24. Le Charnois, Cite Ouvriere
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
24. LE CHARNOIS, CITE OUVRIERE Il est difficile de trouver la provenance exacte de ce terme "Le Charnois" (il indiquerait l'origine familiale et son étymologie provient de l'agglutination du latin carpinus et du suffixe etum qui signifie : l'endroit où poussent les charmes) mais ce qui est certain, ce sont les liens qui unissent ce quartier à l'implantation de l'usine du Pied-Selle. Comme dans certaines cités nordistes à leur image, tout gravite autour du « donneur de travail ». Sans lui, pas de logement. Les maisons, une quarantaine (soit environ 150 logements), toutes sur le même modèle, par souci d’égalité dira-t- on, sont destinées aux ouvriers mais aussi aux cadres. Construites entre 1855 et 1862 pour former la cité du Charnois qui comprend notamment une école, une coopérative, une cantine et deux lavoirs. Une route sépare le petit Charnois du grand Charnois qui comprend également une place herbeuse dénommée la place du Baty (comme son homologue fumacienne) Vue aérienne J’ai vécu comme beaucoup de jeunes de ma cité ouvrière, chichement, sans fioritures, sans argent de poche parce que pauvre mais propre sur moi ! Il a fallu attendre quelques années et mon père à la retraite avant de voir ma mère (puisque c’était elle qui menait la barque) dépenser sans trop faire attention. Le regret de mes parents ? L’acquisition d’une maison, cette bâtisse rouge de l’autre côté de la route face au Château, résidence des directeurs. Ils purent grâce à mon frère Robert, acquérir le logement qu’ils habitaient, le réhabiliter pour en faire un lieu agréable à vivre dans les derniers jours de leur vie. J’ai vécu entouré de voisins sympathiques. J’allais voir le jeudi ma copine Micheline contre l’avis de ma mère qui ne trouvait pas correct que je le fasse en dehors de la présence de sa mère qui travaillait. J’ai le vague souvenir de son père, revenu gravement malade de la guerre et décédé trop rapidement. Le Charnois, les HLM, la Meuse…. …la bonne mère Raviat et Jacky Marmet qui venait rendre visite à sa grand- mère et une petite Parisienne blonde dont j’ai oublié le nom et à qui je donnais quelques cours, …la famille Letovanec, leurs enfants et petits-enfants, Jacqueline et Claude que j’ai vu pratiquement naître, …les Moreau dont leur fils Léonce boitillait légèrement suite à un accident de la route, …le garde champêtre, M. Barras, son chien, son frère Jojo dit le Vendéen …sans oublier de parler des Debrodka et de leurs deux filles plus âgées que nous, belles, blonde et brune, …les Collard, la grand-mère Sabatini et sa petite-fille Liliane (dont mon frère Robert était amoureux) qui reprendra avec son mari le vieux café chez Hélène, lieu de rassemblement des jeunes dans les années 60. Nous allions déguster un diabolo menthe ou fraise… …les Kotian, les Ramoulu, les Coquelet, le père Jolibois et sa famille.... pour n’évoquer que les gens de ma rue… et mes copains : Joël Bouzidi, Antonio plus âgé et Graziano Biancolin, Alain Sciot, Salah Achouri… j’en oublie... (Sur la carte postale cachet 1945, vous remarquerez la présence des anciennes casernes) Notre maison jouxtait le Baty, qui nous paraissait immense quand nous étions petits. C’était notre parc d’attractions, notre champ de bataille, notre prairie de western où les cow-boys affrontaient les Indiens. Cette place était séparée par une route non goudronnée et formait ainsi deux autres placettes pentues, une herbeuse et l’autre, en terre battue, goudronnée quelques années plus tard. Trois routes parallèles dont la nationale qui bordait la cité et longeait la voie ferrée, desservaient les maisons ouvrières dont certaines étaient appelées « villas ». A une certaine époque, elles étaient réservées aux petits cadres. Perpendiculairement, un axe séparait le grand Charnois du petit. Il montait de la route nationale vers la fameuse résidence des directeurs et laissera de part et d’autre les HLM où logea ma tendre et douce. Mais à l’époque ce n’étaient que prés où paissaient des vaches. Petit, par certains après-midis ensoleillés, j’allais avec ma mère m’étaler dans la prairie de marguerites qui dominaient les casernes ou du moins ce qu’il en restait. Mais revenons au Baty, notre arène. Nous attendions avec impatience les grandes vacances car cette place accueillait la fête foraine qui durait deux jours : je me souviens du manège de chevaux de bois et du fils du patron, M. Lambert, qui « courtisait » une certaine Françoise dont je tairai le nom de famille, du stand de tir dont le fils du patron était pendant cette période, scolarisé avec nous, le marchand de frites, les montagnes russes, la loterie avec toutes ses poupées. Et surtout le dimanche matin ! Des jeux et des courses étaient organisés par le Comité des fêtes représenté par Mimi Gonze, belle jeune femme. Ils étaient dotés de prix : petite enveloppe ou tickets de manège… J’ai un certain mal à ordonner mes souvenirs ; les vannes se sont ouvertes et les souvenirs affluent… Tout le monde a travaillé dans les industries de la Vallée, Fumay ou Revin, Pied-Selle ou Arthur Martin ou Faure dans la cuisinière ou bien les matériels sanitaires chez Porcher. Aujourd’hui, il ne reste pratiquement plus rien ; la région est sinistrée. Mon père a quand même goûté à l’ardoisière St Joseph en arrivant à Fumay. Je me souviens encore de sa lampe à carbure… et de l’essai d’une boulette de carbure jetée dans la Meuse et les cadavres de poissons flottant sur le ventre. Il a terminé sa carrière au Pied-Selle, au magasin d’expédition, en qualité de chef d’équipe. Ma mère est arrivée en France à l’âge de 19 ans ; je m’aperçois maintenant que nous n’avons pas eu beaucoup de conversations ou du moins j’en ai peut-être peu retenues ; j’avais appris incidemment par une voisine qu’elle avait fabriqué des sandales de corde pour les ouvriers de l’usine. J’ai plus tard le souvenir d’un travail de plongeuse à l’hôtel des Roches comme mon oncle Carlo, d’avoir mangé, à contre cœur d’ailleurs car viande au goût prononcé, un steack de sanglier « récupéré », d’avoir lu mon premier illustré, Tarzan, acheté avec ses pièces. Souvenirs, souvenirs …. Du Charnois, nous allions à l’école à Fumay ; nous allions, pour les catholiques, au catéchisme à Fumay, les mères de famille au marché de Fumay. Plus tard, nous irons « draguer » les filles de Fumay… quand elles n’étaient pas déjà prises. En fait, dans notre tête, il existait une frontière, nous nous rendions à la ville voisine. Gamins, cela devenait presque une expédition. Il y avait en ce temps-là un léger antagonisme. Et plus encore par le fait qu’il y ait deux équipes de foot : l’équipe du Pied-selle et celle de Fumay, excellente quand j’étais cadet. Aux yeux des Fumaciens, le Charnois était surtout l’endroit où s’était implantée une colonie d’étrangers en quête de travail, de renaissance, de reconnaissance : Italiens, Tchécoslovaques, Africains du Nord, Portugais, Espagnols qui ont fait souche. Je suis issu d’une d’entre elles. Je suis un rital ou plutôt fils de rital comme disaient mes petits copains de l’époque. J’avais de bons copains, des fils de « bicots » comme nous disions vulgairement à l’époque, des fils d’étrangers et d’autres, fils d’un Français des Iles, ou encore un sang mêlé d’origine vietnamienne. J’ai tout d’abord fréquenté l’école du Charnois (école primaire du Charnois construite en 1912 par l’architecte Dié Aristide) dont la directrice était madame Bourdon, petite femme dynamique. On ne voit qu’un mur !… J’ai certainement lancé la mode des cheveux longs et des châles… chez les garçons) dans les années 40 (1er rang, 3ème en partant de la doite) Dernier rang : de gauche à droite : Annie Pratz, Gilbert Ramoulu, Léonce Moreau, Lucien Coquelet, José Devogelaere, Jean-Pierre Coupaye, Josette Martin, Marcel Vandenabele, Michèle Godeau, Claudine Di Francesco 3ème rang : Francis Bernard, Lucette Husson, Lionel Fernandez, Mauricette Bourdon, Marie- Louise Duchêne, Jacqueline Debieuvre, Luce Pratz, Bernadette Léglise, Lucette Joly, Josette Da Silva, Raymonde Mathieu 2éme rang : Georges Lheur, Marie-Thérèse Grès, Nicole Godeaux, Pierre Belingheri, Mauricette Martin, Nicole Lannoy, Claudette Chamberland, Nicole Beaujean 1er rang : Annie Tutiaux, Poggioli, Gérard Mimille, Annie Pamart, Michel Godart (avec ardoise sur les genoux), Myriem Achouri, Paulette Husson, Moi, Pierre Bernard, Jocelyne Vandenabeele. Son mari, ingénieur à l’attitude décontractée, cigarette au bec, cendres sur le revers, travaillait au Pied-Selle. Leur fils, Alain, venait s’asseoir sur les marches de notre logis quand il sentait la bonne odeur des crêpes que faisait ma mère pour certains repas du soir. Ils habitaient une maison de cadre en bout de la cité, vers Fumay. Et leur autre fils, Daniel, qui s’est noyé dans la Meuse. J’ai entrevu le corps déjà bleui sortant de l’eau. Hydrocution ! Voilà plusieurs classes mélangées, grands et petits, pour la photo dans les années 49/50. Excusez pour l’absence de prénoms que je n’ai pas retenus. Dernier rang : Alain Kosiart, Bernard, Monique Henri, Husson, Edgard Coupaye (décédé), José Staff (décédé), Da Silva, Godeau, moi, Legrain, Michèle Couroye, Jean-Paul Fernandez (décédé), Lheur, Janick Zaba, Joel Halté 3ème rang : Pierre Cuisset, Andrée Pirlot, Jean-Claude Rofidal, Salah Achouri, Vandenabel, Lion, Despas, Lanoy, Fernandez, Micheline Grès, Roberte Villeval, Christiane Chabotier, Robert Ducoffe, Edith Léal 2éme rang : Alain Bourdon, Pamart (décédée), Henrot, Jolibois, Daniel Bianco, Darc, Belingheri, Gruchot, Husson, Sohet, Husson, Husson, Angèle Belingheri 1er rang : Jolibois, Biancolin Graziano, Hayon, Robert Depaoli, Gruchot, Mimile, Toussaint, Husson.