Atlas pratique des paysages d’ / fiche ensemble de paysage Les campagnes d’altitude 4 Bas-Livradois 04

« Sous les immenses surfaces 1. SITUATION 2. GRANDES COMPOSANTES forestières des sommets aplanis, de DES PAYSAGES Au cœur du département du Puy-de-Dôme, longues croupes molles se détachent cet ensemble de paysages assure une transition 2.1 Un agencement composite de pla- et paraissent plus aimables. Elles sont entre les paysages de la plaine des Limagnes du teaux, de bassins d’effondrement et encore revêtues de bois sur les pentes Brivadois (6.04) et du Billomois-Comté (6.03) de nombreux cours d’eau au bas des versants, mais portent et ceux des plateaux du Haut-Livradois (2.02). Ses limites sont peu affirmées aussi bien du Le Bas-Livradois est un pays de transition entre sur les « dos de pays » des surfaces côté est que du coté ouest. C’est un territoire le Haut-Livradois et les contrées environnantes. agricoles et une foule de hameaux et intermédiaire entre la plaine et la montagne C’est un agencement complexe entre les nom- de maisons isolés. Tel est le Moyen et où les nombreux vallons ont servi de voies de breux bassins d’effondrement sur ses franges le Bas-Livradois, avec ses lanières de communication. L’organisation des terroirs sur (, Saint-Dier-d’Auvergne, St-Amant- un mode simple structure fortement les pay- Roche-Savine...) et les plateaux en son centre paysage agricole surmontant les gorges sages : des replats (ou croupes) allongés, sou- (plateaux agricoles de Saint-Genès-la-Tourette, forestières. » vent étroits, qui portent les cultures et les vil- la Chapelle-sur-Usson, Chaméane...). L’abon- Guy BOUET et André FEL, Atlas et géographie lages, des bassins (Cunlhat, Saint-Dier...) et des dance des petites vallées dont les cours d’eau de la moderne, LE MASSIF CENTRAL, versants de vallées encaissés et laissés à la forêt. s’échappent vers la vallée de la Dore, le Billo- Éditions Flammarion, 1983 mais-Comté et la vallée de l’Allier par la plaine Cet ensemble appartient à la famille de pay- de découpent le plateau en de sages : 4. Les campagnes d’altitude. nombreuses petites unités qui génèrent une im- pression d’ensemble fragmenté, dont il est diffi- Les unités de paysages qui composent cet en- cile de saisir une image globale en une seule fois. semble : 4.04 A Collines du Livradois / 4.04 B Bassin de Saint-Dier / 4.04 C Bassin de Cunlhat / 2.2 La vraie particularité des pay- 4.04 D Plateau de Montboissier / 4.04 E Buttes sages du Bas-Livradois : des espaces de la Garde / 4.04 F Bassin de Sauxillanges / 4.04 ordinaires hétéroclites conférant G Plateau des Liards / 4.04 H Plateau de la Cha- l’image d’une campagne accueillante pelle-sur-Usson / 4.04 I Plateau du Vernet / 4.04 J Collines de . Pays ondulé et torturé par de nombreux cours

DREAL Auvergne www.paysages.auvergne.gouv.fr Février 2015 page 2 / Les campagnes d’altitude / Bas-Livradois 4.04

d’eau, on peut voir dans le Bas-Livradois une de la forêt de feuillus, les vallons humides et Urbanisme rural ancien : le hameau à couderc multitude d’éléments hérités d’une activité fleuris, les prairies plates en contrebas des ha- Le hameau de est bâti autour de son cou- agricole diversifiée encore relativement pré- meaux, la ripisylve, les bas côtés herbus et fleu- derc, un vaste espace herbu très dilaté. Les ha- sente : bocage, arbres isolés, vergers, jardins, ris de la route, les poteaux électriques de bois... meaux à couderc sont des formes historiques vignes, prairies, chemins, ripisylves... Cet en- tout contribue à générer une impression de « de l’urbanisme rural. Le couderc était un espace semble hétéroclite (que d’aucuns pourraient belle campagne ». L’état relativement simple communautaire qui était utilisé comme lieu de qualifier métaphoriquement de «mosaïque de la route (non « améliorée ») participe clai- pacage à usage collectif ou lieu de rassemble- d’espaces») constitue la particularité ordinaire rement du «tableau». La vue en contreplongée ment des bêtes. C’était une sorte de «place ru- de l’ensemble de paysages du Bas-Livradois, lui légère sur le hameau éloigné des Fourguis ali- rale». En bordure du couderc, un petit bosquet conférant l’image d’une campagne accueillante. mente ce genre d’impression. Implantées sur utile de chênes et de pins et un étang ont été un promontoire, les constructions de schiste maintenus. Ce sont des composantes impor- 2.3 La richesse paysagère du Bas- sombre, agglomérées dans la pente rappellent tantes du hameau. Livradois a quelque chose à voir l’image du bâti cévenol. avec les impressions laissées par ses La couleur rouge sang de la pierre et le climat. bourgs et hameaux Effets atmosphériques et silhouettes Les maisons de Royat ont été construites avec En remontant la route départementale 53 en une pierre de couleur rouge. Sur le couderc, un En voici cinq exemples : direction d’, entre deux averses, l’air petit écriteau indique que « la couleur rouge humide génère des vues atmosphériques de la sang et rosée des matériaux de construction Le hameau dans le relief campagne légèrement vallonnée. La silhouette est liée à un épisode climatique tropical sur- Le long de la petite route, dans le vallon depuis sombre du bourg d’Isserteaux apparaît dans un venu entre 65 et 40 millions d’années. Les deux la Farge jusqu’à la Beauté, la manière dont les monochrome de verts brumeux sur une butte. oxydes de teintes rouges, le fer et l’aluminium hameaux ont été implantés par rapport aux re- Le moindre bâtiment agricole ou la moindre se sont concentrés à l’époque à la surface liefs, la densité des arbres qui les environnent, maison construite à l’écart de cette silhouette des roches cristallines. Chaque maison est la présence plus ou moins rapprochée et dense détonne. construite en arkose rose et parfois en argile rouge, presque cuite, qui ont sédimenté, après transport de l’eau, dans des lacs qui occupaient le secteur de Royat, de Saint-Dier-d’Auvergne...

Les « serves » des hameaux Sur le couderc du Coin par exemple, près de Cunlhat, une serve a été aménagée il y a long- temps. Les serves étaient des petites mares d’une dizaine de mètres carrés qui permet- taient de capter un peu d’eau pour les bêtes. Elles étaient très entretenues. Aujourd’hui, ayant perdu leur fonction première, certaines ont été envahies de roseaux et de massettes. À Perrier, un hameau voisin du Coin, une autre serve a été aménagée à l’écart, au bord de la route dans un champ.

2.4 La richesse paysagère du Bas- Livradois : diversité des modes de présence de l’arbre

• Arbres de champ isolés, aux silhouettes qui focalisent les regards (chênes, pins, châtai- gniers...) ; • Arbres feuillus des lisières anciennes qui découpent leurs frondaisons sur les fonds plus sombres des bois (châtaigniers, hêtres, frênes) ; • Quelques haies ou alignements le long des Silhouette du château de Mauzin, sentinelle du Bas-Livradois ruisseaux ; Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 3

Panorama sur le Bas-Livradois depuis «les deux frères»

• Des alignements importants en bord d’al- On parle de Saint-Flour-l’Étang bien qu’officiel- cisterciens ont laissé beaucoup de vestiges lées accédant à des châteaux (Meydat, Li- lement le nom n’ait pas encore changé. Beau- d’aménagement dans le territoire du Livradois. berty, Martinanches...) ; coup des étangs sont anciens (celui de Saint- Ils ont notamment aménagé de nombreux • Des arbres de villages : chênes, tilleuls... ; Flour est localisé sur la carte de Cassini) et sont étangs pour l’élevage des carpes ou l’alimenta- • Des lambeaux de hêtraies ; des éléments fondamentaux des paysages des tion en eau des moulins. • Des prés-vergers... habitants du Livradois. Superposition 3 : les marchés 2.5 La richesse paysagère du Bas- 2.6 Superpositions du «paysage clu- Les marchés apparaissent toujours comme Livradois : présence des étangs nisien» avec la vie ordinaire des des éléments contemporains de vie ordinaire. habitants aujourd’hui Du fait de leur caractère nomade et tempo- Il y a beaucoup d’étangs aménagés par les raire, on ne les regarde jamais comme des hommes en Livradois. On peut en identifier au L’apparence actuelle du Livradois doit large- traces actuelles de pratiques très anciennes. Le moins quatre sortes en fonction de l’époque de ment à l’esprit aménageur des clunisiens au marché de Cunlhat par exemple a été instauré leur construction : Moyen Âge. Les cisterciens sont une branche par les moines au 13e siècle tous les mercredis, • le vieil étang au bord des hameaux ruraux des moines bénédictins de Cluny dont le pro- pratique qui perdure encore aujourd’hui. C’est comme à Royat ; pos a été de retourner à des principes épurés une autre forme de vestige de ce «pouvoir • les petites réserves pour l’incendie basés sur le travail de la terre et l’aménage- aménageur» du Moyen Âge en Livradois. Les construites il y a une trentaine d’années au ment. Les cisterciens ont été de grands amé- marchés sont des traces de pratiques paysa- bord de nombreux villages ; nageurs du territoire. Le secteur a été marqué gères anciennes, plus ou moins importantes • les serves sur les coudercs des hameaux ; fortement par leur présence. dans certaines régions. Il existe peu d’équiva- • les grands étangs construits par les cister- lent de formes d’aménagement relativement ciens au Moyen Âge. Superpositions 1 : l’espace urbain réversibles et relevant d’un mode d’activité Une partie de l’histoire du Livradois pourrait Le fondateur de Cluny III est originaire de Sau- ambulant dans le territoire. Certaines formes être racontée par le biais des étangs et des xillanges où était construite une grande abbaye d’installations potagères (celles isolées à l’écart serves qu’on y trouve et qui disparaissent pro- au Moyen Âge. Il reste à Sauxillanges des ves- des villages) peuvent d’une certaine manière gressivement. L’exemple de la création du nom tiges datant de mille ans, dans les espaces pu- en être rapprochées. Les installations des de la commune de Saint-Flour-l’Étang est assez blics ou cachés à l’intérieur d’immeubles, de gens du voyage sont évidemment les signes éloquent quant à leur importance dans la vie maisons particulières, de caves, de jardins... les plus lisibles de ces pratiques d’aménage- ordinaire des habitants. L’usage oral a modifié ments temporaires. Les foires aux bêtes sont progressivement le nom de la commune pour Superposition 2 : Les étangs aussi de grandes occasions qui déplaçaient éviter la confusion avec Saint-Flour du Cantal. Au-delà des bâtiments plus visibles, les moines par le passé les populations à travers le terri- page 4 / Les campagnes d’altitude / Bas-Livradois 4.04

Sur épaulement le village de La Chapelle-sur-Usson toire auvergnat. Aujourd’hui, les rendez-vous 2.8 L’impression étrange «d’espace (comme les arbres et les haies, les hameaux, « événementiels » urbains relèvent des mêmes intermédiaire» : exotisme de proxi- les serves et étangs...) et qui sont d’autant plus processus. Les pratiques liées à la montée en mité et secret marquants que s’accentuent la régression des estive ont aussi quelque chose à voir avec cela pratiques agricoles et la superposition des sur un tout autre plan. Le territoire du Bas Livradois a toutes les qua- formes d’aménagement récentes à celles plus lités d’un espace que l’on peut qualifier «d’in- anciennes des clunisiens... Tout ceci souligne 2.7 «Vestiges» de constructions du termédiaire». Ils sont rares en Auvergne. Il est ce caractère étrange d’espace à la fois acces- passé : les souterrains annulaires le négatif d’une sorte de territoires que l’on sible et pourtant lointain qui est souvent le du Livradois peut appeler «de marge» ou «de confins» propre des espaces intermédiaires. Une forme qui particularisent clairement certains espaces d’exotisme de proximité et une ambiance de Non loin de Cunlhat, un souterrain a été dé- auvergnats comme par exemple le plateau du secret caractérise cet espace du Bas-Livradois couvert au bord d’une petite route de cam- Mézenc où celui de l’Aubrac, ou encore dans qu’Henri Pourrat appelait «le grand pays des pagne isolée, près d’une ferme. Il avait été un autre registre la vallée du Chavanon à paysans». oublié comme tous les souterrains que l’on l’ouest du département du Puy-de-Dôme. redécouvre progressivement souvent par ha- Cette impression d’espace intermédiaire est sard. Un résistant paysan, dont la maison était plus difficile à saisir que celle d’espace de 3. MOTIFS PAYSAGERS à quelques mètres, l’a utilisé pour cacher des marges. Les limites de l’ensemble sont rela- armes parachutées par un avion britannique tivement floues, ceci du fait d’une part de la 3.1 Les plantations de résineux en 1944. À l’occasion de travaux d’assainisse- douce fragmentation induite par la profusion ment, un autre souterrain annulaire a été dé- des vallons et des cours d’eau, et d’autre part Dans les vallons et sur les reliefs, les résineux couvert sur le plateau du Livradois. Il a pu être de la progressivité d’un relief assez doux, on- ont gagné du terrain, réduisant la prégnance visité et photographié. C’est une construction dulé et moyennement élevé. Le Bas Livradois d’ambiance paysanne de la campagne du Bas- creusée dans la roche, de faible hauteur, une est de plus un espace qui n’est ni trop loin ni Livradois. sorte de couloir qui se finit par un anneau. trop près des zones très habitées d’Auvergne, Beaucoup ont été découverts dans la Mon- qui est en bordure des Limagnes ou de val- 3.2 Les bassins d’effondrement tagne bourbonnaise dans l’Allier (ensemble de lées très actives tout en n’étant pas si simple paysages 2.01). Personne ne sait l’usage et le d’accès, qui subit des variations climatiques Les petites vallées descendant vers la plaine sens qu’ils avaient. Ne restent que des hypo- induites par le changement d’altitude par rap- ont une réelle qualité d’ambiance quand elles thèses et le mystère qui entoure cette forme port à la plaine pourtant proche. Il présente ne sont pas fermées et rendues inaccessibles d’aménagement mystérieuse. tous les éléments ordinaires variés qui consti- par des boisements (ruisseaux, cascades, tor- tuent une vision de campagne «modèle» rents, parcours de pêche...). Atlas pratique des paysages d’Auvergne / fiche ensemble de paysage / page 5

3.3 Les prés-vergers

Dans les années 1930, le Puy-de-Dôme a été le premier département producteur de pommes. Le Bas-Livradois occupait sa place dans la production des fruits avec notamment sa variété adaptée aux conditions climatiques : la Feuillue. Si dans les vallées, les pré-vergers se sont transformés en vergers intensifs, des prés-vergers subsistent dans le Bas-Livradois et contribuent à l’atmosphère paysanne de l’ensemble de paysages.

3.4 Le couderc des hameaux et des bourgs

Le hameau de Royat, par exemple, bâti autour de son couderc est un exemple type d’urba- nisme rural des campagnes du Bas-Livradois (cf. Grandes composantes des paysages, 2.3. La richesse paysagère du Bas-Livradois : bourgs et hameaux...). Étang de Saint Flour

3.5 Les silhouettes des hameaux sur 4. EXPÉRIENCES ET 4.4 Le village d’Usson les reliefs ENDROITS SINGULIERS Perché sur les flancs d’un relief basaltique, le La position des hameaux ou des installations 4.1 Le site du château de village d’Usson est un surprenant belvédère humaines sur les reliefs parsèment le territoire panoramique. du Bas-Livradois de silhouettes diverses, de- La silhouette fantomatique des ruines du châ- venant fantomatiques dés que l’atmosphère teau de Mauzun apparaît souvent dans la brume 4.5 La zone pavillonnaire construite s’assombrit et se voile : Usson, château de au fond des prés. Les escaliers et les tours ont dis- dans l’ancien enclos de jardins Mauzun, Saint-Jean-des-Ollières... paru dans le courant du 20e siècle. Le château est vivriers maintenant une propriété privée. Il est construit sur un promontoire qui surplombe la plaine de À la limite du bourg de Sauxillanges, une petite . Si bien que sa silhouette dominatrice, zone pavillonnaire a été aménagée à l’intérieur visible de loin, est un point d’orientation im- d’un enclos de murs anciens de jardins vivriers. portant des habitants du territoire. Le château La rue qui dessert les pavillons dans l’enclos a de Mauzun se pose comme «la sentinelle du Li- été nommée impasse des jardins. Une petite vradois». Une «porte» entre le pays de la plaine construction rurale bigarrée plus ou moins an- céréalière et celui des éleveurs de la montagne. cienne en pierre enduite réhaussée de trois ni- veaux de briques a été préservée à l’entrée de la 4.2 Saint-Dier-d’Auvergne zone. De nouveaux murets ont été construits pour séparer les terrains des pavillons. La su- Le centre religieux de Saint-Dier-d’Auvergne perposition crée une ambiance de zone d’ha- est rattaché à l’abbaye de la Chaise-Dieu. Il fait bitation curieuse. La présence des murs anciens partie du réseau de sites casadéens qui parsè- et la fonction ancienne du lieu n’a pas eu de ment le territoire du Livradois. conséquence sur le modèle de constructions et d’aménagements utilisé. Il y a beaucoup d’enclos 4.3 Le château des Martinanches autour du vieux bourg de Sauxillanges, au point que si la ville veut s’étendre avec des construc- À quelques kilomètres de Saint-Dier, le château tions nouvelles comme le font les autres bourgs, d’origine médiévale des Martinanches entouré il faut construire dans les jardins. Les jardins en- d’une douve, est positionné dans une dépres- clos, particularité des siècles précédents, dispa- Église de sion qui le rend peu visible. raissent sous le nouveau développement urbain. page 6 / Les campagnes d’altitude / Bas-Livradois 4.04

Petite plaine du ruisseau des Martinanches avant sa confluence avec le Miodet

4.6 L’église hétéroclite de Manglieu 5. CE QUI A CHANGé OU Le développement urbain en péri- EST EN TRAIN DE CHANGER phérie des villages et l’abandon des Sur la place du village de Manglieu, l’église, cœurs anciens dont certaines parties datent du 7e siècle, est Le recul de l’activité agricole Par exemple, à Cunlhat, un lotissement a été l’une des plus anciennes d’Auvergne. Le bâti- Il a conduit à une certaine perte de diversité aménagé sur un verger dans les années 1970. ment est une accumulation de constructions, des éléments qui constituent la particularité Les arbres fruitiers ont disparu. Autre exemple : reconstructions et ajouts au cours du temps. ordinaire des paysages du Bas-Livradois. La après Estandeuil, sur la route départementale Ces ajouts sont bien visibles du fait de la grande «mosaïque d’espaces» (bocage, vergers, prai- 337 en direction de Mauzun, la route pano- différence de couleur des pierres utilisées sur les ries, cultures, jardins...) tend à s’homogénéiser. ramique a été «colonisée» par des maisons murs extérieurs. Un bâtiment en pierre rouge Beaucoup de vergers sont à l’abandon, les par- individuelles et de petits collectifs de maisons semble construit sur un autre en pierre ocre. celles accidentées ou pentues sont souvent lais- jumelles. Elles font un premier plan nouveau à C’est un cas rare où un œil non expert a accès sées en friche. cette vue. Le long de la route, des murs enduits facilement à ces superpositions historiques et ont été érigés en limite de terrains. au caractère composite des bâtiments religieux L’intensification agricole sur les qui nous entourent. plateaux la désaffection collective à l’égard La légende dit qu’un prêtre revenant de Rome Par exemple, les grands champs de culture cé- des étangs : perte progressive des avec un sachet contenant des cendres d’un réalière sur le plateau de la Chapelle-sur-Usson. pratiques socio-économiques atta- Saint, après s’être reposé au pied d’un arbre L’ambiance de paysannerie et de campagne chées sur lequel il avait suspendu le sachet, ne pou- décrite par Henri Pourrat dans les années 1950 Certains aménagements actuels traduisent une vant le détacher de la branche, décida d’y faire a longtemps perduré, aujourd’hui modifiée tendance à l’abandon des valeurs collectives et construire l’église. Ce mode d’installation singu- ponctuellement par une intensification des pratiques associées aux étangs anciens. lier rappelle que jusqu’à une période pas si loin- cultures sur certaines zones au données clima- taine, les installations humaines en Occident tiques plus favorables. étaient largement soumises à une combinaison complexe entre raisons pratiques et aléas des croyances et des mythes. Même dans les cas d’installations les plus ordinaires. Aujourd’hui, le socle du monument historique (la place publique) est entièrement recouvert de bitume jusqu’aux murs des maisons et de l’église. Les usages anciens de ces grands es- paces, notamment pour les bêtes, ont disparu laissant derrière eux des espaces inutilisés sur lesquels il est difficile d’intervenir. Étang d’Estandeuil