MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE ET DE LA CULTURE DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES DE BRETAGNE Service Régional de l'Archéologie

MELGVEN Kerviguérou

(Finistère)

RAPPORT DE FOUILLE PROGRAMMEE 1992 A. VILLARD avec la collaboration de J.-P. BARDEL, E. LE GO FF, I. VILLEMEUR Remerciements

Je tiens avant toute chose à remercier Monsieur et Madame Jeannès pour leur gentillesse, leur présence et leur aide constantes pendant cette campagne de fouilles. C'est avec beaucoup de plaisir également que j'adresse mes sincères remerciements à Monsieur Yves Jeannès, qui a tout fait pour faciliter notre travail en libérant des cultures toute la partie haute du champ. Merci à Monsieur René Troalen pour ses encouragements et la mise à disposition de sa citerne, très utile pendant cette période de sécheresse.

L'équipe de fouille a été extrêmement sensible à l'accueil qui lui a été réservé par la commune de Melgven, et à l'intérêt pour nos recherches qu'ont manifesté Monsieur le Maire et son adjoint à la Culture, Monsieur Marcel Solliec ; la commune a mis à notre disposition des moyens matériels et techniques qui nous ont considérablement aidés, notamment l'école de Cadol qui nous a servi de logement, grâce à la compréhension de sa directrice et de son personnel technique.

La campagne a bénéficié de l'enthousiasme de l'équipe de fouille, dont la plupart des membres débutait sur ce chantier : Stéphanie BARAILLE Diane BONNOT Etienne BORDREUIL Paul BOUTOUILLER Gilbert CHESNEL Laurence GAUBERT Christophe GUILBAUD Isabelle JOUVE Raymond LE FLOCH Marc TCHUMAK

Elle était encadrée par Anne VILLARD, conservateur au S.R.A., titulaire de l'autorisation, Jean-Pierre BARDEL, technicien au S.R.A., responsable de la topographie et des relevés, Elven LE GOFF, objecteur de conscience au S.R.A., qui a notamment assuré le traitement et le dessin du mobilier, et Isabelle VILLEMEUR, archéologue contractuelle de l'A.F.A.N., chargée de l'étude anthropologique. MELGVEN

KERVIGEROU

(Finistère)

Campagne de l'été 1992

J.-P. BARDEL, E. LE GOFF, A. VILLARD

-1 - Les circonstances de la découverte du site et les objectifs de la fouille programmée

La fouille programmée qui s'est déroulée pendant l'été 1992 fait suite à la campagne de sondages qui a été réalisée en octobre 1991 pour définir le contexte de découverte de la stèle mise au jour l'été précédent (cf. rapport de sondages 1991). Un sondage avait révélé l'existence de concentrations de tessons et d'ossements carbonisés dans les alentours immédiats du lieu de découverte de la stèle, le long du talus qui borde le champ à l'est (fig. 1). L'hypothèse d'un cimetière de l'Age du Fer se trouvait donc conforté. D'autres tranchées, effectuées dans la moitié haute de ce très vaste champ, avaient permis de repérer d'autres structures d'une nature mal définie, mises à part les structures charbonneuses mises en évidence dans un rayon d'une vingtaine de mètres au sud des urnes présumées. Le programme prévu pour cette année comprenait donc : - la fouille de la zone s'étendant autour des concentrations de tessons et d'ossements carbonisés, supposées correspondre à un cimetière de l'Age du Fer, - des sondages complémentaires dans l'environnement immédiat - l'étude de la stèle.

Ces objectifs ont été partiellement atteints, notamment en ce qui concerne la fouille du secteur funéraire (zone 1) où l'existence d'une stratigraphie et d'éléments conservés en place nous a fait adopter un rythme de fouille beaucoup plus lent que celui prévu initialement à l'issue des sondages (Fig.2). Quant aux sondages complémentaires, nous leur avons préféré finalement un décapage d'un seul tenant, dans une zone où les structures paraissaient denses, comme nous l'avions tout d'abord suggéré dans les conclusions de notre rapport de 1991. En effet, il semblait que la meilleure manière de les caractériser étaient de replacer ces structures dans un contexte plus large et moins aléatoire. Cette zone 2, situé au nord- est de la zone 1, n'a été fouillée que sur une partie de la surface qui avait été décapée. Fig. 1 : plan des sondages de 1991 Mais les données que l'on peut d'ores et déjà tirer de cette zone sont riches d'enseignements sur le contexte du cimetière et confirme l'utilité de pratiquer ce type recherche sur l'environnement des nécropoles protohistoriques, trop souvent méconnu. Les décors et le profil de la stèle ont été relevés ; elle a également fait l'objet d'un dessin réalisé par Mathilde DUPRE , destiné à figurer dans les publications. M. le Prof P.-R. GIOT a examiné la nature de la pierre : ce mica-schiste, bien connu, est très répandu dans la région de Melgven. Il pense cependant pouvoir mieux définir le contexte d'extraction de cette stèle.

- 2 - La méthode de fouille

Comme nous l'avions prévu, nous avons été amené à pratiquer différentes méthodes de décapage et de fouille, selon la nature du terrain et parfois aussi par prudence . C'est en effet la première campagne de fouille du responsable d'opération sur ce type de sol en Bretagne ! Le substrat, constitué d'un micaschiste très dégradé en surface, est un sédiment brun-jaune très fin, de type loess ou limon, au milieu duquel affleurent des bandes de roches très fragmentées. Il est recouvert d'une terre végétale brun foncé et très fine, peu épaisse (0,20 à 0,30 cm).

- 2-1 - La zone 1

La forme de la zone 1 a été déterminée par la limite des cultures qu'il était hors de question de détruire, M. Yves JEANNES, exploitant, ayant très obligeamment mis toute la partie nord du champ en réserve pour nous. Nous l'en remercions de nouveau chaleureusement.

La zone qui avait fait l'objet d'un décapage en octobre 1991 a été décapée à la main afin de ne pas faire rouler d'engins sur cette surface, certes bâchée mais très fragilisée, et de pouvoir recupérer des tessons dans les terres de labours. Nous avions constaté en effet l'an dernier que les vases avaient déjà été écrêtés par le soc de la charrue. Le matériel ainsi ramassé ne manque d'ailleurs pas d'intérêt (Fig.3). Le décapage a été pratiqué à la pelle mécanique sur le reste de la zone. Il a consisté en l'enlèvement de la seule terre végétale. Nous insistons sur ce fait car nous avons hésité sur ce choix dans la partie est de la zone 1, de même que dans la zone 2. La plupart du temps en effet, sur ce type de sol peu épais, on trouve le sol naturel directement sous la terre végétale, les sols archéologiques ayant été totalement érodés par les labours. Le décapage s'est effectué d'est en ouest, en partant du bord du talus. Le long de ce talus, le schéma classique "terre végétale puis substrat" s'est trouvé vérifié; mais en reculant d'1 mètre ou 2, ont commencé à apparaître, sous la terre végétale et sur une quinzaine de mètres de longueur, de nombreux tessons, des pierres et des charbons de bois, dans un sédiment brun-jaune. C'est seulement après le nettoyage à la binette et à la truelle que nous avons pu définir qu'il s'agissait de niveaux archéologiques en place 29 146 OOS /X l-l

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LIMITE DE DECAPAGE DES ZONES 1 ET 2

LIMITE DE SECTEUR FOUILLE

Ä u ® QUADRILLAGE

STRUCTURES OBSERVEES ZONE 1

ROCHER NATUREL

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A.V J.P.B Décapage manuel de la zone 1 dans le secteur des urnes

Fig. 3-5 et non d'une semelle de labour où se retrouvaient mélangés sans distinction tous les mobiliers. Ces niveaux avaient été détruits le long du talus, lors de son édification (Fig.4). Ils étaient également absents dans la moitié ouest de la zone 1, où le substrat est rapidement apparu. Un relevé systématique de tous les éléments (tessons, charbons de bois, pierres, etc..) a été effectué niveau par niveau dans les couches archéologiques en place, ainsi que dans chaque structure (Fig.4). Cette méthode ayant l'inconvénient d'être longue, nous avons choisi de privilégier l'étude du quart sud-est de la zone 1, dont la fouille n'est cependant pas achevée.

- 2-2- La zone 2

Forts de notre expérience acquise sur la zone 1, nous avons pratiqué un décapage "prudent" sur la zone 2, en arrêtant la pelle mécanique dès que des concentrations de tessons, d'argile cuite ou de charbons apparaissaient. Dans cette zone en revanche, les niveaux étaient érodés et les objets étaient pour la plupart résiduels à l'intérieur d'une fine couche intermédiaire entre la terre végétale et le sol naturel. C'est donc une zone qui est restée peu lisible, avant que le décapage manuel ne révèle l'existence de nombreuses structures. Le décapage manuel et la fouille n'ont pu être pratiqués que sur la moitié de la surface ouverte, pour des raisons de temps.

- 2-3 - Les sépultures à incinérations

La fouille des sépultures a été entreprise avec la méthode de l'anthropologie de terrain élaborée par H. DUDAY, par Isabelle VILLEMEUR, archéologue contractuelle de l'A.F.A.N. recrutée grâce à la subvention accordée par le Conseil Général du Finistère. Les résultats de son étude et la méthode mise en oeuvre figurent en annexe du rapport. Deux urnes (U2 et U3*), dont les tessons et le contenu étaient visiblement dispersés sur la surface décapée, ont été fouillées sur place. Il n'en restait en effet que le fond. Les urnes U1, U5, U7, bien qu'abimées dans leur partie supérieure par les passages de la charrue, ont été prélevées, ainsi que la sépulture sans urne U 9. Trois urnes intactes (U4 et U 6) ou presque (U 11) ont été prélevées également. Seule Ull a pu être fouillée. Les deux autres devront faire l'objet d'une étude complémentaire intégrée dans le programme qui est présenté pour 1993. Signalons enfin qu'il a été décidé de laisser U8 en place : elle était en effet déposée dans une fosse (S 12) plus vaste que celles qui avaient été observées dans les autres cas ; d'autre part les limites de S 12 passaient sous la berme sud du chantier. Le prélèvement du vase aurait donc détruit le contexte dans lequel il avait été placé.

C'est parce que les autres urnes étaient enfouies seules dans des fosses de faibles dimensions, qu'il a été possible de les prélever de la manière suivante (Fig.5) Sud de la zone 1 après décapage

Relevé systématique de la zone 1

Fig. 4 Prélèvement de U4 : 1ère phase

Fig. 5 20

+ • + - +-

U 9 {,•• i u 1

21

ij) U 4

U 5 + 4 22 ô

limite de fosse . limite de fouilie

limite de fosse en surface • tesson isolé

tessons A 1 (2J ; os brûlé , poche d'os brûU's

p cailloux , pierres • charbon de bois 0 0.5 1 m. 1 1 I I 1 I I

Les sépultures à incinération au centre de l'enclos aspect de surface Fig. 6 - réalisation d'une saignée en forme de cône, à la truelle, largement autour du vase, en ne laissant que la largeur d'une main sous le vase, de manière à ce qu'il ne s'effondre pas, - remplissage de ce volume à l'aide de mousse de polyuréthanne en bombe, - après séchage de 24 à 48 heures, dégagement à la pioche et à la truelle du pourtour de la coque ainsi formée, grâce à laquelle la cohésion du vase et de son contenu a parfaitement été maintenue - enlèvement de la structure funéraire. La fouille des urnes a donc été privilégiée par rapport à l'"esthétique" du terrain et à la fouille des fosses ; celles-ci n'ont d'ailleurs livré aucun autre vestige - mis à part quelques charbons de bois et un ou deux tessons - au cours des différentes étapes, que ce soit préalablement ou postérieurement au prélèvement ou pendant la fouille en laboratoire. Un relevé de surface a permis d'enregistrer l'orientation des vases et la forme de la fosse, quand elle était visible (Fig.6). Des prélèvements ont été effectués au moment de la fouille de U11, à l'intérieur à l'extérieur et sous le pied du vase ; ils ont été confiés à D. MARGUERIE pour l'étude des charbons de bois et des éventuels pollens.

- 3 - La zone 1

Les structures mises en évidence dans la zone 1, après décapage manuel, ont toutes été relevées en plan, mais seule S15 et celles qui étaient localisées dans le secteur sud-est ont été fouillées (Fig.7).

- 3-1 - La stratigraphie

Des niveaux archéologiques étaient conservés dans le secteur est de la zone 1, principalement autour et au sud de l'emplacement où furent découvertes les urnes.

Dans l'état actuel du chantier, nous avons distingué 4 niveaux (Fig.8) : - 1 : le niveau de décapage - 2 : une couche de terre brun-jaune fine, contenant de nombreuses pierres, des charbons de bois et un mobilier assez abondant ; elle recouvre, au sud-est de la zone 1, le fossé d'enclos qui a pu être mis en évidence autour des urnes (F 2), et elle s'étale vers le sud, dans le sens de la pente du terrain ; des concentrations de mobilier ont été isolées et indiquées sous les numéros S 9, 10, 11, 14. - 3 : une couche sous-jacente à la couche 2, qui contient également du mobilier et dans laquelle sont creusées les structures ; elle n'a pas été fouillée ; - 4 : une couche de terre brun-jaune fine, sur laquelle reposaient quelques pierres, charbons de bois et petits tessons, et dans laquelle étaient creusées les fosses sépulcrales ; elle reposait sur le substrat.

Stratigraphie du secteur situé au sud de l'enclos, en cours de fouille : de gauche à droite : couche 1 : décapage ; couche 2 : couche avec pierres, tessons, charbons ; couche 3 : couche où sont creusées les structures (au 1er plan : S 8)

Fig. 8-5 - 3-2 - L'enclos :

La découverte d'un enclos autour du groupement des sépultures est l'un des principaux résultats de cette campagne. Il n'a pu être décapé que dans l'aire qui a fait l'objet de la fouille la plus poussée ; on a cependant constaté qu'une tâche d'humidité et une couche de terre brune situées dans le secteur nord, pouvaient parfaitement correspondre à la poursuite de son tracé. Le plan ainsi obtenu semble tout à fait convaincant. Il s'agit d'un très vraisemblable enclos quadrangulaire de 10 m de côté, d'après les mesures obtenues en F 2 (le côté sud) (Fig.9).

- 3-2-1 - : les fossés :

Le côté ouest - ou F 3 - est prolongé ou prolonge un autre fossé - F 4 - vers le sud-ouest, dans le sens de la pente du terrain. Il est encore impossible de savoir s'il existe une chronologie relative entre F 4 et l'enclos funéraire. Le fossé F 2 semble s'interrompre au niveau de sa jonction avec F3 pour ménager une entrée d'environ 2 m de large. La fouille devra confirmer toutes ces hypothèses formulées au niveau du décapage.

Une coupe réalisée près de l'angle de F 1 et F 2 donne un profil classique en V à fond arrondi, de 0,90 à 1,20 m de large pour une soixantaine de cm de profondeur (Fig. 10). Son remplissage correspond à trois phases : - au fond, une couche de terre brun-jaune clair, provenant d'un colluvionnement dû à la dégradation des parois sous l'effet des intempéries ; - ensuite, une couche de terre brune fine, que l'on peut interpréter comme un comblement progressif par un sédiment de type terre végétale présent à l'intérieur de l'enclos ; son pendage est en effet caractéristique ; - une couche de terre granuleuse brune, de type terre végétale également.

Cette coupe révèle que le fossé a fonctionné ouvert et qu'il s'est progressivement comblé sous l'effet de l'érosion d'un tertre en terre placé à l'intérieur de l'enclos. La présence de ce tertre est confirmée par d'autres indices, comme l'état des urnes dont certaines sont enfouies trop peu profondément pour qu'elles n'aient pas été recouverte d'un tumulus, même de faible hauteur, et la stratigraphie qui s'est établie au sud de F 2. La couche supérieure correspond au tassement de la terre végétale à l'aplomb du fossé.

Le comblement du fossé peut être mis en relation avec la stratigraphie décrite ci-dessus : - la couche supérieure du fossé correspond au niveau de décapage, ou couche 1 ; - la couche 2, contenant un abondant mobilier et de nombreuses pierres, s'insère vraisemblablement entre la couche supérieure et la couche de terre brune fine ; elle n'a pas été observée en F 1 alors qu'elle est bien présente en F 2 ; il est possible que l'arasement plus important constaté le long du talus soit à l'origine de la destruction de ce niveau en F 1 ; la couche 2 correspond vraisemblablement à une phase d'abandon du tertre ; l'accumulation des pierres au sud de l'enclos provient certainement de Vue nord-sud de la fouille avant le prélèvement des urnes ; à l'arrière plan, les fossés de l'enclos FI et F2

Vue nord-sud de la fouille (suite) : fossés de l'enclos F2, F3 et F4.

Fig. 9-5 OUEST EST

EST OUEST

50cm

Terre brune granuleuse

Terre brune fine

Terre brun-jaune

Racine

Coupes du fossé de l'enclos FI

Fig. 10 l'étalement progressif du tertre, constitué donc non seulement de terre, mais de pierres ; celles-ci devaient avoir pour rôle le maintient de cette terre si fine qu'elle se transforme en poussière au moindre coup de vent en été, si elle n'est pas recouverte de végétation; - la couche de terre brune sous-jacente peut être interprétée comme un comblement progressif du fossé à partir de sédiments accumulés dans l'enclos ; elle devrait donc être contemporaine et postérieure aux sépultures ; - la couche inférieure correspond vraisemblablement à la première phase d'utilisation de la nécropole, ce qui demande à être vérifié par la découverte de mobiliers pertinents.

- 3-2-2 - Les sépultures à incinération :

La plupart étaient regroupées au centre de l'enclos, dans une aire restreinte de 3,60 m entre U 11 et U 9, sur 2,40 m connus. Deux autres tombes, U7 et U8, étaient situées au sud de l'enclos (Fig. 11). L'une d'elles, U9, est une sépulture sans urne.

* U1 (21 D) (Fig. 12) : elle a été fouillée en laboratoire, après un nettoyage sur le terrain ; très arasée, elle n'a livré que la moitié inférieure d'un vase contenant les ossements incinérés d'un individu. La petite fosse qui devait avoir reçu la sépulture n'était pas visible en surface.

* U2 (21 C/D) : elle a été étudiée sur place ; elle se présentait sous la forme d'ossements incinérés infimes et de quelques tessons épars appartenant à un fond et à bord dont il n'est même pas sûr qu'ils provenaient du même vase ; aucune fosse n'était visible. Il s'agit cependant des ultimes restes d'une très probable sépulture.

* 113 (21 D) : elle a été fouillée sur place ; là encore, l'urne était très écrétée et son contenu étalé sur la couche 4 ; en revanche la fosse, dont il ne restait que le fond en cuvette de 35 cm de diamètre sur une dizaine de centimètres de profondeur, était encore remplie d'une terre noire semblable à celle qui était contenue dans l'urne.

* U4 (21 D) : elle a été prélevée et attend d'être fouillée ; en l'absence de fosse repérable en surface, elle a été reconnue par la présence d'un vase au col écrété, dont le contenu de terre noire, sans charbons de bois ni ossements actuellement visibles, ne laisse cependant aucun doute sur sa fonction d'urne cinéraire.

* U5 (21 D) : elle a été étudiée en laboratoire après un nettoyage sur le terrain ; il s'agit encore une fois d'une incinération contenue dans une urne écrétée ; la fosse n'était pas visible en surface.

* U6 (21/22 C/D) (Fig. 13) : elle a été dégagée en surface puis prélevée, et attend d'être fouillée ; elle se présentait sous la forme d'une fosse vaguement circulaire de 55 cm de diamètre, remplie de terre brun-jaune avec des charbons de bois et quelques infirmes ossements incinérés, et recouverte d'une pierre plate ; à quelques centimètres sous cette pierre est apparu le col d'un vase apparemment intact, méritant donc d'être minutieusement étudié. Vue est-ouest des urnes en cours de fouille ou de prélèvement

Fig.ll U1 après nettoyage de surface

U1 : fond après fouille en laboratoire

Fig. 12 Vue sud-nord après décapage de U6 au 1er plan, U3 à gauche, U2 à droite

U6 : dégagement du col de l'urne

Fig. 13 * U9 (21 E) (Fig. 14) : elle a été fouillée en surface sur le terrain, puis prélévée pour être étudiée en laboratoire. Elle a été découverte au cours du prélèvement de U4 ; elle a donc subi un certain bouleversement dans sa moitié sud. La fosse ovalaire, d'environ 80 sur 50 cm de côté, contenait deux remplissages bien distincts : une terre ocre, avec quelques tessons, charbons et ossements épars, enveloppant une poche de terre plus grise et charbonneuse, de 53 sur 30 cm de côté, contenant les ossements incinérés. Ce type de remplissage laisse à penser que l'incinération était contenue dans un réceptable en matériau périssable, comme du tissu ou du cuir ; la notion de "sépulture en pleine terre" semble donc un terme abusif pour U9.

* U10 (21 C/D) (Fig. 14) : elle a également été découverte en prélevant U4. 11 s'agit d'une petite fosse circulaire d'une trentaine de centimètres de diamètre, au remplissage légèrement plus brun que la couche 4 ; elle a livré un amas d'une quinzaine de cm de long sur 5 cm de large, en forme de "banane", constitué d'ossements incinérés très dégradés, noyés dans une terre brun foncé granuleuse. Il est difficile de se prononcer sur cette structure : s'agit-il des ultimes restes d'une incinération ou d'une fosse de type trou de poteau dans laquelle une racine provenant de U9 ou U4 aurait transporté quelques ossements ; les racines ont en effet beaucoup perturbé toutes les sépultures. L'absence de recoupement constaté entre les différentes sépultures et la conservation somme toute relativement bonne des ossements de U9 nous font actuellement pencher en faveur de la seconde hypothèse. Il serait en effet étonnant que les restes osseux se soient mieux conservés en U9 qu'en U10 alors que les milieux dans lesquels ils étaient enfouis sont a priori identiques.

* Ull (22 C) (Fig. 15) : elle a été découverte au cours du prélèvement de U6, puis prélevée elle-même. La fosse ovalaire de 50 sur 35 cm de côté, invisible en surface, contenait une urne complète, mais malheureusement très dégradée par les racines qui avaient réussi à perforer la paroi, très fragilisée par l'acidité du sol et le poids des terres. Aucun autre mobilier n'y a été découvert. L'urne était placée entre deux pierres plates servant de couvercle (18 x 16 cm) et de socle (18 x 14 cm).

Il semble prématuré de proposer de voir une organisation spatiale ou chronologique des sépultures mises au jour dans l'enclos ; en effet, l'étude ne prend en compte que la moitié sud de la surface enclose, et les critères chronologiques nous manquent en l'absence de données sur les incinérations sans urnes et le résultat de la fouille des urnes de U4 et U6. Il est cependant possible de formuler deux remarques. La première porte sur la localisation des sépultures, qui semblent se concentrer au centre de l'enclos, la seconde sur le fait qu'aucune fosse n'a été recoupée par une autre, ce qui suppose un marquage des tombes à la surface du tertre. U9 : fouille de la moitié sud en cours en laboratoire (cliché : I. VILLEMEUR)

U10 : poche d'ossements incinérés

Fig. 14 U11 : fouiile en laboratoire (clichés : I. VILLEMEUR)

Fig. 1-5 - 3-2-3 - Les autres structures (Fig. 16) :

- Les petites fosses remplies de terre brune : dès le décapage, 5 fosses présentant le même type de remplissage de terre brun foncé avec quelques charbons de bois, ont été mises en évidence autour de la concentration des urnes. S 1, 2, 3 et 6 sont des petites fosses rectangulaires de 0,60 à 1 m de long sur environ 0,40 m de large, et profondes de quelques centimètres. S 3 correspond à celle qui avait été vue lors du sondage de 1991 (Fig. 17). S 5, de même nature, présente une grande excroissance, due peut-être à la présence d'une racine. La suite de la fouille a montré qu'elles étaient placées sur le bord ou à l'aplomb des fossés de l'enclos sous-jacent, sauf S 2, et qu'elles étaient par conséquent postérieures à toutes les structures funéraires. C'est certainement l'affaissement des terres à ce niveau qui les a protégées de l'érosion. Le petit trou de poteau S 4 (23 E) présente la même position stratigraphique sur le bord de F 2. L'absence de mobilier ne nous aide pas à identifier la fonction de ces fosses ! 11 n'est donc pas aisé de définir s'il s'agit de structures en relation ou non avec la nécropole. - Fosses et trous de poteaux ? : plusieurs tâches de couleur légèrement plus foncée que la couche 4 ont été dégagées sans que l'on puisse affirmer qu'il s'agisse de structures archéologiques ; nombre d'entre elles avaient été relevées lors du sondage de l'an passé ; le seul creusement qui paraisse sans ambiguïté dans cette couche, est la petite fosse S 16 (22 D) de 0,45 cm de diamètre et 0,10 cm de profondeur ; sa nature et sa fonction, en l'absence de mobilier, sont plus difficiles à apprécier : fond de trou de poteau, structure plus récente que la nécropole, etc... ? C'est en dégageant le substrat de la couche 4, que sont apparus un trou de poteau (S 17) près de l'angle de F 2 et F 3, et une fosse (S 18), non fouillée, très proche des sépultures. Bien qu'ils n'aient livré aucun mobilier, leur position stratigraphique les relie indubitablement au site de l'Age du Fer.

- 3-3 - :Le secteur situé au sud de l'enclos

C'est le secteur le plus complexe et le plus prometteur ; en effet, il présente non seulement une stratification, mais d'autres sépultures à incinération et des structures liées aux rites funéraires. L'étalement du tertre dans le sens de la pente, donc vers le sud-sud-ouest, a permis de protéger de l'érosion que l'on constate tout autour, une aire dont l'intérêt est directement issu de sa bonne conservation.

- 3-3-1- Les sépultures du secteur sud (Fig. 18) :

* U7 (26 F) : elle a été fouillée en laboratoire après un nettoyage sur le terrain ; elle est apparue dès le décapage sous la forme d'un vase très écrété renfermant une terre sombre et des esquilles osseuses carbonisées. Aucune fosse nette n'apparaissait ; — + - + - + — -+•

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Foyer S 7 après la fouille ; U7 , S13 et S 19 à droite

Fig. 17-5 au contraire l'impression qui s'est dégagée de cette structure malheureusement très dégradée, était que le vase était comme posé sur un sol, à proximité d'un foyer (S 13).

* U8 / S 12 (27 E) : elle n'a fait l'objet que d'un décapage mettant en évidence le col d'un vase entouré de trois petites pierres de chant ; cette urne vraisemblable (U8) est déposée dans une fosse (S 12) passant en partie sous la limite de fouille ; ses dimensions connues sont de lm sur 0,30 m. C'est la raison pour laquelle elle n'a pas été fouillée et que le vase n'a pas été prélevé. Cela fait partie des objectifs de la campagne de 1993. Trois gros fragments de charbons de bois ont été recueillis à la surface de l'unie présumée.

- 3-3-2 : Les foyers

S 7 est une structure circulaire en forme de cuvette, d'1,60 m detdiamètre sur 0,15m de profondeur (Fig. 17). Elle était remplie d'une terre très charbonneuse et cendreuse qui a été prélévée pour analyse. Le fond et les bords présentaient une rubéfaction intense. Sa fonction en tant que foyer ne fait donc aucun doute. Bien qu'elle ne soit pas recouverte par la couche pierreuse n°2 et qu'elle ait été repérée dès le décapage grâce à son remplissage très charbonneux; cette fosse a certainement fonctionné en relation avec la nécropole ; l'extension de la fouille permettra de mieux la situer dans son contexte. Dans le secteur situé au nord de l'enclos, dans le carré 15/16 E, se trouve également une fosse dont l'aspect de surface rappelle celui du foyer S 7.

La structure de combustion S 13 est apparue sous la forme d'une aire rubéfiée orangée ; mise en évidence non loin de S 7, elle est en revanche sans ambiguïté en relation avec la nécropole puisque l'urne de U7 repose au même niveau, si ce n'est sur sa limite ouest. La fonction de ce vestige de foyer n'est cependant pas résolue ; par ses faibles dimensions, 1 m de côté environ, et l'absence d'esquilles carbonisées en surface, on peut écarter a priori l'hypothèse d'un bûcher.

Ces données, encore éparses à l'heure actuelle, ne trouveront véritablement leur sens que lorsqu'une zone cohérente aura pu être étudiée.

- 3-3-3 - Les fosses remplies de pierres :

Deux petites fosses remplies de pierres se situaient en limite sud de la zone 1 : S 8, qui a été fouillée, et S 19 qui se trouve à côté du foyer S 13 et de U7.

S 8 est une cuvette ovalaire (0,90 x 0,65m sur 0,12 m de profondeur) remplie de terre brun-jaune, de quelques charbons, et surtout de nombreuses pierres (dont certaines étaient brûlées) et de très nombreux tessons en céramique grossière (Fig.8). La fouille a été pratiquée en 4 niveaux artificiels afin de de relever et d'isoler le mobilier, abondant mais très fragmenté. Le collage des tessons découverts du haut en bas du remplissage prouve qu'il s'est déroulé en une seule phase. D'autre part, des tessons mis en évidence autour de ce U7 après nettoyage de surface

U8 dans sa fosse S12

Fig. 18-5 creusement appartiennent visiblement aux même vases que ceux de S 8. Leur présence parmi des pierres éparses laisse supposer que le remblaiement de S 8 est contemporain de la couche 2. Quant à sa fonction, seul l'élargissement de la surface fouillée permettra de répondre à cette question.

L'aspect de surface de S 19, de 0,25 m de diamètre, est très semblable à S 8 ; là encore, il est trop tôt pour mieux la définir et évaluer son rapport avec le sol rubéfié S 13 dans laquelle elle est incluse et la sépulture U7.

Il existe au moins 4 autres structures, le long du fossé F 4, mais à l'heure actuelle, elles n'ont fait l'objet que d'un décapage.

Le secteur sud de l'enclos a donc livré non seulement deux sépultures à incinérations mais également des structures qui paraissent liées aux pratiques funéraires. Il est frappant de constater qu'elles se cantonnent dans l'espace limité par le fossé F 4. Il est tentant d'interpréter cette partition comme la délimitation d'une autre aire funéraire, où les sépultures ne sont pas recouvertes, a priori, d'un tertre comme nous avons pu le mettre en évidence au centre de l'enclos. Il est encore trop tôt pour savoir si cette division de l'espace correspond à un critère chronologique ou à une distinction sociale entre les personnages qui ont incinérés dans ce cimetière. D'autre part, l'interprétation des fosses et des foyers - dont l'intérêt nous paraît majeur pour la compréhension des pratiques funéraires de cette période dans l'Ouest de l'Armorique - ne pourra se faire que dans le cadre de l'étude globale du site.

- 3-4 - : Le reste de la zone 1

Le reste de la zone 1 n'a livré que très peu de vestiges comparativement au secteur funéraire délimité par les fossés. Nous avons déjà signalé l'existence d'une fosse correspondant très vraisemblablement à un foyer du même type que S 7, dans les carrés 15/16 E/F. La seule véritable fosse se situe à proximité (en 14/15 E/F) ; elle est remplie de terre brune ; sa forme n'est pas connue puisque ses limites passent sous la berme nord. On remarquera que ces deux structures sont les plus proches de l'enclos funéraire.

Une très faible densité de creusements, de type trous de poteaux, occupe le reste de la surface. Seule S 15, située en 14/15 L, a été fouillée (Fig. 19). Il s'agit vraisemblablement d'un trou de poteau, d'une quarantaine de cm de diamètre sur 35 cm de profondeur, rempli d'un sédiment très proche du substrat ; les moitiés supérieures de 3 vases emboités étaient plaquées contre le bord nord et recouvertes de petites et grosses pierres. Les vases correspondent à deux grands vases de stockage et à une grande écuelle en céramique grossière, typique de la transition Premier/Second Age du Fer. S 15 : noter les pierres recouvrant les 3 moitiés de vases emboîtés

Godet en terre cuite : lampe à graisse ?

Fig. 19 Aucun vestige pouvant être mis en relation avec les pratiques funéraires n'a donc été mis en évidence en dehors de la zone définie par les fossés, mises à part peut- être les deux fosses mentionnées ci-dessus. L'absence de fouille ne nous autorise pas bien sûr à être péremptoire, mais il est fort probable que les petites structures qui parsèment la zone 1 sont à mettre en relation avec l'habitat détecté dans la zone 2.

- 4 - La zone 2

Une surface de 28 sur 7 m a été décapée au nord-ouest de la zone 1, dans le but d'identifier les structures qui avaient été entrevues dans les tranchées de sondage de 1991. Le relevé de surface montre que l'ensemble de la zone 2 présentent des petites fosses ou des trous de poteaux. Pour une question de temps, seul un rectangle de 14 sur 5 m a été fouillé à la fin du mois d'août (Fig.20,21).

- 4-1- Les remplissages

Deux catégories bien différentes de remplissage s'observaient dès la surface (Fig.22) : un remplissage de terre brun-noir granuleuse avec quelques charbons de bois, très semblable à la terre végétale, en S 1 et S 5, et un remplissage avec un sédiment brun ou brun-jaune, parfois densément mélé d'argile brûlée et de charbons. Il est apparu très rapidement que le comblement de terre brun-noir était le plus récent puisque S 5 recoupe S 19, comblée d'une terre fine brun-jaune. Il est possible que S 1 et S 5 soient liées à la carrière qui débute à quelques mètres plus au nord. L'absence de stratigraphie pertinente et de matériel ne permettent pas de préciser la fonction ou la datation de ces fosses. Notons que S 8, remplie d'une terre brun-jaune, recoupe le bord-ouest de S 1; dans cette zone de roches diaclasées, il n'est pas simple de distinguer un trou de poteau d'un bourrage de terre installé à la place de pierres arrachées ! C'est le cas de S 8 et S 9. S 6 et S 10 paraissent en revanche des structures archéologiques plus sûres.

- 4-2 - Les trous de poteaux remplis de clayonnage

Trois trous de poteaux, S 2, 3 et 4, se caractérisent par un remplissage de clayonnage, de charbons et de terre brune ; le clayonnage constitue quasi exclusivement la partie supérieure du comblement de S 3. Leurs faibles dimensions, leur remplissage très semblable et leur proximité laissent à penser que, non seulement ils ont été comblés en même temps, mais qu'ils appartenaient au même bâtiment. * S 2 : elle était incluse dans une cuvette peu profonde remplie de terre brune, de 0,70 x 0,56 m ; 0,20 m de diamètre sur 0,18 m de profondeur ; * S 3 : elle n'a été fouillée que dans sa moitié est ; 0,30 m connus sur 0, 40 m de profondeur; * S 4 : 0,13 x 0,17 m ; profondeur : 0,15 m.

- 4-3 - Les alignements de poteaux

Deux alignements de trous de poteaux , orientés nord-est/sud-est, occupent la partie nord du décapage.

- alignement nord : S 16, 17, 18 : * S 16 : forme à peu près circulaire à fond plat d'une quarantaine de cm de diamètre ; profondeur : une quinzaine de cm ; * S 17 : forme circulaire à fond plat de 0,36 m de diamètre ; profondeur : 0,12 m ; * S 18 ; forme ovalaire irrégulière de 0,56 x 0,70 m ; profondeur : une quinzaine de cm; - alignement sud : S 15, 19, 14 : * S 15 : forme en cuvette irrégulière, d'une quarantaine de cm de diamètre ; profondeur : 0,18 m; * S 19 : forme en cuvette de 0,45 m de diamètre, s'ouvrant vers S 14 ; profondeur : 0,25 m ; * S 14 : forme ovalaire irrégulière de 0,60 x 0,36 m ; profondeur : une dizaine de cm ; Deux structures "douteuses" prolongent l'alignement sud : * S 13 : forme très irrégulière et superficielle de 0,60 x 0,36 m ; profondeur : quelques cm ; * S 12 : forme en cuvette ovalaire de 0,18 x 0,30 m ; profondeur : 0,10 m. On ne retiendra donc que les trous de poteaux sûrs qui forment deux lignes parallèles, de 1,80 m de long pour l'alignement nord, et 2,30 m pour l'alignement sud ; elles sont écartées d'environ 0,70 m l'une de l'autre. S'il est manifeste qu'elles sont en connexion, l'exiguïté du décapage ne permet pas d'en comprendr e le sens dans l'organisation d'un bâti qui s'étend de part et d'autre du décapage.

- 4-4 - : Les autres structures

Quatre autres trous de poteaux semblent ne se rattacher à aucun plan visible : * S 6 : forme circulaire d'une quarantaine de cm de diamètre en surface se réduisant à 0,15m vers l'ouest ; profondeur : 0,20 m * S 10 : forme irrégulière d'une trentaine de cm de diamètre ; profondeur : 0,15 à 0,23 cm ; * S 11 : forme ovalaire d'une vingtaine de cm de diamètre ; profondeur : 0,12 m ; * S 7 : forme circulaire en cuvette de 0,42 cm diamètre ; profondeur : 0,18 m.

La zone 2 se caractérise donc par une série de trous de poteaux qui n'ont livré qu'un matériel très limité mais indubitablement de l'Age du Fer et vraisemblablement contemporain de la nécropole. Si l'exiguité de la surface fouillée dans la zone 2 n'a pas permis d'observer des plans de bâtiments, il est cependant possible de déterminer deux séries de trous de poteaux correspondant très vraisemblablement à deux ensembles de constructions : les trous de poteaux remplis de clayonnage (un autre se trouve en dehors de la zone fouillée, en 8 U/T) et les deux alignements décrits ci-dessus. L'existence d'un habitat contemporain de la nécropole et à proximité immédiate de celle-ci, est donc tout à fait plausible. - ÉÏSI - EaiiiÎSWP»« ... * m » -

Vue nord-sud de la zone 2 après décapage

Les deux alignements de 3 poteaux et S 5

Fig-22

à. - 5 - Le mobilier**

Le mobilier archéologique n'est représenté que par de la poterie ; aucun objet métallique n'a été mis en évidence, même dans l'urne n°l 1, la plus complète fouillée.

La seule exception est une rondelle de 2,8 cm de diamètre environ, découpée dans une lamelle de schsite ou micaschsite gris-vert foncé, de 0,25 à 0,30 cm d'épaisseur ; elle pourrait provenir d'un galet trouvé sur les plages environnantes dont seuls les bords auraient été épannelés (détermination de J.-Y. TINEVEZ et O. KAYSER). Sa fonction peut être multiple .jeton, pièce de jeu, etc...(Fig.24 n°7) Signalons qu'un objet similaire, une plaque de schiste ardoisier de 5 cm de diamètre, a été découvert dans le tumulus de Lan-an-Ilizien en Silfiac (Morbihan), daté de la fin du 6ème siècle ou du début du 5ème siècle avant J-C, donc dans un contexte très proche de celui de Kerviguérou (CLEMENT M., 1981).

- 5-1- Les urnes et la céramique fine

La céramique fine est représentée essentiellement par les urnes et par quelques tessons épars autour de l'enclos. Il est d'ailleurs probable que certains d'entre eux proviennent d'urnes qui auraient été détruites par les labours et dont les fragments auraient été disséminés dans un périmètre proche de leur lieu de dépôt. Cela paraît certain pour les tessons découverts au cours du décapage manuel de la terre végétale à l'aplomb de la concentration d'urnes.

- 5-1-1 - Les urnes (Fig.23)

- U 1 : de l'urne, il ne reste que sa moitié inférieure d'une dizaine de centimètres de hauteur, perforée par les racines, à fond débordant et bombé. —> pied : hauteur : 1 cm ; diamètre : 10,1 cm. panse : hauteur conservée : 8,5 cm ; diamètre inférieur : 8,9 cm ; diamètre maximum connu : 13,5 cm. pâte rouge à surface brune, intérieur brut et extérieur sommairement lissé.

- U 2 : c'est l'urne la plus abîmée de toutes ; il n'en reste qu'un fond débordant légèrement bombé et le début de la panse ; on constate que l'élargissement du fond est dû au rajout d'un colombin, nettement visible en coupe. —> pied : hauteur : 0,45 cm ; diamètre : 10 cm. panse : hauteur conservée : 2,6cm ; diamètre inférieur : 9 cm ; diamètre maximum connu : 9,6 cm. pâte bran rouge à surface brune, interne et externe lissée ; dégraissant moyen.

Les tessons d'un col haut, dont la lèvre éversée présente un méplat interne de 1,2 cm de largeur, ont été découverts en même temps que les fragments de fond ; il semble toutefois prudent de les distinguer de ceux-ci, en l'absence d'éléments pouvant garantir la jonction entre ces deux parties de vase. —> col : hauteur conservée : 2,8 cm ; diamètre inférieur connu : 9,8 cm ; diamètre maximum : 13 cm. pâte rouge très bien cuite, surface interne et externe lustrée ; dégraissant fin. U 5

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décapage du sondage 1991 n°l

U 3

U 11

U 1

\ U 7 k

U 2 décapage du sondage 1991 n°2 Les urnes : céramique fine

Fig. 23 Les urnes 1 et 2 appartiennent au même type de vase très bien représenté dans les sépultures à incinérations de la fin du Premier Age du Fer et du début du Second Age du Fer, de Saint-Uriac à Corseul dans les Côtes dArmor (BARDEL A.., 1977), à Roz-an-Tremen en dans le Finistère (GIOT P.-R., 1979), où une stèle très semblable à celle de Melgven a été découverte au siècle dernier. Il s'agit d'urnes de forme élancée, à carène aiguë ou épaulement arrondi plus ou moins prononcé placés dans le tiers supérieur de la panse, avec un col haut qui se termine par une lèvre éversée à méplat. Le fond débordant et bombé semble cependant plus rare que le fond plat ou le piédestal. Il s'accorde bien avec la lèvre découverte en U2, typique de cette période. Il est a priori difficile de dire si le critère du fond bombé est un indice chronologique tardif (le début du Second Age du Fer), contrairement à ce que J. Briard a pu mettre en évidence dans la nécropole de Penfoul en (Finistère) ; on constate simplement que, à Melgven, il ne s'accompagne pas "d'une allure plus galbée", et que les pâtes ne présentent pas de notables différences aveç celles des autres urnes (BRIARD J. et alii, 1984).

- U 3 : là encore, il ne reste d'un très beau vase que sa base avec un pied haut rapporté et collé à la barbotine sous un fond très bombé ; on notera la présence d'une ligne ondulée incisée sur la tranche du piédestal, dont la fonction était probablement de renforcer son adhésion au reste du vase ; le départ de la panse, très ouvert, est souligné d'un décor de points circulaires de 0,3 cm de diamètre, imprimés en deux lignes horizontales entre deux cannelures. —> pied : hauteur :3,9 cm ; diamètre : 11,5 cm. panse : hauteur conservée : 6,5 cm : diamètre inférieur : 8,1 cm ; diamètre maximum connu : 17,4 cm. pâte fine très micassée, de couleur brun-rouge ; surface lustrée.

L'urne 3 appartient à une série bien connue de vases à piédestal et panse globulaire, que l'on trouve associés, dans presque tous les cimetières armoricains de cette période, aux formes élancées de type U1 ou U2. L'organisation en lignes horizontales de motifs estampés encadrés de cannelures est typique de ces vases. Cependant, à Melgven, le poinçon ne représente aucun motif géométrique comme des cercles concentriques, des Croix-de-Saint-André, etc., mais un simple point circulaire (urnes 3 ou 11) ou ovalaire (urne 5). Il n'existe dans l'état actuel des publications aucun parallèle connu. Cette impresssion de points semble habituellement réservée aux décors de "marguerites" (cf. U11).

- U 4 : elle n'est pas encore fouillée

- U 5 : comme les vases précédents, l'urne n'est conservée que dans sa moitié inférieure (7,2 cm de hauteur) ; elle présente une panse plus largement ouverte que les urnes 1 et 2, et un pied très débordant, épaissi sous son assise, formant ainsi un fond légèrement surélévé mais plat. Il est également décoré de points, mais ici de forme ovalaire ( 0,25 à 0,3 cm de hauteur sur 0,15 à 0,2 cm de large), imprimés sur quatr e lignes horizontales au niveau du raccord fond/panse. —> pied : hauteur : 0,4 cm ; diamètre : 10,5 cm. panse : diamètre inférieur 9,2 cm ; diamètre maximum connu : 15,6 cm. pâte rouge à surface noire interne brute et externe parfaitement lustrée, graphitée ?.

Il est impossible de préciser la forme de ce vase dont on ne trouve de parallèles ni pour le pied ni pour le décor. La forme semble plus ouverte qu'en Ul, 2 ou 7, sans être globulaire comme en U3.

- U6 : elle n'est pas encore fouillée

- U7 : l'urne était extrêment fragmentée au moment de sa découverte ; elle a cependant pu être reconstituée dans sa plus grande partie ( 19,4 cm de hauteur) ; manquent le col et la lèvre. Elle est de forme ovoïde : son diamètre maximum se situe dans le tiers supérieur de la panse ; elle est munie d'un pied creux débordant ; le fond est plat, bien que légèrement épaissi en son centre. —> pied : hauteur : 0,7 cm ; diamètre : 9,1 cm. panse : hauteur : 18,5 cm : diamètre inférieur : 8,1 cm ; diamètre maximum : 16 cm. col : diamètre inférieur : 10,4 cm. pâte grise très fine, très bien cuite, surface interne lissée, externe lustrée.

C'est l'un des vases les plus complets actuellement connus pour le site. Sa forme est moins commune que celle découverte en U3 ; par son épaulement légèrement arrondi, elle se rapproche des urnes de Landeleau et d'un vase du tumulus de Boquidet à Sérent (Morbihan) (CLEMENT M., 1981). Il est possible que les urnes 1 et 2 appartiennent au même type.

- U8 : elle n'a pas encore été fouillée.

- U9 : en U9, les ossements incinérés n'étaient pas rassemblés dans un réceptacle en poterie ; n'y a été mis en vidence qu'un tesson de céramique fine. Il s'agit d'un bord de vase se terminant par un petit col droit de 15 cm de diamètre . —> pâte grise micacée, surface interne et externe lissée, réf. : E 21,-0,865 à-0,875 m.

Même s'il n'est pas possible de déterminer la forme de ce vase à partir d'un si petit fragment, on peut supposer qu'il s'apparente aux types plus ou moins globuleux que l'on trouve rarement en Bretagne ; un des seuls exemples publiés s'en rapprochant est le vase à décor de marguerites du souterrain de Castellou-Péron en Saint-Jean- Trolimon (Finistère) (GOULETQUER P.-L., 1968) ; ils semblent en revanche plus fréquents dans le Centre-Ouest, dans la phase de transition Premier/Second Age du Fer (CAMUS S., 1980, p.435 n°l).

- U10 : pour mémoire, structure sans urne.

- Ull : c'est le vase le plus complet qui ait pu être reconstitué, bien que le tassement des terres et la perforation de la paroi par les racines aient rendu ce vase extrêment friable et fragile. La surface interne du vase est en effet complètement corrodée par l'action des racines et l'acidité du sol. C'est un vase ovoïde, de forme plus globulaire que l'urne 7 ; il présente un pied débordant et bombé ; le fond est plat. Le haut col vertical est suivi d'une lèvre éversée présentant un méplat de 1,6 cm de large, légèrement creusé. Il est décoré; au niveau du diamètre maximim de la panse, de 6 "marguerites" - ou cupules, de 2,6 cm diamètre environ, entourées d'une ligne de points circulaires imprimés d'0,1 cm de diamètre -. Elles sont reliées entre elles par trois lignes horizontales de points et à la base du col par deux lignes verticales d'autres points ; au milieu de chaque métope ainsi formée, est placée une petite marguerite de 1,2 cm diamètre. —> hauteur totale : 21,8 cm. pied : hauteur : 0,85 cm ; diamètre : 10 cm. panse : hauteur : 16,5 cm ; diamètre inférieur : 8,8 cm ; diamètre maximum : 17,9 cm. col : hauteur : 4,4 cm ; diamètre inférieur : 10,9 cm ; diamètre mamixum : 15 cm. pâte brun-rouge à surface noire, lustrée à l'extérieure.

Sa forme trouve peu de parallèles exacts, sauf peut-être à Coat Plen Coat en Saint-Goazec (Finistère) (GIOT P.-R., 1971, pl. LXVII-LXVIII), et à Landeleau où la panse de l'urne 4 est également pourvue de cupules, décor typique de la céramique fine du Premier Age du Fer armoricain. Le décor en "marguerites" semble appartenir à sa dernière phase. Il est connu sur des urnes ou sur des vases de plus petite taille, surtout dans le Finistère à Castellou-Péron en Saint-Jean-Trolimon (déjà cité), Landeleau (urne 10), Pen-Hoat- Bras en Plouedern (LEROUX C.-T., 1978), à Lann Tinikei en Ploemeur (GIOT P.-R., 1979, p.256), et dans le Morbihan à Kergonflaz en Bignan (CLEMENT M., 1981). C'est ce dernier vase qui présente le plus d'analogies avec celui de Melgven ; les marguerites en effet sont reliées par des lignes alternées de points et de cannelures.

- 5-1-2 - Les tessons de céramique fine

- tessons découverts au milieu de l'enclos à l'emplacement du décapage de 1991 : sur les 17 tessons, 16 proviennent de vases en céramique fine, un seul d'une céramique commune ; certains d'entre eux correspondent aux urnes écrêtées que nous avons fouillées comme ce tesson décoré d'impressions de points disposés très vraisemblablement autour d'une cupule (décor de marguerite) ; il provient très certainement de U3 dont le décor et la pâte sont très proches (Fig.23): —> pâte brun-rouge, micassée, intérieur bien lissé, extérieur lustré ;degraissant très fin à fin.

Les quatre tessons de céramique graphitée du site proviennent de ce contexte ; ils donnent une datation dans la 2ème moitié du 5ème siècle voire du début du 4ème siècle comme ce fragment de fond débordant et surélevé d'un petit vase (7,8 cm de diamètre) : —> pâte brun-rouge micassée, surface extérieure noire et graphitée, intérieur lissé.

Ce sont les éléments chronologiques les plus tardifs mis au jour sur la nécropole et sur l'habitat. V t

1

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\ 13 0Ùâ>W([) (S) 14 15 r 16

17 18 19 h 20 Ci-s^r ï SgTf 1 l Mobilier de la zone 1

Fig. 24 - tessons de la zone 1 : ils sont très peu nombreux et se concentrent au sud de l'enclos, là où il existe une stratigraphie. Le degré de fragmentation étant élevé, peu de formes ont pu être reconnues :

Fig.24 n°l , F 24 : fragment panse, marquée d'une carène aiguë, et début du col. Un décor incisé, situé entre la carène et le col, est composé d'une frise horizontale de losanges hachurés, encadrée de trois lignes à sa base et d'une ligne à son sommet. —> diamètre maximum : . pâte brun-noir, surface brune lissée à l'intérieur, lustrée à l'extérieur.

La taille du tesson de permet pas de l'attribuer à une forme haute ou basse, bien que la première hypothèse semble la meilleure; on notera que les formes carénées en Bretagne apparaissent dans le courant du Première Age du Fer et qu'elles ne sont donc pas liées à des modèles provenant de la Champagne du 5ème. avant J-C, "le Marnien" . Le décor est inédit ; il existe d'ailleurs très peu de décor incisé dans le répertoire de la céramique armoricaine de l'Age du Fer, dans l'état actuel de nos connaissances. L'ensemble de ces critères typologiques ne sont pas en contradiction avec les données chronologiques établies à partir des urnes : fin 6ème-début 5ème s.avant J-C.

Fig.24 n°10 , F 26 : bord d'écuelle, dont la lèvre présente un léger épaississement sur sa face interne. —> pâte beige très fine, surface interne lissée, externe lustrée ; dégraissant très fin.

Fig.24 n°2 , D 25 niveau 2 : fragment de panse présentant une carène avec un léger méplat, de 20,1 cm de diamètre. —> pâte brune fine micassée, surface interne lissée, externe lustrée ; dégraissant très fin.

Il s'agit vraisemblablement d'une forme ouverte, sans doute une écuelle carénée, d'un type assez courant dans le courant du 5ème siècle.

Fig.24 n°3 , D 25 niveau 2 : haut de la panse, souligné d'une cannelure, et départ du col évasé d'un petit vase globulaire. —> diamètre maximum de la panse : 12,1 cm . pâte très fine brun-gris, surface interne lissée, externe lissée ou lustrée ; dégraisant très fin.

- 5-2 - La céramique semi-fine

On classera dans une catégorie intermédiaire entre la céramique fine et la céramique grossière, des tessons dont l'aspect n'est pas aussi soigné que ceux qui viennent d'être décrits, mais dont la pâte et les formes, de plus petite taille, différent radicalement des autres vases dits en "céramique grossière". Fig.24 n°12, F 26 : partie supérieure d'un petit bol dont la lèvre est repliée vers l'intérieur du vase. —> diamètre maximum : 12 cm. pâte fine micacée, noire, surface beige laissée brute ; dégraissant fin à très fin.

On notera la présence de suie sur sa face interne, peut-être liée à son usage courant ou au traitement qui lui a été réservé dans la cérémonie funéraire. Il a en effet été découvert à proximité de U 7 et de sa zone d'argile rubéfiée (S 13) ; d'autres tessons mis au jour dans toute la partie sud de l'enclos, correspondant à des vases de toutes tailles, présentent la même particularité. Ce type de forme, élémentaire, est très courant pendant la phase de transition Premier/Second Age du Fer.

Fig.24 n°6, F 25 niveau 2 : fond plat, de 6 cm de diamètre, appartenant à un vase de petite ou moyenne taille dont il est impossible de prévoir la forme. C'est le seul vase en céramique fine ou semi-fine dont le fond est plat, contrairement aux urnes qui ont été mises au jour jusqu'à présent. —> pâte brun/beige, micassée, très bien cuite, surface interne lissée, externe lustrée sommairement ; dégraissant fin à moyen.

- tessons de la zone 2 :

cette zone, pauvre en mobilier, n'a livré que deux petit tessons en céramique fine, dont un bord d'écuelle impressionné (S 16 ,Fig.25 n°6 ). Les autres tessons en céramique grossière n'ont livré aucune forme déterminée.

Malgré des formes très incomplètes, les critères typologiques de la céramique fine et semi-fine sont caractéristiques de la transition Premier/Second Age du Fer, et plus particulièrement de la fin du 6ème et du début du 5ème s. avant J.-C. . On notera le goût des potiers de Melgven pour les fonds débordants de faible hauteur et pour les décors à base de points circulaires ou ovalaires imprimés, alors que se développe partout ailleurs en Armorique la mode des décors estampés de formes géométriques, parfois déjà très sophistiqués. Il est encore trop tôt pour dire que les formes carénées sont peu représentées à Melgven puisque le raisonnement s'appuie sur trop peu d'exemplaires ; cette hypothèse devra être confirmée ou infirmée par la suite de la fouille et la typologie des urnes 4, 6 et 8. Il n'existe en effet actuellement que deux tessons de panse avec une carène, dont l'une présente d'ailleurs un motif incisé inédit dans la céramique armoricaine (Fig.24 n°l et 2; cf. ci-dessus). Quant à la céramique "semi-fine", il est particulièrement délicat de trouver des comparaisons, les sites d'habitats du Premier Age du Fer fouillés dans l'Ouest de la étant peu nombreux et encore inédits. Mobilier des zones 1 et 2

Fig.25 - 5-3 - La céramique grossière

Elle rassemble tous les tessons qui n'appartiennent pas aux deux catégories précédentes. Elle forme l'essentiel du mobilier découvert en dehors des structures funéraires. Sa pâte, épaisse et au dégraissant moyen ou grossier, souvent couverte de suie, n'a subi en général aucun traitement de surface. Les vases sont cependant très fréquemment "décorés" d'impressions à l'ongle, au doigt ou au bâton, sur ou sous la lèvre, plus rarement sur la panse. Une série de petits fragments de bords auxquels on ne peut attribuer ni diamètre ni forme, présente ce type de décor localisés le plus souvent sur la face interne de la lèvre : Fig.24 et 25. Le cordon, rapporté ou impressionné, et les cannelures ne sont représentés que par trois exemplaires : Fig.25 n°2, 3, 5).

Le répertoire des formes identifiables comprend surtout des grands vases : - écuelle à lèvre plate, légèrement épaissie vers l'intérieur, de 26,2 cm de diamètre (S. 15; Fig.24 n°13) - vases carénés, avec ou sans col court, de 25 et 35,2 cm de diamètre (S. 15 ; Fig.25 n°4, 8) - vases hauts à col droit, de 23 cm de diamètre (Fig.24 n°16, Fig.25 n°l).

Cette série s'intègre bien dans la typologie des rares vases en céramique commune connus de la fin du Premier Age du Fer, voire du tout début du Second Age du Fer. Elle correspond à la phase 1 de la ferme de Plouer-sur-Rance dans les Côtes d'Armor (renseignement : Yves Menez), ou à la phase la plus ancienne des souterrains armoricains comme celui de Lamphily à Concameau, dont le vase n° 1 est tout à fait semblable au vase n°4 Fig.25 (S. 15) (GIOT P.-R., 1979, p.310).

- 5-4 - La fusaïole

Elle est d'un type classique : Fig.24 n°8. —> réf. : F 25, décapage. diamètre : 4 cm ; épaisseur : 1,9 cm pâte brun-rouge à dégraissant grossier ; surface brute.

- 5-5 - Le godet

Ce godet à fond rond et lèvre plate semble modelé au pouce à partir d'une simple boulette d'argile (Fig.24 n°9) . Il a pu servir de lampe à graisse ; il ne s'agit en tout cas pas d'un creuset. —> réf. : F 26, décapage. diamètre : 4,3 cm ; hauteur : 4,5 cm pâte mal cuite, friable, beige-orangée ; dégraissant grossier.

- 6 - La stèle

Aucune trace du calage ou de l'emplacement où avait été érigée la stèle n'a été retrouvée pendant cette campagne. Soit elle était dressée à un endroit que nous n'avons pas encore fouillé, soit elle était implantée dans le tertre construit au centre de l'enclos, aujourd'hui arasé. Lors de la "Journée Portes ouvertes" organisée sur lechantier, nous avons replanté la stèle en terre pour la présenter au public. Un simple trou à la bêche dans la terre végétale a permis de la stabiliser. Sa base, en effet, est étroite et peu développée : 0,25 x 0,17 m de côtés pour 0,30 à 0,35 m de hauteur, ce qui correspond en gros à l'épaisseur de la terre végétale. La possibilité de retrouver la fosse, ou plutôt le trou, dans laquelle elle était ancrée est par conséquent très faible.

Un relevé minutieux de cette pierre travaillée a été réalisé afin 4e retrouver le tracé précis des décors, difficilement lisibles sans un éclairage frisant, d'où la difficulté d'obtenir des photographies satisfaisantes de l'ensemble de cet objet long d'1,745 m. Le développé du décor a été obtenu en plaçant sur la stèle un film de plastique souple transparent (film de survitrage !) et en décalquant directement les limites des décors, les fissures, les traces du soc de la charrue, les irrégularités de la matière, etc... Le résultat a été confronté à un frottis réalisé en passant vigoureusement des papiers- carbone sur des grands feuilles de papier appliquées sur la pierre. Ce dernier procédé, utilisé avec succès sur d'autres stèles, n'était pas convaincant ; en effet, la texture de la pierre, microfaillée dans le sens de la longeur, parasitait complètement les décors au point de les rendre incompréhensibles. L'avantage du relevé sur film transparent était de pouvoir contrôler à tout moment si un relief en creux était bien dû à un travail de la pierre ou non. En effet, nombre de traits verticaux ou obliques se confondaient avec les microfailles de la pierre et l'usure de stèle en a considérablement atténué la lisibilité. Il a fallu "tricher" un peu pour que le résultat final soit satisfaisant ; en effet, la stèle présente d'un profil bombé, et sa section des creux et des bosses, d'où l'impossibilité d'obtenir un relevé plan. C'est en juxtaposant et en faisant chevaucher plusieurs relevés de petites dimensions que le dessin terminal le plus proche de la réalité a été réalisé (Fig.27 ***).

L'ornementation de la stèle a probablement été obtenue à partir d'une seule technique, après que la pierre ait atteint sa forme définitive et que sa surface ait été parfaitement régularisée. Les motifs géométriques se présentent comme un creusement très superficiel, de 0,3 à 0,5 cm de large en moyenne, exécuté avec l'aide d'un outil de type ciseau ou gouge, d'où l'aspect lissé des décors se distinguant plus ou moins bien de la surface laissée brute, plus rugueuse. Si l'artisan a utilisé le fil de la pierre pour l'exécution des décors verticaux, il a été considérablement gêné par celui-ci pour les motifs obliques et curvilignes.

Les principaux décors ont déjà été décrits dans le précédent rapport. L'examen approfondi de l'objet a cependant permis de rectifier quelques erreurs (Fig.28). La base de la stèle, au dessus d'une surface non travaillée, présente une frise composée de deux lignes de 3 ou 4 chevrons emboîtés dont les bases se font face, avec La stèle (cliché M. ARTHUR, Conservation de l'Inventaire)

Fig. 26 un léger décalage, de chaque côté d'une ligne, afin de donner un aspect d'enroulement ou de spirale aux lignes brisées ; chaque motif est séparé de l'autre par d'autres chevrons emboités par 2 ou 3, dont les bases reposent sur la ligne délimitant de chaque côté cette frise, souvent difficile à lire. La surface de la stèle est ensuite occupée par cinq larges bandes verticales légèrement surcreusées ; leur largeur, d'une moyenne de 5 cm à la base et de 3,5 cm au sommet, n'est pas constante d'une bande à l'autre, l'artisan ayant vraisemblablement dû élargir la dernière pour occuper l'espace restant à couvrir. La partie haute de la stèle est ensuite couverte de quatre bandeaux de motifs continus, le sommet étant délimité par une bande de 3 cm de hauteur laissée vierge, d'où un aspect légèrement débordant que l'on retrouve sur d'autres stèles du Sud Finistère comme celle de Roz-an-Trémen. Les bandeaux inférieur et médian sont composés de motifs inspirés de la grecque ; chaque enroulement s'intègre différemment dans la frise : ils se raccrochent, alternativement ou par 2, sur la ligne inférieure ou supérieure qui délimite le bandeau, ou s'affrontent. Les lignes de grecques entourent une frise de 2 doubles esses horizontales et la moitié d'une autre ; chaque esse est reliée à l'autre. Le dernier décor, très peu lisible, était constitué de dents de loup.

Si le décor s'inspire en partie de motifs méditerranéens, véhiculés notamment par les objets de luxe importés ou copiés comme les vases en bronze destinés au service à vin, l'ensemble s'intègre bien dans un style qui se développe dans l'Europe celtique sur les objets de prestige. La rigueur de la composition et le choix de motifs géométriques laissent à penser que la stèle a été élaborée dans une phase précoce, antérieure à la diffusion générale du style curviligne que l'on rencontre principalement à partir du 4ème siècle (cf. La céramique peinte gauloise, 1991). Les frises de chevrons se rapprochent de motifs peints ou incisés connus par exemple en Champagne sur la céramique pendant le 5ème siècle avant J.-C. (ROUALET P., 1991) ; il est plus difficile de trouver des parallèles pour les motifs de doubles esses enroulées. Les comparaisons avec les autres stèles armoricaines, comme celle de Kermaria en Pont-l'Abbé actuellement datée du 4ème s.(GIOT P., 1979, p.262) ne sont pas d'une grande aide puisque les chronologies sont fondées sur le style et non sur le contexte archéologique. Il est donc tentant d'attribuer cet objet à la seconde moitié du 5ème siècle ce qui signifie qu'elle aurait été érigée dans le cimetière à une date largement postérieure à sa fondation, la fin du 6ème siècle. Une étude plus poussée des stèles du style de Melgven, fondée sur un relevé des décors et l'étude du contexte funéraire, permettrait de préciser cette datation. L'exemple du cimetière de Roz-an-Tremen en Plomeur, fouillé par du Châtellier et conservé au musée de Penmarc'h, semble le parallèle actuellement le plus proche. Relevé du décor

Fig.27 c Détails de la stèle (clichés M. ARTHUR, Conservation de l'Inventaire)

Fig.28 Conclusion

La campagne de cette année a permis de mettre en lumière un certain nombre d'hypothèses qui devront être confirmées par la fouille. On peut cependant considérer comme d'ores et déjà sure toute une série d'informations qui portent non seulement sur la structure de l'espace funéraire mais sur son intégration dans l'environnement.

La mise au jour de constructions sur poteaux à proximité de la nécropole ne doit pas surprendre. Dans l'article de synthèse sur les cimetières armoricains de l'Age du Fer publié dans les Actes du Colloque de l'AFEAF de (TANGUY D. et alii, 1990), tous les exemples cités présentent une relation nécropole/habitat bien établie. Dans le site de Landeleau (BRIARD J., 1982), un sondage effectué dans le talus d'un enclos situé à 80 m de la nécropole, a révélé une occupation contemporaine des sépultures. A Plouer-sur-Rance (Côtesd'Armor), l'enclos funéraire quadrangulaire a été mis en évidence à une centaine de mètres de la ferme de la transition Premier/Second Age du Fer (MENEZ Y., 1988). On ne peut multiplier les références en l'absence de données sur les contextes des nombreuses nécropoles à incinérations fouillées anciennement ; mais les deux exemples cités ci-dessus démontrent qu'une recherche systématique d'un habitat autour d'un cimetière (et réciproquement !) peut porter ses fruits. La fouille programmée de D. TANGUY à Inguiniel (Morbihan) est vraisemblablement en train de confirmer ce fait. Parti à la recherche d'une nécropole potentielle, sur un site ayant livré une stèle en forme de colonne un peu différente de celle de Melgven, il a mis au jour cette année les vestiges d'un habitat de l'Age du Fer, plus tardif certes que celui de Melgven . Il est tentant de faire un parallèlle avec les découvertes, révélées par la prospection aérienne, d'enclos funéraires situés à proximité de fermes de l'Age du Fer ou du début de l'époque romaine, dites indigènes en l'absence de datation. Ce schéma se retrouve aussi bien dans les Ardennes, où B. LAMBOT a constaté ce phénomène, qu'en Ille-et-Vilaine où G. LEROUX commence à le mettre en évidence. Il reste bien entendu à caractériser les bâtiments de Melgven pour savoir s'ils s'intègrent dans un habitat dense, de type ferme, ou s'il s'agit de constructions isolées.

L'orientation de l'enclos et des alignements de poteaux correspondent à celle du chemin creux qui longe le champ à l'ouest. Ce chemin, large et bordé d'épais talus, est traditionnellement identifié comme une voie romaine. Cette hypothèse est étayée par la présence d'un gué pavé situé à quelques centaines de mètres plus au nord, proche d'un site gallo-romain repéré par prospection au sol. Il est par conséquent possible que cet axe corresponde à un chemin très ancien.

La nécropole présente une configuration plus complexe que ne laissaient pressentir les sondages. La présence de fossés d'enclos, les premiers mis en évidence autour de ce type de nécropole armoricaine à incinération, ne doit pas surprendre. La plupart des découvertes ont été effectuées anciennement ou bien la fouille de sépultures en Bretagne n'a porté que sur une aire tout à fait restreinte. D'autre part, il est tout à fait classique qu'un cimetière, ou parfois même une sépulture, soit isolé du monde des vivants par un enclos, qu'il soit de forme ronde ou quadrangulaire. Le parallèle le plus proche a été fouillé par Y. MENEZ à Plouer-sur- Rance ; il était de dimensions comparables (10 m x 10 m), et la surface interne était également recouverte d'un petit tertre. Le rite pratiqué est cependant différent puisqu'il n'a livré que des fosses à inhumations, apparemment sans mobilier d'accompagnement, dont les ossements étaient complètement dissous. Dans l'état actuel des publications, ce type d'enclos quadrangulaire ne semble pas connu dans le reste de la France pendant la période de transition Premier/Second Age du Fer , ou globalement le 5ème siècle avant J.-C. ; le cercle prédomine en effet jusqu'au 3ème s.. On peut trouver des parallèles en Hollande (LAMBOT B., 1991 , p.259) et en Autriche (Les Celtes, p. 189) à partir du 5ème s. avant J.-C.

Quant aux structures funéraires, le site de référence le mieux documenté est actuellement la nécropole de Penfoul en Landeleau. Elle présentait les restes d'un tertre arasé mieux conservé qu'à Melgven, des structures de combustions, un tr ou de poteau..., et si les urnes étaient parfois protégées par de véritables coffres de dalles, absents à Melgven, elles étaient également à la fois le seul mobilier céramique et le réceptacle des restes incinérés. Cette dernière caractéristique est d'ailleurs commune à tous les tombes connues de cette période. On notera l'absence actuelle de mobilier métallique à Melgven. Le site de Kerviguérou en Melgven s'intègre donc parfaitement dans la série des nécropoles à incinération de la fin du Premier et du début du Second Age du Fer, tant par le mobilier, urnes et stèle, que par les rites pratiqués. BIBLIOGRAPHIE

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* nomenclature :

- U = sépulture à incinération, avec ou sans urne. - S = structure à l'intérieur de laquelle ont pu être distingués des niveaux arbitraires des couches archéologiques. - F = fossé

** L'échelle des planches du mobilier, Fig.23, 24 et 25, est au 1/3.

*** L'échelle du relevé des décors de la stèle, Fig.27, est au 1/8. Fig.l : Plan des sondage de 1991 Fig.2 : Plan général de la fouille de 1992 Fig. 3 : Vue générale nord-sud du site (au fond, la mer) Décapage manuel de la zone 1 dans le secteur des urnes Fig.4 : Sud de la zone 1 après décapage Relevé systématique dans la zone 1 Fig.5 : Vue générale est-ouest des incinérations après le décapage Prélèvement de U4 : 1ère phase Fig. 6 : Sépultures à incinération : relevé de surface Fig. 7 : Plan de la zone 1 à l'issue de la fouille de 1992 Fig. 8 : Stratigraphie du secteur situé au sud de l'enclos, en cours de fouille de gauche à droite : couche 1 : décapage, couche 2 : couche avec pierres, tessons, charbons ;couche 3 : couche où sont creusées les structures (au 1er plan : S 8) Fig. 9 : Vue nord-sud de la fouille avant le prélèvement des urnes ; à l'arrière plan, les fossés de l'enclos FI et F2 Vue nord-sud de la fouille (suite) : fossés de l'enclos F2, F3 et F4. Fig. 10 : Coupes du fossé de l'enclos FI Fig. 11 : Vue est-ouest des urnes en cours de fouille ou de prélèvement Fig. 12 : U1 après nettoyage de surface U1 : fond après fouille en laboratoire Fig. 13 : Vue sud-nord après décapage de U6 au 1er plan, U3 à gauche, U2 à droite U6 : dégagement du col de l'urne Fig. 14 : U9 : fouille de la moitié sud en cours en laboratoire (cliché : I. VILLEMEUR) U10 : poche d'ossements incinérés Fig. 15 : Ull : fouille en laboratoire (clichés : I. VILLEMEUR) Fig. 16 : Plan de la zone 1 : état 1 Fig. 17 : Petite fosse remplie de terre brune : S 3 Foyer S 7 après la fouille ; U7 , S13 et S 19 à droite Fig. 18 : U7 après nettoyage de surface U8 dans sa fosse S12 Fig. 19 : S 15 : noter les pierres recouvrant les 3 moitiés de vases emboités Godet en terre cuite : lampe à graisse ? Fig.20 : Plan de la zone 2 après décapage (juille) Fig.21 : Plan de la zone 2 après la fouille (Août) Fig.22 : Vue nord-sud de la zone 2 après décapage Les deux alignements de 3 poteaux et S 5 Fig.23 : Les urnes : céramique fine Fig.24 : Mobilier de la zone 1 Fig.25 : Mobilier des zones 1 et 2 Fig.26 : La stèle (cliché M. ARTHUR, Conservation de l'Inventaire) Fig.27 : Relevé du décor Fig.28 : Détails de la stèles (cliché M. ARTHUR, Conservation de l'Inventaire) ANNEXE

RAPPORT ANTHROPOLOGIQUE I. VILLEMEUR MELGVEN KERVIGUEROU (FINISTERE) RAPPORT ANTHROPOLOGIQUE

Isabelle VILLEMEUR

Lors de la campagne de fouille 1992, sept sépultures à incinération ont été fouillées : Ul, U2, U3, U5, U7, U9, Ull. Une sépulture est en pleine terre (U9), les autres étaient contenues dans des urnes. Les urnes sont arasées environ jusqu'au deux tiers, sauf une seule, qui est entière (Ull). Les os sont contenus dans une terre très noire, légère, non charbonneuse, qui pourrait provenir de la décomposition de racines, dont la concentration est importante au contact de l'os.

METHODE

La fouille a été réalisée en laboratoire, sauf les urnes U2 et U3 qui ont été fouillées sur le terrain, et qui n'ont livré que très peu de vestiges osseux (de ce fait, ils ne font pas partie de l'analyse pondérale). La méthode appliquée est la même que celle appliquée lors d'une fouille de sépulture à inhumation utilisant les techniques de l'anthropologie de terrain, le champ des opérations étant bien évidemment beaucoup plus réduit. Sur chaque urne ont été tendus deux fils perpendiculaires, qui servent de carroyage, et délimitent ainsi quatre zones. Une couche osseuse est dégagée à l'aide d'outil de dentiste et de petits pinceaux. Ensuite, le niveau est photographié avec un polaroïd. La photographie sert de relevé au moment du prélèvement. Les os sont prélevés un par un, et par quart. Un numéro est donné à chaque os (ou groupe de fragments appartenant au même os) prélevé, ce numéro est reporté, sur le calque posé sur le polaroïd, ainsi que sur le sachet qui contiendra l'os en question. Une tentative de détermination est effectuée à ce moment-là et la couleur de l'os est notée (elle donnera des indications sur la température de crémation). Sur ce même niveau plusieurs altitudes sont mesurées. Ensuite, on reprend la fouille, pour mettre au jour le niveau suivant.

Cette fouille minutieuse permet de prélever les os de manière moins fragmentaire que par le tamisage, et de regrouper les esquilles issues du même fragment. Il s'ensuit ainsi une étude plus poussée, qui peut amener à déterminer le nombre d'individus contenu dans l'urne, leur âge, quelquefois leur sexe et les éventuelles pathologies. D'autre part, cette méthode donne accès au niveau de remplissage initial de l'urne, à l'étude de la répartition des os dans l'urne, et à leurs rapports avec la faune1 et le matériel archéologique (Cf. Duday, 1986). Après la fouille, une analyse pondérale est effectuée. Elle donne la représentation des différentes parties du squelette qui ont été identifiées. Elle est préférée au comptage des fragments, car le nombre des fragments n'est pas une donnée stable ; en effet, les os sont fragiles et peuvent subir de nouvelles fragmentations au cours de manipulations. Ces nouveaux fragments, s'ils sont à nouveau identifiés, viendront grossir à tort la représentation d'une certaine région du squelette (Cf. Duday, 1987). L'analyse pondérale se déroule de la manière suivante : les os sont pesés, leur poids est reporté à la région anatomique identifiée (crâne, tronc, membres supérieurs, membres inférieurs) ou à la classe « os indéterminés », comprenant elle-même trois groupes : - les métacarpiens, métatarsiens et phalanges ; - les diaphyses des os longs ; - les esquilles, qui sont en général de petits fragments difficilement identifiables. On obtient ainsi le poids total des os prélevés dans l'urne. A la suite, peut être calculé le poids relatif de chacune des régions anatomiques identifiées. Et ainsi on peut connaître la représentativité dans l'urne, des différentes parties du squelette.

ETUDE DES SEPULTURES

Les os sont pour l'ensemble très mal conservés. L'acidité du terrain a eu pour effet de dissoudre les os, et les nombreuses racines ont aussi contribué à les fragiliser et à augmenter leur fragmentation. Cela amène à un niveau de détermination beaucoup moins précis que celui auquel on pouvait s'attendre.

U 1

L'urne contenait 6 cm de remplissage, renfermant 69,9 g d'os (Cf. Analyse pondérale). Les os sont très mal conservés. Le seul fragment qui a pu être déterminé appartient à une côte. Les autres fragments ont été classés dans les classes « diaphyses », « MTC, MTT et Ph » (c'est-à-dire métacarpiens, métatarsiens et phalanges) ou « esquilles » (Figure 1). L'épaisseur des fragments pourrait indiquer que les os n'appartenaient pas à un nouveau-né ou à un enfant. Les os sont pour la plupart complètement blancs, sauf six fragments qui présentent une face médullaire bleutée. Ces fragments sont répartis sur l'ensemble des niveaux. Cette teinte bleutée indique une température de crémation moins importante à cet endroit, ce qui est tout à fait logique puisque la face médullaire est la face interne de l'os et qu'elle n'est pas, par nature, exposée directement au feu. L'urne ne semble donc contenir qu'un seul individu, qui d'après l'observation de l'épaisseur des os pourrait être adulte ou adolescent.

U1

rTotal déterminé (0,1%) MTC, MIT, Ph (7,

Esquilles (38, 2%)

Diaphyses (54,5%)

Figure 1 4 U 5

L'urne contenait 5,5 cm de remplissage, renfermant 37,7 g (Cf. Analyse pondérale). Les fragments osseux ont été regroupés dans deux classes : « diaphyses » et « esquilles » (Figure 2). Deux petits charbons de bois ont été prélevés à deux niveaux différents. Les os sont en majorité blancs, trois fragments ont leur face médullaire bleutée. Même conclusion que pour Ul, en ce qui concerne l'âge et le nombre d'individu.

U5 Répartition des os indéterminés

Esquilles (49. !%)• Diaphyses (50. 9%)

Figure 2

U 7

L'urne contenait 7 cm de remplissage, renfermant 84,2 g (Cf. Analyse pondérale). Les fragments osseux ont été regroupés dans deux classes : « diaphyses » et « esquilles » (Figure 3). L'âge de l'individu ne peut davantage être précisé que pour les autres urnes. Tous les fragments sont blancs, témoignage d' une température et d'une durée de crémation homogènes.

U 7 Répartition des os indéterminés

Esquilles (14. 1%)"

Diaphyses (85, 9%)

Figure 3

U 9

Cette sépulture était en pleine terre, dans une fosse. A l'intérieur de la fosse une délimitation est assez nette entre la terre de remplissage de couleur ocre et la terre de couleur grise et charbonneuse, contenant les os ; elle a un contour irrégulier, dont les plus grandes dimensions sont 53 cm en longueur sur 30 cm en largeur. Tous les os ne sont pas contenus dans cette « poche » : certains ont été retrouvés dans la terre ocre, sur les côtés et en dessous. Les fragment osseux ont été regroupés dans trois classes : « crâne », « diaphyses », « esquilles » (Figure 4). Le poids total des os prélevés est de 472,4 g (Cf. Analyse pondérale). Deux dents dont une troisième molaire, ont été identifiées. Cette dernière indique que les fragments osseux pouvaient appartenir à un individu adulte. Tous les fragments sont blancs. Figure 4

U 11

L'urne était couverte d'une petite dalle en grès (18 cm sur 16 cm). Celle-ci s'est effondrée avec la partie supérieure de l'urne jusqu'au niveau des os, qui se situe à la partie supérieure du col du vase. Une dalle en grès (18 cm sur 14 cm), était également sous l'urne.

Les os sont répartis sur 17 cm, ils ont un poids total de 682,7 g (Cf. Analyse pondérale). Ils sont très mal conservés. Le regroupement des fragments a été effectué en deux classes principales : « fragments déterminés » et « fragments indéterminés ».

Les fragments déterminés comprennent quatre groupes : • « crâne » ; • « tronc », c'est-à-dire : l'ensemble du rachis, depuis l'atlas jusqu'au coccyx, les côtes et le sternum ; 7

• « membres supérieurs », c'est-à-dire : la ceinture scapulaire, l'humérus, le radius, l'ulna et les os de la main ; • « membres inférieurs », c'est-à-dire : la ceinture pelvienne, le fémur, le tibia, la fibula et les os du pied.

Les fragments indéterminés comprennent trois groupes : • « MTC, MTC, Ph », c'est-à-dire : les métacarpiens, métatarsiens et phalanges ; • « diaphyses », c'est-à-dire : les diaphyses des os longs ; • « esquilles », c'est-à-dire : les petits fragments indéterminées.

Le diagramme sectoriel (Figure 5) visualise le pourcentage des fragments : plus de la moitié sont des fragments indéterminés. Le tronc est très peu représenté (0,4%), il s'agit de quelques fragments de vertèbres et de côtes. En revanche, le crâne avec les membres inférieurs sont les régions les mieux représentées (16,7% et 15,8% respectivement). Leur pourcentage est toutefois inférieur à celui des esquilles ou à celui des diaphyses (23,3% et 31,9%).

Deux racines de dent ont trouvées ; leur apex, fermé, indique que ce sont des dents permanentes. De plus, une patella permet de dire que l'individu était adulte, ou adolescent.

Les os sont dans l'ensemble blancs. Environ une dizaine de fragments sont complètement bleus, une vingtaine de fragments sont bleus sur leur face médullaire (616 groupes de fragments ont été prélevés en tout).

Aucune stratification des dépôts n'a été observée : les os semblent avoir été mis pêle-mêle, sans un souci d'ordre quelconque.

Il semble qu'il n'y ait qu'un seul individu, aucun élément ne démontre le contraire : en effet aucun doublet n'a été retrouvé, cependant l'état de conservation ne permet pas une détermination suffisamment convaincante. Crane (16,7%)

Esquilles (23, 3%) Tronc (0, 4%) Mbres sup. (6,9%)

Mbres inf. (15,8%)

Diaphyses (31,9%) MFC, MIT, Ph (5,

Figure 5

CONCLUSION

La fouille de ces urnes a permis de constater la mauvaise conservation des restes osseux. Celle-ci a fortement limité les possibilités de l'étude ; toutefois un certain nombre d'informations sont dégagées : • aucune des urnes ne contenaient d'ossements animaux, ou de mobilier ; • il semble que les urnes ne renfermaient qu'un seul individu adulte ou adolescent ; • les stries transversales sur les os permettent de dire que les os ont été brûlés frais (Cf. Guillon, 1986) ; • la température et la durée de crémation sont homogènes, les os sont dans l'ensemble blancs, avec quelques fragments bleus, indiquant à ce niveau, une exposition moins directe au feu. De plus les os sont fissurés en ondes concentriques. Ces éléments permettent de préciser la température de crémation qui devait atteindre au moins 660 °C (Cf Bonucci et Graziani, 1975). Cette donnée est à entourer de prudence car la durée d'exposition entre aussi en ligne de compte dans la coloration de l'os brûlé, et un os chauffé à une température plus faible mais pendant plus longtemps peut avoir un aspect plus brûlé qu'un os soumis à une plus haute température moins longtemps (Cf. Susini, 1988) ; • dans les urnes, peu ou pas de charbons ont été retrouvés. Les os devaient donc être ramassés les uns après les autres ou de manière à ne pas garder de charbon.

PERSPECTIVES

Même si elle ne nous a pas apporté les informations que l'on attendait, la campagne 1992 est riche d'enseignements pour la mise en place d'une autre méthode de fouille pour la campagne 1993. En effet, il est prévu pour 1993 que les urnes ne seront plus fouillées par un anthropologue, mais par plusieurs fouilleurs qui seront encadrés par un anthropologue. Ainsi plusieurs urnes pourront être fouillées en même temps ; l'anthropologue effectuant les prélèvements et les observations nécessaires, dans les mêmes conditions qu'une fouille d'urne habituelle.

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SUSINI, A. 1988 Etudes des caractéristiques des tissus calcifiés humains (os, émail, dentine) soumis à des traitements thermiques. Applications anthropologiques et médicales. Thèse de Sciences polyc., Genève.

La fouille et le rapport ont été réalisés en étroite collaboration avec le Laboratoire d'Anthropologie de l'Université de Bordeaux. Je tiens à remercier plus particulièrement Henri Duday et Patrice Courtaud. ANALYSE PONDERALE (en grammes) n

U 1

Total détermine 0,1 Total indéterminé 69,8 TOTAL 69,9

MTC. MTT. Ph 5 Diaphyses 38, 1 Esquiles 26,7 TOTAL indét. 69.8

U 5

Diaphyses 19,2 Esquiles 18,5 TOTAL indét. 37,7

U 7

Diaphyses 72,3 Esquiles 11,9 TOTAL indét. 84.2

U 9

Total déterminé 10,8 Total indéterminé 461,6 TOTAL 472,4

Crâne 10,8 Diaphyses 264 Esquiles 197,6 Total déterminé 271,8 Total indéterminé 410,9 TOTAL 682,7

Crâne 114,3 Tronc 2,4 Mbres sup. 47,2 Mbres inf. 107.9 TOTAL déterm. 271,8

MTC, MTT. Ph 34, 1 Diaphyses 218 Esquifies 158,8 TOTAL indét. 376,8