UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO Domaine Sciences de la Société (DSS) Mention Sociologie Ecole Doctorale Sciences Humaines et Sociales (ED – SHS) EAD –Rouages des Sociétés et Développement (EAD-ROSODEV) LARICOCIS (Laboratoire de Recherche Interdisciplinaire sur la Connaissance, la Culture et les Interactions Sociales)

MEMOIRE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE MASTER EN SOCIOLOGIE

DES ACTIVITES ECORESPONSABLES POUR UNE ECONOMIE VIABLE : CAS DE LA COMMUNE RURALE DE MAROSAKOA A ANKARAFANTSIKA.

Présenté par : RAJERISON Mihaja Mampionona Président : Monsieur RAJAOSON François, Professeur Titulaire Emérite Juge : Madame ANDRIANAIVO Victorine, Maitre de Conférences Encadreur pédagogique: Monsieur ETIENNE Stefano Raherimalala, Professeur Date de soutenance : 09 Mars 2018

Année Universitaire : 2015-2016

DES ACTIVITES ECORESPONSABLES POUR UNE ECONOMIE VIABLE : CAS DE LA COMMUNE RURALE DE MAROSAKOA A ANKARAFANTSIKA.

REMERCIEMENTS Avant toute chose, nous tenons à remercier Dieu notre créateur. Nous voudrions exprimer notre sincère gratitude à tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.

Mais nous voulons remercier en particulier :

 Le président de l’Université d’Antananarivo : Professeur Panja RAMANOELINA,  Le Doyen de la Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de la Sociologie : Monsieur Olivaniaina David RAKOTO  Le chef de la Mention Sociologie qui est aussi notre encadreur pédagogique : Professeur ETIENNE Stefano Raherimalala

Et nous voudrions accorder notre entière reconnaissance à

 Monsieur RAJAOSON François, Professeur Titulaire Emérite, qui a bien voulu présider cette présente soutenance.  Madame ANDRIANAIVO Victorine, Maitre de Conférences, pour avoir bien voulu juger ce travail.

Nos remerciements vont également :

 Aux Chef fokontany d’Ampijoroa, d’Ampombilava et d’Ambodimanga  Au personnel du PN Ankarafantsika  A l’association des guides d’Ankarafantsika  Et surtout à la population d’Ankarafantsika.

Nous associons à nos remerciements tous nos Enseignants, le personnel du département de la Sociologie, toute notre famille et nos amis.

Liste des acronymes et abréviations :

ANGAP : Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées

AP : Aire Protégée

AGR : Activités Génératrices de Revenus

CEG : Collège d’Enseignement Général

CITE Centre d’Information Technique et Economique

CMED : Commission Mondiale pour l’Environnement et le développement

CNUED : Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement

FEM : Femmes Entrepreneurs de Majunga

GIZ : Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit,( Coopération Allemande pour le Developpement)

IFM : Institut Français de .

MNP : Madagascar national Parks (Parcs Nationaux de Madagascar)

ONU : Organisation des Nations Unies

PAG Plan d’aménagement et de gestion

PN : Parc National

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

UNESCO: United Nation Educational, Scientific and Cultural Organisation, (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture)

Liste des tableaux

01 Présentation de la faune d’Ankarafantsika ------8 02 Présentation de la flore d’Ankarafantsika ------10 03 Richesse culturelle au sein du PN d’Ankarafantsika ------11 04 Présentation des effectifs des visiteurs ------13 05 Répartition des enquêtés par sexe selon les fokontany ------22 06 Risques et opportunités de l’activité apicole ------37 07 Exemple de prix sur les produits artisanaux en raphia ------44 08 Prix des achards de mangue er de citron selon les saisons ------48 09 Répartition des tâches selon le sexe ------54 10 Nombre de femme pratiquant l’activité du raphia par année ------58 11 logos sur la protection des produits agricoles européens ------74

Liste des photos

01 Le doany Ravelobe ------12 02 Ruche d’abeille à Ampombolava ------39 03 Pancarte à l’entrée du village d’Ampombilava ------40 04 Atelier de tissage de raphia à Ampombilava ------42 05 Commercialisation des produits ------43 06 Panneau village de citron ------46 07 Les femmes artistes de l’association « Taratra Mirindra » ------53 08 Présentation des logos et des produits écoresponsables ------76

Liste des figures

01 Cercle vicieux de la pauvreté ------25 02 Les trois piliers du développement durable ------30 03 Cycle du processus de transformation de la mangue et du citron en achards ---- 47 04 Pour l’atteinte de la pérennisation économique ------67

Liste des graphiques

01 Diagramme sur les activités à Ankarafantsika ------35 02 Diagramme des activités à l’initiative de la population à Ampijoroa ------56

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE PARTIE I- PRESENTATION DES CADRES D’ETUDE, METHODOLOGIQUE, THEORIQUE, ET CONCEPTUEL Chapitre I- Etat des lieux : le parc national d’Ankarafantsika, la population et le tourisme Chapitre II- Cadre méthodologique Chapitre III- Approches théoriques et conceptuelles PARTIE II- LES POTENTIALITES D’ANKARAFANTSIKA AU SERVICE DE LA POPULATION RIVERAINE POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE Chapitre IV- Le secteur de l’écoresponsabilité, un sujet de développement économique à Ankarafantsika Chapitre V- Impacts des activités écoresponsables pour un idéal de développement Chapitre VI- Vérification des hypothèses PARTIE III- ANALYSES PROSPECTIVES ET DISCUSSIONS Chapitre VII- Discussions Chapitre VIII. Suggestions et perspectives d’avenir CONCLUSION GENERALE BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIERES

GLOSSAIRE

Ecologie : L'écologie est une science récente de la biologie née dans les années 1800. Mais l'écologie désigne aussi une préoccupation très récente liée à l'avenir et aux conditions de vie sur la planète.

Ecosystème : Système formé par un environnement (biotope) et par l'ensemble des espèces (biocénose) qui y vivent, s'y nourrissent et s'y reproduisent. Dictionnaire Larousse 2011

En biologie, un écosystème est un système qui se compose d'un ensemble d'organismes vivants, la biocénose, et de l'environnement physique où ils vivent, le biotope. Un écosystème est une unité composée d'organismes interdépendants qui partagent le même habitat.

Fady : il représente les interdits et les tabous dans la société malgache.

Fokontany : « En toute logique, c'est le Fokonolona- l'ensemble de la population qui vit dans le Fokontany- qui doit être la communauté de base dans la société malgache. »RAVALITERA Pela (2016).village traditionnel malgache, des secteurs ou des quartiers.

Foko : cellule originelle de la société politique malgache, communauté clanique. Encyclopédie Universalis, 2012

Migrant : Le terme migrant peut être compris comme toute personne qui vit de façon temporaire ou permanente dans un pays dans lequel il n'est pas né et qui a acquis d'importants liens sociaux avec ce pays. ... Elle inclut, les mouvements de réfugiés, les personnes déplacées et les migrants économiques. Organisation des Nations Unies, 2017

Sakalava : Les Sakalava sont un groupe ethnique de Madagascar qui occupe la majeure partie de la frange côtière occidentale de l'île, depuis la région de Tuléar au sud jusque dans la région du Sambirano au nord.

Tromba : Le tromba est une manifestation de possession très répandue dans le nord- ouest malgache et aux Comores, qui joue un rôle important dans l'organisation qui joue un rôle important dans l'organisation politique et religieuse sakalava. Ce terme désigne à la fois(…) l’esprit des ampanjaka (prince) défunt, l’état de possession de la personne hantée par cet esprit, le possédé lui-même lorsqu’il n’est pas désigné plus précisément par le terme saha. OTTINO Paul 1965. 1

INTRODUCTION GENERALE

 GENERALITES D’après les dernières données proposées par l’ONU le 21 juin 2017, le nombre total de la population s’élève actuellement à 7,6milliards. Le 21ème siècle représente le temps de la mondialisation, une période où tout est en réseau, un temps qui a marqué l’expansion de la technocratie, la libre circulation des hommes et la globalisation de l’économie. Plus clairement, selon l’encyclopédie Larousse « La mondialisation se traduit par une recomposition de l’espace économique mondial, au sein duquel le modèle occidental d’économie de marché s’étend aux pays émergents, et suscite de vives oppositions, qui prennent la forme soit de l’antimondialisation, soit de l’altermondialisation »1. Ce phénomène vise à l’unification de toutes les formes d’activités socio-économiques des hommes, tout en précisant un objectif qu’il y aura un nouvel ordre mondial.

Malgré cette situation, diverses thématiques ne sont pas encore entièrement maitrisées (la maladie, le travail des enfants, la pauvreté, etc.) pourtant elles demeurent des points importants et sensibles à l’encontre du développement humain.

Face à cette réalité, pour essayer de contrecarrer les maux de la société mondiale, la communauté internationale (ONU) et 23 autres organisations internationales proposaient des alternatives en 2000 jusqu’en 2015 avec l’OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) à New York (États-Unis). Ces objectifs se résument sur la réduction de l’extrême pauvreté et la mortalité infantile, la lutte contre plusieurs épidémies, dont le SIDA, l’accès à l’éducation, l’égalité de sexes, et l’application du développement humain.

Malgré les efforts fournis et les moyens mobilisés durant ces 15 années, les objectifs du millénaire pour le développement furent un échec. Toutefois pour y remédier, en 2015, l’ONU a changé l’OMD en ODD (Objectifs de Développement Durable) avec ses 17 objectifs pour transformer le monde. Ce grand projet va durer jusqu’en 2030.

Dans cette avancée, le concept de développement durable est devenu un idéal pour surmonter la pauvreté, pour lutter contre les inégalités, l’injustice et enfin pour régler le problème de changement climatique.

1 Dictionnaire Larousse, 2011 2

Concernant Madagascar, depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui, sa situation socio- économique demeure floue. A cet effet, la grande île vit dans une crise politique perpétuelle. Et de plus, Madagascar se situe au rang de 154ème sur 187 pays à avoir un IDH faible dans le monde selon la Banque Mondiale. Pourtant, avec sa superficie de 587.041 km2, l’écologie malgache reste indiscutablement dense et belle. Selon la vision de l’UNESCO, elle expose une variété de faune et de flore digne d’être jugés numéro 2 d’avoir la plus grande richesse écologique mondiale. Ainsi compte tenu de cette situation, de nouveaux défis attendent Madagascar sur la sphère de développement.

Pour le cas du nord-est de Madagascar, on peut apercevoir une vaste étendue de richesse naturelle exploitable et une population active. Plus précisément, dans la forêt tropicale d’Ankarafantsika, on peut conjuguer ressource naturelle, la population et développement durable. Dans ce cas, ces derniers pourront être des acteurs de leur propre développement socio-économique vis-à-vis de l’écologie. À travers cet axe, l’homme est le premier responsable pour sa croissance économique, son épanouissement dans la société et surtout pour la protection et la préservation de la nature. L’écologie joue un rôle majeur pour la survie de la société humaine. En retour, l’Homme doit être responsable vis-à-vis de la nature. Effectivement, pour notre étude nous allons essayer de circonscrire les comportements écoresponsables de la population par rapport à leurs activités socio-économiques à Ankarafantsika.

 CHOIX DU THÈME ET DU TERRAIN Depuis son obtention de l’indépendance jusqu’aujourd’hui, Madagascar demeure l’un des pays les plus pauvres au monde. C’est un sort ou juste une réalité que l’on classifierait de normale ? Durant ces 57 dernières années, les malgaches vivent sous le seuil de la pauvreté. Pourtant les ressources naturelles sont en abondance à Madagascar et encore exploitable même si on a remarqué quelques dégradations à leur niveau. A cet effet, pour remédier à la situation de paupérisation, il est nécessaire de trouver des activités socio-économiques qui peuvent conduire à un développement durable et qui est en rapport avec l’exploitation convenable de l’environnement. D’où notre thématique « Des activités écoresponsables pour une économie viable : cas de la commune rurale de Marosakoa à Ankarafantsika. ».

Et en complémentarité avec notre thématique, nous avons choisi le milieu rural comme terrain d’étude. Par conséquent nous avons mené nos enquêtes dans le nord-ouest de Madagascar. 3

C’est donc en pleine terre sakalava, au cœur de la forêt, dans les fokontany du parc national d’Ankarafantsika que nous avons effectué nos recherches sur les principes de l’écodéveloppement. Une région riche en faune et en flore avec une population qui entre en relation directe avec son environnement naturel, mais aussi en collaboration avec les gestionnaires du parc national Ankarafantsika pour la protection de cet endroit.

 PROBLEMATIQUE Face à l’étendue et à la richesse de l’écosystème malgache, le monde rural ne devrait plus se plaindre de la situation de pauvreté. Pourtant ce n’est pas encore le cas dans les fokontany d’Ankarafantsika. Certes, il est facile de remarquer qu’il existe déjà des activités économiques en faveur de l’exploitation écologique dans la région. Mais se demande-t-on quelles sont les mesures pour que ces paramètres s’introduisent dans le cadre du développement durable et dans le comportement de l’écoresponsabilité ? Et que l’artisanat, l’agriculture constituent l’un des piliers du développement rural. A cet égard, dans quelles mesures, les activités socio-économiques dites écoresponsables sur l’exploitation des ressources naturelles contribuent-ellesdes impacts positifs sur l’environnement, sur la société et la croissance économique?

 HYPOTHÈSES Pour répondre à notre problématique, nous avançons des postulats de réponse. Selon notre analyse dans le secteur de notre intervention, ces hypothèses composent les trois piliers du développement durable.

- Sur le plan environnemental, les activités écoresponsables contribuent au respect, à la protection et à la conservation de la faune et de la flore d’Ankarafantsika ; - sur le plan social, elles favorisent la cohésion sociale et encouragent la participation de la population locale au développement; - et sur le plan économique, elles permettent d’améliorer les conditions de vie des autochtones.

 OBJECTIFS Dans les recherche en science sociale, spécifiquement la sociologie, il est fondamental de poser des objectifs. 4

Et dans le cadre de notre étude en milieu rural, situant dans la commune de Marosakoa au niveau du parc national Ankarafantsika, nos objectifs se convergent autour des enjeux des rapports de la société rurale avec son environnement. Plus clairement, nos objectifs se divisent en deux points : Objectif général

Le présent travail aspire à comprendre en général l’organisation socio-économique en milieu rural par rapport à l’exploitation écologique responsable et pour un développement durable.

Mais pour pouvoir atteindre à cet objectif global, il s’avère nécessaire de poser quelques objectifs spécifiques :

Objectifs spécifiques - L’étude consiste partiellement à dégager les aspects positifs et négatifs de la contribution villageoise dans leur propre développement socio-économique ; - Puis, elle va permettre de percevoir les influences et les impacts des activités communautaires sur l’environnement en milieu rural - Ainsi, elle contribue à expérimenter sur la dynamique du changement social à travers la participation sociétale ; - Enfin, elle consiste à étudier le phénomène de l’écoresponsabilité dans le contexte de la mondialisation.

 APERÇUS MÉTHODOLOGIQUES

Nous avons utilisé trois différentes méthodes lors de notre étude, à savoir le holisme méthodologique de DURKHEIM (E.), l’individualisme méthodologique de WEBER (M.), et fonctionnalisme de MALINOWSKI (B.) et de BROWN (R.),

Le holisme méthodologique, dans l’exemple de DURKHEIM (E.), est l’étude d’un tout supérieur à la somme de ses parties. Il nécessite dans ce cas de considérer la totalité, le groupe, le collectif, le tout. Dans sa démarche, l’auteur voit de la sociologie comme une science à part entière et distincte des autres disciplines. A cet effet dans ses approches, il s’est concentré sur l’étude des faits sociaux. En interdépendance, l’individu est commandé par la société et le social domine sur ses membres. Ces faits sociaux sont extérieurs et exercent une contrainte à l’individu. Ces derniers sont encadrés par des institutions, à son tour insérées dans des structures homologues les unes par rapport aux autres. Par conséquent, la conscience individuelle n’est vue que comme un fragment de l’âme collective. 5

Pour comprendre la société, il nous faut considérer un ou plusieurs points focaux qui viennent du social lui-même. Pour DURKHEIM, dans son appréhension scientifique de la sociologie il a cité que « Les faits sociaux consistent en des manières d’agir, de penser et de sentir, extérieur à l’individu et qui sont doués d’un pouvoir de coercition en vertu duquel il s’impose à lui. (…) La cause déterminante d’un fait social doit être cherchée parmi les faits sociaux antécédents et non parmi les états de la conscience individuelle, il faut considérer les faits sociaux comme des choses.»2

En mettant en relation ces méthodes durkheimiennes à notre étude en milieu rural, nous allons considérer notre objet de recherche comme un fait social et nous allons emprunter la démarche du ruraliste. Selon JOLLIVET (M.) dans son ouvrage « la vocation actuelle de la sociologie », je cite, « la démarche du ruraliste a l’ambition d’intégrer toutes les dimensions du social, le temps, l’espace, le local et le global (…) Ici il s’agit là d’une démarche que l’on qualifierait aujourd’hui d’holistique (ou holiste) ».

A cet effet, le holisme méthodologique est l’idéal pour la concrétisation de ce mémoire de master.

Cependant pour circonscrire un tout, il nous faut comprendre ses composants. A l’exemple de WEBER (M.), l’individualisme méthodologique consiste en des phénomènes collectifs pouvant être décrits à partir des propriétés et des actions des individus et leurs interactions mutuelles. Le système social, et ses changements résultent de l’action des individus. L’individu est donc un acteur à part entière dans la société. Il exerce des actions sur la société qui ont justement des impacts visibles sur cette dernière.

En somme, ces deux méthodes bien distinctes, voire contraires sont rationnellement complémentaires dans la recherche en sciences sociales.

Et quand on parle d’action, cela évoque la théorie de la fonction. Dans ce sens, on va utiliser les prémisses du fonctionnalisme de MALINOWSKI (B.) et de BROWN (R.), des anthropologues britanniques. Ils supposent que ce courant veut appuyer que tout composant de la culture accompli une tache et une fonction spécifique. « La culture est un tout indivisible, les divers éléments sont interdépendants. » Cela présume que toute pratique dans un espace sociale, y compris le milieu rural ait pour fonction de satisfaire les besoins des individus. Pourtant, il est aussi vu que la société, dans sa totalité non pas ses éléments séparés,

2 « Les règles de la méthode sociologique (1894), DURKHEIM (E.) 6 répond aux besoins individuels. En terme simplifié, chaque membre de la société, chaque institution, chaque organe, chaque individu possède une fonction, et à travers l’interrelation de ces composants que la société fonctionne.

 LIMITES DE LA RECHERCHE Lors de la descente sur terrain, nous avons rencontré quelques difficultés au niveau des collectes de données. Les administrations publiques ne possèdent pas encore assez de données statistiques suffisantes concernant le mouvement de la population et sur notre sujet. Ensuite, une certaine réserve témoignée par la population locale a aussi entrainé la complication de la collecte des données. Malgré cela, toutes les informations escomptées à la finalisation de cette projection intellectuelle ont été soutirées à temps voulu.

 PLAN Le présent travail comporte trois parties distinctes. La première partie nous apporte les précisions sur le cadre d’étude, et ensuite elle nous indique les théories et concepts de base qui tournent autour de notre thématique. Enfin elle nous définit les méthodes et techniques que nous avons utilisées lors de l’élaboration de ce mémoire. La deuxième partie par contre, nous restitue les résultats de la recherche sur le terrain, une répartition des activités existantes dans le parc national Ankarafantsika qui sont en faveur de l’écologie et de l’économie des autochtones, et elle nous évoque les impacts de l’exploitation anthropique sur l’écosystème. En dernier lieu, la troisième partie nous propose quelques discussions qui mettent en relief des apports;;prospectifs.

PARTIE I : PRESENTATION DES CADRES D’ETUDE, METHODOLOGIQUE, THEORIQUE ET CONCEPTUEL 7

Dans le but d’atteindre notre objectif dans l’avancée de notre travail, nous allons voir dans cette première partie trois chapitres.

Le premier chapitre est réservé à la présentation de notre cadre d’étude qui parle d’une part de la biodiversité de notre lieu d’investigation et d’autre part de la généralité touristique et de la population de la région. Suivant cela, le deuxième chapitre évoque le cadre méthodologique de notre travail. Et le dernier chapitre présente notre repère théorique et conceptuel y afférent à notre thématique.

CHAPITRE I- ETAT DES LIEUX : LE PARC NATIONAL D’ANKARAFANTSIKA, LA POPULATION ET LE TOURISME

« D'une surface de 130'026 ha, l'Aire Protégée (AP) dénommée "Parc National d’Ankarafantsika" est située dans la région (). Déclarée Parc National le 07 août 2002 (Décret 2002-798), l’aire protégée couvre l'ancienne Réserve Naturelle Intégrale créée en 1927 ainsi que la Réserve et la Station Forestière d'Ampijoroa créés en 1999. L'aire protégée était auparavant sous la supervision de l’Etat par le Service des Eaux & Forêts de Mahajanga; sa gestion a été confiée à Madagascar National Parks (MNP, anciennement ANGAP) depuis 2000.

Le Parc National d’Ankarafantsika appartient à l’écorégion de l’Ouest ; au sein du réseau MNP. Et constitue la relique de forêt dense sèche semi-caducifoliée sur sable de Madagascar. »3

Section I- La biodiversité d’Ankarafantsika Le PN d’Ankarafantsika est composé d’une biodiversité exceptionnelle. D’après l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), il est classé catégorie II selon les normes régissant les aires protégées. Cette catégorie est caractérisée par les aires protégées gérées principalement dans le but de protéger des écosystèmes et à des fins récréatives.

Les aires protégées de catégorie II sont de vastes aires naturelles ou quasi naturelles mises en réserve pour protéger des processus écologiques de grande échelle ainsi que les espèces et les caractéristiques écosystémiques de la région qui fournissent aussi une base pour des

3 Plan d’aménagement et de gestion (PAG), Plan quinquennal de mise en œuvre 2012-2016, parc National d’Ankarafantsika, région Boeny, juillet 2014. 8 opportunités de visite de nature spirituelle, scientifique, éducative et récréative, dans le respect de l’environnement et de la culture des communautés locales.4

Ankarafantsika dispose d’une vaste variété de paysages, de faunes et de flores. Certaines sont menacées et d’autres sont endémiques à Madagascar ou à la région. Cette réalité nécessite la gestion rationnelle et la protection de ce patrimoine exceptionnel.

La surface du PN est composée de forêt dense sèche semi-caducifoliée sur sable de Madagascar, de forêt ripicole, de raphières, de marais, de marécages, de savanes arborées et de lacs permanents.

I. Les variétés faunistiques On entend par « variétés faunistiques » Ensemble des espèces animales vivant dans un espace géographique ou un habitat déterminé.

Tableau n° 01: Présentation de la faune d’Ankarafantsika

Groupe Taxon

Lémuriens : 8 espèces Propithecus coquereli Avahi occidentalis Micr ocebus ravelobensis Lepilemur edwardsi Eulemur mongoz Eulemur fulvus fulvus Microcebus murinus Cheirogaleus medius Carnivores : 4 espèces Cryptoprocta ferox Eupleres goudoti subsp. major Rongeurs : 8 espèces Macrotarsomys ingens Insectivores : 6 espèces Tenrec ecaudatus Microgale brevicaudata Chiroptères : 10 espèces Mormopterus jugularis Hipposideros commersoni Tadaridaleu costigma Ongulés : 1 espèce Potamocherus larvatus Oiseaux, 55 familles, 131 espèces Haliaeetus vociferoides Ardea humbloti Ardeola idae Xenopirostris damii Mesitornis variegatus Tachybaptus pelzelnii Accipiter madagascariensis

4 UICN, Lignes directrices pour l’application des catégories d’Aire Protégée, éditée par Nigel Dudley, p19 9

Accipiter henstii Lophotibis cristata Philepitta schlegeli Reptiles : 11 familles, 70 espèces Erymnochelys madagascariensis Brookesia decaryi Pygomeles petteri Uroplatus guentheri Sirenosincus yamagishii Furciferrhinoce ratus Hemidactylus frenatus Paroedura stumpffi Acrantophis madagascariensis Amphibiens : 4 familles, 14 espèces Heterixalus tricolor Boophis doulioti Poissons : 15 espèces Paretroplus maculatus Paretroplussp. Ankarafantsika Spratellomorpha bianalis Paretroplus kinieri Pachypanchax sp.(Betsiboka) Sicyopterus lagocephalus Papillons Papilio morondavana Source : PAG, 2015

II. Les variétés floristiques La « flore » est un terme issu du vocabulaire de la botanique et qui désigne l'ensemble des espèces végétales que l'on peut trouver dans une région donnée. Exemple : La flore de l'Amazonie est particulièrement impressionnante, car elle regroupe des dizaines de milliers d'espèces végétales.

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Tableau n° 02: Présentation de la flore d’Ankarafantsika

Groupe Taxon UICN Autres Notes

PLANTES :111 familles, 443 genres, 830 espèces

Familles endémiques Sarcolaenaceae : 2 genres, 2 espèces Xyloolaena perrieri VU Perrierodendron boinense Sphaerosepalaceae :1 genre, 4 espèces Rhopalocarpus lucidus Rhopalocarpus similis Essences commerciales Ebenaceae Diospyros spp. (VU) II Ebènes Fabaceae : 38 genres, 77 espèces Dalbergia davidii Dalbergia greveana (VU) II Palissandres Baudouinia fluggeiformis Autres Poaceae : 33 genres, 57 espèces Eragrostis boinenses LOC Rubiaceae : 30 genres, 58 espèces Tricalysia majungensi, Hyperacanthussofikomba Euphorbiaceae : 22 genres, 50 espèces Croton boinensis, Drypetescapuronii Malvaceae Adansonia madagascariensis var. boinensis LOC Baobab Plantes invasives Eichhornia crassipes INV jacinthe d'eau Source : PAG, 2015

III. Richesse culturelle

Au-delà de la biodiversité que compose le PN d’Ankarafantsika, il détient également une richesse culturelle. Cette dernière est principalement composée de Lac sacré et de Doany. Le PN d’Ankarafantsika se dit conservateur de la religion traditionnelle Sakalava, et à cet effet, les sites culturels qu’il abrite détiennent des histoires, des rituels ainsi que des fady qui lui sont spécifiques.

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Tableau n°03 : Richesse culturelle au sein du PN d’Ankarafantsika

Localité Fokontany Commune Richesses culturelles Antsiloky Mahatazana Lac-Doany Ampisarahasakay Betaramahamay Tsararano Doany Androtra Ambanjabe Tsararano Doany Lac Ravelobe Ampijoroa Marosakoa Lac-Doany Kalambay Marofototra Ankazomborona Doany Doanibe Ambarindahy Marosakoa Lac-Doany Antsilomba Ambarindahy Marosakoa Lac-Doany Tsimaloto Bevazaha Lac-Doany Ankomakoma Ankijabe Lac-Doany Komandria Bealana Ankijabe Lac-Doany Source : PAG , 2015

Le tableau ci-dessus démontre l’étendue de la richesse culturelle que recouvre la forêt d’Ankarafantsika. En effet, la présence des lacs sacrés et des doany prouvent l’importance de la religion traditionnelle malgache pour la population riveraine. Chacun des lacs et des doany sont composés d’histoire singulière, tel est le cas du lac sacré et du doany Ravelobe sis à Ampijoroa.

Le lac sacré et le doany de Ravelobe sont indissociables au PN d’Ankarafantsika. Au vu de la population riveraine, il fait office de lieu de culte, et pour celle des touristes, il fait partie des lieux à visiter dans divers parcours au sein du Parc. Par ailleurs, le lac sacré et le doany d’Ampijoroa ont été nommés « Ravelobe » en hommage à un personnage emblématique dans la région au temps de la colonisation. Ravelobe était un bandit redouté dans cette partie de la forêt. Néanmoins, la sacralité du lac et du doany relève d’un roi Sakalava Randriamasina Nasondrotriarivo, qui en ayant fui Radama I lors de sa conquête du territoire, a décidé de se suicider avec sa famille dans le lac. Ainsi, les esprits du défunt roi et de sa famille résident dans le lac sacré.

Selon les villageois, ces derniers se sont réincarnés en crocodiles et ils vivent jusqu’aujourd’hui dans le lac. Et pour rendre hommage à ces entités spirituelles, les autochtones leurs offrent des offrandes (zébu, coq, miel, etc.) sur le grand rocher au bord du lac situé aux pieds du doany Ravelobe. On raconte qu’à une certaine époque, ces crocodiles ne mangeaient pas les baigneurs, mais à l’arrivée des opérateurs touristiques, de par la 12 profanation et lanon-croyance des étrangers aux traditions locales, ils ont fait plusieurs victimes et constituent un danger pour la communauté.

Photo n°01 : Le doany Ravelobe

Source : Auteur, 2017

La photo placée à gauche montre le doany Ravelobe, entouré de pic d’arbre et d’un portail pour délimiter le valamena (la partie de la cour). Et sur le côté droit de notre photo, on peut remarquer une statue de femme munie d’un crocodile sur la tête, démontrant le stéréotype d’une femme sakalava mitaly5 qui croit en la sacralité de ces animaux vivants dans le lac Ravelobe.

Section II- La réalité touristique à Ankarafantsika

Madagascar est un pays à forte potentialité touristique, et le PN d’Ankarafantsika constitue un exemple de cette affirmation. En effet, la majorité des touristes en visite à Madagascar pratique de l’écotourisme. Cette pratique se caractérise par des visites d’aires protégées comme le cas de notre terrain de recherche.

Dans cette région, l’écotourisme est la plus pratiqué, néanmoins, on rencontra d’autres formes de pratiques touristiques telles que le tourisme culturel et le tourisme communautaire.

5Randrana de son nom dans les régions hautes terres ou tresse sakalava. 13

Ecotourisme : c’est l’ensemble des activités touristiques pratiquées en milieu naturel dans le respect de l'environnement, et contribuant au développement de l'économie locale.6 Tourisme culturel : c’est une forme de tourisme qui a pour but de découvrir le patrimoine culturel d'une région et, par extension, le mode de vie de ses habitants.

Tableau n°04 : Présentation des effectifs des visiteurs au PN d’Ankarafantsika

CIRCUITS COQ CANY RET PACHY BAO LAC BAT VOIT TOTAL JANVIER 93 36 4 - 48 18 54 - 253 FÉVRIER 56 39 5 - 22 14 13 - 149 MARS 150 91 18 3 76 45 53 - 436 AVRIL 354 126 14 - 108 56 76 - 734 MAI 199 159 10 - 118 41 82 - 609 JUIN 123 86 15 - 58 40 66 8 396 JUILLET 246 218 23 10 142 75 106 16 836 AOÛT 478 294 39 20 283 211 174 22 1 521 SEPTEMBRE 277 171 44 16 92 53 124 14 791 OCTOBRE 390 226 92 12 147 129 184 16 1 196 NOVEMBRE 347 152 124 1 118 78 184 10 1 014 DÉCEMBRE 269 137 69 2 81 47 145 4 754 TOTAL 2 982 1 735 457 64 1 293 807 1 261 90 8 689 Source : Document MNP, 2016

Le tableau ci-dessus présente l’effectif des touristes pour l’année 2016. Aussi, il est divisé selon les divers circuits existants et les mois de l’année.

En effet, il existe sept principaux circuits et accessible à tous les visiteurs. Ils ont été classifiés selon les paysages et les biodiversités qui y sont visibles. Par exemple, le circuit pachypodium ou le circuit coquereli qui portent le nom de la plante phare visible tout au long du circuit. D’autre part, le circuit source de vie, par exemple, permet aux visiteurs de combiner la rencontre de la nature et de la culture. Tout au long du circuit, ils font la connaissance de l’histoire du lac Ravelobe et du doany, et ils rencontrent également les faunes et les flores exceptionnelles de la forêt. En parallèle à cela, la diversification des circuits permet aux visiteurs de disposer d’une multitude de choix et notamment sur les distances de ces derniers.

En ce qui concerne la première colonne du tableau, nous apercevons les diverses saisons touristiques. Les chiffres présents permettent d’analyser la haute saison et la basse saison

6 Dictionnaire Larousse 2017 14 touristiques. Pour le cas de Madagascar, la haute saison se situe entre le mois de mai au mois de novembre, car pendant cette période, le climat semble idéal. Par contre, la période du mois de décembre au mois d’avril représente la basse saison, car c’est une saison pluvieuse et cyclonique. Cette saisonnalité des flux touristique est perceptible à travers le tableau, car on rencontre une légère hausse de visiteurs à partir du mois de mai, et une montée en pique du chiffre au mois d’août avec 1521 personnes.

Dans le cadre du tourisme à Ankarafantsika, les touristes internationaux sont les plus présents dans le taux de fréquentation. Néanmoins, les nationaux visitent également le parc, mais avec un faible taux. Ceux sont principalement les étudiants et les chercheurs qui s’intéressent à la biodiversité. Il existe en tout 70 nationalités différentes qui ont visité le parc. Et pour le cas de l’année 2008 à 2015, les Malgaches ont été 35% soit 11768 à avoir visité le parc, les Français ont été 41,40% soit 13919 et les Lituaniens ont été au nombre de 3 soit un pourcentage de 0,01% des visiteurs.

Section III- Réalité sociale et spécificité des habitants d’Ankarafantsika

Dans la section suivante, nous allons essayer de sortir les origines lointaines des habitants de cette région. Pour cela, nous allons faire une synthèse sur les peut-être genèses des locataires d’Ambodimanga, d’Ampijoroa et d’Ampombilava.

I- Les autochtones : 1. Entre histoire et origine de la population riveraine d’Ankarafantsika :

Si on parle de la population riveraine d’Ankarafantsika, généralement selon nos observations et les statistiques vues ci-dessus, on constate qu’elle est hétérogène. Mais d’où vient cette caractéristique ?

Si on veut résoudre ce mystère, il va falloir réaliser des fouilles historiques concernant l’origine de cette population. Et c’est grâce à nos enquêtes et à nos documentations qu’on a pu définir l’origine des occupants de cet endroit. En effet, elle dérive du phénomène de migration.

Tout d’abord, à Madagascar, le phénomène de migration est un phénomène humain constitutif de la société malgache. Depuis l’époque de la royauté jusqu’aujourd’hui, la conquête des terres est encore mise à jour. C’est un fait qui a fondé le peuplement de Madagascar. 15

Ensuite, théoriquement dans le Nord-ouest de Madagascar, spécifiquement à Ankarafantsika, la migration s’est déjà remarquée durant la colonisation et même avant. Selon Hubert DESCHAMPS, les Betsileo étaient les premiers arrivés, suivis des Antesaka, des Comoriens, des Merina et ensuite des Bara et des Tsimihety. Puis après tout au long des époques, d’autres groupes ethniques se sont appropriés le terrain (Sihanaka, Tsimihety, Betsirebaka, Betsimisaraka, Antandroy).

Et dans le cas pratique, Ampijoroa, Ambodimanga et Ampombilava reflètent actuellement l’image du village arc-en-ciel. Cela veut dire qu’on peut rencontrer presque toutes les variantes ethniques à Madagascar. Et que du fait de leur cohabitation, ces derniers s’alliaient et fondé une communauté. En guise d’exemple voici quelques extraits de notre entretien avec le chef fokontany du village d’Ampijoroa

Selon les dire du chef fokontany d’Ampijoroa, qui affirme que « ny anisan’ny foko7tonga voalohany teto amin’ity toerana ity ary nanorina ity tanàna ity dia ny foko Merina, izay mbola olobe eto zao ny zanak’izy ireo. Dia taty aorina vao tonga tsikelikely ireo foko sasany (Antandroy, Betsileo, Sihanaka, Sakalava) … Izahay rehetra mipetraka eto dia taranaka mpiavy jiaby» qui veut dire que, « les foko Merina étaient parmi les premiers habitants et fondateurs de ce village, et l'un des descendants de ces derniers demeure le notable. Et c’est après qu’arrivèrent petit à petit les autresfoko (Antandroy, Betsileo, Sihanaka, Sakalava) … Nous les habitants de cet endroit, sont les descendants de migrants ». Et elle a ajouté que « ny ankabeazan foko rehetra hita eto Madagasikara dia saika monina eto Ankarafantsika daholo », de sa signification en français « presque tous les groupes ethniques existants à Madagascar sont regroupés à Ankrafantsika ». Et enfin « ny olobe ato am ity fokontany ity zao dia Merina » cela signifie que le notable du village est issu du foko Merina.

Bref, la genèse du peuplement de ces fokontany résulte du mouvement migratoire de la population malgache. Dans ce cas, c’est l’histoire qui a fait l’hétérogénéité de la population d’Ankarafantsika. Et depuis sa découverte jusqu’à son peuplement cet endroit se forger petit à petit dans un mélange culturel se basant sur un tout qui est la culture de la terre Sakalava.

7 Tribu, caste, famille, groupe, classe . ABINAL et MALZAC ,Dictionnaire Malgache Français, 2000 16

2. Identité sociale et spécificité culturelle des villageois : a) La culture sakalava comme culture de référence

Généralement la culture sakalava s’explique sur la croyance d’une divinité qui est Zanahary, la croyance basée sur le culte des ancêtres ou « culture du razanisme », sur la pratique du « joro » et du tromba sakalava.

Dans l’ouvrage de JAOVELO DZAO (R.) intitulé « Mythes, rites et transes à Madagascar : Angano, Joro, et Tromba Sakalava », (2005), la croyance sakalava se base sur dix points essentiels :

1. Les Sakalava conçoivent le cosmos comme une unité qui englobe à la fois le monde visible et le monde invisible, le monde des Humains et le monde des Divinités. Le monde visible ne fait que reproduire sur différents plans les archétypes qui l’organisent. Sans être statique, cette réalité indivise de l’univers est pensée comme accomplie dans son essence. 2. Il est une puissance supérieure, source et principe de toute vie, Créatrice de tout ce qui existe, Maître de l’Univers, à l’origine de l’humanité. Elle constitue une entité corporative qui remplit le Cosmos dont elle est l’Organisatrice, le Support, et porte le nom générique de Zanahary. 3. Les Sakalava honorent leurs Ancêtres, Razana, qui sont promus au rang de la Divinité. Ils sont également considérés comme source de Vie et traités comme intercesseurs des vivants auprès de Zanahary. 4. Les différents Esprits-Tromba, les tsiny, Génies de l’Eau et du Feu, les Génies de l’Air et de la Terre, appartiennent à la formation des puissances ouraniennes, telluriques et chtoniennes. Agonistes ou Antagonistes de la puissance divine dans le monde et le cosmos, elles peuvent être, selon les cas bénéfiques ou maléfiques. 5. Les seotany, satans, et les njary nintsy, mauvais esprits, les lolo raty, les lolo vokatra et les boribe, fantômes revenants et esprits errants, ainsi que les trombaraty, quintessence de toutes les puissances du Mal, forment ka catégorie maléfique des Esprits que manipulent constamment les ampamoriky sorciers, ai détriments de la société. 6. Les Ministres sacrés et les Fonctionnaires de Culte, que sont le devin Ampisikidy, et le medium Saha, l’astrologue Ampanara-bintana et le guerrisseur Moasy, le roi Ampanjaka et l’orant Ampijoro, passent pour des Zanaharin-tany, dieux sur terre et constituent des subsituts de la divinité qui vivent parmis les hommes et des médiateurs entre le Monde visible et le Monde invisible. 17

7. Les Sakalava pensent que les aody, médications sacrées, remèdes, charmes, et objets prophulaxiques, sont nantis de vertus efficaces capables de protéger la Vie heny ou fahinana, de préserver des malheurs et de guérir diverses maladies aretiny, sans oublier qu’ils peuvent aussi provoquer la Mort fahafatesana. 8. Les Ray-aman-dreny, parents et personnes âgées, se présentent comme l’image du couple Soleil et Lune et passent pour la source naturelle et matérielle de ma Vie. En édictant des normes qui sont codifiées dans les traditions fomba et les interdits fady, ils garantissent la perpétuation de la vie sociale. 9. Le fihavanana, consanguinité, convivialité, solidarité et relations interpersonnelles, a pour objectif premier de toujours épanouir le heny, la Vie dans toutes ses dimensions, physique, psychologie et éthique au moyen du fanahy, conscience morale et instance suprême de tout l’agir. 10. Il existe une relation dialectique et permanente dans un mouvement cyclique entre le monde des humains et celui des ancêtres et de la Divinité, dont la dynamique et le passage symbolique s’opèrent par la célébration des Rites que sont les Joro et le Tromba, tandis que le passage ontologique se réalise au travers de la Naissance et de la Mort.

La terre qui abrite le PN a été peuplée par les ancêtres des sakalava. En effet, cette localité est le berceau de vie de leur croyance et par enchainement, toute entité humaine qui fréquente la région est soumise à accepter cette tradition.

b) Entre hétérogénéité et acculturation Symboles d’intégration sociale dans les lieux

La présence de ces groupes ethniques dans un même environnement n’est pas sans risque. Car il est évident que chaque société a ses propres systèmes symboliques de représentations et de pratiques. Il est, dans ce cas, tout à fait normal que les mœurs et les coutumes intergroupes entrent en antagonisme. Mais les malgaches, comme toute communauté qui se respecte vit encore dans la considération du vivre ensemble qui se concrétise par le « Fihavanana8 ». Et dans le cas des habitants d’Ankarafantsika, selon les récits du notable du village, leurs ancêtres ont opté à des rites pour s’intégrer socialement. Ces rites consistaient à trouver des ententes et faire des pactes entre les clans et les groupes ethniques. Par exemple : le « Fati- dra9 », il se définit au fait de créer une alliance par le sang, et de prêter serment d’honorer la culture et la terre sakalava en échange d’une parcelle de terre et de l’hospitalité des hôtes.

8 Le fihavanana est une forme de lien social valorisé dans la culture malgache. 9 Pacte de sang 18

Ensuite, il y a le phénomène de « Ziva10 », ici l’alliance se forge entre deux groupes ou clans. Puis enfin, après la colonisation, la tendance à changer, car il suffisait d’acheter des sections foncières pour s’installer librement dans les fokontany.

C’est ainsi que fonctionnait l’organisation des villageois à l’époque. Et sur le plan actuel, selon les informations recueillies au niveau des autorités locales, aucune personne ou groupe de personne ne peut plus entrer vivre et habiter dans ces villages. Cette initiative a été prise pour la protection et la préservation de l’environnement contre la surexploitation et pour éviter défricher la forêt pour agrandir les fokontany. Sauf dans le cas où un enfant du village se marie avec un étranger.

L’acculturation dans les valeurs des us et coutumes sakalava

C’est dans cette logique d’action communautaire, qu’on retrouve les normes culturelles à respecter et les limites à ne pas franchir. Ce qui veut dire que, les villageois de cette région, d’origine ethnique différente, honorent et choisissent la culture de la terre. Ces derniers ont mis de côté leurs habitudes et ajusté leurs traditions pour partir sur de nouvelle base.

Explicitement, Ankarafantsika est le berceau de plusieurs doany comme celui de Ravelobe et celui de Betsioka. Ces lieux de culte reçoivent périodiquement des célébrations et de ritue connu sous le nom de Fanompoambe11. Ce fait représente un tout entretenant la réputation de la culture Sakalava et réunissant tous les adeptes du phénomène « Tromba12 » venant des quatre coins de l’île. Et durant les festivités, toute la population participe à la célébration et au culte.

Par conséquent, toute la population riveraine d’Ankarafantsika a comme vocation d’adopter la culture Sakalava Boina comme étant leur « culture de référence ».

En guise d’illustration voici quelques exemples successifs :

- a langue vernaculaire de cette région est la langue Sakalava ; - Ensuite la croyance religieuse des villageois est le « Razanisme », tout en précisant que chaque village possède leur propre « Mpianjaka ». - Puis le mardi et le jeudi sont considérés comme des « andro fady » où il est interdit de travailler la terre ;

10 « Mpifankatia ara belirano toy ny mpihavana akaiky mihitsy nefa mifanompa sy mifanozina ho mari pisakaizana, RAJEMISA (1985) » , lien social plus que le sang entre deux groupes ethniques. 11 Rite funéraire dans la partie Sakalava Boina 12 Culte de possession, esprit possédant 19

- Dans le PN, il existe des endroits sacrés « fady kisoa » et « fady akoho » et « fady Merina ». A Ampijoroa, et à Ambodimanga il est formellement interdit d’élever du porc et des poules, cela est dû à la proximité du lac et du doany Ravelobe. - Enfin, concernant le lac Ravelobe, il est impératif de respecter les interdits avant de toucher, pêcher ou puiser de l’eau dans le lac. Les femmes indisposées ou qui portent des « talyvao » ou nouvelle tresse ne sont pas admises. Et si une femme peut entrer en dans le lac, elle ne doit pas dépasser les genoux.

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CHAPITRE II- CADRE MÉTHODOLOGIQUE Section I- Les méthodes : Pour cette recherche, nous avons suivi la démarche hypothético-déductive, car nous avons d’abord posé des hypothèses afin de les vérifier ensuite sur le terrain, puis de les infirmer et de les confirmer après.

Après nous avons choisi de combiner les méthodes quantitatives et aux méthodes qualitatives. Ce qui signifie d’expliquer les données statistiques recueillies à partir des faits, des paramètres et des perceptions des individus.

Ensuite, dans le but d’atteindre notre objectif général, nous avons fait appel à la pluridisciplinarité. Car à part l’approche sociologique, nous avons eu recours à la science économique qui touche particulièrement les sujets sur le développement et à la fin nous l’avons complété par la science environnementale.

Enfin dans notre avancée, nous avons usé de la méthode dialectique, car selon BRUYNE HERMAN (J.) et SCHOUTHEETE (M.) (1974) « vise à la fois des ensembles et leurs éléments constitutifs. Les totalités et leurs parties, elle est à la fois analyse et synthèse, elle est mouvement réflexif du tout aux parties et réciproquement. »

Section II- Les Techniques Les techniques utilisées lors de l’étude sont :

- Technique de documentation : dans cette phase, nous nous sommes informés sur le domaine des sciences sociales, de l’ethnoécologie, sur le monde rural, sur le développement durable et le principe d’écoresponsable afin d’élaborer l’approche théorique et également pour nous familiariser et de nous cadrer sur le thème à étudier. Nous avons effectué nos recherches dans le centre de documentation de la Sociologie, au Centre d’Information Technique et Economique (CITE) et à l’Institut Français de Madagascar (IFM).

- L’observation participante : tout d’abord il est à remarquer que notre situation d’enquête est naturelle, car le recueil d’information se passait dans le milieu de la vie rurale quotidienne (dans les maisons, dans les bureaux, dans les étals, dans la nature.). 21

A l’égard de notre approche, cette méthode est essentielle pour la collecte d’information, car selon QUENTIN (I.) (2015) « L’observation participante implique de la part du chercheur une immersion active dans son terrain. Elle lui permet d’avoir accès à des informations peu accessibles et mieux comprendre certains fonctionnements difficilement appréhendables par quiconque est extérieur au terrain. »

- Le questionnaire, c’est une série composée de plusieurs questions. Elle est divisée en plusieurs rubriques (social, économie, culturelle, religieuse, etc.). Elle a été destinée aux vendeurs et habitants du parc national d’Ankarafantsika.

- L’entretien semi-directif : lors des interviews, quelques questions seulement sont essentielles en guise de guide et de repère. Des questions ouvertes parlant de grand thème afin que l’interviewer soit libre d’affirmer. Ce genre d’entretien a été destiné à l’autorité locale (chefs fokontany, chefs de chaque volet du PN, etc.)

- L’entretien libre : pour ce type d’entrevue, il n’y a pas de règle exacte qui le définisse. Il suffit de donner un sujet de discussion et l’enquête commence. Le seul règle est de ne pas interrompre l’enquêté, mais de suivre son cours d’idée tout en le dirigeant. Les populations cibles ont été catégorisées par les étudiants, les opérateurs économiques, les responsables en développement local, les notables du village, les experts en environnement, les guides et les gardes forestiers, les agents du PN etc.

- Avec cela, nous avons opté pour l’échantillonnage probabiliste qui consiste à choisir l’échantillon d’une manière aléatoire, suivant le principe du hasard. Mais pour que l’enquête soit exhaustive, il faut que notre échantillon suive la règle de la représentativité de la population mère. Pour se faire, nous avons demandé une liste complète de la population auprès de l’autorité locale afin de l’établir. . Dans cette démarche, nous avons pu sortir des grappes de la population locale. Ces grappes sont représentées par : les acteurs touristiques, les doyens du village, les autorités locales, les groupes de commerçant, et les villageois. En tout nous avons enquêté soixante- trois (63) personnes. En voici le tableau de la répartition par sexe

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Tableau n°05 : répartition des enquêtés par sexe selon les fokontany

Fokontany Ampijoroa Ampombilava Ambodimanga Totaux Sexes

Masculin 15 8 5 28

Féminin 16 14 5 35

Totaux 31 22 10 63

Source : enquête personnelle, 2017

Ce tableau représente en général le nombre total d’individus de notre échantillonnage. Il montre aussi le nombre de personnes enquêtées selon le sexe et le fokontany où nous sommes intervenus.

Si nous entrons dans les détails, notre échantillon d’enquête est composé de sept personnels du parc Ankarafantsika (7), deux autorités locales (2), sept guides touristiques (7), un ancien garde forestier (un), quatre doyens du village (4),trois touristes (3), et trente-neuf riverains du parc (39).

- Au cours de la rédaction : nous avons fait appelle à la nouvelle technologie informatisée, nous avons utilisé des logiciels de traitement de texte (Microsoft Word et Excel), et à une encyclopédie électronique (EncyclopédiaUniversalis édition 2012).

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CHAPITRE III- APPROCHES THEORIQUESET CONCEPTUELLES Ce chapitre est consacré aux théories sociologiques. Ces dernières entrent en relation directe avec notre thématique. En premier lieu, nous allons voir la sociologie rurale, un domaine de la sociologie qui définit notre milieu d’étude, et par la suite, nous allons aborder les théories du développement, un domaine qui circonscrit notre recherche.

Section I- Cadre théorique I- La sociologie rurale La sociologie rurale, par l'observation et l'analyse de l'organisation, de l'évolution et des problèmes d'un milieu particulier, le milieu rural, se propose d'éclairer la compréhension des individus de ce même milieu. Comme le milieu rural fait partie intégrante d'un ensemble plus vaste qu'est la société globale, la sociologie rurale s'intéresse aussi à l'étude de la société globale, ce qui permet de mieux comprendre ce champ tel quel. Selon MENDRAS (H.), 1958 :«Le “milieu” rural est un champ d'investigation pour toutes les sciences sociales et son étude ne saurait constituer une discipline autonome. Les géographes qui analysent les relations entre l'homme et le milieu naturel et la distribution spatiale des phénomènes humains ont tout naturellement commencé par se pencher sur la campagne. L'économie rurale est une branche (l'une des plus anciennes) de l'économie politique. L'histoire sociale, s'attachant à un passé où l'agriculture était l'activité de la plus grande partie des hommes, fait une large place à la description de la vie paysanne. Les ethnologues étudient des structures dites “archaïques” dans lesquelles la recherche ou la production de la nourriture occupent tous les hommes. Enfin, citadins et ruraux intéressent également le psychologue, le démographe, etc. Étant des hommes comme les autres, les ruraux relèvent de chaque science sociale. Cependant, ils vivent dans un milieu particulier qui requiert une certaine spécialisation chez le chercheur, et parfois une problématique différente. Le sociologue rural, comme l'ethnographe, doit donc connaître les méthodes et les techniques de toutes les autres sciences sociales, à moins qu'il ne s'assure le concours d'une équipe de divers spécialistes». Selon Georges Gurvitch: «Si on ne la limite pas à une sociologie agricole spécialisée, la sociologie rurale se définit donc par son champ d'études, les sociétés rurales». Plusieurs sociologues qui ont analysé l'évolution de notre société ont, plus ou moins explicitement, caractérisé cette évolution de la société globale par le passage d'une société rurale traditionnelle à une société urbaine moderne.

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La société traditionnelle se caractérise par une économie simple, une économie de subsistance. Elle est organisée sur la base de petits groupes restreints relativement autonomes. L'organisation sociale est dominée par la parenté. Ce sont les relations entre la parenté qui remplissent la vie sociale de tous les jours. Parce que tout le monde se connaît, le «contrôle social» est très fort, c'est-à-dire que les façons d'agir sont définies très précisément et chaque individu est obligé de se conformer aux manières admises. Sur le plan culturel, la prédominance du sentiment religieux et de la tradition conditionne la mentalité de ceux qui vivent dans ce type de société. A l’opposé, la société moderne se caractérise par une économie complexe basée sur la technologie, préoccupée d'une productivité élevée, orientée vers la production en série de plusieurs biens de consommation. Au plan social, la préoccupation de la production prédomine et elle conditionne l'organisation sociale: diversification de la structure des occupations, importance de l'école et des groupes d'amis, des organisations tels les syndicats et autres.Les élites sont nombreuses et diverses. Cette société est largement urbaine et orientée vers le progrès qu'on croit possible par la science, la rationalité. Grâce aux moyens de communication et d'information qu'elle développe, elle crée un brassage d'idées, une sécularisation poussée et un pluralisme religieux et moral.

II- Les théories du développement Dans le cadre de notre étude, il nous semble important de présenter les théories scientifiques sur le « développement ». A cet effet, nous aborderons en premier lieu, la théorie du « sous- développement » et en second lieu, les théories sociologiques du développement. 1. Le cercle vicieux de la pauvreté de NURSKE (R.) NURSKE (R.) est un économiste américain, d’origine estonienne, et est considéré comme étant l’un des pionniers de l’économie du développement. Néanmoins, avant d’aborder la théorie du développement, la compréhension de l’état de sous- développement est nécessaire. Notamment, ce concept est définissable selon la situation économique et l’indice de développement humain d’un pays. Effectivement, parler du sous- développement évoque automatiquement la pauvreté. Force est de noter que, la théorie du cercle vicieux de la pauvreté soulevée dans cette partie relève du domaine de l’économie. NURSKE à travers le « cercle vicieux de la pauvreté » apporte une théorie explicative à l’état du sous-développement. Selon l’économiste ROSTOV N. W. (1953), « le sous-développement est 25 défini comme étant « le retard » par 5 étapes : l’état traditionnel l’état de transaction vers le décollage, l’état du démarrage, l’état de maturation et l’état de la grande consommation en masse et avec la stagnation en principe à la première ou à la deuxième étape. »13 L’état du sous- développement constitue une étape normale, et tous les pays du monde y sont passés avant de réaliser un « démarrage industriel »14. Cependant, l’état de sous-développement est devenu un état permanent chez certains pays du monde, et notamment, les pays du sud. Par conséquent, il existe un clivage d’ordre économique et social entre les pays du Nord (industrialisé et développé) et les pays du Sud (traditionnel et sous-développé). Le cercle vicieux de la pauvreté permet d’expliquer les raisons du « sous-développement » et les difficultés de ces derniers à dépasser cet état.

Figure n°1 : Cercle vicieux de la pauvreté

Source : NURSKE,1953

À travers ce schéma, NURSKE (R.) met en évidence l’interdépendance entre les facteurs de la productivité, du revenu, de l’épargne et de l’investissement. En effet, le paramètre du revenu dépend de celle de la production. Si cette dernière est faible, le revenu ne peut qu’être faible. Il en est de même, pour la capacité d’épargner. Lorsque le revenu est faible, il n’y a pas de possibilité d’épargner. En effet, les besoins physiologiques constituent les priorités des ménages. Et enfin, l’épargne constitue la première source d’investissement, et sans ces paramètres, il n’existe aucun moyen d’augmenter la productivité. Par conséquent, sans aide

13 RICHITER (A.), Théories économiques de sous-développement et les stratégies de leurs éliminations, p177 14 Idem, p177 26 extérieur (microfinance, projet de développement), la pauvreté demeure et il semble perpétuel pour les ménages.

III- La sociologie du développement Depuis la création de la machine à vapeur jusqu’aujourd’hui, l’évolution de la société mondiale a été inévitable. A cet égard, plusieurs chercheurs en sciences sociales ont focalisé leurs analyses sur le concept de développement. Cette branche de la sociologie étudie le développement des communautés locales. Elle s’interroge sur les processus de développement social et économique. Selon le dictionnaire de la sociologie … elle représente « l’études comparatives de toutes les formes d’expansion économique, politique et culturelle, dans leurs dimensions et conséquences sociales. » Ainsi, plusieurs sociologues associent la « sociologie du développement » à l’étude des changements sociaux liés aux mutations socio-économiques, à l’exemple le MARX (K.) qui centre ses analyses sur le développement du capitalisme et ses conséquences historiques. En parallèle à cela, les sociologues SPENCER, WEBER et DURKHEIM ont également contribué aux recherches sur cette branche de la sociologie, en axant leurs études sur le développement économique et culturel. L’après-guerre, et notamment la Deuxième Guerre Mondiale, marque une nouvelle ère pour la sociologie du développement. En effet, cette époque est marquée par le mouvement de décolonisation, l’émergence de nouvelles nations, et la différenciation entre « pays développés » et « pays sous-développés ». Ainsi, son objet d’étude a été orienté vers les transformations sociales et économiques des nations du tiers monde et le développement des nations industrialisées. Ainsi, dans le domaine de la sociologie du développement, on distingue trois différentes écoles, à savoir : Une première école, active aux Etats Unis consacre essentiellement ses études sur la « modernisation ». Cette dernière a mis en place un modèle de société « moderne » à travers lequel, l’économie est associée à celle de l’économie de marché, le niveau social par l’adoption des institutions occidentales et le niveau politique par le régime de la démocratie. La seconde école adopte le modèle marxiste, où les analyses sont centrées sur le concept de classe, d’exploitation, de reproduction du capital ou d’inégalité sociale. La troisième école se base sur les travaux fondés sur les critiques de l’anthropologie telle qu’elle avait été pratiquée au sein des sociétés africaines.

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Section II- Cadrage conceptuelle I- Le concept du « développement durable » Dans cette partie de l’ouvrage, nous allons nous familiariser sur les concepts de base de l’étude, à savoir le développement durable, l’économie viable et la production responsable. Ces trois concepts sont en étroite liaison, néanmoins, il s’avère important de développer la viabilité économique et la notion d’écoresponsabilité.

1. Le développement durable

Avant d’aborder le développement durable proprement dite, il nous est indispensable d’aborder la notion de développement et de l’écodéveloppement. Ces deux notions sont connexes à celle du développement durable, et l’appréhension de ces derniers nous permettra de comprendre facilement la thématique à étudier.

 Le développement

Étymologiquement, développement vient du latin de, préfixe de cessation, de négation, et de velare, voiler, couvrir, envelopper. Le développement est l'action de faire croître, de progresser, de donner de l'ampleur, de se complexifier au cours du temps15.

« Aussi, le développement est le processus de long terme de modification durable des structures économiques, démographiques, culturelles et politiques d’un pays. Le développement prend en compte des éléments quantitatifs et qualitatifs. Il recouvre plusieurs aspects : économique, social, éducatif, etc. »16

Il est utilisé dans les sciences humaines et sociales, et désigne l'amélioration des conditions et de la qualité de vie d'une population, et renvoie à l'organisation sociale servant de cadre à la production du bien-être. Définir le développement implique de le distinguer de la croissance.

Cette dernière mesure la richesse produite sur un territoire en une année et son évolution d’une année à l’autre, tel qu’elle est prise en compte par le Produit Intérieur Brut (PIB). Elle ne dit rien, en revanche, sur ses effets sociaux. Elle n’informe donc que peu sur le niveau de vie et encore moins sur la qualité de vie. La croissance peut contribuer au développement, mais tel n’est pas toujours le cas et on parle de croissance sans développement quand la production de richesse ne s’accompagne pas de l’amélioration des conditions de vie. Inversement, même en l’absence de croissance, la priorité donnée aux productions les plus

15 Dictionnaire Littré 16 GUEUTIN (C. A.), L’essentiel de l’économie internationale, p54 28 utiles et une plus grande équité dans la distribution des biens produits améliorent les conditions de vie des populations et créent du développement.

Par ailleurs, actuellement, il existe une typologie économique et sociale des pays du monde grâce à leurs degrés de développement.17

 Pays développé : leur niveau de développement est supérieur à la moyenne mondiale, et il regroupe les pays les plus riches et industrialisés au monde.  Pays en développement : constitue les pays les plus pauvres, en l’occurrence, témoignent d’un développement économique inférieur à la moyenne.

 Écodéveloppement A ses origines, le concept de l'écodéveloppement a été formulé d'une façon plutôt restrictive, à savoir une stratégie de développement rural dans le Tiers Monde, fondée sur l'utilisation ingénieuse des ressources locales et du savoir-faire paysan. Mais cette formulation a vite été dépassée : l'écodéveloppement est devenu le synonyme d'un développement socio- économique endogène, reposant sur des forces vives et organisées de la société, conscientes de la dimension écologique et recherchant une symbiose, entre l'homme et la nature.18 En effet, les écologistes dénoncent la surexploitation des ressources naturelles tant renouvelable que non renouvelable par les grandes firmes afin de réaliser de plus en plus de profit. Les grands industriels développent leurs activités en dépit des problèmes écologiques et de la destruction de l’environnement.

AulendemaindelaConférencedesNationsUniessurl’EnvironnementetleDéveloppement (CNUED) de Rio de Janeiro(1992),son secrétaire général, Maurice Strong, faisait le constat suivant :« Nous avons perdu notre innocence .Maintenant ,nous savons que notre civilisation, et même toute vie sur notre planète, est condamnée, sauf si nous nous plaçons sur l’unique trajectoire viable à la fois pour les pauvres et pour les riches. Pour cela, le Nord doit modérer sa consommation de ressources et le Sud doit échapper à la pauvreté. Développement et environnement sont indissolublement liés et doivent être abondés par un changement de modalités, de contenus et d’usages de la croissance. Les trois critères

17Gueutin C. A., op cite, p55 18 SACHS (I.), Ecodéveloppement : une approche de planification 29 fondamentaux à réunir sont la justice sociale, la prudence écologique e tl’efficacité économique »19 Dans un ouvrage intitulé L’écodéveloppement, stratégies pour le XXIe siècle, SACHS(I.) 1997,p.16 ne semble pas s’effaroucher de la substitution conceptuelle, il note que les deux termes sont synonymes et qu’il est possible de remplacer la notion d’écodéveloppement par celle de développement durable sans remettre en cause la signification et pertinence d’une t elle démarche. Face aux revendications des adeptes de la Deep Ecology (Ecologie profonde) et l’alternative de l’économie politique, le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro(1992) a réaffirmé l’idée de la centralité du développement et repris à son compte, les trois piliers (économique, environnemental, social) du Triple bottom Line.

 Développement durable Rapport de Brundtland Le développement durable est apparu dans les années 1970. Cependant, ce n’est qu’en 1987 lors de la Commission Mondiale pour l’Environnement et le développement (CMED), et dans le rapport de Brundtland qu’elle fut définie. Aussi, le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.20 Il s’agit d’un processus qui conduit à l’amélioration du bien-être des individus en prenant en compte des considérations économiques, mais aussi écologiques et sociales.

19 DIEMER A., Développement durable plutôt qu’écodéveloppement : le nouveau gadget idéologique de l’occident 20 GUEUTIN, op cite, p 147 30

2. Economie viable et écoresponsabilité

Figure n°2 : Les trois piliers du développement durable

Source : Rapport de Brundtland, 1987

L’image ci-dessus présente les trois piliers du développement durable. En effet, si le développement veut lier l’économie et le social, et si l’écodéveloppement quant à lui met en évidence l’écologie et l’économie, le développement durable prend en compte les trois principaux aspects de la société, à savoir l’économie, le social et l’environnement.

Environnement viable : il préserve les ressources naturelles et l’environnement ; Social équitable : il assure une répartition juste des richesses Economie viable : il assure une croissance économique, mais une croissance contrôlée qui réduit les effets négatifs sur les autres aspects.

 Economie viable

Dans le cadre de notre étude, le principe d’instaurer une économie viable est particulièrement mis en évidence. Car elle est en étroite relation avec le souci d’instaurer une production responsable afin d’assurer la continuité et la durabilité des activités.

La dimension environnementale du développement durable vise à développer la croissance et l’efficacité économique, à travers des modes de production et de consommation durables.

Il s'agit de concilier la viabilité d'un projet, d'une organisation (performance économique) avec des principes éthiques, tels que la protection de l’environnement et la préservation du lien social. Selon ce système, le prix des biens et services doit refléter le coût environnemental 31 et social de l'ensemble de leur cycle de vie, c'est-à-dire de l'extraction des ressources à la valorisation, en tenant compte de la fabrication, de la distribution et de l'utilisation.

Les enjeux d'une économie responsable sont nombreux, souvent liés à l'un des deux autres piliers du développement durable, l'environnement et le social, voir aux deux. Voici quelques pistes identifiées :

Développer des pratiques commerciales innovantes et éthiques pour mieux répartir les bénéfices et les richesses. Ex : le commerce équitable, le microcrédit, le micro-don, répartir les richesses et les bénéfices de façon plus juste, intégrer le coût social et environnemental dans le prix des produits, chercher à développer le tissu économique local.

 Écoresponsable (production responsable)

La responsabilité est une obligation ou nécessite morale de répondre, de se porter garant de ses actions ou de celle des autres.21L’écoresponsabilité quant à elle est la volonté de limiter son impact sur la planète en prenant en compte dans notre organisation quotidienne les éléments suivants :

La réduction et la gestion des déchets La maîtrise de la consommation énergétique La lutte contre la pollution de l’eau, de l’air et des terres La réduction des émissions de gaz à effet de serre Une réduction de la consommation de ressources non renouvelables

Au-delà de ces aspects environnementaux, c’est aussi un engagement social et éthique

L’écoresponsabilité se dit d'une personne physique ou morale, d'un comportement ou d'une activité qui tient compte de principes de respect à long terme de l'environnement physique, social et économique.

Puisqu'il découle d'une volonté humaine, le concept « responsable » ne peut pas se dire d'un produit, d'un vêtement, d'un bâtiment, etc.; on les qualifiera plutôt de durables. Néanmoins, dans certains syntagmes désignant des comportements ou des activités humaines, durableset

21 Dictionnaire LAROUSSE 32 responsables sont synonymes (production responsable et production durable, consommation responsable et consommation durable, etc.). Dans la langue courante, sous l'influence de l'anglais, l'adjectif responsable se dit de quelqu'un « qui est réfléchi, qui pèse les conséquences de ses actes ». Le présent concept en est très proche, mais il est orienté vers le respect des principes de développement durable. Dans écoresponsable, le préfixe éco- concerne la prise en compte des trois aspects du développement durable (environnemental, social et économique). Il n'apporte donc pas de contenu sémantique nouveau par rapport à responsable. Écoresponsable est toutefois fréquemment employé, notamment pour insister sur l'aspect du développement durable, et possiblement pour éviter une éventuelle confusion avec les autres sens du mot responsable.

II- Sommet de la terre de Rio : Agenda 21 « L’agenda 21 » a été instauré lors du second Sommet de la terre, en 1992, dans la ville de Rio de Janeiro au Brésil. Ce sommet a regroupé les membres des Nations Unies, à travers lequel 172 pays membres y ont assisté, et y compris Madagascar. L’agenda 21 constitue un plan d’action du 21ème siècle. Il décrit les divers secteurs où le développement durable doit s’appliquer selon les collectivités territoriales. En d’autres termes, il constitue l’application du développement durable sur le terrain. Dans le cadre des programmes d’action, il prend en compte divers domaines, comme la santé, l’agriculture, la gestion des ressources naturelles (mer, terre, forêt, etc.), les problèmes de logements, ou encore la gestion des déchets. L’objectif de l’agenda 21 est regroupé en deux principaux points à savoir :  La gestion et la conservation des ressources à des fins de développement ;  et le renforcement du rôle des principaux acteurs (groupes). En effet, suite aux divers problèmes environnementaux sévissant dans le monde, l’agenda 21 se doit d’inciter les acteurs du développement durable à gérer les ressources naturelles tant renouvelable que non renouvelable. Les actions visent à inciter les groupes dans les actions de conservation, et à pratiquer une exploitation rationnelle et maîtrisée des ressources. Aussi, le plan d’action est divisé en 4 grandes sections :  Section I : La dimension sociale et économique : cette section regroupe les diverses difficultés sociales et économiques du monde actuel, ainsi que les alternatives, les activités et les moyens d’actions à entreprendre face à ces problèmes. Dans ces perspectives, nous pouvons noter la lutte contre la pauvreté, la modification du mode de consommation, ou encore la promotion de la santé. 33

 Section II : quant à elle, est orientée vers la conservation et la gestion des ressources aux fins de développement. Cette section de l’agenda 21 met en évidence les problèmes environnementaux du 21ème siècle et notamment, la surexploitation et l’épuisement des ressources, l’accumulation des déchets, et les menaces pesant sur l’atmosphère. Ainsi, elle est composée de 13 principaux chapitres, et propose les actions adéquates dans la gestion des ressources naturelles mondiales.  Section III : Les acteurs du développement durable sont mis en évidence dans cette section, parce qu’elle propose un renforcement du rôle des divers groupes. Ainsi, elle énumère le rôle des femmes, des enfants et des jeunes ainsi que des autochtones au sein des territoires. Mais elle met également en évidence l’implication du gouvernement, des collectivités locales, et des sociétés civiles dans la mise en place du développement durable dans les localités.  Section IV : explicite et détaille les moyens d’action pour l’atteinte des objectifs du développement durable à travers les actions. A cet effet, il met en évidence les ressources financières nécessaires, ou encore les apports de la science dans la promotion du développement durable.

Conclusion partielle : Dans cette première partie, nous avons vu les théories et les concepts adaptés à notre thématique et à notre cadre d’étude. Selon ces spéculations, la mise en pratique d’un idéal de développement dans le monde rural devra apporter des solutions tant au niveau international qu’au niveau national. Et concernant Ankarafantsika, il est potentiellement riche. Il faut à cet effet savoir exploiter les ressources naturelles existantes. Pour accéder à une image de progrès social, l’économie doit entrer et doit être redirigée vers le développement durable. Comment accéder au développement économique du monde rural sans nuire à l’écosystème ?

PARTIE II : LES POTENTIALITES D’ANKARAFANTSIKA AU SERVICE DE LA POPULATION RIVERAINE POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE 34

Ankarafantsika est une zone à caractère particulière. Sa Population est cosmopolite, sa culture se base sur les us et coutumes sakalava et ses activités se concentrent sur l’exploitation des ressources que procure la forêt. Dans cette deuxième partie, nous allons essayer de sortir les activités génératrices de revenus qui entrent dans le principe de l’écoresponsabilité et de la viabilité économique. Enfin puis de comprendre le comportement de la population face au développement.

CHAPITRE IV- LE SECTEUR DE L’ECORESPONSABILITE UN SUJET DE DEVELOPPEMENTECONOMIQUE A ANKARAFANTSIKA

Notre terrain d’étude se situe en milieu rural. Généralement à Madagascar, les activités principales des ruraux sont l’agriculture et l’élevage.

Et dans le nord-ouest de l’île, la population riveraine du parc pratique la riziculture et les cultures vivrières. Cependant, il est à préciser que le PN Ankarafantsika est protégé, effectivement les résidents n’ont pas le droit d’étendre leurs terrains cultivable. Ainsi, chaque famille dispose d’une parcelle de terrain exploitable. Or sur le plan démographique, le nombre de la population de cesse de s’accroitre et les terres ne sont plus suffisantes.

De ce fait, des activités secondaires ont été instaurées dans les fokontany avoisinant le parc, notamment dans nos terrains de recherche. Certaines activités ont été à l’initiative de la population, et d’autres ont été initiées par des organismes non gouvernementaux. Ces derniers puisent raisonnablement les ressources naturelles exploitables au sein du parc, et elles ont pour objectifs de contribuer et de promouvoir à un développement durable.

Section I- Les activités sur l’exploitation des ressources naturelles pour un écoresponsabilité en vue d’une viabilité économique

Comme il a été mentionné précédemment, le PN d’Ankarafantsika est doté d’une richesse écologique. Et mis à part les espèces protégées, il offre à la population riveraine des ressources exploitables, permettant à ces derniers de générer des revenus supplémentaires. Ces activités se situent principalement dans le secteur primaire et secondaire.

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Graphique n° 01 : diagramme sur les activités à Ankarafantsika

120

100

80

60

40

20

0 Agriculture Elevage Apiculture Artisanat Production de (raphia) achards Ampijoroa Ampombilava Ambodimanga

Source : auteur, année 2017

Interprétation :

L’histogramme vu ci-dessus représente l’ensemble des activités socio-économiques de la population des fokontany d’Ampijoroa, d’Ampombilava et d’Ambodimanga.

Il est à noter qu’il existe d’autres activités à part l’agriculture et l’élevage dans le milieu rural. Selon l’histogramme, Ampijoroa et Ampombilava sont symbolisés chacun par une activité spécifique. A cause de la crise économique, la population a été forcée de trouver des alternatives pour subvenir à leurs besoins. Singulièrement, elles ont dû diversifier leurs activités pour répondre à leurs besoins journaliers. Ainsi, l’artisanat, l’apiculture et la production des achards de mangue et de citron ont été les solutions à leurs problèmes. Mais force est de souligner que, ces exploitations économiques secondaires entrent dans les activités écoresponsables à Ankarafantsika.

I. De la cueillette du miel de forêt à l’apiculture

A la base, la population d’Ankarafantsika cueille le miel dans la forêt, et au fur et à mesure du temps, les abeilles s’éloignaient de plus en plus dans le cœur de la forêt. Cette situation a compliqué la cueillette du miel sauvage. Par conséquent, les habitants d’Ankarafantsika ont été initiés à l’apiculture. 36

A. Définition et typologie de l’apiculture L'apiculture, branche de l'agriculture, est l'élevage d'abeilles à miel par l'homme pour exploiter les produits de la ruche. L'apiculteur doit procurer à l'abeille un abri, des soins et veiller sur son environnement. Puis, il récolte une partie mesurée de ces produits : miel, pollen, cire, gelée royale et propolis.

Pratiquée sur l'ensemble des continents, cette activité change selon les variétés d'abeilles, le climat et le niveau de développement économique. C'est une activité où se mêlent les méthodes ancestrales comme l'enfumage, et les méthodes modernes comme l'insémination artificielle ou l'étude du trajet des abeilles équipées de micro-réflecteurs radar.

L'apiculture concerne l'élevage de l'abeille à miel domestique (Apis mellifera, Apis nigrocincta et de quelques espèces sans dard de la tribu des Meliponini). C'est l'unique insecte, avec le bombyx du mûrier (ver à soie), qu'on qualifie de domestique. Ces abeilles peuvent redevenir sauvages quand elles s'échappent du rucher à l'occasion de l'essaimage, ou devenir domestiques à l'occasion de la capture d'un essaim sauvage.

La conduite d'une colonie consiste essentiellement à veiller à l'état de la «démographie» des ruches.

Pour se reproduire et survivre, une colonie d'abeilles cherche à accumuler un maximum de provisions au cours de la saison favorable pour pouvoir passer sans problème l'ou les saisons défavorables. Dans les pays du nord, cette période est l'hiver; dans le sud et en Afrique, cette période est la saison sèche.

B. Les risques et les opportunités L’introduction de l’apiculture dans les communautés d’Ankarafantsika, est due, aux risques encourus par la population lors de la cueillette des miels dans la forêt, et à menaces pesantes sur la biodiversité. Mais aussi, elle est également due au souci d’instaurer une activité durable.

37

Tableau n°06 : risques et opportunités des activités apicoles

Miel sauvage Apiculture

Risque pour l’homme Activité sécuritaire

- Présence des animaux sauvages - Fiabilité des outils et des matériels d’exploitation (masque, botte, - Abeilles sauvages combinaison, etc.) - Dahalo Sur le plan financier Risque pour la biodiversité - Pérennisation de l’activité - Deforestation - Stabilité du rendement - Dégradation et la destruction des ruches - Probabilité d’augmentation de la - Fuite des abeilles production

Baisse de rendement Exploitation à proximité des fokontany - Faible revenu

- Instabilité des revenus

Source : auteur, 2018

. Les risques de la cueillette du miel de forêt Comme il a été mentionné ci-dessus, avant la mise en place de l’apiculture, la population cueillait du miel dans la forêt. En effet, les abeilles sauvages produisent du miel qu’ils déposent dans leurs nids suspendus sur les troncs des arbres. Cette catégorie de miel est réputée être meilleure que celle des abeilles domestiquées. Cependant, elle présente des risques tant pour les cueilleurs que pour la forêt.

Selon les enquêtes menées sur le terrain, les abeilles sauvages fuient et s’enfoncent de plus en plus au cœur de la forêt. Par conséquent, les cueilleurs sont amenés à s’aventurer en profondeur, et s’éloignent de plus en plus de leurs villages. Cette pratique est risquée, car le PN regroupe des animaux sauvages d’une part, et d’autre part, elle sert d’abris à certains dahalo de la région. Elle constitue donc un danger pour les villageois. 38

Par ailleurs, cette pratique n’est pas sans conséquence pour la biodiversité d’Ankarafantsika. Souvent, pour éviter de grimper sur les arbres afin de chercher le miel, les villageois en viennent à couper les arbres de la forêt.

. Les opportunités acquises par la mise en place de l’apiculture En vue des risques cités ci-dessus, l’apiculture représente une activité plus sécuritaire. D’une part, si l’apiculteur est bien équipé, elle ne présente aucun danger pour ce dernier. Et d’autre part, si elle est bien exécutée, elle permet une sécurité financière.

En parallèle à cela, la mise en place de l’apiculture permet de renforcer la protection et la conservation de la biodiversité. Elle permet également la régénération des abeilles sauvages.

C. La pratique de l’apiculture à Ankarafantsika

a) La réalité :

L’apiculture a été introduite en 2015 à Ankarafantsika, et particulièrement dans le fokontany d’Ampombilava. Par conséquent, tous les ménages au sein du fokontany ont été formés à l’activité et ont bénéficié d’aides matériels tels que les cages à miel, des gants et des voiles de protections.

Certes l’exploitation du miel est complexe, mais elle doit être une activité lucrative et rentable, car le prix est onéreux. En effet, elle nécessite un travail constant, et attentionné, car le problème majeur dans ce genre d’activité est la fuite de la reine d’abeille. Dans ce cas, l’inspection des ruches, au moins tous les 20 jours, est primordiale.

Actuellement, l’effectif des ruches varie selon chaque foyer à Ampombilava, certaines ne possèdent qu’une seule ruche et d’autres en possèdent plus d’une cinquantaine. En effet, cette activité nécessite beaucoup de patience, et cela décourage certains apiculteurs. Néanmoins, depuis notre passage sur place, la récolte n’a encore été que significative. Mais sur le long les apiculteurs affirmer que le rendement sera positif et abondant.

b) Postulats économiques :

Sur le point économique, le miel se vend actuellement entre 12.000 et 14.000ar le litre. Les principales cibles sont les routiers de la route nationale numéro 4, les touristes du PN et les vacanciers. 39

Mais actuellement, la pratique apicole à Ampombilava est en phase de démarrage. A ce niveau les abeilles ne produisent pas encore assez de miel. Il faut donc attendre des années pour que cette activité atteigne la phase de maturité, et qu’elle devienne viable économiquement.

Cependant, les apiculteurs proposent des visites guidées des exploitations. Cette sous-branche contribue à la rentabilisation économique et à la promotion de l’apiculture dans le fokontany. Normalement, le prix d’entrée varie de 500 à 1000ar. Tandis que pour les exploitations de grande envergure certains touristes payent souvent jusqu’à 10 000 ariary lors de leurs passages.

Mais malgré les efforts fournis, le site apicole n’a pas encore apporté une croissance économique tangible au niveau des ménages.

Naturellement les paysans continuent d’exploiter le miel sauvage pour satisfaire les demandes des clients. Pourtant, à ce niveau, il se fait rare. Par conséquent, l’activité n’est pas rentable et ne représente qu’un apport sur le revenu des ménages.

Enfin, sur le long terme, d’une part si la production est exponentielle et d’autre part si les abeilles ne rencontrent aucun encombrement, l’apiculture peut être favorablement viable pour la population.

Photo n°02 : Ruche d’abeille à Ampombilava

La photo présente le type de ruche des apiculteurs d’Ampombilava. Elle est couverte de palmier afin d’atténuer la chaleur.

Source : auteur, 2017 40

Photo n° 03: Pancarte à l’entrée du village d’Ampombilava

Cette photo représente une pancarte placée à l’entrée du village. Elle a été conçue afin que chaque touriste puisse visiter les sites apicoles et acheter les miels du village.

Source : auteur, 2017

II. Exploitation rationnelle des rapières et artisanat local

La biodiversité d’Ankarafantsika est dotée de raphières. Ce sont des arbres sauvages qui poussent naturellement dans la forêt du PN. Cette plante, qui est endémique à Madagascar dispose de fibres appelées « Raphia ». Ces fibres sont commercialisées dans tout le pays, afin de permettre aux artisans malgaches d’en faire des produits finis.

A. Présentation du raphia. Le raphia est une fibre végétale qui provient des feuilles d’un palmier, appelé raphières. Il est de la famille des Arécacées et pousse dans les zones marécageuses de la moitié Nord de l’île de Madagascar. C’est d’ailleurs dans cette partie du globe que se concentrent 80 à 90% de la production mondiale.

« il n'existe qu'une seule espèce de Raphia à Madagascar le Raphia Ruffia Mart. (Synonymes : R. pedunculata P. B. ; R. tamatavensis Sadebeck), mais cette espèce présente de nombreuses variétés quant à la résistance et la couleur des fibres, la forme et la grosseur des fruits »22.p4

22Perrier de la Bathie H. Le Raphia de Madagascar.. In: Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, p4 41

Le raphia est un produit entièrement écologique. En effet, son extraction permet d’entretenir et de régénérer les forêts à Raphia tout en fournissant un revenu aux populations locales.

B. Initiative d’écoresponsabilité sur l’exploitation du raphières

1. Menace pesant sur les raphières du PN « Lorsqu'on enlève à un Raphia, pour l'extraction de la fibre, quatre jeunes frondes seulement par an (1), il en produit peu après de nouvelles et ne souffre en rien de cette exploitation. Par contre, si l'on coupe, pendant toute l'année, toutes les jeunes palmes au fur et à mesure qu'elles apparaissent, ce qui se produit souvent par temps de demande active et de prix forts, le Palmier périclite et finit par mourir. Les fibres extraites de Raphia ainsi surexploitées sont d'ailleurs de mauvaises qualités, bien moins résistantes et bien moins longues »23. P15

En effet, les raphières d’Ankarafantsika représentent une des richesses de cette région. Elles représentent environ 527 hectares et jouent un rôle écologique important (source d'eau de plaines environnantes surtout celle de )24. Cependant, Elle est victime de surexploitation par la population locale, et est menacée d’extinction. Elle est exploitée tout au long de l’année et peine à se régénérer. En conséquence, soit la plante meurt, soit les fibres qu’elle offre sont de mauvaises qualités. En parallèle à cela, selon les enquêtes menées auprès des responsables du parc, les fibres sont récoltées afin d’être revendues à des artisans dans le centre et la partie sud de l’île.

2. Stratégie de conservation et exploitation maîtrisées En vue de cette réalité, un projet de conservation et d’exploitation maîtrisée de raphia a été mis en place. Cela afin de contribuer à la protection de la forêt de raphières, et de permettre à la population locale de bénéficier d’une activité rentable, stable et permanente.

Ainsi, la MNP a instauré des règles concernant l’exploitation des raphières. Cela se basent sur la saisonnalité, qui définit qu’il y a dorénavant un calendrier d’exploitation de raphières à respecter. De ce fait, quand la saison de raphia commence, les hommes partent récolter les fibres dans la forêt. Par la suite, lorsque la saison s’achève, il est formellement interdit de continuer de récolter sous peine de sanction. Cette nouvelle gestion permet aux raphières de

23Perrier de la Bathie(H.) opcitp 15 24 PAG, 2015 42 se régénérer naturellement après d’offrir un meilleur rendement et une meilleure qualité lors de la saison suivante.

3. Tissage du raphia A la base, les femmes du village d’Ampombilava se sont regroupées au sein d’une association appelée « Sambatra ». Elles comptent au nombre de 70 membres, néanmoins, seules 18 femmes pratiquent l’activité.

Le tissage de raphia a été instauré en 2005 par l’ANGAP (aujourd’hui devenu MNP), et cela dans le but de valoriser les fibres d’Ankarafantsika et de mettre en place une transformation sur place. De ce fait, elles ont été formées sur la fabrication de fils de raphia noués, la confection de tissus large, et la coloration des fibres avec des substances végétales. Tous cela afin de les permettre de mener à bien le métier de tisser, et d’obtenir une production de bonne qualité.

Mais aussi, elles ont bénéficié d’un atelier, ainsi que des machines à tisser. Cela a été réalisé avec la collaboration de FEM (Femmes Entrepreneurs de Majunga) et de la MNP.

Des boutiques ont été installées à Ampombilava et Ampijoroa, afin de permettre aux touristes de découvrir les produits artisanaux de la région, vu que ces derniers constituent la principale cible.

Photo n° 04: Atelier de tissage de raphia à Ampombilava

L’image ci-après représente l’atelier de tissage de raphia. On distingue également les machines à tisser, ainsi que les artisans au village d’Ampombilava.

Source : auteur, 2017

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C. Aspects socio-économique de l’artisanat

Image n°05 : Commercialisation des produits

Source : auteur, 2017

Interprétation :

D’après les photos vues ci-dessus, les produits finis sont multiples. Nous pouvons citer l’exemple des sets de table, des sacs, des sous-plats, des sous-verres, des tapis, des chapeaux, des paniers et encore d’autres. Selon nos enquêtes, on peut affirmer que les produits sont de bonnes qualités et cela attrait les acheteurs.

Concernant le prix, au départ l’activité était rentable. Toutefois, il est devenu difficile de vendre, car le commerce dépend du flux touristique de la région. Si l’on considère les clients nationaux, ces derniers ne représentent qu’une petite proportion. Cela semble dire que la plupart des Malgaches ne s’intéressent pas encore aux produits artisanaux locaux ou que leur pouvoir d’achat ne semble pas être à la hauteur des prix. En voici un tableau montrant quelques fourchettes de prix :

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Tableau numéro 07 : exemple de prix sur les produits artisanaux en raphia

Produits finis Prix en ariary

Set de table 15.000 à 40.000

sac 6000 à 60.000

tapis 5000 à 10.000

chapeau 2000 à 5000

figurines 3000 à 25.000

Sous plats et sous verre 3000 à 15.000

Source : auteur, année 2017

Interprétation :

Selon le tableau ci-dessus, il existe de variété de produits finis et les prix varient selon la nature et la qualité. Dans un même produit, il peut y avoir au moins deux qualités différentes. Cette stratégie a été adoptée pour que les clients puissent avoir l’embarras de choix.

Simultanément on peut estimer que les prix ne sont pas abusifs, mais seulement calculés. Car le temps de travail, le prix des matières premières, le pourcentage déduis pour les initiateurs de projet sont encore des chiffres négatifs à retirer dans la plus-value d’un produit.

A un certain moment de notre étude, les femmes ont affirmé que le travail n’est pas difficile, mais requière beaucoup de temps. Pourtant le bénéfice récolté dans un produit ne dépasse même pas les 10.000ar pour les gros œuvres (sacs, sets de table, des produits qui demandent plus de 3jours de travail). Et selon la réalité actuelle, chaque femme peut finir jusqu’à trois produits par semaine selon eux, malgré cela, elles n’en vendent que trois aussi en moyenne par semaine. Des fois, la boutique ne reçoit pas de visiteur toute la semaine.

Bref, ce travail n’est pas forcement rentable, mais les ouvrières n’ont que cela pour pouvoir survivre.

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III. Exploitation de mangue, de citron et savoir-faire culinaire des villageois

Le Parc National Ankarafantsika est l’une des plus riches en variété faunistique et floristique à Madagascar. Si on parle de fruit tropical, elle regorge une multitude en typologie (mangue, corossol, tamarin, citron, etc.).

Face à cette abondance, les habitants d’Ampobilava et d’Ampijoroa n’ont pas eu la difficulté de créer des activités secondaires sur l’exploitation convenable et la commercialisation de ces fruits. Et d’après nos données statistiques, les plus prisés de la population sont les mangues et les citrons. A cet égard, cette activité a été initiée par les autochtones dans les débuts des années 2007.

Et pour que cette activité s’enrichisse en productivité, les villageois cherchent des alternatives pour améliorer leur rendement et s’adonnent au reboisement des variétés améliorées grâce à la technique de bouturage. Selon nos informations, les expériences se font d’abord dans leur clôture.Et si ce dernier donne des fruits, ils élargissent leur champ. Les expériences peuvent durer des années, mais cela entre déjà dans l’entretien de l’écologie et la sécurité des générations futures.

A. Les matières premières : mangue et citron

Tout d’abord, le premier produit, c’est la mangue. En général, Le nord-est de Madagascar est réputé par ses variétés (Mangue S, Mangue greffe, mangue Zanzibar, etc.), et que la plupart des produits vendus dans tous Madagascar viennent de cette région. Selon le journal en ligne Madagascar Matin « au moins 50% de la production de mangue à Madagascar provient de la région de Boeny, Sofia et Diana ».Cela est dû à la qualité et la quantité des fruits.

Et sur le terrain, cela se confirme parce qu’en s’aventurant dans le PN, les pieds de mangue pullulent dans cette région. Comme illustration, à Ampombilava, il y une plantation de manguier reboisée par les autochtones ; puis par la générosité de la nature, le fokontany d’Ambodimanga a été nommé ainsi, parce que c’est un village qui se trouve au pied d’une forêt de manguier.

En parallèle à cela, la MNP a surnommé le fokontany d’Ampijoroa « village du citron » et a posé une pancarte à l’entrée du village. Cela dont le but d’attirer l’attention des touristes et pour confirmer la présence des pieds de citronnier dans ce village. 46

Photo n°06 : Panneau village de citron

Cette photo montre le panneau indiquant le nom du village Ampijoroa en tant que village de citron. Construite par l’ANGAP (ex MNP) avec la coopération allemande, la KFW et l’ONE

Source : Auteur, 2017

En somme, ces deux fruits sont des dons de mère nature pour aider les villageois à subvenir à une partie de leur besoin. Grâce à cela, ces derniers pratiquent une autre activité pour arrondir leur rentrée économique. Cette activité consiste à transformer ces fruits en produit fini, et voici le processus.

B. Le processus de transformation des fruits brute en achards:

La mangue est un fruit naturellement généreux parce qu’elle est succulente, peut être acide et/ou sucrée, mais toujours juteuse et charnue. En plus de son noyau peut donner une pépinière.

Quant au citron, qu’il soit jaune ou vert, il reste toujours acide. C’est à travers son goût acide, ses caractères frais et juteux et son intérieur pulpeux qu’il est unique.

En effet, c’est grâce à la nature et à l’abondance de ces fruits que les villageois ont eu le luxe de les exploiter et de les transformer d’une manière propre au terroir. Cette transformation consiste à les réduire en « achards » ou « lasary » en malgache.

Force est de noter que, selon les enquêtes effectuées auprès des ménages, plusieurs personnes sont mobilisées pour ce travail. Certes, les matériels et méthodes sont archaïques (couteaux, sceau, bouteille en plastique), mais elle représente déjà une petite et moyenne entreprise 47 villageoise. Selon nos sources sur terrain, presque tous les ménages du village d’Ampijoroa pratiquent cette activité et du côté d’Ampombilava au moins 5 familles la pratiquent.

Pratiquement, en suivant des recettes simple et traditionnelle du « lasary manga » et du « lasary voasary », c’est avec une technique inégalable que les experts en la matière les cuisinent quotidiennement. C’est un art à part entière, devenu un héritage culturel qui se transmet de génération en génération. Avec cela, le travail se fait à la chaine et suit un mécanisme bien respecté de A à Z. En voici le schéma :

Figure n°03 : cycle du processus de transformation de la mangue et du citron en achards.

Etape 1 : Etape 2 Etape 3 : Etape 4 : Cueillette Triage Lavage Epluchage

Etape 8 : Etape 7 : Etape 6 : Etape 5 : Mis en macération emballage assaisonnement Découpage

Source : Auteur, 2017

Ce schéma résume en huit étapes les processus de transformation d’un fruit (mangue ou citron) en achards, débutant par l’étape de la cueillette jusqu’à la mise en emballage.

 La première étape c’est la cueillette, en général cette étape constitue la plus facile du processus, car il se fait sur le pied d’un citronnier ou en grimpant un manguier. Cependant les citronniers du village ne produisent pas assez. Du coup, selon le chef fokontany d’Ampijoroa, les producteurs achètent leur matière première au marché du fokontany d’.  La seconde étape concerne le triage, ici les citrons sont triés selon leur couleur (vert ou jaune), selon leur fraicheur (frais ou pourrit). Et les mangues selon leur variété et leur chair, les mures ne sont pas sélectionnées, les plus idéales sont les « sômasôma » et les « manta ».  Après ces deux étapes, on passe par le lavage, l’épluchage et le découpage. A ce moment, les mains d’œuvre sont nécessaires et sont payées. 48

 Ensuite dans les deux étapes suivantes, qui considère d’assaisonner et de macérer les achards de mangue et de citron, chaque vendeur à leur secret, mais les bases sont le sel, le piment haché et le jus de citron. La macération dure au moins deux à trois jours.  Et en dernier lieu c’est la mise en emballage. Tous les vendeurs utilisent des bouteilles en plastiques et en verre, la plupart du temps des bouteilles de 35cl, de 50cl, de 70cl, de 1l et de 1,5 l.

C. Produit fini et commercialisation :

Après toutes les étapes entamées, le produit est embouteillé puis mis en vente. Les achards sont étalés dans des étagères en bois le long de la route nationale numero 4. A ce moment, ils deviennent des produits de souvenirs destinés pour les touristes et des « voandalana » pour les vacanciers.

S’il s’agit des prix des achards, celui de la mangue est moins cher que le citron. Mais en tout cas, les prix varient selon la saison. Il y a la haute saison durant les périodes de vacances, et la basse saison le reste de l’année.

Tableau n°08: Prix des achards de mangue et de citron selon les saisons

Variétés Achards de mangue (prix en ar) Achards de citron (prix en ar)

Quantités (litre) H.S B.S H.S B.S O,35 500 500 1000 1000

0,50 - - 1500 1500

0,70 1000 1000 2000 2000

1 2000 1500 3000 2000

1,5 3000 2000 4000 3000

Source : auteur, 2017

Les acronymes :

- H.S : haute saison - B.S : basse saison - Ar : ariary 49

D’après le tableau ci-dessus, les chiffres concernant les prix des achards ne sont pas stables. Elles se différencient suivant le volume du récipient, mais aussi selon la variété des achards. Il est à remarquer que, les achards de mangue sont moins chers que celui du citron. Cela est peut-être dû au prix de la matière première, car le prix du kilogramme de citron équivaut à environ trois kilogrammes de mangue selon le prix du marché d’Andranofasika.

Ensuite, il y a le variable saison qui se porte comme un facteur pesant sur le prix. Il y a dans ce cas une période plus rentable que d’autres. La plus enrichissante pour les commerçants c’est la haute saison, c’est-à-dire les mois de vacances (les grandes vacances : septembre, octobre, novembre, et les vacances confessionnelles : pâques, noël). Ici les prix des achards de mangue et de citron peuvent atteindre une différence de 1000Ar à 2000ar par rapport à la basse saison.

Finalement, concernant les ventes, les producteurs vendent en moyenne plus de 15 bouteilles de achards par jour durant la haute saison, et entre 0 et 5 bouteilles journalièrement durant la basse saison.

En tout, ces trois activités liées à l’exploitation écologique représentent les matériels de base pour l’atteinte d’un développement locale dans cette région en faveur de l’écoresponsabilité. Concernant l’économie viable, les rendements effectués ne sont pas encore flagrants, car, selon les statistiques sur la rentrée d’argent mensuelle des bénéficiaires, elle n’a pas beaucoup changé.

Et ce qui semble évident, le marché dépend du flux touristique de la région, ce qui signifie que la croissance économique des villageois découle de l’augmentation du taux du tourisme à Ankarafantsika parce que ce sont les acheteurs potentiels.

Section II : Les acteurs de l’écoresponsabilité à Ankarafantsika

Dans le chapitre précèdent, nous avons présenté les activités écoresponsable. Ces derniers participent au développement des communautés locales afin de mettre en place une économie viable et contribuer au développement durable. Mais pour la réalisation de cette écoresponsabilité, plusieurs acteurs ont agis pour l’aboutissement de ces activités.

On entend par acteur une personne détenant une part active dans la conduite ou l’exécution d’un projet. Chaque acteur détient des rôles précis selon leurs typologies et veille à l’atteinte des objectifs pour promouvoir un développement durable à Ankarafantsika. 50

L'un des principaux éléments indispensables à la réalisation du développement durable est une large participation du public à la prise de décisions.

I. Les collectivités locales

Dans toute initiative de développement local au sein d’une communauté donnée, les collectivités locales constituent des acteurs inhérents à la réalisation de ce dernier. Pour le cas de Madagascar, les collectivités en question sont issus à la fois de la décentralisation et de la déconcentration. Pour le cadre de notre étude, nous citons comme acteurs institutionnels :

Le Chef de la Région Boeny ; le Chef du District de Marovoay; le Maire de la Commune Rurale de Marosakoa ; le Chef du Fokontany d’Ampijoroa ; et le Chef du Fokontany d’Ampombilava.

En effet, avec les organismes privés, ils élaborent les projets et les plans d’action pour l’application et l’atteinte des objectifs. Ces derniers connaissent également les potentialités de la région, et de ce fait trouver les alternatives à la croissance économique des villageois.

Pour le cas de notre étude, et selon les enquêtes menées auprès des collectivités locales, le Chef fokontany représente un acteur clé dans la mise en œuvre et l’atteinte des objectifs dans le cadre des activités entreprises. En effet, il négocie avec les organismes privés sur les activités à mettre en place ou à développer. Par la suite, il veille au bon déroulement et communique les nouvelles à la population. Il détient une proximité et une affinité par rapport à ces derniers, de ce fait, il examine les difficultés et les besoins de la population cible. Tout cela lui permet d’agir et de contribuer activement à la mise en place des projets de développement au sein de sa communauté.

II. Les organismes privés

Les Organismes Non Gouvernementaux font également parti des acteurs de l’écoresponsabilité à Ankarafantsika. Dans le cadre de nos recherches et de notre terrain, le principal organisme privé, participant à la gestion du PN d’Ankarafantsika et aux initiatives de développement des communautés locales est la MNP. Néanmoins, on observe la participation d’autres organismes comme GIZ, lors de la mise en place de l’apiculture ou la promotion des achards de mangue et de citron à Ampijoroa. Et FEM (Femme Entrepreneur de 51

Majunga), lors de la mise en place de l’atelier de Raphia à Ampombilava et la formation des femmes au métier de tisser.

Ils jouent un rôle non négligeable dans la participation au développement des localités à Madagascar. Et cette réalité est également perceptible à Ankarafantsika. Ils sont souvent à l’initiative des projets de développement et accompagnent la population locale dans le déroulement des activités. En effet, ils représentent à la fois les acteurs techniques et les acteurs financiers. D’une part, ils mettent en place avec l’aide des collectivités et des cibles du projet, les activités à entreprendre afin d’atteindre les objectifs d’une écoresponsabilité et d’une économie viable. Et d’autre part, ils sont les détenteurs du capital économique, permettant de mener à bien les initiatives de développement.

III. La population locale

Dans le cadre de notre étude, la population locale constitue l’acteur principal de l’écorésponsabilité à Ankarafantsika. En effet, elle représente les autochtones de la région, cela signifie qu’ils ont vécu dans la région depuis plusieurs générations. Ils sont détenteurs de savoir et de connaissances par rapport à leur milieu. Mais en parallèle à cela, elle constitue également la cible des projets de développement. Le fait d’instaurer une responsabilité écologique à Ankarafantsika est le fruit des précédentes actions des autochtones, il en est de même pour le souci de mettre en place une viabilité économique.

Par ailleurs, la population locale détient un rôle primordial et stratégique dans l’atteinte des objectifs du développement durable à Ankarafantsika. Elle participe à l’élaboration et à l’exécution des activités.

Elle constitue également le principal bénéficiaire des activités écoresponsable et des objectifs d’une économie viable.

52

CHAPITRE V- IMPACTS DES ACTIVITES ECORESPONSABLES POUR UN IDÉAL DE DEVELOPPEMENT

Section I : Vers un enjeu économique pour une organisation sociale I. Des mouvements associatifs :

Les femmes des fokontany de la commune de Marosakoa sont des femmes à caractère active. Selon nos enquêtes, elles se mobilisent pour faire connaitre au monde qu’elles sont des femmes leaders. A cet effet elles se sont organisées et ont créé des associations. Du moins dans les fokontany que nous avons observés, chacun possède leur mouvement associatif. Mais quelles sont leurs fonctions pour la société ?

A- Association « Taratra Mirindra »

« Taratra Mirindra » est une association qui regroupe les femmes du village d’Ampijoroa. Elle a été créée officiellement en 2005, et compte 30 membres actifs. Elle est composée de femmes de tout âge. L’âge minimal est de 18 ans.

Dans le cadre du développement d’Ampijoroa, les femmes sont plus axées aux activités touristiques et aux représentations au sein du Parc National. Cette réalité s’explique par la proximité du fokontany à l’accueil du parc. Pour cette association, les tâches ne sont pas faciles, car elle représente l’image d’Ankarafantsika.

Concernant, les activités dans la production des achards de mangue et de citron, toutes les femmes de l’association y participent. Néanmoins, le chef fokontany compte parmi ses membres actifs. Ainsi, les initiatives de développement et de régulation des activités des achards de mangue et de citron découlent de cette association.

Dans la promotion des activités touristiques à Ankarafantsika, l’association collabore avec le Parc National. Car, lors des arrivées des touristes étrangers, surtout quand ces derniers viennent en masse, les femmes de l’association « Taratra Mirindra » préparent des spectacles (comme le chant, la danse, etc.) pour animer la journée. En guise d’illustration, lors de notre séjour dans la région, il y avait eu l’arrivée d’un paquebot venant d’Afrique du Sud qui faisait escale à Mahajanga. Les touristes étaient composés d’Allemands, d’Italiens, de Suisses et d’Anglais. Avant leur départ pour Nosy Be, des opérateurs touristiques les ont fait visiter Ankarafantsika ; et pour les accueillir, les responsables du PN ont fait appel à l’association « Taratra Mirindra ». 53

Photo n° 07: Les femmes artistes de l’association « TaratraMirindra »

Source : auteur, année 2016

Interprétation :

Cette photo illustre des femmes qui dansent et qui chantent autour d’un public mélangé d’étrangers et nationaux. Cela s’est produit dans la grande cour devant le restaurant du PN d’Ankarafantsika. Ceci dans le but d’animer le déjeuner des visiteurs et de montrer la culture villageoise de la région. La voix aiguë de ces femmes s’harmonise avec le rythme des « aponga » (tambours) et du charme de la « sodina » (flute), telle une chanson traditionnelle d’Ampijoroa.

En parlant du fond des chansons, elles expriment en général la beauté forestière d’Ankarafantsika et conscientisent les hommes à le respecter. En conséquence les paroles poussent les locuteurs à conserver et à ne pas détruire l’environnement. Quant à la traduction, des guides ont accosté les visiteurs.

Cette activité constitue un des bonus qui entre dans la promotion du tourisme communautaire à Ankarafantsika.

B- Association « Sambatra »

L’association « Sambatra » rassemble les femmes du fokontany d’Ampombilava. Elle compte en tout 70 membres. L’objectif de l’association des femmes est la promotion d’un développement communautaire. 54

Ces femmes se soutiennent pour améliorer l’image de leur village, et surtout pour trouver une solution pour sortir de la pauvreté. Elles ont proposé de vendre et d’améliorer la qualité d’achards de mangue. En retour, le PN a accepté de coopérer avec eux. Pour cela, vu leurs efforts et leurs enthousiasmes dans la concrétisation de leurs promesses, le PN avec l’aide d’organisme non gouvernementale (GIZ) a réservé d’autres projets de développement. D’après les études et les recherches faites par le volet socio-développement du PN, Ampombilava à bénéficier de formation en exploitation raphières et a joui d’un atelier de tissage de raphia en 2005. Puis pour encourager les femmes dans leurs efforts, le PN a construit des étals de vente de achards en 2015. Et enfin un projet sur l’apiculture, que l’on a détaillé dans le chapitre des activités, est en cours en ce moment.

Inévitablement l’association gère plusieurs activités en son sein. Des activités socio- économiques devenues actuellement responsables, car non seulement elles regroupent les femmes dans un objectif commun, mais aussi les modélisent dans le rapport social pour faire fonctionner la société sous des normes et des valeurs consensuelles. Enfin, en guise de remarque, ces femmes pratiquent une activité culturelle qui fait le renom du village, c’est le « antsa sakalava »25.

II. Entraide, partage des tâches et vie sociale

Selon nos études sur terrain, lors de la réalisation des tâches pour le fonctionnement des travaux, tous les membres de la famille sont mobilisés dans le village. Cela est visible dans l’activité de la production des achards. En voici un tableau indiquant la répartition des tâches individuelles

Tableau n°9 : Répartition des tâches selon le sexe taches cueillettes Préparations Mise en vente sexe et/ou tissage bouteille des (achards et/ou achards. raphia). Homme Presque tous les négligeable néant négligeable hommes Femme négligeable Toutes les Toutes les Toutes les femmes femmes femmes Enfant(plus de Presque tous les négligeable néant négligeable 7ans) enfants Source : auteur, année 2017

25 Chanson traditionnelle de la région, surtout utiliser lors du culte de possession « tromba » 55

Interprétation :

Ce tableau montre que chaque membre de la famille participe dans le fonctionnement des opérations. Chaque tâche est repartie selon le savoir de chacun. Cela signifie que, d’un côté, les hommes se spécialisent dans la cueillette des fruits, du miel et des raphières ; des tâches difficiles et dangereuses. Et de l’autre côté, les femmes se concentrent sur la préparation des produits jusqu’à la commercialisation (elles détiennent le secret des recettes des achards/et ont été formées au tissage du raphia). Et les enfants ne sont présents que pour les aides ; néanmoins ils sont polyvalents.

Il est à remarquer que les mains d’œuvre ne se limitent pas au membre de la famille. Elles s’élargissent jusqu’au voisinage dans le cas où le travail est nombreux. Pourtant le prix des mains d’œuvre est symbolique. En effet, dans le milieu rural l’entraide reste importante, le respect du vivre ensemble demeure toujours. Ce fait social s’appelle en malgache le « asa tana-maro » ou le travail de groupe. Cela relève de la « conscience collective », dans la considération d’appartenir à un groupe social et d’être conscient d’avoir des devoirs, des responsabilités et des obligations envers la société et son groupe d’appartenance. Ce qui se dit en malgache « manana adidy sy andraikitra eo am fiaraha monina ».

Avec cela, l’atelier de travail reste visiblement la maison, dans la cuisine ou dans la cour. Ce travail regroupe toute la famille, et offre un moment de partage et de socialisation, où les parents transmettent leur patrimoine culturel immatériel (tradition orale, savoir-faire culinaire, rituels de vie)à leur progéniture. Avec cela, les enfants seront aussi éduqués face aux aléas de la vie et seront conscientisés sur l’importance de la terre, de l’eau et de la forêt qui sont les premières sources de vie et de richesses naturelles. Ici les mœurs et les coutumes ne se disputent pas, mais se transmettent, les générations d’aujourd’hui et celui du future seront inculquées des traditions et des savoir-faire des générations d’hier et du passé. Voici quelques illustrations, selon une de nos enquêtes « ny asanay dia mahafinaritra, mampivory anay maianakavy,indrindra moa rehefa tsy any ampianarana ny ankizy. Izahay ihany no mifanoro sy manao izay tinay rehetra ao.» ; « eo ko ny fotoana ahafahanay mananatra ireo zanakay ra naditra izy ireo, mampianatra azy ireo ny asa ra vaomanaomboka izy ireo. ». Ce qui se traduit comme « notre travail est agréable, cela rassemble toute la famille, surtout quand les enfants ne sont pas à l’école. On s’auto construit et on fait ce qu’on veut. » « C’est aussi le moment pour éduquer les enfants et les instruire principalement s’ils débutent le métier. »

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III. Culture symbolique et capital économique A ce sujet on va parler des liens entre les capitaux économiques des concernés face aux obligations coutumières sociétales.

Les rites sont très présents dans le PN Ankarafantsika. A ce moment, les villageois deviennent des concurrents, et concours à la recherche d’un prestige social. Malgré la pauvreté et la faiblesse du revenu de ces derniers, ils arrivent à dépenser des sommes d’argent importantes lors des festivités villageoises comme le « fora zaza » ou la circoncision, le mariage traditionnel, le joro, etc.

Notamment, tous les bénéfices acquis dans ces activités sont destinés non seulement pour satisfaire les besoins aux quotidiens, mais ils sont aussi capitalisés dans les traditions et les cultures symboliques. Cette réalité répond à la logique d’action normative dans le milieu et vise à perpétuer l’ordre social.

Section II- Entre mentalité, perception et survie professionnelle des paysans par rapport aux activités dites écoresponsables

I- Les activités à l’initiative de la population

Cette rubrique considère les activités génératrices de revenus existantes au sein de la communauté locale d’Ampijoroa. Notamment ces pratiques villageoises constituent un des facteurs de développement socio-économique.

Pour mieux élargir ce point, nous allons établir un diagramme circulaire des activités en rapport avec l’initiative de la population.

Graphique n°2 : Diagramme des activités à l’initiative de la population à Ampijoroa

activités

9% mangue 46% citron 45% miel

Source : Auteur, 2017 57

Interprétation :

Ce diagramme montre les secteurs d’activité à l’initiative de la population dans le fokontany d’Ampijoroa. Si l’on entre dans les détails quantitatifs, il montre des pourcentages. Ces proportions définissent les nombres de ménages qui commercialisent les achards de mangue et de citron, et le miel sauvage.

Force est de noter que, les taux de commerçant de achards de mangue et de citron sont approximativement égaux.

Selon le chef fokontany d’Ampijoroa, presque tous les habitants de ce village s’impliquent dans la vente de achards de mangue et de citron. Cela signifie que ce travail est confortable et facile, rentable, sécuritaire et qu’il relève de l’initiative villageoise. Bref, cette AGR a été introduite par les autochtones.

En parallèle à cela, d’après nos enquêtes, l’art de la mangue et du citron relève des activités ancestrales. C’est à Ampijoroa qu’elles ont été conçues pour la première fois dans cette région. Cela s’explique par le fait que les villageois ont hérité d’un savoir-faire culinaire. Notamment d’un « héritage culturel »26 qui se transmet de génération en génération.

Enfin, à propos des interventions des organismes non gouvernementaux, la population est ouverte à toute proposition. Le but des ONG aborde les thèmes d’améliorer les conditions de vie de la population et d’appuyer les commerçants matériellement. Cela veut dire que, dans le cadre du développement durable actuel, beaucoup de projets ont été proposés et réalisés en milieu rural. Et concernant l’exploitation de achards de mangue et de citron, la MNP en collaboration avec la GIZ, ont installé de nouvelles étales bordant la route d’Ampijoroa. Cela dans le but d’embellir la vente et d’attirer la clientèle.

En guise de remarque, avant, pendant et après le projet, selon les experts en développement, les villageois concernés ont coopéré à cent pour cent.

II- Les activités introduites

Dans cette rubrique, nous allons mettre en évidence les activités qui ont été introduites au sein du fokontany d’Ampombilava. Ce fokontany est l’un des bénéficiaires de projet communautaire face à la difficulté des habitants à trouver du travail. Il s’agit de la

26 BOURDIEU et PASSERON « Les héritiers », année 58 transformation du raphia en produit fini (avec l’aide des FEM de Boeny) et de la culture du miel (sous l’intervention de la MNP en collaboration avec la GIZ).

Cependant, même avec l’arrivée de ces innovations professionnelles, la situation ne semble pas être améliorée.

A- Les facteurs d’abondant face aux conditions de travail

Tableaux n°10 : nombre de femmes pratiquant l’activité de raphia par année

Années 2005 2009 2012 2015 2017

Nombre 18 18 13 10 09 d’artisans

Pourcentage 100 100 72,22 55,55 50 (%)

Source : auteur, 2017

Interprétation

Ce tableau statistique montre des chiffres qui reflètent le nombre et le pourcentage d’artisans dans le secteur de l’Activité du raphia à Ampombilava.

Entre 2005 et 2017, plus de la moitié des femmes artisanes ont abandonné ce métier. Il y dans ce cas en moyenne trois femmes qui abandonnent cette activité chaque année Si on parle de ce métier, elle ne s’apprend pas à la légère, et avec cela elle requiert de la patience et de la maitrise. A cet effet, il existe des paramètres qui entrent en jeux dans la démotivation des pratiquantes à décrocher. Suivant notre dépouillement, ces paramètres sont le paramètre temps, le paramètre argent, le paramètre matériel, le paramètre social, et le paramètre climatique. Mais pourquoi ces plusieurs paramètres ?

 Paramètres temporels :

Le temps joue un rôle principal dans la réalisation des tâches en entreprise. Le tissage de raphia à Ampombilava représente déjà un micro entreprise qui tourne en moyenne huit heures par jour avec une pause de midi à quatorze heures du lundi au vendredi. Or ces horaires ne convient pas à certaines travailleuses, car, dans le milieu rural il n’y a pas d’heure ponctuelle 59 pour aller au travail. Et chaque personne définit leur horaire de travail. Mais à l’atelier les femmes sont gérées suivant les règles de l’entreprise.

Avec cela, dans le travail du tissage, il faut avoir la patience, par exemple pour tisser un panier il faut au moins trois jours d’efforts. Un travail qui requiert beaucoup d’effort pour peu de résultats selon les travailleuses.

 Paramètres financiers :

On dit souvent que le temps vaut de l’argent, mais dans le cadre de cette pratique professionnelle, le temps joue en leur défaveur en rapport heure de travail et compensation en argent. Les tisseuses ne sont pas payées mensuellement, mais elles sont recomposées selon leurs productions. Leurs efforts définissent leur rentrée économique, mais ce n’est pas vraiment le cas du fait que les produits artisanaux doivent encore être exposés et vendus dans les boutiques. Pour ainsi dire que les tisseuses ne fixent pas le prix des produits, mais reçoivent des pourcentages selon la vente des boutiques par moi.

 Paramètres matériels :

Selon nos enquêtes, au départ, les femmes de l’association ont reçu un atelier muni de huit machines à tisser avec les pièces et instruments (bobines, aiguilles, mètres, etc.). Après quelques années de travail, certaines de ces machines n’ont pas survécu et maintenant il n’en reste plus que quatre fonctionnelles pour neuf tisseuses.

 Paramètre social :

Le social, dans le monde professionnel, c’est un facteur délicat qu’il faut entretenir pour que l’atmosphère et le cadre de travail soient favorables à l’épanouissement de chacun. Dans notre cas, cela dépend des relations qu’entretiennent ces femmes artisanes. Selon notre source, ces femmes se connaissent toutes, car elles représentent la totalité des femmes actives du village. Puis, ce sont des voisines dans la vraie vie. Et même dans le milieu rural, le phénomène de clan existe au sein des organisations féminines. Inévitablement, cela engendre des dégâts surtout que ces dernières ne savent pas travailler ensemble. A la fin, la moitié des artisans ont abandonné.

 Paramètre climatique :

Le climat de la région est favorable pour l’agriculture et l’élevage. Toute l’année il fait chaud et humide. Inévitablement, il y a une période de pluie intense, à ce moment de l’année les 60 conditions climatiques n’est pas propices pour aller à l’atelier cas les pistes deviennent boueuses, le risque de tomber malade est forte et entrer mouillées de la tête au pied ne s’avère pas confortable.

B- La résilience des travailleurs face au projet de développement

Face aux aléas de la vie, des situations imprévues peuvent survenir au moment où l’on attend le moins. Mais chaque personne a ses propres façons de les surmonter.

Par définition, « la résilience est la capacité des personnes et institutions – que ce soient des individus, ménages, communautés locales ou états – à faire face aux chocs ou stress chroniques causés par des situations fragiles, crises, conflits violents, évènements naturels extrêmes et de s’adapter et se relever rapidement sans compromettre leur avenir à moyen et long terme. »27

D’une part, on va parler de la résilience structurée sous l’angle physique et écologique, qui suit la logique de l’interaction sociale procréant des chocs traumatiques. En ce sens, CYRULINIK (2003, p19) affirme que « on ne peut parler de résilience que s’il y a eu traumatisme suivi de la reprise d’un type de développement, une déchirure raccommodée ». Le traumatisme joue donc le rôle de déclencheur dans le processus de la résilience. Il devient un élément indissociable au sujet concerné comme son ombre qui l’accompagne.

D’autre part, il s’agit aussi de la résilience qui se construit en société. Le paragraphe précédent nous a articulé une résilience du point de vue écologique et psychologique, mais ce n’est que la première face de la pièce. La seconde face montre l’interaction humaine avec son milieu et la société. Ici on va considérer la résilience comme un fait social, une réalité de la vie, qui se construit au niveau de la société. « La résilience ne peut être exclusive, mais plutôt d’un impératif inclusif, notamment en terme de soutenabilité du développement ; car les vulnérabilités associées aux aléas naturels ou sociétaux (guerre, persécution, inégalités, etc.) produisent des effets autant écologiques, qu’économiques et sociaux. »28

À l'égard de notre recherche, selon les femmes de l’association « Sambatra » du fokontany d’Ampobilava, les activités sur le raphia ont traversé plusieurs difficultés durant ces douze dernières années(les catastrophes naturelles, les feux de brousse, la surexploitation, la surproduction, la crise sur la vente des produits finis, et le plus grave comme il a été cité ci- dessus, l’abondant des femmes artisans.)

27 PNUD ,2016 « Manuel de résilience communautaire », page 05 28 KOUAMEKAN J.M Koffi, « Résilience et société », 2014 , page 08 61

Or, malgré les diverses difficultés, une partie des femmes de l’association affirme n’avoir pas abandonné le tissage de raphia bien que.

Cela relève de leur psychologie à surmonter la situation et à avoir des réserves pour bondir bien qu’il y a des impasses. Selon ces dernières « ny toetran’ny tsirairay sy ny tanjon’ny tsirairay amin’ny fanaovana tisazy ihany no mahatonga ny olona miala na mijanona amin’nyity asa ity » « vola ny fiainana nefa ity tsy vola eo no eo, mila maharitra izany amity asa ity » « ary ninoninona asa ataonao tsy maintsy mandalo sarotra daholo ny asa rehetra, tsy misy asa mora, indrindra amin’izao fiainana krizy lava izao. » « mila mafy ny saina ary mila manaraka volo tany ».

Aujourd’hui elles continuent à fournir les boutiques partenaires à Majunga et à Ampijoroa.

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CHAPITRE VI- VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES Au cours de notre recherche, nous avons privilégié une démarche hypothético- déductive. Par conséquent, nous avons posé trois principales hypothèses, et donc la vérification semble indispensable. Nos hypothèses reposent sur trois principales dimensions du développement durable, à savoir la dimension environnementale, la dimension sociale et la dimension économique. En effet, le souci de notre étude repose sur les activités écoresponsables mise en place ou existante à Ankarafantsika et les questionnements sur la viabilité de ces dernières.

Section I- Premier pilier : La préservation de l’environnement

Les activités écoresponsables contribuent-elles au respect, à la protection et à la conservation de la faune et de la flore d’Ankarafantsika ?

Respecter, protéger et conserver représentent des concepts différents, mais interdépendants dans le domaine de la préservation de l’environnement. Aussi, les actions entreprises diffèrent selon les attentes.

En effet, nos recherches sur la communauté d’Ankarafantsika et leurs activités de subsistance ont déduit deux principales menaces sur la biodiversité à savoir la déforestation et la surexploitation des raphières. En parallèle à cela, la population d’Ampijoroa et d’Ampombilava exploite et vit des ressources naturelles de la forêt.

a. Respecter l’environnement :

Le respect de l’environnement consiste à prendre des mesures pour limiter ou supprimer les impacts négatifs des activités de l’homme sur son environnement. De ce fait, les actions entreprises visent à un changement de comportement et de perception des hommes face à leur environnement.

En effet, pour le cas d’Ankarafantsika, les activités écoresponsables ont été initiées de manière à gérer rationnellement les ressources naturelles. Par ailleurs, ces activités visent à l’utilisation des ressources renouvelables telles que :

 Arbres fruitiers : manguier et citronnier

 Raphières : extraction des fibres de raphia

 Apicultures : récolte de miel 63

La récolte des matières premières est devenue saisonnière, de ce fait, cette méthode permet aux plantes de raphières de se régénérer et d’éviter son épuisement et ne présente aucun impact qui peut nuire à l’environnement.

b. Protéger et conserver la biodiversité :

La catégorie de protection et de conservation de la biodiversité consiste à la protection des espèces animales et végétales, ainsi que la conservation de leur habitat naturel. Aussi, face aux menaces pesant sur la forêt d’Ankarafantsika, les villageois ont été responsabilisés sur l’importance « d’économiser et de préserver les ressources ».

Pour le cas du PN d’Ankarafantsika et de sa richesse naturelle, il semble important d’utiliser de façon optimale et efficace les ressources naturelles.

Aussi, les activités ont été initiées dans le but de réduire la surexploitation des ressources, et de favorise l’adoption d’une stratégie d’action responsable et maitrisée. Nous prenons comme exemple la saisonnalité de l’exploitation des raphières, cette pratique permet la régénération des raphières et permettent ainsi de récolter un bon rendement et une bonne qualité de fibre.

Bref, cette première hypothèse a été confirmée, dans le cas où les activités écoresponsables participent à la protection de l’environnement dans son milieu.

Section II- Second pilier : Cohésion sociale

Les activités écoresponsables, favorisent-elles la cohésion sociale et encouragent-elles la participation de la population au développement local ? La société constitue un facteur non négligeable dans la mise en œuvre des activités génératrices de revenu, en vue d’une économie viable au sein des ménages. En effet, l’application de l’agenda 21 démontre l’importance des acteurs locaux dans la participation au développement de leurs milieux. Dans le cadre de notre étude, cette « cohésion sociale » au niveau des communautés villageoises est caractérisée par le mouvement associatif présent sur place. Tant dans la localité d’Ampijoroa que d’Ampombilava, les associations regroupent les femmes déterminées à agir pour un développement de leurs communautés. À travers ces associations, elles œuvrent ensemble et promeut les AGR perceptibles d’améliorer leurs conditions de vie. Elles s’adonnent ensemble à des formations et participent aux activités. Cette réalité démontre l’importance de la « cohésion sociale » dans l’atteinte des objectifs du développement durable. 64

Pour l’exemple les femmes de l’association Sambatra travaillent ensemble dans l’atelier de raphia, et s’entraident dans le cadre de la commercialisation de leurs produits. La réalité à Ampijoroa illustre également cette réalité, dans la mesure où certains ménages regroupent leurs productions d’achards de mangue et de citron sur une même étale, et quand le travail commence à être nombreux, tout le village s’entraide par le biais du « asa tana-maro ». Toutefois, dans le cadre du commerce, la concurrence sévit toujours. Cependant, elle demeure superficielle et permet aux villageois de s’entraider. A cet effet, notre second hypothèse a été confirmée dans le cas où les activités écoresponsables promeuvent la cohésion sociale et poussent la population dans le cadre du développement communautaire.

Section III- Troisième pilier : Promotion d’une économie responsable

Les activités écoresponsables permettent-elles d’améliorer les conditions de vie des autochtones ? En effet, les activités écoresponsables au sein des communautés villageoises d’Ampijoroa et d’Ampombilava ont été mises en place à des fins écologiques et économiques. Néanmoins, l’un des principaux problèmes des villageois se situe dans leurs situations de précarité et de pauvreté. Ces derniers vivent dans la spirale de la pauvreté, et ils sont incapables de développer leurs activités principales (l’agriculture et élevage). D’une part, ils ne détiennent pas de capital suffisant pour les permettre de développer leurs activités, et en vue des règles de la gestion des aires protégées, ils n’ont pas le droit d’étendre leurs parcelles de terrain. Les activités écoresponsables représentent à la fois une alternative pour l’environnement et pour l’économie. Par ailleurs, les activités permettent aux villageois de récolter un revenu supplémentaire. Cependant, lors de notre passage sur place, et d’après les enquêtes menées auprès de la population locale :  Les achards de mangue et de citron : les revenus sont stagnants. L’activité participe aux revenus des ménages, cependant, les clients se font rares ; et par rapport aux étales d’, celles d’Ampijoroa manquent de visibilités.  L’apiculture quant à elle, représente une initiative pour une ressource financière pérenne. Le prix du miel est onéreux, et le produit est de première nécessité. Cependant, depuis le début de l’activité, les apiculteurs n’ont pas encore récolté suffisamment de miel. 65

 Et enfin, les produits dérivés du raphia sont lucratifs. Le marché est en pleine expansion, néanmoins, avec la crise et la baisse du flux touristique, les produits peinent à être écoulé.

En somme, les activités écoresponsables participent à la protection et à la conservation de l’environnement, cependant, du point de vue économique, elles peinent à convaincre les villageois. En somme, cette troisième hypothèse demeure floue et on ne peut que l’infirmé car si on veut atteindre une viabilité économique il faut que le niveau de vie de la population s’améliore, pourtant ce n’est pas le cas ici.

Conclusion partielle Le principe de l’écoresponsabilité n’est pas un tout requis pour garantir une viabilité économique, car même si les activités se développent l’écoulement des produits nécessite une stratégie parallèle pour attirer le maximum de clients et atteindre une croissance économique. Cependant, la gestion rationnelle des ressources naturelles et l’adoption au quotidien d’un caractère responsable vis-à-vis de l’écologie conscientise la population rurale de respecter, de protéger puis de protéger son environnement afin que toutes les générations y compris celles du..futur..puissent..en..jouir.

PARTIE III : ANALYSES PROSPECTIVES ET DISCUSSIONS 66

L’application du développement durable en milieu rural reste encore difficile. Cela dépend d’autres facteurs clés qui entrent en corrélation pour que le moteur de la croissance économique démarre. Si on doit développer un secteur de la vie en milieu rural, il nous faut donc considérer les autres secteurs.

Dans cette troisième et dernière partie de notre travail, nous allons en finir avec suggestions personnelles par rapport aux problèmes vus dans la partie précédente et étaler quelques discussions pour une ouverture.

CHAPITRE VII.DISCUSSIONS

Section I: Pérennisation des activités et développement touristique

I- Pour une pérennisation des activités :

Madagascar est un pays dont la majorité de la population vivent dans la pauvreté, et dans le milieu rural. Plusieurs projets de développement ont été réalisés, ou sont en cours de réalisation. Les secteurs mis en évidence sont en général : l’éducation, la santé, l’agriculture et l’élevage. De plus, depuis quelques années, il s’est étendu vers d’autres secteurs comme le secteur touristique, l’artisanat, etc.

Cependant, Madagascar demeure un cimetière de projet, à travers lequel, des projets sont entamés sans que des résultats soient perceptibles. Cette réalité s’explique par divers faits. Souvent, la population n’est pas réceptif, ou n’a pas été impliqué dans le processus de mise en œuvre, et de ce fait, les projets subissent des échecs. D’autres exemples de la réalité malgache montrent l’assistanat de la population, qui, après la fin des projets, peine à avancer faute d’autonomie.

En parallèle à cela, les associations et les ONG qui œuvrent dans le cadre des projets de développement, jouent un rôle crucial dans l’aboutissement de ces derniers. De ce fait, dès que ces derniers négligent la mise en œuvre ou les étapes de la réalisation et des suivis et évaluations, les conséquences peuvent s’avérer désastreuses.

Une des explications des échecs des projets de développement à Madagascar, réside également, sur l’inadéquation de ces derniers par rapports aux cultures et aux mœurs des communautés locales. En effet, le milieu rural diffère d’une région à une autre. 67

Aussi, il s’avère important de rendre la population indépendante. Cela leur permettra de dépasser le cycle du cercle vicieux de la pauvreté, et d’être autonome afin d’épargner et d’investir dans d’autres domaines économiques. Cela constitue la garantie d’une pérennisation économique dans une société, et plus précisément au niveau des ménages.

Figure n°06 : Pour l’atteinte de la pérennisation économique

Stabilité Croissance Pérennisation économique économique économique

Source : auteur, année 2018

Pour que les activités socio-économiques soient pérennes, il nous faut d’abord trouver des solutions pour améliorer les activités existantes. Dans notre cas, nous avons proposés quelques suggestions à ce sujet dans la section précédente.

Puis une fois que les améliorations sont faites, il va falloir trouver un système qui contribuera à stabiliser l’économie de la localité. Ici, il s’agit de vendre, dans ce cas il nous faut cibler des clients ? Comment les garder ? Et par quel moyen les augmenter ?

Enfin, si la stabilité économique est atteinte, il sera facile de l’accroitre grâce à l’extension des activités et à la recherche d’autre exploitation.

II- Pour un développement touristique :

Le secteur touristique constitue un levier de développement pour Madagascar. Selon la Banque Mondiale, le tourisme est l’activité qui fait entré le plus de devise pour le pays.29 De ce fait, il contribue au développement économique du pays. Cependant, la potentialité de Madagascar par rapport aux pays de l’Océan Indien sur le flux touristique demeure faible. Cette réalité est due à l’insuffisance d’investissement dans le secteur, la situation socio- économique du pays, ou le manque d’infrastructure. Il en est de même pour les retombées économiques au niveau des localités, elles sont quasi-inexistantes. Les principaux bénéficiaires du tourisme demeurent les promoteurs touristiques.

Le PN d’Ankarafantsika doit sa renommée à sa richesse naturelle. Comme il a été mentionné précédemment, il détient une biodiversité exceptionnelle et diverses variétés de faunes et de flores. Par ailleurs, il constitue également un site touristique, à travers lequel, des touristes nationaux et internationaux visitent le Parc afin de contempler la biodiversité. En effet,

29 Banque mondiale, 2005, note contextuelle sur le « Tourisme et le Développement Rural » à Madagascar 68

Ankarafantsika attrait les touristes. Le principal type de tourisme procédé sur place est l’écotourisme.

Pour le cas d’Ankarafantsika, 50% du prix d’entrée annuel récolté au sein du gestionnaire du Parc est destinées à la population locale. Ainsi, cette somme permettra de financer des projets socio-économiques afin de contribuer au développement des localités. Dans le cadre de notre étude, cette somme est destinée à développer les AGR des ménages. Cette réalité représente la retombée indirecte du tourisme au niveau des ménages.

Néanmoins, le tourisme est perceptible de contribuer directement au revenu des ménages. En effet, les principales cibles des produits écoresponsables, commercialisés à Ankarafantsika, sont les touristes nationaux et internationaux. Cependant, la population locale à Ankarafantsika peine à écouler les produits locaux, en particulier, ceux issus de l’atelier de raphia.

En réalité, Ankarafantsika ne représente qu’un passage pour les touristes nationaux et internationaux. Par la suite, les produits locaux ne sont pas mis en valeur, et subissent la concurrence de ceux des régions environnantes. Il est à noter qu’il existe une corrélation entre le flux touristique et l’écoulement des produits.

A cet effet, la création d’activité en parallèle avec l’ethnotourisme permet aux touristes de rester plusieurs jours à Ankarafantsika.

Il en est de même l’élargissement du secteur touristique, axé vers le tourisme rural, le tourisme culturel ou le tourisme communautaire, permet aux touristes d’apprivoiser les habitants d’Ankarafantsika. Ainsi, cette initiative permettra d’obtenir une visibilité des produits locaux. Elle permettra également, de générer des retombés directs du secteur touristique vers la localité.

Section II : Sur les principes du développement durable

S’agissant du développement durable, utilisé depuis les années 1980, se définit comme un développement qui répond aux besoins de la génération présente sans compromettre la capacité des générations futures. Le bien-être de l’homme est donc composé d’un capital économique, d’un capital physique, d’un capital naturel et d’un capital social.

A cet effet, le développement durable est déterminé d’une part, par la vision de la durabilité faible, qui évoque la possibilité de compenser l’épuisement et la dégradation de l’environnement par l’investissement et le progrès technologique. La dégradation de 69 l’environnement est relié avec la richesse des habitants, car le taux de pollution augmente avec le PIB mais baisse à partir d’un seuil de richesse.

Et d’autre part, par la durabilité forte qui évoque l’impuissance des progrès techniques face aux problèmes écologiques. La hausse ou la baisse des capitales techniques n’empêche pas la diminution du capital naturel. De ce fait, la dimension écologique l’emporte par rapport à la dimension économique et sociale. Car l’activité économique doit respecter la capacité de régénération des ressources et l’assimilation des déchets. Par conséquent, la durabilité forte implique l’importance des générations futures au dépend des générations présentes.

En ce qui concerne la « décroissance », c’est la diminution de la production et de la consommation. Ici, l’objectif est de produire et consommer moins pour vivre mieux. L’augmentation des prix des matières premières alimentaires, minérales, énergétiques et fossiles découle de la rareté des ressources. Le réchauffement climatique constitue une menace pour la survie de la planète. Cependant, les objectifs de réduction entreprissent jusqu’à ce jour sont lentes et limitées face à l’urgence. La solution est donc, de maintenir les activités économiques tout en réduisant la pression sur le système écologique.

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CHAPITRE VIII. SUGGESTIONS ET PERSPECTIVES D’AVENIR

Dans sa nature sauvage, l’Homme a toujours été dépendant de la nature pour survivre. Depuis l’époque de la cueillette, la chasse et la pêche jusqu’à l’exploitation industrielle de l’aire moderne, l’environnement a toujours satisfait les besoins humains. Mais actuellement les ressources naturelles commencent à ne plus suffire, car le nombre de la population s’accroit chaque année. D’où les besoins s’accroissent avec la croissance démographique. GEORGE Pierre(1973) appuie cela avec sa citation «L’action intuitive destinée à assurer la couverture des besoins alimentaires ou à accroitre la production en fonction de la croissance démographique ». En conséquence, il est évident que l’action anthropique influence les ressources environnementales surtout en milieu rural.

IL est donc impératif de trouver des solutions pour la protection, la valorisation et la préservation de l’environnement.

Section I- Préservation et protection de l’environnement à Ankarafantsika

Les réalités environnementales représentent le souci capital du développement durable et des activités de l’Agenda 21. En effet, la dégradation de l’environnement à l’échelle nationale ou internationale est alarmante et leurs conséquences néfastes le sont encore plus. Les besoins croissants en produits alimentaires et en bois de chauffage de la population constituent des exemples qui favorisent la déforestation et la dégradation des terres ainsi que de la perte de la biodiversité. Il en est de même, pour la mise en place des activités écoresponsables à Ankarafantsika.

Le Parc National d’Ankarafantsika représente une biodiversité singulière. Il regorge de grande richesse. Cependant, malgré les initiatives de gestion et de conservation de ses ressources, il demeure menacer.

En parallèle à cela, les activités génératrices de revenus des localités sont étroitement liées à la biodiversité d’Ankarafantsika.

D’une part, le tissage de raphia dépend des raphières, d’autre part la production d’achards de mangue et de citron dépend des rendements de fruit qu’offre la forêt. A cet effet, mis à part la responsabilisation écologique sur leurs activités, une conscientisation de l’importance de la forêt constitue une étape primordiale. 71

Aussi, nous allons nous référer aux actions présentées dans l’agenda 21, lors de la conférence de Rio. Toutefois, dans la section II du document, ils mettent en exergue « la conservation et la gestion des ressources aux fins de développement »

« Les ressources biologiques constituent un capital susceptible de porter des fruits à long terme. Il faut agir sans tarder et avec détermination pour préserver et conserver les gènes, les espèces et les écosystèmes afin d'assurer la gestion et l'utilisation durables des ressources biologiques. Il y a lieu de renforcer, aux échelons national et international, les capacités d'évaluation, d'étude et d'observation systématiques de la diversité biologique. »30

 Renforcement de capacité et implication des acteurs locaux

Afin d’établir une gestion optimale des ressources naturelles, l’implication des acteurs internationaux, nationaux, régionaux et locaux est impérative. Aussi, il est indispensable de promouvoir la coopération internationale et régionale en permettant aux populations de mieux comprendre l'importance scientifique et économique de la diversité biologique et son rôle dans les écosystèmes.

Rassembler, évaluer et échanger régulièrement des éléments d'information sur la préservation de la diversité biologique et l'exploitation non déprédatrice de la biosphère.

 Gérer les aires protégées et les forêts durablement

Etablir ou renforcer les stratégies, plans ou programmes d'action qui sont nécessaires pour préserver la diversité biologique et assurer une exploitation non déprédatrice de la biosphère, en tenant compte des impératifs en matière d'enseignement et de formation dans ce domaine.

Prendre les mesures d'incitation qui conviennent - économiques, sociales et autres - pour encourager la préservation de la diversité biologique et une exploitation non déprédatrice de la biosphère, notamment des modes de production durable, par exemple les méthodes d'agriculture, d'agroforesterie, de sylviculture et de gestion des zones de pacage et de la faune, qui exploitent, entretiennent ou augmentent la diversité biologique.

Favoriser la remise en état ou la reconstitution des écosystèmes endommagés et la régénération..des..espèces..menacées..ou..en..voie..de..disparition.

30 Sommet de Rio, 1992, Agenda 21, chapitre15 72

Promouvoir dans les secteurs adjacents aux zones protégées un développement sans danger pour l'environnement et qui puisse s'inscrire dans la durée, afin de mieux protéger ces zones.

 Protection et exploitation durable des ressources naturelles :

Générer des revenus durables à partir de l’exploitation durable des ressources naturelles par le biais de chaine de valeur : exemple l’apiculture d’Ampombilava

La mise en connaissance de la population de la valeur et de l’importance de la biodiversité, lui permet d’agir et de contribuer à sa gestion. Notamment, pour le cas d’Ankarafantsika, l’exploitation des ressources naturelles en faveur d’activité génératrice de revenus, renforce la conscientisation de ces derniers sur la possibilité de la dégradation des ressources forestières.

Section II : Valorisation des produits écologiques à Ankarafantsika

I. Indications géographiques, indications de source, appellations d'origine et marques de fabrique ou de commerce

Les produits agricoles d’Ankarafantsika sont essentiellement des produits puisés des ressources naturelles de la région. On a vu précédemment que le secteur agroalimentaire commence à se développer dans cette région. Le domaine de la transformation des fruits en achards d’Ampijoroa, le secteur apicole et l’atelier de raphia d’Ampombilava sont les activités reconnues pour leur renommée à Ankarafantsika. Mais en parlant de la normalisation de ces produits, la dénomination, l’indication de source, l’appellation d’origine et la marque de fabrique semblent inexistantes. Alors, cela favorise les tromperies et les fraudes sur les produits. A cet effet, on a remarqué que chaque producteur pose ses propres normes suivant leur logique de fabrication.

En guise d’exemple, nous allons relater les faits existant à Ampijoroa concernant les produits en achards de mangue et de citron. Ces produits finis résultent de plusieurs variétés de mangue de la région et de multiples recettes spécifiques de chaque famille. Par conséquent, leur mode de conservation varie selon le producteur. Et pour finir, les produits sont emballés dans des bouteilles en plastiques recyclées.

En d’autres termes, la région d’Ankarafantsika ne représente pas encore de norme régissant la qualité des produits agricoles et des denrées alimentaires. Pourtant ce système de normalisation permettra de valoriser les produits du terroir et d’ajouter un plus valu sur le 73 prix. En même temps, il permet d’attirer de nouvelles clientèles comme les touristes étrangers, surtout que cette région vit du secteur touristique. Mais comment y parvenir ?

Afin d’installer cet archétype de système, dans le sens théorique du terme, et de donner des solutions pour la durabilité de cette activité à Ankarafantsika, nous allons suivre le modèle européen sur « l’indication géographique ».

Tout d’abord, l’indication géographique, « les indications géographiques (IG) sont définies comme les indications qui servent à identifier un produit comme étant originaire du territoire d'un Membre, ou d'une région ou localité de ce territoire, dans les cas où une qualité, réputation ou autre caractéristique déterminée du produit peut être attribuée essentiellement à cette origine géographique. Des exemples types seraient le terme "Cognac" pour désigner du brandy en provenance de la région correspondante en France, ou "Darjeeling" pour désigner du thé en provenance de cette région d'Inde. »31

Selon cette définition, tout produit, quoi que ce soit, provient d’un territoire donné. Et de par sa nature, l’origine géographique définit l’histoire, la valeur, les caractéristiques du produit.

Bref, c’est grâce à la délimitation de géographique que l’on connaitra l’identité du produit. En France par exemple, il existe plusieurs produits agricoles qui entrent en relation avec son lieu géographique ; le Mirabelle de Lorraine, asperges des Landes, poireaux de Créance.

A cet effet, selon Melchior, le site des sciences économique et sociale, « Les produits agricoles et agroalimentaires qui sont caractéristiques d’un territoire déterminé ou issus d’une méthode de production traditionnelle jouissent en Europe d’une protection particulière par l’octroi d’un label de qualité qui permet de garantir leur authenticité et de protéger les intérêts des agriculteurs et des éleveurs. Les produits ainsi labellisés ont un potentiel économique particulièrement important, car ils permettent de valoriser l’identité culturelle et gastronomique d’une région et, partant, de promouvoir le développement économique social et culturel au niveau local. Ils répondent parallèlement aux nouvelles exigences des consommateurs désormais plus sensibles à l’origine des denrées alimentaires et à leurs qualités. »

Et dans cette vision de valorisation des produits, le système européen a posé deux instruments de protection de provenance, il s’agit d’une de Indication Géographique protégée et d’autre part de l’Appellation d’Origine Protégée.

31l'Accord sur les ADPIC, Accords sur les Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui Touchent au Commerce, 1995. 74

Ces instruments sont dans leurs définitions différentes, mais peuvent se compléter en tout point. Par conséquent, il convient de choisir l'instrument le mieux adapté à son cas.

Tableau n° 11 : logos sur la protection des produits agricoles européens dénomination IGP AOP s logos

légendes L’Indication Géographique Protégée, est L’Appellation d’Origine un signe utilisé pour identifier un produit Protégée , désigne un produit en provenance d’un lieu spécifique, qui dont toutes les étapes de pourrait être un territoire, une région ou fabrication sont réalisées selon une localité de ce territoire ; ayant une un savoir-faire reconnu dans une qualité déterminée, une réputation ou même zone géographique, qui d’autres caractéristiques qui sont donne ses caractéristiques au essentiellement dues à cette origine produit. géographique. Source : auteur, 2018

Interprétations :

Pour le développement des activités agricoles à Ankarafantsika, nous allons proposer quelques solutions qui se basent sur le système de l’IG européen expliqué ci-dessus. D’après ce qu’on a vu sur le terrain, il est nécessaire de faire des réajustements pour permettre aux activités agricoles et agroalimentaires de cette région de se développer dans les normes. Et parallèle à cela, il faudra inculquer une mentalité de protectionnisme à la population et les 75 producteurs des zones ruraux. Les produits leur appartiennent, et tous les droits sur ces biens leur reviennent.

Géographiquement, Ankarafantsika à sa délimitation, et tous les fruits et légumes cultivés dans cette région présentent des spécificités caractéristiques de cette région. Dans ce cas, il faut exploiter davantage cette particularité et en faire une marque d’identité. Les produits agricoles deviendront les produits phares de la région et les ces variantes les renommés d’Ankarafantsika. Il y a l’exemple des mangues de variété « greffe », et le miel sauvage de la forêt d’Ankarafantsika.

Et pour se faire :

 premièrement, les produits locaux doivent comporter un packaging commun. Ensuite, ils doivent être étiquetés et tamponnés selon une marque propre à Ankarafantsika. Celui-ci justifiera que le produit provient et appartient aux producteurs d’Ankarafantsika. En guise de remarque, cette dénomination devrait être protégée par les autorités locales et les sociétés civiles qui œuvrent dans la protection du droit d’auteur et du droit de propriété intellectuelle. Voici quelques suggestions de dénomination : - « Ankaramiel » pour le miel ; - « Ankarachards » pour les achards de mangue et citron ; - et « Ankaraphia » pour les produits artisanaux.

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Photos n°08 : Présentation des logos et des produits écoresponsables

Source : Auteur, 2018

 Deuxièmement, le packaging constitue un emballage étudié et travaillé, afin d’une part conserver, protéger hermétiquement le produit ; et d’autre part de l’uniformiser, de l’identifier et de le démarquer par rapport aux autres produits des régions voisines. 77

Cette méthode permettra également une meilleure visibilité des produits aux yeux de la clientèle. Enfin, ce système d’emballage augmentera la valeur du produit et ajoutera un plus valu à son prix.

 Ensuite concernant le produit lui-même, il doit subir des contrôles au niveau de la qualité et de la propreté. Dans ce cas, on devrait standardiser la recette des achards, et sur la préparation on devrait établir des normes de salubrités pour la sécurité des clients.

 Enfin, à propos de la matière première, les producteurs devront employer un système de triage minutieux pour avoir plusieurs variétés de produits. Prenons l’exemple du citron, il en existe deux sortes (vert et jaune), ce sont deux genres différents, qui pourront aboutir à une préparation de deux différentes couleurs de achards (achards de citron vert et achards de citron jaune). Nécessairement, cette méthode va permettre d’avoir des produits authentiques en goût, en couleur, et en conservation.

Mais pour que cela se réalise, les paysans devront être sensibilisés sur l’importance de la propreté, formés sur l’uniformisation des produits et enfin ils devront être poussés mentalement, physiquement, matériellement pour encore développer l’activité.

Conclusion partielle :

Face aux menaces qui pèsent sur l’environnement naturel, il est nécessaire de prédéfinir des actions à entreprendre dans le présent et pour le futur. Afin de développer les activités écoresponsables et pour le but d’atteindre un idéal de viabilité économique à Ankarafantsika, des réajustements ont été évoqué pour l’amélioration du système. Enfin, pour la préservation et la gestion de l’environnement il faut continuellement conscientiser, responsabiliser et former les acteurs sociaux.

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CONCLUSION GENERALE La région nord-ouest de Madagascar, notamment notre terrain d’investigation est un lieu qui évoque l’image de la ruralité. Dans cette communauté, composée essentiellement de descendants de migrants, l’organisation sociale se base sur la culture de la terre Sakalava (la croyance à un seul Dieu créateur Zanahary et le respect aux cultes des ancêtres puis la pratique du culte de possession Tromba). Toutes les activités sociales, cultuelles, culturelles, économiques des fokontany se tournent autour du respect des us et coutumes de cette région.

A cet effet, notre étudemenée dans les fokontany du PN Ankarafantsika, nous a conduits à des résultats d’enquête exhaustifs. Ils affirment que la commune de Marosakoa lutte contre la pauvreté et que les activités principales ne suffissent plus à répondre aux besoins de la quotidienneté. En réalité, pour subvenir à leur besoin, les paysans devraient faire appel à la terre et aux ressources naturelles exploitables. Pour notre cas, il s’agit d’une aire protégée riche en faune et en flore mais sous des conditions d’exploitations fixées par les opérateurs de la MNP. Ainsi, pour qu’ils puissent accéder au développement communautaire, les paysans constituent les acteurs principaux et les ressources naturelles la pièce maitresse de leur développement durable.

A Ankarafantsika, les ruraux pratiquent des activités secondaires pour espérer trouver un équilibre économique. Ces activités exploitent les ressources naturelles offertes par la forêt. A ce niveau, il est primordial de trouver une entente entre la protection de l’écologie et la viabilité économique afin de pérenniser l’activité et d’assurer les générations futures. Et suivant nos enquêtes, il est à noter que les paysans transforment les fruits de saison en achards (mangue et citron), exploitent le raphia, et entrent dans le secteur de l’apiculture. Il est à noter que, ces activités se figurent dans le programme des opérateurs partenaires œuvrant dans le développement de la commune. A cet effet l’objectif est d’atteindre une idéale de production responsable tout en améliorant la condition de vie de la population.

Dans l’ensemble, ces activités répondent globalement le processus de la préservation de l’environnement. Parce que, ces activités sont biologiques, et n’emploient pas de moyens et de techniques industriels. Toutefois, les techniques d’exploitations traditionnelles ont été réajustées face aux problèmes rencontrés auparavant (cueillette saisonnière, apiculture domestiqué). Par conséquent, l’habitat naturel est respecté et la biodiversité est conservée.

En évoquant la dimension sociale, une bonne partie de nos enquêtés confirment que les activités classées d’écoresponsables favorisent la cohésion sociale dans le village. Cela 79 entraine la création de main d’œuvre, la fortification de l’entraide et du vivre ensemble. Et concernant les femmes de cette localité, elles ont créé des associations « Taratra Mirindra » à Ampijoroa et « Sambatra » à Ampombilava. Cela pour apporter un développement et un changement socio-économique villageois.

Mais sur le plan économique, la situation de paupérisation ne semble pas encore être maitrisée. L’initiative villageoise est présente mais l’aboutissement des projets demeure sans succès sur les revenus économiques de chaque ménage. Dans ce cas, ces activités dites écoresponsables ne restent qu’en faveur de la biodiversité, et ne représentent pas encore une échelle pour atteindre la viabilité économique.

Il est à noter que, d’autres facteurs et paramètres entrent en corrélation avec le secteur d’activité économique de la région. Ces éléments sont à valoriser pour que le changement socio-économique opère. Il s’agit du facteur touristique, Ankarafantsika est un lieu de rendez- vous de tous les amateurs du monde naturel (chercheurs, étudiant, vacancier, opérateurs, etc.). Et à ce niveau, ces acteurs sus mentionnés représentent les principales cibles dans l’écoulement des produits du terroir.

Bref, si l’on veut aboutir à des résultats convaincants conjuguant développement locale durable et activité d’exploitation écologique responsable pour une économie viable, il faut agir localement et penser globalement. En tout cas, mille et une projets ne font pas forcément un développement. Le sens pratique est de savoir ajuster le développement face aux diverses dimensions qui transcendent le fonctionnement de la société rurale. Le développement n’est pas seulement matériel, mesurable et quantifiable tels les infrastructures immobiliers, les routes, la protection et la préservation des espèces endémique ; mais il englobe la culture, les traditions, les us et coutumes de tout un groupe social pour le « l’épanouissement social », « le développement humain », « le sentiment d’appartenance à un groupe », «le bien être de chaque individu et l’harmonie de la globalité.

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BIBLIOGRAPHIE

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II. Ouvrages spécifiques

14. AKOUN (A.), La sociologie rurale, approche holistique, 1992, 464p. 15. BALANDIER (G.), Sens et puissance, Les dynamiques sociales, presse universitaire de France, 1971. 16. BRUNEL (S.), Le développement durable, Paris, PUF, collection Que-sais-je?, 2004. 17. CYRULNICK (B.), Les nourritures affectives, Éd. Odile Jacob, Paris dans Claudia Samson Résilience,1993 18. DESCHAMPS (H.), Les migrations intérieures passées et présentes à Madagascar, Paris, éditions Berger-Levrault, 1959 19. FAUVEL (L.), Une introduction à la théorie du sous-développement, in Revue économique, 1995, p 140-145 20. JAOVELO DJAO (R.), Mythes, rites et transes à Madagascar : Angano, Joro, Tromba Sakalava, Antananarivo, Ambozontany, 2005, 390p 81

21. Jean-Claude BONTRON (J C.), Le monde rural : un concept en évolution, Revue internationale d’éducation de Sèvres, 1996. 22. JOLLIVET (M.) et EINZER (N.), L’Europe et ses campagnes, Presses de la FNSP, 1996. 23. KOUAMEKAN KOFFI (J.M.), Résilience et sociétés : Concepts et applications, Éthique et économique/Ethics and Economics, 2014 24. MEILLASSOUX (C.), Femmes greniers et capitaux, Paris, Maspero, 1975, 254p 25. MENDRAS (H.), Les sociétés paysannes, Folio, Gallimard, 1995. 26. MENDRAS (H.), Sociologie des ruraux, in Encyclopaedi Universalis, 2012. 27. MOSCOVICI (M.),Le changement social en milieu rural et le rôle des femmes. In: Revue française de sociologie, 1960. 28. MUTTENZER (F.), Déforestation et droit coutumier à Madagascar : les perceptions des acteurs de la gestion communautaire des forêts, Paris, Karthala, 2010, 349p. 29. RABEARIMANANA (G.), Le Boina, 22-24. Boulevard Arago 35013 Paris, édition KARTHALA, in Raison J.P., Paysanneries malgaches dans la crise pp 16-58. 30. RABEARIMANANA (L.), La vie rurale à Madagascar de 1930 à 1958, thèse de Doctorat d’Etat, Université Paris VII, Denis Diderot, Mars 1995. 31. Rapport de Brundtland, 1987. 32. RICHITER (A.), Théories économiques de sous-développement et les stratégies de leurs éliminations, p177. 33. RICHITER A., Théories économiques de sous-développement et les stratégies de leurs éliminations, 177p. 34. VALLEE (A.), Economie de l’environnement, nouvelle édition,2002.

III. Documents et textes :

35. Agenda 21, Sommet de la terre de Rio, 1992

36. MNP, Plan d’Aménagement et de Gestion, Plan quinquennal de la mise en œuvre 2012- 2016, 2014

IV. Webographie 37. BROUSSE (C.), L’ethnobotanique au carrefour du Muséum national d’Histoire naturelle et du Musée ethnologique de Salagon (Alpes-de-Haute-Provence), Revue d’ethnoécologie [En ligne], 2015. Octobre 2017 38. Éthique et économique/Ethics and Economics, 11 (1),2014,http://ethique- economique.net/, Janvier 2018 82

39. http://developpementdurable.revues.org/1231, Réseau Développement durable et territoires fragiles. Septembre 2017 40. http://ries.revues.org/3303, Centre international d'études pédagogiques. Septembre 2017 41. http://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_1960_num_1_3_1025 42. Notes de lecture:http://www.hommes-etfaits.com/Livres/Cs_Resilience.htm. Janvier 2018 43. ROUE (M.), Histoire et épistémologie des savoirs locaux et autochtones, Revue d’ethnoécologie [Enligne], 2012. Janvier 2018

83

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE ------1 PARTIE I- PRESENTATION DES CADRES D’ETUDE, METHODOLOGIQUE, THEORIQUE, ET CONCEPTUEL ------7 Chapitre I- Etat des lieux : le parc national d’Ankarafantsika, la population et le tourisme- 7 Section I- La biodiversité d’Ankarafantsika ------7 I- Les variétés faunistiques ------8 II- Les variétés floristiques ------9 III- Richesse culturelle ------10 Section II- La réalité touristique à Ankarafantsika ------12 Section III- Réalité sociale et spécificités des habitants d’Ankarafantsika ------14 I- Les autochtones ------14 1- Entre histoire et origine de la population riveraine d’Ankarafantsika ------14 2- Identité sociale et spécificité culturelle des villageois ------16 a- La culture sakalava comme culture de référence ------16 b- Entre hétérogénéité et acculturation ------17 Chapitre II- Cadre méthodologique ------20 Section I- Les méthodes ------20 Section II- Les techniques ------20 Chapitre III- Approches théoriques et conceptuelles ------23 Section I- Cadre théorique ------23 I- La sociologie rurale ------23 II- Les théories du développement ------24 1- Le cercle vicieux de la pauvreté de NURSKE (R.) ------24 III- Sociologie du développement ------26 Section II- Cadrage conceptuel ------27 I- Le concept du « développement durable » ------27 1- Le développement durable ------27 2- Economie viable et écoresponsabilité ------30 II- Sommet de la terre de Rio : Agenda 21 ------32 PARTIE II- LES POTENTIALITES D’ANKARAFANTSIKA AU SERVICE DE LA POPULATION RIVERAINE POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE ------34 Chapitre IV- Le secteur de l’écoresponsabilité, un sujet de développement économique à 84

Ankarafantsika ------34 Section I- Les activités sur l’exploitation des ressources naturelles pour un écoresponsabilité en vue d’une viabilité économique ------34 I- De la cueillette du miel de forêt à l’apiculture ------35 A- Définition et typologie de l’apiculture ------36 B- Les risques et les opportunités ------36 C- La pratique de l’apiculture à Ankarafantsika ------38 a- La réalité ------38 b- Postulats économique ------38 II- Exploitation rationnelle des raphières et artisanat locale ------40 A- Présentation du raphia ------40 B- Initiative d’écoresponsabilité sur l’exploitation du raphières ------41 1- Menace pesant sur les raphières du PN ------41 2- Stratégie de conservation et exploitation maîtrisées ------41 3- Tissage du raphia ------42 C- Aspects socio-économique de l’artisanat ------43 III- Exploitation de mangue, de citron et savoir-faire culinaire des villageois ------45 A- Les matières premières : mangue et citron ------45 B- Le processus de transformation des fruits bruts en achards ------46 C- Produit fini et commercialisation ------48 Section II- Les acteurs de l’écoresponsabilité à Ankarafantsika ------49 I- Les collectivités locales ------50 II- Les organismes privés ------50 III- La population locale ------51 Chapitre V- Impacts des activités écoresponsables pour un idéal de développement ------52 Section I- Vers un enjeu économique pour une organisation sociale ------52 I- Des mouvements associatifs ------52 A- Association « TaratraMirindra» ------52 B- Association « Sambatra » ------53 II- Entraide, partage des tâches et vie sociale ------54 III- Culture symbolique et capital économique ------56 Section II- Entre mentalité, perception et survie professionnelle des paysans par rapport aux activités dites écoresponsable ------56 85

I- Les activités à l’initiative de la population ------56 II- Les activités introduites ------57 A- Les facteurs d’abondant face à la condition de travail ------58 B- La résilience des travailleurs face au projet de développement ------60 Chapitre VI- Vérification des hypothèses ------62 Section I- Premier pilier : la préservation de l’environnement ------62 a- Respecter l’environnement ------62 b- Protéger et conserver la biodiversité ------63 Section II- Second pilier : Cohésion sociale ------63 Section III- Troisième pilier : Promotion d’une économie responsable ------64 PARTIE III- ANALYSES PROSPECTIVES ET DISCUSSIONS ------66 Chapitre VII- Discussions ------66 Section I: Pérennisation des activités et développement touristique ------66 III- Pour une pérennisation des activités ------66 IV- Pour un développement touristique ------67 68 Section II- Sur le principe du développement durable ------

Chapitre VIII. Suggestions et perspectives d’avenir ------70 Section I- Préservation et protection de l’environnement à Ankarafantsika ------70 Section II : Valorisation des produits écologiques à Ankarafantsika ------72 II. Indications géographiques, indications de source, appellations d'origine et marques de fabrique ou de commerce ------72

CONCLUSION GENERALE ------78

BIBLIOGRAPHIE ------80

ANNEXES

RESUME

LES ANNEXES I

ANNEXES I Questionnaire : Pour les villageois : 1. Anarana (Nom): 2. Fananahana (Sexe): Lahy Vavy (Masculin) (Feminin)

3. Sokajin-taona (Tranche d’age) : 14 à 30 31 à 49 >à 50

4. Foko nihaviana (Groupe d’appartenance ethnique) 5. Faritra nihaviana (Région d’origine) : 6. Finoana (Religion): 7. Resaka ara panambadiana (Situation matrimoniale)

Tokatrano Nisaraka Manambady Tsy maso (Divorcé) (Marié) manambady (concubinage) (Célibataire)

8. Isan jaza (Nombre d’enfant) : 9. Resaka fianarana (Niveau d’instruction) :

Primaire 1(12ème Primaire 2 (9ème Secondaire Secondaire 2 Supérieur à 10ème) à 7ème) 1(6ème à 3ème) (2nd à terminal)

II

10. Asa (Profession) : Mpamboly sy mpiompy (Paysans) Mikarama isam bolana (Salarié) Mpiasa-mpanjakana (Fonctionnaire) Akotrany (Autre (s) à préciser) 11. Asa raikitra (Activité principale)

Mpamboly Mpamboly Mpamboly Mpivarotra Mpitatitra Akotrany (Agriculteur) (Eleveur) vary(riziculteur) (commerçant) (Transporteur) (Autre(s) à préciser)

12. Vadin asa (Activité secondaire)

Lafiny ara tsosialy (Rubrique sociale) : 13. Mpiavy ve ianao ?(Etes-vous migrant ? Si oui ) 14. Avy aiza no fihavianareo ?(De quelle origine ethnique venez-vous ?) 15. Tam alalan ny fomba manao ahoana no no nahafahanareo niditra teto ? (Par quel moyen s’est réalisée votre intégration à Ankarafantsika ?) 16. Misy karazana vondrona mikasika ny fifandrindrana ny resaka fifandraisan’ny fiaraha moninana ve eto ?(Existe-t-il des activités sociales dans la région ? Des associations ) 17. Ra misy, dia mety ho inona avy (Si oui lesquelles ?) 18. Mandray anjara amin ‘izany ve ianao ?(Participez-vous à ce genre d’activités ? êtes- vous membre de ces associations ?) Mba tantarao kely - (Si oui, sous quelles formes ? Pour quelles raisons ? quelles sont ces activités ?) - (Si non pourquoi ?)

Lafiny ara toe karena sy ara mpiaraha monina (Rubrique socio-économique) :

19. Inona ny asanao ? III

(Quelle est votre activité principale ? 20. Manana vadin asa ve ianao ? Inona? (Quelle est votre activité secondaire ?) 21. Inona ireo tanjonareo amin izany vadin asa zany ? (Quelle sont vos objectifs dans la pratique de ces activités ?) 22. Manaja ny tontonlo iainana ve io asanareo io ? (Vos activités respectent-elles l’environnement ? )  Mba tantarao (si oui pourquoi ? si non justifier ?) 23. Mamaly ny filana ara bolanareo ve io asa io ? (Les revenus récoltés de vos activités répondent-elles à vos besoins ?)  Tantarao (si oui pourquoi ? si non justifier ?)

IV

Guide d’entretien :

1. Anarana (Nom) : 2. Fananahana (Sexe) : 3. Taona (Age ): 4. Finoana (Religion) : 5. Foko (Origine ethniqu)e : 6. Asa (Profession) : 7. Fanambadiana (Situation matrimoniale) 8. Isan jaza (Nombre d’enfant) :

I. pour les autorités locales :

Resao anay ny (Parlez-nous) :  Ny tontolo ambanivola am lafiny rehatra (du monde rural en générale ?)  Ny endikin ny fahantrana eto Ankrafantsika (de la situation de la pauvreté à Ankarafantsika ?)  Mponina eto antoerana (de la population à Ankarafantsika ?)  Ny herijikan ity faritra ity (de la potentialité du territoire ?)  ireo asa misy eto (des activités existantes)  ireo asa mifanandrify am fitrandrahana ny tontolo iainana (des activités qui a un lien avec l’exploitation des ressources naturelles)  ireo tetik asa mikasika ny fampandrosoana (des projets de développements existants)  ny fifandraisan ny fampandrosoana sy ireo asa mioty ny zava boaray (des liens entre le développement local et les activités en faveur de l’exploitation écologique) II. Pour les notables : Resao anay ny (Parlez-nous de) :  Ireo tantara an Ankarfantsika (De l’histoire d’Ankarafantsika, ce qui a marqué l’endroit)  Ireo fomba drazana manjaka sy mitoetra eto (De la culture dominante de la région)  Ireo fomba amam panao hita amzao (Des traditions, us et coutumes)  Ny fandaminana ara mpiaraha monina misy eto (De l’organisation sociale existante ) V

 Ireo mponina (De son peuplement)

III. Pour les agents de développement : 1- Comment voyez-vous le développement de la commune/de ses Fokontany actuellement ? 2- Quels sont les entraves liées aux comportements de la population locale à l’origine du blocage du développement de la commune ? 3- Selon vous, les activités socio-économiques peuvent-elles être considérées comme un atout pour le développement local? 4- Selon vous, quelles sont les lacunes qui empêchent le développement des activités écoresponsable dans cette localité ? 5- Quelles sont alors vos suggestions pour permettre le développement de la commune/des Fokontany, et quelles sont projets face aux activités écoresponsables pour une viabilité économique ?

IV. Pour les producteurs de achards de mangue /citron : 1. Afiriana no nanavanreo an ity karazana asa ity ? (Combien de temps avez-vous pratiqué ce métier ?) 2. Vadin asa marina ve izy ity ? (Est-il une activité complémentaire ou à part entière ?) 3. Aona ny faomba ikarakarana ireo lasary ? (Comment se prépare les achards ? Processus et cycle ? et qui fait quoi ? 4. Inona avy ireo fitaovana ampisana ? (Quelles sont les outils utilisés ?) 5. Inona ireo akora ampiasainareo ? (Quelles sont les matières premières utilisées ?) 6. Aiza no misy ireo ? (Où trouvez-vous vos matières premières ? (fruits, emballage,etc) 7. Tanisao ireo karazana voankazo ilaina am lasary misy eto antoerana (Combien de variétés de mangue/citron existent-t-il dans la région ?) 8. Misy karazany manokana ampisainareo ve ? (Y-a-t-il des variétés spécifiques pour votre recette ? si oui lesquelles ?) 9. Manimba ny tontolo iainana ve ny fihotazana ireo voankazo ireo ? (Quand vous cueillez vos fruits, détruisez-vous la nature ? Justifier.) 10. Iza no nampianatra anareo io asa io ? (Qui vous a appris ce métier ? ) 11. Miantso olon kafa ve ianareo manao anio asa io ? (Appelez des aides ou des mains d’œuvre extérieur en le pratiquant ?) 12. Ohatrinona ireo lasary ? VI

(Combien se vendent vos achards ? ) 13. Firy ireo lafonareo isan andro ? (Combien en moyenne vendez-vous par jour ?) 14. Mahavelona ve ilay asa ? (Cette activité est-elle rentable ? si oui pourquoi ? si non justifier ?) 15. Miditra ao anatin fampandrosoana ny fokontany sy ny fiarovana ny tontolo iaianana ve izy io ? (Entre-t-elle dans le programme de développement locale, et dans une production responsable vis-à-vis de la nature ? justifier votre réponse.)

V. Pour les artisans dans l’atelier de raphia : 1. Iza no nampiditra io fandaharana asa io ? Inona no tanjony? (Qui à initier ce programme ?Dans quel but ?) 2. Nanomboka oviana ? (Depuis quand a-t-elle été instauré à Ampombilava ?) 3. Olona firy no manao azy ? (Combien de personne la pratique ? ) 4. Mba azavao anay ireo fomba fitrandrahana ny azo rofia (Pouvez-vous nous expliquez le processus de l’exploitation raphières ?) 5. Inona avy ireo mety karazana vokatra azo avy amin’ny fanenonana azy ? (Donnez-nous quelques exemples de produits finis ?) 6. Aiza no mivarotra ianareo ? (Où est ce vous écoulez vos produits ? Quiprend vos produits ?) 7. Mba omeo karazana vidiny (Proposez nous quelques fourchettes de prix.) 8. Firy ny lafonareo isam bolana (Combien en moyenne en vendez vous ?) 9. Manao ahoana io asa io teo aloha sy ankehitriny ? (Comment se porte cette activité depuis sa création jusqu’aujourd’hui ?) 10. Manatsara ny fari-piainanareo ve io asa io ? (Les revenus récoltés de cette activité améliorent-ils votre vie économique ? justifier ?) 11. Manaja ny fiarovana sy fikajiana ny tontolo iainana ve izy ? (L’artisanat sur l’exploitation raphières contribue-t-il à la protection et la préservation de l’environnement ?) 12. Mety hery mitondra makany am fampandrosoana ve izy io ? (Cette activité pourra-t-elle être un moteur pour le développement dans le fokontany ?) 13. Inona ireo soso kevitrareo anatsarana io asa io ? (Quelles sont vos suggestions par rapport à l’amélioration de l’exploitation du raphia ?)

VI. Pour les apiculteurs d’Ampombilava : 1. Nanomboka oviana no nisy io asa io teto Ampombilava ? VII

(Depuis quand cette activité a été introduite dans cette localité ?) 2. Iza no nampiditra azy ? (Qui l’a introduit ? Et pourquoi ?) 3. Aona ny fiodonan’ny fiompiana tantely ? ary karazana fiompiana manaona no ataonareo eto? (Comment fonctionne l’apiculture ? quel genre d’élevage faites-vous ?) 4. Firy ny tranon tantelinareo ? (Combien de ruchesavez-vous dans votre exploitation ?) 5. Firy eo ho eo ny vokatra isan andro ? (Combien en moyenne récoltez-vous en quantité de miel journalièrement ?) 6. Ohatrinona ny litatra (Combien coute le litre ?) 7. Mahalafo firy isan andro (Combien en moyenne vendez-vous par jour ?) 8. Misedra olona ve izy io ? (Cette activité rencontre-t-elle des problèmes actuellement ? Lesquels ?) 9. Inona no mety ho soso kevitrao am fanatsarana ? (Quelles sont vos propositions pour y remédier ?) 10. Inona ireo ho mety vokatsoa azo avy amin ity asa ity ho anao ary ho an ny tontolon ala ? (Quelles sont les avantages de l’apiculture pour vous, et pour l’environnement ?) 11. Inona no mety ho voka dratsy ? (Quelles sont les désavantages ?) 12. Mahafeno ny fepetra eo lafiny ara bola ve izy io ? (En termes de rentabilité ? est-elle satisfaisante ? pourquoi ?)

VIII

ANNEXES II : ILLUSTRATIONS

Voici quelques exemples de variété faunistique du PN Ankarafantsika.

IX

Ces femmes sur les photos sont les commerçantes de achards de mangue et de citron du fokontany d’Ampombilava.

Ces photos montrent les femmes de l’association « Sambatra » dans l’atelier de Raphia à Ampombilava. X

Dans la première photo, on trouve le grand « Matsabory » ou lac RAVELOBE. La seconde photo, illustre les étals de vente de achards de mangue et de citron du fokontany d’Ampijporoa Et la troisième, est un cliché des femmes de l’association « Taratra Mirindra » entrain de danser et de chanter.

CV ET RESUME

Nom : RAJERISON Prénoms : Mihaja Mampionona Date de naissance : 07 Décembre 1988 Adresse : Lot IVN 45 bis Ankaditapaka Nord TANA 101 Contact : 034 74 386 99 Mail : [email protected]

Nombre de tableaux : 10

Nombre de graphiques : 02

Nombre de photos : 07

Domaine de recherche : Sociologie rurale, sociologie du développement

Résumé

A travers la richesse en faune et en flore de la région nord-ouest de Madagascar, Ankarafantsika dispose des caractéristiques d’une région rurale. Son peuplement résulte de la migration intérieure de Madagascar, et ses habitants sont hétérogènes. Vivant dans la terre Sakalava, les paysans sont dans le respect de la croyance du terroir et vie de l’exploitation de la terre, la forêt et de l’eau. Leurs activités principales demeurent l’agriculture et l’élevage mais pour le développement du secteur économique de la région, la population avec l’aide des organismes nationaux et internationaux ont généré des activités secondaires écoresponsables pour répondre aux besoins socio-économiques (achards de mangue/citron, apiculture, raphia). Cela afin d’aboutir à une économie viable et de pérenniser les revenus des ménages. Pourtant, ces professions semblent inadéquates face aux attentes espérées, même si elles entrent dans le processus de la protection, de la préservation de l’environnement.

Mots clés : écoresponsable, économie viable, population, écologie, développement, rurale.

Encadreur pédagogique : Monsieur ETIENNE Stefano Raherimalala, Professeur.