Liste Taxonomique Et Synonymique Des Pterophoridae De France (Lepidoptera)
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oreina n° 22 – juin 2013 ACTUALITÉ 5 Liste taxonomique et synonymique des Pterophoridae de France (Lepidoptera) ALAIN CAMA Résumé : Un groupe de travail s’est constitué en 2012 afin d’éta- nent obsolètes ; pour preuve : Léon Lhomme a proposé blir la liste des microlépidoptères de France. Un bref historique de 1923 à 1949 un catalogue des espèces françaises introductif relate leur étude depuis Linné jusqu’aux séquençages de lépidoptères, incluant la Belgique, totalisant alors du génome. Le programme Taxref, mis en œuvre par le Muséum 4339 taxons. Chaque espèce reçut un numéro d’ordre national d’Histoire naturelle, constitue une base de données adap- reflétant la phylogénie du moment. Devant les progrès tée et évolutive. Le choix de la première famille d’étude s’est porté nomenclaturaux de la science entomologique et la dé- sur les Pterophoridae. La liste systématique et synonymique de couverte d’un nombre non négligeable de nouvelles cette famille est établie en tenant compte des derniers travaux pu- espèces, il fallut élaborer de nouvelles listes, ce que bliés. Les 145 espèces sont classées avec un numérotation Taxref. fit Leraut en 1980 et 1997, donnant ainsi le coup d’en- Seules sont traitées les espèces françaises du domaine paléarctique voi des listes nationales en Europe. Entre ces deux (Corse comprise). dates d’éditions, 400 espèces sont venues s’ajouter à la faune de France ! Il faut savoir qu’une dizaine de Summary: A working group was set up in 2012 with a view to nouveaux taxons vient accroître chaque année cette built the list of French microlepidoptera. A brief historical intro- liste. Seize ans nous séparent de la dernière édition, duction gives an account of this study covering the period between pour qui veut calculer ! Durant les cinq dernières an- the age of Linnaeus to today's genome sequencing. The Taxref nées, pas loin d’une centaine d’espèces a été ajoutée à programme, instituted by the Natural History Museum, was used la liste des papillons connus en France, 1 as as data base, it being both appropriate and expandable. The first et je ne parle que de « micros ». La liste family selected for the study was that of the Pterophoridae. The européenne de Karsholt et Razowski systematic and synonymic list for this family was prepared taking (1996), la liste de Fauna Europaea – into account the latest publications. The resulting 145 species are disponible sur Internet –, présentent detailed, together with Taxref reference numbers. The species le même défaut rédhibitoire d’être treated are French species within the palearctic region (Corsica corsetées numériquement et conduit included). pour toute mise à jour, de gratifier les numéros d’un "bis" ou "a", "b"… Mors-clés : Lepidoptera, Pterophoridae, France, Paléarctique, sy- Quelle est la solution qui permettrait nonymies, taxonomie, Taxref. d'éviter cette situation ? Elle pourrait consister en une centralisation d’une nomenclature moderne et universelle, autour d’un organisme fédérateur. Sui- 2 ► POURQUOI UNE LISTE vez ce qui suit… DES PTÉROPHORES DE FRANCE ? Souvenez-vous… Nous avons entrepris, avec quelques spécialistes ► LE RÉFÉRENTIEL et le groupe Microlep d’oreina, l’étude des microlépidoptères de TAXREF : SORTIR DE France paléarctique (annonce oreina n° 18, juin 2012). Ce projet, LA TOUR DE BABEL appelé familièrement « projet Microlep » nécessitait de débuter par DE LA CLASSIFICATION la liste des espèces, première pierre de l’édifice. En amont, il faut considérer 250 années Alors, pourquoi les ptérophores ? Ces « plumeux », sont d’atta- d’histoire naturelle, clairement identi- chants petits insectes dont l’évolution a voulu qu’ils portent – à fiables depuis les travaux de Carl Von l’exception du genre Agdistis – des ailes découpées en lobes, mu- Linné dans la dixième édition du Sys- nies de franges, telles que ces appendices ressemblent étrangement tema naturae de 1758, point de départ à des plumes. En dehors de ces considérations esthétiques, nous de la nomenclature binominale. Ces aurions pu aborder la systématique sous l’angle des familles les siècles virent fleurir une abondance de 3 plus primitives. Il s’avère que nous comptons dans notre groupe descriptions disséminées dans le monde des experts internationaux, à savoir Louis BIGOT, Jacques PICARD entier. ▲ 1 & 2 : Stenoptilia de la section et Jacques NEL, qui ont consacré aux ptérophores une immense En aval, les espèces nouvelles se pré- graphodactyla, Restigné (Indre-et- partie de leur vie entomologique. Nos rangs comportent également sentent nombreuses au portillon de la science ; les filiations entre Loire), 7-IX-2012 ; 3 : Ptérophore des collègues compétents versés depuis longtemps dans l’étude de les groupes s’affinent à l’éclairage des progrès de la recherche, du genre Oxyptilus, Cipières (Var), ces insectes, sous la tutelle bienveillante de ces deux autorités. De les noms changent, un ordre de plus en plus logique s’installe. 18-VII-2008. © A. CAMA. plus, cette famille comporte environ 140 espèces, nombre modéré Les progrès de l’informatique et l’universalité de son usage ont par rapport à d’autres familles, ni trop foisonnant ni trop malingre, permis la création d’une base de données qui organise toutes ces excellent format pour un galop d’essai. L’aventure commencera références acquises depuis l’âge d’or des cabinets entomologiques donc avec les Pterophoridae. jusqu’à nos jours. Le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris fut tout désigné pour élaborer le référentiel taxonomique dé- ► DE LA NÉCESSITÉ D’UNE LISTE A JOUR nommé TAXREF, dans le cadre du Système d’Information sur la Autrement dit, ayons une vue claire sur le nombre d’espèces fran- Nature et les Paysages (SINP) (éditorial d’oreina, n° 20 décembre çaises et leur arrangement systématique. Nos référentiels devien- 2012). Ce système de référencement des taxons et des synonymes 6 ACTUALITÉ oreina n° 22 – juin 2013 concerne tout le vivant (faune, flore et fonge) et de- de naissance de chaque tige nous confortent dans l’appréciation vient ainsi le référentiel évolutif basé sur un procédé d’espèces monophylétiques, polyphylétiques ou paraphylétiques. astucieux de numéro unique lié définitivement à son Alors, touchons-nous du doigt une nouvelle manière d’intégrer la taxon quoi qu’il advienne et dont le raccordement per- notion d’espèce ? met de modifier la position phylogénétique en fonc- tion des évolutions de cette science, sans changer de ► PULSATIONS CLIMATIQUES numéro. Ce système est comparable à celui des nou- ET SPÉCIATION, EN GUISE D’EXEMPLE velles immatriculations automobiles, attachées aux La criminologie n’est pas la seule à bénéficier des avancées de véhicules malgré un changement de propriétaire ou cette science, le séquençage du vivant est en route depuis à peu de région. De plus, dans le système TAXREF, ce nu- près cinq ans, grâce au programme international BOLD (Barcode méro est lié à toute information associée : description of Life Data Systems). Ce n’est qu’un outil parmi tant d’autres, 4 originale, bibliographie, photographies, qui complètent les études morphologiques. Mais il nous autorise etc. TAXREF appréhende un territoire des avancées comme celles-ci : quelques ptérophores du genre donné : la France. oreina étant dédié à Stenoptilia ont le point commun de se nourrir de « saxifrages la faune paléarctique, la liste s'applique mousse ». Ainsi, nous pouvons énumérer sur nos montagnes, des uniquement à cette région. Alpes aux Pyrénées, en passant par le Massif central : S. cerda- L’élaboration de la liste a consisté à nica Nel & Gibeaux, 1991, S. cebennica Nel & Gibeaux, 1991, rechercher une multitude de données S. brigantiensis Nel & Gibeaux, 1992, S. buvati Nel & Gibeaux, dispersées dans les collections, les 1992 et S. mercantourica Nel & Gibeaux, 1991. Tous sont des ouvrages, les fiches d’observation de endémiques aux premiers états bien caractérisés. Or, pour certains terrain… bref, tout ce qui est d’inspi- d’entre eux – jusque-là, seules les espèces de l’Arc alpin ont été ration muséologique et documentaire étudiées –, la divergence génétique s’avère très faible, bien en des- dans le milieu amateur et professionnel. sous du seuil spécifique et seraient rattachés à S. alpinalis (Bur- 5 N’oublions pas, non plus, qu’une part mann, 1954). Quelle est la signification de cette convergence ? importante de notre patrimoine entomo- Ces études nous font repasser, tout simplement, le film évolutif à logique est logée à l’étranger. Le rôle de l’envers, soulignant que depuis environ 10 000 ans, donc depuis la saisir tout cela est dévolu au coordon- fin de la dernière glaciation dite du Würm, ces espèces ont migré nateur aidé de référents agréés par le en altitude pour fuir le réchauffement (déjà) et de ce fait se sont Muséum. Une fois les données réunies, réfugiées sur des massifs montagneux, isolées les unes des autres, il faut encore les trier, les analyser, pas- sans possibilité de retour à un brassage génétique. Cette séparation ser en revue tous les synonymes connus étant très récente à l’aune du vivant, la divergence liée aux effets et enfin valider et inscrire le nom, son de la dérive génétique des différentes populations géographique- auteur et la date de description, tout ceci ment très éloignées, est pourtant très faible. Ce constat est sans à la lumière des règles du Code interna- ambages : les espèces séquencées tombent en synonymie derrière tional de Nomenclature zoologique. Ce l’espèce prioritaire S. alpinalis. rigoureux travail est en marche pour nos L’illustration de ce que je viens d’exposer tient dans