2·004 Revue D'histoire Religieuse Du Brabant Wallon
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Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon Périodique trimestriel Comité d'histoire religieuse du Brabant wallon Centre d'histoire religieuse des Facultés universitaires Saint-Louis 2·004 Tome 18 fascicule 4 quatrième trimestre En couverture : Le chevet de la chapelle de !'Hospice de Rebecq (Photo de M.-A. COLLET, 2004) LIMINAIRE Avec ce quatrième et dernier fascicule de l'année 2004, nous avons le plaisir de retrouver le dossier que Gérard Bavay avait entamé en début d'année: l'étude des topographies paroissiales. Rappelons aux lecteurs que l'enquête, menée essentiellement en Hainaut, est un bel exemple de recherches qui pourraient être lancées en Brabant wallon. À n'en pas douter, ce riche dossier stimulera les initiatives dans notre province. La chronique d'histoire scolaire que livre Paul Wynants aborde cette fois l'extrême ouest du territoire néobrabançon. On lira avec intérêt les tribulations du pensionnat et de l'école élémentaire de Rebecq entre 1859 et 1914, où ont œuvré les sœurs de la Providence et que les conflits politiques et la guerre scolaire ont obligées maintes fois à « tirer le diable par la queue ». À côté de ces deux articles, plusieurs rubriques brèves : sous le titre Bibliographie, on trouvera un compte rendu du Guide du chercheur en matière d'histoire du monde catholique au 20e siècle (Wallonie Bruxelles) paru en 2003 ; avec la contribution intitulée S.O.S pour le patrimoine mobilier des édifices religieux, le Chirel entend attirer l'attention sur les graves problèmes de vols et de dilapidation du patrimoine de nos églises; enfin, les Rawettes sont l'occasion de quelques mises au point relatives à de précédents articles. Cette année qui se termine est aussi l'occasion pour le Comité de remercier ceux et celles qui soutiennent généreusement le projet du Chirel. Grâce à tous les membres, et aux membres d' honneur et de soutien en particulier, le patrimoine religieux - multiforme - du Brabant wallon peut, à l'échelle qui est celle du Chirel, faire l'objet d'attentions, de sauvegardes, de mises en valeur. À ces remerciements, nous ajoutons ceux que nous tenons à réitérer à celui qui est devenu, au cours de cette année 2004, le président d'honneur du CHIREL BW, l'abbé André Tihon. Revue d' histoire religieuse du Brabant wallon, 18, 2004, 4, p. 217-218. 218 Bonnes fêtes de fin d'année à toutes et à tous ! Souhaitons que l'année à venir apportera ... de nouveaux abonnés à la revue du Chirel et, aux lecteurs, le plaisir de lire des articles que nous espérons variés et captivants. Isabelle p ARMENTIER Secrétaire de rédaction L'église Saint-Remi à Écaussinnes d'Enghien L'égli se (reconstruite sur un plan plus ample au 18c siècle) domine très largement le centre du vil lage et la rivière. Une déclivité très forte la relie au sit e de l'ancien moulin (vers le bas, à droite). Cc dernier est établi en bordure d'un bief alimenté par la Scnncttc et visible à l'avant-plan. (Photo G. BA VA Y) CLOCHERS, PAROISSES ET PAYSAGES EN HAUTE>SENNE Contribution à l'étude et à l'interprétation des topographies paroissiales Autour du cas des localités du canton de Soignies A. L'héritage des derniers siècles La mise en place des paroisses en général, du réseau des sites paroissiaux en particulier, ne s'est évidemment pas faite en un jour. Si, dans la plupart des cas, les origines se perdent, peu ou prou, dans la nuit des temps, nous disposons d'indications nombreuses et diverses quant aux initiatives prises dans ce domaine à partir de la fin du 11 e siècle. Progressant du connu vers l'inconnu et donc du présent vers un passé de plus en plus lointain, nous traiterons de cette question selon les principes d'une démarche rétrogressive. Nous ne nous attarderons pas ici sur les paroisses les plus récentes dont l'histoire est bien connue et tient pour l'essentiel aux développements liés de près ou de loin à la Révolution industrielle : paroisse de la Gage (Neufvilles), paroisse de Soignies-Carrières (Soignies) et d'Écaussinnes• Carrières (Écaussinnes-d'Enghien) ou encore église en marbrite, dédiée à sainte Lutgarde, au «village» industriel de Fauquez (aux limites de Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon, 18, 2004, 4, p. 219-248. L'église Saint-Géry de Rebecq Construite en 1866 sur les plans de l'architecte E. Coulon. (Photo M.-A . COLLET, novembre 2004) 221 Ronquières et Ittre). On signalera toutefois à ce propos que le développement des tuileries d'Hennuyères n'a entraîné l'apparition d'aucune paroisse nouvelle mais seulement d'une très modeste chapelle réservée aux offices destinés aux familles des ouvriers d'origine italienne. Nous ne nous attarderons pas non plus sur le cas des églises qui font l'objet d ' une reconstruction plus ou moins complète dans le courant du 18e (cas fréquent, comme à Naast, Thieusies, Petit-Roeulx-lez-Braine 1 ou Casteau) ou du l 9e siècle. Selon toute apparence , même lorsque le chantier porte sur la totalité de l'édifice, c'est au même emplacement que l'on choisit d'édifier, généralement dans des proportions plus imposantes, la nouvelle église. Le cas de Rebecq constitue un cas particulier puisque la reconstruction qui intervient en 1866, s'effectue non pas sur le site antérieur mais, à une cinquantaine de mètres de là, sur une assiette plus vaste et qui permet de dégager l'espace initial en vue de la création d'une 2 nouvelle place publique . Au début du l 9e siècle, le hameau de la Belle-Croix (à la limite septentrionale d'Horrues, à plus de quatre kilomètres de l'église paroissiale) compte plus d'une centaine de familles. Sa situation privilégiée sur la chaussée romaine contribue à expliquer l'importance de l'agglomération qui s'y est développée. Un conflit met alors aux prises les habitants du hameau à ceux du "chef-lieu" du village. Ces derniers s'opposent en effet à ce que la chapelle établie dans le hameau soit érigée en oratoire public (à titre de chapelle de secours "sous l'invocation de la Sainte-Croix") et que le second vicaire d'Horrues (qui a déjà sa résidence au hameau) puisse y célébrer le culte. Pour les habitants du hameau, plusieurs arguments militent en faveur de leur revendication : le hameau est populeux et situé à 45 minutes ( à pied, on le devine) de l'église paroissiale, ce qui a pour conséquence que les habitants ne peuvent fréquenter leur paroisse que très rarement; d'autre part, "l'instruction fitt 1. L'archéologie a permis de montrer à de nombreuses reprises que la reconstruction des lieux de culte s'effectuait habitucllcmcnt (et cc depuis le haut moyen âge) sans remettre en question le site initialement choisi. On devine les motifs qui ont pu encourager cette pratique (rester à l' intérieur du cimetière, sauvegarder les parties saines de la bâtisse, garder une implantation« centrale » favorable ... ). 2. L. DELPORTE et R. DEN YS, Un grand chantier au 19e siècle: la construction de la nouvelle église Saint-Gé1y à Rebecq, Dossier du CHIR EL Rebecq-Tubize, n° 3, Rebccq Tubise, 1997, 52 p. 222 toujours négligée, lorsque la chapelle de Belle-Croix n'existait pas, ainsi que la résidence du vicaire"; par ailleurs, l'éloignement ne permet pas au curé "d'accourir à une distance de ¾ de lieue, surtout pendant l'h iver ou la nuit"; enfin, une sentence venue de Cambrai et une autre du Conseil de Hainaut (février 1796) ont accordé aux habitants du hameau que "le deuxième vicaire de la paroisse y fasse sa résidence et y administre les sacremens". Pour les habitants de la Belle-Croix, il s'agit d'assurer un droit conquis à l'extrême fin de l'ancien régime et de lier définitivement à leur chapelle le second vicaire traditionnellement associé à leur hameau. Les motivations des habitants du village ne nous sont pas explicitement connues et l'on ne peut s'expliquer leur opposition que par les intentions que les habitants du hameau leur prêtent : "Il est à observer que les habitons d'Horrues, ne sont aussi portés à l'opposition contre cet établissement, que dans la crainte qu'une partie de leur commerce, situé 3 près de leur église, ne se transporte à la Belle-Croix" • On imagine en tout cas assez aisément l'intérêt pour les commerçants implantés au centre du village de recevoir chaque semaine la visite de plusieurs centaines de paroissiens du hameau. Le cas du village d'Horrues et de son hameau de la Belle-Croix témoigne, à la fin de l'ancien régime, de la concrétisation progressive d'une esquisse de paroisse nouvelle en faveur d'une forte communauté quelque peu isolée mais formant un ensemble identifiable aux confins d'une paroisse. La désignation d'un vicaire spécialement chargé du hameau constitue une première étape. Dans un second temps, les habitants du hameau matérialisent leur "autonomie paroissiale" en s'assurant l'édification d'une chapelle et le logement du desservant. On remarquera que l'installation d'un cimetière n'apparaît pas panni les revendications émanant de la communauté de la Belle-Croix. Plusieurs situations du même type se rencontrent durant les deux derniers siècles de l'ancien régime en d'autres points de la région. C'est notamment le cas à Thieusies lorsque, le 1er juillet 1767, l'archevêque de Cambrai charge le doyen de Mons de visiter la commune. li s'agit, de cette manière, de faire suite à une requête des habitants visant l'installation d'une vicairie dans la paroisse. C'est l'occasion de relever 3.