux à propos de ses dépendances situées sur l’île de Cos. Parmi celles-ci figuraient les monastères de la Vierge d’Alsos, de la Vierge tôn Spondôn et du Sauveur. Le monastère de la Vierge tôn Spondôn est mentionné, pour la première fois à ma connaissance, dans un sigillion du patriarche Arsène (1254-1260, 1261-1264)1, par lequel celui-ci le céda à Patmos2. Son katholikon subsiste jusqu’à nos jours à l’endroit appelé Ἀσφένδι. Il est significatif que dans le langage populaire le monastère s’appelait Θεοτόκος τῶν Σφοντῶν3. La date et les circonstances de sa fondation ne sont pas connues. L’église, une version du type voûté inscrit en croix, a subi un grand nombre d’interventions architecturales au cours des siècles, si bien que les spécialistes ne sont plus en mesure de se prononcer sur la date de sa construction4. La tradition locale associe le monastère à saint Christodoule, sans toutefois en fournir les preuves5. Elle se fonde sans doute sur un document qui, comme l’a démontré M. Nystazopoulou-Pélékidou, est

1. Le patriarche Arsène est surtout connu pour son conflit avec Michel VIII Paléologue. Voir l’étude systématique de P. Gounaridès, Τὸ κίνημα τῶν Ἀρσενιατῶν (1261-1310) : ἰδεολογικὲς διαμάχες τὴν ἐποχὴ τῶν πρώτων Παλαιολόγων, Athènes 1999, p. 35-42, où le lecteur trouvera la bibliographie antérieure. 2. V. Laurent, Les regestes des actes du patriarcat de Constantinople. 1, Les actes des patriarches. 4, Les regestes de 1208 à 1309, Paris 1971, no 1337. Édition du document dans MM 6, no 72, p. 193-195. La seule étude qui lui est consacrée est celle d’E. I. Karpathios, Ἡ ἐν Κῷ πάλαι ποτε διαλάμψασα ἱερὰ μονὴ τῶν Σπονδῶν, ∆ωδεκανησιακὸν Ἀρχεῖον 2, 1956-1957, p. 3-25, où l’auteur a concentré certaines données fournies par les archives de Patmos, sans faire preuve de sens critique. Voir aussi plus récemment V. Hatzivasileiou, Ἱστορία τῆς νήσου Κῶ. Ἀρχαία-μεσαιωνική-νεότερη, Cos 1990, p. 292 qui se fonde sur le précédent. 3. MM 6, no 91, p. 222. 4. E. Kollias, Οικισμοί, κάστρα και μοναστήρια της μεσαιωνικής Κω, dans Ιστορία, τέχνη, αρχαιολογία της Κω. Α΄, ∆ιεθνές Επιστημονικό Συνέδριο (Κως 1997), Athènes 2001, p. 297-299. 5. Karpathios, Μονὴ τῶν Σπονδῶν (cité n. 2), p. 5-6.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 387-399. TREBIZOND COINS IN CRIMEA

by Vera Guruleva

The Empire of Trebizond, one of the successor-states of Byzantium, took control of the Crimea at its creation in 1204 and kept it even after the restoration of imperial power in Constantinople in 1261. This political situation generated a flow of Trebizond coins, mostly copper, into the peninsula. For several years I have been tracking information on Byzantine and Trebizond coins found in the Crimea and dispersed in museums and private collections throughout the Ukraine and Russia. The examination of this numismatic material, now entered in an electronic database, results in a preliminary topography of coin finds and throws light on the intricate history of coin circulation in the medieval Crimea.1 Unfortunately, the weight of coins could be recorded only exceptionally, since I received photos of coins from private collections without the metrological data. This paper presents Trebizond coins discovered in the Crimea and the main features of their circulation in its different regions. The longstanding archeological excavations in several centres of the peninsula—Cherson, Chembalo and Mangup in the south-west, Sudak (medieval Sugdaia, later Soldaia) and Stary Krym (medieval Solkhat, later Krym) in the east—have brought to light over 50 Trebizond coins. Over 200 stray-finds kept in private collections came to my knowledge, but since such finds often go unrecorded, their actual number is impossible to estimate. The recent discoveries have produced several types and sub-types of Trebizond coins that have not been known before, and the coins documented on photographs are mostly those published here for the first time.

Silver coins A striking feature of the finds of Trebizond coins in the Crimea is the small number of silver coins as compared to copper. While written sources provide data on Trebizond silver coins in the Crimea, their finds are very scarce. Only three coins were found during archaeological excavations in Cherson and in Chembalo; they are kept at the museum National Preserve of Tauric Chersonesos (NPTC).

1. V. Guruleva, Nahodki trapezundskih monet v Krymu, in XV Vserossijskaja numizmatičeskaja konferencija, Moscow 2009, summary, p. 50–51.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 401-412. NOUVEAUX TEXTES SUR LA MÉTALLURGIE DU ZINC ET DU LAITON DANS L’ANTIQUITÉ ET LE HAUT MOYEN ÂGE

par Robert Halleux

Introduction Le laiton ou cuivre jaune est un alliage de cuivre et de zinc. Il a la couleur de l’or. On peut facilement le couler au moule, mais aussi le laminer, le marteler, le tréfiler, le repousser, l’estamper, le ciseler. Il prend la dorure, l’argenture, l’étamage, le vernis brun. C’est le matériau favori des orfèvres1. Il nous est parvenu de nombreux objets en laiton de l’époque romaine impériale2, surtout des monnaies3. La région rhénane a été un centre de production très actif 4.

1. Voir V. Notin, Cuivres d’orfèvres : catalogue des œuvres médiévales en cuivre non émaillé des collections publiques du Limousin, Limoges 1996 ; Art du laiton – dinanderie, sous la dir. de J. Toussaint, Namur 2005. 2. J. R. Maréchal, La présence de zinc dans les bronzes romains, gaulois et germaniques et les débuts de la fabrication du laiton, Ogam 13, 1961, p. 265-270 ; J. Bayley, The production of brass in antiquity with particular reference to Roman Britain, dans 2000 years of zinc and brass, ed. by P. T. Craddock (British Museum Occasional paper 50), London 1990, p. 7-27 ; M. Picon, S. Boucher, J. Condamin, Recherches techniques sur des bronzes de Gaule romaine, Gallia 24, 1966, p. 198-215, spéc. 211 ; Id., Gallia 25, 1967, p. 153-168, spéc. 154-155 ; Id., Gallia 26, 1968, p. 245-278, spéc. 274-275 ; Id., Gallia 31, 1973, p. 157-183 ; en revanche la production par les Étrusques n’est pas sûre ; R. Grassini, L’oricalco e gli Etruschi, Studi etruschi 7, 1933, p. 331-334. 3. C. H. V. Sutherland, Coinage in Roman imperial policy 31 BC-AD 68, London 1951, p. 200-201 ; E. R. Caley, On the existence of chronological variations in the composition of the Roman Brass, Ohio journal of science 55, 1955, p. 137-140 ; Id., Orichalcum and related ancient alloys : origin, composition, and manufacture, with special reference to the coinage of the Roman Empire (Numismatic notes and monographs 151), New York 1964. 4. H. Willers, Neue Untersuchungen über die römische Bronzeindustrie von Capua und von Nieder germanien, Hannover 1907 ; Id., Die römische Messing-Industrie in Nieder-Germanien, Rheinisches Museum NF 62, 1907, p. 133-150 ; R. A. Peltzer, Geschichte der Messingindustrie und der künstlerischen Arbeiten in Messing (Dinanderies) in Aachen und den Ländern zwischen Maas und Rhein von der Römer zeit bis zu Gegenwart, Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins 30, 1908, p. 235-463 ; H. von Petrikovits, Bergbau und Hüttenwesen in der römischen Rheinzone, Zeitschrift für Erzbergbau und Metallhüttenwesen 11, 1958, p. 594-600.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 413-439. LA MONNAIE PALÉOBYZANTINE DANS L’ILLYRICUM DU NORD

par Vujadin Ivanišević

De Marcien à Zénon La restauration de l’autorité byzantine sur le territoire de l’Illyricum du nord au début du vie siècle a contribué à raviver l’économie monétaire et la circulation de la monnaie d’or et, plus particulièrement, de bronze. La circulation de monnaies avait été au préalable fortement ralentie après l’invasion des Huns marquée par la chute des villes situées sur le Danube en 441 et 443, puis l’installation des Barbares le long de la frontière danubienne, notamment dans les anciens grands centres urbains tels que Sirmium (Sremska Mitrovica), Singidunum (Belgrade) et Viminacium (Kostolac)1. Durant la seconde moitié du ve siècle, ce fut pour l’essentiel la monnaie d’or qui se maintint en circulation, les solidi et surtout les tremisses. Le rôle prépondérant des tremisses est indirectement attesté par la collection de monnaies du musée national de Belgrade dont la plus grande partie est composée de trouvailles provenant du territoire de la Serbie. Ainsi, parmi la monnaie d’or de Léon Ier nous trouvons 8 solidi et 8 tremisses, et parmi les frappes de Zénon 7 solidi et 9 tremisses2. Une particularité de cette période tient à la fréquente apparition d’imitations, principalement des fractions de la monnaie d’or. À titre d’illustration de ce phénomène, nous pouvons mentionner un tremissis trouvé à Ritium (Surduk), à proximité de Singidunum3. I. Mirnik a aussi relevé l’existence, dans la collection du musée archéologique de Zagreb, d’émissions semblables provenant de Pannonie, en lesquelles il reconnaît de possibles imitations gépides. Il s’agit de tremisses de Marcien et de Zénon4.

1. V. Ivanišević, M. Kazanski et A. Mastykova, Les nécropoles de Viminacium à l’époque des Grandes Migrations (Centre de recherche d’histoire et civilisation de Byzance, Monographie 22), Paris 2006, p. 129-136. 2. V. Radić et V. Ivanišević, Vizantijski novac iz Narodnog muzeja u Beogradu, Belgrade 2006, p. 84-89. 3. I. Popović, Rimski monetarni nakit u Srbiji, Numizmatičar 16, 1993, p. 51, no 6. 4. I. Mirnik, Novac Istočnog Rimskog Carstva u numizmatičkoj zbirci Arheološkog muzeja u Zagrebu, Vjesnik Arheološkog muzeja u Zagrebu 28-29, 1996, p. 212, nos 409 et 411.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 441-454. L’ÉCONOMIE DU MONASTÈRE DE LA KOSMOSÔTEIRA FONDÉ PAR ISAAC COMNÈNE D’APRÈS LE TYPIKON (1152)

par Michel Kaplan

Le typikon de la Kosmosôteira à Bèra (aujourd’hui Phérés) en Thrace est connu depuis 1908, année où il a été publié par L. Petit1. De premiers fragments avaient été révélés par M. Gédéon2. Celui-ci a remis à L. Petit une copie du manuscrit établie quelques années auparavant par un publiciste de Céphalonie, Élias Tsitsélis ; la copie se trouvait alors entre les mains de Nicolas Pollanis, prêtre de Céphalonie. L. Petit a donc édité le typikon sans voir le manuscrit, et notamment sans pouvoir tenter de déchiffrer ce que Tsitsélis n’avait pas pu lire et qui figure comme lacunes dans son édition. Après être passé par les mains de Jean, fils du prêtre Nicolas Pollanis, le manuscrit a fini par se retrouver dans le monastère Saint-Gérasimos de Céphalonie où il se trouve toujours. C’est le manuscrit 2 (ou 3, si l’on compte à part un manuscrit de Tzétzès) de ce monastère. Il s’agit d’un manuscrit sur papier de la fin du xvie siècle de 199 folios, mesurant 22 x 15,2 cm ; il rassemble trois manuscrits écrits de la même main. Le typikon occupe les folios 111 à 166. Il est précédé d’œuvres de Théodoret de Cyr et de Jean Mavropous et suivi d’œuvres diverses, notamment de Théodore Prodrome. Un microfilm de ce manuscrit a servi à G. Papazoglou pour établir une nouvelle édition3, qui lui permet de combler la plupart des lacunes, au demeurant fort courtes, laissées par L. Petit ; la lecture de Tsitsélis était en fait de très bonne qualité et les corrections sont peu nombreuses.

1. L. Petit, Typikon du monastère de la Kosmosotira près d’Ænos (1152), IRAIK 13, 1908, p. 17-77. 2. M. Gédéon, Τὸ τυπικὸν τῆς μονῆς τῆς Θεοτόκου Κοσμοσωτείρας, Ἐκκλησιαστικὴ Ἀλήθεια 18, 1898, p. 112-115, 144-148, 188-191. 3. G. Papazoglou, Tυπικόν Ισαακίου Αλεξίου Κομνηνού τής μονής Θεοτόκου τής Κοσμοσωτείρας (1151/2), Komotini 1994. L’éditeur donne les leçons de Petit, celles de Gédéon quand elles existent, de la copie de Tsitsélis quand Petit a indiqué les corrections qu’il effectuait. Il y ajoute des notes abondantes, des indices et une traduction en grec moderne. Nous citons le texte dans l’édition Papazoglou et dans l’édition Petit, car la plus récente est difficile à trouver. Notons que les Byzantine monastic foundation documents, ed. by J. Thomas and A. Constantinidès Hero (DOS 35), Washington DC 2000, t. 2, p. 782-858, traduisent (en l’occurrence N. Ševčenko) le texte de Petit, car la nouvelle édition est parue trop tardivement par rapport à ce travail de longue haleine (p. 796, n. 1).

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 455-483. DES CHEVAUX, DES TEXTES ET DES IMAGES DANS L’ANTIQUITÉ TARDIVE ET À BYZANCE*

par Stavros Lazaris

À Byzance, les guerres ne pouvaient pas être gagnées par la seule force, mais, avec l’aide de Dieu, grâce à la stratégie employée et l’habileté des soldats. Μετὰ Θεὸν διὰ στρατηγίας καὶ τέχνης, comme le notait Maurice dans son Stratègikon (II, 1, 10-11), en précisant que surprendre l’ennemi et user de ruse faisaient partie de la stratégie de guerre. Frapper vite et fort, en combinant habilement l’infanterie et la cavalerie, telle était la tactique privilégiée par les stratèges byzantins. Il ne faut pas oublier que les effectifs de l’armée byzantine étaient réduits. Leur faible masse de manœuvre était compensée par une grande mobilité, permettant d’intervenir rapidement pour défendre un empire aussi vaste. Cette armée disciplinée, bien équipée, bien entraînée, jouait alors de l’atout de sa cavalerie. Et c’est précisément le cheval qui retiendra mon attention dans cette étude, en hommage à Cécile Morrisson1.

I. Des chevaux et des hommes à Byzance Le cheval était indispensable aux campagnes militaires, comme il l’était aussi dans le cadre de l’alimentation urbaine ou villageoise, pour les loisirs et, bien entendu, lors de la chasse ; il était également indispensable aux transports des hommes et de leur correspondance. Son usage intensif a débuté avec la montée en puissance de la cavalerie romaine et protobyzantine2. L’exploitation du cheval, notamment dans un cadre militaire, connut alors une évolution significative grâce à l’adoption ou encore à la mise au point

* J’ai plaisir à remercier Michel Cacouros, qui a bien voulu me faire part de ses idées et remarques. De même, mes remerciements chaleureux vont à Gérard Siebert, qui a relu la présente contribution. 1. J’ai conçu cet hommage sous forme d’une synthèse de mes recherches antérieures et actuelles sur le cheval à Byzance. Deux axes sont ainsi abordés : d’une part, l’apport du cheval dans l’armée et les découvertes technologiques et scientifiques (hippiatrie) pour faciliter le développement de la cavalerie ; d’autre part, je m’intéresse à la production des manuscrits hippiatriques illustrés et aux fonctions de l’image pour le lecteur médiéval. 2. S. Lazaris, Essor de la production littéraire hippiatrique et développement de la cavalerie : contribution à l’histoire du cheval dans l’Antiquité tardive, dans La médecine vétérinaire antique : sources écrites, archéologiques, iconographiques : actes du colloque international de Brest, 9-11 septembre

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 485-502. COINAGE OF THE AMORIAN DYNASTY FOUND AT AMORIUM*

by Chris Lightfoot

The economic—and indeed military and political—recovery of Byzantium has been regarded as starting in the second quarter of the ninth century.1 At Corinth, for example, the “very striking increase in the quantities of copper coins” belonging to Theophilus’ reign has been taken as evidence for the beginning of economic recovery there.2 Doubts have, however, been raised about the validity of this conclusion, citing as the real reason for the rise in the number of finds the fact that “the urban centre of Corinth shifted in the ninth century”.3 Such contradictory statements have only confirmed the fears of some scholars that numismatic evidence from archaeological sites is unreliable.4 This may be so, and it is certainly true that the evidence of coins is open to several different interpretations. Nevertheless, it is still worthwhile to record coin finds and draw conclusions from them,

* It gives me great pleasure to present this article to Prof. Cécile Morrisson on the occasion of her 70th birthday. The subject seemed eminently appropriate given that Prof. Cécile Morrisson has for many years shown great interest in and support for the Amorium Excavations Project. I thank Dr. Olga Karagiorgou, Dr. Vasiliki Penna, Prof. Juan Signes-Codoñer (Universidad de Valladolid), Prof. Dr. Oğuz Tekin, Dr. Peter van Alfen, and Hüseyin Yaman for their help in the preparation of this article. Information about coins (or lack thereof) in various museums has been kindly provided by Dr. Michael Alram (Münzkabinett, Kunsthistorisches Museum, Vienna), Dr. P. J. Casey (Afyonkarahisar Museum), Dr. Kay Ehling (Staatliche Münzsammlung München), Bayan Sena Mutlu (Anatolian Civilizations Museum, Ankara), Mrs. Yorka Nikolaou (Numismatic Museum, Athens), Dr. Adrian Popescu (Fitzwilliam Museum, Cambridge), and Dr. Elena Stepanova (The Hermitage, St. Petersburg). 1. D. M. Metcalf, The reformed folles of Theophilus : their styles and localization, ANSMN 14, 1968, p. 122; D.M. Metcalf, Corinth in the ninth century : the numismatic evidence, Hesperia 42, 1973, p. 180. 2. Metcalf, Corinth (cit. n. 1), p. 181-182. 3. D. M. Metcalf, How extensive was the issue of folles during the years 775–820 ? Byz. 37, 1967, p. 277. 4. Ph. Grierson, Coinage and money in the Byzantine Empire, 498–c.1090, Moneta e scambi nell’alto medioevo (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medievo 8), Spoleto 1961, p. 446; S. Vryonis, An Attic hoard of Byzantine gold coins (668–741) from the Thomas Whittemore collection and the numismatic evidence for the history of Byzantium, in Mélanges Georges Ostrogorsky (Recueil des travaux de l’Institut d’études byzantines 8), Beograd 1963, vol. 1, p. 291-292.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 503-511. FONTANE ED EDIFICI TERMALI NELLA CATINA « BILINGUE » TARDO-ANTICA E L’EDITTO DI EUMATHIOS DEL 434 D. C.

Giacomo Manganaro

La città antica di Katane, Catina dall’età augustea, si sviluppa tra l’acropoli, il cuore forte della città greca, impiantata nell’altura, in cui i monaci Benedettini fonderanno il loro monastero e ora ha sede la Facoltà universitaria di Lettere, e la odierna piazza del Duomo, sistemata nel 1736 dopo il terremoto del 1693 dall’architetto G. B. Vaccarini, elevando sui ruderi di un edificio termale romano la cattedrale di Santa Agata, col prospetto armonioso adornato con antiche colonne romane, che non è lontana dal supposto forum1 : varcando la porta Uzeda si raggiunge il porto antico. In questa piazza confluiscono le grandi arterie cittadine : la via Etnea che sale verso il territorio etneo costellato di ridenti borghi, i « casali » del Seicento ; la via Garibaldi che conduceva verso Palermo ; la via Vittorio Emanuele, per la quale si arriva rapidamente al teatro greco e all’odeon prolungandosi verso la piana irrigata, e inondata con frequenza, dal fiume Simeto. Tra l’area dell’acropoli e la Piazza Duomo si ritrovano vari edifici termali : entro il monastero dei Benedettini ne sono stati rilevati i ruderi di uno poco esteso2 ; poco lontane le Terme della Rotonda, un edificio termale tardo-romano, poi adattato a chiesa bizantina

1. Per un rapido quadro urbanistico, dipendente da quello offerto in A. Holm, Catania antica, trad. di G. Libertini, Catania 1925, vd. R. J. A. Wilson, La topografia della Catania romana : problemi e prospettive, in Catania antica : atti del convegno della SISAC (Catania 23-24 maggio 1992), a cura di B. Gentili, Pisa 1996, p. 149-173 ; e anche, G. Pagnano, La costruzione dell’identità di Catania dal sec. XVI al XX, in Catania : la città, la sua storia, a cura di M. Aymard, G. Giarrizzo, Catania 2007, p. 181-240, con ricche illustrazioni di piazze e palazzi di Catania ; e altresì, Id., Catania e sant’Agata, in Agata santa : storia, arte, devozione, Firenze 2008, p. 232-239, con nuova bibliografia in gran parte in corso di stampa. Utili le pagine in Guida d’Italia. Sicilia, Touring Club Italiano, Milano 1953, p. 478-495 (p. 685-728 nella edizione del 2005 a cura di Repubblica). 2. F. Giudice et al., Catania : scavo all’interno del muro di cinta del Monastero dei Benedettini, Cronache di archeologia 18, 1979, p. 129 s. ; M. Frasca, Sull’urbanistica di Catania in età greca, in Damarato : studi di antichità classica offerti a Paola Pelagatti, raccolti da I. Berlingò, Napoli 2000, p. 119 s.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 513-531. DE L’USAGE DES DIGNITÉS IMPÉRIALES EN ITALIE (FIN DU VIIIe-DÉBUT DU XIIe SIÈCLE)

par Jean-Marie Martin

Le sujet n’est pas vraiment neuf et la bibliographie qui l’aborde est déjà assez abondante1 ; mais il ne semble pas avoir été traité de façon globale. Or, si les destinataires sont divers, celui qui distribue les dignités – l’État byzantin – est unique, mais sa politique et ses moyens d’action évoluent. En outre, la réception de dignités entraîne des conséquences diverses. Politiques d’abord : l’empereur considère officiellement les destinataires, même s’ils sont en fait souverains, comme ses sujets ; d’après le De cerimoniis, il s’adresse à ceux-ci par κέλευσις2 ; même s’il ne se fait guère d’illusions sur la réalité de la soumission de ces personnages, qui en sont en Italie les principaux bénéficiaires, la réception de dignités doit faire d’eux, à tout le moins, des alliés de l’Empire ; il peut toutefois se heurter à des revirements politiques : ainsi de la part des princes lombards du Sud dans les années 9203, ou du doge de Venise après 1118, sans parler de Robert Guiscard et des comtes normands de Pouille, qui ont accepté les dignités offertes sans pour autant modifier leur attitude. La géographie des unités politiques dont les dirigeants reçoivent des dignités est précise. Le royaume d’Italie en est exclu, ainsi que le cœur de l’ancien Exarchat – les régions de Rome et de Ravenne – intégrées à l’empire occidental dès la restauration de

1. Citons V. Lazzarini, I titoli dei dogi di Venezia, dans Id., Scritti di paleografia e diplomatica2 (Medioevo e Umanesimo 6), Padova 1969, p. 195-226. A. Pertusi, Quedam regalia insignia. Ricerche sulle insegne del potere ducale a Venezia durante il Medioevo, Studi veneziani 7, 1965, p. 3-123. H. Bibicou, Une page d’histoire diplomatique de Byzance au xie siècle : Michel VII Doukas, Robert Guiscard et la pension des dignitaires, Byz. 29-30, 1959-1960 (= Hommage à la mémoire de Ciro Giannelli), p. 43-75. U. Schwarz, Amalfi im frühen Mittelalter (9.-11. Jahrhundert) : Untersuchungen zur Amalfitaner Überlieferung (Bibliothek des Deutschen Historischen Instituts in Rom 49), Tübingen 1978. V. von Falkenhausen, Il ducato di Amalfi e gli Amalfitani fra Bizantini e Normanni, dans Istituzioni civili e organizzazione ecclesiastica nello stato medievale amalfitano : atti del Congresso internazionale di studi amalfitani : Amalfi, 3-5 luglio 1981, Amalfi 1986, p. 9-31. G. Ravegnani, Insegne del potere e titoli ducali, dans Storia di Venezia dalle origini alla caduta della Serenissima. 1, Origini-Età ducale, a cura di L. Cracco Ruggini et al., Roma 1992, p. 829-846 : p. 838-846 (Titoli bizantini dei dogi). J.-M. Martin, L’Occident chrétien dans le Livre des cérémonies, II, 48, TM 13, 2000, p. 617-646. Voir en fin d’article la liste des abréviations des sources citées plusieurs fois. 2. Martin, L’Occident chrétien (cité n. 1), p. 617-618. 3. Ibid., p. 622-623.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 533-548. MONETISATION IN LATE ROMAN AND EARLY ANGLO-SAXON ENGLAND

by Nicholas J. and Susan J. Mayhew

A review of the process of demonetisation after Rome’s abandoning of the province of Britannia and the subsequent early steps towards remonetisation in early Anglo- Saxon England, may at first sight seem a long way from Cécile Morrisson’s interests. Nevertheless, Professor Morrisson’s influence may also be detected, even in far away Britannia. For any consideration of the process of monetisation in England is much enhanced by an awareness of the work undertaken by Byzantinists on the much debated question of how far the late Roman economy was commercialised and monetised, and how far the dominant hand of the state controlled and constrained the free operation of “market forces”. The traditional view held that state control of the grain trade, combined with a monetary system concerned principally with the business of raising taxes in order to maintain the Army, left little room for the operation of any real commercial and monetised economic life. However, we owe to Professor Morrisson, and to her colleague Angeliki Laiou, an increasing recognition that market forces could indeed operate within the Byzantine state, and that the tools of modern economic analysis might be employed with advantage to the study of pre-industrial economies.1 Thus the ground-breaking work of Professor Morrisson has also helped prepare the intellectual climate within Britain, allowing us to look with new eyes on the use of money in early Anglo-Saxon England. The concept of monetisation expresses the degree to which transactions in a given society are, or are not, conducted by means of money. In contrast with bullion, “money” may be defined in late-antiquity2 and early Anglo-Saxon England as coin, that is, a unit of bullion of controlled weight and fineness determined and guaranteed by the issuing authority. Non-monetary transactions include barter, rents in kind, and reciprocity –

1. C. Morrisson, Monnaie et finances dans l’Empire byzantin, xe-xive siècle, in Hommes et richesses dans l’Empire byzantin, éd. par V. Kravari, J. Lefort et C. Morrisson, Paris 1989-1991, vol. 2, pp. 291-315; C. Morrisson, La dévaluation de la monnaie byzantine au xie siècle : essai d’interprétation, in Ead., Monnaie et finances à Byzance : analyses, techniques, Aldershot 1994; see also EHB. 2. The term sub-Roman seems to have been replaced by “late antiquity”, at least by archaeol- ogists.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 549-560. “FIRST TO ÖLAND, THEN TO GOTLAND…” THE ARRIVAL AND DISPERSAL OF LATE ROMAN AND BYZANTINE SOLIDI IN SWEDEN AND DENMARK*

by D. Michael Metcalf

It is now more than 40 years since the publication of Joan Fagerlie’s classic monograph on the finds of late Roman and Byzantine solidi from Sweden and Denmark.1 As the basis of her work, she compiled an exemplary catalogue of 759 coins, minted from AD 395 up to the mid-sixth century.2 The majority of them were found on the three islands of Öland, Gotland, and Bornholm. Some 140 came from the mainland, but 68 of these are accounted for by two hoards from Helgö. She made a meticulous analysis of various aspects of her corpus of coins, namely their provenance, their die-duplication, the heavy degree of wear of so many of the individual coins, the composition of all the hoards of five or more coins, and the problems of interpretation of the imitative coins, and of secondary characteristics (mutilation, piercing, and use as jewellery). These half-dozen aspects were analysed separately. Her main historical conclusion was that Öland was the receiving centre for monetary inflows, until ca. 476. Up until that date, the coins circulated on Öland, becoming worn in the process. They were then gathered up and were distributed from Öland, to Gotland, the mainland, and Bornholm. After ca. 476 the solidi ceased to arrive on Öland, and instead were carried to those other destinations directly. In formulating that conclusion she placed much emphasis on the regional occurrence of die-links, and also on the degree of wear of the coins which, as she saw it, told the same story.

* This essay is dedicated, with unbounded admiration and best wishes, to a lifetime friend whose commitment to numismatics has found expression in a combination of distinguished scholarship, plus leadership and generous helpfulness to many colleagues through editorial initiatives and in similar ways. The perfect blend of scholarly activity. 1. J. M. Fagerlie, Late Roman and Byzantine solidi found in Sweden and Denmark (The American Numismatic Society, Numismatic notes and monographs 157), New York 1967. See, subsequently, F. Herschend, Två studier i ölandska guldfynd. I, Det myntade guldet; II, Det omyntade guldet, Tor 18, 1978-1979, pp. 33-294. 2. In all, 883 coins were known to her, but some of them only from the archives or from literature.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 561-576. LA CIRCULATION MONÉTAIRE DANS LA CAPPADOCE BYZANTINE D’APRÈS LES COLLECTIONS DES MUSÉES DE KAYSERI ET DE NIĞDE*

par Sophie Métivier et Vivien Prigent

La présente étude souhaite fournir quelques lumières sur la circulation de la monnaie de bronze en Cappadoce médiévale entre la réforme monétaire d’Anastase Ier, qui introduisit en 498 le follis, et la fin du xie siècle, marquée tout à la fois par la conquête turque et par une nouvelle réforme monétaire d’envergure qui mit fin à la frappe de ce même follis. De façon générale, Christopher Lightfoot soulignait récemment que, dans la monétarisation de l’Anatolie, « very little evidence presently exists to chart the fluctuations that occurred »1. De fait, un livre récent de Cécile Morrisson, Vladislav Popović et Vujadin Ivanišević révèle l’absence pour la Cappadoce de trésors bien identifiés et publiés à même de nourrir une véritable réflexion sur ce sujet2. Notre étude repose donc sur l’analyse des collections de deux musées de Cappadoce, celui de Niğde, une fondation médiévale située

* Nous prions Monsieur Hamdi Biçer, directeur du musée de Kayseri, et Monsieur Fazıl Açıkgöz, directeur du musée de Niğde, de trouver ici l’expression de nos remerciements. 1. Ch. Lightfoot, Byzantine Anatolia : reassessing the numismatic evidence, RN 158, 2002, p. 229. Les collections de plusieurs musées de l’Anatolie centrale ont été publiées ou examinées, celles des musées d’Amasée (1 119 monnaies byzantines), d’Amasra/Amastris (115), de Bolvadin (82), d’Iznik (331) et de Pessinonte (8). Voir S. Ireland, Greek, Roman, and Byzantine coins in the Museum at Amasya (ancient Amaseia), Turkey (British Institute of Archaeology at Ankara. Monograph 27), London 2000 ; S. Ireland – S. Atehogullar, The ancient coins in Amasra Museum, dans Studies in ancient coinage from Turkey, ed. by R. Ashton (. Special publication 29 ; British Institute of Archaeology at Ankara. Monograph 17), London 1996, p. 115-137, pl. 51-65 ; R. Ashton, Ch. Lightfoot, A. Özme, Ancient, Byzantine and Islamic coins in the Bolvadin Municipal Museum, Anatolia antiqua 8, 2000, p. 171-192 ; F. Planet, La circulation monétaire, étude des monnaies byzantines du musée d’Iznik, dans La Bithynie au Moyen Âge, éd. par B. Geyer et J. Lefort (Réalités byzantines 9), Paris 2003, p. 499-505 ; G. de Wilde, Monnaies au musée de Pessinonte, Epigraphica Anatolica 28, 1997, p. 101-114. Tout récemment, A. Gândilă, Early Byzantine coin circulation in the Eastern Provinces : a comparative statistical approach, AJN 2e sér., 21, 2009, p. 151-226, qui offre un panorama très complet, un grand nombre de figures diverses et une abondante bibliographie tant sur l’Asie Mineure que sur les Balkans et le Proche-Orient. 2. C. Morrisson, V. Popović et V. Ivanišević, Les trésors monétaires byzantins des Balkans et d’Asie Mineure (491-713) (Réalités byzantines 13), Paris 2006 : l’unique trésor (no 337) provient d’Alişar, en Cappadoce I, et ne regroupe que trois folleis de Justinien Ier.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 577-618. LES DROITS DU CONSUL DES VÉNITIENS À FAMAGOUSTE AU XVe SIÈCLE

par Catherine Otten-Froux

Après l’installation de comptoirs dans les différentes États de Méditerranée orientale, les Vénitiens organisèrent leurs communautés en fonction des privilèges obtenus des pouvoirs locaux ; à la tête de celles-ci, Venise envoya un représentant portant souvent, à partir de la fin du xiiie siècle, le titre de baile comme ce fut le cas à Chypre1. Il est généralement installé soit dans la principale place commerciale, soit dans la capitale. Ainsi à Chypre le baile, qui se trouvait d’abord dans la ville portuaire de Limassol jusqu’à la fin du xiiie siècle, s’installe ensuite à Famagouste, le poumon économique de l’île jusqu’au troisième quart du xive siècle ; puis il transporte sa résidence dans la capitale, Nicosie, après la prise de contrôle de la ville de Famagouste par les Génois en 1374, à l’issue de la guerre menée par la Dominante contre le roi Pierre II de Lusignan. La domination génoise fut d’abord de caractère gestionnaire selon les termes du traité de 1374 ; en effet l’administration et la défense de Famagouste sont alors confiées à Gênes, la cité chypriote constituant un gage en garantie des paiements du roi, qui maintient sur place ses officiers pour la collecte des taxes. Cette domination se transforme en possession complète lors du traité de février 1383 entre Jacques Ier et la République ligure2 : en effet, à cause du non-respect par le roi Pierre II des clauses du traité de 1374 (toutes les sommes exigées n’ont pas été reçues), Famagouste est détachée du royaume de Chypre et devient possession génoise

1. Sur les Vénitiens à Chypre, voir en dernier lieu l’article très complet de D. Jacoby, The Venetians in Byzantine and Lusignan Cyprus : trade, settlement, and politics, dans La Serenissima and la Nobilissima : Venice in Cyprus and Cyprus in Venice, ed. by A. Nicolaou-Konnari, Nicosia 2009, p. 59-100, qui reprend la bibliographie antérieure. Sur l’histoire de Chypre en général, voir G. Hill, A history of Cyprus, 4 vol., Cambridge 1948, rééd. 1952, vol. 2 et 3 pour la période qui nous intéresse ; P. W. Edbury, The kingdom of Cyprus and the Crusades, 1191-1374, Cambridge 1991 ; Iστορία της Kύπρου, éd. Th. Papadopoullos, t. 4 et 5 (pour la période franque et vénitienne), Nicosie 1995-1996 ; Cyprus : society and culture, 1191-1374, ed. by A. Nicolaou-Konnari and C. Schabel (The medieval Mediterranean 58), Leiden – Boston 2005, avec dans chaque ouvrage une importante bibliographie. 2. Le texte du traité de 1374 a été publié dans Liber Iurium Reipublicae Genuensis, vol. 2, dans Historiae Patriae Monumenta. 9, Turin 1857, col. 806-815, et dans C. Sperone, Real grandezza della Serenissima Repubblica di Genova, Gênes 1669 (traduction italienne de l’ouvrage espagnol de L. de Góngora, Real grandeza de la Serenissima Republica de Genova, Madrid 1665), p. 100-109. Le traité de février 1383 est publié dans Sperone, Real grandezza, cité supra, p. 116-137.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 619-630. A PRELIMINARY PROSOPOGRAPHY OF MONEYLENDERS IN EARLY ISLAMIC EGYPT AND SOUTH PALESTINE1

by Arietta Papaconstantinou

Credit has been an important area of study for the Roman period, especially since the publication in 1987 of Jean Andreau’s monograph on the business of money in the Roman world.2 Initial reliance on literary sources has contributed to the impression that credit was practised principally at the highest levels of society, that it involved the urban elites and that it drove commercial activity, in particular large-scale maritime trade. Recent work on the subject, especially by François Lerouxel, who has integrated papyrological evidence into the field, shows very clearly that big lending was only part of the picture, and that micro-credit was also an important feature of the overall credit economy.3 The importance of credit in raising the volume of money in the economy above that of mere coin circulation has been recently highlighted by William Harris,4 who also pointed out the strong dependence on credit of the lower strata of society.5

1. Abbreviations for editions of papyri follow the Checklist of editions of Greek, Latin, Demotic, and Coptic papyri, ostraca and tablets, available online at http://scriptorium.lib.duke.edu/papyrus/texts/clist. html, with regular updates; in addition: O.Deir el-Roumi = M. Pezin and G. Lecuyot, Documents coptes découverts au Deir er-Roumi, dans la Vallée des Reines et le Ouadi du prince Ahmès, in Actes du huitième congrès international d’études coptes : Paris, 28 juin – 3 juillet 2004, éd. par N. Bosson et A. Boud’hors, Leuven 2007, vol. 2, p. 759-786. 2. La vie financière dans le monde romain : les métiers de manieurs d’argent (IVe siècle av. J.-C. – IIIe siècle ap. J.-C.) (BEFAR 265), Rome 1987. 3. See his La banque privée romaine et le marché du crédit dans les tablettes de Murecine et les papyrus d’Égypte romaine, in Pistoi dia tèn technèn : bankers, loans and archives in the ancient world : studies in honour of Raymond Bogaert, ed. by K. Verboven, K. Vandorpe and V. Chankowski, (Studia Hellenistica 44), Louvain 2008, p. 169-197; Id., Les femmes sur le marché du crédit en Égypte romaine (30 avant J.-C. – 284 après J.-C.), Cahiers du Centre de recherches historiques 37, April 2006, p. 121-136. 4. W. Harris, A revisionist view of Roman money, JRS 96, 2006, p. 1-24. 5. Ibid., p. 14.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 631-648. LE CHICHATON ET LES NOMS DE MONNAIES À LA FIN DU XIe SIÈCLE*

par Pagona Papadopoulou

En 1968, Cécile Morrisson publia l’un de ses premiers articles, intitulé « Le michaèlaton et les noms de monnaies à la fin du xie siècle ». En s’appuyant sur les nombreuses attestations du terme dans les sources écrites, ainsi que sur le témoignage des analyses métalliques, elle identifia les michaèlata avec les nomismata de Michel VII (1071-1078)1. Dans ce même article, elle était par ailleurs la première à étudier les termes chiata/chichata qui qualifient également au xie siècle certaines monnaies2. En m’appuyant sur les mêmes outils, auquelx j’ajouterai l’iconographie monétaire, je voudrais proposer ici une nouvelle interprétation de ces derniers termes. Une série de noms de monnaies phonétiquement proches apparaît dans des documents datés de 1090 à 1127/8, avec une dernière mention postérieure en 1157. Il s’agit des termes [νομίσματα] χιάτα – χιχάτα, [νομίσματα] χηράτα- χεράτα- χειράτα et [νομίσματα] χινάτα. Les attestations documentaires de ces termes sont, dans l’ordre chronologique, les suivantes :

1. Testament de Symbatios Pakourianos (1090) Sur les douze livres de monnaies d’or concaves (trachéa)3 en sa possession, le rédacteur ordonne que sa femme distribuera aux pauvres, pour le salut de son âme, six livres de chichata et, de plus, trois chiliades de céréales ; elle donnera les autres six livres de prôtocharaga aux hommes libres qui travaillaient pour lui :

* Cette étude est dédiée à Cécile Morrisson avec toute ma gratitude. Je tiens en outre à exprimer ma reconnaissance à Vivien Prigent et Kostis Smyrlis qui ont bien voulu relire la présente étude et la faire bénéficier de leurs remarques et suggestions. 1. C. Morrisson, Le michaèlaton et les noms de monnaies à la fin du xie siècle, TM 3, 1968, p. 369-374 (= Ead., Monnaie et finances à Byzance : analyses, techniques [Variorum collected studies series 461], Aldershot 1994, no V). 2. Morrisson, Le michaèlaton (cité n. 1), p. 372-373. 3. Le terme trachéa est utilisé dans les sources littéraires à partir de 1077 pour décrire les monnaies concaves. M. F. Hendy, Coinage and money in the Byzantine Empire, 1081-1261 (DOS 12), Washington DC 1969, p. 29-30 ; DOC III, 1, p. 6-7.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 649-662. REASSESSING THE GOLD COINAGE OF BASIL I : THE TESTIMONY OF AN UNKNOWN BYZANTINE “PATTERN” COIN

by Vasiliki Penna

The present study is based on a rare copper “pattern” coin, at least designated as such by the auction house from which it was purchased;1 this piece is today in the coin collection of the Greek Welfare Foundation for Social and Cultural Affairs at Athens.2 The formerly circular shape of the coin has been modified, since its circumference had been clipped. On the obverse is a frontal bust of Christ, with cross behind head, raising his right hand in benediction and holding in his left a Gospel-book adorned with precious stones. This is clearly the iconographic type of Christ that appears on the solidi struck during the reign of Michael III, perhaps after the Triumph of Orthodoxy in 843.3 The accompanying legend reads InSuSX-RISÙOS½, and it is the same as the one on these solidi. On the reverse are two facing imperial busts with diadem surmounted by cross; to left Basil I, bearded, wearing loros over divitision, and to right his son and co-emperor Constantine, smaller and beardless, wearing chlamys; they hold between them a labarum ornamented with four pellets in cross shape and streamers. The accompanying legend, only partially preserved due to the clipping, reads [+bASI]LIOSeÙCOnSÙAnÙ΄ΑuBB΄ (fig. 1).4

1. Classical Numismatic Group, Mail Bid Sale 69 (8 June 2005), lot 1866. 2. The numismatic collection of the Welfare Foundation for Social and Cultural Affairs (K.I.K.P.E.) comprises approx. 3,000 coins, which were acquired in Western Europe and USA at various sales held by auction houses. The main core of the collection is constitued of ancient Greek and Byzantine bronze/ copper coins. The K.I.K.P.E. coin collection has been assigned to the Benaki Museum, to put it to good use, in reciprocitation for the Museum’s manifold activity in Greece and abroad. The curatorial management and the publication of the Foundation’s coin collection has been undertaken by the author with the assistance of Yannis Stoyas, archaeologist-. 3. DOC III, 1, p. 164-165, 454-455, 463-464. Grierson dates the coins issued in the name of Michael III and his mother Theodora (Class II) in the period 843(?)-856, and those only in Michael’s name (Class III) to the years 856-867. For a different dating see F. Füeg, Corpus of the nomismata from Anastasius II to John I in Constantinople 713-976 : structure of the issues, corpus of coin finds, contribution to the iconographic and monetary history, Lancaster 2007, p. 29-30; the author dates Grierson’s Class II to 850-856. 4. The lower part of the letters of the syllables ЄÙCOn is barely visible.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 663-673. P675:Mise en page 1 05/05/11 08:54 Page1

LA CRUCHE EN CUIVRE DU TRÉSOR MONÉTAIRE DE KOCAMUSTAFAPAŞA À ISTANBUL (XIe SIÈCLE)*

par Brigitte Pitarakis

Le choix de présenter une modeste cruche en cuivre dans un volume consacré à une grande numismate qui a l’habitude de trésors monétaires d’or et d’argent risque de paraître inopportun. Mais un simple regard à la couverture de l’ouvrage Les trésors monétaires byzantins des Balkans et d’Asie Mineure (491-713), qu’elle a dirigé, est peut-être suffisant pour expliquer la raison de ce choix. En effet, Cécile Morrisson a choisi la cruche en alliage cuivreux du trésor de la crique dite Mégalè Lakka, retrouvé sur la côte est de Samos en 1983, comme couverture de cet ouvrage où les contenants des trésors monétaires ont été minutieusement recensés et décrits1. Quelques années plus tôt, à l’occasion de mes recherches de parallèles pour un groupe de cruches en cuivre d’origine chypriote au musée archéologique d’Istanbul2, elle m’avait généreusement confié sa documentation sur le trésor en question et avait attiré mon attention sur d’autres exemples de vaisselle de cuivre protobyzantine livrée avec des trésors monétaires. Il m’a donc paru intéressant de présenter ici une note sur la cruche en cuivre qui contenait le trésor monétaire du xie siècle retrouvé dans le quartier de Kocamustafapaşa à Istanbul en 1984 (fig. 1)3.

* Mes remerciements s’adressent à la direction des musées archéologiques d’Istanbul et à madame Gülbahar Baran Çelik, responsable de la section des objets métalliques, de m’avoir fourni les autorisations indispensables à l’examen et à la publication de la cruche du trésor de Kocamustafapaşa. Mes autorisations officielles relatives à l’étude de cette pièce remontent à l’année 2002. J’ai eu la possibilité de la réexaminer en juillet 2010 en compagnie de madame Çelik qui m’a aimablement fait part de ses observations et de ses clichés. Je tiens également à remercier Şehrigül Yeşil Erdek qui a réalisé le dessin de la cruche. 1. C. Morrisson, V. Popović †, V. Ivanišević et al., Les trésors monétaires byzantins des Balkans et d’Asie Mineure (491-713) (Réalités byzantines 13), Paris 2006. 2. P. Bursa – B. Pitarakis, A group of bronze jugs in the Istanbul Archaeological Museums and the issue of their Cypriot origin, AnTard 13, 2005, p. 29-36, exemplaire de Samos, p. 33-34. 3. N. Asgari, Istanbul temel kazılarından haberler – 1984, Araştırma sonuçları toplantısı 3, Ankara 1985, p. 79-80, fig. 15-19.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 675-683. L’EMPEREUR JUSTINIEN SURVIVANT À LA PESTE BUBONIQUE (542)

par Henri Pottier

On considère généralement que l’effigie impériale au droit des folles byzantins du vie siècle est purement conventionnelle et symbolique et qu’il n’y a donc de la part des graveurs aucun souci de vraisemblance dans la réalisation de ces portraits. Cette opinion doit être nuancée ; en effet s’il n’y a ni la volonté d’idéalisation des Grecs, ni la recherche de réalisme des Romains, il y a par contre un souci d’identification. Il se marque, dans les bustes de face, par la forme du visage, la barbe, la moustache ou les attributs de la fonction impériale, parfois par des détails mais qui suffisent à différencier les divers empereurs. L’évolution physique de l’empereur au cours de son règne est parfois marquée ; par exemple Héraclius est successivement représenté imberbe ou avec une courte barbe et ensuite avec une longue barbe. Aussi, l’observation de déformations du visage de Justinien sur des folles frappés à Constantinople au cours des années régnales 15 et 16 nous a amené à nous interroger sur la réalité physique de cette altération (voir, par exemple, pour les années 15 et 16 : BNC 1 AE/58 et 67, à comparer avec les années 12 et 19 : BNC AE/26 et 71) (fig. 1). Il est alors apparu que cette singularité pourrait être mise en rapport avec la peste dont Justinien a souffert lorsque l’épidémie de peste bubonique a atteint Constantinople. En effet ce type de peste est caractérisé par l’apparition de bubons notamment au cou, sous les oreilles (fig. 2) ; or la déformation du visage observé sur certains folles correspond bien à une enflure localisée sous la mâchoire. Les divers aspects de la pandémie de peste dite justinienne ont fait l’objet d’une étude détaillée par Stathakopoulos2 Elle est basée sur la symptomatologie fournie par les auteurs byzantins, principalement Procope, et sur les recherches récentes concernant l’épidémiologie. Les références historiques nombreuses permettent de définir de façon relativement précise l’évolution dans le temps et dans l’espace de la pandémie de peste bubonique qui, s’étant

1. BNC 1, pl. XI. 2. D. Ch. Stathakopoulos, Famine and pestilence in the late Roman and early Byzantine empire : a systematic survey of subsistence crises and epidemics (Birmingham Byzantine and Ottoman monographs 9), Ashgate 2004, chap. 6, The Justinian plage, p. 110-154.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 685-691. NAPLES, VILLE ET ATELIER MONÉTAIRE DE L’EMPIRE BYZANTIN : L’APPORT DES FOUILLES RÉCENTES*

par Alessia Rovelli

Les rares informations relatives aux trouvailles monétaires dans le centre historique de Naples s’enrichissent peu à peu grâce à des recherches archéologiques récentes. Ainsi, dix-huit chantiers de fouilles furent lancés à la suite du violent tremblement de terre qui frappa Naples en novembre 1980 rendant nécessaire la restauration de plusieurs espaces monumentaux situés au sein et à la proximité des murs de la cité antique 1. En 1997, l’ouverture d’une nouvelle ligne du métro a favorisé la mise en chantier d’un programme structuré de fouilles et de protection du patrimoine archéologique qui constitue aujourd’hui l’une des expériences d’archéologie urbaine les plus fécondes d’Italie. Les fouilles du métro ont également concerné des sites suburbains disposés le long de l’ancienne ligne de côte, ouvrant la voie à une analyse nouvelle de certains thèmes essentiels de l’histoire de la cité et de son rapport à la mer2. Les zones fouillées sont situées entre le promontoire de l’actuel Pizzofalcone, où dans la première moitié du viie s. av. J.-C. s’implanta l’epineion de Parthenope, et les limites de la plaine où, entre la fin du vie et le début du ve siècle av. J.-C., fut fondée la cité de Neapolis (fig. 1). L’enquête a permis de reconstruire l’évolution du paysage littoral et le dessin de la ligne de côte antique, localisant le site du port de Neapolis3 et identifiant

* J’aimerais exprimer ma gratitude à l’égard de Giuseppe Proietti, Soprintendente per i Beni archeologici di Napoli e Pompei, et Daniela Giampaola, directrice du projet de recherche, pour m’avoir confié l’analyse des monnaies. Je remercie en outre Vittoria Carsana, Franca Del Vecchio et Francesca Longobardo, qui ont conduit les fouilles, pour les indispensables informations sur les contextes pris en considération. Ma gratitude va également à Jean-Marie Martin, auquel je dois bon nombre d’indications bibliographiques communiquées au cours d’éclairantes conversations dans la bibliothèque de l’École française de Rome, et à Vivien Prigent qui a généreusement traduit mon article. 1. Les résultats de ces recherches sont discutés dans la synthèse de P. Arthur, directeur des fouilles : Naples, from Roman town to city-state : an archaeological perspective (Archaeological monographs of the British School at Rome 12), London 2002. 2. G. Galasso, Napoli e il mare, dans Itinerari e centri urbani nel Mezzogiorno normanno-svevo : atti delle decime Giornate normanno-sveve, Bari, 21-24 ottobre 1991, a cura di G. Musca, Bari 1993, p. 27-37. 3. V. Carsana et al., Evoluzione del paesaggio costiero tra Parthenope e Neapolis, dans V. Amato et collab. éd., Géoarchéologie de la péninsule italienne, Méditerranée 12, 2009, p. 14-22 ; V. Carsana

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 693-711. P713:Mise en page 1 05/05/11 08:55 Page1

COMMENT LES VÉNITIENS N’ONT PAS ACQUIS LA CRÈTE NOTE À PROPOS DE L’ÉLECTION IMPÉRIALE DE 1204 ET DU PARTAGE PROJETÉ DE L’EMPIRE BYZANTIN

par Guillaume Saint-Guillain

La Crète fut une possession vénitienne durant quatre siècles et demi – deux bons siècles de plus que n’y avait duré la seconde domination byzantine (961-1204) – et c’est du reste l’une des rares régions de Grèce où les traces de cette longue présence occidentale sont encore perceptibles dans l’architecture, la toponymie et les traditions locales. Nul n’est censé ignorer comment, avant de la faire passer effectivement sous leur coupe, les Vénitiens acquirent leurs droits sur l’île : les ouvrages spécialisés comme les manuels le répètent à satiété, la Crète leur fut vendue en 1204 par Boniface de Montferrat, lequel avait lui-même reçu ses droits sur elle l’année précédente, à titre de donation du futur et éphémère Alexis IV Angélos que les croisés, dont Boniface était le chef, s’en allaient remettre sur le trône de Byzance. De cette vente, on posséderait l’acte, le fameux « traité d’Andrinople », dit aussi Refutatio Crete. On en indique même souvent le prix : 1 000 marcs d’argent. En outre, cette explication s’accorde parfaitement à l’image qui demeure celle des Vénitiens pour une grande partie de l’historiographie (en particulier auprès des byzantinistes qui, en général, ne les aiment guère) : celle de marchands aussi avides que roués, doublés de diplomates habiles et intrigants. Au reste, un témoin sinon oculaire, du moins très proche des faits, Robert de Clari, signale qu’à l’automne 1204 le doge fut investi de divers territoires dont l’île de Crète par l’empereur Baudouin Ier de Flandre. Enfin, de cette vente, Giovanni Battista Cervellini a jadis présenté, dans un petit article aussi érudit qu’amusant, une preuve qui paraît tout à fait définitive : il en a produit la quittance1. Il semble donc qu’il n’y ait guère à s’étendre davantage sur la question, laquelle peut paraître somme toute plutôt secondaire : qu’importe au fond la base légale sur laquelle reposaient les droits des Vénitiens en Crète, quand l’essentiel est plutôt qu’au cours du siècle qui suivit la quatrième croisade ils soient parvenus, non sans mal d’ailleurs, à y imposer leur autorité au travers d’un système original de colonisation et de propriété

1. G. B. Cervellini, Come i Veneziani acquistarono Creta : a proposito di una tarda pretesa dei Gonzaga di Mantova, Nuovo archivio veneto 16, 1908, p. 262-278.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 713-758. DER BYZANTINISCHE RANGTITEL SEBASTOS IN VORKOMNENISCHER ZEIT

von Werner Seibt

Bekanntlich wurden die Kaiser des Prinzipats Imperator Caesar Augustus benannt, was Griechisch αὐτοκράτωρ καίσαρ σεβαστός lautete. Davon sank Caesar/καίσαρ bereits in der Tetrarchie etwas ab und wurde den präsumptiven Augusti zuerkannt, gewissermaßen fast als Mitkaiser der Hauptkaiser; später konnte von „Mitkaiser“ keine Rede mehr sein, auch wenn oft die Aussicht auf die Nachfolge im Vordergrund stand; jedenfalls war der Kaisar der höchste Würdenträger nach dem Kaiser, was bis in den Beginn der Herrschaft des Alexios I. Komnenos so blieb. Erst viel später, im 11. Jahrhundert, gaben die Kaiser das zweite Glied des alten Kaisernamens auf, nämlich Augustus/σεβαστός. Interessanter Weise war es zunächst eine Frau, die damit geehrt und gewissermaßen zur Quasi-Kaiserin erhoben wurde, wobei zu beachten ist, dass nur die griechische Form hier herangezogen wurde, nicht die lateinische, denn die Kaiserinnen, die Gattinnen der Kaiser, nannten sich weiterhin, zum Beispiel auf ihren offiziellen Siegeln, αὐγούστα.1 Nachdem der unwürdige Kaiser Michael V., der Neffe Michaels IV., durch einen Volksaufstand gestürzt und geblendet worden war, übernahmen die beiden Schwestern Zoe und Theodora, die letzten Nachkommen der „Makedonischen Dynastie“, die Herrschaft in ihrem eigenen Namen (21. April bis 11. Juni 1042).2 Möglicherweise wurde in diesen Wochen der viel diskutierte Miliaresien-Typus mit der Theotokos Nikopoios auf dem Avers geprägt, der zwar anonym ist, aber auf eine Samtherrschaft anspielt.3

1. E. g. seien die Siegel der Kaiserin Eirene Dukaina, der Gattin Alexios’ I. Komnenos (1081- 1118), oder der Maria Palaiologina, der Gattin Michaels IX. Palaiologos (1295-1320), erwähnt: W. Seibt, Die byzantinischen Bleisiegel in Österreich. 1, Kaiserhof (Veröffentlichungen der Kommission für Byzantinistik 2/1), Wien 1978, Nr. 28 u. 32; J. Nesbitt, with the assistance of C. Morrisson, Catalogue of Byzantine lead seals at Dumbarton Oaks and in the Fogg Museum of Art. 5, Emperors, patriarchs of Constantinople, addenda, Washington DC 2009, Nr. 89.1.-2. 2. Sehr wichtige Angaben zu den genauen Regierungsdaten der einzelnen Kaiser verdanken wir oft Kleinchroniken; zu Zoe und Theodora vgl. P. Schreiner, Die byzantinischen Kleinchroniken. 2, Historischer Kommentar (CFHB 12/2), Wien 1977, S. 143-147. 3. Vgl. W. Seibt, Welche Kaiser ließen das Miliaresion mit dem Nikopoios-Typus prägen?, Βυζαντινά 22, 2001, S. 149-154.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 759-764. HARD ON HERETICS, LIGHT ON LATINS : THE BALANCING-ACT OF ALEXIOS I KOMNENOS

by Jonathan Shepard

Professor Morrisson has, in her magisterial exegesis of the Palaia kai nea logarike,1 demonstrated the agility of Alexios I Komnenos in adapting denominations of coinage and fiscal methods to changed economic realities: he contrived to provide a flexible means of commercial exchange for his subjects, even while aiming to maximise state revenues. Such a balancing-act is a mark of Alexios’ statecraft. The following sketch concerns another aspect of Alexios I’s statecraft in the face of change and of the somewhat contradictory demands placed upon his leadership. The role of guardian of religious orthodoxy was axiomatic of any basileus. Yet Alexios went to extraordinary lengths to establish a personal reputation for himself as the castigator of religious error. Unusually, he sought to have this facet of his activities fully recorded in writing, in contrast with his marked antipathy towards composition of a general history of his reign.2 Besides launching trials of individuals accused of incorrect religious beliefs or teachings,3 Alexios took the initiative against what was apparently a full-blown heretical movement, the Bogomils. Reviewing these démarches, H.-G. Beck has observed: “military matters and love of theological dispute together with autodafé tendencies… made in his person a strange alliance.”4 Alexios vented his autodafé tendencies most flamboyantly and famously in a drive against the Bogomils in the City of Constantinople. The close attention which Alexios’ daughter pays to the episode in her Alexiad echoes the éclat which Alexios

1. C. Morrisson, La Logarikè : réforme monétaire et réforme fiscale sous Alexis Ier Comnène, TM 7, 1979, p. 419-464; repr. in her Monnaie et finances à Byzance : analyses, techniques, Aldershot 1994, no. 6. 2. According to Anna Komnena, Alexios “often” stopped her mother short when she tried to direct “the wise” to compose a historical record of his labours: Anna Komnena, Alexias, XV, 11, 1, rec. D. R. Reinsch et A. Kambylis (CFHB 40, 1), Berlin – New York 2001, p. 494. 3. On these trials, and investigations of individuals, see L. Clucas, The trial of John Italos and the crisis of intellectual values in Byzantium in the eleventh century, München 1981; M. Angold, Church and society under the Comneni, 1081-1261, Cambridge 1995, p. 50-54; D. Smythe, Alexios I and the heretics : the account of Anna Komnene’s Alexiad, in Alexios I Komnenos, ed. by M. Mullett and D. Smythe, Belfast 1996, p. 244-257; É. Malamut, Alexis Ier Comnène, Paris 2007, p. 198-218. 4. H.-G. Beck, Kirche und theologische Literatur im byzantinischen Reich, München 1959, p. 610.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 765-777. “OUR LORD AND FATHER” PEASANTS AND MONKS IN MID-FOURTEENTH-CENTURY MACEDONIA

by Kostis Smyrlis

Surprisingly little is known with certainty on the relations between dependent peasants, the paroikoi, and their lay or ecclesiastical landlords. This is true not only for the middle Byzantine period but also for the late one, when documentation from the countryside becomes relatively abundant. We know imperfectly what kind of rights and authority landlords possessed over their paroikoi. We do not understand very well the extent of the village community’s legal competence and we have a very vague idea regarding the peasants’ bargaining power or their resistance to their lords’ demands. Not only is our knowledge incomplete but it may often be simply wrong in the sense that we know practically nothing on how much these relations varied from place to place or how they evolved over time. I would like to explore here some of these issues, in particular peasant resistance and bargaining over dues and labor services, landlord authority and coercion, as well as local variation and evolution over time. The stimulus for this inquiry comes from the recent publication of certain documents kept in the archives of the Athonite monastery of Vatopedi. They date from the middle of the fourteenth century and provide rare information on these questions. Before I examine these texts, I will briefly discuss what we know or do not know on the relations between landlords and their paroikoi. The reasons for our imperfect knowledge of these relations are not difficult to see. Unsurprisingly there is no law regarding the issue. As it was the case with other important matters, middle and late Byzantine emperors did not promulgate any law to define, for example, the rights and obligations of the paroikoi. This does not only mean that we are lacking an important type of source, but also that the relations in question probably fluctuated and evolved more freely than they would have if they had been regulated. The closest we get to codification is when some late thirteenth- and early fourteenth-century property lists (praktika) indicate the number of days of labor service (angareiai) as well as some other dues the peasants had to provide to their landlord.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 779-791. NOUVELLES EULOGIES DE QAL‘AT SEM‘AN (FOUILLES 2007-2010)*

par Jean-Pierre Sodini, Pierre-Marie Blanc, Dominique Pieri**

La fouille des abords du lieu de pèlerinage a livré, associé à des structures inédites (bâtiments d’accueil et boutiques sur la voie sacrée et thermes : fig. 1), beaucoup de matériel stratifié (céramiques, monnaies, verres et objets métalliques) qui va contribuer à mieux éclairer l’histoire du site (cf. tableau 1). Tant que les sondages sont en cours, il est encore prématuré de tirer des conclusions, mais, pour les eulogies, – qui sont des jetons de terre mal cuite sur lesquels on a imprimé une image sainte et qui conservent au revers des empreintes de la paume du potier –, les trouvailles abondantes permettent de mieux apprécier la production du sanctuaire et dans certains cas, de le reconnaître comme la source de ce matériel, accueilli sans provenance archéologique dans un grand nombre de musées et de collections. Nous offrons, au nom des fouilleurs du site, à Cécile Morrisson, dont l’intérêt pour la Syrie est antérieur à nos travaux1 et qui est associée à notre aventure syrienne, à Déhès2 comme à Qal‘at Sem‘an3, ces prémices d’une étude à venir sur les eulogies découvertes sur ce site depuis 2007. Elles atteignent actuellement le nombre de 58.

∗ Nous remercions Jean-Luc Biscop, directeur de la mission, de nous avoir autorisé à publier ce matériel. Les photographies ont été faites par Pierre-Marie Blanc et par Amar Kennawi, conservateur au musée d’Alep et représentant de la DGAM de Syrie à la fouille de Qal‘at Sem‘an et Deir Sem‘an. Notre reconnaissance est vive à l’égard de la direction générale des Antiquités et des Musées de Syrie, notamment envers son directeur général, le Dr Bassam Jamous et le directeur des fouilles et des études archéologiques, le Dr Michel Al-Maqdissi. Une partie de ces objets a été restaurée par les soins du laboratoire de restauration du musée national de Damas. ∗∗ J.-P. Sodini, chargé de la publication des eulogies, P.-M. Blanc, responsable de la fouille des thermes, D. Pieri, responsable de la fouille de la via sacra. 1. C. Morrisson, Le trésor byzantin de Nikertai, RBN 118, 1972, p. 29-91. 2. Ead., Les monnaies, dans J.-P. Sodini et al., Déhès. Campagnes I-III (1976-1978), Syria 57, 1980, p. 267-287. 3. C. Morrisson et J.-P. Sodini, Niveaux d’occupation et de fréquentation d’un site de pèlerinage : Saint-Syméon des Byzantins aux califes, dans Le Proche-Orient de Justinien aux Abbassides, éd. par A. Borrut et al., Paris 2011, p. 123-138.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 793-812. BOWLS AND CUPS : CONCAVE COINS IN MEDIEVAL ITALY AND IN BYZANTIUM

by Alan M. Stahl

The concave fabric of Byzantine coins of the central and later Middle Ages is one of the most characteristic features of the coinage, but one that has been the subject of relatively little scholarly discussion. In a brief, but characteristically insightful communication to the Société française de numismatique in 1975, Cécile Morrisson set forth the basic nature of the phenomenon.1 In the course of the late ninth and tenth centuries, the diameter of the flan of the gold solidus was enlarged beyond the limits of the outer circular beaded border (grènetis) of the dies, causing the unstruck edges to move away from the flat plane. In the course of the eleventh century, this unevenness gave way to a distinctly curved fabric for the coin. In a groundbreaking article written in conjunction with specialists in metallurgy and mechanics, she examined the process of striking such a coinage from a mechanical point of view.2 The basic factor they related to the development of the concave fabric was the broadening of the flan and maintenance of a less broad die to economize on the mechanical energy necessary to strike coins of an alloy that was no longer pure gold.3 To make sure that the curve was consistent, the obverse (produced by the lower die) was always the convex side, and the reverse (upper) die had a slightly smaller diameter than the obverse. In order to avoid the creation of an angle between the struck and the unstruck part, the dies were probably made spherical. However, Morrisson and her collaborators admitted that the entire striking process appeared to be far from optimal.

1. C. Morrisson, La concavité des monnaies byzantines, BSFN 30, 1975, p. 786-88. I am very grateful to Mme Morrisson for the consistent support she has given to me throughout my career. I also wish to thank William R. Day, Jr., Michael Matzke, and Andrea Saccocci for their comments and access to the contents of the forthcoming volume 12 of Medieval European coinage. 2. F. Delamare, P. Montmitonnet, C. Morrisson, A mechanical approach to coin striking : application to the study of Byzantine gold solidi, in Metallurgy in numismatics. 2, ed. by W. A. Oddy (The Royal Numismatic Society. Special publication 19), London 1988, p. 41-53. 3. The decline in fineness of Byzantine gold coinage is documented in C. Morrisson et al., L’or monnayé. 1, Purification et altérations de Rome à Byzance (Cahiers Ernest-Babelon 2), Paris 1985, p. 200-50.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 813-820. P821:Mise en page 1 05/05/11 10:22 Page1

LE TYPE BYZANTIN AUX ORIGINES DU MONNAYAGE EN POLOGNE

par Stanisław Suchodolski

Les origines du monnayage en Pologne font l’objet d’une vive discussion. On admettait encore récemment que le premier souverain polonais à battre monnaie fut le prince Mieszko Ier (vers 960-992). Le début du monnayage était associé à son baptême en 966 et au début de la christianisation du pays. On attribuait à Mieszko trois types de monnaies marquées du nom plus ou Fig. 1 – Pologne, Mieszko II, fils de moins altéré de Misico. Les images représentées sur Boleslas le Vaillant (ca 1013-1025), ces monnaies – une croix, une main, un demi-arc diam. 19 mm. surmonté d’une croix – étaient interprétées comme des symboles sacrés. Parmi ces motifs, seul le demi-arc suscitait des débats. La plupart des chercheurs y voyaient un édifice de culte, imitation altérée de la partie supérieure de la chapelle représentée sur les deniers saxons de Magdebourg (Sachsenpfennige). D’autres chercheurs soutenaient que le demi-arc, flanqué de deux bâtons, représentait la couronne royale et attribuaient les monnaies au roi Mieszko II (1025-1034), fils de Boleslas Ier dit le Vaillant (Chrobry, 992-1025), petit-fils du prince Mieszko Ier (fig. 1). Une analyse approfondie de la chronologie des trésors contenant les plus anciennes monnaies polonaises a permis de résoudre ce problème sur une base nouvelle, indépendante de l’iconographie. Il s’est avéré qu’aucun des trésors renfermant les deniers marqués du nom de Mieszko ne fut enfoui avant 1017, alors que les trésors contenant les deniers de Boleslas le Vaillant peuvent être datés de la fin du xe siècle. Il en résulte clairement que les monnaies au nom de Mieszko ne sauraient être attribuées à Mieszko Ier. Cependant, le roi Mieszko II ne fut couronné qu’en 1025. Ainsi cette émission est à attribuer à Mieszko en tant que prince héritier vivant aux côtés de son père Boleslas le Vaillant. C’est donc ce dernier qui prit l’initiative de battre monnaie en Pologne1.

1. S. Suchodolski, Noch einmal über die Anfänge der Münzprägung in Polen, dans XII. Internationaler numismatischer Kongress, Berlin 1997 (vom 8. bis 12. September 1997) : Akten. 2, hrsg. von B. Kluge und B. Weisser, Berlin 2000, p. 978-982.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 821-828. PERSONAL POVERTY IN BYZANTINE MONASTICISM : IDEALS AND REALITY

by Alice-Mary Talbot

I. Monastic regulations on personal poverty Cécile Morrisson’s article of 2002, entitled “Coinage and money in Byzantine typika”, begins with the following quotation from the rule of Theodore of Stoudios: “You shall not possess anything of this world, nor store up anything for yourself as your own, not even one piece of silver”.1 As Dr. Morrisson rightly noted, this prohibition on the retention of personal property applied to individual monks, not to the monasteries themselves, which often held vast amounts of property and accumulated substantial financial reserves. She proceeded in her article to discuss ways in which monastic typika shed light on the terminology for Byzantine coinage and on the monetary economy. As a small tribute to our friendship and collaborative efforts over the past twenty years, I should like to use Theodore the Stoudite’s prohibition as the starting point for a short essay on the issue of private property and personal poverty for monks and nuns in Byzantium. The topic was studied some seventy years ago by Emil Herman in an article entitled “Die Regelung der Armut in den byzantinischen Klöstern.”2 In view, however, of the great amount of time that has passed since the publication of Herman’s article and the appearance of numerous relevant documents since that time, it seems worthwhile to reexamine the question. As will become readily apparent, the first part of this article draws heavily on the five-volume annotated translation of Byzantine monastic foundation documents, edited by John Thomas and Angela C. Hero,3 and the invaluable indices with which it is provided. I am greatly indebted to Dr. Thomas’ comments on the topic of personal poverty for monks and nuns found throughout his commentary; my contribution, I hope, will be to assemble the scattered information on this subject into one place, and then to compare the strictures of these normative texts with a few documented examples of Byzantine monks and nuns who can be shown to have retained private property.

1. C. Morrisson, Coinage and money in Byzantine typika, DOP 56, 2002, p. 263-275 at 263. 2. E. Herman, Die Regelung der Armut in den byzantinischen Klöstern, OCP 7,1941, p. 406-60. 3. Byzantine monastic foundation documents : a complete translation of the surviving founders’ typika and testaments, ed. by J. Thomas and A. C. Hero (DOS 35), 5 vols., Washington DC 2000 (hereafter cited as BMFD).

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 829-841. SOME THOUGHTS ON MINTS FROM UNPUBLISHED NOTES BY PHILIP GRIERSON

by Lucia Travaini

When I was invited to contribute to a volume in honour of Cécile Morrisson I was very glad indeed to have an opportunity to join the many who have appreciated and admired her intellectual achievements, generosity to other scholars and warm human qualities. A variety of possible topics came to mind, touching some of the different areas explored by Cécile Morrisson in her studies; in the end I decided to offer her a small contribution which contains some unpublished comments on mints made by our mutual friend and master Philip Grierson in 1999, and adding a few notes of my own. In Milan in October 1999 an international symposium was dedicated to the theme of mint buildings from antiquity to early Modern Europe (“I luoghi della moneta”).1 Both Cécile Morrisson and Philip Grierson were present and took part in the discussion. The proceedings were published in 2001 but the texts of the discussions were omitted. I later found the notes of the unpublished discussion, and this short paper gives me the possibility to honour Cécile, and remember at the same time Philip Grierson, hundred years from his birth (15 November 1910). The first paper addressed by Grierson was the one by on “The invisibility of Roman Imperial mints”.2 Burnett observed—here I quote his published text—that “mints were temporary or unimpressive structures”, and “an official mint cannot be distinguished from a forger’s one in terms of archaeological remains or even location, both were small and easily portable”. The exception was the imperial mint in Rome at the site of San Clemente, and Burnett observed that it was located in an area without important public function, and not within the area of the Palace and the Treasury (unlike what became a norm in the highly centralized mints of Venice or Florence in the

1. L. Travaini, I luoghi della moneta : storia di un convegno, in I luoghi della moneta : le sedi delle zecche dall’antichità all’età moderna : atti del convegno internazionale, 22-23 ottobre 1999, Milano, Milano 2001, p. 11-17. I am grateful to Benedikt Zäch for discussing some of the topics dealt with in this paper. 2. A. Burnett, The invisibility of Roman imperial mints, in I luoghi della moneta (cit. n. 1), p. 41-48.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 843-848. NUMISMATIC AND METROLOGICAL PARALLELS FOR THE ICONOGRAPHY OF EARLY BYZANTINE MARRIAGE JEWELRY THE QUESTION OF THE CROWNED BRIDE*

by Alicia Walker

Within the material culture of early Byzantium, a corpus of jewelry—including rings, pendants, and belts—depicts marriage iconography, which usually consists of a man and woman flanking a cross or figure of Christ. Much recent study has focused on the amuletic capacities of these objects and their possibly magical nature.1 Little attention has been paid, however, to the imperial nature of a number of marriage rings and belts, which depict one or both members of the bridal couple crowned.2 The present essay considers the close relationship of these objects to imperial numismatic and metrological imagery and the implications of these parallels.3 It is often proposed that Byzantine marriage rings functioned much as wedding rings do today, as ceremonial objects that bind the man and woman who exchange the ring(s).4 But early Christian and Byzantine texts do not

* This essay is offered with great affection for and in honor of Cécile Morrisson, whose commitment to interdisciplinary inquiry and support of a holistic approach to Byzantium are an inspiration. 1. See G. Vikan, Art, medicine, and magic in early Byzantium, DOP 38, 1984, p. 65-86; Id., Art and marriage in early Byzantium, DOP 44, 1990, p. 145-163; A. Walker, A reconsideration of early Byzantine marriage rings, in Between magic and religion : interdisciplinary studies in ancient Mediterranean religion and society, ed. by S. R. Asirvatham et al., New York 2001, p. 149-164; and Ead., Myth and magic in early Byzantine marriage jewelry : the persistence of pre-Christian traditions, in The material culture of sex, procreation, and marriage in premodern Europe, ed. by A. McClanan and K. R. Encarnación, New York 2002, p. 59-78. 2. Vikan acknowledges imperial elements in the iconography of some rings, but sees these parallels merely as evidence for the numismatic origins of the imagery. Vikan, Art and marriage (cit. n. 1), p. 149, 157 n. 100, and 158. 3. From the fourth century onward, coins were commonly adapted to serve as jewelry. Numismatic iconography was also copied in imitation medallions that were incorporated into belts and necklaces. See J.-A. Bruhn, Coins and costume in late antiquity, Washington DC 1993; M. M. Fulghum, Coins used as amulets in late antiquity, in Between magic and religion (cit. n. 1), p. 139-148; and H. Maguire, Magic and money in the early Middle Ages, Speculum 72, 1997, p. 1037-1054, esp. p. 1040-1042. 4. Vikan, Art and marriage (cit. n. 1), p. 146-148.

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 849-863. ON THE TITLES AND OFFICE OF THE BYZANTINE BAΣIΛEYΣ

by Constantin Zuckerman

L’histoire de ce titre impérial, telle que l’ont refaite – fortune unique – les vedettes actuelles de la byzantinologie, off re un édifi ant mélange d’opinions reniées ou rajustées par leurs auteurs au fur et à mesure des découvertes ou sur les instances de la critique. Le malheur veut en eff et qu’en raison du manque presque absolu de renseignements frais, les recherches de titulature se bornent le plus souvent à substituer aux anciennes hypothèses une ou plusieurs nouvelles et que celles- ci restent à la merci du moindre petit texte laissé inaperçu.1

Much has been said on the replacement, by Heraclius, of the Latin augustus by the Greek basileus as the official title of the Byzantine emperor in the intitulatio of a Novel from March 21, 629. The self-presentation of Heraclius and of his son Heraclius the New Constantine as πιστοὶ ἐν Χριστῷ βασιλεῖς, in a striking contrast to πιστοὶ ἐν Χριστῷ αὔγουστοι in an earlier Novel from November 1, 616,2 was the focal point of well-known essays by Louis Bréhier, John B. Bury, Georg Ostrogorsky, Irfan Shahid and others. No manual of Byzantine history fails to mention this highly symbolic transition. Scholars relate the use of the title basileus to the prevalence of Hellenistic heritage over Roman tradition, to the increasingly autocratic nature of the nascent Byzantine state, but mostly to the recent victory over Persia, to the demise of the “king of kings” and the influence of the Persian usage in general. A thorough review of the question by Evangelos K. Chrysos

1. V. Laurent, Notes de titulature byzantine, ÉO 38, 1939, pp. 355-370, see p. 355. 2. J. Konidaris, Die Novellen des Kaisers Herakleios, Fontes Minores V, Frankfurt am Main 1982, pp. 33-106, see pp. 84 and 72 for the respective quotes. The editor’s dating of the latter Novel in 617 (pp. 54-56), retained in Regesten der Kaiserurkunden des Oströmischen Reiches von 565–1453. 1, 1, Regesten 565–867, bearb. von F. Dölger, zweite Auflage besorgt von A. E. Müller unter Mitarb. von J. Preiser-Kapeller und A. Riehle (Corpus der griechischen Urkunden des Mittelalters und der neueren Zeit. A, Regesten, Abt. 1), München 2009, p. 63 (no. 172a [212]), is due to an oversight. The Novel dates from the calends of November, indiction 5 (616/7).

Mélanges Cécile Morrisson, Travaux et Mémoires 16, Paris 2010, p. 865-890.