KHAOULA TALEB IBRAHIMI, FATMA OUSSEDIK ET LOUISA DRIS-AÏT-HAMADOUCHE HIER AU FORUM DE “LIBERTÉ” té
r Université : trois regards, be i L ni/ a h e Z un constat P.4
DEUX PERSONNES ARRÊTÉES LE DROIT DE SAVOIR, LE DEVOIR D’INFORMER ILS RÉITÈRENT PUIS RELÂCHÉES LEURS REVENDICATIONS La marche des chômeurs de Marche nouveau réprimée des étudiants à Ouargla P.7 LIBERTE à Béjaïa P.7
QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION. 37, RUE LARBI BEN M’HIDI, ALGER - N° 6794 MARDI 16 DÉCEMBRE 2014 - ALGÉRIE 20 DA - FRANCE 1,30 € - GB 1£ 20 - ISSN 1111- 4290
ÉQUIPE NATIONALE DE FOOTBALL LE GOUVERNEUR DE LA BANQUE D'ALGÉRIE AVERTIT Gourcuff dévoile ses 23 guerriers Finances : pour la CANP.23 L’AUTEUR SE RÉCLAMAIT la cote DE L’ÉTAT ISLAMIQUE
d'alerte AFP P.2/3 Spectaculaire prise d’otages en Australie P.28
AVION D'AIR ALGÉRIE BLOQUÉ À BRUXELLES Ghoul : “Le dossier APRÈS LA CHUTE DU PRIX DU PÉTROLE Babès préconise de repenser les subventions et les investissements est bien pris A
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S en charge”
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F.3442 Mardi 16 décembre 2014 LIBERTE 2 L’actualité en question
APRÈS LA CHUTE DU PRIX DU PÉTROLE Babès préconise de repenser les subventions et les investissements Pour lui, les subventions accordées aujourd’hui indistinctement devraient être plus ciblées pour bénéficier uniquement aux franges nécessiteuses de la société. De même que certains projets d’infrastructures doivent être abandonnés. a dégringolade du prix du ments, notamment dans les infra- pétrole, qui fait réagir de structures de base, dont les coûts sont plus en plus spécialistes et souvent trop élevés et sans retour sur observateurs, ne préoccu- investissement. Paradoxalement, pe pas moins le Conseil M. Babès juge que “si la situation se dé- national économique et grade, on sera davantage acculé à socialL (Cnes) de Mohamed Sghir mettre l’accent sur la nécessité d’équi- Babès. té sociale”. Il explique que la diversifi- Lors d’un point de presse tenu, hier, en cation de l’économie permettra la marge d’une rencontre internationa- création d’emplois et la fondation le sous le thème : “Les mécanismes ins- d’une économie basée sur le savoir et titutionnels pour le suivi de l’équité so- la connaissance, laquelle engendrera ciale et l’amélioration des politiques pu- inévitablement l’équité sociale. bliques”, co-organisée avec l’Unicef, à Comment éliminer les iniquités so- Alger, M. Babès a reconnu que la ciales ? Quels mécanismes institu- chute du prix du pétrole risque de se tionnels faudrait-il mettre en place à répercuter “négativement” sur le déve- même de permettre le suivi et l’amé- loppement de l’Algérie dont l’écono- lioration des politiques publiques de- mie est basée à 98% sur la rente pétro- vant prendre en charge les inégalités au lière. “La chute du prix du pétrole sein de la société ? Quelles stratégies risque d’engendrer des effets négatifs faudrait-il adopter pour accroître le dé- et/ou inhibiteurs sur notre économie, veloppement économique et social donc sur le développement du pays”, a du pays ? Ce sont autant de questions souligné le président de cette institu- auxquelles tenteront, d’ailleurs, de ré- tion consultative, non sans insister sur pondre les invités du Cnes à l’occasion la nécessité d’œuvrer désormais à re- de ce symposium international qui penser l’économie nationale en procé- s’étale sur deux jours (hier et aujour- dant à sa diversification et de booster APS d’hui, ndlr). la production des biens, des services et Mohamed Sghir Babès, hier, en marge de la rencontre du Cnes. En quête de mécanismes institution- de la valeur ajoutée, de façon à ne plus tion, tels que le lait, la semoule et bien plutôt le gaspillage et la fuite des pro- la période de la “manne financière nels devant œuvrer à l’élimination dépendre exclusivement des hydrocar- d’autres produits”, a suggéré le prési- duits subventionnés vers les pays voi- n’est pas éternelle” et que “le temps est des inégalités sociales, M. Babès comp- bures. “Si la crise (chute du prix du pé- dent du Cnes, pour qui cette subven- sins.” D’où sa recommandation de venu pour aller vers une vraie économie te s’inspirer de l’expérience de certains trole, ndlr) venait à persister, il est évi- tion doit se faire de manière ciblée. “cibler des catégories à subvention- diversifiée”. “Nous suivons avec atten- pays de la région Mena et d’Amérique dent que nous devons revoir notre po- Il s’explique : “On ne peut pas continuer ner”. Rappelant les politiques sociales tion tout ce qui se passe sur le marché latine, notamment le Mexique avec qui litique dépensière et, pourquoi pas, à subventionner autant de produits sa- “extrêmement poussées” menées, de- du pétrole”, a ajouté le président du une “convention de partenariat” est commencer par revoir les subventions chant que cette subvention ne sert pas puis l’Indépendance, par les gouverne- Cnes, insinuant sur la nécessité de pen- d’ores et déjà annoncée. de l’État aux produits de consomma- forcément les citoyens ; elle encourage ments successifs, M. Babès avertit que ser, désormais, à freiner les investisse- FARID ABDELADIM
ABDERRAHMANE BENKHALFA À PROPOS DE LA CHUTE DES PRIX DU PÉTROLE “Un avertissement pour entamer les réformes économiques” e consultant économique, Abderrahmane ne I, mis l’accent sur l’impérative révision de la il. À l’instar des autres spécialistes, il pense que tat à travers les lois de finances de 37 dollars à Benkhalfa, estime que la baisse actuelle des politique sociale ou ce qui est appelé politique des la dégringolade des cours du pétrole ne met pas 50 dollars le baril de pétrole”, avoue l’économis- Lprix du pétrole constitue un signal fort, voi- subventions devenue trop coûteuse d’autant en danger l’Algérie à court terme. La solution te. Pour ce dernier, le rapport de la Banque re un avertissement pour entamer les réformes plus qu’elle représente, affirme-t-il, 21% du pro- pour parer à un éventuel choc à l’avenir, c’est de d’Algérie sur les tendances financières et écono- structurelles de la deuxième génération que duit intérieur brut (PIB). L’activité économique diversifier l’économie nationale et de l’extirper miques du pays, présenté devant les députés, peut compte réaliser le gouvernement. La situation a besoin, constate-t-il, de dynamisme alors que des hydrocarbures. servir à la fois, observe-t-il, d’avertissement et de économique qui prévaut dans le pays actuelle- les opérateurs économiques nationaux et étran- catalyseur pour la mise en application des ré- ment nécessite la relance des réformes et la ra- gers doivent se substituer à l’État en matière d’in- “Laisser les recettes du FRR aux générations formes économiques. L’Algérie vit, remarque-t- tionalisation dans les dépenses publiques. Il se- vestissements. “Il faut mettre en place de nouvelles futures…” il, une étape où elle doit réussir à attirer les in- rait plus judicieux, suggère-t-il, de revoir, dès à mesures en matière d’investissement, de mouve- Abderrahmane Benkhalfa fait partie de ceux qui vestissements directs étrangers (IDE). Et si les en- présent, les caractéristiques de la loi de finances ment des capitaux et il est impératif de dynami- refusent de puiser dans le Fonds de régulation des treprises qui investissent en Algérie optent pour 2016 en ce qui concerne notamment les grands ser le tissu économique du pays”, propose M. Ben- recettes (FRR) pendant ces périodes de crise. “Il une extension de leurs activités vers l’étranger, projets. Ces derniers ont besoin, selon lui, de ma- khalfa. À la question ayant trait aux prix du pé- est préférable de laisser ces recettes pour les géné- les projets envisagés, insiste M. Benkhalfa, doi- turation avant leur mise en œuvre. trole sur le marché international, l’expert avoue rations futures et de les utiliser durant les périodes vent au préalable créer de la richesse localement L’ex-délégué général de l’Association des banques qu’ils obéissent en ce moment à des considéra- des vaches maigres”, souligne-t-il. “Il est également et ne doivent aucunement servir d’instrument et établissements financiers (Abef) a, au cours de tions politiques et géostratégiques. “Les cours ac- primordial de réviser à la hausse le prix de réfé- pour la fuite de capitaux. son passage hier sur les ondes de la radio Chaî- tuels n’ont aucun lien avec l’économie”, relève-t- rence fiscal avec lequel est établi le budget de l’É- B. K. LIBERTE Mardi 16 décembre 2014 L’actualité en question 3
LE GOUVERNEUR DE LA BANQUE D’ALGÉRIE AVERTIT Finances : la cote d’alerte Les réserves de changes devraient baisser à 187,6 milliards de dollars à la fin de cette année pour se contracter, en 2015, à 172,6 milliards de dollars. es réserves de mestre 2014, progressant légèrement changes actuelles en moyenne semestrielle à 109,92 dol- permettent à l'Al- lars contre 108,55 dollars le baril au gérie de faire face 1er semestre 2013. En dépit de cette re- aux chocs sur la ba- lative bonne tenue des prix des hy- lance des paiements drocarbures qui ont atteint 110,27 extérieurs à court terme mais cette ca- dollars/baril au 2e trimestre 2014 “L er pacité à résister aux chocs se dissipera (109,55 dollars le baril au 1 trimestre vite si les cours du pétrole restent à des 2014), les exportations d’hydrocar- niveaux bas pendant longtemps”, a bures se sont établies à 31,83 mil- averti hier le gouverneur de la Banque liards de dollars au cours du 1er se- d’Algérie, lors de la présentation du mestre 2014, en baisse de 1,37% par rapport portant sur les évolutions éco- rapport à la même période en 2013 où nomiques et financières de l’année leur niveau était de 32,27 milliards de 2013 et le 1er semestre 2014 à l’As- dollars. Mais depuis juin dernier, le prix semblée populaire nationale. du baril de pétrole a perdu 44% de sa Dans sa note de conjoncture sur les valeur. Abdelmadjid Attar, qui était, au tendances monétaires et financières au début du mois l’invité de la radio, a es- 1er semestre 2014, la Banque d’Algérie timé qu’“on devrait boucler l’année avait indiqué que la hausse des im- 2014 avec un prix moyen du baril portations de biens conjuguée au recul compris entre 85 et 90 dollars et que des exportations en la matière a induit l’année en cours risque de se terminer une contraction de l’excédent com- sur un prix proche de 60 ou 65 dollars mercial de la balance des paiements. Ce avec un mois de décembre catastro- dernier est passé de 3,667 milliards de phique”. Selon les prévisions du Fonds, dollars au 1er semestre 2013 à 2,756 mil- les réserves de changes devraient bais- liards de dollars au 1er semestre 2014. ser à 187,6 milliards de dollars à la fin
Outre la contraction du solde de la ba- APS de cette année pour se contracter, en lance commerciale de 911 millions 2015, à 172,6 milliards de dollars. de dollars, le déficit du poste “services Certes l'Algérie a préservé sa stabilité hors revenus des facteurs” s’est aggra- Le gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Mohamed Laksaci, à l’APN. monétaire et financière en dépit des vé de 851 millions de dollars, passant directs étrangers nets à 0,75 milliard de 4 773,51 milliards de dinars à fin 104 dollars le baril début avril à faibles performances de sa balance de 3,2 milliards de dollars au 1er se- dollars, n’a pu que partiellement com- juin 2014 (5 238,80 milliards de dinars 115 dollars le baril fin juin, sur fond de des paiements extérieurs et de la per- mestre de 2013 à 4,1 milliards de dol- penser le déficit du compte courant, de à fin 2013). Cette contraction est liée tensions géopolitiques et de forte crois- sistance du déficit budgétaire,“mais il lars au 1er semestre 2014. sorte que la balance des paiements ex- à la forte augmentation des décaisse- sance de la production des pays non- n'en reste pas moins que la question de Le déficit du compte courant de la ba- térieurs globale a dégagé un déficit de ments au titre des dépenses d’équipe- Opep. En revanche, au cours du 1er tri- la fragilité de l'économie algérienne à lance des paiements s’est aggravé au 1,32 milliard de dollars au 1er semestre ments par rapport au 1er semestre mestre 2014, le prix du baril de Brent l'égard des hydrocarbures et donc des cours du 1er semestre de l’année en 2014 ; le 1er semestre de l’année précé- 2013, en situation de poursuite de la s’était inscrit à la baisse, passant de prix du pétrole se pose avec acuité”, lan- cours, notamment au 2e trimestre, dente ayant enregistré un excédent progression des dépenses courantes. 111,4 dollars début janvier à 107 dol- ce M. Laksaci. Le “warning” de la comparativement à la même période (0,89 milliard de dollars). Les réserves La baisse des réserves de changes et le lars fin mars, évolution marquée plus banque sonne comme une réponse aux de l’année 2013. officielles de changes se sont contrac- creusement du déficit de la balance des par des facteurs temporaires en situa- assurances du ministre des Finances En effet, ce déficit est passé de 350 mil- tées à 193,269 milliards de dollars à fin paiements globale sont intervenus tion de dépréciation du dollar face à qui a indiqué récemment que “l’Algé- lions de dollars au 1er semestre 2013 à juin 2014, après une progression au au moment où, sur le marché inter- l’euro. Dans cette conjoncture, le prix rie repose sur un matelas financier qui 2,3 milliards de dollars au 1er semestre 2e semestre 2013 à 194 milliards de dol- national de l’énergie, le prix du baril de moyen mensuel du pétrole algérien a lui permet de faire face aisément à tous de 2014, sous l’effet de la contraction lars en fin de période. Corrélativement Brent a enregistré une tendance haus- évolué dans la fourchette de 108,35 à les chocs économico-financiers”. de l’excédent du solde commercial et à l’effet de valorisation, l’encours des sière au 2e trimestre 2014, passant de 113 dollars/baril au cours du 1er se- MEZIANE RABHI du creusement des déficits des postes réserves de changes (or non compris) services et revenus. a progressé à 194,961 milliards de L’excédent appréciable du compte ca- dollars à fin mars 2014, pour ensuite se pital, 0,976 milliard de dollars contre contracter au 2e trimestre 2014. Le do- PAR OMAR OUALI 1,235 milliard de dollars au 1er se- cument de la Banque d’Algérie a rele- L’ÉDITO mestre 2013, en situation de stabilisa- vé une forte contraction des ressources tion du flux au titre des investissements du Fonds de régulation des recettes à Bonjour tristesse CHUTE DES PRIX DU PÉTROLE e gouverneur de la Banque d’Algérie est réputé pour sa prudence ex- Les députés s'alarment trême quand il s’agit d’évoquer la très délicate question des réserves Lde changes. Non seulement il ne doit pas faire peur au bon peuple, Hier, des députés algériens se gouverneur de la Banque d'Algérie, qui a besoin d’être constamment bercé dans ses douillettes illusions, mais sont alarmés de la persistance de la Mohamed Laksaci. Mais, a-t-il il est aussi tenu de ne pas trop hérisser les décideurs, souvent fermés à baisse des cours du pétrole dans averti aussitôt, “cette capacité à l’implacable logique des chiffres. Réussir un tel exercice d’équilibrisme un pays où l'économie dépend à résister aux chocs se dissipera vite si devient désormais impossible pour M. Laksaci, rattrapé par la réalité tê- 97% de ses exportations les cours du pétrole restaient à des Si toutes les mises tue des finances du pays promises à de sombres perspectives. d'hydrocarbures, lors d'un débat à niveaux bas pendant longtemps”. en garde Devant les députés, et certainement à son corps défendant, il a tiré la son- l'Assemblée nationale. “Le peuple “Certes, l'Algérie a préservé sa récurrentes nette d’alarme sur les effets de la persistance de la baisse des cours du algérien ne va rien trouver à stabilité monétaire et financière en pétrole. Hier, le cours était à 62,40 dollars sur l’Intercontinental Exchange manger si les prix du pétrole dépit des faibles performances de sa étaient prises pour ce de Londres (pour la livraison de janvier) contre quasiment le double, il continuent à chuter”, a lancé le balance des paiements extérieurs et qu’elles“ sont, c'est-à-dire y a encore une année. C’est dire à la fois la violence et la brutalité de la député indépendant Habib Zegad, de la persistance du déficit des appels à la prudence, dégringolade. Les spécialistes convergent à dire que, à très court terme, alors que la fiscalité pétrolière budgétaire, mais il n'en reste l’économie algérienne est plus ou moins parée contre ce choc pétrolier, constitue 60% du budget de l'État. pas moins que la question de la à la responsabilité dans les dépenses publiques, grâce au double mécanisme du Fonds de régulation des recettes crédi- Le député du Rassemblement fragilité de l'économie algérienne à té de 5 600 milliards de dinars et des réserves de changes qui se situent algérien (RA) s'est parallèlement l'égard des hydrocarbures et donc les effets pervers de la autour de 190 millions de dollars. élevé contre la hausse continue de des prix du pétrole se pose avec contraction des cours Mais ces économies, souvent mises en évidence avec une arrogance stu- la facture des importations qui va acuité”, a-t-il ajouté. pide par le gouvernement pour justifier sa politique populiste et dépensière, s'établir à 65 milliards de dollars en Une cellule de suivi et d'évaluation seraient certainement sont appelées à fondre comme neige au soleil. Il y a quelques semaines, 2015, dénonçant une “dilapidation” a été mise en place par le Conseil moindres pour notre pays Abdelmalek Sellal, engoncé dans sa bulle d’optimisme béat, faisait un pro- des deniers publics. économique et social (Cnes) pour dont les dirigeants avaient cès en règle aux experts et aux partis de l’opposition, accusés de culti- Le pétrole a plongé de plus de suivre la situation suite à la chute pourtant eu tout le loisir du 100 dollars le baril au début de des prix du pétrole, a indiqué son ver “l’alarmisme” alors qu’ils n’ont fait, en vérité, que leur devoir patriotique l'année à 60 dollars actuellement, président, Mohamed-Seghir Babes. monde de mettre en place d’alerter sur l’imminence d’un danger. Nous n’y sommes pas encore pour en raison notamment d'une baisse Selon les analystes, l'Algérie va des politiques alternatives. le moment grâce à notre bas de laine, mais ce n’est qu’une question de de la demande dans une économie devoir puiser abondamment dans semaines, et après, bonjour tristesse. La politique du tout Si toutes les mises en garde récurrentes étaient prises pour ce qu’elles mondiale atone, une forte hausse le Fonds de régulation des recettes dépensier n’est donc de la production des hydrocarbures (FRR) qui disposait, fin juin, de plus sont, c'est-à-dire des appels à la prudence, à la responsabilité dans les dé- de schiste et d'autres sources non de 55 mds de dollars, pour faire face plus possible.” penses publiques, les effets pervers de la contraction des cours seraient conventionnelles. à la baisse des prix de l'or noir. certainement moindres pour notre pays dont les dirigeants avaient pour- Les réserves de changes, qui Depuis des années, l'Algérie calcule tant eu tout le loisir du monde de mettre en place des politiques alter- s'élèvent à près de 200 milliards de son budget sur la base d'un baril à natives. La politique du tout dépensier n’est donc plus possible. La rigueur dollars et pouvant couvrir 35 mois 37 dollars. Le surplus va au FRR qui et sa version hard, l’austérité, se présentent déjà comme un choix in- d'importation, “permettent à finance le déficit et toutes les contournable. Et c’est peut-être pour cette raison qu’on évoque déjà le re- l'Algérie de faire face aux chocs à mesures urgentes du tour d’Ahmed Ouyahia aux commandes, car il sait mettre en musique ce court terme”, a tenté de rassurer le gouvernement. genre de politique. Mardi 16 décembre 2014 LIBERTE 4 L’actualité en question
KHAOULA TALEB IBRAHIMI, FATMA OUSSEDIK ET LOUISA DRIS-AÏT-HAMADOUCHE, HIER, AU FORUM DE “LIBERTÉ” Université : trois regards, un constat “Toutes les trois, nous avons étudié et nous enseignons dans cette université qui nous est chère à plus d’un titre. (…). Toutes les trois, nous n’en pouvons plus.”
e forum de Liberté a reçu, hier, non vertures de filières “n’obéissent pas pas un seul invité mais, fait excep- ou très peu aux critères objectifs de tionnel, trois femmes universitaires, spécialisation” et “contribuent à venues s’exprimer sur “la défense de l’inflation des diplômés chômeurs”. l’université algérienne”. Les trois in- “Il devient urgent de revoir la carte vitées que sont la sociologue Fatma universitaire”, a plaidé la linguiste, Oussedik,L la linguiste Khaoula Taleb Ibrahimi et pour déloger les “clientélismes” et la politologue Louisa Dris-Aït-Hamadouche, renouer avec le “rendement” et la ont animé de façon “qualité” de la formation. Selon Par : brillante, chacune elle, le moment est venu pour aller HAFIDA AMEYAR dans son domaine, la de l’avant, d’abord en rendant aux rencontre, qui a en- jeunes étudiants “leurs langues”. registré la présence de l’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, du socio- Les débats et les revendications logue et chercheur au Cread, Mohamed Saïb Mu- ont déserté les lieux… sette, et de quelques universitaires et étudiants, La dernière intervenante s’est, pour ainsi que des journalistes. De prime abord, sa part, demandé pourquoi l’uni- Mme Oussedik a annoncé la couleur. “Toutes les versité ne produit plus d’élite. trois, nous avons étudié et nous enseignons dans “Pourquoi ce débat se passe au cette université qui nous est chère à plus d’un titre. journal Liberté et non pas à l’uni- (…). Toutes les trois, nous n’en pouvons plus d’être, versité”, a poursuivi Mme Aït-Ha- avec nos étudiants, des ombres qui hantent des madouche, en rappelant la fonction lieux soumis à un remue-ménage sans fin et de Liberté “essentielle” de l’élite, qui est celle n’avoir pas de parole autorisée, sur notre outil de d’“être la locomotive de la société”. travail, qui est devenu une réserve foncière”, a-t- Zehani/ Elle s’est également demandé pour- elle déclaré. Non sans rappeler avoir tenté Khaoula Taleb Ibrahimi, Fatma Oussedik et Louisa Dris-Aït-Hamadouche, hier, au forum de “Liberté”. quoi l’université ne procure pas le “désespérément de défendre notre honneur d’uni- par ailleurs, sur les “performances contrastées se- frayant, selon elle, c’est que la plupart des élèves savoir et les compétences ; une question qui, se- versitaires”, avec quelques-uns de ses pairs. Et, lon les pratiques pédagogiques des enseignants” et “ne maîtrisent pas les éléments fondamentaux du lon elle, renvoie aux choix faits par les dirigeants aujourd’hui que la date de départ à la retraite ap- celles liées à “la formation des étudiants” avant langage”, quelle que soit la langue. Une situation de l’Algérie indépendante de “former un grand proche pour elle, elle a tenu à témoigner, “en le l’accès à l’université. “Peinant à répondre à la de- qui n’est pas sans conséquences sur “l’expression nombre”. Seulement, cette “massification”a fini dénonçant, du préjudice qui a été causé à ma cor- mande sociale de formation, l’université est, peu orale et/ou écrite de la pensée”. Se basant sur une par porter préjudice à la “dimension qualitative”. poration, à mes étudiants et à ma génération”. à peu, devenue un élément important dans le dis- étude de 2002, sur la place de l’écrit dans le Comparativement à la Tunisie et au Maroc, la po- Cette entrée, pour le moins remarquée, n’est positif d’obtention de la paix sociale, en vue du sta- 2e cycle de l’école fondamentale, dans la capita- pulation estudiantine “est en crise en Algérie”, a qu’un préliminaire pour présenter l’état des tu quo politique’, a souligné l’invitée de Liberté, le et d’autres régions du pays, l’intervenante a soutenu l’invitée, en notant que “l’encadrement lieux de l’université actuelle. avant d’ajouter : “Elles (les universités algé- constaté que les 2 matières où on n’écrivait pas ne suit pas”. riennes, ndlr) ne sont que des aires de stockage.” sont les langues arabes et étrangères et les ma- De plus, d’autres facteurs ont participé à la dé- La défiance des parents vis-à-vis Pis encore, en brisant “les mécanismes de re- thématiques, alors que les matières où les élèves gradation des lieux, notamment les “clivages” de l’école algérienne transmission”, l’objectif était “d’empêcher la pro- écrivent sont l’histoire et la géographie. entre les langues arabe et française, le “clivage Dans son approche des “performances” de l’uni- duction d’une élite dotée d’une légitimité scienti- “Dans ce dernier cas, il s’agit en fait de la trans- idéologique” et la “rupture pédagogique” désta- versité, la sociologue a révélé que la tutelle n’a ja- fique”. Un état des lieux alarmant qui, selon elle, cription du cours”, notera-t-elle, puis de consta- bilisant le processus de “transmission du savoir”. mais fourni d’“objectifs pédagogiques”, se bornant risque de déboucher sur “l’explosion du système” ter : “L’école, le collège et le lycée ne préparent pas Sans oublier “l’égalitarisme extrêmement des- à une “gestion de flux démographiques”. Elle a noté et ce, d’autant que la majorité des enseignants s’est nos élèves à l’enseignement supérieur.” Plus loin, tructeur” pratiqué par l’université, qui ferme les qu’en 50 ans d’indépendance, l’Algérie est pas- repliée sur “les seules revendications matérielles”, la professeure fera part de certaines anomalies ob- portes aux “efforts à fournir”, chez les étudiants sée de 3 établissements du supérieur et un mil- sans compter ceux partis à l’étranger ou ayant servées dans son département, comme l’accueil et ligote le corps enseignant dans “un fonction- lier d’étudiants, à 90 établissements universitaires, changé de secteur d’activité. Même topo pour les de bacheliers ne possédant pas “le seuil minimum” nariat”, en réduisant considérablement l’esprit couvrant 47 wilayas, en 2012. étudiants, dont les grèves renvoient souvent à des de connaissances, en raison des grèves dans les critique. Aujourd’hui, l’université est à la fois “dé- En outre, elle a observé que le développement im- doléances sur “les conditions de vie, mais jamais lycées, ou l’accueil d’élèves n’ayant pas “le pro- phasée” et “désertée”, a constaté l’intervenante, portant des effectifs (2 millions d’étudiants sont aux conditions pédagogiques”. fil du bac lettres” ou contraints de faire des études non sans observer que “l’université n’est plus le attendus pour la rentrée universitaire 2015) va auxquelles ils n’aspirent pas. Elle dénoncera la dis- porte-parole objectif des revendications” de la so- relativement de pair avec celui des infrastructures, Bégaiements autour du langage crimination entourant “l’indicateur langue”, en ciété ; celles-ci sont “portées par la rue”. alors que “la réflexion” sur l’encadrement ou Mme Taleb Ibrahimi a abondé dans le même sens, s’élevant contre une situation qui dure depuis la Lors du débat, la politologue a abordé “l’instru- même sur l’emploi n’a débuté qu’en 2004 ! Fat- insistant sur le “constat accablant” établi par la fin des années 80 : celle des étudiants “complè- mentalisation politique” de la langue, et s’est ex- ma Oussedik a également averti sur la “défian- sociologue. A son tour, elle a tiré la sonnette tement arabisés” qui doivent “se franciser” en un primée sur la “très faible capacité d’organisation” ce” des parents d’élèves vis-à-vis des performances d’alarme, alertant sur “le grand danger” qui me- temps record, pour faire leurs études dans les fi- des enseignants, plus centrés sur leurs propres de l’école et de l’université. Plus loin, elle s’est ex- nace nos universités. A propos du profil des ba- lières scientifiques (médecine, sciences dures et “intérêts”. Pourtant, insistera Mme Aït-Hamma- pliquée sur les nombreuses “variations” dans les cheliers, la linguiste a indiqué qu’ils ont subi une technologie). douche, “la présence d’une élite, son autonomie performances, prenant en compte “l’origine so- formation (à l’école, au collège et au lycée) “en- En outre, elle s’insurgera contre “la proximité relative empêchent au moins de faire de grands dé- ciale” des étudiants, “la zone géographique” où vit fermée dans un modèle pédagogique, fondé sur la contre-productive” d’instituts, qui empêche le gâts et de ne pas rééditer les mêmes erreurs”. Un l’étudiant ou encore les “discriminations” subies mémoire et l’ingurgitation de connaissances, “brassage de jeunes de régions différentes”, com- avis largement partagé par l’assistance. dans les zones rurales et éloignées. Elle parlera, sans réflexion ni distance aucune”. Le plus ef- me c’était le cas auparavant. D’après elle, ces ou- H. A.
UN PLAIDOYER POUR SON CLASSEMENT COMME MONUMENT HISTORIQUE La fac centrale d’Alger, un patrimoine en péril ans leur constat sans concession sur l’université algérienne, Il est appréhendé dans cette affaire des “appétits” d’institutions et Zohra Drif, Hafsa Bisker et Zoulikha Bekkadour, entre autres per- Fatma Oussedik, professeur de sociologie, Khaoula Taleb de parties “plus ou moins occultes” qui veulent s’accaparer ce site sonnalités dont le nom est associé à jamais à la célèbre “fac cen- DIbrahimi, professeur de linguistique, et Louisa Dris-Aït Ha- stratégique au centre de la capitale. Il faut dire que ce “lieu de mé- trale” d’Alger. Il est appelé dans cette pétition au maintien de cet madouche, maître de conférences à la faculté des sciences poli- moire” a une spécificité unique : c’est la première université du pays. établissement “dans le giron de l’enseignement supérieur”, ainsi tiques n’ont pas manqué hier de lancer au Forum de Liberté un En faisant la lecture d’une pétition qui exige le classement de l’uni- qu’une mobilisation de tous les enseignants pour sauver ce qui tient véritable cri d’alarme quant au sort réservé à la faculté centrale versité d’Alger (fac centrale) comme “monument historique”, lieu de première université du pays. d’Alger dont elles soupçonnent la convoitise par quelques parties Mme Khaoula Taleb Ibrahimi n’a pas oublié de convoquer de pres- Si cet appel solennel est adressé aux deux ministres chargés de l’En- influentes en Algérie. Les universitaires en veulent notamment pour tigieuses figures de la Révolution algérienne. Et pour cause :“Nous seignement supérieur et de la Culture afin qu’ils appuient et sou- preuve le transfert des activités pédagogiques vers d’autres sites sommes fiers d’avoir poursuivi nos études dans l’université qui a tiennent cette démarche, c’est en particulier Mme Nadia Labidi qui de la capitale : “Le processus a débuté dans les années 70 avec le dé- vu les étudiants musulmans algériens s’organiser au sein de l’Uge- est interpellée pour “diligenter le plus rapidement possible les pro- placement des études de droit vers Ben Aknoun suivi par les études ma et décréter la fameuse grève de 1956. Nous sommes fiers d’avoir cédures institutionnelles pour le classement de l’université dans son des sciences dites dures transférées à l’USTHB de Bab Ezzouar. Le été formés dans les mêmes murs qui ont été fréquentés par les mar- site originel et historique de la rue Didouche-Mourad à Alger com- mouvement a continué avec le départ des études en langues et des tyrs Amara Rachid, Taleb Abderrahmane, Maurice Audin et tous me monument historique appartenant au patrimoine national”. sciences sociales vers le site du Caroubier et celui de Bouzaréah…”, leurs compagnons de lutte qui ont quitté les bancs de l’université Espérons seulement que la ministre de la Culture n’adoptera pas explique Mme Khaoula Taleb Ibrahimi. Et ce n’est pas fini ! Ce “dé- pour participer au combat libérateur”, a-t-elle souligné. Dans son la même attitude s’agissant du classement des “Abattoirs d’Alger” membrement” qui s’est poursuivi jusqu’en 2014 suscite actuelle- énumération des références historiques — si tant est qu’elles aient voués aujourd’hui à la démolition au grand dam de nombreux ar- ment les pires craintes de la part des universitaires qui ne veulent encore de l’importance aux yeux de nos décideurs —, l’oratrice tistes qui voulaient en faire, eux, une friche culturelle. pas que leur “outil de travail” se transforme en “réserve foncière”, citera également Mohamed Bencheneb, Benyoucef Benkhedda, Affaire à suivre ! dixit la sociologue Fatma Oussedik. Pierre Chaulet, Mohamed-Seddik Benyahia, Malika Mufti, MOHAMED-CHÉRIF LACHICHI LIBERTE Mardi 16 décembre 2014 5 DE LIBERTÉ LE RADAR PAGE ANIMÉE PAR M.-C. LACHICHI [email protected]
CONSIDÉRÉ AUJOURD’HUI COMME “DÉSÉQUILIBRÉ” POUR L’ALGÉRIE Qui a signé l’accord d’association PARTI DU POUVOIR OU DE L’OPPOSITION ? avec l’Union européenne ? Inclassable FFS !
IL VENAIT DE PERCEVOIR UN POT-DE-VIN DE… 5 000 DA Un agent de la daïra de Mostaganem arrêté pour corruption