Rapport Evaluation Rapide de Protection des PDI dans le cercle de Koro

Dernière mise à jour 30 Mars 2020 Dates de l’ERP Du 19 au 27 Mars 2020 Localités de départ :

- Villages de Wesse, Sokoro, Bolibana dans la commune de Baye (Cercle de , Région de ) : déplacement suite à des attaques - Villages de Nematoulaye, Nangatourou, Bolibana, Sodon et Were (commune de Baye, cercle de Bankass) ; Kéba, Dem-Orokana, Darsalam (commune de Sokoura, cercle de Bankass) ; Kambrin et Localités affectées Sokoro (commune de Koro, cercle de Koro) ; Gorou, Djourayèrou, Sirakoro, Bankouma, Anamoulakana,

Hamdallaye, Tolé, Bougoufeni, Bargou, Tièba, Monènè, Anakana (commune de Koporopen, cercle de Koro) : déplacements préventifs

Localités d’accueil : Communes de Koporona (Orogourou, Oropa), Koporopen (Samani, Tinasassagou) et (Dongolé, Guillassagou), Cercle de Koro, Région de Mopti.

L’évaluation rapide de protection a identifié 506 ménages soit 3044 personnes composées de : 772 Hommes, 828 Femmes, 1444 Enfants dont 879 Garçons et 565 filles. Les enfants qui se trouvent sur les sites d’accueil sont âgés de 0 à 14 ans.

Populations affectées Les populations déplacées incluent les communautés des villages de départ listés plus haut. Il est à noter que

des réfugiés burkinabés, initialement venus du village de Benkadi (département de Di, province de Sourou Région de la Boucle du Mouhoun, Burkina Faso) et qui se trouvaient dans les villages affectés se sont également déplacés avec les communautés locales. La mission d’ERP a été déclenchée suite à une alerte RRM lancée le 16 mars 2020 par ACTED, et confirmée au Déclencheur de l’ERP niveau du RRM par NRC le 17 mars 2020 après triangulation avec les points focaux communautaires et l’équipe de DRC présente dans la zone.

1

Cette alerte évoquait un mouvement de population survenu le 13 mars 2020 suite à l’attaque des villages de Wesse, Sokoro et Bolibana (commune de Baye, cercle de Bankass) par des hommes armés non identifiés. L’alerte estimait à 290 le nombre de ménages affectés par ces déplacements. Ces attaques se sont soldées par : - des pertes en vies humaines (6 personnes dont 5 hommes parmi lesquels 3 à Guillassagou, 2 à Dongolé commune de Dougoutene 1, cercle de Koro et 1 enfant décédé suit à des brulures à Tolé commune de Baye, cercle de Bankass) - des disparitions d’enfants : 5 enfants (garçons) portés disparus - au moins un cas de séparation familiale rapporté à Tinsassagou (commune de Koporopen, cercle de Koro) - des maisons et greniers incendiés, des bétails emportés dans les tous les villages attaqués ; - des menaces de mort et intimidations proférées contre les populations de ces villages.

Les informations complémentaires disponibles au 18 mars 2020 indiquaient l’arrivée, du 14 au 15 mars 2020, d’environ 50 ménages dans la commune de Koporona, 70 dans la commune de Koporopen et 170 dans la commune de Dougouténé 1 ; localités toutes situées dans le cercle de Koro. Des sources locales soulignaient la détresse des populations déplacées, affectées par la peur et le manque, même si les communautés hôtes de leur lieu d’arrivée les ont accueillies avec solidarité, leur fournissant toit et nourriture dans la mesure du possible.

Afin de comprendre au mieux les besoins de protection des personnes déplacées internes (PDI) au niveau des localités précitées, DRC a déployé une équipe pour réaliser une Evaluation Rapide de Protection, accompagnée d’une capacité de réponse immédiate à travers le soutien psychosocial aux survivant.e.s, et la fourniture d’une assistance individuelle de protection (IPA) aux personnes les plus vulnérables, selon les besoins identifiés.

Initialement prévue du 19 au 24 mars 2020, cette mission s’est finalement étendue jusqu’au 27 mars 2020 en raison de l’ampleur des besoins de prise en charge rencontrés sur le terrain.

La méthodologie utilisée pour la collecte des informations lors de la mission d’ERP inclue les éléments suivants : - Entretiens avec les ONG évoluant dans les zones affectées - Rencontre d’échange d’informations auprès de l’administration (CSREF, CSCOM & Mairie) Méthodologie - Utilisation des outils d’évaluation rapide de protection validés par le Cluster Protection - Organisation de 13 focus groupes de discussion à fins de collecte d’informations (6 avec les hommes de 35 à 60 ans ; 6 avec les femmes de 25 à 60 ans ; et 1 avec les jeunes hommes de 18 à 35 ans)

2

- Entretiens individuels avec les chefs de villages, leaders communautaire, personnes ressources (hommes, femmes et jeunes) ; au total 13 entretiens ont été réalisés - Observation communautaire - Agressions - Déni de - Risques de - Exode des - Conditions de vie physiques et ressources maladies dues adolescents vers difficiles sur le site en atteintes à - Pertes des biens aux conditions les communes raison de manque de l’intégrité matériels et de vie sur les urbaines (, service de base : santé, physique bétails sites d’accueil Sévaré et Koro) éducations, eau et - Assassinats - Abandon des (manque de pour des travaux assainissement - Violences récoltes et biens moustiquaires, de survie ; (insuffisance de psychologiques matériels insalubrité, - Déplacement latrines) et émotionnelles - Perte et manque de secondaire de - Besoins alimentaires, - Séparations abandon de bonne réfugiés burkinabés vestimentaires, NFI et Résumé des problèmes rapportés familiales documentation alimentation et venus du village de abris : moustiquaires, forcées civile abri précaire) Benkadi, nattes, ustensiles de - Présence des département de Di, cuisine ; insuffisance femmes province de Sourou d’espaces pour dormir, enceintes et Région de la Boucle. de nourriture. ayant récemment accouché qui manquent de consultation péri-natale Carte de la zone de Présentation du contexte l’ERP : Voir coordonnées A la date du 13 mars 2020, les villages de Wesse, Sokoro et Bolibana ont subi une attaque de groupes armés, GPS (zones multiples) qui visait les greniers de ces populations. A leur arrivée dans les villages, les groupes armés ont commencé par bruler les greniers pour décourager la population de rester sur place. Ils ont ensuite annoncé leur intention de Communes de Résumé de la revenir plus tard, et sommé la population de quitter les villages avant leur retour, sous peine de mort. Les Koporona (Orogourou, situation et témoins rapportent des menaces de mort, telles que : ‘la prochaine fois ça ne sera pas les greniers qu’on va Oropa), Lat : 48.862725 recommandations au Long : 2.287592 bruler mais plutôt les humains’. Ces violences, menaces et intimidations ont provoqué une grande peur chez Cluster Protection les victimes qui ont aussitôt commencé à faire leurs bagages avec ce qui était prenable et se sont dirigés vers

Koporopen (Samani, des localités du cercle de Koro où ils estimaient être moins en danger. Tinasassagou) : Lat 48.862725 A la suite de ces violences, les populations survivantes des villages attaqués se sont déplacées pour aller Long : 2.287592 chercher refuge dans différentes localités des communes de Koporona, Koporopen et Dougoutene 1 (cercle de Koro). Les populations des villages voisins des villages attaqués ainsi que les ressortissants burkinabés 3

Dougoutene I (Dongolé, présents dans la zone se sont également déplacés vers les communes de Koporona, Koporopen et Dougoutene Guillassagou). à titre préventif.

Lat : 48.862725 Les communautés déplacées proviennent des villages de Nematoulaye, Nangatourou, Bolibana, Sodon, et Long : 2.287592 Were (commune de Baye, cercle de Bankass) ; Kéba, Dem-Orokana, Darsalam (commune de Sokoura, cercle de Bankass) ; Kambrin et Sokoro (commune et cercle de Koro) ; Gorou, Djourayèrou, Sirakoro, Bankouma, Anamoulakana, Hamdallaye, Tolé, Bougoufeni, Bargou, Tièba, Monènè, Anakana (commune de Koporopen cercle de Koro).

Abandonnant leurs localités d’origine, les populations déplacées ont trouvé refuge dans les villages de Orogourou (commune de Koporona, cercle de Koro) ; Samani et Tinasassagou (commune de Koporopen cercle de Koro) ; Oropa, Dongolé et Guillassagou (commune de Dougoutene 1, cercle de Koro). Dès leur arrivée dans ces villages, les populations déplacées ont été accueillies par les communautés hôtes. Cependant les conditions de vie restent difficiles en raison du manque de nourriture, kits ménagers, kits d’hygiène, habits et couvertures. On note aussi des besoins importants de prise en charge en santé, qui demeurent une préoccupation pour toutes les communautés, hôtes et déplacées. Présentation/description du site de l’ERP Les PDI sont accueillis dans les villages d’ethnie dogon, dans les communes de Koporona, Koporopen et Dougoutene I (cercle de Koro). Les maisons d’accueil sont faites en banco et paille. Les services de base (santé, école, administration) sont absents. Tous les besoins sont gérés au niveau des chefs lieu des communes à savoir : santé, besoins administratifs, approvisionnement sur les marchés, et réponse aux difficultés de vie sur les sites avec l’appui et la disponibilité des communautés hôtes. Les forces de défense et de sécurité ne sont pas présentes dans les villages qui abritent les PDI. On note par ailleurs, la présence des milices d’auto-défense dans certains villages d’origine des déplacés (Wesse, Sokoro, Bolibana). Il a été constaté que tous les villages concernés par l’évaluation sont accessibles à travers des pistes rurales. Résumé des principaux résultats de l’ERP o L’ERP a identifié 506 ménages soit 3044 personnes composées de : 772 Hommes, 828 Femmes, 1444 Enfants dont 879 Garçons et 565 filles. Les enfants présents sur le site sont âgés de 0 à 14 ans On note la présence de 12 personnes vivant avec un handicap (visuel et physique). o Les PDI sont bien accueillis dans les localités d’accueil par les communautés hôtes, qui font preuve de générosité malgré de faibles moyens. Toutefois, ils font face à de nombreuses difficultés : besoins alimentaires, vestimentaires, NFI et santé. o On note une insuffisance de services sociaux de base de qualité : eau potable, hygiène, santé. o Les communautés déplacées affichent des sentiments d’inquiétude, de peur, d’angoisse et de stress élevé. Deux cas de santé mentale ont été identifiés et sont en cours de référencement pour une prise en charge appropriée. 4

o On note une absence d’espaces récréatifs appropriés pour les enfants. o Les groupes de discussion ont permis de savoir qu’il y a la présence de 70 femmes déplacées en état de grossesse, 3 femmes qui ont accouchées lors du déplacement, 4 femmes ayant accouchés à leur arrivée sur le site, 4 veuves ayant perdu leurs maris lors des attaques, Ces femmes n’ont pas accès aux soins de santé. o Il est également ressorti des FGD, la présence d’une femme qui a été victime de morsure de serpent lors du déplacement, de 2 personnes qui ont été victimes d’impact des balles à savoir une femme âgée de 76 ans et un homme de 51 ans : tous ont bénéficié de la prise en charge médicale au CSRef de Koro à travers une assistance de protection individuelle (IPA) fournie par DRC. Un enfant victime de brulure de troisième degré pendant l’attaque a été également pris en charge par DRC. o On déplore le décès de 4 enfants après leur arrivée sur les sites. Il a également été signalé la présence d’un enfant de 10 ans qui était muet mais serait également devenu sourd à la suite de l’attaque ; et celle de 2 femmes présentant des signes de troubles mentaux suite au déplacement lié à l’attaque du village de Wesse (commune de Baye). Recommandations principales - Assurer la continuité de la prise en charge psychosociale de PDI à travers des thérapies de groupes. - Mettre en place un espace d’éducation et de recréation pour les enfants - Déployer une équipe mobile de santé pour couvrir les besoins médicaux - Organiser une réponse immédiate et coordonnée pour couvrir les besoins des PDI (eau, santé, abri, NFI) dans les localités d’accueils. Sévérité de la 1 2 3 4 5 situation

5

Thème de Protection Résultat Commentaires Recommandations Les PDI qui se trouvent dans les communes de Koporopen, A l’endroit des acteurs humanitaires : Koporona, Dougoutene I se sont déplacées suite à l’attaque de - Apporter une assistance en leurs villages (villages de Sokoro, Wesse et Bolibana commune documentation civile (actes de de Baye, cercle de Bankass) par des hommes armés non naissance, cartes d’identité) identifiés le 13 mars 2020. On note dans leurs localités d’origine une forte présence des groupes armés qui sèment la terreur.

Ces attaques ont été marquées par : - l’assassinat de plusieurs hommes des villages attaqués (bilan imprécis, mais l’ERP a pu documenter au moins 4 femmes devenues veuves après que leurs maris sont décédés dans les Sécurité et protection attaques) ; générale - des disparitions d’enfants et des séparations familiales ; - des destructions de maisons, de greniers ; pertes de biens et de bétail (privation ou dénis de ressources); - des agressions physiques ; - des violences psychologiques et émotionnelles.

Les entretiens et FGD révèlent que plus de 75% des PDI ne possèdent pas des documents d’état civil et pièces d’identité. Ce chiffre monte jusqu’à 90% pour les enfants des PDI, qui ne disposent pas d’actes de naissance, restés dans les villages d’origines ou brulés lors des attaques. Outre les populations des villages de Sokoro, Wesse et Bolibana A l’endroit de l’Etat : (commune de Baye, cercle de Bankass) qui ont été attaqués, les - Entreprendre des actions habitant.e.s d’autres localités environnantes se sont également préventives de sécurisation des déplacés à titre préventif. Il s’agit des villages de Nematoulaye, zones où des alertes sont Nangatourou, Bolibana, Sodon, et Were, commune de Baye, cercle de Bankass ; Kéba, Dem-Orokana, Darsalam, commune de signalées ; Sokoura, cercle de Bankass ; villages de Kambrin et Sokoro, - Engager des actions de dialogue Mouvement de commune de Koro ; villages de Gorou, Djourayèrou, Sirakoro, et de réconciliation pour le population Bankouma, Anamoulakana, Hamdallaye, Tolé, Bougoufeni, retour définitif de la paix. Bargou, Tièba, Monènè, Anakana commune de Koporopen (cercle de Koro).

La menace d’attaque sur ces localités a poussé les populations, ainsi que les réfugiés burkinabés qui s’y trouvaient, à abandonner lesdites localités pour se réfugier dans les communes de

6

Koporona, Koporopen et Dougoutene I.

Ces mouvements de population ont entrainé le déplacement de 506 ménages soit 3044 personnes composées de : 772 Hommes, 828 Femmes, 1444 Enfants dont 879 Garçons et 565 filles. Ces populations se sont déplacées à pied, en charrettes, à bicyclette et en transport en commun.

Le déplacement en lui-même a été particulièrement éprouvant pour les personnes en situation de handicap, les femmes enceintes, les enfants et les personnes malades. 3 femmes enceintes ont accouché pendant le déplacement. Le déplacement a aussi été particulièrement dangereux pour les hommes, qui sont spécifiquement ciblés par les individus armés non identifiés.

Selon les entretiens et FDG, le chef de village de Bolibana n’a pas voulu effectuer le déplacement sous motif qu’il préfère mourir que d’abandonner sa terre qui l’a vu naitre. Après leur déplacement, les PDI ont envoyé les jeunes (filles et garçons de plus de 14 ans) pour récupérer quelques affaires personnelles et ustensiles de cuisine restant dans les greniers, mais ils ont été freinés par les éléments Donzo à Bani- pour motif qu’il y a un village proche de leur localité qui serait en cours d’attaque par des individus armés.

Sur le plan de la cohésion sociale, les PDI sont bien accueillis par A l’endroit de l’Etat et acteurs les communautés hôtes, avec qui ils partagent une même culture humanitaires : et appartenance ethnique. Grâce à ces connecteurs, ils sont bien - Organiser des activités qui visent intégrés et acceptés au sein des communautés hôtes. Les à renforcer la cohésion entre les communautés hôtes leur apportent une assistance pour des PDI et les Communautés hôtes Cohésion sociale besoins alimentaires, vestimentaires et de logements, dans la mesure des moyens dont elles disposent. - Apporter une aide matérielle (alimentaire, vestimentaire, kits Malgré ces bonnes relations, il ressort très souvent des et abris) aux populations discussions de groupe avec les PDI le besoin de retourner chez déplacées aux populations soi car ils ont tout abandonné en hâte lors de leur déplacement. déplacées, afin de soulager les

7

Certains ne se sentent pas à l’aise, surtout les enfants qui ne ressources déjà limitées des cessent de répéter qu’ils veulent retourner dans leurs localités. communautés hôtes et mitiger le risque d’un envenimement des Les communautés hôtes disposent de moyens très limités. En relations à la longue. l’absence d’assistance humanitaire rapide, le risque de pénurie de denrées locales pourrait mener à des tensions entre communautés hôtes et populations déplacées. Ce risque serait encore plus élevé, dans le contexte de sanitaire de COVID-19, si un cas venait à se déclarer localement, avec le risque qu’une méfiance s’installe entre PDI et communautés hôtes.

On note la présence d’environ 1444 enfants (garçons et filles) A l’endroit du Sous-Cluster Protection majoritairement âgés de 0 à 14 ans. Les adolescents de plus de de l’Enfant : 14 ans sont, pour la plupart, envoyés à la migration forcée, pour - Créer un Espace temporaire de des raisons économiques afin de soutenir leurs parents. De plus, recréation pour les Enfants 5 enfants – tous des garçons – sont portés disparus à la suite des - Doter aux enfants des chaussures attaques ; pour l’instant, aucune information n’est disponible à leur sujet. et habits

Au niveau des villages, les enfants sont exposés à des risques de A l’endroit du Cluster Education : maladies dues au manque de moustiquaires, d’habits et de - Mettre en place des centres chaussures. Tous les enfants des différents villages visités sont d’apprentissage et d’éducation déscolarisés. Ceci était déjà le cas dans leurs villages d’origine, où pour les enfants les écoles sont fermées en raison de l’insécurité. Cette situation Protection de l’enfance persiste sur les sites d’accueils, où les enfants PDI n’ont pas accès à l’éducation, non seulement à cause du contexte sécuritaire mais aussi du fait de la fermeture des écoles décrétée dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de COVID-19. Aucune disposition n’est prise pour l’instant pour leur réinsertion dans le système scolaire.

Les enfants passent une grande partie de leurs temps à jouer dans la rue sans aucun encadrement. Ainsi, ils s’exposent à des risques des maladies et blessures. De plus leur liberté de mouvement est limitée aux sites d’accueils, ils ne peuvent aller au-delà des agglomérations.

8

En termes de documentation, 90% des enfants présents dans les villages d’accueil ne disposent pas d’actes de naissance en raison des attaques et du déplacement. En effet, tous les documents sont restés et/ou ont été incendiés dans les villages d’origine.

L’ERP a noté des vulnérabilités spécifiques liées au genre telles A l’endroit des acteurs humanitaires de que : santé : - Le ciblage spécifique des hommes par les groupes armés - Assurer une prise en charge attaquant les villages ; et - Les besoins spécifiques des femmes enceintes et ayant médicale des femmes enceintes Violences basées sur le récemment donné naissance, en termes d’accès aux soins et un suivi post-natal des genre de santé. femmes ayant accouché pendant le déplacement et de leurs bébés En revanche, aucun incident de violence sexuelle ou basée sur le genre n’a été rapportée lors des déplacements ou sur les sites d’accueil. Parmi les personnes à besoins spécifiques, la mission a identifié : A l’endroit des acteurs humanitaires : - 70 femmes enceintes, dont 3 ont donné naissance - Suivre et assurer la couverture des pendant le déplacement et 4 à leur arrivée sur les sites besoins des personnes à besoins d’accueil ; spécifiques. - 12 personnes vivant avec un handicap dont un enfant muet qui aurait également perdu l’ouïe à la suite des Personnes à besoins attaques ; spécifiques - 7 personnes aveugles (3 hommes et 4 femmes) ; - 4 personnes souffrant de handicaps physiques (3 hommes et 1 femme).

Les personnes à besoins spécifiques sont bien suivies par la communauté, sans aucune discrimination. Cependant, elles ne bénéficient d’aucune prise en charge médicale sur les sites. A leur arrivée dans les lieux d’accueil, l’état psycho-émotionnel A l’endroit des acteurs humanitaires : des survivant.e.s est marqué par une profonde détresse, avec - Assurer la prise en charge des sentiments de peur, d’angoisse, de stress, d’inquiétude, psychosociale à travers les Ressenti psychologique d’insécurité, et d’impuissance, en plus de l’anxiété liée au fait de groupes de parole et suivis devoir s’adapter à une vie de déplacé. individuels

- Renforcer les capacités des Malgré leur déplacement vers les villages d’accueils, les PDI acteurs communautaires et 9

redoutent d’être à nouveau la cible d’attaques. Certaines services techniques sur les personnes se sont isolées en raison de la peur, du sentiment premiers secours psychologiques d’impuissance et des difficultés à surmonter le traumatisme lié à et l’approche psychosociale. l’attaque. Des cas de cauchemars sont aussi rapportés. Presque - Assurer le suivi des cas de toutes les couches des populations déplacées sont affectées par violations signalés cette situation (hommes, femmes, filles et garçons).

D’autre part, il a été remarqué que la plupart des enfants PDI se sentent mal à l’aise car ils se trouvent dans un environnement inconnu, avec une perte de repères.

Les leaders communautaires au niveau des villages d’accueil apportent tout leur appui aux PDI et les rassurent de leur disponibilité et de celle toute la population pour les aider à surmonter les difficultés qu’ils traversent.

Dans le cadre de cette ERP, DRC a déployé une réponse immédiate de soutien psychosocial à travers : - Les premiers secours psychologiques - La prise charge psychosociale à travers les groupes de paroles

Dans le cadre du suivi psychosocial, il est prévu de déployer une mission de suivi de prise en charge psychosociale dans les communes de Dougoutene 1, Koporona et Koporopen. Toutefois les besoins restent importants. Les PDI ont été bien reçus par les communautés hôtes, qui les A l’endroit des acteurs humanitaires : accueillis sous leurs toits. Toutefois, ils n’ont pas accès aux - Assurer les besoins vitaux sur site services de base, notamment dans les domaines de la santé, du (hygiène, nourriture et santé) WASH et de l’éducation. - Apporter un appui en NFI (kits de

cuisines, moustiquaires, habits et Accès aux services de Situées dans les villages, les maisons d’accueil sont pour la base plupart faites en banco et en paille. Les conditions d’accueil sont nattes, chaussures pour les sommaires. Le manque d’eau potable et de kits d’hygiène (savon, enfants) de kits d’assainissement) pose des problèmes d’hygiène et de salubrité. Avec l’arrivée des premiers cas de COVID-19 au et A l’endroit des acteurs de santé : la proximité du Burkina Faso déjà fortement affecté, les - Déployer une unité mobile dans

10

conditions d’insalubrité sur les sites d’accueils représentent un les villages afin de couvrir les risque sanitaire accru, et ce bien qu’aucun cas de COVID-19 ne besoins médicaux soit déclaré dans la région de Mopti à ce jour. - Sensibiliser les PDI et En plus de ces besoins prioritaires, les PDI ont également des communautés hôtes pour la besoins liés à l’habillement, kits de cuisines, nattes, couvertures, prévention du COVID-19 moustiquaires et denrées alimentaires.

DRC a fourni une assistance en NFI et médicale à travers A l’endroit des acteurs du WASH : l’assistance de protection individuelle (IPA), mais les besoins - Faire des adductions d’eau sur restent encore énormes. les sites - Rendre fonctionnelle les latrines Au moment de l’évaluation, aucune réponse humanitaire n’était des sites. présente sur le terrain, hormis celle de DRC (IPA et PSS). Comme mécanisme d’adaptation, les communautés ont créé un A l’endroit du Cluster Abri : environnement protecteur à travers une chaine de solidarité et - Engager des actions de dotation d’entraide. Elles ont mis en place un mécanisme de cohabitation des PDI en tentes mobiles pacifique au sein des villages d’accueil, avec le soutien de la Mécanismes d’adaptation communauté hôte. Dès leur arrivée dans les villages d’accueil, les PDI se sont mis à construire des abris provisoires avec des pailles, briques en terre et bois.

11