LICHT Les Sept Jours De La Semaine Intégrale Du Cycle Opératique
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Karlheinz Stockhausen LICHT Les sept jours de la semaine Intégrale du cycle opératique. 2018-2024 DONNERSTAG AUS LICHT SAMSTAG AUS LICHT MONTAG AUS LICHT DIENSTAG AUS LICHT FREITAG AUS LICHT MITTWOCH AUS LICHT SONNTAG AUS LICHT Premières dates : Donnerstag aus Licht, Opéra Comique, 15, 17 et 19 novembre 2018 Donnerstag (extraits), Opéra national de Bordeaux, 10 et 11 janvier 2019 Donnerstag aus Licht, London Southbank Centre, 21 et 22 mai 2019 Samstag aus Licht, Philharmonie de Paris, 28 et 29 juin 2019 Presse : Claire Fabre, Opus64 : [email protected] / 01 40 26 77 94 Gaspard Kiejman, Le Balcon : [email protected] / 06 79 76 15 61 LICHT est une révélation pour l’œil, l’oreille, l’esprit. PRÉSENTATION C’est une œuvre d’art total, transdisciplinaire, dans laquelle Stockhausen a intégré ses découvertes, ses idées, et a opéré une synthèse des cultures du monde entier ainsi que de plusieurs siècles d’histoire de la musique. Dès 2009, alors qu’il venait juste de se former, LE BALCON a com- mencé à mettre en place et expérimenter la richesse de ces partitions dans lesquelles tout, absolument tout, est prévu et noté : la musique, les actions, les gestes, mais aussi le dispositif technologique et sonore. Il nous fallut beaucoup de temps et de rigueur avant d’atteindre le cœur de ces œuvres, aussi exigeantes que mystérieuses au premier abord. Au bout de quelques années, le mystère a fait place à une fascination et même une adoration : LICHT ne déploie pas seulement un univers sonore extrêmement séduisant, il correspond magnifiquement à notre idéal d’un spectacle total, plongeant le spectateur dans un monde sonore et visuel unique. LICHT (1978-2003) Le 17 novembre 2018, cela fera dix ans que LE BALCON existe. Pour nos dix ans, nous avons décidé de nous lancer dans le projet fou, insensé, de monter l’intégrale du cycle, ce qui n’a jamais été fait jusqu’à maintenant. Musique, livret, danse, actions et gestes écrits par LICHT KARLHEINZ STOCKHAUSEN DIENSTAG AUS LICHT (1988-1991) Création : 1993, Opéra de Leipzig DONNERSTAG AUS LICHT (1978-1980) Effectif : 17 solistes, acteurs, mimes, chœur, (1928 -2007) Création : 1981, Teatro alla Scala (Milan) modernorkester et musique électronique. Effectif : 15 solistes, orchestre, chœur et électronique. FREITAG AUS LICHT (1991-1994) Création : 1996, Opéra de Leipzig SAMSTAG AUS LICHT (1981-1983) Effectif : 6 solistes, douze couples de danseurs, Création : 1984, Teatro alla Scala (Milan) orchestre d’enfants, chœur d’enfants, chœur et Effectif : 13 solistes, chœur, ballet, orgue et chœur musique électronique. d’hommes. MITTWOCH AUS LICHT (1995-97) Création : 2012, Opéra de Birmingham. MONTAG AUS LICHT (1984-88) Effectif : 9 solistes, un chœur avec chef chantant, Création : 1988, Teatro alla Scala (Milan) orchestre et électronique. Effectif : 21 solistes, chœur mixte, chœur d’enfants, et « modernorkester» (3 synthétiseurs, un SONNTAG AUS LICHT (1998-2003) percussionniste, une bande). Création : 2011, Opéra de Cologne Effectif : 14 solistes, une voix d’enfant, deux chœurs, deux orchestres, électronique. LICHT 2 T Maxime Pascal « Pour moi, le XXIe siècle s’ouvre avec LICHT. LICHT commence en 1978 et son écriture se termine en 2002. Et pourtant ; le XXIe siècle de notre musique, celle de la musique écrite, c’est celle de Karlheinz Stockhausen. Stockhausen est le visionnaire de notre rapport à l’espace-temps. Dans LICHT, il emmène chacun des paramètres artistiques à un niveau qu’on peine encore à com- prendre aujourd’hui. Actuellement, on ne joue que le Stockhausen des vingt premières années : celui de Punkte et de Gruppen. Le reste, à partir de la fin des années 1970, est poliment mis de côté. C’est pour moi incompréhensible et insupportable, car LICHT L’ESPACE est l’aboutissement d’un chemin démarré au début des années 1950. Toutes les œuvres qu’il compose à ce moment l’amènent à s’intéresser à un paramètre qu’il va transfigurer. Toutes ces trouvailles vont nourrir la base de son langage dans LICHT. Dans Mittwoch aus Licht (« Mercredi de Lumière ») il y a un troisième acte qui, pris individuellement, est connu sous le nom de Helikopter-Streichquartett (Quatuor à ET cordes en hélicoptère). Quatre musiciens, deux violonistes, un altiste, un violoncel- liste, sont chacun dans un hélicoptère et jouent simultanément une musique écrite par Stockhausen, tandis que le résultat est diffusé aux spectateurs dans la salle. Quand le public assiste au quatuor, il prend conscience par l’expérience sensorielle que ce qu’il voit et entend est joué par des musiciens qui partagent le même temps qu’eux, mais LE pas le même espace. Cette dualité, l’écriture de l’espace et du temps, c’est ce qui est l’objet expressif chez Stockhausen. Sur cette scène, il note dans la partition que le quatuor doit être joué « au coucher du soleil », et que les hélicoptères doivent tourner autour de la salle de spectacle. Il y a un côté du ciel où le soleil se couche, ce qui donne une certaine lumière, et il y a l’autre côté, qui en donne une autre. C’est en fait le moment de la journée où TEMPS la différence chromatique des couleurs du ciel est la plus frappante, et ce qui permet d’être encore plus conscient de cet espace qui est différent pour chaque musicien. Stockhausen avait ici inventé la mise en réseau des musiciens et des spectateurs. C’est ici la dimension technique de son écriture de l’espace-temps. Chaque œuvre de LICHT révèle quelque chose d’un paramètre musical poussé à un Par Maxime Pascal, cofondateur du Balcon niveau extrême. Stockhausen révèle un théâtre instrumental, celui dans lequel l’instru- mentiste incarne le personnage, et prolonge ainsi le geste enclenché par Berlioz (Harold et directeur musical du projet LICHT en Italie) et Strauss (Don Quichotte). Et avec la superformule, Stockhausen révèle un système musical nouveau d’une richesse et d’une expressivité immense. Il est fascinant de penser qu’on commence tout juste à développer les moyens tech- niques de réaliser ce que Stockhausen imaginait pour LICHT. Dans Donnerstag aus Licht, le premier opéra du cycle, il y a ce qu’on appelle les chœurs invisibles, des voix préenregistréesqui diffusent un murmure presque inaudible dans la salle, au plus près LICHT 3 des spectateurs. Stockhausen imagine un monde où les anges sont présents, tout près de nous, comme une substance qu’on ne peut voir, mais qu’on sent. Et au troisième acte, lorsqu’on a basculé dans l’au-delà, on entend distinctement les anges chanter. Il crée ce passage de l’insensible au sensible dans sa partition, musicalement, avec son langage et un dispositif technique précis. Le plus extraordinaire, c’est ce qu’il décrit dans Orchester-Finalisten, la deuxième scène de Mittwoch aus Licht. Il décrit véritablement un théâtre du futur, celui dans lequel un espace acoustique et musical peut se transformer un un autre. Ce sont des choses sur lesquelles on travaille aujourd’hui, la mise en scène acoustique, la transformation et le morphing des espaces ; dans Orchester-Finalisten, il décrit des situations acous- tiques utopiques, mais qui trouveront une réalisation dans le futur. Il imagine que le tromboniste joue au-dessus d’une ville, vole au-dessus d’une piscine avec des enfants qui crient et que le public l’accompagne dans les airs pendant qu’il interprète sa partie. L’espace se transforme ensuite et on se retrouve au-dessus d’un souk de Marrakech, aux côtés d’un contrebassiste soliste. Quand on lit ça, on a une première impression de naïveté ; mais c’est en allant creuser au plus profond de l’œuvre que la naïveté s’efface et laisse apparaître un système musical, narratif totalement visionnaire ; tellement visionnaire que cela apparaît impossible à mettre en place. Stockhausen déclarait d’ailleurs avant la création de Montag aus Licht : « je me suis posé des problèmes qui ne pouvaient pas être résolus sur le moment, qui étaient des problèmes du futur. » C’est à nous et aux générations futures de matérialiser ces idées sur une scène de théâtre. Le rôle du chef d’orchestre est très spécial dans LICHT ; Stockhausen en a prévu un pour Donnerstag ; dans Samstag, il y en a encore un, dans certaines parties. Dans Montag, le chef est en coulisses et diffusé sur des écrans dans la salle. Et ensuite, le chef d’orchestre disparaît, en même temps que l’orchestre, au profit du modernorchester, les trois synthétiseurs. Au fil de ces sept années, mon rôle évoluera donc, et la direction artistique s’exercera autrement par le contrôle d’un ensemble de paramètres et par des pratiques qu’il me reste encore à apprendre et à perfectionner. Cette élimination du chef d’orchestre voulue par Stockhausen devrait me fruster - au lieu de cela, cet aspect nouveau de la direction d’orchestre m’attire et m’excite, c’est très étrange. L’idée, l’idée de jouer le cycle entier est tombée un peu naturellement, on a d’abord voulu monter Donnerstag en entier à l’Opéra Comique car nous en jouons des extraits depuis 2009, puis nous avons rencontré la Philharmonie qui nous a proposé Samstag. À partir de ces deux projets, il a été naturel d’imaginer produire le cycle entier, ce qui n’a jamais encore été fait. Les interprètes du Balcon, qu’ils soient chanteurs, musiciens,danseurs ou ingénieurs du son, ont quelque chose de très particulier et même d’unique, qui a été travaillé et affiné au cours de ces dix premières années. Notre connaissance de plus en plus intime de l’œuvre, notre rigueur dans le travail stockhausenien, notre énergie et aussi notre amour, c’est ce qui nous pousse à nous lancer dans cette aventure.