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LIBRAIRIE FAUSTROLL

Bibliothèque Maurice Nadeau

Salon International du Livre Rare Grand Palais, Paris Stand A4 11 au 14 avril 2019 LIBRAIRIE FAUSTROLL

Éditions originales - Livres illustrés Manuscrits - Gravures - Photographies

Christophe Champion 22, rue du Delta 75009 Paris Métro : Anvers Tel : +33 (0)6 67 17 08 42 e-mail : [email protected] Site internet : http://librairie-faustroll.com

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Maurice Nadeau (1911-2013) est un cas unique dans l’histoire des lettres modernes.

Durant sa longue carrière, s’écoulant sur plus de soixante-dix ans, allant de l’immédiat avant-guerre au début de années 2010, il aura mené de front quatre carrières imbriquées, celles de :

• critique littéraire, tour à tour à Combat où il dirige la page littéraire (1945-1951), au Mercure de France (1949- 1953), à France-Observateur (1952-1959), à l’Express (1959-1963) puis aux Lettres Nouvelles et à la Quinzaine littéraire,

• directeur éditorial et directeur de collection chez divers éditeurs (passant des éditions Corrêa, à Julliard, Denoël et Robert Laffont) avant de lancer sa propre maison d’édition en 1977 (Les Lettres Nouvelles - Editions Maurice Nadeau),

• directeur de revues, les Lettres Nouvelles (1953-1976) et la Quinzaine littéraire (co-fondée avec François Erval en 1966 et dirigée de 1970 à 2013), et

• écrivain, il est notamment l’auteur d’essais importants Histoire du surréalisme (Seuil, 1945), Le Roman français depuis la guerre (Gallimard, Idées, 1963), Gustave Flaubert, écrivain (Denoël, 1969), d’une anthologie des Oeuvres du Marquis de Sade (La Jeune Parque, 1947) et de mémoires ou souvenirs, Grâces leur soient rendues (Albin Michel, 1990) et Serviteur ! Souvenirs littéraires (Albin Michel, 2002).

Homme de conviction, engagé à gauche, il défendra la liberté d’expression - créant le comité de soutien Henry Miller en 1947 - et les nobles causes - signant et diffusant le Manifeste des 121 sous-titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », paru en septembre 1960.

Sa bibliothèque, assemblée durant une vie pleinement consacrée à la littérature, est celle d’un ardent et sélectif bibliophile, au sens éty- mologique du terme, privilégiant le contenu avant tout, ne conser- vant que les livres et documents les plus essentiels.

Les services de presse, correspondances et manuscrits rassem- blés ici témoignent dans leur globalité de son sens de la décou- verte, son acuité, son engagement, son indépendance, sa passion, sa fidélité, son opposition parfois.

Insatiable lecteur, Maurice Nadeau aura contribué à faire connaître bon nombre d’écrivains maintenant devenus des classiques: Roland Barthes, Georges Bataille, Samuel Beckett, Louis Calaferte, Aimé Césaire, Emil Cioran, Claude Simon et plus récemment Georges Perec et Michel Houellebecq.

S’intéressant aussi à la littérature étrangère, il aura fait découvrir aux lecteurs français l’oeuvre d’Henry Miller, de Malcolm Lowry (un catalogue lui étant consacré sortira ultérieurement), Leonardo Sciascia, Witold Gombrowicz, etc.

Pour rendre compte des relations singulières entretenues avec chacun, nous avons choisi de retranscrire les lettres et envois autographes dans ce catalogue.

C’est un immense privilège de présenter ici cet ensemble.

3 Découvrir Maurice Nadeau

Nous recommandons vivement le premier volume des écrits de journalisme littéraire de Maurice Nadeau, publié en 2018 par les Editions Maurice Nadeau, ainsi que le documentaire, écrit et réalisé par Gilles Nadeau au sujet de son père.

Le livre et le documentaire seront proposés à la vente durant le Salon du Livre Rare (Stand A4).

I. NADEAU (Gilles). Maurice nadeau - révolution et littérature.

Paris, Morgane Production; 2005. DVD de 82 minutes, sous pochette plastique.

Passionnant documentaire écrit et réalisé par Gilles Nadeau retraçant la riche carrière de Maurice Nadeau.

Le film est constitué d’entretiens avec l’éditeur-écrivain, recueillis par Gilles Nadeau et Alain Poulange de 1997 à 2004 et d’images d’archives.

15 €

Le même DVD accompagné de :

II. [NADEAU (Maurice)]. maurice nadeau... à la table des lettres. s.l., La Maison d’à côté, 2006. In-16 (15 x 15 cm), broché, couverture illustrée, 2 ff. n. ch., 276 pp.

Petite anthologie de texte de Maurice Nadeau, parus à la Quinzaine littéraire, à propos des principaux écrivains dont il est question dans le documentaire.

20 €

4 III. NADEAU (Maurice). Soixante ans de journalisme littéraire. tome I, Les années « Combat » 1945-1951.

Paris, Les Lettres Nouvelles - Maurice Nadeau, 2018. Fort in-8 (24 x 16 cm), broché, couverture illustrée à rabats, 1 471 pp..

Edition originale (pas de grand papier) imprimée sur papier primapage ivoire (50 g.).

Ce premier tome, préfacé par Tiphaine Samoyault, rassemble l’intégralité des textes littéraires de Maurice Nadeau parus de 1945 à fin 1951 dans le journal Combat de Pascal Pia et , La Revue internationale de Pierre Naville, l’hebdomadaire Gavroche et la revue du Mercure de France.

Soixante ans de journalisme littéraire relate un itinéraire hors du commun où édition, journalisme littéraire et batailles d’idées sont étroitement mêlés pour définir en creux une personnalité. Les années Combat c’est Sade, Gide, Léau- taud, Artaud, Giono, Malraux, Céline, Cendrars, Sartre, Camus, Miller, Queneau, Blanchot, Genet, Cioran, Beckett, Barthes, Bataille, Char ou Michaux.

Plus qu’un recueil, c’est la première étape de l’évolution du monde littéraire qui s’affiche au lendemain de la Libéra- tion.

Un tome II sera prochainement consacré aux années de la revue Les Lettres Nouvelles (1952-1965) incluant les articles publiés dans France Observateur et L’Express. Le tome III couvrira les années de La Quinzaine littéraire (1966-2013).

« Le sentiment qui domine quand on lit Maurice Nadeau, c’est qu’il n’est pas qu’un grand critique littéraire. Il y a quelque chose d’autre qui tient à la qualité de son écriture – une certaine musique – et à la façon dont il envisage la littérature, dans ses particularités et sa globalité. Il n’écrit pas comme un journaliste mais comme un écrivain, et ses articles ne sont pas vraiment des articles mais des textes littéraires dont l’ensemble constitue précisément son œuvre » (Alain Roussel, Notes de lecture, revue Europe, 2018).

39 €

5 1. ADAMOV (Arthur). Écrits récents sur Kafka. s.d. [1947]. Manuscrit autographe signé, 3 pp. et 1/2 rédigées à l’encre noire au recto de 4 feuillets de format in-4.

Important manuscrit autographe signé de cette lumineuse et longue chronique se rapportant à différents ouvrages concernant Franz Kafka qui venaient de paraître : Introduction à la lecture de Kafka de Marthe Robert (Éditions du Sagittaire, Coll. L’heure nouvelle, 1946), Kafka ou le mystère juif d’André Nemeth (J. Vigneau, 1947), Les Voies de l’inversion de René de Solier (Deuxième Cahier de la Pléiade, avril 1947).

Le document fut probablement adressé à Maurice Nadeau pour parution dans Combat. Arthur Adamov fut après- guerre l’un des passeurs de la littérature allemande en France.

800 €

2. ALECHINSKY (Pierre), DUFOUR (Bernard), HÉROLD (Jacques) & BUTOR (Michel). Tourmente.

Montpellier, Fata Morgana, « Insolations n° 1 », 1968. In-4 (30,2 x 23,5 cm), en feuilles, sous portefeuille éditeur à lacets, étiquette imprimée collée sur le premier plat, non paginé, 13 ff. n. ch..

Edition originale de ces onze poèmes de Michel Butor illustrés par Alechinsky, Bernard Dufour et Jacques Hérold.

Tirage limité à 130 ex. num. signés par l’auteur et les artistes à la justification, celui-ci marqué « H.C. ».

Alechinsky, The Complete Books, 345. 500 €

3. ALEXANDRE (Maxime). Lettre à Maurice Nadeau à propos des Documents surréalistes.

6 juillet 1948. 1 LS d’1 p. au format in-4.

Lettre signée adressée à Maurice Nadeau à propos des Documents surréalistes paru au Seuil en 1948.

Maxime Alexandre proteste contre l’absence de mention de son texte, co-signé avec Pierre Unik, titré « Autour d’un poème » paru au moment de l’Affaire Aragon en 1932.

LS : « Le 6 juillet 1948 / Monsieur Maurice Nadeau / Journal Combat Paris / Mon cher Nadeau, je n’ai pas l’habitude de poursuivre mon ombre en envoyant des lettres de rectification à MM. les critiques littéraires. L’estime pour votre activité - que j’ai toujours jugée intelligente et toujours crue désintéressée - me fait sortir d’une réserve due à mon peu de goût pour le pelotage, le branlage en commun (tu parleras de mes beaux yeux, je parlerai de tes beaux genoux) qui est, je crois, de rigueur. Un seul mot pour vous informer que dans vos « Documents S. », en dehors d’une omission générale, plus négligeable, de mes états de service surréalistes, vous avez omis d’insérer le texte le plus important, oui, très simplement! à propos de « l’affaire Aragon » (1932), signé par Pierre Unik et moi. Pierre Unik est mort, moi, les Allemands à Paris avaient proscrit mon nom, parce que l’auteur, comme ils disaient, « est Israëlite et révolutionnaire ». Ce silence bien établi, il est commode - et agréable pour les petits copains - de le faire durer. Je ne sais pas quels ont été vos informateurs, mais Breton pourra certainement vous fournir le pamphlet en question, intitulé « Autour d’un poème ». Moi, les nazis n’ont tout volé, y compris mes « documents surréalistes ». Bien cordialement à vous, Maxime Alexandre ».

100 €

6 4. ANTELME (Robert). L’Espèce humaine.

Paris, Editions de la Cité universelle, 1947. In-12 (18,3 x 14cm), broché, couv. brique imprimée en rouge et noir, 434 pp., étui-chemise signé d’Elbel-Libro.

Rare et importante édition originale.

Exemplaire du service de presse (pas de grand papier) sous la couverture à l’enseigne de La Cité universelle.

Envoi autographe signé du poète : « A Maurice Nadeau / ces quelques visions de / l’oppression totale, et les extrêmes revendications des opprimés. En toute sympathie / Robert Antelme ».

Exemplaire broché conservé sous étui-chemise.

Très rare avec envoi.

Ouvrage fondamental sur l’expérience des camps nazis, L’Espèce humaine est la troisième et dernière publication de l’éphémère maison d’édition fondée par Marguerite Duras et Robert Antelme, son mari de 1940 à 1946. Sa dif- fusion fut confidentielle et les exemplaires furent remis en vente l’année suivante sous une nouvelle couverture par Robert Marin.

Maurice Nadeau était très proche de Robert Antelme (et de Marguerite Duras).

Un chapitre de Serviteur ! Un itinéraire critique à travers livres et auteurs depuis 1945 (pp. 46 et suivantes), titré « Un grand livre à relire » est consacré à L’Espèce humaine.

9 000 €

5. [ANTELME (Robert)]. En vue de la défaite américaine.

Appel international pour une rupture. s.d. [juillet 1967]. Tract imprimé de 2 pp. sur un feuillet de format in-4 (25,8 x 20,8 cm) imprimé recto verso.

Tract en soutien aux déserteurs américains lors du conflit avec le Vietnam à l’instar du Manifeste des 121. Il paraîtra en juillet 1967 dans Les Lettres Nouvelles. Les signataires de ce tract seront peu ou prou les mêmes que ceux qui avaient signé la Déclaration sur le droit à l’insoumission en Algérie en 1960.

100 €

7 6. ARAGON (Louis). Persécuté, persécuteur.

Paris, Editions Surréalistes, 1931. In-4 (26,3 x 20,5 cm), broché, couverture rouge imprimée en noir, étiquette d’éditeur sur le premier plat, 82 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 800 exemplaires sur vélin « Bibliophile » (après 15 Japon impérial, 30 Hollande, 70 Johannot et 100 ex. sur papier vert).

Bien complet du feuillet d’errata.

Ex-libris manuscrit sur le faux-titre. 200 €

7. ARAGON (Louis). Le Nouveau crève-coeur. poèmes.

Paris, Gallimard, 1948. In-12 (18,8 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 123 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale. Exemplaire du SP.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / sic / Aragon ». 200 €

8. ARAGON (Louis). Elsa. Poème.

Paris, Gallimard, 1959. Grand in-8 (23,6 x 18,7 cm), broché, couv. imprimée, 125 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 26 vélin de Hollande et 108 vélin pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / pour le / remercier de son objectivité / Aragon / lisez donc « Roses à crédit » ».

Roses à crédit est un roman d’Elsa Triolet paru chez Gallimard en 1959, premier volet de la trilogie titrée L’Âge de Nylon.

Prière d’insérer joint, celui-ci ayant déchargé sur le premier feuillet de garde et le faux-titre.

600 €

9. ARAGON (Louis). Les Poètes. Poème.

Paris, Gallimard, 1960. Grand in-8 (23,6 x 18,7 cm), broché, couv. imprimée, 217 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (après 30 vélin de Hollande et 125 vélin pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / Aragon ». 300 €

10. ARLAND (Marcel). Supervielle retrouvé.

[26 juillet 1947]. Manuscrit autographe signé de 4 pp. rédigées à l’encre noire sur 4 feuillets de 26,5 x 21 cm.

Manuscrit autographe signé de l’article donné par Marcel Arland à Combat suite à la publication de deux volumes de Jules Supervielle : Choix de poèmes chez Gallimard en 1947 et Orphée et autres contes chez Ides et Calendes en 1946.

« Du temps et de l’espace Jules Supervielle nous est revenu en apportant de nouveaux poèmes, de nouveaux contes, des souvenirs, deux pièces de théâtre, et le meilleur présent qu’il pût nous offrir : un choix de ses oeuvres poétiques. Si c’est pour un écrivain une épreuve assez redoutable que de rassembler en un seul livre l’essentiel de trente années de travail, et de proposer de soi une image sur laquelle il accepte qu’on le juge. Ce choix, aussi bien, Supervielle l’a composé avec un soin et un scrupule extrême... ».

Le texte paraîtra dans Combat. 8 On joint 7 lettres autographes signées d’une page in-12 de Marcel Arland à Maurice Nadeau datant de 1947 à 1953.

Les premières sont relatives au texte d’Arland consacré à Supervielle : « Voici ma petite étude sur Jules Supervielle » (26 juillet [1947]) et à d’autres contributions au journal Combat. Dans une autre datée du 24 décembre 1951, il remercie Maurice Nadeau pour sa chronique dans le Mercure de France de Prose française, anthologie préparée par Arland et éditée par Stock en 1951. La dernière concerne un texte de Lorca que Paulhan souhaite publier dans la NRF.

250 €

11. ARNAUD (Noël) & BUCAILLE (Max). L’État d’ébauche.

Ouvrage illustré de 23 images par Max Bucaille.

Paris, Le Messager boiteux de Paris, Collection « D’un certain prix », 1950. In-8 (22,7 x 16,3 cm), cartonnage de l’éditeur avec jaquette illustrée rempliée, non paginé, 12 ff. n. ch..

Edition originale.

Tirage à 500 exemplaires numérotés : 2 sur Japon Impérial, signés par les auteurs et contenant deux images origi- nales de Max Bucaille et chacun la moitié du manuscrit de Noël Arnaud, 15 sur Japon M.S.I., signés par les auteurs et contenant deux images supplémentaires inédites en hors-texte, tirées du cabinet secret de Max Bucaille, 85 sur vélin de Hollande Van Gelder Zonen, contenant deux images supplémentaires inédites en hors-texte, tirées du cabi- net secret de Max Bucaille, 100 sur papier vélin de couleur nankin, contenant une image supplémentaire inédite de Max Bucaille et 298 sur papier vélin blanc.

Exemplaire sur vélin blanc (n°288).

Envoi autographe signé de Max Bucaille et de Noël Arnaud : « A Maurice Nadeau / avec l’hommage amical / des auteurs de / [L’État d’ébauche] / Bucaille Noël Arnaud ».

Rare avec envoi de Bucaille. Fente à la jaquette en pied du dos. 150 €

9 12. ARNAULD (Céline). Guêpier de diamants. Poèmes.

Anvers, Ça Ira, 1923. 18,5 x 14 cm, broché, couv. imprimée, 62 pp., 5 ff. n. ch..

Édition originale de ce recueil de poèmes surréalistes avant l’heure.

Un des 200 exemplaires sur vélin d’édition, non justifié, après 10 ex. sur Hollande.

Envoi autographe de l’auteur : « Hommage à Maurice Nadeau, / Céline Arnauld ».

Dos bruni, marges de la couverture poussiéreuses, bel état intérieur. 100 €

13. ARNAULD (Céline). Rien qu’une étoile. suivi de Pleins-chants sauvages.

Paris, Editions Montbrun, 1948. In-8 (28,2 x 19,2 cm), broché, couverture imprimée, 48 pp., 4 ff. n. ch..

Rare édition originale de ce recueil de poésies engagées composées de 1940 à avril 1944.

Il s’ouvre sur cet avertissement : « Dans le gouffre noir du ciel de guerre nous suivons désespérément une étoile qui brillait d’un éclat dantesque! Nuit après nuit de cette étoile naquit la constellation espoir ».

Exemplaire du tirage courant (après 56 ex. sur vélin Lana bélier comportant deux lithographies de Marcel Gimond).

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / en hommage très sympathique / Céline Arnauld / II/49 ».

On joint un portrait à l’encre de profil de Céline Arnauld par Louis Favre (signé à l’encre au verso par l’auteur : « Céline Arnauld II/49 »).

450 €

14. ARON (Raymond). L’Opium des intellectuels.

Paris, Calmann-Lévy, 1955. 21,2 x 14,2 cm, broché, couv. jaune imprimée en noir, 337 pp., 1 f. n. ch..

Édition originale d’un des principaux essais de Raymond Aron.

Rare exemplaire d’avant publication sous couverture spéciale jaune imprimée en noir. Le tirage dans le commerce comprendra 50 ex. sur alfama.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau, / ce livre qui l’irritera / Raymond Aron ».

Couverture lég. poussiéreuse, papier jauni.

C’est dans cet ouvrage que Raymond Aron dénoncera la fascination et le soutien des intellectuels à l’égard des régimes communistes.

300 €

15. ARON (Robert). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

5 juillet 1948. LAS de 4 pp. rédigées à l’encre bleue sur 2 feuillets de 27 x 21 cm.

Virulente lettre autographe adressée à Maurice Nadeau suite à la publication par ce dernier d’un article consacré à Karl Marx dans Combat le 25 juin 1948.

« Monsieur, Dans la dédicace de votre dernier livre, que je reçois à l’instant, vous m’assurez de votre « estime ». Fort bien, et j’y suis sensible. Mais comment concilier ce sentiment avec la désinvolture dédaigneuse que vous avez témoignée ici-même, dans votre article du 25 juin dernier (Gloses sur Marx et le marxisme) au livre collectif, De Marx au marxisme, publié sous ma direction aux Editions de Flore [...] Livre qui pose des questions assez essentielles pour que je m’y sente engagé [...] Vous avez fort bien cité la phrase d’Arnaud Dandrieu : « Karl Marx est un révolu- tionnaire mort jeune ». Ne pensez-vous pas que pareillement il y ait aujourd’hui de révolutionnaires morts-nés ? [...] Il est aujourd’hui de « petits-maxistes », dans le sens où Karl Marx disait qu’il est de « petits-bourgeois ». En subtilisant sur les thèmes jadis révolutionnaires, ils tentes de leur rendre une actualité perdue, et de justifier le conservatisme nouveau dans lequel ils s’abritent. [...] ». 150 € 10 16. ARTAUD (Antonin). Sur le yoga. mars 1946. Tapuscrit de 4 pp. 1/4 in-4 (27 x 21 cm), sur feuillets fins agrafés.

Tapuscrit de ce texte écrit à Rodez en mars 1946.

Il fut communiqué à l’époque par Artaud à Jean Paulhan, Combat (notre exemplaire) et à l’Arche (cf. Artaud en revues, L’Âge d’homme, 2005, p. 77).

Le texte sera publié par la revue 84 en mai-juin 1951.

Quelques corrections, d’une main non identifiée.

On joint une CAS de Paule Thévenin à Maurice Nadeau à propos de « Sur le yoga ». 750 €

17. ARTAUD (Antonin). Le Retour d’Artaud le Momo.

6 septembre 1946. Tapuscrit ronéoté de 11 p. imprimé au recto de 11 feuillets fin.

Tapuscrit de 11 pages, daté du 6 septembre 1946.

Ce poème virulent et explosif, où le poète règle son compte avec la sexualité et les électrochocs, sera édité par Bordas en 1947 dans un recueil titré Artaud le momo accompagné de « Centre mère et patron minet », « Insulte à l’Inconditionné », « L’Exécration du Père-Mère » et « Aliénation et magie noire ».

750 €

11 18. ARTAUD (Antonin). Lettre à Pascal Pia à propos de la conférence du Vieux Colombier.

Paris, 31 janvier 1947. LAS de 8 pp. in-12 (17,3 x 13,4 cm) rédigées à l’encre bleue sur de deux bifeuillets.

Importante et longue lettre autographe signée adressée à Pascal Pia en rapport avec la dernière apparition publique d’Antonin Artaud, le 13 janvier 1947 sur la scène du Vieux Colombier, pour y donner une conférence - His- toire vécue d’Artaud-Mômo. Tête à tête par Antonin Artaud, avec 3 poèmes déclamés par l’auteur - devant une salle comble.

Dans un premier temps, Artaud remercie Pia pour l’article « Tête à tête avec Antonin Artaud - Billet-doux par Justin Saguet [Maurice Saillet] » qu’il fit paraître le 24 janvier 1947 dans Combat rendant compte de cette conférence. Mais très vite, il se plaint du refus initial de Pia de publier dans Combat quinze lignes de lui annonçant cette conférence. Suit une longue plainte, rédigé avec la verve habituelle de l’auteur, détaillant les souffrances qu’il dût subir durant ses neuf ans d’emprisonnement en asile psychiatrique.

A la fin de la lettre, il demande que cette lettre soit publiée dans Combat, ce qui ne semble pas avoir été fait.

Retranscription : « Paris 31 janvier 1947 / à Pascal Pia / Directeur de Combat / Monsieur, Merci pour l’article que Combat a consacré à une séance du 13 janvier courant. Mais ce geste de votre part n’efface pas la réponse qui d’après ce qui m’a été rapporté a été donnée par vous à une personne venant, quelques jours avant la séance vous demander de publier 15 lignes de texte que j’avais écrites pour en affirmer l’opportunité et l’intérêt. Vous avez répon- du paraît-il que ça n’en valait pas la peine. Ainsi donc M. Pascal Pia 2 coups de couteau dans le dos, coups de barre de fer qui m’a broyé et scindé en deux la colonne vertébrale, une agression criminelle sur un navire en pleine mer, 3 ans de mise au secret, 5 mois d’emprisonnements systématiques, dont le dernier (emprison-

12 nement) à l’asile sanitaire m’a laissé pour un mois dans le coma, 2 ans d’électrochocs injustifiés, ponctués de cinquante comas dont l’un des premiers a fait croire au médecin qui me l’avait appliqué que j’étais mort et lui avait fait donner à 2 infirmiers ordre de transporter mon corps à la morgue, 9 ans d’internement arbi- traire enfin ne sont pas un assez joli grumeau d’anomalies pour que le directeur d’un grand journal puisse croire que la curiosité et le sadisme du grand public auront de quoi s’y satisfaire entièrement, et quelle sensationnelle estrapade sur mon corps aurais-je dû avoir à raconter pour apaiser par avance votre souci de la palpitante information. À défaut de la célébrité du nom qui peut être en effet n’en valait pas la peine il y a le caractère et la monstruosité du sujet qui pouvaient mériter, qui mériteraient et appelaient très certainement, dans ce cas, 15 lignes d’introduction. A l’heure qu’il est, maintenant encore veux-je dire Monsieur Pascal Pia leur intérêt n’a pas varié; ne s’est pas éloigné; au contraire; car il y a des choses qu’on ne dit plus mais qu’on assène, et devant la salle du Vieux Colombier je me suis rendu compte tout d’un coup après la vocifération de mes poèmes qu’on ne les assène plus avec des mots, mais avec des coups : canons, bombes (extra-atomiques) bâtons, torpilles, bref tout l’arsenal. Et ses quinze lignes qui étaient pour moi un moyen premier de martyriser et d’assassiner une atmosphère, m’auraient par les réactions immédiates de l’opinion, démontré que cette séance était inutile, dans toute la partie qui sortait du mythe des poèmes pour entrer dans la réalité. J’ai fait cette séance pour dire : vous, public, qui en dehors de mes amis représentez une société qui m’a interné et maintenu neuf ans interné; pour le seul crime d’avoir cru aux envoûtements et de le dire; je viens non seulement vous redire que je crois aux envoûtements mais que je pense que vous êtes vous, société, tout entière coupable des envoûtements qui ont été jetés sur moi pour me livrer pieds et poings liés aux mains de mes incarcérateurs, et qui ensuite ont servi avec l’aide de l’incarcération, des électrochocs, et des poisons à épuiser mes forces et à ruiner ma santé pendant 9 ans. Et ses envoûtements font partie de tout un système dont le monde vit depuis environ le déluge, et sur lequel je vous apporte aujourd’hui les preuves les plus sensationnelles et les plus précis renseignements. Mais cela je ne l’ai pas dit et parce que l’atmosphère n’y était pas. A vous, Antonin Artaud. PS Voudriez-vous publier cette lettre-ci ».

18 000 €

13 19. ARTAUD (Antonin). Lettre tapuscrite. Le monde va mal. La mécanique du monde tourne mal.

Ivry, 28 juin 1947. Tapuscrit ronéotypé de 5 pp. 1/2 in-4 (26,7 x 20,8 cm), sur feuillets bleus.

Tapuscrit ronéotypé de cette lettre du 28 juin 1947 commençant par ces mots : « Le monde va mal. La mécanique du monde tourne mal. » dans laquelle Artaud évoque les « grands morts » que sont Gérard de Nerval, Van Gogh, Edgar Poe et Baudelaire.

Le document semble être resté inédit. 500 €

20. ARTAUD (Antonin). Lettre autographe signée au Directeur de Combat à propos des filles de coeur.

Ivry, 29 juillet 1947. LAS de 8 pp. in-12 (18 x 14 cm) rédigées à l’encre verte sur de deux bifeuillets.

Importante et longue lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau à propos des filles de coeur, Catherine Artaud (sa grand-mère paternelle), Anie Besnard, Cécile Schramme, Ana Corbin et Yvonne Allendy et d’un dessin, représentant les quatre premières, titré « Le Théâtre de la cruauté ».

Antonin Artaud y relate les sévices subis par celles-ci et révèle, à demi-mots, l’identité de leurs agresseurs.

« Le Théâtre de la cruauté » est un dessin réalisé par Artaud à Rodez [vers mars 1946] représentant 4 cercueils en forme de bouchons de carafe avec les 4 têtes des êtres qu’Artaud aimait le plus au monde, celles des « filles de coeur à naître ».

14 Ce dessin fut légué par Paule Thévenin au Centre Georges Pompidou en 1994.

On joint une retranscription tapuscrite d’époque.

LAS : « Ivry 29 juillet 1947, Monsieur le Directeur de Combat, il y a dans un de mes dessins intitulés « Le Théâtre de la cruauté » dont compte rendu a été fait dans le numéro de Combat de vendredi dernier (25 juillet) un dessin intitulé Le Théâtre de la cruauté qui reproduit allégoriquement, si l’on peut dire, les figures de quatre personnes mortes aujourd’hui. Ces filles furent avant-guerre, parce qu’elles m’aimaient, grossièrement insultées et offensées par plusieurs personnes alors en place. Ces quatre personnes étaient des infirmières et figurantes de cinéma. Je vous le répète elles sont mortes. Leurs noms respectifs étaient Ana Corbin, Catherine Artaud, Cécile Artaud et Annie Artaud. Elles furent insultées et chassées de leur place comme parents à moi. La première, Ana Corbin, qui n’avait pas des liens de parenté très marqués, le fut pour des raisons de basse jalousie de la part d’un chirurgien chef de l’hôpital Saint-Jacques. Par jalousie en service. Les insultes furent de l’ordre de la plus obscène sexualité. Le dessin qui représente le visage de ces quatre mortes s’appelle Le Théâtre de la cruauté. Je ne regrette qu’une chose, c’est de n’avoir pas mis leurs noms à toutes, avec celui d’Yvonne Artaud la plus blasphémée et insultée de toutes, car la première cruauté, est celle, obscène, que tout le monde exercé sur nous. A vous, Antonin Artaud. P.S. Dois-je insister pour dire que l’insulteur d’Ana Corbin était chirurgien chef à l’hôpital Saint-Jacques en 1935, que l’insulteur de la tra- ductrice de L’Art et la mort était recteur de l’université de Kaboul en 1936, que les insulteurs d’Yvonne Artaud, d’Annie Artaud et de Catherine Artaud étaient, et ceci corse les choses, trois directeurs de journaux connus et recteurs de facultés et d’universités. Il y avait même, parmi ceux-ci, un médecin-chef d’asile d’aliénés. C’est vous dire, monsieur le directeur de Combat, que la société où nous sommes est physiquement et objectivement pourrie et que ce n’est pas avec des articles dans les journaux que l’on remettra les choses au pas. Antonin Artaud ».

10 000 €

15 21. [ARTAUD (Antonin)] LOEB (Pierre). Hommage à Antonin Artaud.

7 juin [1947]. Affiche (74,5 x 51,4 cm) imprimée en rouge et noir, encadrement.

Affiche originale pour la matinée en hommage à Antonin Artaud, consacrée à l’oeuvre de l’écrivain le vendredi 7 juin à 17 heures au théâtre Sarah Bernhardt.

Allocution d’André Breton. Textes d’Antonin Artaud présentés et dits par Arthur Adamov, Jean-Louis Barrault, Roger Blin, Lucienne Bogaert, Maria Casarès, Alain Cuny, Charles Dullin, Louis Jouvet, Madeleine Renaud, Raymond Rou- leau, Colette Thomas et Jean Vilar. Lecture des Cenci.

On joint : Une lettre autographe signée de Pierre Loeb à Maurice Nadeau : « 10 octobre 1951 Cher Maurice Nadeau, Voici l’affiche de la représentation théâtrale. Je n’ai pu retrouver une de la vente publique que j’ai organisée et qui eut lieu, si je m’en souviens, la veille. Peut-être, en cherchant peut-on en retrouver chez des amis. Je joins à cette lettre deux listes : 1) celle des artistes qui ont offert des oeuvres peintes ou dessinées, 2) celle des écrivains et compositeurs qui ont offert des manuscrits. Monsieur Paulhan, Président de notre comité en a d’ailleurs des copies et le dossier. très amicalement à vous, Pierre Loeb / J’ai souligné les noms les plus connus des peintres et sculpteurs, les écrivains étant tous connus du grand public ».

Les deux listes autographes mentionnées dans la lettre ci-dessus.

Copie conforme des listes en ma possession des artistes (arts plastiques) ayant offert des oeuvres pour la vente organisée en faveur d’Antonin Artaud par ses amis : Atlan, Arp, ?, Balthus, Beaudin, Bellmer, Bolin, Boumees- ter, Braque, Brauner, Brielle, Bryen, Chagall, Chapelain Midy, Coutaud, Courmes, Daussy, Delanglade, Dora Maar, Dominguez, Dubuffet, Duchamp, Fautrier, Fillacier, Garbell, Goetz, Gromaire, Gruber, Lhote, ?, Hélion, Herold, Jean Hugo, Valentine Hugo, Labisse, Lam (offert par Pierre Loeb), Lascaux, Leger, Marchand, Marquet, J. Maertens, A. Masson, Henri Matisse, Mayo, Henri Michaux, Michonze, Picabia, Picasso, Prévert, Prinner (offert par Pierre Loeb), Suzanne Roger, Sima, de Solier, Tal Coat, Tanguy, ?, K. Tony (offert par Pierre Loeb), Ubac, Jacques Villon, Wols, Zadkine, Constantinovski, Giacometti, L. Jacques.

Copie conforme des listes en ma possession des écrivains, compositeurs et éditeurs ayant offert des oeuvres (livres, manuscrits, autographes) pour la vente organisée en faveur d’Antonin Artaud par ses amis : Marcel Arland, Antonin Artaud, Audiberti, Bataille, Simone de Beauvoir, Boissard, Joë Bousquet, Aimé Césaire, René Char, André Dhôtel, Duhamel, Léon-Paul Fargue, A. Frénault (sic), André Gide, Julien Gracq, Humeau, Léautaud, Leiris, André Malraux, Maurice Dubard, Mauriac, Michaux, Paulhan, Reverdy, Ribemont Dessaignes, J. P. Sartre, Gertrud Stein, Starowins- ky [Starobinski], H. Thomas, Toesca, Tristan Tzara, Richard Wright, P. Emmanuel, André Breton, Julien Green, Dabit, Hugnet. Livres offerts par divers. Jours de Gloire, R. Dufy. Cahiers d’art, R. Dufy Carré, Ulysse, Chefs d’oeuvre Skira, lot Doyen, 16 Héliogabale, 19 Nlles révélations de l’être.

3 000 € 16 22. [ARTAUD (Antonin)] ADAMOV (Arthur). Le Retour d’Artaud « le Momo ». s.d. [circa 1947]. Manuscrit d’3 pp. in-4 (26,7 x 20,8 cm) rédigées à l’encre.

Manuscrit autographe signé titré Le retour d’Artaud « le Momo » rédigé à l’encre noire sur 3 feuillets pour publi- cation dans Combat.

Arthur Adamov y évoque Artaud le Momo et Ci-git, précédé de la culture indienne, les deux derniers livres parus du vivant de l’auteur.

Arthur Adamov intervint avec Marthe Robert et Jean Paulhan afin de faire sortir Antonin Artaud de l’asile de Rodez en mai 1946.

Déchirure avec petit manque angulaire dans l’angle supérieur gauche des 3 feuillets. Papier bruni.

Retranscription : « En dépit de toutes les persécutions bien réelles qu’Antonin Artaud eut à souffrir de la part des hommes et des forces sans nom qui le pourchassaient et le traquaient, son oeuvre n’a cessé de grandir. La lecture des deux derniers livres d’Artaud: « Artaud le Momo » (1) et « Ci-git, précédé de la culture indienne » (2) devrait faire réfléchir tous ceux qui s’abstinent à parler du « cas Artaud ». Sans même faire état du jugement odieux qu’il implique, ce terme prononcé au sujet d’Antonin Artaud est impropre autant qu’il le fut pour Van Gogh. Sans doute la vie et l’oeuvre de certains hommes subissent un glissement terrible. Mais dans ce glissement, pour particulier qu’il soit, le destin entier de l’homme est compromis. Les derniers livres d’Antonin Artaud n’offrent peut-être pas l’architecture implacable du « Théâtre et son double », celle de ses oeuvres que la curiosité commune retient de préférence, mais si l’art au sens habituel du terme semble reculer, c’est pour laisser place à une qualité de vision sans exemple: le vieil Artaud est enterré dans le trou de la cheminée qu’il tient de sa gencive froide de ce jour où il fut tué et après ? après ? (3). Il y a, dans toute la littérature contemporaine peu de pages aussi bouleversantes que celles qui terminent « La culture indienne » : « ... Sans rien que put faire barrière contre le vide / où pas de fond et pas d’aplomb et pas de face ni de haut /et où tout vous rapplique au fond quand on est droit tout de son long ». Avec « Les Nouvelles révélations de l’être » on accédait à l’esprit prophétique. Mais la prophétie à son tour est rejetée. Le temps n’est plus simplement bousculé, le temps n’est plus. « ... Je dis de par-dessus le temps / comme si le temps / n’était pas frite / n’était pas cette cuite frite / de tous les effrités du seuil / réembarqués dans leurs cercueils » (4). Ce qui frappe d’abord dans les écrits récents d’Antonin Artaud c’est la trouvaille verbale, une sorte de miracle phonétique sans cesse renouvellé (sic). La phrase non seulement grince inhumainement, se brise, se déconstruit, mais, elle s’élève à l’incantation par des chemins nouveaux. Mais ce serait trahir Artaud que de juger son oeuvre du seul point de vue de l’art. Antonin Artaud n’est pas seulement le plus grand poète vivant (son livre sur Van Gogh auquel ici même Charles Estienne a rendu hommage en est la preuve éclatante), il est encore un homme trop torturé pour ne pas soupçonner contre lui un complot dont personne en tout cas ne peut nier les effets. Le différent (sic) porte seulement sur la nature de ce complot. Qui oserait nier la menace d’un danger dirigé contre la conscience humaine dans la personne de ceux qui à eux seuls la représentent puisqu’ils se chargent seuls de ses tourments. Arthur Adamov ».

(1) Editions Bordas, 1947, illustré de huit dessins originaux de l’auteur (2) K, éditeur (3) « Artaud le momo », page 17 (4) « Ci-git », dernière page 750 €

23. [ARTAUD (Antonin)] ADAMOV (Arthur). A propos de « Xylophonie contre la grande presse et son petit public ».

6 janvier 1948. LAS d’1 p. in-4 rédigée à l’encre bleue et 2 LAS d’1 p. in-4..

Lettre autographe signée dans laquelle Arthur Adamov, demande à Maurice Nadeau de publier un rectificatif dans Combat à propos d’éléments bibliographiques concernant la plaquette titrée « Xylophonie contre la grande presse et son petit public » regroupant deux textes indépendants d’Antonin Artaud et de Henri Pichette qui avait été publiée à petit nombre en 1946.

Arthur Adamov intervint avec Marthe Robert et Jean Paulhan afin de faire sortir Antonin Artaud de l’asile de Rodez en mai 1946.

On joint 2 lettres autographes signées d’Adamov du 21 octobre 1947 et du 21 novembre 1948. Dans la première, Adamov communique l’identité des éditeurs du théâtre de Büchner et des aphorismes de Lichtenberg. Dans la seconde il est question d’un rendez-vous avec Marthe Robert aux éditions Robert Marin.

17 LAS : « Le 6 janvier 1948 Cher Nadaud (sic), Soyez assez aimable de bien vouloir publier vendredi prochain dans Combat ces quelques lignes de rectification. C’est Antonin Artaud qui me demande de vous écrire ce mot : Antonin Artaud nous prie de faire savoir que c’est à la suite d’une regrettable erreur que l’on a pu lire dans plusieurs biblio- graphies qu’il ait écrit en collaboration avec Pichette « Xylophonie contre la grande presse et son petit public ». La plaquette « Xylophonie etc » réunissant simplement par les soins de l’éditeur deux textes absolument différents d’Antonin Artaud et d’Henri Pichette. je compte sur vous pour publier cette rectification et vous en remercie d’avance au nom d’Antonin Artaud. Arthur Adamov ».

150 €

24. ARTAUD (Antonin). Lettre contre la cabbale adressée à Jacques Prevel.

Paris, Chez Jacques Haumont, 1949. In-18 raisin (16 x 11,3 cm), broché, couverture imprimée, non paginé, 18 ff. n. ch..

Edition originale posthume.

Exemplaire du SP (après 7 Japon, 8 vélin de Rive, 50 vergé Ingres jaune et 200 vergé blanc tous au format in-12 raisin).

50 €

25. [ARTAUD (Antonin)] DEQUÉKER (Jean). Antonin Artaud ou l’extermination de propriétés.

27 mai 1950. Tapuscrit signé de 18 pp. (1 f. de titre et 17 pp.) imprimées sur feuillets volants sous chemise titrée par Maurice Nadeau.

Tapuscrit original signé de ce texte rédigé le 27 mai 1950 par le Dr Jean Dequéker alors médecin-chef à l’Hôpital psychiatrique de Blida-Joinville (Algérie).

Le Dr Dequéker est l’interne qui soigna Antonin Artaud durant son séjour à Rodez.

On joint une lettre signée, datée du 11 octobre 1951, à Maurice Nadeau, dans laquelle Jean Dequéker propose de lui adresser sa courte étude concernant Artaud : « ce témoignage pourrait, je crois, servir de base à une thérapeutique homéopathique de la psychiatrie moderne ».

Ce texte fut publié dans Artaud Vivant d’Odette et Alain Virmaux (Nouvelles éditions Oswald, 1980), p. 150 et sui- vantes.

750 €

18 26. [ARTAUD (Antonin)]. L’Affaire Artaud.

1948 à 1972. 21 LAS (environ 30 pp. au total), 15 LS (23 pp. au total), 1 CAS (2 pp.), un document tapuscrit.

Important ensemble de lettres et documents (21 LAS, 15 LS, 1 CAS, 1 tapuscrit), sauf mention contraire adres- sés à Maurice Nadeau, concernant l’affaire Artaud où il est question de la publication posthume d’écrits d’Antonin Artaud, notamment ses Oeuvres complètes préparées par Paule Thévenin et Roger Blin, et des différends avec la famille de l’écrivain.

LS de Marie-Ange Malausséna (soeur d’Artaud) à Claude Bourdet au journal Combat du 20 février 1950 lui demandant de faire paraître dans Combat la note suivante : « La famille du poète Antonin Artaud émue des agis- sements d’une personne qui sans son autorisation recherche et recueille à des fins inconnues les lettres et inédits du poète, prie instamment les amis et les éditeurs de l’écrivain d’opposer aux visites de cette personne une fin de non-recevoir. Les lettres, au même titre que les autres écrits, ne peuvent être éditées ni reproduites sans la permis- sion expresse de leur auteur ou de ses ayants droit. Il existe une jurisprudence constante en la matière. La famille du poète serait donc navrée de devoir exercer des poursuites contre toute infraction aux règles d’honneur, comme aux dispositions juridiques qui garantissent le secret de la correspondance privée ».

LAS (4 pp. in-8) de Jany de Ruy (compagne de Jacques Prevel, ami proche d’Artaud), datée du 25 février 1950, témoignant de ses visites quasi quotidiennes d’Antonin Artaud à la clinique d’Ivry et de son soutien à Paule Thévenin : « ...jamais [Artaud] ne nous a parlé de sa famille jamais nous n’avons vu ombre ou trace d’un des membres de cette famille qui aujourd’hui vient revendiquer des droits par les moyens les plus jésuitiques...». Artaud fit un portrait de Jany de Ruy à Ivry en 1947 maintenant conservé au Centre Pompidou, MNAM à Paris.

Protestation des Amis d’Antonin Artaud signée par plus de deux cents écrivains, artistes et intellectuels (titre de la main de Maurice Nadeau) : document ronéoté d’1 p. in-4. en réaction à l’annonce dans le Figaro Littéraire de la création d’une société des Amis d’Antonin Artaud par la soeur du poète. Ce document paraîtra dans Combat le 9 mars 1950.

LS de Fernand Artaud (4 pp. in-4 du 10 mars 1950, déchirure avec manque à la dernière page) au rédacteur en chef de Combat : « Monsieur, Comme la loi vous en fait une obligation, je vous prie d’insérer à la même place et avec les mêmes caractères que l’article diffamatoire paru sous la signature de Maurice Nadeau dans Combat du 9 mars, la réponse de la famille d’Antonin Artaud. Le titre comportera mot par mot le libellé suivant : La famille d’Antonin Artaud ne s’oppose pas à la publication des oeuvres complètes du poète mais... exige que soit respecté à la lettre les directives claires et nettes qu’a données de son vivant Antonin Artaud dans une lettre datée du 12 août 1946 adressée précisément à la maison Gallimard et que la famille considère comme un testament littéraire... [...] mon frère a été l’objet depuis son plus jeune âge des soins attentifs de ses parents et c’est grâce à eux qu’il a pu faire de longs séjours dans différentes Maisons de Santé... ».

Double de la précédente lettre signée par Fernand Artaud, adressée cette fois-ci à Maurice Nadeau avec la mention autographe suivante de Maurice Nadeau : « Cette réponse a été publiée dans Combat, page des livres, 16 mars 1950. En raison de sa longueur, elle a été résumée fidèlement, et de longs extraits en ont été cités. Un commentaire l’accompagnait ». Marques de lecture et soulignés à l’encre noire.

Ensemble de 15 lettres de soutien adressée par : Boris Daew éditeur-typographe (LAS d’1 p. in-8), Matei Roussou (LS d’1/2 p., 9 mars 1950), Louis Guillaume (LAS d’1 p. in-8, du 9 mars 1950), André Pieyre de Mandiargues (LAS d’1 p. in-4 du 10 mars 1950), Pierre de Massot (LS d’1/2 p. in-4 du 10 mars 1950), Jean Walvarens, littérateur flamand (LS d’1 p.), Charles Briand (LAS, 2 pp. in-12), Henri Crémieux (LAS, 1 p. 1/2 in-8), Etiemble (LS, 1 p. in-8), Serge Froissard (LAS d’1 p. in-4 du 24 mars 1950), Paul Haesarts (LAS « Pour la poésie d’Artaud, contre sa famille »), Jean-Paul Labrecque (LAS, 1 p. 1/4), Bernard de Vergèze (CAS, 2 pp.), LAS de 2 pp. in-4 cosignée par des intellec- tuels et artistes lyonnais, Jean-Jacques Hammeny, journaliste (LAS 1 p. in-4).

LAS de Victor Brauner datée du 16 mars 1950 (1 p. in-4) en soutien à l’édition des Oeuvres complètes d’Artaud entreprises par Paule Thévenin et Roger Blin.

Lettre collective du 10 mars 1950 signée par Pierre Boulez, Karl Flinker, Danièle et Armand Gatti, Pierre Joffroy et Bernard Saby.

Requête de M.-A. Malausséna à l’encontre de Maurice Nadeau pour dommages et intérêts pour diffamation au titre de l’article du 9 mars 1950 (document renseigné et signé par le rapporteur de l’Assistance judiciaire) accompagné d’une note tapuscrite de Henri Smadja (propriétaire de Combat) à ce sujet.

LS d’Henri Smadja (Directeur de Combat) du 9 juin 1950 en rapport avec l’assignation par Madame Malausséna. Il lui demande de rassembler les « éléments du délit » de la documentation et un exposé général sur la question afin de le communiquer à leur avocat.

19 LAS de Jean Paulhan (1 p. in-8) : « I. VIII. 51 Cher Maurice Nadeau, Je suis tout prête à venir témoigner, si vous le désirez. (Je crois qu’un témoignage est plus efficace qu’une lettre.) Ci-joint tout de même un essai de lettre. Vous me direz si cela va. Quant aux raisons qui retardent la publication des Oeuvres, je n’en sais rien (que ce que m’a dit parfois Paule Thevenin.) C’est qui vous renseignera. A vous, Cordialement Jean Paulhan. P.S. J’espère qu’il n’y a pas d’erreur de fait dans ma lettre. Tout de même, relisez-la de près et puis-je vous prier de m’en donner une copie ».

Importante LAS de Jean Paulhan (3 pp. in-8) : « Le 1er août [1951] Cher Maurice Nadeau, J’ai été, de 1922 jusqu’à sa mort, l’ami d’Antonin Artaud. C’est moi qui l’ai fait connaître à Jacques Rivière et à Gaston Gallimard. J’ai pu obtenir pour lui, à plusieurs reprises, des missions à l’étranger. Lorsque Artaud nous a écrit qu’il souffrait de la faim et du froid à l’Hôpital de Rodez, j’ai alerté plusieurs amis. Nous avons pu lui envoyer régulièrement de l’argent. L’un de nous - Jean Dubuffet - s’est plusieurs fois rendu à Rodez pour lui apporter des habits et des provisions. Puis, d’accord avec le Docteur G. Ferdière, nous avons organisé la manifestation théâtrale et la vente de manuscrits, qui nous ont enfin permis de rendre à Artaud la liberté. Nous disposions d’un peu plus d’un million. Des mensualités - qui allait, suivant le cas, de 30 000 à 60 000 Fr. - étaient versées à Artaud, d’abord par les soins de notre trésorier, Jean Dubuffet, puis par les soins de notre notaire, Me Dauchez. J’ajoute qu’Artaud était assez vite parvenu à gagner de son côté, une part des sommes qui lui étaient nécessaires. A la mort d’Artaud, une somme de 250 000 Fr. environ restait disponible. D’accord avec les membres des « amis d’Antonin Artaud » - et les frais des obsèques une fois réglés - nous avons partagé cette somme, conformément à un vœu, exprimé naguère par le poète, entre quelques amis intimes d’Artaud, qui l’avaient assisté jusqu’à sa mort : Jacques Prevel (qui est mort depuis), Colette Thomas, Arthur Adamov, Marthe Robert et Marcel Bisiaux. C’est ici qu’apparaissent le frère et la sœur d’Antonin Artaud, qu’aucun de nous n’avait encore eu l’occasion de rencontrer. M.F. Artaud a réclamé à maintes reprises le reliquat des sommes versées pour Antonin Artaud. Mme Malausséna a annoncé son intention de fonder une nouvelle société d’»Amis d’Antonin Artaud». Tous deux n’ont cessé de s’opposer à la publication des œuvres complètes d’Artaud, telles que Madame Paule Thévenin sur les indications d’Artaud, les avait préparées avec un soin et une compétence, dignes d’admiration. J’ajoute que la campagne, mené à ce sujet dans Combat par Maurice Nadeau, m’a paru d’une grande justesse et d’une grande modération. J’ai une vive estime, j’ai une forte admiration pour la famille et pour les sentiments de famille. Quand cette famille ne se révèle à nous que pour exploiter et déformer un homme, dont elle n’a pas montré jusque-là le moindre souci, elle ne mérite à mon sens ni l’estime, ni le respect. A vous Jean Paulhan / Commandeur de la Légion d’honneur. Croix de guerre 1914. Médaille de la Résistance ». (copie tapuscrite jointe)

20 LAS de Pierre Souvtchinsky, musicologue (2 pp. in-8) du 27 septembre 1951 : « ...J’ai connu A. Artaud en 1935 et je peux dire qu’à cette époque notre amitié était bien sincère et réciproque. Il m’a beaucoup parlé de sa famille dans des termes les plus haineux et méprisants. Puis je l’ai retrouvé à Ville-Evrard; j’ai même reçu la visite de sa mère chez moi (!), qui m’avait fait une impression des plus pénibles. Il était clair que la famille avait honte de lui, personne ne souhaitait sa sortie de cet établissement infernal et ne voulait pas le prendre à sa charge... ».

LS d’un médecin de la Maison de Santé d’Ivry du 11 octobre 1951, où Artaud mourut le 4 mars 1948, dans laquelle est réclamé le paiement du reliquat des factures impayées relatives au séjour d’Artaud à Ivry afin de déclarer que les amis d’Artaud avaient assuré jusqu’à la fin l’entière charge du malade qu’il était devenu.

LS de Raymond Queneau (1 p. in-8) du 21 octobre 1951 : « En effet les héritiers d’Artaud se sont opposés à la publication du Tome I des Oeuvres complètes d’Artaud, tel que l’avait établi Madame Thévenin. Les négociations en cours n’ont pas encore abouti... ».

LS de G. Ferdière (3 pp. in-8) adressée le 5 décembre 1952 au Juge de la 3ème chambre du Tribunal Civil de la Seine dans laquelle il annonce ne pouvoir se rendre à Paris pour son assignation le 8 décembre, ne pouvant aban- donner ses malades et sa clinique. Il mentionne la lettre ouverte qu’il a fait paraître dans Combat qu’il espère faire partie du dossier. Il apporte quelques précisions complémentaires, visant à démontrer l’absence de relation et de soutien de sa famille depuis le transfert d’Artaud à Rodez à la demande d’Eluard et de Desnos, son séjour et sa sortie de l’hôpital de Rodez.

LS de Marc Barbezat (2 pp. 1/4 in-8) du 6 juillet 1958 à propos de ses différends avec Madame Malausséna concer- nant la publication dans les Lettres Nouvelles de versions inédites de deux extraits des « Tarahumaras » titrés « Le Pays des Rois mages » et « Une race principe ».

Compte-rendu tapuscrit d’un rendez-vous réunissant M. Artaud, Mme Malausséna, les éditions K, le Journal Combat, la revue La Nef, la revue Botteche oscure, les Lettres Nouvelles et leurs représentants légaux respectifs. Il y est question, notamment de l’édition par les Lettres Nouvelles des 9 pages tirées de Tarahumaras.

3 LAS de Paule Thévenin à propos d’un poème d’Artaud - Amour - paru dans la revue Montparnasse (1 p. 1/2 in-8), du livre de Jean-Louis Brau consacré à Artaud paru en 1971 à la Table ronde (3 pp. in-8, 1er décembre 1971) et de la préface de Philippe Sollers au Mécrit de Denis Roche (Seuil, 1972) dans laquelle le directeur de Tel quel estime que Paule Thévenin s’identifie à Antonin Artaud (1 p. in-4, s.d. [1972]).

LAS non datée (2 pp. in-4) de Gaston Bounoure à propos d’un soirée Artaud au Studio 26

LAS d’André de Sauty de Chalon du 22 mars 1948 (1 p. in-4) évoquant ses souvenirs d’une conférence au Vieux Colombier avant-guerre durant laquelle Artaud, assis sur une chaise dans le plus simple appareil, se faisait renverser une omelette sur la tête par une infirmière et évoquant l’autre conférence sur les bienfaits du scoutisme organisée dans le même lieu à la même heure.

3 000 €

27. ATLAN (Jean-Michel). Poèmes. s.d.. Manuscrit autographe signé, 5 pp. rédigées à l’encre bleue au recto de 5 feuillets in-4 (21,8 x 17 cm) arrachés d’un cahier à spirales.

Manuscrit autographe signé d’un ensemble de dix poèmes dédiés à son épouse Denise [Véron], rassemblés sous le titre de Poèmes et qui semble être restés inédits.

Sept d’entre eux sont titrés - Ublime, Ublime ?, L’Arbre, La Montagne noire, Le Moine, A tue-tête et Qu’il y a - les trois autres n’en portent pas.

En 1944, Jean-Michel Atlan avait fait paraître un recueil de poèmes titré Le Sang profond à L’Atelier de la Sala- mandre.

300 €

28. BACHELARD (Gaston). La Terre et les rêveries du repos.

Paris, Librairie José Corti, 1948. In-12 (18,5 x 11,8 cm), broché, couverture imprimée, 337 pp..

Edition originale sur papier d’édition (après 30 ex. sur pur fil Lafuma).

Envoi autographe signé de l’auteur : « À Maurice Nadeau / en très cordial hommage / Bachelard ». 250 € 21 29. BARTHES (Roland). L’Impasse du style.

22 septembre [1947]. Tapuscrit de 3 pages (27 x 21 cm) et LAS de 1 pp. rédigée à l’encre bleue sur 1 feuillet rose de 21,2 x 13,8 cm.

Important article tapuscrit comportant des annotations et corrections autographes à l’encre rouge et noire.

Cet important texte, titré L’Impasse du style est resté inédit. Il ne figure pas dans Bibliographie générale (textes et voix) 1942-1982 établie par Thierry Leguay. Il est de la même veine que les textes de Barthes publiés en 1947 puis en 1950 par Maurice Nadeau dans Combat et qui formeront Le degré zéro de l’écriture publié par les éditions du Seuil en 1953.

On joint la lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau témoignant de leur collaboration.

LAS : « 22 sept / Cher Nadaud [sic], / Voici un texte qui / constitue en gros une répon- / se à une partie des objections formulées, celles de na- / ture essentialiste et tradi- / tionaliste, réponse pour le / fond, mais pas du tout dans / la forme. Au cas où ce / texte ne conviendrait pas, / pour une raison ou une / autre, il n’y aura qu’à me le dire. / Merci, et amitiés. / Barthes / 11 rue Servandoni / Paris 6e Danton 95.85. »

En introduction du premier article de Roland Barthes, intitulé Le Degré zéro de l’écriture, publié par Maurice Nadeau dans Combat le 1er 1947, le jeune philosophe sémiologue était présenté ainsi: « Roland Barthes est inconnu. C’est un jeune. Il n’a jamais publié; même un article. Quelques conversations avec lui nous ont persuadé que cet enragé du langage (depuis deux ans, il ne s’intéresse qu’à cette question) avait quelque chose de neuf à dire. Il nous a remis l’article ci-dessous, qui n’est pas, de loin, un article de journal tant la pensée en est dense et sans pittoresque extérieur ».

Retranscription : « V. L’impasse du style / La littérature contemporaine est un front d’écritures, / qui représentent autant de solutions différentes du problème / historique de la modernité: disposer d’un langage libre au ser- / vice d’une pensée responsable. Mais on a vu aussi que chacune / de ces tentatives recréait plus ou moins rapidement un langage / clos, particulier, marqué de poses, de conventions, de réflexes, et / de toutes manières coupé radicalement des langages multiples de / la société. Or, cette sécession, qui a été le régime normal de la Littérature française jusqu’à la grande crise du siècle dernier, / l’Histoire l’a posée maintenant dans une lumière nouvelle: il est / né une responsabilité de la forme, dont témoigne la pluralité mê- / me des écritures modernes. [Crise de la littérature].

Cette responsabilité, les écrivains contemporains peu- / vent en être plus ou moins conscients. Il y en a qui choisiront / sans problème de faire de la littérature avec l’écriture de La- / clos ou celle de Gide; d’autres, plus tourmentés, cher- cheront une / forme moins artiste, plus proche de la parole sociale ou de la / parole intérieure (celle du monologue ou du rêve paraissant main- / tenant plus objective que l’écriture-récit); d’autres enfin, / s’efforceront de créer une écriture irresponsable à force d’ab- / sence.

Toutes ces tentatives n’ont pas été sans faire de la Lit- / térature moderne un objet tragique et grand, dont ce n’est pas le / lieu de dire ici la splendeur et la nécessité. Ce problème de l’é- / criture produit d’ailleurs un malaise plus qu’une crise, parce / qu’il ne peut pas être actuellement posé avec pureté : la Litté- / rature n’est pas seulement le décor d’une problématique pure de / l’humanisme: elle est aussi une valeur marchande, qui a ses lois de / production, de distribution et de consommation. L’écrivain peut / bien créer au départ une écriture absolument libre, dégagée de / tout passé, transcendante à toute division sociale: consommée par un / groupe restreint, définie par des réflexes de luxe, d’art ou de / pensée pure, l’écriture change de visage au fur et à mesure qu’elle / s’accomplit; sa liberté ne survit jamais à son insertion dans le / monde des rapports humains; rien ne peut empêcher - et surtout / pas elle - qu’elle soit très concrètement un objet solidaire de / toute l’Histoire sociale; née libre, une écriture se retrouve alié- / née par le regard des hommes historiques qu’elle va toucher.

C’est / que la société renvoie à l’écrivain une langue normative, particu- / lière, incompatible par là même avec la disparité du monde so- / cial, devenu désormais le seul monde réel; toute littérature retour- / ne à la clôture d’un langage technique, dont on exige pourtant / qu’il soit immédiatement, sans relais, dans sa substance même, l’ex- / pression d’un humanisme, d’un désespoir ou d’une foi affirmés à / l’échelle universelle.

[Pour une littérature d’explication]

Si donc toutes ces écritures modernes, si attentives ou si / passionnées à donner une nouvelle fraîcheur au langage littéraire, / ont échoué, c’est que chacune d’elles, même la plus révoltée, a posé / la question de confiance à la forme, jamais au mythe lui-même. Or / le langage littéraire ne peut se libérer que de l’extérieur, la / Littérature ne peut se comprendre qu’en dehors d’elle-même, à par- / tir de l’Histoire qui la contient. La civilisation des littératures, / incon- nue de tant de peuples et de certains temps, cette civilisa- / tion dont la surface séculaire et spatiale est bien définie, est / périssable; elle donne des signes d’essoufflement.

Il y a vingt ans seulement, l’intellectuel était encore une sorte de mage, spécialis- / te des généralités humaines, chargé d’administrer le domaine qu’il / avait enlevé à la religion: l’éthique. Aujourd’hui, l’intellectuel / atteste beaucoup moins un mystère, il contribue à le déplier; son / domaine, c’est le savoir humain. La Littérature est dépossédée len- /

22 tement au profit d’une réalité historique nouvelle, qui change / les écrivains en techniciens sauf à les abandonner au passé coupa- / ble: la synthèse progressive des sciences humaines. Désigné pour / des tâches précises, ethnologue, sociologue, linguiste, ou historien, / l’intellectuel se libère d’autant de cette terreur d’une respon- / sabilité vague et générale, qui tiendrait à sa condition et non à / ses actes.

Dans ce trajet séculaire qui a conduit du sacré à la / science, de la morale à l’éthique, et de l’éthique au savoir, la / Littérature n’a d’abord été que le rituel d’une religion; puis sé- / parée de ses origines, elle est devenue ensuite sous le nom de / Belles-Lettres, elle-même un mythe splendide et mortel; maintenant / elle se trouve confrontée de toutes parts avec l’exigence d’un / savoir total: c’est toute la littérature d’expression qui est me- / nacée au profit d’une litté- rature d’explication et de combat.

Paragraphe biffé :

Peut-être que le jour où l’écrivain ne sera plus le mage , le philo- / sophe ou le poète du mystère du monde, mais participera à son dé- / voilement, le jour où son langage ne sera plus prière , chant, médi- / tation ou récit, en tous cas métaphore de la réalité, mais un acte / positif, continu et modeste d’explication, peut-être que ce jour-là, lors- / que la nature sera plus claire, la société mieux réconciliée, une / nouvelle Littérature sera possible, des Belles-Lettres renaîtront / l’écriture sera fraîche et unie à nouveau».

2 000 €

23 30. BARTHES (Roland). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

Bucarest, 19 décembre 1947. LAS de 1 pp. rédigée à l’encre bleue sur 1 feuillet rose de 27 x 21 cm.

Rare lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau depuis Bucarest dans laquelle Roland Barthes rend compte de ses premières impressions de la capitale roumaine où il venait d’être nommé bibliothécaire à l’Institut français et annonce joindre un article.

LAS : « Bucarest, 19 Déc 47 / Mon cher Maurice, Voici l’article promis. / Au cas où tu le publierais, voudrais tu faire / envoyer quelques exemplaires du numéro à / mon adresse à Paris: 11 rue Servandoni, et / faire ultérieurement verser l’argent à mon / compte chèque postal, Paris, N°: 5019.87 ? Merci. / Notre voyage s’est bien passé; ici, je ne puis / voir encore que l’aspect pittoresque des choses, / la misère, qui a l’air très grande, les slo- / gans politiques très nombreux etc. Matérielle- / ment , la vie est bonne pour les Français, il / y a de tout avec de l’argent. Malheureuse- / ment je n’ai vu jusqu’ici qu’une société / très restreinte, politiquement très marquée, une / collection exclusive de [?], sans aucune / intelligence politique et dont l’anti-soviétis- / me ne peut être - celui-là - pris en considé- / ration. je crois que j’aurai du mal à per- / cer ce mur; ce serait pourtant la seule chose / intéressante. Enfin, il faut être patient. / J’espère que tu n’as pas trop de difficultés / à Paris. Toutes mes amitiés à Marthe et / pour toi. / R. Barthes / - Institut Français: 27 Bd Dacia. Bucarest. (Par avion. Censure) / - Par la valise dipl. : aux bons soins de M. Rebeyrol Di- / recteur de l’Inst. Fr. de Bucarest. Ministère des Af. Etr.. Quai / d’Orsay. Paris 7e ».

750 €

24 31. BARTHES (Roland). Le Degré zéro de l’écriture.

Paris, Seuil, Coll. « Pierre vives », 1953. In-12 (19,2 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 125 pp., 1 f. n. ch., étui-chemise d’Elbel-Libro.

Edition originale (pas de grand papier) imprimée sur alfa cellulaf, du premier livre de l’auteur.

Très important envoi autographe signé : « Cher Maurice [Nadeau], ceci te revient de droit avec la profonde amitié de ton vieux copain / R. Barthes ».

En 1947, Maurice Nadeau avait publié dans Combat les premiers textes de Roland Barthes qui constitueront Le Degré zéro de l’écriture.

Très bel exemplaire. 4 500 €

32. BARTHES (Roland). Mythologies.

Paris, Seuil, Coll. « Pierre vives », 1957. In-12 (19,2 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 267 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier) du second livre de l’auteur.

Exemplaire du SP.

Important envoi autographe signé : « à Maurice [Nadeau] et à Marthe, ceci revient de droit, / avec l’affection de / leur vieil ami / Roland ».

Très bel exemplaire complet de la bande « Dans la règle découvrez l’abus Bertolt Brecht ».

1 000 €

33. BARTHES (Roland). Sur Racine.

Paris, Seuil, Coll. « Pierre vives », 1963. In-12 (19,2 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 267 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Exemplaire du SP.

Important envoi autographe signé : « Cher Maurice [Nadeau], / Ce texte que tu / as sorti et ai- / mé, avec la fidèle, la profon- / de affection / de / R Barthes ».

Bande conservée (petite déchirure). 750 €

25 34. BARTHES (Roland). Essais critiques.

Paris, Seuil, Coll. « Tel quel », 1964. In-12 (20,5 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 275 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe signé : « Cher Maurice, à toi / ce livre qui t’appar- / tient de droit en / partie, et de coeur / pour le tout / Roland ».

500 €

35. BARTHES (Roland). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

Urt, 21 juin 1965. LAS de 1 pp. rédigée à l’encre sur 1 feuillet de 27 x 21 cm.

Belle lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau, de soutien au moment où Maurice Nadeau s’apprête à rompre avec Julliard. L’année suivante, Maurice Nadeau créera la Quinzaine littéraire et rejoindra l’éditeur Denoël qui assurera la publication des livres de la collection des Les Lettres Nouvelles.

LAS : « Urt / 21 Juin 1965 / Mon cher Maurice, / Il y a bien longtemps que je / ne t’ai vu - pour les raisons stupides / d’accablement de travail, de dispersion / parisienne, que tu connais. Mais je / pense à toi avec affection, avec fi- / délité, avec solidarité aussi, aujourd’hui où tout ce que tu fais, ce que / tu as fait est menacé (je n’en sais / rien de plus que ce que le Monde a- / vait dit, mais assez pour m’indigner et me dégoûter). Il faut que / tu saches qu’en moi un ami de / la première heure est à tes côtés / et que si tu avais besoin de moi / et de qque façon que ce soit, tu dois me / le dire. Je ne vais plus être à Paris / pendant les vacances; sauf en passant très à la hâte, mais tu peux m’écrire. / Et à la rentrée, nous bavarderons. / Amitiés à Marthe, à toi. Ton ami / Roland / Urt, Basses Pyr. ».

500 €

36. BARTHES (Roland). Critique et vérité. Essai.

Paris, Seuil, Coll. « Tel quel », 1966. In-12 (18,5 x 13,2 cm), broché, couverture imprimée, 78 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Exemplaire du SP.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice et Marthe [Nadeau], / de leur vieil et fidèle / ami / R Barthes ». 350 € 26 37. BARTHES (Roland). Sade Fourier Loyola.

Paris, Seuil, Coll. « Tel quel », 1970. In-12 (20,5 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 187 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Exemplaire du SP.

Envoi autographe signé : « à Maurice, / de son ami de toujours / Roland ». 500 €

38. BARTHES (Roland). S/Z.

Paris, Seuil, Coll. « Tel quel », 1970. In-12 (20,5 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 277 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé : « Cher Maurice, / Le signe n’est- / il pas ce qui / traverse le temps ? / D’où ce signe / d’affec- tion fidèle / Roland ».

Infime déchirure en tête du second plat de couverture. 500 €

39. BARTHES (Roland). Le Plaisir du texte.

Paris, Seuil, Coll. « Tel quel », 1973. In-12 (18 x 13 cm), broché, couverture imprimée, 105 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Bel envoi autographe signé : « Cher Maurice, / un petit chaînon / de plus depuis / le Degré zéro, / avec ma vieille amitié / R Barthes ».

500 €

40. BARTHES (Roland). Roland Barthes par Roland Barthes.

Paris, Editions de Minuit, Coll. « Écrivains de toujours », 1975. In-12 (17,8 x 12,2 cm), broché, couverture imprimée, 191 pp..

Edition originale (pas de grand papier).

Bel envoi autographe signé : « à Maurice et / à Marthe, / un nouveau jalon, / en me souvenant / toujours du départ / avec la fidèle / amitié / Roland ».

1 500 €

41. BARTHES (Roland). Fragments d’un discours amoureux.

Paris, Seuil, Coll. « Tel quel », 1977. In-12 (20,5 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 277 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé : « A Maurice, / de son vieil ami / Roland ». 450 €

42. BARTHES (Roland). Leçon.

Leçon inaugurale de la Chaire de sémiologie littéraire du Collège de France, prononcée le 7 janvier 1977.

Paris, Editions du Seuil, 1978. In-12 (20,4 x 13,8 cm), broché, couverture imprimée, 45 pp.,1 f. n. ch..

Première édition dans le commerce (après le tirage fait l’année précédente par le Collège de France).

Bel envoi autographe signé : « Pour Maurice / amitié fidèle... / Tout de même ! / RB ». 250 €

27 43. BATAILLE (Georges). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. du 4 janvier 1946 au 26 septembre 1959. 20 lettres autographes signées de format in-4 (10 LAS) et in-8 (10 LAS) pour un total de 30 pp. rédigées à l’encre, certaines sur papier à en-tête de la revue Critique.

Belle correspondance (20 LAS) témoignant de la collaboration littéraire nourrie entretenue pendant presque quinze années par Georges Bataille et Maurice Nadeau, chacun contribuant par des articles aux revues dirigées par l’autre. Il y est question de philosophie, de politique et d’engagement, d’adhésion au comité de soutien Henry Miller, de littérature érotique...

On joint le tract ronéotypé en faveur de Henry Miller adressé au juge du tribunal de Nancy en 1949 signé par Georges Bataille.

Nous ne pouvons en donner ici que quelques bribes :

Vézelay, 4 janvier 1946 : « D’un côté votre demande répond à une préoccupation devenue essentielle pour moi ces temps-ci. D’un autre côté, la question est des plus obscures. Le fait qu’on ne puisse finalement rien dire si l’on n’a quelque idée des philosophies de Heidegger et de Sartre donne la sensation d’être blousé. [...] Croyez-vous qu’il soit possible de trouver actuellement à Paris un exemplaire d’Arcane 17 ? ».

Vézelay (Yonne), 25 janvier 1946 : « Je serai reconnaissant si vous pouviez envoyer un exemplaire de la Revue Internationale à Erich Weil [...] Erich Weil doit rendre compte, en même temps que de l’article d’Etiemble (sur le matérialisme dialectique) dans l’Arche, du texte d’Engels. L’article d’Etiemble est nettement mauvais. C’est d’ailleurs dans le sens du matérialisme dialectique, et non contre, que Weil doit s’exprimer ».

Vézelay (Yonne), 26 janvier 1946 : « Oublié de vous rappeler que nous attendons - le plus vite que vous pourrez - votre article pour le cahier sur la littérature et la politique ».

Vézelay, 26 janvier 1947 : « Je viens d’être malade et mes papiers se sont amoncelés... Mais il est inutile de dire que j’accepte de faire partie du comité [de défense d’Henry Miller] dont vous m’avez envoyé l’annonce ».

Vézelay, 18 juillet 1947 : « Vous l’avez laissé compter sur votre article sur Balzac pour une date très proche. [...] Je viens de lire Rupture inaugurale. Je suis en tout cas très d’accord sur les pages concernant le christianisme. Le reste forcément... mais je serais content si vous me disiez votre point de vue sur cette question du christianisme ».

Vézelay, 24 janvier 1948 : « Je vous envoie un article pour la page littéraire de Combat. Je souhaite que vous me di- siez s’il est assez clair, si des articles de ce genre conviennent vraiment. J’aimerais en effet vous en donner d’autres : en particulier, un sur le livre de Merleau-Ponty, un sur l’Introduction à la lecture de Hegel de Kojève. Il y aurait intérêt, me semble-t-il, a être plus clair que dans le premier essai (à la rigueur, il s’agit aujourd’hui d’un sujet familier qui, peut-être, s’associe dans l’esprit du lecteur à des idées déjà élaborées, mais s’il s’agit de la crise du marxisme, ou de Hegel, il serait nécessaire de reprendre davantage un a b c). [...] De toutes façons, il me semble que mon attitude est assez semblable à la vôtre pour que ma proposition d’aujourd’hui ait un sens. Et je ne vois pas d’autre organe où je pourrais m’exprimer sans introduire de désagréables malentendus. Je voulais depuis longtemps vous remercier d’avoir parlé de moi comme vous l’avez fait, c’est-à-dire en touchant l’essentiel et non, comme j’en ai l’habitude, en passant à côté. Je ferai seulement cette réserve sur un point: c’est que l’absence de système et l’absence d’art sont en moi des apparences. La plupart de mes manuscrits sont raturés à l’extrême et les réflexions désordonnées que j’ai publiées élaboraient un système cohérent (que j’expose d’ailleurs dans un article sur l’existentialisme dont la première partie a paru dans le n°19 de Critique) ».

Vézelay, 16 février 1948 : « Je comptais vous envoyer au courrier aujourd’hui un article dur Merleau-Ponty. Il n’est pas tout à fait prêt mais il le sera à coup sûr demain. [...] J’ai reçu récemment votre anthologie de Sade qui me semble admirable en tout point. Il est peut-être difficile d’en parler dans Combat mais un article sur l’article de Mau- rice Blanchot dans Les Temps modernes n’aurait pas le même inconvénient. Je tiendrai beaucoup à le faire et je pourrais tout de même indiquer en note le fait que votre anthologie permet enfin de connaître Sade (elle ne pourrait même pas être superflue à qui aurait les oeuvres complètes: pourquoi ne pas avouer que Sade est plus lisible en anthologie ?) ».

Vézelay, 17 février 1948 : « Je vous envoie l’article annoncé. Il me semble plus clair que le précédent ».

Carpentras, le 25 avril 1951 : « Voilà le texte signé de moi concernant la nouvelle affaire Miller. Je crois que la lettre d’Humeau impliquait mon accord en cas de non réponse... Voici en tout cas ma signature... Je ne tarderai pas à vous envoyer « L’Histoire est-elle finie » pour Combat ».

Orléans, 1er janvier 1955 : « J’ai trouvé un fragment, qui je pense, vous intéressera et que vous pouvez dès main- tenant annoncer sous le titre : « L’Érotisme fondamental ». C’est sans doute le texte que je choisirais si l’on me demandait maintenant de n’en laisser qu’un seul. [...] Ne publierez-vous pas Place des angoisses à temps pour prix des Critiques ? ».

28 Orléans, le 5 septembre 1956 : « Je suis naturellement disposé à venir à Zurich le 24. Mais comme je vous l’ai dit - je crois ? - je viendrai en voiture avec ma femme ((je ne conduis pas moi-même ».

Orléans, le 19 avril 1958 : « Je vous donnerai un article où je reviendrai sur ce que j’avais dit précédemment sur l’abominable [sort] à Nietzsche. Où je tenterai de reprendre un peu sérieusement les raisons profondes que nous avons de donner à Nietzsche une qui n’appartient à nul autre ».

Orléans, 15 octobre 1958 : « Je viens de lire une bonne partie de La Gana [publié sous le pseudonyme de Jean Douassot] qui m’a vivement ému. Je suppose que vous avez entendu parler de la revue que je prépare (sur la sen- sualité et l’érotisme). Je voudrais, dans le 1er n° donner un compte-rendu. C’est pourquoi j’aimerais vous rencontrer. [...] Evidemment je ne pourrais facilement parler de La Gana dans ma revue sans avoir lu personnellement au moins quelques unes des pages que votre avertissement évoque ? Est-ce impossible ? [...] J’aimerais aussi faire un c.r. dans Critique ».

Orléans, le 26 septembre 1959 : « Je vous envoie ces quelques pages d’une introduction à un « Procès de Gilles de Rais » que doit publier le Club français du livre. [...] Je souhaite vivement que persiste le succès des Lettres Nou- velles hebdomadaires, et si je puis faire quelque chose pour vous aider, je le ferai volontiers ».

15 000 €

29 44. BATAILLE (Georges). L’Alleluiah. Catéchisme de Dianus.

Paris, K Éditeur, 1947. 16,5 x 11,2 cm, broché, couverture rempliée imprimée en noir et rouge, 85 pp., 5 ff. n. ch..

Première édition publique.

Un des 800 exemplaires sur bouffant (après 20 ex. sur vélin pur fil & 400 ex. sur vergé), le nôtre non justifié.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / avec l’amitié de / Georges Bataille ».

750 €

45. BATAILLE (Georges). Méthode de méditation.

Paris, Fontaine, 1947. In-12 (18,5 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 93 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Un des 1 150 ex. sur vélin (après 25 ex. sur vélin Fontaine et 10 ex. hors commerce), celui-ci non justifié.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / avec toute la sympathie / de / Georges Bataille ». 450 €

46. BATAILLE (Georges). La Haine de la poésie.

Paris, Editions de Minuit, Coll. Propositions n°3, 1947. In-12 (19,3 x 14 cm), broché, couv. imprimée, 183 pp., 5 ff. n. ch..

Première édition collective en partie originale, comprenant L’Orestie (paru en 1946 aux Editons de Minuit), Histoire de rats (dont l’édition originale illustrée par Giacometti parut la même année chez le même éditeur) et Dianus (inédit).

Exemplaire du service de presse (avec tampon humide en quatrième de couverture) après 20 ex. num. sur vélin de Rives, 1 000 ex. num. sur alfa Navarre pour les Amis des Editions de Minuit.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / amicalement / Georges Bataille ». 500 €

47. BATAILLE (Georges). Eponine.

Paris, Editions de Minuit, Col « Nouvelles originales », 1949. In-16 (17 x 10 cm), broché, couverture rouge imprimée, 43 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 990 ex. sur vélin du Brandshire (après 10 ex. sur Lafuma pur fil et avant 500 alfa Navarre pour les « Amis des Editions de Minuit »), celui-ci non justifié.

Non coupé. 70 €

48. BATAILLE (Georges). La Part maudite.

Paris, Editions de Minuit, 1949. In-12 (19 x 12,3 cm), broché, couverture grise imprimée en noir et blanc, 255 pp., 8 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 100 ex. sur vélin du Ghaldwill).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / avec l’amitié de / Georges Bataille ».

Papier jauni.

Rare avec envoi. 750 €

30 49. BATAILLE (Georges). L’Abbé C.

Paris, Les Editions de Minuit, 1950. In-12 (18,6 x 12 cm), broché, couv. imprimée, 225 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 3 ex. sur Madagascar, 30 ex. sur Ghaldwill et 500 ex. numérotés sur alfa réser- vés aux amis des éditions de Minuit).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / bien amicalement / Georges Bataille ».

Dos bruni.

Malraux avait déconseillé à Gallimard de publier ce roman scabreux dont le héros, un prêtre résistant, finit sous la torture par donner à la Gestapo son frère jumeau et sa maîtresse. « Les Lettres françaises » s’étant indignées que cette « apologie de la délation soit publiée par l’auteur historique de la Résistance », l’affaire se régla devant les tribunaux, mais aux bénéfices des Éditions de Minuit (H. Vignes, Biblio. des Editions de Minuit, n° 116).

750 €

50. BATAILLE (Georges). L’Érotisme.

Paris, Les Editions de Minuit, 1957. 23 x 14,3 cm, broché, 306 pp., nombreuses illustrations.

Edition originale sur papier d’édition (après 30 ex. num. sur pur fil et 5 hors commerce) achevée d’imprimer le 3 octobre 1957.

Très bel envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau, / qui a publié l’un des / hommages les plus significatifs / de ce livre (mais il / est assez changé). Avec / les sentiments de sympathie de / Georges Bataille ».

Décharge brune aux premiers feuillets laissée par la plaquette de 4 ff. consacrée à Georges Bataille, co-éditée par Gallimard, les éditions de Minuit et Jean-Jacques Pauvert, présentant La Littérature et le mal, L’Érotisme et Le Bleu du ciel.

Dos et marge supérieure de la couverture brunis. 1 200 €

51. BATAILLE (Georges). Le Coupable suivi de L’Alleluiah. Somme athéologique II.

Paris, Gallimard, 1961. In-12 (18,6 x 12 cm), broché, couv. imprimée, 233 pp., 3 ff. n. ch..

Edition revue et corrigée.

Un des exemplaires du SP (après 30 vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / bien amicalement / Georges Bataille ».

Complet du prière d’insérer. 500 €

52. BATAILLE (Georges). L’Impossible. Histoire de rats suivi de Dianus et de L’Orestie.

Paris, Les Editions de Minuit, 1962. 18,7 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 188 pp., 2 ff. n. ch..

Édition collective.

Une préface inédite, explicite quant au titre collectif, sert d’introduction à la seconde édition des trois oeuvres réunies : Histoire de rats, Dianus, L’Orestie.

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau, / avec l’amitié de / Georges Bataille / ce livre que j’ai dû changer de titre ».

750 €

31 53. BAZIN (Hervé). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. du 4 janvier 1948 au 23 janvier 1970. 11 LS de format in-4, certaines comportant des ajouts autographes (17 pp.) et 2 cartes autographes signées (4 pp.) pour un total de 21 pp..

Importante correspondance (11 lettres signées certaines avec ajouts autographes et 2 cartes autographes si- gnées), pour l’essentiel datant de 1948, année de parution de Vipère au poing chez Grasset. Il y est question du petit groupe de La Coquille animé par Hervé Bazin, de sa position concernant les prix littéraires (Hervé Bazin avait reçut le prix Apollinaire pour son recueil poétique Jour publié en 1947), de son engagement politique bien ancré à gauche, de Vipère au poing, de l’incertitude de voir ses prochains livres publiés par Grasset, de ses projets littéraires ultérieurs dont La Tête contre les murs et La Mort du petit cheval.

LS du 4 janvier 1948, en réponse à un article paru dans Combat le 4 janvier 1948, avec annotations autographes de Maurice Nadeau en vue de sa publication partielle dans la page littéraire de Combat : « Je lis aujourd’hui un article paru dans Combat [...] Qu’il ne soit pas spécialement question de moi ni du prix Apollinaire dont je ne m’exagère en aucune manière l’importance, mais seulement du petit groupe de la Coquille, que je ne dirige pas, à proprement par- ler, mais que je soutiens. Il est exact que nous avons pris position contre l’abus des prix littéraires, non pas ; comme dit encore un de vos confrères « lorsque nous n’en avions reçu aucun », mais lorsque nous savions déjà que nous allions en avoir. [...] Je vous accorde que nous avons fait une imprudence en en publiant inconsidérément un papier qui nous met aujourd’hui en flagrant délit d’insincérité. [...] Comme il est difficile d’être « purs » et, en même temps, de vivre de cette pureté ! Savez-vous que nous avons été menacés par plusieurs pontes d’être « sciés » définitivement, écartés de toute maison d’édition, jetés aux ténèbres extérieures, si nous nous entêtions dans une attitude de lèse- littérature. La Coquille, une revue symboliste ? Quelle blague ! C’est un petit groupe de jeunes désireux de s’entrai- der et de confronter des idées. A... est un ancien L.V.F. Giraud, communiste. Moi-même, marxisant, et, pour ce, brouillé avec tous les miens (ce qui m’a valu, croyez-le, de sérieux ennuis financiers). Pichon, anarchiste, je devrais dire : anarchiste chrétien, si ces deux termes n’étaient antinomiques. [...] Nous n’avons pas l’intention de faire école. Nous sommes très jeunes et nous le savons. [...] Nous préfèrons le combattant aux motifs de son combat. Séquelle du fascisme, je le crains. Mais êtes-vous donc aveugles, tous, êtes-vous donc si prodigieusement hypocrites pour refuser d’apercevoir la vérité ? Le fascisme de la pensée règne en maître. Il n’y a plus de sens critique. Le commu- nisme est aussi fermé, aussi tyrannique que le national-socialisme. Et ne lui jetons pas la pierre. [...] ».

LS du 17 janvier 1948 : « J’ai été étonné de la publication de ma lettre. [...] J’en ai été étonné, un peu irrité et aussi satisfait. [...] Par ailleurs, je vous remercie. [...] Votre attitude hurle la sincérité, l’objectivité la plus totale. [...] Nous n’avons pas envie de mentors. [...] Mais je crois tout de même que les meilleurs d’entre nous désirent des frères aînés, dont ils puissent éventuellement trahir les conseils tout en en faisant leur profit secret. C’est pourquoi je me décide à vous envoyer très régulièrement certains documents, à vous soumettre certaines idées, certains projets... ».

LS du 9 février 1948 : « Je suis de plus en plus attiré par l’action et de plus en plus écoeuré par ces « narcissismes » stériles, ces discussions byzantines, ces tentatives de dépassement qui n’arrivent qu’à piétiner dans le convention- nel. [...] En un mot, je suis sur le point d’adhérer au communisme.... ».

LS du 13 février 1948 : « J’ai en tous cas réussi à faire l’unanimité de mes amis : ils sont tous outrés et me disent que « je veux entrer parmi les communistes comme Massat est entré à la L.V.F. par dégoût de l’incertitude et appétit de l’action directe ». Le plus curieux, c’est que les plus acharnés sont précisément ceux d’entre eux qui sont com- munistes. [...] Je considère le communisme comme la justice sociale. [...] Je ne puis plus ne pas choisir. Celui qui ne choisit pas trahit tous ses possibles. [...] L’adhésion relative (et je me rapproche ainsi de Pichon), voilà mon devoir. [...] Pour en arriver là, j’ai mis des années. Je viens de l’extrême droite, où pontifiaient et pontifient encore les René Bazin, les Paul Claudel et autres crabes de ma famille... ».

Autre LS du 13 février 1948 : « La Coquille est un groupe de jeunes gens (pauvres, en général, et démunis de moyens matériels) qui ont décidé de « confronter » leurs idées. Nous ne repoussons personne, mais sommes assez exigeants sur la qualités de nos recrues, afin de ne pas nous perdre dans des enfantillages ».

LS du 22 février 1948 : « Je reste décidé à faire une carrière littéraire, bien sûr. Mais en 6 mois je viens d’apprendre qu’il ne sert à rien de se répandre parmi ses pairs. On y perd son temps, son argent et ses illusions. [...] si je reste seul à mon bureau, en travaillant sans tenir compte d’aucun conseil, cela donne par exemple un roman comme Vipère au poing, écrit d’une seule traite, en 66 jours. J’avais la naïveté de croire qu’une carrière littéraire se faisait surtout dans les réunions, cénacles et revues. [...] On n’avance pas d’une ligne parce que l’on est connu au café de Flore... ».

LS du 13 juillet 1948 : « Je vous remercie de votre lettre, reçue quelques jours avant mon départ en vacances et de la proposition que vous me faites en ce qui concerne la publication future de mes oeuvres. J’ignore dans quelles condi- tions je vais devoir traiter ailleurs que chez Grasset et si même j’y serai réellement obligé. De toutes façons, comme vous le dites vous-même, je tiens à passer par Blanzat, envers qui j’ai des obligations. [...] Actuellement j’ai achevé mes « Torches » qui sont beaucoup moins des poèmes que des pamphlets. 44 poèmes. Environ 200 pages. Poulaille voulait (avant que ce recueil ne soit terminé) les faire publier chez Grasset. Il n’en est plus question et, d’ailleurs, mon contrat avec cette maison ne prévoit que des romans. Je suis donc parfaitement libre de vous les envoyer au cas où

32 cela vous intéresserait [...] Je pousse actuellement très vite « La tête contre les murs ». Ce roman ne suit pas Vipère au poing. Il n’a rien d’autobiographique. Il est écrit à la troisième personne. C’est une fresque sur la folie et sur les asiles de France. J’y développe une carrière classique de fou, de sortie en sortie, d’internement en internement. Je connais admirablement le milieu. Absolument rien de commun avec les « Mémoires d’un fou » de Gogol et « Le Bruit et la fumée » (sic) de Faulkner, d’après ce qu’on m’en dit. [...] L’intérêt que j’attache à ce bouquin vient du fait que j’ai moi-même été interné, à la suite d’un grave accident automobile. [...] J’écrirai ensuite « La mort du petit cheval » qui sera ou ne sera pas la suite de la Vipère. Dans de nombreuses critiques qu’a subies ce livre, j’ai retenu certaines constantes. Aussi, à la grande indignation de ma femme, ai-je froidement détruit « Bleu » et « La mort du petit cheval », ne conservant que certains passages de ces romans, qui pourraient bien n’en faire qu’un seul... ».

LS du 29 septembre 1948 : « J’avais envoyé à Cathelin, qui, par l’intermédiaire de Pichon, a dû vous le faire passer, le manuscrit de « Torches ». J’ai à ce sujet des propositions fermes d’un autre éditeur. Toutefois, c’est moi qui ne suis plus d’accord pour publier ces textes dans leur forme actuelle. [...] Leur publication pourrait avoir une légère saveur de scandale... Suffit ! On a raconté trop d’inepties au sujet de « Vipère au poing » et de son auteur. Je serais toutefois content d’avoir votre avis sur ces « torches » pour savoir s’il cadre avec l’opinion que j’en ai... ».

LS du 24 octobre 1954 : « A force de me rencontrer avec vous - j’entends par le goût que nous avons souvent des mêmes choses et la dernière en date me semble être le Reverzy -, j’en arrive à me demander pourquoi nous nous sommes jadis si fortement accrochés... ».

CAS, s.d. : « Mes félicitations, cher Maurice Nadeau pour une distinction qui ne fait que reconnaître en vous un de nos plus grands critiques. Je me souvins du temps où, inconnu, vous m’avez encouragé. Je ne me souviens que de cela. Le reste fut humeur et il est bon qu’on en ait... ».

CAS du 23 janvier 1970, sur carte à en-tête « The Residency Tristan da Cunha » à propos des Bienheureux de la désolation : « Je suis allé voir, presque aux antipodes, les héros de mon prochain livre. Étonnante communauté iso- lée à 3 000 km de tout le monde ! En 61, chassés par le volcan, ils s’enfuirent. En 63, écoeurés par la civilisation de consommation, ils rentraient dans leur île dévastée... ».

2 000 €

33 54. BAZIN (Hervé). lettre adressée à Maurice Nadeau en réponse à sa critique de Vipère au poing.

Paris, 18 juin 1948. Lettre autographe signée de format in-4 (5 pp.).

Importante lettre autographe signée datée du 18 juin 1948, en réponse à la chronique donnée par Maurice Nadeau dans Combat le même jour, intitulée « Le Gentil Fallet et le vilain Bazin », en partie consacrée à Vipère au poing :

« Je lis dans Combat votre critique de Vipère au poing. Elle est sans doute aussi féroce que le livre et - à quelques détails près - ne s’écarte pas beaucoup de la vérité. Je suis toutefois surpris de constater une chose : c’est qu’un esprit aussi distingué que le vôtre (excusez cette formule toute faite!) soit totalement imperméable à certains senti- ments. J’en arrive à croire qu’entre l’éducation bourgeoise et l’éducation plébéienne il y a un divorce absolu, que les fils des deux races sont condamnés à ne se jamais comprendre... même si de généreux mouvements les portent les uns vers les autres. Voyez-vous, Nadeau, j’ai vécu ce roman-là à 80% environ, j’ai été un enfant de la haine, à jamais marqué par cette haine, j’ai renié tout ce qui me venait de ma mère « à jamais devenue pour moi le critère du refus ». A 20 ans, j’ai quitté la bourgeoisie, j’ai épousé une dactylo, j’ai été successivement employé, représentant, valet de chambre et bien d’autres choses encore. Je ne suis jamais retourné parmi les miens. J’ai fait cause commune avec les « petites gens » comme on dit dans ma famille (quand on me dit pas « la canaille »). Et il m’est singulièrement dur aujourd’hui de vous voir écrire « Quand tous les Rezeau seront morts, on l’imagine revenant au manoir familial... ». Cela seulement, je ne puis l’encaisser.

Ruiné, honni, privé de l’héritage de mon père, des relations de ma famille, des facilités et des avantages de ma classe originelle, ai-je vainement cherché à me rapprocher de cette « bonne santé populaire » (dont vous parlez d’ailleurs avec une certaine candeur et une exagération presque politique) ? J’ai l’impression que joue au fond de vous-même ce préjugé terrible et inconscient qui frappe tous les transfuges. Cette destruction vous déplait parce qu’elle n’a pas été entreprise par l’un des vôtres : elle vous semble hors du jeu.

Mais quoi ! mon cher Nadeau, n’était-il pas précisément du plus haut intérêt qu’un enfant de la maison en ouvrit les portes et décrivit de l’intérieur la véritable mentalité d’une de ces grandes familles, d’une de ces dynasties dont vous ne connaissez sans doute pas l’importance tyrannique dans cette région de l’ouest encore féodale ? Ce document furieux - et absolument sincère dans les détails - fallait-il lui enlever tout caractère et toute virulence en le contant à la troisième personne, en ne permettant pas à l’auteur de sauter à califourchon sur le dos de ses héros ?

Au surplus ne sentez-vous pas que jamais je n’aurais pu écrire quelque roman « sain et reposé » avant d’être libéré de cette vieille fureur ? Je me fous éperdument du « scandale » et je crois au contraire qu’il est assez peu politique, parce que très usé comme procédé. Mais ce roman, si c’en est un, il fallait que je le jette à la tête de quelqu’un, car, en vérité, il est écrit pour ou plutôt contre une seule personne... et le reste est battage d’éditeur !

Vous ne savez pas ce que c’est que la haine et à quel point elle obstrue la gorge, quand elle date de vingt cinq-ans ! Vous ne savez pas à quel point cela peut remplacer l’amour et enrichir une vie. Que ce soit monstrueux, je vous l’accorde, mais au nom de quel conformisme aurais-je dû me taire ? Ce roman ne vise qu’à l’étude d’un cas particu- lier: admettons que ce soit le mien. La « vérité photographique » était ici de rigueur.

Je voudrais enfin vous signaler une erreur de jugement (peut-être la seule) en dehors de ce que je viens de souligner au sujet de ce fils « trop semblable à ceux qu’il caricature » et qui « ne renie pas ses origines ». Comme il a 15 ans à la fin du livre il était absolument impossible - ou invraisemblable - qu’il n’eût pas, lui aussi, la « mentalité maison »... et se perdît en digressions sociologiques. C’est l’auteur à quinze ans qui écrit en quelque sorte et non celui qui en a environ le double... Ce qui me semble stupéfiant dans votre critique, c’est que vous n’avez pas vu ce point important. Vous avoir donné l’impression que le narrateur appartient « au fond des moelles » au milieu qu’il éreinte me remplit de satisfaction : je voulais précisément donner cette impression de Jean Rezeau, qui, ultérieurement, au contact d’autres milieux, deviendra différent (si toutefois, je continue la série. Vous m’en ôtez le goût !).

Ces choses dites - à titre purement personnel - ces choses dites, ajoutons que le sinistre auteur est un garçon pauvre, marié à une petite dactylo (qu’il aime tendrement) et père d’un ravissant petit bébé de trois semaines pour qui il se sent de ridicules faiblesses. Il n’y a là nulle contradiction. Les comptes sont réglés, le passé est dans le crachoir. Je puis être heureux. Et voyez-vous, mon cher Nadeau, je le suis, très simplement, moi qui lave les couches de mon fils, tous les soirs, par économie. Appelez-moi bourgeois : je suis persuadé que vous les laveriez moins bien que moi.

Un livre est un livre et c’est tout. Déjà ce fruit tombé (et passablement véreux) ne m’intéresse plus. Je resterai violent : c’est ma nature. Nous sommes les enfants d’un siècle bruyant où il faut élever le ton pour se faire entendre. En toute amitié, Hervé Bazin.

N.B. La chute de la maison Grasset - avec qui j’avais un contrat pour 5 romans - est une assez grosse tuile pour moi. Je risque de ne pas toucher un centime sur la Vipère... et j’en avais besoin, car depuis la naissance de bébé ma femme ne travaille plus et j’ai presque épuisé mes économies. Je prendrai un boulot secondaire : j’en ai vu bien

34 d’autres ! Je n’ai jamais eu peur de me salir les mains, malgré mes trois siècles d’ascendance bourgeoise.

Je viens d’achever « Torches » qui tient le milieu entre la poésie et le pamphlet. J’achèverai pour fin septembre Bleu (dont je ne puis ici donner le thème) et La mort du petit cheval (titre provisoire) qui est un document-roman sur les asiles de fous. Ces deux ouvrages abandonnent le « je ». Je tiens à les écrire « à une certaine distance de moi », quoique je n’en sois point absent.

Si j’en avais le courage, j’aimerais vous faire une critique de votre critique, non basée sur mon seul cas, mais sur celui des derniers auteurs que je vous ai vu démonter, pièce à pièce, avec moins de bonheur que de précision. Sauf en poésie - où vous êtes vraiment dans le coup - j’ai l’impression que vous « communiez » rarement et que vous êtes actuellement le grand janséniste de la littérature. C’est curieux, mais vous avez toutes ces qualités solides (et un peu agaçantes) de la critique bourgeoise classique. Je pense que ma franchise ne vous déplaira pas.

Quant à mon futur éditeur... je l’ignore. Je peux entrer assez facilement chez Julliard. J’ai des amis à la N.R.F.. Enfin, on a été très chic pour moi chez Grasset et je n’agirai certainement pas comme le rat qui se débine du cargo qui sombre. J’attends les évènements».

On joint :

BAZIN (Hervé). Vipère au poing.

Paris, Grasset, 1948. In-12 (18,8 x 11,8 cm), broché, couverture imprimée, 276 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 23 ex. sur pur fil et 70 ex. sur alfa, 1000 exemplaire sur chiffon Corvol pour les membres du prix des lecteurs de la Gazette des Lettres, 175 ex. sur alfa pour la sélection Strasbourgeoise de la Librairie de la Mésange et 155 ex. sur vélin édita).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau, / ce premier livre / que je devais écrire / pour me libérer d’une / vieille obsession, en lui renouvelant / l’expression d’une / amitié qui lui doit / déjà beaucoup / Hervé Bazin / Paris, 14 juin 1948 ».

Bel exemplaire, petite mouillure en pied des premier feuillets. L’ensemble 2 500 €

35 55. BAZIN (Hervé). La Mort du petit cheval.

Paris, Grasset, 1950. In-12 (18,8 x 11,8 cm), broché, couverture imprimée, 316 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 75 ex. sur montval, 132 ex. sur vélin pur fil et 1 045 ex. sur alfa (dont 175 ex. sur alfa pour la sélection Strasbourgeoise de la Librairie de la Mésange), 20 ex. sur vélin de Rives pour la Libraire Jean Loize et 100 ex. sur vélin vert d’eau réservés au club des bibliophiles).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau, / amicalement (je / tiens toujours l’adverbe / pour pré- cieux) / cette [Mort du petit cheval] / où je révise quelques / positions de Vipère au / poing / Hervé Bazin ».

Bel exemplaire. 250 €

56. BÉALU (Marcel). L’Araignée d’eau.

Paris, Librairie Les Lettres, 1948. In-4 (28,3 x 23 cm), en feuilles, couverture rempliée vert d’eau imprimée en rouge et noir, 41 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale de ce conte fantastique.

Un des 315 ex.numérotés sur vélin Crèvecoeur du Marais (après 25 vélin pur fil).

Très bel envoi autographe signé de l’auteur agrémenté d’un dessin original à l’encre et au crayon bleu-vert: « « La fille qu’ils croient brûlée et réduite / en cendres, elle repose là, tranquillement, sur / le sol. Elle rit de tout son coeur derrière son tablier...» Kleist (Catherine de Heilbronn) / A Maurice Nadeau / qui découvrira peut-être, sous ce / court récit, les phases d’un autre / conflit sans issue / En hommage / Marcel Béalu / Mars 1948 ».

Couverture légèrement décolorée en marge. 300 € 36 57. BEAUVOIR (Simone, de). Lettre de remerciement en rapport avec Les Mémoires d’une jeune fille rangée. s.d. [1958]. LAS d’une page au format in-4 rédigée à l’encre et 1 LAS d’1/4 pages in-4..

Lettre autographe signée de remerciement en rapport avec Les Mémoires d’une jeune fille rangée.

« Cher Maurice Nadeau / Merci de votre proposition qui me touche. Le fait est que même dans les / T. M. [Temps modernes], je donne rarement des textes, [...] je / suis contente de savoir que vous / m’avez si amicalement entrevue. Merci de votre article - de vos deux articles - sur mes « Mémoires », de la sympathie avec laquelle vous en avez parlé. / très amicalement / S. de Beauvoir.

On joint une autre LAS et une enveloppe en datée du 5 décembre 1949 : « 2 décembre / Cher Nadeau / Voici le fragment de film en question. Je lui écris que je vous l’ai remis. / Bien amicalement / S. de Beauvoir ».

400 €

58. BECK (Béatrix). Léon Morin prêtre.

Paris, Gallimard, 1952. In-12 (19 x 12 cm), broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 237 pp., 1 f. n. ch..

Retirage de décembre 1952 (année de l’originale).

Un des 25 ex. numérotés imprimés sur vélin pur fil Lafuma-Navarre, celui-ci l’un des 10 ex. nominatifs imprimé spécialement pour Maurice Nadeau (après 11 ex. hors commerce sur vergé de Hollande réservés aux membres de l’Académie Goncourt).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / hommage de l’auteur / Béatrix Beck ».

Roman se déroulant sous l’occupation, Léon Morin prêtre reçut le Prix Goncourt en 1952. Il fut adapté à l’écran par Jean-Pierre Melville en 1961 avec dans les rôles principaux Emmanuelle Riva (Barny) et Jean-Paul Belmondo (Léon Morin).

400 €

59. BECK (Béatrix). Lettre en rapport avec la publication du poème « Établissement psychiatrique » dans Les Lettres Nouvelles.

2 mars 1972. LAS de format in-4 rédigée à l’encre bleue, 1 p..

Lettre autographe signée.

En mai 1972, Maurice Nadeau publia dans Les Lettres Nouvelles un poème de Béatrix Beck intitulé « Établissement psychiatrique », accompagné d’un texte introductif.

LAS : « 62, rue du Roi de Sicile / Paris IV / Tel : 277-7142 / Le 2 mars 72 / Cher Monsieur / Veuillez trouver ci-joint / l’introduction que vous / m’avez demandée. / Je suis très contente que / mon petit texte paraisse / dans les « Lettres Nouvelles » / de mai. / Pourrais-je avoir des tirés / à part et, si oui, dans quelles / conditions ? / très amicalement à vous / Béatrix Beck ».

100 €

37 60. BECKETT (Samuel). Archives Maurice Nadeau.

Ensemble exceptionnel constitué de :

- l’édition originale d’En attendant Godot avec envoi daté d’octobre 1952 ;

- 21 livres en édition originale avec envoi autographe signé, comprenant ses deux autres principales pièces de théâtre Fin de partie et Oh ! les beaux jours et, entre autres, L’Innommable, Comment c’est, Watt (originale française) et Compagnie (originale française).

- 12 lettres ou cartes, pour certaines autographes, signées s’échelonnant du début des années 1950 à 1986;

- 11 livres dont l’édition originale française de Murphy (couverture Bordas).

Suite à une recommandation de Tristan Tzara, Maurice Nadeau entreprit à sa sortie en 1947 la lecture de Molloy, roman d’un écrivain irlandais alors inconnu. « C’est le coup de foudre. Et je publie dans Combat, le premier article [En avant vers nulle part, 12 avril 1951] qui paraîtra dans la presse sur ce singulier Irlandais » confiera-t-il dans Grâces leur soient rendues (Albin Michel, 1990).

Nadeau rencontre Beckett pour la première fois à l’automne 1951 à la demande du romancier. Celui-ci lui confie alors avoir écrit une pièce de théâtre à deux personnages, il s’agit d’En attendant Godot.

Trois mois plus tard, Roger Blin monte des extraits de la pièce pour la radio et demande à Maurice Nadeau de préparer un texte de présentation de Samuel Beckett et de sa pièce. C’est à cette occasion, le 17 février 1952, soit sept mois avant la publication du livre par les Éditions de Minuit et presqu’un an avant la création de la pièce au Théâtre Babylone, que Maurice Nadeau donnera sur les ondes le tout premier compte rendu d’En attendant Godot :

« La pièce dont vous allez entendre quelques scènes a été écrite par Samuel Beckett en 1948-1949. [...]. Vous y verrez deux curieux amis, Vladimir et Estragon, perdus dans une campagne insolite au bord d’une route près d’un arbre, dans l’attente d’un rendez-vous improbable. Ils attendent Godot sans savoir qui est Godot, ce qu’ils lui veulent et ce qu’en retour il veut d’eux. Ils sont là depuis des jours, des semaines, des années peut-être. Ils devront attendre Godot des jours, des semaines ou peut-être des années. Hors cela ils ne savent rien, ni même qui ils sont ni où ils se trouvent. Que pourraient-ils faire d’autre que de tuer le temps, se raconter des histoires auxquelles ils ne croient pas, parler pour ne rien dire.

« Qu’est ce qu’on fait maintenant ? » demande Estragon à Vladimir. L’autre répond « si on se pendait ». Et comme ils n’ont pas plus envie de se pendre que de vivre ou de s’en aller ils restent là et attendent, appliqués à ne pas penser afin de ne pas compliquer inutilement la situation.

Une diversion leur est offerte par le passage d’un homme Pozzo, tenant en laisse, et de façon à ce que la corde lui écorche bien le cou, un autre homme Lucky, son serviteur, son esclave, son objet. Il prend plaisir à le maltraiter odieusement sous les yeux de nos deux amis. Vont-ils s’indigner, appeler à la rescousse morale, droit, huma- nité ? Ils comprennent trop bien que ces deux-là ont trouvé, eux aussi, le moyen de se donner l’impression d’exister. Qu’ils sont l’un et l’autre heureux à leur manière, c’est-à-dire parfaitement désespérés.

Le lendemain ou quelques années plus tard, le couple repasse. Pozzo tient toujours Lucky en laisse mais il est devenu aveugle. Lequel dépend de l’autre, qui est le maître et qui l’esclave ?

En attendant Godot ne lève aucune des perplexités que suscitent en nous le spectacle du monde, le sentiment de notre propre vie. Elle les accumule au contraire et les approfondit dans un climat de haute farce qui est celui de la vraie tragédie.

En l’écoutant vous penserez à Kafka, à Shakespeare, à Alfred Jarry. Vous ferez la connaissance de Samuel Beckett qui n’est peut-être rien d’autre que la part ignorée de vous-même. » (Maurice Nadeau, Texte de présentation de Samuel Beckett et d’En attendant Godot, 17 février 1952, archives de l’INA)

38 I. BECKETT (Samuel). En attendant Godot.

Paris, Editions de Minuit, 1952. 18,7 x 12 cm, broché, couv. imprimée en noir et bleu illustrée d’un portrait photographique par Gisèle Freund sur le second plat, 163 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition (après 35 ex. num. imprimés sur vélin supérieur) achevée d’imprimer en sep- tembre 1952.

Exemplaire du SP (avec deux poinçons aux quatre derniers feuillets et en second plat de couverture).

Important envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / Samuel Beckett / Paris, oct. 52 ».

Les envois autographes signés sur l’édition originale d’En attendant Godot, adressés au moment de la publication du livre à des personnalités majeures du monde des lettres, ayant joué un rôle dans la promotion de l’oeuvre de Samuel Beckett, alors confidentielle, sont rarissimes et vivement recherchés.

Provenance exceptionnelle.

Dos bruni, bel état par ailleurs.

II. BECKETT (Samuel). Correspondance adressée à M. nadeau.

Du 25 juin 1952 au 22 janvier 1986. 4 LAS, 4 LS et 4 CAS de formats divers.

Correspondance de 12 lettres : 4 lettres autographes signées, 4 lettres signées et 4 cartes autographes si- gnées (dont une adressée à Geneviève Serreau, collaboratrice de Nadeau aux Lettres nouvelles) envoyées du début des années 50 à 1986.

Notre ensemble rend compte des relations entretenues durant plus de trente ans par l’écrivain et le critique, direc- teur de revue et éditeur. Y sont évoqués les textes et extraits de ses oeuvres, donnés en avant-première aux Lettres Nouvelles puis à la Quinzaine littéraire.

L’ensemble comprend la lettre autographe signée, retranscrite par Maurice Nadeau p. 365 dans Grâce leur soient rendues et présentée comme l’invitation de Beckett à le rencontrer en novembre 1951. Bien que la date de leur pre- mière rencontre ne fasse aucun doute, cette lettre semble dater du 18 novembre 1955 (plutôt que de 1951).

39 III. BECKETT (Samuel). principaux lIVRES.

BECKETT (Samuel). Murphy.

Paris, Bordas, Coll. Les Imaginaires, 1947. In-12 (20,5 x 14 cm), broché, couverture imprimée en jaune et noir, 201 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale française (pas de grand papier).

Exemplaire sous sa première couverture des Éditions Bordas. L’ouvrage fut traduit par Beckett et édité par Bordas en 1947. Sur un tirage d’environ 3 000 exemplaires, seuls 285 se vendirent avant que les Editions de Minuit ne rachètent les droits à Bordas et le stock d’invendus. Les couvertures furent alors remplacées par celles, blanches imprimées en bleu et noir, à l’enseigne des éditions de Minuit.

Ex-libris manuscrit de Maurice Nadeau « M.N. » en page de titre.

BECKETT (Samuel). L’Innommable. roman.

Paris, Editions de Minuit, 1953. 18,7 x 12 cm, broché, couv. imprimée en noir et bleu, 262 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition (après 50 ex. num. imprimés sur vélin supérieur) achevée d’imprimer le 20 mai septembre 1953. Exemplaire du SP (avec un poinçon aux derniers feuillets et en second plat de couverture).

Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Samuel Beckett / Paris juin 1953 ».

« Au regard de ce qu’il espérait, sans illusion et fuyant la duperie, Samuel Beckett a sans doute échoué une fois de plus et sans qu’on croie possible, de sa part, une nouvelle tentative. Au regard de ce que nous attendions de lui après Murphy, Molloy et Malone meurt, cette tentative s’inscrit parmi les plus audacieuses et les plus éclai- rantes qui aient jamais existé, illustrant en termes d’épure la quête nécessaire de l’identité avec la parole de l’être, la vie, la réalité, et nous donnant le sentiment que cette identité deviendra possible. » (Maurice Nadeau, chronique de L’Innommable dans Les Lettres Nouvelles, septembre 1953, p. 860-864).

Dos bruni.

BECKETT (Samuel). Fin de partie. suivi de Acte sans paroles.

Paris, Editions de Minuit, 1957. 18,7 x 12 cm, broché, couv. imprimée en noir et bleu, 122 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition à la bonne date d’achevé d’imprimer (après 4 ex. sur vélin d’Arches, 6 hors commerce, 50 ex. sur vélin pur fil du Marais + 5 hors commerce).

Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / avec ma fidèle / amitié / Samuel Beckett / Paris février 1957 ».

Dos bruni. Bel état par ailleurs.

BECKETT (Samuel). Comment c’est. Roman.

Paris, Editions de Minuit, 1961. 18,7 x 12 cm, broché, couv. blanche imprimée, 177 pp., 1 f. n. ch..

Édition originale. Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett / paris janvier / 1961 ».

BECKETT (Samuel). Oh les beaux jours. Pièce en deux actes.

Paris, Editions de Minuit, 1963. 18,8 x 10 cm, broché, couv. imprimée en noir et bleu, 89 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / avec ma fidèle / amitié / Samuel Beckett ».

40 BECKETT (Samuel). Watt.

Paris, Editions de Minuit, 1968. In-12 (18,5 x 13,8 cm), broché, couverture imprimée, 268 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale française. Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett / Paris mars 69 ».

BECKETT (Samuel). Compagnie.

Paris, Editions de Minuit, 1980. In-12 (18,5 x 13,5 cm), broché, couverture imprimée, 87 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale française. Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett ».

IV. BECKETT (Samuel). AUtres lIVRES avec envoi.

BECKETT (Samuel). Nouvelles et textes pour rien.

Paris, Editions de Minuit, 1955. 20 x 13 cm, broché, couv. imprimée, 220 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Un des 1 150 ex. sur vélin (celui-ci l’un des 50 ex. hors commerce), après 30 ex. imprimés sur pur fil.

Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / avec ma fidèle / amitié / Samuel Beckett / Paris nov 1955 ».

Broché en bel état, infime déchirure marginale en marge inférieure de la couverture. Recueil constitué de trois nou- velles (L’Expulsé, Le Calmant, La Fin) et de 13 textes pour rien.

BECKETT (Samuel). Imagination morte imaginez.

Paris, Editions de Minuit, 1965. In-12 (19,3 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 18 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Tirage limité à 612 ex., tous sur vélin cuve B.F.K. Rives, celui-ci un des 50 hors commerce.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice / son ami Sam / Paris oct 1965 ».

BECKETT (Samuel). Assez.

Paris, Editions de Minuit, 1966. In-12 (19,3 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 29 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Tirage limité à 662 ex., tous sur vélin cuve B.F.K. Rives, celui-ci un des 100 hors commerce.

Envoi autographe signé: « Pour / Maurice / bien amicalement / Sam / Paris avril 66 ».

BECKETT (Samuel). Bing.

Paris, Editions de Minuit, 1966. In-12 (19,3 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 17 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Tirage limité à 742 ex., tous sur vélin cuve B.F.K. Rives, celui-ci un des 100 hors commerce.

Envoi autographe signé : « Pour / Maurice / bien amicalement / Sam / Paris nov 66 ».

41 BECKETT (Samuel). Comédie et actes divers.

Paris, Editions de Minuit, 1966. 18 x 11,3 cm, broché, couv. à rabats imprimée en noir et bleu, 99 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition. Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Samuel Beckett / Paris janvier 1966 ».

BECKETT (Samuel). Têtes-mortes.

Paris, Editions de Minuit, 1967. In-12 étroit (18 x 9,5 cm), broché, couverture imprimée, 66 pp., 1 f. n. ch..

Edition collective, en partie originale pour le premier texte D’un ouvrage abandonné édité ici accompagné d’Assez, Imagination morte imaginez et Bing.

Pas de tirage en grand papier. Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett ». Dos bruni.

BECKETT (Samuel). Poèmes.

Paris, Editions de Minuit, 1968. In-12 (19,3 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 30 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Tirage limité à 762 ex., tous sur vélin cuve B.F.K. Rives, celui-ci un des 100 hors commerce.

Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett / Paris fév 68 ».

BECKETT (Samuel). Sans.

Paris, Editions de Minuit, 1969. In-12 (19,2 x 14,4 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 20 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Tirage limité à 742 ex., tous sur vélin B.F.K de Rives, celui-ci un des 100 ex. hors commerce.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett / Paris février 1970 ».

BECKETT (Samuel). Film.

Paris, Editions de Minuit, 1972. In-12 (19,3 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 30 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale française (traduit de l’anglais par l’auteur). Tirage limité à 342 ex., tous sur vélin d’Arches, celui-ci hors commerce marqué « S.P. ».

Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / avec ma fidèle amitié / Sam. Beckett / Paris novembre / 1972 ».

BECKETT (Samuel). Pas moi.

Paris, Editions de Minuit, 1975. In-12 (18 x 10 cm), broché, couverture imprimée, 24 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Un des 100 ex. hors commerce sur vélin supérieur (après 150 vélin d’Arches et 92 vélin supérieur marqués « 92 »).

Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett / Paris mars / 1975 ».

42 BECKETT (Samuel). Pour finir encore et autre foirades.

Paris, Editions de Minuit, 1976. In-12 étroit (18 x 9,5 cm), broché, couverture imprimée, 53 pp., 1 f. n. ch..

Edition en partie originale regroupant Pour finir encore, Immobile, Autres foirades (1960), Au loin l’oiseau et Se voir.

Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett / Paris mars / 1976 ».

BECKETT (Samuel). Poèmes. suivi de mirlitonnades.

Paris, Editions de Minuit, 1978. In-12 (18,4 x 13,3 cm), broché, couverture imprimée, 44 pp., 2 ff. n. ch..

Edition en partie originale. Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / Sam. Beckett / bien amicalement ».

BECKETT (Samuel). Cette fois.

Paris, Editions de Minuit, 1978. In-12 étroit (18 x 10 cm), broché, couverture imprimée, 25 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Un des exemplaires hors-commerce sur vélin d’Arches (seul grand papier avec 100 ex. numérotés sur le même papier).

Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett ».

BECKETT (Samuel). Catastrophe et autres dramaticules.

Paris, Editions de Minuit, 1982. In-12 (17,8 x 11,5 cm), broché, couverture imprimée, 81 pp., 1 f. n. ch..

Edition collective française. Envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / bien amicalement / Sam. Beckett / sept. 82 ».

BECKETT (Samuel). Comment dire.

Paris, Editions de Minuit & Librairie Compagnie, 1989. Plaquette in-4 (29,7 x 21 cm), couverture muette, 2 ff. n. ch..

Edition originale de cette plaquette hors commerce offerte par la Librairie Compagnie à l’occasion de son troisième anniversaire reproduisant en fac similé un poème de Beckett.

Un des 124 ex. imprimés sur vélin chiffon de Lana (seul grand papier), celui-ci un des 35 ex. hors commerce.

Exemplaire offert par les Éditions de Minuit à Maurice Nadeau accompagné d’une lettre signée par Irène Lindon.

Bel exemplaire.

On joint 10 livres de Samuel Beckett, en premier tirage, provenant de la bibliothèque de Maurice Nadeau : Premier amour (1970), Pour finir encore et autres foirades (1976), Pas suivi de quatre esquisses (1978), Mal vu mal dit (1981), L’Image (1988), Le Monde et le pantalon (1989), Soubresauts (1989), Cap au pire (1991), Quad et autres pièces pour la télévision (1992) et Trois dialogues (1998).

A notre connaissance, aucun ensemble de Samuel Beckett aussi conséquent et important n’a été présenté sur le marché à ce jour. Rappelons par ailleurs que la bibliothèque personnelle de Jérôme et Annette Lindon a été léguée à la Bibliothèque Nationale de France en 2015.

L’ensemble 75 000 €

43 61. BELLMER (Hans). Deux lettres adressées à Maurice Nadeau.

9 juillet 1946 et 26 février 1948. 2 LAS au format in-4 formant un ensemble de 3 pp..

Deux lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau.

Dans la première Bellmer indique regretter ne pas être en relation avec André Breton.

Dans la seconde lettre, importante, il est question du Marquis de Sade (dont Nadeau venait de publier une anthologie à la Jeune Parque en 1947), d’André Breton, des Jeux de la poupée, de l’Anatomie de l’inconscient physique et de Rose au coeur violet, étude de l’art de Hans Bellmer par sa compagne Nora Mitrani, se doublant d’une réflexion sur l’érotisme qui ne vit pas le jour et sera repris en 1957 dans Petite anatomie de l’inconscient phy- sique ou l’anatomie de l’image d’Hans Bellmer.

LAS : « 9 juillet 1946 Revel Cher ami, C’est avec un grand retard que je réponds à votre dernière lettre (du 9 juin), dans laquelle vous me demandez une photo de moi/ Je vous en enverrai deux, dans dix jours au plus tard, espérant que ce retard ne soit pas grave. Seriez vous assez aimable de dire à Breton mon bon souvenir et les regrets que j’ai de ne pas être en contact avec lui ! Amicalement à vous Bellmer ».

LAS : « 26. II. 48 Toulouse Cher Monsieur et ami, Permettez-moi de vous dire l’admiration et la joie qu’a provoqué en moi la parution de votre ouvrage sur Sade ! Vu le climat de l’heure où nous sommes et où une suraffectivation « excessive » de la poésie donne dans tous les panneaux de la réaction, essentiellement du côté mysticisme-chris- tianisme, - votre livre est pour moi beaucoup plus qu’un livre excellemment bien fait ! Il s’en dégage de suite : que dans la fumée des occultations actuelles, involontaires ou volontaires (d’Artaud à Breton) et des commodes non- engagements, la « ligne » Sade reste propre, indéfectible. Elle va certainement à travers l’oeuvre froidement désaf- fectivée de pour rejoindre ce qu’il y a d’irréductible dans notre présent et son avenir. Pour sortir de mon isolement, j’avais essayé - quoi que sans conviction - après la guerre, de reprendre contact avec Breton. Mais depuis mon dernier passage à Paris, en novembre, sa stratégie ne paraît même pas douteuse. J’avais à ce moment- là l’intention de vous demander un rendez-vous - connaissant votre texte, à propos de Sade, dans le catalogue de l’Exposition surréaliste 1947 - : j’aurais voulu vous montrer la série de dessins faits pour les « 120 journées », pour la femme de Matta qui s’occupe d’éditions À New York. - Mais : j’ai dû partir précipitamment à cause de mes soucis matériels et de la grève. Mais deux livres (« Jeux de la poupée » et « Anatomie de l’inconscient physique ») attendent toujours leur sortie de chez K éditeur (Gheerbrant). Pour faire la soudure jusqu’à leur parution, j’avais espéré de pou- voir sortir un petit livre (ci-joint un bulletin) qui a été écrit à propos de Sade et à mon propos. Il comporte une gravure et deux dessins (pour Sade). Le texte est ardent; et j’ai pu freiner sa tendance de donner trop dans le mysticisme opportun, et j’ai pu me garantir contre toute erreur possible à mon n’égard dans cette direction - et souligner sa valeur révolutionnaire. J’ai voulu éditer ce livre. Mais les conditions matérielles, depuis, sont devenues telles qu’il ne saurait plus être question de vouloir couvrir son démarrage par des souscriptions. Ne pourriez-vous pas me donner là un conseil ? (éditeur etc.?) Je n’ai plus entendu parler de votre ouvrage « Poètes et prosateurs du Surréalisme ». Auriez-

44 vous abandonné ce projet ? Voulez-vous me renvoyer le matériel que je vous avais fourni - où désirez-vous le garder encore ? Il faudrait évidemment une raison « objective » pour rester en contact avec vous. J’en serais très content. Auriez-vous par hasard des amis à Toulouse ? Toulouse, jusqu’à maintenant, étant désert pour moi. Amicalement à vous, Hans Bellmer / Hans Bellmer 3 avenue Frizac Toulouse ».

On joint le rare bulletin de souscription pour Rose au coeur violet de Nora Mitrani dont il est question dans la seconde lettre ci-dessus retranscrite.

3 000 €

62. BELLMER (Hans). Petite anatomie de l’inconscient physique ou anatomie de l’image.

Paris, Le Terrain Vague, 1957. In-4 (23,5 x 18,8 cm), broché, couv. noire à rabats, non paginé, 36 ff. n. ch., reproductions en noir de dessins de l’auteur.

Edition originale.

Un des 950 ex. num. sur neige du Marais (après 1 ex. sur Annam de Rives avec la gravure sur cuivre en 3 tirages, les cuivres, 5 pages manuscrites et un dessin original, 10 BFK de Rives avec gravure et dessin, 40 BFK de Rives avec la seule gravure et 15 hors commerce dont 10 sur le même papier et 5 lettrés sur teinté rose réservés à l’auteur), celui-ci non justifié.

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / avec le souvenir amical de / Hans Bellmer / 1947 ».

Bel exemplaire, rare avec envoi. 1 500 €

63. BEN JELLOUN (Tahar). Lettre autographe signée à propos de Moha le fou, Moha le sage.

31 mai 1978. LAS de format in-4 rédigée à l’encre noire, 1 p..

Belle lettre autographe signée à Maurice Nadeau dans laquelle Tahar Ben Jelloun encense le travail d’éditeur de Maurice Nadeau et lui annonce la sortie prochaine de son roman Moha le fou, Moha le sage.

LAS : « Tahar Ben Jelloun /7 rue Lhomond / Paris 5e / Paris 31 mai 1978 / J’ai été très heureux de vous entendre hier à Radioscopie. J’aime votre pudeur et aussi / votre humour. Un vrai éditeur, un créateur. / Je n’ai pas souvent eu l’occasion de vous le / dire, mais plus le temps passe, plus je vais dans / le milieu de l’édition, plus je me rends compte / combien je vous dois. / Vous allez trouver incohérent et para- / doxal, parce que je vous écris aussi pour vous / dire que je viens de remettre un « roman » au Seuil / et qui doit paraître le 1er septembre. Quand / j’ai rompu avec Blanchard, Claude Durand / m’avait fait des propositions exceptionnelles. / Je les ai acceptées. Le Seuil m’a financé l’écriture / de « Moha le fou Moha le sage » pendant douze / mois. De quoi oublier les problèmes d’argent / et pour écrire en tout disponibilité. / Je vous enverrai le livre dès sa sortie de / l’imprimerie. / A vous mon amitié vive : Tahar Ben Jelloun ».

Moha le fou, Moha le sage fut récompensé par le prix des Bibliothécaires de France et le prix Radio-Monte-Carlo en 1979.

100 €

64. BILLETDOUX (François). Lettre autographe signée à propos de son roman Royal garden blues.

23 juin [1957]. LAS de 3 pp. au format in-4 rédigée à l’encre noire.

Belle lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau à propos de son roman Royal garden blues publié en 1957 chez Robert Laffont.

LAS : « ...Nous pensons / que vous devez faire en sorte qu’il y ait un papier / sur « Royal garden blues » dans « France-observateur ». / Je me permets d’aller plus loin et de souhaiter / que vous lisiez ce livre. Il m’est difficile de plai- / der en sa faveur, mais quoi ! Voilà l’été, pres- / que deux mois ont passé depuis la parution et la / « presse » fait silence. Pourquoi ? Pourquoi ne pas lire, / pourquoi ne pas dire du mal si on pense du mal ? / Parce que je suis un homme de radio, qu’on / me prête du farfelu, que je me nomme Billetdoux ? ... ».

50 € 45 65. BLANCHOT (Maurice). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. de fin 1959 au début des années 1990. 35 LAS au format in-8 formant un total de 44 pp. et un télégramme, 17 enveloppes conservées.

Importante correspondance adressée à Maurice Nadeau, composée de 35 lettres autographes signées et d’un télégramme, s’échelonnant de 1959 au début des années 1990 témoignant de leur sympathie mutuelle et de leur amitié nouée au début des années 60, des collaborations et soutiens en faveur des Lettres Nouvelles et de la Quinzaine littéraire, du Prix des Critiques dont Nadeau et Blanchot furent membres du jury.

Y sont évoqués Jean-Paul Sartre, Georges Bataille, Edmond Jabès, Dionys Mascolo, Marguerite Duras, Louis-René des Forêts et des évènements marquants du monde éditorial ou politique (Le Manifeste des 121 (dont Blanchot est le principal rédacteur avec Mascolo et Nadeau), la chute du président chilien Allende, etc.).

Trois lettres de 1962 et 1963 concernent le projet avorté de revue internationale imaginée avec des écrivains italiens et allemands suite à la Déclaration des 121, qui devait remplacer les Temps modernes et les Lettres Nouvelles.

En avril 1977, en réponse à un article lui étant consacré dans la Quinzaine littéraire, Maurice Blanchot adresse une très importante lettre retraçant l’historique de sa jeunesse et des années d’occupation. Une lettre envoyée quelques jours plus tard demande de ne pas divulguer ces informations confidentielles.

En conclusion du chapitre de Grâces leur soient rendues (Albin Michel, 1990) qu’il consacre à Maurice Blanchot Maurice Nadeau, témoigne : « Il n’est ni l’homme des déjeuners en ville ni même des tête-à-tête, mais sa vigilance n’est jamais en défaut, tant à l’occasion d’évènements publics, de malheurs, qui frappent nos amis, de mon deuil et de mes propres incidents de parcours. Cette amitié m’est trop précieuse pour que je me sente le droit d’en dire davantage ».

1. LAS du 11 février [1959] : « J’ai toujours eu de la sympathie pour les Lettres Nouvelles, leurs rapports vivants à la littérature, la fermeté, quand il le fallait, du jugement politique, et je serais heureux d’y montrer cette sympathie en y collaborant. L’idée d’une concurrence avec la nrf ne m’était pas apparue et, en tout cas, ne m’aurait pas gêné. C’est plutôt des décisions personnelles qui me mettent dans un certain embarras. En deux mots : ayant jugé nécessaire de me donner, pour d’autres travaux, un espace libre de pensée, j’ai obtenu très amicalement de la nrf cette plus grande liberté. J’éprouverais donc quelques scrupules à paraître. Je n’avais obtenu du temps libre que pour le consacrer à d’autres publications plutôt qu’à moi-même. Peut-être donc, un peu plus tard, quand ce nouveau régime de colla- boration sera devenu habituel. Mais sur le principe je vous réponds : très volontiers. Avec mes sentiments d’amitié. Maurice Blanchot. Ne pensez-vous pas que par le changement de rythme, les Lettres Nouvelles seront amenées à prendre plus de part à la réalité politique ? Ce n’est pas une crainte que j’exprime ici - tout au contraire. L’avenir, vous le jugez sans doute comme moi, ne nous laissera pas en paix ».

2. LAS du 17 septembre [1959?]: « J’ai rencontré Geneviève Serreau et je ne sais si elle a senti combien j’en étais heureux [...] Ne m’en veuillez pas si vous recevez « mon » livre - toujours des livres - anonymement. L’anonymat est presque mon nom ».

3. LAS du 26 décembre [1960], enveloppe, faisant suite au Manifeste des 121, rédigé par Mascolo et Blanchot et que Sartre avait signé en septembre 1960 : « Pardonnez moi de vous écrire tardivement [...] Je suis d’accord avec vous pour penser qu’une exigence se fait jour à laquelle nous devons essayer de répondre. Comment ? Il faut nous interroger les uns les autres et mettre en commun nos raisons et nos expériences. Le silence de Sartre, s’il ne nous dégage pas de toute imitation, nous oblige à être encore plus exigeant, à la fois parce que l’absence de ce qu’il repré- sente doit être compensée et parce qu’il ne faudrait pas qu’à notre tour nous acceptions les facilités dont il semble n’avoir pas voulu se priver. Voyons cela ensemble, bientôt. Et souhaitons-nous une année qui soit vraiment nouvelle : elle le sera, je crois, par les évènements; qu’elle le soit donc aussi par notre façon d’y répondre ».

4. LAS s.d. [début 1960], à propos de la fin de la formule hebdomadaire des L.N., du jury du Prix des Critiques et de Roger Laporte [Nadeau l’éditera dans le numéro d’octobre 1960 consacré aux « Jeunes écrivains français »] : « Roger Laporte me demande de vous transmettre ce texte pour les Lettres Nouvelles : je le fais très volontiers. R. Laporte est un jeune écrivain, ami de René Char (et le mien) qui a notamment publié dans Botteghe oscure un court récit intitulé Une migration. Il est certainement destiné à écrire et il a besoin intellectuellement d’art, mais vous sentirez quelles sont ses difficultés. [...] Après le 1er janvier, je voulais vous dire combien je regrettais la disparition de la formule hebdomadaire. Vous l’aviez rendue très attirante et je l’aimais beaucoup. Tenez bon, sous une forme ou sous une autre. Je pense que vous avez appris la décision d’Emile Henriot : avec Gabriel Marcel et H. Clouard, il se retire du Prix des Critiques, la mort de R. Kemp ayant achevé de rompre l’équilibre de ce mauvais jury dont la majorité terroriste est désormais assurée de l’emporter toujours. Voilà un important problème; Nous pouvons rester tels que nous sommes [...] ».

5. LAS du 31 août [début des années 1960?] : « Combien j’ai été touché par les signes d’amitié que vous m’avez faits, il faut bien que je vous le dise un jour, brisant le silence. Je pense à vous très souvent, si à l’écart que je vive. Je voudrais marquer combien j’apprécie le travail de la Quinzaine, et l’intérêt qu’il y a à voir ce travail se poursuivre. Il y a quelques temps j’ai écrit un petit texte sur les « Cahiers » de Paul Valéry [...] ».

46 6. LAS du 29 août 1962 : « Cher ami, Pardonnez-moi de n’avoir pu répondre à ce que vous me demandiez autrement que par ce texte indirect. Je puis vous assurer que j’ai fait mon possible. J’ai été heureux d’avoir de vos nouvelles. Dionys a été sérieusement fatigué pendant les vacances et particulièrement ces derniers jours. J’en suis les soucis. Mais il sera à Paris bientôt. L. R. des Forêts a reçu une longue lettre d’Uwe Johnson. Elle est tout à fait positive. Les Allemands ont constitué leur comité (7 membres, Sührkamp ?), et ils nous proposent de nous rencontrer à Zurich le 15 décembre pour que soient signé les contrats avec les éditeurs et discuter des problèmes en litige. Bien plus, ils pensent pouvoir nous apporter à cette date les textes allemands pour les premier et second numéros et souhaitent que nous apportions les nôtres. La revue dans ces conditions paraîtrait en juin. Cet esprit de décision ne nous permet plus d’atermoyer. Actuellement les Gallimard sont encore en vacances. À bientôt cher Maurice Nadeau. Je pense à vous très amicalement, Maurice ».

7. LAS datée dimanche [1962-1963]: « Cher Maurice Nadeau, Aussi simplement que je le puis, je voudrais vous dire combien j’ai été touché, combien chacun de nous l’a été, par la proposition que vous nous avez faite, car nous avons compris quelle part de vous-même vous y avez mise et avec quelle spontanéité. J’ajoute (même si je m’exprime ici sans mandat) que nous sommes tous conscients des avantages qu’elle représente, face aux difficultés où nous sommes, et que nous y serions encore plus sensibles, si nous ne voyions pas le sacrifice qu’elle représente aussi pour vous. De toutes manières, Il faut maintenant que nous parvenions dans le plus bref délai à une solution. Si l’incertitude ne prend pas fin, nous risquons de ruiner définitivement l’entreprise commune, jusqu’à en effacer le sens que nous cherchons à lui donner : signification que je continue à tenir pour essentielle. A vous, avec ma vive d’amitié Maurice ».

8. LAS du 26 janvier [1963] : « Cher Maurice Nadeau, J’ai réfléchi que je ne pouvais pas parler au nom du groupe français dans son entier, ne fût-ce que parce que je ne pouvais consulter Michel Leiris. D’autre part, cette lettre ne fait que poursuivre le débat de Zurich, et c’est aux membres du groupe présent dans cette ville qui seuls ont pu juger directement de ce qui se passait, que je puis demander les accords. Je ne peux pas non plus écrire en mon seul nom personnel, puisque plusieurs de nos amis jugent soit utiles soit nécessaires les réflexions que je propose. Je souhaite naturellement que vous puissiez vous y associer. Mais je trouverais légitime, aussi, que vous désiriez vous entretenir à distance. Dans la nouvelle version de ma lettre que je vous envoie, au cas où vous continueriez à faire des réserves sur mon texte, il serait facile, au premier paragraphe, d’introduire, après les mots « présents à Z. », une petite parenthèse comme par exemple ainsi (« à l’exception de Maurice Nadeau qui vous écrira lui-même d’autre part » ou tout autre formule que vous préférez). Il n’y a pas à mon sens grand inconvénient à ce que U. J [Uwe Johnson] sache qu’il y a plusieurs tendances dans notre groupe, cela lui permettrait de corriger l’idée grossière que les allemands se font de l’homogénéité de ce groupe. Vous verrez que j’ai révisé le texte en l’impersonnalisant, y retirant certaines phrases inutilement fortes et en essayant de cerner de plus près la vérité. Voulez-vous me dire votre sentiment, peut-être en me téléphonant ? L’avis commun est qu’il faudrait que la lettre fut envoyée, traduite en allemand, avant la fin de la semaine, puisqu’il y est question de tâches à accomplir pour le 15 février, date qui approche dangereusement. Et, pour cette traduction en allemand qui s’impose, plutôt qu’en anglais sera-t-il possible de la faire faire rapidement ? Dites le moi aussi, si vous voulez bien. Ah, certes, les difficultés qui me rebuteraient, à condition toutefois que celles-ci soient importantes et à la mesure même de ce qu’il y a d’important dans notre entreprise. A vous très amicalement. Maurice. [...] ».

9. LAS datée mardi [mars 1963] à propos du dixième anniversaire des L.N. et de Volontaires pour l’échafaud publié par Nadeau chez Julliard en 1963 : « J’espérais vous voir demain, mais je crains qu’un retour de grippe provoqué par ce retour d’hiver ne m’empêche de m’associer à cet anniversaire et de vous saluer affectueusement [...] J’ai lu le livre de Savarius [...]. Expérience terrible. Comme nous oublions tout. »

Télégramme du 28 mars 1963 : « Voulez-vous exprimer regrets à Bourgoin [Bourgois] et aux amis de ne pouvoir être présent demain. Amitié. »

10. LAS du [10 mars 1964], enveloppe : « Je veux seulement vous dire (le moment n’est pas plus opportun qu’un autre ; à peine est-il plus pressant) ma sympathie, mon accord, mon amitié. Nous avons toujours été proches l’un de l’autre dans les circonstances importantes, et je n’ai cessé de sentir entre nous comme une entente si discrète qu’elle n’avait pas toujours besoin de s’exprimer. Il me semble qu’elle se poursuivra, même si l’un ou l’autre n’est plus là pour le confirmer. Avec toute mon affection, Maurice Blanchot ».

11. LAS du 3 décembre [1964] : « Durant tout l’été, je voulais vous écrire, d’abord parce que la décision de Julliard [fin de Lettres Nouvelles chez Julliard] m’avait consterné; ajoutant quelque chose de sombre à mes pensées qui l’étaient déjà, puis pour m’associer à la satisfaction de toutes vos amis; quand j’ai appris que votre entreprise était sauvée : c’était comme si une voie restait ouverte, un espoir de liberté maintenu. Mais vous saurez que j’ai été aux prises avec des difficultés, peut-être inévitables, peut-être dérisoires, en tout cas destructives, et qui me laissent démuni et silencieux. Et vous savez aussi tout ce qu’il est arrivé de malheureux, le malheur même - coup sur coup à des amis très proches. [...] Du moins, soyez sûr que je ne vous oublie pas et que je pense à vous très fidèlement. J’ai appris cela : que la tristesse peut tout obscurcir; sauf l’amitié. Maurice Blanchot ».

12. LAS du 15 décembre [milieu des années 1960] : « Croyez-vous qu’un nouveau prix, même décerné avec plus de hardiesse suffira à corriger la mauvaise qualité des prix ? Nous savons tous que ce phénomène n’est pas fortuit, et que l’institution des prix explique leur nullité, mais que cette institution elle-même dépend de la structure de la vie 47 littéraire actuelle. Les noms que vous citez sont ceux d’écrivains que j’estime le plus et, pour cette raison, je ne vou- drais pas me refuser à leur initiative, bien que, en dehors du Prix des Critiques et, jadis, du Prix de la Pléiade, je me suis toujours obstinément tenu à l’écart de ces manifestations. Il y a peut-être quelque chose à faire pour essayer de montrer que les véritables force et affirmation littéraires ne passent pas par l’organisation des prix et des livres qu’en général ces prix mettent en valeur. C’est ce qu’il faudrait chercher. Ce qui est très fâcheux dans un prix, c’est qu’il désigne un livre à l’exclusion d’autres par une promotion trompeuse; c’est aussi qu’il doive le désigner à un public qui ne s’y intéressera que si le jury, pour des raisons extra littéraires, a acquis auprès de lui une influence suffisante. La vérité des prix voudrait donc que ce soit un jury d’académiciens rétrogrades qui choisissent et imposent l’oeuvre la plus hardie et la plus étrangère à l’attente habituelle. En ce sens, naturellement, tout le malheur des prix vient du Goncourt. Je vous écris cela hâtivement, sans intention négative, Vous le sentez bien. Avec mes amitiés. Maurice Blanchot. Je regrette toujours de ne pas recevoir les Lettres Nouvelles, que j’aime lire cependant ».

13. LAS du 30 décembre [1969] : « Vous savez combien Jabès m’est proche, m’est cher, proximité silencieuse qu’il m’est bien difficile de rompre. Peut-être cela arrivera-t-il, et bien sûr c’est à la Quinzaine que je penserai alors. Mais je ne voudrais pas qu’en attendant cette possibilité incertaine, vos lecteurs soient privés d’un texte sur « le dernier livre ». Je pense à vous fidèlement, et je vous dis toute mon amitié. Maurice Blanchot ».

14. LAS du 27 janvier [1970] à propos de l’article « Table rase » de Maurice Nadeau sur L’entretien infini : « Cher Maurice Nadeau, puisqu’il m’a été possible de vous lire en lecteur désintéressé et presque anonyme, il m’est aussi permis de vous dire, sans trop d’indiscrétion, combien l’article que vous avez consacré à ce livre, m’a aidé à le supporter et même à m’en rendre proche (j’ai hésité longtemps avant d’accepter de la publicité). Soyez sûr de ma vie de l’affection. Maurice Blanchot ».

15. LAS s.d. [circa 1970] : « Cher Maurice Nadeau, Je m’en remets à vous (vous le savez). Par votre choix, je serai heureux de participer à cet hommage, et aussi à la Quinzaine. Je me rétablis lentement ; cependant sans péripéties. Moi aussi, j’espère que nous pourrons nous revoir bientôt, et savoir comment vont les choses pour vous. La situa- tion politique est très lourde : même de loin, cela me préoccupe beaucoup. A vous très affectueusement. Maurice Blanchot ».

16. LAS du [24 avril 1970], enveloppe : « Je trouve le livre de Marguerite [Duras, Abahn Sabana David] un des plus beaux qu’elle ait écrit, un discours sublime et presque constamment silencieux sur l’innocence, ce rapport d’inno- cence qu’elle confie à l’avenir; C’est vous dire combien je me sens incapable d’en parler. Mais que vous ayez pensé à moi, par la médiation de l’amitié, m’a fait plaisir. Je vous en remercie. Un jour, peut-être... Avec ma fidèle affection. Maurice Blanchot ».

17. LAS du [19 mai 1970], enveloppe : « Votre mot et votre appel me sont parvenus je crois, au moment où un violent, soudain et énigmatique accès de fièvre me réduisait à peu de chose. Je commence à en sortir, comme on sort de l’irréel par l’irréel. Mais je ne veux pas tarder davantage à vous répondre. Si je le puis, et quelle que soit ma réticence à parler de Georges Bataille, alors que - et à bien des égards je m’en réjouis - tant de paroles déjà lui sont consacrées, j’essaierai d’écrire un petit texte. Si je le puis, mais quand ? Voilà ce que je ne suis pas encore capable de pressentir. Du moins, voyez dans ce mot l’expression de mon fidèle attachement, Maurice Blanchot ».

18. LAS s.d. [1er juin 1970], enveloppe, à propos du Prix des Critiques qui fut attribué à Edmond Jabès pour Elya : « Cher Maurice Nadeau, Je sais qu’Edmond Jabès (dont sûrement on apprécie l’oeuvre si peu connue) serait heureux de recevoir le Prix des Critiques. Si je m’adresse à vous pour vous demander de penser à lui, j’ai certes l’impression de commettre une indiscrétion, mais si je passe outre cependant, c’est que les sentiments d’amitié qui nous unissent et aussi le souvenir que, durant le temps où nous étions ensemble dans le jury, nous avons presque toujours fait le même choix (rappelez vous notre première lettre pour le premier livre de Beckett), me font penser que, grâce à vous, je suis encore un peu là-bas. Pardonnez-moi et en toute affection, Maurice Blanchot ».

19. LAS du 17 décembre 1970 à propos de l’article « Contre les idéologies de la mauvaise conscience (concernant des positions de Sartre et de Pingaud) » de Dionys Mascolo : « Cher Maurice Nadeau, merci pour ce que je ressens comme un signe d’amitié. Votre manière discrète de me dire que vous pensez à moi, me touche beaucoup. J’ai été heureux aussi de lire dans la Quinzaine le texte de Dionys (que je ne connaissais pas). Il me semble qu’il a été notre interprète tous. A vous, très affectueusement. Maurice Blanchot ».

20. LAS du 5 décembre [1973?] : « Certainement, cela est, parmi les plus belles choses, l’une des plus belles, et d’un ton si insolite, d’une jubilation si altière qu’il est impossible de ne pas avoir le coeur serré et l’esprit étouffé en pensant à la suite comme à une vengeance. A l’unisson de vagues qui tambourinent une mort, vais-je dénoncer la pure malignité de la mer ? Et dans une mémoire souffrante qu’est mon seul aveu je cherche [?] où l’enfant que je fus a laissé son empreinte. Pardonnez-moi, mais je me sens comme à jamais silencieux devant ce texte, incapable non seulement d’en parler (cela ne serait qu’une incapacité parmi d’autres), mais plus encore de le séparer du malheur d’un ami. Puis-je vous suggérer (pour tempérer un peu mon regret) de vous adresser à Jacques Dupin, qui est le poète que vous savez et aussi un être exquis; capable d’une très belle prose ? Si vous n’avez pas avec lui de rap- ports particuliers, je crois que vous pourrez me nommer ; son adresse 7bis place du Président Mithouard, Paris VII. Il y a aussi, bien sûr, Yves Bonnefoy avec qui Louis-René est très lié, mais je le connais plus impersonnellement. Je n’irai pas à Cuba, là aussi, regret, sentiment peu heureux [...] ». 48 21. LAS du [21 décembre 1973], à propos du décès d’Allende et de son dernier livre Le Pas au-delà que Nadeau chroniqua dans le n°173 de la Quinzaine littéraire daté du 16 octobre 1973 : « Je suis tout à fait abattu par la fin d’Allende. C’est, pour nous tous, n’est-ce pas, comme un deuil personnel. C’est comme si l’on s’acharnait à détruire nos dernières espérances. Merci, pour votre affection, j’en ai besoin. Pour mon livre, et si vous désirez en publier un extrait je m’en remets à votre décision, à votre choix. Avec toute mon amitié. Maurice Blanchot ».

22. LAS s.d. [probablement décembre 1973] : « Oui, bien sûr, pour Valery». J’espère que l’année qui vient ne sera pas trop difficile pour vous. Pourtant tout est sombre. Le Chili, le Proche-Orient, la Grèce. On vit dans un sentiment angoissé, effrayé [...] ».

23. LAS [23 février 1977] : « Pardon de mal répondre à ce que vous demandez. Je suis souffrant en ce moment. Je ne puis vous exprimer que mon amitié, sachant que la vôtre m’accompagnera jusqu’à la fin. Maurice Blanchot. Je me rappelle que dans « L’Amitié » (page 180), j’ai fait allusion au problème que vous soulevez. Je cite la première phrase: « la littérature est peut-être essentiellement (je ne dis pas uniquement ni manifestement) pouvoir de contes- tation: contestation du pouvoir établi, contestation de ce qui est (et du fait d’être), contestation du langage et des formes du langage littéraire, enfin contestation d’elle même comme pouvoir etc. »; Et la suite (peut-être) si vous la retrouvez. Cela surtout pour dire ma solidarité à la « Quinzaine ». A vous encore, de tout coeur M.B. ».

24. LAS du 17 avril 1977, enveloppe datée du lendemain à propos de sa jeunesse et l’Occupation : « Cher Maurice Nadeau, Je suis toujours très souffrant, et je ne puis vous écrire que quelques mots maladroits : cela au sujet de la note parue dans la Quinzaine et concernant « Gramme ». Il va de soi que je vous écris à titre d’amitié et que je ne demande aucune rectification - au contraire, un écrivain doit être exposé à tous vents et laisser dire ce que l’on croit devoir dire. Mais, à un ami, pour un ami, les choses vont différemment. Les auteurs de l’article, par ignorance, ont méconnu la situation. Je ne citerai que quelques faits. Le premier, symbolique, est non seulement le désaccord, mais l’inimitié allant jusqu’à la haine qui m’a tenu à l’écart de Brasillach qui représentait l’essence du fascisme et de l’antisémitisme. Durant l’occupation, c’est « Je suis partout » dont Brasillach était directeur (je ne l’accuse pas directement, n’ayant là aucune certitude) qui me dénonce à la Gestapo, dénonciation qui faillit m’être fatale. Le deu- xième fait est que je me tiens toujours à distance de l’Action Française pour tout ce qu’elle symbolisait. Le troisième fait est que j’intervins (avec l’aide de Thierry Maulnier, alors un tout autre personnage que celui qu’il est devenu) pour faire disparaître l’Insurgé, dès que celui-ci laisse paraître un article teinté d’antisémitisme. Je ne défendrai pas les textes que j’ai pu alors faire paraître. Il n’est pas douteux que j’ai changé. Autant qu’il me semble, j’ai changé sous l’influence de l’écriture (écrivant alors Thomas l’obscur et Aminabad) et aussi par la connaissance des événe- ments (je collaborais alors à un journal dirigé par un juif et nous recevions beaucoup d’immigrés juifs allemands). Le nazisme et l’antisémitisme m’ont toujours paru le mal pur contre lequel nous étions mal défendus. Au moment de l’effondrement, j’assistais à la séance de l’Assemblée Nationale par laquelle celle-ci remit ses pouvoirs à Pétain, dans la bassesse et la servitude (Herriot lui-même prononça des paroles abjectes). Je vis alors l’Europe et peut-être le monde soumis au pire. Ma résolution fut immédiate. Quoi qu’il pût arriver, Notre devoir était d’entretenir en France des foyers de résistance, au moins intellectuelle. C’est pourquoi je refusai de partir pour Londres comme on me l’avait offert. De là, ma rencontre avec Georges Bataille, et une activité clandestine dont je n’ai jamais parlé et dont je ne parlerai pas. Mais le sentiment d’horreur ne m’a pas quitté. Ce qui me paraît donc injuste dans le commentaire de la Quinzaine, ce sont les mots « On présente en connaissance de cause toutes les données » c’est le contraire qu’il faudrait dire. Mais je le répète: je ne demande aucune rectification. Je m’adresse à un ami pour lui confier ce qui me semble vrai et pour qu’il puisse porter témoignage, s’il le juge bon, [quand?] j’aurai disparu. À vous, Maurice Nadeau, avec ma fidèle affection Maurice Blanchot ». 49 25. LAS 21 avril 1977 : « Cher Maurice Nadeau, Au cas où ma lettre écrite hâtivement n’aurait pas été assez expli- cite, laissez-moi insister pour qu’elle reste silencieusement en vous et qu’il n’en soit fait état en aucune manière. Elle ne s’adresse qu’à l’amitié. Avec mon affection. Maurice Blanchot ».

26. LAS 10 février 1981 : « Cher Maurice Nadeau, Je pensais vous dire combien j’avais été touché et, tourmenté par tout ce que vous avez fait pour empêcher que ne disparaisse ce livre dernier, appelé par un silence peut-être définitif. Mais j’apprends aussi les soucis que vous a donné la santé de Marthe (je me rappelle avoir été avec elle pour voir un film sur Guevara). C’est donc à l’amitié - une si longue si sûre amitié - que je fais appel pour vous dire combien je pense à vous, comme je me sens près de vous, dans ce lointain Mesnil où je garde présent tout ce que je dois à tous. À vous, de tout coeur. Maurice Blanchot ».

27. LAS 7 mars 1983 : « Chers amis, Je serais heureux de faire partie de l’association culturelle des Amis de la Quin- zaine, heureux de pouvoir témoigner ainsi de l’intérêt que je porte la Quinzaine littéraire, à celui qui la dirige (mon ami de toujours) et à tous ceux qui s’y dévouent avec un désintéressement efficace qui rend confiance en l’avenir de la littérature. Le numéro sur Joyce [n°385 du 1er janvier 1981] m’a paru particulièrement remarquable, et l’article de Maurice Nadeau sur le livre d’un nouveau venu (Vieux cheval de retour) dans la maison Gallimard, a été singu- lièrement bien accueilli, dans cette maison même et au plus haut niveau. Avec tous mes souhaits et mes sentiments d’amitié. Maurice Blanchot ».

28. LAS 3 novembre 1983 : « Cher Maurice Nadeau, Bien entendu, pour ma minime contribution, je préfère devenir actionnaire de la Selis, et je suis toujours prêt, si besoin était, à participer à une nouvelle augmentation de capital de la Selis. L’existence indépendante de la Quinzaine nous est, à beaucoup d’entre nous, indispensable. Je ne sais si vous savez que, depuis plus de cinq mois, la santé de Robert Antelme nous accable d’inquiétude et nous rend la vie très difficile. Comment une pareille chose est-elle survenue à un ami si exceptionnel, un être aussi exceptionnel ? A vous fidèlement. Maurice Blanchot ».

29. LAS du 9 décembre 1984, lettre de condoléance suite au décès de Marthe : « Cher Maurice Nadeau, Sans inter- venir indiscrètement dans votre chagrin, laissez-moi vous dire combien j’y prends part et comme cette douleur nous est commune, s’ajoutant à tout ce que nous avons à supporter de douloureux. Robert à qui Monique a dit ce qui était arrivé, a murmuré : c’est trop, c’est vraiment trop, nous n’échapperons pas au malheur. Récemment, il a confié à un ami : ce qui me chagrine, c’est que je sens que diminue en moi la mémoire affective. Mais qu’il le dise et qu’il en soit chagriné, montre bien qu’elle subsiste en lui dans ses profondeurs, ainsi que sa manière délicate de s’expri- mer. Monique a été bouleversée pas une disparition qui la touche de si près, et moi aussi, même si j’avais rencontré Marthe peu souvent, je pensais à elle souvent, à ses difficultés, comme je ne cesse de penser à votre amitié fidèle et sûre qui a été si souvent ma compagne de vie. A vous, de tout coeur, cher Maurice Nadeau. Maurice Blanchot ».

30. LAS du 4 décembre [milieu des années 1980] : « Je reçois la revue; mais depuis longtemps les livres de vos collections ne me parviennent plus ».

31. LAS du 3 juin [milieu des années 1980]: « [...] Pardonnez moi de vous redemander le texte sur les Poèmes de Samuel Wood [de Louis-René des Forêts]» [...] ».

32. LAS s.d. [1989] : « [...] J’aimerais beaucoup que vous mettiez en exergue les paroles sur l’enfant. Il y a la une grande part de la vérité de L R [Louis-René des Forêts]. Le titre pourrait être : « Une pensée venue d’ailleurs » ».

33. LAS du 24 Mai 1989 : « Cher Maurice Nadeau, Je serais heureux que la Quinzaine veuille bien accueillir ces pages bien médiocres sur le poème si bouleversant de notre ami [article sur « Poèmes de Samuel Wood » de Louis René des Forêts, paru dans le n°535 de la Quinzaine littéraire]. Comment s’approcher d’une si grande douleur (Eli- zabeth [fille de Louis-René] est morte en 1966 [en fait en 1965 à l’âge de 14 ans], elle aurait plus de 30 ans) ? Par- tagé, moi aussi, entre le silence et la parole vaine, je choisis la voix chevrotante. J’admire toujours le travail que vous poursuivez. Le temps passe, Robert Antelme est stabilisé dans son malheur, parlant peu, se souvenant de tout, et si profondément triste. Vous avez certainement su que Marguerite (Duras) avait été à la mort durant plusieurs mois, mais voici qu’elle revient à la vie et va aller dans une maison de rééducation. Merci, cher Maurice N., d’être toujours là et croyez à ma fidèle amitié. Maurice Blanchot ».

34. LAS du 8 mai [début des années 1990] : « Cher Maurice Nadeau, Dionys (qui ne va toujours pas bien - non cica- trisation et dépression profonde, lui qui a toujours contesté la spécificité de la dépression) dit qu’il ne demande de ma part qu’un salut d’amitié. Je ne suis pas de son avis, il mérite et vous méritez plus. Seulement, la difficulté c’est que j’ignore ou ne me rappelle pas la majorité de ses textes (il a autant d’ordre que j’en manque). Tout de même il y a les événements que nous avons vécus en commun - avec vous aussi. Principalement, le grand choc qu’a constitué la déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Là, j’ai des souvenirs très marqués, notamment, quand nous fûmes inculpés, l’énergie qu’il a fallu déployer pour imposer au juge notre droit à dicter la déposition au greffier, etc. Bredin, en écrivant son récit Le Coupable et avec qui j’ai correspondu, a tout à fait confirmé mon juge- ment, ce doit être rapporté particulièrement aujourd’hui. Comme c’est à l’occasion de cet événement que j’ai partagé le plus d’heures avec André Breton, j’aimerais avoir les textes que B. lui consacre ainsi qu’au surréalisme - particu- lièrement surréalisme, morale, musique (Breton rejetait la musique qui lui était étrangère, n’est-ce pas ? Ce n’est évidemment pas mon point de vue). Peut-être aussi le texte sur Saint-Just. Je ferai mon possible. Ce n’est pas un 50 grand possible. Votre fidèle ami. Vous avez reçu, comme moi, cette requête d’un thésard qui ose nous demander ce qu’en tant qu’intellectuels nous pensons de Le Pen. Le Pen, devenu sujet de thèse. La faute incombe à son directeur de thèse. Mai 68 est bien effacé ».

35. LAS du 1er juin [début des années 1990] : « Cher Maurice Nadeau, Voici le préambule que je propose pour le livre de Dionys Mascolo [« Pour l’amitié » qui paraîtra en tête de A la recherche d’un communisme de pensée chez Fourbis en 1993]. C’est l’histoire de notre amitié. Pouvez-vous demander à votre secrétariat de le taper à la machine et de m’en envoyer un ou deux exemplaires ? À condition, bien sûr, que le texte vous convienne. Je le corrigerai ou le modifierai sur les exemplaires que vous m’enverrez et selon vos observations. Affectueusement. M. B. ».

15 000 €

66. BLANCHOT (Maurice). Comment la littérature est-elle possible ?.

Paris, José Corti, 1942. 20,5 x 14,5 cm, broché, couverture rempliée imprimée, 17 pp., 1 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 350 exemplaires numérotés sur vergé d’Arches, seul tirage.

La réponse de Maurice Blanchot aux Fleurs de Tarbes de Jean Paulhan. 450 €

67. BLANCHOT (Maurice). Le Très-haut.

Paris, Gallimard, 1948. 20,8 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 243 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des exemplaires du SP (après 13 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé sur une carte agrafée au faux-titre : « Pour Maurice Nadeau / avec ma très vive sympa- thie / Blanchot ».

Papier bruni. 250 €

68. BLANCHOT (Maurice). Celui qui ne m’accompagnait pas.

Paris, Gallimard, 1953. 18,7 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 174 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Un des exemplaires du service de presse (après 45 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / cordial souvenir / Blanchot ». 300 €

69. BLANCHOT (Maurice). L’Espace littéraire.

Paris, Gallimard, 1955. 20,8 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 294 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Un des exemplaires du SP (poinçon en quatrième de couverture, mention fictive de deuxième édition en bas du titre), après 25 ex. sur vélin pur fil.

Envoi autographe signé sur une carte agrafée au faux-titre : « Pour Maurice Nadeau / en souvenir de sympathie / Blanchot ».

200 €

51 70. BLANCHOT (Maurice). Le Dernier homme.

Paris, Gallimard, 1957. 18,7 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 157 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Un des exemplaires du service de presse (après 30 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé sur une carte agrafée sur le faux-titre : « Pour Maurice Nadeau / avec ma proche amitié / Blanchot ».

250 €

71. BLANCHOT (Maurice). Le Livre à venir.

Paris, Gallimard, 1959. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 308 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des exemplaires du service de presse (après 25 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / avec mes proches pensées d’amitié / Maurice ». 250 €

72. BLANCHOT (Maurice). L’Attente l’oubli.

Paris, Gallimard, 1962. 17,3 x 11,3 cm, broché, couverture imprimée, 162 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des exemplaires du service de presse (après 30 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / avec toutes mes pensées amicales / Maurice ».

Prière d’insérer joint. 250 €

73. BLANCHOT (Maurice). L’Entretien infini.

Paris, Gallimard, 1969. 20,8 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 640 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des exemplaires du SP (après 25 ex. sur vélin pur fil).

Formidable envoi autographe signé sur une carte agrafée sur le premier feuillet blanc ajouré, permettant ainsi de lire ce message d’amitié inscrit recto verso : « Cher Maurice Nadeau, je voudrais vous dire / ne fût-ce qu’une fois et avant qu’il ne soit / trop tard, combien, me retournant vers moi- / même, je suis heureux de me rappeler tant / de projets qui nous furent communs, et toujours / une espérance commune, pour lesquels / ne m’a jamais manqué la récompense / de votre amitié / Maurice Blanchot ».

1 000 €

74. BLANCHOT (Maurice). Le Pas au-delà.

Paris, Gallimard, 1973. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 187 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des exemplaires du service de presse (après 20 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé sur un bristol : « Cher Maurice Nadeau / en toute affection / Maurice Blanchot » sous enveloppe.

250 €

52 75. BLANCHOT (Maurice). L’Écriture du désastre.

Paris, Gallimard, 1980. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 219 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des exemplaires du service de presse (après 20 ex. sur vélin d’Arches).

Bel envoi autographe signé sur un bristol : « Cher Maurice Nadeau / Ces pages peut-être dernières / pour vous dire ma constante / amitié / Maurice Blanchot » agrafé sur le premier feuillet blanc, enveloppe d’origine jointe.

750 €

76. BLANCHOT (Maurice). Après coup. précédé par le Ressassement éternel.

Paris, Editions de Minuit, 1983. 19,3 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 100 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaires du tirage courant (après 106 ex. sur vélin Arches).

Très bel envoi autographe signé sur un bristol : « Cher Maurice Nadeau / Permettez-moi, en vous envoyant les premiers et les derniers mots, de vous redire combien je pense à vous, et combien je suis heureux de cette vie qui ne nous a jamais séparés. De tout coeur à vous / Maurice Blanchot » conservé dans son enveloppe d’origine.

300 €

77. BLANCHOT (Maurice). Le Dernier à parler. s.l., Fata morgana, 1984. 21,5 x 12,6 cm, broché, couverture imprimée à rabats, 49 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale illustrée par Pierre Tal Coat.

Un des 940 exemplaires sur vergé teinté (après 60 ex. sur vélin pur fil d’Arches accompagnés d’une gravure originale de Tal Coat).

Très bel envoi autographe signé sur une carte contenue dans une enveloppe agrafée sur le premier feuillet : « Cher Maurice Nadeau / Comme je pense à vous. Comme / l’extrême douleur que vous avez eue / à supporter à travers la tâche quotidienne, / comme l’extrême douleur de Marthe / qui a été malgré les ténèbres sa / dernière ouver- ture au monde, / m’ont frappé, demeurent, demeu- / reront en moi silencieusement. / Ce petit livre témoigne aussi / de quelqu’un qui a eu beaucoup / à souffrir et que nous n’avons pas / su sauver du naufrage. / Je vous embrasse, cher Maurice, vous l’ami / si fidèle, si digne d’amitié, si digne de la / fidélité. M. ».

350 €

78. BLANCHOT (Maurice). Michel Foucault tel que je l’imagine. s.l., Fata morgana, 1986. 21,5 x 12,6 cm, broché, couverture imprimée à rabats, 64 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Illustrations de Jean Ipoustéguy.

Un des 1 750 exemplaires sur vergé teinté (après 50 ex. sur vélin pur fil Johannot).

Très bel envoi autographe signé sur une carte contenue dans une enveloppe jointe : « Cher Maurice / Ce petit texte, très simplificateur, qui / écrit au lendemain de la mort de M. F., / à la demande de Nora pour le Débat. je l’en / ai retiré pour les raisons que vous n’ignorez pas. / A vous, fidèlement, en toute amitié / M. B. ».

250 €

53 79. BONNEFOY (Yves). Traité du pianiste.

Paris, La Révolution La Nuit, 1946. Plaquette in-8 (20,4 x 13,3 cm) agrafée, couverture bleue imprimée en noir, 8 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 300 ex. sur vélin glacé (après un ex. unique sur papier beige hors commerce, 10 ex. sur papier gris et 50 ex. sur chamois).

Couverture décolorée en marges comme souvent.

150 €

80. [BONNEFOY (Yves)]. Dieu est-il français ?

Sans lieu ni date [Paris, La Révolution la Nuit, 1946]. Feuillet plié (21,5 x 13,8 cm) plié en deux formant tract de 4 pp., non paginé.

Rare édition originale de ce virulent tract surréaliste sorti concomitamment avec Le Traité du pianiste.

« Le temps est à la revendication d’un nouveau rapport au monde, au-delà des cloisonnements intellectuels que le langage instaure ; et plus encore : la poésie doit, selon le mot d’ordre de Rimbaud, « changer la vie ». Cela pour dire que le surréalisme de Bonnefoy fut authentique et même virulent ; et non pas un simple rapprochement d’ordre esthétique et/ou, de manière d’écrire. » (Christophe Dauphin, Portrait du poète, à l’écharpe rouge : Pour Yves Bon- nefoy).

Le texte reproduit également une citation du marquis de Sade. Les initiales « LRLN » qui figurent en tête du tract renvoient au groupuscule La Révolution la Nuit, du nom de la revue lancée par Yves Bonnefoy en 1946.

Le poète y publia ses premiers textes. Claude Tarnaud, qui fit partie de l’aventure, devait rompre brutalement avec Bonnefoy à cause de ce tract, Dieu est-il français ?, en lui déclarant: « Cela augure bien de ta prochaine carrière de sauterelle. ». Dieu, ce porc, est de pays de ceux qui profitent, exploitent, restreignent, paralysent. [...] Il est du pays des asiles, des casernes, des bordels, des couvents, des prisons. [...] Dieu est le grand mensonge capitaliste. Dieu est le symbole, l’arme, la charpente de la classe à abattre.

250 €

54 81. [BONNEFOY (Yves)]. La Révolution La Nuit.

[Paris, La Révolution la Nuit, 1946]. Feuillet plié formant plaquette de 8 pp. de 13,8 x 10,7 cm.

Premier numéro sur 2 de cette revue surréaliste dirigée par Yves Bonnefoy.

Tirage limité à 500 ex. (n°258).

Exemplaire enrichi d’un tract manifeste in-8 « Le groupe d’action surréaliste « La Révolution la nuit » ... rejoignez les rangs de l’image militante s’ouvrant par la citation d’André Breton : « Dieu est un porc » ».

250 €

82. BONNEFOY (Yves). Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau.

St-Martin-le-Beau, 25 juillet 1947. Lettre autographe signée de 3 pp. et 1/2 au format in-4, enveloppe conservée.

Importante et virulente lettre autographe signée adressée à Combat à l’attention de Maurice Nadeau à pro- pos de sa rupture avec André Breton et de la Rupture inaugurale, manifeste du groupe Cause paru le 21 juin 1947, qu’ils avaient tous deux refusé de signer, définissant l’attitude préjudicielle du groupe mené par Breton à l’égard de toute politique partisane.

LAS : « Cher Nadeau, Je lis dans Combat d’aujourd’hui les jugements des catholiques sur le surréalisme. Celui de Manuel de Corte est sans intérêt. Mais je ne peux que donner raison à Dom. Claude Jean-Nesmy. À contre-coeur, soyez en sûr. Le manifeste de Cause, « Rupture inaugurale » que nous avons tous deux pour des raisons peu dif- férentes, refusé de signer, m’a atterré. C’est l’abandon, n’est-ce pas, de tout le spécifique du surréalisme. C’est une prise de position très nettement religieuse, exactement concurrentielle vis-à-vis du mythe chrétien, et les chrétiens ne s’y trompent pas. Tout se passe comme si le surréalisme avait été l’objet d’une attaque concertée, méthodique et patiente qui aurait remporté aujourd’hui une première et éclatante victoire. Il est facile de retrouver les traces, et les étapes de cette manoeuvre, dont le but est de conduire un inquiétant mouvement de libération sur une voie de garage (comme vous avez dit). Le moyen utilisé, encore une fois, c’est l’étouffante « tradition ésotérique », ce sont les philosophies occultes dans lesquelles avaient déjà sombré le symbolisme. On peut suivre pas en pas dans les textes de Breton l’emprise toujours croissante du plus trouble de ces sollicitations. Et parallèlement, l’envahissement du groupe surréaliste par des éléments douteux, par des spiritualistes foncièrement antisurréalistes. On a pu parler, dans le groupe surréaliste, des « ordures matérialistes » ! Et vous avez entendu Breton me dire, le 21 juin : « Je ne suis pas matérialiste, je ne l’ai jamais été. » C’est ainsi que Breton récemment découvrait St Yves d’Halveydre [d’Alveydre], occultiste du XIXe, auquel on doit une synarchie. Pour ma part, avant de connaître le manifeste de Cause, j’avais décidé de rompre avec Breton.

Avez-vous remarqué combien ces derniers temps nous avons dû subir de livres convergeant tous dans cette direc- tion : montrer que les poètes auxquels nous tenons n’ont été que les traducteurs des doctrines occultes ? Il y a eu le livre sur Nerval. La thèse du R.P. Jésuite Gengoux sur Rimbaud. Denis Saurat en a fait, paraît-il, autant avec Hugo. Voici ce Michaud qui parle, à propos du symbolisme de « rencontre providentielle avec l’occultisme ». Il y a eu, en effet, des Péladans (sic). Breton en sera-t-il un autre ? Je me désolidarise entièrement de son programme, du nou- veau mythe en particulier. Ce mythe n’est que trop l’expression d’une défaite, et d’un renoncement : dans la lignée des occultistes, voire des francs-maçons, le surréalisme ne sera plus dangereux, ni pour l’ordre social, ni pour ses églises.

Il y a trop de choses à dire et trop de recoupements à faire. J’ai longtemps voulu nier l’évidence, j’ai voulu voir de l’humour où il n’y avait que relents mystiques (l’exposition), volonté d’expérimentation où il n’y avait que soumission à des dogmes (plus paralysants que tous les autres) : si je reste persuadé qu’on peut s’attaquer avec fruit, d’un point de vue matérialiste, à tout ce qui reste d’obscur sous le nom de magie, je dois constater maintenant que le surréa- lisme de Breton n’a su que donner tête baissée dans un des pièges les plus usés de l’histoire.

Il y a aussi l’abandon du marxisme et ce grossier essai de réfutation. « Rupture inaugurale » est en quelque sorte l’officialisation d’une attitude d’indifférentisme en politique. Sur bien d’autres plans on peut poursuivre une critique parallèle. On parle maintenant dans le groupe surréaliste, de « décrocher » de la dialectique !

Je crois que la seule manière dont on peut maintenant sauver le surréalisme est de réagir contre les récentes prises de position de Breton. Je vais essayer de publier un numéro de LRLN [La révolution La Nuit] centré sur ces critiques et en réaction contre Breton. Je suis lié d’amitié, vous le savez, avec Dotremont qui a organisé en Belgique une « ins- tance surréaliste révolutionnaire ». Un groupe analogue vient de se constituer en France avec Noël Arnaud, Jaguer, etc. Je leur reproche de lier trop étroitement le surréalisme à l’action politique révolutionnaire. Mais ils retrouveront peut-être bientôt le véritable surréalisme. Celui-ci s’était mis à marcher sur la tête, ils le remettent sur les pieds. Il nous faut nous employer maintenant à ce qu’on ne lui coupe pas la tête. Croyez-moi, cher Nadeau, tout à fait vôtre. Yves Bonnefoy ».

1 500 € 55 83. BONNEFOY (Yves). Du mouvement et de l’immobilité de Douve.

Paris, Mercure de France, 1953. Petit in-8 (19 x 14,2 cm), broché, couv. bleue imprimée, 93 pp., 1 f. n. ch..

Édition originale du premier recueil de poésies d’Yves Bonnefoy.

Un des 75 ex. hors commerce sur vélin de Pont-de-Claix (après 20 exemplaires sur vélin de Rives) en sus de 500 ex. num. sur le même papier mis dans le commerce.

Bel envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / cette plus sombre Olive, cette / imparfaite Délie. Avec / le meilleur / souvenir d’Yves Bonnefoy ».

Dos lég. jauni. 500 €

84. BONNEFOY (Yves). Hier régnant désert.

Paris, Mercure de France, 1958. 19,2 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 75 pp..

Edition originale.

Un des 700 ex. sur alfa mousse (après 25 Madagascar, 50 vélin pur fil des Papeteries du Marais), parmi ceux-ci un des 150 ex. hors commerce.

Envoi autographe sur une carte jointe : « A Maurice Nadeau / en cordial hommage / avec toute l’amitié / d’Yves Bonnefoy ».

100 €

85. BONNEFOY (Yves). La Seconde simplicité.

Paris, Mercure de France, 1961. 16,7 x 12,7 cm, broché, couverture rempliée bleue imprimée en noir, non paginé [68 pp.].

Edition originale.

Un des 850 ex. du tirage courant (après 10 Hollande et 35 vélin Clefcy), celui-ci non justifié.

Envoi autographe signé: « Pour Maurice Nadeau / en cordial hommage / Yves Bonnefoy ». 100 €

86. BONNEFOY (Yves). Un rêve fait à Mantoue.

Paris, Mercure de France, 1967. 19,5 x 14,5 cm, broché, couverture bleue imprimée en rouge et noir, 209 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 27 ex. sur vélin Madagascar et 38 ex. sur vélin pur fil Johannot).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / avec amitié/ Yves Bonnefoy ».

Dos bruni. 50 €

87. BONNEFOY (Yves). Dans le leurre du seuil.

Paris, Mercure de France, 1975. 23,5 x 18 cm, broché, couverture brune à rabats, 127 pp..

Edition originale.

Un des 300 ex. hors commerce sur vélin supérieur Opalys (après 65 ex. num. imprimés sur vergé d’Auvergne Nar- cisse fait à la main des Moulin de Richard de Bas).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / avec mon plus amical / souvenir / Yves Bonnefoy ».

100 €

56 88. BONNEFOY (Yves). Rue traversière.

Paris, Mercure de France, 1977. 24 x 18,7 cm, broché, couverture brique rempliée imprimée en noir, 124 pp..

Edition originale.

Un des 300 ex. hors commerce sur vélin mat supérieur (après 50 ex. num. du tirage de tête imprimés sur vélin d’Auvergne des Moulins Richard de Bas).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / de la / [Rue traversière] / ce signe d’amitié d’ / Yves Bonnefoy ».

« Quand j’étais enfant je m’inquiétais beaucoup d’une certaine rue Traversière. Car à une de ses entrées, pas trop loin de notre maison et de l’école, c’était le monde ordinaire, tandis qu’à l’autre, là-bas... Cependant que ce nom troué de feux m’assurait qu’elle était bien le passage. Et je regardais donc de tous mes yeux à droite et à gauche quand nous la prenions, car cela nous arrivait, à des jours, et même pour aller jusqu’au bout, comme si c’eût été une rue quelconque, mais je parvenais là fatigué, un peu endormi, et c’était soudain l’espace bizarre du grand jardin botanique. - Est-ce ici, m’étais-je dit à plusieurs moments, que là-bas commence ? » Yves Bonnefoy.

100 €

89. BONNEFOY (Yves). Le Nuage rouge. Essais sur la poétique.

Paris, Mercure de France, 1977. 21,5 x 15 cm, broché, couverture imprimée en rouge et noir, 373 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 45 ex. num. imprimés sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / sous [Le Nuage rouge] / cet autre signe / Yves Bonnefoy ».

75 €

90. BONNEFOY (Yves). Lettre à Maurice Nadeau à propos de L’Immédiat et l’inaccessible de Claude Esteban.

5 février 1978. LAS de 3 pp. au format in-8 rédigée à l’encre noire.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau.

Yves Bonnefoy propose de lui envoyer le manuscrit de L’Immédiat et l’inaccessible de Claude Esteban, essai de textes sur les peintres et les écrivains contemporains, en vue de l’éditer. Le recueil sera finalement publié par Galilée la même année.

« Paris, le 5 février 1978 / Cher Maurice Nadeau, / J’ai eu hier soir Claude / Esteban, qui m’a montré le / manuscrit d’un recueil d’essais / qu’il a rassemblés (après des / publications dans la NRF, ou / Critique, ou Argile, notamment) / et me demandait conseil pour / la publication de l’ouvrage. / Comme je n’ai aucun moyen / personnel au Mercure, où je / parais, mais où Michel Cournot, / par exemple, ne me semble / pas particulièrement susceptible / d’être favo- rable à ce livre / (je ne l’ai d’ailleurs jamais rencontré), / je n’ai pas donné à Claude / Esteban que des conseils, en effet, / et le premier qui m’est venu / à l’esprit, c’est que pour votre / collection des Lettres nouvelles vous / pourriez être intéressé par ce / livre, si bien que cela valait la peine pour lui que je vous en / parle : à tout hasard. Je / vous enverrais le manuscrit / si à priori déjà vous n’aviez / pas à me dire non, pour / quelque raison comme il en / existe [dès?] l’extérieur des / problèmes, je ne le sais que / trop. Pour la qualité de / L’Immédiat et l’inaccessible, / je n’ai pas à interférer avec / votre jugement, je puis seulement / vous dire qu’il s’agit d’un / recueil cohérent de textes sur / les peintres (Matisse, Morandi, / Giacometti, Vieira, Szenes, le / vitrail, Picasso, Dubuffet, Bacon) / et quelques aspects plus généraux, / et des écrivains, dont André / Breton et moi-même (par une / étude récemment parue dans / Critique). le livre représente / une dizaine d’années, me / semble-t-il. / Bien entendu, Claude / Esteban passerait vous voir / tout de suite si vous le / souhaitiez. Mais si vous / préfériez, je vous envoie d’abord / le ms. par la poste. Je / vous imagine surchargé de / travaux et d’engagements / (comme je le suis moi-même) / et ne souhaite pas en augmenter / le poids. Votre / Yves Bonnefoy ».

Enveloppe jointe. 150 €

57 91. BONNEFOY (Yves). Leçon inaugurale faite le Vendredi 4 décembre 1981. s. l., Collège de France, Chaire d’études comparées de la fonction publique, 1982. 25 x 16,4 cm, broché, 29 pp..

Edition originale de cette conférence inaugurale pour la chaire d’études comparées de la fonction poétique.

Tirage limité à 1 400 exemplaires, le nôtre l’un des 400 ex. num. hors commerce.

50 €

92. BONNEFOY (Yves). Une autre époque de l’écriture.

Paris, Mercure de France, 1988. 19 x 14 cm, broché, couverture brique imprimée en noir, 64 pp..

Edition originale.

Un des 1 200 num. imprimés sur vélin supérieur blanc de Lana (après 50 ex. sur vélin d’Arches).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / avec ma pensée la plus amicale / Yves Bonnefoy ».

Parfait état, non coupé. 75 €

93. BONNEFOY (Yves). Quarante-cinq poèmes de Yeats. suivis de La Résurrection.

Paris, Hermann, 1989. 21 x 15 cm, broché, couverture vert à rabats, 218 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale de la traduction d’Yves Bonnefoy.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau /avec mon / plus amical / souvenir / Yves Bonnefoy ».

100 €

94. BONNEFOY (Yves). Début et fin de la neige. suivi de Là où retombe la flèche.

Paris, Mercure de France, 1991. 22,7 x 15,7 cm, broché, 80 pp..

Edition en partie originale.

Un des 3 000 ex. sur offset chiffon de Lana (après 65 ex. sur vélin d’Arches).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / d’un vieil ami / Yves Bonnefoy ». 75 €

95. BONNET (Marguerite). Lettre autographe signée à propos d’un article sur André Breton et Léon Trotsky.

25 décembre 1970. LAS de 3 pp. au format in-8 rédigée à l’encre noire.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau dans laquelle elle décline une demande d’article sur André Breton et Léon Trotsky pour la Quinzaine littéraire.

« Mon cher Nadeau, Il y a deux ou trois semaines, Gilles Lapouge m’a téléphoné pour me demander un article sur Breton et Trotsky, destiné au numéro de la Quinzaine / qui doit être largement consacré / à Breton; En raison de circonstances particulièrement compliquées, mon premier mouvement a été de refuser [...] J’ajoute qu’écrire sérieu- sement sur Breton et Trotsky, en dépassant, comme j’aurais souhaité le faire pour La Quinzaine, la simple description historique de leurs rapports, cela implique une réflexion que je ne me sens guère en état de conduire ces temps-ci...».

Professeur honoraire de littérature française à l’Université de Tours, Marguerite Bonnet (1921-1993) était une grande spécialiste de l’oeuvre d’André Breton. Elle participa aux volumes de la Pléiade consacré au pape du surréalisme.

50 €

58 96. BORY (Jean-Louis). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

4 janvier 1946. LAS de 4 pp. au format in-4 rédigée à l’encre bleue sur papier à en-tête « Jean-Louis Bory / Prix Goncourt 1945 ».

Formidable et longue lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau. Jean-Louis Bory y aborde longue- ment sa nouvelle affectation en tant que professeur au lycée d’Haguenau (Bas-Rhin), la vie en Alsace pendant la guerre, le prix Goncourt reçu deux mois plus tôt pour Mon village à l’heure allemande et le « prix » canular offert par ses élèves de Mat. Elém..

« Haguenau, le 4 janvier 1946 / Mon cher ami / Votre lettre m’a fait grand plaisir. Elle vient de / me toucher en cette corne de plaine alsacienne où / me tient mon métier de professeur. Je profite du / premier jeudi de liberté pour vous répondre. Et / du mauvais temps qui empêche toute promenade. / On m’avait assuré, lorsque j’étais à l’école, que / l’Alsace était de climat continental, et que Noël / s’accompagnait de neige. Je m’imaginais déjà me / rendant au lycée à skis ; ou en traineau, à la rigueur. / Cette année, Noël est venu dans la boue. C’est / bien ma chance. Pas plus de climat continental / à Haguenau qu’à Brest. Un temps sale depuis / la fin du mois dernier. Je me suis enfermé chez / ma logeuse et je m’amuse à noircir du / papier. / Je voudrais bavarder avec vous, à bâtons rompus. / Il serait d’usage, paraît-il, que je vous raconte par / le menu comment je m’y prends pour fabriquer un / roman. Si je le savais seulement ! ou que je déclare, / avec beaucoup de sérieux, ce que je pense de la / littérature, de la chose littéraire, de l’avenir littéraire, des / moeurs littéraires. Si mon expérience de la littérature / était telle qu’il me soit possible de la prodiguer ainsi, / je commencerais assurément par en faire profiter le / débutant que je suis. Charité bien ordon- née, comme / on dit, commence par soi-même. Je vais vous entretenir / d’un sujet bien plus intéressant à mon avis, et surtout / beaucoup plus utile que mes idées concernant les modes / en « isme » - qui affectent régulièrement la République / des lettres. De l’Alsace. Vous faites la grimace. Rassurez-vous, / je n’aime pas plus que vous le ton « nos chères provinces », / la rhétorique du « lambeau palpitant arraché à la mère patrie ». / Je vous dirai simplement mon expérience de jeune professeur / venu de Paris, son diplôme tout neuf en poche. / Je ne vous cacherai pas, mon cher ami, que, lors des premiers / jours, je me suis cru de l’autre côté de la frontière. Tout me / paraissait pesant, blond par système, avec arrogance, en un mot : / germanique. Je logeais chez une laveuse dont les connaissances / en français se limitaient au seul « Pon foyage! ». Aussi / me donnait elle du « bon voyage » en toute occasion, que je / traverse la place pour aller au lycée ou que je me rende à Paris. / Nous discutions par geste, de la pluie, du ravitaillement, de / la guerre : sur ces trois chapitres, nous échangions une série / d’exclamations apitoyées, accom- pagnées de larges envolées des / bras vers le plafond. C’était tout ce que l’on pouvait faire; et / ce bon voyage, tout de même répété avec tant d’insistance.... / Et puis je me suis aperçu que tout cela était seulement / affaire d’extérieur. La laveuse disait sans doute « Ia » / à la place de « oui », mais son fils avait été déporté / pour s’être présenté, au conseil de révision allemand, en / uniforme bleu horizon - où l’avait-il déniché ? je me le / demande ! / Cette anecdote donne le ton. Je pourrais vous raconter / mille aventures du même genre; je préfère vous rapporter / « cette petite historiette qui est très vraie et qui vous divertira ». / Beaucoup de me collègues, pendant l’annexion de l’Alsace, / ont été transportés de l’autre coté du Rhin aux fins de nazi- / fication : on les parquait dans des camps, on les gavait des / slogans nécessaires au bon fonctionnement intellectuel du / professeur nazi, on leur faisait lever le bras. On les abê- tissait / selon le mot de Pascal, mais ils ne voulaient pas « croire ». / Après ce stage, donc, une de mes camarades fut envoyée dans / une école allemande, pour enseigner la géographie. Matière / délicate. Au programme : la France ; première leçon : la France / « physique ». Ma camarade, selon la méthode bien connue des / écoliers, dessine au tableau noir un hexagone, dans lequel, / à larges coups de craie, elle coince Dunkerque, le Cotentin, la Bretagne, Biarritz, Port-Vendres, Nice, le Jura et l’Alsace. / Remous sur les bancs. Une fille - les filles sont bien plus / terribles que les garçons - se lève. / - Mademoiselle, vous avez mis l’Alsace dans l’hexagone ! / Et bien ? fait ma camarade. / - L’Alsace est a-lle-man-de ! glapit la classe, avec ensemble. / - Assez ! commande ma camarade. Je ne tolère aucun chahut. / Regardez vos livres. / - Ce sont des livres d’avant-guerre, proteste la fille qui avait / déclenché les hostilités. / - La guerre est donc finie ? se borna à demander ma camarade. / Victoire minuscule, mon cher ami. Mais victoire quand même. / C’était d’ailleurs le seul genre de victoire que l’Alsace / pouvait se permettre. L’occupation, que nous avons connue, / ne donne qu’une faible idée de la puissance policière / écrasante à laquelle la province était soumise. Pour une / seule de ces victoires minuscules, les « maîtres » déportaient, / arrêtaient les familles, allaient même, dans les moments de / rage, jusqu’à décapiter. J’ai l’impression que cela change / les perspectives. / Je me plais surtout à trouver dans cette historiette / la marque de l’esprit français. Comme je le découvre chez / ces bourgeois de sous-préfecture qui, au spectacle de « Guillaume / Tell » organisé par les seigneurs, applaudissent exclusivement / les hymnes à la liberté ; et les seigneurs, retirent au programme / Schiller, dont ils avaient voulu faire « leur » Schiller. Je / découvre ainsi cette mentalité française chez mes jeunes / élèves, dont plusieurs - je ne me lasserai jamais de le / répéter - on été mobilisés de force dans la Wehrmacht. : A la nouvelle de mon succès, ils ont offert, eux aussi, le / « Prix Goncourt ». Le « Prix Goncourt de la classe de / Math. Elém. » présente cette différence, avec celui de l’Académie, / que c’est lui le livre : un opuscule illustré de caricatures, / textes et dessins composés par les élèves, relatant le passage / un peu brusque de l’enseignement allemand (avec racisme, / géopolitique et chant choral) à l’enseignement français (avec / le parallèle Racine-Corneille, un empire colonial et Napoléon). / Je vous montrerai ce prix un jour : c’est un excellent / « canular » digne des écoliers parisiens et qui montre bien / que les Vosges ne sont pas françaises. Dans un pays où / l’amour de la plaisanterie se met au service de la / liberté, n’importe quel français ne doit-il pas se sentir / chez lui ? / Au revoir, mon cher ami. Laissez-moi vous assurer / de mon meilleur souvenir. Et puisque l’année est toute / neuve, (j’allais oublier les plus élémentaires de mes / devoirs!) recevez mes meilleurs voeux de bonheur. Jean-Louis Bory ». 300 €

59 97. BORY (Jean-Louis). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. circa 1946-1950. 5 LAS et un manuscrit autographe, au format in-8, rédigés à l’encre bleue, formant un ensemble de 7 pp..

Correspondance composée de 5 lettres autographes signées, pleine de verve, témoignant de la collaboration littéraire entre Jean-Louis Bory et le directeur de la page littéraire de Combat et d’un court texte autographe signé sur André Gide.

Il y est question de la rédaction de Chère Aglaë et Fragile ou le panier d’oeufs, romans parus chez Flammarion en 1947 et 1950.

LAS, Méreville le 29 [fin 1946] : « Vous pensez si j’accepte ! avec autant d’empressement / que j’ai accepté de col- laborer à la collection de / Henri Muller et de Armand Hoog. En ce moment je suis en plein corps à corps avec mon prochain / roman [Chère Aglaë] et je n’ai rien que je puisse vous donner tout de go... ».

LAS, 7 sept [1948] à propos de Fragile ou le Panier d’oeufs qui paraîtra chez Flammarion en janvier 1950 : « Pour- rais-je vous voir au courant de la semaine prochaine à « Combat » [...] Je voudrais vous apporter mon prochain méfait « Le Panier d’oeufs » et vous demander conseil. La « Samaritaine » / qui « m’emploie », réclame des correc- tions / que j’estime inacceptables (Ah! les éditeurs!). / because la « clientèle ». Dont, par malchance, / je me fous royalement. Aussi serais-je / heureux d’avoir votre avis - détaché de / toute « clientèle ». Et (chut!) l’adresse d’un / éditeur moins timoré au cas où / 1) ma Samaritaine refuserait mes / oeufs comme « coués » / 2) et vous trouveriez ce roman possible, / naturellement. / Pardonnez, cher Maurice Nadeau, la / désinvolture avec laquelle je me sers de / votre complaisance. Si tous les auteurs vous / emmerdaient de la sorte, quel métier / serait le vôtre ! / ne voyez point dans ma / démarche la preuve d’une extrême modestie / mais celle d’un sens critique s’exerçant / souvent à mes dépens... »

LAS, jeudi 28 octobre [1948] : « Cher Maurice Nadeau, / Je crains un renversement de vapeur. / La « Maison » qui « m’emploie » attendait, avant /de prendre une décision quant à mon panier / d’oeufs, le retour à Paris du pater familias. / Voilà qui est fait. Mais le pater familias / désire « relire» le manuscrit. Que va-t-il / sortir de cette relecture ? Nous le verrons / bien. En tous les cas, je me retire moi et / mes oeufs, dès la première escarmouche, et / cours chez vous. / En attendant, puis je passer mardi soir / 2 novembre à Combat pour vous reprendre / le manuscrit ? L’autre que je possède / se promène et Flammarion n’en n’a plus. / Les éditeurs ! / Amicalement vôtre / Jean-Louis Bory / 40 rue Lauriston / Paris XVI ».

LAS : « Méreville le lundi / Cher Maurice Nadeau, / Rien à faire pour l’Italie - ces vacances-ci / du moins. Mais si les « Maîtres » nous prêtent vie, l’idée (pour ma part) est soigneusement / retenue. Je pars vendredi vers les montagnes, / saluerai au passage mon éditeur, qui possède / (l’ingénieuse idée pour un éditeur) une maison / fort fraîche près de Grenoble, puis descendrai / pianissimo vers la mer. Je tâcherai, au cours / de cette descente, de découvrir Navel dans ses lavandes. Bonnes vacances, anyhow, et amicalement vôtre / Jean-Louis Bory ».

LAS : « Lundi 21/ Cher Maurice Nadeau, / Voici votre petit papier sur Monsieur Gide. / Merci d’avoir pensé à moi. / Le bouquin, auquel vous vous êtes si / « chiquement » intéressé, retardé pour de / multiples raisons par mon cher éditeur, / va paraître enfin ! Ouf : je commence à / craindre que ces oeufs ne soient coués. / J’ai toujours l’intention d’aller vous / voir un soir à Combat, mais je mène / en ce moment une vie idiote - et les / jours filent bien vite! / À bien- tôt, tout de même. / Cordialement vôtre / Jean-Louis Bory / je n’ai pas changé d’adresse : 40, rue Lauriston XVIe ».

Texte à propos de Gide : « On serait tenté de répondre, pastichant Gide lui- / même : « Énorme influence, hélas ! » Ce ne serait pas / exact. J’ai lu Gide très consciencieusement - avec / plus de conscience précisément que de passion sincère. / J’admire Gide, je ne l’aime pas : je veux dire que / ce n’est pas dans son oeuvre qu’il m’arrive de / chercher ce dont j’ai parfois besoin, une réponse, un / excitant, ou un refuge. Ou bien je remonte directement / jusqu’à Montaigne, ou bien (pour ne parler que de / nos contemporains je préfère plonger dans l’univers / de Jou- handeau à mes yeux incomparablement plus / vivant que celui de Gide. / Exception faite pour le Gide humoriste et pour le Journal - encore que le côté « bu du lait à cinq heures » m’exaspère-, je n’ai pas relu Gide depuis longtemps / et n’en éprouve pas le besoin. Son influence sur / moi serait plutôt extralittéraire : Gide est l’exemple / de l’honnête « honnête-homme », celui qui ne triche avec / aucune partie de soi. / Jean-Louis Bory ».

250 €

60 98. BOUCHET (André, du). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau. samedi [circa juillet 1958]. LAS de 2 pp. au format in-4 rédigée à l’encre noire.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau à propos de corrections à effectuer aux poèmes regroupés sous le titre « Face de la chaleur » qui paraîtront dans le n°62 des Lettres Nouvelles en juillet-août 1958 et qui seront repris dans le recueil Dans la chaleur vacante.

« Samedi / Cher monsieur, / Voici les épreuves que je / vous retourne corrigées. Il / faudrait que les « blancs » soient / accentués. On pourrait pour cela / se servir de la réserve inutilisée / de la troisième page, de façon à / ce que les poèmes occupent pleinement / les trois pages. Je n’accentue pas, / vous l’aurez noté, les deux intervalles / du quatrième poème (Le feu et la lueur). / Par contre, j’aimerais que les « blancs » / du troisième poème (L’air soudain) / soient marqués aussi longuement que / possible, - encore davantage que les / autres. Le tout y gagnera. Pardon / de vous ennuyer avec ces minuties. / Bien cordialement à vous. / André du Bouchet ».

150 €

99. BOUJUT (Michel). Lettre à propos d’un album consacré à Louis Armstrong.

3 juin 1963. LAS d’1 pp. au format in-4 rédigée à l’encre bleue.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau lui demandant de participer à l’album consacré au jazzman Louis Armstrong alors en préparation.

LAS : « Le 3 juin 63 / Cher Monsieur, / Je prépare présentement pour les éditions du Temps / un album photo- graphique sur Louis Amstrong ; mais / un album qui ne se bornera pas à reproduire quelques / mimiques de ce « musicien shakespearien » - pour reprendre / la formule de Le Corbusier. / Les photos seront, en effet, « illustrées » par des poèmes, / des analyses de son oeuvre, des boutades, des jugements de / toutes sortes, dont celui, sou- verain, de Miller... /

Puis-je vous demander quelques lignes sur le rugis- / sant et impérial Armstrong ? / Puis-je espérer votre pré- sence ? / Sachez que votre témoignage me serait infiniment précieux. / Veuillez agréer, cher Monsieur, l’expression de ma plus / vive admiration. Michel Boujut /

P.S. j’ai obtenu votre adresse par les éd. Rencontre, / à Lausanne ou je suis correcteur. Français de nationalité, je / vous écris d’un pays mitoyen, ayant refusé, il y a trois ans, / de participer à la guerre d’Algérie. / (Mon ami Jean-Paul Sanson qui me recueillit en Suisse, publia / dans sa revue « Témoins » un mien « Adieu aux armes »).

Écrivain et critique, Michel Boujut (1940 - 2011) était un spécialiste féru de cinéma et de jazz. Comme il l’évoque dans le post scriptum de cette lettre, il était antimilitariste, déserta en 1961 et s’exila en Suisse afin de ne pas prendre part à la Guerre d’Algérie ».

50 €

61 100. BOUMEESTER (Christine) & MAYER (Paul). La Roue des corps.

Paris, Instance, 1954. In-8 (20 x 16,2 cm), en feuilles, couverture bleue imprimée, 43 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale illustrée de 4 gravures originales à la pointe sèche de Christine Boumeester, dont le frontispice et trois hors texte.

Troisième volume de la collection « Instance » dirigée par Max Clarac-Sérou.

Tirage à 90 exemplaires. Un des 84 numérotés sur Crève-coeur du Marais, celui-ci non justifié.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice [Nadeau] / Ami de l’homme et des poètes / Hommage cordial / Paul Mayer ».

400 €

101. BOUNOURE (Gabriel). Lettre autographe signée à propos des Écrits de jeunesse de Gustave Flaubert.

29 juin 1964. LAS de 2 pp. au format in-4 rédigée à l’encre noire.

Belle lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau à propos des Écrits de jeunesse de Gustave Flaubert qui venaient d’être repris dans un volume des Oeuvres complètes paru aux éditions du Seuil en 1964.

« 5, rue d’Anjou Rabat (Maroc) / 29 juin 1964 / Mon bien cher ami / Je voudrais vous remercier comme vous le méri- tez pour m’avoir / envoyé, avec les Lettres nouvelles, toujours si hardiment nouvelles / le beau recueil des Écrits de jeunesse de Flaubert. La naïveté informe / de ces pages, ces tumultes charnels, ces ivresses / d’imagination, il / faut les connaître pour se rendre compte que Flaubert a voulu / les contraindre à la forme belle, pour comprendre que la / conquête du style était pour lui une opération de salut / personnel. Tant de désordres et de cris, cette matière bouillonnante / appelaient une discipline : l’oeuvre ne peut vivre que si, / comme toute vie elle est gouvernée par une forme. /

Le fils et frère de médecin, élevé tout enfant dans une / cour d’hôpital a été hanté par la mort, la décomposition, / le retour de la forme vivante au monde minéral. Contre son / nihilisme foncier, il a appelé à son secours l’intensité / et la souveraineté de la forme. Une sorte de vitalisme / biologique tournant à un platonisme esthétisant inspire ce travail de la phrase, ou Jean-Paul Sartre armé de / sa sophistique ne veut voir que l’égoïsme honteux d’un : bourgeois. La bourgeoisie n’a rien à voir là-dedans. Bau- / delaire a été l’un des premiers à sentir la douleur prolé- / tarienne. Gorki lisant un Coeur simple a eu un éblouissement : / découvrir une littérature donnant la dignité du sacre à l’existence des humbles. /

Ces médiocres écrits de jeunesse, vous définissez très justement / leur importance : C’est ce que vous appelez « l’expérience » / de Flaubert : elle porte tout le reste. Le romantisme juvénile nous l’appellerons du mot dont se sert Siegmund (sic) Freud : la conquête de la réalité. / Merci donc, bien cher ami, d’avoir pensé à moi. La / fidélité de votre souvenir me touche beaucoup. J’y / réponds par les sentiments très fidèles de mon admiration affectueuse / Bounoure / Je vais partir pour la Bretagne : adresse : à Lesconil Sud-Finistère ».

75 € 62 102. BOUSQUET (Joe). Le Meneur de lune. s. l., J. B. Janin, 1946. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture illustrée, 187pp., 2ff. n. ch..

Édition originale de ce récit autobiographique, illustré de six dessins aux traits de Jean Camberoque, dont un en bleu en couverture.

Exemplaire du SP (après 20 exemplaires sur vélin de rives).

Très bel envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / en avant-garde d’une / lettre trop longue et trop / lourde qui attendait / depuis trois mois dans / mes cahiers une aubaine / comme celle-ci, / en tout accord, / en toute sympathie / Joe Bousquet / Carcassonne / le 19 juillet 1946 ».

Prière d’insérer joint.

Petite fente en pied et au dos inégalement bruni, bel exemplaire par ailleurs.

René Nelli (1906-1982), poète occitan et ami proche de Joe Bousquet, présentait Le Meneur de lune en ces termes : « C’est un portrait fabuleux du poète obtenu par la simple relation des événements magiques qui ont tramé sa vie : le seul portrait de lui, disait-il, qui fût ressemblant. C’est aussi une anthologie des faits divers surprenants qui le frappaient comme autant de signes de son peu de réalité, mais l’assuraient en même temps de son appartenance à l’ordre incompréhensible, à la fois irrationnel et suprêmement existant, sur lequel il croyait que l’univers était fondé. ».

350 €

103. [BOUSQUET (Joë)] BELLON (Denise). Portrait de Joë Bousquet . s.d. [1946]. 16,2 x 11,8 cm, tirage argentique d’époque, cachet au dos.

Portrait de Joë Bousquet au travail assis dans son lit dans sa chambre à Carcassonne. Tirage argentique en noir et blanc d’époque, cachet de la photographe au dos.

Envoi autographe signé dans la marge blanche inférieure : « A Maurice Nadeau / la chambre où mes / bons yeux le voient / Joë Bousquet / Carcassonne le 5 octobre 1946 ».

1 000 €

63 104. BOUSQUET (Joe). Correspondance adressée à Maurice Nadeau pour son Anthologie surréaliste.

Importante correspondance adressée à Maurice Nadeau dans le cadre de la préparation de son Anthologie surréaliste, composée de 2 LAS (8 pp. 1/2 au format in-8), un portrait photographique par Denise Bellon, plusieurs textes extraits de ces livres (manuscrit autographe de 35 pp. in-8 et 2 pp. in-4 et tapuscrit de 23 pp.). I. LETTRE adressée à Maurice Nadeau

Carcassonne, le 19 octobre 1946. LAS de 6 pp. de format in-8 rédigée à l’encre noire.

Belle et longue lettre autographe adressée à Maurice Nadeau. Joë Bousquet envoie des extraits de ses livres et des poèmes. Il affirme qu’il tient les textes tirés d’Une Passante bleue et blonde, « pour très importants parce qu’ils annoncent, plus directement que mes autres écrits, mes points de vue actuels sur la voyance et sur « la nuit de source » ».

LAS : « Mon Cher Nadeau / Vous m’avez fait un grand plaisir en me demandant des textes. Bien plus. Vous m’avez fourni une occasion très opportune de faire un profitable examen de conscience. Votre demande, en effet, intervient tandis que je distribue - une préface à Vercors, un texte pour la nouvelle revue « Le Milieu du siècle », surtout, surtout, un texte expédié à Tzara par ce courrier - plusieurs mises au point, très révélatrices pour moi et qui ne m’ouvrent pas une voie nouvelle sans m’appeler à une méditation sur mes écrits d’inspiration. Aussi, ne vous laissez pas effrayer par le nombre de feuillets que je vous envoie : (deux plis par ce courrier ; et un troisième après-demain) c’est pour donner plus de champ à votre acte critique que j’ai copié jusqu’à des pages analytiques, mais qui donnaient, je crois, leur relief propre aux textes qu’il fallait vous soumettre.

1° Les deux plis expédiés par ce courrier contiennent deux longs extraits d’un petit volume de moi presque ignoré « Une passante bleue et blonde » qui avait paru en 34, chez Debresse, à cinq cents exemplaires. Quelques pages de ce livre, toutefois, avaient paru dans la revue « Commerce ». Je tiens ces textes pour très importants parce qu’ils annoncent, plus directement que mes autres écrits, mes points de vue actuels sur la voyance et sur « la nuit de source », définis dans la petite préface que je donne à Tristan Tzara et qui me paraissent entièrement originaux et très importants (1).

J’ajoute à ces textes des poèmes de deux espèces : poèmes en prose (certains déjà publiés dans les Petits papiers de Monsieur Sureau et à paraître chez Gallimard dans « La Connaissance du soir ».) Un poème en prose « La Pupille » écrit pour Hans Bellmer; vous l’auriez deviné. Enfin - à titre de curiosités, car je ne suis pas sûr qu’ils soient à leur place dans l’anthologie, des poèmes rimés, mais où j’ai été exploiter les ressources de la rime et de la strophe comme des moyens d’effraction.

Demain, je copierai pour vous ma préface catalogue d’exposition surréaliste organisée à Toulouse avec les tableaux de ma chambre. Publiable ou non, cette préface me paraît présenter un intérêt. Surtout parce que, par allusion un groupe de poètes qui abordèrent autrefois le surréalisme en adhérant à « ce qu’il signifiait pour moi » j’ai employé l’expression « surréalisme ensoleillé » qui est en train de faire fortune à Bruxelles auprès de Magritte (Magritte, d’ailleurs, ne connaissait pas mon catalogue quand il a écrit le manifeste, que j’ai signé, mais il a passé un an auprès de moi pendant la guerre, ce qui explique la rencontre).

Je copierai demain des pages significatives de la Tisane de Sarments, celui de mes livres que préfère Breton. Je laisse beaucoup de mes livres de côté. Je crois vous avoir donné une idée suffisante de mes sources surréalistes avec les pages que je vous envoie. Toutefois, il m’importe surtout d’être bien connu de vous, je vais, peu à peu, réunir ceux de mes livres que je pourrais rassembler et vous les envoyer. Le plus important, le plus connu en tout cas, est Traduit du silence (Gallimard). Iris et petite fumée (GLM) me semble aussi significatif, ainsi que « Le Mal d’enfance » (Denoël) (j’ai mis une liste de mes livres dans un de mes envois).

J’ai un aveu à vous faire. Si j’ai été un peu long à vous répondre, c’est que j’ai dû perdre du temps à rassembler quelques volumes. Jusqu’à présent, je n’avais jamais gardé un seul exemplaire de mes livres : il y avait peut être là une façon un peu servile d’observer, jusque dans ma conduite d’auteur, l’attitude surréaliste. Snobisme provincial ? Ou bien cet esprit de surenchère qui fleurit sur les activités mineures. Besoin de me rattraper sur des qualités de second ordre ? Ou réflexe de malade : la peur inconsciente de mourir me faisant sacrifier à l’oubli ? Le fait est que cette négligence studieuse été pure idiotie. Je vais la réparer ; et vous pourvoir avant même de me pourvoir moi même. À bientôt, mon cher camarade, puisque je vous écrirai encore en vous expédiant mon prochain pli. Un jour où je ne craindrai pas de vous ennuyer je vous exposerai mon programme poétique qui me rapproche de plus en plus de la démarche surréaliste et me la fait conduire, je crois, dans une voie assez nouvelle. Bellmer s’installe de façon durable à Carcassonne. Je suis heureux de l’occasion qui nous est dispensée de travailler ensemble. J’ai de bonnes nouvelles de . Merci encore. Bien affectueusement votre, Joe.

1) Pour satisfaire Tzara plus tôt, je lui envoie le manuscrit. Je lui demande cependant une copie que je vous communiquerai s’il peut me l’expédier. ».

64 II. Lettre à Maurice Nadeau et notice biographique et bibliographique. s.d. [1946]. LAS de 2 pp. 1/2 de format in-12 rédigée à l’encre noire et manuscrit autographe de 2 pp. in-12.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau. Joë Bousquet fournit des éléments biographiques et bibliographiques le concernant (pièce autographe jointe et photographie) et évoque le travail de Max Ernst et de Hans Bellmer.

LAS : « Mon cher ami, vous aviez en effet oublié de me demander ces renseignements, et je n’avais pas osé vous en accabler. Si la réflexion sur ma rencontre avec mon cher Max peut présenter un inconvénient, vous la supprimerez. - quelle joie de savoir le tableau de Ernst retenu pour la Tentation de Saint-Antoine. D’après la reproduction, il est beau. Mais pas plus que ceux de Carcassonne. Pas plus que ceux dont Max m’envoie les photos. Que ne pouvez- vous voir ceux qu’il peint actuellement. Peut-être préféreriez-vous à mes photos, une reproduction de Bellmer ? Si oui, dites le nous. Bellmer est près de moi, il travaille ; et fait de très beaux dessins. Bien affectueusement votre ami Joe / j’ajoute une photo pour vous».

Note biographique et bibliographique : « Né à Narbonne, le 19 mars 1897. Éducation en province, à Carcassonne. Puis à Southampton - Angleterre. Blessé devant Vailly, le 27 mai 1918 - qui fut aussi le jour de ma première rencontre avec Max Ernst - dans des conditions toutefois ou les deux amis s’ignorèrent. Vit à Villalier (Aude) et l’hiver à Carcassonne où il travaille actuellement en compagnie du peintre Hans Bellmer.

Œuvres : Il ne fait pas assez noir. Une passante bleue et blonde. Le rendez-vous d’un soir d’hiver (Debresse). La Tisane de sarments. Le Mal d’enfance. Le Passeur s’est endormi (Denoël). Traduit du silence. Le Médisant par bonté (Gallimard). Le Meneur de lune (J. B. Janin). L’œuvre de la nuit (Montbrun). La Connaissance du soir (Editions du Raisin). »

On joint la photographie dont il est fait mention dans la lettre :

BELLON (Denise). Portrait de Joë Bousquet.

16,2 x 11,8 cm, tirage argentique d’époque, cachet au dos.

Portrait de Joë Bousquet assis dans son lit dans sa chambre à Carcassonne. Tirage argentique en noir et blanc d’époque, cachet de la photographe au dos.

65 III. Avis. s.d. [1947]. Manuscrit autographe signé, 3 pp. de format in-8 rédigées à l’encre noir et bleue.

Manuscrit autographe signé.

« Avis. Si le mal existe avec tous ses poisons, je le prends pour les assises d’un bien supérieur, qui ne s’est pas accompli et dont je ne peux même pas avoir l’idée. Il est le monument détruit d’un monde supérieur et avorté, une divinisation tronquée de l’être et qui menace toujours de perdre en elle les campements établis par l’homme, au petit bonheur, sur le chemin de la perfection...».

Le document est signé en bas de la dernière page, signature suivie de la mention « (Passante bleue et blonde 1934) ».

IV. Songe - Aumône du noir [La Connaissance du soir]. s.d. [1946]. Manuscrit autographe de 2 pp. in-4 rédigées à l’encre noir et bleue, tapuscrit de 23 ff. in-4.

Manuscrit autographe de deux poèmes, « Songe » et « Aumône du noir » accompagné d’un tapuscrit de 23 ff. com- portant 13 poèmes, dont sept signés - L’Une, L’Autre, Duo, Clairière, La Pupille, Blanchevole, Ils étaient trois, Mon frère l’ombre, Danseuse, Poème du soir, Les Deux fossoyeurs, Vieille histoire et Le Papillon gelé.

Ces poèmes furent communiqués à Maurice Nadeau avant leur parution dans la seconde édition augmentée de La Connaissance du soir chez Gallimard en 1947, l’édition originale ayant paru en 1945 aux Editions du Raisin.

En tête d’ « Aumône du noir » figurent deux annotations biffées : « ... ne me demandez pas de vous parler de moi » et « Poème après la préface à encarter entre préface et L’Une » et au verso une autre indication autographe : « Le poème suivant a pour titre : L’une, commence par les mots « Longtemps on l’aura... ». Il était le premier après la préface et devient le second.

Quelques corrections et annotations autographes (le poème « La Pupille » est dédié « à Jean Bellmer »).

66 V. La Nuit de sel. s.d. [1946]. Manuscrit autographe signé, 16 pp. de format in-8 rédigées à l’encre noir et bleue au recto de 10 feuillets.

Manuscrit autographe signé.

« La nuit de sel. Les pas, le vent. Un ciel liquide dans l’éparpillement des roseaux d’argent. Une très jeune enfant jaillit de son sourire. On dirait que les arbres veulent passer derrière leur ombre [...] ».

Le document est signé en bas de la dernière page, signature suivie de la mention « (Une passante bleue et blonde 1934) ».

VI. Le Fruit dont l’ombre est la saveur. s.d. [1946]. Manuscrit autographe signé, 16 pp. de format in-8 rédigées à l’encre noir et bleue au recto de 10 feuillets.

Manuscrit autographe signé ce texte qui sera publié en 1947 aux Éditions de Minuit.

« Immobile. Le temps difficile avec douceur dans les branches du temps. Dans les pas d’un rôdeur qui se retrouve la nuit a changé de trottoir [...] ».

Le document est signé en bas de la dernière page, signature suivie de la mention « (une passante bleue et blonde 1934) ».

L’ensemble 7 500 €

105. BOUSQUET (Joë). Mystique.

Paris, Gallimard, 1973. 20,8 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 294 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale posthume. Un des exemplaires du SP (après 27 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé de Germaine Mühlethaler, muse de Joë Bousquet, surnommée Poisson d’or : « A Mau- rice Nadeau / Avec admiration et / reconnaissance pour / l’intérêt que vous / consacrez à cette grande / oeuvre/ / Poisson d’or / 14. 11. 73 ».

100 € 67 106. BRASSAÏ. L’Histoire de Marie. avec une introduction par Henry Miller.

Paris, Editions du Point du jour, 1949. 16,6 x 12,8 cm, broché, couverture imprimée en noir, 89 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 2 500 ex. sur vélin alfa (après 126 ex. sur alfa alma du Marais avec une eau-forte de Brassaï).

Envoi autographe signé : « Pour Monsieur Maurice Nadeau / avec l’hommage sincère / de Marie... / Brassaï / paris, le 9 mai 1949 ».

400 €

107. BRASSAÏ. Le Chauffeur de taxi. du 20 janvier 1956. Tapuscrit de 7 pp. au format in-4 accompagné d’une lettre signée.

Tapuscrit du Chauffeur de taxi, comportant 7 parties, dont la juxtaposition fait une histoire, titrées : Joyeuse fête de Noël, Les Cloches, L’Eternel, L’Homme ne change pas, Vivre chichement, Dans la vie faut se réjouir, Y a que les bêtes qui vaillent qu’on les aime.

Quelques corrections autographes, certaines de la main de Brassaï, d’autres par d’autres mains en vue de la publication de ce récit d’observation dans les Lettres Nouvelles en janvier 1956 (n°34).

On joint une lettre signée d’1 p. in-4, pleine d’humour, adressée à Maurice Nadeau en rapport avec le Chauf- feur de taxi : « Paris le 20 janvier 1956 / Cher Monsieur, / mon Chauffeur de taxi aurait dû prendre / l’escalier de service, vous lui avait (sic) ouvert la / grande porte. J’en suis très honoré, très flatté et / je vous en remercie. L’entrée de mon nouvel illettré dans les / Lettres Nouvelles n’a-telle pas provoqué de réac- / tion (sic) par trop brutales ? Je serais curieux de le / savoir. J’aimerais aussi avoir votre haute opinion / sur Zinc en bois (je pense que Pascal Pia vous en / a remis le manuscrit). Je me propose d’ailleurs, / avant de le publier, d’en couper certaines longueurs. / Encore merci ! / Bien amicalement / votre / Brassaï».

Au sujet de son travail d’écrivain, Brassaï disait que « son oeil avait fait place à son oreille ». 1 000 €

68 108. BRASSAÏ. Correspondance en rapport avec Conversations avec Picasso. du 11 mai 1964 au 30 novembre 1964. 3 LS (avec ajouts autographes et corrections) et 1 LAS de 1 p. au format in-4 ou in-8 (1 LS) formant un ensemble de 5 pp..

Très intéressante correspondance adressée à Maurice Nadeau en rapport avec Conversations avec Picasso, paru chez Gallimard en 1964. Brassaï évoque ces entretiens avec Picasso, les notes prises sur le vif, s’excuse de ne pouvoir donner des extraits pour prépublication dans Les Lettres Nouvelles, ceux-ci ayant été vendus au Figaro Littéraire, cite trois longs fragments de lettres d’Henry Miller à propos des Conversations avec Picasso.

« Votre oreille est devenue aussi importante / que votre oeil ! Bravo ! ».

LS : « Paris le 11 mai 1964 / Cher ami /tout arrive (grâce au double noeud du mouchoir). / Comment m’excuser d’avoir oublié ma promesse lors du / premier noeud? Ce portrait n’est pas absolument con- / forme à celui paru dans le New York Times. Ici, le / visage est plus d’aplomb. Mais l’homme et l’expression / sont les mêmes. Ayant donné mon manuscrit des « Conversations / avec Picasso » à Claude Gallimard, je connais un peu / ce que peut être pour les femmes la délivrance... Mais / il faut encore donner à téter et s’occuper des layet- / tes.... / Une mystérieuse vampe m’a téléphoné de la part / d’Henry Miller. Elle arrive de Los Angeles. Je la ver- / rai mercredi. Si elle me dit des choses dignes d’être / communiquées, je vous téléphonerai... / A bientôt / et mes hommages à Madame Nadeau / bien amicalement / votre / Brassaï / P.S. si vous désirez / faire coller la photo, la / maison Artista le fait très bien / 72, rue Mouffetard Gobelins 05 43».

LS : « Paris, le 24 juin, 1964 / Cher Ami, je n’excuse de vous répondre aussi tardivement... / j’aurais bien aimé vous communiquer une copie de mon / manuscrit, mais elle me manque en ce moment. Je peux / le faire au mois d’août (je pars maintenant pour le / Midi pour un mois) ou si vous êtes à Paris, au / mois de septembre. De toute façon « Conversations avec / Picasso » ne paraîtra pas avant le mois de novembre. / Non, la vamp en question n’était pas Anaïs Nin / (que j’ai bien connue autrefois), mais une starlette / de Holywood (sic) de 20 ans, une des petites amies de / Henry, séduisante et ennuyeuse à la fois. Pendant 6 / heures je l’ai aidée à choisir des chaussures... / Bien ami- calement / et mes hommages à Madame Nadeau / PS j’aimerais aussi faire votre portrait ».

LAS (enveloppe jointe) : « Eze-Village ,13 novembre 1964 / Cher ami, / J’ai une très mauvaise / conscience : vous m’avez si gentiment / demandé un extrait de mon Picasso / pour les Lettres nouvelles et je ne vous / l’ai pas donné. C’est la maison Galli- / mard qui s’est occupé des prépublications / et les a vendues au plus offrant. Elle / et Figaro littéraire restaient finalement / en lice et bien qu’Elle offrait un peu / plus que F. L. j’ai donné ma préférence / à ce dernier. Comme il s’agissait d’une / exclusivité je ne pouvais rien donner / à d’autres revues. / / Le 26 sep. j’ai eu ici une crise / cardiaque - heureusement ici et heureusement / après avoir tout fait pour le livre - 30 jours de / lit mais depuis deux semaines je suis debout / et on m’a autorisé même de taper à la machine / - dans 2 jours. Je vais donc reprendre mes / « Conversations avec Henry Miller » qui sont je / pense très amusantes. / Bien amicalement / et mes hommages à Madame / Nadeau / P.S. j’espère que vous avez bien reçu mon livre / Brassaï ».

LS (enveloppe jointe) : « Eze-Village, 30 novembre, 1964 /Cher ami, / votre lettre m’a comblé de joie. Ce n’était pas une / lettre, mais une pré-critique une avant-critique... Je n’ai / pas mérité tant d’éloges; mon seul mérite c’est d’avoir / noté quelques propos après certaines de mes visites chez Picasso, (hélas, pas toujours et pas tous (sic). Mais c’est un / mérite, car on se trouve toujours dans un engrainage (sic), on / est fatigué, on a sommeil ou la flemme, on remet cela au / lendemain ou au surlendemain, d’autres événements sur- / viennent et lorsque vous voulez noter les faits et les / propos tout à fait déjà dissout (?), englouti... Je / n’avais pour l’intention d’écrire un livre sur Picasso, / autrement je l’aurais fréquenté avec plus d’assiduité et / j’aurais pris des notes avec plus de méthode et d’applica- tion. Ce / n’était hélas, point le cas. Et lorsqu’il y a quatre ans, / en rangeant mes photos et manuscrits, je suis tombé sur / une boîtes (sic) qui portait l’inscription « Conversations avec / Picasso », lorsque j’ai essayé de déchiffrer des griffonnages / sur des enveloppes, des bouts de cartons, j’était (sic) dans la situation de Champollion devant des Hié- / roglyphes. Il ne faut jamais compter sur la mémoire ! / Certaines notations succinctes d’anecdotes, de paroles, / d’évènements ne me disaient plus absolument rien. Seul / Picasso aurait pu m’ouvrir la clé de ces énigmes. / Mais prendre le temps de cet homme pour ces futilités... / Je me suis donc contenté des hiéroglyphes déchiffrées. (sic) / Quant à la présence personnelle dans cet / ouvrage, vous n’imaginez pas à quel point cela me gênait. / J’ai essayé de faire abstraction de toutes mes affaires / personnelles, mais le dialogue, le ton n’y était plus. / J’aurais dû peut- être me tenir davantage à l’écart dans / le livre. Enfin, il plaît. Il plaît même énormément / à Picasso. (Je ne lui ai lu, à l’époque, que quelques pages du livre - je voulais garder tout de même une certaine liberté) / Il m’a proposé de faire une exposition du livre / (et surtout des photos agrandies) dans la Gale- / rie Madoura à Cannes, chez Madame Ramier (de Vallauris) /. On a fixé même la date : 22 décembre. Picasso a promis / d’être présent vernissage. Quant à Henry Miller il / m’envoie ses impressions au fur et à mesure qu’il lit / le livre. (Et d’abord les trois numéros du Figaro littéraire) / Cela vous amuse peut-être si j’en recopie / quelques passages : / du 28 octobre (après la lecture du premier extrait dans F.L.) / « Félicitations ! Le Picasso commence bien, / très très bien! (Aujourd’hui le deuxième Figaro est ar- / rivé je vais le lire ce soir.) / « Il y a une chose qui m’intrigue à l’égard / de vos « Conversations... » Comment, nom de Dieu, avez- / vous été capable de rendre ces conversations avec une / telle précision, exactitude - ou le semblant de cela ? / Dans mes « romans » (sic) j’ai essayé de faire la même chose, / mais je sais bien que j’ai triché. J’ai donné l’ambiance / mais pas la versisimilitude. Notre mémoire nous trahit / toujours, et souvent quand nous en avons une confience (sic) / absolue. Heureusement la vérité ne réside pas dans 69 les / mots, mais dans l’esprit qui fait naître ces mots / traîtres. Est-ce que j’ai raison ou non. Je lui ai répondu que moi, j’écris dans l’esprit de la photo (on ne peut pas faire une photo de mémoire ou d’imagination ou d’invention, la photo exigeant toujours un embryon de réalité), mais que lui grand écrivain, heureusement qu’il écrivit les romans « non d’après des notes » mais d’après ce qu’un effort de mémoire l’avait obligé de tirer de son magma d’inventer). A part de cette petite question, je trouve telle- / ment de choses excitantes (sic) dans le dans votre écrit. Il est là, / Picasso, tout vivant, nu, révélé - vous avez le génie pour / cela. Bravo. etc. du 13 novembre (...) « Now I have the book and I am reading here and / there, skipping around in it like a goat. Picasso him- / self is always fascinating - wether (sic) he is talking shop, / clothes, or philisophizing. He always hits the buls (sic) eye. / I regret now that I never seized the occasion to meet / him. You have certainly given him fully, - from every angle : and inside out.» (...) / Only you could have described his eyes - the look / in his eyes - on your first meeting. This was remarkable. / And you made my (sic) happy, when you extolled his vir- / tues - simplicity, kindness, generosity, naturalness, / etcetera. We needed this correction ». du 25 novembre (Miller était pendant 10 jours au lit) / « Mon cher Brassaï, encore un petit mot - je me lève pour / écrire - à propos de vos « Conversations... » et du sujet / : Picasso. C’est extraordinaire comment vous l’avez fait / vivre. Il est devant moi en chair et en os. Il n’est plus / ce « monument terrifiant », mais un homme (très spécial) comme / nous et pourtant un homme très singulier, presque unique. / Un géant, abordable (et souvent adorable), tendre, in- / time et malgré son tempérament créateur tout à fait hu- / main. J’ai été surpris de découvrir qu’il a un sens / de l’humour - j’ai ri comme un fou parfois en lisant ces / paroles. / Votre livre est donc « invaluable » (impayable ?). / Personne ne pourrait nous donner cette vérité que vous- / même. Votre oreille est devenue aussi importante / que votre oeil ! Bravo ! Et important aussi votre main (amie) / qui écrit. J’espère que nos éditeurs américains s’inté- / ressent pour faire une traduction - et vite. Je parle de / ce livre à tous mes amis tout le temps. Je suis devenu / même un « Doppelgänger » de Picasso (Cela ne m’est arrivé / qu’en lisant La Montagne magique de Thomas Mann - il y / a 35 ans. / Je n’ai pas encore achevé le livre - je ne le veux pas. Je serai triste quand je me trouverai à la dernière page ».

Roger grenier ma écrit qu’il vous a rencontré et que Claude / Gallimard est d’accord pour que je donne un extrait des / Conversations avec Henry Miller aux Lettres Nouvelles. / Alors c’est promis, je demande seulement un type de patience. / Je vais maintenant / tout à fait bien, mais / il faut que j’aille / doucement, piano, piano. / Présentez mes / hommages à Madame Nadeau / Bien amicalement Brassaï.

On joint : BRASSAÏ. Conversations avec Picasso.

Paris, Gallimard, 1964. 19,8 x 13,7 cm, broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 334 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (après 45 vélin pur fil) illustrée de 53 photographies de l’auteur en noir et blanc.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / son ami / Brassaï / Eze-village, 27 octobre / 1964 ».

L’ensemble 2 500 € 70 109. BRASSAÏ. Lettre adressée à Maurice Nadeau en rapport avec Henry Miller grandeur nature.

22 novembre 1975. LAS de 2 pp. au format in-4.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau en rapport avec Henry Miller grandeur nature, qui parut chez Gallimard le 7 novembre 1975.

LAS : « Anes, le 22 Nov. 75 / Cher ami, / c’est curieux chaque fois / que je publie un livre chez Gallimard / - cela m’arrive tous les dix ans - / j’ai quelque ennui de santé... / J’ai donc quitté Paris il y / a plus de deux mois pour la campagne / et comme mon médecin m’a recom- / mandé d’éviter toute contrariété et / émotion j’ai préférer (sic) ignorer com- / plaitement (sic) mon courrier car vous / n’imaginez pas tout ce qu’on me de- / mande en ce moment. Aussi ma / secrétaire ne m’a rien transmis. / Comme je vais mieux main- /tenant j’ai eu par téléphone le / résumé de quelques lettres et no- / tamment la vôtre. Je suis / navré d’avoir dû y répondre par mon / silence... Veuillez m’en excuser. / Quant aux [Sutrand?[] encore un sujet / de stress ! - je préfère me taire / en ce moment. Mais je ne peux pas / changer mon opinion. Je le regrette. / Je viens de signer ici 200 volumes / entre autres le vôtre... J’espère que / ce livre vous plaira. Je n’y / parle pas de vous mais / vous y figurez naturellement / dans le second volume (que / j’ai terminé déjà il y a quatre / ans que Miller a lu et annoté à Paris) il paraîtra dans / quelques mois mais il / ne faudrait pas parler de ce second volume en ce moment. / bien amicalement / à vous / Brassaï ».

300 €

110. BRASSAÏ. Lettre en rapport avec Les Artistes de ma vie.

16 mai 1983. 1 LS avec ajouts autographes de 1 p. au format in-4..

Lettre signée, avec ajouts autographes, adressée à Maurice Nadeau en rapport avec The Artists of My Life (paru chez Viking en 1982 et en français chez Denoël sous le titre Les Artistes de ma vie).

Brassaï remercie Maurice Nadeau pour son article consacré aux Artistes de ma vie, indique avoir donné le livre à Viking plutôt qu’à Gallimard, évoque des problèmes de santé - une congestion cérébrale a failli le laisser sur le car- reau - et l’attribution du Grand Prix des Gens de Lettres.

LS : « Paris, le 16 mai 1983 / Cher ami, / j’ai été très touché par votre texte aussi chaleureux / sur mon livre « Les Artistes de ma vie ». Gallimard voulait / l’éditer, mais comme ils lésinaient sur la dépense pour / mieux éditer mon « Paris secret »; je l’ai donné à un / éditeur américain : Viking, qui en a fait une belle / édition. / Heureusement, j’avais tout fait, textes, photos, / légendes et mise en page, juste avant la congestion / cérébrale qui m’a frappé, Octobre 81. J’ai failli en mourir, / car au lieu de les sauver, on est tenté aujourd’hui de / laisser mourir les malades de cet âge là - septembre prochain, / j’aurai 84 ans - Je fus donc que sauvé grâce au dévouement de / Gilberte qui harcelait les médecins, et après quatre mois / d’hôpital, j’ai assez rapidement récupéré ma santé. Quelle / chance de ne pas avoir été frappé de paralysie du côté droit, / mais de gauche, autrement j’aurais été frappé probablement / même d’aphasie. Il n’y a plus que ma main gauche qui n’a pas / encore repris entièrement son agilité. Mais cela ne me gêne / pas trop, et la main s’améliore. Et je continue à travailler... / Aussi, je prépare quelques nouveaux livres car c’est / mon automne, temps des récoltes. / Bien amicalement, et en vous remerciant encore / de votre texte. / Brassaï / PS j’ai eu / une agréable / surprise : la / Sté des Gens de / Lettres m’a attribué / pour mes « Artistes », son / Grand Prix qui me sera / remis demain, mardi / à 15h 30 à l’hôtel Massa / 38 rue du Fbg. St. Jacques. / Mais je ne voulais pas vous déranger. ».

200 €

111. BRECHT (Bertolt). Le Roman de Quat’sous.

Paris, Corrêa, Buchet et Chastel, 1952. Fort in-8 (20 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée, jaquette illustrée, 408 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale française romancée de « L’Opéra de Quat’sous ».

Traduit de l’allemand par Claude Vernier avec la collaboration de Paul Richez.

Un des 35 exemplaires de tête sur pur fil Johannot, parmi ceux-ci un des 10 ex. hors commerce.

750 €

71 112. BRETON (André). Légitime défense.

Paris, Editions surréalistes, 1926. Plaquette in-12 (17,8 x 11,4 cm), agrafée, couverture imprimée, 26 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale tirée sur bouffant (pas de grand papier).

Important exemplaire comportant un tampon humide rouge de la revue Clarté sur le premier plat de couverture.

Dans ce texte Breton prend ses distances avec le groupe Clarté proche du Parti Communiste et explique l’impossi- bilité de passer du surréalisme au communisme.

450 €

113. BRETON (André). Manifeste du surréalisme. Poisson soluble.

Paris, Aux éditions du Sagittaire, Chez Simon Kra, 1929. 18,7 x 12,4 cm, broché, couverture orange imprimée en noir, 206 pp., 1 f. n. ch..

Seconde édition en partie originale.

Elle est augmentée d’une préface et de la Lettre aux voyantes et d’un frontispice de Max Ernst.

Petit accroc en queue.

Ex-libris manuscrit. 100 €

114. BRETON (André) & ÉLUARD (Paul). L’Immaculée Conception.

Paris, Editions surréalistes, chez José Corti, 1930. In-4 (23,8 x 18,8 cm), broché, couverture rouge imprimée en noir, 2 ff. n. ch., 124 pp., 4 ff. n. ch..

Édition originale.

Un des 2 000 exemplaires numérotés et imprimés sur papier impondérable des papeteries Sorel-Moussel.

Illustration de la couverture par Salvador Dali. 250 €

115. BRETON (André). Le Revolver à cheveux blancs.

Paris, Editions des Cahiers Libres, 1932. 19,5 x 14,5 cm, broché, couverture imprimée en noir sous encadrement noir et vert, 173 pp., 1 f. n. ch..

Édition originale. Importante préface.

Un des 1 000 ex. num. sur alfa (après 10 ex. sur Japon nacré seuls à comprendre une eau-forte de Salvador Dali en frontispice).

Exemplaire broché, dos bruni, sans le petit feuillet de papier cristal imprimé en vert : « Le sujet de ce livre est un être mobile (Les admirables secrets d’Albert le Grand »).

Ex-libris autographe sur le faux-titre.

150 €

116. BRETON (André). Qu’est-ce que le surréalisme?

Bruxelles, René Henriquez, 1934. In-8 (24,7 x 16,7 cm), agrafé, 29 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale du texte de la conférence prononcée par Breton.

Couverture illustrée par René Magritte.

Un des 1 000 ex. sur papier d’édition (après 10 papier orange, 15 Chine, 20 papier vert et 30 Hollande).

300 €

72 117. BRETON (André). De l’humour noir.

Paris, GLM, 1937. 18,3 x 13,7 cm, broché, couverture bleue rempliée illustrée, non paginé, 14 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire sur vélin (le nôtre non justifié), sous couverture bleue illustrée par Yves Tanguy.

Complet du texte de Sade et de la reproduction du collage de Breton sur les maîtres de l’humour noir avec leurs noms au verso.

Infime accroc en tête de la couverture.

Ex-libris manuscrit. 600 €

118. BRETON (André). L’Amour fou.

Paris, Gallimard, Coll. Métamorphoses, 1937. 19 x 14,3 cm, broché, couverture imprimée, 176 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Un des 1 935 ex. sur papier de châtaignier (après 9 Japon et 35 pur fil).

Ouvrage illustré de 20 planches hors-texte imprimées sur papier glacé reproduisant notamment des photographies de (7), Brassaï (4), Dora Maar (1), Henri Cartier-Bresson (1).

Une petite tache sur le premier plat de couverture.

Ex-libris manuscrit. 300 €

119. [BRETON (André)] COLLECTIF. Trajectoire du rêve.

Paris, GLM, 1938. 19,3 x 14,2 cm, broché, couverture bleue imprimée en blanc, 1 f. blanc, 126 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 300 ex. numérotés sur vélin bibliophile sous couverture spéciale portant le titre « Trajectoire du rêve » (après 15 ex. sur vélin de Vidalon).

Textes d’Albert Béguin, Paracelse, Lichtenberg, Moritz, Durer, Pouchkine, Michel Leiris, Benjamin Péret, , Guy Lévis-Mano. Illustrations de Chirico, Tanguy, Masson, Max Ernst, Man Ray, Wolfgang Paalen, Magritte, Maurice Henry, Dali, Seligmann, Matta Echaurren.

250 € 73 120. BRETON (André). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

27 janvier 1939 au 17 octobre 1948. 8 LAS (3 LAS au format in-4, 4 LAS in-8 et 1 in-16) formant un ensemble de 8 pp..

Correspondance adressée à Maurice Nadeau composée de 8 lettres autographes signées datées de janvier 1939 au 1 octobre 1948.

Il y est question de L’Histoire du surréalisme, dont le post scriptum, annonçant la fin du surréalisme, ne pouvait plaire à André Breton, des Documents surréalistes, de La lampe dans l’horloge, etc.

LAS : « Paris le 27 janvier 1939 Mon cher ami, Ci-joint l’article d’Yves Allégret qui m’est parvenu ce matin. A bientôt, j’espère votre André Breton ».

LAS : « Paris le 25 avril 1947 Mon cher ami, Voulez-vous bien me retourner ces épreuves le lus tôt possible ? Merci. Vous savez comme je serais heureux de vous voir un peu longuement. Où en est l’édition des tracts ? Et l’anthologie ? très amicalement, André Breton ».

LAS : « Paris 9 octobre 1947 Mon cher ami, Je vous communique la copie de la réponse que j’adresse ce matin à l’Humanité à la suite de l’article intitulé « Des surréalistes qui ont compris ». Comme il est peu probable que ces messieurs honorent le droit de réponse, je vous saurais le plus grand gré de publier ma lettre dans Combat. Très affectueusement, André Breton ».

LAS : « Paris 27 mai 1948 Il ne peut pas être dit que je ne vous ai pas répondu mais ce pneumatique et les propos que vous avez tenus à partir de cet article n’effacent pas l’impression qu’il m’a laissée. Qu’y faire ? Que voulez-vous je ne pouvais m’attendre à ce que vous, Maurice Nadeau, vous repreniez contre moi ce grief que je me suis vu faire à la mort de Crevel, ou de Rigaud et qui n’avait guère pu m’émouvoir alors, de la part de qui il venait. De la vôtre je suis bien obligé de penser aussi qu’il ne ‘est pas généré spontanément : il était en puissance dans le P.S. de « L’Histoire du surréalisme » déjà et je l’ai vu se constituer embryologiquement dans l’attitude que vous avez adoptée vis-à-vis de moi depuis mon retour. Vous admettrez que cette amitié « inentamée » dont vous me rassurez a une manière paradoxale de se traduire publiquement. Ceci dit je ne comprends pas comment le texte « Aux intellectuels révolutionnaires » a pu vous échapper et encore moins se soustraire à vos recherches puisqu’il est reproduit en appendice à « Paillasse » que vous citez, je crois, in extenso. Je puis, si vous le désirez toujours, vous voir dimanche matin vers 11 heures. Disons que sans avis contraire de votre part je vous attendrai. André Breton ».

LAS : « Paris, le 30 mai 1948 Cher Maurice Nadeau, voici les pages que je propose d’adjoindre à « La lampe dans l’horloge ». Êtes-vous d’accord ? Peut-être ce texte pourrait-il être composé en italiques. Vous saurez mieux que moi ce qui peut-être, or ceci ou du reste, inséré dans Combat. Je vous ai vu avec plaisir, et sans amertume. Je fais la part de ce qui, dans les événements, dispose de nous plutôt que nous n’en disposons nous-mêmes. Peut-être nous appartient-il seulement de dresser un barrage contre la discorde (déjà une redoutable divinité du temps homérique) dont l’»Histoire du surréalisme» ne montre pas assez à quel point elle a contribué à fausser les perspectives : par ces temps de misère, nous serions inexcusables, vous et moi, De lui fournir quelque baillons de supplément. (Si vous pouvez faire en sorte que cette addition au texte déjà composé ne retarde pas la publication de « La lampe dans l’horloge » je vous serai reconnaissant. J’aurais aimé que cela pût paraître avant les vacances). André Breton ».

LAS : « Paris le 16 juin 1948 Mon cher ami, Veuillez m’excuser auprès de ces messieurs des Éditions Marin. Il y a plusieurs semaines que j’ai engagé cette heure de demain pour une réception de presse que donne Mme Olive à l’occasion de son exposition d’Océanie. Désolé que ces deux invitations coïncident. Merci de votre lettre mais, sans savoir ce qu’a pu écrire Demarne, comme vous vous fâchez vite. Je commence à craindre vos premiers mouve- ments. Dites-moi que vous n’allez pas pour si peu (quelques impatiences de part et d’autre) ensevelir dans le mépris toute la gent « jeune surréaliste ». Je suis persuadé que vous n’y pensez plus. À bientôt, très amicalement André Breton ».

LAS : « Paris, 17 octobre 1948 Mon cher ami, Puisque vous me l’avez offert l’autre jour, je vous serais très reconnais- sant de me faire faire un versement par le Seuil : cela me serait diablement utile en ce moment (je vous rappelle qu’il m’a déjà été versé 20.000 francs en deux fois). J’attends de pouvoir vous tenir au courant des suites des opérations du côté G. D. [Garry Davis]. Il est probable qu’on va nous demander tout d’abord d’assister de notre présence une première conférence de presse où celui-ci se présentera réellement. Nos amis du « Front humain » craignent que sans ce minimum de soutien rendu public, il ne soit trop aisément kidnappé lors de l’intervention prévue. Outre les personnes que je vous ai nommés, ils comptent aussi faire appel à Rousset, ainsi qu’à Vercors, Martin-Chauffier et Aveline. Merci encore et affectueusement à vous, André Breton ».

LAS s.d. rédigée au dos d’une enveloppe du Select : « Mon cher ami, Je suis moi-même très heureux et impatient de vous revoir, mais aujourd’hui vraiment impossible. Demain matin ? Encore bien tôt, vu les difficultés d’emména- gement. Voulez-vous mardi matin 10 heures 30 ? Sauf avis contraire je vous attends. Très affectueusement André Breton ».

3 500 €

74 121. BRETON (André). Situation du surréalisme entre les deux guerres.

Paris, Fontaine, 1945. 21,7 x 15,8 cm, broché, couverture imprimée, non paginé.

Edition typographique de ce discours aux étudiants français de l’université de Yale le 10 décembre 1942.

Exemplaire du tirage courant. Papier bruni, accroc en tête.

Ex-libris manuscrit. 50 €

122. BRETON (André). Ode à Charles Fourier.

Paris, Editions de la revue Fontaine, 1947. In-8 (28,2 x 17 cm), en feuilles, couverture rempliée illustrée en noir, 41 pp., 4 ff. n. ch. avec des illustrations dans le texte par Frederick John Kiesler (diagrammes et figures géométriques).

Edition originale.

Maquette et illustrations de Frederick Kiesler.

Un des 750 ex. sur vélin, parmi ceux-ci un des 100 hors commerce (après 30 vergé de Hollande comportant une lithographie originale de Kiesler et 175 ex. sur vergé du Marais).

Envoi autographe signé : « « La terre copulant avec le soleil, en direct / engendra le RAISIN » / C.F. / A Maurice Nadeau / très affectueux souvenir d’ / André Breton / Mai 1947 ».

Ce texte à mi-chemin entre poésie libre et essai, à la mise en page extravagante associe deux figures excentriques des lettres et de la pensée.

1 000 €

123. BRETON (André). Poèmes.

Paris, Gallimard, 1948. 20,8 x 14,5 cm, broché, couverture imprimée, 271 pp..

Edition originale collective et en partie originale.

Exemplaire du SP (après 23 vergé de Hollande, 50 vélin pur fil, et 540 sur alfa Navarre en cartonnage éditeur).

Très bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / le h.o. m’a fait écrire / son nom / sur cette page / (complexe de Jouvence ?) / très affectueusement / André Breton».

Papier bruni. 300 €

124. BRETON (André). La Lampe dans l’horloge.

Paris, Robert Marin, 1948. 17 x 11 cm, broché, couverture illustrée, 81 pp., 7 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 2 250 exemplaires sur alfa mousse, celui-ci non justifié (après 250 ex. sur vélin d’Arches avec une lithogra- phie de Toyen).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / pour que / [la Lampe / dans l’horloge] / ne soit pas seulement / pour lui / un mauvais souvenir / avec l’affection d’ / André Breton ».

500 €

75 125. BRETON (André). La Chasse spirituelle est-elle un faux ? Une lettre d’André Breton.

19 mai 1949. 1 LAS d’1 p. 1/4 au format in-4 rédigée à l’encre noire d’une écriture serrée.

Capitale lettre autographe en rapport avec La Chasse spirituelle adressée à Combat.

76 LAS, titrée d’une autre main « La Chasse spirituelle est-elle un faux ? Une lettre d’André Breton » :

« Paris le 19 mai 1949 Messieurs, Il n’est pas un « rimbaldien » véritable dont l’émotion, à découvrir ce matin la page littéraire de Combat, n’ait dû faire place presque aussitôt à l’inquiétude, pour se muer peu après en indignation. Je déplore une fois de plus, pour ma part, que le responsable de cette page puisse tomber dans des pièges aussi gros- siers. Il faut, en effet, n’avoir jamais rien entendu à Rimbaud pour oser soutenir que les « quelques phrases » citées sont de lui. La médiocrité extrême de l’expression, que ne parvient pas à masquer un travail laborieux de pastiche, entraîne d’emblée le préjugé le plus défavorable en ce qui regarde l’authenticité d’un tel document. Bien que cela fût superflu pour en avoir le coeur net, j’ai tenu à me procurer l’ouvrage annoncé sous le titre « La Chasse spirituelle » et j’ai eu la patience de le lire. Il n’y a absolument rien là qui soit de nature à laisser subsister le moindre doute : la paraphrase constamment maladroite aussi bien des thèmes que des modes de formulation de Rimbaud, l’absence de tout éclair au cours de ces quelques vingt-cinq pages (et c’est trop peu dire!) - par-dessus tout l’odieuse vulgarité de ton - ôteraient à elles seules toute envie d’argumenter plus longtemps. Les mystifications littéraires ne sont pas toujours dénuées de charme et je me souviens, en particulier, de « poèmes libres d’Apollinaire » qui, pour ne pas être dus à cet auteur, n’en singeaient pas moins brillamment sa griffe. Mais cette fois M. Pascal Pia exagère. Pour s’en tenir sur le plan des épithètes et des images, à qui - d’un peu sensible et informé - fera-t-on croire que Rimbaud succombe à des associations telles que « chats griffus », « mariées hypocrites », « mammouths furieux », soit assez en peine d’analogies pour se contenter de « la tête sonore comme un coquillage géant », d’« une terre chaude comme un oiseau » ? Les verbes ici en usage (« Des chansons niaises groupaient des rondes dans ma tête », employés parfois en toute ignorance de la langue (« Je titube les soixante vies du cycle ») ne le cèdent en indigence qu’aux représentations, aspirant à être de tout luxe : « je vois sans hésitation* (*sic) des falaises de quartz », etc. Il est à peine utile d’observer que le Rimbaud de 1872 - au faîte de son génie - n’eut pu connaître d’aussi graves et continuelles défaillances sans qu’il faille rejeter le principe d’identité. Je pense que Combat s’honorerait en déclarant sans tarder que sa bonne foi a été surprise et que l’ouvrage publié sous le titre « La Chasse spirituelle » est un faux, de caractère particulièrement méprisable. Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de ma vive considération. André Breton / André Breton 42, rue Fontaine IXe ».

Suit d’une autre main : « La polémique est ouverte : nous publierons incessamment la réponse de nos collaborateurs ».

15 000 €

126. [BRETON (André)] FOURRÉ (Maurice). La Nuit du Rose-Hôtel.

Paris, Gallimard, Collection Révélations dirigée par André Breton, 1950. 18,8 x 12 cm, broché, couv. rose illustrée, 303 pp..

Edition originale sur papier d’édition en S. P. (après 9 ex. sur Hollande et 55 ex. sur pur fil) de ce chef-d’oeuvre pré- facé par André Breton.

Envoi autographe de l’auteur : « Pour M. Maurice Nadeau / en bien sincère hommage / Maurice Fourré ».

Prière d’insérer joint. 250 €

127. BRETON (André). Manifeste du Surréalisme.

Premier manifeste, Second manifeste, Prolégomènes à un Troisième manifeste du Surréalisme ou non, Position poli- tique du Surréalisme, Poisson Soluble, Lettres aux voyantes, Du Surréalisme en ses oeuvres vives.

Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1962. 21 x 13,5 cm, broché, couv. imprimée, 363 pp., 2 ff. n. ch..

Edition collective (pas de grand papier).

Important envoi autographe signé d’André Breton : « à Maurice Nadeau / en très vive estime / - qui fut aussi amitié / André Breton ».

Dos passé.

L’exemplaire de l’édition la plus complète du Manifeste du surréalisme, offert à l’auteur de l’Histoire du surréalisme.

500 €

77 128. BRETON (André) et al. Lettre de soutien pour les Lettres Nouvelles.

16 juin 1965. 1 LS d’1 p. au format in-4.

Lettre tapuscrite d’une page, en soutien à Maurice Nadeau et aux Lettres Nouvelles menacées de disparition. Le document est signé par André Breton, J.C. Silbermann, Jean Schuster, Vincent Bounoure, Camacho, Mimi Parent, Alain Joubert, Philippe Audoin, ...

LS : « Les différends qui nous ont opposé à vous ne sauraient dissimuler à nos yeux le rôle qu’ont joué, ces dix der- nières années, les Lettres Nouvelles dans le domaine de la liberté de l’esprit. Chaque fois que dans le monde cette liberté était menacée, atteinte ou niée, les Lettres Nouvelles sont intervenues. Nous n’oublions pas que notre accord a été total sur la guerre d’Algérie, sur la Révolution Hongroise, sur la prétendue déstalinisation. Nous n’oublions pas que vous avez combattu la veulerie d’un bon nombre d’intellectuels de gauche, aussi bien lorsqu’ils tentent de faire passer l’assassin Siqueiros pour un martyr que lorsqu’ils feignent d’ignorer le monstrueux procès Brodsky, poète condamné pour crime de poésie en Russie en 1964.

Pour nous surréalistes, la publication, par les Lettres Nouvelles des oeuvres de Norman Brown, Gombrowitz, Arno Schmidt, Norman Cohn, Savarius, Anthony Shafton et du « Littérature et Révolution » de Trotsky a contribué à un approfondissement théorique et un enrichissement sensible essentiels.

C’est en ce sens que nous affecte cette défaite provisoire de la pensée révolutionnaire qu’est la disparition des Lettres Nouvelles. Nous avons tenu à vous le faire savoir.».

300 €

129. BUCAILLE (Max). Les Pays égarés.

Paris, Editions René Debresse, Le Loup Pendu, 1937. In-8 (19,3 x 14,2 cm), broché, couv. illustrée, 48 p., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Poèmes et collages de Max Bucaille et son frère Robert.

Un des 200 num. sur papier du Roy Louis vert Berry, seul tirage après 5 ex. sur Japon Impérial.

Bel exemplaire non coupé, dos lég. bruni.

150 €

130. BUTOR (Michel). L’Emploi du temps.

Paris, Editions de Minuit, 1956. 22,5 x 14,2 cm, broché, couv. imprimée, 299 pp., 1 feuillet dépliant (plan), 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire de premier tirage (11 septembre 1956) sur papier d’édition (après 40 ex. imprimés sur BFK Rives, seuls exemplaires contenant une eau-forte numérotée et signée de Matta).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Cet exemplaire de / [L’Emploi du temps] / appartient à Maurice Nadeau / Il lui a été offert / en témoignage de reconnaissance / par / Michel Butor / Il y a un plan de la ville dans les dernières pages ».

Annotation de la main de Michel Butor sur le feuillet dépliant : « Plan de Bleston ».

Exemplaire broché, dos bruni. 150 €

78 131. CALAFERTE (Louis). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. d’avril 1954 à août 1965. 23 LAS et 2 LS au format in-4 formant un total de 34 pp..

Importante correspondance composée de 23 lettres autographes signées et de 2 lettres signées.

Dans les deux premières lettres, Calaferte remercie Nadeau pour sa chronique de Partage des vivants, seul écho favorable paraissant alors dans la presse qui semble l’ignorer. Il évoque également une collaboration aux Lettres Nouvelles. Dans les suivantes, il est d’abord question de Septentrion, de son échec et de son interdiction, d’une pièce de théâtre, qu’il espère un temps voir montée par Geneviève Serreau et surtout de la publication de No man’s land, recueil de récits qui sera édité par Maurice Nadeau aux Lettres Nouvelles fin 1963, d’Ouroboros, un poème dif- ficile dont Maurice Nadeau publiera des extraits en revue, de Rosa mystica et de Satori qui seront édités par Denoël en 1968.

Durant les années 1962 à 1965, Maurice Nadeau sera la seule personne qui apportera un soutien sans faille à Louis Calaferte. C’est à lui que l’écrivain donnera à lire ses manuscrits, demandera conseil, s’en remettra pour être publié.

Les documents autographes d’importance de Louis Calaferte sont rares. L’ensemble ici proposé est d’une impor- tance capitale à la compréhension de son travail d’écrivain.

LAS avril 1954 à propos de sa chronique de Partage des vivants et d’une collaboration : « St Didier en Velay / Avril 1954 / Cher Monsieur Nadeaux (sic) / Je ne reçois qu’aujourd’hui votre lettre car je suis à la campagne et dans un bled perdu où les nouvelles n’arrivent qu’avec quelques jours de retard. Je ne vous cache pas que la demande que vous me faites d’un article m’a fait très plaisir et je suis content que ce soit vous qui me le demandiez, car j’ai su par Monsieur Julliard et par Yvette que vous aimiez mes livres. laissez moi, en même temps, vous remercier de votre article dans l’Observateur sur mon livre. Je vais écrire le papier que vous me demandez et vous l’aurez dans quelques jours. Je vous le ferai parvenir chez vous et s’il vous plaît vous le ferez passer. Seulement sans le problème du roman et de la réalité, je ne peux parler que de mon travail car je me méfie le plus souvent des généralisations par crainte du manque de justesse dans le jugement; ce serait plutôt le rôle d’un analyste, or, je n’ai pas le talent de la critique - et je dois être le seul de ma génération si j’en juge par le flot ravageur des obscures mais opiniâtres signa- tures qui frappent, sous le sceau de la condamnation ou de l’enthousiasme hebdomadaires les innocentes colonnes des journaux littéraires. Dans ce cas, je ne peux parler, en somme, que de ma brève expérience du métier d’écrire. Je tiens très régulièrement un « Journal » qui est plein de notes à propos de la création artistique qui, depuis que j’écris, est un des problèmes - avec celui du devenir de l’homme - qui me passionne le plus. Si toutefois la forme de ce papier ne vous convenait pas, soyez gentil : n’hésitez pas à me le dire si vous avez une minute pour me passer un mot. Voilà une bien grande lettre pour si peu d’explications, mais je tenais à vous dire tout ça. Merci encore d’avoir pensé à moi. Mon amitié vraie. Louis Calaferte. Je joins ma nouvelle adresse à tout hasard : 27 avenue de la gare Saint Didier en Velay Ht Loire ».

LAS s.d. : « Cher Monsieur, Je suis désolé de vous envoyer ceci chez Julliard, mais je n’ai pas retrouvé la lettre où vous me donniez votre adresse. J’espère que ces quelques pages vous conviendront. Serez-vous assez aimable pour me le dire dans un petit mot. En vous remerciant d’avance. Meilleures salutations. Calaferte ».

LAS Mai 1954 : « Cher Monsieur Nadeau, Tout à fait d’accord pour les rectifications que vous proposez sur mon « papier ». Je m’excuse de ne pas, plus tôt, vous avoir répondu, mais votre lettre, qui portait mon adresse actuelle, a été envoyée, par la maison Julliard, à mon ancienne adresse à Lyon. Le temps qu’elle me soir réexpédiée !... Je suis heureux que vous proposiez de publier un passage de mon roman ou une nouvelle. Je travaille effectivement un nouveau livre et d’ici peu, je vous enverrai le début car le manuscrit n’est pas complètement terminé. J’ai aussi une nouvelle, mais qui ne me paraît pas très bonne. [...] ».

LAS 7 septembre 1962 : « Cher Monsieur Nadeau, Je suis réellement touché de l’attention que vous me manifestez. Cela m’encourage beaucoup. Quant à votre lettre, elle m’a amusé. Je dois dire que je n’étais pas emballé de ma trou- vaille, Bien que je me sois creusé le carafon. Mais hélas en vain ! Mythegologie !!! Dans mon esprit, c’était composé de « Ego » (le « moi ») et devait - en principe - signifier (en toute simplicité!!!) « Mythologie du moi » et « Solsticielle » par ce que j’y attachais un sens occulte, m’occupant beaucoup de ces questions depuis près dix ans. Bon. Vous avez raison et mille fois raison. N’en parlons plus. C’est prétentieux et tout ce que vous voudrez. Ça ne tient pas. J’en conviens d’autant plus aisément que je n’étais pas très heureux de ce titre. Supprimons (Moi qui ne qui me vante d’avoir de bons titres!) L’ennuyeux, maintenant c’est que je n’ai pas de titre du tout et que j’envisage pourtant une sorte de composition cyclique donc « Septentrion » sera le premier volume, et « no man’s land » le second et « Satori » le troisième auquel je suis en train de travailler. Puis, si Dieu le veut, il y aurait un autre grand livre auquel je pense depuis trois ans maintenant, pour lequel j’ai environ 200 pages de notes etc. (Grande ambition - bien que j’aie cessé d’être ambitieux dans le mauvais sens du terme - mais c’est une autre histoire...) Pourrait-on attendre jusqu’au dernier moment pour le faux titre ? Peut-être que je vais avoir une trouvaille ? En tout cas je vais chercher. Sinon, tant pis. On laissera ça comme ça. Ce qui, d’ailleurs, n’a d’importance que pour moi. C’est un jeu de l’esprit, mais qui me permet de situer dans un tout, car dans une roue graduée, ce que je fais ou veux faire. Nous verrons. Merci tout de même de m’avoir dit ce que vous en pensiez. En ce qui concerne le livre, j’aime beaucoup la couverture jaune que 79 je trouve très jolie - ensuite elle est la couleur symbolique lunaire (ainsi que le blanc d’ailleurs) mais je préférerais le jaune. Pour le reste, c’est comme vous l’entendez. D’ici un peu de temps, si vous le voulez, j’espérerais vous faire parvenir deux choses. Ce sont deux poèmes. L’un « L’Évangile métropolitain » est un poème de 25 pages. L’autre « Rosa mystica » est un point de 15 pages. S’il y avait moyen d’en faire quelque chose. Mais d’abord j’aimerais que vous puissiez en prendre connaissance et que vous me disiez votre opinion sincère. Et puis j’aimerais beaucoup bavarder avec vous de tas de choses qui sont pour moi des projets possibles... mais j’ai peur d’oser. J’ai en moi des univers fous. Des flots de verbe. Mais je n’ose pas me laisser aller, pensant que je perds mon temps et que personne ne voudra de ça. Je reste toujours « en-deçà » par timidité. L’échec total de Septentrion a été un coup rude pour moi dans le sens de mon travail et non pas dans le sens du gain ou du public auxquels je ne pense guère. (la preuve en est qu’à notre époque, moi, j’écris des poèmes ! Il faut être dingo !) Bonjour cet hiver à Berlin une pièce de moi en un acte « Clotilde du Nord » que j’avais fait jouer à Paris et qui avait été un four monumental ! C’est un ensemble allemand qui me la demandée. Rien d’autre. Je travaille tant que je peux et ma santé n’est hélas pas brillante. J’ai tout de même obtenu de Pierre Javet 50 000 fers. (ancien!) par mois pendant 6 mois ! Ce qui revient à dire qu’en six mois je dois écrire un livre ou alors je passe pour un « pompeur » d’argent. Merveilleux ! Enfin, il faut se dire que c’est sûrement déjà bien joli de recevoir ça de gens qui ne gagnent pas d’argent avec votre malheureuse prose ! Merci à vous, vous êtes très gentil et j’y suis sensible. Calaferte ».

LAS du 26 novembre 1962 : « Cher Monsieur Nadeau, Je voulais vous écrire sitôt mon retour mais je sors tout juste d’une grippe terrible qui m’a couché un bon bout de temps. Je veux vous remercier de tout ce que vous m’avez dit. Non pas à cause des compliments mais par ce que vous m’avez - et vous avez ici le seul ! - parlé de mon travail, de mon possible travail sur le ton que j’aurais aimé trouver dans la maison Julliard - hélas !... Je vous suis infiniment reconnaissant de votre attention à mon égard. Vous m’avez fait un bien énorme en me parlant. Non seulement pour mon livre achevé mais pour ce que j’écris actuellement. Je suis dans la plus totale la plus absolue solitude depuis 10 ans. Je vis pour écrire. Mais je doute sans arrêt de moi-même, sans vous j’ai peur de m’égarer, j’ai peur de n’avoir pas la force nécessaire pour faire ce que je sens en moi d’enraciné. L’écriture est ma vie. Elle est ma vie à un degré que personne ne sait. Je crois être un artiste total par ce que mon existence est nouée autour de mon travail et qu’ils se confondent. Malheureusement, un homme a besoin d’être entendu dans ce qu’il considère comme essen- tiel pour poursuivre avec foi. Vos paroles ont été pour moi un coup de fouet. On avait rendu heureux. Merci. On a hélas besoin de ce succès - fût-ce compris d’une seule personne - pour oser continuer et aller plus loin. Vous savez il y a beaucoup d’instants où je n’ose pas me laisser aller librement dans l’écriture parce que je sais trop que je ne sais rien, que je ne représente rien et que ma voix est nulle. Ce sentiment est absurde en soi, je le sais, mais c’est tout de même pour moi un frein redoutable. Si je savais qu’on m’approuve dans ce que je fais, je crois que je ferais mieux encore. Sans le savoir, Monsieur Nadeau vous avez été la première personne depuis 10 ans à me dire que j’étais dans la bonne voie. Soyez remercié. Calaferte. Septentrion doit paraître chez Tchou. J’ai reçu un contrat de Javet. Malheureusement ils ne tirent qu’à 2.000 exemplaires à 4500 francs. Ce n’est pas encore « l’indépendance du poète » !!! Tant pis ! J’ai de vous une adresse qui date de longtemps déjà. Peut-être n’est-ce plus la bonne. Je mets la mention : « faire suivre » ».

LAS s.d. [janvier-février 1963] : « Cher Monsieur Nadeau, J’apprends de M. Mayard que vous avez eu un service de presse de mon livre : Septentrion. Je devais venir à Paris signer, mais j’ai été une fois de plus malade. Mon intention était de vous dédicacer un livre pour la gentillesse avec laquelle vous avez bien voulu bavarder avec moi. Aussi je vous fait parvenir un exemplaire nouveau. J’ai achevé et je suis en train de corriger un livre de récits mais qui est d’une nature spéciale par le ton et la forme. Je voulais vous demander si vous accepteriez, d’ici quelques semaines, de lire le manuscrit de ce livre avant quiconque. Si cela vous ennuie, dites-le moi ouvertement. Je m’adresse à vous parce que vous avez toujours manifesté de l’attention à mon travail et vous ne saurez jamais exactement quel bien vous m’avez fait lors de cette rencontre du mois de novembre. Je vous fais suivre l’exemplaire que je vous réserve. Mes meilleurs sentiments. Calaferte ».

LAS du 28 février 1963 : « Cher Monsieur Nadeau, Merci de votre lettre et de votre gentillesse. Oui l’édition de « Septentrion » est très belle, mais je ne sais pourquoi, je reste bizarrement inquiet vis-à-vis de ce livre. Ça a été une telle aventure intérieure pour moi ! Je vais commencer à dactylographier au propre mon recueil de récits, qui a pour titre général : « No man’s land », et je vous l’enverrai aussitôt puisque vous avez accepté de me lire, ce dont je vous suis reconnaissant car je travaille dans une totale solitude. Je vous écrirai au sujet de ce nouveau livre pour vous expliquer sous quelles conditions d’esprit il a été composé - car c’est un livre encore assez particulier par ce ton. J’accepterais volontiers un exemplaire de « Sexus » si vous en avez un, car lors de sa parution j’étais à Paris mais je n’avais pas assez d’argent pour l’acheter. Puis, peu après, il a disparu des librairies. Si vous venez à Lyon, bien entendu j’aimerais beaucoup vous voir. Sachez que je suis excessivement sensible à l’attention que vous me manifestez. Merci. Calaferte ».

LAS 22 avril 1963 à propos de la réception de Septentrion, de No man’s land et d’une pièce de théâtre : « Cher Monsieur Nadeau, j’achève enfin le long pensum de la dactylographie et des premières corrections de mon livre de récits. Je vous l’envoie. Inutile de vous dire que votre avis me sera précieux. Je sais que je vais vous importuner avec cela, mais j’aimerais que vous me renvoyiez l’épreuve dactylo quand vous aurez fini de la lire, car je n’en ai en tout et pour tout que deux exemplaires. Je pense publier ce livre dans les mois de la rentrée. Aussi j’avertis M. Javet de sa finition, si tant est que la maison Julliard (qu’en reste-t-il !!) veuille encore de moi ! Septentrion a donc été un échec complet. J’ai eu en tout et pour tout 2 articles ! Deux articles - dont un très désagréable. Sans y mettre la

80 moindre vanité j’avoue que je ne m’explique pas ce silence. Après la grande audience de mes deux premiers livres ! J’estimais que - sur le seul plan de l’écriture - cela méritait mieux. Et au moins qu’on m’en fasse mention ! J’avoue que je suis dans le trente sixième dessous ! Cinq années de travail scrupuleux ! Pour ça ! Pour rien ! Enfin... j’ai eu la satisfaction de me grandir moi-même... il faut bien me contenter avec quelque chose ! Si j’avais pondu alors à la va-vite une histoire bien torchée et mal écrite, on se serait vraisemblablement penché dessus avec attention ! L’art ne sert qu’à soi - c’est l’évidence ! J’en viens à me demander si je suis ou non un écrivain de qualité ! Sûrement pas - la preuve ! No man’s land, que je vous envoie est d’un ton différent. Et maintenant est-ce que je puis abuser de la gentillesse que vous m’avez témoignée ? J’ai scrupule à le faire, croyez-le, car j’ai horreur de « taper » les gens. Mais hélas je ne connais personne dans Paris et vous êtes le seul à m’avoir tendu la main. Si je vous ennuie trop dites-le moi, nous n’en parlerons plus. Voici de quoi il s’agit ! J’ai une pièce de théâtre prête. Mais : 1) c’est une oeuvre diffi- cile. 2) Elle exigerait un excellent metteur en scène. 3) Elle exigerait deux acteurs hors pair. Dans la logique, je pense qu’il faudrait [?] en relation avec un metteur en scène de valeur susceptible de s’intéresser à l’oeuvre qui est très spéciale et peut être déroutante à priori. Ce que je voulais vous demander comme un service, c’est si vous connais- sez quelqu’un dans ce qu’il est convenu d’appeler : « le théâtre d’avant-garde » ? Si oui, serait-il possible de [?] des relations ? Ne voyez pas de l’impudence dans cette demande, mais je ne sais à qui m’adresser. Naturellement, cette pièce, si vous en consentez, est à votre disposition - mais j’ai tout l’air de vous accabler sous mes pauvres textes ! Est ce que vous voudriez être assez gentil pour me répondre ? Évidemment, personne n’a encore lu cette pièce. Et il est évident aussi que la lecture ne donne pas toute l’ampleur de mes intentions, car le ton en est excessivement particulier et il faudrait que je la lise moi-même à qui voudrait s’y intéresser éventuellement pour « déblayer » au moins la première optique qui est la mienne. Tout cela est compliqué et je ne suis guère à la hauteur de toutes ces « tractations » que j’envisage. J’ai l’intention d’aller à Paris courant mai. Pour mon livre et aussi pour cette pièce. Si vous le permettez, je vous avertirai de mon passage car j’aimerais beaucoup vous rencontrer, vous vous en doutez. Voici ce que je voulais vous dire. Je vous demande de croire que mon intention n’est pas d’agir envers vous avec sans-gêne. Calaferte ».

LAS 18 mai 1963 : « Cher Monsieur Nadeau, Je pensais avoir le plaisir de vous rencontrer mardi prochain car j’avais rendez-vous avec M. Javet. Mais ma santé est telle que tout déplacement m’est strictement impossible. Je suis à demi-crevé. On me bourre de piqûres. Follement gai ! J’écris à M. Javet en lui disant que peut-être vous pourriez lui faire passer le manuscrit de « No man’s land », puisque je ne vais pas à Paris. Si cela vous ennuie j’en ai un autre exemplaire que je peux lui envoyer, mais je pense que de cette façon ça vous éviterait de me le réexpédier. Au moment où je vous avais écrit, j’avais également écrit à Yvette Bessis pour la question de la pièce. Elle me répond exactement ce que vous m’avez répondu : que G. Serreau était mieux placée que quiconque. Il va sans dire que j’attends, avec crainte, votre jugement sur ces deux choses, si vous le voulez bien. Je pensais pouvoir en parler avec vous, ce qui aurait été plus agréable. Hélas, il est prouvé que je ne tiens pas le coup ! Si je vais mieux, (cela ne sera pas avant un mois, selon les toubibs !) j’essaierais de [?] à Paris... mais!... Toutes mes amitiés, cher Monsieur Nadeau, en déplorant encore de ne pouvoir vous voir. Calaferte ».

LAS 22 mai 1963 : « Cher Monsieur Nadeau, Je vous persécute !! Les nouvelles que vous me donnez de ma pièce me semblent encourageantes. Mais sans doute aurais-je dû expliquer à mes intentions. J’ai recherché un mélange de froideur et de poésie. Dans la forme et dans la langue. Dans l’idée générale, j’ai voulu qu’il y ait la notion d’inter- pénétration des humains, de compénétration des individus - avec la confusion presque métaphysique qui en découle forcément - en faisant interpréter tous les rôles par deux personnages seulement. A priori, j’ai refusé la « progression » dramatique sur le strict plan « technique ». Si la pièce était montée, il serait important de dégager la progression interne qui va de l’insensibilité au lyrisme, (la scène de la publicité devant être donnée comme lyrique) définissant ainsi le cycle d’une civilisation qui va, d’une sorte de gestation faussement intellectualisée à son épanouissement - disons nerveux, névrosé, névroïde, comme pourrait l’être des primitifs. La raison et la logique n’ont plus ici de place, parce qu’elles sont pour ainsi dire « défigurées ». Cette pièce est à la fois la satire et l’optique tragique d’un monde moderne dévirilisé ! En effet, la pièce s’achève sur une note considérée (à tort ou à raison) comme essen- tiellement féminine et même lunaire ! Les larmes (par ailleurs, sont également un élément lyrique et un espoir de rédemption, dont les racines se trouvent pratiquement partout en filigrane dans la confession du langage. La pièce est « techniquement statique », son mouvement est à l’intérieur comme un homme immobile est pourtant en mou- vement perpétuel à l’intérieur de lui-même. La valeur de cette pièce - si elle en a une!! - et donc très précisément graduée par la juxtaposition des différents langages ou, parfois, reviennent des leitmotiv de confession, comme une résurgence soudaine d’un chaos originel, symbolisé ici par la mécanisation. Il est évident que si la pièce était jouée, l’acteur aurait un rôle capital dans la transmission au public - par découlement le metteur en scène peut tout faire. Ce processus cyclique est également, dans une certaine mesure, celui de mes nouvelles (excepté « La Soirée chez Brandès ») où l’onirisme se mêle au plan concret avec une fusion d’au moins trois types de langage. Il est évident qu’une recherche typographique serait même souhaitable - mais !!!... Je pense d’ailleurs qu’il n’y a pas de meilleur reflet du mouvement en spirales de la pensée et le ton serait être celui de mon prochain livre mais sur une étendue de 500 pages. Ce qui est loin d’être commode et va me demander du temps et du travail. En effet, votre remarque concernant « l’écriture automatique » pour employer une formule simple, correspond bien à ma tentative, mais sachant toutefois que rien n’est plus élaboré que l’écriture « automatique », par ce que procédant de la reconstitution intellectuelle pas l’interprétation poétique de l’univers subconscient- ou même de celui du rêve, carrément. Ceci dit je serais évidemment heureux si ma pièce pouvait être jouée - et j’espère!! Merci à vous de votre gentillesse. Bien cordialement. Calaferte ».

81 LAS 25 mai 1963 : « Cher Monsieur Nadeau, Merci de votre lettre. Je ne vous cache pas la joie qu’elle m’a causée. Je suis toujours tellement anxieux que j’ai besoin de quelques encouragements. Maintenant, il y a une chose qui est importante, très importante à mes yeux : c’est la question de votre collection « Les Lettres Nouvelles ». Je n’aurais jamais osé vous le demander, mais puisque vous avez la gentillesse de m’en parler le premier, alors je dis oui ! et mille fois oui ! Car si je ne craignais d’abuser, je vous demanderais de faire en sorte - vous seul le pouvez car moi, ma voix compte à peu près pour zéro ! - de faire en sorte que cela se réalise et que No man’s land soit publié aux L.N.. Ce serait une belle satisfaction pour moi - si toutefois M. Javet accepte ! Mais je ne sais pas au juste comment ça se passe dans la maison. Si vous le pouvez, je vous en serais reconnaissant ! Quant à « Brandès », sa publication dans votre revue, serait naturellement la bienvenue pour moi ! Faites en tout comme vous l’entendez. Et laissez moi vous remercier encore. Bien sincèrement. Calaferte ».

LAS s.d. : « Cher Monsieur Nadeau, C’est une excellente nouvelle pour moi - dont je vous remercie - de savoir que je vais être publié dans votre collection; et vous devez le comprendre. Je ne vous cacherais pas que je préférerais cette publication en Octobre-Novembre - si cela est possible. Espérons que No man’s land ne disparaisse pas dans les ténèbres comme mon malheureux Septentrion ! Quoi qu’il en soit, je suis content d’imaginer la « couverture jaune ». Je pense que pour ma pièce ça ne doit pas « marcher ». Tant pis. Je m’acharne actuellement à mettre en ordre les éléments de composition de mon gros bouquin « Transfert » sinon en est encore qu’à la période des limbes et me demandera plusieurs années de travail - ce qui me força regretter amèrement la disparition ne René Julliard qui avait une autre conception du travail de ses écrivains et auprès duquel j’ai toujours trouvé une grande et généreuse com- préhension... Ce qui n’est plus le cas. On travaillera tout de même puisque généralement c’est un accomplissement de soi que représente l’écriture. Mais il y a des moments bien durs dans l’indifférence manifeste de la part de gens dont ce devrait être la conscience que de se pencher amicalement sur quelqu’un qui écrit en plaçant au-dessus de tout les impératifs de l’art. (je crois que je retarde un peu sur l’époque !!! Mais Flaubert, le pauvre, se plaignait déjà - toute proportion gardée, ça va de soi !). Veuillez avoir la gentillesse de me dire si la parution en octobre est possible, auquel cas je vous serais reconnaissant de me faire renvoyer le manuscrit que vous avez entre les mains et qui n’a pas bénéficié des ultimes retouches que j’ai apportées par la suite. Je vous renverrai alors à un manuscrit définitif prêt pour l’impression - le voudriez-vous pour avant ou pour après les vacances ? C’est-à-dire fin août ou tout de suite ? Merci de votre attention pour moi. Ce n’est pas un simple mot de convenance, croyez-le, vous êtes le seul homme qui me témoigne un peu d’intérêt et cela n’a pas de prix dans mon esprit. Toutes mes amitiés. Calaferte ».

LAS 10 août 1963 : « Cher Monsieur Nadeau, J’ai reçu le jeu d’épreuves de No man’s land. Les corrections sont terminées. Je vous remercie. Je suis très heureux de paraître dans cette collection. Il y a simplement une grave inversion de texte à la fin de la nouvelle Dies Dominicus. Je l’ai signalée sur les épreuves. Je pense avoir le plaisir de vous voir bientôt à Paris, à la rentrée. Je voudrais vous demander s’il est possible sur la page : « du même auteur » de signaler d’une façon quelconque que Septentrion n’est pas dans le commerce - sans que ce soit volontaire de ma part. Je vous laisse juge. J’ai reçu la lettre de refus de G. Serreau pour ma pièce. Serait-elle assez gentille pour me renvoyer le manuscrit ? Merci à vous et croyez mes meilleurs sentiments. Calaferte ».

LS 24 août 1963 : « Messieurs, Comme vous le demandiez, je vous retourne, corrigées, les épreuves de mon livre No man’s land. Y aura-t-il un second jeu d’épreuves ? J’attire votre attention sur une grave inversion qui s’est pro- duite à l’imprimerie, concernant la fin de la nouvelle : Dies Dominicus, à la fin de la planche 14. Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir suivre attentivement le manuscrit. Par ailleurs, je joins à cette lettre la prescription de quelques modalités auxquelles je tiens essentiellement. Veuillez accepter mes remerciements et mes meilleures salutations. Calaferte». On joint le feuillet de prescription concernant le faux-titre (avec « Mythegologie solsticielle » en titre général) et la page « Du même auteur » où Septentrion est indiqué comme « hors-commerce » ».

LAS du 16 septembre 1963 : « Cher Monsieur Nadeau, Depuis ma dernière lettre, je cherche un titre mais en vain. Donc, je crois que le mieux est de s’en passer tout au moins pour No man’s land. On verra plus tard. Anne Rives m’a écrit pour une histoire de contrat que je n’ai pas signé et me disant et mon livre ne paraît - en principe qu’au mois de novembre ? Qu’en est-il réellement ? Toujours le manque évident de sympathie envers moi de la part de la mai- son. Pourquoi, bon Dieu ! Enfin... Je vous envoie l’un des deux poèmes dont je vous avais parlé : « Rosa mystica ». L’autre l’Évangile métropolitain n’est pas dactylographié et je vous l’enverrai bientôt. J’aimerais avoir votre opinion sur ces deux travaux, et savoir s’il est possible d’en faire quelque chose ? Pardonnez-moi si je vous embête avec ma production mais la gentillesse que vous m’avez témoignée jusque-là a été pour moi un vif et réel encouragement. J’ai vu aujourd’hui Charles Juliet qui m’a parlé de votre livre sur Leiris. Auriez-vous l’amabilité de me le faire parvenir. J’aimerais le lire et j’en ferais un compte rendu à la radio où j’ai une rubrique littéraire assez écoutée. Ça me ferait plaisir de le faire pour un livre de vous. Juliet est un très gentil garçon, intelligent, mais difficile à suivre. Il ne sort pas de lui-même - ou peut-être n’y entre-t-il pas suffisamment. Il se débat avec des questions intelligentes mais dans une certaine mesure la pensée est nuisible à la création, aussi patauge-t-il beaucoup. À mon avis, c’est pourtant quelqu’un qui a quelque chose à dire mais qui n’a pas encore trouvé le « ton » de son expression. (l’ai-je trouvé moi- même ? Il est vrai que je suis moins intelligent que lui - sur le strict plan de la pensée analytique.) Inutile d’ajouter que j’attends votre avis sur mon travail avec fébrilité. Je souhaite que nous puissions nous voir à Paris peut-être prochainement. Bien à vous. Calaferte ».

LAS 22 septembre 1963 : « Cher Monsieur Nadeau, J’ai reçu votre livre [Michel Leiris et la quadrature du cercle]. Merci. Merci surtout de la gentillesse intentionnelle de votre dédicace. Je prends des notes en le lisant pour établir

82 une chronique radiophonique. Je consacrerai une « tranche » de 9 minutes à ce livre. Il y a tout un public que cela intéresse et je ferai de mon mieux. Je ne l’ai pas encore fixé, mais je pense que ce qui est surtout frappant c’est la vie et la lucidité de l’analyse que vous avez donné à la forme de cet essai. Il y a un travail de « re-création » à partir de la création de quelqu’un. J’essaierai de dégager cela pour le public des auditeurs qui, en général, m’écrivent en me disant qu’ils suivent mes avis et ne s’en repentent pas. Je joins à cette lettre le manuscrit de l’Évangile métropo- litain. A ma [?] Je n’ai pas trouvé de titre génial pour couvrir Septentrion et N. M. L.. Tant pis. Nous verrons pour le prochain ouvrage. [...]».

LAS octobre 1964 : « Cher Monsieur Nadeau, Merci de votre réponse aussi rapide. C’est d’autant plus gentil à vous que vous devez être occupé, effectivement, par vos lectures ; de n’y avoir pas pensé. C’est entendu, je vous enverrai Satori. Non, il n’y a besoin d’aucune explication, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, et d’ailleurs votre jugement suffira. Je voulais simplement dire que j’aurais aimé spécifier, mais dans une conversation, la nature, la source, l’exigence de ce livre, [?] de cet écrit et aussi la nécessité de sa forme fragmentée. Sorti de là, qui sont toutes raisons intimes, le livre est évidemment autonome. C’est gentil de me dire qu’il il y a un intérêt autour de no man’s land. Oui. [?] J’ai été contacté par un groupe de jeunes gens et de jeunes filles, étudiants, qui sont venus me dire qu’il me tenaient pour l’écrivain de leur génération, etc. Mais la jeunesse a des engouements. Ce qui il y a dans mon travail est plus secret, plus mystérieux - peut-être perçu par la jeunesse, qui, pourtant... Enfin, c’est un peu encourageant. Il y a des césa- riennes indispensables. Mon ambition serait d’être un des chirurgiens. Vous êtes bien gentil avec moi. Vous êtes bien le seul ! Certainement sur votre intervention, Mme Anne Rives m’a écrit. C’est d’accord. Je me suis consolé peut-être trop vite... Ils produisent. Merci encore je vous écrirai pour vous dire que je vous envoie le manuscrit. Croyez en mon amitié. Calaferte ».

LAS 19 octobre 1964 : « Cher Monsieur Nadeau, Je comptais vous voir à Paris, où je devais aller. Ma santé m’en empêche. J’aurais pourtant aimé converser avec vous de diverses choses - et surtout, naturellement, de mon travail. Peu après votre passage à Lyon, oh je crois y avoir c’est en ce, j’ai achevé mon livre : Satori. De par sa conception, sa structure intime, il se rattache à No man’s land et à Septentrion. Il en est, en quelque sorte, le troisième « volet ». Mais il est, de par son caractère émotionnel, une sorte de « portrait psychique » de moi-même. C’est une oeuvre à part, difficile, par endroits hermétique, Par ce qu’elle reflète, sans tricherie, un état individuel. Elle répond d’ailleurs, et s’est [?] en moi, à trois sources différentes dont on peut, je crois percevoir à sa lecture les trois tonalités. Mais tout ce que je pourrais en dire, vous dire, en parlant, devient sous la plume prétentieux. Voulez-vous me lire? Car je pense, depuis l’achèvement de ce livre, voilà plusieurs mois déjà, qu’il ne faut se heurter qu’à l’épaisseur hostile à mon égard de la maison Julliard (comme du reste No man’s land) et que seul pouvez l’aider. Dites-moi quand cette lecture vous gênera le moins et je vous l’enverrai. On se conduit, chez Julliard, avec moi d’une manière dominante qui me peine beaucoup. Pourquoi ? On avait dit, avant les vacances, que No man’s land devrait être traduit en allemand. Plus de nouvelles. J’ai écrit à Madame Anne Rives . Pas de réponse. Je ne sais donc plus rien de ce projet. Écrire encore m’humilie. René Julliard, de son vivant, avait toujours la courtoisie de répondre lettre par lettre. Maintenant, on fait comme si on voulait m’ignorer. Je n’ai pas l’âme d’un lèche-cul et me refuse à me traîner aux bottes d’un petit subalterne hystérique et sous-alimenté ! Quant à la bande de connards mal polis qui garnissent les bureaux, leur laideur physique explique pas mal de choses ! J’ai comme une vague idée que, ayant signé aucun contrat pour No man’s land, ce limaçon de dortoir a voulu quand même avoir ma signature en me faisant miroiter une transaction - pour laquelle j’ai signé! Si c’est cela, Je vais quand même le voyage pour lui tartiner la gueule comme il le mérite ! Cette petite vesse de chambrée a besoin de leçon. Il faudrait, bien sûr, que je ne [?]. Mais je suis archi-crevé, ce n’est pas un vain mot. Tout voyage me terrorise par avance. Il faudrait que je me déplace avec des seringues! Je me laisse emporter... Je suis bien seul. Ça va jusqu’à ce que sa n’aille plus. Enfin !... Mais bien sincères amitiés. Calaferte. J’aurais aimé pouvoir vous parler de ce livre un peu particulier et qui répond à des exigences et à des impératifs que seule une connaissance de moi-même pourrait rendre plus clairs... Il y entre la part de la « voyance », vous comprenez, je pense, à demi-mot ? ».

LAS du 5 novembre 1964 : « Cher Monsieur Nadeau, Encore moi ! - j’ai pour excuse la gentillesse que vous me témoignez. Je vais prochainement vous expédier le manuscrit de Satori. Mais, auparavant, je voudrais vous vous demander quelque chose de plus difficile. Satori, à mes yeux, est fixé (depuis de nombreux mois) il est donc déjà loin, bien qu’il reste à éditer. Pourtant, c’est autre chose qui m’occupe. Pour cela, c’est à vous que je m’adresse. Je travaille à une tentative littéraire qui a peu de précédents, du moins la connaissance (Joyce excepté) mais ma ten- tative à moi est plus complète en ce sens qu’elle est uniquement un volume sonore contenant une signification par la seule magie verbale. J’ai écrit à ce jour 84 pages dactylographiées de ce texte. Je vous envoie les 10 premières pages qui constituent le prologue. Car il est émotionnel pour moi, au point où j’en suis, de pouvoir juger de leur recevabilité. Vous comprendrez en lisant le texte. Tel que je le conçois, ce volume achevé compterait environ 130 à 150 pages dactylographiées. Ce que je voudrais, cher Monsieur Nadeau, c’est votre opinion de juge. Je sais qu’il est difficile de demander cela de but en blanc mais j’ai besoin de vous, parce que j’ai confiance en vous, en votre opinion. Soyez bien sincère, - je vous en remercie par avance. Je n’écrit pas dans le vide. Je n’écris pas pour écrire, vous le savez. (Mais vous ne me connaissez pas !) Si vous estimez que ce texte a son importance dans un [?] d’absolu littéraire, je vous demanderais donc de le passer en revue. Les Lettres Nouvelles me semblent tout indiquées pour cela. Mais, n’anticipons pas. Je crois qu’il y a une force poétique interne dans cette recherche. Ou je me trompe du tout au tout. L’essentiel en art n’est-il pas de créer des issues ? De faire des césures ? Je souhaite ne pas trop vous ennuyer. Satori va vous parvenir. Je corrige la frappe dactylographique. Très amicalement. Calaferte ».

83 LAS du 14 décembre 1964 : « Cher Monsieur Nadeau, Je vois bien que ce n’est pas sans crainte que j’ai attendu votre réponse et, le temps passant, je forgeais moi-même les objections concernant le texte l’Ouroboros. Maintenant, cher Monsieur Nadeau, j’ai beaucoup à vous remercier. D’abord pour votre parfaite honnêteté intellectuelle, au- jourd’hui je crois, si rare; est d’autant plus méritoire que Ouroboros, je le comprends bien, n’enlève ouf pas absolu- ment votre adhésion. Je suis donc plus sensible encore à l’attention que vous voulez y porter. Il en allait de même pour No man’s land. Je vous dois déjà beaucoup. Je ne vous dis pas cela dans le but de vous flatter, je me situe à une autre altitude quand il s’agit de l’Écriture. Sans doute, habitué que vous êtes à lire des textes, à en critiquer et en publier, ne savez-vous pas exactement quelle place vous êtes susceptible d’occuper dans l’orientation, dans la pensée d’un écrivain, comme, par exemple, moi. J’ai noté, dans mon Journal, il y a bien des années déjà, notre pre- mière rencontre, dans un bureau chez Julliard, où vous m’aviez alors félicité pour Requiem et mis en garde quant à l’avenir. Puis, je me suis vous enfoncez dans un silence qui fut une assez exceptionnelle aventure spirituelle; à l’issue de laquelle Septentrion a pris forme. Les années d’obscuration m’ont placé, au plan individuel, dans un retrait qui est un aspect de la pureté intellectuelle. (que je condescends quand je gagne ma vie, [?] de quoi subsister à l’abri; c’est à dire de quoi écrire - est une autre question.) Notre rencontre, lors des difficultés d’édition de Septentrion a été dans ma vie d’écrivain quelque chose de très marquant. Comprenez que j’étais parti de Lyon un peu irrité, sans beaucoup d’espoir, et que le manque absolu de sympathie à mon égard des gens très superficiels dans la fantôm[atique] mai- son Julliard m’avait désarçonné. J’étais ultérieurement défait - et vous ne pouvez savoir à quelles extrémités atteint en moi la désespérance. Septentrion représentait pour moi plus qu’un livre ordinaire à publier. Il était le noeud de pureté de ma trentième année, l’aboutissement de dix années, non seulement de travail, mais surtout, de [?] de vie. Je me heurtais à de l’inconscience, à de la légèreté, de la part des gens qui ne supposent pas même ce que peut-être un travail d’écrivain critique. Je suis un timide. Déranger les gens à propos de mes affaires me semble toujours vani- teux. Je ne vous ai téléphoné alors, afin de vous rencontrer, que sur le conseil d’un ami; sans trop croire que vous consentiriez à me voir. Nous avons bavardé et, vous quittant, j’étais « remis en selle ». C’est grâce - et uniquement - à cette confiance que vous m’aviez redonnée, que j’ai écrit No man’s land, je le reconnais bien volontiers - et vous l’ignoriez. Depuis, je dois dire qu’en écrivant je pense à vous très souvent. (j’ai l’air de vous charger là d’une bien accablante de responsabilité, ce n’est pas ainsi que je l’entends. Le rôle, presque déterminant que vous jouez main- tenant en moi, est d’ordre subjectif, mais pour moi d’une très réelle importance.) Tout ce qui précise, pour que vous sentiez combien est capitale votre lettre de l’autre jour (il est bon, je crois, de m’exprimer avec franchise, car on ne soupçonne jamais tout à fait les conséquences qu’on représente pour certains êtres). Je voulais reprendre les termes mêmes de votre lettre. Rassurez-vous, je ne vais pas aider en faveur d’Ouroboros; simplement tenter, car je vous le dois, ne fût-ce que par gratitude, une mise au point qui concerne non seulement ce texte, mais ceux qui viendront - s’il doit en venir... Finalement, Je voudrais me faire mieux connaître de vous, Cela m’importe puisque que je suis loin, que je ne bouge pas et que nous n’avons pas l’occasion de parler ensemble. Je ne me fais aucune illu- sion. Ouroboros est illisible sur une durée de 30 à 50 pages. A la vérité, il n’est lisible, c’est à dire recevable que par bouffées, par bouffées émotionnelles. Il a été écrit ainsi (j’en ai à présent 90 pages - travail qui s’étale sur plus d’une année. Vous voyez donc la lenteur, qui provient du fait que je ne l’écris pas dans des moments « d’extase », « d’ins- piration » (mot qui fait rigoler) il ne s’agit pourtant pas « d’écriture automatique »; car j’abomine un non-rationnel absolu. Je serais porté, plutôt, à employer le mot : « magie ». Je compare ce travail à ce que doit être l’écriture d’une symphonie pour un musicien. Premier temps pour le musicien ! Le choc émotionnel incontrôlable, temps au cours duquel s’impose à l’artiste la ligne mélodique, sans doute envahissante, presque oppressante, dont il va avoir à se débarrasser. Second temps : l’écriture, c’est-à-dire la technique. Le « choc » va donc être, à ce niveau, normalisé, discipliné. Pour mon texte, il en va de même. Car d’abord, le cri, le cri d’amour, L’admiration, d’émotions, de ten- dresse, d’exaltation seront une beauté frappante. Ensuite : l’ordonnancement de ce cri en termes, un langage qui ne corrompt pas son essence, sa nature de cris; sa quintessence, devrais-je dire (qu’est-ce qui nous envoûte, nous, blancs paralysés pas l’excès d’intellectualisme, par notre éloignement naturel, - dans la musique noire ? C’est la magie originelle de l’expression par le cri brut qui nous fascine - et aussi nous laisse en quelque endroit de nous réticents). La communication avec l’extérieur (lecteur, auditeur, spectateur) ne s’effectue qu’à un second degré - qui est le « degré psychique » : on a longtemps et beaucoup ri de la musique noire, on a longtemps et beaucoup ri de la peinture abstraite. Il faut aux êtres du temps pour que l’oeuvre et non sans musique pénètre au-delà de la raison jusqu’à leurs fibres profondes, dont ils n’ont pas l’inconscience. Ce qui gâte le « lettrisme », dont vous me parlez, c’est qu’il est une « recherche » à partir d’une objectivation littéraire, Intellectuelle. Ce qui gâte (seulement par en- droits) Artaud, c’est la sous-jacence de la démence. Ce qui gâte (tout au long) Joyce (je parle ici de Finnegans Wake) c’est un dépassement concerté du langage ordinaire, mais avec l’absence du flux d’inspiration qui caractérisait cer- tains passages d’Ulysse. Dans les trois cas, ce qui manque, c’est l’authenticité totale de l’exigence intérieure chez l’artiste - l’exigence chez Artaud étant, parfois, d’une nature pathologique, donc plus d’essence esthétique. Je m’ex- plique sans doute bien confusément. Je veux dire ceci: quand on voit quelque chose de beau, le cri part. Ce n’est qu’après que, quelquefois, on cherche à analyser ou, du moins, à objectiver. Dans Ouroboros, le processus est celui- là même. Poursuivant selon vos vues, vous me parlez de « réforme du langage ». Bon point. Vous avez mille et mille fois raison ! Le poète ne transforme pas le langage. Et à quoi cela servirait-t-il ? Pour l’homme courant, le langage est bien suffisamment explicite. Pour le poète, chacun trouve et trouvera sa langue propre. Je vous approuve et suis heureux que vous pensiez ainsi. Utile ? Demandez-vous ? Je réponds catégoriquement : oui. Et je vais vous dire pourquoi, à mon sens.(qu’il soit d’abord bien entendu que je n’envisage pas de faire des adeptes !! Je suis moi - et cela me suffit.) Mais voici : tout esprit est borné, conditionné par ce qu’il connaît, supposé connaître ou croît déceler. Cela est [?] pour tout un chacun. Moi, je n’ai en vue que l’écrivain. Or, il n’est pas niable que tous les écrivains pro- cèdent, plus au moins, conscient ou inconscient, les uns des autres. Pour que vive la littérature, pour que vive l’art, d’une manière générale, il a besoin qu’on lui fasse de temps à autre ce que j’appelle des « césariennes ». C’est à 84 partir d’une certaine barrière franchie, sous une certaine forme, par certains hommes, que d’autres, en choisissant des voies toutes différentes, en franchissent de nouvelles. (pour vous donner un exemple de ce que je veux dire : personnellement, je crois que ce n’est pas tant Ionesco et son oeuvre qui sont importantes dans le théâtre d’au- jourd’hui, que ce que l’ouverture proposée par Ionesco représente pour le [?]. On ne rétrograde pas sur les acquis, voyez-vous. Ionesco ne supprime pas Racine, mais nous force à choisir entre Racine et lui - j’entends : dans la substance de l’oeuvre. - et j’ajoute que je n’aime pas Ionesco pour s’être commercialisé, car, authentique, l’expé- rience ne pouvait pas se prolonger au-delà d’une ou deux pièces. Après, c’est un « truc » dont se sert Ionesco, servi par la puérilité et la vanité d’un public qui veut se montrer apte à tout comprendre, même là où il n’y a rien à com- prendre. Il en irait de même si j’écrivais, porté à la réfutation par à snobisme orchestré, cinq ou six volumes dans la langue d’Ouroboros ! Notre temps est, à la fois, un temps d’élaboration créative et un temps de corruption de la création.) Naturellement, j’aurais encore des dizaines de choses à vous dire, mais ma lettre est déjà assez longue - et quand je pense que je vous l’impose ! ... Je veux, toutefois, vous remercier encore - niveau de mon travail - pour votre présence à côté de moi. En ce qui concerne la publication en revue de ce texte, je vous laisse libre de tailler à votre aise, ne sachant pas quelle place vous comptez lui consacrer. Si je puis vous suggérer ceci : nous pourrions publier de la page 1 (début) à la fin du paragraphe : JE MINFULSSE DE TA BEALISSURE!, ce qui fait, environ trois pages et demie. Enfin - cela à votre convenance. Il y a déjà un courage littéraire à me publier - croyez que j’en suis conscient. Ma dernière objection (ma première, en fait) êtes-vous obligé de « chapeauter » le tout du titre « Re- cherches » ? - si oui, c’est entendu. Voilà une belle lettre d’emmerdeur! Et j’ai même Satori à vous soumettre ! (quelle galère !...) Soyez remercié, mon cher Maurice Nadeau. Calaferte ».

LAS du 19 décembre 1964 : « Cher Monsieur Nadeau, J’ai reçu une lettre excessivement courtoise et engageante de Christian Bourgois, à laquelle je viens de répondre. Il me dit qu’il souhaite beaucoup continuer de me publier. Je ne demande pas mieux, mais je lui ai répondu que vous aviez été le seul à vous intéresser à mon travail pendant les années dernières et que, si les Lettres Nouvelles continuent et si vous le voulez, j’aimerais publier sous votre direc- tion. Ne connaissant rien de plus des « révolutions de palais » qui ont l’air de se succéder au sein de la maison, je ne saurais prendre d’autres engagements. Toutefois, relisant, en les classant, l’une de vos lettres, vous me disiez que Gombrowicz ne voulait signer qu’aux Lettres Nouvelles. Si les Lettres Nouvelles c’est vous, je suis, moi aussi, bien d’accord pour en faire autant. Mais je ne sais rien de ce qui se passe au juste. Quoi qu’il en soit, il n’est pas question que quelqu’un puisse lire avant vous mon travail. Je pense à Satori qui est prêt. Si vous avez un peu de temps, soyez gentils, de m’informer un peu de cet imbroglio. Je voulais vous tenir au courant, ce que j’estime être la moindre des courtoisies à votre égard. Très amicalement. Calaferte ».

LAS du 26 décembre 1964 : « Cher Monsieur Nadeau, Je vous réponds rapidement, comme vous me le demandez. On m’a de nouveau écrit de chez Julliard - Christian Bourgois - qui très gentiment (ça me change !) me demande de lire mon manuscrit (Satori) après que vous l’ayez lu, car je lui avais dit que je tenais à vous soumettre d’abord ce que j’écris. Donc... Pour Ouroboros, je n’ai qu’à vous remercier de contribuer à cette audace - car il y a une sorte de courage littéraire à le publier. Pour le choix que vous ferez - c’est tout à fait convenu. Et si vous pensez que certains termes de ma lettre peuvent servir d’introduction, je veux bien - encore que je vais écrire avec spontanéité et que rien ne soit élaboré dans ce que je vous dis. Je ne vous cache pas que je suis heureux de cette publication revue et que j’attends avec impatience, car je verrai aussi ce que cela donne comme résonances une fois imprimé. De ce point de vue, c’est un service que vous me rendez. Mon amitié. Calaferte. En ce qui concerne les tribulations de la maison Julliard, pour ma part, si vous voulez de moi aux Lettres Nouvelles, j’en serais très content, un point c’est tout ».

LAS du 14 janvier 1965 : « Cher Monsieur Nadeau, Merci de me demander mon manuscrit. Je n’osais pas trop vous importuner encore. Je vous le fais expédier aujourd’hui même. Je l’ai relu. C’est une tentative de portrait psychique et je crois que mon écriture s’est resserrée. Vous serez juge. C’est sorti du plus essentiel en moi. Ça se sent je crois. Merci encore à vous. Amicalement. Calaferte. P.S. Je n’ai qu’un exemplaire [?]. Christian Bourgois m’a demandé de lire le manuscrit (?) Si vous le jugez utile, vous pouvez le lui passer ensuite. Vous décidez en tout. ».

LS du 27 février 1965 : « Cher Monsieur Nadeau, Je vous écris à la machine et m’en excuse, mais l’intention m’est venue de m’expliquer assez longuement et, si vous avez le courage de me lire, je ne veux pas vous imposer mon impossible écriture. En effet, je pense, puisque je ne suis pas à Paris, que je vous parle plus en détail. Je n’ai pas répondu aussi explicitement à votre lettre que, peut-être, il aurait fallu, car mon premier souci est de ne pas impor- tuner les gens, surtout ceux qui, comme vous, me montrent de l’attention et de la sympathie. Aujourd’hui, je m’y vois presque contraint. Qu’ils soient d’abord bien entendu entre nous (malgré que vous me connaissiez mal), que la publication d’un de mes livres n’est pour moi en aucun cas une affaire de vanité ou une perspective de réussite. En publiant, (ultime vanité, j’en conviens) je ne cherche rien qu’à laisser trace de mes travaux, un point c’est tout. J’ai une telle optique de mon art et je suis parvenu, au long des années de réflexions, et d’un certain ordre de vie personnelle, à une position intellectuelle particulière et située à une certaine altitude. Cela est très important à savoir et à comprendre. Je vis une aventure d’artiste dont je n’attends rien que l’accomplissement de moi-même un certain niveau de profondeur. Donc, la publication ou la non publication d’un de mes livres n’est aucunement pour prendre rang et rien d’autre que l’échéance logique, une sorte d’accomplissement matériel terminal à mon travail d’écrivain. (Ma vie à l’écart n’est pas un accident fortuit, ma solitude, mon silence, ma distance, etc. Sans quoi, je ne suis pas plus bête qu’un autre et je me serais répandu dans les gazettes.) Or, voici que je reçois la lettre d’une stupéfiante innocence de Monsieur Christian Bourgois. 1°) - Ce monsieur a tout l’air de penser qu’on écrit un livre pour se dis- tinguer ou pour être exposé dans les kiosques de gares. 2°) - Je ne suis pas juge de mon oeuvre - et lui non plus.

85 3°) - À moi, qui passe des années sur un livre et ai sacrifié beaucoup des agréments de la vie à cette vocation, il me conseille de travailler!!! (que ne le conseille-t-il à ses jeunes juments qui fientent et dénaturent la littérature qui est chose sacrée !) Travailler ! Moi, pour qui pas un mot n’est cent fois pesé avant d’être laissé dans un texte ! Après quoi, mon livre est, paraît-il, chargé de scories. A-t-on souvent l’occasion, chez Julliard, de récolter des scories de cette nature ? Oui ou non ?4°) - Depuis tantôt douze années je vis mon art comme un religieux vit sa croyance : et M. Bourgois ne semble pas très bien discerner la source profonde qui l’anime. (Sans doute est-il encore un peu jeune...) 5°) - Il va de soi que je ne consens pas discutailler avec un bureaucrate de problèmes qui, pour moi, sont essentiels, et ne peuvent, en tout état de cause, être compris et examinés que par des hommes qui ont des choses en commun, - c’est pourquoi je vous écris. Je ne suis ni feu ni léger. Quand j’ai fait quelque chose, je sais ce que j’ai fait. Pardonnez-moi donc de vous parler très franchement, en ami, puisque vous avez bien voulu, à plusieurs reprises, me donner vous-même ce titre et que vous savez quelle considération j’ai pour vous et pour votre jugement littéraire. Car, j’admets fort bien que j’ai pu me tromper ici ou là. Je connais mes défauts, mes emportements, mes excès, etc... Quand vous me disiez, dans votre lettre, qu’il y avait dans Satori des passages à supprimer, je n’ai pas du tout protesté, certain qu’ensemble nous pourrions nous entendre sur des bases objectives et non sur des mots dictés à une dactylo de service. Je suis toujours humble devant la compétence et la respecte. Je n’ai pas fini d’apprendre les arcanes de ce métier et me délecte de cet apprentissage, car, dans la vie, une chose m’intéresse : l’art d’écrire. Rien d’autre. Mais je crois que dans cette maison Julliard (dont il ne reste que le nom, hélas!) Il serait bon qu’on comprenne une fois pour toutes (si toutefois ils en sont capables) le sens de mon travail. La question de la recevabilité de mes textes se pose non seulement pour ce livre aussi mais pour la suite. J’ai l’impression qu’il se borne à l’optique de l’éditeur, sont considérés celle de l’écrivain que je suis. C’est grave. Ayant appris à quelque peu vous connaître au travers du ton de vos lettres, je pense que vous partagez cette inquiétude. Je suis tel que je suis et mon oeuvre en est le reflet. Ou je n’ai aucun talent - et il ne faut pas craindre de me le dire. Ou j’ai du talent et il est celui de ma nature. Par tempérament, je suis un lyrique. J’en ai les qualités et les défauts. Mon art est un art de lyrique et - en dépit de la tendance de l’époque (l’actuel est provisoire) J’estime qui il y a une autre littérature que celle des méninges. Un autre art - plus vaste, plein de sang, de chaleur, de chair, de violences, d’âme, de souffle. En un mot : de « magie ». L’art est une magie - ou ce n’est pas de l’art. Et, actuellement, ce n’est pas de l’art : c’est de la branlette pour pédés mondains. Cela dit, cher Monsieur Nadeau, il y a eu aussi, je crois, une petite confusion entre nous. J’ai été honoré, heureux, d’être publié dans votre collection. J’ai pensé que Satori pouvait faire bonne figure au milieu des auteurs de qualité que vous défendez. Car, s’il ne s’agit pas des Lettres Nouvelles, je ne tiens pas du tout à être publié chez Julliard, qui détient actuellement, sans conteste, le record de la cochonnerie dans le domaine de l’édition française. Tout le monde est d’accord là-dessus, à commencer par le public. Maintenant, puis-je vous demander un service. Un grand service. Je pense que vous ,n’avez pas trop de temps à perdre en palabres. Donc, je vous propose ce qui suit et qui arrangerait les choses rapidement : auriez-vous la grande gentillesse de rayer d’un trait de crayon dans mon manuscrit tous les passages qui vous semblent à supprimer - ainsi, je pourrais juger lorsque vous me le retourneriez. Vous me rendriez là un énorme service, et si je n’adhère pas à toutes vos objections, je vous le dirai et nous pourrons alors examiner le pour et le contre. Si vous étiez d’accord pour ce mode, j’en serais très heureux et vous devrait beaucoup de reconnaissance. (Le manuscrit devant quatre présentement chez M. Bourgois) Veuillez excuser cette longue lettre et son ton peut être vif, mais il reflète mon sentiment, et votre attention pour moi, presque affectueuse, me paraît autoriser mon naturel d’aujourd’hui. Il n’est pas utile, je crois, d’ajouter que j’attends avec impatience votre réponse. On leur apporterait la Bible, ils trouveraient ça trop exubérant ! Triste humanité ! Toute mon amitié vraie, cher Monsieur Nadeau. Calaferte. Si vous voulez passer un bon moment, je peux vous envoyer un double de la lettre de M. Bourgois ! ».

LAS du 17 août 1965 : « Cher Monsieur Nadeau, Je voulais plus tôt vous écrire, mais une dépression intérieure, 1, passage d’anéantissement m’a laissé toutes ces semaines dernières dans l’écoeurement de tout et, d’abord, de moi-même. Je m’enivre de silence et de solitude, jusqu’à ne plus même ouvrir la bouche et cela tourne à la mala- die. J’émerge pour un instant. Pour vous remercier de la publication d’Ouroboros dans la revue. Je pense que si quelqu’un vous connaissant vous en a parlé, cela a dû s’accompagner de ricanements. Moi, je suis très content - et je regrette seulement le ton idiot de ma lettre qui suivait... À présent, Ouroboros c’est presque achevé. Il s’en faut de quelques semaines peut-être, mais je n’ai de goût à rien, sinon au mépris, au dédain, au rétrécissement, à l’extrême resserrement de moi, etc, etc. Où en est, dans votre esprit et dans celui de l’édition Julliard, « l’affaire » Satori ? Je n’ai pas répondu à M. Bourgois. Je ne lui répondrai pas. Vous me dites lui avoir parlé ? J’ai relu le manuscrit à froid. Je vais vous paraître vaniteux (ce que je ne suis pas) je crois, je suis sûr que c’est un livre unique 1°) pour son contenu, 2°) pour sa forme 3°) pour sa stature même 4°) pour sa parfaite authenticité. C’est, en tout cas, le premier livre de moi qui est totalement exempt de tricherie intellectuelle et littéraire. J’entends par tricherie intellectuelle et littéraire - un souci d’art. De grands morceaux sont à enlever : Le Ciel et Le Prophète. Ils dérivent du ton original parce qu’ils ont été écrits 10 jours après le reste. Mais, je pense que, si le livre est bon 10 pages de plus ou de moins ne changent rien. Pas plus que si le livre est mauvais. Enfin, je suis entre les mains de l’édition et je ne suis pas le maître. Parlez moi franchement à ce propos et à propos de ce que vous envisagez de faire de ce livre dans l’avenir ? Je ne me cabrerai pas, vous le savez. Je n’accepte pas les leçons désinvoltes de certain petit jeune homme se figurant la littérature, c’est tout. Prenez le temps de m’écrire, je vous en prie, cela m’est un petit encouragement tout de même - et je n’en ai pas du reste !... J’ai écrit récemment une pièce de théâtre dans le genre « classique », « psychologique » et tout. Bien propre à être, que je crois, représentée. Je l’ai écrite pour exposer ce que je ne sau- rais inclure dans un livre. Libération d’une autre tendance de moi-même. Ce que je voudrais, c’est avoir un rendez- vous avec un homme de théâtre. Est ce possible ? Moi, naturellement, je ne connais personne, figé dans mon trou. Il fait mauvais et froid. J’ai envie de soleil. Je suis triste. Triste. Triste. J’en ai franchement un peu marre. Tant que 86 ça continue... Puisque ça continue... Bien amicalement à vous, cher Monsieur Nadeau, Calaferte. Merci encore pour Ouroboros. Il y fallait une certaine audace ».

On joint :

CALAFERTE (Louis). Septentrion.

Paris, Au Cercle du Livre Précieux, coll. « Pseudonyme et patronyme », 1963. In-4 (21 x 22,8 cm), toile noire d’éditeur avec titre en rouge sur le premier plat, doublure et gardes de papier rouge, 211 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Tirage limité à 2 600 exemplaires et quelques hors commerce (pas de grand papier).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / Pour la confiance qu’il / témoigne toujours à / mon travail / février 1963 / Calaferte ».

Les envois autographes réalisés à la sortie de Septentrion sont rares. L’ensemble 15 000 €

87 132. CALET (Henri). Les Murs de Fresnes.

Paris, Editions des Quatre-Vents, 1945. In-8 (20,5 x 14 cm), cartonnage de l’éditeur illustré, 109 pp., 1 f. n. ch. (table et achevé d’imprimer).

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 50 ex. sur vélin d’Isère).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / [Les Murs de Fresnes] / avec le bon souvenir / de / Calet ».

Très bel exemplaire.

L’auteur fait, dans Les Murs de Fresnes, l’inventaire des graffitis dont les prisonniers avaient couvert les murs de leur cellule, laissant parfois ainsi un dernier témoignage avant de mourir.

A la sortie de la guerre Henri Calet fut un collaborateur de la revue Combat dont Maurice Nadeau dirigeait la page littéraire.

500 €

133. CALET (Henri). America.

Paris, Editions de Minuit, Col « Nouvelles originales », 1947. In-16 (17 x 10 cm), broché, couverture caramel imprimée, 39 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Un des 1 000 ex. sur vélin (seul tirage), celui-ci non justifié.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / [America] / une vieille histoire / qu’il connaît déjà. / avec toute ma / sympathie / de / Calet ».

Non coupé. 250 €

134. CALET (Henri). Le Tout sur le tout.

Paris, Gallimard, 1948. 18,8 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 273 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (après 18 ex. num. sur vélin pur fil Lafuma).

Envoi autographe de l’auteur: « Pour Maurice Nadeau / ce livre qu’il a lu déjà / et qu’il a défendu. / Un grand merci / et toute mon / amitié / Calet ».

Prière d’insérer joint (effrangé en tête). 350 €

135. CALET (Henri). Rêver à la Suisse. Avertissement de Jean Paulhan.

Paris, Editions de Flore, Coll. « Propos », 1948. 16,5 x 11 cm, broché, couverture imprimée, 104 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 210 exemplaires num. sur crève-coeur crème du Marais).

Envoi autographe de l’auteur: « Pour Maurice Nadeau / bien cordialement / Calet ». 150 €

136. CALET (Henri). Monsieur Paul.

Paris, Gallimard, 1950. 18,8 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 329 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (après 63 ex. num. sur vélin pur fil Lafuma).

Envoi autographe de l’auteur: « Pour Maurice Nadeau / bien cordialement / Calet ».

Prière d’insérer joint. 150 €

88 137. CALET (Henri). L’Italie à la paresseuse.

Paris, Gallimard, 1950. 18,8 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 189 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale de ce journal de voyage.

Exemplaire du SP (après 28 ex. num. sur vélin pur fil Lafuma).

Envoi autographe de l’auteur: « Pour Maurice Nadeau / en cordial hommage / Calet ». 100 €

138. CALET (Henri). Fièvre des polders.

Paris, Gallimard, 1951. 18,8 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 220 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe de l’auteur: « Pour Maurice Nadeau / bien cordialement/ Calet ». 250 €

139. CALET (Henri). Les Grandes largeurs, balades parisiennes.

Paris - Lausanne - Bâle, Editions Vineta, 1951. In-16 (18,8 x 12,8 cm), broché, couverture à rabats imprimée, 98 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 2 200 ex. sur alfa (après 25 Chine et 175 vergé chiffon filigrané).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / bien cordialement / Calet ».

Non coupé. 200 €

140. CALVINO (Italo). Les Villes invisibles [Le Città invisibili].

Paris, Seuil, 1974. In-12 (18,5 x 13,2 cm), broché, couverture illustrée, 188 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale française (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / hommage amical / de Italo Calvino / mai 74 ».

Traduit de l’italien par Jean Thibaudeau.

Marques de plis dans le coin supérieur de la couverture, légers frottements, parfait état intérieur. 600 €

141. CAMUS (Albert). Le Mythe de Sisyphe.

Paris, Gallimard, 1942. In-12 (19 x 12 cm), broché, couverture bleue de papier Ingres d’Arches imprimée en rouge et noir, 168 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition (après 15 ex. sur pur fil), du principal essai philosophique d’Albert Camus.

Mention fictive de deuxième édition en pied de page de titre (achevé d’imprimer le 22 septembre 1942).

Dos creusé, petites taches sur le second plat de couverture.

Ex-libris manuscrit au faux-titre. 200 €

89 142. CAMUS (Albert). Manuscrit d’un article de politique internationale paru dans Combat. s.d. [17 août 1945]. Manuscrit autographe signé de 2 pp. rédigées à l’encre noire au recto de 2 ff. in-4 (27 x 20,7 cm).

Important manuscrit autographe signé, de premier jet, comportant quelques corrections.

Cet article d’analyse politique internationale, dans lequel sont abordés les risques d’un nouveau conflit pour l’Europe face aux pressions des blocs anglo-saxons et soviétiques, marquant le début de la guerre froide, a paru dans Com- bat le 17 août 1945.

On note une dizaine de différences (cf. notes en bas de la retranscription ci-dessous) entre le manuscrit et la version publiée dans le journal dont Albert Camus sera rédacteur en chef et éditorialiste du 21 août 1944 au 3 juin 1947 et dont Maurice Nadeau dirigerait la page littéraire.

La dédicace signée : « Au pauvre Maurice Nadeau qui en fera d’autres alors que je n’en ferai plus / Albert Camus » est restée inédite.

Les manuscrits d’Albert Camus datant de l’immédiat après-guerre sont rares.

90 Retranscription : « Au pauvre Maurice Nadeau qui en fera d’autres alors que je n’en ferai plus / Albert Camus / Main- tenant que la guerre est terminée nous avons le temps de penser à la paix. Peut-être est-ce la seule chose qui vaille la peine aujourd’hui que nous nous mobilisions à nouveau. C’est la seule en route qui vaille que nous y réfléchissions autant (1). Il y a le destin de la France c’est vrai. Mais le destin de la France est inséparable de la paix, parce qu’il est inséparable du monde, parce que la solitude est un mot qui n’a plus de sens, et, qu’il n’y a plus sur la terre telle ou telle nation mais un grand corps souffrant qui demande la guérison. Ni la France ni l’Europe ne survivront à une nouvelle guerre, voilà ce dont nous devons nous persuader. Elles n’auront même pas leur chance à jouer dans le cas d’une nouvelle conflagration. L’Europe, dans l’état actuel des choses, ne peut plus être qu’un champ de bataille. Cela vaut bien quelques réflexions.

Puisque les bases d’une vraie démocratie internationale n’ont pas été choisies à San Francisco, il est possible de dire que les conflits de demain ne pourront être que des conflits d’empires. Et il est possible de prédire que les raisons de ce conflit d’empires ont des chances de se trouver en Europe. Puisque nous en sommes aux luttes d’influences, sachons reconnaître que l’Europe est un terrain malheureusement privilégié pour ces luttes. Ses divisions autant que ses richesses l’y prédisposent. Coincée entre le monde slave et le monde anglo-saxon, elle offre à ces deux gigantesques empires des tentations égales, elle est partagée entre eux et, par un phénomène historique inévitable, elle est tentée elle aussi de se construire à la ressemblance de l’un et de l’autre.

Là est le danger immédiat. Il ne s’agit pas de savoir s’il est souhaitable que l’Europe soit soviétique ou américanisée (2). Il s’agit de voir (3) que dans la mesure où elle s’abandonnera totalement à l’une de ces influences, elle suscitera une contre-attaque de l’autre. Si l’influence anglo-saxonne oblige l’Europe à freiner le mouvement qui pousse ses peuples vers les réformes sociales profondes qu’ils désirent et à laisser agir ses équipes réactionnaires, l’Union soviétique interviendra. Si l’influence de cette dernière sur l’Europe à transformer ce (4) mouvement de rénovation et à lui donner des formes telles qu’elles écrasent toutes les libertés, les États-Unis tôt ou tard (5) interviendront. Rien ne peut rien changer à cela et le destin difficile de notre continent est de trouver à toute force une synthèse où les civilisations orientales et atlantiques (6) obtiendront un terrain d’entente (7).

La paix du monde dépend en grande partie de la promptitude avec laquelle l’esprit européen trouvera la conciliation entre la justice et la liberté. Chacun de nous, s’efforçant de penser à sa place à ce difficile problème (8), doit avoir à l’esprit (9) les immenses conséquences que sa solution entraînerait. C’est sous cet angle infiniment tragique que nous devrions envisager nos problèmes intérieurs (10). Les élections sont une chose, et sans doute importante. Mais quelle dérision de penser que nous pourrions confier notre action à ces vains débats quand le sort du monde dépend d’une formule à trouver. Si l’esprit européen doit s’orienter tout entier vers la recherche de cette formule, la France a sa place dans cette aventure. Nous voudrions que cette place soit (11) la première. Et qu’on puisse dire de ce pays admirable et déconcertant qu’après une longue histoire où il a tout connu, depuis les victoires sans avenir jusqu’aux défaites surmontées, Il a trouvé encore la force de donner au monde les paroles de définitives et de lui gagner la paix».

Notes :

(1) La phrase « C’est la seule en route qui vaille que nous y réfléchissions autant » n’apparaît pas dans la retrans- cription dans Combat (2) « américaine » au lieu d’ « américanisée » dans Combat. (3) « comprendre » au lieu de « voir » dans Combat (4) « son » au lieu de « ce » (5) « tôt ou tard » ne figure pas dans Combat (6) « orientales » et « atlantiques » sont au singulier dans Combat (7) complété par « et qu’elles respecteront » dans Combat (8) « ces difficiles problèmes » dans Combat (9) « dans l’esprit » dans Combat (10) « discussions » au lieu de « problèmes » dans Combat (11) « fût » au lieu de « soit » dans Combat. 15 000 €

91 143. CAMUS (Albert). Noces.

Paris, Charlot, 1945. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture imprimée en rouge et noir, 123 pp., 2 ff. n. ch..

Nouvelle édition de ce recueil d’essais comprenant Noces à Tipasa, Le Vent à Djémila, L’Été à Alger et Le Désert.

Exemplaire du SP.

Bel envoi autographe signé :

« à Maurice Nadaud (sic) / ces premières [Noces] / avec le souvenir / d’Albert Camus ». 2 000 €

144. CAMUS (Albert). Lettres à un ami allemand.

Paris, Gallimard, 1945. In-12 (18,5 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 82 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 2 250 ex. sur alfa Navarre (après 25 ex. sur Hollande), celui-ci l’un des 250 ex. hors commerce.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadaud (sic) / c’était un bon Combat / amicalement / Camus ». 2 000 €

145. CAMUS (Albert). La Peste.

Paris, Gallimard, 1947. In-12 (18,7 x 12,2 cm), broché, couverture crème imprimée, 337 pp., 1 f. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du service de presse (après 15 ex. sur Japon impérial, 35 ex. sur vélin de Hollande, 215 ex. sur vélin pur fil des Papeteries Lafuma-Navarre, 2 080 ex. sur Alfa des Papeteries Navarre et 10 ex. sur Madagascar réservés à l’auteur).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / frère de Combat / avec la fidèle amitié / d’Albert Camus ».

Maurice Nadeau dirigea la page littéraire de Combat, journal dont Albert Camus fut rédacteur en chef et éditorialiste entre le 21 août 1944 et le 3 juin 1947.

L’édition originale de La Peste fut achevée d’imprimer le 24 mai 1947, une dizaine de jours avant le départ d’Albert Camus de Combat.

3 000 €

92 146. CAMUS (Albert). L’État de siège.

Paris, Gallimard, 1948. 19 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 233 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP.

Bel envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / ce petit combat / amicalement / Albert Camus ».

Non coupé, papier bruni.

Complet du prière d’insérer. 1 500 €

147. CAMUS (Albert). L’Homme révolté.

Paris, Gallimard, 1951. 19 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 382 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 45 Hollande, 260 vélin pur fil et 10 ex. hors commerce sur Madagascar).

Bel envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / ce livre d’espoir et de combat (encore ! ) / amicalement / Albert Camus ».

Couverture légèrement poussiéreuse. 2 000 €

148. CAMUS (Albert). Actuelles II. Chroniques 1948-1952.

Paris, Gallimard, 1953. 19 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 186 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP.

Bel envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / avec les remerciements du sénateur Béranger / surpris mais sans amertume / A. C. ».

Complet du prière d’insérer. 1 500 €

93 149. CARPENTIER (Alejo). La Harpe et l’ombre [El Harpa y la sombra].

Paris, Gallimard, Coll. « Du monde entier », 1979. In-12 (20,4 x 13,8 cm), broché, couverture imprimée, 130 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale française. Exemplaire du service de presse (après 16 ex. sur vélin d’Arches).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau, / en souvenir de mon déjà / très vieil ami, / Alejo Car- pentier ».

Traduit de l’espagnol par René L.-F. Durand. 180 €

150. CASSOU (Jean). Lettre adressée à Maurice Nadeau.

9 janvier 1949. 1 LS de 1 p. au format in-8..

Lettre signée à propos d’un poème d’André Wurmser.

LS : « 9 janvier 1949 / Cher Maurice Nadeau, / Merci de votre lettre. Je ne / réponds pas à Wurmser : Je me contente / de faire allusion à son poème dans une / ligne de la brochure que je vais publier / en commun, avec Vercors, Martin- Chauffier, / Claude Adeline. Mais je n’oublie pas / votre aimable proposition et je suis tout / disposé, dès la première occasion, à vous / donner quelque chose pour votre page / littéraire. / Merci et croyez-moi, je vous prie, bien cordia- lement vôtre. / Jean Cassou ».

50 €

151. CELAN (Paul). Edgar Jené, der Traum vom Traume.

Mit 30 Abbildungen und einer Vorbemerkung von Otto Basil.

Wien, Agathon, 1948. In-8 (23,5 x 16,5 cm), broché, couverture imprimée, 1 f. blanc, 12 pp., 2 ff. n. ch., 6 ff. n. ch. (lithographies, dont 3 feuillets imprimés recto verso), 18 ff. n. ch. (planches sur papier couché), 2 ff. n. ch..

Edition originale imprimée à 700 exemplaires numérotés.

Ouvrage illustré de 8 lithographies originales d’Edgar Jené et de reproductions de ses oeuvres.

Exemplaire truffé d’un dessin original d’Edgar Jené à l’encre (20,2 x 13,7 cm) figurant un chat avec envoi auto- graphe signé de l’artiste : « à Marthe et Maurice Nadeau ce petit chat de gouttière / avec mes meilleurs voeux pour 1964 / Ed. et Erica Jené ».

750 € 94 152. CELAN (Paul). Der Sand aus den Urnen. Gedichte mit 2 Original lithographien von Edgar Jené.

Vienne, Verlag VS, A. Sexl, 1948. In-8 (21,5 x 14,5 cm), demi-toile grise de l’éditeur, dos muet, carton gris cendre gaufré sur les plats titré en rouge, 2 lithogra- phies d’Edgar Jené en noir sur papier bois, la première placée en frontispice et la second après la page 56, 61 pp., 1 f. n. ch. (table, colophon), emboîtage en plein box gris d’Elbel-Libro.

Édition originale, d’une grande rareté.

Tirée à 500 exemplaires, elle a été mise au pilon sur instruction de l’auteur lui-même en raison de ses nombreuses erreurs typographiques.

Premier livre de Paul Celan, Der Sand aus den Urnen passa inaperçu à sa parution: il ne devait consacrer Paul Celan comme l’un des plus grands poètes de langue allemande qu’en 1952, à l’occasion de sa réédition sous le titre de Mohn und Gedächtnis.

Le dernier poème du recueil, Todesfuge (Fugue de mort) est considéré depuis comme l’une des plus saisissantes évocations de l’univers concentrationnaire. Né dans une famille juive de Czernowitz, Paul Celan (1920-1970) grandit dans le monde foisonnant et multiethnique de la monarchie austro-hongroise. Seul membre de sa famille à avoir survécu aux camps d’extermination, il s’installa à Bucarest, puis à Vienne et à Paris après la guerre. Lecteur d’allemand et traducteur à l’Ecole normale supérieure, il resta jusqu’à sa mort - il s’est jeté dans la Seine - fidèle à sa langue maternelle.

L’exemplaire comporte des corrections ( pp. 17, 18, 19, 41, 43, 52 et 55) probablement autographes, rectifiant les incorrections de l’édition.

Précieux exemplaire, en parfait état, complet du feuillet d’errata (Berichtigung) et des deux lithographies d’Edgar Jené ajoutées par l’éditeur sans l’accord de l’auteur et que celui-ci ôta de la plupart des exemplaires qu’il ne détruisit pas.

Manque à la BNF.

Rarissime premier recueil de Paul Celan, complet et en parfait état, comprenant « Todesfuge », le plus grand poème de langue allemande sur l’univers concentrationnaire.

17 000 €

95 153. CÉLINE (Louis-Ferdinand). Lettre autographe signée en réaction à un article du journal russe des izvestia.

25 juillet 1947. LAS de 5 pp. in-folio (33,8 x 20,8 cm) rédigée à l’encre bleue.

Longue lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau en réaction à un article du grand journal russe des Izvestia.

Elle fut publiée par Maurice Nadeau dans Combat le 1er août 1947 sous le titre « L.-F. Céline nous écrit » précédé de cet avant-propos : « Nous avons publié dans la page littéraire de Combat du 11 juillet dernier, sous le titre, Sade américain ? un passage des Izvestia, où l’auteur, A. M. Leites, faisait de Céline l’inspirateur de la littérature française actuelle. Cette littérature, ajoutait-il, prépare à son tour le retour de Céline en France. A la suite de cet article, nous avons reçu, de Copenhague, la lettre ci-dessous, signée de L.-F. Céline. Nous avons toutes les raisons de penser qu’elle émane bien de l’auteur du Voyage au bout de la nuit. On comprendra qu’il soit inutile de la commenter» .

La lettre a été reprise dans Cahiers Céline 1, Céline et l’actualité littéraire (1932-1957) (Gallimard, 1957) accompa- gnée de ces précisions : « L’article [des Izvestia] qui traitait Céline dans le premier paragraphe cité de « nullité litté- raire » et de « criminel fasciste », trouvait des signes concomitants de ce retour de Céline dans le succès de Henry Miller en France, dans celui de Jean Genet et dans la résurrection de Sade. ».

Elle figure également dans les Lettres publiées dans la Pléiade (Gallimard, 2009, 47-59) et il est précisé dans les notes que « c’est la première fois, après l’article de Nuit et jour, que la parole était donnée à Céline dans la presse française depuis juin 1944 ».

Dans une lettre à Albert Paraz du 26 juillet 1947 (Lettres, 47-58), Céline le remerciait pour l’envoi d’une coupure Combat [du 11 juillet] en lui annonçant : « Je leur réponds. On verra s’ils insèrent ma lettre ».

Céline réagit avec sa verve habituelle et beaucoup de virulence à l’encontre des Soviets. Il y évoque la traduction en russe du Voyage au bout de la nuit par Elsa Triolet et Aragon, qu’il qualifie de tripatouillage et précise que tous ses romans ont été interdits en Allemagne.

Retranscription : « Copenhague le 25 juillet 47 / Hé, Diable ! Monsieur, je parie / bien les Dardannelles que ce Jean / foutre des « Investias » [sic] (1) n’a jamais lu / un seul de mes livres ! / Que veut dire / tout son cafouillage ! Qu’ai-je de / de commun avec Sade ? Sartre ? / Millner [sic, pour Miller] ? Le Pape ? En sait-il, lui / le premier mot ce damné troufignon ? / Sait-il même lire ? Je ne crois / pas. Écrire ? Certainement non. / Il bafouille des choses, sans / queues ni têtes, n’importe quoi...! Il est payé ! Il rapproche tout, / confusionne tout, merdoye, aboye, tout est dit. On s’écoeure à penser / que de grands Empires employent / de tels crétins. En si minuscules / affaires tellement déconner !... / Que ce doit-il être dans les grandes ! / J’aimerais à parler de ces / tristesses au Dr Braun, à / Mr Sokoline que j’ai connus.. / Ils seraient bien gênés... Ces / « Investias » d’abrutis quelle / tare ! Et vas-y pour l’existentia- / lisme ! Pan ! pour l’homosexualité ! / Vlan ! pour Voltaire ! Boum ! / pour la Lune ! Quelle salade ! / Quelle honte ! / Je veux bien faire un petit effort, encore / une suprême gentillesse pour les / Soviets, leur fixer une bonne / fois pour toutes un petit point / de l’Histoire littéraire française, / qu’ils n’y déconnent plus. La / « nullité littéraire Céline » leur / apprend (puisqu’ils ne savent rien, / même de ce qui les concerne, ils / bavent sous eux !) que le / Voyage au bout de la nuit / a été lancé par un article / de Georges Altman dans le / « Monde » communiste, d’Henri / Barbusse en 1934 [sic]. Les articles de Daudet, Descaves, / Ajalbert, ne sont venus qu’ensuite. / J’ai d’ailleurs toujours entretenu / avec Altman des relations très / cordiales)

Je leur apprends « secundo » / que le « Voyage » a été traduit / d’office par les Soviets (sans / absolument me demander mon avis ! ) / et que ces traducteurs ne / sont pas moins qu’Elsa / Triolet et son mari Aragon, / qui ne se sont point gênés / pour tripatouiller mon texte / dans le sens de leur propagande. / Les Soviets me doivent d’ailleurs / toujours de l’argent sur cette / traduction. Avant d’engueuler / les gens il est bon de leur rembour- ser ce qu’on leur doit. / Voici une première petite mise au point. Les Investias / ignorent évidemment (2) qu’en tant / que « criminel fasciste » tous / mes romans ont été interdits / en Allemagne / dès l’avènement d’Hitler / et pendant tout le règne hitlérien ? Savent-ils que mon / dernier éditeur en « allemand » (3) / est Julius Kittel juif / réfugié à Marich Ostrau / -Moravie ? (1936) / De tels (4) crétineries découragent / la polémique, on comprend / que la parole soit de plus en / plus à la bombe, à la mine, / au déluge ! / Je vous prie de croire, Monsieur, à mes sentiments très / distingués. / L.-F. Céline ».

La retranscription dans la Pléiade donne :

1. Investias (sans guillemets); 2. « également » au lieu de « évidemment »; 3. « allemand » au lieu de « en allemand »; 4. « De telles crétineries ». Céline avait initialement écrit « De tels crétins » qu’il corrigera en « De tels crétineries » sans faire l’accord au féminin, faute que la Pléiade corrige. 7 500 €

96 154. CÉLINE (Louis-Ferdinand). Lettre autographe signée en remerciement d’un article paru dans combat.

19 novembre 1947. LAS de 2 pp. in-folio (33,8 x 20,8 cm) rédigée à l’encre bleue.

Lettre autographe inédite signée adressée à Maurice Nadeau en remerciement après l’article intitulé « Les Justiciers de la résistance » paru dans Combat le 14 novembre 1947.

Une lettre adressée à Albert Paraz datée du [jeudi 26 novembre 1947] (Lettres, La Pléiade, 47-102), nous apprend que le courrier destiné à Nadeau fut envoyé par Céline à Paraz en lui demandant de le faire suivre à Nadeau.

Retranscription : « Copenhague : le 19 nov 1947 / à Mr Maurice Nadeau / Cher Monsieur / Le miel de la gentillesse est / joliment doux à goûter après tant de / si furieux torrents de vinaigre ! / Je m’en délecte, je m’en épanouis, / je m’en pâme. Sans honte - / J’ai beaucoup trop souffert / depuis 4 ans sans discontinuer / pour me gêner de quelque pudeur ! / Ah foutre non ! Je suis / prêt à jouir d’une statue / Cheval Place des Invalides. / Enfantillages ? gâtisme ? C’est bien / possible et je m’en fous ! / A la prochaine occasion je / vous en prie ne soyez retenu par rien ! Situez moi franchement / entre Cervantes, Restif et / Rousseau. Un peu de tout / mais rien que du suprême !.. / Que je me reprenne à respirer / quelques bouffées délicieuses / avant de crever tout à fait ! / Votre bien amical / L.-F. Céline ».

2 200 €

97 155. CÉLINE (Louis-Ferdinand). Lettre inédite à Maurice Nadeau à propos de la seconde guerre mondiale.

14 février [1948 ou 1949*]. LAS de 6 pp. in-folio (33,8 x 20,8 cm) rédigée à l’encre bleue.

Longue et exceptionnelle lettre autographe inédite signée à propos de la seconde guerre mondiale, pleine de verve, dans laquelle Louis-Ferdinand Céline se défend d’être un traître, clame son patriotisme, son pacifisme, son indifférence à l’égard d’Hitler...

Elle ne figure pas dans le volume de Lettres de Louis-Ferdinand Céline publié dans la Pléiade en 2009.

Retranscription :

« A Monsieur Nadaud [sic] / Le 14 fév / Mon cher ami / Je suis malade depuis des années, couché / depuis des mois, j’ai la fièvre presque / continuellement depuis des semaines. Mais je / crois que plus malades encore que moi sont les gens / dont on me rapporte les propos fantastiques..., / voilà du véritable délire ! / moi agent SD ! / Moi traître ! Moi vendu ! moi bourreau des juifs / etc.. Je suis las à crever de réfuter mot par mot / virgule par virgule, en prison hors prison toutes ces / fables abjectes, toutes ces calomnies si idiotes. / Ces gens sont certes animés d’une très grave haine, / (devenues leur métier d’ailleurs) une haine alimentaire, / (qu’ils fouettent, éperonnent [tous les] chaque matins pour l’exploiter) mais [ils] ce / sont surtout de très fiers imbéciles.

Ils me prêtent / des actions, des idées, des crimes qui auraient été / les leurs s’ils avaient été à ma place. / Voilà toute l’énorme méprise, maldonne. / Comment en conviendraient-ils ? On n’a jamais / vu un homme se plaindre d’être idiot. / Il faut qu’il juge, tranche, condamne malgré tout et avec / toute son idiotie. Quel passé de français rési- dent / de France pendant l’occupation aurait résisté / à l’examen enragé qu’a subi moi mon / passé depuis 5 ans !

En voulez-vous / des traîtres ! Je vous en trouve à / la même sauce 20 millions ! / et bien plus traîtres que moi ! Je / vois surtout, peut-être délirant, des / Ingrats d’Hitler partout ! Quel défilé / de l’Étoile à la Cannebière [sic] ! / Au coude à coude et cinq de rang ! / Le vrai de vrai des défilés ! /

Les « Ingrats d’Hitler », tous ceux / qui ne seraient rien aujourd’hui. / absolument rien devenus si / Hitler n’avait donné libre / cours à ses folies ! Les nantis / « par la bande » ! / Mais c’est moi qu’on traque, persé- cute / abomine, pour faire passer cette / fameuse muscade ! Le seul bouc / qui pue c’est moi ! Il en faut un ! Au bûcher ! La Confraternité / des Ingrats alors seulement / respirera. Girouette et Batisseurs ! / etcetera. Moi j’ai tout perdu par / Hitler.

Je l’ai écrit dans Bagatelles / que je l’emmerdais Hitler (textuellement) / qu’il aille se battre sur le Baïkal. / Je suis un français patriote, / hyperpatriote et pacifiste / absolu. Je n’ai jamais flirté / avec l’Allemagne sentimentale / comme R. Rolland, Henriot, / Poncet, Renan, Hugo, / etc. Je suis comme Bloy j’ai / horreur de tout ce qui est alle- mand - / la langue, la sentimentalité, / la musique - tout - Je suis / français mille p. 100, de la lignée Couperin, Vallès, / Bloy. Celte absolu / Mon auteur favori c’est Lot / (et les origines de la France-). / J’avais pensé émettre mon / grain de sel pour qu’une / autre guerre soit évitée / c’est tout. tout. tout- / Si l’on ne pense pas comme moi / il faut alors avouer qu’on se / fout pas mal que crèvent les / français pourvu que je ne / sais quelle idée triomphe. /

Les juifs ? Et du diable / si jamais j’ai demandé qu’on / touche un cheveu d’un juif. / Je ne voulais pas qu’un / certain clan hystérique juif nous / pousse dans la guerre. C’est / net aussi je pense ? Pas / traître du tout - bien / bien français - / Mais contre la mauvaise / foi qu’espérer ? / C’est la « raison d’être » / de tous ces gens, leur / bifteak [sic] d’Inquisiteurs, qu’on me déclare / félon, transfuge, / vendu, monstre, archi- / pourriture, etc- / Votre bien amical / L.-F. Céline / Engagé volontaire des deux guerres / mutilé de guerre 75/100 / médaille militaire nov. 1914 ».

15 000 €

Note : Dans des lettres au journaliste lyonnais Charles Deshayes du 7 avril puis des 10 et 19 août 1948, Céline emploie l’expression les « Ingrats d’Hitler ».

Remerciements à M. Jean-Paul Louis pour sa relecture avisée des retranscriptions des lettres de Louis-Ferdinand Céline à Maurice Nadeau.

98 99 156. CENDRARS (Blaise). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

1952 à 1956. 4 LAS au format in-12 et 1 LAS au format in-4 formant un ensemble de 5 pp..

Correspondance adressée à Maurice Nadeau (5 LAS) dans laquelle Cendrars lui demande, ou le remercie pour, l’envoi de livres d’Henry Miller : Le Monde du sexe et Plexus qu’il considère comme son meilleur bouquin.

Blaise Cendrars et Maurice Nadeau était de proches amis d’Henry Miller. Ce dernier consacra un livre à Blaise Cen- drars paru en France en 1951 (cf. n°453).

Samedi 22 [mars 1952] : « Samedi / 22 / Cher Maurice Nadeau, / je vous remercie de m’avoir fait / tenir Le Monde du sexe que / l’ami Miller m’avait annoncé / depuis quelque temps déjà. / Je vois que Corrêa annonce / Plexus ? Pourriez-vous / me faire adresser ce volume que / je n’ai pas reçu ? / Bien cordialement / vôtre / Blaise Cendrars / 23, rue Jean Dolent / Paris XIV ».

Samedi 26 [avril 1952], adressée à Maurice Nadeau chez Corrêa : « Samedi /26 / Cher Maurice Nadeau, / Merci de m’avoir fait / adresser « Plexus » que / l’ami Miller m’annonçait / depuis pas mal de temps. / Je crois que c’est son meilleur bouquin. / Très cordialement / vôtre / Blaise Cendrars / 23, rue Jean Dolent (XIV) ».

Lundi 23 [février 1953] : « Lundi / 23 / Cher Maurice Nadeau, / Merci de penser à moi, mais penser à / Fénéon ne m’excite pas du tout. / Je lui réglerai son compte un / jour, au tournant d’une phrase / en parlant de la mort de / Modi- gliani, Mais cela n’urge / pas et, de toutes façons, je n’aurais / pas le temps de le faire main- / tenant. Trop de travail. / Croyez-moi bien vôtre / Blaise Cendrars / 23, rue Jean Dolent - XIV / GOB: 07-59 ».

Vendredi 16 [mars 1956] : « Vendredi / 16 / Mon cher Maurice Nadeau, / Merci de votre article [relatif à Emmène-moi au bout du monde!...] dans / l’Observateur. Venez donc / un jour boire un verre à / la maison (23 rue Jean Dolent, 14e) / mais ayez la gentillesse de / bien vouloir téléphoner à GOB: 07-59. / Ma main amie / Blaise Cendrars ». s.d. : « Vendredi / 2 / Cher Maurice Nadeau, / Un ami me communique Plaisirs de France [Plaisir de France] / où j’ai eu la grande surprise de lire / votre brillant article. Merci beaucoup. / Croyez-moi bien cordialement / vôtre / Blaise Cendrars ».

Maurice Nadeau donna une chronique de La Main coupée de Cendrars dans Gavroche le 20 mars 1947.

2 000 €

157. CENDRARS (Blaise). Emmène-moi au bout du monde !....

Paris, Editions Denoël, 1956. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture imprimée, portrait en frontispice, 298 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 22 Japon impérial, 86 Hollande et 195 vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / très cordialement / Blaise Cendrars ». 250 € 100 158. CÉSAIRE (Aimé). Les Armes miraculeuses.

Paris, Gallimard, 1946. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 195 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 13 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Important envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / Historien du surréalisme / et défenseur des valeurs poétiques / hommage de sympathie / Aimé Césaire ».

Dos bruni.

Maurice Nadeau fut un ardent défenseur de l’oeuvre d’Aimé Césaire dès ses débuts. Il lui consacra deux chroniques suite à la publication de son deuxième recueil poétique Les Armes miraculeuses, paru chez Gallimard : « Un poète en éruption » dans Combat le 14 juin 1946, « Aimé Césaire surréaliste » dans la revue Internationale le 1er novembre 1946. Il publia ensuite quelques poèmes d’Aimé Césaire en revue.

Ce recueil rassemble des poèmes publiés par Césaire pendant la guerre dans la revue Tropiques.

1 500 €

159. CÉSAIRE (Aimé). Cahier d’un retour au pays natal.

Paris, Bordas, 1947. In-12 (18,7 x 12,3 cm), broché, couverture imprimée, 96 pp., 2 ff. n. ch..

Première édition française, en partie originale. Elle a été publiée sous l’impulsion d’André Breton qui en avait donné une version bilingue trois mois plus tôt à New York chez Brentano’s. Le texte a été modifié par l’auteur. Une traduction espagnol (Retorno al pais natal) avait paru à la Havane en 1943.

Exemplaire du tirage courant (après 50 ex. sur vélin pur fil).

Important envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau qui partagera / avec moi la conviction qu’une tornade / est cette chose soudaine qui détruit / et réconcilie, pulvérise et allaite / et sans quoi / le monde n’est plus que le / [Cahier d’un retour au pays natal] / d’un buisson de cactus sanglants / sympathique hommage / A. Césaire ».

Dos bruni. 1 500 €

101 160. CÉSAIRE (Aimé). 4 poèmes autographes et 6 LAS adressées à Maurice Nadeau.

1947 à 1976. 6 LAS, 4 au format in-4, 2 au format in-12, formant un ensemble de 6 pp., la plupart sur papier à en-tête de l’Assemblée Nationale accompagnés de 4 poèmes autographes (3 signés).

Correspondance adressée à Maurice Nadeau, qui fut un ardent défenseur de l’oeuvre d’Aimé Césaire dès ses débuts. Il lui consacra deux chroniques suite à la publication de son deuxième recueil poétique Les Armes miracu- leuses, paru chez Gallimard : « Un poète en éruption » dans Combat le 14 juin 1946, « Aimé Césaire surréaliste » dans la revue Internationale le 1er novembre 1946.

Il publia ensuite quelques poèmes d’Aimé Césaire en revue.

Aimé Césaire lui envoie 4 poèmes autographes (Cheval, ...mais il y a du mal, Viscères du poème, Et tâtant le sable du tambour de mes songes) pour publication dans Combat et dans Les Lettres Nouvelles.

LAS, enveloppe conservée : « 12 avril 1947 / Mon cher Nadeau / Je m’excuse de vous avoir fait / faux bond l’autre jour. / Je suis terriblement pris et pas mal / fatigué. / Ci-joint 3 poèmes pour votre Revue. / Le quatrième que je vous destinais me / paraît trop long pour convenir. / J’espère avoir bientôt l’occasion / de vous voir plus longuement et mieux / qu’à notre dernière rencontre. / Croyez à mes sentiments les meilleurs / Aimé Césaire / 6, rue Vercingétorix Paris 14e ».

LAS, enveloppe conservée : « 25 avril 1945/ Mon cher Nadeau, Je vous prie d’excuser ma très grande / étourderie. / En ouvrant l’hebdomadaire Action / de cette semaine, je constate avec confusion / que je vous ai envoyé pour votre revue deux / poèmes que j’avais déjà envoyés à Action. / J’avoue que j’en avais perdu tout / souvenir, cela remon- tant à des temps / pas mal anciens. / Voulez-vous m’excuser et accepter en / remplacement de « L’Ex-voto » et de « Depuis Elam » ces deux autres textes que / je joins à ma lettre ? / Cordialement vôtre / Césaire ».

On joint : Cheval, poème autographe rédigé à l’encre sur 2 ff. in-4. Le poème dédié à Pierre Loeb paraîtra dans Soleil cou coupé chez K éditeur en 1948.

LAS : « 1er mars 1955 / Mon cher Maurice Nadeau / Voilà deux ans vous me demandiez ma / collaboration pour les « Lettres Nouvelles ». Je n’ai pu / alors rien vous donner, étant à ce moment-là / loin de tout activité littéraire. Si aujourd’hui / vous êtes dans les mêmes dispositions à mon égard, / faites-le-moi savoir : Je peux vous donner un / certain nombre de poèmes pour un de vos prochains / numéros. Croyez à mes sentiments amicaux / Aimé Césaire / Assemblée Nationale Paris VIIe ». 102 LAS : « 8 mars 1955 / Mon cher Nadeau, Merci de votre mot amical. Ci-joint les / poèmes promis. Vous en disposerez pour le mieux. / A vous bien cordialement / Césaire / Villa Week-End Rond-Point / Petit Clamart (Seine)/ PS : Je vous envoie les textes dans l’ordre que j’aimerais voir suivre / lors de la publication : Vampire liminaire, Mais il y a du mal, Viscères du poème, Ferrements, Pour Ina, Et tâtant le sable du tambour de mes songes ».

On joint 3 poèmes autographes signés, rédigés à l’encre bleue sur 4 ff. in-4 : ...mais il y a du mal, Viscères du poème, Et tâtant le sable du tambour de mes songes (2 pp.) qui seront recueillis dans Ferrements en 1960 (éditions du Seuil).

LAS : « 17 juin 1959 / Mon cher Maurice Nadeau, / je vous envoie ci-joint les poèmes (5) / que vous m’avez fait l’ami- tié de me / demander pour « Lettres Nouvelles » / À vous de tout coeur / Aimé Césaire ».

LAS : « 15 nov [1976] / Cher Maurice Nadeau, / Vous me demandez des renseignements / concernant les « oeuvres complètes ». / Il s’agit d’une édition strictement / martiniquaise : les éditions Désormeaux / non représentées à Paris. / Mais je demande à la personne qui / est en contact avec mon fils de vous faire / tenir un exemplaire que je vous offre / en tout amitié. / Je vous prie de croire à mes sentiments / les meilleurs. / Aimé Césaire / 8, rue Albert Bayet / Paris (13e) ».

7 500 €

103 161. CÉSAIRE (Aimé). Soleil cou coupé.

Paris, K éditeur, Collection « Le Quadrangle », 1948. In-12 (22,2 x 16,4 cm), broché, couverture illustrée, 122 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 2 100 ex. numérotés sur Alfa du Marais (après 60 ex. sur Chiffon du Marais avec une gravure originale de Hans Hartung), celui-ci non justifié.

Très bel envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / par or et sang / par flaques et mirages / par cris et murmures / salut / A. Césaire ».

Couverture brunie en marge. 750 €

162. CÉSAIRE (Aimé). Discours sur le colonialisme.

Paris, Editions Réclame, 1950. 19,2 x 12,2 cm, broché, couverture brique imprimée en noir, 60 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale de ce texte d’engagement majeur d’Aimé Césaire (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / ce petit signe amical / A. Césaire / Paris 16 juin 1950 ».

1 500 €

163. CÉSAIRE (Aimé). Cahier d’un retour au pays natal.

Paris, Présence Africaine, 1956. 18,6 x 11,7 cm, broché, couverture imprimée, 94 pp., 1 f. n. ch..

Edition définitive (la première parution en revue date de 1939 et en volume en 1947 chez Bordas).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / avec l’expression de mon / estime et de ma sympathie / A. Césaire ».

250 €

164. CÉSAIRE (Aimé). Et les chiens se taisaient. Tragédie.

Paris, Présence Africaine, 1956. 18,7 x 12,2 cm, broché, couverture imprimée, 121 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Tirage limité à 1 000 exemplaires numérotés, tous sur vélin.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Que Maurice Nadeau / veuille bien accueillir / ce livre en signe (par trop rare !) / d’amitié / A. Césaire / Paris, le 11 octobre 1956 ».

Ouvrage paru à l’occasion du premier congrès international des écrivains et artistes noirs organisé par Présence Africaine.

Dos bruni. 250 €

165. CÉSAIRE (Aimé). Ferrements.

Paris, Editions du Seuil, 1960. 18,5 x 13,2 cm, broché, couverture imprimée, 92 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire sur papier d’édition (après 25 ex. sur vélin pur fil du Marais et 105 ex. sur vélin neige).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / qui voulut bien se pencher / jadis (déjà !) sur mes / commencements / Bien amicalement / Césaire ».

Dos bruni. 500 €

104 166. CÉSAIRE (Aimé). Toussaint l’ouverture. La Révolution française et le problème colonial.

Paris, Club du livre français, Col. « Portraits de l’histoire », 1960. In-8 (20,6 x 13,4 cm), cartonnage toilé illustré de portraits de personnages historiques, 288 pp., 5 ff. n. ch., Cartes d’Haïti et de la mer des Caraïbes sur feuillet volant.

Edition originale, hors-commerce.

Tirage à 10 125 exemplaires.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / Cette histoire bien des fois racontée / mais toujours édifiante / Amicalement / Aimé Césaire ».

500 €

167. CÉSAIRE (Aimé). Toussaint l’ouverture. La Révolution française et le problème colonial.

Paris, Présence Africaine, 1961. In-8 (21,5 x 13,4 cm), broché, couverture imprimée, 309 pp., 3 ff. n. ch. (cartes d’Haïti et de la mer des Caraïbes).

Première édition dans le commerce (après l’édition hors-commerce au Club français du livre parue l’année précé- dente).

Exemplaire du tirage courant (après 100 alfa bouffant).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / fidèle amitié / Aimé Césaire ». 250 €

168. CÉSAIRE (Aimé). Cadastre.

Paris, Editions du Seuil, 1961. 18,5 x 13,2 cm, broché, couverture imprimée, 93 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale collective sur papier d’édition et en service de presse (après 15 ex. sur vélin pur fil du Marais) regroupant Corps perdu et Soleil cou coupé, ce dernier ici considérablement modifié.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / en fidèle amitié / A. Césaire ».

Dos bruni. 500 €

169. CÉSAIRE (Aimé). La Tragédie du Roi Christophe.

Paris, Présence Africaine, 1963. 18 x 11,5 cm, broché, couverture imprimée, 161 pp..

Edition originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / fidèle sympathie / A. Césaire ».

Page de titre partiellement brunie par le feuillet d’errata contrecollé en vis à vis. 250 €

170. CÉSAIRE (Aimé). Moi, laminaire. Poèmes.

Paris, Editions du Seuil, 1982. 18,5 x 13,2 cm, broché, couverture imprimée, 94 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier annoncé).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / ces quelques écritures / pour démêler / un éche- veau afro / amical souvenir / Aimé Césaire ».

300 €

105 171. CHAR (René). Le Marteau sans maître.

Paris, Editions surréalistes, chez José Corti, 1934. 19,1 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 142 pp., 1 f. n. ch..

Édition originale de ce célèbre et important recueil de poèmes écrits entre 1927 et 1934.

Ex. sur papier d’édition (après 20 ex. sur Hollande).

Couverture brunie en marge ainsi que le dos.

Ex-libris manuscrit. 120 €

172. CHAR (René). Placard pour un chemin des écoliers.

Avec cinq illustrations par Valentine Hugo.

Paris, GLM, 1937. In-4 (25 x 19,2 cm), broché, couverture rouge à rabats imprimée en noir, non paginé, 16 ff. rouge, 6 ff. sur vélin fort dont 5 avec un hors-texte de Valentine Hugo.

Edition originale.

Un des quelques exemplaires hors-commerce sur vélin satiné rouge (25 vieux Japon, 30 Arches teinté et 280 exemplaires sur roto teinté).

Illustré de reproductions en phototypie de 5 pointes sèches de Valentine Hugo.

Envoi autographe signé : « Exemplaire / de Maurice Nadeau / très amicalement / René Char / 2 juin 1946 ».

Un ancien envoi, proprement effacé, en page de faux-titre.

Rare sur vélin satiné rouge. 1 500 €

173. CHAR (René). Le Marteau sans maître. suivi de Moulin premier (1927-1935).

Paris, Librairie José Corti, 1945. In-8 (22,8 x 14,4 cm), broché, couverture imprimée en noir en rouge et noir, 105 pp., 3 ff. n. ch..

Version définitive comprenant plusieurs variantes.

Un des 910 exemplaires sur surglacé (après 25 vergé d’Arches contenant une pointe sèche de Pablo Picasso et 50 ex. sur vélin du Marais)

Bel envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / le silex et aussi / une graine / très sympathiquement / René Char ».

Couverture et premiers feuillets fortement brunis en tête, sinon bon exemplaire. 100 € 106 174. CHAR (René). Feuillets d’Hypnos.

Paris, Gallimard, Coll. Espoir, 1946. In-12 (18,8 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 97 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale (après 23 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre). Exemplaire du SP.

Bel envoi autographe signé de René Char sur le faux-titre : « à Maurice Nadeau / ces Illuminations de / courte durée. / avec ma sympathie / la plus amicale / R. Char ».

Correction manuscrite de René Char en p. 67. Complet du rare prière d’insérer. 1 000 €

175. CHAR (René). Premières alluvions.

Paris, Fontaine, Coll. « L’Age d’or » dirigée par Henri Parisot, 1946. 14 x 11,2 cm, broché, couverture imprimée, 35 pp..

Edition originale.

Un des 25 ex. hors commerce sur vélin vert (après 25 ex. sur vergé d’Arches et 500 ex. sur vélin blanc).

Couverture de Mario Prassinos. 150 €

176. CHAR (René). Le Poème pulvérisé.

Paris, Fontaine, 1947. 1 vol. (26,2 x 18,5 cm), broché, couverture imprimée en rouge et noir, 103 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale. Un des 1 200 exemplaires sur simili-japon (seul papier après 65 ex. sur pur fil Johannot qui contiennent une linogravure de Matisse).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / avec ma très cordiale pensée / René Char ».

450 €

177. CHAR (René). Fête des arbres et du chasseur.

Paris, GLM, 1948. 23 x 16,8 cm, broché, couverture imprimée, 16 ff. n. ch..

Édition originale.

Un des 630 ex. sur vélin du Renage (après 2 ex. sur vélin de Rives et 18 ex. sur Hollande van Gelder, seuls exemplaires ces 20 ex. comportent en frontispice une lithographie originale de Joan Miro), celui-ci un des 30 hors commerce.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / Très amicalement / René Char ». 250 € 107 178. CHAR (René). Fureur et Mystère.

Paris, Gallimard, 1948. In-16 (18,7 x 12,2 cm), broché, couverture imprimée, 264 pp., 2 ff. n. ch..

Édition en partie originale d’un recueil poétique majeur de l’auteur.

Exemplaire du SP (après 14 ex. sur Hollande, 30 ex. sur vélin pur fil Navarre et 330 ex. sur alfa reliés en cartonnage d’après une maquette de Mario Prassinos).

Bel envoi autographe de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / ces « choses » que nous partageons / pour qu’elles cessent / d’être des choses / en toute amitié / René Char ».

Dos bruni.

Ce volume comprend des extraits de Seuls demeurent, Feuillet d’Hypnos, La Conjuration, Le Poème pulvérisé, et pour la première fois, Les Loyaux adversaires qui contient cependant Sur le Volet d’une fenêtre, paru dans Premières alluvions, ainsi que Chaume des Vosges avec le titre Sur une table de Mairie et La Fontaine narrative.

P. A. Benoit, Bibliographie des oeuvres de René Char de 1928 à 1963, 26. 600 €

179. CHAR (René). Lettre à Maurice Nadeau à propos de Oeuvres de Sade.

1948. LAS d’1/2 p. au format in-4.

Lettre autographe signée de remerciement pour le volume d’Oeuvres de Sade paru en 1947 à La Jeune Parque. Les textes choisis par Maurice Nadeau étaient accompagnés d’un essai « Exploration de Sade ».

LAS, enveloppe jointe : « 6 rue victorien Sardou Paris XVIe / 10 février 1948 / Merci cher Maurice Nadeau / de votre très impressionnant Sade / et votre part est un pont sans fissures. / Amitiés / René Char ».

150 €

180. CHAR (René). Dehors la nuit est gouvernée. précédé de Placard pour un chemin des écoliers.

Paris, GLM, 1949. 19 x 11,3 cm, broché, couverture imprimée, 69 pp., 4 ff. n. ch..

Edition collective.

Un des 1 000 ex numérotés sur alfama (après 22 ex. sur vélin du Marais).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / ces poèmes remariés / mais mauvais époux, / (tels les vents leur / origine !) et perdus / au fond des bois. / Bien fraternellement / R. Char ».

Correction autographe de René Char à l’encre en p. 25.

Couverture lég. brunie en marge. 300 €

181. CHAR (René). Claire. Théâtre de Verdure.

Paris, Gallimard, 1949. In-16 (16,7 x 10,8 cm), broché, couv. imprimée, 107 pp., [2] ff..

Édition originale de cette pièce en dix tableaux.

Exemplaire du SP (après 18 ex. sur vélin de Hollande et 55 ex. sur vélin pur fil Lafuma Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / fidèlement son ami / René Char ».

200 €

108 182. CHAR (René). Manuscrit autographe signé d’un article en réaction au Scandale de Notre-Dame.

12 avril 1950. 2 LAS et un document formant un ensemble de 5 pp. au format in-4 et 1 p. au format in-8 rédigées à l’encre noire.

Important manuscrit, en partie inédit, composé de 3 documents autographes signés, comportant, pour le premier, des corrections autographes, adressés à Maurice Nadeau en réaction au Scandale de Notre-Dame, acte d’agitation anticléricale effectué le 9 avril 1950 (jour de Pâques), durant une messe à la cathédrale Notre-Dame de Paris, par quelques membres du mouvement lettriste dont Michel Mourre.

Combat avait commencé par condamner l’action, puis y consacra huit jours de reportage avec une vingtaine d’ar- ticles publiés dont celui de René Char.

Le manuscrit prend la forme d’une première lettre datée du 12 avril 1950, complétée et amendée par une seconde lettre du 18 avril 1950 et d’un document autographe additionnel.

109 LAS : « le 12 avril 1950 / Monsieur le Directeur / de « Combat » / 123, rue Montmartre / Paris / Monsieur, / Combat de ce jour consacre une page / à ce qu’il intitule « Le débat sur le / scandale de Notre-Dame ». En ce temps / d’assassi- nat inconditionnel d’enfants / par leurs parents, c’est faire la part / belle à un prétendu sacrilège. Quoi- / qu’il en soit, mon vieux camarade / André Breton, dans un article d’une / haute tenue anticléricale, nous mande, / quelques uns, de ne pas nous dérober, / en souvenir des rêves de notre jeunesse, / à un devoir de solidarité envers Mr / Michel Mourre, inculpé d’outrage à / dieu.( Je crois, et nous sommes nom- / breux dans ce cas, avoir réalisé / de 1940 à 1944, sous la forme de / cauchemar, quelques rêves de cette jeunesse / qui se voulait justicière!) Je vous / serai donc obligé de publier dans les / colonnes de Combat ces lignes qui n’ont / d’autre ambition que celle de répondre / au souhait de Breton, mon ami, sans / trop d’éclipses, depuis vingt ans.

Personnellement, je ne suis pas opposé, / bien au contraire, au fait que les dis- / ciples mettent vigoureusement en pra- / tique les enseignements de leurs maîtres. / Cela ne pourra que profondément amener / ces derniers à vivre enfin sous le coup / et dans le risque de la responsabilité de leur mérite. / La vraie révolte y gagnera. Breton / a donc raison ici de justifier le geste / de Mr Mourre qui a passé à l’action. / Il peut ne sembler que partiellement / satisfai- sant que ce ne soit presque tou- / jours que les défroqués qui maudissent violemment / ce qu’ils ont adoré. Ils le font évidem- / ment en connaissance de cause parfois avec humour, parfois sans ! En / religion, comme en politique, ce besoin / est fréquent, son origine toutefois émousse un peu / sa pointe. Bref, puisque Breton m’ap- / pelle en témoi- gnage, je réponds oui, / de tout mon coeur, mon coeur des bonnes mais périlleuses actions... au cas très impro- / bable où les autorités ecclésiastiques / poursuivraient devant les tribunaux / correctionnels Mr Michel Mourre, Il peut / compter sur ma sympathie. Je témoignerai en faveur / de ce jeune homme qui a le tort aux yeux / des Dominicains de Saint-Maximin d’être / un déséquilibré qu’ils ont chassé de leur couvent. (Une / perle, le communiqué de ses Pères de Saint- / Maximin animés d’une franchise de / plomb et d’une charité qui lève le nez! / J’espère qu’on va décorer le brave / suisse de Notre-Dame qui sut si bien / frapper à l’aide de sa hallebarde, / comme un sourd sans doute, le contra- / dicteur au bas de l’escalier. Également / le bon Pierre Emmanuel : « il fallait / lui cogner la tête sur les marches / du maître-autel (sic)... » mais par / dieu, qu’est-ce que c’est que ces chré- / tiens-là qui rêvent de transfor- mer leur / église vénérable en maison de correc- / tion, en lieu de châtiments corpo- / rels, en camp de concentration, alors / que dans la maison de Dieu, autrefois, / la personne humaine était sacrée ! / Les bandits de grands chemins traqués y / pouvaient même trouver refuge... / Sont-ils tous devenus déments ?)

Ceci dit, en 1950 je n’adhé- / rerais plus à cette autre fidélité / - déjà forcé à l’époque-, du second manifeste, / de Breton écrivant : « l’acte surréaliste... / c’est de descendre, muni d’un revolver, / dans la rue et de tirer au hasard dans / la foule ». Non. Chacun maintenant / doit savoir pourquoi, il ne tirerait pas / au hasard dans la foule... et Breton / le premier dont le scrupule et le respect humanisant / bien connus de ceux qui l’ont approché ! / Quant à la pieuvre, à laquelle / Breton fait aujourd’hui allusion, il / en existe deux espèces, celle d’une taille / réduite qui nous étreint le pied mais / dont on se délivre facilement et celle / plus sérieuse, gigantesque (americano- / russe) qui vise à nous étouffer pure- / ment et simplement. Ce n’est pas par / des complots de cache-musette qu’on / détruira les causes de son existence / et cette existence même. Il y a une / admirable définition de Saint-Just / qu’on ferait bien de méditer et / de convertir en acte même : « Il ne saurait / exister de liberté pour les ennemis / de la liberté. » Elle sera ma conclu- / sion et le point de départ d’une / longue réflexion. / Veuillez agréer Monsieur l’assu- / rance de mes sentiments très distingués. / René char 6, rue victorien Sardou Paris XVIe. »

LAS, enveloppe jointe oblitérée le 18 avril 1950 : « Mardi [18 avril 1950] / Cher ami / je vous envoie d’urgence afin que vous / puissiez l’insérer dans mon papier jeudi, / cette « fin » qui doit remplacer l’autre, / celle que vous avez déjà et que vous voudrez / bien supprimer. Elle se place juste après / les lignes où il est question de la « seconde / pieuvre ». Merci de raccorder comme vous / pourrez. Je vous demanderai aussi d’ajouter / entre parenthèses après la citation que je / fais de Breton... « L’acte surréaliste est de descendre / dans la rue... etc... » ces mots : (je cite de mémoire). / J’ai été heureux de vous serrer la main / hier soir. Pensées bien amicales / René Char ».

Document autographe joint : « ... qui vise à nous étouffer purement et / simplement. Mais ce n’est pas en faisant / profession d’anti-quelque chose que nous / viendrions à bout de ce quelque chose, faux / et meurtrier à son sommet mais resté / valable et juste à sa racine (le commu- / nisme par exemple.) L’Histoire n’a / pas une santé de crin et ses entichés / se comportent vis-à-vis d’elle comme / des libertins en proie à des perversités / d’un nouveau genre. « attention, tu te / corromps ! » Hélas, les tyrans et les / utopistes, leurs adversaires, Me paraissent, / à quelque ex- ception près, détenir même / tempérament, même absolutisme, même / vision erronée des lendemains de l’homme. / Nous voilà loin de Mr Mourre, qu’il / faudra, celui-là, arracher des mains / des docteurs aliénistes. / ils sont plus qu’un petit nombre / ceux qui se sentent pareillement à l’étroit / dans l’optimisme étourdi des poétiques / et dans les arpents du désespoir quotidien. / il ne s’agit pas « d’avoir raison sur nature / et d’avoir tort, en théorie » mais / avec toute la témérité et la crainte / de nous tromper donc nous sommes / capables, de maintenir la liberté / familière de la vérité. / veuillez agréer, Monsieur etc... / René Char ».

4 000 €

110 183. CHAR (René). Pyrénées. s.d.. Poème autographe rédigé à l’encre sur un feuillet de 26,7 x 21,7 cm.

Beau poème autographe.

« Pyrénées » figure dans Les Matinaux, recueil paru chez Gallimard en 1950 dans la section titrée La Sieste blanche en pages 47 et 48.

Beau document.

Montagne des grands abusés, Au sommet de vos tours fiévreuses Faiblit la dernière clarté. Rien que le vide et l’avalanche, La détresse et le regret! Tous ces troubadours mal aimés Ont vu blanchir dans un été Leur doux royaume pessimiste. Ah! la neige est inexorable Qui aime qu’on souffre à ses pieds, Qui veut que l’on meure glacé Quand on a vécu dans les sables. 1 000 €

111 184. CHAR (René). Qu’il vive !

1948. Poème autographe signé rédigé à l’encre sur un feuillet de 26,7 x 21,7 cm.

Beau poème autographe signé.

« Qu’il vive ! » est l’un plus importants poèmes figurant dans Les Matinaux, recueil paru chez Gallimard en 1950. Il figure dans la section titrée La Sieste blanche en pages 49 et 50.

Une rature. Une différence dans la ponctuation du second verset.

Beau document.

« Qu’il vive ! Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains. La vérité attend l’aurore à côté d’une bougie. Le verre de fenêtre est négligé. Qu’importe à l’attentif ! Le jeu d’échec, précurseur d’affliction, est méprisé dans mon pays. Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému. Il n’y a pas d’ombre maligne sur le navire chaviré. Bonjour à peine est inconnu dans mon pays. On n’emprunte que ce qui peut se rendre augmenté. Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les branches sont libres de n’avoir pas de fruits. On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur. Dans mon pays, on remercie. René Char / 1948 » 2 000 €

112 185. CHAR (René). Les Matinaux.

Paris, Gallimard, 1950. In-16 (18,7 x 12,2 cm), broché, couverture imprimée, 150 pp., 3 ff. n. ch..

Édition originale (à part pour Fêtes des arbres et du chasseur).

Exemplaire du SP (après 6 ex. sur Madagascar, 28 ex. sur Hollande, 65 ex. sur vélin pur fil Navarre et 550 ex. sur alfa reliés en cartonnage d’après une maquette de Mario Prassinos).

Envoi autographe de l’auteur : « A Maurice Nadeau / ami matinal / de tout coeur / René Char ».

Papier bruni.

P. A. Benoit, Bibliographie des oeuvres de René Char de 1928 à 1963, 34 200 €

186. CHAR (René). Contre les prix littéraires.

1951. LAS d’1 p. au format in-8 et un document autographe signé d’1 p. au format in-8.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau dans laquelle René Char lui demande de publier dans Combat un communiqué précisant qu’il refuse d’être candidat au Prix des Ambassadeurs. Le Prix sera décerné à René Laporte pour l’ensemble de son oeuvre.

LAS : « 11 mai 51 / Cher ami, / vous seriez aimable d’insérer dans / le « Combat » de jeudi prochain le / petit avis ci-inclus. / Je vous remercie et vous prie / de croire en mes sentiments bien / cordiaux. / René Char ».

Document autographe joint : « René Char, dont le nom a été retenu / et communiqué à la presse par le / pré-jury du Prix des Ambassadeurs / qui sera décerné le 28 juin, fait / savoir qu’il n’est pas candidat, qu’il / n’est et n’a jamais été candidat / à un prix littéraire et qu’il / persévèrera. ».

600 €

113 187. CHAR (René). La Paroi & la Prairie.

Paris, GLM, 1952. 19,8 x 12,5 cm, broché, couv. bleue imprimée, 28 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

L’un des 920 ex. num. sur vélin (après 30 ex. sur Hollande et outre 25 ex. lettrés sur vélin réservés aux Amis de GLM et quelques hors commerce).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / ces poèmes sans maison ! / avec amitié / R. Char ».

A. Coron, Les Éditions GLM. Bibliographie, B.N., n° 361. 250 €

188. CHAR (René). Lettera amorosa.

Paris, Gallimard, Coll. « Espoir », 1953. 18,7 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 31 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (après 11 Madagascar, 35 Hollande et 80 vélin pur fil).

Poétique envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / ce poème ouvert avec / une lame d’un couteau / amica- lement / R. Char ».

Prière d’insérer joint.

Bel exemplaire de ce titre important de Char. Légère insolation en marge de la couverture. 750 €

189. CHAR (René). Arrière-histoire du Poème pulvérisé.

Paris, Jean Hugues, 1953. 16,3 x 12,3 cm, broché, couverture imprimée, 55 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale. Un des ex. hors commerce d’auteur livrés sans la lithographie de Nicolas de Staël.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau, / la plaie et le murmure / très cordialement / R. C. ».

300 €

190. CHAR (René). Choix de poèmes.

Mendoza (République Argentine), Imprimerie D’Accurzio, Collection « Radicación poética de Brigadas Líricas », 1953. In-4 (25 x 19,2 cm), broché, couverture illustrée, non paginé, avec une illustration hors-texte photographique en noir et blanc (Georges de La Tour, Le Prisonnier).

Edition en partie originale comprenant 2 poèmes inédits : « Tour à tour coteau... » et « Front de la rose ».

Avant-propos de Jean Pénard. Un des 500 exemplaires sur papier plume (après 10 ex. sur Offset finlandais).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / avec qui, un jour, on me brouilla sans / que j’ai su pourquoi ? / R. Char ».

300 €

191. CHAR (René). Recherche de la base et du sommet.

Paris, Gallimard, 1955. In-12 (18,8 x 12 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 173 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (poinçon en quatrième de couverture, mention fictive de deuxième édition en bas du faux-titre), après 15 Madagascar, 40 Hollande et 95 vélin pur fil.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / avec mes bonnes pensées / René Char ».

Papier uniformément jauni. 250 €

114 192. CHAR (René). Poèmes des deux années 1953-1954.

Paris, GLM, 1955. 19,7 x 12,4 cm, broché, couverture imprimée, 47 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 1 450 exemplaires sur vélin Djebel (après 50 ex. sur vélin d’Arches avec une eau-forte de Giacometti).

Envoi autographe signé par l’auteur: « Pour Maurice Nadeau / Tels qu’ils sont... /Bien cordialement / R. Char ».

200 €

193. CHAR (René). Art bref. suivi de Premières alluvions.

Paris, GLM, 1955. 19,2 x 11,3 cm, broché, couverture imprimée, 46 pp., 3 ff. n. ch..

Edition en partie originale.

Un des 950 sur alfama (après 25 ex. sur vélin du Marais), celui-ci non justifié.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / affectueusement / René Char ».

« Art bref » est entièrement inédit et contient divers textes en prose sur ses amis peintres (Jean Villeri, Pierre Char- bonnier, Balthus, Ciska Grillet et Georges Braque), « Madeleine qui veillait » et un poème en vers « Huis de la Mort Salutaire ». « Premières alluvions » avait paru en 1945, chez Fontaine.

200 €

194. CHAR (René). À propos de l’exposition Georges Braque - René Char à la Bibliothèque Jacques Doucet.

3 novembre 1963. LAS d’1 p. au format in-8, enveloppe conservée.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau à propos de l’Exposition Georges Braque - René Char organisée du 13 au 31 mai 1963 à la Bibliothèque Jacques Doucet. René Char évoque également la lecture de Michel Leiris et la quadrature du cercle, l’essai que Maurice Nadeau venait de faire paraître chez Julliard.

LAS : « 3 nov. 1963, / Cher Maurice Nadeau / François chapon, puis Edmond Jabès, / m’ont fait part de votre visite / en mai dernier, à l’exposition / organisée par la bibliothèque / Doucet, à la bonne impression / qu’elle vous avait laissée. J’en / ai été heureux. Récemment, en / achevant de lire votre ouvrage / sur Michel Leiris, j’ai éprouvé / le vif désir de vous écrire ce mot. / Voilà qui est fait. / Bien à vous / René Char ».

150 €

195. CHAR (René). Commune présence.

Paris, Gallimard, 1964. In-8 (20,7 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée à rabats, XXIII pp., 297 pp., 3 ff. n. ch..

Edition en partie originale, les poèmes extraits du recueil Retour Amont, qui paraîtra l’année suivante chez GLM, étant inédits.

Préface de Georges Blin.

Un des 3 500 ex. sur vélin bouffant (après 36 ex. sur Hollande, 96 ex. sur vélin pur fil Lafuma Navarre), parmi ceux-ci l’un des 250 ex. hors commerce.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / amicale pensée de / R. Char ».

150 €

115 196. CHAR (René). L’An 1964.

11 janvier 1964. Plaquette de 4 pp. in-16 (13,3 x 11 cm) et LAS d’1 p. au format in-8.

Edition originale de cette plaquette de voeux pour l’année 1964 avec envoi autographe de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau ».

On joint une lettre autographe signée à Maurice Nadeau adressée le 11 janvier 1964 à propos de L’An 1964.

LAS : « L’Isle 11 janvier 64 / Cher Maurice Nadeau / Celui qu’on oublie ne fut pas forcément / heureux ! Dans le petit texte que je vous ai / envoyé, Rilke est oublié. Ensuite les / amis - tel Artaud, tel Bataille - qui, s’ils / n’ont pas été oubliés, mon affection n’a / pas su encore s’éloigner de passer pour / les « ouvrir » sans les faire saigner. / Merci pour votre lettre. Je pense / à vous avec amitié, cher Maurice / Nadeau, et vous dit mes voeux affectueux. / René Char / Deux fautes dans « L’An 1964 » : « Trêve », avec un accent circonflexe et non grave ; « le harassement » et non « l’harassement » ».

400 €

197. CHAR (René). Les Matinaux.

Paris, Gallimard, 1964. In-8 (20,5 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée, 99 pp., 2 ff. n. ch..

Nouvelle édition. Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / témoignage d’amitié / R. Char ». 150 €

198. CHAR (René). Fusées en provence.

Avril 1966. Tapuscrit de 2 pp. in-4 (27 x 21 cm) et LAS d’1/2 p. au format in-8.

Tapuscrit original de cette protestation contre l’implantation de trois usines atomiques d’orientation militaire sur le plateau d’Albion à quelques kilomètres de l’ancien terrain « Spitfire » de la S.A.P..

On joint la lettre autographe signée d’accompagnement adressée à Maurice Nadeau le 17 avril 1966 :

LAS : « 17 avril 66 / Cher Maurice Nadeau / Je vous transmets cette protestation / qui nous concerne de près. / Merci. Amicalement à vous / René Char ».

350 €

199. CHAR (René). Retour amont.

Paris, Gallimard, 1966. In-8 (20,5 x 14 cm), broché, couverture rempliée imprimée, 52 pp., 2 ff. n. ch..

Nouvelle édition, la première avec le texte seul.

Un des 250 ex. hors commerce (après 35 Hollande et 95 vélin pur fil et 3 500 ex. sur vélin bouffant alfa).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / amicale pensée / René Char».

Quelques fines piqûres en marge de la couverture. 150 €

200. CHAR (René). Lettre à propos d’un article sur Blanchot.

10 janvier 1967. LAS d’1 p. et 1/2 p. au format in-8, enveloppe jointe adressée à la Quinzaine littéraire.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau à propos de corrections concernant un texte sur Maurice Blanchot paru dans la Quinzaine littéraire.

LAS, enveloppe jointe : « L’Isle sur-Sorgue / 10 janvier 67 / Cher Maurice Nadeau, je vous prie, / voulez-vous bien dire à qui rend / compte de la NRF dans la / « Quinzaine littéraire » du 1er janvier / qu’il n’obscurcisse pas davantage la / citation qu’il fait d’une de mes / phrases dans mon texte à propos de / Blanchot, en y apportant deux / fautes 116 grossières (« en » au lieu de « entre », et, « et des prodigalités de graminées » au lieu de : « et à des prodigalités de graminées ».) Je veux / bien passer pour obscur mais non pour / dégueulasse, du moins dans une publi- / cation comme la vôtre ! / Tous mes voeux pour vous et pour / votre travail. Ici nous continuons à refuser / les fusées et leur / candidat très / protégé. / Amicalement / René Char ».

150 €

201. CHAR (René). Tract et papillons électoraux contre Santoni, député-maire d’Apt.

Février 1967. Tract d’1 p. in-4 (27 x 21 cm) imprimé en noir sur papier vert, 2 papillons imprimés (12,8 x 9,8 cm), enveloppe d’expédition avec adresse auto- graphe.

Documents relatifs à l’opposition de René Char à Santoni, député-maire d’Apt chaud partisan des fusées nucléaires, candidat à sa réélection lors des législatives des 5 et 12 mars 1967.

Tract de protestation : « Non aux fusées atomiques ! Non à leur commis ! [...] Non aux fusées atomiques ! Non à Santoni ! »

Deux papillons : « Pas de fusées dans l’urne ! Non à Santoni ! » et « Gardez-vous en vie. Non à Santoni! ».

On joint l’enveloppe d’expédition adressée à Maurice Nadeau, timbrée et oblitérée le 21 février 1967, nom et adresse rédigés par René Char.

Un autre tract, titré « L’Acte salutaire », a figuré à l’Exposition René Char de 2007 à la BNF. 150 €

202. CHAR (René). Sur la poésie.

Paris, GLM, 1967. 15,3 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 50 pp., 3 ff. n. ch..

Nouvelle édition augmentée.

Un des 968 exemplaires sur bouffant fleur d’alfa (après 20 ex. sur vélin d’Arches et 10 Hollande).

Envoi autographe signé par l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / Avec mes pensées amicales / R. Char ».

Coron, Les Edition GLM, n° 504 200 €

203. CHAR (René). Trois coups sous les arbres. Théâtre saisonnier.

Paris, Gallimard, 1967. In-12 (18,6 x 12 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 251 pp., 2 ff. n. ch..

Edition collective, en partie originale, de ce recueil comprenant Sur les hauteurs, L’Abominable des neiges, Claire, Le Soleil des Eaux, Pourquoi du Soleil des Eaux, L’Homme qui marchait dans un rayon de soleil, La Conjuration.

Exemplaire du SP (après 25 ex. sur vélin de Hollande et 65 ex. sur vélin pur fil Lafuma Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / fidèle pensée de / René Char ».

Prière d’insérer joint (marque de pli). Dos bruni. 150 €

204. CHAR (René). Dans la pluie giboyeuse. Poème.

Paris, Gallimard, 1968. In-12 (21 x 14 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 37 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

L’un des 3 500 ex. sur bouffant alfa (après 50 ex. sur Hollande, 125 ex. sur vélin pur fil Lafuma Navarre et 20 ex. d’auteur sur parcheminé de couleur), parmi ceux-ci l’un des 200 ex. hors commerce.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau /amicalement / R. Char ».

Prière d’insérer joint (décharge sur le premier feuillet de garde et le faux-titre). 200 € 117 205. CHAZAL (Malcolm, de). Mythologie de crève-coeur. Les hommes de la pierre.

Port-Louis, Imprimerie Al-Madinah, 1951. In-12 (20,7 x 15 cm), broché, couverture imprimée, 2 ff. n. ch., 106 pp. 1 f. n. ch..

Edition originale tirée à 100 exemplaires.

Envoi autographe signé : « à / Maurice Nadeau / Paris, / Hommage de l’auteur / M. de Chazal / 20/3/51 / Curepipe / Ile Maurice ».

Discrètes traces de pliures à la couverture. Très rare. 500 €

206. CHAZAL (Malcolm, de). Aggenèse ou Révélation de la nuit.

Port-Louis, Imprimerie Al-Madinah 1951. In-16 (16,3 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 2 ff. n. ch., IV pp., 173 pp. 3 ff. n. ch..

Edition originale de ce manifeste tirée à 100 exemplaires numérotés.

Feuillet d’errata joint et petite carte « de la part de l’auteur ».

Discrètes traces de pliures à la couverture. Très rare. 200 €

207. CHAZAL (Malcolm, de). La Grande Révélation.

Port-Louis (Ile Maurice), Imprimerie Al-Madinah, 1952. In-12 (15,2 x 12,5 cm), broché, couverture beige imprimée, 148 pp..

Edition originale tirée uniquement à 200 ex. numérotés. 350 €

208. CHAZAL (Malcolm, de). La Science immortelle.

Port-Louis (Ile Maurice), Imprimerie Almadina, 1952. Feuillet orange plié formant une plaquette petit in-12 (15,4 x 11,3 cm) de 6 pp..

Rare édition originale.

Manque à la BNF. 200 €

118 209. CHAZAL (Malcolm, de). L’Espace ou Satan. Discours sur l’illusion.

Port-Louis (Ile Maurice),The Standard Printing Establishment, s.d. [1953]. In-12 (17,3 x 12,5 cm), broché, couverture vert d’eau imprimée en rouge et noir, 3 ff. n. ch., 32 pp. 2 ff. n. ch..

Rare édition originale.

Tirage limité à 200 exemplaires (le n°79).

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / meilleur souvenir / M. de Chazal / Ile Maurice 6/5/54 ».

On joint une note tapuscrite indiquant que Bertrand d’Astorg a été chargé par Malcolm de Chazal de remettre le présent exemplaire à Maurice Nadeau en vue d’obtenir un « mot de sa part ». La note se termine par cette mention sibylline : « M. de Chazal ignore tout de la présente note ».

1 000 €

210. CHEDID (Andrée). Correspondance à propos de poèmes parus dans les Lettres Nouvelles.

1957 & 1958. 2 LAS et 1 CAS au format in-8 et in-16 formant un total de 5 pp..

Deux lettres et une carte autographes signées adressées à Maurice Nadeau à propos de la publication de poèmes dans les Lettres Nouvelles.

LAS : « Cher Monsieur, / Vous avez eu la gentillesse / l’hiver dernier de m’écrire que / je pouvais vous envoyer quelques / poèmes pour votre revue. La / plaquette « Terre regardée » devant / paraître, je n’avais à cette / époque rien d’inédit. / Voici des textes nouveaux ; / je ne sais s’il vous plairont. / Si oui, et que vous pensiez / pouvoir les faire paraître / dans les Lettres Nouvelles / j’en serais vraiment très / heureuse. Puis-je vous demander / en tout cas une réponse / à ce sujet ? [...] ».

LAS : « 23/10/57 / Cher Maurice Nadeau, / Je vous remercie d’avoir / répondu si rapidement à mon / envoi et aussi d’avoir retenu / mes poèmes, cela m’a fait un / très grand plaisir. / Dans « Terres des aimés » / il fallait sûrement écrire « qui / se hérisse » il n’y avait là / nulle intention poétique, simple- / ment un oubli ; merci de l’avoir / noté. / Je serai très heureuse de / pouvoir parler plus longuement / avec vous, pourriez-vous venir / déjeuner ou dîner un jour à la / maison, nous en serions ravis. / Est-ce que un jour de la semaine / qui suit la Toussaint vous / irait ? Mercredi 6, vendredi 8 / ou le samedi par exemple. [...] ».

CAS : « 17/5/58 / Cher Monsieur, / Merci pour les exemplaires / de la revue et aussi pour le / bandeau que j’ai aperçu dans / une librairie - c’est un signe de / confiance qui me touche et / m’aide. [...] ».

75 €

211. CINGRIA (Charles-Albert). Bois sec bois vert.

Paris, Gallimard, 1948. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 286 p., 1 f. n. ch..

Edition originale de la première série des Oeuvres complètes de Cingria entreprise à l’initiative de Jean Paulhan, seul volume paru.

Exemplaire du SP (après 18 ex. sur vélin pur fil Lafuma).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A / Maurice Nadeau / C A Cingria ».

Bel exemplaire complet du prière d’insérer. 200 €

119 212. CIORAN (Emil). importante lettre à propos de Précis de décomposition.

29 septembre 1949. 1 LAS d’1 p. au format in-8.

Importante et rare lettre autographe signée de Emil Cioran en réponse à l’article de Maurice Nadeau titré « Un penseur crépusculaire » paru dans Combat le 29 septembre 1949 à propos de Précis de décomposition, premier livre de Cioran paru en français chez Gallimard.

LAS : « 20, rue Monsieur le Prince / Hôtel Majory, Paris VIe / Paris, le 29 sept. 949 / Cher Monsieur, / Je vous remer- cie d’avoir accordé quelque crédit à / mes divagations, de les avoir pesées et d’en avoir dis - / tingué l’authentique du prétentieux. L’ambiguïté de toute / position extrême ne m’échappe pas : vous m’y avez / rendu plus sensible encore. Prôner la mort, et vivre, / cela peut friser l’imposture... Mais ce n’est pas à une / pensée conséquente avec elle-même que j’ai visé, mais / à une fidélité aux contradictions de mon tempérament. / Vous l’avez visiblement senti : c’est ainsi que je / m’explique l’indulgence de votre article, la note / de sympathie qui s’en dégage et son accent humain / qui m’émeut. J’ajouterai que les réserves que / vous formulez à l’endroit de mes exagérations je / me les suis répétées souvent à moi-même : mais / que puis-je contre ce mauvais goût et ce lyrisme / débraillé, stigmates héréditaires que je dois étaler /devant des esprits plus délicats ? / Ce serait pour moi une véritable joie de pouvoir / vous rencontrer un de ces jours prochains. Si vous ne craignez / pas les importuns , pourrais-je compter sur un / moment d’entretien ? / Veuillez croire, Cher Monsieur, à mes sentiments / respectueux et reconnaissants. / E. Cioran ».

On joint :

CIORAN (E. M.). Précis de décomposition.

Paris, Gallimard, Les Essais XXXV, 1949. in-12 (18 x 11,5 cm), broché, couv. imprimée, 184 pp..

Edition originale.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Important envoi autographe signé : « à Monsieur Maurice Nadeau, / qui voudra bien, j’espère, / avoir quelques indulgences / pour le balkanisme de ces pages, / hommage d’admiration / d’un de ses plus fidèles lecteurs / E. M. Cioran ».

L’ensemble 6 000 €

120 213. CIORAN (E. M.). Syllogismes de l’amertume.

Paris, Gallimard, Les Essais LII, 1952. 18 x 11,5 cm, broché, couverture imprimée, 184 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du S. P. (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Monsieur Maurice Nadeau / - ces exercices de concision - / en témoi- gnage de ma respec- / tueuse sympathie / E. M. Cioran ».

Très bon état. 1 500 €

214. CIORAN (E. M.). Histoire et utopie.

Paris, Gallimard, « Les Essais XCVI », 1960. 19 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 194 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du S. P. (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Monsieur Maurice Nadeau / hommage de l’auteur / E. M. Cioran ».

900 €

215. CIORAN (E. M.). De l’inconvénient d’être né.

Paris, Gallimard, « Les Essais CLXXXVI », 1973. 20,5 x 14 cm, broché, couverture bleu clair imprimée, 246 pp., 5 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du S. P. (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Monsieur Maurice Nadeau / en cordial hommage / E. M. Cioran ».

750 €

216. CIORAN (E. M.). Aveux et anathèmes.

Paris, Gallimard, Coll. « Arcades », 1987. In-12 (19 x 12,4 cm), broché, couverture imprimée, 145 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / bien cordialement / E. M. Cioran ». 500 €

121 217. CIXOUS (Hélène). Deux lettres à propos d’une nouvelle de Christine Brooke-Rose.

1967. 2 LAS au format in-4 formant un total de 3 pp. et 1/2..

Belles lettres autographes signées adressée à Maurice Nadeau, datées des 29 mars et 19 avril [1967], dans les- quelles Hélène Cixous propose une nouvelle de Christine Brooke-Rose, The Foot, « petit chef d’oeuvre d’intelligence et d’humour morbide » (qui venait de paraître dans The Unlikely Ghosts: A Collection of Twelve Ghost Stories, by James Turner, London, Cassell, 1967), évoque Rayner Heppenstall qu’elle admire beaucoup : « J’ai parlé de lui à Michel Butor, qui a bondi et m’a aussitôt dit d’insister auprès de vous en utilisant tout le poids de son enthousiasme pour Heppenstall qu’il estime et connaît très bien » et annonce organiser un débat entre Michel Butor et ses étudiants de Sorbonne sur la structure romanesque, débat qu’elle propose de voir publié en partie dans les Lettres Nouvelles.

75 €

218. CIXOUS (Hélène). Lettre à propos d’un essai sur la rhétorique des valeurs.

1971. 1 LAS au format in-4 de 1 p. et 1/2.

Belle lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau dans laquelle Hélène Cixous, alors « visiting professor » à l’université de New York, Buffalo, propose de rédiger un essai sur la rhétorique des valeurs pour parution dans la Quinzaine littéraire.

LAS sur papier à en-tête de State University of New York at Buffalo : « April 8, 71 / Cher Maurice Nadeau, / Je suis ici comme Visiting Professor, et autres activités plus ou moins enseignées ou enseignantes, et surtout comme lecteur du chiffre (UN)Americans. J’ai envie, parce que je bous de voir et entendre, d’écrire un topo, à la fois très ins- crit politiquement et très « écrit », c.a.d., portant sur le discours public ici, « community-minded » une sorte d’essai sur la rhétorique des valeurs, - ou sur la chaîne - ou la syntaxe - même des ambiguïtés idéologiques, au niveau même du discours mais concret (le discours de l’étudiant, de l’universitaire, de John Wayne, du Juror, du cas Calley) etc. Me donneriez-vous une double page de la Quinzaine pour cela ? Que je pourrais vous remettre vers le 15 mai. Je n’ai rien proposé au Monde pour des raisons idéologiques justement, car il ne s’agirait pas de reportage, mais d’un système de signifiants. Ça m’amuse si vous êtes d’accord, envoyez-moi vite un mot, à Buffalo, - adresse indiquée - sur cette feuille; et je le mets en place. Bien amicalement / Hélène Cixous ».

100 €

219. COCTEAU (Jean). L’Aigle à deux têtes.

Paris, Gallimard, 1946. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 196 p., 1 f. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (après 8 Japon impérial, 15 Hollande, 85 vélin pur fil, 1 040 alfa Navarre en cartonnage éditeur).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A / Maurice Nadeau / ce / souvenir / de / Jean Cocteau ».

Bel exemplaire complet du prière d’insérer. 150 €

220. COCTEAU (Jean). Poèmes. Léone - Allégories - La Crucifixion - Neiges.

Paris, Gallimard, 1948. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 157 p...

Edition collective.

Exemplaire du SP (après 20 vélin pur fil, 1 040 alfa Navarre en cartonnage éditeur).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A / Maurice Nadeau / en / souvenir / de / Jean Cocteau / 1948 ».

150 €

122 221. COCTEAU (Jean). Clair obscur. Poèmes.

Monaco, Editions du Rocher, 1954. 20,3 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 200 p., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 40 Madagascar, 80 vélin pur fil et 200 alfa mousse).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / cet / hommage amical / de / Jean Cocteau / 1954 ».

150 €

222. COCTEAU (Jean). Le Cordon ombilical. Souvenirs.

Paris, Plon, 1962. 20,3 x 14,3 cm, broché, couverture imprimée, 81 p., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 100 vélin pur fil des Papeteries Lafuma et 100 vélin pur fil des Papeteries Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / ce / souvenir / amical / de / Jean Cocteau ».

150 €

223. COLETTE. Trois... Six... Neuf...

Paris, Corrêa, 1946. 16,4 x 12,7 cm, broché, couverture imprimée, 106 pp., 3 ff. n. ch..

Nouvelle édition (l’originale paraissant chez le même éditeur en 1944 avec des illustrations de Dignimont).

Envoi autographe signé : « à mon confrère Maurice Nadeau / en souvenir de / Colette ».

Correction autographe de Colette à la faute à « Troix » sur le faux-titre.

Non Coupé. 150 €

224. COLETTE. En pays connu.

Paris, Ferenczi, 1950. 18,7 x 12,3 cm, broché, couv. imprimée, 237 pp., 1 f. n. ch..

Seconde édition, en partie originale.

Exemplaire du SP (après 5 Japon impérial, 20 vélin de Hollande et200 ex. sur vélin Lafuma).

Envoi autographe signé : « Pour mon confrère / Nadeau, / avec mon sentiment bien cordial / Colette ».

L’édition originale d’En pays connu parut en 1949 aux Editions Manuel Brucker à 170 ex.. Elle regroupait des textes brefs sur des sujets divers : la Bourgogne, sa région natale, le Palais Royal, son dernier fief ou encore les animaux du Jardin Zoologique. La seconde, en partie originale, reprenait En pays connu auquel venaient s’ajouter quatre autres parties : « Trait pour trait », une série de portraits consacrés aux personnages croisés par Colette au cours de sa vie tels Debussy, Proust, Noailles, Fargues, Courteline, André Maginot ou encore Sarah Bernhardt; le « Journal intermittent », dont les dates espacées justifient le nom (1915-1923, 1934, 1939-1940, 1941) ; les nouvelles de « La Fleur de l’âge » ; enfin, « A portée de la main », composé de chroniques écrites à différentes époques.

150 €

123 225. CORTAZAR (Julio). Les Gagnants [Los Premios].

Paris, Arthème Fayard, Coll. Horizon libre, 1961. In-8 (19 x 14,5 cm), broché, couverture grise imprimée en blanc, rouge et noir, 382 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale française (pas de grand papier).

Magnifique envoi autographe signé de Julio Cortazar : « Cher Maurice Nadeau, vous vous / souviendrez peut être que je vous avais / vivement invité à vous rendre un jour / en Argentine pour faire la connaissance / de tous ceux qui vous admirent et vous / aiment. / Si vous n’êtes pas trop déçu par ce / bateau en papier que je vous offre / aujourd’hui, je serais aussi fier que / heureux de vous savoir à son bord pour / quelques heures, au long des côtes de / mon pays. / Con toda la amistad de / Julio Cortazar ».

Traduction de l’espagnol par Laure Guille. 2 000 €

226. CORTAZAR (Julio). Cronope et fameux [Historias de Cronopos y de famas].

Nouvelles.

Paris, Gallimard, Coll. « Du monde entier », 1977. In-12 (18,5 x 11,8 cm), broché, couverture imprimée, 164 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale française.

Exemplaire du service de presse (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau, / avec la grande admiration / et la fidèle amitié de / Julio Cortazar ».

Traduit de l’espagnol par Laure-Guille-Bataillon.

Quelques petites marques du temps sur la couverture, bel exemplaire cependant. 750 € 124 227. CORTAZAR (Julio). Façons de perdre [Alguien que anda por ahí].

Paris, Gallimard, Coll. « Du Monde entier », 1978. In-8 (20,5 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 185 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale française.

Exemplaire du service de presse (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau, / avec la vieille admiration / et l’amitié de / Julio Cortazar ».

Traduit de l’espagnol par Laure-Guille-Bataillon.

Bel exemplaire. 750 €

228. COSSERY (Albert). La Violence et la dérision.

Paris, René Julliard, 1964. In-8 (21 x 12,7 cm), broché, couverture imprimée en vert, 231 pp..

Edition originale.

Un des quelques exemplaires de tête sur pur fil du Marais, celui d’auteur (seul grand papier avec 20 ex. sur le même papier pour le commerce).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / en hommage de ma / profonde estime / et en toute amitié. / Albert Cossery ».

Rare en grand papier avec un envoi significatif.

Considéré avec Mendiants et orgueilleux comme l’un des romans majeurs de l’auteur, La Violence et la dérision fut récompensé par le Grand prix du roman de la Société des gens de lettres en 1965.

Maurice Nadeau était directeur de la collection « Les Lettres Nouvelles » chez Julliard au moment de la publication de La Violence et la dérision.

2 000 €

125 229. CREVEL (René). Les Pieds dans le plat.

Paris, Editions du Sagittaire (anciennes Éditions Kra), 1933. In-12 (18,8 x 12 cm), broché, couverture imprimée en brun, 358 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du S.P. (après 15 ex. sur Japon ornés d’une eau-forte de Giacometti).

Très bel envoi autographe signé de l’auteur : « A toi ma / chère Suzanne [Muzard] / Si [Les Pied] sont / [dans / le plat] / l’affection est dans / le coeur et le / coeur dans l’afffec- / tion / René ».

On dénombre peu de Suzanne dans l’entourage proche de René Crevel. La seule avec laquelle il entretint des rela- tions amicales qui justifient une dédicace aussi chaleureuse ne peut être que Suzanne Muzard.

Compagne d’Emmanuel Berl que ce dernier présenta à André Breton au Café Cyrano en novembre 1927, elle eut une relation amoureuse passionnée avec le grand théoricien du surréalisme en hiver 1927-1928 alors que ce dernier terminait la rédaction de Nadja. Elle apparaît d’ailleurs à demi-mots, alors que Nadja est déjà loin, dans l’épilogue du grand récit autobiographique d’André breton se terminant ainsi : « la beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas ».

750 €

230. DAUMAL (René). Le Mont analogue. Récit véridique.

Paris, Gallimard, 1952. 19 x 12 cm, broché, couv. crème imprimée en rouge et noir, 210 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale du chef-d’oeuvre de l’auteur.

Exemplaire du SP (après 60 ex. num. imprimés sur vélin pur fil).

Bel envoi autographe signé du préfacier : « Pour Maurice Nadeau / qui aura la joie de découvrir / ici un livre éclai- rant d’un / grand écrivain prématurément / disparu / Hommage des présentateurs / Rolland de Renéville » complété par l’épouse de l’auteur : « en hommage, / Véra Daumal ».

300 €

231. DAUMAL (René). Lettres à ses amis I.

Paris, Gallimard, 1958. 18,7 x 12 cm, broché, couv. imprimée en bleu et noir, 374 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale de ce premier volume de correspondance de l’auteur (et seul paru).

Exemplaire du SP (après 35 ex. num. imprimés sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé de l’épouse de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / en reconnaissance pour son / intérêt à l’oeuvre / de René Daumal / Véra Daumal-Page / Novembre 1958 ».

100 € 126 232. DELEUZE (Gilles) & GUATTARI (Félix). Kafka. Pour une littérature mineure.

Paris, Editions de Minuit, Coll. Critique, 1975. In-8 (22,7 x 14,4 cm), broché, couv. imprimée, 159 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 92 ex. sur bouffant select).

Envoi autographe signé de Gilles Deleuze : « à Maurice Nadeau / en hommage sincère / Gilles Deleuze », contre- signé par Félix Guattari.

600 €

233. DELEUZE (Gilles) & GUATTARI (Félix). Rhizome. Introduction.

Paris, Editions de Minuit, 1976. In-12 (17,8 x 11,4 cm), broché, couv. imprimée, 74 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 92 ex. sur bouffant select et quelques hors commerce).

Envoi autographe signé de Gilles Deleuze : « à Maurice Nadeau / en hommage sincère / Gilles Deleuze ».

750 €

234. DELEUZE (Gilles). Foucault.

Paris, Editions de Minuit, Coll. Critique, 1986. In-8 (21,7 x 13,8 cm), broché, couv. imprimée, 141 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier) de ce recueil de textes dans lesquels Deleuze donne sa lecture de la philo- sophie de Michel Foucault.

Envoi autographe signé de Gilles Deleuze : « Pour Maurice Nadeau / en hommage sincère / Gilles Deleuze ».

Insolation du dos et de la partie supérieure de la couverture. Bel exemplaire cependant.

750 €

235. DELEUZE (Gilles). Pourparlers. 1972-1990.

Paris, Editions de Minuit, 1990. 18 x 11,3 cm, broché, couverture illustrée d’un portrait photographique de l’auteur, 249 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier) de ce recueil de textes d’entretiens.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / hommage, amitiés / Gilles Deleuze ».

17 textes présentés au gré des cinq chapitres suivants : De l’Anti-Oedipe à Mille plateaux, Cinéma, Michel Foucault, Philosophie et Politique.

500 €

236. DÉON (Michel) & BOULLET (Jean). La Princesse de Manfred.

Illustrations de Jean BOULLET.

[Paris], Éditions Sun, [1949]. In-18 (14,3 x 11,5 cm), broché, couv. illustrée imprimée en rouge et noir, 48 pp., 2 ff. n. ch..

Rare édition originale.

Un des 490 ex. sur alfa mousse (après 10 ex. sur pur fil de Lana).

Envoi autographe signé de l’illustrateur : « Pour Maurice Nadeau / [La Princesse de Manfred] / et l’amical / hom- mage-souvenir / de / Jean Boullet ».

500 € 127 237. DERRIDA (Jacques). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. du 11 juin 1965 au 4 juillet 1994. 11 LAS (3 au format in-4 et 8 au format in-8) et 2 CAS au format in-16 formant un total de 17 pp., 8 enveloppes conservées.

Correspondance de 13 lettres ou cartes autographes signées, s’étalant sur une période de presque trente ans, témoignant de la collaboration du philosophe à la Quinzaine littéraire et des liens étroits noués par Jacques Derrida et Maurice Nadeau.

LAS : « Le 11 juin 1965 [...] Je ne pourrai malheureusement pas être des vôtres le 15 juin « pour le verre de l’amitié ». [...]. Ma soutenance de thèse (sur Jean Genet, la première à ma connaissance) me retiendra bien au-delà de 18h, hélas... ».

LAS : « Le 16. XI. 72 [...] Je viens de lire la Quinzaine. Cette collaboration me fait plaisir et je tiens encore à vous en remercier chaleureusement ».

LAS à propos de l’article de Jan Myrdal sur Andreï Sakharov paru le 1er octobre 1973 dans le n°152 de la Quinzaine littéraire : « le 5 octobre 1973 [...] A ma demande, vous m’aviez très fermement promis (outre une lecture d’épreuves) de m’informer préalablement, pour accord, de tout ce que vous comptiez entreprendre en ce qui concerne Sakha- rov, dans la mesure où je pouvais y être impliqué. Je renouvelle instamment ma demande. Consulté je n’aurais très certainement pas choisi, par exemple cette expression d’»intellectuel-de-gauche» dont vous connaissez bien la connotation. Et depuis notre rencontre, je me suis demandé, sans minimiser la gravité d’un problème auquel je suis, comme vous, très sensible, si la transformation de Sakharov en personnage principal, voire en héros et « prix Nobel », était la meilleure action possible. [...] ».

LAS : « Le 8-12-73 [...] Je vous remercie de votre lettre et de votre proposition. Si je ne l’avais déjà fait, - à trois reprises-, j’aurais peut-être tenté une lecture d’Edouard Jabès. Mais je crains la répétition, et qu’elle desserve même ce dernier livre (qui vient seulement de paraître et qui sera lu, j’en suis sûr) au moment où il doit au contraire s’ouvrir à de nouveaux déchiffrements, à de nouveaux lecteurs. [...] ».

LAS : « 16. 6. 76 [...] Je me permets de recommander à votre attention le texte d’appel ci-joint. Nous serions heureux si vous acceptiez de le signer (faire signer) [...] ».

LAS : « Le 15 août 76 [...] Je reçois à l’instant les exemplaires de la dernière Quinzaine. Nous vous remercions cha- leureusement, vous-même, Gilles Lapouge et tous ceux qui ont participé à cet entretien en particulier de l’attention et de la place que vous accordez à notre travail ».

LAS : « Le 12 mars 1977 [...] Oui, si à un moment ou un autre, vous jugiez opportun de lire ma lettre, vous avez, bien entendu, mon accord. Dans ce cas, je me permettrai de vous demander de bien marquer que cette lettre, qui se voulait d’abord personnelle, n’était pas initialement destinée à être lue publiquement. [...] ».

CAS : « 21 septembre [1983] [...] Je comprends d’autant mieux votre décision que j’avais moi-même dit mes doutes à J.P. Salgas quant à l’intérêt ou à la possibilité d’extraire quelque chose de ce texte ou de l’adapter à votre projet. [...] ».

LAS à propos d’« Une nouvelle affaire », Lettre à la Quinzaine de Jacques Derrida publiée dans le n°503 le 16 février 1988 : « 17 février 1988 [...] Je vous suis reconnaissant d’avoir publié ma lettre aussitôt. Quand ils seront publiés (ce printemps, je pense) le livre et le post-scriptum annoncés vous donneront une idée plus juste de cette histoire tragique mais si complexe, si « surdéterminée » [...] ».

LAS : « 17. XI. 93 Un grand merci, cher Maurice Nadeau, pour la généreuse hospitalité que la Quinzaine offre à mon essai sur Marx. Cela ne me touche pas seulement comme un grand et précieux signe de confiante amitié, cela me donne aussi des forces ».

LAS : « Le 4 juillet 94, Cher Maurice Nadeau, J’avais été très heureux de vous revoir et de participer à cette fête de l’amitié... Votre lettre me touche, elle est si généreuse, et je ne voudrais pas vous dire « non ». Eric Jacolliot m’a envoyé les deux premiers volumes : magnifiques et importants. Votre proposition me tente mais comment se mesu- rer à ces grands exemples ? Surtout, je n’ai rien de prêt qui puisse d’avance s’inscrire dans cet espace. Il faudrait inventer, prendre le temps, trouver un partenaire qui me tire ou me pousse en avant [...] ».

3 000 €

128 238. DES FORÊTS (Louis-René). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. du 6 janvier 1954 au 27 mars 1966. 11 LAS (10 au format in-8 et 1 au format in-4) formant un total de 17 pp., 3 enveloppes conservées.

Correspondance de 11 lettres autographes signées témoignant de la collaboration de Louis-René des Forêts aux Lettres Nouvelles. La revue publia deux récits majeurs de l’écrivain, « Les Grands moments d’un chanteur » (en deux parties dans les n° 10 et 11 en décembre 1953 et janvier 1954) et « Une mémoire démentielle » (n°54 en novembre 1957). Ces deux nouvelles seront reprises dans le recueil, La Chambre des enfants, chez Gallimard en 1960.

Ces lettres montrent combien Louis-René des Forêts était exigeant envers son écriture. Cette quête de la perfection l’empêchera, à plusieurs reprises, de livrer sa copie dans les délais impartis. Il s’en excusera dans une très belle lettre (voir retranscription ci-dessous).

LAS à propos des « Grands moments d’un chanteur » : « 6 janvier 1954 / Cher Nadeau, Votre lettre m’a beau- coup touché, et je / vous en remercie de tout coeur. Je / crois en effet que mon récit aurait / gagné à être publié in extenso, mais / enfin je ne puis m’en prendre qu’à moi / qui n’ai pas su vous donner tout à la fois. / c’est à mon tour, cher Nadeau, de vous / souhaiter la meilleure année possible. / Je pense à vous personnellement, mais / aussi à votre revue qui a devant elle, / j’en suis sûr, un solide et brillant / avenir. [...] ».

LAS : « 18 octobre / Cher Maurice, / j’aurais bien aimé vous donner quelque chose / pour les L. N., mais voici : la question s’est / déjà posée pour moi de tirer de mon travail en / cours un passage susceptible d’être publié en / revue. C’est ainsi que je m’étais engagé / assez témérairement à en donner quelques pages / au Mercure de France, or à les relire au / retour des vacances il m’a paru difficile / de les détacher du contexte et, pour ne pas / me dédire - mais poussé surtout par je ne sais / quelle étrange nécessité - j’ai entrepris / d’en faire une seconde version sous une forme / tout à fait inusitée chez moi comme vous le / verrez. Je la termine ces jours-ci, et je ne / me crois pas capable de renouveller (sic) pour l’ins- / tant une telle tentative. [...]».

LAS : « 27 février 57 / Mon cher Nadeau, / Vous m’aviez demandé de vous donner / le récit promis dans les dix jours. Mais / à la relecture de ce texte, il m’a paru / nécessaire de procéder à sa refonte com- / plète. Je fais actuellement ce travail, / et je crains de ne pouvoir l’achever avant / trois sem. environ. Pouvez-vous / attendre jusque-là ? / Honteux d’avoir à vous demander ce / nouveau délai et afin de ne pas abuser / encore une fois de votre patience, j’avais / en- visagé d’abord de vous donner un autre / texte qui est au point, mais à la réflexion / je pense que ce serait une erreur de le / publier en revue (il doit s’inscrire / dans une série de récits qui paraîtra en / volume à la fin de l’année). [...] ».

LAS : « 12 décembre / Cher Nadeau / je suis très hostile aux prix litté- / raires tels qu’il se décernent de nos / jours, mais je ne doute pas que ce soit / cette même hostilité qui ait donné / naissance au projet que vous me sou- / mettez. Naturellement, je serai / heureux de me joindre à vous et je / vous prie de vouloir bien remercier / de ma part ceux qui ont pensé à / moi pour faire partie de ce jury. [...] ».

LAS à propos d’« Une mémoire démentielle » : « Cher Nadeau, / A défaut de mon texte qui n’est / ni au point ni tout à fait achevé, / je vous en donne le titre : Une mémoire démentielle. [...] ».

Très belle lettre d’excuse : « Croyez-moi, cher Nadeau : je suis un écrivain (?) / sur lequel on ne peut compter, le dernier de / tous auquel il faut demander de tenir ses / promesses dans un délai convenable - et / je trouve tout cela déplorable, et même / humiliant. / Vous avez raison « de me persécuter » / comme j’ai tort de répondre aussi mal / à votre attente. Je vous prie de me le / pardonner. Vous ne pouvez imaginer comme / tout cela me tourmente. Mieux vaudrait / peut-être que vous n’attendiez plus rien de / moi, que vous n’annonciez plus mon texte / dans la revue, même si c’est à vous, et à / vous seul, que je le destine. / Je subis une crise effroyable, il / m’en coûte de vous l’avouer, mais c’est / votre amicale insistance qui m’y pousse. / Trop d’ambition peut-être, et la plus / grande défiance à l’égard des moyens / propres à la réaliser. Mais c’est bien / peu dire. / Ne m’en veuillez pas, je vous en / supplie, cher Nadeau. Louis-René des Forêts ».

LAS : « Cher Nadeau, / Je vous remercie très chaleureusement / de l’excellent article que vous avez consacré /à mon livre dans l’Observateur ; je / serais moins gêné pour vous en parler / si j’étais plus conscient de l’avoir mérité. / Je ne sais si, comme vous le dites, je / déploie tous mes efforts pour passer inaperçu, / mais je sais bien que je suis extrê- mement / sensible aux jugements des quelques personnes / que j’estime : c’est pourquoi votre article / constitue pour moi le plus précieux des encoura- / gements et je vous en suis très reconnaissant. / J’aurais voulu vous l’exprimer mieux que / par ce petit mot, mais j’ai hâte de vous / faire savoir le grand réconfort que vous / m’avez apporté et pour lequel je vous / remercie encore de tout coeur. / Je vous serre la main très amicalement / Louis-René des Forêts ».

LAS : « 27 mars [1966] / Cher Maurice, / Je n’écris plus depuis des mois. Et même / une lettre, cela m’est difficile. Pardonnez moi. / Affectueusement à vous / Louis-René ».

6 000 €

129 239. DES FORÊTS (Louis-René). Le Bavard.

Paris, Gallimard, 1946. 16,5 x 11 cm, broché, couverture imprimée, 213 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale en service de presse (après 13 ex. sur pur fil).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « A M. Maurice Nadeau / ce petit bavardage, / en hommage de / Louis René des Forêts ».

Dos bruni. 450 €

240. DES FORÊTS (Louis-René). La Chambre des enfants.

Paris, Gallimard, 1960. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 283 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale d’important recueil de nouvelles de l’auteur.

Exemplaire du SP (après 30 ex. sur pur fil).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / pour qui j’ai beaucoup de gratitude / et d’amitié / Louis René des Forêts ».

Maurice Nadeau publia deux nouvelles en pré-originale dans les Lettres Nouvelles - Les Grands moments d’un chanteur (n° 10 et 11 en décembre 1953 et janvier 1954) et Une mémoire démentielle (n°54 en novembre 1957) qui figureront dans le recueil, La Chambre des enfants, chez Gallimard en 1960.

1 000 €

130 241. DES FORÊTS (Louis-René). Un malade en forêt.

Paris, Fata morgana, 1985. 21,5 x 12,7 cm, broché, couverture grise imprimée en vert et noir, 213 pp., 1 f. n. ch..

Première édition séparée (le texte ayant paru initialement dans La Chambre des enfants en 1960).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « A M. Maurice Nadeau / [Un malade en forêt], qui n’a / rien non plus de nouveau, mais / à défaut de mieux, et en / témoignage d’amitié / Louis René des Forêts ».

200 €

242. DES FORÊTS (Louis-René). Poèmes de Samuel Wood.

Paris, Fata morgana, 1988. 29,5 x 18,5 cm, broché, couverture grise imprimée en vert et noir, 44 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « Pour vous, cher Maurice, avec toute mon amicale / et fidèle pensée / Louis René des Forêts ».

100 €

243. DES FORÊTS (Louis-René). Ostinato.

Paris, Mercure de France, 1997. In-12 (21,5 x 15 cm), broché, couverture imprimée, 231 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale d’un des grands textes de l’auteur.

Exemplaire du tirage courant (après 45 ex. sur vélin pur chiffon de Lana).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / en toute amitié / Louis René des Forêts ».

Le dos et la marge intérieure du premier plat de couverture ont viré du brique au vert amande.

Maurice Nadeau avait fait paraître, en pré-originale, des extraits d’Ostinato dans la Quinzaine littéraire.

750 €

244. DESNOS (Robert). De l’érotisme considéré dans ses manifestations écrites et du point de vue de l’esprit moderne.

Paris, Editions du Cercle des arts, s.d. [1953]. 19,3 x 12,5 cm, broché, couv. rempliée imprimée en noir, 112 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale posthume de cette anthologie de la littérature érotique depuis l’Antiquité, écrite en 1923 sous le titre « De l’érotisme » en vue d’une édition commandée par le couturier-mécène Jacques Doucet, et qui ne vit jamais le jour.

Un des 1 000 ex. sur alfama (après 10 Chine (annoncés mais qui n’auraient jamais été tirés) et 100 vélin d’Arches).

Bel envoi autographe signé de l’épouse de l’auteur : « A Maurice Nadaud (sic) / en souvenir de Robert / avec toutes les amitiés / de Youki Desnos / Le mois prochain / chez Gallimard sortira / la réédition de Fortune[s] / et Corps et biens en/ un même volume. »

Le texte revu, corrigé et retitré, fut retrouvé après la mort de Robert Desnos, et fit l’objet de la présente édition.

Dos bruni, couv. lég. poussiéreuse. 300 €

131 245. DHÔTEL (André). La Littérature de gauche. s.d.. Manuscrit autographe signé de 2 p. (in-4 et in-8) et LAS d’accompagnement d’une p. in-8.

Beau manuscrit autographe signé sur la littérature engagée.

« J’ignore s’il y a vraiment une littérature de gauche. / Tour à tour on approuve la littérature engagée (parce qu’elle / a au moins un objet, une direction) et la littérature / purifiée, à cause de sa liberté qui est une gageure sans raison. / Je crois que l’une et l’autre gardent leur valeur, mais je / ne me suis jamais inquiété des problèmes qui les concernent. / Je n’ai souvenir que d’un étonnement devant le monde et / qui pourrait s’exprimer ainsi; il y a dans ce monde une / histoire inconnue, et s’il est vraiment inexplicable, par exemple, / de voir une graine s’envoler du chardon qui ne connaît ni / les vents ni l’avenir, sans doute parmi les hommes doit-on / surprendre des relations, des langages tout à fait ignorés, et / une légende qui mène plus loin qu’on ne saurait croire. / Il semble que depuis quelque temps une étrange chanson, / l’ébauche d’un nouveau monde s’élève du fond des / masses. Les chants des Noirs, les poètes maudits, les risque-tout / jamais nommés affirment un élan extraordinaire qu’on / ne parvient pas à classer dans les rubriques générales de la / Littérature ou de l’Histoire. Mais cela prouve justement / que ce n’est pas une question de classe et qu’il y a dans / tout homme quelque chose en plus, ou bien que l’homme / possède une âme et mille croyances, où qu’il soit et quel / qu’il soit. Bien des gens redoutent cette force d’ignorance / et de beauté, aussi bien parce qu’elle se retrouve partout, / dans toute condition de bonheur ou de malheur, dès lors que / cette condition fait appel à une autre réalité. Ce serait / peut-être le mal actuel de chercher à la réduire un / sens des hiérarchies établies ou renversées ou redistribuées. / Et pourtant pas question de mystique. Plutôt / la simple vie rituelle dans la religion offre déjà l’exemple. / Le romancier qui regarde autour de lui aperçoit un / univers coutumier, où s’ordonnent en multiples jeux / l’amour, les familles, la sagesse, la folie, l’amitié et faute de / pensées non prévues. Et l’on voit aussi les enfants qui / ne sont pas seulement de futurs citoyens. Leurs idées qui / n’ont pas cours dans l’état pour quoi existent-elles ? / On en reviendrait à quelques sciences de l’anarchie et du hasard ? / Pas le moins du monde. Car on ne saurait avoir la / prétention de saisir une réalité si riche. Mais il / y a d’abord l’histoire des jours / et qui a un sens parce qu’elle est continuée, / parce que malgré les ruptures, les oppositions, c’est / la vérité même que des êtres fassent ensemble / et avec la nature un bout de chemin, sans savoir ce / qui adviendra. De temps à autre des lumières, des / leçons de choses, et l’on poursuit dans l’ombre la / recherche d’une nouvelle leçon. Pourquoi tant de gens (plus nombreux qu’on ne croit) ignorent-ils la / politique ? C’est peut-être que la politique ne va jamais de leçon / en leçon, ni même de rêve en rêve. On voudrait bien / reconnaître d’abord les chemins les plus simples et les / plus paisibles - nullement faciles mais guidés par l’horizon / d’une terre qui n’a pas dit toutes ses fables - au travail ou d’artisan. / André Dhôtel ».

LAS d’accompagnement : « Le 29 décembre / Cher ami, / J’ai bien tardé à répondre à / votre enquête, mais je n’ai trouvé / de temps que pendant les vacances et / je ne voulais pas répondre n’importe / comment. Je ne sais pas si j’aurai / dit ce qui convient mais je poursuis / mon travail à peu près dans la solitude / et c’est difficile. / Enfin trouvez ici, avec mon papier, / tous mes meilleurs voeux pour vous / et les vôtres. / Bien amicalement / André Dhôtel ».

750 €

246. DOTREMONT (Christian). Logbook.

Paris, Editions Yves Rivière, 1974. In-4 (29,7 x 21 cm), broché, couverture souple imprimée, papier cristal éditeur illustré par l’artiste en bas du premier plat et avec texte imprimé au second, 218 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Tirage limité à 1 415 exemplaires numérotés à la main (celui-ci n° 855 ) après 40 accompagnés d’un logogramme original et d’une eau-forte sur Japon de Pierre Alechinsky, et 45 autres exemplaires comportant une épreuve de la même eau-forte.

Les logogrammes de Dotremont réunis ici en album ont été réalisés entre 1972 et 1974 et sont reproduits dans leurs dimensions d’origine : généralement en pleine ou double page et accompagnés de leurs transcriptions.

Bel envoi autographe signé de l’artiste : « Pour Maurice Nadeau / Ces vues de bouger, voyager, danser / écrire, vivre encore. / En me souvenant d’une promenade / dans le jardin du Luxembourg (en 1949 / avec Ackers), d’une visite à « Combat » / et aussi chez lui, rue Saint Jacques (vers 1947). / Avec mon admiration pour toutes / ses entre- prises de plus en plus nécessaires. / Et mon amitié, / Ch. Dotremont ».

Infime accroc en tête, une petite oxydation dans marge supérieure du papier cristal sur le premier plat.

300 €

132 247. DUBUFFET (Jean). Lettre à propos de Charles-Albert Cingria. vendredi 10 mai [1947]. 1 LS au format in-8 de 1 p..

Lettre signée de remerciement à Maurice Nadeau suite à la charge de Jean Dubuffet, publiée dans « La Semaine Littéraire » de Combat le 25 avril 1947, contre Claude Morgan des Lettres Françaises.

LS : « vendredi 10 mai / Monsieur Maurice Nadeau / « Combat » / Paris / Cher Monsieur / Je ne sais pas qui je dois remercier, et / en excusant de le faire si tard, de cette / gentille intervention de combat à propos de / l’article des lettres françaises Cingria / et ma lettre de protestation à Claude Morgan. / Vous en tout cas d’abord évidemment puisque c’est / vous qui supervisez cette page littéraire, et je / crois au surplus aussi que c’est vous-même qui / rédigez cette rubrique où grand honneur nous a / été fait, à Charles-Albert Cingria et moi, dans / ce qu’il appelle « sa cause opportune, salubre et / juste ». Donc bien merci parce que ça m’a beaucoup / touché par ce que j’ai senti là le gentil vent de / la sympathie qui est si doux. Et puis ça me / tenait à coeur que cette lettre ait un petit / minimum de publicité et donc vous n’avez fait / beaucoup plaisir en la mentionnant. / À vous amicalement / Jean Dubuffet».

500 €

248. DUBUFFET (Jean). Lettre à propos de La Fleur de barbe.

Vence, 20 octobre 1959. 1 LS au format in-4 de 1 p. avec un paragraphe autographe.

Lettre signée, en partie autographe, adressée à Maurice Nadeau à propos d’une pré-publication de La Fleur de barbe dans les Lettres Nouvelles.

Le livre paraîtra l’année suivante en 1960, chez l’auteur. Les Lettres nouvelles avait publié en 1958 (LN n°8) un texte de Jean Dubuffet : « Texturologies Topographies ».

LS : « Vence, le 20 octobre 1959 / Mon cher Maurice Nadeau, / Je vous remercie de votre aimable lettre du 13 octobre. Limbour / s’est peut-être laissé entraîner par ses juvéniles propensions à l’enthou- / siasme à propos de ce texte incantatoire sur les « Barbes », et l’a sans doute / surestimé. Il vaudrait mieux en tout cas ne le publier que dans quelques mois / pour lier cette publication à une exposition de « Barbes » que j’ai l’idée de / faire à Paris au mois de mai. Entendu, je vous le réserverai avec plaisir./ Amicalement à vous / Jean Dubuffet ».

Partie autographe : « Le titre est « La Fleur de barbe ». J’ai le projet d’en / faire une petite édition à 100 ou 150 exemplaires avec texte / manuscrit lithographié (en grands caractères d’inscriptions / tombales) et quelques images (également lithographiques) / d’accompagnement. Je me demande si l’usage est de / distribuer d’abord un tel livre, et faire après cela une / publication dans une revue, ou bien l’inverse? ».

1 500 € 133 249. DUBUFFET (Jean). Remerciement pour un article à propos des écrivains cubains.

Paris, le 20 janvier 1968. 1 LS au format in-4 de 1 p..

Belle lettre signée à Maurice Nadeau en remerciement de ses deux articles parus dans le n°42 de la Quinzaine littéraire daté du 1er au 15 janvier 1968 à propos du Catalogue des travaux de Dubuffet et de Prospectus et tous écrits suivants dans lesquels il qualifie Jean Dubuffet de Libérateur. Jean Dubuffet confie ensuite avoir lu les textes d’écrivains cubains pas suffisamment créatifs et novateurs à son goût. Il évoque finalement son frère d’âme, l’artiste cubain, Samuel Feijoo qui sort du lot.

LS : « Paris, 20 janvier 1968 / Mon cher Maurice Nadeau, / Je veux vous dire encore de quel profond et durable réconfort / m’est votre article, où je sens un accord si complet, une totale / fraternisation de très haut prix pour moi. Et que vous m’appelez / Le Libérateur, comme cela me fait plaisir! Oui c’est ce que / j’avais voulu être. Peut-être n’y ai-je finalement réussi qu’à ma / propre destination mais c’est sans doute déjà considérable. Un qui / se libère, cela provoque peut-être aussitôt des libérations en grand / nombre./ J’espère que vous avez reçu les deux numéros de la revue de Feijoo / que je vous ai fait envoyer. Il se trouve à l’Art Brut beaucoup / d’autres numéros de cette revue (certains double exemplaire) / et, si vous le désirez, ils peuvent vous être communiqués. /

J’ai lu avec attention tous les textes groupés dans le numéro des / Lettres Nouvelles sur les écrivains cubains. Mais je suis surtout / frappé par le conformisme - de langage, de style, de pensée - qui / marque ces textes ; ils sont sans aucun doute sur la longueur d’onde / usuelle dans tout le monde occidental (capitaliste) et tout à fait / conditionnés par la même culture que celle qui règne en nos lieux. / Je veux dire, les idées formulées sont évidemment des apo- logies / d’un régime social nouveau; mais il n’y a pas la première miette / de mutation ni de novation dans la forme même de la pensée et dans / la forme de son expression. Or je me fais l’idée que c’est là un / fait très grave pour le succès du régime prôné. J’ai l’idée qu’un / tel nouveau régime devrait capitalement chevaucher le vent d’une / nou- velle forme de pensée et d’une nouvelle forme d’expression - en / somme d’une nouvelle culture et d’une nouvelle langue régénérante, / enthousiasmante. /

Il me semble que, seul de tout cela, Feijoo tenait quelque chose / - un germe - qui pouvait entraîner une vraie régé- nération - une vraie / culture cubaine originale. /

Comme ce serait plus joli d’un régime novateur qu’il se constitue / en pôle d’émission d’un langage nouveau ! Voilà qui assurerait son / succès ! / A vous très amicalement. / Jean Dubuffet ».

750 €

134 250. DUCHAMP (Marcel). Obligation pour la roulette de Monte-Carlo. s.d. [1938]. Lithographie (tirage offset) en couleurs de 31,8 x 23 cm.

Épreuve sur vélin.

Tirage à environ 2 000 exemplaire pour la revue Vingtième Siècle (n° 4).

Petits trous de punaise dans les angles et de reliure dans la marge gauche.

A toutes marges, légèrement brunies aux extrémités, deux infirmes déchirures marginales sans manque.

En 1924, Marcel Duchamp réalisa un photomontage titré Obligation pour la roulette de Monte-Carlo, tiré à 8 exem- plaires, monté sur carton à partir d’un portrait photographique de lui couvert d’eau savonneuse par Man Ray et d’autres éléments évoquant le jeu de la roulette.

Ce photomontage fut ensuite reproduit en lithographie offset pour le quatrième numéro de la revue XXe Siècle en 1938.

La plupart des exemplaires furent cassés pour les gravures qu’ils contenaient.

Schwarz, The Complete Work of Marcel Duchamp, n°406 2 500 €

251. DUCHAMP (Marcel). Rrose Selavy. Oculisme de précision, poils et coups de pieds en tous genres.

Paris, GLM, Coll. « Biens nouveaux », 1939. In-16 (16,2 x 11,6 cm), broché, couverture taupe imprimée en noir, non paginée, 10 ff. n. ch..

Edition originale de ce célèbre recueil d’aphorismes humoristiques.

Tirage limité à 515 exemplaires.

Un des 500 ex. sur vélin blanc (après 15 ex. sur Vieux Japon).

Broché, tel que paru, en parfait état. 750 € 135 252. DUPIN (Jacques). L’Épervier.

Paris, GLM, 1960. In-8 (19,5 x 14,2 cm), broché, couv. blanche imprimée, 40 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 455 ex. sur offset Dujardin, seul tirage après 75 ex. sur vélin d’Arches comprenant une eau-forte originale d’Alberto Giacometti tiré par Visat.

Très bel envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / qui décida de mon chemin, par / sa lettre de 1946, que je / n’oublierai pas, / avec toute ma sympathie / Jacques Dupin ».

Parfait état. 200 €

253. DURAS (Marguerite). Le Marin de Gibraltar. Roman.

Paris, Gallimard, 1952. 18,8 x 12 cm, broché, couv. imprimée, 365 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition en SP (après 55 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteure : « Pour Marthe et / Maurice Nadeau / avec mon amitié / Marguerite Duras ».

Couverture empoussiérée, papier jauni. 200 €

254. DURAS (Marguerite). Lettre à Maurice Nadeau.

27 avril 1953. 1 LAS au format in-8 de 1 p..

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau à propos d’une collaboration aux Lettres Nouvelles.

LAS : « 27 avril 1953 / Cher Nadeau, / Je n’ai rien de prêt pour / le moment. Ni article, ni nouvelle, ni / roman. Dès que j’aurai q.q. chose, je / vous le donne à lire - je l’envoie à la / revue ou je vous le fais parvenir par Erval. / De toutes façons je le donne aux Lettres / Nouvelles d’abord. Merci d’avoir pensé / à moi. / Mes amitiés à Marthe. / À bientôt, / très amicalement, / Marguerite Duras ».

300 €

255. DURAS (Marguerite). Les Petits chevaux de Tarquinia. Roman.

Paris, Gallimard, 1953. 18,7 x 12 cm, broché, couv. imprimée, 260 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition en SP (après 45 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteure : « Pour Marthe et Maurice Nadeau / avec toute l’amitié de / Marguerite ».

Dos bruni, papier jauni.

Le début des Petits chevaux de Tarquinia fit l’objet d’une publication en pré-originale, sous forme de courts récits, dans les Lettres Nouvelles, revue dirigée par Maurice Nadeau.

200 €

256. DURAS (Marguerite). Des journées entières dans les arbres.

Paris, Gallimard, 1954. 18,6 x 12 cm, broché, couv. imprimée, 233 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition en SP (après 25 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteure : « Pour Marthe et Maurice Nadeau / avec mon amitié / Marguerite ».

Non coupé, prière d’insérer joint. 300 €

136 257. DURAS (Marguerite). Moderato Cantabile.

Paris, Editions de Minuit, 1958. 18,8 x 12 cm, broché, couv. blanche imprimée en noir et bleu, 155 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale sur papier d’édition (après 37 ex. num. sur pur fil).

Exemplaire enrichi d’un envoi autographe de l’auteure : « Pour Marthe, / pour Maurice Nadeau, / avec l’amitié de / Marguerite ».

Dos gauchi, couverture défraîchie.

Le début de Moderato Cantabile fit l’objet d’une publication en pré-originale, sous forme de courts récits, dans les Lettres Nouvelles, revue dirigée par Maurice Nadeau.

Premier ouvrage de Marguerite Duras paru chez Minuit, à l’invitation d’Alain Robbe-Grillet. Il fut couronné par le Prix de Mai en 1958. Maurice Nadeau faisait partie du jury au côté de Roland Barthes, Georges Bataille, Louis-René des Forêts, Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet.

Maurice Nadeau en rendit compte dans les Lettres Nouvelles : c’est un récit « modéré et chantant, écrit à l’aide de moyens d’une sobriété étonnante chez une femme ».

600 €

258. DURAS (Marguerite). Détruire dit-elle.

Paris Editions de Minuit, Coll. « Rupture » 1969. In-12 (18 x 11,5 cm), broché, couv. imprimée à rabats, 139 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 106 ex. sur pur fil Lafuma et 92 sur bouffant alfa).

Envoi autographe signé : « Pour Marthe et / Maurice Nadeau / leur amie de toujours / Marguerite / PS : Maurier, t’aimerais pas. / Marthe, oui ».

Dos lég. creusé. 400 €

259. DURAS (Marguerite). India song.

Paris, Gallimard, 1973. 20,5 x 14 ,cm, broché, couv. imprimée, 260 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition en SP (après 45 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Très bel envoi autographe signé de l’auteure : « Pour Marthe, pour Maurice / leur amie / Marguerite / J’ai beau- coup d’amitié / profonde pour vous deux. Quand / j’arrive à N... NADEAU (? NATUREL) chaque fois je le ressens ».

Couverture empoussiérée, parfait état intérieur. 500 €

260. DUVERT (Tony). L’Ile Atlantique.

Paris, Editions de Minuit, 1979. In-8 (22 x 13,5 cm), broché, couv. imprimée, 324 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire sur papier d’édition (après 67 ex. sur alfa mousse).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / Tony Duvert / 22 fév. 79 ».

Complet du prière d’insérer.

Les envois de Tony Duvert sont rares, celui-ci ayant peu goûté à la tradition du service de presse.

Après avoir remporté un large succès d’estime avec ses précédents romans, notamment Paysage de fantaisie qui reçoit le Prix Médicis, Tony Duvert brosse dans L’Île Atlantique une satyre grinçante du modèle familial, mais sous une forme classique, destinée à toucher le plus large public.

Réédité en poche, l’ouvrage a donné lieu à une adaptation pour la télévision en 2007. 300 € 137 261. ECHENOZ (Jean). Le Méridien de Greenwich.

Paris, Editions de Minuit, 1979. 22 x 13,5 cm, broché,couv. imprimée en bleu et noir, 256 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale sur papier d’édition (après 25 alfa Mousse et 7 H.C.) du premier roman de l’auteur.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / hommage de l’auteur / 2 mars 1979 / Jean Echenoz ».

Rare avec envoi d’époque à une personnalité majeure du monde des lettres.

Prière d’insérer joint.

Couverture partiellement jaunie. 750 €

262. ECHENOZ (Jean). Cherokee.

Paris, Editions de Minuit, 1983. 18,2 x 13,4 cm, broché, couv. imprimée en bleu et noir, 247 pp..

Édition originale du second roman de l’auteur.

Exemplaire de premier tirage achevé d’imprimer le 30 juin 1983 en SP (pas de grand papier) complet du rare petit papillon mentionnant que Cherokee ne sortira en librairie que le 2 septembre 1983 et demandant de ne pas publier de compte rendu avant cette date.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / en sincère hommage / Jean Echenoz / 12. VII. 83 ».

Rare en SP avec envoi d’époque à une personnalité majeure du monde des lettres.

Prière d’insérer joint. 1 000 €

263. ECHENOZ (Jean). L’Équipée malaise.

Paris, Editions de Minuit, 1986. 18,3 x 13,7 cm, broché, couv. imprimée en bleu et noir, 251 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale sur papier d’édition (après 106 ex. sur vélin de Lana dont 7 hors commerce).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / en hommage respectueux / Jean Echenoz ».

150 €

264. ECHENOZ (Jean). Je m’en vais.

Paris, Editions de Minuit, 1999. 18,4 x 13,5 cm, broché, couv. imprimée en bleu et noir, 252 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale sur papier d’édition (après 106 ex. sur vergé des papeteries de Vizille dont 7 hors commerce).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / bien cordialement / Jean Echenoz ».

Dos lég. creusé.

Prix Goncourt. 100 €

265. ECHENOZ (Jean). 14.

Paris, Editions de Minuit, 2001. In-12 (19,3 x 14 cm), broché, couv. imprimée, 123 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 108 ex. sur vergé des Papeteries de Vizille).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau /en très sincère hommage / Jean Echenoz ». 100 €

138 266. ECHENOZ (Jean). Au piano.

Paris, Editions de Minuit, 2002. In-12 (19,3 x 14 cm), broché, couv. imprimée, 222 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 106 ex. sur vergé des Papeteries de Vizille).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / en hommage très cordial et respectueux / Jean Echenoz / 9. XII. 2002 ».

Taches sur la couverture. 100 €

267. ECO (Umberto). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

Milano, 10 avril 1966. LAS rédigée à l’encre sur un feuillet de 28 x 22,2 cm.

Rare lettre autographe signée rédigée par Umberto Eco à ses débuts en remerciement d’une critique concernant L’OEuvre ouverte, essai paru pour la première fois en France en 1965 aux édition du Seuil.

Un article de Bernard Pingaud titré « L’art et la différence », consacré à L’Oeuvre ouverte paraîtra dans le n°5 de la Quinzaine littéraire le 15 mai 66.

LAS : « Milano, 10-4-66 / Monsieur, / Je vous suis profondement [sic] réconnaissant [sic] / pour ce que vous avez écrit sur mon « L’Oeuvre / ouverte ». Je me sens flatté par le jugement / d’un écrivain et d’un critique que j’ai toujours / admiré. / J’espère de vous pouvoir remercier / personnellement la prochaine fois que je serais [sic] / à Paris. / Veuillez agréer, Monsieur, mes sentiments / les plus cordiales [sic]. / Umberto Eco ».

1 000 €

139 268. ÉLUARD (Paul). Avenir de la poésie.

Conférence à la Comédie des Champs-Élysées le samedi 2 octobre 1937, dans le cadre de l’Exposition Internationale du Surréalisme, Classe II, Groupe I.

Paris, GLM, 1937. In-12 (18,4 x 13,7 cm), broché, couverture orange illustrée par Pablo Picasso, 10 ff. n. ch. (dont 2 ff. centraux sur papier vert).

Édition originale (pas de grand papier).

Infime accroc en pied du premier plat de couverture. Bel exemplaire néanmoins.

Ex-libris manuscrit. 200 €

269. ÉLUARD (Paul). L’Evidence poétique. Habitude de la poésie.

Paris, GLM, 1937. Plaquette in-24 (14,2 x 9,5 cm), agrafée, non paginée (16 pp.).

Edition originale sur papier crème du texte de cette conférence prononcée le 24 juin 1936 à l’initiative de Roland Penrose, à l’occasion de l’Exposition surréaliste de Londres.

75 €

270. ÉLUARD (Paul). Choix de Poèmes.

Paris, Gallimard, 1946. In-12 (19 x 12 cm), broché, couv. imprimée, 344 pp., 1 f. n. ch..

Nouvelle édition revue et augmentée (des poèmes de guerre notamment), la première édition publiée en 1942 cou- vrant la période 1914-1941.

Exemplaire du SP (après 105 ex. sur vélin pur fil, 8 ex. sur papier de couleur des papeteries Guérinand et 1 040 ex. reliés d’après la maquette de Paul Bonet).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / très sympathique hommage / Paul Éluard ».

Petits accrocs au dos, petite déchirure avec manque en pied du premier plat de couverture, bel état par ailleurs.

200 €

271. ÉLUARD (Paul). Le Meilleur choix de poèmes est celui que l’on fait pour soi.

1818 - 1918.

Paris, Éditions du Sagittaire, 1947. 19,2 x 14,2 cm, brochés, couv. illustrée imprimée, 383 pp..

Edition originale de cette anthologie poétique préparée par Paul Éluard.

Exemplaire ordinaire (après 110 ex. sur alfa).

Bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / ces préférences sentimentales / Paul Éluard ».

Petite fente en pied. 200 €

272. ÉLUARD (Paul). La Jarre peut-elle être plus belle que l’eau. 1930-1938.

Paris, Gallimard, 1951. 18,6 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 319 pp., 2 ff. n. ch..

Première édition collective. Exemplaire du SP (après 15 Hollande et 106 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / ce problème pour moi / résolu, / en toute amitié, / Paul Eluard ».

250 €

140 273. [ÉLUARD (Paul)]. Première anthologie vivante de la poésie du passé.

De Philippe de Thaun à Ronsard (Tome I) - De Joachim du Bellay à l’abbé Claude Cherrier (Tome II).

Paris, Seghers, 1951. Deux tomes reliés en un volume in-12 (18,4 x 13,7 cm), demi-basane, dos à nerfs, couv. du premier volume cons., 351 pp. (Tome I), 318 pp., 1 f. n. ch. (Tome II).

Première édition de ce choix.

Préface de Paul Éluard.

Envoi autographe signé du préfacier : « A Maurice Nadeau / qui sait bien par où la / poésie a passé, par où / elle passera, / Paul Eluard ».

Reliure modeste, dos passé et frottements. 300 €

274. ÉLUARD (Paul). Faire-part de décès de Paul Éluard.

1952. Document imprimé de format in-4 (27,2 x 21 cm) sur bifeuillet de deuil.

Faire-part de décès de Paul Éluard, mort le 18 novembre 1952 dans sa 57me année, en son domicile 52, Avenue de Gravelle à Charenton.

L’enterrement fut fixé quatre jours plus tard.

« Le Comité National des Écrivains vous prie d’assister aux Convoi et Inhumation de Monsieur Paul Eluard, Médaillé de la Résistance [...] qui se feront le samedi 22 courant à 13h. 45 très précise, 37 rue du Louvre [...] Le Corps sera exposé le vendredi 21 de 10h. à 21 heures à la « Maison de la Pensée » [...] L’inhumation aura lieu au Cimetière du Père Lachaise ».

Le faire-part fut adressé par son épouse Madame Paul Éluard, sa fille Cécile Vulliamy, sa mère Mme Grindel, sa belle-fille, sa famille et le Comité Central du Parti Communiste Français.

200 €

141 275. ERNST (Max). Rêve d’une petite fille qui voulut entrer au Carmel.

Paris, Editions du Carrefour, 1930. In-4 (22,5 x 17,5 cm), demi-basane verte, dos lisse, dessin original en couleurs à l’encre d’Edgar Jené sur les deux plats, cou- verture non conservé, emboitage en demi-maroquin vert, dos à nerfs, titre et auteur dorés, non paginé, 1 illustration in-texte (L’Académie des sciences) et 78 hors-texte légendés, divisés en quatre parties, à savoir: La ténébreuse (22), La chevelure (25), Le couteau (21) et Le céleste fiancé (10).

Edition originale de ce second roman-collage de Max Ernst, après La Femme 100 têtes (1929) et avant Une semaine de bonté (1934).

Un des 1 000 ex. imprimés sur vélin teinté (après 20 Japon impérial, 40 Hollande et 40 ex. du SP).

Exemplaire du peintre Edgar Jené qui a orné les deux plats de la reliure d’un dessin en couleurs à l’encre figurant une petite fille voulant entrer au Carmel.

2 500 €

276. ERNST (Max). Rêve d’une petite fille qui voulut entrer au Carmel.

Paris, Editions du Carrefour, 1930. In-4 (23,8 x 18,5 cm), broché, couverture illustrée, non paginé, 1 illustration in-texte (L’Académie des sciences) et 78 hors- texte légendés, divisés en quatre parties, à savoir: La ténébreuse (22), La chevelure (25), Le couteau (21) et Le céleste fiancé (10).

Edition originale de ce second roman-collage de Max Ernst, après La Femme 100 têtes (1929) et avant Une semaine de bonté (1934).

Un des 1 000 ex. imprimés sur vélin teinté (après 20 Japon impérial, 40 Hollande et 40 ex. du SP).

Bel exemplaire broché, dos et haut de la couverture décoloré comme la plupart du temps.

3 500 €

277. ERNST (Max). Ecritures.

Paris, Gallimard, 1970. In-4 (21,8 x 17,2 cm), cartonnage illustré de l’éditeur, 448 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier) illustrée de 120 reproductions d’oeuvres de Max Ernst.

Envoi autographe signé de Max Ernst à Maurice Nadeau agrémenté d’un dessin représentant un petit oiseau.

Reliure à la bradel de l’éditeur en plein cartonnage, exemplaire complet de son rhodoïd (infime manque en tête du rhodoïd).

750 € 142 278. FOUCAULT (Michel). Folie et déraison. Histoire de la folie à l’âge classique.

Paris, Plon, Coll. « Civilisations d’hier et d’aujourd’hui », 1961. In-8 (20,5 x 14,4 cm), broché, couverture imprimée en rouge et noir, jaquette illustrée, 2 ff. n. c. (faux-titre, titre), XI pp. (préface), 1 f. n. ch., 672 pp., 1 f. n. ch. (table), 4 ff. n. ch. (catalogue), étui-chemise signé d’Elbel-Libro.

Édition originale de la fameuse thèse de doctorat de Michel Foucault.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Rare envoi autographe signé de l’auteur : « A Monsieur Maurice Nadeau / en très respectueux hommage / M. Foucault ».

Exemplaire broché en bel état, complet de la fragile jaquette illustrée, reproduisant l’un des Caprices de Goya, en tirage du SP comportant une mouillure et plusieurs déchirures en tête.

Dans Folie et déraison. Histoire de la folie à l’âge classique, Michel Foucault définit « la folie comme un phénomène de civilisation, insistant sur le fait que soigner le fou n’est pas la seule réaction possible au phénomène de la folie ; Il n’y a pas de culture sans folie et c’est ce problème absolument général des rapports d’une culture avec la folie que j’ai voulu étudier sur un cas précis, c’est-à-dire sur les réactions de la culture classique à ce phénomène qui paraît si opposé au rationalisme du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle et qui est la folie » (Entretien de Michel Foucault avec Nicole Brice à propos d’Histoire la folie, radio diffusé sur France Culture le 31 mai 1961).

5 000 €

279. FOUCAULT (Michel). Les Mots et les Choses. Une archéologie des sciences humaines.

Paris, Gallimard, Bibliothèque des sciences humaines, 1966. 22,5 x 14 cm, broché, couv. imprimée en rouge et vert, 400 pp., planche dépliante avec reproduc- tion des Menines de Diego Velázquez, 4 ff. n. ch..

Édition originale d’un des principaux ouvrages de Michel Foucault dans lequel l’auteur développe la notion d’épistémè.

Exemplaire de premier tirage achevé d’imprimer le 21 mars 1966 en service de presse (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Monsieur Maurice Nadeau / en hommage respectueux / MF ».

Rare en SP avec envoi d’époque à une personnalité majeure du monde des lettres.

Les Mots et les choses, publié en 1966, eut un immense succès à sa sortie. Il permit d’établir la réputation de Michel Foucault comme l’un des principaux philosophes et sociologues du XXe siècle.

3 000 €

143 280. FRÉDÉRIQUE (André). Histoires blanches.

Paris, Gallimard, 1945. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 267 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 14 ex. sur pur fil).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / ces [Histoires blanches] / écrites par la fumée / des cigares / d’André Frédérique ».

Dos bruni. 250 €

281. FRÉDÉRIQUE (André). Aigremorts.

Paris, GLM, 1947. In-12 (16,5 x 11,4 cm), broché, couverture à rabats imprimée, 68 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Frontispice par Raymond Gid.

Un des 590 ex. sur vergé (après 55 ex. sur vélin du Marais dont 25 pour les amis de GLM), celui-ci non justifié.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Monsieur Maurice Nadeau / Hommage très sincère de / l’auteur / André Frédérique ».

200 €

282. FRÉNAUD (André). Il n’y a pas de paradis. poèmes.

Paris, Gallimard, 1962. In-8 (20,7 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée, 306 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 22 Hollande et 55 vélin pur fil Lafuma Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / du même côté / en amical souvenir / André Frénaud ».

100 €

283. FRÉNAUD (André). Les Rois Mages. 1938-1943.

Paris, Seghers, 1962. In-8 (21,7 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée, 150 pp., 1 f. n. ch..

Edition revue et corrigée (pas de grand papier). Tirage à 1 700 exemplaires.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Marthe Nadeau / pour Maurice Nadeau / cette édition revue, corrigée, améliorée j’espère depuis / l’édition de 1943, / en amical souvenir / André Frénaud ».

100 €

284. FREUND (Gisèle). Trois jours avec Joyce. Avant-propos de Philippe Sollers.

Paris, Denoël, 1982. 21 x 14,3, cartonnage éditeur, jaquette illustrée d’une photographie couleurs de James Joyce, 79 pp..

Edition originale de ce petit texte illustré de nombreuses photographies en noir et blanc ou en couleurs de Gisèle Freund prises en 1938 et 1939.

Avant-propos de Philippe Sollers.

Envoi autographe signé de la photographe : « A Maurice Nadeau / Cordialement / Gisèle Freund ».

300 € 144 285. GARY (Romain). Lettre à Maurice Nadeau.

6 janvier 1951. 1 LS au format in-8 de 1 p. et 1/2.

Lettre signée à Maurice Nadeau, au journal Combat, avec ajouts autographes, à propos de l’article « Dernières nou- velles de Marcel Aymé » que Nadeau avait signé dans le numéro de Combat du 4 janvier 1951.

Dans cette chronique peu tendre à l’égard de l’auteur d’En arrière qui venait de paraître chez Gallimard, Nadeau citait un récent article du New York Times dans lequel Marcel Aymé était considéré comme l’un des meilleurs écri- vains français et Romain Gary comme l’un des deux jeunes écrivains français à découvrir : « on ouvre le New York Times Book Review, Time ou Life, grands magazines culturels, on le sait, de nos amis américains, pour s’entendre dire que l’auteur de The Barkeep of Blémont est l’un des meilleurs écrivains français. On n’y contredit pas. On aurait toutefois aimé que la comparaison s’effectuât au niveau de Sartre, Malraux, Blanchot, Queneau, Céline. Guilloux, Giono, Dhôtel (pour ne citer que des écrivains de sa génération), qu’on ne se bornât pas à découvrir cette année aux États-Unis seulement deux écrivains français : François Boyer et Romain Gary ».

Retranscription : « le 6 janvier 1951 / Cher Maurice Nadeau, / Je viens de lire votre ar- / ticle consacré à Marcel Aymé, au cours duquel vous vou- / lez bien me citer. / J’en suis - peut-être pour / la première fois depuis que j’écris et que je lis les / critiques françaises - extrêmement peiné. Il m’est / indifférent, assez indifférent, de voir mon nom associé / à celui d’Aymé aux Amériques : d’ailleurs le « New / Yorker » a fait justice de cette association en mon- trant qu’elle n’existait pas. Mais il m’est vraiment / pénible de voir qu’un des critiques que j’estime le / plus partage apparemment le point de vue américain / sur une oeuvre (Marcel Aymé) et un début d’oeuvre / (moi-même) qui ne respirent absolument pas le même air. / Je ne méconnais ni le talent *, oui peut-être le génie / de Marcel Aymé, mais permettez-moi de vous dire franchement que rien ne m’est plus opposé comme tendance, / psychologie, langues, conception sociale, espoir, as-/ piration, attitude humaine. Excusez cette lettre, mais / au fond ils s’agit de quelque chose de plus que la lit- / térature et vous saurez bien le comprendre... / Bien fidèlement à vous et en vous deman- dant de conserver à / cette lettre son caractère privé. / Romain Gary / * bien supérieur au mien. ».

500 €

145 286. GENGENBACH (Ernest). A propos de Judas ou le vampire surréaliste.

18 juin 1946. Document de d’1 p. 1/2 au format in-4 rédigé à l’encre noire avec collage en première page et 1 LAS de 3 pp. au format in-8 sur papier vert.

Document autographe violemment anticlérical, orné en première page d’un collage original composé de trois éléments (la coursive d’un cloître, une femme au décolleté plongeant portant au cou une croix, un texte de Léo Malet titré « Une belle poitrine »), reprenant un extrait inédit de « Judas ou le vampire surréaliste », texte dans lequel figure un poème ponctué d’injonctions virulentes aux hommes du clergé.

On joint une lettre autographe signée de Gengenbach à Maurice Nadeau lui proposant de publier Judas ou le vampire surréaliste, texte dont les bénédictins de St Wandrille avaient ordonné la destruction par le feu en 1935.

Document : « André Breton avait raison quand il écrivait à propos du suicide de Majakowski « il y a des seins trop jolis ». Plus que l’article sur Rimbaud ce qui m’a impressionné dans la revue Documents (1) ce sont ces lignes sacri- lèges, intitulées « Une belle poitrine » protestant contre la présence d’une croix entre les deux seins d’une femme dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle est adorable. L’image ne cesse de m’obséder. Il ne m’est plus possible de prier sous les arceaux du cloître sans qu’elle surgisse infernalement tourmentante et affolante. Tous les crucifix pâlissent, toutes les Madones s’évanouissent devant cette visiteuse belle à damner tous les moines. L’amour divin paraît un leurre, l’extase mystique une chimère lorsqu’on pense que des créatures aussi merveilleuses peuvent être proposées aux rêves, aux désirs, aux caresses, aux baisers de l’homme. Ah, non je ne puis plus m’ensevelir ainsi dans ces abbayes. La religion est une duperie, et le Christ un voleur... Allons imbéciles qui attendez votre révélation de l’amour de Dieu, fuyez ces maisons de prière où vous attire le grand vampire pour vous sucer votre fluide vital. N’attendez pas le coup de pioche du révolutionnaire démolisseur. Soyez des judas volontaires. Jetez le froc aux orties, L’ostensoir et le ciboire aux pourrissons,

146 Séminaristes, maudissez vos mères Curés, détruisez vos presbytères Moines, incendiez vos monastères Évêques vendez vos améthystes à l’antiquaire Pour acheter des fleurs aux filles de Lucifer Pape jette ta tiare à la mer Si tu veux connaître l’amour avant le cimetière Novices, transformez vos cellules en garçonnières L’amour est ici-bas sur terre, Et non dans le ciel des chimères...

André Breton avait raison « il y a des seins trop jolis ».

Extrait inédit du texte primitif de Judas que je dus détruire avant d’être relevé de l’excommunication

(1) Documents 1934 Intervention surréaliste».

LAS : « Paris 4 rue Bastien Lepage XVI / ce 18 juin 1946 Mon cher Nadeau, A la suite d’un entretien avec Breton j’ai décidé de collaborer avec lui quand il aura réorganisé le mouvement surréaliste en septembre prochain* (* tout en conservant mon indépendance d’ailleurs et de recherche). D’autre part je m’adresse à vous pour que vous me conseilliez et m’aidiez sur votre propre terrain d’édition... J’avais fait déposer à vos bureaux les trois exemplaires de Paris Arts et Lettres contenant le texte de ma lettre à Bernanos sur la bombe atomique et la fin du monde. Mais comme vous ne m’en avez jamais accusé réception, je me demande si vous les avez reçus. Je vous les apporte donc que moi-même. J’ai l’intention de faire adapter cinématographiquement « Judas ou le vampire surréaliste » dont les bénédictins de St Wandrille m’avaient fait brûler le manuscrit du scénario en 1935. Et je suis en pourparlers avec le représentant d’une firme anglaise à ce sujet. Mais je voudrais faire éditer le texte. Voulez-vous avoir l’obligeance de lire cette fantasmagorie... vécue et me dire si la chose est faisable... Je vous serre la main cordialement, Gen- genbach PS : Breton m’a parlé de votre Histoire du surréalisme. Évidemment vous vous êtes placé principalement sur le terrain anecdotique mais Breton pense que vous avait fait là un excellent travail de défrichement. Nous en reparlerons ».

500 €

287. GENGENBACH (Ernest). Lettre à Claude Bourdet.

23 août 1948. 1 LAS de 2 pp. au format in-4.

Lettre autographe signée à Claude Bourdet (1909-1996), écrivain résistant, journaliste collaborant à Combat au côté de Maurice Nadeau jusqu’en 1950.

Dans ce document, marqué « Confidentiel » dans l’angle supérieur gauche, Gengenbach relate les conditions de son internement à Sainte-Anne, évènements qui seront repris dans L’Expérience démoniaque racontée par Frère Colomban de Jumièges (Minuit, 1949) et demande d’en rendre compte dans Combat.

LAS : « A M. Claude Bourdet / Hôpital Henri Rousselle / Salle Esquirol / 1 rue Cabanis Paris XIV / ce 23 août 1948 : Cher Monsieur, je ne pensais pas vous écrire, un jour, de cette annexe de Sainte-Anne mais les manoeuvres coer- citives et anathèmatisantes d’un prêtre fanatique, exalté et illuminé m’ont fait aboutir ici. Je vais en sortir sous peu, l’archevêché de Paris m’ayant fait savoir que mon directeur de conscience, l’abbé V, ex aumônier du collège Stanis- las avait été convoqué pour s’expliquer et que des mesures disciplinaires ecclésiastiques allaient être prises contre lui. En attendant je serais bel et bien verrouillé et mis à l’ombre, si le docteur Rondepierre, célèbre psychiatre de Ville Evrard, où fut soigné Antonin Artaud, n’était intervenu pour mettre fin aux machinations de cet ecclésiastique... Le récit de toute cette aventure se trouve relaté dans les pages ci-jointes. Mon séjour forcé à la Ville Evrard et à Henri Rousselle, ma promenade involontaire dans ces asiles m’a permis de me documenter... et de remplir mes yeux du spectacle d’un univers que je n’aurais jamais connu. Alexis Danan a essayé de pénétrer à Henri Rousselle pour s’y faire porter malade et rédiger sur place une étude mais sa manoeuvre fut déjouée et il ne put rédiger son reportage. En ce qui me concerne, je n’ai jamais souhaité vivre, (même 24 heures) dans cette antichambre de la folie, au moins que cette claustration forcée serve à quelque chose. Le Rd Père Miquet étant parti pour une tournée de conférences en Amérique du Sud, j’ai été confié à un prêtre pendu vers le surnaturel chrétien « miracle de Fatima, stigmatisées, voyantes contemporaines, apparitions d’esprit, etc. » Il m’a considéré comme un possédé non encore désenvoûté du surréalisme luciférien... Et a agi dans ce sens, comme un convertisseur forcené. Tous les malades, ici, me sachant écrivain, m’ont demandé d’être leur interprète et de faire connaître par le moyen de la presse, la vie sinistre à l’intérieur d’un hôpital psychiatrique. De tous les hôpitaux, d’ailleurs, se lèvent des protestations après le scandale des Petites Ailes. Je vous demande l’hospitalité à Combat... où vous avez publié une enquête sur les prisons. Si, pour des raisons que je comprends, vous ne pouvez relater mes démêles avec le nouveau Savonarole auquel j’ai été confié, vous pouvez publier ce récit de mon expérience vécue. Si vous l’acceptez (et je sais qu’à Combat vous ne manquez pas de courage, puisque vous avez dénoncé les odieuses méthodes d’une police tortionnaire) je vous serais reconnaissant de le faire savoir en prévenant ma secrétaire et ange gardien Madame S. Bongrain imprimerie Fauvel 4 rue Vide-Gousset Paris II... Tel central 56-52. Si vous pouvez me le rémunérer immédiatement, je vous en serais doublement reconnaissant, car je vais sortir d’ici dans une situation matérielle et financière angoissante. Je sortirai cette semaine, je pense. Je vous sers confraternellement la main, Gengenbach PS. Vous pouvez prévenir Nadeau ».

250 €

147 288. GENGENBACH (Ernest). Après la mort d’André Breton - Vintras et la messe d’or.

1967. 2 manuscrits autographes signés de 8 pp. et 16 pp. respectivement et 2 LAS au format in-4, sur papier à en-tête de l’Hôtel Victoria, formant un ensemble de 4 pp. et 1/2, le tout sous chemise blanche avec le titre-collage « Magie et mystique amoureuse » sur le premier plat, reproduction photographique de deux collages titrés « L’abbé et la carmélite » et « L’étrange messe », enveloppe d’expédition.

Deux manuscrits autographes signés qui semblent être resté inédits, envoyés à Maurice Nadeau pour publi- cation.

Dans le premier titré « Après la mort d’André Breton » (8 pp. in-4), Gengenbach relate sa rencontre avec André Bre- ton, sa conversion au surréalisme puis leurs divergences : « le clan de ceux qui comme Aragon voulaient politiser le surréalisme l’emporta sur celui des poètes qui, comme Artaud, Desnos et moi voulaient s’aventurer dans la voie de l’occultisme, en redécouvrant le secret de l’alchimie du verbe, pour parvenir à la recréation de l’univers en faisant reprendre conscience à l’homme des puissances magiques qui sommeillent dans sa partie masculine et féériques dans sa partie féminine ».

Dans le second « Vintras et la messe d’or », Gengenbach évoque son travail sur les troubadours et les cathares, Jean Vintras, la messe d’or en assemblant des éléments autobiographiques, érotico-mystiques et ésotériques.

On joint les deux lettres autographes signées d’accompagnement adressées à Maurice Nadeau :

LAS : « Ce 21 janvier 1967 / A Maurice Nadeau / La Quinzaine littéraire Paris / Monsieur, De passage à Toulouse où je suis venu assister à une conférence des milieux néo-cathares, je viens de prendre connaissance de la Quin- zaine littéraire achetée par mon épouse dans un kiosque... J’y vois votre nom. Je ne sais absolument plus dans quels termes nous sommes tous deux. Il s’est passé tellement de choses depuis notre dernière rencontre ! Je ne me souviens et ne veux me souvenir que d’une chose c’est que vous êtes un des rares historiens du surréalisme à m’avoir honnêtement attribué la place qui me revenait dans ce mouvement poético-magique dont vous avez, avec clairvoyance, signalé le caractère prométhéen et l’échec possible. Je reste un des rares survivants du surréalisme auroral de 1925 avec Aragon et Soupault. J’ai des dédicaces de ces messieurs « à Gengenbach miraculeusement rencontré », « à Gengenbach chasseur de la vie » etc. etc. Breton qui après avoir politisé le surréalisme, amputé de

148 tout élément mystique, Breton qui n’a pu empêcher une série de suicides et qui a imposé à ses disciples une sco- lastique étouffante aussi fanatique que celle dont se réclamait l’Inquisition. Breton m’a ignoré, comme il a ignoré Dali systématiquement, quand j’ai voulu lui tenir tête. Il est mort... Paix à son âme... Mais il y a des choses qui doivent être dites... Jean Vilar m’ayant demandé, il y a longtemps, une pièce de théâtre sur un moine troubadour, qui accusé de mysticisme érotique et de magie amoureuse, failli être livré au bûcher par le Pape d’Avignon Jean XXII, j’ai décou- vert, en me documentant sur les troubadours, une maison dans un site sauvage de la Montagne Noire... et je l’ai achetée. Ma pièce « Le Moine troubadour » qui était pour les troubadours et les cathares et contre la papauté ne put voir les feux de la rampe... tous les projets étant boycottés par le clergé régional qui empêche sa représentation au festival de Carcassonne. On m’a offert de prendre la tête du mouvement néo-cathare qui groupe en ce moment 14 nations et une église schismatique m’a proposé l’épiscopat... Finalement, sous le titre « La Messe d’or » annoncé dans mon avant-dernier livre « L’Expérience démoniaque » j’ai proposé un manuscrit à Éric Losfeld au Terrain vague. Mais il hésite à publier cette oeuvre explosive, craignant un nouveau procès pour attentat aux moeurs par la voix du livre. Je serais heureux de vous envoyer un document confidentiel à ce sujet. Mais il faudrait que je sois sûr qu’il vous atteigne. Je suis ici à cet hôtel pour quelques jours. De la Cité des violettes je vous envoie, cher Monsieur Nadeau, mon salut confraternel le plus courtois, Gengenbach».

Un feuillet comportant l’annotation suivante à l’encre verte : « Ci-joint texte de Gengenbach « Après la mort d’André Breton » et premières pages du reportage de Juan d’Estalric sur La Messe d’or de Gengenbach. Le reste suit dans un envoi prochain».

LAS : « Ce 23 janvier 1967 Cher Monsieur Nadeau, j’ai dû recopier entièrement à la main ce reportage de Juan d’Estalric dont je vous envoie la suite parue dans le lien réservé à un petit groupe d’occultistes, reportage qui est ma propriété littéraire. Vous pouvez deviner ce que cela m’a valu de persécutions et vexations. Vous est-il possible de le publier comme préface à une oeuvre qui doit paraître ? Est adressé à vos lecteurs à Éric Losfeld... pour qu’ils la retiennent ? Je ne sais combien vous rémunérez les textes que vous publiez. En tout cas si vous pouvez faire quelque chose cela m’arrangerait car ma situation financière est des plus dramatiques ici à cet hôtel. Je vous envoie, cher Monsieur Nadeau, mon salut le plus cordial et confraternel, Gengenbach ».

1 200 €

149 289. GILBERT-LECOMTE (Roger). Testament.

Paris, Gallimard, Collection « Métamorphoses », août 1955. In-12 (19,3 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée en rouge et noir, 154 p., 3 ff. n. ch..

Edition originale de cette anthologie posthume dans l’oeuvre en vers et prose de l’auteur.

Tirage limité à 1500 ex. num. dont 150 hors commerce (comme celui-ci).

Introduction d’Artur Adamov et avant-propos de Pierre Minet.

Bel envoi autographe signé Pierre Minet : « En espérant que vous userez de votre / influence pour la réussite de ce livre. / Gilbert-Lecomte a bien été, est bien, / l’un des quelques grands poètes de ce temps. / Très amicalement à vous / Pierre Minet », doublé par Adamov : « A Maurice Nadeau, en /me joignant à Minet pour que.../ avec toute l’amitié de / Arthur Adamov ».

300 €

290. GLISSANT (Edouard). Les Indes. Poème de l’une et de l’autre terre.

Paris, Falaize, 1957. In-8 (22,3 x 17,8 cm), broché, couverture jaune imprimée, 70 pp., 5 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 750 ex. sur Fleur d’alfa (après 9 Hollande et 45 sur vélin pur fil d’Arches contenant 6 eaux fortes d’Enrique Zañartu, avec suite pour les 9 premiers ex.).

Bel envoi autographe signé : « Pour / Madame et Monsieur / Maurice Nadeau / Un signe d’amitié / d’un pauvre auteur / bousculé (mais / qui n’est pas / lâcheur, cher / Maurice !) / E. Glissant ».

75 €

291. GLISSANT (Edouard). Soleil de la conscience.

Paris, Falaize, 1956. In-8 (22 x 17,2 cm), broché, couverture bleue imprimée en noir et mauve, 73 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant après 15 ex. sur vélin pur fil du Marais.

Bel envoi autographe signé : « Pour / Maurice Nadeau / * / en attendant / d’autres soleils / et d’autres / aubes. / avec amitiés / Edouard Glissant ».

120 €

150 292. GOMBROWICZ (Witold). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. du 12 décembre 1962 au 29 mai 1967. 2 LAS et 4 LS au format in-4 formant un ensemble de 6 pp..

Correspondance, constituée de 2 lettres autographes signées et de 4 lettres signées, adressée à Maurice Na- deau à propos de la publication de la traduction française de Transatlantique, du Journal, de ses pièces de théâtre, Yvonne et Le Mariage, d’une éventuelle réédition de La Pornographie et du versement du montant du prix Interallié que l’écrivain polonais avait reçu à l’occasion de la publication de Cosmos en 1967.

On joint une LAS de son épouse, Rita Gombrowicz, datée du 18 janvier 1987 à propos de la publication de lettres montrant les relations de Witold Gombrowicz avec ses éditeurs.

LS du 12 décembre 1962, enveloppe d’expédition depuis l’Argentine jointe : « Cher Nadeau, Kot m’écrit que vous avez des inquiétudes quant à la lenteur Kosko. Moi de même. On m’informe que Kosko est absorbé par d’autres occupations et qu’il a très peu de temps pour traduire. Je me demande donc, s’il ne serait pas possible de diviser ce travail entre Kosko, Sidre et Kukuska. Je crois qu’il faut faire le possible pour terminer au plus vite avec le Journal. Weidlé, qui l’a lu en allemand, est aussi d’opinion qu’il est très important de le publier sans trop de retard. Et, comme vous savez déjà, je suis absolument contraire à le publier dans deux volumes, ce genre de littérature peut convaincre seulement par l’abondance des traits, points de vue etc. Le lecteur doit entrer dans la matière. [...] Je vous serais très obligé si vous pouviez me dire quelque chose au sujet de la vente de « La Pornographie ». [...] Je sais qu’en la NRF paru (sic) une critique fort défavorable. Depuis longtemps je ne reçois pas des extraits de la presse. Est-ce qu’il n’y a rien ? ... ».

151 LS du 3 mars 1967: « Cher Maurice Nadeau, d’accord, je n’ai rien contre Alan Kosko, pourvu qu’il fasse ce travail à temps. Mais est-ce que qu’il le fera ? J’imagine que vous avez des moyens pour le contrôler et le pressionner (sic). Melle Kukulczankae, qui traduit, avec Monsieur Sidre, « Le Mariage » et « L’Yvonne », m’écrit qu’il se peut que vous éditerez ses pièces dans un volume. Est-ce que vraiment vous pensez le faire ? Cela pourrait faciliter la mise en scène de ces ouvrages, ce qui serait, sans doute, très utile pour me faire connaître plus à Paris. Mais il me semble que cette édition a besoin aussi d’une préface. Tous mes ouvrages ont besoin d’un commentaire, puisque c’est un genre d’avant-garde différent de celui qui est en vogue à Paris (une avant-garde « slave » si vous voulez), il faut donc éviter des malentendus. Si vous croyez que ma préface à « La Pornographie » a été efficace, je pourrais écrire quelque chose pour cette édition. [...] C’est évidemment très agréable pour moi, d’être reconnu comme un auteur d’élite, mais j’aspire à quelque chose de plus, à être vraiment lu... [...] Si vous ne faites pas une seconde édition de « La Pornographie » cela prouvera que je n’ai pas encore trouvé mes lecteurs. [...] ».

LS du 24 juillet 1963 à propos de sa pièce Le Mariage : « Mon cher Nadeau, Je viens de recevoir une lettre de Georges Sidre, il me prie d’insister auprès de vous pour que « Le Mariage » paraisse avant « Le Journal ». Je ne suis pas de son avis. Cependant, il a peut-être raison quand il dit, qu’il faut faire un effort pour que le milieu théâtrale (sic) se familiarise un peu avec ce drame en vue de son (sic) représentation [...] en automne. Il me semble que l’échec du Mariage au théâtre n’est pas justifié, J’ai toujours considéré cette pièce comme un de mes ouvrages plus réussis et, lors de sa représentation en Pologne, (qui a été tout de suite interdite par le gouvernement) on me disait qu’il est très « théâtrale » (sic). Il se peut que la critique et le public n’ont pas compris grand chose de cette pièce qui est difficile et pas trop ressemblante au théâtre qui est en vogue aujourd’hui. ou, peut-être, la mise en scène de Lavelli, quoique très réussie, était trop moderne pour ce drame, qui est une parodie de Shakespeare et devrait être joué dans le style shakespearien. Il me vient à la tête que peut-être le mieux serait [de] publier au moins un acte dans les lettres nouvelles [...] ».

LAS du 17 mars 1965 : « Cher Nadeau, Mme Geneviève m’écrit que le théâtre paraîtra en mai. Et Bakakaï en 1965 (il veut dire en 1966). J’espère, quand même, que je réussirai à convaincre Monsieur Bourgois que cette façon de méditer au ralenti est nuisible autant pour lui que pour moi et qu’il faut que ce volume paraisse à la fin d’année. Je suppose que vous allez m’appuyer dans cette démarche et que, en tout cas, vous ne consentirez pas un nouveau retard en ce qui concerne le « Théâtre ». Quant à l’édition même, je voudrais vous rappeler : 1°/ Je vous ai envoyé une petite préface [...] 2°/ Je vous ai envoyé aussi une note qui contient les choses que je voudrais que le lecteur sache. J’espère que vous écrirez un commentaire à cette édition aussi réussi, que celui du Journal, et que vous utiliserez ces données. [...] Je pense que la publication de mon Journal dans les Lettres Nouvelles est un facteur très important. J’ai l’impression que maintenant le fruit de la gloire est mur et qu’il suffit [de] secouer un tout petit peu l’arbre de... de quoi?... de la vie?... Pour qu’il tombe dans nos bras ! Aaah! ».

LAS du 21 juin 1965 : « Cher Nadeau, Je suis en Italie, je viens de recevoir votre lettre du 18 juin. Je vous souhaite que toute cette métamorphose s’arrange d’une façon vraiment satisfaisante pour vous et les Lettres Nouvelles. Natu- rellement, je ne vais pas signer aucun contrat avec Julliard avant que cette situation ne se cristalise (sic). Après une collaboration de 7 années je ne voudrais pas vous quitter. Mais je dois tenir en compte que Julliard (concrètement : M. Bourgois) m’a démontré dernièrement l’intérêt qu’il a pour m’éditer. On m’a promis d’éditer un ouvrage par an, de me faire de la publicité, etc. Tandis que je n’ai aucune idée quel est l’intérêt de Gallimard pour me publier. Je sais que votre présence est une garantie pour moi, mais quand même, avant de me décider, je voudrais entrer en contact direct avec mon nouvel éditeur. Je voudrais avoir une lettre de lui avec la proposition concrète de rééditer Ferdydurke et La Pornographie [...] Est-ce que M. Bourgois reste chez Julliard, à son poste actuel ? Quelle est sa situation ? [...] ».

LS du 29 mai 1967 à propos de prix Interallié que Gombrowicz venait de recevoir pour Cosmos : « Mon cher Nadeau, Je suis assez préoccupé par votre lettre concernant les impôts. En même temps, j’ai reçu une lettre des éd. Gallimard (M.B. Huguenin) où on me dit ceci : « Le montant du prix doit vous être remis sous forme d’un chèque tiré sur la banque à New York. [...] On voit donc que c’est Gallimard qui va m’envoyer le chèque. Or, je me demande si cela ne serait pas mieux que le chèque me soit envoyé d’un autre pays. » [...] ».

3 000 €

152 293. GRACQ (Julien). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

8 décembre 1945 au 21 février 1994. 5 LAS et 3 CAS au format in-8 à in-32 formant un ensemble de 8 p. et 1/2, 2 enveloppes conservées.

Correspondance constituée de 5 lettres autographes signées et de 3 cartes autographes signées adressées à Mau- rice Nadeau qui avait donné une chronique élogieuse du second roman de Julien Gracq, Un Beau ténébreux, dans la revue Fontaine (n°43) en juin 1945.

Les quatre premières lettres, datant de l’immédiat après guerre, témoignent de leur première rencontre et de tenta- tives de collaboration dans Combat. Viennent ensuite des lettres de remerciement pour Le Roman français depuis la guerre de Maurice Nadeau paru en 1963 chez Gallimard et des chroniques de Lettrines (en 1967) et Lettrines 2 (1974). La dernière, virulente lettre rédigée en 1994, précise les raisons du refus de Julien Gracq de participer à un recueil de morceaux choisis, sponsorisé par un marchand de bagages de luxe, intitulé « Voyager avec... ».

LAS, Caen vendredi [circa 1945] : « Cher Monsieur / Je m’excuse de vous avoir sans doute dérangé inutilement. J’avais prêté « Arcane 17 » et n’ai pu le récupérer à temps avant mon départ. Si j’arrive à remettre la main dessus, je pourrais, Je l’espère, vous le passer au début de février - mais il sera bien tard pour vous. Bien sympathiquement, L. Poirier. »

LAS du 8 décembre [1945] : « Cher monsieur / Je crains bien de n’avoir rien qui puisse vous convenir. J’avais ces temps-ci quelques textes courts, mais Parisot me les a réclamés pour un numéro spécial des 4-vents et je n’ai plus rien de sortable. [...] Je vous ai manqué de peu hier chez Corti et je le regrette, car j’aurais été heureux de faire votre connaissance. À tout hasard, Je vous indique que je suis à Paris jusqu’à mardi prochain À l’hôtel de Victoria [...] Mais on ne m’y connait pas sous mon pseudonyme. Si vous vous trouvez passer dans le quartier, je serais heureux de vous voir. [...] ».

LAS 1er juillet [1946] :« Cher ami, / du moment que votre invitation prend une forme aussi agréable à ma paresse naturelle, je l’accepte avec plaisir. J’ai vu d’ailleurs votre première page littéraire [en juin 1946, Maurice Nadeau se voyait confié l’animation d’une page littéraire hebdomadaire dans Combat] et l’ai trouvée fort réussie, tout en regret- tant un peu de n’y pas trouver de Breton « ne divinus » je veux dire réacclimaté à Paris. Je serai à Paris de vendredi soir à dimanche ou lundi. Voulez-vous que je passe chez vous samedi à la fin de la matinée (vers 11 heures) je serais content de bavarder un peu avec vous et nous pourrions voir ensemble si ce qui peut se détacher du texte. [...] L. Poirier. »

LAS 17 juillet [1946] : « St Florent le Viel, 17 juillet / Cher ami, / si quelque chose peut vous y convenir, choisissez dans le fouillis que je vous joins. Tout cela est d’un ton bien disparate, et il y a beaucoup de déchet - si vous préférez vous abstenir vous ne me vexerez nullement. Toutefois, si vous en retenez quelque chose, dites moi quoi, et deman- dez aux « Cahiers » de m’envoyer les épreuves pour correction, car j’y tiens depuis que j’ai eu des ennuis avec « Confluences » (une cinquantaine de coquilles en 12 pages). Ne perdez pas de vue que la plupart de ces papiers seront inclus dans le petit recueil que Corti doit sortir en octobre : si les cahiers du PS doivent sortir après cette date, l’affaire devient donc sans objet. Je vous remercie de la présentation du Lautréamont dans Combat Elle était très cor- recte. Je ne pense pas à la réflexion que je répondrai, officiellement au questionnaire, malgré l’intérêt que j’y perds : la raison est que j’ai déjà refusé à mon vieux camarade Fauchery de répondre à l’enquête analogue d’»Action» [...] ».

CAS non datée [1963] : « Je vous remercie de l’envoi de votre ouvrage Le Roman français depuis la guerre - un sujet qui était bien difficile à traiter dans ce cadre limité. Je l’ai lu avec bien de l’intérêt ».

CAS du 7 juin [1967] à propos de l’accueil de Lettrines (article de juin 1967 dans la Quinzaine littéraire) : « non, je ne déteste pas à ce point la corporation des critiques - puisque je fais parfois aussi de la critique en amateur. Je n’aurais pas en tout cas pas à me plaindre d’elle pour Lettrines; et je tenais à vous remercier d’avoir réservé un accueil si large et si compréhensif à un ouvrage qui ne pourrait avoir de bien grande prétention. J’ai été très sensible à votre article, je vous en remercie encore bien vivement. Julien Gracq ».

CAS du 29 juin [1974] à propos d’un article sur Lettrines II paru dans la Quinzaine littéraire : « Cher Maurice Nadeau / je réponds sans conviction a votre questionnaire : je suppose que cela passionne beaucoup plus que moi - très légitimement sans doute - Mmes Duras et Gauthier. Je ne crois vraiment pas qu’il y ait intérêt à publier ses réponses : simple témoignage de bonne volonté. Les deux sexes mourront chacun de leur côté sans avoir apuré leurs comptes (et littéraires en plus ! C’est sans aucun espoir). C’est du moins une occasion de vous remercier pour le compte rendu de Lettrines 2 dans la Quinzaine : J’y ai été d’autant plus sensible que ce petit recueil ne pouvait guère prétendre être dans le fil de vos préférences. Cela m’a fait plaisir très sincèrement. Julien Gracq ».

LAS du 20 février 1994, enveloppe conservée. Julien Gracq refuse de participer à un recueil de morceaux choisis intitulé « Voyager avec ... » : « Cher Maurice Nadeau / La nouvelle que vous m’apprenez ne peut être en effet pour moi qu’une complète surprise. Vous aviez demandé autrefois à la librairie Corti l’autorisation de faire pa- raître un recueil de morceaux choisis de mes livres sous le titre « Voyager avec... ». Ce recueil devait voisiner, dans une collection, avec un choix analogue de Jünger et de quelques autres. Cet ouvrage n’était pas, pour Monsieur Fillandeau [successeur de José Corti] et pour moi, d’un intérêt particulier, et nous écartons le plus souvent ce genre

153 de projets. Nous avons fait une exception en faveur d’une maison d’édition un peu austère, mais indépendante et exigeante dans ses choix. Il n’était alors aucunement question d’un ouvrage luxueux. Votre projet a apparemment, chemin faisant, changé de nature, puisque vous semblez avoir fait appel, pour le financer et l’élargir, à un industriel en bagages de luxe fort connu, qui entend évidemment, et c’est compréhensible, utiliser votre collection pour la pro- motion de sa maison. Cela se fait pour les voiliers de courses et les équipes de football et c’est évidemment licite, à condition que les porteurs de sigles publicitaires en soient expressément et préalablement d’accord. Or, vous n’avez à aucun moment averti de ce changement projeté, et vous ne m’avez demandé aucun accord. Ma réponse sera claire : c’est le refus catégorique du projet en cours de réalisation. Le livre à paraître a fait l’objet d’un accord entre le libraire Corti d’une part, et d’autre part votre maison d’édition - personne d’autre ; il doit paraître sous votre seule marque et sans traces aucunes de « sponsorisation » à fins publicitaires plus ou moins voilées. Telle est ma position. En regrettant que surgisse ce très sérieux différend qu’il revenait évidemment à vous d’éviter dès son origine, je vous prie de croire à mon excellent souvenir. Julien Gracq ».

2 400 €

294. GRACQ (Julien). Liberté grande.

Paris, José Corti, 1946. 19 x 12,5 cm, broché, couverture rempliée imprimée, 117 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 15 ex. sur papier bouffant d’édition réservés à la presse (après 23 Arches, 50 vélin du Marais et 900 pur fil Lafuma).

Envoi autographe daté et signé de Julien Gracq : « A Maurice Nadeau / avec l’amical souvenir de / Julien Gracq / 7-2-47 ».

Frontispice d’André Masson. Non coupé. 400 €

295. GRACQ (Julien). André Breton.

Quelques aspects de l’écrivain avec un portrait d’André Breton par Hans Bellmer.

Paris, José Corti, 1948. 18,8 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 206 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Ex. sur papier d’édition (après 20 ex. sur vélin du Marais et 50 ex. sur papier pur fil Lafuma).

Envoi autographe signé : « A l’histoire du surréalisme / A Maurice Nadeau / cordial hommage de / Julien Gracq 4-2-48 ».

Papier uniformément bruni. Petite déchirure au premier feuillet de garde. 500 €

296. GRACQ (Julien). Lettrines.

Paris, José Corti, 1967. In-12 (18,6 x 12 cm), broché, couverture jaune imprimée, 217 pp., 3 ff. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 17 vélin de Rives, 53 Lafuma et 200 ex. sur alfa mousse), celui-ci avec mention fictive de 5e mille (achevé d’imprimer en mars 1967).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / ce petit livre témoin de diverses / humeurs / Avec mon bon souvenir / Julien Gracq ».

350 €

154 297. GRACQ (Julien). La Presqu’île.

Paris, José Corti, 1970. 18,7 x 11,8 cm, broché, couverture verte, 251 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale de ce recueil comprenant trois nouvelles : La Route, La Presqu’île et Le Roi Cophetua.

Ex. sur papier d’édition.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / avec l’espoir qu’il / accueillera ce livre disparate / Julien Gracq ».

Bel exemplaire. 300 €

298. GRACQ (Julien). Lettrines II.

Paris, José Corti, 1974. In-12 (18,6 x 12 cm), brochés, couverture mauve imprimée, 244 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 50 ex. sur Hollande, 80 ex. sur pur fil et 150 ex. sur vergé ivoire).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau, / avec l’espoir qu’il accueillera ce / livre ! désordonné ! / Avec mon bon souvenir / Julien Gracq ».

300 €

299. GRACQ (Julien). En lisant en écrivant.

Paris, José Corti, 1981. In-12 (18,8 x 12 cm), broché, couverture jaune imprimée, 302 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition (après 200 ex. sur papier Rhapsodie d’Arjomari).

Bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / ces notes bien diverses, mais / qui tentent au moins / de défendre la littérature / en sincère hommage / Julien Gracq ».

450 €

300. GRACQ (Julien). Autour des sept collines.

Paris, José Corti, 1988. 18,7 x 11,8 cm, broché, couverture imprimée, 147 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Ex. sur papier d’édition (après 150 ex. sur vélin Arches et quelques hors commerce).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / « loin de l’Urbs évanouie, / en toge et litière » / cordialement / Julien Gracq ».

Bel exemplaire. Dos lég. gauchi. 400 €

301. GRACQ (Julien). La Forme d’une ville.

Paris, José Corti, 1985. 18,8 x 12 cm, broché, couv. illustrée du plan de la ville de Nantes, 3 ff. n. ch. (blanc, faux-titre, titre), 213 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition (après 125 ex. sur Rhapsodie d’Arjomari) de cet essai à propos de la ville de Nantes.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / ... tout près des sources du sur- / réalisme... / avec ma pensée amicale / Julien Gracq ».

350 €

155 302. GUATTARI (Félix). Remerciement pour un article sur La Révolution moléculaire.

15 octobre 1977. 1 LAS au format in-8 de 1 p. et 1/2.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau en remerciement pour une chronique, parue dans la Quinzaine littéraire, à propos de « La Révolution moléculaire », publié chez Recherches éditions.

LAS : « Cher Maurice Nadeau / vous pouvez imaginer comme il m’est difficile de vous dire ce que je ressens à la lecture de votre article ! Bien que nous ne nous connaissions peu, votre oeuvre, vos choix littéraires, vos prises de position politique ont toujours constitué pour moi une référence de base. Alors ce signe que vous me faites traverse, en quelque sorte, différentes époques de ma vie, différents personnages, différents rôles, qui ont été les miens. Bref, j’ai été très touché, très ému par ce que vous avez dit de mon recueil d’articles ! Très amicalement [...] ».

250 €

303. GUERIN (Raymond). Les Poulpes.

Paris, Gallimard, 1953. 20,7 x 14,3 cm, broché, couv. imprimée, 571 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition en service de presse (après 89 ex. sur ex. num. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteur: « Pour Maurice Nadeau / Ces Poulpes hideux, / avec l’attention sympathique et / la fidélité de / R. Guérin / 11. 5. 53. ».

Papier bruni, comme toujours. 350 €

304. GUILLOT-MUNOZ (Alvaro). Lautréamont à Montevideo.

Paris, La Quinzaine littéraire, Témoignages inédits, 1972. 17 x 12,5 cm, broché, couv. rouge imprimée, 120 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale.

Un des 26 premiers exemplaires sur pur fil du Marais (le n°1) comprenant une gravure originale de Robert Lapoujade.

On joint une deuxième épreuve de la gravure également signée.

250 €

305. GUILLOUX (Louis). Lettre de soutien suite à son départ de Combat.

13 décembre 1951. 1 LAS au format in-12 de 1 p..

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau suite à son départ du journal Combat :

LAS du 13 décembre 1951 : « Cher Maurice Nadeau, Je souhaite de tout coeur que vous retrouviez vite une tribune pour vous exprimer et, dans ce cas, je vous demanderais de m’indiquer laquelle, afin que je puisse continuer à vous lire. Nous préparons (revue Les Lettres) un important numéro sur Rilke. Si vous aviez quelque chose à nous donner, de vous ou d’un de vos amis, nous le publierons bien volontiers. [...] ».

100 €

156 306. GUYOTAT (Pierre). Lettre autographe signée à propos d’Eden Eden Eden.

10 septembre 1970. 1 LAS au format in-4 de 1 p..

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau à propos de son livre Eden Eden Eden qui venait de paraître et d’un entretien avec Roger Borderie que Guyotat proposait de publier dans la Quinzaine littéraire.

Une chronique d’Eden, Eden, Eden par Jean-Marie Magnan intitulé « Un saccage » paraîtra dans le n°103 de la Quinzaine littéraire daté d’octobre 1970. Deux mois après sa parution, Eden Eden Eden fut frappé par le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin d’interdiction de vente aux mineurs de moins de dix-huit ans, affichage et publicité.

Cette interdiction ne sera levée qu’en novembre 1981. L’entretien ne sera pas repris dans la Quinzaine littéraire.

Retranscription : « 4, Allée des Érables / 94 - Vitry/ jeudi 10 septembre 1970 / Cher Maurice Nadeau, / vous avez sans doute reçu l’exemplaire de l’Eden Eden Eden que je vous ai envoyé dès sa sortie de l’imprimerie. Je vous ai envoyé récemment, aussi, le texte d’un entretien avec Roger Borderie. Qu’en pensez-vous ? Il y a là, affirmées avec une certaine force, quelques idées que vous avez toujours, me semble-t-il, défendues, avec la ferveur et l’intégrité que l’on sait. Pouvez-vous me faire savoir votre décision, assez rapidement, s’il vous plaît, car Tel quel se propose de publier l’entretien, en priorité, dans son numéro de novembre, au cas ou vous le refuseriez, ce qui me surprendrait. Bien amicalement / Pierre Guyotat ».

Les lettres autographes de Pierre Guyotat à propos d’Eden Eden Eden sont rares.

750 €

157 307. HALLIER (Jean-Edern). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

2 septembre 1969. 1 LAS au format in-4 de 1 p..

Belle lettre autographe signée à Maurice Nadeau, rédigée sur papier à en-tête de L’Idiot International dans laquelle Jean-Edern Hallier propose, pour parution dans La Quinzaine littéraire, un article à propos de la revue Tel quel et du conflit entre Philippe Sollers et Jean-Pierre Faye, qui quitta le comité de rédaction en novembre 1967 pour aller fon- der la revue Change. Cette dispute entre Sollers et Faye se poursuivra de longs mois, notamment dans les colonnes de L’Humanité en septembre 1969, chacun accusant l’autre d’inspiration « fasciste » et revendiquant « la légitimité d’une référence à Derrida et, à travers lui, à Heidegger ».

En toute fin de lettre, Jean-Edern Hallier annonce le lancement de son journal satirique L’Idiot International.

LAS : « 2 septembre 69 / Cher Maurice Nadeau, A la lecture du dernier numéro de Tel quel / l’envie me prend de rompre le silence qui est le / mien sur cette revue depuis 5 ans. Il me / paraît nécessaire, à bien des égards, de renvoyer / Sollers et Faye dos à dos en un conflit parodique. / Évidemment bien des gens seront égratignés, mais / une telle polémique peut offrir un intérêt / certain en ces temps de reclassement politique / et littéraire. / Je vais vous adresser mon article d’ici / une dizaine de jours. Seriez vous disposé à / le publier sans l’amputer ? Dans l’attente de / votre réponse, croyez à mon amitié / Jean-Edern Hallier / Je publie un nouveau journal en début novembre. Vous en connaissez le titre par cette lettre. Nous entretiendrons les meilleures relations je l’espère. Toujours est-il que je vous adresserai sous peu un communiqué annonçant sa parution et ses intentions. ».

250 €

158 308. HAUSMANN (Raoul). Traité des questions sans solutions importantes.

Bâle, Éditions Panderma, Carl Laszlo, Bibliothèque intersidérale, 1957. In-4 (27,4 x 22 cm), plaquette agrafée, couverture imprimée, non paginée, 12 ff. n. ch..

Rare édition originale.

Illustré de 2 hors-texte en noir, ici tous deux signés et datés au crayon par l’auteur-artiste.

Tirage limité à 350 ex. dont 25 ex. sur papier registre Navarre numérotés et signés par l’auteur.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Cogito ergo sum dada / avec toute ma sympathie / à Maurice NADEAU / le dadasophe / Raoul Hausmann / Limoges le 23 janvier 67 ».

Bel exemplaire. 500 €

159 309. HENRY (Maurice). La Guerre des revues. s.d. [1954]. Dessin original à l’encre et au lavis d’encre, 31,3 x 24 cm.

Célèbre dessin original signé de Maurice Henry.

Envoi autographe de l’artiste à l’encre verte : « A Maurice Nadeau / avec la fidèle amitié de / Maurice Henry ».

Document mythique mettant en scène la Guerre des revues : François Mauriac, se protège, derrière une table ronde (il dirige alors la revue du même nom), des feux de ses concurrents: Jacques Laurent (La Parisienne), Jean Paulhan (Nouvelle Revue Française) et Maurice Nadeau (Les Lettres Nouvelles).

Ce dessin a été, de maintes de fois, reproduit, notamment dans Grâces leur soient rendues (Albin Michel, 1990, dans le cahier d’illustrations placé après la p. 254), dans lequel Maurice Nadeau consacre un chapitre à François Mauriac, et plus récemment en couverture de Soixante ans de journalisme littéraire, Tome I, Les Années « Combat » 1945- 1951 (Editions Maurice Nadeau, 2018).

Collection particulière

310. HENRY (Maurice). 1930-1960.

Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1961. In-12 (18 x 14 cm), broché, couverture imprimée à rabats, 218 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier) de cette anthologie de dessins légendés.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / son ami / Maurice Henry ».

Dos ridé. 150 €

160 311. HENRY (Maurice). Lettre autographe signée à Mon Général [Maurice Nadeau]. s.d.. 1 LAS au format in-4 de 1/2 p..

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau, rédigée avec verve et humour par Maurice Henry.

Retranscription : « Maurice Henry / Mon Général, Je n’ai pas pu aller à la revue. Je me suis cassé la jambe en grimpant sur une échelle pour ramasser des oeufs dans le grenier à foin, mais je vous donne ma parole de civil que je ne l’ai pas fait exprès. Je n’ai pas de chance ; c’est chaque année la même chose. C’est comme quand il y a eu la guerre, je n’étais pas prêt. Quand j’ai été prêt, la guerre était déjà finie. Aussitôt que ma jambe ira mieux, je com- mencerai à me préparer pour la revue de l’année prochaine. Cependant s’il m’arrivait encore un ennui entre temps, il ne faudrait pas m’en vouloir, ça ne serait vraiment pas ma faute. Enfin j’espère que ça s’est bien passé, et que vous vous êtes bien amusés et déguisés tous ensemble, qu’il y avait de la musique, et du monde pour regarder. Veuillez agréer, mon général, mon meilleur garde-à-vous. ».

500 €

312. HENRY (Maurice). Lettre autographe signée à Monsieur le Duc [Maurice Nadeau]. s.d.. 1 LAS au format in-4 de 1/2 p..

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau, rédigée avec verve et humour par Maurice Henry.

Retranscription : « Maurice Henry / Monsieur le Duc, / Ah comme vous avez de la chance dans la poche gauche de / votre veston ! Pour moi la vie ne vaut pas d’être vécue à bicyclette. Je ne change pas d’avis comme de chemise en popeline col 38. Tous les matins quand je me rase à coups de couteau je me regarde adroitement dans la glace à la fraise : mais je ne reconnais personne.

Au moins vous n’êtes pas fait pour cette existence de chien. Vous avez une mine superbe sur le coin du lavabo et même une autre sous le lit, où votre chien fidèle fait des pâtés de campagne. Vous n’avez pas de temps à perdre dans un taxi comme une serviette de table. Chaque jour vous pouvez relire vos mémoires d’outre-tombe, étendu sur le dos lisse d’une femme de ménage. Je voudrais obtenir de vous un conseil d’administration. J’attends de vos nouvelles galeries pour commencer une peinture fraîche. Veuillez croire, Monsieur le duc à mes sentiments ».

500 € 161 313. HERBART (Pierre). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. du 8 octobre 1969 au 8 octobre 1970. 4 LAS au format in-4 formant un ensemble de 5 pp..

Correspondance adressée à Maurice Nadeau constituée de 4 lettres autographes signées, la première concer- nant le paiement anticipé pour « André Gide a cent ans. (Témoignage de Pierre Herbart) » article qui paraîtra dans le n°82 de la Quinzaine littéraire le 1er novembre 1969, les suivantes concernant son état de santé et sa volonté de voir Maurice Nadeau s’occuper de ses papiers s’il venait à disparaitre.

Maurice Nadeau avait connu Pierre Herbart (19053-1974) à Combat, journal auquel Albert Camus lui avait demandé de collaborer. Pierre Herbart participa ensuite à la création de la revue Terre des hommes à laquelle Nadeau contri- bua. Il finira sa vie affaibli physiquement et financièrement. Maurice Nadeau signera un texte - « Une certaine attitude » - dans le numéro de Ralentir travaux (n°12, novembre 1998) rendant hommage à l’auteur de L’Âge d’or.

LAS du 8 octobre 1969 : « Cher Maurice Nadeau / Ci-joint une page qui pourrait / remplacer celle que nous suppri- mons. / Vous en jugerez. / vous me rendriez un grand service / en me payant dès maintenant mon / texte sur Gide. Je me débats dans les / difficultés... [...] ».

LAS du 20 novembre 1969, enveloppe conservée : « Cher Maurice Nadeau, Je m’excuse de ne vous avoir pas remercié de votre chèque. Le jour même où je l’ai reçu, on a dû me transporter à l’hôpital Foch (violentes hémorra- gies nasales à la suite d’une rupture d’artère). Depuis on me « soigne » (transfusions de sang, etc....) Sans doute rentrerai-je chez moi demain. Je vous raconte cela, Nadeau, pour en venir à ceci : j’ai de « bonnes » raisons (qu’on ne me cache pas) de voir l’avenir en sombre. Chez moi, il y a des correspondances, des papiers, manuscrits. Je souhaiterais qu’un ami consente à en prendre soin. Mais il faudrait que je le voie, cet ami - et, dans l’état de faiblesse ou je suis, je ne peux me déplacer. Viendra-t-on jusqu’à moi? Vous voyez de quoi il retourne... Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous acceptiez de m’assister de la sorte - et comme je comprendrais que vous n’acceptiez pas! - je vous dirais comment me trouver (à une heure de Paris). Cher Maurice Nadeau, à bientôt, j’espère. Bien vôtre / Pierre Herbart / P.S. J’ai appris et votre prix et votre rémission. Bravo pour les deux. On me confirme que je rentrerai chez moi demain. ».

LAS du 1er décembre 1969 : « Cher Maurice Nadeau, Merci pour votre lettre. Elle m’a un peu réchauffé. Oui, vous pourrez m’être d’une grande aide. Dans deux ou trois jours (j’espère toujours que je vais me sentir mieux) je vous dirai comment on vient jusqu’à moi. Amicalement vôtre, Pierre Herbart ».

LAS du 8 octobre 1970 : « Cher Nadeau Merci « d’avoir envoyé ». J’espère que mon insistance ne vous a pas irrité. Nous serions heureux, Christian et moi, si vous veniez une fois, comme je vous l’ai demandé. Amicalement vôtre. Pierre Herbart ».

300 €

314. HÖLDERLIN. Poèmes.

Paris, Jean Hugues, 1961. In-4 (28,5 x 22,7 cm), broché, couverture blanche à rabats imprimée en noir, 43 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale de la traduction d’André du Bouchet.

Un des 210 ex. sur vélin (après 90 ex. sur vélin de Rives seuls à comporter 7 gravures originales de Max Ernst).

Envoi autographe signé du traducteur : « Exemplaire / de Maurice Nadeau / A d. B. ». 250 €

162 315. HOUELLEBECQ (Michel). extension du domaine de la lutte.

Paris, Maurice Nadeau, 1994. 21 x 13,5 cm, broché, couverture illustrée en gris et imprimée en rose, 180 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Exemplaire de premier tirage (bon achevé d’imprimer).

Truffé de : Deux lettres à propos des adaptations théâtrale et cinématographique d’Extension du domaine de la lutte.

20 octobre [1997] et vendredi. 2 LAS au format in-4 et in-8 formant un ensemble de 2 pp., une enveloppe conservée.

Deux lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau à propos des adaptations théâtrale et cinématogra- phique d’Extension du domaine de la lutte, premier roman de Michel Houellebecq que Maurice Nadeau avait édité en août 1994.

LAS du 20 octobre [1997] : « Cher Maurice, Deux personnes différentes veulent réaliser une adaptation théâtrale d’»Extension du domaine de la lutte». Le premier, Jean-Pierre Guiner, t’avait appelé il y a longtemps; il a un peu traîné; mais s’y est remis récemment. Le second, Pierre Lacan, m’a contacté directement il y a six mois, est égale- ment sympathique et semble avancer rapidement. Il y a là un problème (je n’ai pas envie de choisir, je les aime bien tous les deux; le théâtre est un domaine que je connais trop mal). Par ailleurs, il faudra négocier (non seulement de toucher de l’argent sur les représentations, mais tu peux, aussi, demander une somme pour l’achat des droits; tout cela, comme d’habitude, partagé par moitié). La difficulté est peut-être soluble (par exemple si l’un est à Paris, et que l’autre joue uniquement en province; ou si le délai entre les deux adaptations est suffisant). Si tu as besoin de conseils, la SACD t’en donnera volontiers. Ils sont 9, rue Ballu, dans le 9ème [...]. Tu peux appeler Linda Corneille, qui te passera quelqu’un du service théâtre (Elle est déjà un peu au courant, c’est elle qui s’occupe de mon contrat de scénariste pour le film). / Voilà. Des complications, donc (espérons-les fructueuses...) / Amitiés, Michel Houelle- becq ».

163 LAS : « Paris, vendredi. Cher Maurice, merci pour le chèque. J’ai pris contact avec la SACD pour examiner le contrat de co-adaptation (pas celui qui te concerne en tant qu’éditeur, l’autre, celui qui prévoit ma participation au scénario). Il y a des choses qu’ils me conseillent de changer. Il y aura donc un léger retard supplémentaire. Porte toi bien. Ami- tiés. Michel Houellebecq ».

L’adaptation théâtrale de Jean-Pierre Guiner, mise en scène par Philippe Guyomard fut créée le 3 novembre 1998 au Théâtre des Bains Douches du Havre. Le spectacle a été présenté au Festival Off d’Avignon 1999 au Théâtre Le Petit Chien et programmé au Théâtre Lucernaire (Paris) du 30 Juin au 23 Septembre 2000. Celle de Pierre Lacan n’a pas vu le jour.

L’adaptation cinématographique du roman, par Philippe Harel, sortit en 1999.

Les documents autographes de Michel Houellebecq concernant ses oeuvres majeures, dans le cas présent son premier roman Extension du domaine de la lutte, sont vivement recherchés.

Leur provenance est ici insurpassable. 15 000 €

164 316. HOUELLEBECQ (Michel). Les Particules élémentaires.

Paris, Flammarion, 1998. 21 x 13,5 cm, broché, couverture crème imprimée en rouge, 393 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Très important envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / qui est bien gentil de supposer que je porte / une grande oeuvre en moi, mais a tort / de croire que j’ai travaillé dans la précipitation / (si ce livre était sorti à la rentrée 97 / ç’aurait été le cas, oui ; mais en l’occurrence, / d’un roman à l’autre, mon nombre de relectures / n’a pas du tout évolué). / Amitiés, / Michel Houellebecq ».

Exemplaire de premier tirage, achevé d’imprimer en juin 1998. Ce sont les seuls exemplaires mentionnant le nom du camping (L’Espace du possible) où Michel Houellebecq situe huit chapitres du roman.

Maurice Nadeau ne goûtait pas particulièrement la poésie de Michel Houellebecq. C’est probablement l’une des rai- sons qui le poussèrent, en 1996, à laisser son poulain accepter l’offre généreuse que venait de lui formuler Raphaël Sorin, alors directeur éditorial chez Flammarion pour la publication de son prochain livre - un recueil de poèmes - qui paraîtra en 1996 sous le titre Le Sens du combat. Deux ans plus tard, son second roman, Les Particules élé- mentaires, paraît chez Flammarion. Michel Houellebecq, en plein conflit avec ses anciens camarades de la revue Perpendiculaire, est en passe de devenir la coqueluche du monde des lettres. Dans cet envoi doux amer, à l’éditeur de son premier roman - on perçoit à la fois le désir de plaire et celui de s’affranchir. Une étape venait d’être franchie.

Un exemplaire capital. 15 000 €

165 317. IONESCO (Eugène). Le Surréalisme est-il roumain ? s.d. [1949]. Tapuscrit de 6 ff. in-4 imprimés au recto seulement, 6 pp., nombreuses corrections et ajouts autographes, et LAS de 2 pp. au format in-8.

Tapuscrit signé, comportant de nombreuses corrections et ajouts autographes à l’encre bleue, titré « Le sur- réalisme est-il roumain ? ».

Le titre initial du document « Urmuz ou Le surréalisme est-il roumain ? » a été abrégé.

Dans ce document, Eugène Ionesco retrace la vie de Demetru Demetrescu-Buzau (1883-1923), dit Urmuz et ex- plique pour quelles raisons, il peut être considéré comme un précurseur du surréalisme.

Le texte se termine, par le paragraphe autographe suivant: « De toute façon, c’est parce qu’il répondait à leur tempé- rament anarchique que le surréalisme fut inventé par les Roumains (ou presque) avant même qu’il ne fit, en occident, son apparition ».

Accompagné de la lettre autographe signée à [Maurice Nadeau] dans laquelle Ionesco propose ce texte pour publication dans Combat : « Paris, 3. V. 1949 / Monsieur, je suis venu vous voir l’année dernière avec quelques lignes sur un poète roumain, surréaliste « avant le surréalisme », Urmuz. Je reviens à la charge, avec le même client. Je n’avais pas alors, À ma disposition, ses « oeuvres entières » (un mince volume de quelques dizaines de pages). Depuis, j’ai réussi à les avoir et je les ai traduites. J’ai également entrepris une étude sur la signification de son message. Les lecteurs de « Combat » seraient-ils intéressés par quelques fragments « hurmuzesques » ? Et à vous- même pourrais je vous présenter le manuscrit ? Auriez-vous le temps d’y jeter un coup d’oeil ? Je vous prie d’agréer, Monsieur dans l’espoir d’une réponse, l’expression de mes sentiments très distingués. Eugène Ionesco 38 rue Claude Terrasse, Paris, 16° / P.S. Cela pourrait-il s’intituler, éventuellement, « Le surréalisme est-il roumain ? » ?».

1 500 €

166 318. [IONESCO (Eugène)] URMUZ. Après l’orage. traduit du roumain par E. Ionesco. s.d. [1965]. Feuillet de 44,8 x 28 cm plié en 4 formant document de 4 ff. in-8 (22,4 x 14 cm), imprimé au recto, 2 pp. et 1/2.

Jeu d’épreuves du texte d’Urmuz intitulé « Après l’orage » traduit du roumain par Eugène Ionesco et qui parut dans les Lettres Nouvelles début 1965.

Nombreuses corrections autographes du traducteur à l’encre bleue.

« En 1965, la revue Les Lettres Nouvelles consacra dix pages aux « Précurseurs roumains du Surréalisme » avec une présentation succincte de l’avant-garde roumaine, deux textes d’Urmuz, Après l’orage et Ismaël et Turnavite traduits par Eugène Ionesco, un poème inédit de Tristan Tzara et un texte de Jacques Costine, La Paille et la poutre. » (Le Symposium international, le Livre, la Roumanie, l’Europe, 20-23 septembre 2008, p. 52).

Ionesco était un fervent défenseur du poète roumain Demetru Demetrescu-Buzau (1883-1923), dit Urmuz, qu’il qua- lifiait d’« écrivain de l’absurde, noir ironiste, qui fut dadaïste avant Dada, et surréaliste avant le surréalisme ».

500 €

167 319. JABÈS (Edmond). Le Fond de l’eau.

Le Caire, La Part du Sable, 1947. 26 x 21,3 cm, broché, couv. imprimée rempliée, 6 ff. n. ch..

Rare édition originale.

Tirage à part à 100 exemplaires numérotés hors commerce de ce poème paru dans le premier cahier anthologique de « La Part du Sable ».

Envoi autographe d’Edmond Jabès : « à Maurice Nadeau / au critique vigilent et sensible / en hommage de sym- pathie / Jabès / Mars 1947 ».

Deux taches à la couverture, poussiéreuse. 200 €

320. JABÈS (Edmond). La Clef de voûte.

Paris, GLM, 1950. 16,3 x 11,3 cm, broché, couv. imprimée, 41 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Un des 370 sur vélin (après 20 vélin du Marais), celui-ci non justifié.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / en témoignage de / sympathie et d’/ admiration / Ed. Jabès / Paris sept 1950 ».

300 €

321. JABÈS (Edmond). Je bâtis ma demeure. Poèmes 1943-1957.

Paris, Gallimard, 1959. 18,7 x 12 cm, broché, couv. imprimée, 361 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale. Préface de Gabriel Bounoure. Exemplaire du SP (après 35 ex. sur vélin pur fil).

Très bel envoi autographe signé : « « Siècle de pendus, on dresse l’échafaud / sur les retardataires / zébrés de langue-au-chat. La vie / n’a plus de secret / seuls les yeux le regard seul / attend interroge » / A Maurice Nadeau / qui enseigne qu’aimer la / poésie c’est d’abord / défendre l’homme / Avec mon amitié admirative / E. Jabès ».

Papier jauni, couverture partiellement brunie. 300 €

322. JABÈS (Edmond). Le Livre des questions.

Collection complète des sept titres formant Le Livre des questions, oeuvre maîtresse d’Edmond Jabès.

Tous les volumes sont dédicacés par Edmond Jabès à Maurice Nadeau.

La plupart sont en grand papier, hormis le quatrième volume (Yaël, tirage du service de presse et le sixième volume, Aely, pour lequel il ne fut pas tiré de grand papier).

Le Livre des questions.

Paris, Gallimard, 1963. 20,7 x 14,3 cm, broché, couv. imprimée, 192 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 20 ex. sur vélin pur fil, hors commerce, réservés à l’auteur, seul grand papier.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / qui a été l’un / des premiers à lire ce / livre. / En témoignage d’amitié et de vive estime. / E. Jabès ».

Important volume ouvrant le cycle du Livre des Questions (1963-1973), l’oeuvre centrale de Jabès, comportant sept tomes étalés sur dix ans. 500 €

168 Le Livre de Yukel. Le Livre des questions II.

Paris, Gallimard, 1964. 21,7 x 14,8 cm, broché, couv. imprimée, 150 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Un des 25 ex. sur vélin pur fil (seul grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / Avec l’affection / et toute l’estime / de son ami / Edmond Jabès ».

Le Retour au livre. Le Livre des questions III.

Paris, Gallimard, 1965. 20,7 x 14,3 cm, broché, couv. imprimée, 105 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Un des 25 ex. sur vélin pur fil, hors commerce, réservés à l’auteur, seul grand papier.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / ce dernier volet / d’un récit qu’il a / suivi dans ses marges / et dans son écriture / avec toute l’estime / et l’amitié de / E. J. ».

yAËL. Le Livre des questions IV.

Paris, Gallimard, 1967. 18,5 x 11,8 cm, broché, couv. imprimée à rabats, 162 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (après 30 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / avec la vieille / amitié et la profonde / estime / d’E. Jabès ».

Elya. Le Livre des questions V.

Paris, Gallimard, 1969. 19,7 x 12,4 cm, broché, couv. imprimée à rabats, 127 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale. Un des 45 ex. sur vélin pur fil, seul grand papier.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / avec ma fidèle / amitié / E. J. ».

Truffé d’une lettre autographe signée : « Cher Maurice Nadeau, Je tiens à ce que vous ayez mon livre - le der- nier d’une quête en deux parties, commencée avec le Livre des questions - dans une édition plus rare. Je n’oublie pas tout ce que cette oeuvre, qu’à maintes reprises vous avez défendue, vous doit. Aussi je vous le garde avec très grande reconnaissance. Je passerai vous voir, comme je vous l’ai dit au téléphone, un de ces après-midi, aux « Lettres Nouvelles ». A nouveau, mes plus vives félicitations pour le Grand / Prix de la Critique* qui vous a été décerné et qui nous réjouit tous. A bientôt, Bien amicalement. E. Jabès ».

* Maurice Nadeau venait de recevoir ce prix pour son livre Gustave Flaubert, écrivain (Denoël, 1969).

AEly. Le Livre des questions VI.

Paris, Gallimard, 1972. 20,4 x 14 cm, broché, couv. imprimée à rabats, 179 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (pas de grand papier annoncé).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / en toute amitié / ...et à bientôt / E. J. ».

El ou le dernier livre. Le Livre des questions VII.

Paris, Gallimard, 1973. 20,7 x 14,3 cm, broché, couv. imprimée, 122 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Un des 40 ex. sur vélin pur fil, seul grand papier.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / ...à travers le / livre et toujours / au coeur de l’amitié / E. J. ».

L’ensemble 3 000 € 169 323. JABÈS (Edmond). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

2 juin 1965. 1 LAS au format in-8 de 2 pp..

Très belle lettre autographe signée de soutien à Maurice Nadeau relative aux menaces de cessation de parution de la revue Les Lettres Nouvelles suite au rachat de Julliard par les Presses de la Cité.

LAS : « samedi 12 juin 1965 / mon cher Nadeau, si je savais - puisque vous me l’aviez laissé entendre - que votre revue risque de disparaître, après d’autres, avec d’autres, je ne pouvais imaginer que nos deux collections qui sont l’honneur de la maison Julliard et aussi l’honneur des Lettres par le nombre d’écrivains qu’elles nous ont révélés, pouvaient, à leur tour, subir le même sort./ « Le Monde » d’hier m’apprend que la pire décision a été prise par ceux qui président aux destinées de la maison à laquelle vous appartenez.

Ainsi, avons-nous assisté à l’assaut général des ouvrages sans avenir et sans nom, contre le livre qui n’a, pour allié, que son éditeur; à l’assaut du pitoyable magazine contre la revue qui offrait tant de belles pages à notre plaisir et à notre méditation.

Dans ce règlement de compte, la télévision, la radio, la plupart des journaux que les compromis nourrissent et qui, soucieux de plaire, s’étaient engagés dans la voie de la facilité et de la médiocrité, avaient, depuis longtemps, pris parti.

Scandaleuse victoire qui nous fait rougir, aujourd’hui, et dont ceux qui l’ont remportée n’osent même pas se réjouir publiquement.

On a beau jeu en alignant le peu de goût du public pour une littérature austère et riche. Le public, dans sa grande majorité, va où on le pousse. Saluons le règne de la pauvreté universelle. L’écrivain, le vrai est de plus en plus gênant. Parce que l’on craint encore un peu les reproches d’une conscience en sommeil, on fait assumer au public la responsabilité du geste qui écarte le maudit et le supprime. Qu’y a-t-il de plus convaincant qu’un bon tirage ? Les invendus plaident coupable. Ainsi, sous nos yeux, l’instant quelquefois étouffe le siècle. A vous très cordialement / E. Jabès ».

300 €

324. JABÈS (Edmond). Le Livre du dialogue.

Paris, Gallimard, 1984. 20,4 x 14 cm, broché, couv. imprimée, 120 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 19 ex. sur vélin d’Arches).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / Dans la pensée / fidèle et l’affection / E. J. ». 100 €

325. JABÈS (Edmond). Le Parcours.

Paris, Gallimard, 1985. 20,4 x 14 cm, broché, couv. imprimée, 110 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 22 ex. sur vélin d’Arches).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / Dans la meilleure / affection / de son ami / E. J. ». 100 €

326. JABÈS (Edmond). Le Livre du Partage.

Paris, Gallimard, 1987. 20,4 x 14 cm, broché, couv. imprimée, 143 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 22 ex. sur vélin pur chiffon de Rives).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / Dans la / fidélité d’une amitié / déjà bien ancienne / et en affec- tion / E. J. ».

Complet de la bande : « Le livre peut-il se partager? ». 100 €

170 327. JABÈS (Edmond). Un étranger avec, sous le bras, un livre de petit format.

Paris, Gallimard, 1989. 20,4 x 14 cm, broché, couv. imprimée, 149 pp., 5 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 22 ex. sur vélin pur chiffon de Rives).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / [Un étranger] son ami / Fidèlement et dans l’affection / E. J. ».

Complet de la bande : « Portrait de l’étranger ». 100 €

328. JARRY (Alfred). L’Autre Alceste.

Paris, Editions de la Revue Fontaine, « Collection L’Age d’or », 1947. 14,2 x 11,2 cm, broché, couverture rempliée et illustrée par Mario Prassinos, 46 pp..

Edition originale.

Un des 25 ex. hors commerce sur papier vélin bleu (après 25 vergé d’Arches et 950 vélin blanc).

Ce « drame en cinq récits » est commenté par Maurice Saillet. 100 €

329. JARRY (Alfred). La Revanche de la nuit. Poèmes retrouvés.

Paris, Mercure de France, 1949. 24 x 18,8 cm, broché, couverture imprimée, 91 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

L’un des 950 ex. numérotés sur alfa (celui-ci hors commerce) après 15 ex. sur vélin pur chiffon Johannot et 35 ex. sur vélin pur fil Lafuma.

Envoi autographe signé de Maurice Saillet à Maurice Nadeau : « Pour l’ami Maurice / Maurice / vendredi 13 mai 49 ».

Edition critique établie par Maurice Saillet. 150 €

330. JARRY (Alfred). Tatane. Chanson pour faire rougir les nègres et glorifier le Père Ubu. s.l., Collège de ‘Pataphysique, Collection Haha (sixième et un peu septième volume), 12 Palotin LXXXI de l’E. P. [vulg. 1954]. Plaquette triangulaire (13,7 x 13 x 13 cm), broché, couverture imprimée, non paginé, 16 ff. n. ch..

Edition originale illustrée de 4 portraits d’Ubu par Jarry reproduit hors texte, dont l’un repris en couverture.

Tirage à 333 exemplaires numérotés.

Un des 274 ex. imprimés sur papier Chaleureux d’Aph- rodise (n°69).

Une première version de ce texte a été publiée dans Le Grand Almanach illustré du Père Ubu publié par Am- broise Vollard en 1901, avec une musique de Claude Terrasse et des dessins de Pierre Bonnard.

Une seconde version destinée à un nouvel Almanach qui ne parut jamais a été conservée dans les dossiers de Jarry du Mercure de France.

C’est cette seconde version qui parait ici, pour la pre- mière fois en volume (après parution en revue dans le numéro de Combat daté du 21 septembre 1950).

150 € 171 331. JEAN (André et Marcel). Mourir pour la patrie.

Paris, Editions Cahiers d’art, 1935. Grand in-4 (34 x 25,5 cm), broché, couverture rempliée illustrée en noir, 30 ff. n. ch. dont 2 bl. et 24 planches hors texte en noir.

Edition originale composée d’un texte de deux pages en guise d’introduction et de 25 dessins surréalistes à pleine page en noir légendés.

Un des 150 ex. sur alfa (après 1 Japon nacré comprenant le manuscrit et les 24 dessins originaux, une eau-forte et la suite, 5 ex. sur Japon impérial avec l’eau-forte, 15 Montval avec l’eau-forte, 39 ex. de passe pour le service de presse et 10 ex. hors commerce).

Envoi autographe signé de Marcel Jean : « A Maurice Nadeau / avec ma meilleure amitié / Marcel Jean / 3.3.47 ».

Couverture brunie en marge, parfait état intérieur. 250 €

332. JEAN (Marcel). Sites.

Paris, Raidot typographe, A. Moret tailledoucier, 30 juillet 1953. Plaquette pet. in-4 (27,8 x 19 cm) en ff., couverture à rabat, titre imprimé sur le premier plat, légendes des eaux fortes sur le rabat.

Suite de 11 eaux fortes originales de Marcel Jean, chacune justifiée au crayon 16/50.

Tirage unique à 50 exemplaires numérotés et signés à l’encre par l’artiste sur le second plat de couverture. Dix gra- vures sont imprimées sur B.K.F. Rives, l’eau-forte H l’étant sur Canson Montgolfier rouge.

Envoi autographe signé de l’artiste : « Pour Maurice Nadeau / Ces paysages imaginaires, contribution à l’« His- toire / de la peinture surréaliste » ! / avec ma vieille amitié / Marcel Jean ».

500 €

333. JEAN (Marcel). Autobiographie du surréalisme.

Paris, Seuil, 1978. 20,5 x 14,2 cm, broché, couverture illustrée, 493 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale de cette anthologie (pas de grand papier).

Bel envoi autographe signé : « Le voilà enfin, ce bouquin ! / (dans l’édition américaine - en février, / parait-il...) il y aura des illustrations). / Pour faire suite à l’Histoire / aux Documents, à la Peinture, voici / [Autobiographie du surréa- lisme] / avec toute ma meilleure amitié / Marcel Jean / 28 novembre 1978 ».

200 €

172 334. KAHNWEILER (D.-H.). Juan Gris. Juan Gris. Sa vie, son oeuvre, ses écrits.

Paris, Gallimard, 1946. Petit in-4 (23,7 x 19 cm), broché, couverture imprimée, 1 f. n. ch., 344 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale de cet ouvrage essentiel sur Juan Gris, écrit par son premier marchand et illustrée de 50 planches hors-texte imprimées en noir.

Exemplaire du SP broché (après 500 ex. sur plumex et 50 ex. hors commerce, sous reliure éditeur).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Monsieur Maurice Nadeau / dont j’aime les écrits / Daniel Henry Kah- nweiler ».

Couverture lég. poussiéreuse, griffure en marge de vingt feuillets. 300 €

335. KANDINSKY (Wassily). Du spirituel dans l’art. et dans la peinture en particulier.

Paris, Galerie René Drouin, 1949. 28,7 x 23 cm, broché, chemise étui d’éditeur, 121 pp..

Recueil de textes essentiels de Kandinsky sur la peinture non figurative.

Edition illustrée d’un bois hors-texte en couleurs et de 11 bois en noir de Wassily Kandinsky ainsi que de 8 planches hors texte en héliogravure.

Tirage limité à 300 ex. imprimés sur papier Lana à la forme (exemplaire non justifié).

Magnifique travail de typographie et d’impression de l’imprimerie Union. 1 500 €

336. KLOSSOWSKI (Pierre). Sade mon prochain.

Paris, Seuil, Collection « Pierre vives », 1947. In-8 (22,6 x 14,2 cm), broché, couverture imprimée, 122 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale du premier livre de l’auteur. Exemplaire du tirage courant (après 105 vélin Aravis).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / en cordial souvenir / Pierre Klossowski ».

Bel exemplaire, papier bruni comme toujours. 120 €

337. KLOSSOWSKI (Pierre). Sade mon prochain. précédé de Le Philosophie scélérat.

Paris, Seuil, Collection « Pierre vives », 1967. In-8 (20,4 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 187 pp., 2 ff. n. ch..

Edition en partie originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour / Maurice Nadeau / en cordial souvenir / Pierre Klossowski / Juin MCMLXVII ».

100 € 173 338. KUNDERA (Milan). La Valse aux adieux.

Paris, Gallimard, Coll. Du monde entier, 1976. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, jaquette illustrée, 280 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale française.

Traduction du tchèque par François Kérel.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « Paris, janvier 1976 / A Maurice Nadeau / en respectueux hommage / (et avec mon remerciement re- / tardé pour son jugement extréme- / ment exacte (sic) sur La vie est ailleurs / Milan Kundera ».

Discret trou de ver affectant les seconds plats de couverture et de la jaquette et les 35 derniers feuillets, un second, moins vigoureux n’atteignant que trois feuillet. Très bon état par ailleurs.

2 000 €

174 339. KUNDERA (Milan). Le Livre du rire et de l’oubli.

Paris, Gallimard, Coll. Du monde entier, 1979. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, jaquette imprimée, 260 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale française.

Traduction du tchèque par François Kérel.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Paris / le 10 avril 1979 / A mon très cher / Maurice Nadeau / et à sa femme / fidèlement / Milan Kundera ».

On joint :

KUNDERA (Milan). Lettre de remerciement pour la chronique du Livre du rire et de l’oubli s.d. [16 mai 1979]. 1 LAS au format in-4 de 1 p..

Belle lettre autographe signée à Maurice Nadeau en remerciement de sa chronique du Le Livre du rire et de l’oubli (Gallimard, 1979) intitulée « Contre l’indifférence et l’oubli », qui venait de paraître dans le n°302 de la Quin- zaine littéraire daté du 16 mai 1979.

LAS : « Cher Maurice, j’ai été très touché par ce que vous avez écrit sur mon livre. C’est tellement bien (et telle- ment rare) d’être compris. Le dernier numéro de la Quinzaine a de nouveau confirmé que vous êtes la seule revue indépendante (selon ce que vous avez écrit sur Pepe et sur B. H. Levy). Je serai toujours fier de pouvoir être votre collaborateur. Et j’aimerais beaucoup de vous voir. (Est-ce que vous avez fêté votre 300e anniversaire ?) Finalement votre / Milan ».

Milan Kundera donnera un article intitulé « Treize ans. Que s’est-il passé pendant ce temps-là ? Une culture anéantie » dans le 300ème numéro de la Quinzaine littéraire parue le 16 avril 1979.

L’ensemble 2 000 € 175 340. KUNDERA (Milan). La Plaisanterie.

Paris, Gallimard, Coll. Du monde entier, 1967. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 344 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale française du premier roman de l’auteur.

Préface par Aragon. Traduction par Marcel Aymonin.

Exemplaire du SP (après 37 ex. sur vélin pur fil Lafuma).

Double envoi autographe de l’auteur et du traducteur : « Pour / Maurice Nadeau / bien sympathique / hommage / Milan Kundera » et « hommage du traducteur / Marcel Aymonin ».

Quelques petites marques du temps en couverture, dos creusé, bel état intérieur.

On joint :

KUNDERA (Milan). La Plaisanterie.

Paris, Gallimard, Coll. Du monde entier, 1980. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 306 pp., 3 ff. n. ch..

Nouvelle édition entièrement révisée par Claude Courtot et l’auteur à partir de l’originale française de 1967 traduite par Marcel Aymonin.

Préface par Aragon. Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe de l’auteur : « Cher Maurice [Nadeau] ! / c’est la version, / enfin, authentique / de La Plaisanterie / avec toute mon / amitié / Milan ».

Quelques marques du temps en couverture, bel état intérieur.

KUNDERA (Milan). La Plaisanterie.

Paris, Gallimard, Coll. Du monde entier, 1985. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 400 pp., 6 ff. n. ch..

Édition définitive entièrement révisée par Claude Courtot et l’auteur à partir de l’originale française de 1967 traduite par Marcel Aymonin et la version révisée de 1980.

Exemplaire du tirage courant (pas de grand papier).

Envoi autographe de l’auteur : « Paris 85 / A / mon / cher /Maurice / fidèlement / Milan ».

Bande conservée. L’ensemble 1 500 € 176 341. KUNDERA (Milan). L’Insoutenable légèreté de l’être.

Paris, Gallimard, Coll. Du monde entier, 1984. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, jaquette imprimée, 393 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale française.

Traduction du tchèque par François Kérel.

Exemplaire du SP (après 23 ex. sur vélin d’Arches Arjomari-Prioux).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Paris 1984 / Mon cher Maurice [Nadeau], / avec toute ma / fidélité à toi / Milan ».

1 000 €

342. KUNDERA (Milan). Jacques et son maître. Hommage à Denis Diderot.

Paris, Gallimard, Coll. « Le Manteau d’Arlequin », 1981. 19 x 12,6 cm, broché, couverture imprimée, 98 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe de l’auteur : « Pour / Marthe + Maurice / fidèlement / Milan ». 350 €

343. KUNDERA (Milan). L’Art du roman.

Paris, Gallimard, 1986. 20,4 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 199 pp., 4 ff. n. ch..

Édition originale. Exemplaire du tirage courant (après 40 ex. sur vergé blanc de Hollande).

Envoi autographe signé : « Paris 86 / A / mon / très cher / Maurice / avec l’amitié / fidèle / de Milan ».

Bande conservée. Fines piqûres sur la couverture. 150 €

177 344. KUNDERA (Milan). L’Ignorance.

Paris, Gallimard, 2003. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 180 pp., 6 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition (après 60 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe de l’auteur : « Pour / Maurice Nadeau / avec mon / fidèle souvenir / Milan Kundera ».

150 €

345. KUNDERA (Milan). Les Testaments trahis. Essai.

Paris, Gallimard, 1993. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 324 pp., 5 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition (après 50 ex. sur vergé blanc de Hollande).

Envoi autographe de l’auteur : « Pour / Maurice / avec ma très vieille / et très sincère / amitié / Milan / Paris / 1993 ».

Bande conservée. 150 €

346. KUNDERA (Milan). Le Rideau. Essai en sept parties.

Paris, Gallimard, 2005. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 196 pp., 6 ff. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition (après 90 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe de l’auteur : « Pour / mon cher Maurice / toujours fidèlement / Milan ».

150 €

347. LAM (Wifredo). Deux lettres à propos de son exposition rétrospective de stockholm. du 17 février 1967 au 28 février 1967. 2 LS d’1 p. au format in-4 et LAS de Lou Laurin-Lam, 4 pp. au format in-4.

Deux lettres tapuscrites signées par Wifredo Lam et son épouse Lou Laurin-Lam relatives à un texte de présentation de l’artiste cubain par Maurice Nadeau pour le catalogue de l’exposition rétrospective lui étant consacrée à Stoc- kholm.

LS, enveloppe jointe : « Albisola Mare 17.2-67 / Cher ami, Wifredo et moi sommes en Italie en train de travailler pour l’exposition de Stockholm, et au contraire de ce que nous avons pensé, nous ne pouvons pas être de retour à Paris qu’avant (sic) le 10 de mars. J’ai promis au musée de Stockholm de leur envoyer les textes et d’autres matériaux pour le 1 de mars, moment où ils vont commencer à imprimer le catalogue. Pour cette raison je voudrais vous demander si vous pouvez m’envoyer ici à Albisola le texte sur Wifredo, le plus vite possible, pour que je puisse l’envoyer avec les autres choses directement ici à Stockholm. J’espère que cela ne vous pose pas de problèmes. Avec nos amitiés à vous et à Marthe, Lou et Wifredo ».

LS : « Albisola Mare 28.2-67 / Cher Maurice, Grand merci pour le beau texte que nous venons de recevoir. Nous avons déjà tout envoyé à Stockholm. Hultén sera sûrement content aussi. Nous vous téléphonerons dès que nous serons de nouveau à Paris, je pense vers le 10 de mars. À bientôt, et merci de nouveau. Amitiés, Lou et Wifredo ».

On joint une longue lettre autographe signée de Lou Laurin-Lam de 4 pp. in-4, datée du 10 janvier [circa 1965], relative notamment à leurs engagements pour l’indépendance du peuple algérien dans laquelle elle évoque égale- ment ses forts liens d’amitié avec le couple Nadeau : « Nous ne nous connaissons pas depuis bien longtemps, hélas, et cependant vous ne pouvez imaginer quelle force et quelle confiance votre amitié est pour moi.».

500 €

178 348. LAM (Wifredo). Invitation pour la représentation du Salon de Mai de Paris 1967 à la Havane.

16 mars 1967. 1 LS au format in-4 d’1 p..

Lettre tapuscrite signée dans laquelle Wifredo Lam invite Maurice Nadeau à assister à la représentation du Salon de Mai de Paris 1967 à la Havane.

Maurice Nadeau avait rédigé, en février 1967, un texte de présentation de Wifredo Lam pour le catalogue de l’expo- sition rétrospective lui étant consacrée à Stockholm.

LS : « Paris, le 16 Mars 1967 / Cher ami, à l’occasion de la fête nationale de Cuba, le 26 juillet, le gouvernement cubain va présenter le Salon de Mai de Paris 1967, au musée de la Havane (25 Juillet). Le gouvernement cubain invite pour cet événement des personnalités de l’art et de la pensée des différents pays. Par cette lettre j’ai l’honneur de vous demander si vous accepteriez d’être invité à Cuba, et de partir entre le 15 et le 20 juillet pour un séjour de 15 jours. [...] Pour le comité cubain. Wifredo Lam ».

Maurice Nadeau sera du voyage ainsi que Zette et Michel Leiris, Camacho, Cárdenas, José Pierre, Zimbacca, Jean Schuster, Appel, César, Corneille, Erro, Elde, Hundertwasser, Pignon, Poliakoff, Vasarely, Monory, Rebeyrolle, Adami, Alechinsky, Arman, Penrose, Jouffroy, Luca....

500 €

349. LAUDE (Jean). Zao Wou-ki.

Bruxelles, La Connaissance, 1974. In-4 (27 x 21,5 cm), broché, couv. prune imprimée en blanc, jaquette illustrée, 118 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale illustrée de 90 reproductions dont 17 en couleurs, l’une d’elles en couverture.

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Mme Arlette Desfond / en hommage / Jean Laude ».

Exemplaire contresigné par Zao Wou-ki.

Notice biographique, expositions, bibliographie et liste des collections in fine. Traduction anglaise du texte.

250 €

350. LE BRUN (Annie). Lettre à propos de Sade - L’InsUrrection permanente. s.d. [circa 1992]. 1 LAS au format in-4 de 1 pp..

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau rédigée à l’encre bleue sur papier à en-tête du Paris Art Center relative à la réédition de Sade - L’Insurrection permanente.

LAS : « Cher Maurice Nadeau, Ces quelques mots pour vous dire que votre lettre m’a fait grand plaisir. Je me réjouis à l’avance que vous acceptiez de revenir sur Sade. Ce pourrait être très important. Merci encore et bien à vous. Annie Lebrun ».

50 €

179 351. LE CLÉZIO (J. M. G.). Le Procès-verbal.

Paris, Gallimard, Coll. Le Chemin, 1963. 20,8 x 14,2 cm, broché, couv. imprimée, 248 pp., 1 f. n. ch., étui-chemise signé d’Elbel Libro.

Edition originale (pas de grand papier) du premier roman de l’auteur.

Exemplaire du premier tirage en service de presse (poinçon au second plat de couverture).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Monsieur Maurice Nadeau / en déférent hommage de l’auteur / JMG Le Clézio ».

On joint :

LE CLÉZIO (J. M. G.). Lettre à propos de la chronique du Procès verbal donnée dans l’Express. du 28 septembre 1963. 1 LAS au format in-8 d’1 p..

Importante lettre autographe signée à propos de la chronique faite par Maurice Nadeau dans l’Express du premier roman de l’auteur, Le Procès verbal, qui venait de paraître dans la collection « Le Chemin » chez Gallimard.

Retranscription : « Nice, le samedi 28 septembre 1963 / Cher monsieur, merci pour l’article analytique que vous avez consacré à mon livre dans l’»Express». J’ai beaucoup apprécié le ton « présentatif » que vous avez utilisé pour rendre compte du Procès-verbal. La synthèse s’y effectue imperceptiblement, non par le truchement de mots-idées, mais par une espèce de récit parallèle des plus ingénieux. Je vous remercie de tant de simplicité et de tant d’éloges. Votre opinion a eu, pour moi, l’importance d’un conseil. Je vous prie de croire, Cher Monsieur, à l’expression de toute ma sympathie. JMG Le Clézio ».

L’ensemble 3 500 €

180 352. LE CLÉZIO (Jean-Marie). Importante lettre adressée à Maurice Nadeau.

Mai 1970. 1 LAS au format in-8 d’1 p..

Très belle Lettre autographe signée, rédigée à l’encre violette sur papier à en-tête du Ritz-Carlton Hotel de Montréal, à propos du Roman français depuis la guerre de Maurice Nadeau et son influence sur son écriture.

Retranscription : « Nice mai 1970 / Cher Monsieur / Je viens de lire d’une traite votre étude sur le Roman français depuis la guerre (je ne connaissais pas l’édition précédente) et cela m’a beaucoup intéressé. Je crois que personne n’a su mieux que vous parler avec concision et pourtant complètement de ce qu’est l’évolution du roman français. Je veux dire de cet ensemble de forces qu’on voit grâce à votre recul former une sorte de comédie des erreurs et des re- cherches; beaucoup de choses cachées apparaissent. On comprend beaucoup d’attitudes autrement inexplicables. C’est tout à fait passionnant. Et puis il y a aussi ces pages que vous avez bien voulu me consacrer. Je suis très touché de ce que vous dites, moins par vanité personnelle (du moins je l’espère) que parce qu’elles m’apprennent beaucoup sur moi-même et sur ce que je fais, ce que j’aurais pu faire, ce que je pourrais faire. Vous savez, quand j’ai commencé à écrire (à publier), il y a 7 ans, je ne savais RIEN : rien de moi-même, rien des autres, rien des pos- sibilités de l’écriture. Pour tout dire, je crois que je ne prenais pas la littérature très au sérieux. C’est-à-dire que je me prenais, moi, beaucoup trop au tragique. Mais c’est cela qui est merveilleux (pour moi), c’est que les livres ont été le premier dialogue que j’ai eu réellement. Je suis passé ainsi du mutisme à la parole en écrivant et en sachant que des hommes tels que vous lisaient. En lisant leurs réponses aussi (dans les lettres qu’on m’envoyait, ou dans les articles de journaux, ou simplement l’occasion de rencontres). Pour moi cela a donc été tout à fait extraordinaire, inespéré : sans cette possibilité de dialogue, je crois que j’étais perdu. Voilà pourquoi j’aime ce que vous dites du roman dans votre livre, parce que l’on sent que, sous toutes ses formes, il est une volonté permanente et acharnée de commu- niquer. Ce n’est pas ce qu’il dit qui est important, mais qu’il dise quelque chose (et qu’il parle, pose des questions, maudisse, loue, réponde). Voilà que vous êtes un de ceux qui m’ont permis de sortir du mutisme et d’apprivoiser la parole, ce qui était en quelque sorte m’attirer de la mort vers la vie. Même s’il n’est qu’un délai un salut de ce genre n’est pas « provisoire ». Avec reconnaissance. Votre. JMG Le Clézio ».

1 500 €

181 353. LE CLÉZIO (J. M. G.). La Guerre.

Paris, Gallimard, Coll. Le Chemin, 1970. 20,5 x 14,2 cm, couv. imprimée, 288 pp. + un cahier de 16 pp. intitulé « Clichés » comportant des photographies en noir et blanc.

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 36 Hollande van Gelder et 66 vélin pur fil).

Très bel envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau/ ce journal de guerre, mais les / nouvelles sont à l’inté- rieur, pas au dehors / Avec tous les remerciements de / JMG Le Clézio ».

On joint :

LE CLÉZIO (J. M. G.). Importante lettre adressée à Maurice Nadeau à propos de La Guerre.

Novembre 1970. 1 LAS au format in-8 d’1 p..

Importante lettre adressée à Maurice Nadeau à propos de la chronique qu’il venait de publier dans la Quinzaine litté- raire concernant La Guerre, cinquième roman de JMG Le Clézio qui venait de paraître chez Gallimard.

Retranscription : « Nice nov. 1970 / Cher Monsieur, Merci de votre lettre, et du beau texte que vous avez écrit dans la Quinzaine littéraire à-propos de La Guerre. Ce n’est pas facile de publier (surtout des romans) par ce qu’on se demande toujours à quoi cela va servir au milieu des autres, je veux dire qu’on n’a pas envie d’entrer en lice, de se mesurer aux autres, etc. Alors votre témoignage d’amitié transforme le livre en lettre ouverte qu’on écrit à tous les amis inconnus, et à ce moment-là, ça cesse d’être difficile, ça devient vrai, simple. Ça n’est plus de la compétition. Autrefois, je croyais qu’écrire, ça simplifiait tout dans la vie, je croyais que c’était un bon moyen pour entrer dans la vie (avec les autres). Je m’aperçois que c’est à peu près le contraire. Que la rupture augmente au fur et à mesure qu’on la raconte, comme si l’écriture était un de ces animaux monstrueux qui se dévorent eux-mêmes. Et en même temps, que tout ce qui est beau dans l’acte d’écrire, c’est ce qu’il fait apparaître qui n’est pas à soi, qui est à tout le monde. Tout cela est vraiment bizarre, on n’est pas son propre maître. On croyait avoir une parole, et on découvre que la « beauté », l’« harmonie », la « vérité » sont des produits du hasard, qu’elles apparaissent de temps en temps machinalement. Le roman (je comprends très bien que vous n’aimiez pas tellement cela) n’est supportable que si on ne le regarde pas comme le délire d’un individu, mais comme une des voix. Je vis de plus en plus avec les indiens Choco du Panama, et ce qui m’a surpris le plus c’est qu’il ont des romans eux aussi; des histoires plutôt (c’est ça qu’on devrait dire au fond : des histoires) qu’ils se transmettent oralement, avec des variantes. Ce sont des mythes si on veut, mais ce sont aussi des récits, avec des personnages, des dialogues, des essais, des descriptions etc. Ça doit être un vice (ou une vertu ?) fondamentale de l’homme que de raconter des histoires ? Bien cordialement vôtre. JMG Le Clézio ».

L’ensemble 1 500 € 182 354. LE CLÉZIO (J. M. G.). Six lettres autographes adressées à Maurice Nadeau. du 5 janvier 1971 à novembre 2001. 6 LAS au format in-8 formant un ensemble de 6 p., une enveloppe conservée.

Correspondance constituée de 6 lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau concernant la publication de textes dans la Quinzaine littéraire.

LAS : « Antibes, 5 janv. 1971, Cher Monsieur, Seriez-vous intéressé par un texte à propos du Rabelais de Mikhaïl Bakhtine, qui est, je crois, un livre très important ? Si cela vous intéresse, je pourrais vous envoyer ce texte tout de suite. Bien sincèrement vôtre, JMG Le Clézio ».

LAS du 25 juillet 1977 (cachet), enveloppe conservée : « Cher Maurice Nadeau, J’ai bien reçu votre texte. Je l’ai laissé dans sa quasi intégralité. J’ai pris sur moi seulement de vous présenter en reprenant vos propres termes. Je n’ai ajouté qu’une phrase aimable qui est le reflet de ce que je pense à votre sujet. Et puis pour l’authenticité de la chose, j’ai introduit quelques questions auxquelles vous êtes censé répondre. J’espère que l’ensemble passera pro- chainement, sans coupure. Maintenant, j’ai un peu honte, comprenant mieux vos difficultés, de vous avoir demandé deux de vos livres en service de presse. Pour compenser, mais je l’aurais fait de toute façon, je souscris à l’abon- nement de vous proposez pour quatre de vos ouvrages. Puis-je les désigner dès maintenant? Il va sans dire que pour pouvoir en parler au Figaro ou je m’intéresse plus spécialement aux littératures étrangères, ce sont les livres de Janouch, Benjamin, James, Kenneth White, qui me conviendraient le mieux. Ne voyez là que le désir de vous aider dans votre effort. Bien à vous. JMG Le Clézio ».

LAS : « Nice 7 janvier 1984 / Cher monsieur, Voici le texte promis à propos de la traduction des « récits aztèques » par M. Baudot. J’espère qu’il vous conviendra. J’ai laissé en blanc le titre, à votre choix. (peut-être : « Les Survivants du désastre » ?). Je suis bien content de pouvoir participer à la création toujours renouvelée de votre belle revue, si libre. Puisse 1984 lui être favorable ! Croyez, je vous prie, cher Monsieur, à toute ma cordialité, à toute mon admira- tion. Vôtre, JMG Le Clézio ».

LAS : « Nice 4 janv. 1987 / Cher Maurice Nadeau, j’ai lu sur manuscrit la nouvelle traduction du beau roman d’Emile Habibi (aventure de Sa’îd le Peptimiste) que Gallimard s’apprête à publier. Je souhaiterais, si cela vous agréait, faire l’éloge de ce livre drôle et amer dans vos colonnes. Croyez à sentiments dévoués, Vôtre, JMG Le Clézio ».

LAS du 8 novembre 2001 (cachet), enveloppe conservée : « Cher Monsieur, J’ai écrit un texte à propos du poème Iniji d’Henri Michaux dans Moments - car je trouve que c’est un des plus beaux poèmes qu’on puisse lire. Seriez-vous disposé à le publier ? Bien sincèrement vôtre, JMG Le Clézio ».

LAS s.d. circa nov. 2001 : « Cher Monsieur, Voici le texte dont je vous parlais à propos d’Iniji. Pensez-vous pouvoir le publier dans la Quinzaine ? Très sincèrement vôtre, JMG Le Clézio ».

1 000 €

355. LE CLÉZIO (J. M. G.). Voyages de l’autre côté. roman.

Paris, Gallimard, Coll. « Le Chemin », 1975. 20,4 x 14 cm, broché, couv. imprimée, 308 pp., 6 ff. n. ch..

Edition originale en service de presse (après 26 ex. sur vergé blanc de Hollande et 36 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / en témoignage d’admiration / et de cordialité. / JMG Le Clézio ».

200 €

356. LE CLÉZIO (J. M. G.). Désert.

Paris, Gallimard, Coll. « Le Chemin », 1980. 20,5 x 14,2 cm, broché, couv. imprimée, 410 pp., 7 ff. n. ch..

Edition originale du chef-d’oeuvre de l’auteur à l’occasion duquel Le Clézio reçut le grand prix de littérature Paul- Morand de l’Académie française, pour l’ensemble de son oeuvre.

Exemplaire du SP (après 31 ex. sur Hollande et 41 ex. imprimés sur vélin d’Arches Arjomari-Prioux)

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Monsieur Maurice Nadeau, / avec toute l’admiration, / l’amitié fidèle de JMG Le Clézio ».

450 € 183 357. LE CLÉZIO (J. M. G.). Trois villes saintes. roman d’aventures.

Paris, Gallimard, Coll. « Le Chemin », 1980. 19,5 x 10,6 cm, broché, couv. imprimée, 81 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale en service de presse (après 25 ex. sur Hollande et 25 ex. sur vélin d’Arches).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / ce rêve interrompu / avec l’amitié de / JMG Le Clézio ».

150 €

358. LE CLÉZIO (J. M. G.). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

23 décembre 1982. 1 LAS au format in-8 d’1 p..

Belle lettre autographe signée à Maurice Nadeau dans laquelle JMG Le Clézio affirme son attachement à la Quin- zaine littéraire et accepte de faire partie du comité de patronage des Amis de la Quinzaine.

LAS : « 23 décembre 1982 / Cher Maurice Nadeau, votre appel m’a touché ému, parce que le sort de la Quinzaine littéraire m’est particulièrement cher : y a-t-il un autre périodique littéraire qui ait donné tant de preuves de son indé- pendance d’esprit et de sa jeunesse ? Vous me demandez de faire partie du comité de patronage de l’association des Amis de la Quinzaine. J’accepte bien volontiers, mais ma participation à l’association ne pourra qu’être lointaine, car je vis ailleurs - à Nice, au Mexique - et ne puis être à Paris pour aucune manifestation physique. Bien entendu, chaque fois que je pourrai être présent par l’écriture, ce sera pour moi, comme cela l’a toujours été, un un honneur et un contentement. Croyez, je vous prie, à toute mon amitié, à toute ma cordialité. JMG Le Clézio ».

500 €

359. LE CLÉZIO (J. M. G.). Relation de Michoacan.

Paris, Gallimard, Coll. « Tradition », 1984. 22,4 x 14 cm, broché, couv. imprimée, 315 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / cette légende rêvée / avec toute l’amitié / de JMG Le Clézio ».

Petites piqûres sur le premier plat de couverture. 200 €

360. LE CLÉZIO (J. M. G.). Voyage à Rodrigues. journal.

Paris, Gallimard, Coll. « Le Chemin », 1986. 20,4 x 14 cm, broché, couv. imprimée, 135 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale en service de presse (après 41 ex. sur Hollande et 61 ex. sur vélin pur chiffon de Rives Arjomari- Prioux).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / avec toute l’admiration / et la fidèle amitié / de JMG Le Clézio ».

200 €

361. LÉAUTAUD (Paul). Petit débat littéraire.

M. Georges Duhamel de l’Académie Française - Paul Léautaud.

Fontenay-aux-Roses, Aux dépens de l’auteur [achevé d’imprimer le 25 octobre 1948 sur presse à bras. 2, avenue de Verrières, Massy], 1948. Plaquette in-8 (19 x 14 cm), en feuilles, couverture imprimée, 6 ff. n. ch..

Rare édition originale hors commerce. Tirage limité à 100 exemplaires.

Couverture brunie en marge. Manque à la BNF. 300 €

184 362. LÉAUTAUD (Paul). Entretiens avec Robert Mallet.

Paris, Gallimard, 1951. In-12 (20,8 x 14,2 cm), broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, portrait en frontispice, 397 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 21 Madagascar, 60 Hollande, 214 vélin pur fil et 1 050 vélin labeur en cartonnage éditeur).

Très bel envoi autographe signé de Paul Léautaud sur le feuillet de garde : « A Maurice Nadeau / le plus amica- lement, et de la façon la / plus désintéressée, pour le plaisir à lire ses / critiques, qu’animent une belle culture et un si chaleureux amour des lettres / P. Léautaud / mercredi 7 novembre 1951 ».

Complété d’un envoi de Robert Mallet sur le faux-titre : « Avec les meilleurs sentiments de Robert Mallet ».

Prière d’insérer joint ainsi qu’un petit billet imprimé : « Ne pas m’écrire ». 300 €

363. LEBEL (Jean-Jacques). Quatre lettres autographes adressées à Maurice Nadeau. automne 1966 au 30 septembre 1968. 4 LAS au format in-4 formant un ensemble de 4 pp. et 1/2, une enveloppe conservée.

Correspondance constituée de 4 lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau évoquant les happe- nings, le LSD, la traduction espagnole pour un éditeur argentin de Le Happening, la culture underground et une pétition en faveur de la libération de Julian Beck du Living Theater.

Maurice Nadeau avait publié, en 1966 chez Denoël dans la collection Lettres nouvelles, Le Happening, de Jean- Jacques Lebel, premier essai critique en français sur le mouvement des happenings à travers le monde.

LAS à propos du dernier n°71 du Crapouillot consacré au LSD paru en automne 1966 : « Mardi soir / Cher ami, Un certain nombre d’entre nous pensent, à Paris, qu’il ne faut pas laisser passer l’escroquerie intellectuelle dégui- sée en opération commerciale et en opération de police telle qu’elle s’étale dans le dernier numéro du Crapouillot (consacré au L.S.D.). La question est trop grave, elle est trop intimement liée au combat désespéré, vital, que nous menons (je dis bien NOUS) pour ne pas riposter à la saloperie pure écoulée comme produit de consommation. Je vous propose un article - polémique, dur mais parfaitement documenté - sur le rôle joué par une certaine presse de grand tirage et de petit calibre intellectuel dans l’actuelle hystérie L.S.D. qui repose, comme toutes les hystéries, sur une déformation systématique, calculée, des faits. Les termes dans lesquelles Le Monde a parlé de Burroughs, que le Crapouillot a fait de Ginsberg (à son insu), sont inadmissibles. Il faut rétablir la vérité. Et qui le fera si nous ne le faisons pas ? Dites-moi ce que vous pensez là-dessus. En tout cas j’espère vous voir bientôt. Avec mon plus amical salut, Jean-Jacques Lebel ».

LAS : « le 2 avril 67 / Cher ami, je vous écris de Santos, Brésil, au retour de Buenos Aires où nous avons commis un happening géant. Sur ce bateau bizarre, le Louis Lumière, j’ai connu Claude Michel Cluny qui vous envoie ses amitiés. À Buenos Aires un éditeur argentin - Nueva Vision - m’a contacté, je crois qu’il a une option pour la version argentine de mon livre. Il est en train de le traduire en tout cas et dit qu’il le fera paraître en mai. Quand vous signerez avec lui le contrat, pourriez-vous y faire figurer une clause me donnant droit de contrôle sur les reproductions et sur le texte final ? Merci. Il est d’accord. Je lui fais parvenir les quelques changements à apporter aux textes ainsi que les documents photographiques mais je tiens à ce que cela figure dans le contrat. Je pense rentrer bientôt et vous téléphonerai. Bien amicalement à vous, Jean-Jacques Lebel. P.S. Nous avons vu ici des choses importantes. Du côté théâtre et peinture - vous en parlerai ».

LAS s.d. : « Cher ami, Voici mon article d’information sur les publications récentes de l’« underground »... très inter- nationale (sic) comme vous le constaterez. Si vous cherchez quelque chose pour l’illustrer, peut-être pourriez-vous photographier la première page du journal East Village Other. Cela en dit plus long sur l’état d’esprit subversif (dont je parle dans mon article) que 3 000 discours. Je suis certain que Gilles pourrait en faire une belle photo. Je pars jeudi à Buenos Aires pour y faire un happening - peut-être vous ramènerai-je des nouvelles de là-bas. Bien cordialement à vous. J. J. Lebel ».

LAS du 30 septembre 1968 (cachet), enveloppe conservée : « Cher ami, vous savez déjà sans doute que Julian Beck et ses camarades du Living [Theater] sont de nouveau en prison aux U.S.A.. Il ne faut pas qu’on les laisse tomber. Je vous propose la déclaration que voici qui pourrait être très utile au procès - pourriez-vous s’il vous plaît la publier dans le courrier des lecteurs (en bonne place) dans la Quinzaine ? Je vous demande ce service parce que j’estime que c’est suffisamment IMPORTANT. Pour les signatures c’est Christian Maurel qui s’en occupe, il serait très bon que la Quinzaine puisse si possible en recueillir aussi. Merci de tout coeur d’avance. Bien à vous. Jean-Jacques Lebel ». 1 000 €

185 364. LEIRIS (Michel). Miroir de la tauromachie.

Paris, GLM, Coll. « Acéphale » nouvelle série, cahier n°1, 1938. 17 x 12,8 cm, broché, couverture imprimée, 57 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 800 exemplaires non numérotés sur vélin (seul tirage après 40 exemplaires de tête numérotés sur Nor- mandy).

Illustré de trois dessins d’André Masson hors texte.

Couverture jaunie en marge, bel exemplaire cependant. 200 €

365. LEIRIS (Michel). L’Âge d’homme.

Paris, Gallimard, 1939. 19 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 178 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du service de presse (pas de grand papier).

Envoi autographe de l’auteur (nom du destinataire effacé).

Dos gauchi, lég. bruni, petite déchirure en pied.

Ex-libris manuscrit. 150 €

366. LEIRIS (Michel). Nuits sans nuit.

Paris, Fontaine, Coll. « L’Age d’or » dirigée par Henri Parisot, 1945. 14 x 11,2 cm, broché, couverture imprimée, 67 pp..

Edition originale.

Un des 25 ex. h.c. sur vélin vert (après 25 ex. sur vergé d’Arches et 600 ex. sur vélin blanc).

Couverture de Mario Prassinos. 150 €

367. LEIRIS (Michel). L’Âge d’homme. précédé de la littérature considérée comme une tauromachie.

Paris, Gallimard, 1946. In-12 (18,8 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 236 pp., 1 f. n. ch..

Edition en partie originale.

Exemplaire du SP (après 1040 ex. num. imprimés sur papier de Châtaignier sous cartonnage d’éditeur illustré par Mario Prassinos).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / avec la sympathie de / Michel Leiris ».

Edition augmentée d’un frontispice en noir et blanc reproduisant Lucrèce et Judith de Lucas Cranach, de la dédicace « à Georges Bataille qui est à l’origine de ce livre », du texte intitulé « De la littérature considérée comme une tauro- machie » et de notes postérieures à la guerre.

200 €

186 368. LEIRIS (Michel). La Règle du jeu. Biffures, Fourbis, Fibrilles et Frêle bruit.

Paris, Gallimard, 1948 (tome I), 1955 (tome II), 1966 (tome III) et 1976 (tome IV). 4 vol. de 20,3 x 14,2 cm, brochés, 278 pp., 239 pp., 292 pp. et 399 pp..

Série complète en édition originale de La Règle du Jeu.

Exemplaires du SP pour chaque volume (après seulement 18 ex. et 25 ex. sur vélin pur fil pour les tomes I et II et 35 ex. sur vélin d’Arches pour les tomes III et IV).

Tous sont enrichis d’un bel envoi autographe de l’auteur à Maurice Nadeau.

Il est rare de trouver la série complète, publiée sur une période de 28 ans, dédicacée au même dédicataire.

Biffures : « A Maurice Nadeau, / pour grossir le dossier des / « pièces à conviction », « annexes » / et « suppléments »... / Bien amicalement / Michel Leiris ».

Fourbis : « A Maurice Nadeau, / en toute sympathie professionnelle / et extra-professionnelle / Michel Leiris ».

Fibrilles : « A Maurice Nadeau, / qui trouvera ici - comme / dans un roman-feuilleton - / les dernières aventures de Khadidja / avec l’amitié de Michel Leiris ».

Frêle bruit : « Pour Maurice et pour Marthe, / ce livre qui - entre autres / choses - leur offre un peu de Cuba. / Ami- calement / Michel Leiris » .

On joint : Lettre à Maurice Nadeau concernant Frêle bruit (La Règle du jeu, IV).

Paris, le 19 février 1976. 1 LAS au format in-4 de 1 p. et 1/2, rédigée à l’encre bleue, enveloppe conservée.

Très belle lettre autographe signée de remerciement pour l’article de Maurice Nadeau, « Michel Leiris laisse le der- nier mot à la poésie », paru dans le n°227 de la Quinzaine littéraire.

Cette chronique de Frêle bruit, quatrième volume de La Règle du jeu, qui venait de paraître chez Gallimard, était accompagnée d’extraits de l’ouvrage.

Décharge d’encre au bas de la deuxième page.

LAS : « Paris, le 19 février 1976 / Cher Maurice, J’ai lu hier votre article de la Quinzaine et je puis vous dire qu’il m’a fait un plaisir très grand. Vous dégagez admirablement les lignes directrices de ce livre touffu et montrez de façon, À mon avis, convaincante qu’il n’est pas un livre de « désengagement »: certes, c’est à mon point de départ, la poésie, que je reviens finalement, mais cela ne veut pas dire que je tiens mes velléités politico-sociales pour de simples erre- ments. Telle que les choses sont aujourd’hui et tel que je suis moi-même, je ne vois-pour mon compte en tout cas-pas d’autre issue (ou semblant d’issue) que la poésie; or il s’agit là d’une pure constatation et non d’une prise de position qui, explicitement ou implicitement, se donnerait pour exemplaire. L’ironie est, avec ce livre, que je saisis fort bien que, s’il est « réussi », cette réussite n’est que formelle et qu’il est donc échec en profondeur et non-échec en surface seulement : échec quand t’as ce vrai mariage de la carpe et du lapin que (naïf comme tous ceux qui voulaient fondre en une les deux fameuses formules de Rimbaud et de Marx) je me propose d’effectuer; non-échec si l’on admet qu’il est, comme certains pourraient le penser, la meilleure chose - peut-être - que j’aie écrite. Cette appréciation du livre en tant que tel flatte, bien sûr, ma vanité mais, à l’échelle de la manière de salut (le mot n’est pas trop fort) auquel j’espérais parvenir, cela me fait une belle jambe, comme on dit ! De cet écrit, vous n’avez privilégié pas plus l’[?] que le [?] et je vous en sais gré, soyez-en persuadé. Merci donc, et très amicalement à Marthe et à vous. Michel Leiris ».

L’ensemble 1 700 €

187 369. LEIRIS (Michel). L’Afrique fantôme. (De Dakar à Djibouti, 1931-1933).

Paris, Gallimard, 1951. In-8 (22,8 x 14,4 cm), broché, premier plat de la couverture illustrée d’un dessin, 533 pp., 32 planches hors-texte sur papier couché, 1 f. n. ch. de table et d’achevé d’imprimer.

Nouvelle édition illustrée de 32 planches photographiques, l’édition originale ayant paru au même format et chez le même éditeur en 1934.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / souvenir très amical de / Michel Leiris ».

Couverture lég. poussiéreuse, petit accroc au pied du dos. 200 €

370. LEIRIS (Michel). Race et civilisation. La question raciale devant la science moderne.

Paris, Unesco, 1951. 21 x 13,5 cm, broché, couverture imprimée, 48 pp..

Edition originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / bien cordialement / Michel Leiris ».

Couverture lég. poussiéreuse. 150 €

371. LEIRIS (Michel). Contacts de civilisations en Martinique et en Guadeloupe.

Paris, Gallimard / Unesco, 1955. In-8 (21,4 x 13,5 cm), broché, couv. imprimée, 192 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / Pour lui montrer que moi aussi je suis / un travailleur d’élite. / Bien amicalement / Michel Leiris ».

200 €

372. LEIRIS (Michel). Bagatelles végétales.

Paris, Jean Aubier, 1956. In-4 (24 x 19 cm), broché, couverture illustrée spécialement dessinée par Joan Miro, 30 pp., 5 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 267 exemplaires numérotés sur vélin du Marais, après 44 vergé d’Auvergne signés avec 6 eaux fortes.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / avec toute l’amitié de / Michel Leiris / Paris 22 novembre 1956 ».

Bagatelles végétales est un merveilleux livre, plein d’esprit et de poésie, similaire dans sa conception au Glossaire j’y serre mes gloses paru en 1939 à la Galerie Simon orné de lithographies d’André Masson.

500 €

373. LEIRIS (Michel). Nuits sans nuit. et quelques jours sans jour.

Paris, Gallimard, nrf, 1961. 19 x 12 cm, broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 201 pp..

Edition en partie originale de ces récits de rêves écrits de 1923 à 1960.

Exemplaire du SP (après 25 ex. num. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau, / ce livre qui lui était destiné ! / Avec l’amitié de / Michel Leiris ».

200 €

188 374. LEIRIS (Michel). Lettre à propos de michel leiris et la quadrature du cercle.

Paris, le 6 juin 1963. 1 LAS au format in-4 de 1 p..

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

Michel Leiris annonce envoyer une copie dactylographiée des « Marrons sculptés » et évoque Michel Leiris et la quadrature du cercle, essai de Maurice Nadeau qui était sur le point d’être publié par Julliard.

LAS : « Paris, le 6 juin 1963 / Cher ami, je dois finalement me contenter de vous envoyer cette copie dactylographiée des Marrons sculptés... Et je regrette, soyez sûr, de ne pas pouvoir mieux faire ! J’aimerais bien que ce livre (1) ne vous donne pas trop de tracas. Mais c’est sans doute beaucoup demander, car il faudrait d’abord que mes propres tracas soit liquidés et, sur ce point, nous sommes loin du compte... Amicalement à vous, Michel Leiris. (1) pas les Marrons... mais le nôtre ».

250 €

375. LEIRIS (Michel). Miroir de la tauromachie. précédé de Tauromachies.

Paris, GLM, 1964. 19,2 x 14,5 cm, broché, couverture jaune imprimée, 63 pp., 3 ff. n. ch..

Edition collective.

Un des 1 200 exemplaires sur vélin Plutarque (après 20 ex. sur Arches).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / à qui cela n’apprendra rien / qu’il ne sache déjà! / amicalement / Michel Leiris ».

Illustré de dessins d’André Masson hors texte.

Dos passé, bel exemplaire cependant. 150 €

376. LEIRIS (Michel). Grande fuite de neige.

Paris, Mercure de France, 1964. 16,6 x 12,7 cm, broché, non paginé [60 pp.].

Edition originale.

Un des 950 ex. sur vélin Clefcy (après 15 Hollande et 30 vélin d’Arches), celui-ci non justifié.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / une / [Grande fuite de neige] / chaude / et / cordiale! / Michel Leiris ».

150 €

377. LEIRIS (Michel). Lettre signée à Maurice Nadeau à propos de La Tragédie du roi Christophe.

Paris, le 10 mai 1965. 1 LS au format in-4 de 1 p..

Lettre signée à Maurice Nadeau d’invitation à la représentation de la pièce d’Aimé Césaire La Tragédie du roi Chris- tophe dans la salle du Théâtre de France en mai 1965.

LS : « Paris, 10 mai 1965 / Cher Monsieur, L’Association les Amis du Roi Christophe serait heureuse que vous honoriez de votre présence la représentation de la pièce d’Aimé Césaire, La Tragédie du Roi Christophe, qui doit avoir lieu dans la salle du Théâtre de France le vendredi 14 mai 1965 à 20h30. La présente lettre vous permettra de retirer vos places au contrôle. Elle est valable également pour les soirées des 12 et 13 mai, au cas où la date du 14 ne vous conviendrait pas. Veuillez agréer nos distinguées salutations... et l’amitié de Michel Leiris / Président de l’Association ».

100 €

189 378. LEIRIS (Michel). Blason pour Cuba.

Août-septembre 1967. Tapuscrit signé de 3 pp. in-4, corrections autographes.

Tapuscrit original signé de « Blason pour Cuba », poème qui sera édité par Maurice Nadeau dans le numéro spécial des Lettres Nouvelles, daté de décembre 1967 - janvier 1968, consacré aux « Écrivains de Cuba » (cf. pp. 23-24).

Envoi autographe signé en fin de document : « Voilà, cher Maurice, le poème promis et toute l’amitié de Michel Leiris ».

En 1967, Michel Leiris et Maurice Nadeau avait été invités, par le gouvernement cubain, à l’initiative de Wifredo Lam, à passer une quinzaine de jours à Cuba pour assister à la présentation du Salon de Mai de Paris 1967, au musée de la Havane.

450 €

379. LEIRIS (Michel). Mots sans mémoire.

Simulacre, Le Point cardinal, Glossaire j’y serre mes gloses, Bagatelles végétales, Marrons sculptés pour Miro.

Paris, Gallimard, 1969. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 153 pp., 3 ff. n. ch..

Edition collective.

Un des 2 450 ex. sur bouffant alfa (après 30 ex. sur vélin pur fil), celui-ci un des 250 ex. hors commerce.

Très bel envoi autographe signé : « Pour Maurice et Marthe Nadeau / Ces mots peut-être d’autant / plus « mé- moires » qu’ils se / voulaient « sans mémoire ». / Avec l’amitié de / Michel Leiris ».

200 €

380. LEIRIS (Michel). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

Paris, le 17 novembre 1977. 1 LAS au format in-4 de 1 p. rédigée à l’encre bleue.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau à propos d’un texte de Louis Levionnois concernant un rêve qu’il a fait à propos du cervidé de la grotte de Lascaux.

LAS : « Paris, le 17 novembre 1977 / un jeune professeur de Niort que je connais depuis quelques années, Louis Levionnois, vous a envoyé un texte concernant un rêve qu’il a fait à propos du cervidé de la grotte de Lascaux. Je trouve ce texte mi-rationnel mi-irrationnel très curieux et j’estime qu’il mérite publication. S’il ne vous intéresse pas directement, pourriez-vous conseiller son auteur à ce sujet ? Levionnois est quelqu’un de fort sympathique, qui a entrepris d’écrire son autobiographie à partir d’un séjour qu’il a fait en Afrique, et tout particulièrement d’une excur- sion à un lac du Ghâna que je connais moi aussi. Cette façon de prendre les choses ne peut évidemment que me plaire ! D’ailleurs, le moins qu’on puisse dire de Levionnois, c’est qu’il est un esprit singulier dans toute l’acceptation du terme. Merci donc de tout ce que vous pourrez faire pour lui, et bien amicalement à votre femme et à vous. Michel Leiris ».

200 €

381. LEIRIS (Michel). Au verso des images.

Montpellier, Fata Morgana, Coll. « Explorations », 1980. 20,4 x 14,8 cm, broché, couverture jaune à rabats, 113 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 955 ex. sur vergé teinté (après 5 ex. sur vergé de La Barcelone et 40 sur vergé pur fil d’Arches).

Envoi autographe signé sur une carte de visite jointe : « Amitiés de / [Michel Leiris] / à Maurice Nadeau / Michel ».

75 €

190 382. LEIRIS (Michel). Le Ruban au cou d’Olympia.

Paris, Gallimard, 1981. 20,5 x 14 cm, broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 288 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 37 ex. sur vélin d’Arches Arjomari-Prioux).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice et Marthe Nadeau / vus bien rarement ces derniers / temps ! / amicale- ment / Michel Leiris ».

100 €

383. LEIRIS (Michel). Correspondance adressée à Maurice Nadeau. du 7 décembre 1982 au 2 novembre 1995. 1 LAS au format in-4 d’1 p et 5 CAS et 1 CS, 6 enveloppes conservées.

Correspondance adressée à Maurice Nadeau relative à sa collaboration à la Quinzaine littéraire.

Michel Leiris accepte de faire partie du comité de patronage de l’Association des Amis de la Quinzaine, collabore au numéro spécial Miro et remercie Maurice Nadeau pour les articles concernant « Langage tangage » et « A cor et à cri ».

CAS du 7 décembre 1982, enveloppe : « Cher Maurice, Je suis, d’une part, flatté par la demande de vos jeunes collaborateurs et, d’autre part, touché par votre gentil mot. Il va donc de soi que je suis d’accord pour faire partie du comité de patronage de l’Association des Amis de la Quinzaine. A bientôt, je l’espère, et très amicalement à Marthe et à vous. Michel Leiris ».

CAS du 28 avril 1983, enveloppe : « Cher Maurice, D’accord pour Miro « Quinzaine » et bien amicalement à vous ainsi qu’à Marthe. Michel ».

CAS du 13 décembre 1984 : « Cher Maurice, Les mots n’y peuvent rien ! ...Mais nous vous embrassons. Il faut se voir bientôt. Michel / Zette ».

CAS du 2 juillet 1985 rédigée au verso d’une carte postale illustrée du tableau « Hotel room (1931) » d’Edward Hop- per à propos de l’article de Maurice Nadeau « Jeux de mots jeux de vie » à propos de Langage tangage ou ce que les mots me disent paru dans le n°443 de la QL: « Cher Maurice, Merci pour votre article de la « Quinzaine ». Souhaitons qu’il me donne des lecteurs aussi attentifs que l’est apparemment cette dame peinte par Edward Hopper (article dont j’aime assez le réalisme, hallucinant à force d’être photographique) ! Amicalement à vous. Michel Leiris ».

CS, enveloppe datée du 5 mars 1986, concernant le n°459 de la Quinzaine littéraire « Vingt ans 66 86 »: « [Michel Leiris] est bien content de pouvoir vous donner quelque chose et vous salue très amicalement ».

LAS du 5 mars 1986, enveloppe, concernant les extrait de « A cor et à cri » à paraître dans le n°459 de la Quinzaine littéraire « Vingt ans 66 86 »: « Cher Maurice, Voici la correction en question. C’est ainsi que le dernier paragraphe doit commencer : Parvenir, moyennant un jumelage associant aux fulgurances de la sensibilité le travail arachnéen de l’intelligence, ... Merci et bien amicalement Michel Leiris ».

CAS du 17 mars 1988 en remerciement pour 4 articles parus dans le n°505 de la Quinzaine littéraire, à pro- pos de À cor et à cri et L’Afrique fantôme), rédigée au verso d’une carte postale illustrée du tableau Two on the Aisle (1927) d’Edward Hopper : « Cher Maurice, merci de la vaste place que la « Quinzaine » a eu la gentillesse de m’accorder et merci à vos quatre collaborateurs. Ce qu’il me faudrait maintenant, ce serait me remettre à une oeuvre de longue haleine, mais je suis malheureusement loin de compte ! Merci encore et très amicalement, Michel Leiris ».

600 €

384. LEIRIS (Michel). Langage tangage ou ce que les mots me disent.

Paris, Gallimard, 1985. 20,5 x 14 cm, broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 188 pp., 2 ff. n. ch..

Première édition. Exemplaire du tirage courant (après 40 ex. sur vélin pur chiffon).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / bien amicalement / Michel Leiris ».

Dos passé et lég. piqué. 100 €

191 385. LEIRIS (Michel). Roussel l’ingénu.

Montpellier, Fata Morgana, Coll. « Explorations », 1987. 20,4 x 14,8 cm, broché, couverture jaune à rabats, 113 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 1 445 ex. sur vergé ivoire (après 50 vélin pur fil Johannot et 5 ex. nominatifs sur vélin à la main de la Cartiera Armatruda à Amalfi).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / avec la vieille amitié / de / Michel Leiris ».

Petites taches sur la couverture. 100 €

386. LEIRIS (Michel). A cor et à cri.

Paris, Gallimard, 1988. 20,5 x 14 cm, broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 185 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 40 ex. sur vélin pur chiffon de Rives).

Bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / dont je n’oublie pas qu’il fut / mon premier commentateur / Amicalement / Michel Leiris ».

200 €

387. LELY (Gilbert). Ma civilisation.

Paris, Aimé Maeght, 1947. In-4 (31,7 x 24,4 cm), broché, couverture rempliée imprimée en rouge et noir, 65 pp., 5 ff. n. ch., prospectus volant de 2 ff. n. ch..

Première édition publique. Tirage à 350 exemplaires.

Un des 100 ex. hors commerce numérotés sur vélin du Marais et ne comportant pas les eaux-fortes originales de Lucien Coutaud, seul tirage après 250 ex. illustrés de 10 eaux-fortes originales de Lucien Coutaud savoir : 50 ex. sur vélin de Lana (avec double suite (premier état et état définitif), le n°1 avec dix dessins originaux, les neuf suivants avec un dessin et une suite tirée en blanc sur noir) et 200 ex. sur vélin du Marais avec dix eaux fortes de Lucien Coutaud.

Exemplaire truffé du prospectus illustré d’une eau-forte originale de Lucien Coutaud.

Envoi autographe signé de l’auteur : « J’éprouve une vive satisfaction / à remettre cet exemplaire / entre les mains de Maurice Nadeau, / qui vient de nous donner de Sade une image si humaine / Gilbert Lely ».

Petit travail de ver, sans gravité, affectant le second plat de couverture et les trois dernier feuillets. Très bel état par ailleurs.

La poésie érotique de Lely offerte à un éditeur du Marquis de Sade. 250 € 192 388. LÉVI-STRAUSS (Claude). Le Cru et le Cuit. Mythologiques I.

Paris, Plon, 1964. In-8 (24 x 16 cm), broché, couverture pelliculée à rabats, 402 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Monsieur Maurice Nadeau, / en très sincère hommage / Claude Levi-Strauss ».

Bel exemplaire broché tel que paru. 300 €

389. LEVI-STRAUSS (Claude). Deux cartes adressées à Maurice Nadeau.

19 octobre et 2 novembre 1995. 2 CAS au format in-16, chacune d’1 p. et 1/2, une enveloppe conservée.

Deux cartes autographes signées, adressées à Maurice Nadeau suite à une demande de préface pour un livre de Mário de Andrade, L’Apprenti touriste, récit de voyage paru en 1996 à la Quinzaine littéraire dans la collection Voya- ger avec.

La préface sera finalement rédigée par Gilles Lapouge.

CAS du 19 octobre 1995 : « Cher Maurice Nadeau, Merci de votre mot et de vos envois. J’emporterai demain et regarderai le Mario de Andrade à la campagne, mais je doute fort qu’écrire une préface me tente. A mon âge, les pièces de circonstance coûtent trop de labeur. Quoiqu’il en soit, je vous ferai réponse après lecture. Bien à vous, Claude Lévi-Strauss ».

CAS du 2 novembre 1995 : « Cher Maurice Nadeau, J’ai parcouru le Mario de Andrade et vous prie de m’excuser si je déclare forfait. Non que le livre soit sans intérêt, bien au contraire (il faudrait surtout parler de la langue et ce n’est pas mon métier). Mais l’effort serait disproportionné avec ce que, dans le très grand âge, je peux me permettre de distraire de mon travail. Je le regrette et vous prie, cher Maurice Nadeau de croire à mon souvenir très fidèle. Claude Lévi-Strauss ».

200 €

390. LEVINAS (Emmanuel). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

Paris, [juin 1949]. 1 LAS au format in-8 d’1 p..

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau dans laquelle le philosophe propose un texte pour publication dans Combat.

Il s’agit probablement du texte « En marge d’une enquête : L’érotisme ne ravale pas l’esprit » qui sera publié dans la page littéraire de Combat le jeudi 30 juin 1949.

LAS s.d. [juin 1949] : « E. Levinas / 59, rue d’Auteuil / Paris 16e / Tel Auteuil 36-60 / Monsieur, je vous adresse ci- inclus un papier qui pourra peut-être convenir à votre page de jeudi. Personne ne me l’a demandé, il est vrai, mais j’avais l’impression que les idées que j’exprime devaient être dites. Je vous demanderais seulement, par faveur exceptionnelle, de me rendre le manuscrit s’il ne devait pas convenir à Combat. Veuillez agréer, Monsieur l’expres- sion de mes sentiments les meilleurs. E. Levinas ».

150 €

193 391. LIMBOUR (Georges). La Chasse au Mérou.

Paris, Gallimard, 1963. 17,5 x 11,2 cm, broché, couverture imprimée, 168 pp..

Edition originale (pas de grand papier).

Formidable envoi autographe signé : « A Madame et Maurice Nadeau / aux Lettres Nouvelles Hebdo / nous retour- nerons bien un jour / ou sans cela pourquoi le bon dieu / nous aurait-il faits si voisins ? / - Pour nous aimer, c’est certain. / G. L.».

450 €

392. LIMBOUR (Georges) & DUBUFFET (Jean).

Tableau bon levain à vous de cuire la pâte. L’Art Brut de Jean Dubuffet.

Paris, New York, René Drouin, Pierre Matisse, 1953. 25 x 20 cm, couverture souple en toile avec étiquette de titre, jaquette illustrée, 103 pp., 89 illustrations dont 8 vignettes contrecollées en couleurs.

Edition originale de cette monographie abondamment illustrée in et hors-texte.

Tirage limité à 1 050 exemplaires.

Très bel exemplaire complet de sa jaquette en parfait état.

Truffé d’une lettre autographe signée (1 p. in-4) d’Andrée Limbour à Maurice Nadeau accompagnant l’exemplaire de L’Art brut de Jean Dubuffet.

150 €

393. MAC ORLAN (Pierre). Chanson de charme pour faux nez.

Paris, Seghers, 1950. 18 x 11 cm, broché, couverture imprimée, 27 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 50 exemplaires numérotés sur alfa).

Bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau, / ce message de Noël pour / terrains vagues, en amical / sou- venir du Prix Renaudot / Pierre Mac Orlan ».

100 €

394. MAC ORLAN (Pierre). Chansons pour accordéon. Musiques de V. Marceau.

Paris, Gallimard, 1953. 20,5 x 14,2 cm, broché, couv. imprimée, 180 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 15 Hollande et 85 sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / ces quelques chroniques en musique / en souvenir de / Pierre Mac Orlan ».

50 €

395. MAGNY (Claude-Edmonde). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

Noël 1946 au 23 novembre 1948. 4 LAS au format in-4 et in-8 et 1 CAS in-16 formant un ensemble de 7 pp..

Correspondance, composée de 4 lettres et une carte autographes signées, adressée à Maurice Nadeau ou son épouse Marthe, de Noël 1946 à l’automne 1948.

194 Critique littéraire et grande spécialiste de la littérature anglo-saxonne, Claude-Edmonde Magny (1913-1966) fut la première femme à rejoindre le jury du Renaudot où siégea Maurice Nadeau de 1945 à 1969. Elle fut une collabora- trice régulière de la revue Esprit où elle signa de nombreux articles sur les écrivains de la déportation et sur Georges Bataille.

Il est question dans cette correspondance de collaborations au journal Combat, du Prix Saint-Dominique et de ses démêlés avec Mme Arban, de l’article d’Arthur Adamov « Les derniers commentaires sur Kafka » paru dans Combat le 30 août 1947 et du Prix Renaudot de 1948. Après avoir indiqué aimer Moi qui ne suis qu’amour de Dominique Rolin et Vipère au poing de Hervé Bazin, elle demande à Maurice Nadeau « quels sont ses poulains ».

LAS : « Vitrey, lundi de Noël 46 / Cher ami, Je suis partie trop précipitamment ici le surlendemain de Noël pour avoir le temps d’écrire l’article sur le roman américain sur le bouquin de Gennie, ou même d’emmener les bouquins nécessaires. Je rentre à Paris jeudi soir. S’il est encore temps pour le premier, voulez-vous avoir la gentillesse de me passer un coup de fil le plus tôt possible (quoique je commence à douter fortement que vous sachiez vous servir du téléphone) et je m’y mettrai le plus tôt possible. Vous ne croyez sans doute plus beaucoup à la réalité de cette promesse (et moi non plus) mais on va tout de même essayer de lui en donner un peu ! [...]».

LAS, 12 août 1947 (cachet de l’enveloppe conservée) : « Samedi soir. / Cher ami, Deux mots avant mon départ pour l’Angleterre. Vous recevrez lundi un exemplaire dactylographié de ma lettre à Madame Arban, ou je remets au point ses accusations et raconte la vraie histoire des Prix Saint-Dominique. J’ai pris soin d’être extrêmement précise sur les dates etc... Et nous pourrons, si elle s’entêtait produire des témoins etc... J’espère pour Combat que l’affaire s’en arrêtera là. Nous préférerions toutes éviter ce genre de publicité, et serions heureuses que vous renonciez à publier sa lettre (ainsi que la mienne) si vous n’êtes pas trop engagé envers elle est si vous avez d’autres distractions à offrir aux lecteurs de la page littéraire de Combat. Sinon, le bras droit et la vérité (pour ne rien dire de l’orthographe) son de notre côté (et cote !). Si ça vous amuse, appelez ma lettre « Persécuteur persécuté » (comme compensation Elsa !). Je crois que si vous tenez à publier, il serait meilleur (pour nous) de publier in extenso malgré sa longueur, la lettre de Madame Arban. À décembre, j’espère et merci encore de l’amitié que vous avez eue en venant me voir hier soir. Bien sympathiquement vôtre, Claude-Edmonde. Jeannine Delpech est maintenant la secrétaire de notre prix. 29, Avenue Emile Deschanel. Louise de Vilmorin ne pouvant se rendre régulièrement à nos réunions nous regrettons qu’elle ne puisse faire partie de notre jury. Il suffit de ne plus la mentionner dans la liste des membres ».

LAS, 9 septembre [1947] : « À monsieur le Directeur de « Combat » / Monsieur, Rentrant de vacances j’ai parcouru Combat et dans votre numéro du 30 août, j’ai remarqué un article où je suis mise anonymement en cause. Il s’agit d’un article de M. Adamov intitulé : « Les derniers commentaires sur Kafka ». Puis-je avouer sans me faire pour- fendre par M. Adamov que je suis le véritable auteur de l’article « Escrocs » dans le « Da Costa encyclopédique » ? Veuillez agréer Monsieur mes salutations distinguées. Claude-Edmonde Magny ».

Note : Arthur Adamov attribuait l’article paru anonymement, « dans une feuille pseudo-surréaliste aussi ordurière que mesquine », à M. Patrick Walberg lui reprochant d’avoir insulté avec une muflerie et une mauvaise foi évidente deux des meilleurs commentateurs de Kafka : Jean Carrive et Marthe Robert.

LAS à Marthe Nadeau : « Paris, lundi. / Chère Madame, / Je tiens à vous remercier infiniment de la si agréable journée que ma fille et moi avons passée hier chez vous; (j’espère que cette lettre vous parviendra mieux que la précédente !) Je regrette simplement que nous ne nous soyons pas annoncées d’une façon plus efficace et je vou- drais être sûre que nous ne vous avons pas trop dérangée. Nicole se rappelle au souvenir de toute la maisonnée, et spécialement à celui de Gilles (qu’elle s’obstine à appeler Jules! ) - il y a aussi une chèvre, sise au fond du parc et, je crois, extérieure à vos domaines, qui a fait une forte impression ! Voudriez-vous avoir la gentillesse de dire à votre mari, que je parlerais volontiers dans Combat du Vin de Paris, de Marcel Aymé, et/ou des Mémoires de Maurice de Waleffe (voilà où mènent les mauvaises lectures ! ). Ça, au moins, on ne pourra pas dire que c’est ésotérique et pas assez « grand public » ! Il y a aussi les Cahiers de la Pléiade, dont j’aimerais rendre compte, mais je crains que Pauwels ne se les réserve ? Avec encore une fois mes remerciements, trouvez ici, chère Madame, l’expression de mes sentiments amicaux. Claude-Edmonde Magny ».

CAS : « Cambridge, le 23 novembre 1948 / Cher ami, Je viens d’être très souffrante (derechef une grosse grippe) et ne suis pas encore très bien, si bien que je n’ai pu vous écrire avant, pour vous demander quels étaient vos favoris pour le Renaudot. Moi je suis très très emballée par le livre de Dominique Rolin, Moi qui ne suis qu’amour - qui me semble dire pour la première fois des choses que nul homme n’avait encore exprimées - l’avez-vous lu ? Et qu’en pensez-vous ? (et le R[enaudot] pourrait bien, pour une fois, prouver qu’il n’est pas systématiquement misogyne!) Ceci dit, je trouve très bon aussi le livre d’Hervé Bazin [Vipère au poing] - et bien sûr je conserve toujours à Calet la même estime. N’ai pas encore lu le [Pierre] Fisson [Voyage aux horizons, qui reçut le prix en 1948]. Avez-vous d’autres poulains ? Si oui, mettez-moi vite un petit mot que je me les fasse envoyer. De toute façon, cela me ferait grand plaisir d’avoir de vos nouvelles - et même de vous voir un peu plus longuement à Paris que nous n’avons pu le faire À mon dernier passage ! Je rentre vendredi soir 3 décembre - téléphonez-moi dans la soirée ou tôt le matin, et venez prendre un drink vers 11h 1/2, midi ? (mais téléphonez, parce que autrement je pourrais être sortie). Toujours très fidèlement à vous, Claude-Edmonde ».

300 € 195 396. MAGRIS (Claudio). Lettre à Maurice Nadeau à propos de sa chronique de Danube.

Antholz, 31 décembre 1988. 1 LAS au format in-4 de 2 pp..

Très belle lettre autographe signée à Maurice Nadeau en remerciement de sa chronique de Danube, son chef d’oeuvre, essai-fleuve dans lequel l’auteur parcourt le Danube de sa source allemande (en Forêt-Noire) à la mer Noire en Roumanie, en traversant l’Europe centrale.

La chronique de Maurice Nadeau, titrée « La leçon du Danube », avait paru dans le n°522 de la Quinzaine littéraire le 16 décembre 1988.

Danube avait été publié la même année, dans une traduction de Jean et Marie-Noëlle Pastureau, dans la collection « L’Arpenteur » chez Gallimard.

LAS, enveloppe conservée : « Antholz, 31.12.88 / Cher Monsieur Nadeau, / J’espère que vous avez reçu ma lettre, dans laquelle je vous ai remercié pour la discussion à Paris. Et maintenant ! Vous pouvez vous imaginer ce que votre article dans la Quinzaine littéraire signifie pour moi. J’ai été très heureux que vous ayez parlé d’enchantement, d’abandon et de détente, de voyage sentimental et initiatique... / Je pense souvent à votre question, si la litté- rature mène à la persuasion ou bien l’empêche, c’est une question qui touche la substance du livre. Je vous écris cette lettre d’Antholz, un village dans les montagnes, où j’écoute la leçon en silence, où je suis persuadé, où je suis plus chinois que Newcklowski... Je suis trop timide pour vous parler de toutes les choses auxquelles votre article me fait penser. J’espère vous revoir ! Avec toute ma reconnaissance, toutes mes amitiés et tous mes souhaits. Claudio Magris ».

250 €

397. MAGRIS (Claudio). Carte à Maurice Nadeau pour sa chronique de Microcosmes.

Trieste, 14 décembre 1998. 1 CAS au format in-16 de 2 pp., rédigée à l’encre bleue.

Belle carte autographe signée à Maurice Nadeau en remerciement de sa chronique de Microcosmes, recueil de portraits de quelques lieux dispersés dans neuf villes européennes, dont la traduction de Jean et Marie-Noëlle Pas- tureau venait de paraître chez Gallimard dans la collection « L’Arpenteur ».

L’article de Maurice Nadeau, titré « Journal en public », avait paru dans le n°751 de la Quinzaine littéraire le 1er décembre 1998.

CAS, enveloppe conservée : « Trieste, 12.12.98 /: Cher Maurice, Comment te remercier ? Je viens de lire ton journal en public et je suis heureux, touché et ému par ce que tu dis, avec tant de générosité, d’amitié. Dans ton journal tu as dit tout - sur moi, sur ce que j’espère mon livre soit, sur nous deux... Pendant que je lis tes mots, j’ai un sentiment de bonheur et aussi de mélancholie (sic), par ce que il y a dans tes mots la vie, avec ses promesses, sa fuite, sa fidélité. Un grand, grand merci. Je t’embrasse. Claudio ».

150 €

398. MALET (Léo). Cinq lettres à Maurice Nadeau à propos de La Vie est dégueulasse. du 20 octobre 1947 au printemps 1948. 5 LAS au format in-4 et in-8 formant un ensemble de 5 pp. et 1/2.

Cinq lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau à propos de La Vie est dégueulasse, roman paru en 1948 à la SEPE.

Maurice Nadeau en rendit compte dans un article du 9 avril 1948 dans Combat : « Léo Malet, lui, qui, dans le genre « policier », est un auteur arrivé, a voulu s’essayer au roman tout court avec un ouvrage au titre agressivement désespéré : La Vie est dégueulasse. Il aurait voulu le qualifier par antiphrase de « roman doux » à la façon de ses contes d’un humour grinçant qu’il donnait à La Rue. On ne refermera pas son roman sans un sentiment de malaise difficile à élucider et qui tient surtout à la personnalité de son héros. Ce « gangster à la mie de pain » qui, par ses crimes, alimente la caisse d’une organisation révolutionnaire et s’acharne avec une sauvagerie inouïe sur ses vic- times, est incontestablement un malade dont une psychanalyse hâtive révèle d’ailleurs à l’épilogue le secret. Persé- cuté, impuissant, revendicateur, nécrophile, il tient du « Popeye » de Sanctuaire, de Lacernaire et d’Eugène Weid- mann (l’énigmatique « tueur » de La Voulzie). Le monde entier constitue l’objet de son combat nihiliste; il voudrait le faire sauter dans une explosion gigantesque à la mesure de son incommensurable complexe d’infériorité. Nous

196 sommes au-delà du désespoir philosophique, dans des régions où l’on hésite d’appeler le lecteur à s’engager. Qu’il tente l’aventure à ses risques et périls ! Il y est préparé par James Hadley Chase et toute une littérature américaine de « thrillers » dont Léo Malet ne s’est certainement pas inspiré, mais dont on ne manquera pas de le rapprocher. Dans ce genre un peu particulier, l’auteur montre de réelles qualités de romancier et d’écrivain.

LAS : « 20 octobre 1947 / Mon cher Nadeau, Très flatté de ta lettre. Tu veux donc me libérer de mon complexe d’infériorité ? (personnellement, je me demande si j’y tiens. Après tout, c’est le plus clair de mon sex-appeal) les édi- tions du Pavois, foutre ! Ça me séduirait assez. Mais d’ores et déjà, et sauf cris d’orfraie poussés par Roger Giron et Jacques Decrest, mon roman doux est accepté par le patron de la SEPE. D’ailleurs, ce bouquin n’entre pas dans le cadre de la collection que tu diriges. Ce n’est pas le chemin de la vie, mais celui de la mort. Histoire d’un châtré très moral, persuadé [de] ne pas pouvoir faire jouir les filles, refusant d’’y croire lorsqu’il y parvient, sa vie n’est qu’un long suicide, avec amour désespéré, ivrognerie et sadisme. Et nécrophilie. J’oubliais nécrophilie. Très important. C’est tout le bouquin. Non, pas le chemin de la vie pour un maravédis... Ou plutôt si. Ce qui n’arrange pas les choses. Je suis très heureux, toutefois, que tu ai[es] pensé à moi pour ta collection. Mais tu me surfais... Et la cote littéraire de mon truc doit plutôt laisser à désirer. Je te le donnerai tout de même à lire un de ces jours, lorsque la grève des transports me débloquera de Chatillon. Si le téléphone de Combat fonctionne un peu mieux que précédemment, nous prendrons rendez-vous au canard. Bien à toi et merci encore. Léo Malet ».

197 LAS : « Vendredi / Mon cher Nadeau, C’est un peu abusivement que j’ai qualifié La Vie est dégueulasse (à paraître en février, à la SEPE), de roman doux. Abusivement, dans la mesure où ce texte ne correspond pas exactement de forme et d’esprit à mes écrits « doux » de La Rue. Est ce qu’un... disons « vrai roman doux », c’est-à-dire tout à fait conforme aux trucs de La Rue, aurait des chances d’être publié au Pavois ? J’en ai un dans la tête depuis longtemps. Ça s’intitule Le Soleil n’est pas pour nous. Sujet : l’adolescence clocharde (1927). Je puis l’écrire très rapidement. Malheureusement, je ne sais pas tirer à la ligne et ce texte n’excéderait pas 150 pages d’une justif. courante. Mais on pourrait peut-être y adjoindre les contes et souvenirs publiés dans La Rue. Ton avis ? Bien à toi / Léo Malet ».

LAS : « Mon cher Nadeau, Dégoûté du téléphone, je me déguise en mère de Sévigné. Abandonnant momentané- ment Nestor Burma, Je termine un roman doux dans le genre de mes textes de La Rue (qui repart d’ailleurs. Tu dois en être informé), roman doux anarcho- freudien l’illégalisme anarchiste et au désespoir sexuel, intitulé La Vie est dégueulasse ou Camarade Browning. Je ne suis pas encore fixé. Peux-tu en tenir compte dans tes informations litt. ? Gracias. Leo Malet. P.S. Strictement personnel - j’écris ce bouquin parce que j’en ai plein le cul, de l’existence ».

LAS, 14 novembre 1947 (cachet de l’enveloppe conservée) : « Je n’hésite pas à me fendre encore de six balles pour te communiquer (j’ai oublié de le faire dans ma lettre d’hier) un mot que tu pourras utiliser à l’occasion : Armand Pierhal, le nain littéraire bien connu. A toi / Léo Malet ».

LAS, s.d. [circa mars-avril 1948] : « Mon cher Nadeau, Je t’ai déjà exprimé le peu de goût que j’ai pour les articles de complaisance. Je me vois obligé de t’en demander un tout de même (dans la mesure, toutefois, ou le bouquin vaut quelque chose, si peu que ce soit. Sinon, inutile). C’est pour contre battre la conspiration du silence et le boy- cottage systématique dont ce roman est la victime de la part des libraires. Mais, je le répète, dans la mesure où ce livre vaut quelque chose. Si tu l’estimes sans intérêt, passons. Bien à toi. Léo Malet ».

On joint une sixième lettre autographe signée au ton humoristique : « j’avais oublié ces trois sacs en vadrouille. (Il y en a tellement.) Une partie vendredi et le solde en fin de mois, peut-être avant, est-ce que ça va? Sauvage me prie de te communiquer son adresse new-yorkaise : 315 West 102 Street New York 25 N.Y. Il aimerait savoir où en sont les choses au sujet de son livre sur le cinéma. Feu Malet ».

2 500 €

399. MALRAUX (André). Le Triangle noir. Laclos. Goya. Saint-Just.

Paris, Gallimard, 1970. 20,5 x 12 cm, broché, couverture bleu clair rempliée, 135 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 300 ex. hors commerce sur bouffant alfa Calypso Libert (après 50 Hollande et 215 vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / avec le cordial souvenir de / André Malraux ». 100 €

198 400. MARIËN (Marcel). Correspondance adressée à Maurice Nadeau pour son Anthologie surréaliste.

Herenthout, 21 juin 1946 et 13 juillet 1946. 2 LAS (1 p. 1/2 et 1/2 p. au format in-4), rédigées à l’encre, photographie d’identité (tirage argentique en noir et blanc d’époque), manuscrit d’1 p. in-4 à l’encre bleue et tapuscrit de 6 ff. in-4 (texte de Magritte), tapuscrit de 5 ff. in-4 (Le Surréalisme en Belgique).

Deux lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau fournissant des informations biographiques et bibliographiques pour une Anthologie surréaliste, un manuscrit autographe (notice biographique et bibliogra- phique concernant René Magritte) accompagné de 4 textes tapuscrits de René Magritte ainsi que le tapuscrit du « Le Surréalisme en Belgique » de Marcel Mariën.

Dans la première Marcel Mariën envoie des textes et informations bibliographiques dans le cadre de la préparation d’une Anthologie surréaliste. Mariën demande également à Nadeau s’il s’occupe d’édition et lui propose de publier Les Corrections naturelles que les éditeurs belges, qualifiés de moyen-âgeux, ont tous refusé. Le livre sera finale- ment édité par la Librairie Sélection à Bruxelles en 1947.

Dans la seconde, il annonce joindre des textes de Magritte et de Nougé que ceux-ci l’ont chargé de réunir pour son anthologie surréaliste. Il précise qu’en cas de sélection d’un de ses textes, Magritte souhaiterait que priorité soit donnée à « L’Âge du plaisir ».

Sont joints quatre textes (6 ff. tapuscrits) de René Magritte : « Notes sur Fantômas (23 février 1928) », « Le Fil d’Ariane (1934) », « La Ligne de vie (1938) », et « L’Âge du plaisir ».

LAS : « Herenthout, le 21 juin 1946 / Cher Monsieur, Je trouve à mon retour de Paris (où j’ai été désolé de ne pas vous avoir rencontré) une lettre de Scutenaire me priant (de votre part) de vous faire tenir des documents pour votre Anthologie du Surréalisme. Je vous envoie donc ci-joint, suivant vos indications transmises par la voie de Scutenaire:

1) Textes : La Vie secrète, La Parole, La Chaise de sable (dont vous pourrez choisir un fragment), Les Poids et les mesures (dont vous pourrez choisir un fragment) (ces deux livres vous sont envoyés sous plis séparés), Le Parallé- logramme des forces (inédit) mais sans doute trop difficile à reproduire en raison de l’illustration défectueuse.

2) Un photographie

3) Notice biographique : Marcel Mariën, né à Anvers le 29 avril 1920

4) Notice bibliographique : Malgré la nuit (L’Aiguille aimantée, Anvers, 1940), La Chaise de sable (L’Invention col- lective, Bruxelles, 1940), L’Oiseau qui n’a qu’une aile (Ça ira, Anvers, 1941), Magritte (La Boétie, Bruxelles, 1943), Les Poids et les mesures (La Boétie, Bruxelles, 1943). Collaboration aux revues London Bulletin, Cahiers d’Art, L’Invention collective, La Terre n’est pas une vallée de larmes, La Main à plume, Le Ciel bleu, Le Salut public, Les Deux soeurs, etc...

A Paris, l’on m’avait vivement conseillé de vous voir au sujet de l’édition d’un ouvrage intitulé « Les Corrections naturelles ». J’y suis resté très peu de jours et les circonstances ont voulu que nous nous absentions respectivement de notre champ visuel. Pourriez-vous me dire toutefois si vous vous occupez d’édition et si je puis vous envoyer le manuscrit. Comme Breton en possède un exemplaire, vous pourriez peut-être lui demander son avis à ce sujet, étant donné que le texte en question est d’une nature peut-être périlleuse pour un éditeur aimant sa sécurité. C’est du moins le sentiment des éditeurs belges (mais il est vrai que ceux-ci ont l’esprit moyen-âgeux). A vous lire, je vous prie de croire cher Monsieur Nadeau, à ma vive sympathie, Mariën ».

On joint la photographie d’identité (5 x 3,8 cm) de Marcel Mariën évoqué dans la lettre. 199 LAS : « Le 13 juillet 1946 / Cher Monsieur Nadeau, Je vous envoie ci-joint pour votre anthologie, des textes de Magritte et de Nougé qui m’ont chargé de les réunir. Un petit document iconographique de Nougé vous parviendra ultérieurement. Magritte me charge de vous dire aussi qu’il souhaiterait, si vous insérez des textes de lui que la prio- rité soit accordée à celui qui s’intitule « L’Âge du plaisir » pour le cas où vous auriez à faire un choix. A toutes fins utiles, je vous envoie également une note que j’ai faite récemment pour une revue américaine, au sujet de l’activité surréaliste en Belgique. Veuillez croire, cher Monsieur Nadeau, à ma très vive sympathie. Mariën ».

On joint le tapuscrit de 5 pp. d’un important texte de Marcel Mariën, resté inédit, intitulé « Le Surréalisme en Belgique ».

Notice biographique de René Magritte : « RENÉ MAGRITTE Né à Lessines (Belgique) le 21 novembre 1898. Peintre. Ses recherches non-conformistes le font rencontrer en 1925 les surréalistes. Jusqu’en 1936, il vise à boule- verser le spectateur par le dépaysement, l’emploi de mots associés aux images, la création d’objets nouveaux, etc... Puis, il imagine une nouvelle méthode qui fonde une connaissance affective des objets (il s’agit de faire rencontrer un objet avec le seul qui le révèle). En 1940, les « événements » ayant expérimenté suffisamment le bouleversement du monde par la terreur, Magritte décide de poursuivre son activité dans un climat de joie et de charme. Il exige aujourd’hui que la poésie résiste à l’épreuve du plein soleil.

BIBLIOGRAPHIE. Magritte, 23 reproductions en couleurs, préface de Marcel Mariën (1943). Paul Nougé : René Magritte ou les images défendues (1943). Louis Scutenaire : René Magritte (1944). Dix tableaux de Magritte précé- dés de descriptions (1946). Collaboration à Distances, Marie, L’Invention collective , La Révolution Surréaliste, Le Surréalisme ASDLR, Minotaure, Cahiers d’Art, London Bulletin, Konkretion, etc... ».

2 500 €

200 401. MARTEAU (Paul). Le Tarot De Marseille.

Paris, Arts et Métiers Graphiques, 1949. In-4 (27,3 x 19 cm), broché, couv. illustrée, 280 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale illustrée de 75 lames de tarot (lames majeures, lames mineures, épées, coupes, bâtons, deniers, ...) imprimées en couleurs par Grimaud et contrecollées.

Préface de Jean Paulhan, exposé d’Eugène Caslant.

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Monsieur Maurice Nadeau / historiens des littératures ésotériques / cet essai d’explication de l’imagerie / ésotérique la plus ancienne / Paul Marteau / 21 juin 1949 ».

Table des lames en fin de volume. 150 €

402. MARTIN-CHAUFFIER (Louis). Manuscrit autographe signé. s.d.. Manuscrit autographe signé d’1 p. au format in-4.

Manuscrit relatif aux élections présidentielles.

Retranscription : « Je n’attache pas aux résultats des élections de dimanche l’importance qu’on leur prête. Même si la masse des deux oppositions rendait l’Assemblée, comme dit, « ingouvernable ». Il n’y a pas d’assemblée ingou- vernable, il y a des gouvernements faibles et des hommes d’État sans vigueur et sans audace.

Je voterai, naturellement. Non sur le choix des programmes - mais sur la conscience supposée de ceux qui se flattent de les appliquer, et sur les modes d’application qu’ils préconisent. Le régime parlementaire, où la majorité gouverne et la minorité surveille, critique et conseille, c’est à dire où toutes les voix se font entendre, me paraît en principe meilleur que ceux que l’on nous propose ou que nous voyons ailleurs en exercice. En fait, le durcissement des partis, l’élimination du rôle personnel faussent le jeu des institutions et le renouvellement des cadres. On mène une politique d’intérêts partisans, non une politique d’intérêt national.

Surtout, par la carence des pouvoirs, la politique, économie internationales se font sans nous. La France est plus soumise aux puissances étrangères, plus absente des conseils, ou moins écoutée, que sa situation réelle - fort réduite, il est vrai - ne le justifie. Elle s’est inclinée, quand son rôle était d’empêcher la nécessité d’un choix périlleux. Il est possible que nous en crevions. Avec tout autre régime, nous crèverions sûrement, avec la guerre civile en outre.

Il n’est pas question que je me présente jamais. Les disciplines - parfaitement justifiées - d’un parti me paraissent étrangères aux disciplines de l’esprit, et en contradiction avec cela. On ne peut servir deux maîtres à la fois. Ceux qui s’y sont pliés le savent, ou devraient le savoir. Louis Martin-Chauffier ».

100 €

201 403. MASCOLO (Dionys). Lettre autographe adressée à Maurice Nadeau.

Vendredi, 6 [mai 1960]. LAS d’1 p. au format in-8 sur papier à en-tête de la nrf.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau, en rapport avec le Manifeste des 121 contre la guerre d’Algé- rie et qui paraîtra le 6 septembre 1960 dans le magazine Vérité-Liberté et dont Jean Schuster fut le co-rédacteur, avec Dionys Mascolo et Maurice Blanchot.

Schuster et Mascolo avaient fondé ensemble en 1958, le 14 juillet, journal éphémère antigaulliste. Le 4 octobre 1969, Jean Schuster prononça, dans un article intitulé Le Quatrième Chant, la dissolution du groupe surréaliste.

Décharge laissée par un document conservé en vis à vis.

LAS : « Cher Maurice, Voici le projet. Je vois ce soir les amis surréalistes (Schuster) qui ressentent comme nous le besoin de faire quelque chose. Je crois qu’il ne suffit pas que nous intervenions à trois ou à quatre, comme je l’avais pensé, tout d’abord - ni que la discrétion à laquelle j’avais pensé aussi au premier moment, soit juste, s’agissant de questions aussi graves, et qui intéressent le plus grand nombre. Mais nous verrons cela. je te téléphonerai lundi. je suis en ce moment à Neauphle le plus souvent, tu le sais (tel : 121). A toi Dionys ».

500 €

404. MASCOLO (Dionys). Lettre à propos d’un article sur Maurice Blanchot.

Vendredi 2 [octobre 1966]. 1 LAS au format in-8 formant un ensemble de 3 pp..

Belle lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau en préparation de la publication, dans le n°12 de la Quinzaine littéraire du 16 septembre 1966, d’un article intitulé « Hommage à Maurice Blanchot. Critique n°229 (Juin 1966) ».

Dionys Mascolo remercie Maurice Nadeau d’avoir accepté ce texte qui initialement était destiné à l’Observateur, qui l’a refusé le trouvant trop difficile. Il demande qu’un paragraphe concernant les conclusions de Foucault soit ajouté et en fournit le texte sur un feuillet séparé.

LAS : « Vendredi 2 / Chers amis, (Je m’adresse à vous deux ensemble pour le cas ou l’un de vous serait absent.) Merci d’abord d’avoir accueilli, selon ce que Robert vient de me dire au téléphone, l’article sur Blanchot que je destinais à l’Observateur. Le refus de ce texte comme « très difficile » m’inquiétait un peu, je l’avoue, mon principal effort ayant consisté à essayer de faire facile (un peu trop même, il me semblait, et, comme vous avez pu voir, en m’adressant un peu trop exclusivement à des lecteurs qui sont censés n’avoir jamais rien lu de Blanchot - en quoi ce texte n’est pas tout à fait adapté à la Quinzaine, peut-être). Je suis en tout cas heureux, et honoré, de devenir ainsi, accidentellement, collaborateur de votre journal. Je vous envoie un ajout que j’aimerais, si c’est possible, que vous placiez en note (renvoi cinq lignes avant la fin du dernier paragraphe, sur le nom de Foucault). C’est secondaire sans doute, mais puisqu’il est question des conclusions de Foucault, et pour les contester, Je préférerais qu’il soit donné au moins une indication sur le sens de cette contestation (l’illusion de « la littérature » risquant de se substituer à l’illusion de « l’homme »). Si ce n’est pas possible ou si c’est trop tard, tant pis. Amicalement à vous deux, et merci. Dionys.

Quant au titre, s’agissant de Blanchot, je suis sûr que vous penserez comme moi que le plus discret serait préfé- rable. Je craignais beaucoup de la part de l’Observateur, un titre du genre : MB grand méconnu ou : L’Écrivain que seuls les écrivains lisent. Je crois que Hommage à MB, ou Le numéro d’hommage de Critique à MB, ou tout autre titre aussi neutre que cela, conviendrait. Je ne suis ici (à Cavallaire) que pour huit jours et ne vous donne donc pas mon adresse. Si quelque question se posait, que vous ne voudriez trancher vous-mêmes, voulez-vous questionner Robert ?

Est joint le paragraphe à ajouter : ... Les conclusions de Foucault : « au fond qu’est-ce qui triomphe de « l’homme » chez Foucault ? C’est la littérature. Mais comme la littérature ne saurait être triomphante, il conviendrait de faire inter- venir aussitôt, pour la sauver de ce désastre, un principe propre à triompher d’elle à son tour, ou (pour renoncer à ces mots qui suggèrent une guerre à mort entre des réalités qui ont besoin les unes des autres, fût-ce en s’opposant, pour rester vivantes) capable du moins de contester en permanence ses pouvoirs. Et si ce principe était l’homme, de nouveau, non plus l’homme postiche des humanistes, mais la vie réelle de l’homme cette fois, sur laquelle, mal- gré Marx, Freud, et le surréalisme, le voile idéaliste n’a été jusqu’ici qu’à peine soulevé ? Il faut bien qu’il en soit ainsi, sous peine de tomber dans « la littérature » qui n’a rien à envier à « l’homme » humaniste : ils sont de même essence, comme le manifeste bien, et non seulement dans nos sociétés capitalistes, le nouveau parti-pris d’écrivains qui n’ont su apparemment se garder des séductions vieilles de l’humanisme qu’en découvrant de se cloîtrer dans l’illusion plus vieille encore de la « pure littérature » ».

250 € 202 405. MASSIN (Robert). Lettre autographe adressée à Maurice Nadeau.

2 juin 1970. LAS d’1 p. au format in-8 sur papier à en-tête de la nrf.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau en rapport avec son ouvrage La lettre et l’image qui venait de paraître chez Gallimard et en remerciement pour l’article de Roland Barthes lui étant consacré, intitulé « L’esprit de la lettre », paru dans le n°96 de la Quinzaine littéraire.

LAS : « Cher ami, Permettez-moi de vous remercier pour la place importante que vous avez réservée à mon livre, et d’avoir demandé à Barthes cette étude. Je suis comblé. Amitié, Massin ».

100 €

406. MASSON (André) & GUERIN (Daniel). Eux et lui.

Suivi de commentaires et orné de 5 dessins originaux par André Masson.

Monaco, Editions du Rocher, 1962. In-4 (25 x 19,7 cm), broché, couverture rempliée imprimée en noir, lithographie originale sur feuillet volant, 94 pp., 1 f. n. ch., 5 dessins hors-texte.

Edition originale.

Un des 200 premiers exemplaires sur vergé Arjomari (celui-ci un des 50 hors commerce), seuls à comporter une lithographie originale d’André Masson, ici signé au crayon par l’artiste.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau, / qui osa publier « Eux et lui » , avec l’amitié et la gra- titude de Daniel Guérin ».

350 €

203 407. MATISSE (Henri ) & TZARA (Tristan). Midis gagnés. Poèmes - Huit dessins de Henri Matisse.

Paris, Denoël, 1948. 25,2 x 18,4 cm, broché, couv. rempliée imprimée en rouge et noir, 166 pp., 2 ff. n. ch..

Nouvelle édition, en partie originale, augmentée de 2 dessins de Henri Matisse et de plusieurs poèmes de Tristan Tzara.

Tirage à 1 000 ex. sur alfa.

Un des 50 exemplaires hors commerce numérotés de A I à A L, le nôtre numéroté A XXXVIII.

Envoi autographe signé sur la page de faux-titre : « à Maurice Nadeau / avec la sympathie de / Tristan Tzara / 20 juillet 48 ».

450 €

408. MEMMI (Albert). Lettre autographe adressée à Maurice Nadeau.

16 janvier 1959. LAS d’1 p. au format in-4 rédigée à l’encre bleue.

Touchante lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau qui édita en 1953 chez Corrêa le premier roman d’Albert Memmi, La Statue de sel.

LAS : « 5 rue Saint Merri / Paris IVe / Mon cher Nadeau, je vous demande pardon d’avance pour ce mot, s’il vous paraît ridicule - mais vous m’avez paru, l’autre soir à Cercle ouvert, si proche, si... fraternel, peut-être aussi curieuse- ment vulnérable. J’avais très envie de vous dire. J’ai très envie aussi de vous connaître davantage - est-ce possible ? Voulez-vous croire en tout cas à ma sincère amitié ? (ce n’est pas exactement le mot, je ne trouve pas). Albert Memmi ».

100 €

409. MERLE (Robert). Deux lettres à propos de Week-end à Zuydcoote.

22 novembre 1949 et 31 décembre 1949. 2 LAS au format in-8 formant un ensemble de 2 pp. et 1/2, rédigées sur papier à en-tête de la Faculté de Lettres de l’Université de Rennes.

Deux lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau à propos d’une collaboration dans Combat et en rapport avec son premier roman, et grand succès, Week-end à Zuydcoote, qui avait paru chez Gallimard en juin et reçu le prix Goncourt en novembre.

Maurice Nadeau en fit une longue chronique élogieuse dans Combat le 15 septembre 1949 : « Un roman qui doit établir d’un coup sa réputation. Elle ne devra rien à l’exploitation du scandale, à la fausse révolte et à la publicité : elle sera fondée sur des qualités qui sont d’un grand auteur : inspiration authentique, don de vie, maîtrise du sujet et de la forme, sens de la fatalité et du tragique liés à notre condition. Il en possède même une qui n’est pas toujours nécessaire, mais elle excite l’esprit et le ravit quand il la rencontre : le laconisme. [...] Nous préférons Week-end à Zuydcoote à certains Hemingway, certains Caldwell, voire certains Dos Passos [...] ».

LAS : « 22 nov. 1949 / Cher Monsieur, Voici le petit papier demandé. Je m’excuse de sa longueur, mais il fallait quelques nuances. Merci de votre article sur « Week-end » qui a été un grand plaisir pour moi après tant d’articles dont les fleurs tombaient à côté. J’espère vous rencontrer un jour, et en attendant, je vous prie de croire en mes sentiments très cordiaux. R. Merle ».

LAS : « 31 déc. 1949 / Cher Monsieur, Claudine Chonez a dû vous téléphoner pour vous demander de participer vendredi 6 janvier à l’émission sur Week-end. Au cas où vous seriez libre, et si cela vous agrée, je serai très heu- reux si vous acceptiez de venir déjeuner avec Queneau, ma femme et moi, ce même jour, à midi 1/4, à la Brasserie Lipp, salle du haut ; on pourrait un peu bavarder avant de se rendre à la Radio. Pourriez-vous écrire ou téléphoner (Rennes 59.36 aux heures de repas) votre acceptation ou refus ? Croyez-moi, cher Monsieur, très cordialement vôtre. R. Merle ».

Maurice Nadeau, Soixante années de journalisme littéraire, Les années Combats, pp. 1007-1009, éd. Maurice Na- deau, 2018

600 €

204 410. MERLEAU-PONTY (Maurice). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

1948. 5 LAS au format in-8 formant un ensemble de 7 pp., rédigées à l’encre bleue sur papier à en-tête des Temps modernes.

Correspondance, composée de 5 lettres autographes signées, adressée à Maurice Nadeau durant l’été et l’au- tomne 1948 relative à sa collaboration aux Temps Modernes.

Gérant et membre du comité de rédaction des Temps moderne, Maurice Merleau-Ponty vient de recevoir les Docu- ments surréalistes de Maurice Nadeau, pour lequel il le remercie ainsi que pour avoir communiqué le manuscrit de Introduction à la psychanalyse de Mallarmé de Charles Mauron dont un extrait paraîtra dans le n°36 des Temps mo- derne en septembre 1948. Il lui propose de contribuer à la revue. Maurice Nadeau donnera un article titré « Notices - Memento » qui paraîtra dans les n°37 et 38 des Temps Modernes en octobre et novembre 1948.

LAS, s.d. [été 1948] : « Hôtel de Bretagne / Le Palais - Belle-Ile / (Morbihan) / Cher Nadeau, je voulais vous dire merci pour les Documents surréalistes... Que je viens d’apporter ici, comptant sur la paix des vacances pour les lire tranquillement. Je voulais aussi m’excuser auprès de vous d’avoir gardé le manuscrit de Mauron que vous m’avez aimablement prêté. Sartre m’a dit que vous et Erval ne le réclamiez pas immédiatement. En tout cas je vous le rap- porterai dès les premiers jours de septembre. Un extrait de 25 pages environ paraîtra dans le numéro de septembre de la revue. Mauron est d’accord (1). Je pense souvent au projet dont je vous avais parlé pour les TM. Je vous adjure d’y penser, mon ami, avec faveur. Nous en serions tous très contents. [...] Maurice Merleau-Ponty. (1) Le livre n’est pas si bon qu’on l’aurait cru, à entendre le concert d’éloges chez Gallimard ».

LAS, s.d. [été 1948] : « Hôtel de Bretagne / Le Palais / Belle Ile / (Morbihan) / jusqu’au 3 septembre / Ensuite : 20 rue Jacob, VIe / Cher Nadeau, merci de votre lettre, et de bien vouloir travailler pour la revue. On s’arrangera pour faire composer votre texte très rapidement ; il suffirait donc que vous vouliez bien me le donner avant le 15 septembre, pour être publié dans le numéro d’octobre. Je serai heureux, c’est occasion de vous revoir. [...] ».

LAS, jeudi 9 [septembre 1948] : « 20 rue Jacob Vie / Cher Nadeau, Donc, je puis compter sur votre texte dans cinq ou six jours, n’est-ce pas ? Comme je dois vous rendre le manuscrit de Mauron sur Mallarmé, et comme je crois me rappeler que vous êtes aux éditions Marin le mercredi, J’y passerai mercredi prochain. Peut-être pourrez- vous alors me donner votre article. Merci et veuillez me croire, Cher Nadeau, bien cordialement à vous. Maurice Merleau-Ponty. ».

LAS, jeudi 14 [octobre 1948] : « 20 rue Jacob VI / Cher Nadeau, merci bien vivement pour le texte que vous m’avez envoyé, et qui est à souhait. Je me suis permis de retrancher ce que vous dites de Leiris, parce que je suis en train de mettre au Monde une note concernant Biffures, - et ce que vous dites des Noyers de l’Altenburg, parce que la revue en a déjà parlé en plusieurs pages, il y a quelques mois (avec la même sévérité que vous d’ailleurs). J’espère que ceci ne vous contrariera pas. Il me semble que votre texte est exactement ce que la revue souhaitait : incisif, intéressant, plein dans sa brièveté. Si cela ne vous ennuie pas, ayez gentillesse de continuer. Erval vous a-t-il dit de ma part que nous avons des notes en préparation sur les Lettres de Rodez d’Artaud, Fureur et mystère de Char, Martinique de Breton, les deux livres de Blanchot (par Klossowski) et le petit dictionnaire stendhalien de Martineau, (je ne suis pas sûr pardon d’avoir cette dernière note), - sans [?] de vos Documents surréalistes ? Erval vous a-t-il dit aussi que, si vous avez lu Babel, nous aimerions beaucoup que vous en parliez. Naturellement, fixez vous-même la longueur de vos textes. Nous les souhaitons aussi grands que possible. Grand merci, et veuillez accepter, cher Nadeau, ma sympathie vive. Maurice Merleau-Ponty. PS : Je voudrais donner à l’imprimeur les derniers textes pour novembre dans huit jours, 10 au plus tard ».

LAS, lundi 1er novembre [1948] : « Cher Nadeau, Pardon de vous ennuyer encore ; auriez-vous mis à profit les deux jours de congé pour confectionner un papier pour les Temps Modernes ? Ce serait bien. Je dirais même que nous serions bien contents. En tout cas, soyez assez gentil pour téléphoner à la revue et dire si l’on doit, dans la mise en page qui sera faite au milieu de la semaine, garder de la place pour vous. Si j’avais votre papier lundi, je pourrais le calibrer et le faire composer directement sur les épreuves des pages. Merci. À bientôt ? Je vous prie de me croire amicalement à vous. Maurice Merleau-Ponty ».

1 000 €

411. MERLEAU-PONTY (Maurice). Signes.

Paris, Gallimard, 1960. 20,7 x 14,3 cm, broché, couverture crème imprimée, 435 pp., 2 ff. n ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 40 vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / en très amical hommage / Maurice Merleau-Ponty ».

200 €

205 412. MICHAUX (Henri). Au pays de la magie.

Paris, Gallimard, 1941. 18,9 x 11,8 cm, broché, couverture crème imprimée, 85 pp., 1 f. n. ch..

Rare édition originale.

Mention fictive de deuxième édition.

Ex-libris manuscrit. 50 €

413. MICHAUX (Henri). Epreuves, exorcismes 1940-1944.

Paris, Gallimard, 1945. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couv. imprimée, 126 pp., 1 f. n. ch..

Edition en partie originale.

Exemplaire du SP (après 8 vergé de Hollande, 30 vélin pur fil et 1 000 ex. reliés d’après une maquette de Mario Prassinos).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / amical hommage / H. Michaux ». 250 €

414. MICHAUX (Henri). Liberté d’action.

Paris, Fontaine, Coll. « L’Age d’or » dirigée par Henri Parisot, 1945. 14 x 11,2 cm, broché, couverture imprimée, 40 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 25 ex. h.c. sur vélin vert (après 25 ex. sur vergé d’Arches et 1 200 ex. sur vélin blanc).

Couverture de Mario Prassinos. 250 €

415. MICHAUX (Henri). Peintures et dessins.

Avec un avant-propos et des légendes extraites de l’oeuvre poétique de l’auteur.

Paris, Les Éditions du Point du Jour, 1946. In-8 (25,8 x 21 cm), broché, couverture noire rempliée, illustré de 43 peintures et dessins en noir et en couleurs imprimés en héliogravure, protégés par des serpentes de cristal légendées en rouge, chemise et étui de carton noir, étiquette de titre imprimée en noir sur papier rouge, non paginé [208 p.].

Édition en partie originale.

Tirage limité à 950 ex. num. sur papier de Rives B.F.K. : 7 avec un dessin original de l’auteur, 13 nominatifs et réservés à l’auteur et aux éditeurs, 900 ex. ordinaires et 30 ex. hors commerce (dont celui-ci).

Envoi autographe signé d’Henri Michaux : « à Maurice Nadeau / en amical hommage / Henri Michaux » contresigné par l’éditeur, René Bertelé.

Bel exemplaire. 1 500 €

416. MICHAUX (Henri). Apparitions.

Paris, Editions du point du Jour, Coll. « Le Calligraphe », 1946. In-8 (22 x 17 cm), broché, couverture rempliée, 64 pp., 2 ff. n. ch., 7 dessins hors-texte de l’auteur, étui d’éditeur.

Edition originale.

Un des 310 ex. num. imprimés sur vélin blanc du Marais (après 9 ex. sur Madagascar). 200 €

206 417. MICHAUX (Henri). La Vie dans les plis.

Paris, Gallimard, 1949. In-12 (18 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 246 pp., 2 ff. n. ch..

Édition en partie originale, les deux premières sections de l’ouvrage « Liberté d’action » et « Apparitions », ayant déjà été publiées en 1946.

Exemplaire du SP (après 13 Hollande, 43 vélin pur fil et 1 050 alfa Navarre en cartonnage éditeur).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / cordial hommage / H. Michaux ».

Prière d’insérer joint.

Ce recueil comprend les textes inédits suivants : « Portrait des Meidosems », écrit quelques mois après le décès de son épouse Marie-Louise, suivi de fragments écrits avant la mort de sa femme, « Lieux inexprimables » et un texte écrit ultérieurement « Vieillesse de Pollagoras ».

250 €

418. MICHAUX (Henri). Tranches de savoir.

Paris, Librairie Les Pas Perdus, Coll. « L’Age d’or » dirigée par Henri Parisot, 1950. 16,4 x 12,8 cm, broché, couverture imprimée, 71 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 1 200 exemplaires alfama numéroté (après 50 ex. sur Marais et quelques HC avec une gravure signée de Max Ernst).

Envoi autographe signé : « Trop de provisions ? / portez des paniers percés / à Maurice Nadeau / amical souvenir de / Henri Michaux ».

500 €

419. MICHAUX (Henri). Arriver à se réveiller. s. l. [Saint-Maurice d’Ételan], s. e. [Pierre Bettencourt], Coll. L’Air du Temps, s. d. [1950]. 19,3 x 12,5 cm, broché, couv. illustrée par P. B., 1 f. blanc, 43 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale achevée d’imprimer un jour de silence à la campagne et tiré à petit nombre pour la fleur de nos amis vers la fin du monde.

Envoi autographe signé de l’auteur sur le faux-titre : « Cordial hommage à Maurice Nadeau / cette petite mono- graphie / H. Michaux ».

Henry Michaux a barré la couverture illustrée. Très belle typographie.

Rare avec envoi. 1 200 €

420. MICHAUX (Henri). Nouvelles de l’étranger.

Paris, Mercure de France, 1952. 23,8 x 18,7 cm, broché, couv. imprimée en rouge, 93 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Un des 1 030 ex. imprimés sur vélin alfama, celui-ci un des 80 ex. hors commerce, après 21 ex. sur vélin pur Chiffon Johannot et 49 ex. sur vélin pur fil de Rives.

Bel envoi autographe signé sur la page de faux-titre : « Amicalement / à Maurice Nadeau / plus on voyage, moins on voit clair / L’étranger / Henri Michaux ».

450 €

207 421. MICHAUX (Henri). Invitation pour l’enregistrement de La Ralentie.

[début mai 1953]. LS d’1/2 p. au format in-8 à l’italienne.

Lettre signée adressée à Maurice Nadeau l’invitant à assister à l’enregistrement de La Ralentie de Henri Michaux, poème récité par Germaine Montero avec musique de Marcel Van Thienen le 9 mai [1953] au club d’essai de Radio- diffusion.

La Ralentie sera diffusée sur Paris IV (512m) le dimanche 31 mai [1953]. 150 €

422. MICHAUX (Henri). Face aux verrous.

Paris, Gallimard, 1954. In-12 (18,7 x 12,1 cm), broché, couverture imprimée, 241 pp., 3 ff. n. ch..

Première édition collective, en partie originale, sur papier d’édition (après 15 ex. sur Hollande et 45 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe de l’auteur : « A Maurice Nadeau, / soutien... des étrangers / avec la reconnaissance / et l’amitié de / H. Michaux ».

Prière d’insérer joint. 350 €

423. MICHAUX (Henri). Carton d’invitation pour l’exposition Peintures à l’encre.

Paris, René Drouin, 1954. Carte (13,5 x 10,5 cm), imprimée au recto.

Invitation, adressée à Maurice Nadeau, pour le vernissage de l’exposition « Peintures à l’encre » de Henri Michaux à la galerie René Drouin, le mardi 15 juin 1954.

50 €

424. MICHAUX (Henri). Lettre à propos de La Troupe et nous.

1er janvier 1955. LS d’1/2 p. au format in-8.

Lettre signée adressée à Maurice Nadeau à propos de « La Troupe et nous » qui paraîtra dans le n°25 des Lettres Nouvelles» en mars 1955.

LS : « 1.1.55 / Cher Maurice Nadeau, Voici le texte destiné aux L.N. Il ne doit pas paraître avant le 1er mars. Cor- dialement à vous, H. Michaux ».

150 €

425. MICHAUX (Henri). Leurs secrets en spectacle.

Écrit sur quelques dessins d’hommes singuliers. s.d. [1956]. Tapuscrit signé de 15 pp. sur 15 ff. volants, corrections et ajouts autographes, enveloppe d’expédition en papier brun au nom de Maurice Nadeau.

Tapuscrit original complet de 15 pp., signé en lettres capitales par Michaux, comportant des corrections et ajouts autographes et quelques annotations d’une autre main en préparation de la publication du texte dans les Lettres Nouvelles.

Cet important texte en quinze sections, essai poétique sur des dessins d’aliénés, parut pour la première fois dans les Lettres Nouvelles en 1956, sous le titre « Leurs secrets en spectacle ». Il fut repris sous le même titre, avec quelques modifications et ajout de trois nouvelles sections, dans Vents et poussières en 1962 puis en 1976 dans Les Ravagés.

1 500 €

208 426. MICHAUX (Henri). Quatre cents hommes en croix. s.l. [Saint-Maurice d’Ételan], s.e. [Pierre Bettencourt], 1956. 20,5 x 17,5 cm, broché, couv. rempliée imprimée en noir, 36 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale illustrée de hors texte de l’auteur, et magistralement mise en page par Pierre Bettencourt.

Tirage à 270 exemplaires numérotés.

Un des 260 sur vélin d’Arches (après 10 Japon nacré), celui-ci comportant deux dessins de Michaux.

Les exemplaires sur Japon de ce livre sont illustrés de trois compositions de Michaux. Les exemplaires sur Arches comportent habituellement un dessin, plus rarement un ou deux des deux autres hors texte figurant entre les pages 24-25 et/ou 32-33, Henri Michaux n’ayant pas souhaité que soient insérés dans le reste du tirage les dessins qui auraient été rognés.

Bel envoi autographe signé sur la page de faux-titre : « Pour confrontation / pour réflexion, / ce petit essai / à Maurice Nadeau / amicalement / H. Michaux ».

On joint : Lettre autographe signée à propos de Quatre cents hommes en croix. s.d. [début 1955]. LS d’1/2 p. au format in-4.

Lettre signée adressée à Maurice Nadeau à propos de 400 hommes en croix qui sera publié en volume par Pierre Bettencourt en 1956.

Le texte n’a pas été publié par les Lettres Nouvelles. Il semble qu’en remplacement, Henri Michaux donna « La Troupe et nous » qui parut dans le n°25 des L. N. en mars 1955.

Henri Michaux donna le texte « Les Ratureurs » qui ouvre le 1er numéro des Lettres Nouvelles paru en mars 1953.

LS : « Cher ami, Les 400 hommes en croix, promis à Saillet (ou un texte de remplacement : J’ai eu des ennuis avec les crucifiés) lui seront remis pour les Lettres Nouvelles très prochainement. Je n’oublie pas votre amical empres- sement dans de récentes circonstances et n’en suis que plus embarrassé dans celles-ci. Je veux espérer que la brouille annoncée ne durera pas. Très cordialement à vous, H. Michaux ».

1 500 €

209 427. MICHAUX (Henri). Lettre à propos de L’Infini turbulent et réponse de Maurice Nadeau.

27 septembre 1957 (cachet de l’enveloppe d’expédition) et s.d. [fin septembre - début octobre 1957]. LAS d’Henri Michaux d’1 p. au format in-8, enveloppe d’expédition, LAS de 2 pp. au format in-4, rédigée à l’encre bleue par Maurice Nadeau d’une écriture serrée.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau à propos de L’Infini turbulent, qui venait de paraître au Mercure de France.

LAS : « L’Infini turbulent touche à des tabous. Nul mieux qu’un minus ne le ressentira. L’esprit de la tribu l’éclaire (grand lettré des milliers d’autres minus.) Très justement il désigne le coupable : Vous. Celui qui à la foule montre, sans indignation, les tabous violés. Votre compte est bon, mon cher Nadeau, et pourtant vous gardiez pas mal de prudence... Votre / H. Michaux ».

On joint la lettre autographe signée de la longue réponse argumentée envoyée par Maurice Nadeau à Henri Michaux dont une partie sera publiée dans les Lettres Nouvelles en octobre 1957.

Un long chapitre consacré à Misérable miracle et L’Infini turbulent figure dans Serviteur ! Un itinéraire critique à tra- vers livres et auteurs depuis 1945 » (pp. 151-156), recueil de souvenirs de Maurice Nadeau publié par Albin Michel en 2002.

LAS : « Cher Henri Michaux, Vous ne m’avez guère laissé le temps de m’expliquer au téléphone, Et je ne désire rien tant que m’expliquer avec vous, ce que moi non plus je ne fais jamais à l’égard des personnes dont c’est mon métier de parler : on peut penser ce qu’on veut de mes écritures ça m’est égal, j’ai choisi une voie oui, bonne ou mauvaise, qui est de dire ce que je pense oui, et je m’y tiens, dût-on penser que je n’ai aucune qualification pour le faire, dût- on me prendre pour un imbécile. Je remplis une fonction sociale. Ce n’est pas moi qui l’ai inventée. Je veux dire que n’importe qui d’autre peut la remplir à ma place. Ce qui veut dire encore que vous ne répondrez pas à Maurice Nadeau mais si vous voulez à la compréhension, à l’imbécillité de la critique à votre égard.

Cher Henri Michaux, je vous respecte et vous aime infiniment, Mais si la critique a une fonction (ce que vous pouvez récuser) c’est justement de se défaire du respect et de l’amour pour dire les choses comme elle les voit, avec franchise est honnêteté, pour la simple raison qu’elle ne parle pas pour elle-même mais pour les autres. Je viens de relire mon article : ce que vous prenez pour de la suffisance (le ton cocorico!) aurait dû vous montrer les efforts que j’ai déployés pour me tenir justement en dehors de l’affectivité (qui m’aurait mené à l’acquiescement pur et simple, au compte rendu bénisseurs) et pour dire de votre texte ce qu’en dirait quelqu’un qui ne vous connaîtrait pas, qui le recevrait sans prévention favorable. Ce que vous appelez « le sale côté de mon caractère » (je pense qu’on a dû vous éclairer là-dessus) c’est précisément cet effort d’objectivité. Il est normal que cette objectivité blesse, à tout le moins agace, et laisse supposer des intention malveillantes. Dire à Breton qu’il est un mauvais poète en vers l’amène à vous répondre que vous êtes un sale individu. Dire à Camus qu’il se prend pour un nouveau Saint- Just c’est laisser parler son envie. Dire à Paulhan que son goût de la mystification recouvre de la lâcheté c’est le ranger parmi les contempteurs de la littérature etc. Il existe certes dans la critique un plaisir pervers de prendre en défaut, mais c’est un plaisir qu’on se paie quand l’oeuvre ne répond pas au personnage, quand le vrai personnage se révèle tel qu’il est à travers l’oeuvre et non tel qu’il se croit. C’est un plaisir qu’on ne peut pas se payer avec vous, non par respect ou amitié, mais parce que vous êtes bien tel que votre oeuvre vous me montre. Je n’en vois pas beaucoup de cette sorte : Beckett, Bataille, Leiris, on a vite fait le tour. Vous ne pouvez accuser que mon défaut de compréhension, d’ouverture, mes moyens limités, ma méconnaissance du sujet qui est bien normale puisque je parle de quelque chose que je ne connais pas, que je n’ai pas expérimenté, que je reçois de votre part à la façon de n’importe quel lecteur profane. Pourtant la franchise jusqu’au bout c’est moi qui pourrais vous accuser également d’incompréhension, de prévention : vous vous êtes laissé amener à me juger sur ma fonction qui est modeste, qui est d’intermédiaire, de journaliste. Passons : je n’ai pas assez d’importance pour demander qu’on me comprenne. Les gens ont d’autres chats à fouetter.

Cela dit, je reconnais que le ton de mon article est agaçant* (* non, plutôt agacé). Je ne me l’explique par le dessein que j’avais de montrer que dans l’Infini turbulent votre attitude à l’égard de la mescaline n’était plus celle que vous aviez dans Misérable miracle, ce que vous dites vous-même au début de vos nouvelles expériences, et non pas pour juger du bien-fondé de cette nouvelle attitude (je n’ai pas à la juger) mais pour montrer qu’elle n’est pas la même. Quand je dis que vous « gardez secrète » la connaissance que vous avez découverte, j’ajoute : « sans doute pour les meilleures raisons » (p. 510, 25e ligne). La où j’ai tort c’est de croire que cette vérité peut ressembler à celle qu’avait découverte Baudelaire, mais j’ajoute encore : « il pense qu’elle existe, qu’on peut s’en servir... il soulève un coin du voile... » c’est à dire que je ne pense pas à une défaite mais à une acquisition, à une victoire que « sans doute pour les meilleures raisons » vous désirez garder secrète. Le temps ici n’est pas celui du triomphe, de la prise en défaut, mais de la curiosité et peut-être aussi de l’effroi. Reste le rapprochement avec Baudelaire sur le démoniaque. Il peut faire croire, j’en conviens, à une assimilation rapide, trop rapide, mais alors là nous sommes victimes du vocabulaire : si vous définissez « à cinq reprises » le démon, Le mot est trop chargé d’un sens ancien pour que toute une mytho- logie ne revienne pas en trombe nous obscurcir l’entendement. C’est pourquoi aussi j’ai pris soin de donner une de vos opinions : « dédoublement, apparition de la surveillance que l’homme exerce sur lui... ». J’ai enfin conscience

210 de mon insuffisance quand j’? ma conclusion : « une solution trop simple ? » J’espère que vous n’avez pas cru que c’était la vôtre, mais la mienne, Celle que je propose, et donc je me rends compte dans un aveu d’un puissance qu’elle pourrait être en effet « trop simple ». Quand je termine sur « la meilleure connaissance » que grâce à l’Infini turbulent nous prenons d’Henri Michaux c’est bien pour suggérer que cet Henri Michaux est plus complexe que celui qui se montrait dans Misérable miracle et qu’une façon de s’opposer, de montrer son insoumission fondamentale consiste à s’opposer même à son opposition, à aller au-delà. J’arrête là mon plaidoyer. S’il ne vous convainc pas, qu’il vous persuade au moins de mes bonnes intentions dont je ne désespère qu’elles soient constamment trahies par l’expression. Fidèlement à vous, Maurice Nadeau ».

1 500 €

428. MICHAUX (Henri). La Psilocybine. (Expériences et autocritique).

Paris, Les Lettres Nouvelles, 1959. Plaquette in-8 (24 x 15,5 cm), agrafée, couv. blanche imprimée, 15 pp..

Edition originale constituée par le tirage à part à quelques exemplaires du n°35 de la revue Les Lettres Nouvelles.

Envoi autographe signé d’Henri Michaux au directeur des Lettres Nouvelles qui publia ce texte important sur les champignons hallucinogènes : « à Maurice Nadeau / cordialement / Henri Michaux ».

Nombreuses corrections autographes à l’encre.

2 200 €

429. MICHAUX (Henri). Connaissance par les gouffres.

Paris, Gallimard, Coll. « Le Point du jour », 1961. 19 x 14 cm, broché, couv. verte rempliée, 283 pp., 2 f; n. ch..

Edition originale du quatrième livre inspiré à Henri Michaux par l’usage de la mescaline.

L’un des 2 800 ex. num. sur bouffant Calypso Libert (après 21 ex. sur Hollande van Gelder, 66 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre), parmi ceux-ci l’un des 200 hors commerce.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / Ces recherches, / qu’il ne voit peut-être pas d’un très bon oeil / Amicalement / Henri Michaux ».

Bel exemplaire, complet du prière d’insérer. 750 €

430. MICHAUX (Henri). Le Merveilleux normal.

14 juillet 1963 (cachet de l’enveloppe d’expédition).Épreuves corrigées de 5 pp. sur 5 ff. volants, corrections et ajouts d’une main inconnue, enveloppe d’expédition et 2 LAS au format in-8 formant un ensemble d’1 p. 1/2.

Épreuves corrigées de ce texte analysant les effets du haschich et de la mescaline, qui paraîtra dans les Lettres Nouvelles en 1963 et sera repris en ouverture de Les Grandes épreuves de l’esprit (Gallimard, Coll. Le Point du jour, 1966).

Corrections et ajouts d’une main inconnue, placard encollé en p.3.

Annotation autographe signée en tête : « Revu par l’auteur / Henri Michaux ».

On joint la lettre autographe d’accompagnement adressée à Maurice Nadeau : « 14 juillet / Cher Maurice Nadeau, Voici les épreuves corrigées. J’espère que ce premier poème de ma recherche récit à découvert entraînera une plus prompte réalisation des suivantes. Merci de votre sympathie. Amicalement à vous et bonnes vacances. H. Michaux ».

On joint également une LAS datée du 24 avril 1965 en rapport avec la suite du Merveilleux normal : « 4 avril 1965 / Cher Maurice Nadeau / Voici la suite du « Merveilleux normal ». Cette étude vous intéressera-t-elle encore ? Est-elle intéressante ? J’attends quelques mots de vous à ce sujet. Très cordialement / Henri Michaux. Cette copie est la seule en bon état.... Qu’on ne l’égare pas ».

1 500 €

211 431. MICHAUX (Henri). Le Dépouillement par l’espace.

Paris, Extrait d’Hermès, 1964. Plaquette in-8 (22,7 x 16,3 cm), agrafée, couv. blanche imprimée, paginée des pp. [85] à 94.

Edition originale tirée à quelques exemplaires, constituée par ce tiré à part du deuxième cahier de la revue Hermès.

Bel envoi autographe signé d’Henri Michaux : « Où l’on est mené parfois / et ce qu’on peut en penser... / à Maurice Nadeau / amicalement / H. Michaux ».

La revue Hermès, sous-titrée « recherches sur l’expérience spirituelle », était dirigée par Jacques Masui. Il semble qu’elle connût sept livraisons entre 1963 et 1970. Elle faisait suite à une première série qui compte 11 numéros publiés entre 1933 et 1939, auxquels Henri Michaux collabora comme rédacteur en chef.

750 €

432. MICHAUX (Henri). Les grandes épreuves de l’esprit.

Paris, Gallimard, Coll. Le Point du Jour, 1966. 19,2 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 207 pp., 4 ff. n. ch..

Edition en partie originale.

L’un des 200 ex. hors commerce sur bouffant alfa (après 21 ex. sur vélin de Hollande van Gelder et 66 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / qui surveille / mes premières épreuves / de l’auteur / avec son amitié / et sa reconnaissance / Henri Michaux ».

Complet du prière d’insérer. 450 €

433. MICHAUX (Henri). Deux lettres à M. Nadeau concernant un appel au soutien d’artistes espagnols.

18 mai et 2 juin 1966. 2 LAS au format in-8 formant un ensemble de 1 p et 1/2, enveloppes d’expédition jointes avec cachet en date du 18 mai 1966 et du 2 juin 1966.

Deux lettres autographes signées à Maurice Nadeau concernant un appel au soutien d’artistes espagnols.

LAS : « Cher Maurice Nadeau, J’ai égaré le texte que vous m’avez envoyé. S’il s’agit d’aider quelques artistes espa- gnols écrasés, par une ??? exorbitante, je mettrai de côté une eau-forte pour la vente dont il est question. Si c’est de la politique, et une façon de m’y entraîner, rien à faire. Je suis contre et serai toujours satisfait de me faire, en y résistant, quelques nouveaux ennemis. Cordialement à vous, Henri Michaux / P.S. Absent jusqu’au 23 ».

LAS : « Sentiments embarrassés et contraires. Je ne donnerai pas la suite désirée à l’appel que vous m’avez trans- mis. Soyez remercié, cher Maurice Nadeau, d’avoir pris la peine de m’écrire une lettre détaillée; Amicalement à vous / Henri Michaux. ».

500 €

434. MICHAUX (Henri). Vers la complétude.

Paris, GLM, 1967. Plaquette in-8 (25,4 x 17,2 cm), brochée, couv. blanche imprimée, 30 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale achevée d’imprimer le 31 décembre 1966 par Guy Lévis Mano.

Un des quelques exemplaires hors commerce, marqués HC (après 60 vélin d’Arches et 935 sur offset Robertsau).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / cordialement / Henri Michaux ».

250 €

212 435. MICHAUX (Henri). Tempérament de nuit. s.l. [Paris], Nouvelle revue française, 1968. Plaquette in-8 (22,4 x 13,8 cm), agrafée, couv. blanche imprimée, 27 pp..

Rare tiré à part extrait du numéro 169 de la N.R.F..

Envoi autographe signé d’Henri Michaux : « ... / légèrement / un pavé / dans la mare analyste / à Maurice Nadeau / avec le souvenir cordial de / H. Michaux ».

750 €

436. MICHAUX (Henri). Façons d’endormi, façons d’éveillé.

Paris, Gallimard, Coll. Le Point du Jour, 1969. 16,6 x 12,5 cm, broché, couverture bleue, 243 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 36 ex. sur vélin de Hollande van Gelder et 76 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Très bel envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / Quelques trop petites expériences / ou plutôt observations, ou / plutôt réflexions, ou plutôt / bavardages / avec le cordial souvenir de / H. Michaux ».

400 €

437. MICHAUX (Henri). Idéogrammes en Chine. s.l. [Paris], s.e. [Club français du livre], s.d. [1971]. In-4 (21,2 x 19,5 cm), en feuilles, couv. blanche imprimée, XV pp..

Rare tiré à part du poème-préface donné par Michaux à « La Calligraphie chinoise » de Léon L.-Y. Chang.

Envoi autographe signé d’Henri Michaux : « Maurice Nadeau / en hommage / H. Michaux / tiré à part de « Calli- graphie chinoise » / de Chang / Club français du livre ».

750 €

438. MICHAUX (Henri). En rêvant à partir de peintures énigmatiques.

Montpellier, Fata Morgana, 1972. 21,5 x 12,5 cm, broché, couv. rempliée, 72 pp., 4 ff. n. ch..

Édition en partie originale.

Un des 1 200 sur vergé ivoire après 10 Japon et 60 vélin d’Arches.

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / ...encore un petit détour / avec le souvenir amical de / H. Michaux ».

300 €

439. MICHAUX (Henri). Misérable Miracle.

Paris, Gallimard, coll. « Le Point du jour », 1972. 18,8 x 14,2 cm, broché, couv. rempliée, 195 pp., 2 ff. n. ch..

Nouvelle édition revue et augmentée de ce volume consacré aux drogues hallucinogènes illustrée de 48 dessins hors texte de l’auteur.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « En hommage amical / à Maurice Nadeau / qui en a suivi les premières / interrogations / H. Michaux ».

300 €

213 440. MICHAUX (Henri). Bras cassé.

Montpellier, Fata Morgana, 1973. 21,5 x 12,5 cm, broché, couv. rempliée, 71 pp., 4 ff. n. ch..

Édition en partie originale.

Un des 1 500 sur vergé après 10 Japon et 60 vélin d’Arches.

Envoi autographe signé de l’auteur : « En hommage amical / à Maurice Nadeau / un bras / une observation / un raccord / H. Michaux ».

250 €

441. MICHAUX (Henri). Coup d’arrêt.

Paris, Le Collet de Buffle, 1975. Plaquette agrafée, 20,8 x 13,4 cm, couverture orange imprimée, non paginée, 8 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 515 ex. num. sur bouffant (après 60 ex. sur papier à la main du Moulin de Larroque).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / amicalement / H. Michaux ».

300 €

442. MICHAUX (Henri). Idéogrammes en Chine.

Montpellier, Fata Morgana, 1975. In-8 (24,5 x 13 cm), broché, couv. blanche à rabat imprimée en rouge et noir, non paginé, 24 ff. n. ch..

Edition illustrée de 7 planches et de vignettes, tirées en rouge.

Un des 1 160 exemplaires sur vergé, seul tirage après 40 Japon nacré.

Envoi autographe signé d’Henri Michaux : « à Maurice Nadeau / une incursion au loin / avec le souvenir amical / de Michaux ».

250 €

443. MICHAUX (Henri). Les Ravagés.

Paris, Fata Morgana, 1976. In-12 (20 x 14,5 cm), broché, couv. grise à rabats imprimée en rouge et noir, 89 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 1 240 exemplaires sur vergé, seul tirage après 60 Arches.

Envoi autographe signé : « Amicalement / à Maurice Nadeau / une maladive recommencée... H. Michaux ».

Note autographe au crayon de l’auteur : « Les pages 51 à 90 / sont de 1976 / les 1ères jusqu’à à la page 21 sont de 1971 / les autres + anciennes / ont été récrites ».

250 €

444. MICHAUX (Henri). Poteau d’angle.

Montpellier, Fata Morgana, 1978. 17,5 x 13,5 cm, broché, couv. rempliée, 70 pp., 5 ff. n. ch..

Édition en grande partie originale.

Un des 1 756 sur vergé teinté après 4 Auvergne et 40 vélin d’Arches.

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / avec le souvenir de / H. Michaux ». 250 €

214 445. MILLER (Henry). Miscellanea.

San Mateo, California, Greenwood Press, 1945. In-8 (20,4 x 13,5 cm), cartonnage éditeur illustré, 41 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Tirage limité à 500 exemplaires, tous signés par Bern Porter qui rassembla les huit essais d’Henry Miller.

Envoi autographe de l’auteur : « For Pierre Seghers [nom d’un précédent dédicataire barré] / Salute ! / Henry Miller / 3/1/49 / (Une édition de luxe / pour des collectionneurs) ».

Insolation en marge du cartonnage. Sans la carte holographe de Miller qui manque à beaucoup d’exemplaires.

Ex-libris manuscrit sur le premier feuillet de garde. 150 €

446. MILLER (Henry). Money and how it gets that way. As illustrated by Jack Wright. s.l. ,Ben Porter, 1946. In-8 (23,7 x 11,2 cm), broché, couverture illustrée, 45 pp., 1 f. n. ch..

Seconde édition, la première illustrée par Jack Wright.

Tirage limité à 500 exemplaires.

Ex-libris manuscrit. 100 €

215 447. MILLER (Henry). Correspondance adressée par Henry Miller à Maurice Nadeau.

152 documents, la plupart autographes signés, de divers formats datés du 28 mars 1947 au 9 septembre 1978.

Exceptionnelle correspondance constituée de 152 documents rédigés en français, anglais et parfois dans les deux langues adressés à Maurice Nadeau, sa femme Marthe et/ou ses enfants Claire et Gilles : 103 lettres autographes signées, 17 lettres signées, 3 tapuscrits (What India means to me (tapuscrit corrigé), Préface à Rim- baud, From a letter to Dante Zaccagnini by John Cowper Powys), 24 cartes autographes signées, 1 télégramme, un programme musical annoté, 1 carton annoté et 2 coupures annotées.

Une grande partie de cet ensemble de 244 pages fit l’objet d’une publication en français (Henry Miller, Lettres à Maurice Nadeau 1947-1978, Buchet Chastel, 2012).

Cependant notre ensemble contient 19 documents inédits (16 LAS, 2 cartes signées et 1 programme annoté). De surcroît 40 documents intégralement rédigés en anglais, souvent parmi les documents les plus copieux et intéressants, n’ont été publiés qu’en français (22 LAS, 12 LS, 2 cartes, 2 tapuscrits, 2 coupures annotés). Il en est de même pour 9 autres documents rédigés dans les deux langues.

Plus des trois quarts des documents datent de la fin des années 40 au début des années 60, période de grande activité littéraire d’Henry Miller et de collaboration avec Maurice Nadeau.

Éminent critique littéraire, directeur éditorial et éditeur, Maurice Nadeau (1911-2013) fut tout d’abord lecteur de l’oeuvre d’Henry Miller découverte lors de la publication de Tropique du Cancer, chroniqueur de ses écrits dans diverses revues dont Combat, fondateur en 1947 du comité de défense de l’écrivain face à la censure, son éditeur en français (notamment de deux volumes de la trilogie de La Crucifixion de la rose, Plexus et Nexus, inter- dits aux États-Unis (Maurice Nadeau rédigera également la postface à la réédition de Sexus au Cercle du Livre précieux en 1963) et du Monde su sexe en 1952) et un ami proche et fidèle ainsi qu’un confident (Henry Miller séjourna chez Maurice Nadeau pendant plusieurs semaines à l’occasion de son voyage en Europe en 1953).

Nous ne pouvons donner qu’un aperçu de cette copieuse correspondance abordant de nombreux sujets :

- La littérature (Sade, Hemingway, Nerval, Rimbaud, Hamsun et surtout Flaubert (l’étude que lui consacra Maurice Nadeau plût énormément à Miller)) ; - son oeuvre littéraire et la publication de ses livres en français (en sus d’éditer bon nombre de livres de Miller en français, Maurice Nadeau publia des textes de Miller en revue, dans Les Lettres nouvelles notam- ment, et fut toujours consulté avant la publication de livres chez d’autres éditeurs français) ; - la censure aux États-Unis et les démêlés d’Henry Miller avec la justice américaine, - son avis sur des sujets sociétaux ; - le travail graphique de l’écrivain (aquarelles) ; et - sa vie sexuelle et personnelle (rencontre avec Eve McLure, ses enfants, séparation et décès d’Eve, ...).

Première lettre à propos du Comité de Défense de Henry Miller, LAS (5 pp. in-4) : « Big Sur, California March 28th 47 My dear Maurice Nadeau - André Breton has just put in my hands the latest news about the « Comité de Défense », which gave me a definitive thrill. It seems to me that I owe you an apology for never having written you to express my deepest appreciation of your valiant efforts concerning this issue. I have no doubt that you are the « genius » behind this formidable bulwark of names. There is always one, it seems, who assumes responsibility and takes action - the spark which ignites the flame. I realize too that you are the sort of man who takes a stand and gives challenge regardless of the personality of the « victim ». It is for this reason I feel even more grateful to you... ».

What India means to me (tapuscrit corrigé, 5 pp. in-4, 23 septembre 1948) : « From childhood there have been two countries I have always longed to visit - India and China... ».

A propos de l’écriture de Books in my Life, LS (4 pp. in-4) : « For Maurice Nadeau / Big Sur, California February 24th 1950 / Dear friends, The enclosed list, representing both books I have read in the past and wish to reread as well as books I have never read but wish to get acquainted with, comprises those books I would like to add to my library. I say « need » them, because I am in the midst of writing a book about books [The Books in my life] : just to thumb some of these titles would stimulate me no end... ».

216 A propos de Sexus, LS (3 pp. in-4) : « Big Sur, California March 7th, 1950 ... About Sexus... Sometimes I have to laugh when I read people’s reactions to my « excessive » use of sexual experience. Your question as to my purpose in this connection demands a fair and frank answer. In the autobiographical narratives I have no purpose! I am simply relating my life story - the truth about myself, as best I can - leaving it entirely to the reader to draw his own conclu- sions. If there seem to be superabundant sex episodes, it is because the period I write of was replete with them. When I come to other aspects of my daily life, I give them fully too. (Right now I am writing a book about my expe- rience with books - no sex in it. I have read hardly a dozen « pornographic » or « obscene » books in my life). But do not overlook, when reading this volume, or of the Tropics, that the periods covered embrace a number of years. If you add up these sexual bouts you will find that they are not proportionately big. And another thing - when I talk about sex I am talking about sex, not about love necessarily though the two are not always divorced. We have plenty of classic antecedents for this frank treatment of the subject... ».

Concernant l’influence de John Cowper Powys, LS (2 pp. in-4) : « Big Sur - March 9th, 1950 / My dear Maurice Nadeau : A letter from Girodias received the other day, in which he speaks of the reactions or lack of reaction ! of the critics to Sexus, impels me to quote certain passages from the Preface to a book I read long ago (Visions and Revi- sions) - it was published in 1915. The book is by a man who influenced me greatly, and whom I have paid tribute in this new book I am working on. His name is John Cowper Powys (Welsh, now living again in Wales). Here, then, are some excerpts from the Preface. They may appeal to you - and possibly to some of your readers... ».

Au sujet de la censure, LAS (6 pp. in-4) : « 5/12/51 my dear Nadeau - Congratulations on your renewed effort to combat the censor ! I read the letter to the judges of Nancy in « Combat ». A bookseller - or rather a large import and export firm - in Holland informed me recently that all the « banned » books can be read easily and openly in Holland - exportation from France is permitted. Holland will publish « Tropic of Cancer » in Dutch very soon ; Germany like- wise. Sweden is contemplating publishing Black Spring (Printemps noir). France will look ridiculous if these Puritani- cal countries bring out translations of the suppressed books. I hear that Céline has been « amnistié » and will return to France soon. Good news ! Very sorry indeed to hear that Seghers has abandoned the idea of publishing « The World of Sex ». You must read it soon. I think it might (?) be strategic to publish it before « Plexus » comes out. You will see what I mean when you read it ». 217 Rencontre d’Eve McLure, LAS (1 p. in-4) : « Big Sur 4/20/52 Mon cher Nadeau - Bonnes nouvelles ! Tout a changé pour le mieux, sur tous les plans. Primo, j’ai trouvé une femme adorable, belle et douce qui m’adore - c’est la soeur de Louise Schatz, la femme de Lillik Schatz. Pur hasard. Je suis comme un être nouveau... ».

Au sujet de Plexus, LAS (1 p. in-4) : « 5/15/52 My dear Nadeau - Six copies of « Plexus » have just come. Delighted with the format and presentation. Am reading it slowly and savouring it. So far, no serious mistakes. The translation may not be « géniale », as you put it, but seems very sound, thorough and considerate of the original. I am enjoying the reading of it. More of all this when I terminate the reading. You spoke of the photos I sent you. Unless I specifi- cally requested certain ones to be returned to me, why not keep them. I like the one you chose for the jacket. (The book as it now looks, reminds me of the first Paris edition of « Ulysses »). What I would like of you is a few clipping (reviews) of « Plexus », « Le Monde du sexe » and the « Rimbaud » (Mermod), if you can think to send me any from time to time... ».

Retour aux États-Unis et réflexions amères sur la société américaine, LAS (6 pp. in-4) : « De Berkeley, California 1er août 1953 cher Maurice - Le voyage de Paris à N.Y. a duré 28 heures exactement, et de N.Y. à San Francisco 16 heures. [...] Je suis dépaysé. Rien ne me plaît ici. Tout me semble hideux et ennuyant. Ce n’est pas le « Cimetière marin » mais un cimetière d’âmes. C’est fou la différence entre les deux continents. La misère ici vient du vide, chez vous des raisons matérielles, ou réelles. Rien n’est réel ici. Et les gens les mieux situés - mieux payés - sont les plus misérables. [...] Je suis tellement plein de dégoût pour mon pays que je ne peux guère attendre d’écrire. Depuis le « Cauchemar climatisé », écrit en 1942, les américains ont avancés (sic) vers un néant inimaginable. C’est hallu- cinant ce rythme accéléré ! Et très mauvais signe. [...] La propagande (américaine) a inoculé tout. C’est une chute universelle. J’appartiens, moi, plus que jamais, à une autre époque - celle de Emerson, Thoreau et Whitman... ».

A propos de Rimbaud, LAS (1 p. in-4 + tapuscrit de 6 pp. in-4) : « Big Sur 5/24/55 Mon cher Nadeau. Je vous envoie ci-inclus une préface que je viens d’écrire pour une nouvelle édition américaine (New Directions) de mon « Rimbaud » [...] J’aurai un petit livre (150-200 pages) achevé à très bientôt, sur ma vie à Big Sur. Il me passionne. Titre : « Big Sur et les oranges de Hieronymus Bosch » (Les oranges de son « millenium », bien sûr!)...» + « It was just a hun- dred years ago last October that Rimbaud was born; In France the centenary was celebrated in spectacular fashion. Celebrated writers the world over were invited to make the pilgrimage to Charleville, his birthplace. [...] Aside from A Season in hell and the Illuminations, only a small number of his poems have found their way into our language. Even these few translations reveal a wide and inevitable variety of interpretation. Yet however difficult and unseizable his style and thought may be, Rimbaud is not untranslatable. To do his work justice is another matter. In English we have yet to produce a poet who is able to do for Rimbaud what Baudelaire did for Poe’s verse, or Nerval for Faust, or Larbaud and his collaborators for Ulysses. I should like to make it clear that this little study, written ten years ago, is the outcome of a failure to translate, in the fashion intended, A Season in Hell. I still nourish the hope of rendering this text in a language more proximate to Rimbaud’s own « nigger» tongue... ». 218 Au sujet des Livres de ma vie, LAS (1 p. In-4) : « 7/2/57 Cher Maurice - Gallimard m’a exdié premier ex. de « Livres de ma vie » et j’étais jubilant de voir dans l’appendice la liste des « Livres lus ». Je l’ai écrit (Gaston G.) immédiate- ment exprimant ma reconnaissance. D’ailleurs je ne vois pas d’erreurs (!) dans cette liste tandis que dans le texte y en a bien assez. Quand nous étions chez vous je vous ai fait cadeau d’un petit carnet où j’avais commencer (sic), à la main la transcription des titres et noms d’auteurs qui figurent dans cette liste. Si vous n’avez pas peur que ce carnet soit volé ou perdu, je voudrais bien voir - dans un hebdomadaire littéraire où l’on ferait une critique du livre - un photostat ou deux des pages bien « scribouillées » de ce carnet. Est-ce possible ? Ou est-ce que vous êtes l’ennemi de Gallimard ? [...] On m’a nommé, élu, un membre honoraire de « The Institute of Arts and Letters » à New York City. Organisation unique en son genre aux E. U.. C’est la fin de Henry Miller, renegade et vaurien, quoi ! ... ».

Préparation d’une édition complète de ses oeuvres en français, LS (2 pp. in-4) : « To Maurice Nadeau, Paris (regarding plan of definitive edition) June 23, 1964 Dear Maurice, This is in English, as my head is swimming with details. I have been studying the bibliographies of my work which list my books in chronological order - the English language titles, that is; as for the French and other translations these are very incomplete, but I assume I know the order in which the French versions of my books appeared. [...] As best as I can say now here are the items which never were translated into French : 1. What are you going to do about Alf (a plaquette) 2. Scenario (plaquette) This was broadcast over the Radio Paris late 1952, if I remember right. 3. Money and how it gets that way (plaquette) 4. Max and the White Phagocytes differs in contents from the French versions. 5. Hamlet in French is somewhat abridged, by content of Fraenkel and myself. 6. The Cosmological Eye was an American adaptation of Max and the White Phagocytes, but does not correspond with the Max book entirely. 7. The World of Sex : I have photostat pages of the original printed version (in English) which is heavily corrected. Looks like a Balzac ms. May be useful as illus- trative material. 8. Aller Retour New York : there were two French versions, I believe; the first one was « édulcorée ». Be sure to use the integral, corrected version. 9. Wisdom of the heart : French contents differ from the English. 10. Sunday after the war : same thing. ... ».

Préface de Maurice Nadeau à l’édition illustrée de Sexus, LS (2 pp. in-4) : « Dec. 14, 1965 Cher Maurice [...] It was about five or six weeks ago that I finally received a copy (through Dr. Hoffman) of that de luxe illustrated edition of Sexus published by the Cercle du Livre Précieux. And for the first time I saw your Preface to it. What a pity that I did not know of your Preface before this, so that I could thank you. It was most excellent and gave me a thrill to read it. (I had to smuggle the book in through a friend working for Air France - what a joke!). [...] However, I do get a few things done, though no books (I have still to finish vol. 2 of Nexus.) When I can I paint water colors. [...] Recently I wrote a long introduction for a new edition of George Grosz’ Ecce Homo - remember that shocking album of drawings ? ... ».

219 A propos du Gustave Flaubert de Nadeau, LS 2 pp. in-4 : « April 6, 1972 Cher Maurice - [...] Writing you at length about Flaubert book. Am still intoxicated by the music of it. I think I ought to send you the copy I read so that you may see, from my markings, underlinings and exclamations and so on just how much I was excited in the reading of it. I don’t think I shall ever be able to express my amazement and admiration adequately. [...] I may have chance to review it for the Los Angeles Times, which is not the greatest newspaper in the world, but does command some attention. If not I shall try the N.Y. Times where the door always seems open to me (latterly, at least). [...] The book is really overwhelming, perhaps because it is exactly the kind of work I wanted to do with D. H. Lawrence and failed so miserably. [...] Before I go on with my eulogies I think I should relate an incident connected with Flaubert when I was working in my father’s tailor shop... A man called Bowder [...] owed my father a petty sum [...] wanted to offer [a book] in payment of the debt. What was the book ? Bouvard et Pecuchet. He asked me if I had ever read anything of Flaubert’s; I told him I had read Un coeur simple, Madame Bovary and Salammbô. He then began to explain the importance of Bouvard et Pecuchet warning that I might find it dull, stupid, nonsensical and so on, but that I was not to be deceived, that there was a great significance to this seeming nonsense. [...] Now, after the wonderful things you write about this great work, I must read it. ... ».

A propos de la mort, sa grande amitié pour Maurice Nadeau, sa nouvelle compagne chinoise et Knut Ham- sun, LAS, 5 pp. in-4 : « Oct. 8th 1972, Cher Maurice - I am finally going to the hospital on the 14th of this month and will be there two weeks. [...] I think that as I get older I am getting more simple minded. The imminence of death is a very salutary thing. [...] I think I told you that I am deeply in love with another oriental woman, a mature one, lovely to look at, and possessing all those qualities I love in the oriental woman [...] I don’t know why I tell you all this but I feel like pouring my heart out to you. I feel I neglected you very much. I can never get over the feeling of gratitude for all you and Marthe did for me. You especially, at a time when you did not know me in the flesh. It’s rare to have a friend like you - even once in a life time. [...] For the 6th or 7th time I have just reread Hamsun’s « Mysteries » and again, 50 years after first reading him (his « Hunger ») I confess I would still love to be able to write like him. There are many greater writers than he, but he is my man, my writer. Curious, n’est-ce pas ? ... »

On joint :

Maurice Nadeau - The Greatness of Flaubert, New York, The Library Press, 1972. Edition originale américaine, exemplaire annoté par Henry Miller et dédicacé par lui à Maurice Nadeau (cf. lettre du 6 avril 1972).

Un ensemble de lettres adressées aux Nadeau :

- Eve Mc Clure, compagne d’Henry Miller de 1951 à 1962 : 2 lettres autographes signées (1 inédite), 5 lettres signées (1 inédite) et 1 carte autographe signée à Maurice Nadeau et sa femme Marthe.

- Anaïs Nin : 1 lettre autographe signée inédite à Maurice Nadeau. - Ridgeley Cummings : une lettre signée, une lettre carbone et une coupure de presse - Des lettres signées de David Ray (1), Kathryn Winslow (1), Gérald Robitaille (1) et F.-J. Temple (1).

Un ensemble de photographies en tirage d’époque en noir et blanc :

- 7 photographies prises à l’occasion du voyage de Miller en France en 1953 : 1. Marthe, Maurice, Eve et Henry, 18 x 13 cm, Astra Press Service Photo, 2. Man Ray, Milton Mezzrow et Henry Miller, 18 x 13 cm, Astra Press Service Photo, 3. Eve et Henry, 18 x 13 cm, Astra Press Service Photo, 4. Marthe, Maurice, Eve et Henry, 28 x 18 cm, Astra Press Service Photo, 5. Eve et Henry à table, 22,2 x 18 cm, Interpress, 6. Eve et Henry dinant dans l’appartement prêté par Nadeau, 24 x 18,3 cm, 7. Eve, Valentine, Tony et Henry en bateau mouche sur la Seine, 24 x 18,3 cm.

- 6 photographies de Valentine et Tony, les enfants de Henry Miller (3 photographies annotées par Miller au verso). - 2 photographies d’Eve McLure, 10,3 x 10,3 cm. - Une photographie carte de voeux représentant Emil White, annotation signée au dos d’Henry Miller : « Photo de Emil White devant sa cabane à Anderson Creek (Big Sur) où il a son «galerie d’art» à lui. Il paraît bien sérieux ici. HM ».

68 000 €

220 448. MILLER (Henry). Blaise Cendrars.

Paris, Denoël, 1951. In-4 (28,5 x 22,5 cm), broché, couverture rempliée illustrée, 71 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale française.

Traduction de François Villié.

Un des 1 000 exemplaires numérotés sur pur fil Johannot, celui-ci non justifié (seul tirage après 10 ex. sur Auvergne).

Portrait de Blaise Cendrars par Rièra en frontispice, couverture illustrée par Orfeo Tamburi.

On joint le bulletin de souscription. 150 €

449. MILLER (Henry). The Children of the earth.

La Ciotat, 17 février 1953. 27 pages et demie rédigées à l’encre bleue au recto de 28 feuillets de 21,5 x 17,2 cm extraits d’un cahier à spirale.

Manuscrit autographe signé, de premier jet, comportant des corrections, inédit dans sa version originelle en anglais, rédigé par Henry Miller lors de son voyage en France en 1953 et plus précisément lors de son séjour chez Michel Simon à La Ciotat.

Cet essai comparant les sociétés américaine et française fut publié en français par Maurice Nadeau en avril 1953 dans le n°2 des Lettres Nouvelles sous le titre « Les Enfants de la terre ».

Le texte était précédé d’un avant-propos de Maurice Nadeau : « Henry Miller, qui n’a rien écrit depuis près de 2 ans, nous a fait parvenir, de la Ciotat, où il se trouvait le mois dernier, Les Enfants de la terre. Il a écrit le texte spéciale- ment pour Les Lettres Nouvelles. Nous le remercions pour cette preuve d’amitié. »

Cet essai parut en anglais, dans une version différente du texte originel, résultant probablement d’une retraduction en anglais du texte publié en français dans Les Lettres Nouvelles, à l’automne 1958 dans la revue « Prairie Schooner », éditée par University of Nebraska Press (Vol. 32, No. 3 (Fall 1958), pp. 161-169).

15 000 €

221 450. MILLER (Henry). Defence of the freedom to read / Forsvar for lesefriheten.

A letter to the Supreme Court of Norway. In connection with the ban on « Sexus » (« The Rosy Crucifixion »).

Oslo, J. W. Cappelens, 1959. Plaquette in-8 (21,3 x 13,2 cm), agrafée, couverture imprimée, 26 pp..

Edition originale bilingue (anglais et norvégien) de la lettre de défense adressée par Henry Miller à Mr Trygve Hirsch, son avocat norvégien dans l’Affaire « Sexus ».

Le 10 mai 1957, le procureur général d’Oslo ordonna la confiscation du livre Sexus en raison de l’obscénité de son contenu et le 17 juin 1958, deux libraires furent reconnus coupables de distribution du livre.

Carte de visite de l’éditeur avec mention autographe : « At the request of Henry Miller ».

Légère insolation en tête de la couverture.

Ex-libris manuscrit sur la couverture. 250 €

451. MILLER (Henry). Jours tranquilles à Clichy [Quiet days in Clichy].

Paris, Eric Losfeld, Le Terrain vague, 1967. In-12 (18,4 x 12 cm), broché, couverture illustrée, 140 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale française (pas de grand papier).

Traduit par Gérald Robitaille.

Très bel envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / J’ai ri comme un / fou en lisant ce / livre en français. / J’espère que vous / allez l’aimer autant / que moi. / Henry Miller / Paris : 28/10/67 / Et - à bientôt ! ».

L’édition originale en anglais, de ce roman narrant les aventures de deux jeunes écrivains fauchés expatriés dans le Paris des années 1930, a paru en 1956 chez Olympia Press illustrée de photographies de Brassaï.

750 €

222 452. MINET (Pierre). Lettre à propos de La Porte noire.

10 juin 1946. LAS de 1 p. 1/2 au format in-8, enveloppe.

Lettre autographe signée envoyée à Maurice Nadeau à propos de sa chronique de La Porte noire parue dans Com- bat le 24 mai 1946 sous le titre « Vaincre le désespoir (Fréminville, Minet, Bernanos, Legrand) ».

LAS : « 17 rue Saint Romain VIème / 10/6 Cher Maurice Nadeau / Votre lettre me parvient ce matin ici. En l’écrivant vous avez certainement imaginé le plaisir qu’elle me causerait. En fait, elle constitue pour moi un encouragement majeur. Je souscris entièrement aux critiques que vous maintenez. D’une certaine manière, la Porte noire est en effet un livre indéfendable. Je ne me chargerais pas ainsi si je n’avais de quoi me racheter à vos yeux. L’ouvrage auquel je travaille actuellement et qui est déjà assez avancé évoquera aussi littéralement, aussi fidèlement que possible l’époque dont vous vous êtes fait le défenseur. J’aimerais beaucoup vous le soumettre. Mais il est manuscrit, je devrais vous le lire et cela peut-être nous entraînerait trop loin. En tout cas, je serais extrêmement heureux de bavar- der un moment avec vous. Je compte rester une huitaine de jours à Paris. Si vous croyez pouvoir m’y rencontrer voulez-vous me fixer rendez-vous ou m’indiquer le moyen de vous joindre par téléphone. Croyez-moi, cher Maurice Nadeau, très amicalement vôtre. Pierre Minet ».

75 €

453. MODIANO (Patrick). De si braves garçons.

Paris, Gallimard, 1982. 20,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 196 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 32 vélin d’Arches).

Envoi autographe de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / en cordial hommage / Modiano ».

Bande conservée. Petit déchirure en quatrième de couverture. 200 €

223 454. MONNIER (Adrienne). Trois lettres à Maurice Nadeau. du 2 février 1952 au 3 mai 1953. 3 LAS au format in-8 formant un ensemble de 4 pp., une enveloppe conservée.

Trois lettres autographes signées envoyées à Maurice Nadeau de février 1952 à Mai 1953.

Dans la première, elle le félicite chaleureusement pour son excellente étude sur Paul Léautaud parue dans le Mer- cure de France. Dans la seconde, elle le remercie pour l’envoi de son livre Littérature présente qui venait de paraître chez Corrêa : « Aucun critique ne me paraît, autant que vous, plus et mieux présent à la Littérature du Présent. Votre étude sur la nouvelle littérature [...] est un chef-d’oeuvre ». Dans la troisième, elle évoque un rendez-vous prochain avec Julliard.

LAS : « 2 février 1952 / Cher ami / J’ai lu et relu votre étude sur Léautaud dans le Mercure; je la trouve si satisfai- sante qu’il faut que je vous le dise. C’est de la bonne, de l’excellente critique, c’est compétent, consciencieux et continûment bien pensé. Je ne vois pas qui, de bien loin, aurait pu faire une telle mise au point. Saillet a dû vous dire que j’avais été très malade. Maintenant, ça va presque tout à fait bien. J’aimerais beaucoup vous voir, votre femme et vous. Je suis chez moi tous les mercredis après-midi, de 4 à 7. Si Marthe ou vous ou vous deux passiez rue de l’Odéon, ce serait bien gentil de venir me dire bonjour. Bien amicalement à vous deux. Adrienne Monnier ».

LAS : « 13 juin 1952 (oui un vendredi 13) / Cher ami / Je suis bien en retard pour vous remercier de l’envoi de votre livre. Et pourtant j’aurais voulu tout de suite vous dire la joie que j’ai eu en recevant ce magnifique exemplaire de luxe. Vous m’avez gâtée. Je ne dirais pas avec la modestie requise : je n’en suis pas digne. On est toujours digne des cadeaux qu’on reçoit, la pensée amicale qui les inspire vous ennoblit, même si on ne les mérite pas tout à fait. Avant de vous écrire, je voulais lire et relire. Quelle bonne surprise, d’abord que la préface : qui est un vrai manifeste, qui exprime tant de grandes et bonnes vérités - certaines vraiment neuves ! - vous y fait apparaître votre personne avec une modestie admirable et - là je vais vous taquiner - avec un mysticisme qui, d’ailleurs, s’exprime pleinement dans le dernier paragraphe. Ah! « il faut décidément se méfier de tous les mystiques ». Moi, je ne me méfie pas. Le mysticisme étant l’identification de soi avec le bien que l’on conçoit, il est naturel qu’un vrai critique soit plus ou moins mystique. Donc, bravo pour la ferveur et bravo pour l’éloquence qui la sert! Le Fénéon complète à maints égards les vues de la préface. Naturellement, j’ai souffert en trouvant Sade en tête du volume, mais ça, c’est une question personnelle. Le titre de votre livre vraiment heureux. Aucun critique ne me paraît, autant que vous, plus et mieux présent à la Littérature du Présent. Votre étude sur la nouvelle littérature (À propos du livre de Gaëtan Picon) est un chef-d’oeuvre. Il me paraît difficile, en dehors de ces deux ou trois pointages, de détacher tel ou tel de vos chapitres et de vous dire que je les préfère à tel ou tel autre. Ils me paraissent tous excellents, tous issus d’un jugement probe, étendu, humain - parfois un peu trop dur (comme pour Romains) ou un peu trop bon (comme pour Pichette). Mais il est dans les fonctions d’un grand officier du Présent de pousser en arrière les pères et les grands-pères pour faire plus de place aux enfants. Je vais tâcher de partir en vacances un peu avant la fin du mois, car je suis encore fati- guée et mal remise des « peintres ». Ne viendrez-vous pas goûter ce mercredi avec Marthe ? On pourrait faire un thé dînatoire. Venez vers six heures, ou 7, comme ça vous arrange. Bien affectueusement à vous deux. Adrienne Monnier ».

LAS : « 3 mai 1953 / Cher ami, Je préfère vous porter ce mot en me baladant, car ma concierge n’est généralement pas là l’après-midi. Je serai ravie de voir Julliard ce mercredi, à 4h 1/2, surtout si vous êtes avec lui ; en tête-à-tête m’intimiderait - bien que nous ayons les mêmes idées sur Mariotti. Votre présence ne mettra beaucoup mieux à l’aise. Contente d’apprendre que le numéro ne marche pas mal. Bien sûre, je suis en plein travail, je ne fais que ça. Bien amicalement à vous et à Marthe que j’embrasse ainsi que les enfants. Adrienne Monnier ».

300 €

455. MORIN (Edgar). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

1er juin au 9 janvier 1971. 3 LAS formant un ensemble de 6 pages au format in-8 la première sur papier à en-tête du Centre d’études sociologiques, la dernière sur celui de l’École Pratique des Hautes Études.

Trois lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau à propos de réflexions sur une brochure de Ray- mond Queneau et concernant Franco Fortini et ses amis italiens intellectuels marxistes, Le Vif du sujet paru au Seuil en 1969 et concernant la chronique faite par Jean Chesneaux dans la Quinzaine littéraire du Journal de Californie paru en 1970 au Seuil.

LAS à propos de réflexions sur une brochure de Raymond Queneau et concernant Franco Fortini et ses amis italiens intellectuels marxistes : « 1er juin / Cher camarade, Voici les réflexions que m’avait inspirées la brochure de Queneau il y a quelques mois. À les relire, je les trouve trop générales, assez formelles, et même un peu injustes. Les exigences encyclopédiques que j’y formule sont évidemment fondées, mais leur caractère un peu hautain porte un certain danger d’idéalisme - si j’avais donc à récrire sur ce sujet, je corrigerais le stratosphérisme, le moulin-à- ventisme, le super-sonisme. Autre chose : je suis en rapport avec une équipe d’»intellectuels» italiens marxistes ? (indépendants, P.S.I., P.C.F.) qui édite un bulletin appelé Ragionamenti (ou a paru mon topo). Ils discutent beaucoup 224 sur ce thème cher à la transalpinité qu’est « politique et culture ». Ils ont suscité une polémique dans Avanti, Contem- parenes, et il y a des articles intéressants dans Nuovi Argumenti. Je crois. La déstalinisation leur a donné un nouvel élan (ils ne l’avaient pas attendue) il y a un article de Guarducci sur le stalinisme dans Nuovi Argomenti, des articles de [Franco] Fortini, etc. intéressants. Peut-être trouveras-tu utile dans les L.N. de faire un sort à ce mouvement d’idées, soit par un article d’ensemble sur leur attitude, soit en publiant un ou certains de leurs articles. J’ai une partie de la docum. chez moi. Si tu veux, Je te la déposerai. Fortini sera Paris le 11 12 juin, et ça vaudrait le coup que tu puisses le voir (à mon avis). Cordialo Edgar Morin ».

LAS concernant Le Vif du sujet paru au Seuil en 1969 : « 7/6/69 mon cher Maurice, tu reçois très bientôt mon livre « Le vif du sujet », et je t’en parle, d’une part parce que c’est celui de mes livres qui a la plus grosse importance pour moi, d’autre part pour un problème de temps. Primo donc : je souhaiterais que tu le lises toi, et que, si tu trouves qu’il a de l’intérêt, évidemment que tu en parles*, puisque tu as publié Autocritique [Julliard, Coll. Lettres Nouvelles, 1959] et fait le premier article sur L’Homme et la mort [Éditions Corrêa, 1951]. C’est à dire les deux ouvrages dont Le Vide du sujet procède directement. Secondo : j’ai très peur qu’un article sur mon livre paraisse en juillet août, et bien sûr, je voudrais avoir un article avant le 1er juillet. Je vois la difficulté suprême d’associer mes deux souhaits... Enfin je te demande au moins ceci : lis moi. Pour le reste tu verras. Amitié Edgar Morin / * c’est à dire écrire / PS Rappelle-toi que je suis voisin de Quinzaine ».

Virulente LAS concernant la chronique faite par Jean Chesneaux dans la Quinzaine littéraire du Journal de Californie d’Edgar Morin paru en 1970 au Seuil : « 9/1/71 Bonjour Maurice Je voudrais ajouter quelques préci- sions à l’article de Chesneaux qui me concerne. Chesneaux a bien vu que c’était une étrange coïncidence qui faisait que de nouveaux Tocqueville comme l’ancien pasteur en ? dans des fins mystificatrices et réactionnaires, et il m’a bien démasqué comme un direct continuateur de Tocqueville. Toutefois, il aurait pu aller plus avant et se rendre compte que j’avais été derechef payé par la CIA pour faire ce travail. Je dois reconnaître que l’impitoyable lucidité de Chesneaux, en ne retenant de mon livre que 75 pages sur une (pseudo) révolution culturelle, et en balayant tout le reste, notamment ce qui concerne la biologie, a évité le piège d’un objectivisme hypocrite où se serait dilué le véri- table objet de mon livre : détourner les masses populaires de la violence révolutionnaire. La profonde humanité de Chesneaux me reconnaît une certaine sincérité, ce qui l’empêche de dénoncer totalement l’ignominie de mon entre- prise. Quand Chesneaux remarque que je vivais dans l’établishment financier-universitaire de San Diego, quelle extralucidité ! En effet, je dissimulais mes contacts (que je prenais de nuit, vêtu d’un manteau couleur muraille) avec les financiers de San Diego, et je fréquentais Marcuse, ce qui est le signe indiscutable ou bien que je fréquentais l’établishment universitaire ou bien que je voulais masquer, par cette relation, mes lien avec cet établissement. D’ail- leurs Chesneaux met le doigt sur mon carriérisme quand il cite une phrase où je dis que je veux garder mon statut

225 de chercheur au CNRS. Il a raison d’escamoter de la citation la raison que j’en donne, c’est-à-dire mon (pseudo) désir de rester marginal. Il ne va toutefois pas assez loin dans la logique révolutionnaire : lui qui est professeur à l’université de Paris directeur d’études à l’école des Hautes Études, c’est-à-dire trop éloigné de l’établishment, il aurait dû exiger mon renvoi du CNRS. En dépit de ces quelques lacunes, je pense que Chesneaux a suffisamment mis en garde le lecteur de la Quinzaine pour l’écoeurer de mon néo-Tocquevillisme. Je te remercie d’avoir publié cet article si juste, si peu mesquin, qui rend si exactement compte de mon (pseudo) journal que du reste, avec une astuce diabolique j’avais rédigé dès 69 pour me mettre dans le « vent » de fin 70. Je suggère que tu proposes à André Wurmser de faire un article sur mon livre L’Homme et la mort. Merci. E. Morin / Post-scriptum à ma lettre : Chesneaux me reproche avec une juste sévérité de n’avoir pas eu de conversation sérieuse avec un Black Panther (comment a-t-il su ??). Heureusement qu’il n’a pas réussi à mettre à jour le fond de ma turpitude : j’ai vécu avec une femme noire pour donner le change, c’est à dire, en vérité par racisme. La preuve en est que l’establishment financier de San Diego, qui me choyait discrètement, n’aurait pas toléré que je vive sincèrement avec une noire. Ton bon vieux Alexis (de Tocqueville) junior ».

600 €

456. MORIN (Edgar). La « Gauche » littéraire. s.d.. Manuscrit de 6 pages in-4, copie carbone pour les 4 premières pages avec corrections et ajouts autographes, quasi intégralement autographe pour les 2 dernières.

Manuscrit titré « La « Gauche » littéraire », signé en première page par l’auteur (copie carbone pour les 4 premières pages avec corrections et ajouts autographes, les deux dernières pages sont quasi intégralement auto- graphes).

Début de retranscription : « En employant le langage de cette enquête, on pourrait dire que la littérature « de gauche », donnant la prédominance au contenu social sur la forme, serait esthétiquement plutôt gauche que la litté- rature de droite, donnant la prédominance à la forme sur le contenu, serait plutôt adroite. On pourrait dire que tout oeuvre littéraire a quelque chose de « droite » - son caractère de divertissement, l’approbation qu’elle reçoit, sa part bénie - en même temps que quelque chose de « gauche » - l’insatisfaction dont elle est née, la revendication qu’elle implique, sa part maudite.

Tout ceci n’aurait guère de sens. A mon avis on ne peut répondre à votre enquête qu’en critiquant les notions sur lesquelles elle s’articule : gauche, forme et contenu, littérature.

La critique de la notion de « gauche » a déjà été faite. Je ne dirais pas que l’esprit de « gauche» n’existe pas, mais je crois qu’il y a insuffisance d’exigence intellectuelle, pas seulement pour l’écrivain mais pour quiconque, à se satisfaire de la notion de « gauche ». Pour ma part le problème d’une gauche d’écrivains ou d’oeuvre littéraire ne m’intéresse pas. Par contre celui d’une littérature conservatrice ou progressiste, réactionnaire ou révolutionnaire m’intéresse.

Il y a toujours eu des écrivains réactionnaires, progressistes, révolutionnaires, apolitiques. Si le nombre des écrivains progressistes dans la littérature classique, celle du passé qu’on apprend en classe, est plutôt mince, nul révolution- naire n’hésite à considérer l’ensemble de ces oeuvres classiques comme « progressiste ». Pourtant, ces Virgile ou ces Molière des grands ? étaient de plats valets du pouvoir, ces grands classiques ne sont pas autre chose que la floraison de la tyrannie et de l’oppression. L’on trouve facilement réponse à ce paradoxe : les oeuvres vraiment « lit- téraires » ont au moins un double contenu: un contenu historique, contingent, réactionnaire souvent ?, et un contenu humain plus profond, valable, qui les classe dans l’héritage culturel, dans l’effort humain vers plus de dignité. ... ».

500 €

457. MUSIL (Robert). Les Désarrois de l’élève Törless.

Traduit de l’allemand par Philippe Jaccottet.

Paris, Seuil, 1960. In-12 (18,7 x 13 cm), broché, couverture imprimée, 250 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale française.

Traduit de l’allemand par Philippe Jaccottet.

Exemplaire du SP (après 55 ex. num. sur vélin neige).

Envoi autographe signé du traducteur : « à Maurice Nadeau, / cordialement / Philippe Jaccottet ».

Dos lég. gauchi, bel exemplaire cependant. 150 € 226 458. NABOKOV (Vladimir). Deux lettres signées à Maurice Nadeau.

3 mai 1959 et 11 juillet 1959. 1 LS d’une page au format in-4 sur papier à en-tête de la Cornell University (Department of Russian Literature) et un Aérogramme signé.

Deux rares lettres signées adressées à Maurice Nadeau relatives à la publication d’un extrait de Lolita dans les Lettres Nouvelles et de la traduction française de sa nouvelle The Vane sisters.

La première rédigée en anglais concerne le paiement de droits de publication d’un extrait de Lolita dans les Lettres Nouvelles (n°46 daté du 1er février 1957).

La seconde, rédigée en français, revient sur le règlement des droits pour l’extrait de Lolita et traite de la publication d’une traduction française fautive de Vane Sisters ayant paru le 13 mai 1959 (n°11 de la seconde série des Lettres Nouvelles) sous le titre « Les Soeurs Vane ». Nabokov demande à Maurice Nadeau de faire publier dans le prochain numéro des Lettres Nouvelles le dernier paragraphe en anglais de sa nouvelle avec une traduction ou une explica- tion précise corrigeant l’erreur de traduction commise et mettant en évidence l’acrostiche finale qui « contient la clef de la nouvelle ».

Les lettres signées de Vladimir Nabokov mentionnant Lolita et à contenu littéraire sont rares.

LS : « May 3, 1959 Dear Mr. Nadeau, You will remember that when LOLITA came out in 1955 in the Olympia Press edition, your review published an excerpt from the book. Despite my efforts I was not able to find out at the time, or since, who gave you the authorization to publish it, nor have I ever been paid. This affair is something of a mystery, and it must be cleared before I can agree to your publishing in your review of any of my work. May I ask you to give me a clear answer now on whose authorization you published that excerpt from LOLITA? Please use the address given above. Sincerely yours, Vladimir Nabokov ».

227 Aérogramme signé : « Le 11 juillet 1959 / Cher Monsieur, / J’ai eu énormément à faire pendant ces dernières semaines. Je vous prie de m’excuser de ne répondre qu’aujourd’hui à votre lettre du 15 mai. / Vous me dites qu’ayant lu trop vite le contrat vous aviez manqué de noter la clause concernant la traduction de Vane Sisters. Apparemment vous avez lu avec la même rapidité ma lettre du 18 mars (signée de ma femme) où je vous disais que la nouvelle ne pouvait être publiée que quand le contrat serait signé et la traduction approuvée de moi, et où je vous expliquais que le dernier paragraphe de Vane Sisters contenait un[e] « acrostic[he] » qu’il était indispensable de préserver dans le texte français. Cet[te] « acrostic[he] » contient la clef de la nouvelle, et sans cette clef le tout ne tient plus debout. Vous voyez donc que le mal qui a été fait et bien plus grand qu’il ne paraît. Comment discuter des « valeurs littéraires » dans ces circonstances ! / Vous me dites dans votre lettre »... Je conçois votre irritation et, si vous le jugez nécessaire, je suis prêt à réparer ma bévue sous la forme qui vous plaira et que vous m’indiquerez ». Le seul moyen de réparer quelque peu les choses seraient pour vous d’imprimer dans votre revue le texte anglais du dernier paragraphe de la nouvelle que je vous donne ci-dessous; il faudrait imprimer ce paragraphe dans le prochain numéro des Lettres Nouvelles et le faire suivre soit d’une traduction qui tiendrait compte de l’acrostic[he], soit une explication précise et détaillée de l’erreur commise par votre traducteur. / Il faudrait ensuite vous payiez entre les main de Mme Ergaz le prix de reproduction du fragment de Lolita paru dans votre numéro de février 1957. Ce qui serait à établir avec Mme Ergaz. / Voici le dernier paragraphe de la nouvelle : « I Could Isolate, Consciously, Little. Everything Seemed Blurred, Yellow-Clouded, Yielding, Nothing Tangible. Her Inept Acrostics, Maudlin Evasions, Theopathies -- Every Recollection Formed Ripples Of Mysterious Meaning. Everything Seemed Yellowly Blurred, Illusive, Lost. » / En ne lisant que les premières lettres, vous avez : « ICICLES BY CYNTHIA. A METER FROM ME. SYBIL. » Et je vous prie de noter qu’un « meter » (« parking meter ») est un automate à sous pour le marquage, et non « pompe à essence » (!) comme vous l’avez traduit incorrectement (page 7 ligne 24 de votre revue)./ Je vous prie de bien vouloir me confirmer votre intention de publier le texte anglais et la traduction (ou explication) dans notre prochain numéro, et de me faire parvenir deux exemplaires de ce numéro dès qu’il paraîtra. / Agréez, cher Monsieur, l’assurance de mes sentiments distingués. Vladimir Nabokov. / PS J’envoie copie de cette lettre à Mme Ergaz. ».

4 500 €

228 459. NAVILLE (Pierre). La Révolution et les intellectuels.

Mieux et moins bien (1927) - Que peuvent faire les surréalistes (1926).

Paris, Nouvelle Revue Française, 1927. In-16 (16,5 x 10,8 cm), broché, couv. crème imprimée en rouge et noir, 148 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale. Tirage limité à 376 ex. tous sur vélin pur fil.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Marthe et Maurice Nadeau / ce document ancien, / leur ami / Pierre Naville / Mai 1941 ».

Dos bruni.

Après avoir été exclu du PCF, Maurice Nadeau lit Trotsky et rejoint la Ligue Communiste dirigée par Pierre Naville au milieu des années 30. C’est par son intermédiaire qu’il rencontre André Breton et devient rédacteur en chef de la revue Clé ce qui marque son entrée en littérature. Nadeau et Naville restèrent toute leur vie durant de proches amis.

450 €

460. NDIAYE (Marie). Trois femmes puissantes.

Paris, Gallimard, 2009. 20,4 x 14 cm, broché, couv. crème imprimée en rouge et noir, 316 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale (pas de grand papier).

Exemplaire de premier tirage, probablement en service de presse.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau, / très amicalement / M. NDiaye ».

Trois femmes puissantes obtint le Prix Goncourt en 1999 ». 500 €

461. NERUDA (Pablo). Le Chant général [Canto general].

Paris, Les Éditeurs Français Réunis, 1950. In-12 (18,7 x 12,2 cm), broché, couv. imprimée en rouge et noir, 197 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale française.

Exemplaire du service de presse (après 125 ex. réimposés dans le format in-4 sur vergé de Hollande et 30 ex. in-8 hors commerce sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur rédigé à l’encre verte sur le premier feuillet blanc : « A M. Nadeau / Neruda ».

Rare avec envoi.

Poème épique en quinze chants, Le Canto General, un des chefs-d’oeuvre de Pablo Neruda, sera publié pour la pre- mière fois en 1950 au Mexique par Talleres Gráficos de la Nación de Ciudad de México. La traduction française sera publiée par Les Éditeurs Français Réunis en trois tomes parus en 1950, 1952 et 1954.

Le premier tome comprend La lampe sur la terre, Les Hau- teurs du Macchu-Picchu, Les Conquistadores et Les Libé- rateurs.

750 €

229 462. NIN (Anaïs). Deux lettres autographes signées à Maurice Nadeau. s.d. [1964] et 11 mai 1964. 2 LAS au format in-4, la première lettre pneumatique d’1/2 p. à en-tête de l’Hôtel d’Angleterre, 44 rue Jacob à Paris 6e, la seconde d’1 p. sur papier à en-tête « Air France, en plein ciel ».

Deux lettres autographes signées, rédigées en anglais, adressées à Maurice Nadeau à l’occasion d’un voyage à Paris en 1964.

Dans la première, elle demande à Maurice Nadeau de lui accorder un rendez-vous.

Dans la seconde, non datée mais probablement rédigée à son retour (sur papier à en-tête d’Air France), elle revient sur les imprécisions concernant la fin de sa relation avec Henry Miller telle que racontée dans la biographie de Miller par Alfred Perlès qui avait paru à Londres chez Neville Spearman en 1955, des révélations qui paraî- tront prochainement dans son Journal en ce sens (le premier tome sera publié en 1966) et de son nouveau livre intitulé Collages (Denver, The Swallow Press, 1964).

LAS du 11 mai 1954 (tampon postal) : « Dear Mr Nadeau; I would like to meet you while I am in Paris for a few days. Would you be kind enough to call me up to let me know when it would be convenient ? Sincerely Anaïs Nin ».

LAS, s.d. [1964] : « Dear Mr Nadeau, I did not want you to think me unjust to Fred when I spoke of his innacuracies (sic). My close friendship with Henry lasted ten years - and really began when Fred says it ended - as you will see when you read more of the diary. It was a fruitful and good relationship which died a natural, not unnatural death. The appearance of the diary will embarass (sic) Fred. I could never understand why he falsified this. When I asked Henry he said they had many arguments on various aspects of events (while Fred stayed at Big Sur) but Fred stuck to his errors and Henry added : and I believe a man has a right to his fictions ! In fiction yes but not in biography. So now at least you know why I was mocking the accuracy of Fred’s book ! I am sending you the notice of a book by a friend Anna Balakian - as you are interested in American literature. Let me know if it might interest you. I was delighted to have met you and your wife. Anaïs Nin. Henry loves my new book Collages so I’m sending you a copy ! ».

750 €

230 463. NOIRET (Gérard) & DELFIEU (Anne). Toutes voix confondues.

Empreintes d’Anne Delfieu.

Bussy-le-Grand, Editions Monique Mat, 1996. In-4 (28,8 x 19,5 cm), en feuilles, couverture imprimée (emboîtage de l’éditeur).

Edition originale, illustrée par Anne Delfieu de 5 empreintes originales dont 3 hors-texte et 2 in-texte dont une sur double page.

Tirage limité à 70 exemplaires numérotés, signés par l’auteur et l’artiste.

Maurice Nadeau rééditera le texte de Gérard Noiret en 1998. 300 €

464. NOVERRAZ (Henri). La Fille du brigand.

Genève, Editions du Verbe, 1946. In-8 (23,5 x 19,7 cm), en feuilles, couverture rempliée imprimée, 35 pp., 1f. n. ch..

Édition originale de ce recueil de poésie, dédié à Maurice Nadeau.

Tirage limité à 50 exemplaires numérotés sur vergé, celui-ci un des 10 hors-commrce (le n°III).

Exemplaire provenant de la bibliothèque de Maurice Nadeau, dédicataire de l’ouvrage.

Manque à la BNF. 150 €

465. PARAIN (Brice). Du marxisme au christianisme. s.d. [26 mars 1948] & 2 avril 1948. Manuscrit autographe signé de 2 pp. in-4 et LAS d’accompagnement d’1 p. et 1/4 au format in-8 rédigée à l’encre bleue sur papier à en-tête de la nrf.

Manuscrit autographe signé de ce texte d’hommage à Nicolas Berdiaeff (1874-1948) intitulé « Du marxisme au chris- tianisme » comprenant quelques corrections autographes et complet du dernier paragraphe qui sera coupé lors de sa parution dans Combat (cf. LAS jointe) le 26 mars 1948.

Nicolas Berdiaeff, marxiste convaincu de la première heure, se détourna de Lénine dès les débuts de la Révolution pour revenir vers l’église chrétienne. Il fut expulsé de Russie en 1922 avec plusieurs autres intellectuels sur « les bateaux des philosophes ». Il fondera l’Académie de philosophie et de religion à Berlin en 1922 et la transfèrera à Paris en 1924.

Retranscription partielle : « Berdiaeff a été marxiste d’abord. Puis il est revenu dans l’église chrétienne pour lui rester fidèle jusqu’à la fin. Cette conversion résume parfaitement son itinéraire spirituel et le situe dans son domaine propre qui fut la révolte contre toute les espèces d’esclavage humain. [...] C’est la même nostalgie de la terre natale, dont l’histoire ne pouvait être à leurs yeux qu’une incarnation de l’esprit, qui a fait mourir Péguy sur le champ de bataille en 1914 et qui a fait abandonner à Berdiaeff, ces dernières années, son attitude d’émigré hostile à la Russie soviétique, malgré le risque d’esclavage qu’il discernait là-bas. Il faut que, tôt ou tard, l’indépendance et le jugement fassent le sacrifice d’eux-mêmes, s’ils veulent rester les ferments de la liberté et personne ne peut connaître la véri- table signification de ce sacrifice, lorsqu’il s’accomplit ».

On joint une lettre autographe signée à Maurice Nadeau relative à la parution de cette contribution dans Combat.

LAS : « 2 IV 48 / Cher Maurice Nadeau, Ce qui me contrarie dans la coupure de la fin (« C’est la même nostalgie pour la terre natale... »), c’est que cette coupure a transformé le sens de ma conclusion. Je voulais dire que Berdiaeff était devenu prosoviétique uniquement par attachement à sa patrie, et même plus par attachement à la Russie que par véritable patriotisme, alors que dans le texte publié par Combat on dirait que le sacrifice de l’indépendance et du jugement signifie le retour à l’église chrétienne. Je n’arrive pas bien à me résigner à ces servitudes du journalisme, lorsqu’elles risquent de détourner à ce point ce qu’on voulait dire. Bon gré mal gré je me dis que les tendances jouent leur rôle dans la manière de couper. Enfin tant pis. Cordialement. BP. ».

Philosophe du langage et essayiste, grand ami d’Albert Camus, secrétaire de Gaston Gallimard, Brice Parain fut le traducteur des grands textes russes publiés chez Gallimard et un grand spécialiste du communisme et de la Révo- lution russe.

250 €

231 466. PARAZ (Albert). Le Gala des vaches.

Paris, Éditions de l’Élan, (15 novembre) 1948. 19,3 x 14,3 cm, broché, couverture imprimée, 286 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Un des 100 ex. sur pur Chiffon L. L. L. L. des frères Lafuma (après 50 pur fil Johannot), celui-ci non numéroté et imprimé spécialement pour Maurice Nadeau.

Il contient, pour la première fois, la lettre de Céline contre Sartre, « A l’agité du bocal ». 250 €

467. PARENT (Mimi). Lettre à Maurice Nadeau.

20 novembre 1992. 1 LAS d’2 pp. au format in-8, enveloppe conservée.

Virulente lettre autographe signée à Maurice Nadeau dans laquelle elle s’oppose violemment à Jean Schuster et à ACTUAL, l’association qu’il dirigeait en vue de rassembler les archives surréalistes.

LAS: « Monsieur, Je vous sais gré d’avoir porté à la connaissance de tous la supplique de Jean Schuster et ses amis au Président de la République. Je tiens cette démarche pour scandaleuse d’autant plus qu’elle est signée par ceux d’entre nous qui au groupe surréaliste étaient les plus prompts à sanctionner le moindre écart de conduite vis- à-vis de ce qu’il convient d’appeler les exigences surréalistes. J’ai appris depuis la parution de votre article que ces messieurs n’en étaient pas à leurs premières courbettes et qu’au nom du surréalisme ils avaient déjà obtenu de très substantiels crédits des ministères. Jean Schuster, sous prétexte qu’il pourrait être consulté à propos des archives du surréalisme a fondé ACTUAL et par ce tour de passe-passe se déclare être le détenteur de l’héritage surréaliste et le seul habilité à parler en son nom. La principale activité d’ACTUAL consiste enterrer définitivement le surréalisme dans les fichiers de la culture, ceux-ci devant être mis à disposition des étudiants en mal de thèses, des futurs gar- diens de musées et des collègues archivistes. Les fonctionnaires d’ACTUAL vont aussi de par le monde, dans les universités, dire à cette belle jeunesse que les surréalistes n’étaient pas gens à se compromettre avec le pouvoir... Ayant participé aux activités du groupe surréaliste, je tenais à faire savoir que je n’ai rien à voir avec les gens de ce nouveau charity business. Pour citer Benjamin Péret : « je ne mange pas de ce pain là! ». Mimi Parent ».

50 € 232 468. PASTOUREAU (Henri). L’Histoire du surréalisme de Nadeau - La Poésie moderne et le sacré de Monnerot. s.d. [1945]. Manuscrit autographe signé, 10 pp. de format in-4 rédigées à l’encre rouge au recto de 10 feuillets quadrillés.

Manuscrit autographe signé de cette longue chronique de L’Histoire du surréalisme de Maurice Nadeau et de La Poésie moderne et le sacré de Jules Monnerot, deux ouvrages consacrés au surréalisme qui venaient de paraître au deuxième trimestre de 1945.

« [...] C’est ainsi que viennent de paraître deux ouvrages de qualité très diverse : L’Histoire du surréalisme de Na- deau s’adresse au grand public. Elle est nombreuse de données et précise de détails. La Poésie moderne et le sacré de Monnerot s’adresse à un cercle plus restreint d’épistémologistes. Monnerot a regardé d’une haute colline couler la rivière surréaliste. Il faut bien dire que le croquis qu’il a adressé de cette vallée tortueuse est plus satisfaisant que le plan cadastral de Nadeau. [...] Nadeau a crû éviter toutes les difficultés inhérentes à la méthode en parcourant pas à pas un chemin rectiligne qui, parti de Dada, vient se perdre dans l’actualité. Il a rencontré, certes un grand nombre d’hommes dont il a inspecté avec soin les besaces. Mais en ne s’écartant que très peu de sa route, il a laissé, à sa droite et à sa gauche, nombre de graves problèmes qui intéressent au premier chef les principes mêmes de la pen- sée surréaliste. On me permettra d’en soulever télégraphiquement quelques uns. 1°) Problème de l’ascendance : Le surréalisme n’apparait pas comme génération spontanée, mais, à son heure, comme la conséquence d’une longue suite de termes dont l’ensemble constitue dans l’histoire de la pensée occidentale une tradition [...] 2°) Problème de la naissance : Quel que soit le rôle de son chef dans l’élaboration et la conduite du mouvement, le surréalisme n’a pas été proféré comme une créature par André Breton [...] 3°) Problème des influences : Influences littéraires d’abord, celle de certains personnages de roman : des Esseintes, le lieutenant Glahn de Pan [de Knut Hamsun], le Lafcadio des Caves [du Vatican]. Influences philosophiques et scientifiques plus ou moins directes [...] 4°) Problème de la destination : Si l’on considère que le surréalisme a toujours tenu la libération de l’homme et celle de l’esprit pour des évènements futurs concomitants et complémentaires, ne convient-il pas après avoir analysé une activité de vingt-cinq années, dont le désordre n’est qu’un revêtement ornemental, d’assigner à cette activité une direction et un sens [...] ».

On joint :

PASTOUREAU (Henri). Lettres autographes à Maurice Nadeau.

15 octobre [1945] et jeudi. 2 LAS au format in-4 formant un ensemble de 3 pp. auxquelles on joint 2 LAS au format in-4 formant un ensemble de 4 pp..

Deux lettres autographes signée à Maurice Nadeau, la première à propos de L’Histoire du surréalisme publié en 1945 au Seuil, la seconde dans laquelle Pastoureau mentionne ne pas comprendre les intentions de Tristan Tzara lorsqu’il « entend inclure dans l’ère dada les diverses manifestations de l’esprit moderne jusqu’à ce jour ».

On joint deux lettres autographes d’Henri Pastoureau datées des 31 janvier 1992 et 8 mai 1992 respectivement dans lesquelles il est question du recueil d’Henri Pastoureau Ma Vie Surréaliste suivi de André Breton, les Femmes et l’Amour paru aux Editions Maurice Nadeau en 1992.

LAS, 15 octobre [1945] : « 15 octobre Mon cher Nadeau, Je viens de recevoir ta lettre. Je veux d’abord te dire que je serais très heureux si les réserves que j’ai formulées à l’égard de ton livre et que je maintiens parce que je les estime importantes n’étaient pas susceptibles d’être jugées par toi de nature à perturber la cordialité de nos rapports et notre vieille amitié. Le ton amical de ta lettre me laisse espérer. Mais sérions mes questions ! 1) J’accepte très volontiers d’organiser avec toi l’exposition du Vieux Colombier. Je te demanderai seulement que nous nous en occupions main- tenant car je dois reprendre mon travail le 2 novembre et à partir de cette date je disposerai de moins de temps. Il faudrait donc que nous nous rencontrions aussi tôt que possible. 2) Il n’y a aucune corrélation entre la teneur de mon article et le fait que je n’ai pas pris contact avec toi à mon retour de vacances en vue de l’exposition projetée. Mes vacances ont été désagréablement interrompues. J’ai été malade, hospitalisé, opéré et jusqu’à ces derniers jours mon état de santé ne me permettait pas d’entreprendre autre chose que les petites affaires quotidiennes. Maintenant ça va mieux et nous pourrons faire l’exposition ensemble. 3) je t’accorde que mon article superficiel, très superficiel. Il ne pouvait en être autrement étant donné la disproportion entre le sujet et l’étendue assignée. Je qualifie moi- même de télégraphique l’essentiel de mon développement. Je crois néanmoins avoir souligné implicitement deux objections importantes, à savoir: a) qu’il est à mon sens impossible et inutile de rendre compte de l’activité surréaliste sans la situer dans le mouvement général auquel elle s’intègre ce qui suppose que l’historique de ce mouvement général doit être faite. Le chapitre intitulé par toi « Les Excitateurs du surréalisme » ne correspond pas du tout quoi que tu puisses en penser à cet historique. b) qu’il n’y a pas lieu de considérer que le surréalisme commence avec l’apparition de ce vocable sur la foire littéraire c’est à dire en 1922 et qu’il n’y a aucune rupture dans l’histoire de l’esprit moderne vers cette époque. Cela est manifeste surtout en peinture, mais vrai dans tous les domaines. 4) il y a dans ton livre une phrase que je ne peux absolument pas encaisser : « Qui dira l’influence du surréalisme sur Picasso... » (p. 245). Ceci dit il faudrait que nous nous rencontrions aussi rapidement que possible. Bien à toi, Henri Pastoureau ».

233 LAS : « Jeudi Mon cher Nadeau, J’ai prévenu les amis en leur demandant d’aviser. Je ne comprends pas bien les intentions de M. Tzara. S’il entend inclure dans l’ère dada les diverses manifestations de l’esprit moderne jusqu’à ce jour il ne peut guère espérer d’appui même chez ses amis car ce serait aller contre Picasso, contre la jeune peinture, contre toute la poésie qui ne se réduit pas à l’éloquence de propagande. Le PC ne prendra pas pareille responsabi- lité. S’il entend confondre l’air dada avec son activité propre jusqu’à ce jour et veut changer de disque, ça le regarde. Nous on s’en fout. Qu’il soit personnellement dadaïste, existentialiste, réaliste, socialiste, populiste ou surréaliste... En tout cas lundi prochain, jour anniversaire de la mort de L. XVI nous serons prêts à toute éventualité. Quant à ce qui est de ce dont je t’avais parlé il y a quelques temps j’y travaille. J’irai te voir un de ces jours au Pavois, mais je ne veux pas venir les mains vides. Bien à toi, Henri Pastoureau ».

LAS : « Henri Pastoureau, maison de retraite 53370 Saint-Pierre des Nids le 31 janvier 1992 / Cher Nadeau, Merci pour ta lettre du 24. Le sommaire du recueil d’articles sera donc celui que tu as retenu + Kierkegaard (étapes sur le chemin de la vie). Pour A. B. et les femmes, je te laisse toute latitude. Tu arrangeras ça comme tu l’entends. En ce qui concerne le titre du recueil d’articles, les titre et sous-titre seraient, si tu n’y vois pas d’inconvénients : y=1/x ou approximation(s?) surréaliste(s) ? Ce titre est expliqué au début la préface des 120 journées. Nous tendons vers un idéal sans jamais l’atteindre comme les courbes représentatives des fonctions algébriques de cette forme tendant vers les axes. Ci-joint quelques photos. Je n’en ai pas beaucoup dans mes archives, en ayant distribué à droite et à gauche (que je pourrais essayer de récupérer). Quant au dessin, tu peux utiliser le portrait de Breton par Picasso qui a effectivement illustré mon article sur la poésie presurréaliste d’A.B. Tu peux aussi utiliser tous ou partie des dessins de Max Ernst ayant illustré mon article sur Gala. La photo de celle-ci (par Man Ray) et celle qui servait de frontispice à la Femme visible de Dali (1930). Pour A.B. et les femmes, il faudrait des photos de femmes. Je n’en ai pas. On devrait pouvoir trouver (par Naville ou autres). Simone, Suzanne, Valentine, Jacqueline, Elisa, Aube enfant. Nadja, ce serait sensationnel mais je n’en connais pas. Comme portrait d’hommes, je vois les photos classiques de Breton, Éluard, Péret et Dali. Ci-joint Dali. Je dois avoir quelque part Breton et Éluard mais pas Péret. Ci-joint aussi, rectifié le petit dessin de A.B., l’homme que j’ai connu (Saturne, Uranus et leur conjonction). Si je trouve autre chose, je te ferai un envoi complémentaire. Quand tu n’en auras plus besoin tu me retourneras les documents graphiques et imprimés. Merci ? Cordialement Henri ».

LAS : « Henri Pastoureau, maison de retraite 53370 Saint-Pierre des Nids le 8 mai 1992 / à Maurice Nadeau et Anne Sarraute. Chers amis, Je vous remercie de vos envois et communications. Dans l’article de Libé, L’expression « surréaliste assez discret » paraît me bien convenir, de même que celle de « trotskiste peu virulent » dans l’article de L’Orne-hebdo que je vous envoie - par ailleurs approximatif dans la transcription de mes propos. Localement, il y a eu aussi c’est une émission de Radio Mayenne que je n’ai pas entendue. Les filles de service qui l’ont écoutée ont été incapables de me la rapporter. Ceci dit, j’ai reçu une quinzaine de lettres diverses. Je prends dans le désordre : Mark Polizotti - il écrit un livre sur Breton et habite à Boston (USA) satisfait. Henri Béhar - très satisfait. René Zazzo - très aimable. Se maintient dans les généralités et se montre assez profane en la matière. Alain Vuillot - Travaille sur les rapports du surréalisme et de la social-démocratie. Voudrait écrire sur moi une étude spécialement politique. Me parait prendre des détails pour l’essentiel. Marcel Jean - Remet à plus tard l’occasion de râler. Très affectueux. Marguerite Bonnet - Très aimable. Ne commente pas. Annonce pour octobre la parution du tome II des O.C. Robert Zerafo - Peintre, parle de peinture. André Thirion - poli (j’attendais le contraire) mais, d’après lui, à peu près tout ce que je dis « relève de la plus haute fantaisie ». S’étend sur la biographie d’Hélène Loeb (amie de Sadoul vers 1926) dont je n’ai donné que le prénom et conteste le rôle de Péret en Espagne - sur lequel je ne me suis pas étendu. Julien Gracq - très aimable mais entend à la fois proclamer son admiration pour Breton et se démarquer du surréalisme. Ne relève pas les réserves que j’ai faites concernant sa conception de la femme-enfant. José Vovelle - Très aimable. Parle de surréalisme nordique. Tom Gutt - Aimable autant que peut l’être un belge. Georges Bertin - responsable des services culturels du département de l’Orne - Prend congé car il est nommé professeur de sociologie à la faculté catholique d’Angers. Claude Courtot : « vous avez une façon d’avoir tort qui me touche infiniment ». C’est tout pour le moment. Que pensez-vous des retombées et, s’il n’est pas trop tôt pour en juger, de la vente ? Pourrais-je récu- pérer les documents qui n’ont pas servi (articles non publiés, photos - en particulier celles du temps où j’étais en Allemagne) ? Avez-vous lu le « roman » ? Qu’en pensez-vous ? Je n’y attache pas beaucoup d’importance mais je l’ai quand même écrit. Bien cordialement à vous Henri Pastoureau ».

L’ensemble 750 €

234 469. PASTOUREAU (Henri). Deux lettres autographes signées à Maurice Nadeau.

27 septembre 1947 - 30 décembre. 2 LAS de 2 pp. et 1 p. respectivement rédigées à l’encre sur deux feuillets de 27,5 x 21,5 cm.

Deux lettres autographes en rapport avec des tracts et documents divers confiés dans le cadre de la préparation de Documents surréalistes, second volet de L’Histoire du surréalisme, paru en 1948 aux éditions du Seuil.

Le post-scriptum de la première lettre indique le désaccord de Pastoureau et de Breton concernant l’article de Nadeau paru dans la Revue Internationale de Pierre Naville.

Dans la seconde lettre, il est question du tract Planète sans visa, de 1934, relatif à Léon Trotsky.

« Paris, le 27 septembre 1947 / Mon cher Nadeau, / As-tu encore besoin des tracts et documents / divers que je t’ai confiés voici déjà pas mal / de mois ? Si tu as terminé, veux-tu / ou bien me les renvoyer ou bien me dire / quand je peux les prendre soit chez toi, / soit chez ton concierge, soit ailleurs. Ça / ne me dérange aucunement de passer les / prendre. Naturellement je te les laisse / volontiers plus longtemps si tu veux les / garder encore. L’essentiel c’est qu’ils / ne soient ni perdus ni détériorés et / que je les récupère quand tu ne t’en / servira plus. Envoie moi donc un / petit mot pour me renseigner là-dessus. / Bien à toi / H. Pastoureau / 26 rue des Plantes / P.S. Soit dit très amica- lement je ne suis / pas d’accord avec beaucoup de points de / ton article de la Revue Internationale. / Tu dois t’en douter d’ailleurs. Je / crois que Breton à l’intention de te répondre. »

« 30 décembre / Mon cher Nadeau, / Maurice Henry m’a remis le petit paquet. Merci. Planète sans visa doit en effet / être à moi. / Bien à toi / H. Pastoureau ».

150 €

470. PAULHAN (Jean). Entretien sur des faits divers.

Paris, Gallimard, 1945. In-12 (18,7 x 12,2 cm), broché, couverture crème imprimée, 158 pp., 1 f. n. ch..

Nouvelle édition, en partie originale, illustrée par André Lhote.

Exemplaire du SP (après 29 vélin pur fil et 1 000 ex. num. reliés d’après la maquette de Mario Prassinos).

Bel envoi autographe signé : « Il faut prendre garde de / nous ménager la part d’igno- / rance d’où notre savoir tire / son relief, et la part de folie / d’où notre raison tient son / piquant / (anonyme, XVIIIe siècle) / Pour Maurice Nadeau / avec plaisir / Jean Paulhan / 13. XII. 1945 ».

Petite trace d’encre sur le premier plat de couverture, dos bruni. 150 €

235 471. PAULHAN (Jean). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

1946 à 1964. 28 LAS, la plupart de format in-8 formant un ensemble d’environ 38 pages, certaines sur papier à en-tête de la nrf, 6 LS (7 pp.), 2 CAS, 1 LAS d’André Dhôtel, 1 coupure de presse, 1 carton imprimé.

Importante correspondance composée de 34 lettres (28 lettres autographes signées et 6 lettres signées) et de 2 cartes autographes signées adressées à Maurice Nadeau.

On y joint une lettre autographe signée d’André Dhôtel s’y rapportant, une coupure de presse et un carton imprimé.

Ces lettres, couvrant la période 1946-1964, témoignent des relations tendues nouées entre les deux hommes de lettres. A la création des Lettres Nouvelles, Jean Paulhan, en charge de la nouvelle NRF se trouve en concurrence directe avec Maurice Nadeau pour obtenir des textes pour sa revue. Maurice Nadeau en rendra compte dans Grâces leur soient rendues (Albin Michel, 1990).

Il y est notamment question du Prix des Critiques, de Jacques Prévert (Paroles), des Lettres au CNE de Jean Paul- han (en rapport avec l’épuration dans le monde des lettres dans l’immédiat après-guerre), des Oeuvres de Sade pu- bliées par Nadeau en 1947, de Julien Blanc, de Foudres et flèches de Louis-Ferdinand Céline, d’un conte de Maast (Les Spectacles) publié dans Combat, de littérature érotique, d’Antonin Artaud, de la polémique suivant la publication par Maurice Saillet d’un essai sur Saint John Perse dans Combat, de Bonjour Tristesse de Françoise Sagan, d’André Dhôtel et de l’édition des Écrits de jeunesse de Gustave Flaubert préfacée par Maurice Nadeau.

Deux lettres à propos de Paroles de Jacques Prévert, recueil publié le 10 mai 1946 dans la collection le Cal- ligraphe.

LAS, s.d. [1946] : « Mais si, j’avais parlé de Prévert à ceux des membres de ce drôle de jury que je connais bien. J’ai été moins découragé je l’avoue, par ceux qui le trouvaient répugnant que par ceux qui le trouvaient « plaisant » et « rigolo ». Avec de la chance, nous arrivions à 4 voix. Ah, je crois qu’il y a dans la littérature bien dirigée un salut, et même le seul salut qui soit. Il me semble impossible, si vous avez lu le Procès intellectuel, l’ambiguïté du sacré, la mante religieuse que vous n’y reconnaissiez pas au moins l’amorce et l’ébauche de ce salut. Cela dit la position de « contraire dialectique » de Breton que R.C. a été amené à prendre soit à certains égards, insoutenable, rien de plus juste. Mais enfin (de votre point de vue même) il me semble que le contraire de Breton, c’est quelque chose. Agnès, Ce n’est rien ; c’est moins que rien : la mauvaise ficelle et le faux à longueur de page. A vous, cher Maurice Nadeau, avec l’amitié de Jean Paulhan ».

LAS, s.d. [1946] : « Dimanche, Cher Maurice Nadeau, Bien sûr, j’aurais continué à voter pour Prévert, mais il était battu d’avance, vous le saviez comme moi : aucun de nos amis du jury ne me laissait de doute là-dessus. Je continue à ne pas être très fier de notre vote. Et avoir grande envie de m’en aller de ce prix. Très cordialement JP. ».

Trois lettres autographes signées, une lettre signée, un billet autographe signé et un carton relatifs aux Lettres au Comité National des Ecrivains que Paulhan fit publier en rapport à l’épuration qui faisait rage dans l’immédiat après-guerre. Maurice Nadeau avait publié dans Combat (6e année, n° 894, vendredi 23 mai 1947), la Deuxième lettre au CNE.

LAS du lundi [28 avril 1947], enveloppe jointe : « Mon cher ami, naturellement, j’aimerais mieux que nous soyons du même avis, mais quant à me plaindre d’une note sur moi, non, ce n’est pas du tout mon genre. A G. G. [Gaston Gallimard] je n’en ai évidemment pas dit un mot (mais qu’est-ce que G. G. peut avoir à faire avec Combat ? A P. P., j’ai dit : « on m’arrange bien dans ton journal » ou quelque chose de ce genre, en plaisantant. Il m’a répondu sur le même ton. C’est tout. Sur le fond je me fiche pas mal que RR [Romain Rolland] ait fait ceci ou cela. Ce qui me paraît grave, ce qui me paraît un signe certain d’hypocrisie (de la part des épurateurs) c’est que Rolland soit porté au Panthéon pour la même raison, peu s’en faut, qui leur fera demain envoyer Châteaubriant au peloton de Vincennes. (Ou alors avouez simplement - leur dirai-je - que vous vous foutez de la patrie, quoi que vous en disiez. Simplement, qu’une opinion « de gauche » vous paraît toujours admirable, une opinion « de droite » toujours coupable.) Mais à vendredi. Je suppose que c’est au dessert qu’on distribuera les stylos. Très impatient. A vous. JP. Jouhandeau : là il me semble que la question est simple. Comme directeur des Cahiers, je n’ai à prendre qu’une décision littéraire. Je n’ai pas me substituer (et grâce à Dieu !) à la « justice de mon pays » - qui a d’ailleurs acquitté J.. Mais trouvez-vous vraiment que j’ai tort ? Et faut-il que nous nous mêlions de morale ? ».

LAS, dimanche, s.d. : « Cher Monsieur et ami, Puis-je vous demander un service ? Je ne parviens pas à retrouver la page ou Aragon se prononce (assez violemment) sur Romain Rolland. Et vous êtes le seul homme, sans doute, qui puisse me le dire. Donc, à tout hasard, merci d’avance et sachez moi très vôtre, Jean Paulhan ».

LAS du 15 septembre 1947, enveloppe jointe : « Cher Monsieur et ami, Merci de votre note sur les Cahiers. Va pour Céline (flanqué, j’espère de Bernanos). Sur le CNE, passez moi une dernière lettre. Je jure que ce sera la dernière mais ce ne serait pas la peine de s’être donné tant de mal, si on en tirait pas quelques conclusions (si je peux dire) utiles. A vous très cordialement Jean Paulhan ».

Troisième lettre au CNE : lettre ronéotypée, datée et signée par Jean Paulhan de ses initiales à l’encre bleue, en- 236 voyée aux membres du CNE, commençant par ces mots : « Je ne suis pas un moraliste. Je ne sais pas s’il faut être patriote, et l’on m’assure qu’un mensonge peut avoir sa raison d’être; même, sa noblesse... » ;

Carton (13,7 x 10,7 cm) à l’en-tête des Nouvelles Épîtres, n°47 annonçant la parution prochaine de la Dernière Lettre de Paulhan : « Jean Paulhan nous a proposé une suite à la lettre que Les Nouvelles Epîtres ont publié le mois der- nier... ».

Billet autographe signé d’accompagnement de Paulhan (11,2 x 14 cm) : « 9. X. 47 / Voici la dernière, sauf imprévu. Il ne vous échappera sûrement pas que c’est à vous que s’adresse le petit carton des N. Epitres. A vous, amicalement. J.P. »

LAS, s.d. [1947] à propos des Oeuvres de Sade publié par Nadeau à La jeune Parque en 1947 : « Lundi vous avez cent fois raison ! J’avais déjà appuyé dans ce sens (et d’autant plus qu’ainsi la fin rejoint le commencement : du massacre de Madeleine au massacre de Paquita.) Je reviens à la charge. Je suis enchanté de votre Sade. A vous, amicalement Jean Paulhan ».

LAS à propos de Le Temps des hommes, troisième tome de Seule la vie de Julien Blanc, 4 mars [1948], enveloppe : « Cher ami Julien Blanc est très troublé par vos critiques. Il me demande si à mon tour elles ne me troublent pas. Eh bien, je crois que non. Ne pensez-vous pas que le même reproche de vraisemblance pouvait - à bien plus forte raison qu’à ce tome III - s’adresser au tome I de son roman : à cette naissance trop romantique, à cette invraisem- blable kyrielle de patronage et autres ? etc. N’est-ce pas nous (car j’ai eu d’abord le même sentiment que vous) qui devenons à la longue plus susceptibles, ou plutôt qui craignons - maintenant que J.B. a ses lecteurs - de décourager un seul de ses lecteurs. (Ainsi les auteurs « arrivés » deviennent chaque jour plus timorés - non par sa lâcheté). Mais les lecteurs de JB il me semble en ont vu d’autres ! Et même il fait partie de J.B., il me semble, qu’il soit vraisemblable à force d’invraisemblance [vraie] votre ami Jean Paulhan bien sûr, je peux me tromper ».

LAS, s.d. 20 juillet 1948, enveloppe, à propos des Oeuvres de Sade : « Cher ami, Grand merci des Documents sur- réalistes. Voilà qui est précieux. J’ai peur de ne vous avoir pas encore remercié du Sade : il me semble bien que rien d’aussi juste ni d’aussi complet n’avait encore été écrit sur le marquis. Et pourtant... Je dois avouer que votre conclu- sion embarrasse, et votre optimisme me déconcerte un peu. Pensez-vous vraiment que l’homme sera délivré à jamais du sadisme parce qu’on le lui permettra ? (Mais le fascisme hitlérien, que vous condamnez à la page d’avant, c’était précisément - pour les chefs, il se peut, cette « mort par raison d’État » que Sade a en horreur - pour les exé- cutants de détail : infirmiers, chefs de corvée, surveillants policiers, cette permission de sadisme, cette invitation à innover dans la cruauté. Je ne suis pas certain qu’ils l’aient toujours refusée. Je suis même certain du contraire.) Il y a beaucoup à dire contre les religions : il me semble pourtant qu’elles ont été là-dessus plus courageuses que les philosophies. Que l’on puisse trouver plaisir à écorcher vif un chat*, le christianisme ne le nie pas, mais Platon (et Alain) le nient. Mais vous-même n’hésitiez-vous pas à le nier ? Avouez du moins que « porter en elle-même sa propre satisfaction » et la chose du monde que l’imagination est le moins portée à admettre : et que, si telle est sa faiblesse, il faudrait du moins la lui cacher (sans quoi, toutes les expériences vont de nouveau la tenter**). Votre choix de textes est admirable. Je suis à vous, très cordialement Jean Paulhan. * ou un homme ** car enfin il s’agit là d’une thèse qui ne peut être vérifiée que par ses expériences ».

LAS, s.d., enveloppe conservé datée du 4 août 1948, à propos de Foudres et flèches de Louis-Ferdinand Céline, Drieu La Rochelle, Pierre Boutang : « Mercredi 4, Céline, oui. Il m’a d’abord envoyé un éreintement de Sartre, en six pages. Sartre était un petit toenia (sic), qu’il avait extrait de sa merde (à lui, L.F.C.) A la 6ème page, Sartre massacrait Cassou, qui massacrait Elsa Triolet, qui... Je ne sais si c’était bien en situation. Alors il m’a envoyé une sorte de Belle Hélène, un ballet de Dieux*. C’était très plat. Mais je ne désespère pas du tout... Chardonne, c’est tout ce que vous voulez : c’est gnangnan, c’est mollasson, c’est un peu niais. Mais enfin il y a là un chant, un air de flûte, quelque chose d’un peu fou (qu’il n’est jamais, ni l’équivalent, dans Drieu. Ah, je dois avouer que Drieu - l’écrivain - me laisse tout à fait froid. Oui, G. G. [Gaston Gallimard] a un roman de lui : Les Chiens de paille. Je pense qu’il finira par me publier.) [Pierre] Boutang : mais 1/ c’est un enfant : je suppose que la question « collaboration » ne se pose pas. 2/ comparer le Furet des Cahiers au Furet du livre. Le nôtre est, il me semble, bien supérieur. 3/ Puis, il me semble qu’il pose des questions, qu’il est vaste, qu’il est intelligent. (Et ça n’est pas si mal d’avoir trouvé le totem de Gaulle. Ce n’était pas non plus si facile.) Nous reparlerons de Sade. (Platon, Socrate, et Alain sont de votre avis.) A vous, avec amitié Jean Paulhan et bonnes vacances ! Est-ce que vous n’avez pas aimé Chazal ?

Note : * genre Giraudoux ».

LAS, s.d. [23 août 1948], enveloppe conservée en date du 24/8/48 : « Lundi, J.K. Huysmans, à propos de ROPS (Certains), abonde dans votre sens : à spiritualiser ainsi l’ordure (il vient de parler d’un « élan vers l’extranaturel de la salauderie » de « l’au-delà des spasmes rêvés » etc.) une réelle déperdition de phosphore se produit dans la cervelle et si pendant cet état inquiétant de l’âme... Le hasard veut qu’une femme en chair et en os vienne, alors l’homme excédé de rêve... devient presque frigide ». Et je crois que les théologiens aussi, partagent votre conception de l’imagination (la « Délectation morose » comme substitut de l’acte.) Mais ce serait à voir de plus près. En tout cas, ce n’est certes pas le sentiment de Sade. Bonnes vacances ! Votre ami J.P. ».

237 Trois LAS à propos d’un conte de Maast, Les Spectacles, paru dans Combat le 24 septembre 1948 (7e année, n°1313) :

LAS du 28 août [1948], sur papier in-16 bleu, enveloppe conservée : « Cher ami, Mais l’ennui, C’est un signe de l’enthousiasme (de l’auteur) ! On ne se lasse jamais de dire les mêmes choses, parce qu’on voit - avec joie - toujours la même chose. Sade aussi est ennuyeux, si vous allez par-là. Je ne puis guère vous proposer pour Combat qu’un petit conte - Maast. Si cela vous tente, je vous l’enverrai volontiers, à mon prochain passage à Paris. Les théologiens combattent la délectation morose, oui. Le « Dictionnaire des cas de conscience » dit même très précisément qu’il faut se hâter de combattre, car les actes ne viendront pas. Reconnaissez votre théorie. Amicalement JP ».

LAS : « Le 20 IX 48 mon cher ami, voici le conte - Maast. À vrai dire, je ne le vois guère dans Combat. Vous en déci- derez. A vous, bien amicalement. Jean Paulhan ».

LAS : Le 30 IX [1948], enveloppe violette conservée : « Cher ami, c’est tout à fait comme ça que je voyais Maast. Merci de ce beau portrait; et amicalement J.P. ».

LAS : « Mercredi cher Maurice Nadeau en principe, très volontiers. Mais je ne vois pas trop quoi chercher. Très cor- dialement Jean Paulhan ».

LAS, enveloppe bleue (tampon du 7 sept. 1948) : « 5 sept. Cher ami Bien volontiers. Mais ici je n’ai rien. Il faut que vous me laissiez rentrer à Paris : ce sera vers le 16. à vous J.P. La Floudière Vaupillon La Loupe (Eure et Loir) ».

LAS à propos de littérature érotique et de La Bonfam Abeber de Dubuffet, s.d. [début des années 50] : « 30.3 Cher Maurice Nadeau, en principe, très volontiers. Mais je ne vais pas bien, je souffre toujours des yeux et ne peux lire (tout à fait incapable de distinguer un texte érotique d’un autre. À ce propos avez-vous Labon femabeber de Dubuffet ? Ça laisse loin derrière soi Miller. Voilà peut-être une solution.) De sorte que je crains de ne pas me rendre très utile. À vous cordialement Jean Paulhan. Mais je ferai de mon mieux ! ».

CAS du 14 mars 1950 à Maître R. Dauchez, enveloppe jointe : « Mon cher maître puis-je vous prier de vouloir bien recevoir un instant de la part de Jean Dubuffet et de la mienne - Maurice Nadeau, de Combat qui voudrait vous demander un ou deux renseignements, relatifs à l’affaire Artaud. Je vous remercie d’avance, et vous prie de croire à mes meilleurs sentiments. Jean Paulhan» et note autographe jointe : « ... Tous frais de cliniques une fois payés... [tous amis d’Antonin Artaud] et qui se trouvait à cette époque dans le plus grand dénuement ».

LAS du 8 septembre, en rapport avec l’affaire Artaud [1950 ou 1951] : « Cher Maurice Nadeau, Merci du double. Mais je m’aperçois que j’ai écrit : « ... La campagne menée par Maurice Nadeau ». Il faut corriger en « la campagne que vous avez menée ». La petite énumération de la fin (décorations) à l’air un peu ridicule. Mais devant un tribunal, on assure que c’est nécessaire. Jamais, au grand jamais, Madame Malausséna [soeur d’Antonin Artaud] ne m’a écrit. Mais à Raymond Queneau, sans doute, ou à G.G.. Oui, écrivez-leur et bien amicalement. Jean Paulhan ».

Cinq lettres à propos d’un article de Maurice Saillet concernant Saint John Perse paru dans Combat dans lequel Paulhan est écorché et qui suscitera une polémique dont Maurice Nadeau rend compte dans Grâces leur soient rendues (Albin Michel, 1990).

LAS datée du 11 janvier [1951] : « Cher Monsieur, Il ressort avec évidence du long Billet de Monsieur Saget : 1. Que la première partie de son étude sur St-J. Perse m’a paru excellente. 2. Que la dernière partie, publiée un mois après ma lettre du 7 janvier, m’a paru détestable, et faite, par ses prétentions, pour gâcher les meilleurs passages du début. C’est encore là mon opinion, et je regrette que Monsieur Saget ne la partage pas. Que le lecteur décide : il a en main les pièces du procès. Et St.-John Perse n’aura jamais assez de lecteurs. A vous. Jean Paulhan ».

LAS, 15 [janvier 1951] : « Lundi 15 Cher Maurice Nadeau, Voici cette réponse. Elle est fort longue; et c’est donc un grand service que vous m’avez rendu. Vous m’aviez jadis demandé, pour votre page de Combat, un article. Voulez- vous celui-ci ? Somme toute, mise à part la première page (qu’il serait facile de supprimer) il n’a rien de polémique. Je n’ai pas très bien démêlé d’après votre article si tout simplement vous ne pouvez pas souffrir mes livres (ce que je suis tout prêt à comprendre), ou si vous n’exigez de moi qu’un supplément d’information. De toute façon il serait de votre part loyal, je pense, de publier ma réponse. Mais si vous n’en faites rien, ayez l’obligeance de me retourner ces pages. Et sachez-moi très cordialement vôtre, Jean Paulhan. Encore un mot: l’article est forcément, d’une lec- ture difficile. Je vous demande de ne le publier que si vous pouvez lui donner les mêmes caractères qu’à vos études critiques ».

LAS du 16 janvier 1951 : « Mon cher Maurice Nadeau, vous seriez aimable de publier dans la prochaine page des Lettres ma réponse (ci-jointe) à Saillet. Je l’ai faite très courte. J’avoue que le billet doux m’a paru cette fois excellent : sincère et méticuleux. C’est ennuyeux que S. se trompe sur le fond. A vous, très cordialement Jean Paulhan ».

LAS du 18 [janvier 1951] : « Si vous le voulez bien, voici la dernière lettre je vous dirai : mon cher Nadeau, votre promptitude à voler au secours de Saillet ne vous rend guère en général (comme dans l’affaire Rimbaud) que ridi- cule. Mais cette fois - à sentiment du moins - antipathique. Votre. J. Paulhan ».

238 LAS du 20 janvier 1951 : « Je le regrette. Mais là non plus nous ne serons pas d’accord. La littérature n’est pas (à mon sentiment) un lieu qui se prête au règlement de compte. Et je n’ai pas le moindre compte à régler avec le per- sonnage en question. JP. ».

LAS du 18 avril 1851 : « Bien entendu, je signe. Avez-vous songé au R. P. Bruckberger ? C’est un grand ami de Miller, et sa signature aurait plus de poids que les nôtres. A vous J P x mais vous seriez aimable de supprimer le « Grand prix de la Ville de Paris », pas utile et un peu ridicule ».

LAS, s.d. : « Mardi Cher Maurice Nadeau, Voici la page qui vous manquait. Et laissez moi vous demander deux choses : 1. Page 1, de substituer le nom de Jules Mary à celui de Pierre Decourcelle. 2. Page 14, de biffer l’ajout (manuscrit): - il me semble etc. Merci. Et cordialement à vous. Jean Paulhan ».

LAS, s.d. : « Samedi Cher Maurice Nadeau, merci de votre étude - À laquelle j’ai grande envie de répondre longue- ment. Si seulement vous promettez de lire ma réponse... Enfin, je tiens la promesse pour faite. Vous recevrez ma lettre dans quelques jours bien cordialement. Jean Paulhan ».

Six lettres (dont une d’André Dhôtel) à propos du Prix des critiques attribué en 1954 à Françoise Sagan pour son premier roman Bonjour Tristesse et de l’échec du Maître de pension d’André Dhôtel paru chez Grasset.

LAS du 30 juillet [1954] : « Ci-joint copie de la lettre que j’ai envoyée à André Dhôtel, le lendemain du jour où j’ai appris que vous m’accusiez d’avoir empêché D. d’obtenir le Prix des critiques - n’ayant vous-même voté pour Sagan, ajoutiez-vous, que pour protester contre cette « trahison ». Jean Paulhan ».

On joint la copie signée par Paulhan de la lettre du 29 juin [1954] adressé à André Dhôtel : « Je recopie textuellement le procès-verbal du Prix des Critiques (lundi 24 mai): «... Il est décidé de procéder un tour d’essai qui précédera le tour « blanc ». Au cours de ce vote d’essai, trois noms au plus pourront être inscrits sur chaque bulletin. Voici les résultats: Fr. Sagan: 8 voix, Dhôtel : 5 voix, Audiberti : 4 voix, Bonnefoy: 3 voix, Lesort: 3 voix etc. Après un échange de vues, il est décidé de procéder au « tour blanc » au cours duquel, comme dans les votes valables qui vont suivre, un seul nom sera inscrit sur les bulletins. Résultats: Audiberti : 6 voix, Fr. Sagan: 3 voix, Bonnefoy: 2 voix, Dhôtel : 1 voix, Lesort: 1 voix, Cabriès: 1 voix. Jean Paulhan annonce alors que Dhôtel n’est plus candidat. Il est procédé au tour de scrutin...» etc. Voilà qui suffit, je pense à te montrer que Nadeau a menti. J’ajoute deux mots: Tu avais donc obtenu, au premier tour, 5 voix sur 42 (chaque votant disposant de trois voix); au second, 1 voix sur 14. Or, tu m’écrivais, quelques jours avant le scrutin: ... Je ne songe pas du tout pour ma part au Prix des Critiques. S’il n’y avait pas d’assurance réelle, il me semble que ce serait mal de parler de moi... Peut-être me diras-tu que j’aurais dû lire ces mots des le début de la séance. Sans doute mais la vérité est que la séance précédente m’avait laissé quelque espérance, dont j’avais fait part à Nadeau, à Blanzat, et - pensant les décider - à Herriot, à Kemp... Ce n’est qu’après avoir perdu tout espoir de te voir choisi que j’ai fait part au jury de ta lettre. Tout espoir, car enfin cette voix unique sur 14 votants ne te laissait pas la moindre chance. Quant à Nadeau, je sais depuis pas mal de temps qu’il est exactement le faussaire et le « malfaiteur » dont parle Breton, avec preuves à l’appui, dans La Clé des champs. Par quelle faiblesse ai-je continué à serrer, quand je le rencontrais, la main de ce personnage, je me l’explique mal. Je te serais en tout cas reconnaissant de lui communiquer cette lettre. Amitiés. J. P. ».

LAS d’André Dhôtel du 10 août [1954] : « Cher Maurice Nadeau, Ce que vous m’écrivez au sujet de ce Prix corres- pond tout à fait à ce que vous m’avez dit et qui a été dit d’ailleurs de côtés très différents. Aux lettres de Jean Paulhan j’ai simplement répondu que je me refusais à parler de ces questions. Je me repose après un court voyage dans le centre et avoir achevé un roman « pour la jeunesse » (aventures et fééries): Le Pays où l’on n’arrive jamais (où l’on arrivera néanmoins) [qui paraitra chez P. Horay en 1955]. Bien amicalement à vous. André Dhôtel ».

LS du 19 août 1954 : « Si je comprends bien votre lettre, les 6 voix d’Audiberti au second tour ne seraient expli- cables que par un complot, machiné contre Dhôtel - complot dont cinq de nos collègues avec moi se seraient rendu coupables. Voilà qui me semble relever, si vous êtes sincère, d’un pur délire de persécution. Les six voix, de toute évidence, s’expliquent : 1. Par la déception que nous laissaient les 5 voix (sur 42) de Dhôtel. 2. Par nos conver- sations d’entre deux tours, où il avait été longuement question d’Audiberti. N’est-il pas évident, d’autre part, que si j’avais voulu « torpiller » (c’était votre mot, me dit-on) la candidature d’André Dhôtel, j’aurais lu sa lettre dès le début de la réunion ? Cela dit, j’aimerais mieux, dans la circonstance, vous croire persécuté que simplement menteur. J. Paulhan ».

LAS [probablement le 22 août 1954] : « Dimanche, Vous vous trompez encore sur deux points: 1. Je n’ai jamais demandé, ni souhaité, votre exclusion du jury. Et bien au contraire. M. Defez m’ayant dit que vous étiez prêt à vous retirer, je lui ai répondu qu’il en n’était pas question, et que je m’arrangerai simplement pour ne pas vous rencontrer. 2. Je n’ai jamais écrit, ni dit, à Blanzat que j’étais décidé à voter pour Queneau. (Ni, il va de soi, à personne d’autre.) Cordialement tout de même Jean Paulhan ».

LS du 29 août [1954] : « Tout à fait d’accord. Mais les autres avaient une excuse: c’est qu’ils n’avaient pas assisté à la réunion des Critiques. Jean Paulhan ».

239 LS, la fin autographe, du 7 avril 1960 : « Il me faut vous mettre au courant de ce qui arrive à notre Prix des Critiques, et du même coût m’excuser. J’ai peur d’avoir fait une sottise. Voici. À la suite de la mort de Kemp, j’ai reçu une lettre de Marcel, Clouard, Henriot, m’annonçant qu’ils démissionnaient: la raison était qu’ils désespéraient de se faire entendre dans un jury où ils ne faisaient qu’une minorité et ne voulaient cependant pas être tenus responsables de nos choix. Il s’agissait d’une querelle déjà vieille. C’est le jour où nous avions élu le livre de Michel Leiris Émile Hen- riot m’avait fait part de son intention de démissionner. Bien. Pourquoi m’avoir écrit à moi je n’y vois guère de raison. Le fait est que j’ai aussitôt montré la lettre 1/ à Jean Denoël qui a montré touchant les intentions de Florence une certaine inquiétude. 2/ à Jean Blanzat et Roger Caillois, qui m’ont conseillé de tâcher d’obtenir au plus vite l’adhésion de Mondor et celle de Delay - à qui j’ai écrit aussitôt, étourdiment. Mondor m’a répondu par retour du courrier qu’il acceptait d’entrer dans notre Jury. Delay ne m’a encore répondu. Voilà, et je n’en suis pas fier. Il est trop évident que j’aurais dû d’abord vous demander conseil, et attendre votre réponse. Voulez-vous m’excuser. Ai-je besoin de dire que si le Jury me donne tort, je suis tout prêt à me retirer. Votre Jean Paulhan. Entre temps, Delay a accepté. Il nous resterait, en tout état de cause (Mondor et Delay remplaçant Kemp et Herriot) quatre sièges à pourvoir : Marcel, Clouard, Hoog et Th. Maulnier ».

LAS, s.d. [1964] à propos de l’édition des Ecrits de jeunesse (Mémoires d’un fou, Novembre) de Gustave Flaubert avec préface et notes de Maurice Nadeau paru aux Éditions Rencontre à Lausanne en 1964 : « Mardi Cher Maurice Nadeau, Voici Naaman, et l’édition Conard. Merci des Ecrits de jeunesse. Il me semble que vous en parlez très juste- ment. Tout de même : à quels traits auriez-vous deviné, sur ses contes, l’oeuvre à venir de Flaubert (la rage d’écrire mise à part) ? Mais la question est peut-être absurde. Je suis à vous, très cordialement. Jean Paulhan ».

LS du 29 juin 1964 : « Cher Maurice Nadeau, J’aurais besoin du numéro des Lettres Nouvelles qui contenait la 1ère partie des Souvenirs (excellents) sur Simone Weil. Je crois que je ne l’ai jamais reçu. Puis-je vous en demander un exemplaire ? Merci d’avance et très cordialement. Jean Paulhan ».

On joint une coupure de presse titrée « Le Candidat appliqué » titrée, tel qu’en atteste une annotation autographe de Maurice Nadeau, des Nouvelles littéraires du 5 mars 1964 et ornée de petits dessins à l’encre rouge (quatre visages féminins). Jean Paulhan avait affirmé, dans une interview donnée à Gilbert Ganne n’avoir « jamais été candidat chez les Dix ». Roland Dorgelès y contredit Jean Paulhan en faisant publier une lettre d’icelui à André Billy dans laquelle il faisait part de son souhait d’entrer à l’Académie Goncourt.

7 500 €

472. PAULHAN (Jean). Guide d’un petit voyage en Suisse.

Paris, Gallimard, 1947. 16,7 x 10,8 cm, broché, couv. imprimée, 79 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 8 Chine, 13 Hollande, 55 vélin pur fil et 1 040 ex. sur alfa mousse reliés d’après la maquette de Mario Prassinos).

Envoi autographe signé : « La Suisse trait sa vache et vit paisiblement / sa blanche liberté s’adosse au firmament / (Victor Hugo - La Légende des / siècles) / A Maurice Nadeau, tout amica- / lement Jean Paulhan / 27.3.47 ».

200 €

240 473. PAULHAN (Jean). De la paille et du grain.

Paris, Gallimard, 1948. 16,6 x 11 cm, broché, couv. imprimée, 180 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 8 Chine, 13 Hollande, 55 vélin pur fil et 540 ex. sur alfa mousse reliés d’après la maquette de Mario Prassinos).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / amicalement / Jean Paulhan ». 150 €

474. PAULHAN (Jean). Petite préface à toute critique.

Paris, Editions de Minuit, Coll. Méthode, 1951. In-12 (18,8 x 12,2 cm), broché, couverture imprimée, 110 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 5 Madagascar, 9 vélin pur fil, 18 alfa mousse et 500 alfa pour les amis des Edi- tions de Minuit).

Bel envoi autographe signé : « Le bon goût se manifeste / dans l’histoire des Arts par / une suite d’horreurs, qui / viennent de chercher à plaire / (Boileau, Lettres à Brossette) / cordialement, à Maurice / Nadeau / Jean Paulhan / 18. VII. 1951 ».

Dos bruni. 150 €

475. PAULHAN (Jean). La Preuve par l’étymologie.

Paris, Editions de Minuit, 1953. 19 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 133 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP, poinçon aux derniers feuillets (après 5 Madagascar, 14 vélin pur fil et 26 ex. sur Alfa mousse).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / cordialement / Jean Paulhan ». 100 €

476. PAULHAN (Jean). Braque le patron.

Paris, Gallimard, 1952. 16,8 x 10,8 cm, broché, couverture crème imprimée, 145 pp., 2 ff. n. ch..

Nouvelle édition.

Exemplaire du SP.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / très cordialement / Jean Paulhan ».

Dos bruni. 100 €

477. PAULHAN (Jean). Fautrier l’enragé.

Paris, Gallimard, 1962. 32 x 26,2 cm, broché, couverture crème, 48 pp. dont 3 planches en couleurs sur papier glacé.

Edition définitive et en partie originale.

’un des 3 200 ex. numérotés sur bouffant alfa Calypso des papeteries de Libert, celui-ci un des 200 hors commerce, seul tirage après 37 ex. sur pur fil.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau, puis-je le / remercier d’un prix, dont je ne suis / pas peu fier / Jean Paulhan ».

Ouvrage illustré de 3 reproductions d’oeuvres de Fautrier. 250 €

241 478. PAZ (Octavio). Lettre autographe signée à Maurice Nadeau.

Cambridge, 30 mars 1970. LAS d’une page de format in-4 rédigée à l’encre noire.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau dans laquelle Octavio Paz propose la publication dans la Quinzaine littéraire de « Lectura de John Cage », poème d’Octavio Paz dont John Cage avait suggéré la publication en guise de préface à Silence.

Le poème ne sera pas retenu par Maurice Nadeau.

LAS : « Cambridge, le 30 mars 1970 / M. Maurice Nadeau, Paris, / Cher ami, Je viens de recevoir une lettre de Monique Fong Wust [amie d’Octavio Paz et traductrice de son oeuvre en français] dans laquelle elle me charge de vous envoyer Lectura de John Cage*. Ce poème m’avait été demandé, l’année dernière, au nom de Geneviève Ser- reau, par Hector Bianchotti [Hector Bianciotti]. En effet, John Cage avait suggéré sa publication en guise de préface à Silence. Je vous envoie donc une nouvelle copie, dans le cas où vous vouliez [voudriez] le publier. J’espère passer par Paris fin mai début juin et alors j’aurai peut-être le plaisir de vous revoir. Afectionamente Octavio Paz / Churchill College / Flat n°5 - Cambridge, Engmand / * En lisant John Cage ».

500 €

242 479. PEREC (Georges). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

7 LAS (3 au format in-4 et 4 au format in-8, formant un ensemble de 17 pp.), 2 LS au format in-4 (12 pp.) et photocopie d’une lettre avec note autographe signée.

Importante correspondance de 10 lettres, la plupart adressées à Maurice Nadeau, (sauf une envoyée à M. Rossignol aux éditions Denoël) de 1957 à 1976.

Maurice Nadeau fut l’éditeur des premiers livres de Georges Perec.

Très importante LAS du 12 [juin 1957], 4 pp. in-4, intégralement retranscrite dans Grâce leur soient rendues (pp. 430-432) dans laquelle il fait part de ses difficultés et annonce renoncer à collaborer aux Lettres Nouvelles pour une période de deux à trois ans, coïncidant avec son service militaire.

LAS du 1er février 1958, 3 pp. in-8 envoyée depuis le Camp d’Idron où Perec effectue son service militaire dans laquelle Perec fait part de la rédaction de La Nuit : « Cher Monsieur, Marches, course, sports, techniques de combat, corps à corps, armes blanches, P. M., F. M., grenades, camouflage, le doux et pacifique civil que j’étais se transforme petit à petit en un grimaçant combattant de commando. Je passe sous silence le contexte idéologique (l’idéal du Para). J’en parlerai quand je n’y serai plus (à ce propos, évitez en me répondant, d’utiliser une enveloppe à en-tête des L. N. Il ne faut pas grand-chose pour être suspecté de communiste avec les inconvénients qui sont ordinairement attachés à une telle renommée). [...] Je tente vainement de lire Go down Moses de Faulkner. Mon livre se fait comme un café-filtre - goutte à goutte - des phrases viennent, s’oublient reviennent, se gravent peu à peu. Ça s’appelle La Nuit. Ce sera une histoire assez trouble, assez tragique - peut-être dans le genre des films d’Ingmar Bergman (Sourires d’une nuit d’été, La Nuit des Forains) - l’histoire de deux jeunes hommes qui se rencontrent, vivent un temps en une sorte de symbiose, puis s’écrasent, inexorablement. Je compte avoir un plan à peu près complet et quelques passages essentiels écrits à la fin de l’année. [...] ».

LAS du 3 décembre 1965 à M. Rossignol à propos des droits pour Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? et annonce son prochain livre Un homme qui dort : « [...] Je comprends fort bien votre position : vous voudriez reconduire aux mêmes conditions, mon contrat avec Julliard. Mais j’ai signé chez Julliard avec un horizon de vente limité à 1 500 exemplaires. Or il est à peu près assuré que Quel petit vélo etc... se vendra très bien, et que mon prochain livre (qui sera prêt vers la fin 1966) sera très attendu. [...] ». 243 LS inédite du 5 janvier 1968 dans laquelle Perec demande à Maurice Nadeau d’appuyer sa demande d’avance formulée auprès de Denoël et lui annonce travailler à 4 livres dont La Disparition : « [...] 1°) L’Arbre. Histoire d’Esther et de sa famille. J’y ai surtout travaillé l’année dernière et je ne compte pas avoir fini avant 1970. C’est gros. 2°) L’Age que je vous avais annoncé comme un peu la suite des « Choses » ou plutôt, les Choses 5 ans après. c’est un récit. Je l’aurai fini l’année prochaine. 3°) « Presbytères de tous les pays, unissez-vous » ou « Le prolétaire n’a rien perdu de son charme » : ce sont les exercices oulipiens, écrits en collaboration avec Marcel Benabou. Ils sont achevés; le texte définitif pourrait être prêt en mai et un ouvrage sortir à la fin de l’année». 4°) « La Disparition », dont je ne vous ai jamais parlé auparavant. Je suis en ce moment dedans jusqu’au cou, n’en sortant que pour tenter de régler mes histoires d’argent. C’est un Roman, pas vraiment policier, un peu à tiroirs, mais surtout très déroutant. Je voudrais l’achever avant la fin mars (sinon je crois que je deviendrai fou...). [...] ».

Très importante LS du 7 juillet 1969, 9 pp. in-4, retranscrite dans Je suis né (Seuil, 1990), dans laquelle Perec expose, avec moult détails, ses projets littéraires comprenant un travail collectif avec Marcel Benabou modestement intitulé « Premiers travaux relatifs à un projet général de production automatique de littérature française (PALF) », et une entreprise autobiographique d’un type nouveau à mener sur une durée de douze ans comprenant « L’Arbre (Histoire d’Esther et de sa famille) », « L’Âge », « Lieux » et « W ». Ce travail aboutira à la publication de W ou le souvenir d’enfance (1975) et de Je me souviens (1978). L’écriture de Lieux sera finalement abandonnée.

LAS inédite du 24 février 71 à propos de ses projets littéraires et ses difficultés à les mettre en oeuvre: « [...] Je n’ai pas fini W; je l’ai à peine continué ; j’ai commencé une pièce de théâtre, une autre, une autre, un roman, un autre etc. Le besoin d’écrire, de travailler est encore là, quand même, mais je n’ai plus aucun rendement ; je tourne en rond dans presque tout, ça ne débouche pas sur quelque chose de tangible, d’un peu solide. [...] Mon activité d’écrivain est la seule chose stable que j’ai pu construire dans ma vie. Si j’y piétine, cela ne peut être que de plus en plus grave (à moins de quelque miracle qui me redonnerait envie de me battre avec autre chose qu’avec des mots et des dictionnaires !). Ce n’est pas pour vous dire ceci que je vous écrivais, mais enfin, il était normal que je vous prévienne de ces difficultés qui risquent de vous priver de livres que vous attendiez peut-être (D’ailleurs je vous ai déjà écrit une lettre un peu semblable il y a 15 ans !). Voici donc l’objet (réel et prétexte) de cette lettre : Bourgois voudrait, publier « Un homme qui dort » dans la collection 10/18 et voudrait votre autorisation (et celle de la maison Denoël ensuite). Personnellement, j’en serais très content car c’est un livre que j’aime bien et qui me semble encore avoir quelque chose de vrai. Amicalement G. »

Photocopie d’une lettre datée du 29 janvier 1973, qu’il fait suivre à Maurice Nadeau accompagnée de ce mot autographe signé : « Cher Maurice, pour information... A très bientôt Amitié G. », à laquelle était joint le contrat de « Lumière noire » à paraître dans la collection « Cause commune ». Dans cette lettre Perec précise qu’il considère Maurice Nadeau comme son seul éditeur, et être prêt, s’il le désire, à signer un nouveau contrat de 5 livres avec lui et avec Denoël.

LAS inédite du 19 avril [1973] à propos de La Boutique obscure : « Cher Maurice, [...] J’ai un service assez ur- gent et assez important à te demander : Mon recueil de rêves, dont le titre définitif est désormais « La Boutique obs- cure » sort chez Denoël (collection « Cause commune ») le 8 juin. [...] il faut que la critique accepte d’écrire un article d’avance et lise le livre en manuscrit ou sur épreuves : d’où la nécessité de s’y prendre d’avance, et d’où l’urgence (relative) de ma demande : je n’ose pas te demander un article de toi, dans la mesure où je sais que ce livre ne t’ins- pire qu’à moitié, mais j’ai pensé que l’on pourrait demander à des écrivains proches de ce genre d’expériences de rendre compte du travail que j’ai pu faire (dans la mesure où il peut être original par rapport au leur) (c’est un peu ce que nous avons demandé à Roger Bastide pour la postface du livre). J’ai donc pensé, dans l’ordre, à Queneau (dont je sais qu’il avait bien aimé les quelques rêves parus il y a 2 ans dans la NRF), à Leiris et à Michaux (sans vouloir péter plus haut que mon cul!). Pourrais-tu donc leur demander s’ils accepteraient de lire le livre sur épreuves dans le courant mai et, d’en parler dans « La Quinzaine » du 15 juin ? Je pourrais le demander moi même à Queneau, bien que ça me gène un peu, mais je ne connais quasiment pas les deux autres. [...] ».

LAS du mercredi 12 [septembre 1973] chez SATPEC, Gammarth, Tunisie à propos d’un spectacle où figurait Kate Manheim : « Cher Maurice Nadeau, Voici l’article dont je t’avais parlé au téléphone juste avant mon départ. Ce n’est pas vraiment un article critique mais je pense avoir bien retranscrit l’éblouissement que m’a donné le spectacle. [...] ».

LAS, 1 p. in-8, s.d. [début d’année 1976] annonçant la proposition de Paul Otchakovsky-Laurens d’éditer ses prochains livres chez Flammarion. C’est finalement chez Hachette, maison d’édition que Paul Otchakovsky rejoin- dra en 1977, que Perec publiera, en 1978, dans la collection POL, Je me souviens et La Vie mode d’emploi : « Mer- credi, Cher Maurice Nadeau, Paul Otchakovsky me propose d’entrer dans sa collection : Flammarion me verserait une mensualité pendant trois ans. Le contrat serait renouvelable. A plusieurs reprises je t’ai promis de te suivre, mais je sais trop bien que ni toi ni aucun autre éditeur ne pensent actuellement me proposer des conditions identiques : pour moi c’est la possibilité de quitter le CNRS et de réaliser pleinement mon projet d’écrivain. je sais que c’est une chance qui ne se présentera plus. C’est pour cela que je te demande, à toi aussi, et c’est pour moi plus important que Blanchard, de me rendre ma liberté d’auteur. Je t’en remercie d’avance. Amitiés G. Perec ».

Remerciements à M. David Bellos pour sa relecture et ses conseils avisés. 20 000 €

244 480. PEREC (Georges). Les choses.

Paris, Julliard, Les Lettres Nouvelles, 1965. 20 x 11,6 cm, broché, couverture jaune rempliée imprimée en noir, 122 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale du premier livre de l’auteur.

L’un des ex. numérotés réservés aux amis, collaborateurs et abonnés des Lettres Nouvelles (seuls exemplaires numérotés), celui-ci portant le n°48.

Initiales de Maurice Nadeau au crayon sur le premier feuillet blanc.

1 000 €

481. PEREC (Georges). Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour?.

Paris, Denoël, Les Lettres Nouvelles, 1966. 20 x 11,6 cm, broché, couverture jaune rempliée imprimée en noir, 104 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

L’un des ex. numérotés réservés aux amis, collaborateurs et abonnés des Lettres Nouvelles (seuls exemplaires numérotés), celui-ci portant le n°2.

1 000 €

482. PEREC (Georges). UN HOMME QUI DORT.

Paris, Denoël, Les Lettres Nouvelles, 1967. 20 x 11,6 cm, broché, couverture jaune rempliée imprimée en noir, 163 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

L’un des ex. numérotés réservés aux amis, collaborateurs et abonnés des Lettres Nouvelles (seuls exemplaires numérotés après 15 ex. sur vélin pur fil Lafuma Navarre), celui-ci portant le n°1.

1 000 €

245 483. PEREC (Georges). La Disparition.

Paris, Denoël, Les Lettres Nouvelles, 1969. In-8 (21,2 x 12,4 cm), broché, couverture jaune imprimée, 319 pp..

Edition originale.

Un des 37 ex. num. réservés aux collaborateurs de l’ouvrage (après 30 ex. sur vélin pur fil Lafuma sous couver- ture blanche imprimés à grandes marges), celui-ci imprimé spécialement pour Maurice Nadeau.

Très bel envoi autographe à l’encre noire (les « e » en rouge) : « Pour Maurice Nadeau / qui, voici aujourd’hui treize ans / me donna le courage d’écrire / alors qu’abattu, morfondu, balbutiant, / je m’ouvrai à l’art jamais acquis / du discours / Avec mon amitié fidèle / G. Perec ».

10 000 €

246 484. [PEREC (Georges)] MATHEWS (Harry).

Les Verts champs de moutarde de l’Afghanistan. traduit de l’américain par Georges Perec avec la collaboration de l’auteur.

Paris, Denoël, 1974. 20 x 11,6 cm, broché, couverture blanche imprimée en rouge et noir, 185 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale française (pas de grand papier).

Envoi autographe signé d’Harry Mathews : « à Maurice Nadeau / avec toute ma gratitude / Harry Mathews » com- plété par Georges Perec : « et l’amitié de / G. Perec ».

Complet du prière d’insérer. 750 €

485. PEREC (Georges). W ou le souvenir d’enfance.

Paris, Denoël, Les Lettres Nouvelles, 1975. 20,3 x 11,7 cm, broché, couverture imprimée, jaquette imprimée, 220 pp..

Edition originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / avec mon amitié fidèle / G. / 14. 4. 75 ».

Bel exemplaire broché, complet de la jaquette illustrée sur le premier plat d’une photographie de Christine Lipinska figurant la porte du salon de coiffure, sis rue Vilin, où exerça jusqu’en 1942 la mère de Georges Perec.

3 000 €

486. PEREC (Georges). Je me souviens.

Paris, Hachette, 1978. 20,6 x 14,1 cm, broché, couverture imprimée, 147 pp..

Edition originale sur papier d’édition (après 20 ex. sur vergé blanc des papeteries d’Arches).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / avec l’amitié de / G. Perec / Paris 5. 1. 78. ».

1 000 €

487. PEREC (Georges). Les Mots croisés.

Paris, Mazarine, 1979. 22,3 x 13,8 cm, broché, couverture illustrée à rabats, non paginé.

Edition originale (pas de grand papier).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / son ami / G. Perec ». 1 000 €

488. [PEREC (Georges)] BELLOS (David). Georges Perec. Une vie dans les mots.

Paris, Seuil, 1994. In-8 (24 x 15,3 cm), broché, couverture illustrée d’une photographie d’Anne de Brunhoff, 818 pp., 6 ff. n. ch..

Edition originale française de la première biographie consacrée à Georges Perec.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / avec mes hommages sincères / David Bellos / Paris, 19. I. 1994 ».

Version française établie par Françoise Cartano et l’auteur.

Couverture jaunissant en marge. 150 €

247 489. PÉRET (Benjamin). Il était une boulangère.

Paris, Aux éditions du Sagittaire, chez Simon Kra, Coll. Les Cahiers nouveaux, 1925. In-12 (15,7 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 1 f. blanc, 75 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 750 ex. sur vélin de Rives (après 50 Japon ).

Ex-libris manuscrit sur le premier feuillet de garde. 100 €

490. PÉRET (Benjamin). Dormir dormir dans les pierres. Poème. Dessins d’Yves Tanguy.

Paris, Editions Surréalistes, 1927. In-8 (17,6 x 22,5 cm), broché, couverture illustrée, non paginé, 18 ff. n. ch..

Edition originale illustrée de 14 dessins d’Yves Tanguy, dont la couverture reprise en page de titre et 3 hors-texte

Un des 175 exemplaires sur vergé, numérotés, signés par Benjamin Péret et Yves Tanguy (après 10 Japon impérial, 30 Hollande et 5 Chine hors commerce).

Le titre et la couverture n’ont pas été rehaussés.

3 000 €

491. PÉRET (Benjamin). De derrière les fagots.

Paris, Editions Surréalistes, 1934. In-8 (19,3 x 14,5 cm), broché, couverture verte imprimée, 132 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 500 exemplaires numérotés sur Vélin Bouffant (après 24 Japon Nacré comportant une eau-forte de Picasso, 25 hors commerce sur papier vert lumière et 50 ex. de presse).

Bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / Et les cheveux de la vieille fondent dans / la pince à sucre / Amicalement / Benjamin Péret ».

Manques au dos bruni, couverture passée en marge, premier plat détaché. 500 €

248 492. PÉRET (Benjamin). Je sublime.

Paris, Editions surréalistes, 1936. Plaquette petit in-12 (14,4 x 12 cm), brochée, couverture verte rempliée, non paginée, 22 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 200 ex. sur vergé (après 1 ex. sur Japon nacré comportant 4 frottages de Max Ernst et le manuscrit, 15 Japon impérial et 25 ex. hors commerce sur papier teinté « Louis le Roy » chacun avec 4 frottages).

Bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / Demain n’est pas un repas à / prix fixe / Amicalement / Benja- min Péret ».

Dos passé comme presque toujours. 750 €

493. PÉRET (Benjamin). Le Déshonneur des poètes.

Mexico, Poésie et Révolution [K Editeur], 1945. In-8 (19,7 x 14,2 cm), broché, couverture imprimée, non paginé, 16 ff. n. ch..

Edition originale

Une des 1 000 ex. num. sur bouffant (seul tirage après 20 vélin pur fil).

Bel exemplaire. 75 €

494. PÉRET (Benjamin). Dernier malheur. Dernière chance.

Paris, Fontaine, Coll. « L’Age d’or » dirigée par Henri Parisot, 1945. 14 x 11,2 cm, broché, couverture imprimée, 36 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 25 ex. h.c. sur vélin vert (après 25 ex. sur vergé d’Arches et 750 ex. sur vélin blanc).

Couverture de Mario Prassinos. 150 €

249 495. PÉRET (Benjamin). Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau.

Mexico, 2 novembre 1945. LAS d’1 p. (28 x 21,5 cm) rédigée à l’encre bleue sur papier pelure bleu.

Belle lettre autographe signée à propos de collaborations littéraires et de la réédition d’un choix de poèmes de Je ne mange pas de ce pain-là.

LAS : « Mexico 2 novembre 1945 / Mon cher Nadeau, / Je m’excuse de ne pas t’avoir répondu plus / tôt mais je nage dans [les] emmerdements et entouré de cons dont Marceau [Pivert] n’est pas le / moindre. Ces messieurs officiels français parmi lesquels je me débats sont véritablement / une humanité inqualifiable. / D’abord: tu vas recevoir ou tu as déjà reçu de l’argent. Il est destiné à la famille / de CEE.

Reçu « La Crise française »* qui contient beaucoup de choses intéressantes mais l’Histoire / du surréalisme ne m’a pas atteint. Il est vrai que 2,300 mètres d’altitude et la poste mexicaine / aidant cela n’a rien d’étonnant. je crains fort que la censure continue d’exister, en / douce bien entendu, pour ne pas perdre les bonnes habitudes. / Pas reçu non plus la brochure dont tu parles. / Pour la « Revue Internationale », je ne peux malheureusement rien faire d’une manière immé- /diate à cause du travail que j’ai sur le dos pour vivre. Mais je compte me dégager en partie ce / mois- ci et je penserai alors à quelque chose. J’ai parlé de la revue ici et les amis vont / te donner des choses. Je t’annonce un article sur l’APRA [Alliance populaire révolutionnaire américaine] au Pérou et Manolo a écrit un / gros livre sur l’Espagne qui sera bientôt publié ici. Il serait possible d’en extraire un / passage et peut-être de publier le livre aux Editions du Pavois. Cela vaudrait vraiment / la peine.

Les nouvelles que le mari de Sophie lui a données sont plus encourageantes que les tiennes. Il / semble que les amis gagnent du terrain. J’avais déjà vu une nouvelle officielle venue de / Paris qui le laissait prévoir et que les résultats des élections à la Constituante confirment / Ne pas trop confier en Rivet car il est en en état d’hostilités ouvertes avec l’am- / bassade d’une part, déteste le surréalisme d’autre part, flirte avec les amis de Joseph [Staline]et / ne veut se compromettre en rien. Le mieux serait de voir Langier, directeur des relations / culturelles que je connais personnel- lement et avec qui je suis en bons termes. je lui / ai écrit mais sait-on quelles lettres arrivent ? Des livres des E. U. ont mis 2 ans pour me joindre...

Remedios [Varo] a reçu une lettre de la plus épaisse loufoquerie d’un nommé [Lubanne?] / de Nice, qui se réclame de toi, qu’est-ce ?

Reçu aussi une lettre de Pierre Quint à qui j’écris aussi. Il me dit que tu es chargé / de choisir des poèmes de mon livre et me parle de « Je ne mange pas de ce pain là ». Je ne / voulais précisément pas les reproduire non pas que je désavoue la pensée profonde de ces / textes mais je ne pense pas les retenir en tant que poèmes. Si l’on insiste je les ferais / précéder ou suivre d’une note ou d’un commentaire pour dire ce que j’en pense. Je parle / de cela à Pierre-Quint. Tu pourras trouver « De derrière les fagots » chez [Adolphe] Acker. Quant / au Grand jeu je ne vois que des ennemis qui peuvent l’avoir.

Sais-tu si Rousset a reçu ma lettre ? Elle était adressée chez son père. Dis-lui / de répondre s’il l’a reçue. / Amitiés à Marthe et à toi fraternellement / Benjamin Péret / Puisque tu es en relation avec Pierre-Quint, parle lui donc de mon retour; Il connaît / énormément de gens. »

* Essais et documents par Charles Bettelheim, Gilles Martinet, Pierre Naville, Pierre Bessaignet, Le Corbusier, Jacques Hardy, paru en 1945 aux éditions du Pavois.

Auteur de contes, poèmes, essais et traductions, Benjamin Péret était déjà auprès des dadaïstes en 1920, et fut ensuite un des piliers du groupe surréaliste, codirigeant par exemple la revue La Révolution surréaliste (1924-1925). Très engagé, il adhéra au parti communiste en 1926 avant d’évoluer vers le trotskysme, participant aux luttes poli- tiques au Brésil, combattant dans la guerre d’Espagne aux côtés des anarchistes. Mobilisé en 1939, il fut incarcéré pour militantisme gauchiste, mais il parvint à s’évader à la faveur de la débâcle et gagna le Mexique où il demeura de 1941 à 1948.

Il demeura proche d’André Breton après son retour en France et participa de nouveau aux activités du groupe sur- réaliste. Dans sa radicalité, Benjamin a incarné de façon exemplaire le devenir révolutionnaire du surréalisme, tant dans la vie que dans la littérature.

1 000 €

250 496. PÉRET (Benjamin). Avertissement concernant la réédition de Je ne mange pas de ce pain-là.

Mexico, 10 février 1946. Manuscrit autographe signé, 1/3 p. rédigée à l’encre bleue sur papier vergé (27,8 x 21,5 cm).

Important manuscrit autographe signé.

Dans ce texte introspectif, sous forme d’avertissement à la réédition de Je ne mange pas de ce pain-là, Benjamin Péret oppose la poésie de résistance du Déshonneur des poètes aux textes non-conformistes figurant dans Je ne mange pas de ce pain-là.

« Avertissement

La réédition de Je ne mange pas de ce pain-là pourra sembler à première vue entrer en contradiction avec / la publi- cation du Déshonneur des poètes et, de fait, il y a là une contradiction relative car ces « poèmes » / sont en fin des invectives de circonstance encore que, témoignant d’un non-conformisme indiscutable, ils restent / dans le sillage de la poésie authentique dont ils dénoncent l’existence. Il n’en est pas de même de la « poésie » de la / résistance qu’anime avant tout un idéal patriotique, donc conformiste. Cette considération, seule, m’a décidé à publier de / nouveau ces textes. La poésie, en effet, ne peut s’accommoder d’aucune contrainte, de quelqu’ordre qu’elle soit, ni d’aucune / frontière et ne s’aligne derrière aucun drapeau car elle est elle-même le drapeau qui entraîne tous les hommes, à leur / insu, la plupart du temps, sur la voie de la liberté totale qu’il s’agit non de défendre une fois com- prise, mais de / gagner tous les jours contre les forces humaines opposées à son développement indéfini. Il n’y a pas, pour la liberté, / d’autre alternative qu’un développement perpétuel ou le dépérissement et la mort.

Benjamin Péret / Mexico, 10 février 1946 »

1 500 €

251 497. PÉRET (Benjamin). Dix poèmes autographes. s.d. [1946]. Dix poèmes autographes rédigés à l’encre bleue sur 6 feuillets de papier pelure bleu (28 x 21,5 cm).

Ensemble constitué de 10 poèmes autographes mis au propre pour Maurice Nadeau.

L’ensemble comprend :

- 5 poèmes tirés de Je sublime (recueil comportant 16 poèmes publié aux Éditions Surréalistes en 1936) savoir : Allo, Clin d’oeil, Source, Parle-moi et Ecoute ;

- 4 poèmes, alors inédits (sous-presse), qui figureront dans Feu Central sous la rubrique « Un point c’est tout » (publié par K Éditeur en 1947, rassemblant les premiers recueils de l’auteur Immortelle maladie, Dormir dormir dans les pierres et Je sublime et des poèmes inédits réunis sous les titres « Un point c’est tout » et « À tâtons ») savoir : On sonne, Je ne veux pas, Sais-tu et Toujours ;

- la seconde partie de Dernier malheur dernière chance (long poème en quatre parties édité par Fontaine dans la collection L’Age d’or en juin 1946) alors inédit (sous-presse).

On notera les variantes suivantes :

Parle-moi : « qui rêve d’une toile d’araignée en sucre » au lieu de « qui rêve d’une toile d’araignée de sucre »

On sonne : « Une puce qui fond dans un escalier où je voudrais vivre avec toi » au lieu de « Une puce qui fond dans un escalier où je vivrais avec toi ».

« pareille à un navire qui dérive » au lieu de « pareille à un navire en dérive ».

Dernier malheur dernière chance : « d’où se lèvent des maîtres pétrifiés statues des modestes vies latentes entre chien et loup » au lieu de « d’où se lèvent des maîtres pétrifiés statues des modes vies latentes entre chien et loup » (probable typo au moment de l’édition).

Les poèmes autographes de Benjamin Péret sont d’une insigne rareté. 5 000 €

252 498. PÉRET (Benjamin). Feu central. Avec des illustrations de Yves Tanguy.

Paris, K éditeur, Le Quadrangle, 1947. In-4 (25 x 19,3 cm), broché, couv. rempliée, 101 p., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 200 exemplaires sur vélin Crèvecoeur du Marais comprenant une seconde couverture avec une découpe réalisée par Pierre Faucheux d’après un dessin d’Yves Tanguy et 4 gouaches reproduites en phototypie, après 30 ex. sur Johannot avec une eau-forte originale.

Parfait état, non coupé. 600 €

499. [PÉRET (Benjamin)] BRETON (A.), PAZ (O.), LEGRAND (G.) & SCHUSTER (J.). Annonce du décès de Benjamin Péret.

19 septembre 1959. 1 LS d’1 p. au format in-4.

Lettre tapuscrite d’une page, signée par André Breton, Gérard Legrand, Jean Schuster et Octavio Paz annonçant le décès de Benjamin Péret.

« Monsieur le Directeur, nous vous serons reconnaissants de vouloir bien faire part à vos lecteurs du décès (le 18 septembre à Paris, hôpital Boucicaut) de Benjamin Péret, poète et militant révolutionnaire, né en 1899 à Rezé près Nantes, auteur de Je ne mange pas de ce pain là, Feu central, Anthologie de l’amour sublime, etc. Veuillez agréer, Monsieur le directeur, l’assurance de nos sentiments distingués, André Breton, Gérard Legrand, Jean Schuster, Octavio Paz ».

300 €

253 500. PERROS (Georges). Papiers collés.

Paris, Gallimard, Coll. « Le Chemin », 1960. In-8° couronne (18,8 x 12 cm), broché, couv. blanche imprimée en rouge et noir, 216 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier). Exemplaire du service de presse.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Monsieur Maurice Nadeau / Hommage sincère / Georges Perros ».

Complet du prière d’insérer. Rare.

Georges Perros quitte le petit monde parisien du monde des lettres en 1959 et s’installe en famille, au calme, à Douarnenez en Bretagne afin de mener une vie ordinaire.

Un an plus tard, son premier livre, Papiers collés, indéniablement l’un des sommets de son oeuvre, nourri de la lec- ture de Kafka, Rimbaud, Hölderlin, Lichtenberg et Kierkegaard, est publié par Georges Lambrichs.

Ces pensées, recueillies d’après des notes prises « volontairement, paresseusement, éperdument » sur des « bouts de papier, souvent hygiénique, tickets de métro, boites d’allumettes, pages de livres », rédigées avec un humour plein d’à propos et fruit d’une acuité saisissante résonnent avec les travaux des maîtres du genre : La Rochefou- cauld, Chamfort et Joubert.

En un écho plus proche, ces bribes à la noirceur grisée par l’air iodé évoquent les Syllogismes de l’amertume de Cioran.

En ce mois de mars 1960, Georges Perros assure un service de presse « minimum ».

Point de prix pour Papiers collés. Trois ans plus tard, en 1963, les Poèmes bleus, deuxième livre de Georges Perros, paru l’année précédente, est couronné par le prix Max-Jacob.

1 500 €

501. PICABIA (Francis). Choix de poèmes.

Paris, GLM, 1947. In-16 (16,8 x 11,7 cm), broché, couv. imprimée, 86 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale de ce choix de poèmes effectué par Henri Parisot, composée, mise en pages et imprimée par Guy Lévis Mano.

Un des quelques exemplaires hors commerce sur vélin d’édition (après 9 vélin d’Arches, 195 vélin du Marais et 570 vélin d’édition).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / Francis Picabia ».

Dos passé, petite tache en couverture.

Rare avec envoi. 350 €

254 502. PICASSO (Pablo) & TZARA (Tristan). De mémoire d’homme. poème.

Paris, Bordas, 25 octobre 1950. In-4 (33 x 25,3 cm), broché, couverture imprimée rempliée, 119 pp., 3 ff. n. ch..

Édition originale ornée de 9 lithographies originales hors-texte de Pablo Picasso : fleurs et animaux familiers ou imaginaires créés par un moyen inhabituel. Picasso trempait ses doigts dans l’encre et dessinait sur la pierre, laissant ça et là des dermatoglyphes ; il affirmait ensuite les contours au crayon-litho.

Tirage à 350 exemplaires. Celui-ci un des 20 ex. hors commerce imprimés sur alfa mousse (après 30 ex. sur vélin de Hollande avec suite sur Japon et 300 ex. sur Arches paraphés par l’auteur).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / cordial souvenir / Tristan Tzara / 26 février 1951 ».

Bel exemplaire broché, tel que paru.

2 500 €

255 503. PIERRE (José). Tracts Surréalistes et Déclarations Collectives (1922/1969).

Tome I (1922-1939) & Tome II (1940-1969).

Paris, José Pierre - Éditions Eric Losfeld, 1980 & 1982. 2 vol. in-8 cartonnés (24 x 15,8 cm), jaquette (Tome I), XXIII pp., 541 pages (Tome I), XXIX pp., 462 pp. (Tome II).

Edition originale.

Formidable envoi autographe signé sur chaque volume.

Tome I : « A Maurice Nadeau / cette traversée d’une jungle où il / s’était aventuré le premier - parmi / les mêmes miaulements de tigres et / les mêmes ricanements des singes / et des perroquets, / en très cordial hommage / José Pierre ».

Tome II : « à Maurice Nadeau / cette « suite » à des / évènements bien connus / en très cordial hommage / José Pierre ».

600 €

504. PIEYRE DE MANDIARGUES (André). Dans les années sordides.

Paris, Gallimard, Coll. Métamorphoses, 1948. 19 x 14,3 cm, broché, couverture imprimée, 181 pp..

Edition en partie originale contenant « Dans les années sordides », « Heptamérides » et « Soie et Charbon ».

Exemplaire du SP (après 10 ex. num. hors commerce réservés à l’auteur sur vélin pur fil Lafuma Navarre).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / de tout coeur, / André Pieyre de Mandiargues / 5 - 1 - 49 ».

100 €

505. PIEYRE DE MANDIARGUES (André). Lettre à Maurice Nadeau à propos d’un article dans Combat sur Soleil des loups.

Paris, 23 avril 1951. 1 LAS au format in-8 de 2 pp..

Belle lettre autographe signée à Maurice Nadeau en remerciement de son article « Dans la lignée d’Hoffmann et Edgar Poe » paru dans Combat le 19 avril 1951 portant principalement sur l’essai de Pierre-Georges Castex, Le Conte fantastique en France, de Nodier à Maupassant paru chez José Corti mais dans lequel Maurice Nadeau évoque longuement Soleil des loups, recueil de contes étranges de Pieyre de Mandiargues qui venait de paraître chez Robert Laffont.

Il y est également question, avec des commentaires moins tendres, de Le Visage de feu de Jean-Louis Bouquet.

Dans cet article, Nadeau présentait André Pieyre de Mandiargues comme un écrivain remarquable du genre.

LAS : « 11 rue Payenne / 23.4.51 / Mon cher Maurice Nadeau, / J’ai été très sensible à votre bel article de Combat, et je vous en remercie très fort. Je vous annoncerai même, entre nous, que je suis assez de votre avis sur ce que vous reprochez à mon écriture, et qu’aux secondes épreuves certains défauts (certains échos mallarméens dans l’Etu- diante surtout) m’ont frappé tellement que j’étais bien tenté de remettre tout en l’air; mais cela n’était plus possible - et voulant simplifier j’aurais peut-être bien compliqué encore... Quant à la Cesarina di sera (que, moi, j’aime bien) je n’y vois pas une roulure du surréalisme ; elle provient, en réalité, Du musée anatomique de Florence (un musée peu connu, à côté du palais Pitti, qui est bien l’un des lieux plus inquiétants et plus bizarres que je sache, et dont je crois que vous ne regretterez pas la visite si jamais vous allez vous y promener). J’y ai mis des fraises, parce qu’elle me paraissent convenir tout à fait à certaines jeunes personnes qui montrent leurs entrailles, là-bas, sur des matelas de vieille soie. Pareil musée, s’il existait en Angleterre ou en Allemagne, on ne pourrait plus laisser une fille aller dans la rue qu’elle ne soit la proie des éventreurs. Mais les Toscans ne sont pas si bêtes. Vous avouerai-je aussi que j’ai trouvé Alouqua ou la comédie des morts tout à fait bien ? J’aurais grand plaisir à causer avec vous quelque jour ; en attendant cela je vous dis merci encore, et mes pensées très cordiales. André Pieyre de Mandiargues».

Note : « Alouqua ou la comédie des morts » est un conte faisant partie du Visage de feu.

Maurice Nadeau, Soixante ans de journalisme littéraire, Ed. Maurice Nadeau, 2018, pp. 1355 et 1356 250 €

256 506. PIEYRE DE MANDIARGUES (André). Marbre.

Paris, Robert Laffont, 1953. 18,8 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 202 pp..

Edition originale du premier roman de l’auteur.

Exemplaire du SP (après 30 ex. imprimés sur alfa).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau, ce [Marbre] / avec mon amitié / André Pieyre de Mandiar- gues ».

Complet du rare prière d’insérer. 150 €

507. PIEYRE DE MANDIARGUES (André). Le Lis de mer.

Paris, Robert Laffont, 1956. 18,6 x 11,9 cm, broché, couverture imprimée, 208 pp..

Edition originale en S. P. sur papier d’édition (après 30 ex. imprimés sur alfa).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / en amical hommage / André Pieyre de Mandiargues ».

100 €

508. PIEYRE DE MANDIARGUES (André). Lettre à Maurice Nadeau concernant une contribution aux Lettres Nouvelles.

Paris, 13 avril 1957. 1 LAS au format in-8 de 1 pp..

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau dans laquelle André Pieyre de Mandiargues propose un poème pour les Lettres Nouvelles.

Maurice Nadeau publiera, dans le n°50 des Lettres Nouvelles, « Ce gang » d’André Pieyre de Mandiargues.

LAS : « 11 rue Payenne (3e) / 13 avril 57 / Mon cher Maurice Nadeau, Depuis longtemps je voulais vous soumettre quelque chose pour les Lettres Nouvelles, et j’espère, avant l’été, vous montrer un conte fantastique. Cependant voilà un poème assez différent de ce que je fais d’habitude, et qui me plaît assez (c’est un peu ridicule de dire cela !) Par le bruit qu’il fait, tout au moins. Je ne l’ai montré à personne. Je viens de le recopier à l’instant (c’est pour cela, peut-être, qu’il me plaît...). S’il pouvait vous plaire aussi et aller dans les Lettres, j’en serais enchanté. Sinon (car les goûts différent infiniment, en matière de poésie, et je suis, quant à moi, plein de manies, je le sais bien), auriez-vous la grande amabilité de me le faire savoir rapidement, et alors de me renvoyer le manuscrit ? À bientôt. Vous avez mes pensées amicales. André Pieyre de Mandiargues ».

120 €

509. PONGE (Francis). Le Carnet du bois de pins.

Lausanne, Mermod, 1947. In-8 (23 x 15,6 cm), broché, couverture rempliée, 62 pp., 1 f. n. ch., XVI pp;, 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Tirage à 1 500 exemplaires numérotés, tous sur vergé chiffon, celui-ci l’un des ex. de presse.

Envoi autographe signé de l’auteur à Maurice Nadeau. 100 €

257 510. PONGE (Francis). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

1958 à 1975. 4 LAS, de format in-8 (3) et in-4 formant un ensemble 7 pp. 1/2 rédigées à l’encre.

Correspondance composée de 4 lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau.

Dans les trois premières lettres, datant de 1958 et 1959, il est question d’Antoine Denat et de son texte - Le Dernier métro - que Francis Ponge communique à Maurice Nadeau en vu d’une publication dans les Lettres Nouvelles. Fran- cis Ponge évoque également la possibilité d’une contribution de sa part à la revue.

Dans la dernière lettre, datant de septembre 1975, Francis Ponge remercie Maurice Nadeau d’avoir publié, chez Denoël, le premier roman de Serge Koster, Le Soleil ni la mort. Suite à l’écoute d’une interview sur France Culture, il est d’avis que « le jeune auteur n’avait assurément plus besoin de personne pour mener son roman au succès ». Serge Koster publiera un essai consacré à Francis Ponge en 1983 chez Henri Veyrier

LAS : « Paris, le 16 février 1958. Cher Maurice Nadeau, Il y a longtemps que j’attends l’occasion de vous proposer quelque chose. Voici ce qui me parvient (d’Australie). Est-ce que cela peut vous intéresser? Je ne connaissais pas Antoine Denat. Ce qu’il dit, dans l’un de ses textes, de son amitié pour Roland Barthes, me donne l’idée de le pré- senter, en première option, aux Lettres Nouvelles. Son dernier métro me paraît prouver un talent certain, d’une géné- rosité exceptionnelle (je veux dire qu’il ne s’en tiendra certainement pas à cela). Quelle verve ! Cela m’a beaucoup amusé. Quant à son texte critique, j’aime beaucoup son air sans façon (il s’agit d’une conférence faite à Hobart (Tas- manie), l’an dernier au cours d’un congrès des Universités d’Australie et Nouvelle-Zélande), et sa simplicité de ton. Mais voici le plus important : ce qu’il dit, sans avoir trop l’air d’y toucher, est nouveau. Il s’agit de quelque chose à la fois de tout à fait original, et qui porte avec soi son évidence. Rien de plus rare. J’espère que vous serez de mon avis. Cela me paraît probable, mais quoi qu’il en soit, cher Maurice Nadeau, croyez à ma sympathie très cordiale, votre Francis Ponge / P.S. Je ne possède aucun double de l’un ni de l’autre de ces textes; je vous les confie. Merci. F.P. ».

LAS, s.d. (1958) : « Paris, vendredi. Cher Maurice Nadeau, Merci de m’avoir répondu si vite. Je suis content pour Denat, qui vaut quelque chose, j’en suis sûr. Je vous sais gré de lui offrir sa chance, et vais lui écrire dans le même sens que vous. Vous avez tout à fait raison. J’aimais le ton oral de son texte, mais il y a trop de récitations (beau- coup trop longues citations). Je n’ai nullement l’intention de proposer cela à la nrf, puisque vous ne l’avez pas écarté d’emblée. Dites-lui un mot, je vous prie, au cours de votre lettre, de ce que vous avez jugé prometteur dans son Dernier métro. Cela lui fera sûrement plaisir. Sans doute suis-je meilleur public que vous, vraiment j’en ai ri : il y a bien un peu de vulgarité, par endroits, mais franche, il me semble, et bien compensée. Meilleur public, je dis bien ce que je veux dire, non meilleur juge : vous lisez davantage, vous avez davantage de points de comparaison.) Merci enfin de votre mot aimable de regret, en ce qui me concerne personnellement. Souffririez-vous, vraiment, que je vous soumette un jour quelque chose ? Eh bien, je le ferai, à la première occasion (voici quelque temps, d’ailleurs, que certains amis - Mandiargues, par exemple - m’y incitent ; mais je ne sais quel scrupule - la crainte d’un échec, sans doute - me retenait.) Je vous serre les mains, avec amitié. Francis Ponge ».

LAS : « Paris, le 20 nov. 59. Cher Maurice Nadeau, J’avais trouvé votre mot en rentrant de voyage et certes j’aurais dû vous répondre aussitôt: depuis, j’ai été malade, je n’en sors qu’à peine et c’est malheureusement pour constater que je n’ai rien fait pendant tout ce temps (voyage compris). Le texte primé à Capri était dès longtemps promis à une revue de jeunes. Bref, je n’ai rien (que je ne déciderais pas à vous proposer, vous transformeriez-vous en sirène.) Mais je n’oublie pas ma promesse. À bientôt donc, j’espère, et toujours cordialement à vous. Francis Ponge ».

LAS à propos du roman de Serge Koster, Le Soleil ni la mort, que Maurice Nadeau venait de publier chez Denoël : « Le Mas des Vergers, le 24 septembre 1975 / Cher Nadeau, Il m’est devenu évident - en écoutant l’interview de Serge Koster par quelqu’un de France Culture (dans une émission d’ailleurs curieusement intitulée Parti pris et parfois même Parti pris mot à mot) - que le jeune auteur n’avait assurément plus besoin de personne pour mener son roman au succès. Voici donc levé le scrupule qui m’en avait fait lever d’autres (ceux, très consubstantiels à ma nature, auxquels vous faisiez allusion dans votre lettre). Je vais d’ailleurs devoir m’absenter souvent durant les semaines qui viennent et notamment le 1er octobre je ne serai pas chez moi. Laissez-moi donc, cher ami, compter sur vous pour que personne désormais ne se dérange en vain. Merci d’avance. De vous à moi, enfin, merci d’avoir osé publier ce livre. Sincèrement à vous. Francis Ponge ».

800 €

258 511. POUCHKINE (Alexandre). La Dame de pique. s.l., Editions du Pré aux Clercs, 1946. In-4 (33 x 25 cm), en feuilles, couverture rempliée imprimée, 3 ff. n. ch., 72 pp., 3 ff. n. ch., étui-chemise.

Ouvrage illustré de 10 lithographies d’Antoni Clavé.

Tirage limité à 300 exemplaires. Un des quelques exemplaires hors-commerce (après 10 ex. sur papier du Marais avec une étude Clavé, une suite en sépia avec remarques et une en noir, 10 ex. sur Marais avec une suite en sépia avec remarques et une en noir, 10 ex. sur Marais avec une suite en sépia, 270 sur papier de Rives).

Sous étui-chemise de l’éditeur. 750 €

512. PREVEL (Jacques). De colère et de haine. Avec un poème par Antonin Artaud.

Paris, Editions du Lion, 1950. In-8 (24 x 18,8 cm), broché, couverture imprimée, 81 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant.

Carte autographe signée adressée par la tante de l’auteur à Maurice Nadeau : « 12.3.51 / Monsieur, Mon neveu J. Prevel étant malade et venant de subir deux opérations me charge de vous faire parvenir son recueil de poèmes. Salutations distinguées, Germaine Chéron / J. Prevel Sanatorium Alfred Leune Sainte Feyre (Creuse) ».

Non coupé. 100 €

259 513. PRÉVERT (Jacques). Paroles.

Paris, Editions du Point du Jour, Le Calligraphe n°1, 1946 (dépôt légal), achevé d’imprimer le 20 décembre 1945. 22 x 17 cm, broché, couverture rempliée et étui d’éditeur illustrés par Brassaï, 224 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des exemplaires du tirage courant (après 10 ex. sur Madagascar et 324 ex. num. sur Rives).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau que / je regrette de ne pas voir / plus souvent / avec mon amitié vraiment / Jacques Prévert ».

L’exemplaire, en parfait état de conservation, est conservé dans l’étui éditeur, habituellement réservé aux exemplaires en grand papier, illustré d’une photographie de Brassaï reproduite en héliogravure (tout comme la couverture rempliée).

Rare en aussi bel état et avec un envoi autographe significatif. 2 000 €

514. PRÉVERT (Jacques). Lettre autographe adressée à Maurice Nadeau. s.d. [1946]. LAS d’1/2 p. de format in-4 rédigée à l’encre.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau, ornée sous la signature du poète d’un tout petit dessin à l’encre (petit chat), à propos d’un article paru dans la presse concernant André Breton et Jean-Paul Sartre.

LAS : « Bonjour Nadeau et merci pour l’article du 20 juin [1946] à propos de Breton et sur Sartre. C’est agréable. Jacques Prévert ».

250 €

515. PRÉVERT (Jacques) & VERDET (André). Histoires.

Paris, Editions du Pré aux clercs, 1946. 23,3 x 14,5 cm, broché, couverture illustrée, 160 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale de ce recueil comportant 30 poèmes de Jacques Prévert, 30 autres d’André Verdet et illustré de 31 dessins de Mayo.

Un des 450 ex. sur Marais crevecoeur (celui-ci hors commerce), seul tirage après 10 ex. sur vélin teinté des pape- teries de Boucher.

150 €

260 516. PRÉVERT (Jacques), VERDET (André) & VIREL (André). Le Cheval de Trois.

Paris, Le Portulan, 1946. 19,5 x 14 cm, broché, couverture imprimée, 79 pp..

Edition originale (pas de grand papier) de ce recueil comportant 13 poèmes de chacun des auteurs.

Envoi autographe signé d’André Verdet, cosigné par Prévert et Virel : « Pour Maurice Nadeau, / André Verdet / Jacques Prévert / André Virel ».

Correction autographe de Jacques Prévert en p. 28 (dans Temps perdu, « cul perdu » est remplacé par « ciel perdu »).

Rare avec signature des trois poètes. 250 €

517. PRÉVERT (Jacques). Paroles. Edition revue et augmentée.

Paris, Les Editions du Point du jour, 1947. In-8 (18,3 x 13,6), pleine toile noire de l’éditeur à la Bradel, pièce de titre au dos et sur le premier plat, 294 pp., 1 f. n. ch..

Deuxième édition, en partie originale.

Un des 530 exemplaires numérotés sur alfa Alma du Marais, (seul grand papier).

Bel envoi autographe signé de l’auteur rédigé sur le faux-titre à l’encre bleue : « Pour / Maurice Nadaud [sic] / ces / [Paroles] / d’amitié pour lui / et / d’autres choses pour d’autres / Jacques Prévert / [petit chat dessiné] ».

En guise de repentir, Jacques Prévert a rempli intégralement le feuillet blanc adjacent, à la manière d’un écolier effectuant une punition, dix-sept fois le nom de Maurice Nadeau, cette fois-ci correctement orthographié, suivi de : «...et voilà on m’apprendra / à faire des fautes dans / les dédicaces / Jacques Prévert ».

261 750 €

518. PRÉVERT (Jacques) & VERDET (André). Histoires.

Paris, Editions du Pré aux clercs, 1948. 19,3 x 14,2 cm, broché, couverture verte imprimée, 245 pp., 1 f. n. ch..

Edition revue et augmentée en partie originale.

Frontispice de Mayo.

Un des quelques exemplaires de tête hors-commerce sur vélin pur fil (seul grand papier dont il a été tiré 350 exemplaires num. pour le commerce).

Bel exemplaire, non coupé, complet du feuillet d’erratum. 150 €

519. PRÉVERT (Jacques) & VERDET (André). Histoires.

Paris, Editions du Pré aux clercs, 1948. 19,3 x 14,2 cm, broché, couverture verte imprimée, 245 pp., 1 f. n. ch..

Edition revue et augmentée en partie originale.

Frontispice de Mayo.

Exemplaire du tirage courant (après 350 ex. sur vélin pur fil et quelques hors-commerce).

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau, / que je n’ai pas rencontré / depuis si longtemps et toujours / avec l’espoir que ce sera / pour demain / très amicalement / André Verdet / Il y a encore assez / de place pour / l’ami Jacques ».

100 €

520. PRÉVERT (Jacques). Spectacle.

Paris, Gallimard, Coll. Le Point du jour, 1951. In-16 jésus (18,4 x 13,2 cm), cartonnage éditeur d’après une maquette reproduisant un dessin de Jacques Prévert, 365 pp..

Édition originale.

Seul tirage en cartonnage, relié d’après une maquette reproduisant un dessin de Jacques Prévert, dont le tirage fut limité à 2 100 exemplaires num. imprimés sur vélin labeur, celui-ci l’un des 100 ex. hors commerce.

Joint une carte autographe signée de l’éditeur : « Avec l’[hommage de l’auteur] / et le bien amical / souvenir de / l’éditeur René Bertelé ».

150 €

521. PRÉVERT (Jacques). La Pluie et le beau temps.

Paris, Gallimard, coll. « Le Point du jour », 1955. 19,3 x 14,3 cm, broché, couverture jaune rempliée, non rogné, 253 pp...

Edition originale de cet important recueil de poèmes.

Exemplaire du tirage courant (après 37 Madagascar, 58 Hollande, et 243 vélin pur fil et 1 050 vélin labeur en reliure éditeur).

Envoi agrémenté d’un dessin en couleurs représentant la pluie, le soleil et la lune : « A / Maurice / Nadeau / Avec plaisir / Jacques Prévert / Paris été 1955 ».

262 750 €

522. PRÉVERT (Jacques). Lumières d’homme.

Paris, GLM, 1955. In-8 (21,5 x 14,3 cm), broché, couverture bleue imprimée, 43 p., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 1 545 sur vélin (après 45 ex. sur vélin de Renage).

Envoi autographe signé de l’auteur agrémenté d’un petit dessin figurant un chat: « A / Maurice Nadeau / avec plaisir / Jacques Prévert / Paris été 1955 ».

300 €

523. PRÉVERT (Jacques). Images.

Paris, Adrien Maeght 1957. In-4 (27 x 21 cm), broché, couverture illustrée d’un collage de l’auteur, 46 pp..

Edition originale de cette plaquette éditée à l’occasion de l’exposition chez Adrien Maeght des collages de Jacques Prévert.

Texte de présentation par René Bertelé, imprimé en noir sur arches rouge. 19 reproductions en noir collages de Jacques Prévert, tirées sur couché.

Envoi autographe signé de l’auteur : « En souvenir heureux / Pour Nadeau / Jacques Prévert ».

Tirage limité à 1 500 exemplaires.

On joint le carton d’invitation pour le vernissage de l’exposition. 500 €

524. PRÉVERT (Jacques). Histoires et d’autres histoires.

Paris, Gallimard, Coll. « Le Point du Jour », 1963. 19 x 14 cm, broché, couverture bleue imprimée en noir, 246 pp..

Edition en partie originale de ce recueil de poèmes.

Envoi autographe signé de l’auteur agrémenté d’un petit chat esquissé : « Pour Maurice Nadeau / en souvenir heu- reux / Jacques Prévert ».

300 €

525. PRÉVERT (Jacques). Fatras. avec cinquante-sept images composées par l’auteur.

Paris, Gallimard, Coll. « Le Point du Jour », 1966. 19 x 14 cm, broché, couverture noire illustrée imprimée en vert, 287 pp..

Edition originale illustrée de reproductions en noir de nombreux collages de Jacques Prévert.

Exemplaire du SP (il a été tiré en outre 3 100 ex. en reliure éditeur dont la maquette reproduit un collage de l’auteur).

Envoi autographe signé agrémenté d’un petit dessin de chat : « En souvenir heureux / pour / Maurice Nadeau / Jacques Prévert ».

300 €

526. PRÉVERT (Jacques). Choses et autres.

Paris, Gallimard, coll. « Le Point du Jour », 1972. 19 x 14 cm, broché, couv. blanche imprimée, 305 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (après 62 vélin pur fil et 3 400 alfa en reliure éditeur).

Envoi autographe signé de l’auteur agrémenté d’un petit chat esquissé : « Avec toujours mon / bon souvenir / [Choses et autres] pour / Maurice Nadeau / Jacques Prévert / Oct. 72 ».

263 300 €

527. PRÉVERT (Jacques) & POZNER (André). Hebdromadaires.

Paris, Guy Authier, 1972. In-8 (23,4 x 15,5 cm), broché, couverture imprimée, 182 pp., 5 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 60 ex. sur vergé d’Arches et 10 ex. d’auteur, ceux-ci tous rehaussés).

Envoi autographe signé des auteurs : « Pour Maurice Nadeau / André Pozner / et Jacques Prévert / Paris, no- vembre 1972 ».

350 €

528. QUENEAU (Raymond). Le Chiendent.

Paris, Gallimard, 1933. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 313 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale du premier roman de l’auteur.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Dos bruni avec petits accrocs en tête et queue.

Ex-libris manuscrit et tampon humide. 100 €

529. QUENEAU (Raymond). Loin de Rueil.

Paris, Gallimard, 1946. In-12 (19 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 233 pp., 1 f. n. ch..

Nouvelle édition.

Exemplaire du SP (tampon humide).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / en cordial hommage / Queneau ». 100 €

530. QUENEAU (Raymond). Chêne et chien.

Paris, Message [Denoël], 1946 [1937]. in-12 (19,5 x 14,3 cm), broché, couverture imprimée en vert et noir, 85 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale sous nouvelle couverture pour les Amis de la revue Messages, limités à 100 exemplaires, celui-ci en SP (étiquette collée sur l’ancien colophon).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / cordialement / Queneau / Notice bibliographique : [Chêne et chien] / (il s’agit d’un simple / changt de couverture -) / (pour 100 ex.) / (c’est de la bibliophilie) ».

Rare avec un tel envoi explicatif. Couverture brunie. 300 €

531. QUENEAU (Raymond). Bucoliques.

Paris, Gallimard, 1947. 18,7 x 12,2 cm, broché, couverture imprimée, 101 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Un des 1 350 ex. numérotés sur Alfa Navarre (après 25 vélin pur fil et 10 ex. sur papier jaune).

Envoi autographe signé : « A Nadeau / cordialement / Queneau ». 150 €

264 532. QUENEAU (Raymond). Exercices de style.

Paris, Gallimard, 1947. In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couv. imprimée, 199 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 13 Hollande, 10 ex. d’auteur sur papier bleu Guérinand et 550 ex. sur alfa Navarre relié en cartonnage éditeur d’après une maquette de Mario Prassinos).

Envoi autographe signé : « A Nadeau / cordialement / Queneau ».

Bel exemplaire. Prière d’insérer joint. 1 000 €

533. QUENEAU (Raymond). Saint Glinglin.

Paris, Gallimard, 1948. In-12, broché, couverture imprimée, 267 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 18 ex. sur vélin pur fil Lafuma Navarre).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / bien bien sympathiquement / R. Queneau ».

Papier jauni, dos bruni. 120 €

534. QUENEAU (Raymond). L’Instant fatal.

Paris, Gallimard, 1948. In-12 (19 x 12 cm), broché, couverture imprimée, 136 pp., 2 ff. n. ch..

Edition en partie originale.

Exemplaire du SP (après 13 ex. sur pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / ces briques / cordialement / Queneau ».

Dos bruni. 150 €

265 535. QUENEAU (Raymond). Odile.

Paris, Gallimard, 1950. 18,8 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 221 pp., 1 f. n. ch..

Nouvelle édition (l’originale date de 1937).

Très bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / en cordial hommage / Queneau / (Vous l’avez déjà. Il y / a trois mots changés dans / cette édition....!) / Je n’ai pas oublié ma promesse / (un poème pour Combat) mais je / n’arrive pas à mettre la main / sur celui que je vous destinais. C’est / con, parcequ’il était d’actualité / (pas sur la Corée, tout de même) / Q. ».

200 €

536. QUENEAU (Raymond). Petite cosmogonie portative.

Paris, Gallimard, 1950. 11,3 x 18,2 cm à l’italienne, broché, 148 pp..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 8 ex. sur vélin Hollande Van Gelder et 43 ex. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / Queneau ».

Papier jauni. 250 €

537. QUENEAU (Raymond). Le Dimanche de la vie.

Paris, Gallimard, 1951. 19 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 306 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 35 Hollande et 160 vélin pur fil Lafuma Navarre).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / en cordial hommage / Queneau ».

Couverture défraichie, papier bruni. 100 €

266 538. QUENEAU (Raymond). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

26 janvier 1951 au 3 novembre 1975. 31 LAS, la plupart au format in-8 sur papier à en-tête de la nrf, formant un ensemble d’une trentaine de pages, une enveloppe conservée.

Correspondance adressée à Maurice Nadeau, composée de 31 lettres autographes signées, rédigées par Queneau avec sa verve habituelle.

Cette correspondance, échangée sur une période de plus de 25 ans, témoigne de collaborations à l’Observateur, aux Lettres Nouvelles et à la Quinzaine littéraire, de services éditoriaux rendus ou demandés, de prix littéraires, de coquetèles, etc.

Il y est question de James Joyce, Gabriel Pomerand, Stig Dagerman, Clément Pansaers, de la fin des Lettres Nou- velles, d’Henry Miller, de l’OULIPO, d’une réédition de Déjà Jadis de Ribemont-Dessaignes et de dessins aquarelles et gouaches de Queneau.

LAS du 23 janvier 1951 : « Je sèche sur Pédenzigue. Au fait quel en est le titre ? Est-ce toujours l’honneur de P. ? Ça me serait utile de le savoir. Je crois que je ne dépasserai pas 1 page 1/2 ou 2 ou 3 : juste un petit air de flûte. Projet Seghers : rien à faire. G. G. [Gaston Gallimard] y est opposé et je ne peux insister. Je suis navré. Balanof vous a remis un manuscrit de Roschmann * : c’est excellent. On devrait le prendre ici, mais on a le Hersey et encore un autre livre sur la résistance juive en Pologne. Bien cordialement, Queneau / *approximativement ».

LAS du 25 juillet 1951 à propos de James Joyce : « Le premier livre de Joyce que j’aie lu, c’est Portrait of the artist as a young man. Puis, Dubliners. Un peu plus tard Ulysse en français (pendant un séjour au Portugal en 1929). Et je l’ai lu en anglais, avec un plan de Dublin acheté rue St Lazare près de ND de Lorette chez ce spécialiste de cartes géographiques qui a une si jolie vitrine, avec l’aide aussi de la traduction et du livre de St[uart] Gilbert. J’ai passé 3 mois à peu près uniquement à faire ça, au début de 33, je venais de finir le Chiendent. J’ai écrit Gueule de Pierre l’été suivant, en utilisant des méthodes tout à fait joyciennes ; plans superposés, implications, correspondances, allusions, etc. Avez-vous remarqué que Joyce et Freud veulent dire tous deux joie ? Bien cordialement Queneau ».

LAS du 30 octobre 1953 : « Non décidément je ne serai pas prêt pour décembre. J’en suis désolé. Mais rien à faire, je suis trop engoncourscaillé en ce moment pour vous préparer quelque chose aux petits oignons. En fait, c’est trop tôt d’au moins plusieurs mois. Je ne pourrais plus travailler à quelque chose dont j’aurais défloré le chef. C’est comme ça que je suis resté en panne avec Philosophes et voyous. Le déj. Goncourt est fixé à mardi ce qui fait que je ne pourrai pas déjeuner avec mes collègues ce mois-ci. Si vous y allez voulez-vous m’excuser ? Et m’excuser encore une fois pour la revue ? Bien amicalement Queneau ».

LAS du 12 avril 1954 : « Mon cher Nadeau, un jeune poète ex télégraphiste va vous apporter un article sur le succès en librairie (je crois). Il a été documentaliste (c’est un mot qui existe) dans un quotidien et il aimerait reprendre ce métier à l’Observateur où, paraît-il, on a besoin de ce genre de spécialistes. Je me permets de le recommander à vos bons soins. Il s’appelle Soulis et vous harponnera chez Julliard d’ici deux à trois jours (le temps que je vous écrive, quoi). Merci d’avance et bien cordialement. Queneau ».

LAS du 5 mai 1954, enveloppe conservée : « Cher ami, En attendant les sonnets (combien dois-je vous en proposer : 3? 9? 27? 81?), je vous envoie, par le même courrier, un astucieux essai de Robert Estivals, qui ne me paraît pas indigne de votre Revue. Bien cordialement Queneau ».

LAS du 11 mai 1954 : « Voici un échantillon du travail, accompagné de toutes mes amitiés. Queneau. Pièces jointes 2-3-31-27-32-33 ».

LAS du 15 février 1955 : « Mon cher Nadeau, C’est entendu ! Je vous enverrai ça vers le 10 mars. Un petit choix. Je pense d’ailleurs qu’on se verra le 1. Bien cordialement Queneau ».

LAS du 3 mars 1955 : « En voilà 6, ça ira j’espère, il ne faut pas abuser. S’il y en a qui ne vous conviennent pas, j’en ai d’autres en réserve. Mort au coq et bien cordialement Queneau ».

LAS du 18 avril 1955 : « Mon cher Nadeau, Pomerand dont vous n’ignorez sans doute pas les exploits récents a un manuscrit à vous soumettre. Genet le confiera à Mme sorbet qui, etc. Je le recommande à votre attention. Voilà qui est fait. Tosi fut, ces jours-ci, parisien; Point ne l’ai vu. Paraît que Florence ? pourrait marcher l’année prochaine. Votre tout dévoué Queneau. »

LAS du 18 mai 1955 : « Mon cher Nadeau, Je pars pour quelques jours et, en revenant, j’ai un travail urgent qui va me demander trois semaines sans que je puisse m’occuper de quoi que ce soit d’autre (d’ailleurs je n’aurai à peu près rien lu pour le prix, je ne sais même pas encore si j’irai). Dans ces conditions, je ne veux rien faire pour cette jeune personne, au moins pour le moment. Je n’ai pas encore eu le temps d’étudier la traduction Du Bouchet des Veillées des Finnegans [Finnegans Wake] mais peut-être en a-t-il une copie que vous pourriez lui demander directe- ment. Voici son adresse : (tiens, c’est votre voisin) 15 rue Malebranche. Merci pour le vermout et bien cordialement Queneau ». 267 LAS du 14 mars 1956 : « Mon cher Nadeau, Excusez moi de vous avoir envoyé un Monsieur Rosenberg de Der Tag. Il voulait interviouver qqu’un de qualifié sur moi. Curieuse idée qui m’a fait penser à vous. Il n’est pas trop terrible. C’est un méchant tour que je vous ai joué là. Pardon. Queneau. PS. Et merci ! ».

LAS du 27 avril 1956 : « Mon cher Nadeau, Votre lettre ne désole - mais que faire ??? Oui, que faire ??? Je promets, je promets - mais quoi ??? Mais quoi ??? Et en prose, encore... Je ne vais plus penser qu’à vous, aux Lettres Nou- velles... remords, remords... Votre ami consterné. Queneau. PS 1 - qu’est ce que c’est que tous ces changements de dates pour le prix ? PS 2 - Le texte sur Fourier est écrit depuis 2 ans ».

LAS du 24 mai 1956 : « Cher ami, Ce texte serait peut-être susceptible de vous intéresser. [Stig] Dagerman, vous savez, s’est suicidé il y a 1 an ou 2 et ceci est le 1er chapitre d’un roman inachevé. [Carl Gustaf] Bjurström - qui habite 36 av. de Chatillon, a continué à travailler à sa (cette) traduction. Bien amicalement Queneau ».

LAS du 7 septembre 1956 : « Cher ami, Je vous envoie le 16 décembre de Marc Duprat, recommandé par Michaux. C’est pas mal, mais le type est un peu insupportable. La coupure serait de rigueur. Quoi qu’il en soit, que le manus- crit vous plaise ou non, vous seriez gentil de m’en prévenir avant d’alerter le bonhomme. C’est le genre d’être à se piquer. Bien amicalement Queneau ».

LAS du 27 septembre 1956 : « Mon cher Nadeau, Duprat, l’homme du 13 nov. (ou qque chose comme ça) me har- cèle. Ai-je une bonne nouvelle pour lui du côté Lettres nouvelles ? Sinon, je le liquide (mais vous seriez gentil de me rendre son mss.) On se voit sans doute mardi prochain. Bien cordialement Queneau ».

LAS du 12 octobre 1956 : « Mon cher Nadeau, C’est vrai, vous étiez à Zurich, maintenant avez-vous eu le temps de vous occuper de mon bonhomme ? Je vous renvoie les cahiers de la « mystique ». C’est assez décevant, très même - vous ne trouvez pas ? (comme dirait Paulhan). Merci bien amicalement Queneau ».

LAS du 22 mai 1957 : « Cher ami, Si vous pensez nécessaire de m’envoyer des épreuves pour les poèmes (au fait, si vous en voulez), voici mon adresse chez Madame Barbizan Isba Cortina d’Ampezzo (Italie). Y a-t-il eu un beau coquetèle pour le prix ? Dans le Cortina en question, il pleut sans arrêt. Bien cordialement Queneau ».

LAS du 20 juin 1957 : « Mon cher Nadeau, Le rejet de la fin du poème p. 1 à la p. 2 n’est peut-être pas très heureux ? Je suppose que vous arrangerez ça. Ne prenez pas ça mal : mais c’est une drôle d’idée de tirer des épreuves sur papier buvard. Je suis rentré avec les orages. Il paraît qu’il y a un coquetèle maison demain. Vous y verra-t-on ? Bien cordialement Queneau ».

LAS du 10 avril 1958 : « Cher ami, Ci-joint une nouvelle en allemand que l’auteur estime tout à fait destinée aux Lettres Nouvelles. Je vous la transmets donc ; Elle a paru dans une revue qui vient de publier quelques traductions d’Exercices de style : c’est une référence... Avez-vous lu les lettres de Clément Pansaers ? Je n’ai pas reçu les pro- pos de Masson. Je me demande pourquoi je suis tenu à l’écart de la bonne parole. Peut-être un geste généreux de votre part... Il paraît que nous déjeunons ensemble le 15. J’en suis ravi. Bien cordialement Queneau ».

LAS du 24 juin 1958 : « Mon cher Nadeau, Je vous soumets cet article de la part de Flinker, le libraire allemand de la Cité. Il est traduit (l’article) par Jacottet. S’il ne vous intéresse pas voulez-vous me le rendre à notre prochain bbq ? Bien amicalement Queneau ».

LAS du 19 septembre 1958 : « Mon cher Nadeau, Je suis inexcusable de ne pas vous avoir encore remercié pour votre observation qui m’en a appris long sur mon compte. Perdu dans les somptuosités de la bagnole à Dutourd, Votre rencontre m’a rappelé aux plaisirs de l’amitié. Je pense aussi aux Lettres Nouvelles. Bien cordialement Que- neau ».

LAS du 5 janvier 1959 : « Mon cher Nadeau, Je ne vous verrai sans doute pas demain à notre déjeuner. Aussi vous souhaitè-je (par la présente) la bonne et heureuse ; et encore que je tenais à vous dire combien je déplore la dis- parition des Lettres Nouvelles. J’espère que l’incident dont vous m’avez parlé n’y est pour rien. Bien cordialement Queneau ».

LAS du 15 avril 1959 : « Cher ami, Voici le Chant. Si ça vous est agréable de le publier, moi aussi ça me l’est. Ne le perdez pas surtout ! Je n’en ai pas d’autre exemplaire. On peut supprimer l’épigraphe. Ce qui serait joli ce serait d’avoir le signe dit pied-de-mouche pour les || (nécessaires). Merci et bien cordialement Queneau ».

LAS du 26 novembre 1962 : « Cher ami, [André] Lejard [fondateur des Éditions du Chêne au côté de Maurice Giro- dias] m’envoie ce projet pro-Miller ; il me semble qu’il a besoin d’être retapé. Vous devriez retrousser vos manches et vous y mettre, vous feriez ça très bien. On ne vous a pas vu au dernier P. M. L. E. Avec toute mon amitié Queneau ».

LAS du 23 mai 1967 : « Mon cher Nadeau, Les Lettres Nouvelles s’intéressent-elles à l’OULIPO ? Si oui, voici une nouvelle « structure » inventée par cette compagnie en général et par votre serviteur en particulier. Si vous n’y voyez nul usage, dites le moi. Bien cordialement Queneau / jusqu’au 15 juin chez Monsieur Claude Gallimard / Quartier Valmer / 83 La Croix Valmer ».

268 LAS du 29 octobre 1969 : « Mon cher Nadeau, Ribemont-Dessaignes souhaiterait voir réédité Déjà jadis que vous publiâtes il y a 11 ans lorsque la collection LN s’hébergeait chez Julliard. Il y ajouterait deux chapitres. Il m’en a parlé pour Gallimard, mais j’ai pensé que vous souhaiteriez peut-être reprendre cet ouvrage chez Denoël. Bien cordiale- ment Queneau ».

LAS du 9 juillet 1970 : « Mon cher Nadeau, J.J. Marchand vous a, je crois, envoyé un article sur de Defontenay. Je suis bien impatient de le lire. Où et quand pensez-vous le faire paraître (si vous le faites paraître) ? J’ai hâte de connaître les découvertes de J.J.M. Bien cordialement Queneau ».

LAS du 3 février 1972 : « Mon cher Nadeau, La seule solution, je crois, c’est l’appel à la Caisse des Lettres. On est à peu près sûr d’avoir une aide (substantielle) si l’on soutient avec fermeté que le livre est absolument invendable. En tout cas, je vous remercie de l’accueil que vous avez fait à Claude Rameil. Bien cordialement Queneau ».

LAS du 10 janvier 1973 : « Mon cher Nadeau, Ce n’est pas une préface mais un avant-propos de 15 ou 20 lignes. Je ne crois pas que cela mérite un sort particulier. Tous mes voeux pour la nouvelle année et mon très amical souvenir. Queneau ».

LAS du 21 janvier 1974 : « Mon cher Nadeau, Le pauvre Alain Calame qui, après avoir été très malade, semblait aller mieux mais dont la dernière lettre n’indique pas une amélioration bien stable, s’inquiète d’un texte sur le labyrinthe et Raymond Roussel qu’il vous aurait remis. Il me demande de vous demander ce que vous en pensez. Voilà qui est fait. Un petit mot de vous lui ferait plaisir. À propos, tous mes voeux. Bien cordialement, Queneau ».

LAS du 3 novembre 1975 : « Cher ami, je cherche en vain ses dessins, aquarelles ou gouaches. J’en ai fait un paquet il y a quelques années et je ne sais plus où il se trouve. Vous voudrez bien excuser. Les recherches continuent ! Bien à vous Queneau ».

6 000 €

539. QUENEAU (Raymond). Le Chiendent.

Paris, Gallimard, 1956. In-8 (20,5 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 296 pp., 2 ff. n. ch..

Nouvelle édition

Exemplaire du SP.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / en amical hommage / Queneau ».

100 €

540. QUENEAU (Raymond). Sonnets.

Paris, Editions Hautefeuille (Caractères), 1958. 19 x 14 cm, broché, couverture blanche imprimée en noir et rouge, 40 pp..

Edition originale de ce recueil de poèmes.

Exemplaire du tirage courant (après 50 ex. sur pur chiffon).

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / ces fragments d’un / journal intime / Queneau ».

Papier jauni. 150 €

269 541. QUENEAU (Raymond). Le Chien à la mandoline.

Verviers, Temps mêlés, 1958. 18,7 x 13 cm, broché, couverture orange imprimée en noir, 39 pp..

Edition originale de ce recueil de poèmes dont le tirage fut limité à 300 exemplaires num..

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / en cordial hommage / Queneau ».

Bel exemplaire broché. 150 €

542. QUENEAU (Raymond). Cent mille milliards de poèmes.

Paris, Gallimard, 1961. 29 x 24 cm, reliure d’éditeur pleine toile blanche,

316 pp..

Édition originale (premier tirage de mai 1961).

Un des 250 ex. hors commerce d’un tirage total à 3 000 exemplaires numérotés.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / amicalement / Queneau ».

Postface de François Le Lionnais.

Rare avec envoi.

Livre fondateur de la littérature potentielle. Magnifique travail d’édition réalisé par Massin. D’après les calculs de Raymond Queneau, il faudrait plus de 190 millions d’années à un lecteur assidu pour lire l’intégralité des sonnets générés par cet ouvrage.

1 000 €

543. QUENEAU (Raymond). Entretiens avec Georges Charbonnier.

Paris, Gallimard, 1962. In-12 (19 x 12 cm), broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, 154 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 60 ex. sur vélin pur fil Lafuma Navarre).

Double envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / son ami / Queneau » et « Pour Maurice Nadeau / en hom- mage de / sympathie très vive / Charbonnier ».

Rare ainsi. Feuillet d’erratum joint. 200 €

544. QUENEAU (Raymond). Bords. Mathématiciens Précurseurs Encyclopédistes.

Paris, Hermann, 1963. 18,8 x 14 cm, broché, couverture illustrée par Georges Mathieu, 140 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale de cet ouvrage consacré aux Mathématiques.

Exemplaire du tirage courant (après 30 ex. sur Lafuma).

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / bien cordialement / Queneau ».

Nombreuses illustrations de Georges Matthieu. 150 €

270 545. QUENEAU (Raymond). L’Analyse matricielle du langage. s.l., Études de Linguistique appliquée, s.d. [1964]. Plaquette de 7 ff. agrafés, paginés de la p. [37] à 50.

Rare édition originale.

Cette communication faite à l’OuLiPo en 1963 sera publiée pour la première fois dans le n°3 de la revue « Études de Linguistique appliquée » en 1964.

Raymond Queneau fit circuler à ses proches un tiré à part constitué de 7 feuillets agrafés reprenant son article.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / Comme suite à notre conversation du 5 courant / Bien amicalement / Queneau ».

Exemplaire comportant une vingtaine de corrections autographes, certaines avec ajouts.

Parfait état. 500 €

546. QUENEAU (Raymond). Une histoire modèle.

Paris, Gallimard, 1966. 18,6 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 119 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du SP (après 17 Hollande et 55 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / avec toute mon amitié / Queneau ». 120 €

547. QUENEAU (Raymond). Courir les rues.

Paris, Gallimard, 1967. 19,7 x 12,4 cm, broché, couverture à rabats, 197 pp..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 40 Hollande et 100 vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / bien amicalement / Queneau ». 80 €

548. QUENEAU (Raymond). Battre la campagne.

Paris, Gallimard, 1968. 19,7 x 12,5 cm, broché, couverture crème imprimée, 210 pp..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 35 vélin de Hollande et 105 vélin pur fil Lafuma-Navarre).

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / avec l’amitié de / Queneau ». 100 €

549. QUENEAU (Raymond). Fendre les flots.

Paris, Gallimard, 1969. in-12 (18,5 x 11,7 cm), broché, couverture crème à rabats imprimée en rouge et noir, 179 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 35 Hollande et 105 vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / bien cordialement / Queneau ». 100 €

271 550. QUENEAU (Raymond). De quelques langages animaux imaginaires et notamment du langage chien dans Sylvie et Bruno.

Paris, L’Herne, 1971. In-16 (14,5 x 10,8 cm), broché, couverture bleue imprimée en noir, 23 pp., 4 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 25 Hollande et 125 vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / en cordial hommage / Queneau ».

Couverture partiellement décolorée. 100 €

551. QUENEAU (Raymond). Le Voyage en Grèce.

Paris, Gallimard, 1973. In-8 (20,5 x 14 cm), broché, couverture imprimée, 230 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du SP (après 25 ex. sur pur fil).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / à qui ce livre n’apprendra pas / grand’chose / Bien cordialement / Queneau ».

200 €

552. QUIGNARD (Pascal) & TITUS-CARMEL (Gérard). Sarx.

Paris, Maeght, Collection Argile, 1977. In-4 (24,5 x 18,5 cm), broché, couverture illustrée à rabat imprimée, 51 pp., 4 ff. n. ch..

8ème volume de la collection Argile.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau, / avec l’admiration & / l’amitié de / Pascal Quignard ».

Un des 500 exemplaires sur vélin chiffon illustrés de reproductions des 6 gravures de Gérard Titus Carmel (après 120 ex. illustrés de gravures originales, les 40 premiers avec suite).

150 €

272 553. REVEL (Jean-François). Lettre à Maurice à Nadeau à propos d’une réédition de Flagrant délit.

16 juin 1964. 1 LAS de 4 pp. au format in-4 rédigée à l’encre bleue.

Belle lettre autographe signée de Jean-François Revel, qui dirigeait la collection « Libertés » chez Jean-Jacques Pauvert, dans laquelle il demande à Maurice Nadeau de renoncer à poursuivre Jean-Jacques Pauvert à propos de la réédition de Flagrant délit d’André Breton.

Les arguments de Revel ne porteront pas et Maurice Nadeau décidera de faire adresser une sommation à Jean- Jacques Pauvert en date du 24 juin 1964, évoquant la présence de « passages de caractère injurieux et diffamatoires » à son égard dans Flagrant délit.

On joint le second exemplaire de la sommation adressée par Jacques Vergne, avocat de Nadeau, à Jean-Jacques Pauvert, ainsi qu’une lettre signée de Vergne à Nadeau lui réclamant de régler les frais de sa vacation.

La procédure ne fut pas fructueuse et Jean-Jacques Pauvert pût rééditer Flagrant délit.

LAS : « Le 19 juin 1964 Mon cher Nadeau, J’ai appris hier que vous aviez téléphoné à Jean-Jacques Pauvert pour lui annoncer que la réédition de « Flagrant délit » dans Libertés serait suivie par l’envoi de papier timbré de votre part. Peut-être voyez-vous, dans la reprise de ce texte en livre de poche, l’expression d’une hostilité particulière à votre égard. Je tiens à vous affirmer qu’il n’en est rien, et je regrette de n’avoir pas plutôt recherché l’occasion de vous en parler. Lorsque nous avons créé cette collection, l’idée nous est tout naturellement venue d’y inclure un texte de Breton. Encore fallait-il que ce fût un texte dont les éditions Pauvert eussent les droits. Étant donné que les « Manifestes » avaient été cédés à « Idées » avant que le principe de la collection fût décidé, restait seulement « La Clé des champs ».

Décision pratique : faire un choix de textes de « La Clé des champs ». Je relis ce livre et, après en avoir conféré avec Breton, je conclus, avec son accord, que les textes à reprendre, parce que seuls réellement polémiques, sont : « Flagrant délit »; « Sucre jaune »; « Pourquoi nous cache-t-on la peinture soviétique contemporaine ? » et « Du réalisme socialiste comme moyen d’extermination morale ». C’est le recueil de tous ces textes qui est actuellement sous presse (le titre global étant fourni par le premier) et, à moins que nous ne recevions également du papier timbré d’Aragon, de Guerassimov et de Mme Camus, rien ne portera à croire que nous ayons voulu autre chose que réunir, dans une collection de pamphlets, quelques pamphlets d’un des plus grands écrivains de notre temps, qui devaient nécessairement y figurer. Cependant, lorsque j’ai appris, voilà un mois ou deux, que vous vous étiez alarmé à l’an- nonce du titre, j’ai cherché s’il n’était pas possible de trouver autre chose de Breton, autre chose dont nous eussions les droits. Restaient, dans l’édition Pauvert des « Manifestes », quelques textes qui ne figuraient pas dans la reprise d’« Idées »: « Position politique du surréalisme » notamment. Pendant quelques jours la décision fut presque prise de substituer ce texte au premier. Après y avoir réfléchi, Breton s’y opposa finalement pour les raisons suivantes: 1) sur le plan littéraire et sur celui de la pensée, il préfère de beaucoup « Flagrant délit » à « Position politique du surréalisme »; 2) vis-à-vis de vous, il déclare ceci: « Nadeau vient de rééditer son Histoire du surréalisme, qui m’est très largement hostile, sans en changer un mot malgré notre rapprochement; il a en particulier réimprimé, sans un mot de commentaire de sa part, le texte intitulé « Un cadavre », et il ne me serait pas venu à l’idée de lui demander de modifier quoi que ce soit; il dira qu’il s’agit là d’un document historique; j’en dirais tout autant de Flagrant délit ».

Pour que la réédition de ce texte (dont d’ailleurs on s’étonnera que vous ne l’ayez pas attaqué (sic) à l’occasion des éditions précédentes, dont l’une est toujours en librairie) pour que cette réédition pût passer pour l’expression d’une (...), il faudrait que le pamphlet ne fût pas dû à un écrivain aussi classique que Breton, car en l’occurrence il n’est pas difficile d’établir que nos préoccupations sont exclusivement littéraires. Que des gens, dans le cas contraire, auraient dû envoyer du papier timbré à Pauvert, puis à Gallimard, au moment de la réédition des Manifestes ! Je crois que, de votre part, vous qui avez toujours défendu et la littérature et la liberté, une telle démarche ne serait pas comprise. Si elle réussissait, du reste, quelle gloire en tireriez-vous ? Celle d’avoir fait saisir un livre de Breton ? Je crois que votre carrière littéraire est assez importante pour supporter l’évocation d’une querelle désormais historique. Si j’avais cru le contraire, et que vous puissiez vous-même croire le contraire, je vous aurais soumis le cas. Je m’absente pendant quelques jours et serais heureux de vous voir à mon retour. Mais mon courrier me suit et Pauvert, qui reste à Paris, a connaissance de la présente lettre et reste à votre disposition. Très cordialement à vous, Jean-François Revel ».

200 €

273 554. REVERDY (Pierre). Outre mesure. s.d. [circa 1945]. Manuscrit autographe signé de 2 pp. rédigé au recto et verso d’un feuillet de 32,5 x 24,5 cm.

Manuscrit autographe signé du célèbre poème de Pierre Reverdy rédigé pendant la seconde guerre mondiale.

Il parut dans Le Chant des morts, recueil édité par Tériade en 1948 regroupant 43 poèmes illustrés de 125 lithogra- phies en rouge par Pablo Picasso.

Il est ici dédié à Maurice Nadeau et provient de sa bibliothèque.

Le poème comporte des variantes à deux vers qui permettent de penser que ce manuscrit est antérieur à la publica- tion du poème en recueil : « Ce n’est pas le même qui parle » au lieu de « Ce n’est que moi-même qui parle » « Tous ces débris douteux crépitent au foyer » au lieu de « Tous ces débris du temps crépitent au foyer ».

Quelques rousseurs éparses. Petites déchirures marginales.

« Outre mesure A Maurice Nadeau Le monde est ma prison si je suis loin de ce que j’aime Vous n’êtes pas trop loin barreaux de l’horizon L’amour la liberté dans le ciel trop vide Sur la terre gercée de douleurs Un visage éclaire et réchauffe les choses dures Qui faisaient partie de la mort À partir de cette figure De ces gestes De cette voix Ce n’est pas le même qui parle Mon coeur qui résonne et qui bat Un écran de feu Abat-jour tendre Entre les murs familiers de la nuit Cercle enchanté des fausses solitudes Faisceaux de reflets lumineux Regrets Tous ces débris douteux crépitent au foyer Encore un plan qui se déchire Un acte qui manque à l’appel Il reste peu de chose à prendre Dans un homme qui va mourir Pierre Reverdy ». 2 000 €

555. REVERDY (Pierre). Sources du vent.

Genève, Paris, Trois collines, Coll. Le point d’or, 1946. 22,5 x 16 cm, broché, couverture rempliée imprimée, 124 pp., 1 f. n. ch..

Édition originale.

Un des 100 exemplaires hors-commerce sur vélin (après 40 ex. sur grand vélin et 2 000 ex. sur vélin)

Illustré de 12 dessins en noir par Roger Brielle repoduits à pleine page.

Très bel envoi autographe signé de l’auteur : « Cher Maurice Nadeau, / ceci n’est pas un service de presse mais un témoignage de sympathie, d’amitié - l’écho / de quelques mots d’une conversation / avec Maurice Saillet qui m’a / donné l’envie de vous serrer la main / avec ce petit livre - et de / vous dire combien vos articles / me sont précieux dans mon / aride solitude. / Pierre Reverdy ».

Légère insolation en marge supérieure de la couverture. 600 € 274 556. RHYS (Jean). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

1970. 3 LAS, de format in-12 formant un ensemble 6 pp., rédigées à l’encre.

Correspondance composée de 3 lettres autographes signées, rédigées en anglais, adressées à Maurice Na- deau. Les 3 lettres sont envoyées de son adresse dans le Devon (6 Landboat Bungalows / Cheriton Fitzpaine).

Dans la première, Jean Rhys demande à Maurice Nadeau de faire suivre une lettre de remerciement à Jacqueline Bernard pour lui avoir communiqué deux chroniques favorables concernant Bonjour Minuit, traduction française de Good morning midnight éditée par Maurice Nadeau dans la collection des Lettres Nouvelles chez Denoël.

Dans la seconde, Jean Rhys propose des titres alternatifs pour la traduction française de The Sargasso sea (La Prisonnière des Sargasses, 1971) qui sera également publiée par Maurice Nadeau dans la collection des Lettres Nouvelles chez Denoël.

Dans la troisième, il est question de trouver un avocat pour venir en aide à un condamné pour meurtre qui clame son innocence.

Les lettres autographes de Jean Rhys (1890-1979) sont rares. Celles concernant ses plus grands succès (Good morning midnight et The Sargasso sea) sont recherchées.

LAS : « Dear Monsieur Nadeau, I’d be so much obliged if you would forward the enclosed letter to Jacqueline Ber- nard. She wrote to me about Christmas time and sent two reviews which I wouldn’t have seen otherwise. I answered, but this morning my letter was returned marked wrongly addressed. I’m rather puzzled as I thought I’d copied the address she gave accurately. But I suppose I made some stupid mistake. Her letter was so charming that I hate not thanking her and thought that you’d forward the letter to correct address. I’m so sorry to trouble you. I’m very pleased of course to know that « Good morning midnight » has had some good reviews. With all good wishes. Yours sincerely Jean Rhys. I thought the translations were brilliant ».

LAS : « March 17th Dear Monsieur Nadeau, Of course if another novel is called « La Mer de Sargasse » the title of « Sargosso sea » must be changed. One of the other translators used « The Creole of Thornfield Hall » or that’s my version of the ?. When I was writing it I thought of calling it « Creole » but changed my mind because the meaning of the word « creole » is so very different now (like many other words). Other titles were « Story of the first Mrs Roches- ter » or « The first Mrs Rochester » but I don’t really like either. Perhaps Creole could be used in French. I will think about it and hope to find something that will do. I did not dislike « Jadis à Coulibri » but am not a good judge perhaps. With every good wish. Yours sincerely. Jean Rhys ».

LAS : « March 27th He says he has money and can pay an avocat « largement » Dear Monsieur Nadeau, You forwarded a letter directed to Les Editions Denoël which has touched and troubled me. It’s from a Marc Varney who lives in Lyon and claims that he is charged with a murder in Lyon (year 1965). He says he is innocent but cannot find an « avocat » to defend him. He asks me if I can tell him of a lawyer to take up his case. After much thought I decided to write to M. Pierre Leyris (63 rue de la Républic 92 Meudon). It is a lengthy letter explaining the case and how I would like to help this man who seems lonely and despairing. I’d feel so very grateful personally grateful to anyone who could find out the facts. I do hope you understand. Yours sincerely. Jean Rhys. Marc Varney’s address F128 33 Cours Suchet Lyon 69 ». 1 000 € 275 557. RIBEMONT-DESSAIGNES (Georges). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

20 juillet [1957] au 30 novembre 1969. 5 LAS (4 LAS au format in-4 formant un ensemble de 7 pp., 1 LAS in-12 de 3 pp.).

Correspondance composée de 5 lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau.

Les deux premières lettres sont relatives une collaboration aux Lettres Nouvelles et la future publication de Déjà jadis ou du mouvement Dada à l’espace abstrait, témoignage de premier ordre sur le mouvement Dada qui paraîtra chez Julliard en mai 1958.

Dans la troisième, Ribemont-Dessaignes évoque la disparition des Lettres Nouvelles et se réjouit du lance- ment de la Quinzaine littéraire dont il est un lecteur assidu.

Dans les deux dernières, il est question d’une réédition de Déjà jadis, dans une version augmentée de 2 chapitres à la NRF, édition qui ne vit pas le jour. Dans la dernière, Ribemont-Dessaignes propose des poèmes pour publication dans Les Lettres Nouvelles.

LAS : « Saint-Jeannet Alpes-Maritimes 20 juillet / Cher Maurice Nadeau, Ne croyez pas qu’encore une fois j’avais renvoyé aux calendes grecques le petit travail dont je vous ai parlé. Simplement j’avais un texte à écrire, et puis j’ai à peu près tout refait ce que j’avais déjà presque terminé. À présent je suis content. Comme vous le verrez, c’est assez long et cela me paraît dépasser ce qu’on peut donner dans une revue. Si cela vous intéresse pour les Lettres Nouvelles, sans doute pourriez-vous en publier ce qui vous semble intéressant ? En principe cela fait partie d’un tout. Il y a donc pour prévoir l’ouvrage complet, deux autres parties. L’une consacrée à Dada et au Surréalisme (mais toujours d’un autre point de vue que celui de l’histoire). L’autre à l’après-guerre jusqu’à 1955. Peut-être pourrions-nous voir chez Julliard par la suite, au sujet d’une édition éventuelle ? Nous avons le temps d’en parler. En attendant je vous confie donc mon papier, cher Nadeau. J’aimerais certes que cela vous plaise ! Toutes mes amitiés et souvenirs, votre G. Ribemont Dessaignes ».

276 LAS : « Saint-Jeannet Alpes-Maritimes 19 septembre 1957 / Cher Nadaud (sic), J’ai terminé, voici déjà quelques temps, l’ouvrage dont vous avez publié une partie dans les Lettres Nouvelles, et toutes ces semaines-ci, j’ai tapé dans bien que mal ce qui concerne Dada, le Surréalisme, et l’après-guerre. Je suis en train de faire de même pour une partie sur l’art abstrait, et n’en ai pas pour très longtemps avant que ce soit fait... Il y a aussi trois chapitres moins importants l’un spécialement sur le cas Picasso, un autre sur la nature-morte, (comme problème spé- cial millet à l’abstrait) et un sur la musique actuelle (dite concrète). Je voudrais bien faire un sort à ce travail, et pour diverses raisons serais même assez pressé de le caser. C’est pourquoi, comme nous en avions vaguement parlé, je viens vous demander si cela vous intéresse, si il y aurait des chances dans la maison, soit chez Julliard (je suis, je crois assez bien avec lui), soit chez Laffont, soit ailleurs. Votre avis sera bon. Sinon, je verrai tout de suite autre part. Titre : « Rétrovisions ou 50 ans d’avant-garde » si vous jugez que cela a des chances de votre côté. Voulez-vous me le dire ? Je vous enverrais alors ce qui est prêt. Et vous auriez le reste avant peu. Je vais à Paris d’ailleurs dans la première quinzaine d’octobre. Mais j’aimerais déjà m’occuper de cela. Merci. Excusez-moi de vous ennuyer peut-être, mais votre gentillesse habituelle fera que vous me pardonnerez ! En attendant le plaisir de vous voir - et auparavant de vous lire - je vous envoie mes meilleures amitiés, G. Ribemont Dessaignes ».

LAS : « Saint-Jeannet Alpes-Maritimes (06) 16 décembre 1966 / Cher ami, Il y avait bien longtemps que je ne savais plus rien de vous. Après la disparition des Lettres Nouvelles, j’ignorais comment vous atteindre, d’autant moins que n’allant pas très souvent à Paris, et étant de temps à autre plus ou moins souffrant de mes sales vieilles bronches, je n’avais pas trop de moyens de me renseigner. Or dernièrement, allant à Paris, pour la sortie de mes « Poèmes » chez Seghers, et de mon « Théâtre » chez Gallimard, j’ai eu entre les mains tout à fait par hasard, au bistrot en bas de chez moi, un numéro de la Quinzaine littéraire. Ce n’est qu’au numéro d’après que j’ai réussi à faire venir ici, que j’ai vu votre nom. Et cela m’a réjoui. Mais mon voyage à Paris a été si fatigant pour moi, que j’ai été un peu malade en rentrant - le coeur qui allait vraiment trop vite. Enfin, tout ceci pour vous dire que mainte- nant je ne manque pas un numéro de la Quinzaine. Et que j’aimerais bien qu’on dise deux mots de mes livres dans cette publication qui - avec le Nouvel Observateur - est vraiment la seule qui me remplisse de plaisir. Encore que l’observateur ait parfois des lubies imprévisibles. Cher ami, je parle de moi, et de mes affaires (la vie n’est pas facile à cet âge : 82 1/2 ! car je suis obligé de faire des choses pour la radio, afin de vivre encore un peu - autant que faire se pourra !). Donc je parle de moi, mais j’aimerais savoir ce que vous devenez, ce que vous faites, si vous êtes bien avec la vie ? Donnez-moi de vos nouvelles, je vous en prie, cela me fera grand plaisir, croyez-le, je le dis bien sincèrement. Et là-dessus je vous serre la main et vous assure de ma vieille amitié, G. Ribemont Dessaignes ».

LAS : « Saint-Jeannet (06) 28 octobre 1969, Cher Nadeau, Je suis heureux de reprendre contact avec vous, depuis si longtemps que je ne vous ai vu. La vieillerie est là !... Je ne vais plus à Paris - mais je travaille tout de même, malgré les ennuis de santé de moi et de ma femme. Vivre... Il faut vivre, c’est-à-dire travailler! Ceci dit, beaucoup d’amis m’ont dit : pourquoi ne faites-vous pas rééditer « Déjà jadis » depuis si longtemps qu’on ne peut le trouver. Tout de suite j’ai pensé à la chère vieille NRF, et j’ai demandé à mon ami Max Papart d’aller à la NRF consul- ter Queneau au sujet d’une réédition possible après avoir ajouté deux chapitres concernant les temps présents. Je ne savais pas que vous étiez vous aussi à la NRF, et je suis très heureux de cela, car je pourrais reprendre contact avec vous. Alors voilà : est-il possible de rééditer Déjà jadis à la NRF ? Ce serait vraiment pour moi une grande joie. Je vous le demande bien simplement, et vous remercie si vous voulez bien examiner cette possibilité et en faire une réalité, ce qui serait le comble de la joie ! Merci, cher ami, en tout cas de vous intéresser un peu à celui qui bien souvent s’est demandé où vous étiez et ce que vous pensiez. Mais je ne veux pas vous ennuyer plus longtemps et je vous envoie toutes mes amitiés, G. Ribemont Dessaignes ».

LAS : « Saint-Jeannet (06) 30 novembre 1969 Cher ami, J’ai reçu votre lettre et vous remercie. Vous avez sans doute raison. Mais les circonstances ne sont plus les mêmes. Quand, le livre a paru, Dada et le Surréalisme étaient maudits ! Alors qu’aujourd’hui ! On m’a joué mes pièces, dont L’Empereur de Chine, en Suède, en Italie, et je ne sais plus où. On vient de m’apporter l’Italie une édition de théâtre dada. Etc. Mais je pense que puisque Gallimard m’a déjà édité plusieurs choses, ce ne serait pas mal que Déjà jadis, augmenté de deux chapitres, reparaissent aussi rue Sébastien Bottin. Il n’empêche que puisque je vous ai « retrouvé » (Dieu sait pendant combien d’années j’ai acheté les Lettres Nouvelles à Vence quand j’y allais flâner devant le libraire), je voulais vous demander si vous accepte- riez de publier dans les LN trois ou quatre poèmes que j’ai écrit sur les Américains dans la Lune (ou To be or not to be). Je vous demande cela à vous en premier, puisque je suis très heureux de renouer des relations amicales avec vous. En tout cas en ce qui concerne Déjà jadis je vais écrire un Queneau; je croyais, lorsque j’ai commencé à m’occuper de cela, grâce à mon ami Max Papart, que vous étiez entièrement chez Gallimard. Je suis heureux de ces circonstances qui m’ont permis de pouvoir converser avec vous. Je ne savais plus ce que vous étiez devenu, ni ce qu’étaient devenues les Lettres Nouvelles. Voilà, cher ami. Merci de m’avoir écrit. Merci, si vous pouvez vous intéresser aux dits poèmes (ils ne sont pas encore fignolés ni tapés!). Mais si cela ne vous convient pas, je vous en prie, ne vous gênez pas, je ne vous en voudrais pas. À mon âge ce qu’on appelle la philosophie a pris un tour sans aucune acrimonie de caractère. Cher Nadeau, je vous serre affectueusement la main, en souvenir des jours anciens. Ah! S’il revenaient! Votre ami G. Ribemont-Dessaignes ».

750 €

277 558. RINALDI (Angelo). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

1970 à 1989. 8 LAS de format in-4 formant un ensemble 10 pp. et 2 CAS (3 pp. au total), rédigées à l’encre.

Correspondance composée de 8 lettres autographes signées et 2 cartes autographes adressées à Maurice Nadeau qui édita dans la collection Les Lettres Nouvelles, chez Denoël, les trois premiers romans d’Angelo Rinaldi, La Loge du gouverneur (1969 - Prix Fénéon en 1970), La Maison des Atlantes (1971 - Prix Femina) et L’Éducation de l’oubli (1974).

LAS à propos de l’obtention du Prix Fénéon pour son premier roman, La Loge du gouverneur : « Nice, le 1er février [1970] Monsieur, Vous le savez, lorsque j’ai reçu ce prix, ma première pensée fut pour vous. La nouvelle m’a donné beaucoup de plaisir, et ensuite elle a augmenté mon inquiétude à l’égard du travail en cours. C’est, je crois, la fatale contrepartie des lauriers. La caisse des lettres m’a répondu vendredi dernier. M. Corlieu [secrétaire général de la Caisse des Lettres] m’adressait un formulaire qui complétera le dossier. J’avais scrupule à le remplir - puisque le Fénéon procure aussi un chèque - et puis j’ai passé outre... Que cet organisme m’accorde une aide, je suis décidé à prendre du champ par rapport au journal. Évidemment, par le biais d’un congé médical. Il ne sera pas tout à fait de complaisance, et je le regrette. J’aurai moins de temps, mais je m’en contenterai. M. Corlieu me demandait d’appor- ter une caution morale à mon dossier et - comme vous m’y avez autorisé - j’ai parlé de vous. Pour tout, merci encore. Respectueusement. A. Rinaldi ».

278 LAS : « Paris, 30 avril [1970], Monsieur, si mon nouveau travail ne me retenait pas au bureau l’après-midi, je serais venu vous voir aux Lettres Nouvelles pour vous remercier. En effet, à peine étais-je arrivé à Paris, que la caisse nationale des lettres m’adressait un chèque de 1500 francs. J’en ai été très heureux - et je sais que je le dois à votre intervention. Jean Wagner vous aura dit, peut-être, que je suis entré à la rédaction de Paris-Jour, en qualité de « rewriter ». (Il y a aura beaucoup contribué). J’espère que, malgré les impératifs de l’horaire, j’aurai la possibilité de vous rencontrer bientôt. Respectueusement, A.M. Rinaldi ».

LAS à propos d’un article sur Gabriele d’Annunzio, « Un furieux désir de paraître » qui sera publié le 16 mai 1971 dans la Quinzaine littéraire et la diffusion de La Loge du gouverneur en Corse : « Paris, 22 avril [1971] Cher ami, l’article sur D’Annunzio, vous le trouverez ci-contre, mais avec quel retard! C’est qu’il m’arriva une chose épouvan- table. Je pèse mes mots : on me l’a égaré, la semaine dernière. Déchiré le brouillon, déchiré le texte définitif. Réel- lement, c’est à se flanquer par la fenêtre. Je n’ai jamais aussi bien compris ce qu’a pu être la souffrance de Lowry qui, lui, perdait des chefs-d’oeuvres (sic). Je dois me rendre le 12 mai, à Marseille, pour une interview télévisée qui sera diffusée dans le sud-est. Comme des amis me disent et m’écrivent que les quelques exemplaires de mon livre, arrivés en Corse, ont tout de suite disparu après un article du « Provençal », je vous demande d’avoir la gentillesse de le signaler au service de diffusion Denoël. Je leur avais téléphoné le mois dernier, mais cela ne servit à rien. Je n’ai pas l’impression que le livre retiendra beaucoup la critique. Aussi, serait-il bête que je perde cette occasion parce que l’intendance ne suit pas. Merci pour tout, bien à vous Rinaldi ».

LAS dans laquelle Rinaldi demande à Maurice Nadeau son avis sur le manuscrit de son prochain livre, L’Éducation de l’oubli : « Paris, ce 17 octobre 73 Cher ami, Je vous avais annoncé imprudemment, il y a deux semaines, que je partais en vacances, mais si je propose, les puissants de la rue de Berri disposent... J’ai dû rester à Paris pour des raisons professionnelles, et maintenant je préfère attendre votre avis sur mon manuscrit avant d’aller dans un endroit où il y encore du soleil (j’en ai besoin, étant passablement fatigué par ces deux dernières années). Le livre lu, et l’affaire classée, je me reposerai mieux. Pensez à moi. Bien à vous, A. Rinaldi ».

CAS, s.d. [fin octobre - début novembre 1973] : « Mardi soir Cher ami, Merci de tout coeur : vous m’avez rendu le sommeil pour ces courtes vacances. J’étais vraiment inquiet, cette fois. Je vais réfléchir à vos observations. Je veux dire, essayer d’en tirer profit (bien abstrait, le titre, évidemment...) Il se produit en moi un refus nerveux qui m’em- pêche de vous répondre convenablement, excusez-moi, j’exprimerai mieux toutes ces choses de vive voix. Bien à vous, Angelo Rinaldi P.S. Je ne connais pas Florence Gould mais cette rencontre m’amuse beaucoup. ».

LAS suite au décès de Marthe, épouse de Maurice Nadeau, enveloppe conservée : « Le 12 décembre 1984, Cher Maurice, C’est Guy Dupré, connu un match autrefois, qui m’a appris la nouvelle. J’en ai infiniment de peine. Tu le sais, ce n’est pas parce que l’on ne voit pas les gens, que l’on cesse de les aimer. Et Marthe s’en rendait bien compte. Quand nous nous sommes rencontrés la dernière fois, à la Quinzaine j’ai été très touché de t’Entendre dire qu’elle remarquait que je ne l’oubliais pas. Comment oublier ma première et patiente lectrice, qui m’a, comme toi, accueilli et porté chance ? Au cours de ces deux dernières années, beaucoup d’amies et d’amis, de tous les âges sont partis (il y a des périodes ou des pans entiers de notre vie s’effondrent, mais je ne le savais jusque-là que de façon intel- lectuelle. C’est autre chose de les traverser soi-même). Chaque fois, j’ai constaté que personne n’est remplaçable, et que, tel que je suis, le bonheur, je le recevais surtout de l’amitié. Je tenais à l’estime de Marthe. Je pensais à elle comme je pense à toi en ce moment - avec une grande affection. J’y penserai toujours. À bientôt, Angelo R. ».

LAS à propos du n°500 de la Quinzaine littéraire : « Paris, le 10 janvier 1988, Cher Maurice, Il faut absolument signaler ce numéro 500; mais la rubrique Interlignes, qui nous était si commode à cet égard, a été supprimée. J’ai cependant, et sans aucun mal, obtenu de la place pour un écho. (le 22 seulement). Geneviève et Kat ont l’air de se répondre d’une page à l’autre - moment de mélancolie. C’est après la lecture de cet article, que j’avais lu « Fibrilles », à Nice, je ne crois pas que ma mémoire me trompe. À bientôt, mille amitiés et mes voeux, Angelo Rinaldi ».

CAS : « Le 6 septembre 89, Cher Maurice, Cela me touche beaucoup que vous ayez accepté de faire partie de ce jury, de participer à une entreprise née, en somme, d’une façon plutôt romanesque : une conversation avec une jolie passante, Mme Geneviève Guerlain, rue de Miromesnil, un samedi de mai. Les choses sont allées vite et m’ont un peu dépassé; déjà, cette semaine, le Canard enchaîné publie un écho qui est, d’ailleurs, sympathique. Votre pré- sence me rassure; pour le public, elle sera le signe d’une absolue liberté. Les autres jurés ? Frank, Garcin, Dumayet, comme je vous l’ai dit par téléphone, Revel, Philippe Demely, journaliste, auteur d’un bon livre sur l’Angleterre, Phi- lippe Meyer, professeur de médecine qui a écris des essais, Mme Guerlain - c’était bien le moins - et le mécène M. Philippe Dennery un scientifique, m’a-t-il semblé, homme sympathique, plutôt gaulliste, ai-je cru comprendre, mais du gaullisme de Londres, et non de l’immobilier (1). Le premier déjeuner du jury - on me prie de vous en informer - aura lieu le 15 septembre prochain, un vendredi - à 13 heures, dans le salon Fontainebleau de l’hôtel Meurice où, peut-être, on a conservé les assiettes de Florence Gould. On vous y attend. Bien entendu, à aucun moment, votre amitié pour moi ne doit peser sur votre attitude. J’aurais fait le trottoir pour 20 millions de centimes, et pour la littéra- ture, sans le vouloir, et c’est assez amusant! À bientôt, et, une fois de plus, merci au nom de tous. Affectueusement à vous, Angelo Rinaldi / PS. Un oubli - Florence Malraux. Georges Steiner se dit trop pris par le « TLS », la vie entre Londres et Genève ».

1 500 €

279 559. ROBBE-GRILLET (Alain). Le Voyeur.

Paris, Editions de Minuit, 1955. 19,3 x 14,2 cm, broché, couv. imprimée, 255 pp..

Edition originale du second roman de l’auteur.

Exemplaire du tirage courant (après 25 pur fil et quelques hors-commerce sur le même papier).

Très bel envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau, / en gage d’estime vraie / très sincèrement / Robbe Grillet / [Le Voyeur] / à travers le regard d’une / conscience opaque - et / sans doute coupable - / une tentative vers l’ / « objectivité ». ».

Le Voyeur reçut à sa parution un accueil mitigé de la critique malgré des chroniques élogieuses de Roland Barthes et Maurice Blanchot, tous deux proches amis de Maurice Nadeau.

Maurice Nadeau était un des quatorze membres du jury du prix des Critiques (et sans conteste l’un de ses neuf soutiens) qui récompensa Le Voyeur en 1955, oeuvre maintenant considérée comme majeure du Nouveau Roman.

1 000 €

280 560. ROBBE-GRILLET (Alain). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

[1955] à 1959. 3 LAS, de format in-4 formant un ensemble 3 pp., rédigées à l’encre.

Correspondance composée de 3 lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau à propos d’une contribution aux Lettres Nouvelles, probablement en 1955, de la formule hebdomadaire des Lettres nouvelles lancée en 1959 dont le premier numéro est « excellent » et de l’article consacré à Dans le labyrinthe (Editions de Minuit, 1959) que Maurice Nadeau avait publié dans France-Observateur.

Maurice Nadeau cite un passage de la lettre concernant Dans le Labyrinthe dans le chapitre de Grâces leur soient rendues consacré au Nouveau roman : « Je vois dans le Labyrinthe un « côté onirique » à la Chirico dont [Robbe- Grillet] m’écrit : « je ne le refuse pas du tout. » ». (p. 384).

LAS du 19 juin [1955] en rapport avec « Traduction » qui sera publié dans le n°29 des Lettres Nouvelles en juillet-août 1955 : « Paris, dimanche 19 juin, Cher Maurice Nadeau, je vous renvoie - ci-joint - les épreuves corrigées. La seule chose importante à y signaler est la suppression par l’imprimeur des deux petits espaces blancs qui se trouvaient sur le manuscrit. Il est sans doute possible de les rétablir ? S l’un ou l’autre de ces blancs venait en bas de page - ce qui me paraît à craindre d’après leur position - je crois qu’il serait préférable, pour éviter qu’il ne passe inaperçu, de laisser également deux ou trois lignes blanches en haut de la page suivante. À moins que vous n’aimiez mieux les marquer tous les deux par un astérisque ? Bien sincèrement à vous. Votre dévoué Robbe Grillet ».

LAS du 6 mars 1959 : « Neuilly-sur-Seine / 18 boulevard Maillot / le 6 mars 59 / Cher Maurice Nadeau, Votre pre- mier numéro hebdomadaire est vraiment excellent. Je viens de le lire d’un bout à l’autre (pas feuilleter comme on fait d’habitude pour les revues). Peut-être est-ce la bonne formule. En tout cas je vous souhaite de réussir. Robbe Grillet. P.S. Je n’oublie pas que je vous ai promis un texte. Dès que j’aurai quelque chose je vous l’envoie. A. R. G. ».

LAS, s.d. [1959] à propos de l’article de Maurice Nadeau consacré à Dans le labyrinthe dans France Observateur : « Mardi, Cher Maurice Nadeau, laissez-moi vous dire, en toute simplicité, à quel point m’a fait plaisir votre article de France Observateur sur le Labyrinthe. Ce côté onirique dont vous parlez, je ne le refuse pas du tout; et j’aime beaucoup la comparaison avec les toiles de Chirico. Quant au mot de « poésie » lui-même, il ne peut que me com- bler, venant de vous (c’est si André Rousseaux me trouvait poète que je m’inquiéterais !). Mais la « réalité stricte- ment matérielle », celle où nous vivons tous les jours, n’a-t-elle pas l’air sortie justement de ce monde-là ? Quelle différence y a-t-il entre ce que l’on voit dans le Labyrinthe et dans les couloirs du métropolitain ? Mais sans doute sommes-nous d’accord là-dessus; c’est seulement que je m’exprime mal quand je fais de la « théorie ». Fidèlement à vous, Robbe Grillet ».

On joint :

ROBBE-GRILLET (Alain). Dans le labyrinthe.

Paris, Editions de Minuit, 1959. 19,4 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 221 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 77 ex. sur pur fil du Marais).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / en amitié fidèle / Robbe-Grillet / [Dans le labyrinthe] / avec un soldat / perdu sous la neige ».

Petites taches sur la couverture poussiéreuse, dos creusé. L’ensemble 900 € 281 561. ROBBE-GRILLET (Alain). La Jalousie. Roman.

Paris, Editions de Minuit, 1957. 20 x 12,7 cm, broché, couverture imprimée, 218 pp..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 13 vélin d’Arches et 55 pur fil).

Bel envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / en amitié fidèle / Robbe-Grillet / [La Jalousie] / chemin vers un roman / sans personnage... / mais sans doute suis-je / encore loin du compte ».

Dos creusé et bruni. 300 €

562. ROBBE-GRILLET (Alain) & MAGRITTE (René). La Belle captive.

Lausanne / Paris, Bibliothèque des Arts, 1975. In-4 (27,4 x 22,8 cm), cartonnage d’éditeur illustré, 157 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale de ce roman illustré de 76 reproductions d’oeuvres de Magritte, dont 26 en couleurs, principalement en hors-texte certaines sur double-page.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / ma fidèle amitié / Robbe-Grillet ».

Table des illustrations en fin de volume.

Bel exemplaire. 150 €

282 563. ROCHÉ (Henri-Pierre). Jules et Jim.

Paris, Gallimard, 1953. 18,6 x 12 cm, broché, couverture imprimée, 252 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du SP (après 55 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Monsieur Maurice Nadeau / hommage de l’auteur / Henri-Pierre Roché ».

Petites taches d’encre rouge sur la couverture, papier jauni.

Mythique roman d’Henri-Pierre Roché sur le triangle amoureux, adapté au cinéma en 1962 par François Truffaut avec dans les rôles principaux Oskar Werner (Jules), Henri Serre (Jim) et Jeanne Moreau (Catherine).

350 €

564. ROSTAND (Jean). Lettre adressée à Maurice Nadeau.

1956. 1 LAS d’1 p. de format in-4.

Lettre autographe signée adressée à Maurice Nadeau, rédigée avec humour en réponse à une demande de contri- bution pour les Lettres Nouvelles.

LAS : « Ville-d’Avray, 9 septembre 1956, Cher monsieur, Je suis très sensible à votre aimable lettre. Pour l’ins- tant, je ne puis écrire un article sur les grenouilles anormales de Chaville car la chose est en cours d’études et n’a encore donné lieu qu’à une brève publication scientifique; mais, plus tard, si je crois pouvoir intéresser les lecteurs des Lettres Nouvelles, je me souviendrai de votre précieuse invitation. Avec tous mes remerciements, je vous prie d’agréer, cher Monsieur, l’assurance de mes sentiments dévoués Jean Rostand ».

75 €

565. ROSTAND (Jean) & BOURDET (Claude). Lettre adressée à Maurice Nadeau. s.d. [circa 1964]. 1 LS à en-tête du Mouvement contre l’armement atomique, cosignée par Jean Rostand et Claude Bourdet.

Lettre signée adressée à Maurice Nadeau à l’en-tête du Mouvement Contre l’Armement Atomique, dans laquelle les deux cosignataires, Jean Rostand et Claude Bourdet, demandent que publicité soit faite dans la presse de la seconde « Marche de Pâques » organisée par le MCAA, « organisation non alignée », c’est-à-dire indépendante aussi bien de la politique soviétique ou chinoise que de la politique américaine et du nationalisme gaulliste, faisant partie de la Confédération Internationale pour le Désarmement et la Paix ».

Le MCAA fut créé par Claude Bourdet et Jean Rostand en 1963 en réaction à la crise des missiles de Cuba.

100 € 283 566. ROUVEYRE (André). Apollinaire posthume, de quenouille en exil. s.d. [circa 1947]. Manuscrit autographe signé de 3 pp. rédigé à l’encre sur trois feuillets de 30,8 x 23,2 cm.

Manuscrit autographe signé de premier jet, comportant de nombreuses ratures et corrections, relatif à la publication de la première édition des poèmes à Louise de Coligny-Châtillon, parue en 1947, sous le titre Ombre de mon amour, à Vésenaz près Genève chez Pierre Cailler.

Le 12 décembre 1947, Combat publia un article de Maurice Nadeau intitulé « Apollinaire, poète de l’amour et de l’avenir » dans lequel il est question d’Ombre de mon amour, des Poésies libres d’Apollinaire et du livre de Rouveyre consacré au poète paru chez Gallimard en 1945.

284 Retranscription : « La publication en Suisse des poèmes adressés par Apollinaire à son amie Lou au cours de 1915, dont Maurice Nadeau a parlé avec des réserves Dieu sait, hélas, combien justifiées, ne vaut exclusivement que sur un point, et qui ne comporte pas de laurier pour l’éditeur : elle en appelle impérieusement une autre et, cette fois, respectueuse des manuscrits dans l’état même imparfait où le poète, contre son gré, s’est trouvé condamné à les laisser. Son amie, qui lui était en tout spirituellement très disparate, ne lui répondit même pas lorsqu’il lui en demanda la communication. Pourtant il l’avait avertie de ses intentions : « Tu as reçu des vers, avant hier, lui écrivait-il en jan- vier 1915. Je t’en enverrai chaque fois que j’aurai le temps d’en faire. Ne les perds pas car je réunirai les meilleurs en volume, et je n’en ai pas copie, car je les écris directement ». Elle lui a manqué. Ses deux dernières années furent assombries par cette malchance. Il n’y pouvait rien, sinon y reconnaître une certaine excuse explicative : à quelle source son ancienne amie, toute étourdie, aurait-elle pu entrevoir l’importance future de son oeuvre et l’affreuse conséquence que devrait avoir un jour sur cette oeuvre sa retenue silencieuse des poésies en dehors de la mise au point vivement désirée par leur auteur ? Ce qui est resté ainsi aux mains exclusivement de son amie après leur rup- ture, puis après la mort du poète trois ans après : Lettres très nombreuses, brulantes, plaintives, érotiques, sentimen- tales, ironiques, amères, de déception ou de [fouaille?], tendrement quasi paternelles ou vivement et spirituellement justicières et perspicaces, enragées d’une proie fugace à ses imaginations, brulantes de soldat enchaîné, ou enfin lâchant un idéal irréalisable avec bonne humeur philosophique à l’orée d’un nouvel amour vers une autre femme : la toute jeune et délicieuse Madeleine. Lettres à Lou où les poèmes venaient s’encastrer. Poèmes, qu’Apollinaire n’a donc pas pu trier, achever, réduire, corriger, juger condamner ou maintenir, modifier ; auquels [sic] il n’a pas pu apporter le travail décisif, l’ordonnance suprême, qui seuls auraient pu apporter à des éléments improvisés l’unité et l’accomplissement qui en auraient été la haute raison poétique et le couronnement. Comment donc un pareil malheur a-t-il pu arriver à lui-même, à ses poèmes, à nous et à la postérité ? Après la rupture des amants, les circonstances personnelles de leurs vies respectives ne leur auraient pas permis de conserver entre eux ne fussent que de simples rapports d’amitié. Lou, que je connaissais depuis plusieurs années, bien avant qu’elle rencontrât Apollinaire, ne devait s’apercevoir que trop tard de la méprise qui avait été la sienne à être passée inconsciente, avec une légè- reté, une insensibilité naïves et incroyables, parmi le destin exceptionnellement fortuné qui avait été le sien. Destin au demeurant assez amèrement moqueur, en l’occurrence dans sa disproportion en face de l’aveuglement, de la fugacité, de l’étourderie de cette inconsciente privilégiée! Elle ne l’a pas méconnu, son trop imparfait discernement. Elle m’écrivait, le 1er octobre 1920, ces touchants propos propres à témoigner de son meilleur naturel qui est parfois très loin d’être sans attrait : « Je ne savais pas que tu avais connu Guillaume aussi intimement après le malentendu qui nous a séparés. Il y a alors bien de détails que je n’ai plus su sur lui et que je te demanderai quand nous nous verrons. la mort qui empêche à jamais les amis de se réconcilier est une chose horriblement triste. Il t’a parlé de l’inconstance de mon amitié. je lui ai fait de la peine parce que je ne l’ai pas compris. Il y avait un trop grand abîme entre sa mentalité et celle dans laquelle j’avais vécu jusque-là. Plus tard, avec plus d’expérience de la vie nous nous serions rapprochés j’en suis sure. Nous devions être des amis! Seulement il y avait les premières incompréhensions à vaincre ». Illusion imaginative ou non, voilà de bons regrets. Entre les deux guerres, aux instants et à la mesure progressive où la renommée du poète s’étendait dans le monde, les poésies furent proposées par Lou à divers édi- teurs parisiens. Également à la veuve et légataire du poète. Celle-ci, à qui Lou les avait refusées en 1920 lorsqu’elle les désirait, et en détourna son intérêt lorsqu’on les lui apporta. Elle ne trouva pas à son gré la publication, mit son veto; et encore jusqu’en ces derniers temps. ce n’aurait donc pu être qu’en 1968 que la venue au jour aurait pu être espérée. Et encore: on sait que les héritiers, éventuels propriétaires de tels papiers, ne sont pas nécessairement férus de poésies... Pas plus, il est vrai, qu’ils ne peuvent être réputés fermés à certains intérêts matériels dans un cas illustre et productif. Mais voilà qui a tout arrangé, à quoi personne n’avait songé: En Suisse les ouvrages tombent dans le domaine public 30 ans seulement après la mort des auteurs. Pas de contrôle, pas de compte à rendre! C’est une chance, que, après tout, après bien des traverses, Lou ait pu mettre ainsi, enfin, cahin-caha, son projet à exé- cution. Peut-être que c’est le fruit des efforts heureux de quelque diable tenace, suscité, dépêché ici par la magie Apollinairienne! En tous cas il y a une hardiesse très généreuse et inspirée dans le fait même de la publication qu’elle ait été gratuite ou non. La pluie d’or qui arrosa Danaé ne lui enlève nullement le prestige d’avoir été distinguée par un dieu. Assez inconsciemment on a fait grief à Lou du long délai qu’a précédé la mise au jour, oh très mal faite, c’est entendu! Il faut admettre que l’affaire était complexe. Les poèmes touchés par les uns et par les autres au cours de communications maladroites, copiés ça et là, certains même circulant sous le manteau, le mal était plus grave, en vérité, dans cette débandade occulte qu’à une édition, même aventurée aux arbitraires très regrettables, mais qui, au moins a livré des morceaux importants du corps de la statue. Les fouilles finiront bien par la reconstituer dans la pureté de son véritable caractère, non achevée, hélas, mais au moins sans les incroyables manquements qui la faussent. On dit que les lettres d’Apollinaire à Lou seraient sur le point de subir un traitement modificateur analogue à celui qui a été imposé aux poèmes. La curiosité est éveillée. Jusqu’où pourra aller l’audace contre la mémoire et l’oeuvre d’un poète où s’abritent des vilains, nos esprits et nos sentiments ; et qui, alors, n’en serait pas lui-même protégé ? La France est son pays, Paris sa ville. On n’est bien que chez soi. Il y reviendra. André Rouveyre ».

500 €

285 567. ROUX (Dominique, de). Deux lettres et un tapuscrit - Un fil à la patte - concernant La Mort de L.F. Céline.

1966. 1 LAS (2 pp.), 1 LS et un tapuscrit signé de format in-4 formant un ensemble 4 pp., sur papier à en-tête des Cahiers de L’Herne.

Deux lettres et un tapuscrit - Un fil à la patte - adressés à Maurice Nadeau concernant La Mort de L.F. Céline, essai qui venait de susciter une polémique et une querelle avec la revue Tel Quel dirigée par Philippe Sollers.

Écrivain et éditeur, Dominique de Roux (1935-1977) est le fondateur des Cahiers de l’Herne et avec Christian Bour- gois des éditions du même nom où parut La Mort de L.F. Céline en 1966.

LAS : « Le 7 novembre 1966. Cher Maurice Nadeau, Tout démenti arrivant trop tard et tout mensonge, rongeant, envasant, je prends la liberté de vous écrire au moment où vous écrivez si justement sur La mort de L.-F. Céline. Au moment aussi où certains par manoeuvre et impuissance voudraient faire passer des absurdités comme d’utiles découvertes. Ici, l’on me colle dans un comité hongrois; là, Halimi publie que j’ai envoyé du papier bleu à Louis Ara- gon, m’obligeant ainsi, mais en vain à envoyer pour de bon du papier bleu à Paris-Presse. Déjà cela m’oblige à la justification, à me répéter sans cesse, à me décomposer. En piétinement, en démentis écartés, on est habillé pour la série et on finit par s’édenter. Peut-être comprendrez-vous ma bonne foi au moment où l’on veut cultiver mon essai comme un anthrax. Je croyais qu’il y avait d’autres moyens sur notre parquet ciré, pour contester un livre, que ces crocs en jambe et la calomnie qui fait de la vieille politique. En vous remerciant encore cher Maurice Nadeau croyez à ma respectueuse amitié. Dominique de Roux ».

LS : « Paris, le 18 novembre 1966. Cher Maurice Nadeau, Je vous envoie cette réponse à certaines perfidies de Philippe Sollers auxquelles je serais heureux de mettre fin sans m’engager dans une polémique véritable. Je vous demande de la passer dans la Quinzaine, non pas au nom du droit de réponse, mais pour que les choses soient claires, au moment même où Philippe Sollers intervient auprès des collaborateurs des Cahiers de l’Herne pour les inquiéter et me caricaturer. Très amicalement, Dominique de Roux ».

Tapuscrit titré Un fil à la patte : « Directeur de Tel quel à la suite de Jean-Edern Hallier, Philippe Sollers, qui d’habitude a suffisamment mauvaise conscience pour se camoufler, publiait ici même un certain nombre d’absurdi- tés comme d’utiles découvertes. Mais, de même que je lui conseille de lire Molière pour y découvrir Trissotin, je lui souhaite de quitter un instant sa chancellerie pour aller à la rencontre de Feydeau et de son bouzin. Je m’étonne enfin qu’il s’avoue surpris de ce qu’il appelle « les implications politiques » de La Mort de L.-F. Céline», alors qu’en coulisse et dans les salons il bonimente ferme sur mon soi-disant « fascisme », intrépide quand il s’agit de calomnier, héroïque quand il développe ses litanies politiques diffamatoires, retrouvant ainsi les pires manies maurassiennes, À défaut d’attaque précise qu’on pourrait admirer. Vous vous éloignez, me reprochera-t-on, de la Littérature. Mais n’est ce pas à propos de la Littérature justement que Monsieur Sollers voudrait me mettre à son diapason et me loger dans ses écuries d’Augias ? Vainement, je dirais. Dominique de Roux ».

300 €

568. SABATO (Ernesto). Lettre signée à Maurice Nadeau.

1967. 1 LS d’1 p. in-8.

Lettre signée, rédigée en espagnol, adressée à Maurice Nadeau en remerciement pour son article titré « Une folle chevauchée » (Quinzaine littéraire n°24, 15 mars 1967) à propos d’Alejandra (Sobre héroes y tumbas) roman d’Er- nesto Sabato dont la traduction française venait de paraître au Seuil.

LS : « Santos Lugares, 24 de marzo Mi querido Nadeau : Gracias, muchas gracias por su generoso artículo en la Quinzaine. Más que por el recocimiento literario que significa, proviniendo de un crítico de su tallia, me reconforta porque para mí significa rencontrar su valiosa amistad, esa amistad que siempre deseo y que motivos circunstian- ciales impidieron o entorpecieron. Sería para mí muy hermoso que esta publicación suya pudiese reanudar aquella naciente y truncada amistad. Un abrazo de E. Sabato ».

On joint 4 lettres signées à Maurice Nadeau :

- une LS (1 p. in-8) de Jorge Ernesto Sabato, fils d’Ernesto, datée du 7 mars 1967 dans laquelle il lui annonce avoir reçu l’exemplaire d’Alejandra dédicacé par son père à son attention et

- trois LS (3 pp. 1/2 in-4) de Matilde Sabato, l’épouse d’Ernesto datées du 17 janvier 1964, 24 mars 1964 (en fran- çais) et 4 avril 1967.

Dans les deux premières lettres de Matilde, il est question de la publication en français de Heroes y tumbas, qu’un temps Maurice Nadeau pensa pouvoir éditer chez Julliard mais qui fut finalement publié au Seuil. Dans la dernière,

286 elle le remercie pour l’article de la Quinzaine et évoque Malcolm Lowry comme source d’inspiration de son mari : « Cuando lo escribi per primera vez fue impulsada per el prelogo à la novela de Lowry ».

LS de Jorge Federico Sabato : « Paris, le 7 mars 1967 Cher Monsieur, je viens de recevoir la dédicace ci-joint que mon père vous a adressée et que voulait (sic) joindre à son livre. On m’a dit, aux Éditions du Seuil, qu’on a déjà vous envoyé (sic) le livre, mais de toute façon, je veux remplir le désir de mon père. J’espère avoir quelquefois le plaisir de vous connaître personnellement. Croyez, cher Monsieur, à l’expression de mes sentiments les meilleurs. Jorge Federico Sabato ».

300 €

569. SARRAUTE (Nathalie). L’Ère du soupçon. Essais sur le roman.

Paris, Gallimard, Coll. « Les Essais LXXX », 1956. 17,8 x 11,5 cm, broché, couverture imprimée à rabats, 155 pp., 2 ff. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du tirage courant (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteure : « Pour Maurice Nadeau / hommage de l’auteur / Nathalie Sarraute ».

350 €

287 570. SARRAUTE (Nathalie). Deux lettres autographes à Maurice Nadeau.

1959 à 1972. 2 LAS (1 p. in-4 et 2 pp. in-8).

Deux belles lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau en remerciement pour des chroniques du Planetarium (Gallimard, 1959), et de Vous les entendez ? (Gallimard, Coll. Le Chemin, 1972), parues respectivement dans les Lettres Nouvelles (n°14 de la deuxième série en juin 1959) et dans le n°135 de la Quinzaine littéraire.

Des extraits du Planetarium furent publiés dans les Lettres Nouvelles en octobre et novembre 1957 (n°53 et 54).

Les lettres autographes de Nathalie Sarraute, figure de proue du Nouveau roman, sont rares.

LAS : « Le 12 juin 1959 Cher Maurice Nadeau, Tel est mon malheureux caractère, que la confiance que vous m’aviez montrée, au lieu de me réjouir, me faisait souvent penser, les derniers temps, que vous seriez déçu lorsque vous liriez tout mon livre. La joie que m’a donnée votre article est d’autant plus grande. Je ne sais pas exprimer mes sentiments dans une lettre. Je voudrais juste que vous sachiez quel apaisement, quel encouragement, votre grande compré- hension de tout ce que je m’efforce de faire m’ont apportés. Merci ! Croyez à. ma fidèle amitié. Nathalie Sarraute ».

LAS : « Le 17 février 1972 Cher Maurice Nadeau, J’ai été profondément touchée par le très bel article que vous avez écrit sur « Vous les entendez ? ». Votre attention, votre soutien comptent beaucoup pour moi. Et aujourd’hui, en vous lisant, j’ai compris mieux que jamais pourquoi il en est ainsi. Vous m’avez rendu heureuse et, croyez-moi, cela m’arrive rarement. Je vous en remercie de tout mon coeur. Nathalie Sarraute ».

1 000 €

571. SARRAUTE (Nathalie). Ici.

Paris, Gallimard, 1995. 20,2 x 13,5 cm, broché, couverture crème imprimée, 181 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Envoi autographe signé : « Pour Maurice / très affectueusement / Nathalie ».

80 €

572. SARRAUTE (Nathalie). Ici.

Paris, Gallimard, Le Grand Livre du Mois, 1995. 20,2 x 13,5 cm, cartonnage illustrée d’une reproduction d’un tableau d’Arcimboldo, 181 pp., 2 ff. n. ch..

Tirage pour le Grand Livre du Mois fabriqué à partir du bloc texte de l’édition originale achevée d’imprimer le 17 août 1995.

Bel envoi autographe signé : « A Maurice / Pour lui redire toute mon / amitié et ma grande affection / Nathalie / Le 3 novembre 1995 ».

Marque de pli dans le coin inférieur du premier plat de couverture et des premiers feuillets.

80 €

573. SARRAUTE (Nathalie). Ouvrez.

Paris, Gallimard, 1997. 18,7 x 12 cm, broché, couverture crème imprimée, 129 pp., 6 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 60 ex. sur vélin pur chiffon de Lana).

Bel envoi autographe signé : « A Maurice / en l’embrassant de tout mon coeur / Nathalie / Le 23 septembre 1997 ».

200 €

288 574. SCHMIDT (Arno). Soir bordé d’or.

Une Farce à Merveilles - 55 Tableaux de la Rur(t)alité pour Amateurs de Phallibourdes.

Frankfurt am Main, S. Fischer Vlg, 1989. In-folio (42 x 30,2 cm), en feuilles, sous portefeuille vert avec étiquette de titres sur le premier plat, 1 f. n. ch., 215 pp., 1 f. blanc.

Rarissime exemplaire d’épreuves, datées de 1989, de la traduction française du dernier livre mythique d’Arno Schmidt (l’édition originale française fut éditée par Maurice Nadeau en 1991).

Une étiquette sur le titre donne les précisions suivantes : « Photocopie de la traduction, avant corrections. Cet exem- plaire est réservé à un usage strictement personnel ». Une autre étiquette identique est collée au début du texte.

Imprimé au recto seulement, sous forme de dactylogramme (les feuillets de l’édition de 1991 étant imprimés recto verso).

Traduit de l’allemand par Dominique Dubuy et Claude Riehl.

On note que le sous-titre est différent de celui retenu pour l’édition de 1991 (Une Farce-Féerie - 55 Tableaux des Confins Rust(r)iques pour Amateurs de Crocs-en-langue) dans laquelle la traduction est attribuée à Claude Riehl seul.

Sans les illustrations (49 dessins de l’auteur et autres images) de l’édition de 1991. Une étude comparée révèlerait probablement d’autres différences.

Petites déchirures au portefeuille. 4 500 €

289 575. SCHUSTER (Jean). Lettre de refus de la démission d’ACTUAL de Maurice Nadeau.

27 mai [circa années 1980s]. 1 LAS d’1 p. au format in-4 sur papier à en-tête du Centre de documentation sur le surréalisme.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau lui annonçant le refus de sa démission de l’association Actual créée en 1984.

LAS: « Cher Nadeau, comme tu le sais, ta démission a été refusée vigoureusement par le conseil d’administration autrement plus souverain que moi en la matière. Et « celui-là qui ne se consolera jamais d’être arrivé trop tard » était plutôt en avance pour te retenir par la manche. C’est ainsi. Quant à moi, je suis prêt à parler avec toi, en tête-à-tête, quand tu voudras, du fond de cette antique histoire. Pour la forme, voici le texte que j’avais proposé au C.A.: «... l’appartenance à ACTUAL ne suppose aucune communauté de pensée autre qu’un intérêt et, au minimum, une sym- pathie pour le surréalisme. Une association aussi largement ouverte ne saurait réglementer la liberté d’expression de tel ou tel de ses adhérents, cette liberté s’exercerait-t-elle au détriment de tel ou tel autre et userait-elle des formes les plus vives de la polémique. Bien entendu, et c’est là sa seule limite, pareille liberté ne peut être invoquée dans les publications présentes ou à venir, éditées ou diffusées par l’association». A toi (et à te lire) Jean / (1) il faut qu’un nom soit écrit ou rayé signé Alfred ».

50 €

576. SCIASCIA (Leonardo). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

Du 11 janvier 1972 au 10 novembre 1979. 4 LAS (2 p. in-4 et 2 pp. 1/2 in-8) et 1 LS (1 p. in-4).

Rare correspondance composée de 5 lettres (dont 4 autographes) signées, rédigées en italien, adressées de 1972 à 1979 à Maurice Nadeau qui se chargea de la publication en français de plusieurs romans, essais et nouvelles de Leonardo Sciascia chez Denoël, aux éditions Maurice Nadeau et à la Quinzaine littéraire.

Les lettres autographes de Leonardo Sciascia sont rares.

LAS à propos de son roman policier, Il Contesto, una parodia, publié chez Denoël en 1972 par Maurice Nadeau sous le titre Le Contexte, une parodie : « Viale Scaduto, 10/B Palermo, 11.1.1972 Caro Maurice Nadeau, Avevo capito che il giovane non era stato mandato direttamente da lei, ma ne ho avuto ugualmente buona impres- sione, mi è parso sincero e ansioso per la sorte del suo amico finito ingiustarmente in prigione : e perciò ho fatto per lui quel poco che avrei fatto per qualsiasi persona che, in me paese estraneo e difficile, si fosse rivolta a me. Spero anzi che l’avvocato da cui l’ho mandato, che conosco come persona seria e capace, abbia fatto qualcosa per risol- vere il caso. Se il giovane tornerà a Palermo, se avrà ancora bisogno di me, dica che venga senz’altro a trovarmi. La ringrazio di quanto mi scrive riguardo ai miei libri nella sua collona. E spero avrà ricevuto, nel frattempo, « Il contesto ». Io verrò a Parigi, spero, in primavera : e conto di avere il piacere di rivederta. Con pli auguri e i saluti più cordiali, Suo Leonardo Sciascia ».

LAS à propos de Il giorno della civetta, paru chez Einaudi en 1961 et paru en français en 1962 chez Flamma- rion sous le titre Le Cri de la chouette et Les Poignardeurs, suivi de La Disparition de Majorana paru chez m. Nadeau en 1977 : « Palermo, 25.2.77 Caro Maurice Nadeau, Non credo mi sarà possibile venire a Parigi il 30 marzo (per l’impegno che ho già di venire verso il 10 maggio); ma Le manderò il testo sul « potere ». Per Flammarion, provvederà l’Agenzia Letteraria Internazionale a chiedergli che « Il giorno della civetta » passi a Lettres Nouvelles. Sono d’accordo per la pubblicazione in unico volume di « Majorana » et dei « I Pugnalatori ». Mi ricordi alla signora e si abbia i più affettuosi ringraziamenti e saluti dal / Suo Leonardo Sciascia / Scianna le dirà della possibilità di avere une traduzione, per Lettres Nouvelles, del libro di [Vicenzo] Consolo ».

LAS à propos de la préface rédigée par Maurice Nadeau pour l’édition italienne de L’Affaire Redureau d’An- dré Gide (Sellerio, 1978) et l’article « Les Siciliens vus par Ferdinando Scianna, Dominique Fernandez et Leonardo Sciascia » paru dans le n°262 de la Quinzaine Littéraire en septembre 1977 : « Racalmuto, 18.9.77 Caro Maurice Nadeau, Le sono motto grato per la prefazione all’ Affaire Redureau - che è molto, molto interessante. Riceverà, da parte dell’ editore, un piccolo compenso : vorrà scusare, spero, lui e me. Io sono quasi alla fine del mio « divertimento » non so fino a che punto voltairiano. Le porterò il manoscritto quando verrò a Parigi, verso il 20 ottobre. Se Le sem- brerà pubblicabile, faremo in modo di farlo uscire - come Lei propone - in Francia e in Italia contemporaneamente. Sinceramente dico « se Le sembrerà pubblicabile » : mi diverto a scriverlo, ma non sono sicuro di quel che viene fuori, di quel che questo libro sarà. Ma vedremo. Mi ricordi alla signora Nadeau e si abbia, i più cari saluti dal Suo Leonardo Sciascia / Grazie per l’intervista - credo già uscità - su La Quinzaine. Era un po’troppo lunga - me ne scuso. Ma volevo spiegare tutto con chiarezza ».

290 LS à propos de Candido ou Un rêve fait en Sicile publié par M. Nadeau et Robert Laffont en 1978 : « Palermo, 14.1.1978 Caro Maurice Nadeau, Sono lieto che il mio « Candide le petit » Le sia piaciuto e che la traduzione di Nino Frank sia venuta bene. Mi farebbe piacere vederla prima della pubblicazione perché mi sono accorto che nel manos- critto di cui Le ho lasciato copia c’era qualche errore, qualche svista:e me ne sono accorto, purtroppo, quando già Einaudi aveva stampato il libro. Ma forse non occorre che lei me lo mandi, basterà farlo verdere a Scianna al quale segnalerò i luoghi in cui nell’edizione italiana si trovano gli errori. E gli scrivo subito, anzi. Le sono, di tutto, molto grato; e specialmente della pubblicità su La Quinzaine alle edizioni Sellerio (e spero avrà ricevuto i due libri, piuttosto belli, che hanno pubblicato quest’anno come strenne). Spero di venire a Parigi in primavera. Mi abbia intanto, con gli auguri e i saluti più affettuosi anche per la Signora, come il suo Leonardo Sciascia ».

LAS à propos de la préface de Sciascia à L’Histoire de la colonne infâme d’Alessandro Manzoni qui sera rééditée en français aux Lettres Nouvelles en 1982 : « Paris, 10. XI. 79 Caro Maurice Nadeau, Mi dispiace di non averla, questa volta, incontrata, ma sono venuto di scappata, e per regolare certe cose burocratiche. [...] Posso chiederle un favore ? Ci sarebbe bisogno, per darle a Foucault, di una fotocopia (o dell’originale; se a Lei non serve) della « Colonna infame » di Manzoni e della mia prefazione : può farle avere a Fernando Scianna ? (Foucault mi ha promesso una prefazione all’edizione italiana). La ringrazio e La prego di ricodarmi alla Signora. Suo L. Sciascia ».

Remerciements à M. Carlo Iansiti pour sa relecture et ses commentaires avisés. 3 500 €

291 577. SEMPRUN (Jorge). Le Grand Voyage.

Paris, Gallimard, 1963. In-12 (20,7 x 14,2 cm), broché, couv. imprimée, 233 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale du premier roman de l’auteur.

Exemplaire du SP (pas de grand papier).

Envoi autographe signé de l’auteur : « avec la sympathie de / Jorge Semprun ».

Couronné par le prix Formentor et le prix littéraire de la Résistance, Le Grand Voyage est le roman autobiographique qui rendit Jorge Semprun célèbre. L’auteur y raconte le voyage de cinq jours, dans un wagon de marchandises, qui le mena de Compiègne au camp de Buchenwald.

L’auteur abordera son expérience concentrationnaire dans deux autres ouvrages Quel beau dimanche ! et L’Écriture ou la vie.

1 500 €

578. SENGHOR (Léopold Sédar). Lettre à propos de corrections à son texte sur Pierre Soulages.

24 février 1958. 1 LAS d’1 p. au format in-4 rédigée à l’encre bleue sur papier à en-tête de l’Assemblée Nationale.

Lettre autographe signée, adressée à une collaboratrice de Maurice Nadeau aux Lettres Nouvelles (probablement Geneviève Serreau), à propos de corrections à apporter à un texte consacré au peintre Pierre Soulages qui paraîtra dans Les Lettres Nouvelles en mars 1958.

Dans ce texte, Léopold Sédar Senghor affirme, en parlant de la peinture de Soulages, que le « noir est l’une des trois couleurs fondamentales de la peinture négro-africaine... Il donne relief et vie aux êtres-objets et défend, en quelque sorte, contre la Mort ».

LAS : « Gonneville-sur-Herville par Franceville (Calvados) le 24 février 1958 Chère Mademoiselle, me trouvant en Province, je n’ai reçu qu’aujourd’hui, avec les jeux d’épreuves, votre lettre du 20 février. Je vous les renvoie donc, corrigées. Il n’y aura pas grand mal si vous les recevez en retard. En effet mes corrections sont peu nombreuses et peu importantes. veuillez agréer chère Mademoiselle, l’expression de mes sentiments les meilleurs. Leopold / L.S. Senghor Adresse à Paris : square Tocqueville - 17ème - Téléphone Carnot 48-02 ».

250 €

579. SILONE (Ignazio). Lettre adressée à Maurice Nadeau.

7 juin 1970. 1 LAS d’1 p. au format in-8 rédigée à l’encre bleue sur papier à en-tête.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau en remerciement pour son soutien promulgué dans la revue théâtrale Dramma à laquelle Ignazio Silone (1900-1978) contribuait.

Un chapitre de Grâces leur soient rendues, mémoires littéraires de Maurice Nadeau est consacré à Ignazio Silone (pp. 172-181).

LAS : « Le 7. 6. 1970 Mon cher Nadeau, Je vois sur le Dramma de Vigorelli votre déclaration très amicale à mon égard, et je vous en remercie de tout coeur, (d’autant plus que votre signature sert de contrepoids à d’autres). N’avez-vous pas un projet de voyage en Italie ? Quant à moi, il me devient toujours plus fatigant de me déplacer. rappelez-moi au bon souvenir de Madame Nadeau, et croyez à ma fidèle amitié. Ignazio Silone ».

150 €

292 580. SIMON (Claude). Correspondance et livres.

19 LAS, 1 CAS, 7 enveloppes conservées, 13 livres avec envoi.

Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

Du 22 août 1950 au 1er octobre 1999. 19 LAS (10 pp. 1/2 in-4 et 14 pp. 1/2 in-8) et 1 CAS (1 p. in-16), 7 enveloppes conservées.

Importante correspondance (19 LAS et 1 CAS) adressée par Claude Simon à Maurice Nadeau, qui fut le pre- mier critique littéraire à chroniquer le premier roman de Claude Simon, Le Tricheur, paru en Sagittaire en 1945.

Dans son article paru alors dans Combat, Maurice Nadeau le considérait comme « un nouveau roman de l’absurde » et le comparait à L’Étranger (1942) d’Albert Camus.

Les deux hommes resteront ensuite en contact pendant près de 50 ans. Maurice Nadeau publiera de nombreux textes de Claude Simon dans les Lettres Nouvelles puis dans la Quinzaine littéraire :

- « Babel », Les Lettres nouvelles, 31, 1955, p. 391-413 ; - « Le Cheval », Les Lettres nouvelles, 57, 1958, p. 169-89, et 58, 1958, p. 379-94. Certains éléments, retravaillés, sont repris dans La Route des Flandres. - « Mot à mot », Les Lettres nouvelles, nouv. série, 6, 8 avril 1959, p. 6-10. Repris en partie dans Histoire, Minuit, p. 155-159. - « Matériaux de construction », Les Lettres nouvelles, 9, décembre 1960, p. 112-122. Repris en partie dans Le Palace, p. 435-436, et en partie, fragmentairement, dans Histoire, Minuit, p. 46-49 - « Inventaire », Les Lettres nouvelles, 22, février 1962, p. 50-58. Repris dans Le Palace, p. 415-422. etc.

LAS à propos des Juges, roman refusé par Corrêa au début le 22 juin 1950, qui est sans doute une première version de Gulliver qui paraîtra en 1952 chez Calmann-Lévy : « Nice le 22 août 50 / Cher monsieur / J’ai reçu votre lettre et suis très sensible à l’intérêt que vous me témoignez. Après le refus de mon livre par les éditions Cor- rêa, j’avais l’intention de le présenter ailleurs, mais mon départ précipité de Paris m’en a empêché. A la réflexion je vois que c’est mieux ainsi. Ces deux échecs successifs, au Sagittaire et à Corrêa, me font penser que ce roman doit avoir de graves défauts. J’ai emporté avec moi le manuscrit pour essayer de le revoir encore, mais un autre travail commencé entre-temps, des soucis d’affaires, la peinture, et une certaine lassitude que vous devez comprendre, m’ont jusqu’ici empêché de m’y remettre. Je pense aussi que cela est bien. Peut-être faut-il traiter les écrits comme le vin et les laisser décanter. Plus tard, avec le recul, je verrai sans doute mieux ce qui ne va pas... En ce qui concerne cet article, probablement est-il aussi très bon de le laisser « en conserve ». D’après le souvenir que j’en garde, il ne me paraît pas très fameux. Je crois me rappeler de deux ou trois passages où je me suis assez mal exprimé et qui peuvent prêter à équivoque. C’est pourquoi je vous demanderai de ne pas le faire paraître sans m’en avertir et me le communiquer auparavant afin que je puisse le revoir. J’espère que vous avez passé de bonnes vacances. Trans- mettez, je vous prie, mon meilleur souvenir à Madame Nadeau. En vous remerciant encore, je vous prie de croire, cher Monsieur, à mes sentiments les plus cordiaux. Claude Simon ».

LAS à propos de sa convalescence et de Gulliver qui vient de paraître chez Calmann-Lévy : « Paris le 18 mai 1952, Cher monsieur, J’ai été très touché par votre petit mot et vous remercie de l’intérêt que vous me portez. Mais je réfléchis que les nouvelles que je vous ai données de moi peuvent faire croire à plus grave que cela n’est. Et j’ai horreur d’apitoyer les gens. Si je vous ai parlé de mon état de santé c’était uniquement pour vous dire la raison qui m’a empêché de vous porter « Gulliver ». Mon cas n’est pas tragique. En juillet dernier on m’a découvert au poumon une belle caverne que j’avais intelligemment cultivée par des bains de soleil à la mer (méfiez-vous, pour vous et les vôtres : contrairement à la croyance répandue on ne se doute de rien : on ne tousse pas, On ne panique pas, jusqu’au jour, ou plutôt la nuit - pourquoi ces sortes de choses se passent-t-elles toujours la nuit ? - où on dégueule le sang à flots...). Mais enfin, mise à part une sale période initiale et une assez pénible opération, je le supporte. « Être tuber n’est pas ce qu’un vain peuple pense »... Comme me disait un ami : rien à foutre qu’à rester au page toute la journée, c’est une affaire ! A la longue iI est vrai, cela devient un peu lassant. Mais je me lève déjà depuis quelques temps pour de petites promenades à allure gaga, et question aspect physique je suis resplendissant : 14 kg pris en dix mois grâce à une méthode de gavage plus perfectionnée que celui des oies... Au reste, car je suis encore ici pour une semaine, si je me sens un peu mieux, et si cela ne vous dérange pas, je passerai vous faire admirer ma mine rebondie un de ces jours en fin de matinée (je crois me rappeler que c’est l’heure qui va le mieux), à moins, et j’en serai ravi, que vous ne vouliez venir jusqu’ici prendre l’apéritif. Merci donc de votre sollicitude à laquelle j’ai été très sensible, mais ne vous inquiétez pas. Qu’aucune compassion ne vienne surtout influencer votre jugement sur « Gulliver » (je vous signale à ce propos que j’ai découvert avec horreur, page 135, un « que j’eusse » au lieu de « que j’aie », correction sans doute d’un typo zélé, et dont je ne suis pas responsable). Enfin les toubibs m’ont promis (et je veux croire qu’ils ne me promènent pas en bateau) que je pourrais dans deux ans faire de nouveau l’ascension du col de Brans en vélo (les exploits cyclistes sont ma grande fierté !). Alors tous les espoirs sont permis!! Bien à vous, Claude Simon ».

293 294 CAS à propos de la chronique du Sacre du printemps faite par Nadeau dans L’Observateur : « Perpignan le 15 sept. 1954 Cher Monsieur, je tiens à vous remercier tout de suite pour votre article sur « Le Sacre du printemps » paru dans « l’Observateur ». Il m’a fait d’autant plus plaisir que je ne m’y attendais pas. Très franchement je croyais que vous n’aimiez plus ce que j’écris. J’en étais peiné, non seulement en me rappelant vos premiers encourage- ments lors de la parution du « Tricheur » mais encore par ce que j’attache le plus grand prix à votre jugement. J’aime- rais vous revoir et si cela ne vous dérange pas j’irai vous rendre visite lorsque je serai de retour à Paris. Voulez vous, je vous prie, soumettre mon meilleur souvenir à Madame Nadeau, et croire à mes sentiments très sincères, Claude Simon ».

LAS à propos de la chronique de L’Herbe faite par Maurice Nadeau : « Paris le 27/XI/58 Cher Maurice Nadeau, Merci de votre article sur L’Herbe paru ce matin. Très juste votre reproche d’avoir cédé à la convention de la ponc- tuation. De longs passages du bouquin étaient, sur le manuscrit, sans aucun point ni virgules et c’est Lindon qui les a rajoutés, avec d’ailleurs mon consentement : mon plaisir (écrire sans ponctuation) étant satisfait, je me suis rendu à ses arguments. Ne pas fournir aux Henriot de tout poil un trop bon prétexte à refermer le livre après une demi-page de lecture. Après tout on porte bien une cravate... Un regret : n’être pas capable d’intéresser ceux qui me lisent à l’histoire que je raconte et qui, quand ce ne serait que pour des raisons sentimentales (en particulier parce que cette longue agonie est celle d’une vieille tante que je considérais comme ma mère) fait plus que m’intéresser, contrairement à ce que vous semblez croire. Mais c’est tant pis pour moi... J’ai été désolé, puis soulagé, d’apprendre que vous aviez eu une petite alerte, heureusement sans suite. J’espère que cela en restera là et que vous êtes déjà rétabli. Transmettez, je vous prie, mon meilleur souvenir à Madame Nadeau. Merci encore, et très cordialement à vous, Claude Simon ».

LAS à propos « Matériaux de construction » paru dans Les Lettres nouvelles le 9 décembre 1960, de La Route des Flandres et du Manifeste des 121 : « Paris le I/XII/60 Cher Maurice Nadeau, j’ai reçu ce matin les exem- plaires du numéro de décembre des Lettres Nouvelles dont je vous remercie. J’aurais déjà dû vous écrire pour vous dire à quel point j’ai été touché par la fidélité de votre vote au Renaudot, jusqu’à la fin. J’espère que vous m’aurez excusé en imaginant la vie effroyablement bousculée que j’ai eue tous ces derniers jours contrastant tellement avec celle de solitude et de lent travail que j’ai l’habitude de mener... Je veux aussi vous féliciter pour votre remarquable article sur les 121 ont j’approuve totalement et le fond et la forme admirables de mesure et de dignité. Bravo et merci pour vous tous de vous être fait notre porte parole de cette façon. En tout amitié, Claude Simon / en toute amitié aussi le petit reproche de n’avoir pas tenu compte des corrections que j’avais faites sur les épreuves de mes textes. C’est dommage car il y a plusieurs fautes graves. Mais je suppose que j’ai aussi ma part de responsabilité, car j’avais un peu tardé à les renvoyer à Geneviève Serreau ».

LAS à propos du Palace, de la guerre d’Espagne et du révolutionnaire espagnol Andreu Nin : « 12 avril 1962 Cher Maurice Nadeau, merci de tout coeur (une fois de plus!...) Pour votre article de l’Express sur « Le Palace ». Vous êtes gentil d’en dire tout ce bien. Mais il n’y a pas chez moi de « modestie d’auteur » : seulement la conscience des étroites limites de mes facultés de perception, de cette vision des choses déformée et fragmentaire qui est celle de tout homme... Je ne savais pas que l’on avait fini par connaître de manière aussi détaillée la façon dont Nin avait été supprimé. Mais, voyez-vous (et sans doute est-ce l’âge, sans doute je vieillis !...) je ne peux plus éprouver main- tenant qu’une infinie tristesse, une infinie pitié pour tous, assassinés ou assassins (j’entends bien sûr ceux de notre camp). Celui de Nin a été en fin de compte vendu, m’apprenez-vous. Il a donc été lui aussi broyé par cette effrayante et sanglante machine qu’est l’Histoire et qu’il avait sans doute cru servir de bonne foi en commettant un meurtre atroce... Car (peut-être n’ai-je pas su assez bien l’exprimer dans mon livre) tous ces hommes que j’ai connu là-bas (j’ai été tour à tour en contact avec des communistes et les anarchistes) étaient purs. Si aux prises avec ce tragique dilemme (oui, comme l’ont très bien montré [Pierre] Broué et [Émile] Temime dans leur bouquin publié chez Lindon [La Révolution et la guerre d’Espagne], continuer la révolution (comme le voulaient trotskistes et anarchistes) c’était se condamner à perdre la guerre, et stopper la révolution pour faire la guerre (comme l’ont décidé les communistes), c’était aussi se condamner à perdre celle-ci), si donc les uns ou les autres ont opté pour l’une ou l’autre de ces tac- tiques, je sais qu’il l’ont tous fait de bonne foi. « Commode à dire », m’objecterez-vous: « objectivement » les uns ou les autres ont été coupables. Peut-être. Mais à l’historien ou au sociologue d’en décider et de juger. Pas à moi qui ne peut que remuer avec mélancolie de nostalgiques souvenirs. A vous en toute amitié, Claude Simon ».

LAS de remerciement pour l’envoi de son dernier livre, Le roman français depuis la guerre paru Gallimard : « Salses, le 10 décembre 1963, Cher Maurice Nadeau, Merci d’avoir eu la gentillesse de m’envoyer votre livre, et des pages que vous m’y consacrez. Je ne suis plus guère à Paris qu’à l’occasion de brefs passages, mais si jamais vous venez par ici (Salses est un petit village, quinze kilomètres avant d’arriver à Perpignan lorsqu’on vient de Narbonne) vous savez tout le plaisir que j’aurais à vous accueillir. Transmettez, je vous prie mon meilleur souvenir à Madame Nadeau et croyez à mes sentiments très amicaux, Claude Simon ».

295 LAS à propos d’un projet de visite de Nadeau à Salses, de son prochain roman, Histoire et d’un texte pour les Lettres Nouvelles (Des roches striées vert pâle parsemées de points noirs) : « Salses, le 19 décembre 1963 Cher Maurice Nadeau, Sans nouvelle de vous, je m’inquiète de savoir si vous avez bien reçu tous les rensei- gnements sur les hôtels de la côte où j’avais été me renseigner et que je vous avais envoyés dans une lettre postée de la gare de Perpignan, samedi soir. Je serais navré si l’abondance habituelle du courrier de Noël avait retardé celle-ci. À tout hasard je vous redis que, finalement, les deux seuls choix possibles, me semblent « Les Terrasses » (mais un peu cher) ou « Les Templiers », à Collioure vous pouvez vous recommander de ma part (mais il faut vous presser de retenir). Ecrivez-moi un petit mot pour me dire ce qu’il en est. Dans ma hâte, j’ai oublié de vous répondre au sujet du texte que vous m’aviez demandé. Je travaille à un gros bouquin encore informe, mais dans toutes les feuilles qui s’accumulent je pense que je pourrais trouver quelque chose de suffisamment « détachable » pour être publié isolément. Bien amicalement, Claude Simon. Il a fait très froid. Le temps s’est maintenant radouci et il y a un beau soleil. Mais demain ? ».

LAS à propos du Palace : « Salses, le 13 janvier 1964, Cher Maurice Nadeau, Quel dommage que vous n’ayez pu venir ! Il a fait ici une longue période d’un temps magnifique dont je n’ai malheureusement pas pu profiter moi-même complètement ayant été obligé d’aller à Paris pour m’occuper de travaux à faire dans un petit appartement que j’ai trouvé. J’avais espéré pouvoir vous rendre visite, mais tout mon temps s’est passé à courir, téléphoner et attendre des plombiers, des peintres et des menuisiers... Je suis heureux de ce que vous me dites du « Palace » dans votre dernière lettre. Je crois en effet que, jusqu’à maintenant, c’est mon meilleur bouquin. Débarrassé en tout cas de l’anecdotique et d’un certain « romanesque » dont La Route des Flandres était encore encombré. Mais un auteur a toujours tendance à préférer le dernier né... J’ai cherché dans mes brouillons et crois avoir trouvé quelque chose qui irait peut-être pour les Lettres Nouvelles. Dès que j’aurai un peu de temps je tâcherai de mettre cela au propre et vous l’enverrai. Vous me direz ce que vous en pensez. Bien amicalement, Claude Simon ».

LAS : « Salses, le 28 février 1964, Cher Maurice Nadeau, Voici le texte que je vous avais promis. Excusez moi si j’ai un peu tardé, mais il fallait le mettre au propre et j’étais sur une autre partie de mon bouquin qui marchait assez bien. Alors ça m’ennuyait d’interrompre. Vous savez ce que c’est. Comment allez vous ? Pensez-vous toujours venir pour Pâques dans cette région? Je suis assommé par un temps de corvées matérielles alors que je n’ai envie que d’écrire. Mais c’est, je pense, un peu le cas tout le monde. Transmettez, voulez-vous, mon meilleur souvenir à Madame Nadeau, et croyez, je vous prie, à mes sentiments très amicaux. Claude Simon ».

LAS : « Salses, le 16 mars 1964, Cher Maurice Nadeau, Merci de votre mot. Je suis heureux que mon texte vous ait plu. Oui, c’est un extrait du bouquin auquel je travaille. Je pense qu’il faudrait l’indiquer lorsque vous le publierez. Je pense être à Paris en mai. Je serai aussi content de vous voir. À moins que d’ici là vous ne veniez par ici ? Très amicalement. Claude Simon ».

LAS : « Salses, le 11 mars 1967, Cher Maurice Nadeau, C’est avec plaisir que je vous donnerai un chapitre de mon roman pour les Lettres Nouvelles, et je ne pense pas que Jérôme Lindon y verrait un inconvénient. Mais savez-vous que le bouquin paraît dans 10 jours ? Ce ne serait par conséquent pas un texte inédit que publieraient alors les Lettres Nouvelles. Qu’en pensez-vous ? Très amicalement. Claude Simon ».

LAS à propos d’une chronique de La Bataille de Pharsale, intitulée « Claude Simon à Pharsale », parue dans le n°80 de la Quinzaine littéraire le 1er octobre 1969 : « Salses, le 2 octobre 1969, Cher Maurice Nadeau, Je tiens à vous dire tout le plaisir que m’a fait votre article de la Quinzaine et à vous en remercier. Voilà maintenant plus de 20 ans que, le premier de tous les critiques, vous avez parlé du Tricheur (cela ne nous rajeunit pas bien sur !), et c’est encore vous qui me soutenez maintenant. Cela compte... Croyez, je vous prie, à mes sentiments amicaux. Claude Simon ».

LAS en remerciement d’un article de Viviane Forrester, titré « Une somptueuse plénitude », consacré à Trip- tyque paru dans le n°158 de la Quinzaine littéraire : « Paris, le 14 février 1974, Cher Maurice Nadeau, Je tiens à vous dire à quel point j’ai été touché de la place que vous avez réservée dans le dernier numéro de la Quinzaine à l’excellent article de Viviane Forrester sur Triptyque. Voici décidément longtemps (bientôt 30 ans : depuis ce premier article sur le Tricheur dans Combat !...) que vous me soutenez d’une façon ou d’une autre. Une fois de plus, donc, un grand merci, et croyez, je vous prie, à ma fidèle amitié. Claude Simon ».

LAS à propos de la bibliographie de son oeuvre à paraître dans la revue Critique : « Salses, le 14 septembre 1981, Cher Maurice Nadeau, La revue « Critique » se propose de publier au mois de novembre un numéro spécial consacré à mon oeuvre et dans lequel doit figurer une bibliographie sélective. A ma surprise, celle-ci, établie par Jo van Apeldoorn (professeur à l’université de Groningen) d’après, je crois, la Bibliographie de la France, d’Otto Klapp, ne fait à aucun moment mention de vos articles ni de la Quinzaine. Absent de Paris (où je ne ferai qu’un saut vendredi), je ne peux malheureusement consulter mon dossier de presse personnel, d’ailleurs incomplet à la suite de divers déménagements, mais je n’oublierai jamais que vous avez été le premier de tous les critiques à parler de moi dans Combat lors de la parution en 1945 du Tricheur, et je serais très fâché qu’un événement qui a été pour moi d’une si grande importance ne soit pas rappelé. Je suppose que vos archives doivent être plus en ordre que les miennes. Voudriez-vous donc avoir la gentillesse de m’envoyer* (* d’urgence) (en m’adressant votre lettre aux Éditions de Minuit, 7, rue Bernard Palissy, 75006 Paris) la liste (et les dates) des articles que vous avez écrits sur plusieurs de mes romans ainsi que la référence d’un article (ou d’une interview ?) que j’avais donné à la Quinzaine 296 sur le réalisme en littérature (il doit y avoir douze ou quinze ans de cela...). Merci par avance et croyez, cher Maurice Nadeau, à ma fidèle amitié. Claude Simon ».

LAS dans laquelle Claude Simon confirme son adhésion au Comité de patronage de la Quinzaine : « Paris, le 7 décembre 1982, Cher Maurice Nadeau, On me fait suivre ici votre lettre du trois adressée à Salses. C’est natu- rellement avec plaisir que je ferai partie du Comité de patronage de la Quinzaine si vous pensez que cela peut vous aider dans votre effort pour maintenir une publication en effet, comme vous le dites, unique en France par sa tenue et sa rigueur. Avec tout mon coeur pour elle (et pour vous...) et mes amitiés. Claude Simon ».

LAS : « Paris, le 6 mai 1991, Cher Maurice Nadeau, Voici les réponses, certainement maladroites, à vos questions : 1) « Donner » un langage à la nature ? Tout au plus, me semble-t-il, pourrait-on parler de «?». À moins de considérer que la nature parle par son silence même et sa beauté. Ce qui serait plutôt ma façon de voir. 2) Le sentiment de la nature et son respect sont beaucoup plus forts en Europe du Nord (cela commence déjà aux Pays-Bas) qu’en France où, sous ce rapport (et d’autres, hélas...) on en est encore à l’âge de pierre... ou plutôt du béton (ce béton qui, comme le disent avec satisfaction les architectes, « permet tout »...). 3) Considérable. Il m’est insupportable de concevoir que l’on puisse isoler un personnage ou une action de leur environnement. Bien amicalement, Claude Simon ».

LAS : « Salses, le 3 octobre 1997, Cher Maurice Nadeau, Un grand merci pour la place que vous avez réservée à mon Jardin des Plantes. Je n’oublierai jamais que vous avez été le premier critique à parler de moi (à propos de Le Tricheur) voilà maintenant près de cinquante ans, dans Combat!... Sans votre article d’alors, peut-être n’aurais-je pas continué à écrire et mon destin eut été tout autre. Vous voyez une importance du rôle que vous avez joué dans ma vie !... Merci encore de tout et bien amicalement. Claude Simon / Ci-joint une photocopie de la lettre que j’envoie par le même courrier à votre excellent collaborateur Maurice Mourier qui s’est, me semble-t-il, laissé peut-être entraîner au-delà de [?] par un vocabulaire courtelinesque qui me paraît un peu déplacé. J’espère que ni vous ni lui ne pren- drez mal les petites restrictions que je me sens obligé de faire ».

LAS : « Paris, le 29 juillet 1998, Cher Maurice Nadeau, Je n’ai rien demandé ni « recommandé » à votre collaboratrice Tiphaine Samoyault (Q.L. n°744, page 30 : « Claude Simon nous a recommandé, etc. »). J’ai envoyé une réponse à son questionnaire, c’est tout. J’ai ensuite, par politesse, répondu sur un mode plaisant à une lettre (de consolation ??...) qu’elle a cru devoir m’écrire. Il était évident que cette dernière lettre était d’ordre strictement privé. Je m’étonne donc que votre collaboratrice en fasse mention pour « compléter » ma réponse à son enquête, en oubliant de men- tionner sa propre lettre. Je pense qu’un tel procédé est des plus incorrects. Persuadé que ceci n’a pu se faire qu’à votre insu, je vous prie de croire, cher Maurice Nadeau, à mes sentiments bien cordiaux, Claude Simon ».

LAS : « Paris, le 1er octobre 1999, Cher Maurice Nadeau, « Il y a trente ans dans la Quinzaine ». Comme vous y parliez bien de ce que j’avais tenté de faire ! Je vous ai écrit, il y a quelque temps, en vous rappelant que vous avez été le premier à parler de moi (il s’agissait de Le Tricheur) et que sans cet article ma vie aurait peut-être été toute différente... Je suis extrêmement touché de cet autre rappel (à ce propos, je me demande souvent si Pharsale ne serait pas mon meilleur bouquin...). J’écris encore des souvenirs. Mais avec l’âge, cela change. Maintenant ils sont de l’hôpital. Désagréable séjour forcé. Mais c’est déjà du passé et je peux maintenant vous écrire en voyant de mon bureau les arbres de la Place Monge. Merci encore, et très cordialement à vous, Claude Simon ».

297 SIMON (Claude). Le Tricheur.

Paris, Sagittaire, 1945. 18,4 x 12 cm, broché, couverture blanche imprimée, 250 pp., 2 ff. n. ch..

Rare édition originale du premier roman de l’auteur.

Exemplaire du SP.

Précieux envoi autographe de l’auteur : « A Maurice Nadeau / meilleur hommage / Claude Simon ».

Sous sa première couverture aux éditions du Sagittaire, dos lég. gauchi et bruni.

Importante provenance.

A sa sortie, Le Tricheur fut bien accueilli par la critique. Maurice Nadeau, dans Combat, parle d’ « un nouveau roman de l’absurde » et le compare à L’Étranger (1942) d’Albert Camus : « Le Tricheur, achevé en 1941, eut pu paraître en même temps que l’Étranger, et on eut sans doute à ce moment discuté des mérites respectifs des deux ouvrages. C’est un livre remarquable. De belles pages ne peuvent être le fait que d’un grand écrivain ».

En 1957, les éditions de Minuit rachèteront au Sagittaire les invendus de l’édition originale du Tricheur et les diffuse- ront sous recouvrure.

A la demande de l’auteur, le roman ne sera pas réédité.

SIMON (Claude). Le Vent. Tentative de restitution d’un retable baroque.

Paris, Les Editions de Minuit, 1957. 19,2 x 14,2 cm, broché, couv. imprimée, photographie originale de Claude Simon, 241 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 35 ex. sur pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / cette [Tentative de restitution d’un rétable baroque] / en très amical hommage / 17 septembre 1957 / Claude Simon ».

298 SIMON (Claude). L’Herbe.

Paris, Les Éditions de Minuit, 1958. 19,4 x 14,3 cm, broché, couverture imprimée, 262 pp..

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 47 ex. sur pur fil).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / amical hommage de l’auteur / Claude Simon / 14/X/58 / [L’Herbe] / qui doit beaucoup à / Maurice Nadeau, et notamment / son exergue ».

Petite déchirure en pied, couv. lég. poussiéreuse.

SIMON (Claude). La Route des Flandres.

Paris, Les Éditions de Minuit, 1960. 19,4 x 14,3 cm, broché, couverture imprimée, 314 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 87 ex. sur pur fil).

Bel envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / Mon premier critique / Avec l’expression de ma / gratitude et de ma très / vive sympathie / Claude Simon / 22/IX/60 ».

Dos bruni, tache sur le premier plat de couverture et le feuillet d’achevé d’imprimer.

SIMON (Claude). Le Palace.

Paris, Les Editions de Minuit, 1962. 19,1 x 14,2 cm, broché, couv. imprimée, 230 pp..

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 87 ex. sur papier pur fil et 412 ex. sur vélin).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / en amitié / Claude Simon / 2/IV/62 ».

SIMON (Claude). Histoire.

Paris, Les Editions de Minuit, 1967. 19,5 x 14,4 cm, broché, couverture blanche imprimée en bleu et noir, 402 pp., 1 f. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 106 ex. sur papier pur fil Lafuma et 112 ex. sur bouffant select).

Bel envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / L’un de mes premiers vrais lecteurs / avec ma fidèle amitié / Paris, le 21 mars 1967 ».

SIMON (Claude). La Bataille de Pharsale.

Paris, Les Éditions de Minuit, 1969. 18,4 x 13,2 cm, broché, couverture imprimée à rabats, 271 pp...

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 97 ex. sur pur fil et 112 bouffant select).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / amicalement / Claude Simon / 5 septembre 1969 ».

Prière d’insérer. Marque de pli au second plat de couverture.

SIMON (Claude). Les Corps conducteurs.

Paris, Les Editions de Minuit, 1971. 19,1 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 225 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale sur papier d’édition (après 97 ex. sur pur fil Lafuma).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / amicalement / Claude Simon ».

Prière d’insérer joint.

299 SIMON (Claude). Triptyque.

Paris, Les Éditions de Minuit, 1973. 18,5 x 13,6 cm, broché, couverture imprimée à rabats, 225 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 97 ex. sur pur fil et 92 bouffant select).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / amicalement / Claude Simon ».

Couv. lég. poussiéreuse.

SIMON (Claude). Leçon de choses.

Paris, Les Editions de Minuit, 1975. 19,1 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 172 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 82 ex. sur papier pur fil Lafuma et 92 bouffant select).

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice Nadeau / avec la très amicale sympathie de / Claude Simon ».

Curieux exemplaire de presse auquel il manque - défaut de fabrication - le dernier cahier contenant la dernière partie du recueil titrée « Courts-circuits ».

Prière d’insérer joint.

Taches sur la couverture.

SIMON (Claude). Les Géorgiques.

Paris, Les Editions de Minuit, 1981. 18,3 x 13,4 cm, broché, couverture blanche imprimée en bleu et noir, 477 pp., 1 f. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 109 ex. sur vélin chiffon de Lana).

Envoi autographe signé de l’auteur « Pour Maurice Nadeau / très amicalement / Claude Simon ».

SIMON (Claude). L’Invitation.

Paris, Les Éditions de Minuit, 1987. 18,2 x 13,5 cm, broché, couverture imprimée, 93 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 109 ex. sur vélin chiffon de Lana).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / bien cordialement / Claude Simon ».

Fines piqûres sur la couverture.

SIMON (Claude). Le Tramway.

Paris, Les Éditions de Minuit, 2001. 18,5 x 13,5 cm, broché, couverture imprimée, 141 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 109 ex. sur vergé).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / très cordialement / Claude Simon ».

L’ensemble (Correspondance + 13 livres) 25 000 € 300 581. SOLJÉNITSYNE (Alexandre). Une journée d’Ivan Denissovitch.

Paris, Julliard, Collection du Prix international du premier roman, 1963. In-8 (21 x 12,8 cm), broché, couv. imprimée en noir, 221 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale française.

Un des 325 ex. imprimés sur alfa mousse pour les membres du jury du Prix International (seul grand papier outre quelques ex. d’auteur sur le même papier).

Traduction par M. Decaillot. Préface de Pierre Daix.

On joint une lettre tapuscrite à en-tête du Prix International du Premier Roman d’1 p. à propos d’Une journée d’Ivan Denissovitch (déchirures aux plis de la lettre).

On note la présence de Maurice Nadeau au comité de Sélection. 1 000 €

582. SOLLERS (Philippe). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

1966 à 1977. 4 LAS (4 pp. in-8) et 2 LS (1 p. in-4 et 1 p. in-8) sur papier à en-tête de la revue Tel quel.

Correspondance adressée à Maurice Nadeau, composées de 6 lettres (4 LAS et 2 LS). Il y est question de collabo- rations à la Quinzaine littéraire, de Georges Bataille, d’Eden, Eden, Eden de Guyotat, etc.

LAS, s.d. [1966] à propos d’une chronique pour la Quinzaine littéraire concernant Sémantique structurale d’Algirdas Julien Greimas : « Le 23 Cher Maurice Nadeau, J’avais reçu le Greimas, mais il faut vous avouer l’incapacité où je serais de traiter d’un tel livre (d’autre part, le fait qu’il applique à Bernanos la méthode dont il se veut le fondateur n’est pas un symptôme des plus excitants). Puis je vous faire une contre proposition qui s’insérerait mieux dans le cadre de mon travail actuel : - Ethnologie et langage (la parole chez les Dogons), chez Gallimard [de Geneviève Calame-Griaule]. - Le livre partagé, de Pierre Rottenberg qui va paraître au Seuil [dans la collection Tel Quel]; livre qui me paraît d’une grande importance (j’espère que la quinzaine en parlera de toutes façons).Permettez-moi de vous dire à quel point votre journal est salubre dans le climat intellectuel dans lequel nous vivons... Amicalement à vous, Philippe Sollers ».

LAS à propos d’un texte de Sollers sur Georges Bataille dans la Quinzaine littéraire : « Le 3 Cher Maurice Nadeau, merci de votre confiance, mais je suis en ce moment « pris » dans un livre - et dans l’impossibilité de m’en distraire pour un autre travail. (D’autre part, il faudrait avoir vu la pièce, ce que je n’ai pas fait). Excusez-moi. Je serai toujours heureux de collaborer à la Quinzaine vous le savez (si il m’arrive d’avoir une idée, je vous la soumettrai...). Bravo

301 pour les lettres de Freud et aussi pour l’article sur l’Encyclopédie Needham. Amicalement à vous, Philippe Sollers / la typographie que vous employez a un inconvénient : celui de mettre sur le même plan italiques et guillemets, et par conséquent de confondre deux accentuations qui n’ont pas la même valeur (mon petit texte sur Bataille s’en trouve altéré, avec des insistances qui ne sont pas les siennes - l’italique insiste, les guillemets distancient -, mais ce n’est pas grave). »

LAS dans laquelle Sollers recommande la lecture d’Eden, Eden, Eden de Guyotat : « Le 5/6/70 Cher Maurice Na- deau, Merci de m’avoir envoyé votre livre, merci surtout de votre objectivité dans la mise au point historique de votre essai. Nous en sommes là : au moment où tout, me semble-t-il, va tourner très vite sous une pression historique redoublée. En poursuivant notre travail, je pense que nous arriverons bientôt à de nouveaux résultats, beaucoup plus solides que les « coups de sonde » auxquels vous reprochez une mise en rapport hâtive. Cependant, la direction est féconde, elle l’était dès le début, il faut maintenant l’étendre et l’approfondir : vous verrez la suite. Pourquoi parler de « serment d’allégeance » au PC ? Le genre « serment » n’est tout de même pas notre genre. Sur le fond, j’ai l’im- pression que les prochaines années vont être passionnantes : surtout Guyotat, que vous ne mentionnez pas (Eden, Eden, Eden paraît à peine dans deux ou trois mois, après maintes péripéties chez Gallimard ; muni de « garanties- préfaces » de Leiris, Barthes et moi : ce sera une « date » et un test : censure ou non, possibilité reconnue, ou non, d’une liberté définitive du discours sexuel). Votre livre montre que tout reste ouvert. Amicalement, Philippe Sollers ».

LS, le 3 août [1970] : « Paris le 3 août Cher Maurice Nadeau, Comme votre chapeau au dernier texte de Bourgeade y incite, voici notre contribution à la discussion : il s’agit d’un texte qui précise nos positions, à notre avis gravement déformées par B. Je suppose que ce dernier a assez d’humour pour ne pas se formaliser du sous-titre ? Ce texte est signé Tel Quel. Pouvez vous me dire assez vite s’il peut passer dans la prochaine Quinzaine ? Amicalement à vous, Philippe Sollers (je suis à Paris en août) ».

LS en réaction à l’article de Marguerite Bonnet, à propos de La Fin des alternances d’Alain Jouffroy, paru dans le n°104 de la Quinzaine littéraire : « Paris le 16 octobre 1970 Cher Maurice Nadeau, Voulez-vous, je vous prie, insérer dans le prochain numéro de la Quinzaine, la mise au point suivante : « c’est en vain que Madame Bonnet, dans son article sur le livre d’Alain Jouffroy paru dans le dernier numéro de la Quinzaine, prête à Tel Quel l’intention saugrenue de « sauver Aragon d’un rapprochement compromettant ». L’essentiel de l’agression commise contre nous par Jouf- froy porte, en effet, fondamentalement sur la question de savoir si, oui ou non, les pensées de Georges Bataille et d’André Breton sont compatibles : question à laquelle, malgré l’agitation qu’elle provoque, nous donnons la réponse : non. Pour ma part, j’ai écrit, et je répète, qu’aucune « autorité intellectuelle n’égalait » à mes yeux celle de Bataille. Il me semble que cette formulation est des plus claires, pourvu qu’on ne prenne pas un blanc bonnet, pour un bonnet blanc. J’ajoute que le style « plaintif » n’est pas mon genre pas plus que la recherche des « bonnes grâces » de qui que ce soit, étant sans Dieu et sans maîtres. Si je proteste à nouveau, c’est contre une campagne de presse qui tend obstinément, et sans fondements, à présenter Tel Quel ou moi-même comme « staliniens » ou « jdanoviens ». Cette calomnie, à laquelle nous répondrons toujours avec netteté, comporte son envers diffamatoire chez certains : celle, proprement ignoble, de « fascisme ». Il me paraît impossible, à condition d’avoir décidé de ne pas lire ce que nous écrivons à chaque instant EN TOUTES LETTRES, de traiter notre travail avec ces méthodes, ces mots : ce qui revient à l’abus de confiance pur et simple, à l’encontre de toute pratique démocratique. Très amicalement à vous, Philippe Sollers ».

LAS au ton doux amer : « Paris, le 5/1/77 Cher Maurice Nadeau Ne craignez-vous pas de tomber, à mon égard, dans une bien-pensance pure et simple, en omettant aussi délibérément la dimension littéraire de ce que j’écris ? Bonne année quand même... Tristement à vous, Philippe Sollers ». 1 800 €

302 583. SOUPAULT (Philippe). Eugène Labiche. Sa vie - son oeuvre.

Paris, Sagittaire, 1945. In-12 (18,7 x 11,8 cm), broché, couverture imprimée, 185 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 30 ex. sur vélin supérieur).

Bel envoi autographe signé de l’auteur : « A Monsieur Maurice Nadeau / en le priant de lire cette / réhabilitation écrite dans / une prison. / Très sympathiquement / Philippe Soupault / qui n’a pu corriger les épreuves de cet [Eugène Labiche] ».

Prière d’insérer. Dos bruni. 100 €

584. SOUPAULT (Philippe). Deux lettres autographes signées à Maurice Nadeau.

21 novembre 1956 et 10 juin 1957. 2 LAS d’1 p. au format in-4 rédigée à l’encre bleue.

Deux lettres autographes signées, adressées à Maurice Nadeau, à propos de tentatives de collaborations aux Lettres Nouvelles.

Maurice Nadeau publiera la pièce de Soupault titrée « Rendez-vous ! » dans les n°52 et 53 des Lettres Nouvelles en septembre et octobre 1957.

LAS : « 21 nov. 1956 Mon cher confrère, En vous rencontrant l’autre jour dans l’escalier des Lettres Nouvelles je vous avais parlé d’un texte (une pièce en un acte) que je me proposais de vous soumettre. Puis-je vous demander de me donner une réponse négative ou affirmative le plus tôt possible car je désirerais faire paraître ce texte le plus tôt possible. Je vous remercie à l’avance et vous prie d’accepter mes meilleurs sentiments. Philippe Soupault 46 rue de l’Université Paris VIIIe ».

LAS : « 10 juin 1957 Cher Maurice Nadeau, Je viens de lire le sommaire des Lettres Nouvelles (n° de juin, et j’ai remarqué que le texte que je vous avais envoyé n’y figure pas. Il me semble que vous m’aviez promis de le faire paraître dans le n° de juin. Me suis-je trompé ? Si vous estimez que ce texte ne convient pas à votre revue, voulez vous être assez aimable pour me le renvoyer. Merci d’avance / Mes meilleurs sentiments Philippe Soupault / P.S. Si vous vous décidez à l’imprimer soyez assez attentif pour me le signaler je voudrais demander à votre imprimeur de faire un tirage à part. Merci ».

200 €

585. SOUPAULT (Philippe). Poèmes retrouvés. 1918-1981.

Paris, Lachenal & Ritter, 1982. In-8 (23,8 x 17,2 cm), broché, couverture rouge imprimée en noir, 124 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 50 ex. hors commerce sur Centaure ivoire (après 85 ex. sur papier kraft seigle et 1 100 Centaure ivoire mis dans le commerce).

Illustré d’une reproduction d’un dessin d’André Masson (La Naissance des oiseaux) en frontispice.

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / qui, fidèlement, a / toujours encouragé / le poète / amicalement / Philippe Soupault ».

150 €

303 586. [SURRÉALISME]. La Révolution surréaliste.

Paris, Gallimard (et José Corti pour le dernier num.), 1er décembre 1924 au 15 décembre 1929. In-4 (28,2 x 19,5 cm), demi-chagrin, 11 numéros en 10 fasci- cules, couvertures de chaque fascicule conservée, 32 pp. (n°1 à 7), 36 pp. (n°8), 64 pp. (n°9-10), 40 pp., 1 f. fin (n°11) collection complétée par le n°12 broché (80 pp., 1 f. fin).

Collection complète de la plus importante des revues surréalistes comportant 12 numéros (1924-1929) en 11 fascicules, dirigée par Pierre Naville et Benjamin Péret, puis André Breton à partir du n° 4.

Textes et illustrations d’Eluard, Breton, Delteil, Crevel, Man Ray, André Masson, Leiris, Arp, etc. Textes, rêves, chro- niques ou critiques de A. Breton, Aragon, Eluard, Desnos, Péret, Reverdy, Delteil, Crevel, Leiris et illustrés de très nombreuses reproductions d’oeuvres de Chirico, Tanguy, Miro, Picasso, Masson, Dali, Max Ernst, Picabia, Man Ray.

Les 11 premiers numéros sont reliés, le numéro 12, complétant la collection est broché.

Quelques marques de plis, un cahier déboîté, dos passé et quelques frottements. Déchirures et manques au dos du n°12.

Ex-libris manuscrit en page de garde. 3 500 €

587. [SURRÉALISME] TRACT. Cycle systématique de conférences sur les plus récentes positions du surréalisme.

Paris, 1935. In-8 (24,2 x 15,2 cm), feuillet plié en deux formant plaquette de 4 pp..

Prospectus reproduisant en fac-similé le texte manuscrit de Breton et exposant le programme de quatre conférences surréalistes.

Illustré de vignettes originales : Man Ray (2), Domínguez, Dali, Arp, Ernst et Tanguy, Giacometti (3), Duchamp, Valentine Hugo et Marcel Jean.

Bien complet du coupon-réponse pré-perforé, à retourner à Lise Deharme.

250 € 304 588. [SURRÉALISME] TRACT. Ni de votre guerre ni de votre paix !

Paris, le 27 septembre 1938. Tract imprimé en noir sur un feuillet orange de 21 x 13,5 cm.

Rare et important tract collectif signé par le Groupe surréaliste le 27 septembre 1938.

Alors que la guerre est au centre de toutes les craintes et de toutes les préoccupations, le groupe surréaliste prend une position originale, non réductible à la simple opposition entre munichois et antimunichois, appelant « à la liqui- dation d’un régime capitaliste qui n’arrive à se survivre, à surmonter ses propres paradoxes et ses propres faillites » et « à recréer de toutes pièces l’Europe par la révolution prolétarienne ».

250 €

589. [SURRÉALISME]. Dictionnaire abrégé du surréalisme.

Paris, Galerie des Beaux-Arts, 1938. In-8 (24,2 x 15,7 cm), broché, couverture illustrée par Yves Tanguy, 75 pp..

Edition originale imprimée sur papier couché de ce livre conçu par André Breton et Paul Eluard pour l’Exposition Internationale du Surréalisme qui eut lieu à la Galerie des beaux-arts en 1938.

Couverture insolée en tête.

Ex-libris manuscrit. 250 €

590. [SURRÉALISME]. Qu’est-ce que le Surréalisme révolutionnaire ?

1948. Feuillet bleu (40 x 31 cm), imprimé en bleu avec découpes en pointillé.

Programme du cycle des 5 conférences données par Arnaud, Justet, Passeron, Atlan, Halpern, Jaguer, Kober, Laude, Daussy, Dotremont à Paris, à la Salle de Géographie en février/avril 1948.

Annoté à l’encre dans le coin supérieur gauche (Invitation)

Très bel état, marque de plis. 100 €

591. [SURRÉALISME] TRACT. A l’ombre de lion diffamé et tiaré chargé en abîme d’une valise d’argent.

[Paris, juin ou juillet 1951]. Affiche-tract (60 x 47,2 cm) imprimé en noir sur papier rose.

Tract faussement daté du 24 mai 1952. Ce tract marque l’ultime péripétie des « affaires » Carrouges et Pastoureau.

« Quant au titre, qui met à contribution les connaissances de Marcel Jean en matière d’héraldique, il désigne évidem- ment Breton de façon aussi désobligeante que l’on pouvait s’y attendre. »

« Dernier baroud d’honneur de Pastoureau et de ses amis. » dit J. Pierre II, p. 346.

Bel exemplaire, marques de plis habituelles. 150 €

592. [SURRÉALISME] TRACT. Tranchons-en.

Paris, décembre 1965. Placard in-folio (54 x 21 cm.), recto vert, verso beige, plié en deux..

Tract paru à l’occasion de la XIe exposition Internationale du Surréalisme, L’Écart absolu à la galerie de l’Oeil en déc. 1965.

Le vert a viré au beige au niveau de la pliure. Très bel état par ailleurs.

« Dans ce texte, dont la rédaction est due à Gérard Legrand, le merveilleux tel que l’entendent les Surréalistes est opposé au « merveilleux scientifique » dont, depuis quatre ans, le principal héraut est la revue Planète, dénoncée par les Surréalistes dès son apparition. » (José Pierre, Tracts surréalistes et déclarations collectives, Tome II, 412).

75 € 305 593. [SURRÉALISME] TRACT. Tract de l’Association pour l’étude du Mouvement Dada.

Paris, Théâtre du Centre américain, 21 et 22 janvier [1963]. Tract imprimé en noir sur un feuillet bleu de 27 x 21 cm.

Affichette-tract annonçant le spectacle Dada au Théâtre du Centre américain avec au programme L’Empereur de Chine de Georges Ribemont-Dessaignes (Acte I), La Seconde aventure céleste de Monsieur Antipyrine et Le Coeur à gaz de Tristan Tzara.

100 €

594. [SURRÉALISME] TRACT. Hola!

Paris, Mouvement, 15 février 1967. Tract imprimé en noir au recto sur un feuillet jaune de 29,7 x 21 cm.

Protestation contre Philippe Soupault, qui venait de faire paraître, au lendemain de la mort de Breton, une plaquette intitulée « Le Vrai André Breton » (Liège, Editions Brimborions).

Signé par Gérard Legrand, José Pierre et Jean Schuster. 30 €

595. TARDIEU (Jean). Histoires obscures.

Paris, Gallimard, 1961. 18,7 x 12 cm, broché, couverture rempliée, 36 pp..

Edition originale.

Un des 2 150 ex. (un des 150 ex. hors commerce) sur bouffant alfa Calypso Libert après 35 vélin pur fil Lafuma- Navarre.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / sincère hommage / de l’auteur / Jean Tardieu ».

75 €

596. THIEULOY (Jack). Lettre signée à Maurice Nadeau à propos de L’Inde des grands chemins.

25 mai 1970. 1 LS d’1 p. au format in-4.

Lettre autographe signée à Maurice Nadeau à propos de son premier et plus célèbre roman, L’Inde des grands che- mins qui paraîtra chez Gallimard en 1971.

LS : « Paris, le 25 mai 1970 Cher Monsieur Nadeau, Quand on a travaillé pendant près de vingt ans pour enfin recevoir le petit mot qui dit oui, comme le vôtre, on trouve bêtement injuste de ne pas pouvoir signer toutes les pro- positions de contrat qui arrivent. J’ai demandé à la secrétaire de Gaston Gallimard de vous téléphoner pour vous expliquer que je ne pouvais faire autrement que de signer chez ce premier qui m’avait demandé une option priori- taire que j’avais promise. Moi qui, depuis des années, dans mon for intérieur ne jurais que par vous, me demandant souvent, la plume à la main : qu’en pensera Nadeau, de ce chapitre, de ce passage, de cette phrase ?... Vous savez combien j’aurais besoin de vous, pour faire vivre ce premier-né. Et de votre revue aussi où je serai fier d’entrer. Bref, nous ne nous sommes en rien éloignés. À bientôt donc, fidèlement vôtre J. Thieuloy ».

100 €

306 597. TOURNIER (Michel). Le Roi des Aulnes.

Paris, Gallimard, 1970. 20,7 x 14 cm, couverture imprimée, broché, 395 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier).

Exemplaire du tout premier tirage.

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / en hommage amical / Michel Tournier ».

Prix Goncourt 1970 attribué à l’unanimité pour ce roman envoûtant décrivant la vie hors du commun d’Abel Tiffauges, personnage étrange et obsessionnel.

1 500 €

598. TOURNIER (Michel). Une carte autographe et une lettre à Maurice Nadeau à propos du Fétichiste.

30 janvier 1974 et 13 février 1974. 1 LS d’1 p. au format in-4 et 1 CAS d’ 2 pp. au format in-32.

Une lettre signée et une carte autographe signée à Maurice Nadeau à propos de sa pièce Le Fétichiste.

CAS : « 30 I 74 Cher Monsieur, Comme convenu je vous adresse ci-joint un texte du Fétichiste. Si comme je l’espère la pièce est jouée en juillet à Paris on pourrait vendre le texte dans la salle comme cela s’est fait pour « 300 dernières » de Rufus. Bien amicalement vôtre M. Tournier ».

LS : « Choisel, le 13 février 1974 Cher Monsieur, Merci de votre lettre du 7. Je suis heureux que mon texte de préface vous convienne. Bien entendu vous pouvez l’utiliser à votre gré dans la Quinzaine ou ailleurs. En ce qui concerne les conditions de la publication du Fétichiste je vous propose un droit d’auteur de 10 % du prix fort quel que soit le tirage et pas d’à-valoir. En revanche cent exemplaires d’auteur et cent autres de service de presse. J’ai assisté samedi à Cologne à une représentation. C’était excellent et le public a parfaitement réagi. Je suis sûr que rien qu’en Allemagne on en aurait déjà vendu plusieurs centaines d’exemplaires. Au retour, Olivier Hussenot m’a confirmé son désir de le jouer à Paris cet été et en automne. Je crois sincèrement que ce petit texte peut être un succès durable en France et à l’étranger, surtout si on reconsidère la facilité de sa représentation (1 interprète, ni décors, ni costumes). Je suis en tout cas heureux de cette première occasion qui se présente de faire quelque chose avec vous. Bien amicalement vôtre Michel Tournier ».

350 €

599. TOURNIER (Michel). Lettre signée à Maurice Nadeau à propos des Météores.

10 juin 1975. 1 LS d’1 p. au format in-4.

Belle lettre signée à Maurice Nadeau à propos de son roman Les Météores et du numéro Spécial-Homo en prépa- ration (n°215 de la Quinzaine littéraire paru le 1er août 1975).

LS : « 10 juin 1975 Cher ami, Merci d’avoir pensé à moi pour votre numéro « spécial » au double sens du mot. Mal- heureusement j’ai une raison assez forte de ne pas m’en mêler. D’une façon générale les critiques et les lecteurs des Météores ont accordé une importance exorbitante au personnage d’Alexandre. Je sais bien qu’ils ont des excuses et que j’y suis pour quelque chose. Il n’en reste pas moins que c’est un contresens que je ne veux pas encourager. Alexandre et son homosexualité, ce n’est que la caricature de la gémellité de Jean-Paul (bien entendu il ne faut voir là aucune condamnation de l’homosexualité), or la caricature a quelque peu masqué et fait oublier les visages. C’est un processus banal. Je joins à ma lettre un manuscrit, « Le Cavalier et son ombre » de Jean-Marc Tixier, jeune auteur qui avait été remarqué lors du Goncourt de la nouvelle le mois dernier. Voulez-vous en tant que directeur des Lettres Nouvelles en prendre connaissance et lui donner la suite que vous jugerez bonne ? Bien amicalement vôtre Michel Tournier / PS Bien entendu vous pouvez faire état de ma lettre dans votre Spécial-Homo ».

750 €

307 600. TZARA (Tristan) & LAURENS (Henri). Entre-temps.

Paris, [Le Point du Jour] (collection « Le Calligraphe »), 1946. In-8 (22 x 17 cm), broché, couverture rempliée imprimée en vert et noir, 49 pp., 5 ff. n. ch..

Edition originale illustrée d’une eau-forte originale en frontispice et de 4 dessins hors texte d’Henri Laurens.

Un des 20 ex. hors commerce sur vélin du Marais (après 12 Madagascar et 324 ex. sur le même papier), celui-ci signé uniquement par Laurens à la justification - habituellement la signature de Tzara figure également à la justifi- cation.

L’eau-forte d’Henri Laurens est parfaitement conservée, la serpente qui décharge habituellement ayant été judicieu- sement enlevée.

Très bel exemplaire. 500 €

601. TZARA (Tristan). Le Coeur à gaz.

Paris, GLM, 1946. In-8 (25,5 x 19,7 cm), broché, couverture à rabat imprimée, 39 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des ex. hors commerce sur vélin du Marais (dont il fut également tiré 355 ex. num. et 25 ex. réservés aux amis de l’éditeur), après 25 Hollande avec une pointe sèche en couleurs de Max Ernst.

Envoi autographe signé de l’auteur : « à Maurice Nadeau / ce vieux livre / avec les meilleurs sentiments / de Tristan Tzara / 22 janv. 47 ».

Bel exemplaire, couv. insolée en marge. 450 €

602. TZARA (Tristan). Morceaux choisis.

Paris, Bordas, 1947. 18,3 x 12 cm, broché, couv. imprimée, 310 pp., 1 f. n. ch..

Edition collective de ce choix de poèmes, en partie originale (5 poèmes paraissant ici pour la première fois), avec une préface de Jean Cassou.

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / cordial hommage de / Tristan Tzara / mai 1947 ». 250 € 308 603. TZARA (Tristan). La Fuite. Poème dramatique en quatre actes et un épilogue.

Paris, Gallimard, 1947. 18,7 x 12 cm, broché, couv. imprimée, 97 pp., 3 ff. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du SP (après 13 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau / cordial hommage / de / Tristan Tzara / Avril 1947 ». 200 €

604. TZARA (Tristan). La Face intérieure.

Paris, Seghers, 1953. 20,3 x 16 cm, broché, couverture lithographiée de Fernand Léger, 58 pp., 3 ff. n. ch..

Édition originale. Un des 750 exemplaires numérotés sur vergé de Hollande (après 50 ex. sur vélin d’Arches avec une lithographie de Fernand Léger).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A Maurice Nadeau / sympathique souvenir de / Tristan Tzara ».

500 €

605. UNGARETTI (Giuseppe). Le Rire du Djinn Roull.

[1959]. Manuscrit autographe signé de 9 pp. rédigées à l’encre verte sur 9 feuillets de 28 x 22 cm.

Manuscrit autographe complet, rédigé et signé par Giuseppe Ungaretti, de la traduction française par Jean Chuzeville et lui-même d’un extrait du Cahier égyptien 1931, titré Le Rire du Djinn Roull.

On joint la lettre autographe signée d’accompagnement envoyée par Ungaretti à Maurice Nadeau : « Cher Maurice Nadeau, / Je vous envoie la traduction d’une partie / du « Quadermo egiziano 1931 » comme je vous / l’avez [sic] promis il y a quelques jours. Traduire / est un travail de fou. C’est vouloir faire / l’impossible. Chuzeville et moi nous avons / fait ce que nous avons pu. Si à la lecture / des points vous semblent réclamer / une amélioration, je vous prie de l’apporter. Le / sens est, mot à mot, exact. Merci. / Mes salutations très amicales et dévouées. / Giuseppe Ungaretti / Rome, Piazza Remuria, 3 / le 18/5/1959 ».

Maurice Nadeau éditera la traduction française du texte d’Ungaretti dans le numéro 17 des Lettres nouvelles paru le 24 juin 1959. Le texte sera repris dans le Cahier de l’Herne consacré à l’écrivain italien en 1969.

2 000 € 309 606. [VALIENTE (Manolo Pérez)] DE PENA (Juan). Arena y viento. s.l., s.e., 1949. 29,2 x 23,5 cm, en feuilles, couverture rempliée imprimée, 89 pp., 3 ff. n. ch., 15 planches hors-texte.

Rare édition originale bilingue de ce recueil de poèmes composés par un exilé de la guerre d’Espagne.

Illustrée de 81 bois originaux de Manolo Pérez Valiente (quinze planches hors-texte, vignettes et lettrines).

Un des 238 sur vergé filigrané des Papeteries de France (après 7 vélin de Rives avec suite en Bambou Japon, 10 ex. sur Bambou Japon avec suite sur vélin surfin, 15 ex. sur vergé surfin avec suite sur vergé).

Envoi autographe signé : « A M. M. Nadeau, je dédie / cette (sic) exemplaire d’Arena / y viento tout imprimée (sic) / à Perpignan, je le / dédie, je dis en hom- / mage d’amitié respectueuse / Paris mars 1949 / M P Valiente ».

Ces poèmes lyriques, tragiques et émouvants de Juan de Pena, nom de plume du peintre, graveur, sculpteur et céramiste Manolo Pérez Valiente (1908-1991) ont été conçus et écrits entre 1939 et 1940 dans les hôpitaux et camps d’hébergement espagnols en France. Le poète y dit sa souffrance d’exilé et son espoir en l’homme.

600 €

607. VERDET (André). Braque le solitaire.

Paris, XXe Siècle / Hazan, 1959. In-8 à l’italienne (18,4 x 24 cm), cartonnage toilée illustrée de l’éditeur à la Bradel, 55 pp., 2 ff. n. ch..

Edition originale.

Un des 960 ex. num., celui-ci un des 60 ex. hors commerce réservés à l’auteur et l’éditeur (après 30ex. sur papier d’Arches comportant une gravure originale de Georges Braque).

Illustré de 8 planches en couleurs, tirées par Daniel Jacomet, d’après des aquarelles de Georges Braque.

Envoi autographe signé de l’auteur : « Pour Maurice / Nadeau / son ami / A. Verdet / 59 ».

300 €

310 608. VIAN (Boris). L’Automne à Pékin.

Paris, Editions de Minuit, 1956. 18,8 x 12 cm, broché, couverture illustrée, 317 pp., 1 f. n. ch..

Seconde édition revue par l’auteur considérée comme l’édition originale bis, le texte et les titres de chapitre ayant été légèrement modifiés par rapport à l’édition du Scorpion.

Exemplaire sur papier d’édition (après 15 ex. sur papier Alfama et 26 ex. imprimés pour les amis de l’auteur sur papier ignoble).

Envoi autographe signé : « Pour Maurice Nadeau / cordial hommage / Boris Vian ».

Illustration de Mose sur la première de couverture. 1 000 €

609. WAHL (Jean). Petite histoire de « L’Existentialisme ». suivie de Kafka et Kierkegaard, commentaires.

Paris, éditions Club maintenant, 1947. 16,7 x 11 cm, broché, couv. blanche imprimée, 131 pp., 1 f. n. ch..

Edition originale. Exemplaire du tirage courant (après 100 ex. sur vélin alphaté).

Envoi autographe signé de l’auteur : « A M. Nadeau / en hommage / J. Wahl ». 100 €

610. WALDBERG (Patrick). Max Ernst.

Paris, Jean-Jacques Pauvert, éditeur, 1958. In-4 (24,5 x 21 cm), reliure pleine toile imprimée de l’éditeur, rhodoïd, 443 p., 2 ff. n. ch..

Edition originale (pas de grand papier) de cet ouvrage consacré à Max Ernst.

Nombreuses illustrations en couleurs et noir et blanc, lettrines composées par Max Ernst.

Envoi autographe signé de l’auteur contresigné par Max Ernst : « à Maurice Nadeau, ce livre, en / complément à sa précieuse « Histoire / du Surréalisme », / en hommage / Patrick Waldberg / et Max Ernst ».

500 € 311 611. WALDBERG (Patrick). Chemins du surréalisme.

Bruxelles, Editions de la Connaissance (coll. « Témoins et témoignages »), 1965. In-8 (20,5 x 15,3 cm), broché, couv. illustrée rempliée, 143 pp..

Edition originale.

Envoi autographe signé : « à Maurice Nadeau / ces [Chemins du surréalisme] / qui n’ont pas de secret pour lui. / Amicalement / Patrick Waldberg ».

Avec 144 illustrations en noir et 8 planches en couleurs. Notes biographiques, bibliographie et index des noms en fin de volume.

150 €

612. WHITE (Kenneth). Correspondance adressée à Maurice Nadeau.

Du 29 mai 1970 au 25 mars 1978. 4 LAS au format in-4 formant un ensemble de 7 pp..

Quatre lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau à propos de collaborations aux Lettres Nou- velles et de la publication de Dérives, édité par Maurice Nadeau en 1978.

Maurice Nadeau publiera de nombreux textes de Kenneth White dans les Lettres Nouvelles et la Quinzaine littéraire.

LAS en préparation de la publication de « Les portes bleues de janvier » (prose) en mai-juin 1970 dans les Lettres Nouvelles : « Le 29 mai 1970 / Cher Maurice Nadeau, J’aurais aimé vous voir ces temps-ci, mais je crois me rappeler que vous ne recevez rue de Condé que le jeudi soir, et je n’ai plus cette heure de battement à censier dont j’avais pu profiter pour venir vous voir cet hiver. Auriez-vous un autre moment de libre ? Amicalement à vous, Kenneth White / 66 rue Gay-Lussac Paris 5e ».

LAS en rapport avec la publication aux Lettres Nouvelles de « Lettres d’Amsterdam » (prose), trad. Michelle Tran van Khai en hiver 1972 : « Le 23 février, 1972 / Cher Maurice Nadeau, Depuis les « Portes bleues », il s’est passé pas mal de temps et je me suis donc demandé si cela ne pourrait pas vous intéresser de publier un autre texte de moi dans l’avenir pas trop lointain. Si oui, vous trouverez deux textes ci-inclus, en anglais, mais s’ils vous intéressent, je m’occuperai de trouver un traducteur. J’aimerais passer vous voir rue de Condé, mais cette année je suis plus que jamais occupé à la Fac - les deux jours (mercredi et jeudi) que je suis à Paris. C’est du sur-concentré. Pourriez-vous me dire assez tôt (le temps de les lire, ou de les faire lire tranquillement, bien sûr) si ces textes vous intéressent effectivement, ou non ? Le Nouveau Commerce qui doit paraître ces jours-ci a un texte de moi, mais peut-être le savez-vous déjà par les Dalmas. Bien amicalement, Kenneth White. Résidence d’Aspin III 64 Pau ».

LAS à propos de Dérives : « Pau, 12 mars, 1978 / Cher Maurice Nadeau, Un mot rapide (puisque je ne serai pas à Paris cette semaine), en trois points : 1) Vous avez donc le dossier Tran van Khai - K.W. Manque la (dernière) lettre de vous-même à T.v.K. J’ai inclus dans le dossier un brouillon de lettre qui à mon avis contient tous les éléments pour mettre fin à l’affaire. Vous en userez comme bon vous semble. 2) Germaine R. me dit qu’elle rencontre des difficultés pour « caser » l’émission (entretien + lectures) qu’elle avait préparée - vous vous rappelez, elle l’avais (sic) remise afin de coïncider avec la sortie de Dérives en avril. Elle pense que vous pourriez faire quelque chose, ajouter votre voix à la sienne. Si vous avez envie de lui en parler, voici son n° de téléphone : 331.53.67 (62 Bld Arago, 13e). 3) (rappel) Pour la lecture à Obliques Fred Eibel, pensant que Dérives était un livre de poèmes, a dit dans son annonce que je lirais des « poèmes » extraits de Dérives. Il faudrait évidemment dire seulement « extraits ». Voilà. A bientôt, Amitié, Kenneth White. Résidence d’Aspin III 64000 Pau (59) 30-04-27 ».

LAS à propos de Dérives : « Pau, 25 mars 1978 / Cher Maurice Nadeau, J’ai donc vu les Dérives jeudi. Il est beau ! Je suis heureux que vous vous soyiez entendu avec Fred Eibel pour lui faire de la publicité - je crois quand même que cela compte. A propos de cette publicité (dans le Monde), je me pose une question : avec le budget disponible, vaut-il mieux faire une (assez grande) réclame d’un seul coup, ou bien faire 3 plus petites ? En publicité, je crois que le phénomène de répétition est important. Mais à vous de voir. Ce dont je suis persuadé, c’est que si le livre est bien lancé, il peut toucher un public assez large. je vous vois faire un sourire critique et blasé... Mais si on s’en occupe un peu, je suis sûr qu’il partirait mieux que vous ne le pensez. P. être pas 600.000 exemplaires, je vous l’accorde, mais p. être mille de plus (2 mille de plus...?) que vos meilleures prévisions. Pour la note sur la résidence de la solitude et de la lumière, un titre plus juste p. être serait Kenneth White à la William Blake. Voilà, bien rapidement. A bientôt, Amitiés, Kenneth White ».

250 €

312 613. YOURCENAR (Marguerite). Alexis ou le traité du vain combat.

Paris, Librairie Plon, 1952. In-12 (19,2 x 12,2 cm), broché, couv. imprimée, 191 pp..

Seconde édition augmentée d’une préface originale.

Exemplaire du SP (après 35 pur fil et 115 alfa).

Bel envoi autographe signé : « A Maurice Nadeau, / hommage reconnaissant, / Marguerite Yourcenar / « Il y a quelque chose à dire / en faveur de l’exception, à / condition qu’elle ne veuille / pas se faire passer pour / la règle. » Fréderic Nietzsche ».

Complet du prière d’insérer. Papier jauni. 250 €

614. YOURCENAR (Marguerite). L’Oeuvre au noir.

Paris, Gallimard, 1968. 20,5 x 14,1 cm, broché, couverture à rabats imprimée, 340 pp..

Edition originale.

Exemplaire du service de presse (après 45 ex. sur Hollande et 95 ex. sur vélin pur fil).

Envoi autographe de l’auteur : « A Maurice Nadeau / hommage attentif / Marguerite Yourcenar / vox specie inte- rioritatis ».

750 €

313 615. YOURCENAR (Marguerite). Archives du Nord.

Paris, Gallimard, 1977. In-8 (20,5 x 14,2 cm), broché, couverture crème imprimée en rouge et noir, jaquette illustrée, 376 pp., 4 ff. n. ch..

Édition originale.

Exemplaire du SP (après 35 vergé blanc de Hollande van Gelder et 55 vélin pur fil).

Envoi autographe de l’auteur : « à Maurice Nadeau, sympathique [hommage de l’auteur, Marguerite Yourcenar] / ...Les générations, comme les boucles / Archives du Nord » sur une carte d’hommage préimprimée.

Archives du Nord est le deuxième volet de la trilogie autobiographique entreprise par Marguerite Yourcenar après la rédaction de L’Oeuvre au noir. Il fait suite à Souvenirs pieux et précède Quoi ? L’Éternité.

Les trois volumes seront réunis sous le titre Le Labyrinthe du monde.

250 €

616. ZADKINE & BRYEN (Camille). La Chair et les mots. Journal poétique.

Paris, K éditeur, 1948. In-12 (19,5 x 13,7 cm), broché, couverture rempliée imprimée, 41 pp., 5 ff. n. ch..

Edition originale illustrée d’un portrait de Camille Bryen en frontispice.

Tirage à 1 000 exemplaires numérotés.

Un des 50 premiers ex. imprimés sur chiffon Marais Crèvecoeur, seuls exemplaires comportant une lithogra- phie originale de Zadkine, signée dans la pierre, représentant Camille Bryen.

350 €

314 617. ZANZOTTO (Andrea). Deux lettres adressées à Maurice Nadeau.

18 juin 1979 et 10 avril 1980. 2 LAS d’1 p. au format in-4 et in-8, une enveloppe conservée.

Deux lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau en remerciement pour des comptes rendus parus dans les Lettres Nouvelles et dans le numéro spécial de la Quinzaine littéraire consacré aux écrivains italiens (n° 321, 16 mars 1980).

LAS : « Paris le 18/6/1979 Cher M. Nadeau, Je regrette vivement de ne pouvoir pas séjourner à Paris cette semaine, comme je l’avais cru possible, et de perdre ainsi la belle chance de vous saluer après tant d’années. Je pense que vous vous rappeliez de Conegliano et des rencontres internationales au cours desquelles nous nous sommes connus. Fidèle lecteur de « La Quinzaine » et des « Lettres Nouvelles » j’ai suivi votre activité littéraire et votre vive présence d’organisateur culturel. Je dois vous remercier d’une façon toute particulière pour l’attention que vous avez toujours donné (sic) à ce qu’on écrit en Italie et pour avoir inséré mon nom aussi dans le numéro des L. N. dédié à notre littérature actuelle. J’espère qu’en automne il me sera possible de passer au moins deux semaines à Paris et de vous voir en cette période. Avec mes salutations les plus amicales et mes voeux les meilleurs. Andrea Zanzotto ».

LAS à propos du n° spécial de la Quinzaine littéraire consacré aux écrivains italiens (n° 321, 16 mars 1980) : « Pieve di Soligo le 10 IV 1980 Cher Maurice Nadeau, Je viens de recevoir seulement aujourd’hui le numéro de la Quinzaine L. que vous avez dédié en grande partie aux écrivains italiens et je vous remercie infiniment du relief qui était donné à ma poésie. L’interview aussi résulte dans son intégrité presque totale. Vous m’avez consacré vraiment bien d’espace, et cela ne m’arrive pas fréquemment. L’article et les traductions de Monsieur Di Meo me semblent remarquables pour la finesse de l’interprétation du texte aussi bien que de mes ouvrages en général. Je trouve très intelligents aussi ses articles sur Montale et sur Pasolini. En tout cas cette « esquisse d’un portrait » de l’Italie littéraire d’aujourd’hui, que vous proposez, arrive juste à compléter le n° italien des Nouvelles Littéraires, qui a été vivement apprécié chez nous. Malheureusement les troubles dont je souffre depuis beaucoup d’années ne cessent pas, et je ne peux bouger d’ici presque jamais, comme si j’étais en prison. Quand même j’espère dans les prochains mois de pouvoir aller à Paris et d’avoir la bonne chance de vous rencontrer. En attendant je vous remercie encore et salue très amicalement, Andrea Zanzotto ».

300 €

315 618. ZAVATTINI (Cesare). Deux lettres adressées à Maurice Nadeau.

15 décembre 1965 et 5 mai 1967. 2 LAS d’1 p. au format in-4.

Deux lettres autographes signées, la première rédigée en français, la seconde en italien, adressées à Maurice Nadeau.

Maurice Nadeau, a publié plusieurs ouvrages de Cesare Zavattini (1902-1989), figure majeure du néoréalisme ita- lien, chez Denoël dans la collection Lettres Nouvelles : Les pauvres sont fous, suivi de Je suis le Diable (1965), Lettre de Cuba à une femme qui m’a trompé (1967) et Cinéparoles (1971).

LAS : « 15-12-65 Caro Nadeau, Ne n’aurons pas avec nous demain soir chez Ferrari notre [Nino] Frank [traducteur de Zavattini en français], parce qu’il part demain matin avec Simone - alors je me suis permis d’inviter San Lazzaro* et sa femme Maria, si vous n’avez rien au contraire. Excusez-moi cet para-français. Saluez Madame Nadeau e votre fils Zavattini *mio vecchissimo amico, direttore di XXe Siècle ».

LAS : « 5.5.67 Caro Nadeau, Con troppo ritardo, lo so, Le dico grazie per il gran spazio che la Quinzaine mi ha dedicato. Sono naturalmente sempre più ansioso di sapere che cosa pensano gli altri del mio libretto e invece trovo di continuo Z. che parla ! (nel caso della signora [?] si tratta di mie dichiarazioni un po vecchie, tra l’altro) ; verrebbe voglia di darsi una martellata in testa come nei film comici per farmi tacere. Fino a questo momento ho ricevants solo, tramite il nostro Frank, un giudizio di un giomale marsigliese che, lo scrivo senza ironia, mi apre il cuore alla speranza essendo al cento per cento negativo : non piu avere che torto. Sono al mio paese dove ho licenziato le bozze per Bompiani et sto lavorando alla Commedia, ma con l’ansia di finirla per buttarmi subito sul libro 1945-1963 di cui forse Le feci cenno. Caro Nadeau, La ricordo sempre con profonda stima e gratitudine suo devoto Zavattini. Mi ricordi a sua moglie, a Gilles, a la signora Sarraute, a George[s] Limbour ».

Remerciements à M. Carlo Iansiti pour sa relecture et ses commentaires avisés. 300 €

316 La librairie achète aux meilleures conditions livres, manuscrits, photographies, gravures et documents littéraires à l’unité ou en lot.

Un grand merci à Odile de Calan pour avoir débusqué les quelques coquilles et anacoluthes qui émaillaient les épreuves de ce catalogue.

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