VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON

Année 2020 - Thèse n° 032

EVALUATION DE L’INTERET DU BAIN POUR L’HYDRATATION DE L’AGAME BARBU ( VITTICEPS)

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 02 octobre 2020 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

DELATTRE Pierre-Maxime Né le 10 avril 1995 à Croix (59)

VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON

Année 2020 - Thèse n° 032

EVALUATION DE L’INTERET DU BAIN POUR L’HYDRATATION DE L’AGAME BARBU (POGONA VITTICEPS)

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 02 octobre 2020 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

DELATTRE Pierre-Maxime Né le 10 avril 1995 à Croix (59)

Liste des Enseignants du Campus Vétérinaire de Lyon (01-09-2019)

ABITBOL Marie DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur ALVES-DE-OLIVEIRA Laurent DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences ARCANGIOLI Marie-Anne DEPT-ELEVAGE-SPV Professeur AYRAL Florence DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences BECKER Claire DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences BELLUCO Sara DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences BENAMOU-SMITH Agnès DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences BENOIT Etienne DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur BERNY Philippe DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur BONNET-GARIN Jeanne-Marie DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur BOULOCHER Caroline DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences BOURDOISEAU Gilles DEPT-ELEVAGE-SPV Professeur BOURGOIN Gilles DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences BRUYERE Pierre DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences BUFF Samuel DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences BURONFOSSE Thierry DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur CACHON Thibaut DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences CADORÉ Jean-Luc DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur CALLAIT-CARDINAL Marie-Pierre DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences CAROZZO Claude DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences CHABANNE Luc DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur CHALVET-MONFRAY Karine DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur DE BOYER DES ROCHES Alice DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences DELIGNETTE-MULLER Marie-Laure DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur DJELOUADJI Zorée DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences ESCRIOU Catherine DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences FRIKHA Mohamed-Ridha DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences GALIA Wessam DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences GILOT-FROMONT Emmanuelle DEPT-ELEVAGE-SPV Professeur GONTHIER Alain DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences GRANCHER Denis DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences GREZEL Delphine DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences HUGONNARD Marine DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences JANKOWIAK Bernard DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences JOSSON-SCHRAMME Anne DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences JUNOT Stéphane DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences KODJO Angeli DEPT-ELEVAGE-SPV Professeur KRAFFT Emilie DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences LAABERKI Maria-Halima DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences LAMBERT Véronique DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences LE GRAND Dominique DEPT-ELEVAGE-SPV Professeur LEBLOND Agnès DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur LEDOUX Dorothée DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences LEFEBVRE Sébastien DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences LEFRANC-POHL Anne-Cécile DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences LEGROS Vincent DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences LEPAGE Olivier DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur LOUZIER Vanessa DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur MARCHAL Thierry DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur MOISSONNIER Pierre DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur MOUNIER Luc DEPT-ELEVAGE-SPV Professeur PEPIN Michel DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur PIN Didier DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur PONCE Frédérique DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur PORTIER Karine DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur POUZOT-NEVORET Céline DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences PROUILLAC Caroline DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences REMY Denise DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur RENE MARTELLET Magalie DEPT-ELEVAGE-SPV Maître de conférences ROGER Thierry DEPT-BASIC-SCIENCES Professeur SABATIER Philippe DEPT-ELEVAGE-SPV Professeur SAWAYA Serge DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences SCHRAMME Michael DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur SERGENTET Delphine DEPT-ELEVAGE-SPV Professeur THIEBAULT Jean-Jacques DEPT-BASIC-SCIENCES Maître de conférences THOMAS-CANCIAN Aurélie DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences TORTEREAU Antonin DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences VIGUIER Eric DEPT-AC-LOISIR-SPORT Professeur VIRIEUX-WATRELOT Dorothée DEPT-AC-LOISIR-SPORT Maître de conférences ZENNER Lionel DEPT-ELEVAGE-SPV Professeur 3

4

A Monsieur le Professeur Olivier CLARIS, De l’Université Claude Bernard Lyon I, Faculté de médecine de Lyon, Qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence de notre jury de thèse. Hommages respectueux et sincères remerciements.

A Madame le Docteur Magalie RENE MARTELLET, De VetAgro-Sup Campus vétérinaire de Lyon, Qui a encadré et corrigé ce travail. Pour sa confiance et son implication, Qu’elle trouve ici l’expression de mon respect et de ma reconnaissance.

A Madame la Professeure Jeanne-Marie BONNET-GARIN, De VetAgro-Sup Campus vétérinaire de Lyon, Qui a accepté de participer à notre jury de thèse, Qu’elle trouve ici l’expression de mon respect et de ma reconnaissance.

Au Docteur Sylvain LARRAT, Vétérinaire à la clinique Benjamin Franklin à Auray, Pour m’avoir proposé ce sujet, Pour avoir participé à la relecture de ce travail, Qu’il trouve ici l’expression de mes sincères remerciements.

5 6

A Alice et Maxime VERHEYDE, De l’élevage MaxPogo, Pour leur disponibilité et leur intérêt pour mon travail, Pour avoir répondu à mes questions avec passion, Pour leur aide inestimable dans la réalisation de la partie expérimentale de cette étude, Qu’ils trouvent ici l’expression de ma gratitude et de mon amitié.

A mes parents, Merci D’avoir toujours cru en moi et de m’avoir soutenu tout au long de ce parcours qui n’est pas tout à fait fini, D’avoir supporté au quotidien toutes les petites et grosses bêtes que je ramène à la maison, De m’exprimer leur fierté au quotidien.

A mes frère et sœur, Qui supportent depuis des années ma mauvaise humeur lors des périodes de révisions, Courage, pour vous aussi la vie professionnelle approche à grand pas, profitez de la vie étudiante qui vous reste !

A mes colocs, Du Valhalla, A Angélique, qui partage un demi-cerveau avec moi depuis maintenant 7 ans, A Benji et Julien pour avoir supporté mon débit de parole, mon bordel, mes bestioles Pour nos (très) nombreux moments de délire autour d’un thé, merci.

7 8 TABLE DES MATIERES

TABLE DES ANNEXES…………………………………………………………………….………………………….13 TABLE DES FIGURES………………………………………………………….……………………………………..15 TABLE DES TABLEAUX………………………………………………………………………………..…………..17 LISTE DES ABREVIATIONS……………………………………………………………...... 19 INTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………...... 21

PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE : Homéostasie hydrique et hydratation chez les sauriens……………………………………………………………………….………………………………………………… 23 I. Rappels de physiologie de l’homéostasie hydrique chez les sauriens………………….24 a. Répartition de l’eau corporelle……………………………………………………………………..24 i. Pourcentage d’eau dans l’organisme des sauriens…………………………….24 ii. Répartition et flux internes……………………………………………………………….25 1. Compartiment intravasculaire …………………………………..25 2. Compartiment interstitiel………………………………………….26 3. Compartiment intracellulaire…………………………………….26 4. Echanges entre ces compartiments……………………………26 b. Mécanismes de maintien de l’homéostasie hydrique……………………………………28 i. Voies et mécanismes d’hydratation…………………………………………………..28 1. Boisson……………………………………………………………………… 29 2. Alimentation……………………………………………………………… 31 3. Production endogène : l’eau métabolique ………………...32 4. Voie cloacale ……………………………………………………………..33 5. Voie cutanée………………………………………………………………34 ii. Voies et mécanismes de déshydratation…………………………………………..35 1. Urinaire………………………………………………………………………35 2. Digestive et cloacale…………………………………………………..37 3. Respiratoire……………………………………………………………….38 4. Cutanée……………………………………………………………………..39 iii. Maintien de l’homéostasie par l’excrétion d’électrolytes………………….41

II. La déshydratation chez les sauriens en pratique vétérinaire……………………………….43 a. Etiologie……………………………………………………………………………………………………….43 b. Méthodes d’évaluation………………………………………………………………………………..44 i. Paramètres cliniques………………………………………………………………………..44 ii. Paramètres biochimiques et hématologiques…………………………………..45 iii. Paramètres urinaires………………………………………………………………………..47 iv. Méthode gravimétrique……………………………………………………………………48

9 c. Correction de la déshydratation…………………………………………………………………..49 i. Réhydratation par voie entérale……………………………………………………….49 1. Favoriser l’hydratation spontanée : prise de boisson et alimentation………………………………………………………………………….49 a. Principe………………………………………………………..49 b. Matériel et méthode…………………………………….49 c. Choix du soluté de réhydratation………………….51 d. Efficacité connue et limites……………………………51 2. Administration orale de fluides……………………………………………..52 a. Principe………………………………..…………………….. 52 b. Matériel et méthode……………………………………. 52 c. Choix du soluté de réhydratation…………………..53 d. Efficacité connue et limites……………………………54 3. Instillation de fluides par voie cloacale…………………………………..54 a. Principe……………………………..……………………….. 54 b. Matériel et méthode…………………………………….54 c. Choix du soluté de réhydratation…………………..55 d. Efficacité connue et limites……………………………55 4. Bains……………………………………………………………………………………..56 a. Principe……………………………………..……………….. 56 b. Matériel et méthode…………………………………….56 c. Choix du soluté de réhydratation…………………..57 d. Efficacité connue et limites……………………………58 ii. Administration parentérale de fluides………………………………………………………………..58 1. Injection sous cutanée…………………………………………………………..58 a. Principe…………………………..……………………………58 b. Matériel et méthode…………………………………….58 c. Choix du soluté de réhydratation………………….59 d. Efficacité connue et limites…………………………..60 2. Injection intra-cœlomique…………………………………………………….61 a. Principe………………………………………………………..61 b. Matériel et méthode…………………………………….61 c. Choix du soluté de réhydratation………………….61 d. Efficacité connue et limites…………………………..61 3. Perfusion intra-veineuse……………………………………………………….62 a. Principe………………………………………………………..62 b. Matériel et méthode…………………………………….62 c. Choix du soluté de réhydratation………………….64 d. Efficacité connue et limites……………………………64

10 4. Perfusion intra-osseuse…………………………………………………………64 a. Principe…………………………..………………………….. 64 b. Matériel et méthode……………………………………. 65 c. Choix du soluté de réhydratation…………………..66 d. Efficacité connue et limites……………………………66

III. Homéostasie hydrique chez le Pogona vitticeps………………………………………………….67 a. Présentation de l’espèce étudiée………………………………………………………………….67 i. En milieu naturel……………………………………………………………………………….67 ii. En captivité……………………………………………………………………………………….68 b. Connaissances actuelles sur les mécanismes d’homéostasie hydrique chez cette espèce…………………………………………………………………………………………………71

PARTIE EXPERIMENTALE : Evaluation de l’intérêt du bain pour l’hydratation de Pogona vitticeps………………………………………………………………………………………………………………73

a. Objectifs de l’étude………………………………………………………………………………………74 b. Matériel et méthode…………………………………………………………………………………….75 i. Design expérimental et chronologie………………………………………………….75 1. Population étudiée………………………………………………………………..75 2. Choix du marqueur étudié………………………..…………………………..77 3. Mesures témoins…………………………………………………………………..78 4. Chronologie……………………………………………………………..………….. 79 5. Matériel utilisé………………………………………………………………………80 ii. Protocole expérimental…………………………………………………………………….81 c. Résultats………………………………………………………………………………………………………84 i. Résultats des étapes de validation……………………………………………………84 1. Variation de la masse entre les pesées………………………………….84 2. Variation de la masse en fonction du temps d’égouttage après un bain………………………………………………………………………………….86 3. Etude de la différence de masse avant le bain entre le début et la fin de l’étude……………………………………………………………………..87 ii. Résultats des examens cliniques……………………………………………………….88 iii. Résultats de l’évaluation des variations de masse au cours des bains…88 1. Variation de masse pour les bains de 20 et 40 minutes par rapport aux pesées témoins………………………………………………….89 2. Comparaison de la variation de masse obtenue avec des bains de 20 et de 40 minutes…………………………………………………………..91 3. Variation de masse au cours du bain chez les animaux n’ayant pas bu durant le bain……………………………………………………………..93

11 4. Variation de masse au cours du bain chez les animaux ayant bu durant le bain………………………………………………………………………..94 5. Variation de masse relative en fonction de la déshydratation préalable au bain…………………………………………………………………..96 6. Variation de masse avec les bains en fonction de l’âge…………..98 iv. Résultats de l’évaluation de la fréquence de prise de boisson durant le bain………………………………………………………………………………………………..103 1. Fréquence de prise de boisson au cours du bain en fonction de sa durée………………………………………………………………………………103 2. Fréquence de la prise de boisson en fonction de la déshydratation préalable au bain………………………………………..104 3. Fréquence de la prise de boisson durant le bain en fonction de l’âge…………………………..………………………………………………………. 105 d. Discussion des résultats………………………………………………………………………………107 i. Validation du protocole…………………………………………………………………..107 1. Pesées témoins …………………………………………………………………..107 2. Durée d’égouttage………………………………………………………………108 3. Variation de la masse des animaux au cours de l’étude………..108 4. Bilan concernant le protocole mis en œuvre………………………..109 5. Remarques concernant la mise en œuvre…………………………….109 ii. Evaluation de l’intérêt du bain…………………………………………………………110 iii. Discussion sur les voies d’hydratation supposées lors du bain…………111 1. Hypothèse d’une absorption cloacale………………………………….112 2. Importance de la prise de boisson durant le bain………………….112 iv. Recherche de facteurs favorisant l’hydratation lors du bain…………….114 1. Influence de la déshydratation préalable sur l’hydratation lors du bain………………………………………………………………………………..114 2. Influence de l’âge sur l’hydratation lors du bain…………………..115 v. Bilan : recommandations concernant la pratique du bain………………..117

CONCLUSION…………………………………………………………………………………………………………….119 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………………………….121 ANNEXES…………………………………………………………………………………………………………………… 127

12 TABLE DES ANNEXES

Annexe 1 : Avis favorable du comité d’éthique de VetAgro-Sup ……………………………………....127 Annexe 2 : Consentement éclairé du propriétaire des animaux utilisés dans le protocole expérimental ………………………………………………………………………………………………………………….…128

13 14 TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Correlophus ciliatus ne boit qu'en léchant des gouttelettes sur les surfaces de son environnement (Image personnelle) ...... 29

Figure 2 : Moloch horridus (source : Wikipédia) ...... 29

Figure 3 : Monstre de Gila - Heloderma suspectum (source : Wikipédia) ...... 30

Figure 4 : Chuckwalla - Sauromalus obesus (source : Wikipédia) ...... 30

Figure 5 : Uromastyx ornata possède des glandes à sel (Image personnelle) ...... 41

Figure 6 : Fils de salive chez un Dragon d'eau (Physignathus cocincinus) sévèrement déshydraté (à gauche) et chez un Pogona vitticeps (à droite) modérément déshydraté (pas d’énophtalmie) (Images personnelles)...... 45

Figure 7 : Stimulation de la prise de boisson d'un Pogona vitticeps par dépôt de gouttes d'eau à la commissure des lèvres (Image personnelle)……………………………………………………………..…..50

Figure 8 : Pogona vitticeps dans un bac de bain posé sur un câble chauffant (Image personnelle)………………………………………………………………………………………………………………………..57

Figure 9 : Sites possibles de pose d'un cathéter intraveineux (étoiles) chez un Pogona vitticeps (Image personnelle) ...... 63

Figure 10 : Carte de la répartition géographique de Pogona vitticeps (d’après IUCN, Stewart MacDonald, Reid Tingley 2017. Pogona vitticeps. The IUCN Red List of Threatened Species. Version 2020-2)…………………………………………………………………………………………………………………..67

Figure 11: Pogona vitticeps adulte, écailles épineuses, notamment gulaires caractéristiques de l'espèce……………………………………………………………………………………………………………………………….68

Figure 12 : Pogona vitticeps à vendre dans une animalerie (Image personnelle)………………….69

Figure 13 : Pogona femelles dans un terrarium de l'élevage (en haut) et Pogona de l'élevage en train de manger après la distribution de légumes (en bas) (Image personnelle)……….…….76

Figure 14 : Prélèvement sanguin à la veine coccygienne ventrale chez un Basilic vert (Basiliscus plumifrons) (Image personnelle)………………………………………………………………………………………….78

Figure 15 : Représentation schématique de la réalisation des mesures témoins lors du protocole expérimental……………………………………………………………………………………………………….79

Figure 16 : Station de pesée utilisée pour l'étude avec balance et plateau de pesée………………81

Figure 17 : Schéma illustrant le déroulement d'une session de mesures pour un individu……..83

Figure 18 : Illustration de la réalisation des mesures……………………………………………………………83

15 Figure 19 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de masse en grammes entre 2 durées d'égouttage) - Boxplot et Normal Q-Q Plot……………………………………86

Figure 20 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de masse initiale en grammes entre le bain 1 et le bain 4) - Boxplot et Normal Q-Q Plot……………………..87

Figure 21 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de variation relative de masse par rapport à la variation relative témoin entre un bain de 20 minutes et un bain de 40 minutes) - Boxplot et Normal Q-Q Plot………………………………………………………………..91

Figure 22 : Représentations graphiques de la répartition des données de l’échantillon étendu (différence de variation relative de masse par rapport à la variation relative témoin entre un bain de 20 minutes et un bain de 40 minutes) - Boxplot et Normal Q-Q Plot……………………….92

Figure 23 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de variation relative de masse par rapport à la variation relative témoin chez les animaux n’ayant pas bu durant le bain) - Boxplot et Normal Q-Q Plot………………………………………………………………………..94

Figure 24 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de variation relative de masse par rapport à la variation relative témoin chez les animaux ayant bu durant le bain) - Boxplot et Normal Q-Q Plot……………………………………………………………………………………95

Figure 25 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de variation relative de masse par rapport à la variation relative témoin entre le bain 1 et le bain 4) - Boxplot et Normal Q-Q Plot ...... 86

Figure 26 : Prise de masse moyenne lors des bains par rapport au témoin, par classe d’âge (en grammes)...... 99

Figure 27 : Représentations de la masse moyenne (en grammes) des animaux dans les quatre classes d'âge et distribution des valeurs dans chaque classe d’âge (Normal QQ-Plot) ...... 100

Figure 28 : Prise de masse relative moyenne lors des bains par rapport au témoin, par classe d’âge et distribution des valeurs dans chaque classe d’âge (Normal QQ Plot)…………………..101

Figure 29 : Prise de boisson au cours des bains de l’ensemble de l’étude en fonction de la durée du bain ...... 86

Figure 30 : Nombre d'animaux ayant eu une prise de boisson au cours des bains 1 et 4……….104

Figure 31: Représentation de la fréquence du nombre de bains avec prise de boisson par classe d'âge……………………………………………………………………………………………………………………… 105

16 TABLE DES TABLEAUX

Tableau I : Echelle d'évaluation clinique du pourcentage de déshydratation chez les ...... 44

Tableau II : Bilan comparatif des différentes méthodes d’évaluation de la déshydratation chez les sauriens...... 48

Tableau III : Ensemble des combinaisons de bains possibles...... 79

Tableau IV : Extrait du tableau d'assignation de l'enchaînement des bains aux animaux de l'échantillon...... 79

Tableau V : Dates de réalisation des mesures durant le protocole...... 80

Tableau VI : Analyse statistique de la variation de masse des animaux durant les mesures témoins...... 85

Tableau VII : Analyse statistique de la variation de masse des animaux durant les bains de 20 et 40 minutes .…………………………………………………………………………………………………………………….90

Tableau VIII : Détail des classes d'âge utilisées pour l'étude…………………………………………………98

Tableau IX : Table des p-values obtenues avec le test de comparaison 2 à 2 non paramétrique ...... 86

Tableau X : Table de contingence représentant le nombre d'individus ayant bu ou non lors des bains dans chaque classe d'âge…………………………………………………………………………………….106 Tableau XI : Bilan de l'apport en eau par le bain estimé par notre étude en fonction du statut physiologique de l'…………………………………………………………………………………………………..117

17 18 LISTE DES ABREVIATIONS

BUN : Blood Urea Nitrogen HQI : Hydrargyrum Quartz Iodide IUCN : International Union for Conservation of Nature NAC : Nouveaux Animaux de Compagnie

OSB : Oriented Strand Board PV : Poids Vif TMP : Température Moyenne Préférentielle

19 20 INTRODUCTION

Alors que la détention de reptiles en captivité est en plein essor dans le monde, et notamment en France, la médecine de ces espèces est encore balbutiante si on la compare à celle des carnivores domestiques. Le vétérinaire canin ou spécialisé dans les nouveaux animaux de compagnie (NAC) se heurte en effet très rapidement au manque de données biologiques et pharmacologiques chez ces espèces, ce qui s’explique entre autres par l’immense variété taxonomique (plus de 11 000 espèces de reptiles décrites (1)) et par la faible représentation de ces animaux en consultation. Parmi les reptiles, un petit nombre d’espèces représente une part importante des animaux présentés aux vétérinaires. Il s’agit principalement de quelques espèces de tortues, de serpents et de lézards. Bien qu’aucune statistique n’ait été réalisée à notre connaissance, il apparaît qu’au sein de ces quelques espèces majoritaires en captivité en France, l’Agame barbu (Pogona vitticeps) est, avec le Gecko léopard (Eublepharis macularius), l’un des sauriens les plus rencontrés en consultation. Si ces taxons sont de plus en plus étudiés, il persiste des inconnues majeures pour leur prise en charge médicale. C’est ainsi qu’une problématique aussi essentielle que l’élaboration d’un plan de fluidothérapie peut s’avérer complexe et faire l’objet de débats au sein de la petite communauté des vétérinaires et scientifiques herpétophiles. Comme chez les mammifères domestiques, de nombreuses affections peuvent être à l’origine d’une déshydratation (insuffisance rénale, diarrhée, régurgitations…), auxquelles s’ajoutent des causes environnementales liées à des conditions de vie inadaptées, malheureusement fréquemment rencontrées. Il n’est donc pas rare pour le vétérinaire prenant en charge des reptiles d’avoir à corriger une déshydratation chez un Pogona. Pour cela, de nombreux protocoles basés sur des voies d’administration variées sont évoqués dans la littérature. Certaines de ces techniques, en particulier la réalisation de bains, font controverse au sein de la communauté terrariophile, tout comme l’hypothèse d’une hydratation par voie cloacale. Ce travail consiste en une étude expérimentale prospective réalisée chez le Pogona vitticeps afin d’évaluer l’intérêt et d’identifier les conditions optimales de réalisation de bains comme méthode d’hydratation chez cette espèce. Pour comprendre les enjeux et l’état actuel des connaissances relatives à ce sujet, la première partie de ce travail propose une synthèse bibliographique rappelant les principes de l’équilibre hydrique et de l’hydratation chez les sauriens, ainsi que leurs applications pratiques en médecine vétérinaire. La deuxième partie expose l’étude expérimentale réalisée dans le cadre de ce travail, en détaillant le protocole, les résultats et les interprétations qui en découlent en insistant sur les conséquences pratiques de ces conclusions pour le vétérinaire praticien.

21 22 PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE : Homéostasie hydrique et hydratation chez les sauriens

L’homéostasie désigne les processus permettant à l’organisme de réguler les différentes constantes de son milieu intérieur afin de les maintenir à des valeurs normales (2). L’homéostasie hydrique consiste donc à maintenir constante, à une valeur idéale pour le fonctionnement de l’organisme, la quantité d’eau présente dans l’organisme et sa répartition entre les différents secteurs. Chez tous les êtres vivants, l’eau représente le constituant majoritaire de l’organisme. Elle joue à la fois un rôle de transporteur de molécules et de chaleur, de soutien mécanique des cellules, et intervient dans certaines réactions métaboliques. Les concentrations des molécules et notamment des ions qui y sont dissouts ont une grande importance dans le fonctionnement cellulaire. On comprend donc que l’homéostasie hydrique est un enjeu majeur de l’organisme pour permettre la vie (3). L’immense diversité des espèces animales et de leur milieu de vie est à l’origine d’une grande variété de stratégies visant à maintenir cet équilibre hydrique. Ces multiples adaptations, à la fois anatomiques, métaboliques et comportementales, ont toutes pour objectif d’équilibrer les entrées et les sorties d’eau de l’organisme, tout en maintenant des caractéristiques physicochimiques permettant une bonne répartition des fluides entre les différents secteurs de stockage des fluides. Cette variété se retrouve à l’échelle du sous-ordre des sauriens puisqu’on connaît actuellement des espèces de lézards avec d’importantes variations anatomiques, vivant dans des biotopes de tous les types, allant de la zone tropicale humide aux déserts arides. Pour les espèces vivant en milieu désertique, l’homéostasie hydrique est un vrai défi car l’eau y est peu disponible et que l’ambiance chaude et sèche favorise les pertes hydriques. Ces espèces présentent donc en générale des adaptations multiples et complexes permettant de réduire leur déshydratation et de profiter au mieux de la faible quantité d’eau disponible dans l’environnement de manière souvent intermittente.

23 I. Rappels de physiologie de l’homéostasie hydrique chez les sauriens

Du fait de la grande variabilité phylogénétique et écologique des très nombreuses espèces de sauriens actuellement décrites (6687 espèces en août 2019 (1)), il est évident que l’énoncé de généralités concernant les données biologiques ou comportementales est illusoire et non souhaitable. Ce travail s’applique à présenter les bases générales des processus mis en jeux à partir des données disponibles sur un nombre d’espèces limité. L’objectif est de comprendre les mécanismes impliqués dans l’équilibre hydrique chez les sauriens, et d’identifier les paramètres à prendre en compte lorsque l’on s’intéresse à ces processus chez une espèce donnée.

a. Répartition de l’eau corporelle

i. Pourcentage d’eau dans l’organisme des sauriens

La quantité d’eau contenue dans l’organisme des reptiles est de l’ordre de 650à 760mL/kg de poids vif (3,4), soit environ 71 à 75% de la masse corporelle (3). Ce pourcentage est légèrement supérieur à celui retrouvé chez les mammifères (534-660ml/kg PV soit environ 60% chez le chien)(5). Il semble que les crocodiliens présentent une part d’eau dans leur organisme plus importante que les chéloniens, possiblement en lien avec l’importante masse du squelette (carapace) de ces derniers (6). Une étude réalisée sur de jeunes Pogona vitticeps (8 nouveau-nés, 5 jeunes de 11 jours et 6 de 17 jours, tous élevés en captivité) et sur 19 Anoles verts (Anolis carolinensis) adultes capturés en milieu naturel, s’est intéressée entre autres à la teneur en matière sèche des organismes de ces animaux. On peut déduire de cet article que le pourcentage d’eau composant l’organisme des Anoles adultes était d’environ 70% et que les jeunes Pogona étaient constitués à environ 80% d’eau, sans variation significative entre les âges étudiés chez les Pogona (7). Le pourcentage d’eau des Anoles adultes dans cette étude était en adéquation avec les données bibliographiques précédemment citées concernant les reptiles en général (3). Cette étude étant la première à notre connaissance chez le Pogona, il n’est pas possible de comparer ces résultats avec des données antérieures. La proportion d’eau plus importante mesurée chez les jeunes Pogonas par rapport aux Anoles dans cette publication peut être liée (i) au jeune âge des individus (de telles variations de composition de l’organisme sont connues chez d’autres vertébrés, notamment chez l’Homme (5,8)) ou (ii) à des variations interspécifiques. En effet, les espèces étudiées présentent des biotopes très différents en termes d’accès à l’eau (Anoles vivant en zone subtropicale humide, Pogona vivant en zone aride).

24 ii. Répartition et flux internes

1. Compartiment intravasculaire

Chez un en bonne santé le sang représente en moyenne 5 à 8 % de la masse corporelle (9). De grandes variations sont observées selon les espèces en comparaison des variations interspécifiques rapportées chez les oiseaux et les mammifères (4). Le volume intravasculaire représente environ 13% de l’eau totale contenue dans l’organisme chez les reptiles. Ces valeurs sont légèrement différentes de celles rencontrées chez les carnivores domestiques, chez lesquels le volume intravasculaire représente approximativement 8 à 9% du poids vif soit 8 à 10% de l’eau totale de l’organisme (5). Par ailleurs, le volume plasmatique (à différencier du volume sanguin ou volume intravasculaire) représente chez les reptiles entre 33 et 70mL/kg (4), ce qui correspond à un intervalle de variations plus large que ce qui est connu chez le chien et le chat (respectivement 42-58ml/kg et 37-49ml/kg). Ceci peut s’expliquer par le grand nombre d’espèces contenu dans ce groupe zoologique. Bien entendu, ces valeurs sont données chez des animaux présentant un score corporel et un état d’hydratation normaux et des modifications sont attendues chez des animaux maigres ou en surpoids (5). La composition de ces fluides ne sera pas abordée en détail étant donnée les variations interspécifiques et intraspécifiques (en fonction des conditions environnementales) importantes illustrées par les rares données biochimiques et hématologiques connues chez les sauriens (10,11). Cependant, dans le cadre de l’élaboration d’un plan de fluidothérapie, et pour comprendre les flux entre les différents compartiments, il est important de connaître l’osmolalité plasmatique afin de choisir un soluté adéquat. L’osmolalité plasmatique semble présenter des variations interspécifiques chez les sauriens mais serait du même ordre de grandeur que chez les carnivores domestiques d’après les rares données disponibles. Elle est estimée à 295,4 ± 9,35mOsm/kg chez le Pogona vitticeps (12), ce qui est proche de la valeur mesurée chez deux autres espèces de reptiles désertiques, le Monstre de Gila (Heloderma suspectum : 284 - 298mOsm/kg (13)) et l’Iguane du désert (Dipsosaurus dorsalis : 300mOsm/kg (14)). Ces différentes valeurs sont inférieures à celles obtenues chez l’Iguane vert (Iguana iguana : 327 ± 3,3 mOsm/kg (15)) qui vit aussi bien dans des biotopes secs que dans des régions tropicales. Comme évoqué précédemment, certaines espèces tolèrent de grandes variations d’osmolalité plasmatique lorsque les conditions environnementales sont défavorables. Le Monstre de Gila peut ainsi tolérer une osmolalité plasmatique supérieure à 360mOsm/kg (16).

25 2. Compartiment interstitiel

Chez les reptiles (à l’exception des chéloniens), le volume extracellulaire est estimé entre 150 et 350ml/kg (4) soit 15 à 35% de la masse corporelle. Chez les mammifères on estime que le compartiment interstitiel représente en moyenne 20% de la masse corporelle. Comme chez les autres vertébrés, la composition du milieu interstitiel est très proche de celle du plasma contenu dans le compartiment intravasculaire. Il en diffère principalement par la faible concentration en protéines, dont les plus grosses molécules sont séquestrées dans le milieu intravasculaire et ne sont pas capables de traverser la paroi vasculaire. Une partie de ce liquide est drainée par le système lymphatique (17).

3. Compartiment intracellulaire

Le volume intracellulaire représente chez les reptiles entre 360 et 580ml/kg (4), soit en moyenne 54% de la masse corporelle (3). Chez les mammifères ce compartiment représente environ 40% de la masse corporelle (5). Les reptiles possèdent donc un volume de fluide intracellulaire plus important que les mammifères. D’après la littérature, les sauriens présenteraient en moyenne un volume extracellulaire significativement plus faible que celui mesuré chez les crocodiliens et les chéloniens. En parallèle leur volume extra-cellulaire est significativement plus important (6). De la même manière que chez les mammifères, sa composition diffère fortement de celle des fluides extracellulaires (intravasculaire et interstitiel) puisque les membranes plasmiques présentent une diffusion transmembranaire très variable selon les molécules et réalisent des transports actifs et contrôlés.

4. Echanges entre ces compartiments

Comme chez les autres animaux, les flux hydriques entre les compartiments intracellulaire et extracellulaire sont régis par l’osmolarité des fluides (3). Ainsi, l’augmentation de la concentration en électrolytes du milieu extracellulaire est à l’origine d’un appel d’eau dans les compartiments interstitiel et intravasculaire à partir du milieu intracellulaire. Cet effet osmotique connu chez les mammifères a notamment été mis en évidence chez les sauriens par l’administration intra-péritonéale de soluté salin hypertonique chez des Iguanes verts (Iguana iguana) n’ayant pas accès à l’eau. Cette augmentation extracellulaire de pression osmotique, mimant une déshydratation extracellulaire, entrainaît chez cette espèce une augmentation du volume extracellulaire. Cette modification de la répartition des fluides entre les différents compartiments a pu être

26 mise en évidence dans les quinze minutes suivant l’administration du soluté, par des mesures d’hématocrite, de natrémie et de volume de distribution de l’inuline (15). Cela indique la mobilisation d’eau intracellulaire dans l’espace extracellulaire et donc l’existence d’échanges dépendants de la pression osmotique entre ces deux compartiments. Les échanges entre les compartiments intravasculaire et interstitiel se font eux, comme chez les mammifères, en fonction de la loi de Frank Starling (18), c’est-à-dire selon un équilibre entre les deux compartiments au niveau de la pression oncotique et de la pression hydrostatique :

V = p.S [(Pc-Pi)- k(πc -πi) Avec - V le volume de liquide déplacé, - p la perméabilité de la paroi capillaire, - S la surface d’échange, - Pc la pression hydrostatique dans le capillaire - Pi la pression hydrostatique dans le milieu interstitiel - k le coefficient de réflexion des protéines (0 signifie une imperméabilité totale aux protéines), - πc la pression oncotique dans le capillaire, - πi la pression oncotique dans le milieu interstitiel. Ainsi, on sait qu’une hypoprotéinémie par hypoalbuminémie, à l’origine d’une diminution de pression oncotique, se traduit chez un reptile par l’apparition d’œdèmes périphériques, d’épanchements intra-cœlomiques (abusivement appelés ascites) et d’anasarques (« Œdème généralisé du tissu cellulaire sous-cutané avec épanchement dans les cavités séreuses (plèvre, péricarde, péritoine » (19)) par redistribution du liquide intravasculaire dans le territoire interstitiel (20,21). De plus, une étude réalisée chez les Tortues de Floride (Trachemys scripta elegans) a permis d’illustrer le rôle de la pression hydrostatique dans la régulation des flux entre les compartiments interstitiel et intravasculaire. La diminution du volume sanguin et de la pression artérielle systémique chez cette espèce suite à une importante hémorragie était compensée par un transfert de fluide interstitiel vers le compartiment intravasculaire et permettait la restauration du volume sanguin initial en seulement deux heures (22). L’association de la pression oncotique et de la pression hydrostatique tend donc, via la loi de Starling, à entraîner une sortie de liquide intravasculaire vers l’interstitium au niveau du pôle artériel des capillaires, et une réabsorption au niveau du pôle veineux. Cependant, comme chez les autres vertébrés, une partie du liquide interstitiel n’est pas réabsorbé. Cet excédent est drainé par le système lymphatique qui est particulièrement développé chez les reptiles et forme généralement un réseau associé aux principales artères et veines. De grandes variations interspécifiques sont observées concernant l’anatomie des vaisseaux lymphatiques parmi les différentes classes de reptiles, sans explication connue à ces différences. De nombreuses espèces de serpents, de lézards, de tortues et de crocodiliens présentent des

27 « cœurs lymphatiques » dont le rôle dans la circulation de la lymphe et donc leur rôle dans le maintien du volume intravasculaire n’est pas connu (17). Si les études citées ne représentent pas un catalogue exhaustif de l’ensemble des données recueillies concernant les flux de fluides entre les différents compartiments, elles permettent d’illustrer le fait que chez les sauriens comme chez les autres reptiles, ces flux sont régis par les mêmes principes que chez les mammifères.

b. Mécanismes de maintien de l’homéostasie hydrique

i. Voies et mécanismes d’hydratation

Les besoins hydriques quotidiens évalués par des études de terrain chez différentes espèces de lézards et de tortues, à partir de l’évaluation des pertes et dans l’hypothèse que les animaux sont à l’équilibre, proposent des besoins en eau de l’ordre de 20 à 30 mL/kg (9). La plupart des ouvrages de médecine des reptiles conseillent un apport hydrique quotidien à l’entretien variant entre 10 et 30mL/kg (21,23–25). Une étude réalisée chez des Varans du désert (Varanus griseus) indiquait les mêmes ordres de grandeur d’apports quotidiens en eau chez les individus en milieu naturel (2,6 à 36ml/kg/jour). Les individus captifs de cette étude présentaient un influx d’eau plus important (de l’ordre de 40 à 45ml/kg/jour) possiblement en lien avec la plus grande disponibilité en proies alimentaires (26). Il est couramment admis que les conditions environnementales peuvent moduler ces besoins en eau. Les espèces vivant dans des biotopes tropicaux humides maintenues dans des conditions relativement sèches semblent ainsi présenter des besoins en eau augmentés (9). Différentes voies d’entrée d’eau dans l’organisme chez les sauriens sont détaillées ci après. Bien entendu l’importance relative de ces voies d’hydratation varie selon les espèces mais aussi selon l’âge, les conditions environnementales (saisons et biotope dans la nature, conditions fournies en captivité) et l’alimentation (26,27). Par ailleurs, chacune de ces sources d’eau représente un potentiel moyen de régulation du volume d’eau contenu dans l’organisme, par des adaptations des processus impliqués dans l’assimilation de l’eau.

28 1. Boisson

La prise de boisson semble d’une importance quantitative très variable selon les espèces chez les sauriens. Très peu de données sont disponibles à ce sujet. Quelques études en laboratoire tendent à montrer que certaines espèces désertiques peuvent se passer totalement de boire de l’eau à l’âge adulte, alors que les tests réalisés chez des espèces mésophiles confirmaient que ces dernières ont absolument besoin de boire pour vivre (4,28). Chez les Agames barbus (Pogona vitticeps), les données empiriques provenant d’éleveurs professionnels indiquent que les adultes semblent pouvoir se passer sans problème de toute prise de boisson, lorsqu’ils sont en situation physiologique et dans des conditions environnementales adaptées. L’alimentation est alors la seule source en eau. Cependant il paraît primordial que les nouveau-nés disposent d’un point d’eau, car dans leur environnement naturel ils naissent à la saison des pluies (éclosion vers mi-janvier (29) et saison des pluies de novembre à avril (30)) et ont donc accès à de l’eau de boisson durant leurs premiers mois de vie (31).

Le comportement de prise de boisson présente chez les reptiles de grandes variations interspécifiques. Les caméléons par exemple et d’autres espèces arboricoles comme le gecko à crête Correlophus ciliatus (Figure 1) ou les geckos du genre Phelsuma boivent dans leur environnement naturel en léchant les gouttes de rosée ou de pluie se déposant sur les plantes et sont incapables de boire Figure 1 : Correlophus ciliatus ne boit dans un contenant (25). qu'en léchant des gouttelettes sur les surfaces de son environnement (Image personnelle)

De la même manière, de nombreuses espèces désertiques n’ont accès comme seule source d’eau libre qu’à des gouttelettes de rosée, notamment durant les mois secs de l’année. Ils peuvent être observés en captivité en train de lécher les surfaces lisses (pierres…) sur lesquelles se dépose cette petite quantité d’eau. Cependant les études de terrain confirmant l’expression de ce comportement en milieu naturel sont très peu nombreuses (4,25). Chez le lézard désertique australien Moloch horridus (Figure 2 (32)), les écailles sont recouvertes d’un fin motif en nid d’abeille observable en microscopie électronique, qui les rend particulièrement hydrophiles et permet la formation d’un film d’eau à partir de la rosée. Un réseau de rainures cutanées collecte cette eau qui migre par capillarité vers des zones sécrétrices de mucus en périphérie des lèvres. Le mucus se charge en eau et est Figure 2 : Moloch horridus (source : Wikipédia) ensuite dégluti (4).

29 La prise de boisson chez les espèces xérophiles présente par ailleurs souvent de fortes variations saisonnières liées à la variabilité de la disponibilité en eau. Ainsi parmi les sauriens, le Monstre de Gila (Heloderma suspectum – Figure 3 (33)), un grand lézard désertique du sud-ouest de l’Amérique du nord, est souvent observé en Figure 3 : Monstre de Gila - Heloderma train de boire d’importantes quantités d’eau suspectum (source : Wikipédia) lors des premières pluies de la saison humide. Il a été montré que cette importante prise de boisson permet une restauration rapide de l’osmolalité plasmatique, pourtant fortement augmentée lors de la période sèche (>360mOsmol/kg contre 290-300mOsmol/kg chez un animal normalement hydraté)(16). De la même manière, le lézard australien Amphibolorus ornatus présente une prise de boisson importante en été (saison humide), suffisante pour compenser les déséquilibres Figure 4 : Chuckwalla - électrolytiques liés à l’hémoconcentration par Sauromalus obesus (source : déshydratation durant la saison sèche (34). Wikipédia)

Cependant, d’autres lézards désertiques américains, les Chuckwallas (Sauromalus obesus – Figure 4 (35)) ne semblent pas boire l’eau de pluie disponible durant la saison humide, alors qu’ils vivent dans un écosystème comparable (36). Au regard de ces informations, la généralisation d’un besoin moyen quotidien en eau de boisson pour les sauriens n’est pas envisageable du fait de la grande variabilité interspécifique des comportements mais aussi des variations importantes des besoins chez un même individu (variations saisonnières du régime alimentaire dans la nature, variation de la disponibilité en eau…). Ces grandes variations font de la prise de boisson un paramètre majeur de régulation des apports en eau. De nombreuses études ont montré que chez différentes espèces un animal déshydraté à qui on fournit de l’eau de boisson compense spontanément et rapidement la totalité de son déficit hydrique par la boisson. C’est le cas du Serpent jarretière (Thamnophis sirtalis) qui ingèreait suffisamment d’eau pour compenser sa déshydratation en seulement six minutes à partir de la mise à disposition d’un bac d’eau (15). Une étude réalisée chez le Serpent ratier américain (Elaphe obsoleta) menait à la même conclusion (15). Chez les tortues, il est également observé une prise spontanée de boisson en réponse à une déshydratation. Ainsi, chez la Tortue peinte (Chrysemys picta marginata), une restriction hydrique ou une hyperosmolarité (injection de soluté salin hypertonique) mimant une déshydratation extracellulaire entraînaient une prise de boisson (15).

30 Concernant les sauriens, une étude réalisée chez l’Iguane vert (Iguana iguana) démontrait qu’après une période de restriction en eau entrainant une augmentation de l’osmolarité plasmatique, les animaux buvaient suffisamment pour corriger cette hyperosmolarité (15). Chez l’Agame barbu (Pogona vitticeps), il a en outre été démontré que la prise de boisson dépend de l’état de déshydratation des animaux. Lorsqu’on proposait de l’eau à des individus ayant été plus ou moins déshydratés à l’aide de doses différentes de furosémide1 administré durant une période de restriction hydrique, la prise de boisson à la fin du protocole était plus importante quantitativement (prise de masse plus importante) et plus fréquente (plus d’animaux du groupe sont observés en train de boire) pour les animaux les plus déshydratés (12). L’ensemble de ces données indique que chez les reptiles et en particulier chez certaines espèces de sauriens, la prise de boisson est un mécanisme de régulation de l’homéostasie hydrique et de correction rapide de la déshydratation.

2. Alimentation

Comme évoqué précédemment, l’alimentation permet à certaines espèces d’obtenir une part non négligeable de l’eau dont ils ont besoin. Peu de données sont disponibles relatives à la quantification précise des apports hydriques permis par l’alimentation chez les reptiles. Les données concernant les sauriens sont en grande majorité issues d’études portant sur des espèces désertiques. Ainsi il a été estimé que chez les espèces herbivores que sont l’Iguane du désert (Disposaurus dorsalis) et le lézard Chukwalla (Sauromalus obesus), l’alimentation représente respectivement 26,9ml/kg/jour et 21,1ml/kg/jour soit entre 86 et 88% de l’apport quotidien en eau (le reste étant uniquement de l’eau métabolique). Chez le lézard herbivore et insectivore Uma scoparia (Lézard à franges du Mojave) l’alimentation apporterait 7,1ml/kg/jour soit 60% de l’apport hydrique quotidien. Enfin chez le lézard insectivore Uma notata (Lézard à franges du désert du Colorado), l’apport d’eau alimentaire était estimé à 9,2ml/kg/jour soit 81% des apports quotidiens totaux (4). L’ensemble de ces espèces semble donc pouvoir se contenter de l’alimentation comme seul apport extérieur en eau en complément de l’eau métabolique. Il semble que ce soit également le cas de l’Agame de Bibron (Agama impalearis) et du Lézard doré des sables (Gerrhosaurus /ex-Angolosaurus skoogi)(16).

1 Bien que considéré comme un diurétique de l’anse de Henlé (37), le furosémide semble avoir un effet diurétique chez différentes espèces de reptiles (serpents, tortues, lézards) chez qui il a été testé. Cet effet serait lié à une perturbation de l’absorption tubulaire d’électrolytes (12).

31 Ce n’est pourtant pas le cas de toutes les espèces désertiques et notamment du Monstre de Gila (Heloderma suspectum). En effet, bien que la plupart des proies carnées dont il se nourrit soient composées de 60 à 70% d’eau, la consommation d’aliments n’a qu’un impact minime sur la courbe de déshydratation durant la saison sèche chez cette espèce. Cet effet n’a d’ailleurs été observé que lorsque les animaux sont fréquemment nourris de rats et d’œufs, alors que dans la nature l’alimentation carnée se fait rare durant la saisons sèche (16). Il est intéressant de noter que cette dépendance à l’eau libre ne semble pas être une conséquence du régime carnivore puisqu’une autre espèce carnivore, le Varan rayé (Varanus caudolineatus) semblait au contraire capable de maintenir durant la période sèche, en l’absence d’apport d’eau libre, un niveau d’hydratation identique à celui mesuré chez des individus captifs à qui l’on présente de l’eau durant quatre heures un jour sur deux (38). Il en est de même pour le Varan de Rosenberg (Varanus rosenbergi)(16). Contrairement à l’eau de boisson, l’apport d’eau par l’alimentation s’accompagne d’une entrée non négligeable d’électrolytes et d’azote dans l’organisme. Cet apport ne permet donc pas toujours de corriger des déséquilibres électrolytiques entrainés par la déshydratation et nécessite la mise en place en parallèle de systèmes d’excrétions d’électrolytes et de déchets azotés (cf. infra)(16). C’est particulièrement le cas pour les espèces herbivores dont l’alimentation est très riche en potassium. Il apparaît donc que chez les sauriens, notamment désertiques, l’alimentation peut représenter une part considérable voire le seul apport exogène d’eau. Cependant de fortes variations sont observées en fonction du régime alimentaire mais aussi des espèces. Le manque d’informations sur ce sujet concernant les espèces vivant en milieu subtropical ou tropical est certainement à mettre en lien avec la présence permanente d’eau dans leur environnement, qui complique l’étude de terrain, mais aussi avec le moindre intérêt de cette étude, la question de l’apport en eau étant plus classiquement étudiée en milieu aride qu’en milieu mésique ou humide où elle est moins problématique.

3. Production endogène : l’eau métabolique

L’eau métabolique correspond à l’eau formée au sein de l’organisme au cours de réactions d’oxydations. L’organisme, à partir de lipides ou de glucides d’origine alimentaire ou stockés dans l’organisme, réalise des réactions cataboliques (glycolyse, β-oxydation des acides gras) à l’origine d’un métabolite qui par l’intermédiaire du cycle de Krebs alimentent la chaine respiratoire dans les mitochondries. C’est au sein de cette chaine de réactions que des protons + H , des électrons et de l’O2 réagissent pour former des molécules d’H2O (39). Le bilan de ces réactions est variable selon le nutriment utilisé comme substrat. Chez l’animal, l’oxydation complète de 100g de lipides permet de produire environ 110g d’eau, alors que 100g de glucides fournissent 55g d’eau à l’organisme (40).

32 Les études quantitatives réalisées chez les sauriens afin d’estimer la production d’eau métabolique tendaient à montrer que cette production reste faible en comparaison des apports hydriques alimentaires. Ainsi, on estimait la production d’eau métabolique à 3,6ml/kg/jour chez l’Iguane du désert (Disposaurus dorsalis) soit 12% de l’eau utilisée quotidiennement par l’organisme, à 3,4ml/kg/jour (14%) pour le lézard Chukwalla (Sauromalus obesus), à 4,7ml/kg/jour (40%) pour le Lézard à franges du Mojave (Uma scoparia) et à 2,1ml/kg/jour (26%) pour le Lézard à franges du désert du Colorado (Uma notata)(4). Cependant pour certaines espèces comme celles désertiques citées ci-dessus, cette production endogène permet aux animaux de s’affranchir totalement d’apports d’eau libre par la boisson, en complétant les apports alimentaires. Il est en outre intéressant de noter que de nombreuses espèces de sauriens xérophiles possèdent des réserves importantes de graisse, dont l’intérêt pourrait être à la fois de survivre à la raréfaction des aliments durant les périodes les plus arides, mais peut-être également de constituer des réserves mobilisables pour former de l’eau par catabolisme durant ces périodes (40). Par ailleurs, dans le cas où l’individu présente des pertes hydriques limitées (réduction de l’évaporation par l’utilisation d’une cachette humide, ou vie dans un biotope humide), la production d’eau par catabolisme pourrait être suffisante pour couvrir les besoins hydriques quotidiens, à condition que les ressources en nutriments soient suffisantes (4).

4. Voie cloacale

L’absorption d’eau par voie cloacale est un sujet débattu dans le domaine de la médecine des reptiles. Si une réabsorption d’eau est connue au niveau digestif et vésical à partir de l’urine (cf. infra) afin de limiter les pertes en eau, aucune preuve solide d’une absorption cloacale d’eau provenant de l’environnement n’est publiée à ce jour à notre connaissance. Une étude réalisée chez le Varan de Gould (Varanus gouldii) a permis de démontrer l’absorption d’eau au niveau d’une portion du rectum, le coprodeum, lorsqu’on l’isole mécaniquement du reste du cloaque par des sondes de Foley et qu’on y instille de l’eau. Cependant, cela ne permettait pas de démontrer que l’immersion de l’orifice cloacale dans de l’eau est suffisante pour permettre cette absorption (41). L’hypothèse d’une possible absorption d’eau par la muqueuse cloacale lorsque celle-ci est immergée dans un bain provient de ces considérations anatomiques et physiologiques. Dans le cadre de ce débat, des expériences isolées ont été réalisées, notamment par des vétérinaires praticiens, mais les très faibles effectifs, le manque de reproductibilité et les nombreux biais imposent de relativiser grandement l’interprétation de ces résultats. Parmi ces expériences, l’une d’elle a consisté à baigner durant 1h10 un unique Pogona vitticeps dans une solution de produit de contraste iodé radio-opaque (Iohexol – Omnipaque®) à température ambiante. Des radiographies réalisées avant et après le bain mettaient en évidence la présence de produit de contraste dans la portion proximale du tube digestif (cavité

33 buccale, œsophage, estomac et duodénum proximal) et l’absence de produit de contraste au niveau cloacal (42). Cela ne permet pas pour autant d’infirmer l’existence d’une hydratation par voie cloacale chez les sauriens contrairement à l’interprétation faite par l’auteur. En effet le nombre de cas et l’absence de répétition de l’expérience ne permettent pas de garantir un niveau de preuve acceptable à l’expérience. De plus, la différence d’osmolarité entre le produit de contraste utilisé et l’eau dans laquelle on baigne habituellement les animaux peut tout à fait fausser les résultats obtenus. Si l’on s’intéresse à d’autres reptiles, il a été démontré chez plusieurs espèces de tortues aquatiques une absorption d’ions sodium au niveau des muqueuses, notamment cloacale (4). Il est donc possible qu’un flux d’eau accompagne ces ions par effet osmotique. Cependant, des tests réalisés chez des Tortues de Floride (Trachemys scripta) déshydratées ne permettent pas de conclure à une absorption d’eau par voie cloacale (43). Au regard des données actuelles il ne semble donc pas possible de conclure à l’existence d’une hydratation cloacale chez les sauriens lorsque celui-ci est immergé. Inversement, la grande variabilité des espèces et le nombre très limité d’études ne permettent pas d’exclure pour autant cette hypothèse.

5. Voie cutanée

L’absorption d’eau par voie cutanée est démontrée chez certaines espèces de reptiles, uniquement lorsque la peau est directement au contact d’une solution aqueuse. La quantification de l’apport hydrique par cette voie est complexe du fait de l’existence d’une évaporation cutanée et de phénomènes de diffusion qui compliquent l’évaluation du bilan de ces flux (4). Les études de terrain réalisées sur le sujet sont compliquées par la difficulté d’identifier la voie d’entrée de l’eau dans l’organisme. Ainsi, des études basées sur un marquage à l’eau lourde réalisée chez les lézards désertiques australiens Dipsosaurus dorsalis (Iguane du désert) et Uma scoparia (Lézard à franges du Mojave) révèlaient une augmentation des flux d’eau chez les animaux lors de pluies mais ne permettaient pas de conclure avec certitude quant à la voie (orale ou cutanée) d’absorption. Des rares études en milieu contrôlé ont fourni des résultats variables selon les espèces. Chez les crocodiliens, notamment le Crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) et les Caïmans à lunettes (Caiman crocodilus ou Caiman sclerops), ainsi que chez différentes espèces de serpents, des mesures gravimétriques ne montraient pas un bilan positif des échanges hydriques cutanés pour des animaux immergés dans de l’eau ou dans du sable mouillé (4). Une étude tendait à montrer une absorption cutanée significative d’eau chez le Caïman à lunettes, avec un flux d’eau entrant par la peau lorsque l’animal était immergé dans l’eau douce de l’ordre de 2,45ml/kg/h soit 0,77µl/cm2/h (44). Des résultats allant dans ce sens ont été publiés chez certaines tortues aquatiques (Tortue de Floride Trachemys scripta

34 – ex Pseudemys scripta et Tortue molle à épines Apalone spinifera – ex Trionyx spinifer). Cependant pour ces différentes études, des réserves semblent avoir été émises par certains auteurs quant à la méthodologie appliquée (4). Au regard du peu d’informations disponibles, il semble que si une absorption d’eau est possible, au moins chez certaines espèces, au niveau cutané, il ne s’agisse pas d’une voie majeure d’hydratation chez les reptiles.

ii. Voies et mécanismes de déshydratation

Les études de terrain réalisées chez différentes espèces de lézards et de tortues ont permis de mettre en évidence une relation commune aux espèces étudiées reliant les pertes quotidiennes en eau et la masse de l’animal : R = 20.6 W0.84 avec R qui représente les pertes quotidiennes en millilitres par jour et W la masse en kilogrammes (9). Les voies de sorties d’eau de l’organisme sont multiples. Les mécanismes connus chez les reptiles sont détaillés ci-après.

1. Urinaire

Les sauriens possèdent des particularités rénales anatomiques et fonctionnelles qui ont un impact important sur leur homéostasie hydrique. En effet, comme tous les reptiles, ils sont dotés d’une plus faible densité de néphrons que les mammifères, d’un appareil juxta- glomérulaire très peu développé, et ne possèdent pas d’anses de Henlé, la jonction entre les segments proximaux et distaux se faisant via un court segment intermédiaire. Cette différence par rapport aux néphrons des mammifères a pour conséquence l’impossibilité de produire au niveau rénal des urines hyperosmotiques par rapport au plasma. Chez la plupart des lézards les reins sont symétriques, allongés, légèrement lobulés et aplatis dorso-ventralement sauf chez les caméléons chez qui ils sont aplatis latéro-latéralement. Ils ne possèdent pas de bassinet, sont localisés dans la cavité cœlomique en région dorsale et sont plus ou moins engagés dans la ceinture pelvienne selon les espèces (4,25). Chez les reptiles normalement hydratés, le débit de filtration glomérulaire a été estimé entre 0.5 à 16ml/kg/h, avec de fortes variations interspécifiques et des débits globalement plus faibles pour les espèces terrestres. La réabsorption tubulaire représente en moyenne 40 à 90% de ces urines primitives chez les reptiles correctement hydratés, et augmente lorsque l’osmolarité plasmatique est majorée par de la déshydratation. Jusqu’à 98% de l’urine émise au niveau glomérulaire peut alors être réabsorbée. Dans tous les cas cette réabsorption se fait

35 sans concentration de l’urine et l’osmolarité de l’urine dans l’urètre varie entre 30 et 100% de l’osmolarité plasmatique (4). Bien que l’émission d’urines plus concentrées que le plasma soit impossible, il existe une régulation de la diurèse chez les sauriens. Une étude réalisée chez les agames Pogona minor (Agame barbu de l’ouest - environnement mésique), salinarum (Dragon terrestre des marais salans - environnement semi-aride) et Ctenophorus nuchalis (Dragon brodé terrestre - environnement aride) mettait en évidence qu’une hypernatrémie ou une déshydratation entraînaient une diminution de la diurèse chez les trois espèces par des mécanismes à la fois glomérulaires et tubulaires dans des proportions variables selon l’espèce. En effet, Pogona minor, l’espèce vivant dans le milieu le moins aride, présentait une plus grande sensibilité à l’hypernatrémie et une réponse principalement glomérulaire en comparaison des deux autres espèces (45). L’excrétion des déchets azotés se fait sous plusieurs formes, en proportions variables selon les espèces. L’excrétion d’urée et d’ammoniaque nécessitant une quantité d’eau importante, il s’agit des formes principales d’élimination des déchets pour les espèces aquatiques et semi-aquatiques. L’économie d’eau permise par l’émission d’acide urique sous forme insoluble permet à de nombreuses espèces d’économiser une quantité d’eau non négligeable (4,25). Ainsi, si les sauriens et les ophidiens éliminent leurs déchets azotés à environ 90% sous forme d’acide urique, l’ammoniaque représente jusqu’à 40% de l’azote éliminé chez les tortues d’eau douce et les crocodiliens (4). La majorité de l’acide urique éliminé serait excrété de manière active par les tubules. La précipitation sous forme de cristaux d’urates dans les uretères et dans le cloaque et la vessie permet une diminution de la pression osmotique et une réabsorption d’eau lors de modifications post-rénales de l’urine. Il est décrit, chez la plupart des espèces de lézards, l’existence d’une vessie à fine paroi capable de réabsorber de l’eau à partir de l’urine formée par les reins, selon un gradient osmotique. Cette vessie communique avec le colon, par lequel elle se remplit, les uretères s’abouchant au niveau de la muqueuse colique et non au niveau vésical (25). Chez le Monstre de Gila (Heloderma suspectum), il a été montré qu’en cas de privation d’accès à l’eau, la vessie joue un rôle de réservoir dont l’eau est absorbée selon un flux suffisant pour limiter l’augmentation de l’osmolarité plasmatique. En effet, les individus dont la vessie était vide subissaient une augmentation d’osmolarité plasmatique 2.5 fois supérieure à ceux dont la vessie était pleine lorsqu’on les privait de toute source d’eau. Par ailleurs, après une prise de boisson importante à la suite d’une période de déshydratation, il a été mesuré une augmentation significative du volume vésical. La vessie joue donc au moins chez cette espèce un rôle non négligeable de réservoir d’eau et de source d’eau en cas d’absence de source extérieure (13). De plus, il a été montré chez de nombreuses espèces terrestres que cette réabsorption d’eau lors de la modification post-rénale de l’urine est liée et dépendante de l’absorption d’ions sodium (41). Cette structure, variable selon les espèces, est parfois absente ou vestigiale, comme c’est le cas chez certains agames (les espèces des genres Pogona, Crotaphytus et Scleroporus) ainsi que chez certains varans. Chez ces espèces l’urine est stockée directement dans une

36 portion du rectum appelée urodeum, où la muqueuse réabsorbe une partie de l’eau. Les autres portions du rectum appelées le coprodeum (proximal à l’urodeum) et le proctodeum (distal à l’urodeum) possèdent également chez toutes les espèces étudiées un rôle de réabsorption de l’eau contenu dans les selles (25). La régulation de cette absorption semble en lien avec la concentration plasmatique en arginine vasotocine, un analogue de la vasopressine produit par la neurohypophyse des vertébrés non mammifères, en augmentant le débit de réabsorption des ions sodium et la perméabilité à l’eau au niveau de la muqueuse cloacale (45). En parallèle de la régulation de la quantité d’eau dans l’organisme, le système rénal permet le maintien des concentrations électrolytiques. L’élimination d’ions en excès, notamment du potassium présent en grande quantité dans l’alimentation des reptiles herbivores, est un moyen de limiter les besoins en eau en évitant d’avoir à diluer une grande quantité d’ions pour maintenir une concentration physiologique. Peu d’études sont disponibles sur le sujet mais chez plusieurs espèces désertiques il semblait qu’environ 40% du potassium excrété le soit par l’urine. De plus, chez le Chukwalla (Sauromalus obesus), l’excrétion urinaire de potassium était augmentée lorsque la concentration en potassium de l’alimentation était élevée (4).

2. Digestive et cloacale

Très peu de données sont disponibles concernant la quantification des pertes d’eau par les fèces chez les reptiles. L’eau éliminée par cette voie correspond principalement à de l’eau contenue dans les aliments et non assimilée lors de la digestion. Les quelques études sur le sujet estimaient les pertes entre 8 et 70% de l’eau ingérée via l’alimentation, avec des taux plus importants chez les espèces herbivores pour qui les aliments présentent une digestibilité plus faible et donc une séquestration plus importante de l’eau alimentaire dans le tube digestif (4). Les pertes d’eau par cette voie sont limitées par une importante capacité d’absorption des muqueuses rectales et cloacales qui présentent une importante surface du fait de l’existence de plis et de villosités. Une étude réalisée chez le Varan de Gould (Varanus gouldii) a mis en évidence que la portion de muqueuse du coprodeum est capable d’une absorption de 8,4±0,6ml/kg/h à 30°C. Etant donné que l’abouchement des uretères dans le tube digestif est localisé en amont de cette portion du cloaque, il est complexe d’estimer le pourcentage de réabsorption par cette muqueuse d’eau provenant des selles par rapport à l’eau d’origine urinaire. Comme exposé précédemment, il semble que cette absorption d’eau par la muqueuse cloacale soit l’objet d’une régulation hormonale par le biais de modification de perméabilité et de transports d’ions sodium (41).

Une autre voie de perte d’eau chez les reptiles est décrite depuis le début des années 2000. Il s’agit d’une évaporation d’eau cloacale, étudiée chez le Monstre de Gila (Heloderma suspectum). Chez cette espèce, une évaporation par le cloaque très faible (0.002% de la masse

37 corporelle par jour) et indépendante de la température a été mesurée pour une température entre 20,5 et 35°C. Ces pertes sont négligeables au regard des ordres de grandeur des autres voies de pertes hydriques étudiées ici. Cependant pour une température entre 35 et 40°C, le flux d’évaporation cloacale mesuré chez cette espèce s’élevait à 17 ,5% de la masse corporelle. Cette valeur diminuait lorsque l’animal étudié présentait une déshydratation de 80%. Il semble donc que l’évaporation d’eau par le cloaque puisse constituer un mécanisme de thermorégulation mais qu’un équilibre existe entre ce mécanisme et des processus de maintien de l’homéostasie hydrique (46).

3. Respiratoire

Comme chez les mammifères, la ventilation est à l’origine de pertes d’eau. Chez les reptiles ces pertes sont très variables et ne semblent pas corrélées directement au taux métabolique (grande variation du rapport entre l’évaporation par la ventilation et la consommation d’oxygène). Cette absence de corrélation est probablement en lien avec des variations de capacité d’extraction de l’oxygène. Il est également possible que des échanges thermiques variables au niveau des voies respiratoires hautes (refroidissement lors de l’inspiration) soient à l’origine de phénomènes de condensation au niveau des muqueuses (4). Une étude réalisée chez trois espèces de lézards australiens a évalué ces pertes d’eau liées à la respiration en laboratoire à différentes températures dans une atmosphère sèche. L’évaporation à 20°C a ainsi été estimée à 0,73% de la masse par jour pour l’agame Amphibolorus ornatus, à 1,35% pour le gecko Gehyra variegata et à 3,54% pour le scinque commun du sud-ouest (Sphenomorphus labillardieri) (47). A 30°C cette évaporation par la ventilation était estimée respectivement à 1,2%, 2,7% et 11,42%. On observe donc des variations interspécifiques importantes de cette évaporation, et des modifications très variables de la réponse à une augmentation de la température en fonction des espèces. Une étude réalisée sur le Monstre de Gila (Heloderma suspectum) n’a pas permis de mettre en évidence de modification des pertes hydriques par la ventilation en fonction de la température (étude entre 20.5 et 40°c). Le flux mesuré était dans cette étude compris entre 0,304 et 0,663% de la masse par heure soit entre 0,73 et 1,59% de la masse corporelle par jour (46). Il semble que la majorité des espèces réalisent une régulation de ces pertes par la sélection de micro-habitats dont l’humidité leur permet de limiter les pertes d’eau par les voies respiratoires (25). Même si une relation directe entre pertes respiratoires et taux métabolique n’a pas été établie, il est également envisageable que les comportements de thermorégulation, en faisant varier l’activité métabolique et la température corporelle, influencent l’évaporation lors de la ventilation (48).

38 4. Cutanée

Les pertes d’eau par voie cutanée ont été étudiées chez différentes espèces de lézards et présentent une variabilité importante en fonction du biotope naturel des animaux. Une étude comparative de cinq espèces originaires de biotopes variés mettait en tout cas en évidence que l’évaporation cutanée représentait pour toutes ces espèces la perte hydrique principale sur la durée de l’expérience (44). Une étude réalisée chez la couleuvre Elaphe obsoleta suggèrait que si les structures cutanées kératinisées (écailles, couche cornée) ont un rôle dans la limitation des pertes hydriques, les lipides contenus principalement dans la couche médiane de la couche cornée de l’épiderme représentent la principale barrière à l’évaporation cutanée. Il a d’ailleurs été mesuré que le débit d’évaporation cutanée chez des individus sans écaille de serpent taureau (Pituophis melanoleucus catenifer) était comparable à celui des individus normaux (48). De plus des études comparatives chez différentes espèces de serpents et de lézards indiquaient que des variations de cette couche lipidique seraient à l’origine des variations spécifiques de pertes hydriques cutanées observées (49). Par ailleurs, la présence de substance fondamentale riche en mucopolysaccharides en quantité plus ou moins importante pourrait également expliquer les variations interspécifiques de pertes hydriques cutanées. Cette substance, par sa grande hydrophilie (stockage de 200 à 500ml/g) pourrait jouer un rôle limitant dans l’évaporation cutanée (50). De nombreuses études traitant de l’évaporation cutanée portent sur les sauriens du genre Anolis, qui vivent tous dans des milieux relativement humides à très humides. Dans l’ensemble de ces espèces, les pertes en eau par voie cutanée ont été estimées entre 0,23 et 0,76% de la masse corporelle par heure soit entre 5,52 et 18,24% de masse corporelle par jour selon les sources. Les données disponibles dans la littérature pour les lézards de moins de 10g d’autres genres varient entre 0,01 et 0,28% de la masse corporelle par heure (10) soit 0,24 à 6,12% de la masse corporelle par jour. Concernant les espèces désertiques, une étude réalisée sur plusieurs espèces australiennes permettait d’estimer les pertes cutanées en eau de trois genres d’espèces xérophiles australiennes. Les pertes cutanées à différentes températures ont été estimées à 1,7% de masse corporelle par jour pour l’agame Amphibolorus ornatus, de 3,1 à 3,6% par jour pour le gecko Gehyra variegata et de 2,4 à 4,3% pour le Scinque commun du sud-ouest (Sphenomorphus labillardieri)(47) qui vit dans un milieu moins sec que les deux premières espèces. Il apparaît par ailleurs que cette évaporation cutanée varie en fonction de la température chez certaines espèces désertiques comme le Monstre de Gila (Heloderma suspectum) et pourrait être une conséquence de l’élévation de la température ou un mécanisme participant à la thermorégulation (46). Chez le Lézard orné arboricole américain (Urosaurus ornatus), qui est une espèce xérophile, ces pertes ont été estimées à 0,029% de la masse corporelle par heure (10) soit 0,7% de masse corporelle par jour.

39 L’ensemble de ces données permet de conclure à une grande variabilité des pertes hydriques par évaporation cutanée chez les sauriens, avec tout de même une tendance des espèces xérophiles à présenter des pertes d’eau cutanées plus faibles que les espèces vivant en milieu humide. De même, les animaux soumis naturellement à de plus fortes températures semblent présenter une plus faible évaporation cutanée et donc une meilleure conservation de leur réserve hydrique que les espèces de milieu moins hostiles ou que les espèces nocturnes, moins soumises à des conditions favorisant la déshydratation. Ces constats ont été confirmés par une étude comparative sur cinq espèces de sauriens, montrant une corrélation entre les pertes cutanées et l’aridité du biotope de l’animal. Le lézard désertique étudié, Sauromalus obesus (Chukwalla), présentait une évaporation cutanée équivalente à seulement 5% de celle mesurée chez le Caïman à lunettes (Caiman sclerops) ayant un mode de vie semi- aquatique (44). De la même manière, une étude comparant la résistance cutanée aux flux d’eau sortant chez cinq espèces de lézards du genre Agama mettait en évidence que l’espèce vivant dans le milieu le plus sec possèdait une résistance à l’évaporation plus importante que celle vivant en milieu mésique. De plus, seule l’espèce désertique semblait présenter durant l’étude une capacité d’adaptation de ses pertes cutanées en fonction des conditions environnementales (51). Ainsi, ces pertes cutanées peuvent constituer un moyen de régulation des pertes hydriques chez les sauriens, dans le but de maintenir leur homéostasie hydrique. Cependant, contrairement à d’autres espèces animales, les reptiles ne possèdent pas de glandes cutanées (en dehors de quelques exceptions telles que les pores fémoraux), et donc pas de glandes sudoripares permettant une sécrétion active de fluides au niveau cutané (50). Une étude portant sur l’Anole vert (Anolis carolinensis), à la fois sur des individus vivants et sur des échantillons cutanés, a permis de mettre en évidence une diminution significative de plus de 50% des pertes cutanées en eau chez cette espèce lorsqu’elle est acclimatée durant au moins sept jours dans un environnement de faible hygrométrie (<30% d’humidité relative contre 95% pour le groupe témoin) (52). Il apparaît donc qu’au moins chez cette espèce des variations d’évaporation cutanée soient possibles en adaptation aux conditions environnementales sur une courte période. La capacité d’adaptation de l’évaporation cutanée chez les sauriens semble de plus différer au sein d’une même espèce entre des sous-populations aux environnements différents. En effet, des mesures réalisées chez deux populations d’Anolis à crête (Anolis cristatellus), l’une vivant dans un milieu relativement sec par rapport à l’autre, mettait également en évidence une évaporation cutanée significativement plus faible dans la première population que dans la deuxième lorsque ces animaux sont exposés durant au moins 100h à un environnement aride (10). Les mêmes résultats ont été obtenus à partir d’autres espèces du même genre (Anolis roquet et Anolis marmoratus)(48). Les études réalisées sur l’Agame du Sinaï (Agama sinaita) indiquaient que ces modifications à court terme d’évaporation cutanée pourraient être en lien avec une réponse vasomotrice cutanée plus prononcée chez certaines espèces (51).

40 En parallèle de ces adaptations métaboliques, il apparaît que certaines adaptations comportementales permettent de limiter les pertes hydriques chez des espèces de sauriens désertiques. Ainsi, la sélection de micro-habitats humides est une stratégie observée chez différentes espèces afin de limiter leurs pertes hydriques en milieu aride (25). C’est notamment le cas du Lézard à longue queue (Tropidurus peruvianus) vivant dans le désert de l’ouest de l’Amérique du sud. Il a ainsi été montré que cette espèce n’est jamais rencontrée au niveau des plateaux les plus arides ou des régions les plus humides de son aire de répartition, et choisit son habitat entre autres en fonction de l’hygrométrie (48). Les sauriens possèdent donc au moins pour certaines espèces la capacité de modifier à plus ou moins court terme le volume d’eau perdu quotidiennement par leur barrière cutanée, pour s’adapter à des variations environnementales mettant en péril leur équilibre hydrique. Cette capacité d’adaptation est variable selon les espèces mais peut également varier en fonction des sous-populations et de l’écosystème dans lequel elles vivent.

iii. Maintien de l’homéostasie par l’excrétion d’électrolytes

L’homéostasie de l’eau est indissociable du maintien de l’équilibre électrolytique dans l’organisme. Lorsque les mécanismes d’entrée ou de sortie d’eau ne permettent pas de maintenir des concentrations ioniques et une osmolarité plasmatique dans les valeurs tolérées par l’espèce, des stratégies d’excrétion de certains ions sont mises en place. Comme chez les mammifères, les reins jouent un rôle important dans le maintien de l’équilibre électrolytique, en permettant l’excrétion ou en favorisant la conservation dans l’organisme de certains ions. Cependant, de nombreuses espèces de lézards herbivores, notamment désertiques, possèdent également des glandes (appelées « glandes à sel ») participant à l’excrétion de différents électrolytes. Ces glandes sont localisées en région nasale et possèdent une organisation en Figure 5 : Uromastyx ornata possède tubules aveugles qui s’anastomosent de manière à des glandes à sel (Image personnelle) former de courts canaux excréteurs. Ces canaux constitués de trois types cellulaires (cellules principales sécrétant les sels d’électrolytes, cellules à mucus et cellules basales) produisent un liquide clair formant un précipité au niveau des narines. Ce liquide est très riche en potassium et en sodium et est de composition variable en fonction des espèces, du milieu de vie et de l’alimentation.

41 Chez le Chuckwalla (Sauromalus obesus) et le Lézard à franges du Mojave (Uma scoparia), l’excrétion de potassium par les glandes nasales a été estimée respectivement à 3 et 1 mmol/kg/ jour soit 47 à 48% de l’ensemble du potassium excrété par l’organisme (4). Dans les différentes mesures réalisées chez de multiples espèces, le produit des glandes à sel présentait une concentration de potassium supérieure à celle du sodium. L’électroneutralité est assurée par deux anions majoritaires, les chlorures et les bicarbonates (53). Par ailleurs, certaines espèces de sauriens présentent une capacité importante d’adaptation de la composition des sels produits par ces glandes en réponse à des variations de concentrations plasmatiques en différents électrolytes persistant plusieurs jours. Pour certaines espèces l’excrétion d’électrolytes par ces glandes est plus importante que l’excrétion rénale pour le maintien de l’osmorégulation. Une étude réalisée chez l’agamidé désertique Uromastyx acanthinurus (Lézard fouette-queue nord-africain), a montré que l’augmentation des concentrations en sodium ou en potassium par des injections intra-péritonéales entrainaient une modification des proportions des ions excrétés et une augmentation de la quantité de sels émis. Ces adaptations permettraient d’éliminer la majeure partie des ions en excès en comparaison de la quantité éliminée dans les urines (54). L’aldostérone semble jouer un rôle dans la régulation de l’excrétion du sodium mais pas du potassium au niveau de ces glandes dont le mécanisme de sécrétion et les processus de régulation ne sont actuellement pas complètement élucidés (4). Parmi les hypothèses émises pour expliquer le rôle de ces glandes, l’une d’elles suggère qu’elles participent à l’excrétion des électrolytes réabsorbés lors des modifications extrarénales de l’urine afin d’éliminer les électrolytes en excès sans les pertes d’eau associées au fonctionnement rénal. Elles permettraient donc indirectement une économie d’eau à l’échelle de l’organisme (53).

42 II. La déshydratation chez les sauriens en pratique vétérinaire

L’ensemble des mécanismes développés précédemment participe au maintien de l’équilibre entre entrées et sorties d’eau chez les sauriens tout en conservant l’équilibre des concentrations en électrolytes. Cependant, de nombreuses situations peuvent mener à la rupture de ces équilibres précaires et entraîner dans certains cas un état de déshydratation de l’animal. Comme chez les mammifères, cette déshydratation est à différencier d’une hypoperfusion secondaire à un déséquilibre entre volume de liquide intravasculaire et volume de l’espace vasculaire (vasodilatation ou hypovolémie vraie) qui doit être corrigé en priorité. La déshydratation désigne des pertes d’eau généralement plus chroniques qui n’impactent donc initialement pas le volume intravasculaire mais peuvent modifier sa composition. Cette déshydratation peut être extracellulaire, intracellulaire ou mixte selon le compartiment dont le volume est diminué (55). Les reptiles présentent une tolérance à la déshydratation beaucoup plus importante que les mammifères avec des variations en fonction des espèces et du biotope. Ainsi, la grande adaptation de certains lézards désertiques leur permet de survivre à une déshydratation de 50% (4).

a. Etiologie

Les causes de déshydratation sont nombreuses chez les sauriens. Parmi les causes non spécifiques, toute affection à l’origine d’un abattement ou d’une difficulté à s’alimenter et boire peut être à l’origine d’une déshydratation par la diminution des apports. Par ailleurs, comme chez les autres animaux, une brûlure ou des plaies étendue peuvent engendrer une importante déshydratation par augmentation des pertes cutanées (56). L’une des principales causes de déshydratation chronique est le maintien dans des conditions environnementales inadaptées : humidité trop faible, méthode d’apport d’eau inadaptée (gamelle au lieu de goutte-à-goutte pour les caméléons par exemple), température trop élevée, ou encore négligence et apport d’eau trop ponctuel (57). Une autre origine fréquente de déshydratation chez les lézards est l’installation d’une maladie rénale chronique, responsable d’une polyurie que la polydipsie parfois observée ne permet pas toujours de compenser. Elle est généralement secondaire à une alimentation ou à des conditions environnementales inadaptées (57). Une autre cause de déshydratation, bien que plus rare, repose sur la qualité de l’alimentation. En effet, un apport trop important de granulés d’aliments dits « complets » industriels, à très faible teneur en eau, peut être à l’origine d’une déshydratation chronique. Les granulés ne doivent donc pas représenter plus d’un tiers de la ration pour les lézards herbivores (58).

43 b. Méthodes d’évaluation

i. Paramètres cliniques

La déshydratation interstitielle peut être évaluée par des paramètres cliniques chez les reptiles, comme chez les mammifères domestiques. Un certain nombre de signes cliniques permettent de mettre en évidence une déshydratation, mais aussi d’estimer approximativement l’ordre de grandeur de celle-ci. Parmi ces signes, les plus fréquents sont la diminution de l’élasticité cutanée (présence de plis cutanés et pli de peau persistant), une énophtalmie et un œil terne, une couleur terne, une diminution de la turgescence des paupières chez les espèces qui en possèdent, une palpation cœlomique « pâteuse », des muqueuses collantes et des filaments de salive épaisse (23,25,29,59). Le pourcentage de déshydratation peut être estimé de manière approximative à partir de ces signes cliniques, cependant la variabilité interspécifique des caractéristiques physiques (taille des écailles, souplesse de la peau…) et de la résistance à la déshydratation ne permet pas une grande précision (59). On peut hiérarchiser la survenue de ces signes cliniques en fonction de la déshydratation selon l’échelle présentée dans le tableau I (23,25).

Tableau I : Echelle d'évaluation clinique du pourcentage de déshydratation chez les reptiles. Evaluation de la déshydratation Signes cliniques associés

Légère (5%) Subclinique (supposée avec l’anamnèse) - Abattement - Muqueuses sèches et collantes Modérée (8%) - Fils de salive (Figure 6) - Peau de couleur terne - Pli de peau modérément persistant (2-5 secondes) - Peau adhérente, pli de peau persistant Sévère (10%) (>5 secondes) - Enophtalmie, œil terne - Palpation cœlomique pâteuse - Léthargie, coma Très sévère (15%) - Possibles signes d’hypoperfusion (pâleur des muqueuses, tachycardie…)

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Figure 6 : Fils de salive chez un Dragon d'eau (Physignathus cocincinus) sévèrement déshydraté (à gauche) et chez un Pogona vitticeps (à droite) modérément déshydraté (pas d’énophtalmie) (Images personnelles).

ii. Paramètres biochimiques et hématologiques

Les paramètres sanguins peuvent être utiles pour affiner l’évaluation du pourcentage de déshydratation. Cependant, un certain nombre de particularités physiologiques compliquent l’interprétation de ces paramètres par rapport aux carnivores domestiques. Pour tous les paramètres étudiés, il est intéressant de comparer les valeurs obtenues aux normes de l’espèce si elles sont disponibles ou encore mieux aux valeurs du même individu lorsqu’il est correctement hydraté (25). Il est également intéressant de réaliser des mesures régulières de ces paramètres au cours de l’hospitalisation des animaux déshydratés afin de suivre leur cinétique qui reflète en partie l’évolution de la déshydratation (23). L’hématocrite est un premier paramètre facilement évaluable sur une faible quantité de sang par la réalisation d’un micro-hématocrite. Si aucune donnée n’est connue pour l’espèce étudiée, il est intéressant de garder en mémoire qu’une valeur supérieure à 40% est généralement associée à une déshydratation sévère d’au moins 10% (23,60). Il existe cependant d’importantes variations interspécifiques pour la valeur de l’hématocrite, avec des valeurs allant de 20 à 45%. En fonction du site de prélèvement, et étant donné l’important développement du système lymphatique chez les reptiles, une contamination lymphatique au moment de la réalisation du prélèvement sanguin peut être à l’origine d’une sous-évaluation de l’hématocrite par dilution (60). Pour des déshydratations discrètes à modérées, il n’est généralement pas possible de mettre en évidence une modification significative de l’hématocrite (12).

45 L’évaluation des protéines plasmatiques totales ou solides totales par réfractométrie est un autre indicateur possible de la déshydratation. L’intérêt de cette méthode est qu’il suffit de quelques gouttes de plasma pour réaliser la mesure. Si les normes ne sont pas disponibles pour l’espèce, il est intéressant de garder en mémoire qu’un taux de protéines plasmatiques supérieur à 80g/L est généralement un indicateur d’une déshydratation sévère (23). Cependant les causes d’augmentation des protéines plasmatiques incluent la déshydratation mais aussi l’augmentation des globulines lors de processus inflammatoires par exemple. Pour affiner l’évaluation de la déshydratation, il est possible d’utiliser le dosage des albumines par un automate. Cependant l’augmentation de la concentration en albumines peut également être liée à des variations physiologiques telles que celles observées durant la phase de vitellogenèse chez les femelles par exemple (60). Parmi les paramètres biochimiques proposés pour estimer une déshydratation, l’urée, et l’acide urique sont d’un intérêt limité. En effet l’urée n’est potentiellement interprétable que chez les chéloniens et crocodiliens qui présentent une production d’urée plus importante que les autres reptiles. Ce paramètre présente l’intérêt majeur de ne pas être affecté par la dilution lymphatique du prélèvement car la concentration en urée de la lymphe est proche de la concentration sanguine (60,61). Toutefois une augmentation de l’urée peut être secondaire à de la déshydratation mais aussi à une insuffisance rénale ou à un important catabolisme musculaire (62). Il est intéressant de noter que chez les chéloniens, une déshydratation peu importante peut également causer une augmentation de l’urémie du fait des mécanismes de réabsorption vésicaux d’urée et d’eau. Ce phénomène n’est pas observé avec l’acide urique, principalement produit par les sauriens, qui précipite rapidement après excrétions (60). Malheureusement, chez les sauriens qui nous intéressent ici, la production d’urée est trop faible et seul l’acide urique présente un intérêt pour l’évaluation de la déshydratation. Néanmoins il est important de garder à l’esprit que l’acide urique est produit par le foie et dépend des apports alimentaires. Une insuffisance hépatique peut donc entraîner une diminution de la production d’acide urique et masquer l’augmentation attendue lors d’une déshydratation par exemple. Par ailleurs, une augmentation de la concentration sanguine en acide urique peut être liée à une diminution du flux sanguin rénal, qui intervient lors d’une déshydratation mais aussi lors d’une insuffisance rénale aiguë. Il existe en outre une augmentation post-prandiale physiologique de la concentration sanguine en acide urique, qui est à prendre en compte lors de la décision du moment de prélèvement (60). Une alimentation trop riche en protéines peut d’ailleurs être associée à une hyperuricémie persistante (62). Les paramètres hématologiques et biochimiques présentés ci-dessus permettent généralement de mettre en évidence une déshydratation à partir du seuil de 10%. D’autres paramètres moins sensibles peuvent être modifiés lors de déshydratations très sévères de l’ordre de 15% (25). Des variations de concentration en certains électrolytes peuvent aussi être des indices en faveur d’une déshydratation. Ainsi, une augmentation de la natrémie (à l’origine d’une augmentation de l’osmolalité plasmatique car le sodium est l’ion extracellulaire majoritaire) peut être secondaire à une déshydratation ou à des apports alimentaires importants. Les valeurs de natrémie attendues lors d’une déshydratation sévère sont généralement de l’ordre d’au moins 165 à 180mEq/L (la comparaison avec les valeurs de l’espèce est à privilégier). En

46 parallèle, l’augmentation de la natrémie attendue lors d’une déshydratation peut être compensée par des pertes rénales ou gastro-intestinales en cas de maladie, et des variations saisonnières sont décrites. Il en est de même pour la chlorémie pour laquelle on attend des valeurs d’eau moins 120mEq/L chez un animal sévèrement déshydraté (23). Cependant, des mesures réalisées chez des alligators mettaient en évidence une diminution post-prandiale significative de la chlorémie. Cette variation physiologique existe probablement chez d’autres espèces et représente un biais potentiel à l’interprétation de ce paramètre (25). La connaissance de l’anatomie et de la physiologie de l’espèce traitée est importante pour l’utilisation de ces paramètres électrolytiques car la présence de glandes à sels chez certaines espèces rend ininterprétable ces indicateurs (63).

Etant donné que des variations électrolytiques sont attendues lors d’une déshydratation, on peut s’attendre à observer une augmentation de l’osmolalité plasmatique associée. Comme évoqué précédemment, les variations de concentration plasmatique des ions principaux sont soumises à d’autres facteurs que le simple niveau d’hydratation, ce qui implique que les variations d’osmolalité ne permettent pas de détecter une déshydratation si celle-ci n’est pas sévère, et que l’interprétation de ce paramètre reste soumise à caution. Chez le Pogona vitticeps, des mesures réalisées sur des animaux déshydratés artificiellement par l’utilisation de furosémide n’ont pas mis en évidence de modifications significatives des concentrations plasmatiques en électrolytes ni d’augmentation significative de l’osmolalité plasmatique (12). Chez un autre saurien, l’Iguane du désert (Dipsosaurus dorsalis), les modifications d’osmolalité plasmatique n’apparaissaient qu’à partir d’une déshydratation de 20% (64) d’après une autre étude. Une modification de l’osmolarité plasmatique sans explication autre que la déshydratation semble donc en faveur d’une déshydratation très sévère. De la même manière que pour les concentrations plasmatiques en électrolytes, l’osmolalité n’est pas interprétable chez les espèces possédant une glande à sel (63).

iii. Paramètres urinaires

Le premier obstacle à l’analyse d’urine chez les reptiles réside dans la récolte du prélèvement. L’anatomie des sauriens, chez qui les voies urinaires s’abouchent à l’extrémité distale du tube digestif, implique des contaminations fécales majeures. Par ailleurs, si la cystocentèse est souvent pratiquée chez les mammifères, le fait que la vessie des sauriens, chez les espèces qui en possède une, s’abouche au niveau du tube digestif par lequel elle se remplit empêche également le prélèvement par cette méthode (25). L’analyse des paramètres urinaires tels que l’osmolarité ou la densité urinaires ne sont pas utiles pour l’investigation de la déshydratation chez les sauriens. En effet, la physiologie rénale présentée précédemment implique une réponse rénale moindre à la déshydratation en comparaison avec les mammifères. Par ailleurs, les importantes modifications post-rénales subies par l’urine au niveau de la vessie et/ou du cloaque faussent l’interprétation de ces valeurs (25).

47 Une anurie peut être observée chez les animaux présentant une déshydratation sévère mais reste difficilement objectivable étant donné la relativement faible fréquence de miction et l’élimination simultanée des urines et des selles (23).

iv. Méthode gravimétrique

La méthode gravimétrique consiste à comparer la masse de l’animal à sa masse lorsqu’il est considéré comme correctement hydraté. Elle se base sur le fait qu’un millilitre d’eau pèse un gramme. Dans la pratique cela implique d’avoir une masse de référence pour l’animal. De plus, les variations de masse ne peuvent être interprétées comme des variations d’hydratation qu’en l’absence d’autres facteurs de variation tels que la prise alimentaire, l’émission de selles ou encore une perte de masse graisseuse ou musculaire. Ce paramètre n’est donc interprétable que pour des variations sur de courtes durées (de l’ordre de quelques heures) (65). Cette méthode est par conséquent à privilégier lors de suspicion de déshydratation liée à un phénomène aigue (brûlure importante, coup de chaleur…). Il s’agit d’une méthode non invasive, rapide et facile à mettre en œuvre avec une précision de mesure suffisante à condition de s’intéresser à des modifications aiguës de l’état d’hydratation (66). Cette méthode peut également être utilisée pour réaliser le suivi cinétique d’un plan de réhydratation sur du cours terme.

Tableau II : Bilan comparatif des différentes méthodes d’évaluation de la déshydratation chez les sauriens. Méthode d’évaluation de la déshydratation Fiabilité Remarques Détection à partir de 8% de Paramètres cliniques +++ déshydratation – variations interspécifiques à considérer Détection à partir de 10% de déshydratation – des valeurs de Hématocrites et protéines plasmatiques ++ référence de l’animal améliorent la sensibilité Détection à partir de 10% de Uricémie (acide urique) + déshydratation – augmentation post-prandiale physiologique Détection à partir de 15% de Concentrations sanguines en électrolytes, + déshydratation – uniquement osmolalité plasmatique chez les espèces sans glande à sel Détection à partir de 15% de Paramètres urinaires - déshydratation : possible anurie Très sensible pour les variations à Méthode gravimétrique +++ très court terme uniquement

48 c. Correction de la déshydratation

De nombreuses méthodes d’apport de fluides sont décrites, avec des indications variables en fonction de l’efficacité connue ou supposée. On distingue les techniques d’administration entérale (par voie orale forcée ou non, par voie cloacale/rectale et par le bain) et les techniques d’administration parentérale (administration sous-cutanée, intra- cœlomique, intraveineuse et intra-osseuse). De manière générale, pour les déshydratations modérées à sévères, on privilégie les méthodes d’administration parentérales qui permettent un meilleur contrôle des volumes administrés (23). Quelles que soient les méthodes choisies dans le plan de fluidothérapie, il est important d’évaluer les pertes et les besoins de maintenance de l’animal et de corriger ces pertes progressivement sur une durée de trois jours au moins. Une réévaluation fréquente de l’état d’hydratation de l’animal est primordiale pour adapter le plan thérapeutique si nécessaire (11).

i. Réhydratation par voie entérale

1. Favoriser l’hydratation spontanée : prise de boisson et alimentation

a. Principe

Comme évoqué précédemment, l’alimentation et la prise de boisson représentent les deux modes d’hydratation majoritaires chez les sauriens. La première méthode de correction de la déshydratation proposée est donc logiquement de favoriser ces comportements. Plus qu’une méthode en particulier, le fait d’encourager l’absorption d’eau spontanée par voie orale passe par différentes astuces dont les plus courantes sont exposées ici.

b. Matériel et méthode

Le premier point auquel il faut veiller pour favoriser la prise de boisson est de s’assurer que le dispositif de distribution d’eau soit adapté aux mœurs de l’espèce. Ainsi on veillera à proposer aux espèces arboricoles (Phelsuma, caméléons, Gecko à crête…) des récipients en hauteur et des systèmes de goutte-à-goutte ou de pulvérisation qui permettent de recréer les gouttelettes que ces animaux lèchent habituellement dans leur environnement pour boire (25). Les pulvérisations peuvent également être réalisées dans le terrarium des espèces terrestres, car celles-ci sont parfois observées en train de lécher les gouttelettes dans leur

49 environnement, en particulier sur la végétation (27,29,67). Dans tous les cas on veillera à ce que le mode de distribution de l’eau et la ventilation du terrarium soient en adéquation pour maintenir une hydrométrie adaptée aux besoins de l’espèce. Certains auteurs proposent également de réaliser régulièrement un goutte-à-goutte sur la tête des animaux à l’aide d’un petit pulvérisateur ou avec une seringue par exemple. Cette technique semble particulièrement appréciée par les lézards terrestres comme le Pogona vitticeps (25,67). Il semble par ailleurs que de manière totalement empirique l’ajout de quelques fruits © DocNac dans l’eau de boisson des espèces herbivores et Figure 7 : Stimulation de la prise de boisson frugivores (notamment chez l’Iguane vert Iguana d'un Pogona vitticeps par dépôt de gouttes d'eau à la commissure des lèvres (Image iguana) augmente la fréquence de la prise de personnelle) boisson (observations personnelles). La fréquence des apports est également à adapter en fonction de l’espèce et des besoins et peut varier de plusieurs fois par jour à quelques fois par semaine pour un animal normalement hydraté (25). Dans le cadre de la correction d’un état de déshydratation, il apparaît logique d’augmenter les opportunités pour l’animal de s’abreuver. Les apports en eau peuvent également être favorisés par le biais de l’alimentation. Il est important de noter que l’alimentation d’un saurien ne doit être envisagée que lorsqu’il ne présente pas une déshydratation sévère sous peine d’augmenter les risques d’impaction digestive et de syndrome de renutrition chez les animaux anorexiques (23). Pour les herbivores et omnivores, les végétaux constituent de manière générale une source d’eau non négligeable puisqu’ils contiennent de 70 à 95% d’eau (58). Il est par ailleurs possible de sélectionner des végétaux particulièrement riches en eau pour favoriser l’hydratation d’un individu. On peut par exemple proposer du concombre, de la courgette ou de la laitue (67). On veillera à surveiller l’aspect des selles car ces légumes très riches en eau et pauvres en fibres peuvent causer de la diarrhée s’ils sont consommés en grande quantité. On peut également accroître l’apport alimentaire en eau en lavant les végétaux sans les égoutter avant distribution. Pour les carnivores, les vertébrés constituent des proies riches en eau (58) et apportent plus d’eau que les insectes. Fournir une alimentation carnée régulière participe donc à couvrir les besoins hydriques chez ces espèces. Ces apports ne sont pas toujours suffisants pour maintenir l’équilibre hydrique des animaux (notamment chez le Monstre de Gila Heloderma suspectum (16)) et ne peuvent donc pas être considérés seuls comme une réhydratation suffisante chez un animal déshydraté.

50 c. Choix du soluté de réhydratation

De nombreux compléments minéraux et vitaminiques à diluer dans l’eau de boisson sont proposés sur le marché terrariophile (VitaReptile Virbac®, Reptilin Sera®, MultiVit Beaphar®…). Si l’apport minéral et vitaminique peut être nécessaire dans la gestion d’animaux ayant un régime alimentaire déséquilibré, l’adjonction de tels compléments dans l’eau présente l’inconvénient que les quantités de vitamines et de minéraux ingérés ne sont absolument pas contrôlées et dépendent nécessairement de la prise de boisson des animaux. De plus il est observé empiriquement une diminution de la prise de boisson de certains animaux lors de l’ajout de ces compléments, vraisemblablement à cause de la modification du goût de l’eau de boisson.

L’utilisation dans l’eau de boisson des animaux déshydratés d’électrolytes de réhydratation pédiatrique (de type Pedialyte®) est également décrite afin de favoriser l’absorption d’eau au niveau digestif et de partiellement compenser de potentielles pertes électrolytiques (11). Les mêmes problèmes se posent qu’avec les compléments minéraux évoqués précédemment concernant le manque de contrôle des quantités ingérées. Il est parfois conseillé dans la littérature d’ajouter de l’eau de javel diluée (0.25 à 1.25mL/L d’eau) dans l’eau de boisson afin de limiter le développement bactérien. Bien que cet additif ne semble pas présenter de toxicité, il semble inutile de mettre en œuvre un tel protocole en dehors de situations particulières (propagation d’agent pathogène dans un élevage etc…) à partir du moment où les conditions d’hygiène et un renouvellement quotidien de l’eau sont respectés (25). Il apparait que quel que soit le mode de distribution, l’utilisation d’eau potable (de bouteille ou de conduite filtrée ou non) sans ajout de produit particulier soit la solution la plus simple pour permettre un renouvellement facile et régulier de l’eau proposée et assurer une prise spontanée (risque de refus d’une eau modifiée). L’utilisation d’eau filtrée ou peu calcaire peut s’avérer nécessaire pour garantir le bon fonctionnement à long terme de certains dispositifs de distribution de l’eau (brumisateurs, pulvérisateurs).

d. Efficacité connue et limites

Comme évoqué précédemment, les apports hydriques spontanés par la boisson et l’alimentation sont essentiels chez l’animal sain. Ils ne doivent donc pas être négligés dans le cadre de la correction d’une déshydratation chez un saurien. Cependant ces voies ne permettent absolument pas d’estimer et de contrôler les apports. Elles ne sont par ailleurs envisageables, dans le cadre d’un plan de restauration de l’hydratation, que pour des animaux non anorexiques, ce qui est rarement le cas des sauriens déshydratés qui présentent généralement des affections anorexigènes dont la déshydratation n’est qu’une conséquence.

51 Il semble donc que, dans le cadre de la prévention d’une déshydratation chez un animal présentant de l’appétit, ces stratégies occupent une place centrale. Toutefois, dans le cadre d’un plan de réhydratation, l’alimentation et la prise de boisson doivent être considérées comme des mesures initiales et les besoins quotidiens et la correction des pertes doivent être assurés par des méthodes complémentaires plus précises (27).

2. Administration orale de fluides

a. Principe

Cette technique de réhydratation repose une fois encore sur la voie orale mais consiste à administrer des fluides directement dans l’estomac de l’animal afin de s’assurer de la quantité ingérée. Cette technique permet une réhydratation « forcée » en s’affranchissant du délai lié à la prise de boisson spontanée de l’animal. Bien entendu cette méthode est à réserver aux animaux ne présentant pas de troubles gastro-intestinaux qui pourraient diminuer son efficacité ou contre-indiquer l’administration per os de volumes conséquents (régurgitations, occlusion digestive…) (68).

b. Matériel et méthode

Pour favoriser une bonne absorption de l’eau au niveau du tube digestif, on s’assurera tout d’abord que le lézard ait une température corporelle proche de la température moyenne préférentielle (TMP) de l’espèce afin de garantir un métabolisme optimal (68). Pour cela, il doit être placé dans un environnement dont la température est contrôlée et réglée à la TMP de l’espèce, et ce depuis suffisamment longtemps pour avoir atteint un équilibre thermique avec l’environnement. L’administration est réalisée le plus souvent par un sondage oro-gastrique afin de limiter les risques de fausse déglutition. L’apport d’eau dans la bouche à la seringue est parfois réalisé mais présente un risque augmenté de fausse déglutition notamment lorsque l’administration des volumes importants est nécessaire dans le cadre d’un plan de réhydratation. Il est possible d’utiliser une sonde souple d’œsophagostomie ou une sonde métallique rigide de nourrissage pour oiseau de diamètre adapté. Le lézard est maintenu fermement à la verticale, tête vers le haut et cou étendu afin de conserver durant toute la manœuvre la bouche, l’œsophage et l’estomac alignés. L’utilisation d’une sonde souple limite le risque de lésions en cas de mouvement de l’animal. La longueur de sonde à insérer est repérée avant la réalisation de la manœuvre. On estime

52 qu’il faut insérer la sonde sur une longueur comprise entre un tiers et la moitié de la longueur de l’animal sans la queue, ce qui correspond à la zone de projection de l’estomac (27). La gueule est ouverte délicatement à l’aide d’un abaisse langue ou d’un pas d’âne adapté. La trachée est visualisée à la base de la langue et la sonde est insérée caudalement à son ouverture, dans le fond de la cavité buccale. Une fois la sonde bien positionnée, on administre doucement l’eau qui doit être à la température de l’animal pour favoriser son absorption (27). La sonde est ensuite retirée délicatement et le lézard est maintenu quelques minutes à la verticale pour éviter les régurgitations. On évite par la suite au maximum les manipulations de l’animal pour la même raison (9). Cette manœuvre est stressante pour l’animal et, si elle doit être répétée régulièrement pour la réhydratation ou le nourrissage, il peut être intéressant de mettre en place une sonde d’œsophagostomie (27). Cette dernière est souvent utilisée chez les chéloniens pour l’administration d’aliments et de médicaments mais assez peu chez les sauriens qui nécessitent plus rarement des administrations entérales au long court et qui tolèrent généralement mieux les administrations orales.

c. Choix du soluté de réhydratation

Le soluté généralement utilisé pour cette méthode d’apport de fluides est l’eau de conduite ou de bouteille portée à la TMP de l’espèce. L’utilisation de solutés pédiatriques de réhydratation (de type Pedialyte®) est également décrite, notamment comme étape préliminaire à la réalimentation chez les animaux anorexiques déshydratés (11). Certains auteurs conseillent de les diluer d’environ 10% pour s’assurer que la pression osmotique est bien inférieure à celle du milieu extra- cellulaire des reptiles (27). La réhydratation par sondage gastrique peut également se faire en parallèle de l’alimentation par gavage. L’utilisation d’aliments complets de gavage (Emeraid®, Oxbow®…) adaptés au régime alimentaire de l’espèce permet en fonction de la dilution du produit d’apporter une part d’eau non négligeable. Chez les animaux anorexiques depuis plusieurs jours, il est vivement recommandé d’augmenter progressivement les volumes administrés. Classiquement, le volume total administré (alimentation et eau) à chaque gavage doit représenter 0,5% de la masse de l’animal lors du premier gavage puis 1% lors du suivant et enfin 1 à 2% (soit 10 à 20ml/kg) durant le reste de l’hospitalisation. La fréquence d’administration recommandée est d’une à deux fois par jour (11,69).

53 d. Efficacité connue et limites

Chez un animal ne présentant pas de troubles digestifs, cette voie d’administration permet une réhydratation relative lente en comparaison des voies parentérales (9), mais présente l’avantage d’être peu traumatique. Elle permet de plus une réhydratation du contenu et de la flore digestive et limite donc les complications liées à la déshydratation (fécalome…) (27). L’efficacité de cette méthode est cependant limitée par le volume restreint administrable (volume de l’estomac). Chez les animaux présentant des troubles digestifs ou dont l’absorption digestive peut être compromise lors de déshydratation sévère, cette technique n’est pas recommandée (27). Etant donné le risque de régurgitations, il est préférable de ne pas réaliser cet acte chez les animaux peu réactifs ou dont le statut mental est altéré.

3. Instillation de fluides par voie cloacale

a. Principe

Cette technique est évoquée dans la bibliographie mais peu développée en pratique (25). Elle consiste à instiller de l’eau dans la portion distale du tube digestif afin de profiter des capacités importantes d’absorption d’eau des muqueuses et notamment du coprodeum, de l’urodeum et du proctodeum. Cet acte est principalement réalisé chez les animaux présentant de la constipation ou des fécalomes (25) mais il est envisageable d’intégrer cette pratique à un plan de réhydratation.

b. Matériel et méthode

Ici encore on cherche à maximiser l’absorption de l’eau au niveau de la muqueuse digestive et à ne pas refroidir l’animal. On prendra donc soin à placer le lézard à une température corporelle optimale (TMP de l’espèce) et à chauffer les fluides à cette température avant administration (11,68). Il est possible d’utiliser une sonde souple d’un diamètre important, dont on peut lubrifier l’extrémité par de la vaseline pour faciliter l’insertion. On peut par exemple utiliser une sonde urinaire en latex de diamètre adapté à la taille de l’animal (20 FR soit environ 6mm de diamètre pour un Pogona adulte), ou à défaut une sonde souple d’œsophagostomie (11,70).

54 Le lézard est maintenu fermement et la sonde est insérée par le cloaque en direction de la tête de l’animal. Elle est introduite délicatement dans le cloaque et engagée au maximum possible sans forcer. Cette technique permet d’atteindre au moins le proctodeum et il est possible d’atteindre le coprodeum au moins chez les grandes espèces (varans par exemple)(11,41). Une fois la sonde bien positionnée, on administre doucement le fluide qui ne doit pas opposer de résistance. La sonde est reculée progressivement au cours de l’administration de l’eau afin de répartir le volume le long de la portion distale du tube digestif (coprodeum, urodeum, proctodeum). Très peu de données sont disponibles quant au volume administrable par cette voie. Les recommandations concernant les solutions de lavement utilisées lors de fécalome, de type Enema Casen® (non disponible en France) sont de 10 à 30ml/kg en une utilisation. La procédure conseillée pour réaliser un lavage du colon chez les lézards pour la récupération de selles consiste à instiller 10ml de fluide. On peut donc extrapoler de ces données qu’un volume d’au moins 10ml/kg de soluté peut être instillé deux fois par jour dans le cadre d’un plan de réhydratation, en adaptant bien sûr le volume à la tolérance de l’animal (11).

c. Choix du soluté de réhydratation

La bibliographie actuelle ne permet pas à notre connaissance de comparer différents fluides et leur impact sur l’hydratation de l’animal lors de l’instillation cloacale. Pour le lavage du colon, l’utilisation de solution saline stérile de NaCl 0,9% est recommandée. L’utilisation de solutés pédiatriques de réhydratation (de type Pedialyte®) ne semble pas décrite mais semble être une piste intéressante de recherche, étant donné l’importante capacité d’absorption d’électrolytes et d’eau de la muqueuse, notamment au niveau du coprodeum (41). On peut supposer que la dilution de 10% conseillée par certains auteurs pour la préparation de ces solutés lorsqu’ils sont apportés par voie orale pourrait limiter le risque de diarrhée associée à l’administration d’un fluide présentant une pression osmotique excessive (27). Si des posologies sont connues pour l’administration par voie cloacale de certaines préparations à lavement, leur richesse en potassium et leur effet laxatif les contre-indique lorsque l’on cherche à réhydrater l’animal.

d. Efficacité connue et limites

La capacité d’absorption d’eau et d’électrolytes de la portion distale du tube digestif des sauriens est démontrée chez plusieurs espèces. Il est donc très probable que cette méthode permette une réhydratation. Cependant aucune étude à notre connaissance n’a quantifié précisément les apports hydriques permis par ce procédé, ni établi de protocole précis (type de fluide, quantité, fréquence d’administration).

55 Une méthode simple pour monitorer l’effet de la réhydratation par cette voie est de suivre précisément la masse de l’animal au cours de l’hospitalisation, surtout s’il est anorexique (pas d’autre entrée de matière modifiant la masse de l’animal). Cependant on ne peut pas exclure une accumulation intestinale d’eau qui fausserait l’interprétation des pesées. L’une des limites de cette méthode repose donc sur l’absence de donnée concernant son efficacité, ce qui complique son intégration dans un plan de fluidothérapie. Les autres limites à cette pratique sont le stress lié à la manipulation, le risque de perforation digestive et le risque de diarrhée. Ce geste semble en revanche particulièrement adapté pour les animaux déshydratés présentant des selles ou des urates sèches et de la constipation.

4. Bains

a. Principe

La pratique du bain en terrariophilie est très répandue pour de multiples indications. Le bain est ainsi recommandé par la plupart des ouvrages médicaux dans le cas d’une mue anormale ou dysecdysis (en parallèle de la recherche d’une cause sous-jacente)(11,21,71) du fait de son action mécanique sur les fragments d’exuvie. Son usage est également cité dans la littérature dans les mesures thérapeutiques à mettre en œuvre en cas de constipation, ou pour favoriser la défécation lorsqu’un prélèvement de selles est nécessaire pour la réalisation d’une coproscopie par exemple (25,70). Concernant l’hydratation d’animaux convalescents ou déshydratés, il est communément admis et rapporté que le bain permettrait une hydratation par prise de boisson et par absorption cloacale. Cette dernière hypothèse, que l’on retrouve dans les anciens ouvrages, ne provient que d’une unique source et aurait été abusivement rapportée. Elle tend donc à être remise en question (23).

b. Matériel et méthode

Les recommandations varient selon les auteurs mais tous s’accordent sur le fait qu’il est important de s’assurer que le statut mental et le tonus musculaire de l’animal sont suffisants pour limiter le risque de noyade (11,23,27).

56

Le bain, réalisé dans un récipient de taille suffisante pour accueillir l’animal, doit être à la température moyenne préférentielle de l’espèce (soit généralement aux alentours de 27 à 30°C). Le contrôle de la température doit être effectué à l’aide d’un thermomètre pour éviter tout risque de brûlure ou tout refroidissement de l’animal (11,62). L’utilisation d’un système de chauffage thermostaté (tapis ou câble chauffant sous le Figure 8 : Pogona vitticeps dans un bac de bac d’eau) peut permettre de stabiliser la bain posé sur un câble chauffant (Image température. personnelle)

Il est également possible de placer le bac de bain dans le terrarium (en veillant à ce qu’il soit suffisamment éloigné du point chaud car l’animal ne pourra pas se soustraire à la chaleur) pour maintenir une température correcte. La hauteur d’eau dans le bac doit être adaptée à la taille de l’animal et permettre d’immerger le cloaque, mais l’animal ne doit pas avoir de difficulté à maintenir la tête hors de l’eau en gardant une position confortable sans effort. La durée recommandée du bain varie grandement selon les auteurs, allant de 10 à 60 minutes. Aucune étude ne semble avoir été réalisée et ces durées sont choisies de manière empirique. La fréquence classiquement proposée est d’une à deux fois par jour dans le cadre d’un plan de réhydratation (9,11,27,70).

c. Choix du soluté de réhydratation

De nombreux additifs à diluer ou dissoudre dans le bain sont disponibles sur le marché (TerraVit JBL®, Reptile Electrolyte Soak Zoomed ®…). Généralement composés de vitamines et de minéraux, ils sont censés être absorbés par voie orale ou cloacale lors du bain. Cependant aucune étude à notre connaissance n’a démontré l’intérêt de ces produits, dont le dosage est d’ailleurs purement empirique. L’utilisation d’eau du robinet ou de bouteille portée à la bonne température semble être la solution la plus simple pour la réalisation des bains.

57 d. Efficacité connue et limites

Peu d’études ont évalué l’effet hydratant du bain chez les sauriens. Il semblerait que placer les lézards dans un bain ait tendance à favoriser la prise de boisson, surtout s’ils sont déshydratés mais ces pratiques sont basées sur un nombre très limité d’études (12,23). De plus, dans une étude sur l’Agame barbu (Pogona vitticeps), les animaux les plus déshydratés avaient une prise de masse, avec le bain, significativement supérieure à celle des animaux moins déshydratés (12). Il s’agit cependant d’une unique étude sur un nombre réduit d’animaux déshydratés artificiellement par l’utilisation de furosémide. Le seul risque associé à la pratique du bain est la noyade. Pour cette raison il parait indispensable que celui-ci soit réalisé sous surveillance. Il est également possible de disposer un support permettant à l’animal de sortir de l’eau (gamelle en céramique retournée par exemple). Les contre-indications à la réalisation de bains sont un statut mental diminué ou un état de faiblesse augmentant le risque de noyade, mais également la présence de plaies ou d’un cathéter pour lesquels le bain représente un risque septique.

ii. Administration parentérale de fluides

1. Injection sous cutanée

a. Principe

Cette méthode facile à réaliser repose sur l’administration de fluides au niveau du tissu sous-cutané.

b. Matériel et méthode

La localisation préférentielle pour l’administration de fluides sous-cutanés chez les lézards est la portion caudo-latérale des flancs et le long des muscles paravertébraux. De petits volumes peuvent également être injectés au niveau de l’espace sous cutané des zones dorsales et latérales des fémurs et sur les faces latérales de la base de la queue (56,68). Pour ce dernier site on fera preuve de prudence chez les espèces capables d’autotomie. Les injections en regard des côtes sont à éviter du fait du risque d’injection de fluide dans les poumons en cas de perforation de la paroi thoracique (56). L’injection est réalisée en de multiples points afin de répartir le volume de fluide, le tissu sous-cutané des lézards étant relativement peu élastique. Le liquide est préalablement chauffé à la TMP de l’animal afin de limiter le refroidissement.

58 Des aiguilles de faibles diamètres (23 à 25 Gauge soit des aiguilles bleues ou orange) de faible longueur sont utilisées en fonction de la taille de l’animal et de l’épaisseur de la peau (27). Un pli de peau est réalisé entre deux doigts afin de faciliter l’injection dans l’espace sous- cutané. Une aiguille épicrânienne peut également être utilisée, notamment pour les animaux ayant tendance à se débattre. Le volume administré peut être important et représente en général un volume total quotidien de 10 à 30ml/kg que l’on fractionne en deux ou trois administrations dans la journée (11). La quantité totale est répartie en plusieurs points d’injection dont le volume maximal dépend de la taille de l’animal et de l’élasticité du tissu sous-cutané de l’espèce (11). Chaque point d’injection forme une poche de fluide qui doit être souple, dépressible et ne pas entraîner un étirement cutané trop important.

c. Choix du soluté de réhydratation

Le soluté classiquement recommandé pour l’administration parentérale chez les reptiles est un mélange à part égale de cristalloïde isotonique (NaCl 0,9% ou Ringer Lactate) et de solution de dextrose à 5% (72). Parmi les mélanges proposés on trouve également : - une solution de 1/3 de Normosol-R®(ou Ringer Lactate) et 2/3 de dextrose (ou de glucose) 2,5% (11), - une solution de 1/3 de Ringer Lactate, 1/3 de dextrose 5% et 1/3 de solution de NaCl 0,9% (11), - une solution de 9/10 de glucose à 5% dans du NaCl 0,9% et d’1/9 d’eau stérile (27). Une fois les pertes corrigées, un mélange de maintenance constitué de 50% de solution de Ringer Lactate et de 50% de solution de Dextrose 2,5% est décrit (11).

De plus, historiquement, les solutions de Ringer Lactates pures étaient déconseillées chez les reptiles du fait de la supposée incapacité du foie des reptiles à métaboliser les lactates. Cependant aucune preuve solide n’a à ce jour été publiée démontrant l’existence d’hyperlactatémie induite chez des reptiles par l’administration de ce soluté (72). Une étude comparant les effets de l’administration sous-cutanée de solution de Ringer Lactate, de Plasma-Lyte A® et de solution à part égale de NaCl 0,9% et de dextrose à 5% remet en question les recommandations habituelles. En effet, si les trois fluides testés sont résorbés de manière identique par les lézards déshydratés par administration de furosémide, la solution de mélange NaCl-Dextrose est à l’origine d’une sévère hyperglycémie d’au moins 24 heures contrairement aux deux autres solutés testés. Ce mélange, d’osmolarité théoriquement égale à celle des Pogona vitticeps – espèce sur laquelle porte l’étude - entraîne malgré tout une diminution de l’osmolarité plasmatique, certainement en lien avec l’hyponatrémie mesurée chez les animaux à la suite de l’hyperglycémie. L’hyperglycémie est par ailleurs un facteur pronostic négatif chez l’Homme en réanimation (72).

59 Dans cette même étude, aucune augmentation significative de la lactatémie n’a été mesurée chez les animaux après l’administration d’une unique dose de 5ml/kg de Ringer Lactate en sous-cutané (72). Ces données récentes mènent à recommander l’utilisation de solutions de cristalloïdes isotoniques classiques (Plasma Lyte®, Ringer Lactate, ou NaCl 0,9%) plutôt que les mélanges classiquement conseillés riches en glucose ou en dextrose (11,68,72). On évitera par précaution les solutions de Ringer Lactate uniquement chez les animaux présentant des troubles du métabolisme hépatique (68). Dans les cas de déshydratation sévère associée à une hyperosmolarité sévère, l’utilisation de solution hypotonique de NaCl à 0,45% est décrite mais doit être utilisée avec précaution pour la correction progressive des pertes sur au moins trois jours (11).

d. Efficacité connue et limites

Cette méthode permet d’apporter des volumes de fluides relativement importants à chaque administration. Les solutés sont résorbés rapidement lorsque l’animal est maintenu à sa TMP et s’il ne présente pas de diminution de la pression oncotique. La résorption peut de plus être suivie visuellement par la diminution du volume des poches de liquide sous-cutané (23). Une étude réalisée chez des Pogona vitticeps déshydratés a ainsi montré une modification significative de la concentration plasmatique en protéines totales et de l’hématocrite 24h après une administration de 50ml/kg de fluides en sous cutané. La procédure rapide semble en outre relativement peu douloureuse et peu stressante pour l’animal (23,27). Un léger inconfort transitoire lié à la distension cutanée est parfois observé. Cette technique est particulièrement adaptée pour les animaux modérément à sévèrement déshydratés, relativement stables, et en particulier pour les animaux présentant des troubles digestifs interdisant le recours à l’administration de fluides par voie orale (27,68).

Les principales complications associées à l’administration de fluides sous-cutanés sont un noircissement de la peau au niveau de site d’injection, en particulier chez les caméléons, les iguanes et les lézards du genre Phelsuma (27) et de rares lésions musculaires en cas de mauvaise réalisation de l’injection. .

60 2. Injection intra-cœlomique

a. Principe

Cette méthode repose sur l’apport de fluides par injection directement dans la cavité cœlomique. Le liquide est alors résorbé progressivement au niveau des séreuses. Cette manœuvre semble peu douloureuse mais présente un risque non négligeable de lésions organiques.

b. Matériel et méthode

Le lézard est maintenu fermement en décubitus dorsal, avec la tête inclinée vers le bas, afin de favoriser le déplacement de la masse viscérale vers la région cranio-dorsale du cœlome et de libérer le site d’injection. Le fluide est injecté à l’aide d’une seringue et d’une aiguille adaptée à la taille de l’animal (généralement 25G soit une aiguille orange). L’utilisation d’une aiguille épicrânienne (Epijet®) est également possible pour limiter le risque de lésions sur un animal agité. L’aiguille est enfoncée très superficiellement à travers la paroi cœlomique au niveau du cadran ventral caudal droit. Il est important de réaliser une légère aspiration une fois l’aiguille plantée, avant l’injection du liquide, afin de s’assurer qu’aucun organe n’a été pénétré. L’injection du fluide ne doit pas présenter de résistance (27). Le volume à administrer est à évaluer en fonction des besoins d’entretien et des pertes et représente classiquement 15 à 25ml/kg/jour. Le volume et la fréquence sont à adapter en fonction de la tolérance de l’animal et du suivi échographique de la résorption des fluides injectés (11).

c. Choix du soluté de réhydratation

Les solutés utilisables sont les mêmes que ceux décrits pour l’administration de fluides sous-cutanés. Aucune donnée ne semble disponible pour comparer les différents solutés mais les mêmes effets sur les paramètres biochimiques sont attendus par la voie intra-cœlomique que par la voie sous-cutanée (11).

d. Efficacité connue et limites

Cette méthode permet d’administrer un volume important de fluide en une seule fois avec une résorption qui semble plus rapide que par voie sous-cutanée (27). C’est un acte vraisemblablement assez peu douloureux mais très stressant de par la contention et le positionnement de l’animal (23,27).

61 Cette technique présente cependant de nombreux inconvénients. Ainsi, l’injection d’une grande quantité de liquide peut provoquer une compression des poumons dans la cavité cœlomique (27). De plus, le risque de lésions d’un organe ou d’injection du fluide dans les poumons, le tube digestif, le système reproducteur ou la vessie sont non négligeables. Enfin, la surveillance de la résorption des fluides apportés ne peut se faire que par des contrôles échographiques réguliers ce qui complique le suivi et l’adaptation du plan de fluidothérapie et présente un risque d’accumulation de liquide dans la cavité cœlomique en cas de défaut de résorption (23,68). Cette méthode est à proscrire absolument chez les animaux présentant déjà un encombrement de la cavité cœlomique par du liquide (« ascite ») ou une masse (abcès, tumeur, stase folliculaire ou rétention post ovulatoire)(11).

3. Perfusion intra-veineuse

a. Principe

Comme chez les carnivores domestiques, cette méthode d’apport de fluides est à privilégier chez les animaux dans un état critique et permet à la fois un remplissage vasculaire rapide et secondairement la correction de la déshydratation. La mise en place du cathéter veineux est cependant souvent plus complexe chez les sauriens que chez les mammifères domestiques.

b. Matériel et méthode

Les sites privilégiés pour la pose du cathéter veineux chez les lézards sont la veine céphalique, la veine jugulaire, la veine coccygienne ventrale et la veine abdominale ventrale (68). Chaque site présente des avantages et des inconvénients. Le choix du site devra en outre prendre en compte l’état clinique de l’animal (impossibilité de poser le cathéter à la veine céphalique en cas de lésions des membres antérieurs par exemple). L’accès à ces différents sites peut être compliqué chez les espèces de petite taille (27). La taille du cathéter est adaptée à la taille de l’animal et au site choisi.

62 L’accès à la veine céphalique nécessite une scarification superficielle préalable afin de faciliter la visualisation de la veine et le passage de la peau écailleuse. L’incision, est réalisée au niveau de la face crâniale de l’avant- bras, perpendiculairement à l’axe radius-ulna. Cette veine est généralement accessible sur les animaux de plus de 250g (25,27,68). La cathétérisation de la veine jugulaire implique un abord chirurgical pour atteindre et isoler la veine. L’incision est réalisée en arrière de l’angle de la mâchoire, selon une direction cranio-caudale (27,68). La veine jugulaire droite est généralement d’un diamètre plus important que la gauche mais les deux côtés sont utilisables (25). La veine coccygienne ventrale est plus facile d’accès mais la fixation du cathéter est plus complexe et les lézards non abattus ont tendance à les retirer facilement. Cette voie est donc souvent utilisée pour de courtes durées. Cette Figure 9 : Sites possibles de localisation doit être utilisée avec prudence chez les espèces pose d'un cathéter intraveineux (étoiles) sur un capables d’autotomie. L’accès se fait sur la face ventrale de la Pogona vitticeps (Image queue, en plantant le cathéter perpendiculairement à la personnelle) queue jusqu’à buter sur les vertèbres coccygiennes. Le cathéter est ensuite reculé progressivement jusqu’à ce que du sang remonte dans le mandrin (27,68). Etant donné le faible débit veineux au niveau Sites possibles de pose d'un cathéter intraveineux (étoiles) chez un Pogona vitticeps (Image personnelle) de ce site, il peut être intéressant de remplir préalablement le cathéter de sérum physiologique afin de voir le sang remonter par diffusion lorsque la veine est atteinte. La veine abdominale ventrale est uniquement utilisée pour les animaux anesthésiés étant donné la difficulté de fixation et la gêne occasionnée sur un animal vigil (68). Pour les différents sites possibles, une sédation et une anesthésie locale voire générale peuvent être nécessaires (27,68). La fixation du cathéter peut être réalisée par de la colle chirurgicale, des points cutanés, du scotch et des bandages (68). Le débit de perfusion doit être calculé à partir de l’évaluation des besoins de maintenance et des pertes à corriger (correction à réaliser sur plusieurs jours en réévaluant régulièrement l’état d’hydratation de l’animal). L’ordre de grandeur de ce débit varie entre 10 et 30ml/kg/jour sans dépasser un débit de 30ml/kg/jour (40ml/kg/jour semble être le maximum toléré d’après plusieurs auteurs) (11,27,68). Un apport excessif de fluides par voie intraveineuse est à l’origine d’une surcharge volémique qui, comme chez les carnivores domestiques, peut engendrer de l’œdème pulmonaire, une surcharge cardiaque et une sur-perfusion rénale responsable d’une fuite

63 d’électrolytes et notamment de potassium. L’ensemble de ces perturbations peut mener au décès de l’animal (27). L’utilisation d’une pompe à perfusion ou d’un pousse-seringue s’avère nécessaire pour gérer les faibles débits souvent associés aux sauriens de petite taille et pour garantir la précision des volumes administrés. Une surveillance accrue et une réévaluation clinique régulière de l’animal est requise notamment lors de l’administration rapide de fluides.

c. Choix du soluté de réhydratation

Les solutés utilisés sont les mêmes que ceux évoqués pour l’administration sous- cutanée. L’utilisation de solutés hypertoniques est possible en cas d’hypovolémie sévère mais conduisent à une déshydratation intracellulaire (27). Il est également possible dans des cas particuliers d’administrer par cette voie des produits plus spécifiques tels que de l’hémoglobine bovine polymérisée (Oxyglobin® par exemple), des produits colloïdes (Hydroxyéthyl-starch – Voluven® par exemple) ou encore du sang lors de transfusion (non développé ici)(11).

d. Efficacité connue et limites

La voie intra-veineuse est classiquement recommandée pour la correction de déshydratations sévères ou pour la correction d’une hypovolémie (23). La mise en place d’un cathéter peut également être motivée par la nécessité de disposer d’une voie veineuse pour l’administration concomitante de certains médicaments. L’intérêt majeur de ce type de fluidothérapie est un contrôle très précis des quantités de fluides apportées à tout instant.

4. Perfusion intra-osseuse

a. Principe

L’apport de fluides par voie intra-osseuse utilise la communication médullaire avec le système sanguin comme voie d’administration de fluides dans le compartiment intravasculaire. Cette voie est particulièrement indiquée chez les patients en état critique nécessitant un apport rapide de fluides et chez lesquels l’accès veineux est complexe du fait de la taille de l’animal ou de l’existence d’une hypovolémie (25,27).

64 b. Matériel et méthode

L’administration des fluides est réalisée via un cathéter intra-osseux. En fonction de la taille de l’animal et du site choisi il est possible d’utiliser une aiguille intra-osseuse de médecine humaine (pour les grands lézards), une aiguille spinale avec stylet ou encore une aiguille hypodermique classique de 20G (aiguille jaune) chez les grandes espèces et de 23 ou 25G (aiguille bleue ou orange) chez les plus petits individus (27). Le dispositif choisi doit occuper 33 à 67% du diamètre de la cavité médullaire à son endroit le plus fin (25). Une sédation voire une anesthésie légère peut être nécessaires pour la réalisation de cet acte douloureux. Une anesthésie locale est réalisée dans tous les cas, avec de la lidocaïne 2% par exemple (0,01ml suffit pour la réalisation d’un bloc local chez l’iguane) sans dépasser 10mg/kg de dose totale (11,68). Le cathéter peut être positionné au niveau du tibia proximal, du fémur proximal ou distal ou de l’humérus proximal (27,68). Le cathéter en région tibiale proximale doit être inséré dans la crête cnemienne. Le genou est fléchi pour faciliter l’accès et l’aiguille est introduite latéralement au ligament patellaire en s’orientant en direction distale et en évitant absolument de pénétrer dans l’articulation du genou. Cet abord n’est réalisable que chez les espèces de taille suffisante (25). L’abord par le fémur proximal se fait au niveau de la fosse palpable entre l’articulation de la hanche et le grand trochanter. Cet abord peut être compliqué par la position orthogonale du fémur par rapport au pelvis. La pose d’un cathéter huméral proximal est réalisée selon le même principe en palpant l’extrémité proximale de l’humérus (25). La pose d’un cathéter fémoral distal se réalise facilement au niveau de la crête palpable en région proximale de l’articulation du genou en insérant l’aiguille en suivant l’axe du fémur distal (27). Quel que soit le site de cathétérisation, un nettoyage chirurgical soigné, à l’aide de povidone iodée, est indispensable. L’ensemble de la procédure doit être réalisée de façon la plus aseptique possible pour limiter le risque de complications (25). Une fois le cathéter posé, sa perméabilité est vérifiée à l’aide d’une solution héparinée. L’utilisation de dispositifs contenant un mandrin permet de limiter le risque d’occlusion du matériel par une carotte osseuse. Lors de l’utilisation d’aiguilles classiques, il est possible en cas d’obstruction de retirer l’aiguille et d’en insérer une nouvelle de même diamètre en utilisant l’orifice creusé par la première aiguille. Une radiographie de contrôle peut être réalisée pour s’assurer du bon positionnement intra-médullaire du dispositif (27). La fixation doit être soigneuse et permettre de maintenir un environnement sain au niveau du cathéter. L’utilisation de pommade antiseptique au niveau du site est ainsi recommandée en plus de la réalisation d’un bandage. L’immobilisation du membre peut être nécessaire afin d’éviter le retrait du cathéter par l’animal (27).

65 Pour tous les sites proposés, l’utilisation d’un pousse-seringue est indispensable du fait de l’existence d’une résistance à l’administration des fluides dans la moelle osseuse (27). Cette résistance peut d’ailleurs être à l’origine de douleur lorsque des débits trop importants sont injectés. Il est donc important de limiter le débit d’administration à des valeurs inférieures à celles préconisées lors de l’utilisation d’un cathéter veineux périphérique. En fonction des besoins nécessaires et de la tolérance de l’animal, on choisira un débit dans l’intervalle bas proposé pour l’administration intraveineuse soit d’environ 15ml/kg (11). Les conséquences systémiques d’un débit de perfusion intra-osseux excessif sont les mêmes que celles détaillées pour la perfusion intra-veineuse (27).

c. Choix du soluté de réhydratation

Les solutés cristalloïdes utilisés sont les mêmes que ceux développés pour l’administration intraveineuse. Il est également possible d’administrer par voie intra-osseuse des produits colloïdes (Hydroxyéthyl-starch par exemple), de l’hémoglobine bovine polymérisée ou encore du sang lors de transfusion (11,27).

d. Efficacité connue et limites

Cette méthode d’administration permet une réhydratation rapide et un remplissage vasculaire chez des animaux dont les veines périphériques ne sont pas accessibles (hypovolémie, petite taille…). Elle est relativement facile à mettre en place en situation d’urgence (27). Etant donné le risque de complications, la gêne occasionnée pour l’animal et le débit limité de ce type de cathéter, il est conseillé de ne pas laisser un cathéter intra-osseux en place plus de 72 heures et de le remplacer dès que possible par une voie veineuse périphérique (25). Ce type de cathéter est contre-indiqué sur un membre présentant une fracture, une tumeur, une infection ou une brûlure et chez tout animal présentant une ostéopénie (25). Les principales complications de ce type de cathéter sont les lésions articulaires notamment cartilagineuses (68), les fractures et les ostéomyélites. Le retrait du cathéter peut être compliqué lorsque l’aiguille se tord dans le fut osseux lors de la pose. En plus du risque d’occlusion du matériel par un caillot sanguin (risque présent pour tout type de cathéter), ce dispositif présente un risque d’occlusion par une carotte osseuse lors de sa mise en place (25).

66 III. Homéostasie hydrique chez le Pogona vitticeps

a. Présentation de l’espèce étudiée

i. En milieu naturel

Pogona vitticeps, couramment appelé Agame barbu (Central Bearded Dragon ou Central Inland Bearded Dragon en anglais) est un vertébré de la classe des reptiles, de l’ordre des squamates et de la famille des (73). Décrit en 1926 par l’herpétologue allemand Ernest Ahl, ce lézard australien fait partie du genre Pogona qui comprend actuellement huit espèces vivantes (Pogona barbata, Pogona minor, Pogona henrylawsoni, Pogona microlepidota, Pogona minima, Pogona mitchelli, Pogona nullarbor et Pogona vitticeps). Toutes ces espèces sont endémiques de l’Australie (73). P. vitticeps est plus particulièrement observé en Nouvelle Galles du Sud, dans le Territoire du Nord, dans le Queensland, en Australie méridionale et dans le Victoria (73). Son aire de répartition est représentée sur la figure 10 et son statut de conservation est défini comme préoccupation mineure par l’IUCN (74).

Figure 10: Carte de la répartition géographique de Pogona vitticeps (d’après IUCN, Stewart MacDonald, Reid Tingley 2017. Pogona vitticeps. The IUCN Red List of Threatened Species. Version 2020-2)

67 Le genre Pogona est caractérisé par une grande tête triangulaire et un corps plat recouvert de petites écailles épineuses. L’espèce doit son nom vernaculaire (Agame barbu) à sa gorge couverte d’épines et qui peut être déployée et prendre une teinte sombre pour intimider un prédateur ou un adversaire (75). Pogona vitticeps est un lézard de taille moyenne atteignant 40cm de longueur et jusqu’à 60cm de la tête à la Figure 11: Pogona vitticeps adulte, écailles épineuses, notamment gulaires caractéristiques de l'espèce queue à l’âge adulte pour les plus grands (Image personnelle) mâles (76). En milieu naturel, il est principalement terrestre à semi-arboricole et présente une activité essentiellement diurne (76). Il vit dans des habitats variés, à dominante désertique mais aussi en forêt sèche clairsemée (77), en groupes structurés par des relations hiérarchiques fortes (75). C’est une espèce qui, à l’état naturel, supporte de hautes températures et qui est exposée à une quantité importante d’UVB ce qui le classe en zone 3/4 (exposition aux bains d’UV en milieu ouvert ou partiellement exposé) à 4/4 (exposition aux bains d’UV en milieu de journée) de l’échelle de Ferguson évaluant les besoins en UVB des reptiles (78). La diminution saisonnière des températures et de la photopériode entraîne le passage en brumation, une variante de l’hibernation durant laquelle les animaux réduisent fortement leur activité, stoppent leur prise alimentaire, mais conservent une prise de boisson (75). Cette période peut être reproduite en captivité pour favoriser la reproduction (76). Dans la nature, cette espèce est omnivore et consomme principalement des arthropodes, des vers, de petits rongeurs, d’autres lézards, de la verdure, des fruits et des fleurs, avec des variations de régime alimentaire en fonction des ressources disponibles selon les saisons (79,80). Des études de terrains indiquent une évolution du régime alimentaire au cours de la croissance. Les juvéniles consomment environ 50% de petits animaux et 50% de végétaux, alors que les adultes présentent un régime à dominante herbivore et consomment jusqu’à 90% d’aliments végétaux (76).

ii. En captivité

Elevé en captivité depuis le début des années 80, principalement en Allemagne, la démocratisation de cette espèce en terrariophilie remonte aux années 90 durant lesquelles elle gagne en popularité aux Etats-Unis et supplante rapidement l’iguane vert (Iguana iguana)(76). Du fait de sa robustesse et de sa facilité de reproduction, de nombreuses variations morphologiques de Pogona vitticeps ont été obtenues par sélection en captivité.

68 Ces variations (appelées « Morphs » ou « Phases ») intéressent la couleur de la peau ou des yeux, la taille et l’orientation des épines présentes sur les écailles ou encore la taille des individus (75). Si aucune étude ne permet d’évaluer la population actuelle de cette espèce en captivité en France, les auteurs et professionnels de la terrariophilie française s’accordent pour classer cette espèce dans le top 3 des espèces de lézards les plus détenues par les français (67,81). L’espèce est d’ailleurs très fréquemment disponible en animalerie. La facilité de maintenance, la taille raisonnable et la docilité de l’espèce (76), son Figure 12: Pogona vitticeps à vendre dans une animalerie physique attrayant et le fait que la (Image personnelle) détention ne nécessite pas de formalité dans la limite de 25 individus inclus détenus dans un but non lucratif (82) expliquent ce succès. Les individus maintenus en captivité pèsent en moyenne entre 350 et 600g à l’âge adulte et ont une espérance de vie d’une dizaine d’années dans des conditions adaptées (75).

Cette espèce peut être facilement maintenue dans un terrarium de type désertique mesurant au moins 120x50x50cm (soit une largeur égale à environ 2 à 3 fois la longueur de l’animal et une profondeur et une hauteur égales à une fois la longueur de l’animal (27), pour une surface au sol d’au moins 0,72m²(25)). Le terrarium en verre ou en bois doit être agrémenté de cachettes au point chaud et au point froid. Des « perchoirs » (branches, pierres…) sont appréciés. Le sol du terrarium peut être couvert de linoleum ou de papier journal (83). De fin éclats de peuplier (Aspen Snake Bedding ExoTerra® par exemple) sont utilisables mais les gros éclats, le sable et les écorces sont à proscrire du fait du risque d’ingestion à l’origine d’obstructions digestives (25,27).

Les températures nécessaires dans le terrarium sont de 28°C (25 à 30°C) au point froid la journée avec un point chaud localisé atteignant 40°C à 45°C (78). Ce gradient est indispensable pour permettre le comportement de thermorégulation permettant aux animaux d’atteindre leur TMP, estimée à 35°C (77). La nuit, la température est descendue entre 21 et 25°C (78).

Une source d’UVB puissante est également indispensable 13 à 14h par jour (78,83). Une ampoule combinant chauffage et UVB (ampoule au mercure haute pression, lampe à halogénures métalliques HQI - Hydrargyrum Quartz Iodide) peut être utilisée, et permettra de reproduire le comportement de bain de soleil (« basking ») de l’espèce. Dans tous les cas, le dispositif UVB devra être situé à l’intérieur du terrarium, le verre et dans une moindre mesure le grillage, absorbant une grande partie des rayonnements ultraviolets (transmission de 0.4% des UVB pour une vitre en verre classique de 4mm d’épaisseur)(78). L’animal doit pouvoir entièrement se tenir dans le cône d’émission des rayonnements et le dispositif doit être

69 positionné à la distance du sol recommandée par le fabricant (diminution de l’intensité du rayonnement proportionnelle au carré de la distance)(27). Il doit également être remplacé régulièrement selon les consignes du fabricant pour pallier la perte progressive d’émission d’UVB par le dispositif. Tous les dispositifs émettant de la chaleur (lampes chauffantes et certaines lampes UVB) doivent être protégés des animaux pour empêcher les brûlures.

Il est conseillé de maintenir les mâles seuls et les femelles en groupe uniquement si le terrarium est de taille suffisante pour permettre aux animaux de fuir en cas de conflit (77). Les blessures entre congénères sont en effet fréquentes. La maturité sexuelle est atteinte entre 1,5 et 2 ans (84).

L’humidité doit être maintenue assez faible, entre 30 et 40%. Une gamelle d’eau renouvelée régulièrement doit être laissée à disposition, bien que la majorité des individus nourris de végétaux frais ne soient jamais observés en train de boire. Si l’humidité augmente trop du fait de la présence de cette gamelle (généralement signe d’une ventilation insuffisante du terrarium), il est possible de la présenter occasionnellement ou de réaliser à la place des bains d’eau tiède réguliers (76,77). Certains auteurs préconisent de pulvériser d’eau les végétaux proposés comme alimentation avant distribution pour augmenter les apports hydriques alimentaires (76).

Le régime alimentaire en captivité doit être adapté au stade physiologique de l’animal. Les juvéniles (<6 mois) doivent être nourris initialement tous les jours, puis 5 jours par semaine, de végétaux frais et d’insectes variés de taille adaptée (grillons, criquets, blattes, vers de farine). Les adultes sont nourris principalement de végétaux frais variés trois fois par semaine, et d’insectes plus occasionnellement (deux fois par semaine) en évitant les insectes vermiforme, beaucoup plus gras, et en veillant à l’alimentation des insectes avant distribution (9,76,83). A l’âge adulte, les insectes doivent représenter moins de 50% de la ration alimentaire, sauf en période de reproduction (9). La diversification des proies proposées est essentielle afin de couvrir les besoins en macro et micro éléments (80). Les carences en calcium étant une affection fréquente, on veillera à tout âge à fournir des insectes correctement enrichis en calcium c’est-à-dire nourris avec des aliments riches en calcium et saupoudrés de poudre de carbonate de calcium. Pour la même raison on privilégiera des végétaux dont le rapport phosphocalcique est compris entre 1 et 2. On peut par exemple citer le pissenlit, la romaine, les feuilles de betterave, de brocolis, de navet, d’endive, de blette, de mûrier, d’épinard, de cresson, le foin de luzerne, les feuilles et fleurs d'Hibiscus, l’orange, le kiwi, le melon, la mangue et la papaye (58).

70 b. Connaissances actuelles sur les mécanismes d’homéostasie hydrique chez cette espèce

Bien que l’Agame barbu soit une espèce très courante en captivité, très peu d’études spécifiques sont disponibles concernant les mécanismes de maintien de l’homéostasie hydrique chez cette espèce. Concernant la quantité d’eau dans l’organisme, on sait que les jeunes de cette espèce sont constitués de 82,01 ± 0,53% d’eau à l’éclosion, de 81,65 ± 0,63% d’eau à 11 jours de vie et de 82,55±0,57% à 17 jours de vie (7). Comme évoqué précédemment, cette eau est répartie en plusieurs compartiments. Dans le compartiment intravasculaire, dont le volume n’a pas été étudié spécifiquement chez cette espèce à notre connaissance, on sait que l’osmolarité plasmatique a été évaluée à 295,4 ± 9,35mOsm/kg (12). Les autres compartiments (interstitiel et intracellulaire) n’ont à notre connaissance pas été étudiés précisément chez cette espèce et seules quelques données ponctuelles de concentrations en certains électrolytes ont été publiées. Parmi les différents mécanismes de maintien de l’homéostasie hydrique précédemment présentés, certains ont fait l’objet d’études chez l’espèce qui nous intéresse ici. Pour ce qui est de la prise de boisson, elle est parfois observée en captivité, dans un récipient ou par léchage de gouttelettes pulvérisées sur le décor ou sur la tête de l’animal (67). Aucune quantification précise de la proportion des besoins en eau couverts par la prise de boisson, en captivité ou en milieu naturel, n’a été réalisée chez cette espèce à notre connaissance. Cependant, il est admis empiriquement que les individus adultes maintenus dans des conditions adéquates avec une alimentation adaptée ne présentent pas de signe de déshydratation clinique en l’absence d’eau à disposition dans le terrarium. Ce dernier point met l’accent sur la part importante que l’alimentation représente dans la couverture des besoins hydriques chez cette espèce. Encore une fois, aucune étude ne quantifie les apports alimentaires. Il est possible de réaliser une estimation grossière de ces apports à partir d’une ration théorique calculée pour couvrir les besoins énergétiques d’un individu. Pour un individu juvénile mâle de 100g, la ration minimale conseillée par les auteurs du BSAVA Manual of Reptile (9) est de 2,5g par jour d’un mélange composé à 80% de criquets (soit 2g) et à 20% de végétaux (soit 0,5g). Si l’on estime la quantité d’eau contenue dans les criquets à environ 30% (85) et celle des végétaux à 85% (exemple du pissenlit (86)), l’eau apportée par une telle ration représente environ 1ml soit 1% de la masse de l’animal. L’estimation de la quantité d’eau métabolique produite quotidiennement n’est pas précisée spécifiquement pour Pogona vitticeps dans la littérature. L’absorption d’eau par voie cutanée ne semble pas avoir été étudiée chez cette espèce, et l’hydratation par voie cloacale reste un débat, auquel la dernière partie de notre travail apporte des éléments de réponse.

71 Les différentes causes de pertes hydriques ont également peu été étudiées chez Pogona vitticeps. Bien qu’appartenant au même genre, le débit de filtration glomérulaire estimé chez Pogona minor à 18,23 ± 3,57 ml/kg/h après une semaine de complémentation hydrique par voie intrapéritonéale n’est pas généralisable à l’espèce Pogona vitticeps qui vit dans un environnement plus aride. Une réponse rénale à la déshydratation est observée chez Pogona minor avec une composante glomérulaire et une composante tubulaire aboutissant à une diminution de la production d’urine (45). Il est probable qu’il en soit de même pour Pogona vitticeps pour qui le maintien de l’homéostasie hydrique est compliqué par l’aridité. Pogona vitticeps ne possédant pas de vessie, l’urine est stockée au niveau de l’urodeum, où la muqueuse permet une modification post-rénale de l’urine et une réabsorption d’eau (25). Les pertes d’eau digestives, cloacales et respiratoires n’ont pas été étudiées chez cette espèce. Bien que le taux métabolique ait été évalué, les études chez plusieurs espèces de sauriens tendent à montrer que ce taux n’est pas directement lié aux pertes d’eau respiratoires comme elles peuvent l’être chez les mammifères, ce qui empêche d’extrapoler une valeur d’évaporation respiratoire (4). Les pertes d’eau par évaporation cutanée n’ont pas non plus été estimées à notre connaissance chez Pogona vitticeps. Les seules données pouvant permettre d’établir un ordre de grandeur de ces pertes sont celles provenant de l’agame désertique australien Amphibolorus ornatus chez qui ces pertes représentent 3,1 à 3,6% de la masse de l’animal par jour (47). Pogona vitticeps ne possède pas de glande à sels. Les connaissances restant limitées chez cette espèce il n’existe pas actuellement de consensus pour la réhydratation des Pogona vitticeps déshydratés. Les plans de fluidothérapie sont généralement adaptés de protocoles proposés pour les reptiles de manière générale ou dans le meilleur des cas pour les sauriens (cf. infra). L’intérêt de l’usage des bains chez cette espèce fait l’objet de la dernière partie de ce travail. Le bain est recommandé de manière consensuelle et empirique par les possesseurs de cette espèce pour de multiples indications qui sont par ailleurs relayées dans la littérature terrariophile (87) et en partie retrouvées dans la littérature vétérinaire traitant de la médecine des reptiles. Les indications du bain décrites pour les lézards par les ouvrages médicaux sont multiples et le plus souvent applicables à l’Agame barbu. Ainsi la constipation, la dysecdysis et la nécessité de recueillir des selles pour réalisation d’un examen coproscopique représentent les indications les plus fréquentes de son utilisation chez le Pogona vitticeps (21,24,25,71,79). Un article traitant de la maintenance en captivité de cette espèce propose empiriquement la réalisation de bains tous les 7 à 14 jours durant la période de brumation, pour maintenir l’hydratation des animaux (76). La question de l’efficacité et de l’intérêt de l’utilisation du bain pour l’hydratation de Pogona vitticeps est traitée dans la suite de ce travail.

72 PARTIE EXPERIMENTALE : Evaluation de l’intérêt du bain pour l’hydratation de Pogona vitticeps

Le bain est une pratique commune dans le domaine de la terrariophilie, notamment parmi les propriétaires de Pogona vitticeps. Utilisé en routine par les particuliers et certains éleveurs à une fréquence variable, il est souvent recommandé sur les forums spécialisés ou par les éleveurs (88,89). Les principales indications pour lesquelles le bain est généralement conseillé sont le maintien d’un état d’hydratation optimal (bain hebdomadaire généralement), le traitement d’une dysecdysis, le traitement d’une constipation modérée ou la correction d’une déshydratation chez un animal convalescent ou après la ponte par exemple. Concernant l’usage du bain chez le Pogona vitticeps en bonne santé, les recommandations divergent. En effet, si certains ouvrages recommandent des bains occasionnels afin de favoriser la prise de boisson des animaux et de manière générale pour prévenir la déshydratation (76,77), d’autres auteurs préfèrent conseiller la mise à disposition d’un bac d’eau permettant une baignade spontanée des animaux dans le terrarium (9). Un autre courant de la terrariophilie propose la mise à disposition uniquement d’un petit bol d’eau ou encore de disposer une gamelle d’eau dans le terrarium uniquement durant quelques heures plusieurs fois par semaine pour des questions d’hygiène (afin d’éviter que l’animal ne s’abreuve et défèque dans le même récipient) (29,83). Ces derniers s’appuient sur le postulat que le respect des conditions environnementales requises par l’espèce et l’apport d’une alimentation adaptée suffisent à maintenir un niveau d’hydratation optimal des animaux. La pratique du bain par les vétérinaires est très répandue chez cette espèce et chez les sauriens de manière générale. En effet, de nombreux vétérinaires recommandent aux propriétaires de Pogona de leur donner un bain hebdomadaire dans le but de maintenir un niveau d’hydratation optimal de l’animal et de limiter les risques d’apparition d’une insuffisance rénale avec l’âge. De plus, en pratique, les bains quotidiens sont utilisés quasi systématiquement en hospitalisation pour les animaux convalescents afin de maintenir leur hydratation dans la mesure ou leur état clinique le permet (état de vigilance suffisant pour limiter le risque de noyade)(24,90,91). Pourtant peu d’études ont évalué l’intérêt et l’efficacité du bain pour l’hydratation des reptiles. L’utilisation du bain pour réhydrater un individu déshydraté est souvent préconisée dans les ouvrages mais les données bibliographiques traitant de l’intérêt et de l’efficacité de ce bain pour une espèce donnée sont très limitées. Les recommandations sont ainsi souvent adaptées de la littérature de médecine générale des reptiles (9). Dans la plupart des études visant à évaluer une méthode d’hydratation, les paramètres étudiés sont la masse corporelle et l’osmolarité plasmatique. Dans une étude visant à comparer l’intérêt de ces 2 paramètres pour l’évaluation de la déshydratation chez l’Iguane du désert (Dipsosaurus dorsalis), les modifications d’osmolalité plasmatique n’étaient mises en évidence qu’à partir d’une déshydratation correspondant à une baisse de 20% de la masse

73 initiale (64). La masse corporelle semble donc être un paramètre plus sensible que l’osmolalité plasmatique pour la détection d’une déshydratation faible à modérée.

Les rares résultats disponibles évaluant précisément l’effet hydratant du bain chez les reptiles présentent des conclusions très variables d’une espèce à l’autre. Ainsi, dans un bain d’eau douce, le Caïman à lunette (Caiman sclerops) gagnait en moyenne 3.5ml/kg/h et il semblerait que 30% de cette eau soit absorbée par voie orale (92). Les autres études disponibles ne testaient pas l’effet global du bain mais cherchaient à identifier la voie d’hydratation (orale ou cloacale) par des dispositifs permettant un accès à l’eau d’une partie du corps seulement. Chez les tortues, plusieurs auteurs proposent des résultats en faveur d’une hydratation par voie cloacale, en particulier chez la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) et chez la Tortue à long cou australienne (Chelodina longicollis). Cependant, des tests réalisés chez des Tortues de Floride (Trachemys scripta) déshydratées ne permettaient pas de conclure à une absorption d’eau par voie cloacale (43).

Concernant l’espèce qui nous intéresse dans ce travail, une étude visant à évaluer les modifications hématologiques et biochimiques après l’administration de furosémide (reproduisant artificiellement une déshydratation) chez le Pogona vitticeps révélait une diminution significative de la masse des animaux étudiés douze heures après l’administration du diurétique et une augmentation significative de la masse des animaux après un bain d’eau tiède (2,9 ± 1,8% et 5,6 ± 2,5% de la masse lors d’un bain chez les animaux ayant préalablement reçu du furosémide aux doses respectives de 5 et 10mg/kg par voie sous- cutanée). Cette étude, dont le protocole s’apparente à celui proposé ci-après par l’utilisation de la masse des animaux comme indicateur d’hydratation, confirme la pertinence de l’utilisation ce paramètre comme marqueur de variations d’hydratation sur une courte durée de temps. Dans cette même étude, les animaux chez lesquels une prise de masse était observée lors du bain ayant été observés en train de boire, les auteurs concluaient à un lien très probable entre prise de masse et prise de boisson sans pour autant avoir mis en œuvre des procédures permettant d’écarter avec certitude une autre voie d’hydratation. (12). Ce travail réalisé sur un nombre restreint d’animaux n’avait pas pour vocation première d’analyser l’intérêt du bain mais fournit des éléments en faveur de l’intérêt de la méthode pour l’ hydratation des animaux.

a. Objectifs de l’étude

Le bain est une pratique courante chez les reptiles toutefois peu de preuves tangibles existent à ce jour quant à l’intérêt de cette procédure pour la réhydratation de ces animaux. L’objectif principal du travail présenté ici est donc de déterminer si la réalisation d’un bain chez une espèce de reptile, le Pogona vitticeps, permet une hydratation significative estimée par une augmentation de la masse. Le choix de cette espèce s’explique par le fait qu’il s’agit d’une espèce très courante en captivité donc facilement accessible. Par ailleurs la facilité de manipulation de cette espèce et sa taille raisonnable représentent des atouts pour la réalisation d’un protocole expérimental.

74 Pour limiter les biais et permettre le recrutement d’un nombre suffisant d’individus, indispensable pour une interprétation statistique fiable des résultats, cette étude n’a été réalisée que sur des individus de l’espèces Pogona vitticeps et, pour cette première approche, sur des individus tout venant (non sélectionnés sur la base d’un état de déshydratation cliniquement confirmé). La conséquence pratique de cette étude pour le vétérinaire NAC ou le propriétaire de Pogona vitticeps est de savoir si la réalisation de bains est pertinente pour maintenir une bonne hydratation chez cette espèce. Elle constitue une base indispensable à de futures études visant à évaluer l’intérêt du bain pour la réhydratation des reptiles déshydratés. En parallèle de cet axe directeur de recherche, d’autres éléments sont étudiés. Dans le cas où une hydratation significative serait notée au cours de l’étude, on s’interroge sur le mécanisme impliqué. Deux principales hypothèses sont avancées concernant les voies d’hydratation possibles dans le bain, la voie orale par prise de boisson et la voie cloacale par absorption au niveau des muqueuses. De plus, l’impact de la durée du bain sur une potentielle hydratation des animaux est étudié, afin d’établir des recommandations pratiques concernant la réalisation du bain, si son intérêt était prouvé. Dans la même optique, on se questionne sur l’influence de l’âge des individus sur le potentiel effet hydratant d’un bain. Cette analyse a pour objectif de tenter de cibler les classes d’âge pour lesquelles le bain présente un intérêt particulier. Enfin, une analyse est réalisée pour évaluer l’effet du bain en fonction de l’état d’hydratation préalable supposé des animaux. Cette analyse cherche à identifier si la réalisation du bain peut s’avérer intéressante à la fois chez des individus normalement hydratés et chez des individus modérément déshydratés ou si cette pratique n’est à réserver qu’à l’une ou l’autre de ces situations.

b. Matériel et méthode

i. Design expérimental et chronologie

1. Population étudiée

Les animaux étudiés sont 80 Pogona vitticeps faisant partie du cheptel d’élevage (environ 110 individus sans compter les naissances de l’année) de Monsieur Maxime Verheyde (MaxPogo®) domicilié dans le Pas-de-Calais (62). Un consentement éclairé a été signé avant toute expérimentation par le propriétaire après explication du protocole et des risques encourus par les animaux. Ce document est fourni en annexe (Annexe 2). Le même groupe d’animaux est utilisé pour la réalisation des mesures en conditions expérimentales et pour la réalisation des mesures témoins. Les mesures témoins sont

75 réalisées durant la période expérimentale, au moment des séances de bains, mais avant la réalisation de ceux-ci. Les individus inclus dans l’étude présentent une importante diversité génétique. Ils proviennent d’éleveurs variés en France, en Autriche, en Allemagne, en Belgique, en Suisse et aux Etats-Unis entre autres. Ils appartiennent de plus à des lignées très variées, porteuses de mutations génétiques à l’origine de diverses variations de coloration, d’aspect des écailles... Cette diversité génétique assure la représentativité de l’échantillon par rapport à la population de Pogona vitticeps maintenue en captivité. La population étudiée est constituée de 23 mâles et de 57 femelles. Il n’y avait pas d’antécédent pathologique connu récemment sur le cheptel et la population étudiée était considérée en bonne santé par l’éleveur en début d’étude. Les animaux sont maintenus en terrarium en bois OSB (Oriented Strand Board, type de bois composite) ou mélaminé de 120x60x60cm pour les trios de femelles et de 80x50x50cm pour les mâles. Les températures de maintenance sont de 40 à 45°c au point chaud, de 28 à 30°c au point froid et d’environ 20°c la nuit. La température est obtenue avec des lampes HQI (90% des terrariums) et des lampes à vapeur de mercure Solar Raptor® (10% des terrariums). L’éclairage et les UVB sont fournis par ces mêmes lampes. L’émission d’UVB est testée régulièrement à l’aide d’un UV- mètre et les lampes sont changées au besoin. Les animaux sont nourris avec des végétaux frais trois fois par semaine et des insectes deux fois par semaine pour les adultes à partir 1,5 ans environ (quotidiennement pour les jeunes et subadultes). Les végétaux proposés sont principalement des mélanges de salades, de l’endive Figure 13 : Pogona femelles dans un terrarium de l'élevage et du pissenlit. Les insectes (en haut) et Pogona de l'élevage en train de manger après la proposés sont principalement des distribution de légumes (en bas) (Image personnelle) grillons et des blattes.

76 Il n’y a pas d’autre source d’eau que les aliments à disposition et des bains sont réalisés ponctuellement pour les animaux affaiblis (détection de signes de déshydratation par l’éleveur : persistance du pli de peau, enophtalmie, « tempes creusées ») et systématiquement pour les femelles après les pontes. En parallèle de ces constantes de maintenance des animaux, il est important de noter que pour des raisons indépendantes du protocole expérimental, les animaux ont reçu une quantité moindre d’aliments préalablement à la première séance de mesures. En effet les premières mesures ont eu lieu alors que les éleveurs étaient rentrés depuis quatre jours d’un déplacement de dix jours. Durant cette période les animaux, entretenus par une soigneuse ponctuelle de l’élevage, n’ont reçu qu’un repas de légumes par semaine au lieu de trois. Une déshydratation modérée est donc envisageable à la suite de cette période de prise alimentaire réduite et est à prendre en compte dans l’analyse des résultats. Il est également à noter qu’à cette période de l’année (mois d’octobre) les animaux amorcent leur diminution d’activité hivernale (diminution artificielle de la photopériode amorcée par les éleveurs début septembre).

2. Choix du marqueur étudié

Afin d’évaluer une variation d’hydratation des animaux, plusieurs méthodes sont utilisables d’après la bibliographie (cf. supra). Dans le cadre de notre étude, de nombreuses contraintes limitent le choix du marqueur de suivi de l’hydratation des animaux. Il est important de noter que les variations d’hydratation attendues sont faibles à modérées, au maximum de l’ordre de quelques pourcents de la masse de l’animal, ce qui nécessite un marqueur le plus sensible possible pour tenter de mettre en évidence une telle variation. Concernant les analyses de laboratoire, les contraintes techniques, éthiques et financières limitent leur utilisation dans le cadre de ce travail. En effet, le nombre important de mesures réalisées (deux mesures par séance pour chaque animal, à raison de quatre séances par animal durant le protocole, le tout appliqué à 80 animaux) rend financièrement et logistiquement impossible l’utilisation d’automates de mesures biochimiques pour évaluer des paramètres tels que la natrémie, l’osmolalité plasmatique ou l’urémie qui en outre présentent une faible sensibilité (cf. supra). Il en est de même pour la réalisation de mesures d’hématocrite, d’autant plus que les automates actuels ne permettent pas un comptage fiable des hématies nucléées des reptiles, ce qui implique de fastidieux comptages manuels. Par ailleurs, si la réalisation de micro-hématocrites et d’une estimation de la concentration en protéines plasmatiques par l’utilisation d’un réfractomètre semblent plus envisageable, ces techniques nécessitent tout de même la réalisation de très nombreux prélèvements sanguins durant le protocole. Il s’agit d’un acte invasif et stressant pour les

77 animaux, qui ne semble pas justifié étant donné la sensibilité modérée de ces paramètres (cf. supra). La mesure de l’impédance bioélectrique, parfois utilisée en recherche, n’est pas envisageable étant donné la nécessité de disposer d’un matériel adapté et de l’absence de preuve de sa fiabilité chez Figure 14 : Prélèvement sanguin à la veine coccygienne ventrale chez un Basilic vert (Basiliscus les reptiles. plumifrons) (Image personnelle) La variation de masse représente en revanche une méthode manifestement adaptée aux contraintes et la plus sensible pour répondre aux attentes de notre étude. Cette technique dite gravimétrique nécessite une courte durée d’expérience pour limiter les biais liés à des modifications de masse d’autre nature que des gains ou pertes d’eau (prise alimentaire, consommation de réserves graisseuses, amyotrophie etc…)(65), ce qui est le cas dans le protocole proposé ci-après. Il s’agit d’une méthode non invasive, rapide et facile à mettre en œuvre avec une précision de mesure et une reproductibilité satisfaisantes.

3. Mesures témoins

Le marqueur étudié dans ce protocole est la variation de masse des individus avant et après le bain. Pour permettre l’interprétation des mesures, il est important de vérifier que les variations observées ne sont pas uniquement liées à des variations intrinsèques au protocole de mesure. Pour montrer un effet hydratant du bain, il faut en effet montrer une variation de masse significativement différente des variations mesurées sans bain entre deux pesées espacées d’une durée égale à la durée des bains. L’objectif de ces mesures est d’établir l’ordre de grandeur des variations de masse mesurées en l’absence de bain sur l’ensemble des animaux participant à l’expérience. Les mesures ne sont pas réalisées sur un groupe d’animaux témoins indépendant, mais sur les animaux qui reçoivent des bains durant le protocole expérimental, afin d’établir avec la meilleure précision la variation de masse intrinsèque au protocole. Pour cela, des pesées témoins ont été réalisées au cours de la période d’expérimentation pour des raisons logistiques. Les animaux sont pesés à T0, T0+20min et T0+40min. Ils sont placés dans leur terrarium entre les pesées pour des raisons pratiques. Ces mesures ont été réalisées sur les animaux n’ayant pas encore été baignés le jour de la mesure et n’ayant pas été baignés la veille. L’enchaînement de mesures lors de ces séances est détaillé par la figure 15.

78

Veille des Jour des mesures mesures Individu X T0 → T0+20min → T0+40min → 20 ou 40min → Egouttage → Dernière de bain 15min Pesée

Mesures témoins

Figure 15 : Représentation schématique de la réalisation des mesures témoins lors du protocole expérimental

4. Chronologie

L’étude est réalisée sur une période de quatre semaines consécutives. Toutes les semaines, chaque animal reçoit un bain de 20 ou de 40 minutes. Au total au cours de la durée du protocole, chaque animal reçoit deux bains de vingt minutes et deux bains de quarante minutes. Lors de l’une des séances il est en plus pesé pour l’acquisition des mesures témoins (cf. supra). L’ordre de réalisation des bains pour chaque animal durant le protocole est déterminé aléatoirement. Pour cela, les six combinaisons possibles ont été listées et numérotées (Tableau III). Un nombre entre 1 et 6 est attribué aléatoirement (fonction nombre aléatoire de Microsoft Excel®) à chaque individu, ce qui permet d’associer une séquence de bains à chaque animal (Tableau IV).

Tableau III: Ensemble des combinaisons de bains possibles. Combinaison Bain 1 Bain 2 Bain 3 Bain 4 1 40 40 20 20

2 20 20 40 40 3 40 20 40 20

4 40 20 20 40 5 20 40 20 40

6 20 40 40 20

Tableau IV: Extrait du tableau d'assignation de l'enchaînement des bains aux animaux de l'échantillon. Animal nombre aléatoire Bain 1 Bain 2 Bain 3 Bain 4 1 5 20 40 20 40 2 4 40 20 20 40 3 5 20 40 20 40 4 4 40 20 20 40 5 2 20 20 40 40

79 Pour des raisons pratiques, deux séances sont organisées par semaine sur deux jours si possible consécutifs (sauf lors de la dernière session où toutes les mesures sont réalisées le même jour). Les bains sont réalisés dans le même ordre chaque semaine (ordre arbitraire de numérotation des animaux) et répartis entre ces deux séances. Les séances de mesures ont eu lieu aux dates présentées dans le tableau V.

Tableau V: Dates de réalisation des mesures durant le protocole. Session 1 Session 2 Session 3 Session 4 Séance 1 Séance 2 Séance 1 Séance 2 Séance 1 Séance 2 Séance unique 4/10/19 5/10/19 9/10/19 10/10/19 17/10/19 19/10/19 23/10/19

Les bains de chaque animal sont donc espacés de 4 à 8 jours. Aucune donnée dans la bibliographie n’indiquant une estimation de la durée supposée de l’effet hydratant du bain chez les reptiles (si cet effet existe), une durée minimale de quatre jours a été supposée suffisante pour limiter les interactions entre les bains successifs. Par ailleurs, l’ordre aléatoire de réalisation des bains de durées différentes permet de limiter l’influence de ce possible biais sur les résultats obtenus.

5. Matériel utilisé

La réalisation des séances de mesures a nécessité le matériel suivant : - Un cahier de laboratoire du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (numéro Z042912) pour consigner les modifications de protocole et les résultats au fur et à mesure, - Des caisses en plastique transparent pour la réalisation des bains et l’égouttage. Plusieurs modèles sont utilisés : o 10 caisses de dimension 56x39x28cm, o 10 caisses de dimension 40x27x15.5cm avec couvercle, o 12 caisses de dimension 28x19x14cm avec couvercle, - Des tapis et câbles chauffants pour stabiliser la température de l’eau des bains : o Un tapis chauffant 60W o Un câble chauffant 80W - Des thermostats o Un thermostat Habistat Dimming ® o Un thermostat Hydror® - Un thermomètre digital Zoomed® avec sonde de température déportée pour le contrôle de la température de l’eau des bains, - Une balance de précision 0,01g, pesée jusqu’à 500g (marque Brifit®). Un couvercle de caisse en plastique est utilisé comme plateau de pesée. - Du papier absorbant de grande surface, de la même marque durant tout le protocole pour éviter les variations de capacité absorbante,

80 - Le chronomètre d’un smartphone pour la surveillance de la durée des bains. Le même matériel est utilisé durant toute la durée du protocole et est laissé en place entre chaque séance.

Figure 16 : Station de pesée utilisée pour l'étude avec balance et plateau de pesée.

Les analyses statistiques des données consignées dans un fichier Microsoft Excel® sont réalisées à l’aide du logiciel R dans RStudio®. Dans toute cette étude, on considère qu’une p- value inférieure à 0,05 permet de rejeter l’hypothèse nulle et donc que la différence étudiée est significative.

ii. Protocole expérimental

Le protocole décrit dans ce travail a été validé par le comité d’éthique de VetAgro-Sup. L’avis favorable du comité est présenté en annexe (Annexe 1). Lors de chacune des quatre séances de mesure du protocole, un unique opérateur réalise l’ensemble des pesées. Les animaux sont apportés au stand de pesée par l’éleveur. Chaque animal est dans un premier temps examiné visuellement à la recherche d’anomalies ou de signes de déshydratation. Les signes recherchés sont une persistance du pli de peau et une diminution de l’élasticité cutanée, une enophtalmie, et lorsqu’un de ces signes est observé, l’humidité des muqueuses buccales est également évaluée (29). Tout signe de déshydratation est noté sur la feuille de résultats intégrée au cahier de laboratoire. Si aucun élément ne nécessite un retrait du protocole pour raison éthique (abattement marqué, plaie…), l’animal est pesé individuellement sur la balance. Lors de chaque séance de mesures, le plateau est placé sur la balance et celle-ci est tarée dès qu’une absence de retour au zéro est observée durant les mesures. La masse prise en compte est celle affichée après immobilisation de l’animal et stabilisation de l’affichage.

81 L’animal est ensuite placé dans un bac de bain individuel ou accueillant deux individus visuellement reconnaissables. Les animaux sont baignés par séries de vingt individus, chaque séance étant le résultat de plusieurs séries successives de bains (en lien avec le nombre limité de bacs thermostatés). Chaque série dure 40 minutes. Les animaux devant être baignés 20 minutes sont sortis du bain et mis à égoutter à la moitié de la séance. L’eau de chaque bac est changée et la température contrôlée entre chaque série. Les bains sont réalisés dans des caisses en plastique transparent munies d’un couvercle, ce qui permet la surveillance des animaux durant les bains tout en évitant les évasions. Ces caisses sont remplies sur environ 3-4cm de hauteur d’eau de conduite entre 34 et 36°C. Les caisses sont positionnées sur des tapis chauffants ou des câbles chauffants reliés à des thermostats dont les sondes de température sont placées dans l’eau d’un des bacs chauffés par le dispositif correspondant. L’objectif de ce dispositif est de maintenir l’eau à une température aussi stable que possible indépendamment des variations de température ambiante (entre 15 et 20°c dans la pièce où sont réalisées les mesures). Les thermostats sont réglés sur une valeur consigne à 31°C pour essayer de maintenir l’eau entre 29 et 31°C qui correspond à la température au point froid du terrarium en journée. Durant le bain, un observateur surveille les animaux pour limiter le risque de noyade. Il note sur la feuille de résultats toute prise de boisson et toute émission de fèces ou d’urines (urates). Une fois la durée du bain atteinte pour chaque animal, chaque individu est sorti de son bac de bain. Il est placé seul ou avec un congénère dans une boîte tapissée de papier absorbant (une feuille dans les boites individuelles, deux feuilles dans les boîtes collectives). Il est ainsi laissé à « égoutter » durant quinze minutes. Cette durée est choisie arbitrairement en l’absence de données bibliographiques concernant la durée minimale nécessaire à la stabilisation de la masse des animaux. Une durée plus importante est testée au cours du protocole afin d’évaluer ce choix. Les postes d’égouttage sont placés à proximité du poste de pesée afin de permettre durant cette phase une surveillance de l’émission de selles ou d’urates, qui seront notifiées sur la feuille de résultats. A la fin de la phase d’égouttage, chaque animal est de nouveau pesé. Il est ensuite replacé dans son terrarium de vie. Les principales étapes de ce protocole sont illustrées par le schéma de la figure 17 et les photographies de la figure 18.

82

Capture Bain 20 Retour Examen Egouttage dans le Pesée ou 40 Pesée en visuel 15 min terrarium min terrarium

Figure 17 : Schéma illustrant le déroulement d'une session de mesures pour un individu

a b

c Figure 18 : Illustration de la réalisation des mesures

c - Image a : pesée avant le bain après évaluation clinique de l’animal

- Image b : bains de 20 ou 40 minutes c

- Image c : égouttage de 15 minutes sur papier absorbant c

83 c. Résultats i. Résultats des étapes de validation

L’objectif de cette partie est de valider la méthode d’obtention des données par le protocole proposé et de déterminer les fluctuations et biais potentiels liés au protocole.

1. Variation de la masse entre les pesées

L’objectif de cette analyse est de déterminer si le protocole de mesures utilisé permet la reproductibilité des mesures ainsi que d’estimer la variation de masse des animaux liée à la technique de mesure. On cherche à déterminer si les animaux présentent une variation de masse significative entre deux pesées entre lesquelles ils ne sont pas baignés. Cela permet de vérifier que les données obtenues sont interprétables et non liées à une variabilité intrinsèque au processus de pesée. Comme expliqué précédemment, les animaux sont placés dans leur terrarium de vie entre les pesées (à T0, T0+20min et T0+40min) pour des raisons pratiques (cf. supra). Les terrariums pouvant contenir des restes d’alimentation (mais pas de gamelle d’eau), les animaux sont observés régulièrement pour surveiller toute prise alimentaire et émission de selles. Pour cette analyse, les valeurs obtenues pour les animaux numéro 15 et 75 ne sont pas analysées car ils ont respectivement été observés en train de manger et d’émettre des selles dans leur terrarium entre deux pesées (critères d’exclusion). Les analyses des résultats et leurs interprétations sont présentées dans le tableau VI. L’analyse des pesées témoins ne montre pas de différence significative de masse des animaux dans deux des trois séries comparées. Entre la pesée à T0 et celle à T0+40min, et entre celle à T0+20min et celle à T0+40min, on ne peut pas conclure à une différence significative de masse. Une différence significative est constatée entre les pesées à T0 et à T0+20min. La médiane de cette différence est de -0,075g. Remarques : - Le test de Shapiro-Wilk considère que la répartition n’est pas normale si p-value<0,05. - H0 est ici l’hypothèse selon laquelle il n’y a pas de différence significative entre les deux pesées comparées.

84 Tableau VI : Analyse statistique de la variation de masse des animaux durant les mesures témoins.

Variation Entre T0 et T0+20min Entre T0+20min et T0+40min Entre T0 et T0+40min de masse

Distribution de la différence

entre les masses des deux pesées en grammes (boxplot)

Médiane = -0,075 ; Ecart type 0,676 Médiane = -0,08 ; Ecart type 0,725 Médiane = -0,02 ; Ecart type 0,540

Distribution Médiane = -0.075 ; Ecart type 0.676 Médiane = -0.08 ; Ecart type 0.725 Médiane = -0.02 ; Ecart type 0.540 de la différence Médiane = -0,075 ; Ecart type 0,676 entre les Médiane = -0,08 ; Ecart type 0,725 Médiane = -0,02 ; Ecart type 0,540 masses des deux Médiane = -0.075 ; Ecart type 0.676 pesées en Médiane = -0.08 ; Ecart type 0.725 Médiane = -0.02 ; Ecart type 0.540 grammes (Q-Q plot)

Choix du Distribution non normale Distribution non normale Distribution non normale test (Shapiro-Wilk : p =4,089x10-11) (Shapiro-Wilk : p= 1,341x10-07) (Shapiro-Wilk p=6,485x10-10) statistique → Wilcoxon des rangs signés → Wilcoxon des rangs signés → Wilcoxon des rangs signés Résultat du p-value = 0,003437 (<0,05) p-value = 0,9777 (>0,05) p-value = 0,3415 (>0,05) test H0 rejetée avec 95% de H0 n’est pas rejetée. H0 n’est pas rejetée. statistique certitude. Il y a une différence significative (médiane : -0,075g) entre les masses à T0+20min et On ne peut pas conclure à une On ne peut pas conclure à une Analyse T0. La masse initiale médiane différence significative de différence significative de est animaux est de 294,74g. La masse entre les deux séries. masse entre les deux séries. différence médiane représente donc une diminution de 0,025%.

85 2. Variation de la masse en fonction du temps d’égouttage après un bain

L’objectif est de déterminer si la masse des animaux se stabilise après 15 minutes d’égouttage. Si c’est le cas, une différence significative de masse engendrée par un bain, après 15 minutes d’égouttage, peut être interprétée comme un gain d’hydratation durable pour l’animal. Dans le cas contraire, le gain de masse peut n’être lié qu’à la présence d’eau sur la surface cutanée des animaux ou à un stockage temporaire (cloacal par exemple). Lors de la dernière séance de bains, les animaux sont pesés après 15 minutes d’égouttage sur du papier absorbant, comme lors de toutes les séances de mesures, puis sont de nouveau placés dans leur boîte d’égouttage (contenant le même papier absorbant). Ils sont de nouveau pesés 20 minutes après la première mesure (soit après 35 minutes d’égouttage au total). L’individu numéro 5 est écarté de cette analyse car il a émis des selles durant les 20 minutes supplémentaires d’égouttage.

• Etude de la distribution de la différence entre les deux séries (boxplot et Q-Q Plot)

Figure 19 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de masse en • Choix, réalisation et interprétation du test statistique grammes entre 2 durées d'égouttage) - Boxplot et Normal Q-Q Plot

86 La distribution des valeurs ne semble pas suivre une loi normale. Le test de Shapiro- Wilk confirme cette hypothèse (p-value = 3,886e-08<0,05). On réalise donc un test de Wilcoxon des rangs signés. La p-value obtenue (p-value= 5,702e-13 <0,05) permet de conclure à une différence significative de masse entre les pesées à 15 et 35 minutes d’égouttage. La médiane de la différence observée est de -0,535g et la masse médiane des animaux après 15 minutes d’égouttage est de 312,67g. La différence correspond donc à une diminution de 0,17% de la masse médiane des animaux.

3. Etude de la différence de masse avant le bain entre le début et la fin de l’étude

Lors de la saisie des données obtenues au cours des séances d’expérimentation, l’impression subjective d’une augmentation de masse des animaux au fil des semaines invite à réaliser une vérification statistique de cette hypothèse. L’objectif de cette analyse préliminaire est d’étudier la variation de masse avant le bain entre le bain 1 et le bain 4, c’est- à-dire entre le début et la fin de l’étude. La mise en évidence d’une variation significative de masse des animaux au cours de l’étude nécessite de prendre des précautions lors des analyses statistiques afin d’éviter que cette variation ne soit un biais à l’interprétation des résultats.

• Distribution de la différence de masse avant le bain entre le début et la fin du protocole (boxplot et Q-Q Plot) Graphiquement, la masse des animaux lors de la pesée préalablement aux bains 1 et 4 semble présenter une différence non négligeable.

Différence de masse initiale entre les bains 1 et 4 (en grammes)

Figure 20 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de masse initiale en grammes entre le bain 1 et le bain 4) - Boxplot et Normal Q-Q Plot

87 • Choix, réalisation et interprétation du test statistique La distribution semble graphiquement pouvoir être approchée par une loi normale. De plus, le test de Shapiro-Wilk n’exclut pas l’hypothèse nulle (p-value = 0,9087>0,05). On réalise donc un test de Student de comparaison de la moyenne sur séries appariées.

La p-value obtenue ( p-value= 3,707e-13 <0,05) permet de conclure à une différence significative de masse des animaux entre les deux séries. La médiane de la prise de masse des animaux entre le début et la fin de l’étude est de +18,76g. La masse médiane des animaux au début de l’étude est de 285,70g et elle est de 310,12g lors du bain 4. La prise de masse représente donc un gain de 6,57% de masse en 4 semaines.

ii. Résultats des examens cliniques

Comme expliqué précédemment, tous les animaux sont soumis à un examen visuel individuel au début de chaque série de mesure. Lors de la première série de mesures, deux animaux présentaient des signes cliniques de déshydratation (pli de peau persistant, enophtalmie, fils de salive persistants dans la cavité buccale). Ce n’était pas le cas lors des sessions suivantes. En outre, l’éleveur rapporte une apparente augmentation de l’activité des animaux et une amélioration leur état général, mais sans critères objectifs. Par ailleurs durant la période d’expérimentation, un animal est sorti de l’étude pour cause de décès. L’individu, âgé d’environ deux ans, a été retrouvé mort dans son terrarium le lendemain d’une séance de mesures durant laquelle il a été observé en train de boire en grande quantité durant le bain. Un examen nécropsique n’a pas pu être réalisé. Dans l’hypothèse où ce décès serait lié au bain, cela permet d’estimer un taux de mortalité associé à cette pratique d’environ 0,3% (1 décès sur 318 bains).

iii. Résultats de l’évaluation des variations de masse au cours des bains

Pour cette analyse, les valeurs correspondant à des animaux ayant émis des selles durant un des bains sont exclues de l’étude, car la variation de masse mesurée est alors liée à la fois à l’émission de fèces et à l’éventuelle hydratation. Elle n’est donc pas interprétable. L’objectif de cette analyse est de comparer la différence de masse liée à un bain à la différence de masse des mêmes animaux entre deux pesées sans baignade (témoin). Cette étude est réalisée séparément pour des bains de 20 minutes et pour des bains de 40 minutes.

88 1. Variation de masse pour les bains de 20 et 40 minutes par rapport aux pesées témoins

Pour cette étude on calcule tout d’abord la différence de masse moyenne de chaque individu lors de ses deux bains de 20 minutes. Pour chaque animal on soustrait la masse mesurée avant le bain à celle mesurée après le bain pour chacun des bains de 20 minutes, et on réalise la moyenne de ces deux différences. On soustrait ensuite à cette moyenne la différence moyenne de masse mesurée pour cet animal lors des pesées témoins espacées de 20 minutes. Afin d’augmenter le nombre de valeurs témoins estimant la variation de masse sur 20 minutes liée au protocole, on utilise à la fois les pesées témoins à T0 et T0+20min et celles à T0+20min et T0+40min. Ainsi, on calcule cette différence de masse moyenne témoin à partir des pesées témoins à T0, T0+20min et T0+40min. On obtient donc deux variations témoins de masse sur 20 minutes pour chaque animal ([T0+20min – T0] et [T0+40min – T0+20min]). On réalise la moyenne de ces deux valeurs. De la même manière, on compare les résultats obtenus avec les bains de 40 minutes aux pesées témoins espacées de 40 minutes. Pour les bains de 40 minutes, la différence de masse témoin est calculée uniquement à partir des pesées à T0 et à T0+40min. Par ailleurs, du fait de la variation importante de la masse de certains individus au cours de la période de réalisation de l’étude, toutes les variations (témoins et lors des bains) sont rapportées à la masse avant le bain. Les résultats présentés sont donc des variations de masses relatives moyennes. Ces analyses sont réalisées uniquement avec les données provenant d’animaux n’ayant pas émis de selles durant leurs deux bains pour chaque durée étudiée. Ainsi, les animaux ayant émis des selles lors d’un des deux bains de 20 minutes ne sont pas intégrés dans l’analyse des données pour les bains de 20 minutes mais peuvent être intégrés dans l’analyse des données pour les bains de 40 minutes s’ils n’ont pas émis de selles durant leurs deux bains de 40 minutes, et inversement. Cette restriction de l’échantillon permet de travailler uniquement sur des moyennes de différences de masses, obtenues en plusieurs séances de mesures, ce qui limite l’impact de potentielles valeurs non représentatives. Ces valeurs pourraient être liées à un évènement ponctuel touchant un individu (déshydratation ponctuelle, affection non détectée par exemple). Les analyses, résultats et interprétations de ces données sont présentées dans le tableau VII.

89 Tableau VII : Analyse statistique de la variation de masse des animaux durant les bains de 20 et 40 minutes Durée du bain étudié 20 minutes 40 minutes

Distribution de la différence entre les séries : [Variation moyenne de masse relative avec baignade] – [Variation moyenne de masse relative témoin] (boxplot)

Distribution de la différence entre les séries : [Variation moyenne de masse relative avec baignade] – [Variation moyenne de masse relative témoins] (Q-Q Plot)

Répartition non normale. Répartition non normale. Choix du test (Shapiro-Wilk p-value= 4,564x10-11<0,05) (Shapiro-Wilk p-value= 4,416x10-8 <0,05) statistique → test de Wilcoxon des rangs signés → test de Wilcoxon des rangs signés p-value= 1,038x10-08 <0,05 p- value= 2,972x10-09 <0,05 Résultat du test L’hypothèse nulle est rejetée avec une L’hypothèse nulle est rejetée avec une statistique certitude de 95%. certitude de 95%. Il y a une différence significative de Il y a une différence significative de variation variation de masse entre un bain de 20 de masse entre un bain de 40 minutes et deux minutes et deux pesées espacées de 20 pesées espacées de 40 minutes. minutes. Le bain de 20 minutes entraine une Le bain de 40 minutes entraine une augmentation significative de la masse des augmentation significative de la masse des Interprétation animaux pesés après 15 minutes animaux pesés après 15 minutes d’égouttage. d’égouttage. Par ailleurs la médiane de cette différence Par ailleurs la médiane de cette différence est est de +0,69%. La masse médiane avant le de +0,68%. La masse médiane avant le bain bain de 20 minutes est de 297g de 40 minutes est de 305,29g → La médiane de la différence est de → La médiane de la différence est de +2,08g. +2,05g.

90 2. Comparaison de la variation de masse obtenue avec des bains de 20 et de 40 minutes

L’objectif est de déterminer s’il y a une différence significative de la variation de masse liée au bain entre un bain de 20 minutes et un bain de 40 minutes. Les analyses pour comparer l’effet des bains de 20 et 40 minutes sont initialement réalisées uniquement avec les animaux n’ayant pas émis de selles durant leurs quatre bains. On ne travaille ainsi que sur des moyennes de différences de masses obtenues en plusieurs séances d’expérimentation, ce qui limite les erreurs liées à l’influence de la date de mesure (déshydratation ponctuelle par exemple, influence de l’ordre de réalisation des bains). Dans cette analyse on calcule la variation relative moyenne de masse obtenue pour les bains de 20 minutes à laquelle on soustrait la variation témoin correspondante. On réalise le même calcul pour les bains de 40 minutes. On compare ensuite la différence obtenue pour les bains de 20 minutes et celle obtenue pour les bains de 40 minutes. Comme précédemment, les variations de masse sont rapportées à la masse avant le bain. On travaille donc sur des variations relatives de masse ce qui permet de s’affranchir de la variation de la masse des individus au cours du mois d’étude.

• Distribution de la différence entre les deux séries (boxplot et Q-Q Plot)

Différence de variation relative de masses entre les 2 durées de bains

Figure 21 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de variation relative de masse par rapport à la variation relative témoin entre un bain de 20 minutes et un bain de 40 minutes) - Boxplot et Normal Q-Q Plot

91 • Choix, réalisation et interprétation du test statistique La distribution ne semble pas suivre une loi normale. Le test de Shapiro-Wilk rejette l’hypothèse nulle (p-value= 5,818x10-5 <0,05) ce qui est en faveur d’une répartition non normale. On choisit un test de Wilcoxon des rangs signés. La p-value obtenue (p-value= 0,6368 >0,05) ne permet pas de conclure à une différence significative de la variation de masse, par rapport à la variation témoin, entre les bains de 20 et 40 minutes. Pour augmenter la puissance du test, on augmente le nombre de données en prenant en compte également les animaux pour lesquels certaines valeurs sont indisponibles du fait de l’émission de selles (prise en compte des bains sans émission de selles pour ces animaux). Ainsi, si un animal a par exemple émis une selle durant un bain de 20 minutes, on compare la différence relative de masse du bain de 20 minutes durant lequel il n’a pas émis de selle et la moyenne des différences relatives de masse pour les bains de 40 minutes. On augmente cependant le risque de prendre en compte des variations liées à des évènements individuels ponctuels. Ces nouvelles séries de données sont appelées « séries étendues ».

• Distribution de la différence entre les deux séries étendues (boxplot et Q-Q Plot) Différence de variation relative de masse par

rapport à la variation

relative témoin entre les

2 durées de bain

Figure 10 : Représentations graphiques de la répartition des données de l’échantillon étendu (différence de variation relative de masse par rapport à la variation Figure 22 : Représentations graphiques de la répartition des relative témoin entre un données de l’échantillon étendu (différence de variation relative de

bain de 20 minutes et un masse par rapport à la variation relative témoin entre un bain de

bain de 40 minutes) - 20 minutes et un bain de 40 minutes) - Boxplot et Normal Q-Q Plot

Boxplot et Normal Q-Q • PlotChoix,Différe réalisationnce de et interprétation du test statistique sur les séries étendues variation relative de masse Lapar distribution rapport à la ne semble pas suivre une loi normale. Le test de Shapiro-Wilk rejette l’hypothèsevariation relative nulle (ptémoin-value = 1,03x10-11<0,05) ce qui est en faveur d’une distribution non normale.entre Onles 2réalise durées donc de un test de Wilcoxon des rangs signés. bain

Figure 22 : 92 Représentations graphiques de la répartition des données La p-value obtenue (p-value= 0,1 >0,05) ne permet toujours pas de conclure à une différence significative de la variation de masse relative par rapport à la variation témoin entre les bains de 20 et 40 minutes.

On ne peut donc pas conclure à un impact significatif de la durée du bain (20 ou 40 minutes) sur la prise de masse des animaux entre avant et après le bain.

3. Variation de masse au cours du bain chez les animaux n’ayant pas bu durant le bain

Afin d’évaluer l’existence d’une potentielle voie d’absorption d’eau lors du bain autre que la voie orale on s’intéresse à la variation de masse des animaux baignés, lorsqu’aucune prise de boisson n’a été observée. Le biais principal de cette analyse réside dans le fait qu’une prise de boisson de courte durée peut ne pas être remarquée lors des séances de mesures. L’analyse précédente ne permettant pas de conclure à une différence significative d’hydratation (prise de masse) en fonction de la durée du bain, les calculs ci-après ne prennent pas en compte la durée du bain. Par conséquent toutes les mesures sont traitées de la même façon sans distinction de durée du bain. Dans cette partie, les données des bains durant lesquels les animaux ont émis des selles sont écartées. Par exemple si un animal a déféqué durant un bain de 20 min et un bain de 40 minutes, seuls les bains de 20 minutes de 40 minutes sans émission de selles sont conservés pour l’analyse. Une fois exclues les mesures correspondant aux bains durant lesquelles l’individu a été observé en train de boire, on divise chaque différence de masse observée par la masse initiale de l’animal. On obtient une série de valeurs de variation relative de masse avec les bains. On compare cette série à la variation relative de masse obtenue lors des mesures témoins. On ne réalise pas une moyenne pour chaque animal mais chaque bain est intégré individuellement à la série de valeurs. Cela permet de comparer chaque bain à la variation témoin de la durée correspondante.

93 • Distribution de la différence entre les deux séries (boxplot et Q-Q Plot)

Variation de masse relative avec le bain sans prise de boisson par rapport à la variation relative témoin

Figure 23 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de variation relative de masse par rapport à la variation relative témoin chez les animaux n’ayant pas bu durant le bain) - Boxplot et Normal Q-Q Plot

• Choix, réalisation et interprétation du test statistique La répartition des valeurs de la série ne semble pas être celle d’une loi normale. Le test de Shapiro-Wilk rejette l’hypothèse nulle (p-value = 2,2e-16 <0,05) ce qui est en faveur d’une répartition non normale. On réalise donc un test de Wilcoxon des séries appariées. La p-value obtenue (p-value=2,2e-16 <0,05) permet de conclure à une différence significative de la masse des individus après le bain. La différence médiane observée est de +0,62%. La masse médiane des animaux de la série avant le bain est de 302,2g. La médiane de la différence mesurée représente donc +1,87g.

4. Variation de masse au cours du bain chez les animaux ayant bu durant le bain

Afin d’évaluer l’impact de la prise de boisson durant le bain sur l’hydratation des animaux, on s’intéresse à la variation de masse des animaux baignés, lorsqu’une prise de boisson a été observée. Le principal biais de cette analyse repose sur le fait qu’il est possible que de courtes prises de boissons n’aient pas été relevées lors des bains, et que l’analyse ne porte donc que sur les prises de boisson d’une durée suffisamment importante pour avoir été observées.

94 L’analyse présentée plus haut ne permettant pas de conclure à une différence significative d’hydratation (prise de masse) en fonction de la durée du bain, cette analyse ne prend pas en compte la durée du bain. Par conséquent toutes les mesures sont traitées de la même façon sans distinction de la durée du bain. Dans cette analyse, les données des bains durant lesquels les animaux ont émis des selles sont écartées comme dans l’analyse précédente. Seules les mesures correspondant au bain durant lesquelles l’individu a été observé en train de boire sont retenues et on divise chaque différence de masse observée par la masse initiale de l’animal. On obtient une série de valeurs de variation relative de masse avec les bains. On compare cette série à la variation relative de masse obtenue lors des mesures témoins. On ne réalise pas une moyenne pour chaque animal mais chaque bain est intégré individuellement à la série de valeurs. Cela permet de comparer chaque bain à la variation témoin de la durée correspondante.

• Distribution de la différence entre les deux séries (boxplot et Q-Q Plot)

Variation de masse relative avec le bain avec prise de boisson par rapport à la variation relative témoin

Figure 24 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de variation relative de masse par rapport à la variation relative témoin chez les animaux ayant bu durant le bain) - Boxplot et Normal Q-Q Plot

• Choix, réalisation et interprétation du test statistique La répartition des valeurs de la série est proche de celle d’une loi normale graphiquement. Cependant, le test de Shapiro-Wilk rejette l’hypothèse nulle (p-value = 0,01907 <0,05). On réalise donc un test de Wilcoxon des séries appariées. La p-value obtenue (p-value= 6,104e-05 <0,05) permet de conclure à une différence significative de la masse des individus après le bain.

95 La différence médiane observée est de +6,15%. La masse médiane des animaux (uniquement ceux qui ont bu pendant le bain) avant le bain est de 292,24g. La médiane de la différence mesurée représente donc +17,97g.

5. Variation de masse relative en fonction de la déshydratation préalable au bain

L’objectif de cette analyse est de déterminer si l’hydratation par le bain est influencée par l’état d’hydratation préalable des animaux. Pour cela on s’intéresse à la variation de masse des animaux ayant été baignés (en y soustrayant la variation témoin) en fonction de la déshydratation des animaux avant le bain. On cherche par ce biais à déterminer si des animaux déshydratés s’hydratent plus dans le bain que les animaux non déshydratés. Aucune déshydratation n’a été générée volontairement chez les animaux dans le cadre du protocole mis en œuvre et validé par le comité d’éthique de VetAgro-Sup Lyon. Cependant, comme expliqué précédemment, les Pogona ont reçu, indépendamment de notre volonté, un apport réduit en végétaux durant dix jours, jusqu’à quatre jours avant la première session de mesures. L’alimentation étant la seule source d’eau pour les animaux de l’élevage, on peut raisonnablement supposer qu’une déshydratation discrète à modérée (<8%) s’est mise en place chez ces animaux en parallèle d’une perte de masse par mobilisation des réserves lipidiques. Il est d’ailleurs intéressant de noter que deux animaux présentent un pli de peau persistant (déshydratation d’environ 8%) et que l’un des deux présente également une légère énophtalmie et des muqueuses collantes avec des fils de salive persistants (déshydratation d’environ 10%) lors de l’évaluation précédant le bain de la première session de mesures (25). Par ailleurs, on peut supposer que lors de la dernière session de mesures du protocole les animaux étaient dans un état d’hydratation optimal puisqu’ils recevaient depuis quatre semaines leur alimentation habituelle, riche en eau, et qu’ils avaient tous été baignés trois fois durant les quatre semaines précédentes, ce qui leur permettait au moins (sans présumer de l’efficacité du bain pour l’hydratation de ces animaux), d’avoir un accès ponctuel à de l’eau de boisson. De plus, l’éleveur rapporte subjectivement une augmentation de l’activité des animaux et une amélioration de l’état général global de animaux de l’échantillon (pas de caractérisation précise des modifications). Aucun signe de déshydratation n’est observé lors de l’évaluation précédant le bain durant la dernière session de mesures. Partant de ces constats, cette analyse a pour objectif d’évaluer une potentielle différence de prise de masse des animaux durant le bain 1 (déshydratation modérée supposée) et le bain 4 (état d’hydratation correct supposé). Les biais principaux de cette analyse est qu’elle se base sur une seule mesure pour chaque situation, et que les statuts d’hydratation des animaux ne sont pas précisément connus durant ces deux séances (pas de score d’hydratation précis). Les animaux ayant émis des fèces durant les bains sont exclus de cette analyse.

96 • Distribution des valeurs étudiées

Différence de prise de masse relative avec le bain 1 par rapport à celle du

bain 4 (en points de %)

Figure 25 : Représentations graphiques de la répartition des données (différence de variation relative de masse par rapport à la variation relative témoin entre le bain 1 et le bain 4) - Boxplot et Normal Q-Q Plot

Graphiquement, il semble y avoir une différence significative de prise de masse entre les deux sessions de mesure. On réalise une analyse statistique pour vérifier cette hypothèse.

• Choix, réalisation et interprétation du test statistique Graphiquement la distribution ne semble pas suivre une loi normale. Un test de Shapiro-Wilk exclut l’hypothèse nulle (p-value = 1,168e-07) ce qui est en faveur d’une répartition non normale de valeurs. On réalise donc un test de Wilcoxon des séries appariées.

La p-value obtenue (p-value= 1 ,498e-05 <0,05) permet de conclure à une différence significative de la prise de masse relative entre les deux sessions de mesures.

La prise de masse médiane lors du bain 1 est de 0,76% contre 0,58% lors du bain 4.

97 6. Variation de masse avec les bains en fonction de l’âge

Lors de la saisie des valeurs à la suite de chaque session de bain, il semblait que les individus désignés comme « âgés » par l’éleveur présentaient une prise de masse plus importante et une prise de boisson plus fréquente que les autres. Afin d’objectiver ce ressenti, les animaux ont été classés en quatre catégories explicités dans le tableau VIII.

Tableau VIII : Détail des classes d'âge utilisées pour l'étude Catégorie I II III IV Dénomination Jeunes Subadultes Adultes Seniors Classe d’âge 6-12 mois 1 - 2 ans 2 - 5 ans >5 ans Effectifs 9 17 35 19

L’objectif de cette étude est de déterminer si certaines classes d’âge s’hydratent significativement plus que d’autres durant un bain. Pour cette analyse, les animaux ayant émis des selles sont exclus. Tous les bains sont intégrés à la série de données indépendamment de leur durée. En effet les résultats précédents ne permettent pas de conclure à une influence significative de la durée du bain sur la variation de masse des animaux. Les individus sont classés par classe d’âge telles que décrites plus haut.

• Distribution des valeurs étudiées

Pour chaque animal on calcule la différence moyenne de masse obtenue lors des bains de 20 et de 40 minutes. On soustrait ensuite respectivement à ces valeurs la variation de masse moyenne des mesures témoins pour chacune des durées. On calcule finalement la moyenne de la valeur obtenue pour les bains de 20 minutes et pour les bains de 40 minutes. Dans le cas où certaines valeurs sont indisponibles du fait de l’émission de selles, la valeur calculée (moyenne de la différence de prise de masse par rapport au témoin) est réalisée à partir des informations disponibles (l’animal n’est pas exclu de l’analyse). Ce sont ces valeurs qui sont comparées par classe d’âge. Ces données sont représentées dans la figure 26.

98

Graphiquement (Figure 26), il semble y avoir une augmentation modérée de la prise de masse absolue des individus lors du bain avec l’âge. Afin de vérifier cette impression d’une prise de masse plus importante des individus âgés, on compare tout d’abord la prise de masse moyenne des animaux des classes I et IV en valeur absolue puisque c’est entre ces deux classes d’âge que la différence semble la plus importante graphiquement. On travaille ici avec les valeurs absolues puisqu’on I II III IV compare ici des variations moyennes entre individus sur toute Figure 26 : Prise de masse la durée de l’étude.

moyenne lors des bains par rapport au témoin,Figure 27par : classe d’âge (en grammes) Représentations de la masse moyenne (en grammes) des • Choix,animaux réalisatio dans lesn et interprétation du test statistique pour la variation de masse en valeurquatre absolue classes d'âge et distribution des D’aprèsvaleurs la figure dans 26, les variances de ces séries de données ne semblent pas égales. On réalise doncchaque un test classe de la somme des rangs de Mann-Whitney-Wilcoxon. d’âge (Normal La p-QQvalue-Plot) obtenue à partir des variations de masse absolue (p- value = 0, 0004171<0,05) permet de conclure à une différence significative de prise de masse lors du bainFigure des 16 individus : âgés par rapport aux juvéniles. CependantReprésentation il est simportant de noter que la masse avant le bain des individus du groupe « jeunes »de semble la masse nettement inférieure à celle des individus de la catégorie « seniors ». moyenne (en grammes) des animaux dans les quatre classes d'âge et distribution des valeurs dans chaque classe

d’âge (Normal QQ-Plot)I II III IV

99 • Evaluation de la différence de masse des deux catégories avant le bain

Afin d’affiner l’interprétation des résultats précédant, on cherche à vérifier si la différence de masse des animaux avant le bain est significative.

Classe d’âge I

Figure 17 : Prise de masse relative moyenne lors des bains par rapport au témoin,Classe par d’âge classe II d’âges et distribution des valeurs dans chaqueClasse classe d’âge d’âge II (Normal QQ Plot)Classe d’âge I Masse moyenne avant le bain en grammes bain le moyenneavant Masse Classe d’âge II Classe d’âge III Classes d’âge I Classe d’âge I I II III IV Classe d’âge II

Classes d’âge FigureClasse 18 d’âge : Prise III de Figure 27 : Représentations de Figure 28 : Prise masse relative la masse moyenne (en de masse moyenne lors des grammes) des animaux dans les Classe d’âge IV relative bains par rapport au quatre classes d'âge et distribution desmoyenne valeurs lors dans témoin,Classe d’âgepar classe III chaque classedes d’âge bains (Normal par d’âges et distribution

QQrapport-Plot) au des valeurs dans Classe d’âge IV témoin, par chaque classe d’âge classe d’âges et (Normal QQ Classe d’âge III distribution des Plot)Classe d’âge I La figure 27 permetvaleurs de dans supposer que les classes d’âge I et IV ont une répartition proche de la loi normale et quechaque leurs classevariances ne sont pas égales. OnClasse réalise d’âge donc IV un test T de Student d’âge (Normal avec variances inégales (ou test de Welch) pour comparer les masses des individus des QQ-Plot)I II groupes « jeunes » et « seniors ». III IV La p-value (p-value = 3,096e-19<0,05) permet de conclureClasse d’âge que IVles animaux du groupe « seniors » (groupe IV) sont significativement plus lourds dans notre étude que les animaux du groupe des « jeunes » (groupe I). Il est par conséquent important de réitérer l’analyse précédente en se basant sur les variations moyennes de masses relatives à la masse de l’animal avant le bain, et non sur des variations de masse en valeurs absolues.

100 • Choix, réalisation et interprétation du test statistique pour la variation de masse en relative

Pour chaque bain de chaque individu, on calcule la variation relative de masse, à laquelle on soustrait la variation relative témoin correspondante. On réalise ensuite la moyenne de ces variations relatives pour l’ensemble des bains de chaque animal.

Classe d’âge I

Classe d’âges I

Classe d’âge I

Classe d’âge II

Classe d’âges I

variation relative témoin relative variation Classe d’âges II

Classes d’âge

Prise de masse relative moyenne par rapport à la la à rapport par moyenne relative masse de Prise Classe d’âge II Classe d’âge III I II III IV

TableauClasses d’âge 3: Table Classe d’âges II des p-values Classe d’âges III I obtenues II IIIavec le IV test de Classes d’âges comparaison 2 à Classe d’âge III Figure 28 : Prise de masse2 relative non moyenne lors des bains par rapportparamétrique au témoin,Clas par classe Classe d’âge IV Classes d’âge d’âge et distribution des sesvaleurs d’âge dans chaque Classe d’âges III classe d’âge (Normal QQ-Plot)

Classe d’âges IV Classes d’âges Classes d’âge

Classe d’âge IV

D’après la figureTableau 28, on 4 ne: Table peut pas supposer une approximation par la loi normale des données des différentesdes c plasses-values d’âge . On n’identifie pas graphiquement de différence obtenues avec le Classe d’âges IV majeure entre deux classes d’âge. On réalise donc un test comparaison non paramétrique de test de plusieurs moyennes de Kruskal-Wallis. comparaison 2 à La p-value obtenue à2 partirnon des variations de masse relative (p-value = 0,005189<0,05) permet de conclure àparamétrique la présenceClas d’une différence significative entre certaines des classes d’âge. ses d’âge

101 Afin d’identifier les classes d’âge qui présentent entre-elles une différence significative de prise de masse relative moyenne lors des bains on réalise un test de comparaison 2 à 2 non paramétrique avec un ajustement de la p-value par la méthode de Bonferroni. On obtient la table présentée dans le tableau IX.

Tableau IX : Table des p-values obtenues On peut conclure de ce tableau l’existence avec le test de comparaison 2 à 2 non paramétrique d’une différence significative de prise de masse relative lors du bain entre les individus jeunes 1 2 3 (classe I) et les individus adultes (classe III) mais 2 0,195 - - aussi entre les classes I et IV (seniors). On ne peut en revanche pas conclure à une différence 3 0,028 1,000 - significative entre les classes III (adultes) et IV 4 0,009 0,337 0,173 (seniors).

Graphiquement, la comparaison des médianes représentées sur la figure 28 indique que cette différence semble correspondre à une augmentation de la prise de masse relative Figure 19 : avec l’âge. Prise de boisson au coursOn peut des supposer que la différence la plus importante se situe entre les individus jeunes etbains les deindividus seniors puisque la prise de masse lors du bain semble augmenter avec l’âge. Del’ensemble plus, la figure 28 est en faveur de cette hypothèse. Pour estimer l’ordre de grandeur 1 2 3 de la différencede l’étude de prise de masse relative lors du bain entre les individus jeunes et les individus seniors,en on compare les médianes des classes I et IV. fonction Lade médiane la du groupe d’individus seniors (1,05% de prise de masse) est 20,7 fois supérieuredurée à du celle des individus du groupe le plus jeune (0,05% de prise de masse, non significatifbain car du même ordre de grandeur que la précision de la balance et inférieur à la variation observée lors d’un égouttage prolongé des animaux). 2 0.195 - -

3 0.028 1.000 -

4 0.009 0.337 0.173

102 iv. Résultats de l’évaluation de la fréquence de prise de boisson durant le bain

1. Fréquence de prise de boisson au cours du bain en fonction de sa durée

On a montré précédemment que cette étude ne permet pas de conclure à une différence significative de prise de masse des Pogona de l’échantillon selon sa durée (20 ou 40 minutes) et que la prise de boisson entraîne une prise de masse significative durant le bain. Afin de mieux comprendre ces observations, cette analyse a pour objectif de déterminer si la durée du bain influence la survenue d’une prise de boisson durant le bain. Comme expliqué précédemment, durant l’ensemble de l’étude, les animaux ont été observés lors des bains et toute prise de boisson a été rapportée. Sur l’ensemble des individus et l’ensemble des bains, on note 9 prises de boissons sur 159 bains de 20 minutes et 13 prises de boisson sur 160 bains de 40 minutes (la différence d’effectif total est liée au décès d’un animal, déjà évoqué). Tous les animaux sont inclus dans l’étude, qu’ils aient émis ou non des selles durant les bains, la masse n’étant pas analysée ici. L’ensemble des bains de l’étude peut être représenté par l’histogramme présenté sur la figure 29. Graphiquement, il ne semble pas y avoir de différence importante de la fréquence de la prise de boisson en fonction de la durée du bain.

• Choix, réalisation et interprétation du test statistique Pour vérifier cette hypothèse, on réalise un test du Khi 2 d’indépendance. A bu N’a pas bu La p-value (p-value= 0,5172>0,05) ne Figure 29 : Prise de boisson au cours des permet pas de conclure à une différence bains de l’ensemble de l’étude en fonction significative de la fréquence de la prise de de la durée du bain boisson liée à la durée du bain.

Par ailleurs, la prise de boisson est observée dans en moyenne 6,9% des bains dans cette étude.

103 2. Fréquence de la prise de boisson en fonction de la déshydratation préalable au bain

L’analyse précédente a permis de montrer que lorsque les Pogona présentent une déshydratation modérée préalablement au bain on observe une prise de masse significativement supérieure à celle mesurée chez des animaux non déshydratés. L’objectif de cette analyse est de déterminer si une déshydratation modérée préalable au bain entraine une modification de la fréquence de la prise de boisson durant le bain. Cela pourrait permettre d’apporter un éclairage supplémentaire au résultat précédant en expliquant au moins en partie la prise de masse plus importante observée lors du bain 1 (déshydratation supposée) par rapport au bain 4 (bonne hydratation préalable). On note 11 prises de boisson sur 80 individus baignés lors du bains 1 et 4 prises de boisson sur 79 individus baignés lors du bain 4. Tous les animaux sont inclus dans l’étude, qu’ils aient ou non émis des selles durant les bains, puisque la variation de masse n’est pas prise en compte dans cette analyse.

L’ensemble des observations lors des deux bains (1 et 4) peut être représenté par l’histogramme de la figure 30. Il semble graphiquement y avoir une différence modérée de la fréquence de la prise de boisson en fonction de l’état d’hydratation préalable au bain. Les individus semblent boire plus lors du bain 1 que lors du bain 4.

• Choix, réalisation et interprétation du test statistique Pour vérifier cette conjecture, on réalise un test du Khi 2 d’indépendance. Les effectifs théoriques sont tous supérieurs à 5 ce qui permet d’appliquer le test. La p-value (p-value= 0,1091>0,05) ne permet pas de Figure 30 : Nombre conclure à une différence significative de la fréquence de la prise d'animaux ayant eu une de boisson liée l’état d’hydratation préalable. L’effectif restreint prise de boisson au cours de l’échantillon étudié implique une faible puissance du test des bains 1 et 4 réalisé, à garder en tête lors de l’interprétation de ce résultat.

104 3. Fréquence de la prise de boisson durant le bain en fonction de l’âge

On a montré qu’on peut conclure à une différence significative de gain de masse lors du bain entre les individus jeunes et les individus âgés. Il est intéressant de noter qu’il a été observé lors de la saisie des mesures que les individus âgés semblent boire plus souvent lors du bain que les individus jeunes. Afin de vérifier cette conjecture et d’identifier une potentielle différence de voie d’hydratation lors du bain en fonction de l’âge, on s’intéresse à la prise de boisson des animaux lors du bain en fonction de leur classe d’âge. Dans chaque classe d’âge, on identifie les animaux qui ont bu lors d’un, deux ou trois bains (aucun animal n’a bu lors de chacun des quatre bains). Tous les bains sont analysés ensemble, quelle que soit leur durée, puisque l’analyse réalisée précédemment ne permettait pas de conclure à une différence significative de la fréquence de boisson lors des bains selon leur durée dans notre échantillon. Par ailleurs, seule le fait de boire est notifié, aucune estimation de la durée de la prise de boisson ou de la quantité d’eau absorbée n’est réalisée.

• Représentation des valeurs étudiées

La fréquence du nombre bains durant lesquels les animaux ont bu dans chacune des classes d’âge à l’échelle de toute l’étude (nombre d’animaux de la classe d’âge ayant bu durant 0, 1, 2 ou 3 bains divisé par le nombre d’animaux total de la classe d’âge) est représentée par l’histogramme ci-contre (Figure 31). On observe graphiquement que les individus âgés semblent boire plus fréquemment lors des bains.

Figure 31: Représentation de la fréquence du nombre de bains avec prise de boisson par

classe d'âge.

105 • Choix, réalisation et interprétation du test statistique

La réalisation d’un test du khi2 d’ajustement n’est pas possible, certains effectifs théoriques calculés étant inférieurs à 5. Cette contrainte reste valable même en regroupant les animaux en deux catégories : les animaux n’ayant bu durant aucun bain et les animaux ayant bu durant au moins un des quatre bains. Cette nouvelle classification dichotomique permet d’obtenir la table de contingence présentée dans le tableau X.

Tableau X : Table de contingence représentant le nombre d'individus ayant bu ou non lors des bains dans chaque classe d'âge. Catégorie I II III IV

Dénomination Jeunes Subadultes Adultes Seniors

N’a jamais bu lors d’un bain 9 15 27 12

A bu lors d’au moins un bain 0 2 8 7

On réalise à partir de cette table un test de Fisher, plus adapté aux petits effectifs. La p-value calculée avec le test de Fisher (p-value =0,1163>0,05) ne permet pas de conclure à une différence significative de prise de boisson entre les différentes classes d’âge. Le faible nombre d’individus étudiés et la possibilité de non-rapport de courtes prises de boisson lors de bains durant l’étude est à mettre en relation avec ce résultat.

106 d. Discussion des résultats

i. Validation du protocole

1. Pesées témoins

Lors des pesées témoins, une différence significative de masse est mesurée entre T0 et T0+20min. La médiane de cette différence est de -0,075g, soit du même ordre de grandeur que la précision de la balance (+/-0,01g). Cette différence n’est détectée statistiquement que dans une seule des trois comparaisons effectuées. Elle est observée pour un intervalle de 20 minutes entre les deux pesées (T0 et T0+20min). Elle n’est pas retrouvée lors de la comparaison entre les pesées à T0+20min et T0+40min, espacées de la même durée, ni entre T0 et T0+40min. Deux hypothèses peuvent expliquer cette différence. Soit elle est présente entre toutes les séries de valeurs comparées, mais l’effectif étudié ne permet pas de conclure à une différence significative dans deux des trois analyses, soit cette différence est liée à des évènements qui, de manière aléatoire, se sont davantage produits durant l’intervalle [T0 ; T0+20min]. Une variation de masse peut ainsi s’expliquer par l’émission de selles ou la prise alimentaire et non observée des animaux entre les pesées (animaux dans leur terrarium, impossibilité de tous les surveiller en permanence du fait de la disposition des infrastructures). Le fait qu’aucune différence significative ne soit mise en évidence entre T0 et T0+40min alors qu’elle est observée entre T0 et T0+20min pourrait s’expliquer par une compensation entre émission de selles et prise alimentaire. Dans tous les cas, les biais proposés pour expliquer cette différence significative ne sont pas présents lors de la réalisation des bains (observation de l’émission de fèces, pas d’aliment à disposition). Dans l’hypothèse où la différence significative observée ne serait pas liée à ces biais mais à un autre paramètre non envisagé, il est intéressant de garder en tête l’ordre de grandeur de cette différence lors de l’interprétation des résultats obtenus lors de bains. On peut conclure de cette analyse que le système de pesée utilisé permet d’assurer une répétabilité des mesures, ce qui autorise l’interprétation des variations de masse mesurées dans la suite de l’étude. L’ordre de grandeur de la variation significative observée dans cette analyse (-0,025% de la masse, -0,075g) est considéré comme négligeable face à l’ordre de grandeur des variations recherchées dans la suite de cette étude.

107 2. Durée d’égouttage

L’analyse statistique des pesées réalisées après un égouttage prolongé après le bain (égouttage de 35 minutes au lieu de 15 minutes) met en évidence une différence significative. La médiane de la différence observée est de -0,535g ce qui est supérieur à la précision de la balance (+/-0,01g) et à la variation observée lors des mesures témoins (-0,075g). Elle n’est donc pas négligeable et correspond à une diminution de 0,17% de la masse lors des 20 minutes d’égouttage supplémentaire.

Les 15 minutes d’égouttage réalisées dans le protocole de mesures ne permettent pas une stabilisation totale de la masse des animaux. Il y a encore une perte de masse, et donc d’eau, non négligeable jusqu’à au moins 35 minutes d’égouttage. Pour des raisons pratiques lors des séances de mesures, un égouttage plus long que 15 minutes n’était pas réalisable. L’ordre de grandeur de cette masse d’eau résiduelle présente sur les animaux (masse médiane d’eau résiduelle estimée à au moins 0,17% de la masse des animaux après 15 minutes d’égouttage) sera à mettre en parallèle avec les résultats obtenus lors de l’analyse des données de l’étude.

3. Variation de la masse des animaux au cours de l’étude

La comparaison statistique des masses des animaux de l’échantillon entre le début et la fin de la période expérimentale met en évidence une prise de masse des animaux avant le bain entre le début et la fin de l’étude. Cette observation implique que les analyses statistiques des résultats obtenus ont dû être réalisées à partir de variations relatives de masse, afin de s’affranchir de ce biais lorsque l’on compare des bains réalisés à différents moments du protocole de mesure.

Les hypothèses pouvant expliquer cette variation de masse sont principalement le retour à une masse physiologique des animaux à la suite de la perte de masse engendrée par la distribution alimentaire limitée avant le début de l’étude. Il est également possible que les bains répétés améliorent durablement l’état d’hydratation et expliquent une prise de masse modérée. Cette deuxième hypothèse est à moduler en fonction des résultats de l’analyse suivante concernant l’effet hydratant des bains.

108 4. Bilan concernant le protocole mis en œuvre

Ces analyses préliminaires mettent en évidence l’ordre de grandeur de la variation de masse entre deux pesées qui est imputable au protocole et non à une variation d’hydratation. D’après les différents ordres de grandeur mesurés, cette variation semble principalement liée à la durée d’égouttage qui ne permet pas une stabilisation complète de la masse des animaux au moment de la pesée après le bain. Cependant, l’estimation de l’ordre de grandeur de la variation liée à ce biais expérimental (non modifiable pour des questions d’organisation) permet une interprétation des résultats issus de ce protocole. Une différence de masse à la suite du bain d’un ordre de grandeur supérieur à cette variation d’origine méthodologique (0,17% de la masse des animaux) pourra être interprétée comme une hydratation significative des animaux.

5. Remarques concernant la mise en œuvre

Durant la période d’expérimentation, un certain nombre de points intéressants pour l’analyse critique des données obtenues ont été notés. Tout d’abord, on constate au cours des différentes séances de mesures que si la température initiale de l’eau (entre 34 et 36°c) se rapproche bien de la TMP de l’espèce (77), une baisse de température de l’eau est observée durant les bains malgré les dispositifs de chauffage thermostatés utilisés. Après 40 minutes de bain, l’eau atteint une température entre 25 et 27°c ce qui est tolérable pour l’espèce mais éloigné de sa TMP. Le métabolisme des reptiles étant grandement dépendant de leur température, cette limite pratique est à garder en mémoire lors de l’interprétation des résultats. Concernant la diminution d’activité possiblement attendue du fait de la réduction de la photopériode à cette période de l’année (cf. supra), on note durant tout le protocole que les animaux restent actifs et ont une prise alimentaire qui semble stable d’après les observations quotidiennes des éleveurs. Par ailleurs, Pogona vitticeps réalise une brumation et non une hibernation au sens propre (cf. supra), ce qui implique une persistance de la prise de boisson durant la période de repos. Si une influence de cette modification environnementale sur les résultats obtenus ne peut être exclue, on peut supposer qu’elle reste faible compte tenu des observations comportementales et des données éthologiques de l’espèce. Comme expliqué précédemment, un individu est décédé au cours de la période d’expérimentation. Les hypothèses principales sont un décès par noyade ou par bronchopneumonie par fausse déglutition, la décompensation d’une affection sous-jacente pouvant par ailleurs expliquer la polydipsie observée (septicémie, insuffisance rénale, néoplasie, insuffisance cardiaque (25)…) par suite du stress de la manipulation, toute autre cause de mortalité subite (trauma, obstruction digestive(2)…).

109 ii. Evaluation de l’intérêt du bain

Pour rappel, l’objectif premier de ce travail est avant tout pratique. Il consiste à évaluer si le bain, fréquemment utilisé en terrariophilie, présente un intérêt pour l’hydratation d’une espèce courante en captivité (Pogona vitticeps) et si oui, dans quelles conditions. Pour ce faire, l’étude de la prise de masse des animaux avec un bain permet à la fois de rechercher une prise de masse significative, mais aussi d’estimer un pourcentage d’hydratation permis par le bain. Ce dernier point est important car il permet d’identifier les situations cliniques pour lesquelles le bain présente un intérêt. Les autres indications du bain (gestion de dysecdysis, constipation…) ne sont pas évaluées dans cette étude. Des bains de 20 et de 40 minutes ont été testés. Dans les deux cas une prise de masse statistiquement significative est identifiée (de respectivement +0.69% et +0.68% de la masse corporelle des animaux). Ces valeurs sont quatre fois plus élevées que la diminution de masse observée lorsque l’on prolonge l’égouttage des animaux après le bain (-0.17% de masse corporelle après 35 minutes d’égouttage au lieu de 15 minutes). On peut donc raisonnablement penser que ces bains permettent une certaine hydratation des animaux de l’échantillon étudié. Ces résultats sont cohérents avec ceux d’une étude récente évaluant l’effet du furosémide sur le Pogona vitticeps. Cette étude permettait de montrer un effet d’un bain de 5 minutes (prise de masse significative), mais ne portait que sur un petit nombre d’animaux déshydratés artificiellement (12). Ces valeurs restent cependant d’un petit ordre de grandeur (moins de 1% de masse corporelle). Cette information permet de mettre en évidence le fait que le bain est à réserver au maintien d’un état d’hydratation optimal chez des animaux sains ou à la correction d’une déshydratation discrète ou en association avec d’autres mesures de réhydratation pour des déshydratations plus sévères. Dans tous les cas, il est important de garder à l’esprit que tout abattement marqué (souvent retrouvé chez les animaux très déshydratés) constitue une contre-indication à la réalisation d’un bain. En effet, si le risque de noyade est faible (1 décès sur 318 bains soit 0.3% de mortalité, sans confirmation qu’il s’agisse d’une noyade), il est majoré par un état de faiblesse de l’animal. De plus, afin de déterminer des recommandations pratiques permettant une réalisation optimale des bains chez le Pogona vitticeps, nous nous sommes intéressés à la durée des bains nécessaire à l’obtention d’un effet d’hydratation optimal. Il apparaît au cours de ce travail qu’aucune différence significative d’effet n’a pu être mise en évidence statistiquement entre les deux durées de bains étudiées. Si cela ne permet pas de conclure à l’absence de différence d’hydratation des animaux avec un bain de 40 minutes par rapport à un bain de 20 minutes, on peut tout de même en déduire qu’il ne doit pas exister de différence importante entre ces deux protocoles de bains.

110 L’un des enjeux importants dans la réalisation des bains est de maintenir la température de l’eau dans des valeurs convenables pour l’espèce et si possible à la TMP. Cela est essentiel pour éviter un refroidissement important des animaux. Dans cette étude, la baisse de température progressive de l’eau décrite précédemment (température initiale entre 34 et 36°c (TMP) (77) mais diminution jusqu’à 25 et 27°c à la fin d’un bain de 40 minutes), constitue un biais possible. L’activité et le métabolisme des reptiles diminuant avec la baisse de température (93), on peut donc imaginer qu’à la fin d’un bain de 40 minutes l’absorption soit perturbée par des modifications métaboliques ou comportementales liées à la diminution de la température de l’eau. Une étude évaluant l’influence de la température de l’eau sur l’hydratation par le bain chez le Pogona vitticeps pourrait permettre d’évaluer l’importance de ce potentiel biais. Dans tous les cas, il est important d’envisager le fait qu’un particulier réalisant un bain à son animal ne dispose pas nécessairement d’un système de chauffage thermostaté pour maintenir la température de l’eau. Disposer le bac d’eau dans le terrarium peut être une alternative mais il est important de veiller à ne pas le placer au point le plus chaud car l’animal est dans l’impossibilité de réaliser une thermorégulation comportementale lorsqu’il est enfermé dans son bac de bain. Au vu de l’ensemble de ces contraintes et de l’absence de preuve d’une différence d’effet entre un bain de 20 minutes et un bain de 40 minutes, il nous semble raisonnable de conseiller aux propriétaires et aux vétérinaires la réalisation de bains de 20 minutes à la température moyenne optimale de l’espèce (35°c) pour favoriser le maintien d’un état d’hydratation optimal d’un animal sain ou pour la correction d’une déshydratation discrète uniquement (ou en parallèle d’autres mesures de réhydratation).

iii. Discussion sur les voies d’hydratation supposées lors du bain

Le second objectif de cette étude implique moins de conséquences pratiques mais vise à répondre à une interrogation fréquente dans le monde de la terrariophilie. Il s’agit d’identifier le ou les modes d’hydratation mis en jeu lors du bain chez les reptiles, et plus particulièrement chez les sauriens. Les principales voies d’hydratation physiologiques proposées dans la littérature sont la voie orale et la voie cloacale, comme détaillé précédemment. Si l’hydratation des animaux par la prise de boisson dans le bain fait consensus, l’absorption cloacale est controversée. On cherche donc dans cette analyse à mettre en évidence une potentielle absorption cloacale d’eau durant le bain et à estimer l’ordre de grandeur de la part relative de chaque voie d’hydratation des animaux durant le bain.

111 1. Hypothèse d’une absorption cloacale

L’étude de la prise de masse des animaux n’ayant pas été observés en train de boire durant le bain révèle une prise de masse significative par rapport aux mesures témoins. La prise de masse médiane sans prise de boisson est de l’ordre de 0,62% de la masse des animaux. Cette valeur est 3.6 fois supérieure à la variation de masse observée lorsqu’on prolonge l’égouttage des animaux après le bain (-0,17% après 35 minutes d’égouttage au lieu de 15 minutes). On peut donc raisonnablement penser que cette variation n’est pas uniquement liée à un défaut d’égouttage. Les principales hypothèses pouvant expliquer cette différence sont une prise de boisson de courte durée qui n’aurait pas été notifiée pour certains individus, ou une absorption par une ou plusieurs autres voies que la voie orale. Des études complémentaires, avec par exemple la réalisation de bains durant lesquels seule la région cloacale des animaux serait immergée et où les animaux n’auraient pas la possibilité de boire l’eau du bain, permettrait de trancher entre ces deux hypothèses. Une telle expérience réalisée chez des Tortues de Floride (Trachemys scripta) permet ainsi de mettre en évidence l’absence d’absorption d’eau de manière significative par le cloaque (43). Cette étude n’exclut donc pas la possibilité de l’existence d’une absorption cloacale d’eau chez le Pogona vitticeps. Il est intéressant de comparer cette prise de masse à celle mesurée sur tous les animaux de l’échantillon, qu’il y ait ou non prise de boisson. La médiane de prise de masse relative chez les animaux, toutes voies d’hydratation considérées et quelle que soit la durée du bain, est de 0,68 à 0,69% sur la population étudiée. La prise de masse est donc inférieure de 8,8% (0,62% contre 0,68%) lorsqu’il n’y a pas de prise de boisson durant un bain par rapport à la prise de masse observée dans le cas général. Un biais persiste dans l’interprétation de ce pourcentage de différence car les valeurs que l’on compare sont du même ordre de grandeur que la variation liée à la durée limitée d’égouttage.

2. Importance de la prise de boisson durant le bain

Il est par ailleurs important de s’intéresser à la prise de masse des animaux ayant été observés en train de boire durant le bain, afin d’évaluer l’importance relative de la prise de boisson dans l’hydratation des animaux lors du bain. Une prise de masse significative des animaux qui ont bu durant le bain par rapport aux mesures témoins chez ces mêmes animaux est mise en évidence. La prise de masse médiane lors d’un bain avec prise de boisson est de l’ordre de 6.15% de la masse initiale des animaux (valeur 36 fois plus importante que la diminution de la masse observée lorsqu’on prolonge l’égouttage des animaux).

112 Ces valeurs sont tout à fait cohérentes avec celles établies dans l’étude de 2018 évaluant l’effet du furosémide chez le Pogona vitticeps. Dans cette étude, les animaux déshydratés par le diurétique (à une dose de 5 ou 10mg/kg) sont baignés durant 5 minutes, 12h après administration du diurétique. Une pesée après le bain permet d’objectiver chez les animaux ayant reçu 10mg/kg de furosémide une prise de masse significative de 5,6±2,5% (12). On compare cette prise de masse à celle mesurée sur tous les animaux de l’échantillon, qu’il y ait ou non prise de boisson. La médiane de prise de masse relative chez les animaux, toutes voies d’hydratation considérées et quelle que soit la durée du bain, est de 0,68 à 0,69% sur la population étudiée. La prise de masse est donc 8,9 fois plus importante lorsqu’il y a une prise de boisson par rapport à la prise de masse observée dans le cas général. Par ailleurs si on compare la prise de masse observée chez les individus ayant bu à celle des individus n’ayant pas bu, on remarque que la prise de masse durant le bain est 9,9 fois plus importante avec une prise de boisson. Cette prise de boisson semble entrainer une hydratation beaucoup plus importante que les autres voies supposées. Cependant elle n’intervient que dans 6,9% des bains. Cette conclusion permet d’affirmer que l’hydratation par le bain, dont nous avons prouvé l’existence précédemment, est beaucoup plus importante lors de prise de boisson, mais dépend aussi potentiellement, dans une moindre mesure, d’autres voies d’absorption de l’eau. Le faible ordre de grandeur de l’hydratation moyenne permise par les bains s’explique par une faible fréquence de la prise de boisson (6,9% des bains) alors qu’il s’agit de la voie d’hydratation majeure lors du bain. En partant de cette conclusion, on peut chercher à expliquer l’absence de mise en évidence d’une différence d’hydratation des animaux entre un bain de 20 minutes et un bain de 40 minutes. Pour cela on compare la prise de boisson lors des bains de chacune des durées. Aucune différence significative ne peut être mise en évidence statistiquement sur l’échantillon étudié. Ce résultat n’implique pas l’absence de différence de la prise de boisson selon la durée, et est à nuancer avec le faible nombre de prises de boisson observées. Cependant cette analyse est en faveur de l’hypothèse selon laquelle la prise de boisson aurait lieu principalement durant les 20 premières minutes du bain. La durée du bain n’aurait alors pas une importance majeure, la voie orale étant la voie d’hydratation principale lors du bain. Une étude s’intéressant à la chronologie de la prise de boisson lors du bain permettrait d’affiner ces conclusions.

113 iv. Recherche de facteurs favorisant l’hydratation lors du bain

Après avoir identifié un intérêt du bain pour l’hydratation du Pogona vitticeps, estimé l’ordre de grandeur de cet apport hydrique et exploré les voies d’hydratation potentiellement impliquées, il est intéressant d’identifier des facteurs favorisant l’hydratation des animaux lors du bain. Cette étude a pour objectif de mettre en exergue des contextes anamnestiques et cliniques dans lesquels la réalisation de bains peut avoir un intérêt particulier. Les deux facteurs testés sont l’impact d’une déshydratation préalable à la réalisation des bains et l’âge des animaux.

1. Influence de la déshydratation préalable sur l’hydratation lors du bain

Cette analyse est motivée par l’hypothèse selon laquelle un animal déshydraté pourrait avoir tendance à plus s’hydrater durant un bain qu’un animal présentant un état d’hydratation optimal. Afin d’étudier ce paramètre, on utilise le fait que les animaux sont supposés être discrètement à modéremment déshydratés lors du premier bain du protocole (alimentation comme seule source d’eau et apports alimentaires limités avant le début du protocole, cf. supra). De plus on estime que l’hydratation des animaux est optimale avant la réalisation du dernier bain du protocole. Une différence significative de prise de masse est mise en évidence entre les bains 1 et 4 (prise de masse médiane respective de 0,76% et de 0,58%). La médiane du rapport entre les deux prises de masse indique que les animaux prennent 1,5 fois plus de masse lors du bain 1 que lors du bain 4. On peut donc en conclure que les animaux modérément déshydratés avant un bain s’hydratent plus lors du bain que les animaux non déshydratés. Etant donné que les variations de masses relatives comparées sont du même ordre de grandeur que la variation de masse imputable au défaut d’égouttage, ce biais ne peut être exclu mais semble peu probable. Etant donné que le pourcentage de déshydratation préalable des animaux n’est pas précisément connu, il est cependant impossible d’établir une relation précise entre intensité de la déshydratation préalable et hydratation durant le bain. Une étude durant laquelle une déshydratation contrôlée des animaux, à différents pourcentages de déshydratation, serait réalisée avant les bains, permettrait d’affiner la conclusion de l’analyse présentée ici. L’évaluation de la déshydratation induite pourrait être réalisée par pesée et comparaison avec la masse initiale par exemple. Les deux hypothèses principales pouvant expliquer une augmentation de l’hydratation des animaux durant le bain lorsqu’ils sont déshydratés sont une prise de boisson plus

114 importante ou une absorption plus importante par une autre voie. Dans l’hypothèse d’une absorption cloacale, on peut supposer qu’une augmentation de la pression osmotique sanguine (par hémoconcentration) pourrait augmenter l’absorption transmucosale au niveau de la muqueuse cloacale. Dans ce cadre il est intéressant de souligner l’existence d’une étude réalisée chez des Pogona vitticeps déshydratés par administration de furosémide, ne permettant pas de conclure à une modification de l’osmolarité plasmatique ou des concentrations en électrolytes chez animaux déshydratés mais mettant en évidence une hémoconcentration (augmentation de l’hématocrite et de la concentration en protéines plasmatiques). Au contraire, l’hypothèse d’une augmentation de la prise de boisson en cas de déshydratation est étayée par cette même étude, dans laquelle la prise de boisson est observée pour 1 individu sur 9 lorsqu’ils ne reçoivent pas de furosémide, pour respectivement 8 et 7 individus sur 9 avec 5mg/kg et 10mg/kg de furosémide (12). L’étude réalisée ici permet uniquement d’explorer partiellement ces hypothèses. L’étude de la fréquence de prise de boisson des animaux en fonction de leur déshydratation préalable ne permet pas de conclure à une différence significative. Ce résultat est à nuancer avec le faible effectif de l’échantillon étudié qui implique une faible puissance du test réalisé. De plus, il est tout à fait possible que ce ne soit pas la fréquence de la prise de boisson mais le volume moyen absorbé lors des prises de boisson qui varie avec la déshydratation. On peut conclure de cette analyse que chez un Pogona vitticeps déshydraté, un bain permet en moyenne une hydratation plus importante que chez un individu normalement hydraté. Une étude complémentaire serait intéressante pour déterminer la relation entre le pourcentage de déshydratation et l’intérêt du bain mais dans tous les cas, au vu de l’ensemble des conclusions précédentes, le bain semble intéressant pour lutter contre une déshydratation faible à modérée. Cette pratique semble donc tout à fait s’intégrer dans la stratégie prophylactique de l’insuffisance rénale chronique, fréquente chez les sauriens (9,21,57), en luttant contre les déshydratations discrètes chroniques engendrées par certaines conditions environnementales en terrarium (absence d’accès permanent à un point d’eau par exemple) (67).

2. Influence de l’âge sur l’hydratation lors du bain

Après avoir identifié un impact de l’état d’hydratation préalable au bain sur l’hydratation par la baignade, il semble intéressant d’étudier l’impact de l’âge des individus sur l’hydratation permise par le bain. En effet on peut supposer que des individus âgés sont plus à même de présenter une déshydratation chronique liée entre autre aux conditions environnementales ou à l’installation d’une insuffisance rénale chronique, fréquente chez les sauriens adultes en

115 captivité (9,21,57). D’après les conclusions précédentes, les individus âgés devraient donc présenter une hydratation plus importante durant le bain que les individus plus jeunes. Au contraire, on pourrait également supposer que, comme chez l’Homme, la sensation de soif et donc la prise de boisson diminue avec l’âge (cette hypothèse n’est pas étudiée actuellement dans la bibliographie concernant les reptiles, et peu d’informations sont disponibles à ce sujet chez les carnivores domestiques) (94,95). L’analyse de la prise de masse des animaux durant le bain en fonction de leur classe d’âge permet de montrer une prise de masse relative significativement plus importante des animaux adultes et âgés (2 à 5 ans et plus de 5 ans) par rapport aux individus les plus jeunes de l’étude (6 mois à un an). La médiane du groupe d’individus seniors (1,05% de prise de masse) est 20,7 fois supérieure à celle des individus du groupe le plus jeune (0,05% de prise de masse). Afin de tenter de comprendre sur quelle voie d’hydratation s’opère principalement cette augmentation d’absorption lors du bain, une analyse de la fréquence de prise de boisson lors du bain en fonction des classes d’âge est réalisée. Elle met en évidence une possible augmentation de la fréquence de boisson lors du bain lors de l’étude graphique des données mais aucun des tests statistiques réalisés ne permet de conclure à une différence significative entre les différentes classes d’âge. Cette limite statistique est possiblement liée au faible effectif de certaines des classes d’âge. De plus, il est possible que la prise de masse relative plus importante des individus adultes et âgés mise en évidence précédemment soit liée à une augmentation du volume moyen de chaque prise de boisson et non à une augmentation de fréquence. Cette analyse permet de conclure que les Pogona vitticeps s’hydratent significativement plus lors d’un bain à partir de l’âge de deux ans, par rapport aux individus de moins d’un an. Il paraît donc au vu de ces résultats que la réalisation de bains réguliers est d’autant plus intéressante pour maintenir un bon état d’hydratation chez le Pogona vitticeps à partir de deux ans. Les bains ont un effet significativement plus important chez ces animaux, d’autant plus à partir de l’âge de cinq ans, et il paraît intéressant de les conseiller en parallèle de conditions de maintenances adéquates, afin de limiter les risques d’installation d’une déshydratation chronique prédisposant aux maladies rénales chroniques chez les sauriens. Une étude rétrospective s’intéressant aux conditions de vie et à la réalisation ou non de bains réguliers chez les animaux chez qui a été diagnostiquée une insuffisance rénale (en comparaison avec ces mêmes paramètres dans la population générale vue en consultation par exemple) permettrait de préciser l’intérêt prophylactique de cette pratique.

116 v. Bilan : recommandations concernant la pratique du bain

Cette étude permet de mettre en évidence qu’il existe bien un effet hydratant du bain chez Pogona vitticeps. Les différents points analysés mettent en lumière plusieurs paramètres pouvant servir de recommandations pour le vétérinaire ou le propriétaire face à cette espèce courante. Il apparaît ainsi que le bain est à recommander : - Pour maintenir une bonne hydratation des animaux en conditions physiologiques, en parallèle de conditions de vie adaptées, notamment chez les animaux adultes et en particulier chez les animaux âgés de plus de cinq ans, - Pour corriger une déshydratation modérée en complément d’autres techniques de fluidothérapie et uniquement en l’absence de modification importante du statut mental de l’animal. Concernant les conditions de réalisations des bains il apparaît : - Que des bains de vingt minutes sont suffisants, - Qu’en entretien sur des animaux en condition physiologique, des bains espacés de 4 à 8 jours ont démontré un effet, et qu’un bain au moins hebdomadaire semble donc intéressant, - Que la hauteur d’eau doit permettre d’immerger le cloaque dans l’hypothèse d’une absorption cloacale (et pour les potentiels effets laxatifs parfois recherchés) mais doit aussi permettre la prise de boisson durant le bain, - Qu’en l’absence de résultats sur le sujet, il est préférable de les réaliser à la température moyenne préférentielle de l’espèce.

Dans le cadre de l’élaboration d’un plan de fluidothérapie il est intéressant de connaître un ordre de grandeur des fluides apportés par un bain. L’étude réalisée ici permet d’estimer les apports hydriques résumés dans le tableau XI. Ces apports sont basés sur les différences de masses observées lors du bain, en utilisant le fait qu’un millilitre d’eau pèse un gramme (1% de prise de masse représente donc un apport de 10ml/kg).

Tableau XI : Bilan de l'apport en eau par le bain estimé par notre étude en fonction du statut physiologique de l'animal. Population Apport moyen en eau du bain Cas général 6,8-6,9ml/kg

Sans boisson 6,2ml/kg

Avec boisson (6.9% des bains) 61,5ml/kg Déshydratés 7,6ml/kg Non déshydratés 5,8ml/kg Agés seniors>5 ans 10,5ml/kg

Jeunes <1 ans 0,5ml/kg

117 Il est en outre intéressant de remarquer que si les besoins hydriques quotidiens chez un animal sain sont estimés à 15ml/kg/jour (25), la réalisation de deux bains quotidiens ne semble pas permettre de combler totalement les apports en eau, même dans l’hypothèse où le deuxième bain présente les mêmes effets que le premier (apport moyen de 11,6ml/kg/jour dans ce cas, ce qui est peu probable et nécessite une étude dédiée). Chez un Pogona vitticeps anorexique, même sans signe de déshydratation, il paraît intéressant de rapidement compléter l’hydratation permise par des bains par une autre méthode de fluidothérapie.

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126 ANNEXES

Annexe 1 : Avis favorable du comité d’éthique de VetAgro-Sup

127 Annexe 2 : Consentement éclairé du propriétaire des animaux utilisés dans le protocole expérimental

128

129 DELATTRE Pierre-Maxime

EVALUATION DE L'INTERET DU BAIN POUR L’HYDRATATION DE POGONA VITTICEPS

Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire : Lyon, 2 octobre 2020

RESUME : La déshydratation et le maintien d’une hydratation optimale sont des préoccupations majeures de la terrariophilie et de la médecine herpétologique. Les lézards représentent une part non négligeable de ces reptiles captifs et le maintien d’une hydratation correcte de ces animaux est connu pour prévenir des affections fréquentes. Leur réhydratation est également souvent nécessaire lors de la dégradation de leur état de santé. Ce travail comprend une première partie bibliographique faisant la synthèse des connaissances actuelles des mécanismes de l’homéostasie hydrique chez les sauriens ainsi qu’une présentation des techniques d’évaluation et de correction de la déshydratation chez ces espèces. Parmi les multiples méthodes de réhydratation décrites, la plus connue est de loin le recours au bain. Les informations évaluant l’efficacité de cette pratique sont pourtant insuffisantes dans la bibliographie actuelle. La deuxième partie de ce manuscrit consiste en une étude expérimentale prospective réalisée chez l’Agame barbu (Pogona vitticeps) afin d’évaluer l’efficacité du bain pour hydrater ces animaux, d’investiguer les voies d’hydratation mises en jeu, d’établir des recommandations pratiques quant à sa réalisation et d’identifier de potentiels facteurs de variation de son effet hydratant. Cette étude apporte de multiples pistes de réflexion à partir des données obtenues, tant pour le vétérinaire praticien qui cherche à établir un plan de fluidothérapie pour un animal qui lui est présenté, que pour l’éleveur qui souhaite optimiser l’hydratation de ses animaux. De nombreuses questions restent en suspens et de nouveaux axes de recherche sont également mis en exergue par l’analyse des résultats présentés dans ce travail.

MOTS CLES : - Nouveaux animaux de compagnie - Hydratation - Pogona - Bain - Agame barbu

JURY : Président : Monsieur le Professeur Olivier CLARIS

1er Assesseur : Madame le Docteur Magalie RENE MARTELLET 2ème Assesseur : Madame le Professeur Jeanne-Marie BONNET-GARIN Membre invité : Monsieur le Docteur Sylvain LARRAT

DATE DE SOUTENANCE : 2 octobre 2020

ADRESSE DE L’AUTEUR : 14 rue du Docteur François 59700 MARCQ-EN-BAROEUL

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