<<

RevueRevue dede MusiquesMusiques AméricainesAméricaines Automne 2018 158 LELE DUDU COYOTECOYOTE 

JohnJohn DUFFEYDUFFEY Carolina Coyote

Tony Joe White - Blackberry Smoke - Harry Munch - Nordine Gheurbi - - - Vintage - Le mot coyote vient du nahuatl cōyōtl. Le nahuatl Heaven's Door Plumes de Coyotes dont le nom dérive du mot nāhuatlahtōlli est une macro-langue (de la famille Uto-Aztèque). Si un jour on me (Merci à Danny Adams) demande si j'ai organisateurs sans d’abord faire son examen connu un noble, je Bonjour de conscience ? pourrai citer Jean- Le rythme de parution nous contraint à attendre Si le Country Rendez-Vous avait fait son plein Pierre Humbert. plus longtemps avec une plus grande fébrilité. d’entrées lors des dernières récentes éditions, Pas par la nais- Pas facile de s’y faire malgré le temps. Mais la nouvelle direction serait-elle allée chercher sance, même s'il comme toujours, le volume qui vient méritait Status Quo ? Soyons réalistes : une multitude était issu d'une amplement que l’on patiente. Bravo et merci à d’organisations country locales ou nationales dynastie prestigieuse, mais par toute l’équipe. Amicalement, Gérard B. ont disparu. Interrogez les responsables sur son exceptionnel caractère, par les raisons. Outre les difficultés diverses de sa bonté profonde et par son élé- Bonjour à tous, réalisations ou le problème des bénévoles, la gance de tous les instants. Je renouvelle mon abonnement à mon ballon baisse de fréquentation constatée depuis le Rencontré grâce à Jacques Bré- d’oxygène trimestriel. Une idée au passage: début des années 2010 est le facteur principal. mond, retrouvé tous les ans ou dans Concerts et Festivals, pourriez-vous Ce que nous avons de mieux à faire est de presque aux festivals de Craponne annoncer les événements aux USA, car les soutenir les structures qui proposent encore et à La Roche-sur-Foron, il avait Français ne connaisent que le festival CMA, des programmations 100% country, comme rejoint notre cercle de passion- devenu sans grand intérêt. Existe-t-il l’équiva- Equiblues ou Evreux. Sinon, dans très peu nés, et, bien que non musicien, lent au ? Bien cordialement, Philippe R. de temps, les regrets seront encore bien plus il y avait une place d'honneur, lui © Cette rubrique comporte déjà des cen- amers, et l’on écoutera ses CD country dans qui savait apprécier la grâce et la taines de lignes, soit un travail de collectage son salon en regrettant le bon temps des festi- beauté sous toutes leurs formes : important alors les groupes négligent souvent vals". Jacques Dufour dans la close harmony des jeunes d'envoyer leurs dates... Difficile de faire plus © Je ne peux que souhaiter que le maximum formations de bluegrass féminin, avec une parution trimestrielle. Pour les USA, de concerts et festivals continuent à proposer dans les forêts états-uniennes où il y a des centaines de festivals. Voir Internet nos musiques préférées, malgré les coûts im- il a vécu quelques années. en fonction de la programmation (bluegrass, portants (celui des artistes et celui des séjours Il a été emporté par une saloperie country, etc.) et des moyens financiers ! (JB) et déplacements des spectateurs !). (JB) qui l'aura torturé longtemps. Nous sommes nombreux aujourd'hui A propos de The Green Escape Bonjour Jacques, avec un trou béant dans le coeur. La discussion est ouverte, stipulait notre ré- Eric Allart dacteur en chef à propos de la remarque d’un Sur Internet l'on trouve un tas de compilations lecteur (Le Cri 157) : "Adieu le plus grand festi- et Best of, mais la plupart sont des disques qui val country d’Europe". Je m’engouffre dans ce n'ont jamais existé, des assemblages de titres Michel Thabuis, ancien Maire, qui sera peut-être l’ouverture d’un débat. faits par on ne sait qui. Ceux qui débutent au- avouant alors, avec Constructif, comme toujours. jourd'hui sont devant un boxon incompréhen- son bon sourire, ne Depuis ses lointaines origines à Dore l’Eglise, sible, sans notion des vraies discographies de rien connaitre à la le Country Rendez-Vous de Craponne-sur- base. Sauf quelques-uns, qui, ayant un doute, musique bluegrass, Arzon était l’œuvre de passionnés de musique iront chercher la vérité dans le Big Beat Maga- il fit confiance à country. La nouvelle équipe a choisi d’en modi- zine sur (n°30)*. Christopher, Didier fier le style de base pour élargir et renouve- Mais avec la diffusion ultra confidentielle de et aux bénévoles : ler le public. Certes, on ne coupe pas le cor- mon fanzine, comme celle du Cri du Coyote et Il prit le pari de soutenir la tenue don ombilical en gardant des artistes country d’autres organes de fans et connaisseurs, les du premier festival à La Roche pour s’assurer la venue du public historique, couillonnades ont l'éternité devant elles. en 2006 ! Son décès attriste les mais on ouvre d’autres portes pour attirer des Après nous, le déluge ? Alain Mallaret amateurs et musiciens qui ont pu festivaliers plus jeunes. Supprimer le terme * https://fr.calameo.com/books/00009080405d129d5ea7c apprécier sa gentillesse et son country de l’enseigne du festival devrait per- © J'espère qu'il restera encore des amoureux écoute bienveillante. mettre d’aller plus loin. On peut, naturellement, de l'histoire musicale pour conserver ces publi- Nos condoléances et nos pensées avoir des regrets. Mais faut-il jeter la pierre aux cations et poursuivre la transmission... (JB). amicales à sa famille. (JB)

Mary Reynaud & Manu Bertrand, entourant le trio I'm With Her COiN Dear John aux USA : Anaëlle, Claire, Léopoldine, Stéphanie PiPOLE

BOYS GiRLS POWER POWER Paul Rodriguez, Thierry Loyer, Eric Millet, Bernard Minari, Francois Vola, Laurent Parris Becky Buller, Missy Raines, Alison Brown, , Molly Tuttle

Le Cri du Coyote n°158 page 02 NEWS Jacques Brémond Sommaire n°158 Coyote Report Editorial 02 Plumes de Coyotes Bonjour, 03 Editorial & News Nécro : Gilbert BÉREAU Ce numéro d’automne est plein de bonnes feuilles de 04 (16 août) diverses couleurs musicales (mais en N&B !). 08 Avenue Country Salut à l'auteur John Duffey est à l’honneur avec cette interview qui 13 Concert John Hiatt d'articles sur rappelle les bons moments passés avec ce musicien 14 Carolina Coyote le et la exceptionnel, en particulier lors du festival de Toulouse 16 Blackberry Smoke (en 1983) où Seldom Scene nous a tous enchantés. 17 Lone Riders (Animateur sur Bienvenue à Liane Edwards comme Coyauteure (oui, 18 Coyothèque : The Browns Radio Country Family) enfi n une femme !). A l'image de notre attirance pour 19 Tony Joe White COAL PORTERS : FiN les musiques de l’Ouest, Liane s’est installée chez 20 Anciens numéros Après 17 ans et 6 , nous, avec son talent et l’écho de ses origines amé- 21 The Green Escape Sid Griffi n a annoncé la ricaines. De sa North Carolina à l’Ardèche où elle ré- 24 Du Côté de chez Sam dissolution du groupe side, une expérience musicale et humaine en partage, 28 Nuit de la Glisse : Harry Munch PHiLOU PREND L'AiR avec désormais sa rubrique : Carolina Coyote. 30 Knockin' On Heaven's Door 31 Bluegrass & C° La photo de la double page Le reste du sommaire reste évidemment éclectique : 34 Concerts Made in France centrale (Philippe Ochin tout Actualité avec des interviews 35 Nordine Gheurbi (Blackberry Smoke, Tony Joe nu sur sa moto) ne sera pas 37 Knockin' On Heaven's Door White, Harry Munch et Nor- publiée : elle a été volée par 38 At The Louisiana Hayride une admiratrice blonde dine Gheurbi) et des échos de 44 Disqu'Airs COUNTRY OPERA concerts (The Green Escape, 53 Vintage Réédition (13 titres + 9 John Hiatt, Concerts bourgui- 57 Concerts & Festivals démos et un mix TV) de gnons) sans oublier une part 58 Knockin' On Heaven's Door The Ballad Of Sally Rose, importante de l'histoire musicale 59 Le Cabas du Fana premier composé et avec la sortie d'un coffert excep- 60 Coyote Report. Ami-Coyote chanté par tionnel : At The Louisiane Hayride et Vintage, des RÉÉDiTiONS CLASSiC DiGiTAL lectures (sur The Browns et divers sujets musicaux). Nos rubriques sont toujours bien garnies : Avenue Country, Bluegrass & C°, Lone Riders, Du NEWS Côté de chez Sam, Le Cabas du Fana, Coyote Re- Coyote Report port, sans oublier l'actualité du disque (Disqu'Airs). Sur CMH albums des 80's: Knockin' On Heaven's Door se renouvelle hélas COUNTRY WEB BULLETiN The Osborne Brothers (I sans cesse, avec le départ d’amis et de musiciens... Salut amical à Can Hear Kentucky Calling Le courrier fut peu abondant cet été, mais les quelques Gilles Bataille Me), Merle Travis (Travis Plumes de Coyotes offrent matière à réfl exions. qui cède sa Pickin’) The Pinnacle Boys place à Gérard (High Lonesome Bluegrass) Merci à Emmanuel Marin, pour ses photos toujours Vieules, aidé de Nécro : Rachel PAGE FOSTER aussi pétillantes, qu’on peut retrouver en nombre et en Marion Lacroix, (34 ans) kiné, musicienne, couleurs sur son site (www.pixels-live.fr). JP Vinel (Hom- artisane, fi lle de Kelly et Le compte rendu de La Roche Bluegrass Festival mage à G. Béreau) Jacques Rex Foster (cf Le Cri n°73) sera publié dans notre prochain numéro. A ce propos, Donjon et Jacques Dufour ETHNOMUSiCOLOGiE toutes nos félicitations à l'ami Christopher Howard- Nécro : Judy CARRiER (76 Camille Moreddu, alias Williams qui reçoit fi n septembre son Distinguished ans). Chanteuse, guitariste Calamity Mo, a Achievement Award de l’International et auteure de bluegrass. fi ni sa thèse : Association (à Raleigh, USA) pour son rôle dans la A chanté sur le Grand Ol’ "Les inventeurs vitalité du bluegrass en Europe (FBMA, Festival, etc.). Gospel Hour (WSM) puis de l'American fait une carrière (même en de La presse papier perd régulièrement des lecteurs… Europe) avec le groupe des l'époque progressiste au même les magazines spécialisés. Evidemment Inter- Vreeburg et son 2nd mari New Deal (sic)." A suivre net impose ses règles de commodité, de rapidité, GUiTARE ViNTAGE CONFESSiN' THE BLUES d'immédiateté, et d'étendue des sources, créant une Numéro un Compilation de 42 Blues nouvelle manière de consommer, qui se passe parfois, peu inespéré originaux (, sans vérifi cation, d'analyse approfondie. Qu'y faire ? mais "collec- Robert Johnson, Howlin' Notre fanzine offre un outil parmi d'autres. Aux lecteurs tor", quand la Wolf, John Lee Hooker, de le faire vivre par l'abonnement s'ils le désirent... presse papier B.B. King, Chuck Berry, Bo est souvent Diddley, etc.) par les Rolling Ce n'est pas souvent délaissée... Stones (BMG) au profi t de que je publie une photo LES WiTCH DOCTORS la fondation de Willie Dixon de moi... mais là, avec la Le trio de blues/ r'n'r de MARiAGE BLUEGRASSiEUX coyotesque Molly, je suis Jean-Christophe Pagnucco Lauren Price (Price Sisters) ravi et ne résiste pas ;-) (vo, bss) Emmanuel Desnos et Scott Napier, (mandoli- Je souhaite à tous une (gtr) et Olivier Gebenholtz niste de Lost and Found) bonne santé et le maxi- (bat) fête ses 10 ans ! Nécro : Tab HUNTER (86 ans) mum de musiques. FRELON Vs CACTUS PiCKER acteur sex symbol des 50’s, Ph. Gisou Cordialement, Jacques L'ami Jeff Blanc il eut aussi deux succès sur PS : Suggestion : prenez de l’avance et découvrez le chanteur s'est bien remis Dot Records (Young Love Niklas Lazukic (sic) en solo ou avec Lisbeth Hauge. de l'attaque du et Ninety-Nine Ways). Voir frelon qui n'aimait "Vintage : Versailles" dans NB : Vérifi ez les dates de concerts avant de vous déplacer. pas la musique. Le Cri du Coyote n°157 © Un changement ou une erreur est toujours possible On est content pour lui !©

Le Cri du Coyote n°158 page 03 Cette interview, réalisée par Pat Chapelle, était destinée au magazine Back Up. Elle est restée inédite dans les archives confi ées au Cri du Coyote par Joël Herbach. Elle rappelle à tous les amoureux du bluegrass qui ont assisté au Toulouse Bluegrass Festival le souvenir de la présence de John Duffey et de Seldom Scene. Nous la publions à l'occasion de la sortie du disque Epilogue (Cri du Cœur, cf page 33) réalisé par Akira Otsuka, en hommage à ce grand Monsieur qu'on aimera toujours. John Humbird Duffey Jr est décédé le 10 décembre 1996, trois mois après .

Interview : Pat CHAPELLE Toulouse Traduction : Jacques BRÉMOND Le 3 juin 1983 & Christian SÉGURET John DUFFEY

J’aimerais commencer avec les Country Gentlemen, si ça ne vous ennuie pas de remonter… Je n’en vois pas l’intérêt, mais si c’est bref… parce que je ne crois pas que ça me fasse du bien de revenir… que dire ? sur ces souvenirs, mais si vous n’entrez pas trop dans les détails…

Eh bien laissons l’histoire ancienne. Avez-vous toujours The Duck* ? Oui, mais je déteste ça... C’était, euh, comment dire ? Dans cette musique, la rumeur fait son œuvre comme partout ailleurs. Quelqu’un dit quelque chose, et puis… euh, ou pourrait dire que quelqu’un en Californie est au courant , , John Duffey, , , Phil Rosenthal, dès que tu vas chier, si vous voyez ce que je veux dire… Tout a commencé une mandoline, et ils m’ont demandé changer le son en utilisant par exemple par le commentaire d’un de mes amis. de leur proposer quelque chose de très un mélange de sciure et de colle. Je le taquinais, et il me taquinait en différent d’une Gibson, vous voyez. retour, tout cela dans un bon esprit, et il J’ai donc commencé par poser sur le C’est ce que vous avez fait ? m’a dit : "Euh, cette sacrée mandoline papier quelques concepts que j’avais. Non, j’ai juste fait des expérimenta- ressemble à un canard", ou quelque Par exemple, ces deux pointes sont tions avec le sable, pour voir. chose dans le genre, et ça a fait le tour creuses, et j’ai découvert, en mettant du monde, et ça m’a vraiment énervé ! en pratique des vieilles méthodes de Qu’est-ce qui vous a inspiré luthiers, qu’on peut prendre du sable cette forme, au départ ? Ah, je suis désolé... fi n et remplir, par exemple, la pointe du Euh, je ne sais pas, je suis plutôt por- Non, non, ce n’est pas de votre faute, bas, et la mandoline gagne alors des té sur les designs contemporains que vous ne le saviez pas. C’est juste un ins- graves. Si on remplit la pointe du haut sur les antiquités ou les objets avec trument que j’ai conçu de sorte qu’il soit pour la faire... comme si elle dispa- un look vintage, de toutes façons, et un peu différent de tout ce qui existe. raissait, tout devient plus aigu... vous la raison pour laquelle je n’ai pas mis Je sais que cette mandoline fonctionne voyez ? C’est donc très euh… ces de barre d’ajustement, c’est parce que très bien puisque, sur les quatre pre- pointes creuses contribuent beaucoup Martin n’utilise pas de barre d’ajuste- miers albums enregistrés avec Seldom au son de l’instrument. ment, je me suis donc dit, OK, j’ai réali- Scene, c’est la mandoline que j’utilise. sé une petite barre fi xe métallique avec Et puis le manche est devenu… je n’ai Donc on peut ajuster le son, en... une section en "T" (profi l de barre uti- pas mis de barre d’ajustement dessus, Vous pouvez changer le son en rem- lisé par Martin, NDLR) super… Depuis pour la simple raison que la compagnie plissant ou pas ces cavités. Vous pou- quelques années, le manche a donc Martin avait le vague projet de sortir vez le faire de façon permanente pour besoin d’être repris, mais je n’ai plus le

Akira Otsuka et la Duck n°1 (Ph. Joyce Schaum) Akira Otsuka et la Duck n°2 *The Duck : mandoline à la forme très spéciale qu'il a construite quand il était avec les Country Gentlemen. La n°2 a été construite pour Akira Otsuka

Le Cri du Coyote n°158 page 04 La F12 de John (Ph. Akira Otsuka) temps (je ne travaille plus sur les ins- truments), ni l’envie de travailler là- dessus… J’avais réussi à convaincre un gars de travailler dessus, et puis il a changé d’avis, alors… Un de ces jours je me remettrai à y travailler, mais si je devais le faire maintenant... ah ! Mais ce… surnom, ça vient de mes échanges avec ce gars, son nom était Bobby Bryant, et le fait qu’on s’envoyait des vannes, tout le monde dans la pièce l’a entendu, et une semaine plus tard ça avait fait le tour du monde ! Vous pouvez plus corriger ça… Akira Otsuka & John dans son atelier

Ne l’appelez plus jamais The Duck si je pouvais l'emporter chez moi pour qui est très belle, sur laquelle on a des Ça n’aurait jamais dû commencer ! voir si je pouvais apprendre à en jouer. harmonies peu courantes… on utilise Et donc au sous-sol, ou dans la salle des éléments qui sont encore tabous Vous l’avez construite quand de bains et partout où personne ne en bluegrass, comme des sixièmes en on vous a volé votre F12 pouvait m’entendre, j’ai essayé d’en harmonies, et ça sonne bien, un peu Oui on me l’a volée en novembre 1967 jouer (rire). Et je suppose qu’à force comme The Four Aces (rire). et je l’ai récupéree sept ou huit ans c’est un peu venu… J’aime en jouer plus tard… juste là, à Washington, en aussi bien que je peux, mais c’est bien Est-ce Phil Rosenthal qui apporte fait elle n’a jamais quitté la ville. C’est moins important pour moi que le chant. de nouvelles chansons ? incroyable ! Cette mandoline était de Les harmonies en trios et les voix, c’est Pas seulement lui, il en a apporté 1937, je crois. C’était juste après la mon rayon. Je me fi che de savoir si je quelques-unes, j’ai apporté The Exter- vente de l’usine, elle était la même maîtrise un lick de plus ou pas, c’est minator et aussi Peaceful Dreams. Je qu’une F7, mais ils ont changé le nu- comme sur l'album qu’on vient de fi nir, il pense que Phil a apporté Jamaica Say méro, et elle avait un manche court. est orienté sur le vocal, pas sur les ins- You Will, et il a composé quatre chan- La touche était très épaisse, collée truments. Bien sûr, chacun fait de son son qu’on a enregistrées, et… laissez- directement sur le dessus, comme un mieux, mais c’est avant tout un disque moi réfl échir… il doit y avoir au moins model A. J’ai enlevé la touche et le vocal… Comme je disais à Sam Bush, dix titres au total… et, j’ai du mal à me manche, j’ai fi ni de sculpter le dessus qui m’interrogeait sur cet album, je joue souvenir de tout… Ah, il y a aussi une pour, disons Gibson, et j’ai mis un long le niveau de leçon deux (rire) juste ce chanson de Paul Kraft, et d’autres… il manche, et voilà tout. C’est celle que qu’il faut pour remplir les trous… nous a envoyé Born In The Wind, et j’utilise maintenant. c’est une chose un peu, disons, instru- Donc pas de jeu à la Clapton… mentalement aventureuse (rire) parce Vous vous défi nissez d'abord Non, je ne pense pas, en tout cas je ne qu’il y a sans doute plus de parties comme un chanteur qui, joue de m’en souviens pas ! instrumentales que sur les autres… on la mandoline accessoirement, appelle ça un bon trip... même si votre jeu est appécié Que va-t-on trouver sur ce disque ? par beaucoup d'amateurs… (ndlr : , Sugar Hill) Une forme d’acid-grass ? Eh bien c’est vrai, je suis d'abord un Hum… cinq nouvelles chansons, dont Pas vraiment… Pour une des chan- chanteur. Je dois dire que j’ai com- une que vous n’avez sans doute jamais sons de Phil, qui est vraiment formi- mencé la mandoline au lycée, je devais entendue. Je l’ai trouvée… on l'entend dable, on pourrait parler d’acid-grass, avoir 17 ans et… vous connaissez dans un fi lm,The Exterminator, et c’est parce que c’est une nouvelle chanson l’histoire ? Je peux la faire courte… vraiment une grande chanson, qui rend et pourtant elle pourrait être ce que les Un ami de mon père avait au moins bien je crois, c’est différent. Il y a deux Stanley Brothers ou Flatt & Scruggs douze guitares et une basse, et il avait nouveaux gospels. Une chanson de auraient fait il y a 25 ou 30 ans… elle une mandoline, alors je lui ai demandé Jackson Browne, Jamaica Say You Will en a ce parfum... suite au verso Traduction BRÉMOND : Jacques Interview : Pat CHAPELLE Interview & Christian SÉGURET & Christian John DUFFEY Le 3 juin 1983 Toulouse Dick Freeland , John Duffey John (& The Duck) & Carlton Haney (Août 1973) Mike Auldridge &

Le Cri du Coyote n°158 page 05 Quand John sur les routes ?".

Toulouse Starling fai- Alors j’ai dit : "Je Le 3 juin 1983 sait partie du veux bien essayer groupe, il avait à nouveau, mais l’habitude si vous acceptez d’apporter pas mes conditions". mal de chan- En résumé, j’ai dit sons de rock, et quoi qu’on fasse, John DUFFEY maintenant qu’il on le fait en pre- est parti, vous mière classe. Pas continuez dans question que l’on cette voie… se trimbale des Eh bien, les gens mois durant sur & Christian SÉGURET Interview CHAPELLE : Pat nous donnent les routes dans Traduction : Jacques BRÉMOND Traduction des idées, c’est un bus où cha- la seule chose cun va se payer David Grisman, Ronnie Reno, Bobby Osborne, Bill Monroe, John Duffey que nous sollici- & Peter Rowan (guitare !). Atelier : quelques maîtres de la mandoline, à Fincastle VA (1966) l’odeur des pieds tons activement, des autres… un répertoire. Si on rencontre un son- quelques cas bien particuliers, comme Les autres ont dit OK, on le fait comme gwriter, on lui demande s’il a quelque lorsque Phil a cassé son bridge sur sa cela. Et finalement ça nous a plutôt chose pour nous. On reçoit pas mal guitare… et quand on a assemblé le réussi, et je pense qu’une des raisons de bandes, deux ou trois par semaine, 8-cordes de Mike quand il a eu cette pour lesquelles on est resté ensemble la plupart ne sont pas retenues, mais idée. Il est arrivé avec une boite de est parce qu’on n’avait pas à voyager quand même, on les écoute, parce que petits bouts, et on est allé au sous-sol avec le linge sale de chacun, et ça fait de temps en temps on se dit : "Hey pour assembler le tout et voir com- une sacrée différence ! c’est quoi ça ?" ment tout cela allait fonctionner. Puis il a appelé son ami qui fait des Dobros Donc vous jouez plus souvent... Paul Kraft est l’ami de l’un de vous, -je crois qu’il s’appelle Jones- et il lui a Oh mon dieu, on joue tout le temps ! depuis l'époque de l’école ? fait fabriquer un tout nouvel instrument, Oh, Ben Eldridge et John Starling, ils celui qu’il utilise maintenant. En 1974 John Starling a dit : sont tous allés à l’université de Virginie "Une chose importante est que à peu près à la même époque. Vous avez aussi joué du Dobro ? nous ne jouons pas autant que les Oui, il y a vingt ans ! autres groupes, donc quand on Et il a joué avec Jimmy Martin... joue... c’est un peu plus frais". Oui, en effet... Quand vous avez commencé le Hum… Il était en train de raccrocher... groupe, vous aviez tous un boulot mais en même temps qu’il exerçait Et que fait-il maitenant ? Oui, j’avais mon atelier de réparations comme chirurgien, il voulait ne jouer Il écrit seulement des chansons. Il a d’instruments, Mike était un artiste pu- qu'une ou deux fois par mois. Or, avant signé quelques titres qui ont eu beau- blicitaire, Tom était mathématicien, et qu’il ne quitte le groupe, nous avions coup de succès, donc qui lui ont appor- cartographe au National Geographic, déjà au moins deux fois plus d’offres té des revenus importants, alors il peut et John Starling était chirurgien dans que nous ne pouvions en accepter ne faire que cela (rire). Il a écrit Mid- l’armée. On n’avait pas de réelle am- à cause de ses absences. C’est ma night Flyer et il a aussi signé un succès bition ou de grands plans, les choses femme qui tenait les comptes pour pour Kenny Rogers : The Gambler... sont arrivées comme ça, on pensait se nous, et quand on a fait le bilan finan- Il a d’ailleurs signé un tas de chansons consacrer à son boulot et pouvoir jouer cier, on s’est aperçu qu’on pouvait sans qu’on le sache toujours… Il a aus- de temps en temps dans un bar, pour le gagner notre vie avec les concerts, si écrit des chansons comiques, passé plaisir, un peu comme faire une partie seulement si on acceptait de jouer plus un temps, comme Jesus, Drop-Kick de cartes en fin de semaine… souvent, et donc continuer sans John. Through The Goal-Post Of, ou 1/.3.’s Nothing To Clap About’... (rire) Vous ne vouliez pas repartir comme Et le métier vous plait ? avec les Country Gentlemen… Ah oui, et ça continue, même si on joue C’est du meilleur goût ! Non, c’est exact, je ne voulais pas. On cinq jours d’affilée. Evidemment cer- Ouais, certaines sont vraiment mar- était tous satisfaits comme cela, mais tains événements peuvent survenir à rantes, comme It’s Again, Margaret on a commencé à recevoir des appels, n’importe qui, le jour où on n’est pas en qui traite de… (ndlr : un appel élépho- du style "Hey vous pouvez venir à mon forme par exemple. Ou quand la sono- nique obscène). Il y a un chanteur de festival ?" ou "Je peux vous engager ?" risation est défectueuse, et que t'as un country qui a cela à son répertoire. Il puis "Etes-vous prêts à partir tourner gars aux manettes qui te dit : "Je sais arrive sur scène (il s’appelle ce que je fais", alors qu’il ne Hank Wangford) déguisé en fait pas la différence entre docteur, avec de grosses un trou de taupe et son cul, lunettes et une petite se- c’est pourquoi on a un gars ringue reliée à la monture et à nous, qui sait comment il dit : "On va faire une vraie doit être notre son, pour chanson qui fait pleurer"… que le public apprécie notre et au milieu de la chanson il musique. appuie sur le mécanisme et de grosses larmes tombent Il y a des centaines de sur son visage… c'est drôle. festivals aux USA, créés en 20 ans à peine... Vous ne faites plus Oui, plus ou moins, le pre- de réparations ? mier devait être en 1965, Non ça fait plus de six mais il a bien fallu attendre ans maintenant, sauf pour John Duffey très "Rock 'n' Roll" & Tom Gray les années 70 pour que ça

Le Cri du Coyote n°158 page 06 explose vraiment, donc disons que ça Non, car nous n'y marche depuis une dizaine d’années. étions pas invi- tés… nous étions Et vous pensez qu’il y en a trop ? un tout petit peu Oui, peut-être… je veux dire, certains (il imite Carlton risquent de perdre du terrain. Il faut Haney, l’organisa- comprendre qu'on ne joue pas pour teur) : "Je ne sais une bande de hillbillies bornés. Près pas les gars, vous de Washington, où on est principale- êtes un tout petit ment, on a de tout dans le public : des peu trop… mo- ouvriers, des employés, des docteurs, dernes" (rire). des avocats, des étudiants… Un de Mais bon, l’année nos plus grands fans était James Bra- suivante il a déci- dy, l’attaché de presse de Reagan qui dé qu’on pouvait a été abattu dans l'attentat contre le jouer, on a donc président. On joue pour des gens intel- joué en 1966, à ligents, qui savent écouter, et là encore Finnecastle, avant la qualité du son est primordiale… que le festival Je me rappelle d’une année - je ne cite Bill Monroe et John ne se déplace à (avec le chapeau de Bill) pas ce festival, parce qu’on a le droit Berryville… de faire une erreur une année et qu’il Bill Monroe… on peut adapter un tas est plutôt bien géré- il y avait autour de Ça n’a duré que deux ans ? de musiques avec cette instrumenta- 7000 personnes qui étaient prêtes à zi- Oui, puis il s’est associé avec John Mil- tion et ces harmonies vocales… gouiller le gars du son, parce qu’il était ler à Berryville, en Virginie et au Water- un de cette espèce "je suis le dieu des melon Park durant trois ans, ensuite il a Quelqu’un a dit que vous utilisiez potards", je vous assure que la foule acheté son terrain à Northville, en Ca- le bluegrass comme une méthode voulait le lyncher ! roline. Carlton est un peu en dehors du plutôt qu’une tradition… business, il pense qu’il n’a plus besoin Je suppose que c’est juste, car nous Heureusement il y a aussi de faire de la publicité, il gère des festi- n’avons jamais été très chauds pour de bonnes organisations vals qui sont quasiment secrets… Mais être qualifi és de "bluegrass", pas parce Oui, bien sûr, comme le Kentucky Fried je lui sais gré de ce qu’il a démarré, que nous avions peur que cela nous Chicken Festival, lui il est presque trop des centaines de personnes ont pris le fasse de l’ombre, ou nous déprécie, bien réglé (rire) vous savez, ils ont une mouvement en route à sa suite… Carl- mais simplement… quand vous consi- horloge précise alors… Dadadada didi- ton a un drôle de caractère, il estime dérez les publics que nous touchons… di... et hop c’est fi ni ! Le Berkshire est qu’annoncer "Carlton Haney Festival" par exemple au Blossom Center, un en- bien aussi, et pas mal d’autres, comme est suffi sant (rire) même quand il ya droit où se déploient tous les Arts, com- à Cincinnati (Ohio) ou à Gettysburgh, quatre cents festivals en concurrence ! ment qualifi er cela ? C’est un centre (Pennsylvanie), etc. culturel, avec toutes sortes de divertis- Le premier festival a vraiment sements, des ballets, de l’opéra, etc. et Il parait que Telluride… été un événement ! donc nous apportons ce que j’appelle- Oui, on y a été invités cette année, Oui, il a marqué le début d'une époque, rais plutôt de la "musique acoustique". mais on jouait en Géorgie deux jours mais je crois qu’il y avait 150 ou 200 Ce n’est pas que je rejette l’étiquette, de suite... on a consulté les horaires personnes seulement, et au deuxième, mais si on pouvait sortir de ce cadre d’avion, on ne pouvait pas y être avant où nous étions, il devait y en avoir 300 strict et, aussi bien dans les rayons des 17 heures le dimanche, alors ce sera ou 400… Avec nous il y avait les Os- disquaires que dans les classements pour l’année prochaine. Bon, d’un autre borne Brothers, Bill Monroe, je crois des radios, on aurait une audience plus côté… on déjà a joué une fois l’été en que Jim & Jesse étaient là aussi… vaste, comme dans nos concerts. Alors Georgie et j’ai attrapé une sorte de si- que la plupart des radios tournent avec nusite qui revient chaque fois… entre Comment Bill Monroe a-t-il les mêmes éléments limités et répéti- la chaleur et l’humidité… réagi à votre musique ? tifs… je me demande comment ils ne (Rire) (Il imite Monroe) : "Hum, je ne s’endorment pas dans leur boulot… Avez-vous participé au premier sais pas trop d’où vient la musique que festival à Finncastle, en ? vous faites les gars". On a répondu : C’est ce que vous ressentez pour "Ben, on espère qu’on fait aussi du bon la musique country en général ? bluegrass" (rire). Je crois bien qu’il m’a Je pense qu’elle est ennuyeuse, et haï des années durant ! même très souvent emmerdante... De temps en temps, peut-être une fois Vous considériez-vous comme des dans l'année, vous entendez quelque

révolutionnaires en musique ? Traduction BRÉMOND : Jacques Interview : Pat CHAPELLE Interview chose de différent, avec des paroles SÉGURET & Christian Non, on jouait normalement, ce qu’on innovantes et intéressantes ou une avait envie de jouer, ce qui nous plai- mélodie qui procure un vrai plaisir… © sait et correspondait à nos niveaux de (Fin de l'enregistrement) maîtrises instrumentale et vocale...

Pas d’intention subversive ? John DUFFEY Notre seule intention était de propo- ser quelque chose de différent, et c’est sans doute ce que nous avons fait de mieux avec Seldom Scene… il y a une grand quantité de chansons qu’on peut

parfaitement intégrer à notre répertoire Le 3 juin 1983 Jacques Brémond & John Duffey Akira Otsuka Toulouse Toulouse, 1983 et, si elles sont bonnes, peu importe Ph. Jean-François Ignasse qu’elles soient de ou de Cet article est dédié à Joël & Paule Herbach

Le Cri du Coyote n°158 page 07 Jacques DUFOUR AVENUE COUNTRY

SYLViA : Second Bloom - The Hits Re-Imagined SCOTT SOUTHWORTH : Hey Hillbilly Singer Sylvia, le retour. Bon, je vous entends A la lecture des titres des albums enre- déjà demander, Sylvia qui ? La dernière gistrés par Scott Southworth, The Last chanson classée au Billboard par cette Honky Tonk In Town et Hey Hillbilly Sin- native de Kokomo dans l’Indiana remonte ger, on se doute que ce chanteur ne à 1987, ce qui fait quand même trente et s’adonne pas à la nashpop. Cet artiste en un ans ! Sylvia fut cependant l’une des provenance du nord de la côte Pacifi que chanteuses les plus populaires des an- est prisé des revues spécialisées pour nées 80. En 1979 elle sort son premier son style traditionnel. C’est quand même simple pour RCA à l’âge de vingt et un ans. Elle obtient deux pas si compliqué d’obtenir un Cri du Cœur ! n°1, en 1981 (Drifter) et 1982 (Nobody). Tenez, une anec- Vous prenez un bon chanteur comme Scott Southworth dote qui m’est restée pour vous situer la notoriété de cette qui interprète de solides honky-tonks à la manière de Hank chanteuse à l’époque. En 1982, lors d’un voyage aux Etats- Thompson ou Hawkshaw Hawkins (Hey Hillbilly Singer, Unis, je discute dans un truck-stop avec une jolie serveuse The Honky Tonk In Me, Nobody Lives This World Alive, Put (ben oui, j’aimais bien tailler la bavette avec les hôtesses Another Quarter In The Ride, I Ain’t Livin’ Town), quelques des bars et saloons…). Bref, l’accorte jeune fi lle me confi e ballades bien traditionnelles (Nothing Left To Fight For Any- que son rêve était de devenir une chanteuse comme Sylvia. more, Cigar Store Indian), un titre cool façon Je ne saurai jamais si ses espoirs se sont concrétisés mais (Wish I Was Here). Vous ajoutez un super Sylvia faisait des émules. En tout cas j’ai toujours ses al- (Why Can’t Every Day Be Friday Night) et un non moins bon bums vinyles. Elle brillait dans un style qualifi é en son temps rock 'n' roll (Last Stop In Luckenbach). On demande à la pe- de "crossover". C’est-à-dire une country légère, proche de la dal steel de se mettre en avant pour quelques solos. grande variété, et dans lequel s’illustrait également Crystal Au fi nal on obtient un album que Nashville va détester mais Gayle. Pour ce retour, la jolie chanteuse, qui semble ne rien qui sera pour nous le paradis. avoir perdu de son charme, a choisi de réenregistrer ses anciens succès. Comme elle le confi e, avec son vocal actuel SUGARLAND : Bigger et son vécu. Très bien. Mais généralement avec ce genre On se souvient de ce dynamique trio en d’exercice, les fans préfèrent presque toujours les versions 2004 devenu rapidement un duo consti- originales auxquelles ils sont habitués et les jeunes reste- tué de Jennifer Nettles et de Kristian ront indifférents à un style qui était à la mode il ya trente Bush. On ne sait plus trop pour quelle ans. Le joli Tumbleweed et Fallin’ In Love sont bien country. raison chacun est parti pour tenter une Les autres chansons sont placées sous l’étiquette "adult carrière solo dans les années 2010. Jen- contemporary", ce qui correspond chez nous à notre quali- nifer enregistra deux albums de nashpop fi catif de "variété". La voix de Sylvia est des plus agréables, peu convainquant et sans grosses retombées commerciales la musique est mélodieuse, les chansons souvent douces. et Bush participa surtout à des conventions de songwriters Tout est limpide et coule dans vos oreilles comme un fi let notamment en Europe. On parlait depuis quelques temps d’eau qui s’échappe d’une fontaine. Si vous écoutiez na- d’une reformation du duo et c’est chose faite. En revanche guère Kenny Rogers ou Abba, vous aimerez cet album. on n’y a pas vraiment gagné grand-chose. Sur onze titres, huit sont du domaine de la plus mauvaise nashpop, avec GORD BAMFORD : Neon Smoke même un passage en rap, court mais risible, pour attirer les Gord Bamford est un peu le cauche- pré-adolescents. Les trois dernières chansons esseulées mar des émissions country. A l’instar de en fond d’album sont les seules écoutables. Deux ballades, Willie Nelson, qui est le champion en la dont l’une bénéfi ciant de quelques accords de pedal steel matière, et de qui le suit guitare, et un slow dans lequel Jennifer dévoile toute la puis- de près, Bamford sort son album tous sance de son vocal. Une voix accrocheuse qui nous avait les deux ans (2014, 2016, 2018). Et des naguère séduits mais qui est désormais bien mal employée. albums copieusement garnis, quatorze chansons étant un minimum. On ne peut décemment pas : The Mountain le programmer tous les quinze jours. Quand on pense que J’avais été très dur envers Dierks Bentley certains mettent dix années pour pondre une nouveauté, on quand il avait fallu parler de son album pré- se dit que d’autres ne sont pas à court d’inspiration, vu que cédent pour le Cri. Je ne voudrais pas me Bamford ne s’autorise jamais quelques reprises. Le Cana- répéter mais celui-ci ne vaut guère mieux. dien n’est pas le plus traditionnel des chanteurs de country. Il y a quinze ans Bentley faisait pourtant La chronique de son ouvrage précédent avait averti que peu de la bonne country. Il a le potentiel vocal de lecteurs du Cri y trouveraient leur compte. Bis répétita pour. Ce qu’il nous propose à l’heure ac- vingt-quatre mois plus tard. Quantité ne rime pas souvent tuelle c’est de la musique insipide. Des titres mollassons qui avec qualité. Je trouve ce cumul de chansons de country s’enchainent sans qu’on en retienne grand-chose. Ce qui moderne quelque peu lassant d’autant que la guitare au est risible c’est qu’ils se mettent souvent à quatre pour com- son rock n’est que trop rarement appuyée par un instrument poser des chansons qu’un chanteur n’aurait jamais voulu il country, à l’exception de deux ou trois ballades hélas bien y a vingt ans pour fi nir un album. Et il y a tant de songwriters esseulées comme That’s What Grandpas Do, Gold Told Me qui écrivent seuls des œuvres tellement plus intéressantes et Little Cowboys. Là on réussi à entendre une pedal steel mais qui n’intéressent pas les sbires de Nashville. Allez, po- guitare, voir un léger fi ddle. Notons un sympathique duo bien sitivons, si vous aimez ce qui sonne bien moderne, comme country en fi n d’album avec Tracy Lawrence. Gord Bamford Lady Antebellum par exemple, on va dire que quelques titres possède un vocal assez profond qui rappelle parfois Trace se laissent écouter comme le duo avec qu’on Adkins. Plus concis et expurgés des titres trop modernes, peut raisonnablement qualifi er de country. Mais il y a telle- ses albums seraient d’un très bon niveau. ment mieux à découvrir ailleurs...

Le Cri du Coyote n°158 page 08 CALLANDRA : I’m A Country Girl originale du Kaw Liga de . Signalons aussi le Voici une jeune femme qui nous dévoile très traditionnel tex-mex, Tequila Heartache, avec ses inévi- un énorme potentiel mais qui nous dé- tables trompettes mariachis. J’ose espérer que Thad Foster livre en finalité un album décevant. Deux est plus dynamique sur scène et que surtout il voyage avec chansons sortent du lot. Kiss Goodbye son excellent violoniste. qui parait exhumée d’un album de Patsy Cline. Le genre de slow dans lequel ex- HiLARY WiLLiAMS celle Mandy Barnett ou LeAnn Rimes. Et Et de cinq ! Après le grand-père Hank à l’opposé Country Girl qui est un country-rock qui s’aligne Sr, qui ne l’a jamais été concrètement, vu sur le Redneck Woman de Gretchen Wilson. Une énergie qu’il est mort à l’âge de vingt-neuf ans, on rare. Le reste est principalement composé de ballades sans a eu le fils, Hank Williams Jr, puis le petit grande originalité. Il y a même un titre franchement soul. fils Hank III,et la Holy. Voici à L’album se referme sur une magnifique reprise du classique présent la fille aînée de Bocephus, Hilary. How Great Thou Art. A donner le frisson. Callandra doit se J’aurais pu ajouter à la liste familiale Jett trouver de bons compositeurs qui lui proposent des chan- Williams, la demi-sœur de Hank Williams Jr. Si cette der- sons qui habillent son vocal aussi puissant que mélodieux. nière, ainsi que son neveu Hank III, sont respectueux du Et de préférence plus country que celles qui figurent sur cet style de Hank Sr, Hilary a opté pour la nashpop de Nashvlle, album. Et là, le Canada aura trouvé une interprète du niveau et pas la meilleure. Le premier titre, Angel Take My Hand, d’une Martina McBride, d’une Reba et des chanteuses ci- pourrait trouver sa place sur un album de . tées précédemment. Deux ou trois chansons sont écoutables à défaut d’être emballantes, comme le slow The Day After The Circus. Le JOSH WARD : More Than I Deserve reste, Miranda Lambert n’en voudrait pas. C’est mou et ne Cet album aurait pu obtenir un Cri du présente aucune connexion avec la country music. Dernier Coeur s’il n’avait trainé dans sa pre- point : son père aurait pu lui signaler que le titre Crazy qui mière partie trois chansons sans intérêt referme l’album, une ballade variété pas trop désagréable, d’obédience plutôt nashpop. Il faut aussi avait déjà été chanté par une certaine Patsy Cline… patienter jusqu’au sixième titre pour en- tendre le fiddle et la pedal steel. Mais l’at- JOLiNA CARL : Forward Back Home tente vaut la peine car les trois morceaux Troisième album pour cette chanteuse qui suivent sont particulièrement réussis. A Cowboy Can est de country allemande d’expérience. une excellente country song, Another Heartache du pur hon- Nous avions chroniqué son précédent ky-tonk et Home Away From Home un solide country-rock. ouvrage Shades Of Blue paru en 2014 Ajoutons quelques slows ou ballades qui mettent en valeur qui contenait de la country traditionnelle, le vocal de ce Texan dont les intonations nous rappellent du rock 'n' roll, du country-rock mais aussi parfois Travis Tritt, ce qui n’est pas une mauvaise chose. quelques morceaux un peu lourds. Cette La pedal steel est plus en retrait que la guitare qui sonne année, changement radical de décor. La native de Cologne un peu trop rock sur certains titres, mais les bonnes choses a dû traverser une période dépressive ou subir un bon coup l’emportent très nettement sur le moins bon. de blues car elle nous assène neuf ballades pour un total de douze titres. Moi qui ai tendance à piquer du nez quand CC HARVEY : When Money Flies Out plus de deux morceaux lents s’enchaînent… Get Rhythm de Je ne la connais pas mais elle a une Cash est traité façon soul. Faut aimer. Bent Metal est une bonne bouille. C C Harvey est origi- country encore assez gaie et le meilleur titre, Valerie, se rap- naire d’une ville minière de l’Ontario au proche du bluegrass avec , fiddle et mandoline. Toutes Canada. Elle a choisi de se faire appe- les ballades n’ont pas la même saveur, certaines étant plus ler C C en hommage à sa grand-mère country que d’autres. Relevons deux très bons duos, l’un Cecile. Ses influences déclarées sont avec Ray Scott, Wishin’ We Had, et l’autre, un slow bien Elvis, , , les classique, I Wanna Hear You Say It, avec l’excellent Billy Carpenters et Anne Murray, célèbre artiste canadienne de Yates. Le gospelisant Hallelujah très bien chanté plaira à country-variété. C’est bien d’avancer des noms pareils, mais certains. Certainement pas l’album country de l’année. cela aurait été beaucoup mieux d’honorer leur musique en chantant dans un genre qui les rappellerait quelque peu. Or KELLY WiLLiS : Back Bein’ Blue ce n’est aucunement le cas avec cette série de chansons Résumé des chapitres précédents : difficilement classifiables mais beaucoup plus proches de Kelly Willis, originaire de Virginie, enre- la variété ou du pop/ rock. En tout cas elles n’ont rien de gistre son premier album à l’âge de 20 country, ni dans l’accompagnement, ni dans le style. ans chez MCA Nashville, au tout début des années 90. Il fut suivi de deux autres THAD FOSTER : Red Headed Stepchild mais les quelques simples qui sont pré- DUFOUR Cet artiste sera en concertcet automne sentés aux radios ne rencontrent qu’un Jacques dans un festival en Auvergne. Il a la par- succès très mitigé. Il faut dire que la jeune chanteuse est ticularité d’être originaire d’une réserve encore influencée par le qu’elle adore, d’où une indienne située dans une région déser- étonnante reprise du Bang Bang de . Très tôt tique de l’Arizona. Dans cet univers-là fixée à Austin, elle épouse l’un des deux frères Robison, en il ne pouvait pas faire de la musique ur- l’occurrence Bruce. Le couple se produit à Craponne sur baine. Dans le premier titre, Ruffled Fea- Arzon en 2005. Il y reviendra quelques années plus tard.

thers, Foster annonce d’une voix graveleuse aimer Waylon Mais quatre enfants, dont une paire de jumelles, sont venus AVENUE COUNTRY et Willie, Hank et le Possum, Bocephus, Cash et June. Très enrichir le foyer. Kelly se met un peu en retrait de la scène bien. Le menu semble alléchant, mais la suite est moins goû- musicale. Pour que monsieur puisse continuer à faire de la teuse. Thad Foster n’a pas une voix très agréable, parfois musique, il faut bien que madame fasse la popote et change bien nasillarde. Il s’appuie sur une guitare trop rock. Ensuite les couches (lol). La progéniture entrant dans l’adolescence, ses chansons sont monotones, prises sur un tempo sou- il semblerait que Kelly dispose de plus de temps libre et elle vent medium, à de rares exceptions comme le country-rock nous présente donc son premier album solo depuis onze Has Been, les deux country Down The Road et Time For ans. Elle avait toutefois gravé quelques duos sur des albums Goodbye qui bénéficient d’un très bon fiddle, et sa reprise de son mari. Back Bein’ Blue ouvre sur de la country-soul

Le Cri du Coyote n°158 page 09 moelleuse. Les deux titres qui suivent, Only You et Fool’s de Larissa est que, pour utiliser un jargon sportif, elle ne se Paradise, n’ont rien à voir avec les Platters ni avec Buddy met jamais dans le rouge. Pas de prise de risques. Elle re- Holly. D’autant que le premier nommé est une chanson- prend quatre n°1 et deux n°2 en s’appliquant à les restituer nette insipide, à des années lumières du succès planétaire le plus fidèlement possible. Nous avons (Yel- de 1955. La suite s’avère heureusement plus inspirée avec low Roses), Loretta Lynn (You Ain’t Woman Enough), John quelques bonnes chansons country sur lesquelles on peut Denver (Thank God I’m A Country Girl) et Any Man Of Mine entendre le fiddle. Trois titres bien calmes sont également de Shania Twain. Est-ce vraiment nécessaire ? Je pense

AVENUE COUNTRY agréables à l’oreille. I’m A Lover (Not A Fighter) nous rap- que ces reprises sont plus judicieuses dans l’ambiance pelle un succès des Kinks période 60’s mais ce titre fut un d’un concert. Saluons quand même les bonnes versions de Top 10 pour . Ici il se traduit par un excellent Blame It On Your Heart de et That’s What I honky-tonk qui est de loin mon morceau favori, d’autant Like About You de Trisha Yearwood, composée par Kevin qu’il est le seul sur lequel on distingue nettement la pedal Welch. Mais ne faisons pas la fine bouche. L’accompagne- steel guitare. De la country-soul referme l’album comme elle ment est très bon et l’ensemble nous donne un sympathique l’avait ouvert. Kelly Willis ne présente plus l’aspect fougueux album bien country. de ses débuts mais ses fans seront contents de la retrouver Jacques DUFOUR pour un album qu’on peut qualifier de sympathique. SUNDUST ROAD : Faded Features Je suis loin d’être le plus doué du pelo- SARA DOUGA : Boots, Bras And Drawers ton des chroniqueurs en ce qui concerne Saratoga est une ville qui a donné son les recherches sur internet. Ainsi, une nom à une gamme de Chrysler, mais fois de plus, je n’ai rien trouvé sur ce Sara Douga est une chanteuse de groupe Sundust Road hormis le fait qu’il country. Je ne sais pas grand-chose de la s’agit d’un quartet originaire de Tucson, demoiselle en-dehors du fait qu’elle est Arizona, dont on qualifie le style musical originaire du sud-ouest de la Louisiane et comme étant du "honkabilly". Un terme pour moi prometteur. qu’elle a passé son enfance à courir les J’en espérais une sorte de fusion entre honky-tonk et hill- bois et les forêts de sa région. surtout c’est billy, voire rockabilly. On y arrive sur trois titres. Le reste n’a que Sara Douga est une authentique chanteuse de country. rien à voir. Les vocaux se partagent équitablement entre une Certes, son album n’a rien de très original mais il figure parmi chanteuse à la voix plutôt agréable (Caroline Isaacs, alias les plus country que j’ai écouté cette année. Sara possède Shorty Sunduster) et un chanteur dont le vocal est fort quel- un vocal à l‘ancienne qui rappelle Loretta Lynn, surtout sur conque (Sean Fitzpatrick, alias Boots Sunduster). I Dare Not le premier titre, Boots Bras And Drawers qui est un solide To Be Forgiven et Mama Loves The Peterbilt sont de style honky-tonk. Il n’y en a qu’un seul autre sur les douze titres hillbilly-rock. Marmot On The Steel Guitar (?) se rapproche car l’ensemble est surtout du genre paisible à l’exception de du skiffle/ folk. EnfinReady To Want What I Can Have est un l’excellent Spill The Bottle sur lequel vous pourrez danser le bon honky-tonk swing. Les autres titres, dans leur torpeur rock. Le fiddle et la pedal steel sont invités sur la majorité acoustique, ne présentent pas beaucoup d’intérêt. des chansons. Sara Douga ne possède pas le velouté qui lui permettrait de rivaliser avec d’autres chanteuses tradi- JENNi DALE LORD BAND : Reboot tionnelles comme Heather Myles ou Teea Goans mais elle De la chanteuse de ce groupe on ne ver- semble n’avoir aucune envie de tâter de la nashpop, ce qui ra hélas que les semelles de ses bottes nous la rend encore plus sympathique. sur la pochette de cet album. Jenny Dale Lord a passé dix ans à Austin, elle THE YOUNG FABLES : Old Songs s’illustre donc dans la country texane, Derrière le nom des Young Fables se d’autant qu’elle est originaire d’une ville cache un couple (souriant) constitué de mythique en matière musicale, Lubbock, la chanteuse Laurel Wright et du guita- bien sûr patrie de Buddy Holly mais aussi ville d’enfance riste Wesley Lunsford. J’ignore si leur de (entre autres). Le vocal de Jenny n’est pas sans association est purement musicale mais me rappeler celui de Danni Leigh, laquelle se fait quelque ils sont basés à Maryville dans le Ten- peu oublier des studios ces dernières années. Sont registre nessee. Laurel possède une voix des est cependant nettement moins fougueux. Le style de la plus douces et agréables qui la rapproche en style et en Texane est plus calme et néanmoins bien country malgré tonalité de Kacey Musgraves et d’Ashley Monroe. Les chan- un accompagnement plutôt basique, le fiddle n’intervenant sons, qui sont toutes empreintes d’une certaine quiétude, que sur trois titres. Les meilleurs moments sont I Think correspondent davantage à l’univers de l’americana plu- He Still Loves Me, très country classique des années 50, tôt qu’a celui de la country classique. D’ailleurs derrière la le rapide That Song qui est le morceau le plus proche du guitare de Lunsford, qui semble être un bon musicien, on honky-tonk avec appui de l’harmonica, et le country swing entend que très sporadiquement un fiddle, une pedal steel Beautiful Eyes sur lequel domine le fiddle soutenu par le duo guitare ou un banjo. Si vous aimez bien les douceurs, ce caisse claire/ contrebasse. Le onzième et dernier titre Willie disque reposant peut vous convenir. Pour ma part j’aurais (I’ll Drink To That) est une chanson d’ambiance qui semble bien aimé un ou deux titres dégageant un peu plus de peps. avoir été enregistrée dans un bar avec l’appui du public. Un bon album de country music. LARiSSA TORMEY : Cowgirls Don’t Cry Il y a moins d’un an nous avions chro- JONi HARMS : Lucky 13 niqué l’album précédent de Larissa Tor- On connait bien Joni Harms, digne re- mey. Nous l’avions récupéré avec du présentante de la country traditionnelle, retard. Cette fois nous sommes dans par ses albums et ses concerts donnés les clous avec Cowgirl’s Don’t Cry, son en France, notamment à Equiblues. La dernier ouvrage 2018. Il est indéniable cowgirl de l’Oregon a débuté sa carrière que cette ex-chanteuse d’opéra Russe commerciale chez Capitol en 1990 mais établie en Irlande sait chanter. Nous déplorions seulement son style était déjà bien trop classique que son excellent vocal soit utilisé au profit d’une country pour Nashville. Après deux ou trois Top 30 et 40 Joni a re- proche de la variété. Ce nouvel album se situe dans la conti- joint le ranch familial où elle élève des quarter-horses et où nuité, bien que moins "crossover", soit bien 100 % country. elle possède même une plantation de sapins de Noël. D’où Seulement le reproche que je continue à formuler au sujet son intérêt pour la musique country and western. Style

Le Cri du Coyote n°158 page 10 peut-être rétro mais qui lui a valu de multiples récompenses du rock patriotique (In America), du jazz rock avec l’intermi- décernées par la Roy Rogers Cowboy Music Association ou nable Saddle Tramp (dix minutes en public), de la ballade l’Académie des Artistes Western. D’ailleurs ne se considère- acoustique. Mais soyons honnête, pour apprécier cet album t-elle pas comme une "old fashioned girl" dans l’une des ses il faut avant tout accepter une bonne dose de rock dans sa chansons ? A ma connaissance le dernier ouvrage de Joni country avec toujours au premier plan, outre le fiddle, une était intitulé From Oregon To Ireland et avait été enregistré guitare bien aiguisée. Pas pour les romantiques. en public en 2015. Voici treize nouvelles chansons. Pas de surprises. C’est du Joni Harms. Une voix aisément identi- BRENDAN HODGSON : Coming Home fiable (ce qui devient rare) et un accompagnement country On ne peut pas faire plus "country" des plus traditionnels. Les trois meilleurs titres pour moi comme pochette d’album. Oui, mais pour sont le western swing The Loop, le honky-tonk swing Tofu et réaliser un album de country music il ne Merle, hommage bien country classique à Haggard. Cowgirl suffit pas de garer son pick up Ford dans Tuff remue bien. Les autres chansons, peu dépassant les un champ et de poser devant avec sa trois minutes, sont plutôt paisibles et bon enfant. J’ai bien guitare. Brendan Hodgson nous aligne aimé aussi Sweet Summer Hay pour les vieux souvenirs onze ballades new-country qu’il inter- d’enfance. On n’évite pas hélas deux chansons patriotiques, prète d’une voix monotone. Si l’on écoute distraitement, ce qui me hérisse toujours le poil : comme si les soldats et sans s’efforcer de suivre les paroles, on a l’impression que les paysans des autres pays étaient moins honorables que c’est la même chanson qui se répète avec le même accom- les Américains. Il est toujours plaisant néanmoins d’écouter pagnement, bien qu’un violon discret soit présent. Un disque un album d’un style de country qui semble intemporel. que le chanteur a enregistré pour sa famille. ADAM FiSHER : The Sessions At Aura Lea GARETH OWEN : Rolling By Adam Fisher arrive de Caroline du Nord. De temps à autres nous arrive un album Il grandit dans un univers musical et à en provenance de Grande Bretagne. Il l’âge de dix-huit ans il se produit déjà y a toujours eu une scène country dans dans les bars. Il s’établit sans tarder à les îles britanniques, dominée dans les Nashville où il chante dans les cafés de années 50 par le skiffle dont Lonnie Don- Lower Broadway, là même où le groupe negan était la figure de proue. Puis ap- rétro BR5 49 avait pris son envol. Adam parurent les premiers rockers suivis des Fisher nous propose un album assez singulier par le fait groupes pop mais ceci est une autre histoire. Il y a des clubs qu’on ne saurait le définir par un genre particulier. D’abord la dans la plupart des villes où les artistes locaux ou nationaux majorité des titres dépassent les quatre minutes, ce qui n’est se produisent. Beaucoup de groupes animent les bals des pas très fréquent dans la country. Quelques chansons nous associations de line-dance, un peu comme chez nous. Cer- rappellent la manière de chanter de Waylon Jennings. Un tains artistes sont plus marginaux, tels les singer-songwri- vocal profond dans une ambiance totalement outlaw. A côté ters comme Gareth Owen, et ceux-ci se produisent dans de cela une ballade s’apparente au style des Mavericks. les bars ou les pubs. Ce chanteur vétéran est proche des Harlan (Ballad Of A Coal Miner) émarge au country/ folk story-tellers comme Tom T. Hall et des songwriters tels Guy avec son banjo. Carolina en fin d’album est assez sombre Clark ou . Les textes sont certainement plus et évoque l’histoire de la Guerre Civile dans la région avec importants pour lui que le support de la musique. Certaines des tirs de fusils en final. Encore fort différent I’d Sure Love chansons sont un peu longues par rapport à la sobriété de To Know, rythmé par le fiddle et la contrebasse, est un hon- l’accompagnement qui dispose malgré tout d’une pedal ky-tonk comme on le faisait dans les années 50. On se steel guitare. Mes préférences vont au seul slow (pour une doute que c’est mon titre préféré. La pedal steel guitare est fois !) Before I Get To Heaven, et à Rolling By que l’on peut très sollicitée et le dobro en relief sur deux titres. Un album qualifier de country and western. Mais la musique de Gareth country pas comme les autres, mais aussi un artiste différent Owen est difficilement transposable en-dehors des commu- qui suscite l’intérêt. nautés anglophones. CHARLiE DANiELS : Memories, Memoirs : & Miles. Songs Of A Lifetime Songs For The Saints C’est devenu la mode ces derniers Je n’ai jamais compris comment Kenny temps. Réenregistrer ses anciens suc- Chesney avait réussi à remplir les stades cès. Pour toucher une nouvelle généra- à la façon d’une rock star après le départ tion ou par manque d’inspiration ? Char- à la retraite de Garth Brooks. D’une part lie Daniels replonge dans les années 70 je trouve que son vocal est un peu pale et 80 avec bien sûr une énième version comparé aux , Mark Ches- de The Devil Went Down To Georgia. L’unique n°1 de sa nutt, Tracey Lawrence ou Sammy Kershaw. D’autre part carrière en 1979 mais qui est devenu un classique incon- il n’a pas un répertoire très "" avec un certain DUFOUR Jacques tournable qui figure au répertoire de tous les groupes qui nombre de chansons évoquant plutôt le farniente sous les disposent d’un violoniste de talent. Quarante-quatre ans de cocotiers. Le de la country. Assister à un de carrière discographique et à l’âge de quatre-vingt deux prin- ses concerts me ferait peut-être changer d’avis. Mais sûre- temps Charlie Daniels a toujours la banane. Le premier des ment pas cet album. A l’âge de cinquante ans cette année, à quatorze titres est une courte reprise en acoustique du tra- l’image de son pote Tim McGraw, sa popularité a su jusqu’à ditionnel de la Carter Family Keep On The Sunny Side cher présent assez bien résister à l’assaut des nouveaux visages à Rose Alleyson. Sans transition on enchaîne avec Jaguar, de la nashpop. C’est tout à son honneur concernant une car- un rock instrumental qui nous renvoie à l’époque de Duane rière commencée il y a vingt-cinq ans sur un label indépen- AVENUE COUNTRY Eddy, des Ventures ou autres Safaris. Sympa. On passe en- dant (Capricorn) avant de connaître un premier n°1 en 1997. suite à plus classique avec la ballade A Hard Rain’s Gonna Mais si son premier album, sorti à l’époque des néo-tradi- Fall. Puis défilent toutes les facettes musicales de ce dino- tionalistes, contenait quelques bons honky-tonk, aujourd’hui saure du country-rock. The South’s Gonna Do It Again qui Kenny Chesney fait de la musique pour mollusques. A faire est l’un des meilleurs rock and roll qui ait été composé ces passer Don Williiams pour un rocker. Nous avons dix chan- cinquante dernières années. Dans le même genre et avec sons bien cool dont cinq sont très éloignées de la country. toujours un violon ravageur on a droit au non moins excel- En reste dons cinq autres qui se laissent écouter, à défaut lent Drinking My Baby Goodbye. On a aussi du swamp rock, d’être vraiment emballantes.

Le Cri du Coyote n°158 page 11 PAT REEDY : That’s All There Is RiCKY COOK : Thanks A Lot Loretta Peu d’artistes country, finalement, sont Des chanteurs qui rendent hommage à originaires de Louisiane exceptés, de Johnny Cash, ou George mémoire, les frères Doug et Rusty Kers- Jones, c’est relativement courant. haw et leur cousin Sammy. En voici un de Mais honorer une chanteuse et lui dé- plus avec Pat Reedy qui a commencé sa dier le titre de son album, c’est pour le carrière musicale en faisant la manche moins inattendu. Du jamais vu en ce qui

AVENUE COUNTRY près du French Quarter à la Nouvelle me concerne. Ricky Cook remercie Lo- Orléans à l’âge de vingt-et-un ans. Après deux CD en poche retta Lynn, l’une de ses grandes influences avec Dolly Par- enregistrés localement avec son groupe, il se fixe à Nash- ton, mais aussi avec tout de même George Strait et Conway ville et sort son troisième album cette année. Ses influences Twitty. Il s’agit ici du premier album de cet artiste né dans annoncées sont , et Mark le et qui élève à l’heure actuelle des chevaux Chesnutt. N’espérez pas avoir avec Pat Reedy un héritier dans le proche Kentucky où son père était mineur (d’où le direct de l’un de ces trois prestigieux artistes. Certes son rapport avec Loretta Lynn ?). Toutes les chansons ont été album est bien country avec la présence de la pedal steel co-composées avec son producteur J.P. Pennington, ancien Jacques DUFOUR guitare sur tous les titres et occasionnellement le fiddle. Son chanteur de l’un des groupes phares des années 80, Exile. vocal est honnête mais semblable à beaucoup d’autres. Le L’enregistrement a été réalisé à Nashville avec la crème maillon faible repose sur la qualité du répertoire qui n’est pas des musiciens : Brent Mason, John Jarvis, Scott Sanders, très original. Bien country disais-je, mais assez uniforme. Glen Duncan… Donc de ce côté-là on sait que l’enrobé sera Deux ou trois chansons proches du honky-tonk traditionnel, réussi. Quel plaisir d’avoir la pedal steel guitare, le fiddle ou un seul slow. Et huit autres morceaux dont aucun ne se dé- le sur le même plan que la guitare. Cet album aurait marque de l’autre. Un artiste certainement plus intéressant pu être enregistré au Texas car il est musclé et néanmoins à voir sur scène qu’à écouter sur disque. solidement country. Pas la moindre ballade cependant sur douze titres. Donc pas de duos dans le style de Conway/ KAREN JONAS : Butter Loretta. Trois chansons sont bien honky-tonk, autant sont Karen Jonas n’est pas une chanteuse country-rock. Un album fort réussi idéalement conçu pour de country. Son style convient très bien ceux qui aiment que leur country soit dynamique. à l’appellation americana. Ce qui n’exclut pas de trouver parmi les dix titres com- country-folk. Deux ballades sont interprétées en duo avec posés par cette chanteuse originaire de une chanteuse du nom de Sarah Peasall Mc Guffey (?) au Fredericksburg (Virginie) deux chansons vocal des plus agréables. Très peu de titres rapides sur cet bien country dont Mama’s First Rodeo album copieux et pourtant je ne me suis pas ennuyé un seul qui bénéficie de l’appui d’une pedal steel guitare. C’est déjà instant malgré deux ou trois chansons plus proches de la bien plus que sur quantité d’albums enregistrés par de pseu- variété. La voix attachante de John Carter Cash y est cer- do-chanteurs de country moderne. Karen fait souvent appel tainement pour beaucoup. Cette production constitue une aux cuivres sur les morceaux jazzy, comme la trompette bonne surprise et je ne peux que souhaiter une nouvelle bouchée sur Oh Icarus. Pour les chansons douces comme expérience de ce genre offerte par cet artiste qui est le digne Dance With Me ou The Circus elle se rapproche du style de héritier d’une grande famille musicale. Kacey Musgraves. Vous ne danserez pas sur la musique de Karen Jonas mais vous pourrez prendre du plaisir à l’écoute JASON BOLAND & THE STRAGGLERS : de cet album si vous n’avez aucun préjugé sur les styles. Times Are Relative Je ne pense pas avoir déjà chroniqué JOHN CARTER CASH : un album de ce groupe qui en a quand We Must Believe In Magic même réalisé une dizaine depuis 1998. John Carter Cash est le seul enfant né D’autres s’en sont certainement chargés du couple June Carter et Johnny Cash. car Jason Boland and the Stragglers, Il est donc le demi-frère de Rosanne et basé à Austin, est un groupe phare du le petit-fils de Maybelle Carter. A l’origine mouvement "red dirt". Le son des plaines poussiéreuses de il n’est pas un chanteur. J’ai le souvenir l’est du Texas. Passons sur la pochette pas trop racoleuse d’une tentative malhabile de chant lors à mon avis. Le contenu est nettement plus intéressant. Je d’un show de son père en Suisse (années 80 je pense) où m’attendais à un style proche du rock. Il n’en est rien. Cet al- il n’était encore qu’un adolescent aux cheveux longs. Par la bum baigne entièrement dans une country assez classique suite il est devenu un producteur de talent pour quantité d’ar- dominée certes par le vocal de Jason, mais aussi par un tistes majeurs. Les années ont passé, les cheveux de John fiddle impressionnant et omniprésent qui virevolte d’un bout se sont fortement éclaircis, mais son vocal s’est affirmé. Les à l’autre et qui reçoit l’appui sur certains titres d’une pedal dix-sept chansons de cet album ont été enregistrées sur steel guitare bien distincte. Bon, je n’ai guère apprécié une plusieurs années. L’illustration de pochette montre les nom- longue plage plus alternative qui se termine sur les stridu- breux musiciens de talent qui ont participé. lations de la guitare mais tout le reste est sans reproche. La majorité des titres a été co-composée par John. Les De la ballade, du honky-tonk et de la country relativement seules reprises sont We Must Believe In Magic et Hurt, traditionnelle, tout ce qu’on souhaite trouver sur un album et déjà enregistrées par son père, Paradise composée par qui fait pourtant souvent défaut dans la production moderne. et Feel Like Going Home par Charlie Rich. Le Voila une formation dont je vais désormais suivre l’actualité. fils du grand Johnny ne montre à aucun moment son inten- tion de vouloir faire du Cash. Il a bien raison, tant d’autres CHRiS CALLAGHAN : Troubadour s’en chargent. Seul Let The Lower Lights Be Burning laisse Cette édition d’Avenue Country est en- entrevoir quelques échos du vocal de son père. Cet album core riche d’artistes Australiens. Certains de John Carter Cash va bien au-delà de la country tradition- ont un répertoire moderne en rapport nelle. Certains titres sont dans ce genre comme le joyeux avec leur âge, d’autres sont plus proches Holy Train qui aurait pu devenir un classique s’il était sorti des baladins qui chantent le bush ou dans les années 60 ou 70. Des chœurs gospel ajoutent une l’outback. Chris Callaghan est originaire coloration soul sur Feel Like Going Home et Runaway Train. de Nouvelle Galles du Sud et il a la par- Un voile de romantisme recouvre néanmoins cet album ticularité de présenter sur scène un spectacle sur Johnny avec une majorité de ballades et chansons acoustiques ou Cash. Mais pas de reprise du Man In Black pour cet album

Le Cri du Coyote n°158 page 12 qui est l’œuvre d’un singer-songwriter, ou plus précisément et la pedal steel. L’ambiance est bien paisible malgré deux d’un "story-teller". Chris Callaghan est un raconteur d’his- chansons au tempo légèrement rock and roll. On va dire que toires dans la lignée de Tom T Hall. Ses textes sont bien ha- cet album s’écoute avec sympathie, mais il n’est pas vrai- billés avec un fiddle très présent et le vocal est chaleureux. ment indispensable. © Nous avons ici de la country très classique et traditionnelle avec, et c’est quand même étonnant sur douze titres, une ADAM HARVEY : The Nashville Tapes seule ballade, God’s Blanket. Un swing léger se démarque Cet artiste est l’une des figures majeures (Outback State Of Mind) ainsi qu’un très bon honky-tonk, de la country contemporaine austra- The Oldest New Talent. L’album n’est aucunement mono- lienne. Et l’on comprend aisément pour- tone même si l’on ne maîtrise pas parfaitement l’australien, quoi à l‘écoute de son vocal. Je me plait ce qui est mon cas. Troubadour est davantage dans l’esprit à imaginer la carrière qu’Adam Harvey de la country des 60’s et ne présente aucun lien avec la aurait pu faire s’il s’était établi à Nashville musique actuelle. C’est aussi ce qui fait son charme. dans les années 90. Mais l’histoire ne se ré-écrit pas deux fois et le showbu- BiLLY RAY & LORA REYNOLDS : siness de Music City n’établit pas forcément une carrière en Country Music Love Affair se basant sur le potentiel vocal des artistes. Le Canadien Bien que resté dans l’ombre et méconnu Paul Brandt en est l’une des confirmations malheureuses. du grand public, Billy Ray Reynolds a lar- Imaginez un album de douze titres avec un seul slow, la pré- gement contribué à œuvrer dans l’histoire sence du fiddle et de la pedal steel guitare sur pas plus de DUFOUR de la country music en ayant été, d’une trois morceaux, et pourtant The Nashville Tapes est sans Jacques part le guitariste de Waylon Jennings et, doute le meilleur album country qu’il m’ait été donné d’écou- d’autre part, pour avoir composé nombre ter depuis le début de l’année. L’influence de Jennings se de succès pour Johnny Cash, Tanya Tucker, Toby Keith ou ressent sur au moins deux chansons et pourtant c’est Nel- . J’ignore si cet album de quatorze titres qu’il son qui a droit à son hommage avec le brillant When Willie’s vient d’enregistrer avec son épouse Lora est son premier Gone. Que deviendra la country music après le départ de essai. La première chanson qui donne son titre à l’album est Willie ? On le voit déjà alors qu’il est encore là ! Deux ex- plus proche de Don Williams que de Waylon Jennings. Le cellents honky tonk figurent en fin d’album et une surprise AVENUE COUNTRY vocal de Billy Ray est chaleureux et au service d’une country m’attend avec la reprise de Never Be Anyone Else But You à l’ancienne à la manière d’un Gene Watson. La voix est tirée du vaste répertoire de Rick Nelson, un artiste dont je juste en dépit d’appartenir à un sexagénaire (voire peut-être suis fan depuis ma jeunesse, rarement repris, et que l’on octogénaire ?). Celle de son épouse est plus ordinaire. Seul a même tendance à oublier de nos jours. Je classerai cet le dernier titre est interprété en duo. Sinon c’est alternative- album parmi les premiers d’Alan Jackson et de Mark Ches- ment l’un et l’autre en solo. Le piano remplace ici le fiddle nutt. C’est vous dire la qualité. © Retrouvez Jacques Dufour sur Rockin‘ Boy Saloon (Lyon Première) 90.2 FM le dimanche de 20h à 22h (www.lyonpremiere.com) Et dans le Web Bulletin : www.countrybulletin.free.fr

Jean-Christophe PAGNUCCO CONCERT MADE iN FRANCE John Hiatt

Paris, l'Alhambra, 4 juillet 2018 Tennessee Plates, le groupe s’est offert La foule des grands soirs s’est pres- une respiration avec un splendide The sée le 4 juillet, dans la splendide et inti- Tiki Bar Is Open, morceau-titre swin- miste salle de l’Alhambra, pour voir et guant d’un opus du même nom, peut- revoir le grand John Hiatt, qui s’était être un peu oublié aujourd’hui, ainsi fait rare sur les scènes européennes, qu’avec le standard de John, Riding et particulièrement en France, ces der- With The King, souvent repris, notam- nières années. ment par Eric Clapton, BB King… ou le L’occasion promettait d’être double- combo normand Caps and Hats, et qui ment historique. D’une part, le grand bénéficie ici d’une attaque de slide en John, qui après plus de 40 années de règle par le maître Sonny Landreth. carrière et un chapelet d’albums inou- Après avoir joué le reste de Slow Tur- bliables de classe et de talent, s’est John ning, s’achevant sur le mythique Feels hissé au rang d’icône de l’Americana et HiATT Like Rain, John a délaissé la guitare dont les talents de songwriter égalent @ Alhambra pour le piano, pour délivrer en solo son ceux d’interprète, fête, à l’occasion de bouleversant Have A Little Faith In Me. cette tournée, les 30 années de son siste David "Now" Ranson et de l’ex- Le rappel réclamé ne tarde pas, et c’est album classique Slow Turning, qui a cellent batteur Kenneth Blevins. Sonny Landreth qui prend la main, em- marqué pour lui le début de la recon- La soirée fut à la hauteur des espé- menant le groupe dans un groove New naissance par ses pairs et par le public. rances. Dès les premières notes, et orleans impressionnant sur le morceau A cette occasion, l’intégralité de l’album les premiers pas sur cette petite scène Congo Square, avant que la star de allait être jouée sur scène, et l’on sait, d’un John Hiatt tout sourire, heureux la soirée ne clôture la soirée par son depuis que les Rolling Stones et Bruce d’être là et au sommet de sa forme, fameux Thing Called Love. Springsteen se sont livrés à l’exercice, tant à la voix qu’à la guitare, la troupe Un concert inoubliable et très impres- que celui-ci est aussi périlleux pour l’in- légendaire a offert au public chanceux sionnant, auquel on ne pourra repro- terprète qu’exaltant pour les fans. une leçon de musicalité et de soul, pour cher que d’être trop court (1h40). D’autre part, le grand John avait an- servir sur un plateau ce que la musique Espérons que John Hiatt foule à nou- noncé sa venue accompagné de son américaine a de meilleur. veau et très bientôt les planches pari- groupe historique, voire légendaire, à Après avoir égréné, dans des ver- siennes, à l’occasion de la sortie de son savoir les Goners, composés du grand sions parfaites et puissantes, la moitié nouvel opus, annoncé pour l’automne Sonny Landreth himself à la guitare des titres de l’album, de Drive South à (et que je compte bien chroniquer, ô (souvent slide), du remarquable bas- Georgia Rae, en passant par le rockab’ mon rédacteur en chef !). ©

Le Cri du Coyote n°158 page 13 Liane An American EDWARDS CAROLiNA COYOTE in France

Il y a beaucoup d’avantages à être scolaire pour aider à accéder à l’univer- musicienne et avoir deux pays. sité de leur choix. Certes, il faut aimer voyager et ap- Mais la plupart des élèves participent prendre à apprécier les attentes inter- à l’orchestre car ils ont envie de faire minables dans les aéroports et les partie de ce tout musical. L’ambiance gares. Je profi te de ces moments pour est toujours sympa et les défi lés et les observer "la bête humaine", les gens compétitions sont grisants pour les en dehors de leur élément, pressés, jeunes de 15 ans. C’est un spectacle, qui ne se rendent pas compte que travaillé et apprécié par les specta- quelqu’un les scrute... Je peux vous teurs. Beaucoup de très grands musi- assurer que le comportement des gens ciens ont participé à l’orchestre de leur dans les aéroports est le même par- La gérante du General Store et Carolina Rose lycée tels Sara Evans, , tout : agacement, inquiétude, ennui. Ph. Jan Jenson , Steven Tyler, Céline J’en fais partie. Je sais quels aéroports Dion, Aretha Franklin, etc. il faut éviter et ceux dont la navigation guitare, Dewey Farmer était à la man- On ne peut pas dire que le système entre les terminaux est facile. Je sais doline, un vieil homme jouait les cuil- scolaire en France offre autant de pos- quelles compagnies aériennes vous lères avec un de mes cousins au cla- sibilités aux enfants de découvrir leurs accueillent au mieux et celles qui vous vier, JP à la basse et ma grand-mère talents cachés, ce qui est dommage. vendent le billet pas cher qui fi nit par assise dans son rocking chair, tapant La musique à l’école ressemble plus vous coûter la peau des fesses car les des pieds et des mains et chantant à une obligation mal-aimée, avec peu bagages sont payants, les boissons avec nous. Ce n’était rien d’exception- d’équipement et un manque évident de aussi et des sièges guère plus grands nel, mais JP a été charmé. Les nom- fonds. Si l’enfant se découvre une pas- que le siège bébé qui prend la pous- breux enfants couraient partout autour, sion pour la musique, les cours sont sière dans la cave. ralentissant de temps en temps pour payants en soirée après l’école et les Mais une fois que je passe toutes ces chanter le refrain d’une chanson qu’ils motivations sont personnelles. épreuves et que je foule le sol de ma connaissaient bien. Leur tour viendra, Je félicite les musiciens en France qui Caroline natale, je reprends mes habi- d’être à notre place. Saviez-vous que ont choisi ce métier, souvent contre tudes de bonne Américaine. 50% des Américains de moins de 30 l’avis de leurs parents, leurs profes- Je mange tout ce qui se trouve sur ma ans jouent d’un instrument ? seurs et leurs amis ! liste des aliments "de réconfort" (ceux qui sont introuvables ici). Je fais l’im- Voici une des raisons : Mais le fait qu’ils ne m’ont pas per- passe sur mes habitudes sportives. Quand un élève commence le lycée, mis de jouer du soubassophone m’a- J’écoute la radio à fond dans la voi- on lui demande s’il voudrait jouer d’un t-il gâché la vie et mon désir de faire ture, toujours les stations country ou instrument de musique, et lequel. Si de la musique? Non ! J’ai pris la place rock classique et je chante en pous- jamais l’élève n’a pas l’oreille musicale de xylophoniste et j’ai participé quand sant mon chariot au supermarché. ou l’envie, il est dirigé vers les équipes même ! Je lorgnais sur les hélicons, D’ailleurs, quand je le fais en France de sport du lycée (basket, football, vol- juste derrière moi dans les défi lés, en les gens me regardent comme si j’étais ley, golf, baseball, athlétisme, etc.) ou espérant développer assez de muscles bonne à enfermer. bien vers des clubs de théâtre, de vie dans les bras l’année suivante pour le sociale ou autre. Toutes ces activités porter… Si je voulais parler des différences font partie intégrale du programme sco- culturelles (et musicales) entre les US laire, ainsi que les leçons de conduite Etre musicien(ne) en France a beau- et la France, je commencerais là. et les premiers secours. Ceci pourrait coup de bons côtés. Les Français ai- Les Américains ont la musique dans expliquer en partie le nombre de musi- ment la musique live. Malgré la baisse la peau. Elle fait partie de notre culture ciens et d’athlètes qui se dévoilent à un d’affl uence depuis quelques années, au quotidien. Il n’est pas rare, ni même très jeune âge aux USA. je suis persuadée que ce pays reste surprenant, de voir un gamin de trois exceptionnel dans son accueil des arts ou quatre ans assis dans le caddy® Quand l’élève choisit de faire partie et des artistes. Le système de l’inter- au supermarché, chantant à tue-tête de l’orchestre de l’école, il commence mittence permet aux professionnels de (et juste) une chanson de son choix. l’apprentissage de l’instrument choisi. continuer, même dans les mauvaises Les gens continuent leurs courses en J’ai choisi le soubassophone, mais ils saisons. C’est un statut qui ne fait pas lui faisant un sourire, ou parfois ils le m’ont vite découragée, car j’étais trop l’unanimité, car mal compris et par- remarquent à peine. Les enfants sont frêle pour le porter et j’avais l’air d’un fois on en abuse. Mais pour les gens souvent entourés de musiciens et héron qui se faisait étouffer par un py- comme moi, "road warriors" comme on les fêtes de famille dans le Sud sont thon ! Tant pis pour moi. les appelle aux USA (les musiciens qui enjouées par les sons de guitares, font de nombreux kilomètres et le maxi- de et les voix nasillardes des Les cours sont assez rigoureux et les mum de concerts), c’est une aubaine. chants bluegrass et gospel. enfants dédient même quelques se- Etre musicien(ne) aux Etats-Unis veut maines de leur été pour apprendre les d’abord dire de prendre un boulot en Un des meilleurs souvenirs de JP chansons et les "fi gures" qu’ils exécu- journée. Les concerts sont souvent (Jean-Pierre, mon époux) est un Noël teront à la mi-temps de chaque match trop mal payés pour qu’un musicien se chez ma grand-mère Edwards dans sur le terrain de football (américain) et permette de ne faire que de la scène. sa vieille maison de ferme. C’était lors des compétitions. Ils s’entrainent L’accueil est minime dans les petites une maison en bois, blanche, à deux pendant l’année scolaire dans les salles. Elles sont quasiment toujours étages, avec la grande terrasse où la salles/ auditoires, très bien équipées, équipées en son et en lumières, mais balancelle faisait le bonheur de tous en insonorisées et climatisées. Leur par- ne prévoient ni repas ni hébergement été, le verre de thé glacé à la main. Ce ticipation est créditée pour le diplôme pour les musiciens et les boissons sont soir-là, mon oncle et moi jouions de la et compte aussi comme activité extra- souvent payantes. La concurrence est

Le Cri du Coyote n°158 page 14 rude et les musiciens pullulent. Il faut se faire une place, un nom, pour pré- tendre démarcher plus loin et plus haut. Une vieille blague à Nashville le décrit bien en disant que "si on enlevait tous les musiciens de la ville, il n’y aura plus de serveuses ou de cuisiniers dans les bars et restaurants". Mais si un musicien décide de se dé- dier à son art, il a l’avantage de pouvoir jouer tous les jours. On peut trouver de la musique live n’importe quel soir de la semaine, toutefois avec une petite baisse le lundi. Mes parents fréquentaient un RDV bluegrass qui avait lieu tous les jeudis soirs à Gold Hill, NC, une ville perdue au milieu de la campagne. Elle s’est construite lors de la ruée vers l’or et s’est épanouie grâce à la filière d’or à proximité. Mais quand la filière s’est tarie, la ville s’est désertée. On dirait qu’elle est figée dans le temps. De nos jours, sur la rue principale on peut Soirée au General Store, Ph. Jan Jenson voir une vieille station service, un café, une Poste qui n’est guère plus grande velle, on cherche des nouveaux lieux, maines plus tard, j’appelle le-dit agent, qu’une salle de bains, deux antiquaires on rappelle les anciens. On compte sur qui m’indique que le timing du festival et un general store. Quand on entre la parole des organisateurs et la pré- ne tombe pas bien pour le groupe, car dans le general store, on aperçoit tout sence des spectateurs. On espère que un album allait sortir et leur publicité de suite la poêle à bois au centre de la tous les éléments seront réunis pour aux US serait prioritaire. Je suis sur- pièce avec son tuyau de cheminée qui passer une soirée parfaite où les gens prise, car un festival en Europe serait traverse toute la salle au-dessus des partent avec les étoiles plein les yeux toujours beau sur le pressbook, et têtes. Il y a des pots de miel local et de et le sourire aux lèvres. C’est notre pourquoi ne pas viser un public fran- la confiture, des glaces, des boissons passion et notre travail. çais en même temps ? Trois discus- fraîches et… des cordes de mandoline sions plus tard, je laisse tomber, à la et de banjo. Répéter ensemble dans le garage est recherche d’un autre groupe. Les jeudi soirs, ils poussent les pré- sympa, au début. Mais le besoin de Par la suite, le groupe n’a jamais sorti sentoirs, ils alignent les chaises devant faire écouter ses exploits aux autres un album, n’a jamais fait un beau fes- une scène improvisée et accueillent se fait ressentir. Les musiciens ne sont tival en France ou ailleurs et a éclaté des musiciens de bluegrass de toute pas tous bons sur cet aspect du mé- en moins de deux ans. Quand j’ai de la région. Le public s’installe dans les tier : savoir se vendre. Donc certains nouveau croisé la route de la chan- chaises ou les rocking chairs et re- "tourneurs" ou apprentis managers teuse, quelques années plus tard, je lui garde défiler les artistes. C’est là que font parfois leur apparition. Pour les ai parlé de mon invitation. Le dépit s’est j’ai rencontré Carolina Rose, la fille de jeunes groupes, l’idée de la "prise en peint sur son visage, car elle n’avait Bill Monroe et des supers musiciens charge" semble plus facile que de faire jamais eu connaissance de l’offre et qui manient leurs instruments avec les démarches soi-même. Bien sûr, les l’agent n’a fait que soulager leur por- un talent incroyable. Le répertoire est musiciens préfèreraient ne s’occuper tefeuille de son pourcentage sur les traditionnel et les spectateurs sont que de la composition et des spec- contrats qu’ils ont négociés avant de le souvent en salopette, avec une boite tacles. Donc quand un "big boss" se connaître. C’est une leçon de vie, dure- de conserve à la main pour chiquer. présente et leur tend la main, il en faut ment acquise. Ça peut vous sembler cliché, mais peu pour les convaincre de laisser leur c’est vrai ! On écoute, on applaudit, on autonomie derrière eux. Ces gens arri- Mais la musique reste un beau métier, encourage. C’est simplement un jeudi vent, embarquent les jeunes groupes en France et aux USA. Vivre de sa soir comme les autres au fin fond de comme un sauveur avec des pro- passion n’a pas de prix et vaut certains ma campagne. messes et des rêves plein leur attaché- sacrifices. Malgré les incertitudes et case. Souvent, ces mêmes personnes parfois les déceptions, quand on monte EDWARDS

Cet aspect de la vie de musicien pro- usent et abusent le groupe, les vidant sur scène on se rappelle pourquoi on a Liane fessionnel en France est plus compli- de leur charisme et de leur créativité choisi ce chemin. La musique dépasse qué. En dehors de la région parisienne comme un vampire vide sa victime, les frontières et les barrières de lan- et d’autres grandes métropoles, les laissant les cadavres de leurs espoirs gage. Elle est présente sur tous les concerts sont plutôt limités aux week- dans leur sillage. Car ce qui intéresse continents et depuis que le monde est ends, sauf en été. Je suppose que ces tourneurs ce n’est pas la musique, monde. Elle nous touche et, parfois, c’est l’argent qu’ils gagnent grâce aux elle nous libère. Elle nous suit à tra- ceci ne fait que renforcer l’idée de COYOTECAROLiNA certains que les intermittents sont des musiciens. vers la vie, nous rappelant en quelques fainéants, mais je n’ai jamais rencontré Pour donner un exemple, j’ai rencon- notes d’une intro, un moment de notre un musicien qui ne souhaite pas tra- tré un groupe sympa en Caroline il y a passé. vailler plus. Les RTT, les congés ma- quelques temps qui m’a beaucoup plu. La prochaine fois qu’une chanson vous ladies et autres ne font pas partie de Je faisais la programmation du festival interpelle, un beau souvenir surgissant nos vies. Une date annulée égale de de Chaumont et j’avais dans l’idée de derrière vos paupières, n’oubliez pas l’argent perdu. Cet argent sert à payer les faire venir. Je prends contact avec d’avoir une petite pensée pour la per- le loyer et mettre de l’essence dans le eux après le show et ils me donnent sonne qui a écrit cette mélodie : un réservoir. On veut jouer. On se renou- la carte de leur "agent". Quelques se- musicien. ©

Le Cri du Coyote n°158 page 15 Romain Find A DECORET BLACKBERRY SMOKE Light

Comme tout groupe sudiste authentique, Blackberry Smoke a établi sa réputation sur scène avec un son distinctivement issu de la région d’Atlanta, Georgia et Jacksonville, en Floride. Depuis le premier album Bad Luck Ain’t No Crime (2004) l’assise du groupe dépend des gui- tares de Paul Jackson et Charlie Starr. Avec Paul Jackson, le centre musical est le hard-rock à la Lynyrd Skynyrd et ils ont tourné avec eux, mais aussi Zac Brown Band et ZZ Top. Cependant Charlie Starr a de nombreuses autres sources d’inspiration comme le gospel, le blues, le hillbilly et le bluegrass. Après le succès de Like An Arrow, n°1 au classement country du Billboard et en Angleterre aussi, la roue a tourné et l’orientation musicale a changé, accor- dant plus de place aux musiques traditionnelles dans les compositions de Charlie Starr, qui est désormais le boss du groupe. Il s'exprime sur l’évolution de Blackberry Smoke et l'album Find A Light. Rencontre dans le lobby d’un hôtel parisien du XVIIIème arrondissement. Charlie Starr est un "longhair guy" très fin connaisseur en musique. Il est accompagné du batteur Brit Turner… Moteur. L’interview peut commencer.

Ce nouvel album est plus éclectique D’où vient l’inspiration pour cet Mais I’ll Keep Ramblin’ sur lequel il musicalement que les précédents. album bien différent des précé- joue est un boogie shuffle rapide. Le C’est voulu ? dents ? Les fans de la première gospel, je l’ai gardé pour les Wood Ce n’est pas un hasard. Pour com- heure vont probablement être Brothers, un groupe de bluegrass avec mencer nous enregistrons désormais quelque peu décontenancés… des vocaux angéliques qui illuminent la sur notre propre label, Three Legs Il nous fallait rester loyaux envers nos chanson Till The Wheels Fall Off. Records et nous faisons ce que nous influences personnelles qui sont le rock voulons, dans les limites de nos pos- stonien -Rolling Stones et non pas sto- Faire jouer du gospel par des musi- sibilités. Cela nous a très bien réussi ner- avec le blues et le bluegrass. Le ciens de bluegrass et du boogie avec l’album précédent, Like An Arrow. gospel est un point commun important rock par un spécialiste du gospel à entre toutes nos influences... la pedal-steel, c’est voulu aussi ? D’où vient le Totalement ! Tu nom Three Legs vois, l’époque Records, j’ai déjà n’est pas si éloi- entendu cela… gnée où il n’y C’est de Robert avait pas de Johnson dans distinction entre Preachin’ Blues : les musiciens, "I got three legs country, blue- to truck on, baby grass, hillbilly, please don’t block gospel ou rock. my road*". Un hit country (*J'ai un char- comme He’ll gement de trois Have To Go jambes, chérie, s'il de te plait, me bloque pouvait deve- pas le passage). nir un succès Brit Turner : Il y a chanté par Solo- un doute sur cette mon Burke. Ray troisième jambe, c'est une canne, une Tourner extensivement avec Warren Charles est un autre exemple... guitare ou autre chose ? Ah ah ah ! Haynes & Govt’ Mule a été une sorte Nous voulons faire tout pour que ceci de catalyseur aussi. Nous avons réa- redevienne possible. Il faut briser cette Pour ce nouvel album Find A Light, lisé que tout est possible à jouer musi- séparation artificielle créée par les la- c’était un défi ? calement, la Mule n’a pas d’œillères ! bels, Robert Randolph en est capable Il y a toujours un défi à relever après J’ai écrit les chansons sans penser à et nous aussi. Je suis sûr que la dé- un album à succès comme Like An réduire notre vision musicale. Puis je cade suivante sera différente, un chan- Arrow. Il m’a fallu du temps pour écrire les ai jouées à Paul Jackson (guitariste gement majeur. J’en parle souvent les chansons. Je voulais nous distan- lead), Richard & Brit Turner (basse & avec Warren Haynes…. cier du son commun à tous les groupes batterie) et Brandon Still (claviers) et ils d’Atlanta, nous éloigner du hard-rock ont ajouté leurs propres styles. Vos projets immédiats ? et du métal. J’aime et j’apprécie la mu- Nous sommes en tournée aux USA sique des groupes du Sud qui sont nos Il y a des invités de marque : jusqu’ en octobre puis nous venons en premiers inspirateurs. Lynyrd Skynyrd Amanda Shires, Robert Randolph, Europe, avec un show à Paris au Ca- est au départ influencé par le british- The Wood Brothers. baret Sauvage le 31 octobre. Le même blues de Free, puis par le métal, les Vous avez écrit en fonction d’eux ? mois il y aura une édition spéciale de Black Crowes des frères Robinson, de- Pour Amanda Shires, il était évident Find A Light avec en bonus les Sou- venus the Magpie Salute, ont toujours que cette chanson country de songwri- thern Ground Sessions enregistrées eu un côté jazz/ blues et rock. Pour ter, Let Me Down Easy était idéale pour à Nashville en acoustique. C’était fan- notre nouvel album on ne pouvait pas sa présence vocale. Robert Randolph, tastique de jouer les mêmes chansons, rester dans ces limites en copiant nos nous l’avons rencontré plusieurs fois mais dans un format acoustique. Il y amis… On ne voulait pas continuer à pendant les tournées et son jeu en a des chansons de l’album avec des fond dans le heavy-metal. slide "sacred steel" m’inspirait. inédits comme You Got Lucky de Tom Petty, chanté par Amanda Shires. Discographie : Bad Luck Ain’t No Crime (2004), Little Piece Of Dixie (2009), The Whippoorwill (2012) Live A Scar Live North Carolina (2014), Holding All The Roses (2015), Like An Arrow (2016) A bientôt à Paris ! © Find A Light (2018), Find A Light + bonus Acoustic Southern Ground Sessions (2018) www.blackberrysmoke.com

Le Cri du Coyote n°158 page 16 Eric SUPPARO LONE RiDERS

La série américaine True Detective a fait -à juste titre- grand bruit lors de sa première saison en 2014. La Louisiane poisseuse, des acteurs inspirés, T-Bone Burnett aux commandes de la B.O., tout était réuni pour ce succès. The Handsome Family, signant la chanson du générique, a gagné à l'occasion quelques nouveaux fans, Le Cri s'est fait l'écho de ce duo épatant depuis très longtemps… La deuxième saison, il y a trois ans, n'a pas eu la même recon- naissance. Pourtant, au milieu d'un ratage certain, Burnett a distillé quelques perles… Leonard Cohen et puis, lors de séquences récurrentes dans un bar vide, une fi lle seule accompagnée de sa guitare électrique a illuminé la chose. Son nom est Lera LYNN. Trois albums sous le bras et une présence fasci- nante. Les chansons présentes dans True Detective ont été co-écrites par Lera, T-Bone Burnett et Rosanne Cash. My Least Favorite Life et Lately sont de purs joyaux. Alors depuis, on suit le parcours de la dame… Ce nouvel al- bum, Plays Well With Others, vient à point pour fi xer défi nitivement les idées : Lera Lynn est une interprète et songwriter de tout premier plan. Enregistré "live en studio", acoustique, en Alabama dans le studio de John Paul White, Lera Lynn cet ensemble de duos est remarquable de tenue, intemporel et inspiré. Neuf titres, dont deux covers (on apprécie l'étendue du territoire entre le Wolf Like Me du groupe New- Yorkais TV on the Radio, et la vieille scie country Almost Persuaded, 1966), et partout cette noncha- lence, mariée à une mélancolie au goût parfait. On pense parfois à Pieta Brown, The Cowboy Junkies ou Emmylou, pour les tonalités vocales de Lera, mais ce cocktail est juste unique, beau et d'une délicatesse rare. Parmi les (nombreux) invités, on note le splendide Crimson Underground partagé avec Rodney Crowell, What Is Love, folk-song aux allures de futur standard, avec Dylan LeBlanc, les magnifi ques arrangements de cordes pour Same Old Song, avec Peter Bradley Adams. Musicalement, des parfums sixties planent sur certains titres (Roy Orbison sur In Another Life, George Harrison sur Nothing To Do With Your Love…) et d'autres penchent vers un univers pop-rock (Breakdown). Bref, si Lera Lynn reste très confi dentielle en France, il est encore temps de rattraper ce train. Il est lancé à toute allure et ne vous attendra pas !

Venu de Vancou- d'ouverture Busy, pop en diable et Cap à l'Ouest enfi n, ver, Canada, Doug très effi cace. Scar est un slow-tempo pour ce duo basé à Andrew est tout beatlesien réussi, mais ce qui fait la Nashville, CJ SiM- aussi méconnu force de cet album, c'est peut-être le MONS (Christian & dans nos contrées. trio de chansons qui clôt le lot, Gone Jessica Simmons). Son groupe The CiR- Away, Your Kind Of Man et surtout ce Une formation amé- CUS iN FLAMES sort superbe Night Ride Home, qui réveille ricaine jusqu'à l'os, Outside America, gentiment l'esprit de Grant Mac Lennan dans le fond et la opus folk-blues avec option country. et des australiens Go-Betweens (avex forme. Le micro partagé (les deux pro- Une dizaine de chansons qui bénéfi - une pincée de Springsteen). Mélodie tagonistes vocalisent aussi bien sépa- cient de l'histoire du bonhomme (Doug au millimètre, chant haut-perché, pro- rément qu'en harmonie), un répertoire offi cie depuis 30 ans sous différentes duction aérienne et élégante, le titre qui couvre du terrain entre country- formes…), de l'épaisseur de sa voix, parfait. Bravo Thomas. rock et folk-blues, un savoir-faire que gorgée de soul et d'humanité. Instru- l'on devine hérité de nombreuses soi- mentation majoritairement acoustique Sawdust & Rust rées au fond des bars. Anywhere That (banjo, mandoline, guitares), et belles est le projet de Isn't Here et We All Need A Little Grace histoires, une plume de haute volée, Patrick RYDMAN sont taillés pour la radio, les up-tempo cet album est fi er de ce qu'il est, et n'a (Suède) et Benja- country doivent ravir les amateurs de aucune raison de ne pas l'être. Légi- min PETERSEN (Îles danse en boots (You Can Count On Me time, parfois âpre, toujours maîtrisée, Féroé) : une ren- et Baby's Gone) et le tout semble être cette production a du charme et de la contre lors d'un d'une belle sincérité. Humble et pro à force. Doug excelle dans les ballades festival au Groen- la fois ! puissantes comme Woke Up In The land, un titre écrit en commun (Caro- River ou Closer To Montgomery, où line, une réussite), et le reste qui suit La voix haute et ve- la fi liation Dylanienne est claire. De la naturellement. Une production ample, loutée de Thea HOP- belle ouvrage… avec des ingrédients folky, aspirations KiNS fait du bien. soul (Tumbling Dice, Out On A Limb) et Elle enveloppe et Etape suédoise emballage pop-rock. Ma préférence va raconte, emporte (Göteborg pour aux titres les plus épurés, comme The certainement. être plus précis) : Shade Of Your Skin ou Mellow, où la Sur les six titres de LOVE ON DRUGS est voix de Patrick "sort" le mieux. Un al- l'album Love Come le groupe de Tho- bum pro, propre, au format qui devrait Down, on découvre une artiste tou- mas Pontén, déjà séduire largement… chante avec un fi ddle omniprésent, un repéré au sein de Little Green. Deux Lera Lynn www.leralynn.com - The Circus in Flames http://dougandrewmusic.com ans après son premier album, Thomas Love On Drugs https://loveondrugs.bandcamp.com/releases remet le couvert pour un menu mi-pop Sawdust & Rust www.sawdustandrustmusic.com mi-americana, Solder. Le mélange CJ Simmons www.cjsimmons.com - Thea Hopkins www.theahopkins.com fonctionne à plein régime pour le titre Mike Spine www.mikespine.com

Le Cri du Coyote n°158 page 17 banjo discret mais important dans cette mise en scène, et COYOTHÈQUE une écriture d'une belle pré- cision, émouvante et abou- Going Our Way : My Life With Jim Ed Brown tie. Originaire de , Becky Perry Brown & Roxanne Atwood Thea possède ce talent rare, (Ouvrage en anglais. Clovercroft Publishing, 2018) LONE RiDERS LONE un don pour transmettre ses émotions sans emphase et Il est toujours intéressant de parcourir les récits autobiogra- sans trop de vernis. Tamson phiques, même rédigés par d’autres, des personnes qui à l’instar Weeks est remarquable à de Becky Brown, ont traversé en première classe les à cotés du cet égard. Jolie découverte. rêve nashvillien de la seconde moitié du XXème siècle. Comment une jeune reine de beauté et danseuse, issue de pa- On ter- rents épiciers à Pine Bluff, se voit un soir de la fin des années 50 mine par cueillie à domicile par une star naissante venant la chercher en le volu- limousine. Eblouie par le charme d’un crooner en pleine ascen- Eric

SUPPARO mineux sion, elle l’épouse et l’accompagne en parfaite ménagère et mère de famille jusqu’à son Forage décès. Jim Ed Brown a incarné avec ses sœurs la quintessence du Nashville Chrome, & Clean cette commercialisation des closes harmonies formatées pour toucher avec succès un de Mike public pop excédant les limites rurales nord américaines. SPiNE. Le récit chronologique est assez éprouvant, le lecteur ignorant de ce qu’est le Nashville Une présence sur la scène sound, tout comme le musicologue, n’y retrouveront pas leurs petits. de Seattle depuis plus de Pourtant l’affaire n’est pas dénuée d’intérêts : sociologique, historique, anthropologique. vingt ans, au sein de At The Spine, combo énergique et La condition féminine pour commencer, nous donne un cas clinique de femme confor- électrique, puis avec The miste soumise vivant dans la crainte de dieu et le culte de la maternité. Le woman’s lib Beautiful Sunsets, plus ten- des années 60 ? Pas d’abonné au numéro. Jim Ed n’est pas le mauvais gars, mais que ce tés par le folk-rock. Mike soit les longues semaines d’abandon en caravane pendant qu’il tourne, ou les aventures propose avec ce double avec les groupies en chasse de trophées, elle pardonne tout. Il faut dire que les copains album de résumer son par- de monsieur, , Johnny Cash et Jim Reeves savent faire la fête. cours sur une trentaine de La force du clan familial des Brown titres, oscillant, de façon écrase Becky, le père Brown étant surprenante, entre du rock d’ailleurs persuadé que la carrière lourd et nerveux (Mouth Of musicale du fils n’est pas sérieuse, ne Hell, Kiss & Remember) et trouvant rien de plus avisé que de le des ballades plus posées pousser à venir lui prêter main forte et acoustiques (The French dans son exploitation forestière sur son Girl, Meteorite). temps libre, au détriment de sa jeune Je dois avouer préférer cet femme ! Malgré tout, elle reste fasci- aspect de ses productions, née par l’ascension de cet homme, et épiques égalements mais il y a de quoi. Le chapitre le plus riche, avec des couleurs moins bien que trop peu développé, concerne usées que les titres élec- les années 60. La famille déménage triques présentés ici. Mike en périphérie de Nashville et accom- est également très actif, pagne la naissance d’une industrie de dans sa vie et son trajet la musique et des médias. artistique, dans la défense On découvre chez ces artistes, issus le plus souvent du sous-prolétariat, la reconstitution des droits sociaux de tous, d’une communauté rurale, avec la construction d’un quartier de villas imitant un village. accès à la culture dans les Les relations entre les vedettes sont celles d’une famille élargie, quasi claniques, avec quartiers en difficulté, et cet toute la force des réseaux de solidarité, mais aussi, implicite, du poids des conventions. élan-là mérite aussi le plus On vit ensemble, on dépense ensemble, on s’ennuie ensemble. grand respect. © Et parfois les failles apparaissent. L’alcoolisme de Maxine Brown, capable aussi de jurer comme une poissonnière, la manie de Brenda Lee de marcher pieds-nus, le vide culturel, comblé par d’amusants mimétismes : on fait construire la copie de la villa d’ parce qu’il a du goût. Ces gens ont des sous. Ils découvrent le monde. A l’orée des an- nées 70, on prend le premier 747 pour Londres avec des passagers qui se pomponnent pour l’occasion. Des tournées auxquelles les épouses sont parfois associées, dont le casting fait rêver : , Brenda Lee, Jim Ed, Bill Anderson … Becky s’occupe : après le mannequinat, elle donne des cours de danse et monte une troupe. Jim Ed traverse les années 60 et 70 avec assez de hits pour maintenir une confor- table situation matérielle. Becky et lui vont divorcer et se remarier en 1980 après qu’il a eu une histoire tristement médiatisée avec une chanteuse qu’elle ne nomme jamais. Une fois encore, c’est la religion, omniprésente, qui la pousse au pardon (médiatisé lui aussi) et l’amène à faire partie des reborn christians. Tout ceci est exprimé avec candeur, une foi charbonnière en béton armé qui reste pour moi un objet exotique et fascinant. Chris & Bill (Dore l'Eglise, 1992) Couvert d’honneurs, Jim Ed s’éteint d’un cancer des poumons en 2015, entouré des Christopher Howard-Williams siens, poussant sur son lit mortuaire un dernier set de gospel avec et les a été distingué par l'IBMA pour sa Whites ! Jusqu’au bout, la mise en scène se confond avec l’intime. © Eric Allart réussite à créer et développer La Roche Bluegrass Festival, pour son activité comme ex-président de la FBMA et ses Sans colorant, que du plaisir, en Noir et Blanc ! divers engagements bénévoles en faveur Le du Coyote des musiques bluegrass et acoustiques. Sur abonnement, pour 4 saisons Toutes nos félicitations amicales Anciens numéros 25 Euros les 5 numéros - 45 Euros les 10 numéros et... coyotesques ! Offre spéciale vente groupée : 60 € les 20 numéros

Le Cri du Coyote n°158 page 18 Romain Bad DECORET Tony Joe WHiTE Mouthin’

Après Hoodoo et Rain Crow, deux albums de compositions personnelles extraordinairement bien observés sur la vie dans le Deep South, Tony Joe White met en marche sa machine à remonter le temps avec Bad Mouthin’. Il a réuni des blues parfois obscurs de Charley Patton, Lightning Hopkins, Jimmy Reed et John Lee Hooker, ainsi que les deux premières chansons qu’il a maquettées en 1964, dont celle qui donne son titre à l’album. Le plus remarquable ici est la manière caractéristique de Tony Joe White d’interpréter ces morceaux. Il joue le blues tel qu’il devrait l’être, en faisant appel aux éléments de la nature et la question de l’authenticité ne se pose même pas. Enregistré dans le studio de sa maison de Franklin, Tennessee, le choix d’une guitare acous- tique "spanish" transpose ce jeu du côté de John Lee Hooker et Lightning Hopkins, ses deux influences princi- pales, bien qu’il sorte lorsqu’il le faut sa Stratocaster 54, son vieil ampli Fender Tweed et la fameuse Swamp Box de Polk Salad Annie, une fuzz londonienne maintes fois démontée et révisée avec de nouvelles fonctions rajoutées à chaque fois sur une période de 50 ans. Interview

Comment est né cet album ? Jody et l’ingénieur du son, Ryan (Rire)… Wow ! Il y a longtemps. McFadden, ont trouvé l’écho Bad Mouthin’ est la première qu’il fallait. Nous avons déplacé chanson que j’ai écrite, en 1964, le studio de ma maison jusqu’à quand je suis parti de Louisiane la grange. Du bois partout, le pour le Texas... Je jouais dans son était parfait... un club de Kingsville, The In- ferno et tout le monde utilisait "Down The Dirt Road Blues" ce terme que je n’avais jamais de Charley Patton n’est pas entendu avant -bad mouthin’- un choix évident… pour désigner ceux qui disaient C’est ce titre qui a inspiré Rol- du mal d’eux. Je suppose qu’au- lin’ & Tumblin’ à Willie Newbern jourd’hui cela se fait sur Internet puis Muddy Waters. Je l’ai trou- pour détruire la réputation "digi- vé dans un coffret de réédition tale" de quelqu’un... de Charley Patton. J’aime le J’ai écrit la chanson et je la drive de ce blues et les évé- jouais souvent dans le club, le nements que Patton évoque, public l’aimait. Je suis allé l’enre- comme un conteur. gistrer dans un studio pas cher -10$ le titre- près de la frontière Mais beaucoup de ses mexicaine, à McAllen. Bad Mou- contemporains l’ont traité thin’ et Sundance Blues sont les de "racketteur"… deux premières que j’ai enre- Il vendait du moonshine (alcool gistrées. L’année dernière, j’ai de contrebande, ndlr) dans ses réécouté ce disque que j’avais shows. Il a aussi tenu plusieurs gardé, bien avant mon premier album, tavernes et c’était dangereux dans le Black & White en 1969. J’ai décidé de Stockholm Blues est de la période où Mississippi. Son Spoonful traite de ce les refaire. Boucler la boucle… j’ai écrit Undercover Agent For The Blu- thème en filigrane. Muddy Waters m’a es. J’ai été prolifique en Suède ! Cool dit qu’il avait beaucoup appris de Char- Sur l’original, vous aviez déjà cet Town Woman et Rich Woman Blues ley Patton, pour le chant. arrangement à la Jimmy Reed ? sont plus récentes… Oui, j’écoutais ses disques depuis que "Baby Please Don’t Go" est parfois j’avais appris à jouer de la guitare. Les Comment avez-vous choisi attribué à Mary Johnson ou Joe rythmiques de Jimmy Reed sont les les différentes reprises ? McCoy ou encore Big Joe Williams, premières que l’on apprend. Big Boss Retravailler mes premiers titres m’a vous jouez le solo de Lightning Man est aussi sur l’album. inspiré pour reprendre mes héros. J’ai Hopkins ou John Lee Hooker… beaucoup écouté mes vieux disques et Je l’ai entendue d’abord par Lightning Quelles autres chansons avez-vous mes CD, ou même mes cassettes et Hopkins, son solo fait partie des pièces écrites sur cet album ? mes bandes de Muddy Waters, Howlin’ que j’ai apprises quand je jouais au Wolf. J’ai eu la chance de retrouver un rare 78t de Lightning Hopkins avec Bad Dreams en face A et Awful Dreams en face B. Il fallait que je les enregistre !...

"Awful Dreams" sonne comme un disque Excello des fifties, c’est un effet voulu ? C’est dû à mon batteur, Fleetwood, que j’appelle ainsi parce que jouer avec lui est aussi confortable que rouler en Ca- dillac... Je l’ai appelé pour qu’il vienne soutenir la rythmique. Il l’a fait très dis- crètement en jouant avec des balais et juste sa grosse caisse pour marquer les temps. Le résultat était exacte- ment ce que je recherchais. Mon fils

Le Cri du Coyote n°158 page 19 Texas. John Lee Hooker joue ce même superbe ESP. Pour les autres titres, j’ai Bad Mouthin’ solo ou non, suivant ses différentes joué sur ma Strat 54 avec un vieil ampli versions... Fender Tweed et ma Swamp Box.

Il semble que vous ayez accordé Avez-vous joué avec les bluesmen votre guitare en drop-D dont vous reprenez les titres ? (avec la corde grave en Ré) ? J’ai joué avec Lightning Hopkins en Pas seulement en drop-D, mais aussi studio sur un album à L.A., pendant ma totalement en open-tuning de Ré parce période de musicien de studio. J’ai joué

Tony Joe WHiTE Tony que cela convient à des titres comme de l‘harmonica avec lui. Baby Please Don’t Go. J’ai découvert Jimmy Reed : j’ai été invité à jammer que le son de Lightning Hopkins et sur scène à Corpus Christi, on a joué John Lee Hooker sortait plus facilement Baby What You Want Me To Do à deux Quand j’ai enregistré Polk Salad Romain sur une vieille guitare acoustique, avec guitares. Pour moi, c’est inoubliable, DECORET un micro bien placé devant. C’est une je n’avais pas encore écrit Polk Salad Annie, Felton Jarvis, qui était alors le petite "spanish" que j’avais offerte à Annie à ce moment. On a fini avec producteur d’Elvis, lui a fait écouter ma fille Michelle quand elle avait 4 ans. Big Boss Man et il m’a demandé de le disque et Elvis a aimé le titre. Il l’a J’avais écrit une grande partie de mes prendre mon harmonica. enregistré et ensuite, il m’a invité à Las chansons sur cette guitare avant de la John Lee Hooker m’a invité aussi et Vegas. On jammait ensemble dans sa lui donner. C’était mon vieil instrument il aimait ma voix. Nous sommes d'ail- loge et il m‘a montré Heartbreak Hotel de travail, que je gardais pour jouer à leurs restés en contact, il me télépho- et demandé de lui apprendre des riffs la maison et écrire. Je l’ai reprise en nait assez souvent. de blues à la guitare acoustique. Le échange d’une Stratocaster et d’une lendemain, il se souvenait d’un riff sur Il semble y avoir une longue quatre ou cinq... Il a repris plusieurs de Origine des titres de Bad Mouthin’ histoire derrière votre version de mes chansons : I’ve Got A Thing About - Bad Mouthin’ (Tony Joe White) Heartbreak Hotel d'Elvis Presley... You Baby, For Ol’ Times Sake et Rainy - Baby Please Don’t Go Night In Georgia. (Joe McCoy/ Big Joe Williams, Tony J’ai voulu reprendre Heartbreak Hotel Joe White s’inspire des versions de comme aurait pu le faire Arthur Crudup. Lightning Hopkins/ John Lee Hooker) Elvis était du Mississippi et il était, entre - Cool Town Woman (Tony Joe White) autres choses, un bluesman naturel. - Boom Boom (John Lee Hooker) - Big Boss Man (Jimmy Reed) Vous avez encore des titres qui - Sundown Blues (Tony Joe White) ne sont pas sur Bad Mouthin’ ? - Rich Woman Blues (Tony Joe White) Oui, de quoi sortir un autre album. - Bad Dreams (Lightning Hopkins) - Awful Dreams (Lightning Hopkins) Vous allez tourner en Europe ? - Down The Dirt Road Blues Le disque sort le 28 septembre et je (Charley Patton) vais jouer en octobre à Paris, au New - Stockholm Blues (Tony Joe White) Morning, avant d’aller en Australie. - Heartbreak Hotel (Mae Axton/ En attendant, je dis bonjour à tous les Tommy Durden/ Elvis Presley) lecteurs du Cri du Coyote… ©

ANCiENS NUMÉROS DiSPONiBLES Burnette, Randm Records, La Roche Bluegrass CRV Craponne, CD : ADRESSES 128- Christian SÉGURET Delaney Davidson, Dobro, Lubbock 148- GiLDAS ARZEL, Leon’s Lone Star Cowboys, American Johnny Bond, Joni Harms 142- PASSiON BLUEGRASS , Deke Dickerson, Epic, Billy Cardine, Whiskey Myers, DiSTRiBUTiON 129- Festivals, , Paul Franklin, Vassili Caillosse, Eddie Spaghetti, Kris Kristofferson, Jean-Christophe Frémeaux & Associés : Bearfoot, Gerry Griffin, Bob Wills H.Williams, Capos & Dobro, Part Rds Eric Kristy, Red Foley, Ric Cartey, Pagnucco, Muriel Calmel, Avenue www.fremeaux.com 130- SONS OF NAVARONE, 143- GENE AUTRY Specialty Records Country, Bluegrass & C°, Lone 20 rue de Giraudineau, Johnny Cash, Country Rendez-Vous Terry L. Hale, Emmanuel Marin, 149- Tennessee Ernie FORD, Riders, Vintage, Disqu’Airs 94300 Vincennes 131- Brad PAiSLEY Everlys, Irene Kelley, Bill Wyman, Stephen Stills, David Waddell, Mary 155- DiVE BOMB STYLE DixieFrog : King Rds, Johan Asherton, Bob Wills, Johnny Winter, Bob Wills, FBMA Reynaud, François Vola, Bill Keith (Uchronie), Billy Gibbons, Sonny www.bluesweb.com Irish Steel Guitar, Hank Williams 144- DU SEXE DANS LA 150- Landreth, Fred Travers, Tex Ritter, 9 rue de la Marquette 132- ENFERS DE LA COUNTRY COUNTRY ? Ryan Bingham, La Roche Bluegrass, Everly Bros, J.P. Erick Millet, Charlie Thompson, 02600 Retheuil MUSiC DES 60'S Roger Lyobard, Tennessee Ramblers, Harris, Sawmill Sessions, Festival Label Brunswick, Tim Henderson, Bear Family : 133- SANSEVERiNO Hank Williams, Derroll Adams, Bob Cajun, Big Beat, Hillbilly Hoedown, Leon' Lone Star Cowboys, Irish Stel www.bear-family.de Marty Robbins, Driving Bells, Bar X Wills, Pedal Steel, Patuxent Records, London Vs Heliodor, Tony Joe White, Guitarn Hillbilly Bop, , PO Box 1154 Cowboys, Mike Auldridge, King Rds Stevie Ray Vaughan, Joe Cocker Autour du Banjo, Bob Wills, Concerts Erik Sitbon & Gildas Arzel, Krüger 27727 Hambegen, All 134- COUNTRY MUSiC 145- STURGiLL SiMPSON 151- Conway TWiTTY, Jett Brothers, Sanseverino, Runawaiz, Frank Roszak : ALCOOL & JUKE BOXES Lonesome R.B., James McMurtry, Williams, Manu Bertrand, Charlie Country, Bluegrass, Lone Riders www.roszakradio.com Maurice Mattei, W.Lee O'Daniel, Bakersfield, Subway Cowboys, Daniels, Romain Decoret, Christmas 156- Tommy EMMANUEL, 7400 Sepulveda Blvd# 330 Charlieu, Ian Kent, Rockin' Gone Derwood Brown, Charlieu, GRT, BB Album, James Intveld, Buck Owens Pauline Andrès; Billy Harlan, Van Nuys, CA 91405 USA 135- D. ADAMS & J. ELLiOTT King, Tut Taylor, Thierry Loyer, Craig 152- Merle HAGGARD Whitney Rose, Paul Franklin, Atlantic Patuxent Music : Frank Solivan, Thomas Hine, GRT Shaw, Quatuor, J.J. Milteau & Working Man Blues, Country en France, Leon Chappelear (3), www.pxrec.com 136- ECHOS DE FESTiVALS 146- PEE WEE KiNG Gones, Martha Fields, Hawaiian Bobbie Clarke, Equiblues, Avenue PO Box 572 Long Chris, JJ Cale, Tommy Collins Bernard Boyat, , Swing, Cochran Brothers & Suzi, Country; Bluegrass & C°, Lone Rockville MD 20848 USA 137-138- LA COUNTRY MUSiC Kenny Butterill, CRV, La Roche Buddy Devil Make Three, Molly Tuttle, Jeff Riders, Vintage, Disqu'Airs Brambus : S'EN VA T'EN GUERRE Emmons, Dobro, Johnny Meeks, Chaz, Philips Rhythm, Tommy Allsup, 157- Molly TUTTLE, , www.brambus.com Chess Country, Brian Lopez, Gene Richard Young, Apollo Hillbilly Hillbilly Bop, Nikki Lane Liane Edwards, Pierre Specker, Josh Bergfhalde 8874 Wooten, Tommy Collins, Festivals 147- LAURETTE CANYON 153- DELMORE BROTHERS, Graves, Skeets McDonald, Albert Mühlehorn, Suisse 139-140- WAYLON & WiLLiE Hank Williams Jr, Bill Keith, Le Jim & Jesse et Chuck Berry, Jean- Lee, I’m With Her, Sierra Hull, Peter Hemifrån : Mike Aiken, Erik Sitbon, R.Q Jones, Chat Mort, Festival et Concerts, Marc Delon, Pedal Steel : Charlieu Rowan & Red Wine, Avenue Country, www.hemifran.com Jimmer, Crystal Springs, Phil Everly, (Pokey Lafarge, Sanseverino, Bob et United Steels Of Europe, Dobro Bluegrass & C°, Lone Riders, Steel Spadvägen 8, SE-513 50 Jack Treese, Long Chris, Dylan, Charlie Richard, LeRoy Mack, 8-cordes, Studio Goldband, Sawmill Guitare en Italie, Label Versailles, Sparsör, Suède 141- Malcolm Yevlington, Convention Sessions, Nuit du Rockabilly, etc. Du Côté de chez Sam, Disqu’Airs, , Merci de citer Le Cri Hank Penny, Bobbe Seymour, GRT Irlandaise Pedal Steel, Johnny 154- Jeff SCROGGiNS, Hervé Verdier, Marc Alésina. dans vos contacts.

Le Cri du Coyote n°158 page 20 Voilà maintenant quelques éditions que le festival de Craponne-sur-Arzon opère sa mutation vers un programme plus éclectique en matière de styles de musique présentés et en proposant des artistes ayant une notoriété plus forte chez nous, avec pour but avoué de s’ouvrir vers un public plus large et plus jeune. Pour entamer sa qua- trième décennie, un nouveau tournant a été pris avec un changement de nom et une nouvelle identité visuelle plus moderne. Mais si l’image a changé, la philosophie demeure avec la volonté de présenter des artistes américains en exclusivité et souvent pour la première fois en France. Adieu donc Country Rendez-Vous et bienvenue à The Green Escape (Music Festival) qui annonce la couleur : "Rock, Country et Folk".

Henri GORGUES & Jean-Michel iACONO 27-28-29 Photos : Emmanuel MARiN The GREEN ESCAPE juillet

Pour cette 31ème édition, si la musique Si le pari était osé, il fut malheureuse- les trois jours par rapport aux deux country americana est bien représen- ment loin d’être gagné, la météo capri- années précédentes, et ce malgré les tée avec 10 groupes et artistes de dif- cieuse, les matins du weekend, ayant quelque 5000 enthousiastes qui se férents styles -du bluegrass au honky sérieusement mis à mal les program- pressaient sur le site dimanche grâce tonk- les têtes affiches sont issues de mations du festival Off sur les places aux renforts de la Quo Army, souhai- la diversité musicale : Southern Ave- et dans les rues du bourg, et peut être tons que la pérennité du festival, avec nue, groupe de soul blues de Mem- refroidi l’ardeur des festivaliers. ce niveau de qualité dans sa program- phis, et la légende Status Quo. Avec une fréquentation en baisse sur mation, puisse être assurée !

La fête a bien commencé avec Karim Alkama et son gang terminent la soirée. Leur show est fait des compositions Appaloosa pour essuyer les plâtres et chauffer un public originales du guitariste chanteur Tony Brusca qui alterne encore épars avant la première tête d’affiche, Sam Outlaw. chansons sombres et humoristiques, du tempo médium Sam est une étoile montante au rock le plus endiablé, bien secondé vocalement par le de la néo-country sud-califor- bassiste Paul Zinn, aux harmonies inspirées des duos de nienne, au répertoire original frères (des Delmore aux Everly) et qui prend parfois sa man- mâtiné de tradition et teintée de doline sur les ballades en délivrant ses lignes de basse au mexicana, qu’il qualifie lui même moyen de pédales Taurus ; le tout drivé impeccablement par de "so-cal country". un batteur énergique : Christopher Amaral, dont le frère, On sent bien, dans ses com- Steve, guitariste titulaire, était remplacé pour l’occasion par positions, les influences plutôt Greg Baxter. Tony est même descendu chanter au milieu proches du folk et de la scène du public… ça et une éclipse de lune en même temps, deux californienne des années 60 et nouveautés d’un coup pour Craponne ! 70, bien entouré d’un groupe solide, et secondé vocalement Samedi après-midi, la pluie qui était tombée toute la mati- par la talentueuse Molly Par- née a heureusement laissé la place à un soleil généreux den qui chante en solo la seule pour l’apparition du seul groupe de bluegrass programmé cette année : Newtown. reprise du set, le superbe Some- Sam Outlaw day Soon de Ian & Sylvia Tyson, Première déception et pas des moindres, Kati Penn rendue célèbre par Judy Collins, Williams n’a pas pu faire le déplacement. Elle qui était la que Sam présente comme sa seule violoniste à l’affiche est remplacée par une jeune chanson country préférée. chanteuse : Vicky Vaughn, contrebassiste dans son propre Rédiger un compte rendu à groupe, mais dont le moindre défaut est de ne pas jouer deux voix permet des nuances de violon. Elle chante debout, les bras ballants devant un d’appréciation : si pour l’un de pupitre sur lequel elle lit (découvre ?) les paroles des chan- nous Sam a délivré un set as- sons, et qui dissimule partiellement d’aimables gambettes sez froid et sans empathie, pour dévoilées par son mini-short. l’autre le concert a depassé ses Jr Williams, visiblement en souffrance, gêné par le soleil grandes espérances (au pas- rasant, assure tant bien que mal mais ça n’a pas le niveau sage, notons que les deux al- Molly Parden qu’on attendait de cet excellent groupe par ailleurs. Le gui- bums officiels,Angeleno et Tenderheart méritent une écoute tariste titulaire, Hayes Griffin, absent lui aussi, est remplacé plus attentive) avec une pedal steel garciesque et une gui- par l’excellent Justin Moses qui n’est autre que l'époux de tare clarencienne, sans oublier trois titres en rappel et un la mandoliniste Sierra Hull… et on se prend à rêver qu’il final ironique Jesus Take The Wheel And Drive Me To A Bar ! ait pensé à emmener Madame avec lui pour cette courte escapade en pays vellave… Le set fut honnête sans plus, et The Nickel Slots, un groupe de quadras du nord de la Cali- certainement pas meilleur que ce que Molly Tuttle aurait pu fornie qui mélange le des 60's et le punk offrir dans les mêmes circonstances… anglais de la fin des 70's avec une énergie communicative, Mais bon…pas de polémique !

The Nickel Slots Newtown J.R. Williams

Le Cri du Coyote n°158 page 21 La très atten- à l’énergie débordante de juillet 27-28-29 27-28-29 due Tommy Ash leur charismatique chan- a fait l’unanimité teuse Tierinii Jackson qui avec son honky- semblait sans limite, bon- tonk nerveux et dissant dans tous les sens, tranchant, parfai- jusqu’à bien après sa sortie tement secondée de scène ! Un groupe gui- par un groupe sé- tare-basse-clavier-batterie

The GREEN ESCAPEThe GREEN rieux mené par son qui a assuré comme tous guitariste de mari, ces requins de studio qui Benjamin Blanc- ont fait la renommée de Dumont, français Memphis. Mention spé- comme son nom ciale au guitariste, et com- Emmanuel MARiN : Emmanuel Photos l’indique et qui ma- positeur de la plupart des Tierinii Henri GORGUES & Jean-MichelHenri GORGUES iACONO nie sa Telecaster titres, Ori Naftaly et à la Jackson avec l’énergie d’un batterie de la sœur de la chanteuse, Tikyra Jackson, au Mike Henderson. jeu plein de subtilités et de puissance. Après un départ en Son répertoire al- fanfare, et une suite de titres qui donnaient envie de danser Tommy Ash terne ses propres comme des dingues, le rythme s’est un peu ralenti, alter- compositions et quelques reprises bien choisies de Merle nant ballades et mid-tempo. Le public ondulant et sautant le Haggard à Waylon jennings pour un set qui enthousiasme sourire aux lèvres, chantant, tapant des mains, en réclamait le public qui en aurait bien repris encore un peu après le toujours plus, jusqu’à un troisième rappel. Il faut bien avouer deuxième rappel ! que le plaisir l’avait emporté sur les doutes.

Mike & The Moonpies Mike & The Moonpies

Mike and the Moonpies prennent ensuite la scène, tous sur Dimanche 15 heures : le soleil de plomb qui inonde le pré un seul rang, du clavier à la pedal-steel. Ce groupe texan, et la chaleur torride qui en qui s’est fait connaitre depuis quelques années avec des résulte incitent plus à la albums inspirés du country-rock californien des 70's, bien recherche de la fraicheur avant qu’on étiquette cela du terme fourre-tout d’americana, qu’à voir ce qu’il se passe délivre un set assez froid, malgré le sympathique déchai- sur scène si ce n’est pour nement du bassiste plutôt survolté. Il faut reconnaître qu’ils admirer Hayat, la chan- ne furent pas aidés par un son qui a desservi les claviers teuse de Loolie and the et surtout la pedal-steel, ce qui paraissait incompréhensible Surfing Rogers, qui (dé) au vu de la dégaine et de la carrure du gars qui en jouait… vêtue en conséquence, Il a fallu attendre le rappel pour que tout rentre enfin dans enchaine avec énergie de l’ordre, ce qui en rajoutait dans les regrets. sa voix particulière, des reprises de standards six- ties et des compositions du groupe montreuillois emmené par le saxo de Mathias Luszpinski. Hayat (Ph. J-M. Iacono)

Southern Avenue

La vraie nouveauté du festival fut Southern Avenue, un groupe de soul et rhythm & blues, qui emprunte son nom à une rue de Memphis, dont les musiciens sont originaires. Leur premier et unique album à ce jour est sorti l’an dernier sur le label Stax, ce qui fait référence. Ils ont mis le feu, grâce Loolie and the Surfing Rogers (Ph. J-M. Iacono)

Le Cri du Coyote n°158 page 22 Blue Water Highway Status Quo

Suit Blue Water Highway, un groupe basé à Austin, fondé met instantanément en transe les premiers rangs. par deux amis d’enfance, Zack Kibodeaux et Gregory Es- Si la légendaire Telecaster verte de ’57 est désormais au sington, originaires de la Louisiane, et bien imprégnés de placard, le son est toujours là, et le groupe enchaine ses tous les styles de musique qu’on y rencontre. Ils sont parve- tubes pendant 70 minutes sans un répit. nus à développer un univers musical qui leur est propre avec On se surprend même à chanter à tue tête sur Down, Down un son bien léché et des harmonies vocales complexes. ou Rockin’ All Over The World avec la banane d’une oreille Bien secondés par Catherine Clark aux voix, et un excel- à l’autre… Status Quo après 40 ans de scène, sait encore lent batteur bien funky, ils ont fait étalage de leurs talents donner un show joyeux et emballant, à la grande surprise aussi bien de vocalistes que de multi-instrumentistes tout au des sceptiques… et des musiciens américains qui les dé- long de leur set avec des compositions originales très fortes couvraient… étonnant, non ? et des reprises de clas- Enchainer derrière un siques de Townes Van monstre sacré n’est pas Zandt ou de chose aisée, il fallait une aussi bien que de pop bête de scène, et la pari- 70's comme The Chain sienne Gaelle Buswell de Fleetwood Mac et le en est une, et bien plus superbe Rikky de Steely encore ! Un blues rock Dan. endiablé servi par une Le public, déjà bien garni voix puissante et un phy- des uniformes de la Quo sique à l’avenant, la belle Army, leur a fait un bon a scotché le public resté accueil amplement méri- nombreux jusqu’a la tra- té, à la hauteur de la qua- ditionnelle jam finale. lité du show produit. Elle a été concoctée une Les bâches placées en fois de plus par Manuel fond de scène sont alors Julvez, et qui a rassem- retirées et découvrent blé tous les musiciens alors deux murs d’amplis encore présents, jusqu’à Marshall blancs et une Michaal Benjelloul Gaelle Buswell un final en apothéose batterie surélevée dont la grosse caisse estampillées des avec la reprise de The Weight admirablement emmenée par deux lettres SQ laisse peu de doute sur ce qui va suivre… Blue Water Highway, avec le renfort de Michaal Benjel- Les cinq vétérans du blues-rock anglais prennent la scène, loul, le guitariste de Gaelle. chemise blanche immaculée et pantalon noir. Francis Rossi C’était la première fois que ce titre emblématique était repris grimace, surpris par l’éclat du soleil rasant et se débarrasse lors de cette traditionnelle jam. Une elle manière de conclure illico de son gilet noir avant d’attaquer l’intro de Caroline qui ce festival. ©

Backstage : J'ai eu le Toutefois elle ne pense Tommy revendique une forte complici- plaisir de rencontrer que "country music", et té avec toutes les nouvelles artistes qui Tommy Ash, accom- sa vocation de chan- sont apparues ces dernières années, pagnée de son époux teuse lui est venue aux USA entre Nashville et Austin, et au et guitariste Benjamin dès le plus jeune âge. Canada. Pour n’en citer que quelques-

Blanc-Dumont. Elle donne son premier unes : Sarah Gayle Meech, Nikki Lane, iACONO GORGUESHenri & Jean-Michel

Pour évoquer sa vie, sa concert à 13 ans. , Whitney Rose, Sunny Photos : Emmanuel MARiN carrière, ses projets et Elle a quitté l’Arizona Sweeney… un sujet qui me tient à pour Nashville, partie Tommy est bien consciente que ces cœur, la nouvelle scène East, le côté outlaw de jeunes femmes participent à un renou-

féminine qui apporte la ville. Elle est fan de veau de la musique qu’elle aime et joue, The GREEN ESCAPE du sang neuf dans la Benjamin & Tommy Merle Haggard dont elle en y apportant un discours plus proche country. Tommy Ash (le surnom donné fit la première partie, de Waylon Jen- des réalités de la vie. Le sentiment par ses parents) est née à Phoenix nings, de Dwight Yoakam, de Loretta d’appartenance à une communauté les où ils tiennent un western store, dans Lynn et Jessi Colter pour les femmes. encourage dans leur démarche. lequel est entré un jour Benjamin, pour Elle sort son premier album en 2013, Voilà pour l’essentiel, qui résume cette en ressortir accompagné… Voilà pour salué par la critique. Le deuxième de- belle rencontre improvisée, sans se l’intime. Sa famille écoutait beaucoup vrait paraître en fin d’année. Une tour- prendre au sérieux et empreinte de 27-28-29 de musique, mais elle était plus portée née suivra, et pourquoi pas en Europe bonne humeur. © juillet sur le rock, genre AC/ DC… même si cela lui paraît lourd. Texte & Photo : Jean-Michel Iacono

Le Cri du Coyote n°158 page 23 Sam PiERRE DU CÔTÉ DE CHEZ SAM

Cette rubrique d'automne possède une forte coloration féminine, non pas parce que c'est à la mode, et qu'il faut bien rendre aux femmes (au-delà de la musique) la place qui est la leur, mais parce que leurs œuvres le justifi ent.

Marty Fields Galloway s'est d'abord : "Je ferai comme si la Seine Je ne peux terminer sans fait connaître en tant que Texas Mar- était le Colorado et la Tour Eif- citer une nouvelle fois les tha, mais c'est sous le nom de MARTHA fel un grand puits de pétrole… musiciens, français, qui dé- FiELDS qu'elle publie aujourd'hui Dan- C'est très bien, je suis perdue montrent un talent hors pair : cing Shadows (Continental Record dans la musique, je ne peux Serge Samyn (contrebasse), Services). J'avais déjà été enthousias- me fi xer, c'est très bien". Olivier Leclerc (violon), De- mé par son disque précédent (Sou- Le thème de l'éloignement nis Bielsa (batterie et percus- thern White Lies, Le Cri #150) mais je est souvent présent : Exile sions), Manu Godard et Vin- crois que je vais devoir trouver de nou- (avec une connotation politique : "je me cent Samyn (claviers), Manu Bertrand veaux superlatifs, tellement le nouvel sens étrangère dans mon propre pays, (artiste multi-cordes qu'on ne présente opus est fort (parfait ?) de bout en bout. j'ai si peur pour mon pays natal"), Okla- plus) et, nouveau venu sur disque, Ur- La maîtrise de l'écriture de Marty homa On My Mind, West Virginia In My bain Lambert (guitares). La présence s'affi rme au long des quatorze titres et Bones, et c'est dans ce registre que et le talent de ce dernier donnent une l'album, pourtant copieux (il dure près Martha est peut-être la plus touchante. plus grande liberté à Manu Bertrand d'une heure), semble court à l'écoute. La tonalité du disque est globalement qui fait étinceler tout ce qu'il touche. Du rockant Sukey au paisible Lone country-rock, avec parfois des accents Martha Fields s'impose désormais Wolf Waltz, l'artiste nous prend la main bluegrass comme dans Demona ("je comme une référence et son cercle pour visiter les recoins de son âme, préfère être sous l'herbe bleue qu'ano- s'étend désormais en Europe, au-delà avec une émotion toujours présente et nyme en Normandie"), les ballades de nos frontières. Elle fait assurément une forte dose d'autobiographie, avec succèdent aux rocks tranquilles et partie des grandes aux côtés, par ce tiraillement entre France et Amé- mélancoliques avec un titre plus léger, exemple, de . © rique bien résumé dans Paris To Austin Hillbilly Bop. https://texasmartha.com

Une autre grande dame qui nous invite à La voix de Tish, le violon de Gene Elders, la pedal steel de la danse est GRETCHEN PETERS avec Dan- Marty Muse se joignent aux guitares et à l'accordéon pour cing With The Beast (Scarlet Letter Re- donner à l'album un air de fête, parfois teinté d'une douce cords), son premier album original depuis mélancolie. Tish l'annonce dans le morceau titre : "À l'ouest Blackbirds en 2013. des montagnes de Tucson/ Je me trouverai une nouvelle Gretchen, c'est la grande classe, une chanson à chanter/ Je m'élèverai de la grand route vers le écriture d'une grande fi nesse, une voix ciel/ Où je laisserai tous mes soucis derrière moi". qui s'affi rme, en nuances et en sensibilité, de disque en disque. Toujours entourée de ses partenaires Deux, c'est mieux qu’une : c'est ce qu'ont favoris ( et aux guitares, Barry compris MELiSSA CARPER & REBECCA PA- Walsh aux claviers), elle nous offre un disque hors du temps, TEK qui proposent onze Brand New Old- des mélodies qui se revêtent parfois de strass, comme The Time Songs (indépendant). Boy From Rye, précédé de Wichita (plus près des racines Tout est dit, ou presque dans le titre. avec le dobro de ) et suivi de Disappearing Melissa s'est fait connaître avec la Car- Act, rock tranquille et lancinant. Cette succession de climats per Family, Rebecca a publié en 2015 illustre bien le talent de Gretchen Peters qui, au bout de plus l'excellent Come Up And Meet Me aux accents bluegrass. La de deux décennies, sait se renouveler sans se renier. première joue de la contrebasse et du banjo, la seconde de la guitare et du violon et toutes deux ont composé, ensemble Une carte postale du Texas, pour elle (pour deux d'entre eux) ou séparément dix titres, le onzième aussi la première depuis cinq ans, nous (Death Of Sis Draper), étant dû à Guy Clark et . est envoyée par TiSH HiNOJOSA. L'album On est dans la musique à l'ancienne, entre folk et country et s'appelle West (Tish Records). l'on sent en permanence le souffl e de quelqu'un comme Jim- Il est né, un matin d'août 2017, d'un mie Rodgers. S'il entendait les deux dames, le maître se ré- réveil plein d'un optimisme inspiré, jouirait à l'écoute de chansons comme Put On Your Shoes, Tish retrouvant, au sortir d'une période Old Sweet Home ou, plus encore, Almost Forgot About You, sombre de sa vie, une clarté perdue titre émouvant, le seul pour lequel Melissa troque le banjo depuis longtemps. Notre Texane s'est saisie de sa guitare pour la guitare. Simplicité et talent : il n'en faut parfois pas et les chansons sont venues come une vague de musique. plus pour faire un beau disque, un des plus attachants qu'il C'est accompagnée des fi dèles Marvin Dykuis (guitares) et m'ait été donné de découvrir récemment. Chip Dolan (piano et accordéon) qui coproduisent le disque, qu'elle a mis en boîte treize titres dont quelques-uns fi gurent Whitney Rose nous avait presque fait parmi ses meilleures compositions : Church Of The Mission oublier qu'avant elle, une de ses compa- Bell, I Can Be The Wind ou Roses In The Rain. Il y a aussi triotes avait mis bottes et short au ser- les reprises de chansons d'amis disparus : Maria Consuelo vice d'un indéniable talent. LiNDi ORTEGA Arroyo de Tim Henderson (on croirait la chanson écrite pour nous rappelle avec Liberty (Shadowbox elle tellement l'interprétation est belle) et Only One Angel Music) qu'elle est toujours là, après une de Jimmy LaFave, mais aussi What Am I Doing Hangin' période de profond découragement. Round (de Michael Martin Murphey), Cryin' Out Loud (de Un EP, paru en 2017, avait servi d'avant- Chip Dolan) et Perfi dia (d'Alberto Dominguez), seul titre en coureur à cet album fort de onze titres originaux et d'une Espagnol. reprise, agrémenté par ailleurs de trois cours instrumentaux

Le Cri du Coyote n°158 page 24 (Through The Dust) en guise de fil rouge. Conçu enconcept Blood Brothers (Blue Blade Records) album, un voyage de l'obscurité vers la lumière, inspiré par est le titre du nouvel album de JEFFREY le cinéma (de Morricone à Tarentino), le disque s'éloigne FOUCAULT, qui devrait être mondialement de la country music assez traditionnelle des précédents de célèbre depuis Miles From The Lightning, Lindi pour aller, sous la direction de Skylar Wilson, vers une son premier album paru en 2001, mais, atmosphère qui plaira aux amateurs de quelqu'un comme alors qu'il publie son septième disque Michael Nesmith. Sa voix est toujours aussi prenante, qu'elle en solo, le sixième de compositions ori- se fasse suave (Nothing's Impossible) ou plus affirmée (The ginales (on ajoutera ses aventures avec Comeback Kid). Plus aventureux que ses prédécesseurs (il Redbird, Cold Satellite et avec son ami Mark Erelli), il conti- peut dérouter certains fans), l'album se termine par Gracias nue à être largement ignoré en dehors d'un cercle de fidèles. A La Vida, de Violeta Parra, dont l'interprétation ne peut lais- On a encore une fois la preuve qu'il a sa place parmi les ser insensible quiconque a un cœur. grands, dans un registre assez laid back, pas loin de JJ Cale ou de qui apporte à ce disque son talent aux CARRiNGTON MacDUFFiE est un peu l'in- guitares électriques. Jeffrey est toujours entouré des fidèles connue dans la maison. Kiss Make Bet- Billy Conway (batterie) et Jeremy Moses Curtis (basse) ainsi ter (Pointy Head Records/ Indie Extreme) que d'Eric Heywood (pedal steel). Pieta Brown (Blood Bro- est à l'image de la pochette (elle porte thers), Kris Delmhorst (Dishes, Rio) et Tift Merritt (Blown) une tenue qui évoque le glam-rock et sont les plus éminentes invitées. S'il faut distinguer quelques tient un instrument acoustique tradition- titres de cet album, excellent de bout en bout, je peux citer nel, un ukulélé triangulaire) difficile à défi- aujourd'hui le délicat Little Warble ou I Know You, avec la nir a priori. Les instruments rock voisinent voix de Kate Lorenz, qui rappelle l'influence de John Prine, avec le sitar électrique, le synthétiseur ou l'ukulélé. Carring- sans affirmer que mon choix sera le même demain. Quoi ton se contente de chanter (fort bien) les chansons qu'elle qu'il en soit, ce disque restera un de mes favoris de l'année. écrit. Seules exceptions, des reprises de Why Can't He Be You de Hank Cochran (titre bonus placé au milieu du disque) Pour faire transition, il est bon de se sou- et le standard Blue Moon de Hart & Rodgers (qu'on connait venir que lorsque les deux genres, fémi- surtout par Elvis Presley). Rob Ellen qu'elle est un peu la nin et masculin, conjuguent leurs talents, "rencontre entre Carole King et Grace Jones" et, en fait, le le résultat est souvent excellent. JiM PAT- disque navigue entre pop, rock et ballades. C'est fort bien TON & SHERRY BROKUS nous le rappellent fait, éclectique (ce qui est à la fois une force et un handicap), avec The Hard Part Of Flying (Berkalin accrocheur quand il le faut (Red Kiss, Blue Halo ou Come Records). Ce disque a déjà deux ans For Me), un peu planant parfois (Like Sonar), tendre par mais vaut bien que l'on se retourne. moments (I Let You Kiss Me) : c'est, en résumé, un disque Mari et femme dans la vie, Jim et Sherry ont déjà à leur actif plus que plaisant à écouter mais qui doit trouver son public. quatre albums en duos en plus des deux qu'ils ont enregis- trés sous le nom de Edge City. Ils nous gratifient d'un folk- rock de premier ordre, acoustique, avec des musiciens qui ont pour noms Warren Hood, Rich Brotherton, Marvin Dykuis ou Ron Flynt, également producteur. Jim a écrit toutes les chansons du disque, parfois en partenariat (avec Jeff Tal- madge, Steve Brooks et Geoffrey Himes). Toute l'œuvre du couple mérite d'être découverte, et ce dernier opus le J'aurais aimé parler plus en détails d'autres dames comme confirme grandement. AMBER RUBARTH qui, avec Wildflowers In The Graveyard (indépendant), démontre tout son talent dans un registre J'avais présenté cet artiste dans Le gentle folk (ça rien de péjoratif, ceux qui ont eu la chance de Cri #152 avec These American Blues, la voir en concert comprendront) ou de et de son une des belles surprises de l'an 2016. troisième album solo Trinity Lane (New West Rds) dans LEVi PARHAM (& THEM TULSA BOYS AND laquelle elle prouve, si besoin était, qu'elle n'est pas qu'une GiRLS) confirme de la plus belle des fille de… mais bien un talent original. Et la Pistol Annie AN- manières, avec It's All Good (Horton GALEENA PRESLEY avec Wrangled (Thirty Tigers Rds) dont Records) qu'il est un nouveau joyau de la pochette à elle seule donne un aperçu du contenu, que je la scène de l'Oklahoma. C'est pourtant à pourrais qualifier d' teinté de punk. ANA EGGE Sheffield, Alabama, dans un studio qui fut celui du Muscle confirme tout ce qu'on pensait d'elle (beaucoup de bien) Shoals Sound, qu'il a emmené quelques garçons et filles avec White Tiger (Storysound Rds) qui propose, en plus adeptes du Tulsa Sound pour enregistrer un album qui se des compositions d'Ana, une superbe reprise, en duo avec nourrit des deux. Tout au long des dix titres, composés par Billy Strings, de la chanson de John Hartford In Tall Buil- Levi, on retrouve l'esprit de groupes comme Derek & The dings. Quatre disques qu'on peut se procurer sans hésiter. Dominos ou The Band et la voix du chanteur, à la fois râ- PiERRE peuse et douce, mais toujours pleine d'âme, en est le par- Sam Je ne peux terminer la partie féminine fait véhicule. Quelques riffs de guitare, les harmonies des de cette rubrique sans évoquer KATE deux Lauren (Barth et Farrah), le sax de Michael Staub ou WOLF, artiste culte de Californie, décédée le piano de John Fullbright, emportent souvent l'album vers en 1986 (leucémie). Son étoile n'a ces- les sommets. De Badass Bob à All The Ways I Feel For You sé de briller depuis auprès de ses fans en passant par le brûlant My Finest Hour, la qualité est en DU CÔTÉ DE CHEZ SAM DE CHEZ DU CÔTÉ et amis songwriters. Elle n'a publié que permanence au rendez-vous, et c'est un euphémisme. cinq albums en studio de son vivant et Suite au verso son œuvre, trop tôt interrompue, bénéfi- Country Citation cie aujourd'hui d'un bel ajout avec Live In Mendocino (Owl Records). Vingt titres (dix étaient prévus au départ mais la "Quand il a plu du chagrin, j’ai été trempé. Car mon corps tremble générosité des supporters a permis de financer le reste) ont comme un train avec une vieille loco. J’ai le blues de la tuberculose…" Voilà ce que chantait à l’oreille de Ginny, en jouant du banjo, l’homme été sélectionnés parmi deux cents enregistrés entre 1979 dont la pomme d’Adam faisait une bosse dans le long cou. et 1982. Une belle occasion de réentendre une artiste dont - "Il te faut un harmonica, Floyd, disait-elle. Ils en ont tous dans les la voix et les compositions, d'une qualité rare, continuent à clubs de gens de couleur". Envoutée, Megan Abbott donner le frisson plus de trente ans après sa disparition. (Bury Me Deep, 2009) Traduction Jean Esch (Ed. du Masque, 2013, p 58)

Le Cri du Coyote n°158 page 25 Le deuxième disque de BLUE YONDER, le coproducteur , une bande de musiciens de Rough And Ready Heart (New Song premier plan (Lynn Williams, Dave Francis, Justin Moses, Recordings) présente une des nom- Jeff Taylor, Andrea Zonn…). Voici un disque qui ravira les breuses facettes de John Lilly. amateurs de folk countrysant des années 1970 et qui a tous Journaliste, historien, écrivain, folksin- les ingrédients pour séduire bien d'autres oreilles. ger (dans son dernier album solo State Songs, il était un historien de la musique), C. DANIEL BOLiNG fait partie des artistes il nous présente ici du "honky-tonk acous- que je suis depuis longtemps. Il a déjà à tique" en compagnie de Robert Shafer (guitare électrique) et son actif six albums en studio (dont un

DU CÔTÉ DE CHEZ SAM Will Carter (basse acoustique et harmonies). Pour ce disque, double, le premier) et un live. le trio est renforcé par Tony Creasman (batterie et percus- Il nous gratifie aujourd'hui d'un double sion) et John Cloyd Miller & Gar Ragland (harmonies). disque en public, Live at The Kitchen C'est un retour sans nostalgie vers la musique country clas- Sink (Berkalin Records) enregistré en sique, teintée de rockabilly, de swing et de folk, une démons- mars de cette année à Santa Fe. Le pre- tration sans esbroufe du fait que ce genre a totalement sa mier titre est Leadbelly, Woody & Pete qui annonce la cou- Sam PiERRE place dans le paysage musical moderne. John Lilly, qui a leur de son folk mélodieux et si humain. Daniel aurait pu écrit toutes les chansons, est plus que jamais maître de ajouter Tom Paxton à la liste car c'est sans doute de lui qu'il son art et quelques titres (Rough And Ready Heart, Well- se rapproche le plus. L'album comporte vingt-et-une chan- Acquainted With The Blues ou Tombstone Charlie) sonnent sons, agrémentées d'introductions parlées qui confèrent à instantanément comme des classiques qu'ils deviendront l'ensemble le parfum d'un concert à la maison donné par un peut-être, alors que Green Light conclut l'album sur un ami cher, armé de sa seule guitare (qu'il troque parfois pour rythme de rock joyeux qui m'évoque le Commander Cody un banjitar). Des compositions connues (parfois revisitées) des années 1970 ainsi que cinq nouvelles pas encore enregistrées en studio, permettent de mesurer le talent du songwriter. MARK BRiNE n'est jamais longtemps L'interprète n'est pas en reste comme il le démontre avec la sans donner de ses nouvelles, explorant reprise de Chicken Sexer de Tim Henderson et l'adaptation inlassablement ses archives. Il revient du traditionnel Groundhog. Quand s'éloignent les dernières avec Hillbilly Electric & The Best of… notes de Darwin's Pride & Joy, on se dit que Daniel Boling a Out On Luke's Highway (Wild Oats bien fait de délaisser la carrière de "National Park Ranger". Records), sous-titré : "a two-for on CD collection, 'too country for country' recor- TiM EASTON a déjà publié une bonne di- dings" (une collection de deux CD en un, zaine de beaux albums mais il se livre à des enregistrements trop country pour le pays !). un nouvel exercice avec ce Paco & Me- Cela en dit long sur l'état de la musique américaine, du point lodic Polaroids. Paco, c'est sa guitare, de vue de l'artiste (que beaucoup partagent). Comme le titre une Black Gibson J-45 qui est sa com- l'indique, l'album se divise en deux parties (de dix titres). La pagne depuis 1987 et qui a connu avec seconde est un concentré de Out On Luke's Highway (paru lui galères et bonheurs. en 2008 et bientôt épuisé), permettant de réentendre I Wan- Ce disque est totalement solo, Tim et sa na Duet With You (avec Rattlesnake Annie) ou Blue Yodel #1 guitare avec parfois un harmonica. Neuf compositions ori- (T For Texas) qui rappelle pourquoi Mark a été surnommé ginales et une reprise de Jimmie's Texas Blues de Jimmie le New Blue Yodeler. La première partie se termine par six Rodgers constituent le menu dont le principal condiment est titres déjà parus, dans des prises ou versions alternatives. l'inspiration. Old New Straitsville Blues, Elmore James, Bro- Et il y a les quatre premiers morceaux qui sont la véritable ken Hearted Man ou Jesus Protect Me sont quelques-uns raison d'être de ce CD (alors que Mark a en stock pas mal des moments phares de cet album de pur blues ("a direct- de chansons nouvelles). Tout d'abord, on peut entendre to-lacquer mono recording") qui fait de Tim Easton un cousin Hello Love, publié en single par en 1974 (son proche du meilleur , tant pour le jeu de guitare dernier #1 aux USA). Quand on sait que Mark s'est produit que pour la voix, et cela n'est pas un mince compliment. pour la première fois au grâce à Hank, on mesure l'importance de ce titre. Sittin' On A Fence, une des THE STEEL WHEELS, groupe originaire des compositions les plus obscures des Rolling Stones lui suc- Blue Ridge Mountains de Virginie, fête en cède et l'adaptation qu'en fait Mark est absolument parfaite, 2018 son millième concert ! avec notamment le violon de Linda Joseph et la guitare élec- C'est l'occasion pour le quatuor de pu- trique de Jeff Pitcher. Deux compositions de Mark (Special blier deux albums en public : Live Vol. 1 Kinda Woman et Your Bitter Heart) complètent le disque qui, At The Station Inn et Live Vol. 2 At The malgré son côté hétéroclite, possède une belle unité, due à Jefferson Theater (Big Ring Records). l'intemporalité de la musique de Mark Brine. Bien joué, l'ami. Le premier a été enregistré en janvier 2018 dans un des temples du bluegrass de Nashville, le Son premier album, publié chez Elektra deuxième au cours des deux dernières soirées de 2017 à en 1973, aurait pu lui valoir un statut à Charlottesville. Le groupe est augmenté de Kevin Garcia la Jackson Browne. Il en avait le talent, à la batterie (et aux claviers pour The Station Inn) et de aussi bien comme interprète que comme quelques invités, dont une trompette et un saxophone, pour auteur-compositeur. Pourtant, quarante- The Jefferson Theater. cinq ans plus tard et avec maintenant Le son du groupe est tel qu'on le connait vingt-huit albums au compteur, DANA en studio, moderne mais baigné de old- COOPER, reconnu et adoubé par ses time, le répertoire repose principalement pairs, est toujours méconnu du grand public. sur les compositions de Trent Wagler Il faut dire qu'il n'a pas spécialement cherché la gloire (il a avec, pour conclure l'ensemble, une même repris des études d'horticulture, son autre passion, excellente reprise de The Shape I'm In quelques années après ses débuts), privilégiant le plaisir de de Robbie Robertson & The Band. Trent composer et de jouer. Incendiary Kid (Travianna Records) Wagler (guitare et banjo), Jay Lapp (mandoline et guitares), ne changera rien à son statut et c'est une raison de plus Eric Brubaker (fiddle) et Brian Dickel (basse), poursuivent pour ne pas le bouder. Au menu, il y a dix chansons fine- depuis une douzaine d'années un parcours sans faute qui ment ciselées, une voix plein de séduction et, emmenés par les mènera sans doute encore loin.

Le Cri du Coyote n°158 page 26 Darkness On The Sans Juans (Why Ri- Kerouac, Tocqueville que Thoreau ou les "French Canadian ver Records) est le septième LP de JOHN girls", mais le son d'ensemble est bien celui de l'Amérique STATZ, songwriter originaire du Wisconsin qui prend ses racines musicales dans les seventies. et établi à Denver. Son œuvre est dense Les frères Mallett savent bien alterner les tempos, passer et d'une qualité constante même si elle de l'acoustique à l'électrique, avec comme constante la qua- ne révolutionne pas le genre. lité des compositions. D'une manière générale, les guitares John donne à l'auditeur beaucoup de lui- électriques prennent souvent le pouvoir et des titres comme même, dans un style plutôt introspectif, Gettin' Back ou le long Headed Home, que l'on se plait à et chacun y trouve ce qu'il a envie d'entendre, comme si imaginer dans le cadre d'un concert, constituent des mo- une relation privilégiée s'établissait au fil des titres. L'album ments de pure énergie rock, à côté d'autres plus calmes commence par Long Time, courte reprise d'un titre qui fi- comme Losin' Horses ou Too Much Trouble. gurait déjà sur le disque précédent, The Fire Sermon, en guise de transition vers des thèmes marqués par une forme Parmi mes coups de cœur de l'année, il y a Love And The de rupture. Il ne comporte que neuf titres, dont une reprise Blood Vodou de BRUCE JOYNER & NETHERGLADES (Closer de Strong Enough, du premier album de Sheryl Crow, et ne Records). Le rossignol de Géorgie, plus dépasse pas les trente minutes. Pas de longueur inutile, une connu en France qu'aux USA, fait partie économie de moyens (Nathan Edwards est le seul véritable des chanteurs qui parviennent à m'émou- musicien présent en plus de John), voilà sans doute la meil- voir, quoi qu'ils chantent, à l'instar de Roy leure recette pour maintenir l'attention jusqu'au bout. Dans Orbison. La vie ne l'a pas épargné et son un style épuré, John Statz, plus attachant que jamais, pour- corps est aussi cassé que son âme est suit son petit bonhomme de chemin pour notre plaisir. belle, mais il se relève à chaque fois pour nous délivrer un message positif et empli THE MALLETT BROTHERS BAND, moins de d'espoir. Entre rock brûlant et tendres ballades, Bruce reste deux ans après The Falling Of The Pine, tel qu'on l'a connu, avec les Unknowns d'abord, puis en solo, qui rendait hommage au répertoire folk pendant une quinzaine d'années. de l'état du Maine, revient au country- Il est accompagné d'un nouveau groupe au sein duquel offi- rock qui est sa marque de fabrique de- cie son vieux complice Tom Byars. Le disque est paru en puis maintenant huit ans et six albums. vinyle dix titres, avec un CD (deux titres de plus) en bonus. Vive L'Acadie !, puisque tel est son titre, Toutes les compositions sont collectives avec juste un em- n'est pas un disque aux accents cajuns prunt savoureux, le célèbre Tennessee Waltz. (même si le fiddle d'Andrew Martelle y joue un rôle impor- On ne parle pas d'un disque de Bruce Joyner, on l'écoute. tant). La chanson titre évoque aussi bien Montesquieu que Alors, à vos platines ! Si, en France, certains labels font la promotion des musiques américaines, il serait dommage d'oublier que l'Hexagone recèle d'excellents musiciens qui se vouent corps et âme à leur art.

C'est le cas de BiG BRAZOS qui publie ter les deux, deux chansons ne figurant que sur le vinyle). La Part des Anges - Démo & Inédits Les frères Casas (Hot Jaypee et Al "Baron Of Terror") et (indépendant). Le trio (Etienne Faïsse, leurs acolytes nous entrainent, sans un instant de répit, entre André Fougerousse & Jérôme Travers) reprises et compositions originales, dans le sillage d'Eddie revendique un héritage folk/ blues et joue Cochran, Chuck Berry, Johnny Brunette ou Jack Scott. à merveille son rôle de passeur. Ces Grizzlies sont indomptables: qui s'en plaindra ? À l'exception de la reprise de Drifter's http://grizzlyfamily.rockarocky.com Wife de J.J. Cale, La Part des Anges ne comporte que des compositions originales (neuf titres Lorsque je referme ma chronique, je écrits par Jérôme, un par Étienne, tous mis en musique par laisse toujours une lumière allumée à la le trio). Les textes sont bien écrits et intelligents (écoutez porte au cas où un ami aurait envie de le message de Dakota), les musiciens sont compétents et s'inviter, au dernier moment. Cet ami se talentueux et mériteraient une audience plus large. Le dobro nomme Jean-Jacques Milteau et il a ame- d'Étienne et l'harmonica d'André se marient à merveille à la né avec lui Harrison Kennedy et Vincent PiERRE guitare (mais aussi à la mandoline et au banjo) de Jérôme. Segal pour présenter sa dernière aven- Sam C'est un moment de bonheur à qui prendra sa part au festin ture musicale. KENNEDY MiLTEAU SEGAL ont enregistré CrossBorder Blu- musical, aux côtés des anges. www.discogs.com/Big-Brazos-La-Part- es (SPPF / Naïve) avec un minimum de moyens: la voix, et Des-Anges-d%C3%A9mo-In%C3%A9dits/release/12285018 parfois une guitare ou un banjo, pour Harrison, l'harmonica THE GRiZZLY FAMiLY, groupe lyonnais, pour Jean-Jacques, le violoncelle pour Vincent. DU CÔTÉ DE CHEZ SAM DE CHEZ DU CÔTÉ a déjà une longue histoire. Le plaisir (de Si l'on ajoute beaucoup d'âme et de talent, c'est la parfaite jouer et de partager) semble être le crédo recette pour un beau disque. Le titre de l'album est très sym- de ce combo, résolument enraciné dans bolique. Au-delà du dénominateur commun, le blues sous la période où le rock 'n' roll commençait à toutes ses formes, c'est aussi un manifeste pour l'œcumé- envahir la planète. Le titre, Going To The nisme musical et un message à tous ceux, d'hier et d'au- Rockabilly Bop ! (Clavera Records) ne jourd'hui, qui considèrent que les frontières doivent être bor- laisse planer aucun doute à ce sujet. dées de murs. Ici, au contraire, les trois artistes ouvrent des Le format du disque non plus puisqu'il y a le choix entre un portes, mêlant leurs propres compositions à des reprises vinyle 33 tours, 25 cm (comme au bon vieux temps) avec (Georgia On My Mind, T-Bone Shuffle, The Thrill Is Gone et huit titres, et un CD, avec dix-neuf titres (le mieux est d'ache- même Imagine…) dans une parfaite harmonie. ©

MY DARLiNG CLEMENTiNE Country Citation Concert unique en France Michael Weston King "Il est devenu son propre blues, un loser à la Tom Waits, un & Lou Dagleish saint de Kerouac, un héros de Springsteen sous les lumières de 1ère partie : Chris Labonne l’autoroute américaine et l’éclat des néons du Strip. Un fugitif, un 20 novembre à Meximieux (01) métayer, un hobo, un cow-boy qui sait qu’il n’y a plus de prairie, Carioca (20h30 ) Entrée 15 euros mais qui continue à chevaucher car il ne reste rien d’autre à faire." Ph. Gordon Cartel, Don Wilsow Trad. Jean Esch Le Seuil, 2015, p89

Le Cri du Coyote n°158 page 27 Lionel WENDLiNG LA NUiT DE LA GLiSSE

Glisseur-se-s, pour cette parution post-canicule me voici de Nous n'étions pas très nombreux sur le marché de la glisse retour avec une interview : je savais que cela vous manquait et Harry Munch, qui a commencé la steel avant moi, pos- et je n'ai pu résister à la tentation de vous satisfaire. sédait quelques plans d'avance que j'ai pu lui extirper et qui Comme lors de la précédente parution j'ai eu le plaisir de ont bien servi à développer mon modeste jeu de l'époque. compulser la chronique sur Pierre Specker, je me suis dit Des ambitions personnelles et des objectifs différents pour qu'il serait de bon aloi de rendre hommage à Harry Munch, nos carrières nous ont quelque peu éloignés mais nous le steeler avec qui il a joué de nombreuses années. sommes toujours restés en contact et toujours très bons Ces vieux complices de longue date (ces vieux cons plissent amis. J'avais envie de parler de lui car il fait partie de la pre- de longue date : rayer la mention inutile...) ont quand même, mière génération de pedal steel guitaristes français qui ont qu'ils le veuillent ou non, bercé une partie de ma lointaine permis à d'autres un peu plus jeunes de s'y mettre. jeunesse, d'une part parce qu'il y avait un steeler dans leur Rien que ça mérite un article dans Le Cri, moi je vous le dis. groupe, d'autre part car ils jouaient du Commander Cody et Et voici donc maintenant la vie et l'œuvre de Harry Munch d'autre d'autre part parce qu'ils étaient également en Alsace contées en toute modestie par lui-même et par le truche- à l'époque où j’y vivais t'encore... ment de mon questionnaire.

Date et lieu de nais- de mon 50ème anni- "Les Fellows" dans lequel je chantais. sance ? (mensura- versaire j’ai pu ache- Le répertoire était composé de reprises tions optionnelles) ter une Carter qu’Al d’Hugues Aufray et de chants style Je suis né le 21 fé- Brisco a acheminé en "feux de camp". Nous écoutions Salut vrier 1950 à Heimer- Hollande. Un copain les Copains chez nous le week-end et sdorf dans le sud de routier me l’a rappor- pendant les vacances, la musique de l’Alsace, appelé Sund- tée chez moi. Comme "mécréants" étant prohibée chez les gau. Marié à Martine ampli, j’ai longtemps bons pères, et Georges Brassens bien depuis 36 ans, deux utilisé un Fender Twin trop libertin ! enfants, Perrine et Reverb mais mon Durant mon service militaire à Villin- Florian. J’ai mené une dos récalcitrant au gen (Allemagne), j’ai appris quelques carrière de fonction- poids de l’engin m’a accords de guitare et en 1971, Pierlé a naire (instituteur et convaincu d’opter fondé le groupe EST avec des anciens secrétaire de mairie) pour un Nashville 112 de Landser et j’ai donc intégré cette en pratiquant la pedal de Peavey qui me formation dont le répertoire était com- steel guitar en tant Première steel : ZB Student 1974 convient parfaitement. posé, au début, de titres de Crosby, qu’amateur. À l’heure actuelle, j’habite Je me sers aussi de la Steel Guitar Stills, Nash & Young, Poco, Eagles, à nouveau la maison dans laquelle je Black Box de Sarno comme préampli. Commander Cody… pour évoluer par suis né et que je viens de retaper. la suite vers des compositions per- Quand et comment as-tu sonnelles de Pierlé, en alsacien, notre Matériel utilisé ? commencé la musique ? langue maternelle dont la défense était Ma première steel était une ZB Student Je n’ai bénéfi cié d’aucune formation un élément essentiel du projet musical. acquise en 1974 auprès d’Éric Snow- musicale, hormis les leçons de chant En 1985, j’ai été contraint de quitter ball qui tenait un magasin à Maidstone de mes instituteurs et professeurs. À EST, pour une raison que j’expose- (Angleterre)... Puis Lionel Wendling l’internat du lycée Don Bosco à Land- rai plus loin. J’ai repris du service en m’a cédé sa Sho Bud Pro III que j’ai ser, dès la 6ème, j’ai noué une amitié 1991 avec le groupe Coastline, avec usée jusqu’en 2000. Mon fi ls Florian indéfectible avec Pierlé Specker. En les frères Gilles, Olivier et Thierry Fritz, s’en sert maintenant. Avec la cagnotte seconde, nous avons créé un groupe de Thann.

En studio à Strasbourg pour le 1er album du groupe EST (Sundgauer Countryboy) Steelman, "ma bouille en 2017" (Harry)

Le Cri du Coyote n°158 page 28 Harry MUNCH

Des reprises de toutes les stars de la country étaient au programme de Coastline, notamment Emmylou Har- ris, George Strait, Gram Parsons entre autres... À l’époque, le public venait encore écouter de la country music en concert. Coastline n’a pas survécu à la déferlante Line Dance, les frères Fritz y étant allergiques... Depuis 2008, date de ma retraite, j’ai pu jouer avec des formations diverses : Blue Line, Line Up, Blue Night Country, Full Moon Rodéo (Suisse). J’ai aussi accompagné Jean-Pierre Schlagg et la Chorale des Tempo Kids. En concert avec le groupe EST à Vieux-Ferrette dans le Sundgau en 1982. Pourquoi un instrument de glisse ? Lorsque j’ai entendu la chanson Teach Buddy Emmons est pour moi le meil- l’arthrose ne me bloque pas les doigts. Your Children de CSNY, je suis tombé leur et je ne m’en lasse jamais. John quasiment amoureux du son de la Hughey me sidère avec les Time Jum- Ton point de vue sur l'avenir de la steel. Mais sur la pochette du disque pers (le solo de Sweet Memories…), steel, particulièrement en France ? était simplement marquée la mention : Paul Franklin est au top bien sûr et je La steel en France c’est Lionel Wen- "pedal steel guitar Jerry Garcia". me désespère souvent de ne pas com- dling et Muriel Calmel qui font tout ce Notre première idée était qu’il s’agis- prendre comment jouer ses licks. qu’ils peuvent pour promouvoir l’instru- sait d’une pédale d’effet (style wah- J’ai toujours aimé la musique cajun et ment en essayant de le déconnecter de wah) connectée à une guitare, et Pierlé le western swing (mais je ne connais l’image un peu ringarde de la country ou et moi avons cherché un appareil de ce pas grand-chose en C6) de la musique hawaiienne... La plupart genre dans les magasins de musique des musiciens ne sont plus tout jeunes de la région, sans succès. Un kiosque Projets en cours et à venir ? et j’ai bien peur que la steel ne sur- à Altkirch vendait de temps en temps À 68 ans, je n’ai plus vraiment de pro- vive pas à notre génération. L’étiquette le journal anglais Melody Maker et là jet, si ce n’est de jouer encore un peu "country music = line dance" n’arrange je tombe sur une publicité : Eric Snow- de temps en temps avec les groupes évidemment pas l’avenir des steelers, ball Maidstone "pedal steel guitar" avec qui me sollicitent. Mais je continue de vu que les organisateurs, pour boucler une photo de l’instrument ! Illico, nous m’exercer quotidiennement pour amé- leur budget, engagent des formations traversons la Manche et depuis la pas- liorer ma technique et progresser en de plus en plus réduites, voire des DJ. sion ne m’a jamais quitté. C6 et en blockpicking, en espérant que Ton point de vue sur le fait qu'il Infl uences (styles de musiques, n'y a que très peu de jeunes stars de la steel, etc.) intéressés par la steel ? En 1974, lorsque j’ai acquis ma Très peu de jeunes connaissent première steel, Internet n’exis- la steel, elle n’est guère présente tait pas et les documents écrits dans la variété française et les n’étaient presque pas commercia- émissions de TV où apparaît un lisés en Europe. J’ai eu la chance steeler se comptent sur les doigts d’habiter à moins de deux heures d’une main. Le seul artiste de de Strasbourg et ce sont les le- renom qui en ait fait la promotion çons, stages et conseils de Lionel dans des émissions ou sur ses Wendling qui m’ont permis de pro- disques reste Eddy Mitchell qui gresser et de découvrir de nom- mérite un coup de chapeau. Le breux steelmen. J’ai également prix de l’instrument ne me semble participé à un workshop de Jeff pas une explication valable, un ac- Newman lors de la Convention de cordéon ou un saxophone est tout 1980 à Saint-Louis. C’est là aussi aussi cher. Néanmoins, je pense WENDLiNG que j’ai pu approcher et causer un qu’aux USA, des jeunes continue- Lionel peu avec Buddy Emmons, Doug ront de pratiquer le steel, en rai- Jernigan, Lloyd Green, Lucky son de l’ancrage populaire de la Oceans et entendre jouer des country music. stars qui ont maintenant leur place au paradis comme Jerry Bird, Jim- Promotion personnelle ? my Crawford, Speedy West. (album, groupe, concerts, etc.) GLiSSE DE LA NUiT LA À mes débuts, j’ai surtout écouté On peut m’entendre jouer sur les les steelers qui jouaient avec les disques du groupe EST (des ex- groupes dont nous interprétions traits sur www.pays-de-sierentz/ les titres avec EST : en premier psb) et de Coastline (épuisé). Rusty Young que j’ai vu en concert avec Poco et avec Vince Gill, puis Un message ? Tu écris ce que Bobby Black... et tant d’heures tu veux et penses sans néces- sairement aller dans le sens du passées à déchiffrer puis repro- À la Convention 1980 à St-Louis, duire leurs soli ! très intimidé par le maître Buddy Emmons poil de la corporation...

Le Cri du Coyote n°158 page 29 Harry MUNCH LA NUiT DE LA GLiSSE

Avec le groupe EST en Allemagne à Kuppenheim en 1984 Avec Gilles, le guitariste du groupe Coastline en 1996 Lionel WENDLiNG Je voudrais plutôt évoquer une mésa- J’en suis arrivé à ne plus utiliser que le avec un kiné, Frédérik… qui a décou- venture qui a duré une dizaine d’an- pick du pouce pour certains morceaux. vert la cause de mon tourment en nées à partir de 1985 et qui a beau- J’ai consulté des médecins, passé des moins d’une demi-heure : intoxication coup affecté ma carrière de steeler. examens neurologiques, musculaires, au mercure contenu dans les plom- Durant l’été, j’ai vu ma dextérité bais- etc. sans obtenir de réponse sur l’ori- bages de mes dents ! ser en l’espace de 15 jours, à tel point gine de mon problème. Après plusieurs séances d’extraction qu’un solo que je jouais sans diffi culté Finalement, après bien des péripéties, par un dentiste incrédule, et quelques au tempo de 160 au métronome, je j’ai rencontré le professeur Vincent soins pour me débarrasser du mercure n’arrivais même plus à l’exécuter à 50. Travers à Lyon qui m’a mis en contact résiduel, j’ai retrouvé un niveau de jeu acceptable, toutefois sans retrouver to- talement la dextérité qui était la mienne au temps du groupe EST. ©

Conclusion : Une carrière de steeler amateur, mais ô combien bien remplie, et ce malgré le mercure. En ces temps caniculaires le mercure fait de plus en plus de méfaits. Petite remontrance néanmoins : pour- quoi ne vois-je jamais Munch père et fi ls lors de nos modestes réunions de Le groupe Coastline dans les années 2000 glisseurs ? (LW)

Les histoires merveilleuses d'Oncle Lionel : Petit trait d'humour pour les anciens en "graton", un petit peu dans votre mémoire peut-être défaillante, vous vous souviendrez.

Petite anecdote dont j'ai peut-être déjà parlée, mais comme raît normal, mais moi je m'en souviens quand même. elle est d'actualité à la suite du décès de DJ Fontana je vais Ne me demandez pas pour qui nous avons joué, je n'en ai quand même vous la narrer. aucun souvenir. Je me rappelle juste que c'était plutôt pas En effet, lors de mon lointain séjour à Nashville, où j'ai fait mal. Des shuffl es il me semble, des vrais en bernaire, pas du quand même un bon nombre de séances d'enregistrements swing. Le bernaire, comme je l'appelle, c'est une culture, ça (au sein des équipes B mais c'est déjà ça), je me suis retrou- ne s'écrit pas, ça se sent. Un jour, si vous le désirez, je vous vé un jour dans un studio où le batteur était le world famous ferai une lecture sur le shuffl e country, mais ça se mérite et DJ Fontana qui, comme tout le monde le sait, fut pendant de surtout cela n'intéresse pas grand monde... nombreuses années le batteur du King. Plus je me souviens de ces anecdotes de jeunesse, plus Nous nous sommes dit bonjour, avons échangé quelques je m'aperçois que la plupart des participants sont morts et banalités, joué et nous sommes quittés avec quelques dol- que du coup je fais partie à temps plein des anciens de la lars en plus à mettre dans nos escarcelles. musique américaine française... Il ne s'est probablement jamais souvenu de moi ce qui pa- C'est dans l'ensemble assez désagréable. © (LW)

Knockin' On Heaven's Door

Lorrie COLLiNS (76 ans) 4 août (Née Lawrencine May Collins le 7 mai 1942) En duo avec son frère Larry (The Collins Kids) elle est une des premières chan- teuses, avec et Brenda Lee, de rockabilly dans un contexte ado- lescent qui émoustille les jeunes gens. Dès 1954 sur le Town Hall Party, un show TV sur KTTV à Los Angeles, présenté par Tex Ritter, elle séduit un immense public (et même un temps Ricky Nelson) avec son physique et ses paroles jugées parfois sexy par la morale ambiante (cf Hot Rod : "J’ai 14 ans, bientôt 15, mais je voudrais en avoir 16 pour me payer un... hot rod”). A 17 ans elle rencontre Stu Carnall (né en 1929, manager de Johnny Cash) et deux ans plus tard a de lui son premier enfant. Elle quitte alors la scène, et devient songwriter comme son frère. Elle divorce en 1988. En 1993 les Collins Kids se réunissent en GB. Outre sa voix et la virtuosité de Larry (guitare) le duo a toujours bénéfi cié de bons musiciens (Joe Maphis, Skeets McDonald, Johnny Bond, Dudley Brooks, etc.). Beaux CD et DVD sur Bear Family et Stomper Time. © (JB & DA)

Le Cri du Coyote n°158 page 30 Dominique FOSSE BLUEGRASS & C°

En attendant le compte rendu du festival La Roche Bluegrass dans le prochain numéro, et une évocation des Beatles adaptés en bluegrass, la sélection d'albums ne manque pas d'intérêt, avec deux réussites qui méritent notre Cri du Cœur : les Travelin' McCourys et l'hommage au grand John Duffey.

Del McCoury a depuis longtemps at- Les Travelin’ McCourys ont Alan Bartram chante trois teint l’âge de la retraite. Il y a dix ans, également choisi un répertoire compositions, coécrites avec il a décidé de réduire le nombre de ses très personnel. Il y a deux Becky Buller ou Weisberger. prestations et conseillé à ses musi- reprises de Grateful Dead. The Shaker est dans le style ciens de se trouver un autre projet. Cumberland Blues est chanté de Blue Highway. Travelin’ a Ses fi ls Ronnie (mdo) et Rob (bjo), Ja- en trio et bien adapté aux ins- un couplet newgrass. Les so- son Carter (fdl) et Alan Bartram (cbss) truments bluegrass. La voix listes le font durer plus de six ont donc monté un autre groupe, The nasillarde de Ronnie convient minutes. La voix plus grave TRAVELiN’ McCOURYS. magnifi quement au bluesyLoser , inter- de va parfaitement à des Au fi l des ans, ils ont joué avec près de prété dans l’esprit de la bande à Jerry reprises de Waylon Jennings, John trente guitaristes différents. Ils viennent Garcia. Avec ses longues parties ins- Hartford et . Ronnie, Jason d’enregistrer leur premier album avec trumentales, il atteint presque les huit et Alan ont des voix complémentaires. Cody Kilby, devenu leur partenaire minutes. La meilleure reprise d’un Les trios vocaux sont superbes. régulier depuis quelques temps. Avec titre rock est I Live On A Battlefi eld de Les parties instrumentales sont encore Ronnie McCoury au chant, les Trave- Nick Lowe (Rockpile) et Paul Carrack. plus impressionnantes. J’aurais juste lin’ auraient pu choisir de faire la même J’adore l’original comme la version des aimé que le son du banjo soit un peu musique que le Del McCoury Band tant Travelin’ McCourys qui l’interprètent plus brillant. Rob joue son meilleur solo les voix du père et du fi ls sont proches. dans un style bluegrass pur jus. Ce titre dans Loser. Ronnie a rarement aussi Ils ont au contraire opté pour un style est encore interprété par Ronnie, tout bien joué. Il passe d’un jeu sur plu- plus moderne, moins classique. Ronnie comme Let Her Go, succès du chan- sieurs cordes à un picking précis avec s’abstient de chanter dans son registre teur britannique Passenger. une fl uidité remarquable. Les introduc- le plus aigu, ce qui le démarque de Del. Ronnie chante aussi la ballade blu- tions de guitare de Cody Kilby sur Let La voix de baryton de Carter et celle, esy Borderline, Days I Wish I Had, un Her Go et Natural To Be Gone justifi ent très claire et peu timbrée de Bartram, bluegrass classique qu’il a écrit avec à elles seules l’achat du disque. Jason en lead sur trois titres chacun, contri- les Gibson Brothers, et Freedom Blu- Carter est lui aussi excellent. buent à donner au groupe une identité es composé avec Josh Shilling et Jon Philippe Ochin considère que cet al- propre. Weisberger. bum est magique. J’ai pas mieux.

Del McCoury Still Sings Bluegrass par traduit notamment dans ce premier album (Mountain Fever) The Del McCOURY BAND (Mountain Fever) par des rythmiques superbes. Si vous voulez comprendre ce est un clin d’oeil au 1er album solo de Del que c’est de jouer en avant du temps, sur le temps ou au en 1968 -il y a tout juste 50 ans- qui s’inti- fond du temps, écoutez successivement le rapide I Guess tulait Del McCoury Sings Bluegrass. Et, I’ll Go On Dreaming, la composition de Garrett The Little à 79 ans, le patriarche n’a rien perdu de Tennessee, et la chanson country World So Full Of Love, son extraordinaire voix de tenor. tirée du répertoire de Roger Miller. Kameron Keller a un On craque bien entendu pour les chan- beau son de contrebasse. Ça groove. Les rythmiques sont sons bluegrass typiques : Joe (une composition de Del), Ace intenses. Les parties de banjo parfaites de Davis, souvent Of Hearts tiré du répertoire d’Alan Jackson, I’ll Be On My bien soulignées par le dobro, dominent les arrangements Way (signé Michael Cleveland) et Deep Dark Hollow River des titres les plus rapides. Garrett est le principal chanteur (Glen Duncan). Mais on est tout aussi séduit par la jolie bal- du groupe. Chose rare pour un chanteur, il reprend une com- lade First One Back In Town ou le slow To Make Love Swee- position de Dolly Parton (Kentucky Gamblers). Il interprète ter For You accompagné au piano par Josh Shilling. Bottom très bien la marche mélancolique Do You Ever Think Of Me Dollar reçoit un arrangement typique du Del McCoury Band et le joli countrygrass That’s All Behind Me qu’il a écrit avec qui met bien la voix de Del en valeur, tout comme That Ol’ Ronnie Bowman et Tim Stafford. On retrouve la chaude voix Train, l’inévitable chanson de train de tout bon répertoire de baryton de Steffey sur deux titres dont Girl That Loved bluegrass. The Del McCoury Band nous avait par le passé Me, excellent. Tout n’est pas aussi réussi : la valse gospel surpris par des reprises de titres non bluegrass. Cette fois, Old Kentucky Church et un instrumental de banjo de Davis c’est par l’intervention judicieuse de la guitare électrique de manquent d’originalité. Les harmonies vocales sont très en Heaven, le fi ls de Ronnie, sur le très punchy Hot Wired. Il y retrait du lead et n’apportent pas grand-chose. Les Highland a aussi des chœurs inhabituels sur le joyeux I Fell In Love. Travelers ont sans doute voulu sortir un CD dès leur forma- Jason Carter (fdl), Ronnie (mdo) et Rob McCoury (bjo) sont, tion, pour le proposer aux festivals de printemps et d’été. comme à l’habitude, excellents. Del McCoury est éternel. Le manque d’épaisseur du menu (11 titres, 30') semble le confi rmer. Ce disque est néanmoins un très bon 1er album. Le groupe HiGHLAND TRAVELERS a été formé par les musiciens de deux groupes Fin 2017, quand Jason Davis et Kame- majeurs récemment dissous. Adam Stef- ron Keller sont partis former les Highland fey (mdo), Keith Garrett (gtr) et Gary Hult- Travelers, Jr SiSK en a profi té pour dis- man (dob) jouaient précédemment avec soudre son groupe, Rambler’s Choice. Il The Boxcars. Jason Davis (bjo) et Kame- a donc enregistré Brand New Shade Of ron Keller (cbss) étaient membres de Blue avec des musiciens qu’il a choisis Rambler’s Choice, le groupe de Jr Sisk. pour l’occasion : Jason Carter (fdl), Justin Autant dire qu’il y a de la qualité dans cette formation. Ça se Moses (bjo), Ashby Frank (mdo) et

Le Cri du Coyote n°158 page 31 Mark Fain (cbss). Malgré leur notoriété, leur performance Lauren. Singing My Troubles Away des Delmore Brothers, n’est pas au niveau des derniers enregistrements de Sisk une des chansons les plus réussies du disque, est loin de avec Rambler’s Choice. Tout est classique dans cet album, valoir, à mes oreilles, la version de Kathy Kallick et Laurie au point que rien n’est remarquable. Pas de composition ni Lewis. Leanna est la chanteuse principale mais les deux d’arrangement vocal qui ressorte non plus. Tout est bien fait titres que je préfère sont interprétés par Leanna, I’m Gonna mais sans surprise. Honey Do List, Harry Clayton Parker et Be Lonely, écrit par Shawn Camp et Paul Craft, et Widow Of BLUEGRASS & C° The Guilt Was Gone chanté avec Del McCoury ressortent The Mountain qui sonne comme une ballade anglaise avec légèrement du lot. son phrasé très articulé. Ce premier disque des Price Sisters devrait plaire aux amateurs de bluegrass à l’ancienne. Après un album en duo avec Edgar Loudermilk (Le Cri 146), Dave ADKiNS Le disque de Tom MiNDTE & Mason ViA reprend sa carrière en solo. semble à première vue s’inscrire dans la - nique FOSSE Domi Right Or Wrong est peut-être le meil- tradition des albums de duos de chan- leur album de sa discographie. Adkins a teurs s’accompagnant à la guitare et la une voix puissante, gutturale et bluesy mandoline. La présence d’un contrebas- comme celle de . Il avait siste (Ben Somerville) sur les 12 chan- jusqu’à présent tendance à abuser des sons modifie la donne, insufflant un esprit sonorités rauques. Son interprétation est désormais plus plus bluegrass que old country à pas mal subtile. Il s’est bien entouré avec (mdo), Jus- de titres, notamment The Girl I Love Don’t Pay Me No More tin Moses (dob, fdl), (bjo) et deux musiciens (Arthur Smith), Looking For The Stone de et moins connus, Kyle Leapard (gtr) et Mitchell Brown (cbss). et le blues Run And Hide sur lequel Mindte et Les morceaux rapides ont le bon drive (Blue Blue Rain, Via reçoivent l’appui (discret) du dobroïste Donnie Scott. Cold In The Ground). Adkins chante tout en nuances deux Tom Mindte est le patron du label Patuxent. Il a déjà enre- très jolis countrygrass qu’il a écrits (Tired Of Lonesome et gistré une dizaine d’albums en solo, en duo et avec diffé- Blood Feud, composé avec Larry Cordle et dans le style de rentes formations. Mason Via est un jeune guitariste qui a ce dernier). Sa voix colle évidemment parfaitement au blues largement l’âge d’être le fils de Mindte. C’est un bon chan- Goodbye Caroline, écrit par Eli Johnston (Quicksilver). On teur, avec une voix plaintive haut perchée qui convient parti- est davantage surpris de le voir réussir tout aussi bien un culièrement bien aux harmonies tenor comme au lead dans titre plutôt joyeux comme Roll Little River. Right Or Wrong ce genre de formation. J’aime surtout son interprétation est un bon disque de bluegrass classique, bien joué, auquel de The Drunken Driver (Lynn Davis), du traditionnel Cindy la voix de Dave Adkins apporte une vraie identité. et de sa composition Love In My Heart. Tom Mindte a un timbre moins remarquable qui s’associe bien à celui de Via, No Escape est le deuxième album de notamment sur Best Female Actress de Charlie Moore et CLAYBANK, un nouveau groupe de Caro- Red Smiley. Il y a un autre bon duo sur Heed This Advice, line du Nord qui connaît un joli succès. une composition de Via sur laquelle ils reçoivent le renfort Son style est dans la lignée de Lonesome du banjoïste Rob Benzing. J’ai aussi aimé Little Moses, River Band ou . No Escape une chanson de la famille Carter. La bonne surprise dans a d’ailleurs été produit par Danny Ro- ce répertoire est I’m Gonna Be A Wheel Someday de Fats berts, le mandoliniste des Grascals. Ce Domino, accompagnée au piano par Brennen Ernst. L’album sont de bons musiciens. J’ai particulière- de Tom Mindte et Mason Via transpire l’amour des racines. ment aimé les solos et le son du guitariste Jacob Greer. Par contre, les chants m’ont semblé manquer de maîtrise, Depuis trente ans, David DAViS & The de retenue par moments. On peut facilement l’expliquer par WARRiOR RiVER BOYS sont des spécia- l’âge des chanteurs. Greer et le mandoliniste Zack Arnold ont listes du bluegrass traditionnel. Avec moins de vingt ans. La moitié des chansons ont été écrites Didn’t He Rambled : Songs Of Charlie par les membres de Claybank. Queen Of Carolina composé Poole, ils remontent le temps en s’atta- par Tyler Thompson (bjo) et chanté par Arnold est calibré quant au répertoire de Charlie Poole qui pour passer sur les radios bluegrass. Mon titre préféré est a influencé à la fois le old time et Bill Mon- Where’s A Train When You Need One écrit par Thompson et roe (et qui l’a cité dans son Gary Trivette (cbss). Le mélancolique Go Back fait penser discours d’acceptation du prix Nobel). aux Grascals grace à la voix de Trivette qui rappelle celle de Charlie Poole était populaire dans les années 20 (il est Terry Eldredge. Tout le reste m’a semblé assez ordinaire et décédé en 1931) et plusieurs chansons de son répertoire, perfectible mais l’âge des musiciens permet d’envisager de reprises ici par Davis, sont devenues des classiques : White belles choses pour l’avenir. House Blues, Girl I Left In Sunny Tennessee, Sweet Sunny South. Les trois chanteurs du groupe, David Davis (mdo), Les PRiCE SiSTERS sont jumelles. Lau- Marty Hays (cbss) et Robert Montgomery (bjo) ont choisi de ren joue de la mandoline et Leanna du ne pas chanter dans leur registre le plus aigu, donnant ainsi fiddle. Elles sont jeunes (23 ans) mais plus de rondeur que de tension aux titres, sans doute pour se revendiquent héritières de la tradi- respecter l’esprit dans lequel chantait Charlie Poole. tion bluegrass. Elles ont pour modèles Ça fonctionne très bien sur He Rambled, moins sur Sweet Bill Monroe et Kenny Baker. La tradition Sunny South. Les boogies sont mes titres préférés : If The est très présente dans leurs chants. Des River Was Whiskey est bien chanté en duo, Leaving Home voix haut perchées avec des harmonies est une variation du classique Frankie & Johnny et If The et un très léger falsetto qui sonnent très forties ou fifties. J’ai River Was Whiskey a un bon esprit hillbilly. Les autres prin- réécouté un disque de Carter Family (dont elles reprennent cipales réussites sont le joyeux Milwaukee Blues, Goodbye deux titres). Les chants m’ont semblé moins datés que les Mary Dear et le swinguant Rambling Blues. Grâce à quatre voix des sœurs Price. Leur premier album A Heart Never solistes, il y a de la variété dans les arrangements. Au fiddle, Knows (après un premier EP en 2016) bénéficie néanmoins le "guest" Billy Hurt m’a semblé bien meilleur que sur l’album de toutes les qualités d’un enregistrement moderne, d’autant de son groupe Five Mile Mountain Road. qu’il est produit par Bil VornDick. Elles sont principalement accompagnées par Mike Bub (cbss), Charlie Cushman (bjo) Anciens numéros, vente groupée : Le du Coyote 25 Euros les 5 numéros et Bryan Sutton qui joue d’intéressants back up de guitare. 45 Euros les 10 numéros Personnellement, j’apprécie peu le style vocal de Leanna et 60 € les 20 numéros

Le Cri du Coyote n°158 page 32 Tous les éléments de la musique de FiVE A Tribute to John Duffey : Epilogue MiLE MOUNTAiN ROAD existaient déjà probablement dans les années 30. Elle John Duffey est parti, sans prévenir, peu est dominée par le fiddle de Billy Hurt. Il après le décès de Bill Monroe en sep- donne un peu l’impression de confondre tembre 1996 et son vieil ami Akira Otsu- drive et précipitation sur Dixie et Billy In ka, mandoliniste japonais et fondateur de The Lowground mais, dans l’ensemble, il Bluegrass 45, a décidé de lui rendre un fait plutôt bien le job. très bel hommage à travers cet album au J’ai bien aimé le fiddle tune Durang’s Hornpipe et la valse contenu magique et au livret conséquent. Wildflower Waltz qui semble droit sortie d’un film de Chaplin. Dix-sept morceaux composent l'ouvrage, dont trois instru- Seth Boyd accompagne Hurt au banjo, en style clawham- mentaux. Tout le gratin actuel du bluegrass est présent pour mer, à l’exception d’une chanson des Stanley Brothers où il rendre hommage au grand John, en reprenant ses chan- joue en picking. Le guitariste Brennen Ernst joue deux titres sons-phares, de l’époque Country Gentlemen à l’époque au piano, leur donnant un petit air western swing. Le contre- Seldom Scene puisqu’il a co-fondé ces deux groupes qui bassiste Steve Dowdy a un chant simple, bien maîtrisé qui ont marqué d’une empreinte indélébile, cette musique que convient parfaitement à la musique de Five Mile Mountain nous aimons tant. Le plus bluffant dans cette compilation Road, notamment au traditionnel Sugar Hill. Le répertoire de chansons mythiques, c’est, non seulement la qualité des associe classiques (Under The Double Eagle, Billy In The enregistrements mais aussi la capacité des chanteurs à se Lowground, Dixie, Alabama Jubilee) et titres moins connus. mettre dans les chaussures de John Duffey. Pour amateurs de old time. La plus belle chanson étant pour moi, Reason For Being, chantée par Fred Travers, dobroïste de Seldom Scene, dont Les TiLLERS, groupe de Cincinnati, n’ont l’interprétation pourrait facilement nous tirer des larmes. pas donné de nom à leur cinquième Attention cependant à ne pas tomber dans une nostalgie album (disponible en CD et en vinyl), inappropriée car ce disque reste d’abord et avant tout, une comme pour signifier un nouveau départ. production de 2018 avec des artistes comme Sam Bush, Et il est certain que l’arrivée du fiddler Tim O’Brien, , Bela Fleck, Amanda Smith, Lou Joe Macheret apporte une nouvelle di- Reid, Ronnie Bowman, , etc., qui sont tous mension au trio que constituaient Sean des grands noms du bluegrass et qui sont là pour "servir" Geil (gtr), son frère Aaron (cbss) et Mike l’oeuvre, avec leur propre personnalité. Oberst (clawhammer banjo). Il amène à la fois beaucoup de Le morceau qui conclut l’album First Tear est un court ins- musicalité et un supplément de punch à cette formation de trumental de mandoline joué par Akira Otsuka, dans la so- type old time mais qui fait entendre et revendique de fortes briété. Chapeau bas, Messieurs Otsuka et Freeman pour la influences punk. Le groupe auquel font le plus penser les production d’un tel chef-d’oeuvre. Evidemment Cri du Coeur, quatre premiers titres est The Pogues. Sean Geil et Oberst dédié notamment à toutes celles et ceux qui étaient au festi- sont de bons chanteurs, Geil plutôt dans le style singer-son- val de Toulouse en 1983. (Philippe Ochin) gwriter, Oberst plutôt old time. Deux voix claires qui s’asso- cient bien sur les refrains. Ce sont aussi deux bons compo- lies mélodies du répertoire. Les refrains de Over The Pass, siteurs, paroles et musique, n’hésitant pas à aborder des No Ambition et Honest Man sont les plus remarquables. thèmes sociaux ou politiques (Revolution Row, Migrant’s Le son de la guitare métallique, les solos de mandoline, la Lament). La seule reprise est d’ailleurs All You Fascists flûte sur 1963, une touche discrète mais pertinente de lap Bound To Lose de . C’est le titre où les Til- steel sur On The House apportent de la variété. Tout chatoie lers se montrent les plus agressifs. Mona a des petits airs l’oreille dans cet excellent premier disque. de Subterranean Homesick Blues. La ballade Another Post- card montre que The Tillers sont capables de beaucoup de Bien que Lyon soit une place forte du finesse. Oberst joue un style clawhammer très mélodique. bluegrass français, Songs From Lyon Ajouté à la musicalité du fiddle et des chants, il contraste County vient bien des Etats-Unis, Lyon avec l’énergie punk. Les dix titres sont tous réussis. J’aime County étant un petit comté du Kentucky beaucoup cet album. A ranger dans votre discothèque à dont est originaire Dennis K. DUFF, auteur côté de Rum, Sodomy & The Lash. des neuf chansons qui composent cet album. Certaines de ses œuvres ont déjà Chaque numéro du Cri nous amène son été enregistrées par des artistes comme nouveau groupe du Colorado proposant Darin & Brooke Aldridge, Bradley Walker et . une forme dérivée du bluegrass. Les Duff s’est entouré de trois Travelin’ McCourys, Jason Car- STiLLHOUSE JUNKiES sont de Durango. ter (fdl), Alan Bartam (cbss) et Cody Kilby qui cumule avec C’est un talentueux trio composé de Fred brio guitare, mandoline, dobro et banjo. La qualité des ar- Kosak (mdo, gtr), Alissa Wolf (fdl) et Cody rangements est le principal intérêt de l’album. On peut citer Tinnin (cbss). Sur les douze titres de leur l’accompagnement de guitare inventif sur Road To Dover, la premier disque, Over The Pass, ils sont mandoline du countrygrass Castle Of The Cumberland, le accompagnés par Bruce Allsopp qui joue en flatpicking sur banjo qui domine Iron Hill et le fiddle de 37 Flood. une guitare à caisse métallique (type National) et qui est Ne s’estimant pas suffisamment bon chanteur ni musicien, Domi FOSSE nique semble-t-il un ancien membre du groupe. Les Stillhouse Duff n’apparaît que sur les quatre titres qu’il chante lead. - Junkies abordent une large variété de genres : bluegrass Duff n’est effectivement pas un interprète exceptionnel mais avec un esprit country-rock (Over The Pass), blues (Meet la qualité de certaines chansons suffit à susciter notre inté- Me Halfway), swing (Do What You Can), newgrass/ rock (A rêt et, à vrai dire, il n’est pas moins convaincant que Paul Hundred Days), folk (West Virginia), irlandais (1963), boogie Brewster qui chante deux titres qui figurent pourtant parmi (On The House) et new acoustic (l’instrumental Farmer In A les meilleurs compositions de Duff. La chanson qui se dé- Ferrari). On My Dying Day reçoit un arrangement old time tache de l’album est Night Riders, un blues qui convient à & C° BLUEGRASS grâce à l’accompagnement fiddle-clawhammer, Tinnin pas- merveille à la voix de Josh Shilling. L’exercice est plus dif- sant au banjo sur ce titre. Malgré la variété des musiques ficile pour Brooke Aldridge qui a hérité d’une ballade trop couvertes par les Stillhouse Junkies, l’album possède une simple, TC and Pearl. Même réflexion pour When I Leave belle unité grâce à la qualité des compositions, du chant de Kentucky chanté en duo par Bradley Walker et Holly Pitney Fred Kosak et du jeu d’Alissa Wolf. Par ses solos et ses et c’est bien dommage car la sœur du chanteur country Mo contre-chants, elle apporte beaucoup de musicalité aux jo- Pitney a une très jolie voix. suite au verso

Le Cri du Coyote n°158 page 33 Rencontre coyotesque à La Roche (août 2018) BLUEGRASS & C° - nique FOSSE Domi

Photo © Emmanuel Marin Alain Kempf, Dominique Fosse, Jean-Michel Iacono, Gilberte Brémond, Eric Allart, Jacques Brémond, Philippe Ochin, Henri Gorgues

On a trop souvent tendance à voir dans Elzic’s Farewell auquel Barcelona Bluegrass Band apporte BARCELONA BLUEGRASS BAND le groupe un arrangement très personnel. Bons solos de banjo (single de son banjoïste, Lluis Gomez, un des string) et d’harmonica sur le celtique Acombdits et Evening meilleurs spécialistes européens de la Prayer Blues de Deford Bailey. Dans la musique de BBB, bête à 5 cordes. Mais Lluis Gomez a sa l’harmonica tient souvent le rôle qu’a le fiddle dans d’autres propre discographie solo (il a sorti l’album groupes et ça va très bien à Reuben. Les duos banjo-har- Dotze Contes l’an dernier) et BBB est la monica sont cependant un peu trop systématiques. Il y en a somme des talents de quatre musiciens. d’excellents. D’autres sont moins réussis. On n’entend pas plus le banjo que l’harmonica de Joan Pau Cumellas et dans le nouvel album du groupe, Set List, il y Going Home est l’album de Joe a six chansons parmi les onze titres. Maribel Rivero (cbss) NEWBERRY & April VERCH. Il chante en interprète Banjo Picking Girl d’une manière plutôt virile qui s’accompagnant à la guitare ou au banjo manque de charme. Elle est un peu meilleure sur Ain’t No clawhammer. Elle joue du fiddle et chante Grave. Eu égard aux versions de référence des titres qu’il également. Cette Canadienne est aussi reprend, Miguel Talavera (gtr) s’en sort avec les honneurs. connue comme une phénoménale dan- J’ai même trouvé le pont de Marbletown ( via seuse (clogging). Malheureusement, ce Blue Highway) particulièrement réussi. (Jimi Hen- talent n’est pas perceptible sur CD (on drix) passe assez bien (avec Gomez à la mandoline) si on l’entend cependant clogger sur un instrumental). Bien qu’ils arrive à oublier la version de Tim O’Brien. Crossroads (Ro- soient sans grande surprise, ce sont les instrumentaux que bert Johnson/ Eric Clapton) est moins bien et les harmonies j’ai le plus appréciés sur ce disque. La plupart sont joués en vocales de The Way It Is (Bruce Hornsby) sont ratées. Il y duo fiddle-banjo mais j’ai aussi beaucoup aimé Waiting For a un bon duo banjo-harmonica sur ce titre mais, globale- Joe, une composition de April que Joe accompagne à la gui- ment, je préfère la version qu’en avait fait le groupe Quartier tare. Newberry a une voix douce agréable. Par contre, April Français il y a quelques années. Les titres que j’ai préfé- Verch a un timbre un peu criard qui est passé de mode. Ré- rés sont les instrumentaux, particulièrement le traditionnel servé aux fans de old time et de country/ folk à l’ancienne. ©

Michel Concerts bourguignons ROSE CONCERTS MADE iN FRANCE Fête de la Zic, le 21 juin : Devant le Deep Michel Rose), la soirée a atteint son apo- Inside dijonnais, se produisait un groupe gée avec une géniale interprétation du de punky bluegrass, les Hellbelly Krows succès de Johnny Horton (signé Jimmie (vo/ mdl, cbss, gtr, bjo) qui enchantaient Driftwood) The Battle Of , l’auditoire avec, notamment, Blue Moon avec une super partie de "tambour" du Of Kentucky et I Saw The Light. Du ja- batteur Maggio, qui nous a transportés mais entendu à Dijon, pauvre en musique au temps de la guerre anglo-américaine. country ! Back to the roots avec cette for- Gros bœuf international après le rappel, mation attrayante dont certains membres avec un Américain, deux Allemands du font partie des Box Bashers qui assu- sud (des El-Sonno Brothers qui avaient Michel Rose & Orville Nash. Ph. Benoit Chervin raient la fin de la soirée avec du rockabilly débuté la soirée avec leur rockabilly sau- traditionnel (Rockin’ Daddy et Hot Dog). beauté, la Wild Cutters Party n°4 pro- vage) et bien sûr les "petits" Français. 16 juillet : Les Venturas, trio de surf-rock posait une belle affiche à Magny sur A noter que le chanteur d’Atlantic City a de Châlon-sur-Saône. Concert instru- Tille près de Dijon. L’américain Orville développé, au fil des ans, une technique mental quasi parfait avec un répertoire de Nash, accompagné par les Hillbillies vocale élaborée qui lui permet de pas- 1er choix : Ventues, Dick Dale, Surfaris, dijonnais. Une alchimie quasi parfaite, le ser avec aisance du ténor haut perché etc. (Memphis, Wipe Out, Bamble Bee, vieux rocker (71 ans) très bien soutenu au baryton le plus mélodieux : la grande Sleep Walk, Misirlou et de belles compo- par la dernière génération s’est déchainé classe. Bravo l’ami pour ce joli cadeau de sitions du groupe). Guitare Fender (copie durant près de 2h, dans des styles très rentrée. © (A Marine et Benoit) Strato) basse électrique Gretsch pour la variés (hillbilly boogie, rockabilly, rock tourbillonnante Anne Porot et batterie ’n’ roll, blues et chants sudistes !). Après PS : pour les nostalgiques de la guerre de sécession, percutante, là encore du rarement en- une belle brochette de classiques, dont le dernier single de Orville Nash est un hommage au général sudiste Robert E. Lee (titre éponyme, face A). tendu dans la région. Succès amplement Bottle To The Baby, Tongue Tied Jill, Mat- 45t Foot Tapping Records (UK) FTR 005-45 (2017). mérité. (Concert gratuit "Garçon la note"). chbox, Boppin’s The Blues, Your Chea- Les Venturas : Retropédalage (CD et 33t) composi- 1er septembre : Pour finir la saison en tin’ Heart, That Long Black Train (dédié à tions personnelles. 2017 Les Disques Platre

Le Cri du Coyote n°158 page 34 Jacques Un enfant du BRÉMOND Nordine GHEURBi Rock-Kabylie

Nordine promène sa vocation de chanteur musicien depuis 26 ans comme intermittent du spectacle, avec son répertoire de chansons et instrumentaux puisés dans son amour du rockabilly, du folk, de la country music et du blues. Des convergences et une complémentarité musicales toutes... coyotesques ! Interview

Quels éléments biographiques américaines, folk et country ? veux-tu nous confier ? Vers quinze ans, avec un copain Je suis né à Alger en 1960, et j’ai échangé un 45 tours de Johnny je suis arrivé à l’age de 4 ans en contre un Chuck Berry. Dans ma Auvergne, à Riom puis à Saint- chambre j’ai mis le disque sur la Étienne en 1966. J’ai participé platine et là je suis resté scotché, à Boppin Cat, un groupe de rock sans bouger : l’intro à la guitare ’n’ roll et de rockabilly dès 1979, de Johnny B Goode n’en finissait puis un trio blues-country Mississi- pas ! Je n‘avais jamais entendu ppi en 1990 et dès 1992 Canyon quelque chose de semblable, une Band. intro longue et ce groove avant que Ces dernières années c’est sur- le chant ne commence ! J’ai dû tout Nordine Gheurbi en duo ou repasser au moins cent fois cette solo ! J’ai joué ainsi avec beau- intro… je l’arrêtais juste avant le coup de musiciens : Mirco Mer- chant commence, c’était sublime curi, Jean-Marc Delon, Vincent extraordinaire ! La face B compor- Bucher,Jean-Marie Peschiutta et tait Deep Feeling un instrumental, Natalie Shelar, Mouss Idir, Fred alors du coup j’ai acquis la collec- Brousse, Patrick Darnaud, Lau- tion de tous les disques de Chuck rent Falso, Sam El Hadjadj, Frank Berry vraiment tout ! Puis j’ai Boutin Albrand, Dany Vriet… J’ai acheté une guitare bon marché, participé à pas mal de concerts et qui ressemblait à celle de Chuck et festivals comme à La Roque d’An- j’ai commencé à jouer à la maison theron, Réalmont, Mirande, Cerhexe, musicien, qui vivait à Amsterdam, nous et avec des copains puis on a monté Salaise sur Sanne, La Tour de Salva- rendait visite de temps en temps. Il un groupe de rock n roll ! Avec un ami gny, Bain de Bretagne, Cran Montana, venait avec sa guitare et, après le chanteur -j’étais trop timide alors pour Courmayeur, Berne, Lausanne, Mon- déjeuner, il chantait des morceaux de chanter- on reprenait Chuck Berry, Carl treux Jazz Off, les Arènes de Four- Maxime Le Forestier, de Moustaki, Perkins, Eddy Cochran, , vière, etc. Idir et, à chaque fois j’étais fébrile, un Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, etc. peu comme paralysé… je ressentais Vers 17, 18 ans, je rends visite à mon Comment as- quelque chose d’inexplicable. J’étais oncle à Amsterdam et il me présente tu commencé timide mais convaincu que je ferais de des amis musiciens dont Bart Gra- la musique et la musique, c’est intérieur… vendal son frère Yost. Ils avaient un le chant ? groupe et jouaient des morceaux de Tout petit j’ai Pourquoi ce choix de musiques folk, country et blues. suite au verso été attiré par le chant et la musique. Le fait d’écouter et de chan- ter m’excitait complète- ment ! Je res- sentais des émotions… je ne sais pas comment les retranscrire. Avec ma petite voix, je chantais les morceaux que j'entendais à la radio de Christophe, de Mike Brant etc. A la maison mon père chantait de vieux morceaux traditionnels kabyles et s’accompagnait à la guitare. Quand il allait au travail la guitare était posée au-dessus d’un haut placard. Il était interdit de la toucher ! Et bien sûr je montais sur une chaise pour la récupérer et j’essayais de jouer les morceaux du moment ! Mon oncle Mississippi (1992)

Le Cri du Coyote n°158 page 35 Rock-Kabylie Un enfant du Nordine GHEURBi Jacques BRÉMOND

Mirco Mercuri & Nordine Nordine & Jean-Marc Delon

Les harmonies vocales superbes, le Benson, Duke Robillard, Clarence Pour les lecteurs musiciens : quel picking à la Doc Watson, le banjo old Gatemouth, Taj Mahal, José Feliciano, instrument et matériel utilises-tu ? time, la guitare électrique… j’ai ado- Paco de Lucia, Mississippi John Hurt, J’ai une guitare Martin HD 28, un mi- ré mon séjour. Et Bart avait tout les Tim O’Brien, David Holt, & cro chant Neumann KMS 105, un ampli disques du monde. Mon oncle Zoubir Brownie McGhee, etc. AER acousticube, un préampli externe m’a fait découvrir Merle Haggard et son Fishman pro EQ. Tribute to Bob Wills, Don Williams, Jim As-tu songé à prendre un pseudo- Croce ! nyme à consonance anglophone ? Quel est ton répertoire principal ? Et Bart m’a enregistré des cassettes Oui bien sûr j‘y ai pensé au début Mon répertoire est americana mais de Doc Watson, Mississippi John Hurt, mais avec ma tête cela aurait sonné assez diversifié : folk, country, bluesy, Jesse Fuller, Leadbelly, Kris Kristof- un peu faux (rire) ! Avec le groupe c’est jazzy, Hank Williams, Doc Watson, Vin- ferson avant que je rentre en France. Canyon Band mais en solo je suis Nor- ce Gill, Nat King Cole, Jerry Lee Lewis, Les cassettes ont tourné et retourné dine Gheurbi. J’essaie juste d’être en Snooks Eaglin, , JJ Cale, Bill jusqu’à l’usure... accord avec moi, car je crois que dans Monroe, James Taylor… A Saint-Etienne personne ne jouait du la musique c’est ce que l’on à l’intérieur Hank Williams ou du Doc Watson, alors de soi qui doit s’exprimer ou transpirer, Les trois chansons que j’ai dû travailler la façon de jouer basse l’intention… tu préfères interprêter ? et rythmique alternée de Doc Watson Cela dépend de l’endroit, du public et à l’oreille… il n’y avait pas encore de As-tu un projet de groupe ? du moment mais disons Nashville Blu- Youtube ! Je ne joue pas souvent en groupe ! J’ai- es (d’après Doc Watson) The Water Is merais bien jouer en groupe, mais les Wide (d’après James Taylor) I Went To Tu as eu d’autres influences ? budgets ne le permettent pas toujours! The Mardi Gras (Snooks Eaglin). J’en ai plein, complètement diverses, Donc je jongle entre solo et duo… A une en plus des déjà cités : Bob Carlin, époque, nous avons fait pas mal de fes- La chanson qui rencontre le plus Jimmie Rogers, Snooks Eaglin, Lynn tivals et de concerts avec Canyon Band de succès lors de tes concerts ? August, Nat Cole Trio, , car il y avait un tourneur en France qui Cela dépend aussi des lieux, mais, David Grisman, Tony Rice, Emylou bossait sur les festivals. Mais il a arrêté bizarrement, je dirais Joséphine c’est Harris, Bill Monroe, Ricky Skaggs, je crois. C'était sympathique et il y avait pas ma femme (Lynn August)… je suis James Taylor, Stevie Wonder, George aussi une boite de production à Lyon toujours étonné qu’on me demande qui nous a fait ce morceau, il n'y a que deux accords jouer aux Arènes et quatre phrases, mais je pense que de Fourvière, au c’est le coté Zydeco et festif qui trans- Carlton Montreux met la bonne humeur ! Jazz Off, à La Cour des Loges, Composes-tu ? etc. Oui j’ai quelques compositions dépo-

Rosewood Trio (World-Country Blues) Frank Alban Boutrin, Nordine, Mouss Idir Southwest : Jeanmarie Peschiutta, Natalie Shelar & Nordine

Le Cri du Coyote n°158 page 36 sées à la Sacem. Je suis plus compo- que je trouve un auteur qui puisse cap- siteur qu'auteur, car l’écriture pour moi ter ce que j’ai à exprimer. c’est compliqué. J’ai plus de facilités pour la musique et les mélodies, car Les quelques derniers disques j’ai du mal à raconter, j’ai l’impression acquis récemment et appréciés ? d’être un donneur de leçons, mais je J’écoute tout ce qui passe en ce mo- dis des choses à travers mon chant, ment, j’aime beaucoup Molly Tuttle, les ma voix et ma Martin chérie... Punch Brothers, Mandolin Orange et, depuis quelque temps, je reviens sur Tu tournes surtout dans ta région. des morceaux comme For The Good Comment arrives-tu à fidéliser un Times, les versions de , Aa- public et renouveler les contacts ? ron Neville et Dolly Parton. Oui en ce moment je joue essentiel- lement dans la Loire. Je vais aussi Quel but as-tu désormais ? dans le sud cet été, et de temps à Continuer à me produire, faire décou- autres dans les Alpes. Quant à la fi- vrir mon univers musical, faire appré- délisation du public, je ne fais rien de cier une guitare acoustique et une Doc Watson & Nordine spécial… je crois que j’essaie d’avoir voix sans artifice, dans la simplicité, une constance dans mon travail, pour musicale américaine et je m’y intéresse l’échange et la générosité… Peut-être faire connaître toute les facettes et la toujours. Tout est relié, les différents un jour je ferai un album solo, pourquoi complexité de cette musique que l‘on styles, les instruments utilisés, les ré- pas ? J’ai pas mal de textes et mu- aime, à un public pas forcement ama- gions des artistes, les fusions par les siques qui trainent à la maison, mais teur ou averti ! Certaines personnes immigrations, les influences diverses. rien de finalisé. me suivent de temps en temps, cela On écoute un morceau, par exemple BRÉMOND me fait plaisir, d’autres me découvrent Anytime I’m Feeling’ Lonely par Patsy Veux-tu ajouter quelque chose ? Jacques et m'apprécient aussi. Je n’ai aucune Cline et, en recherchant les différentes Oui merci Jacques, c’est gentil d’avoir séquence enregistrée, c’est toujours versions, on s’aperçoit qu'il était chan- penser à moi pour cette interview. On du live à l’ancienne, que ce soit en duo s’est connus au Off de Craponne il y a té par Emmet Miller dans les 30's, il a GHEURBi Nordine ou en solo : une voix une guitare ! En influencé Bob Wills, Merle Haggard, et près de 25 ans. C’est un plaisir, conti- solo, il y a un côté performance. Il faut chanté aussi Lovesick Blues que Hank nue à œuvrer comme tu le fais déjà avoir l’énergie, mais ne pas jouer trop Williams a popularisé. La musique est depuis des années, et à nous faire dé- fort pour ce faire entendre et voir si un éternel recommencement… couvrir ou redécouvrir des albums, des on va convaincre ce soir encore… et artistes, des interviews. Bonne conti- quand le public adhère, c’est cool. As-tu un disque en projet ? nuation et bonjour à tous les amoureux Je préfère m’exprimer en live sur du Cri du Coyote et de cette musique T’intéresses-tu à l’histoire musicale scène, mais pourquoi pas… il faudrait aux multiples ramifications positives ! © Un enfant du enfant Un américaine ? Comment ? Rock-Kabylie Oui je me suis intéressé à l’histoire A voir : Clips sur Youtube et www..com/nordine.gheurbi

Knockin' On Heaven's Door

Ponty BONE (78 ans) 13 juillet Aretha FRANKLiN (76 ans) 16 août Accordéoniste texan qui joué avec la crème locale (Joe Ely Band, La "reine de la Soul", sans conteste, avec 18 Grammys, 75 millions Butch Hancock et de nombreux musiciens d’Austin) ainsi que Tom de disques vendus et une carrière de près de 60 ans. Elle fut même Petty ou même les Clash ! Il était au CRV de Craponne en 2004. la première femme accueillie au Rock and Roll Hall of Fame (en Mickey CLARK (78 ans) 15 juillet 1967). Fille de pasteur, engagée dans le mouvement des Droits Il débute en trio (Village Singers) dans la Civiques, elle a été célébrée dans la presse et les médias comme mouvance folk rock des 60’s puis s’installe une des chanteuses et des personnalités les plus marquantes du à Nashville et signe avec les Glaser Bro- siècle. La liste de ses succès est impressionnante, et appelle au thers un contrat de songwriter. Ses chan- Respect (une chanson mythique s’il en est !). sons ont été enregistrées par le Kingston Polly LEWiS (81 ans) 19 août Trio, Tompall Glaser, les Oak Ridge Boys, Née Polly Lewis Williamson Copsey, elle est décédée après 15 ans Jerry Lee Lewis, Peter Yarrow, etc. Ami de de maladie (Parkinson). Avec ses frères Wallace et Talmadge et Jerry Jeff Walker, John Prine, Kinky Fried- ses sœurs Miggie et Janis, le père Roy Pop Lewis et le fils Little Roy man et Sam Bush, il participe en 2009 à (banjo) elle a participé au groupe familial de gospel & bluegrass né Winding Highways, avec Robin & Linda au début des 50’s en Géorgie. Pionnière de la route (la première Williams, Turley Richards et Tim Krekel, en bus !) la Lewis Family a enregistré dès 1951, a rejoint Starday produit par Jim Rooney, album de l’année Records (1957) puis Canaan (20 albums chacun) et divers labels de l’Academy of Western Artists in Texas. spécialisés (en gospel). Le groupe a cessé ses concerts en 2009. Pete GOBLE (86 ans) 25 juillet Lazy LESTER (85 ans) 22 août Songwriter de bluegrass, auteur d’un nombre impressionnants Né Leslie Johnson, chanteur, guitariste et harmoniciste qui a mêlé de classiques (parfois co-signés avec Leroy Drumm) : Tennessee blues, zydeco, cajun & country (I’m a Lover, Not A Fighter et Sugar 1949, Blue Virginia Blues, Coleen Malone, Windy City, Big Spike Coated Love, Excello 1958) produit par Jay Hammer, etc. repris par The Osborne Brothers, le Bluegrass Album Miller. Ce dernier n’a pas voulu qu’il enregistre Band, , , IIIrd Tyme Out, etc. Il disait avoir de la country music (parce qu’il avait la peau eu 90 titres enregistrés sur 700 composés ! Il a également édité des noire !) alors que Lazy était fan de Jimmie disques en son nom (avec Andy Ball et Bill Emerson). Rodgers ! Du coup, en 1966 il devient ouvrier, George McCENEY (79 ans) 14 août chauffeur de camion, bûcheron. Dans les Amateur de bluegrass, ami de Doc Watson, chanteur et musicien, 80’s, il revient et enregistre Lazy Lester Rides auteur de chansons (enregistrées par Emerson & Waldron) il a été Again (King Snake) et Harp and Soul (Alli- membre du bureau de l’IBMA er co-fondateur du magazine Blue- gator). En 2003 il est avec BB. King, Buddy grass Unlimited. Il a également fréquenté des gens aussi divers Guy, Bonnie Raitt, etc. dans un concert filmé que Jerry Garcia, Bob Dylan, Eddie & Martha Adcock, ou même (Lightning in a Bottle) par Antoine Fuqua et Blaze Starr, la danseuse de burlesque (qui jouait aussi du banjo !). co-produit par Martin Scorsese. © (JB & DA)

Le Cri du Coyote n°158 page 37 A l’origine du projet Alton et Margaret Warwick, Richard Weize et Dominique Anglares, entourés de contributeurs reconnus comme Martin Hawkins, Colin Escott, Christian Zwarg, Hank Davis, Kevin Coffey, Chris Brown, David Dennard, Bill Millar, Robert Gentry, etc. Jamais l’histoire d’un spectacle hebdomadaire de Country n’a été aussi bien documentée (quasiment ressuscitée) même si Bear Family avait déjà publié un superbe coffret dédié au Big D Jamboree (BCD 16086) d’ailleurs à l’origine de ce projet lancé en septembre 2013. Un grand merci à Richard Weize pour l’ensemble de ses réalisations et ses prises de risques financiers depuis plus de 40 ans.

Dominique ANGLARES At The Louisiana Hayride Tonight

La sortie du coffret Bear Family At The Ces distances sont à considérer Ce coffret de 20 CD (25 heures de Louisiana Hayride (BCD 17370) en pour comprendre l’importance de la musique) couvre la période du 7 aout aout 2017 offre l’occasion d’un voyage radio KWKH et du Louisiana Hayride 1948 au 21 aout 1965 soit plus de 550 au Nord-Ouest de la Louisiane, à Shre- (LH) dont la majeure partie du public enregistrements par 167 artistes avec veport, ville traversée par la Red River. n’était pas de Shreveport. Autre ville un livre de 224 pages (format LP) Troisième ville de Louisiane, après La importante de Louisiane qui fournit son abondamment illustré et parfaitement Nouvelle Orléans et Bâton Rouge, elle contingent de musiciens-chanteurs : documenté. Il a fallu faire des choix et fut créée en 1836 par la Shreve Town Monroe/ West Monroe, traversée par la tous les enregistrements n’ont pas été Company pour développer le com- rivière Ouachita. Parmi ceux-ci : Webb publiés. Une data base indique autant merce entre la Red River, alors non na- Pierce, Merle Kilgore et Tom Bearden. que connu l’ensemble des artistes, sa- vigable à cet endroit, et la République Beaucoup d’enregistrements du Loui- medi par samedi, enregistrés ou non. du Texas. Les travaux étant engagés siana Hayride ou de la KWKH avaient Parmi ceux cités non présents sur les par le Capitaine Henry Miller Shreve, déjà été publiés*, mais rien n’approche CD : Pat Cupp, Sid King, Jerry Lee la ville fut nommée Shreveport en son ce coffret dont une partie provient des Lewis, Carl Perkins, Eddie Bond, Roy honneur. Bien desservie par le réseau archives de David Kent. A son décès Orbison, Dale Hawkins, Gene Wyatt. ferroviaire, Shreveport est située à 300 en 1992, elles passent à son fils Joey Parmi les plus représentés : Johnny km à l’ouest de Dallas (Texas), à 115 Kent avant de devenir la propriété d’Al- Horton, Elvis Presley, Johnny Cash, km au sud de Texarkana (Arkansas), ton et Margaret Warwick. D’autres pro- Werly Fairburn, Betty Amos, Jerry Je- 560 km au sud de Memphis et 900 km viennent de la Librairie du Congrès et richo, George Jones, Merle KIlgore, au sud de Nashville (Tennessee). des Archives Nationales. Frankie Miller.

La radio KWKH La KWKH radio débute en juin 1922 sous l’appellation WDAN, puis WGAQ. Le capital est détenu par quatre asso- ciés dont le propriétaire du journal The Shreveport Times, John D. Ewing, et l’industriel William Kennon Henderson. En septembre 1925, Henderson rachète les parts d’un des associés et renomme la station radio KWKH utilisant ses trois initiales. Elle est alors établie sur une proprieté de W.K Henderson, à Kennonwood, une localité à 15 km au nord de Shreveport. En 1928 Henderson enregistre Jimmie Davis pour sa marque de disques Doggone et en 1929 ou 1930, Eddie and Sugar Lou’s Hotel Tyler Orchestra, un groupe d’Austin se Le Shevreport Municipal Auditorium produisant alors à Tyler (Texas) grave K.W.K.H Blues. The Newman Brothers, The Duncan Sisters, Leon Chappelear, qui devient le KWKH Saturday Night Roundup en 1940. Gene Sullivan et The Blackwood Brothers sont parmi les La radio pouvait être captée jusqu’à Los Angeles et Chica- premiers artistes Hillbilly à se produire sur KWKH. En 1932, go. Environs 25 artistes/ groupes se produisent sur la scène la radio est vendue (50.000 $) à un groupe d’investisseurs, de l’Auditorium Municipal parmi lesquels The Rice Brothers, International Broadcasting Corporation, puis cédée en juin Jimmie Davis, The Frank Stamps Quartet, The Arizona 1935 à John D. Ewing. Ranch Girls. Le show présenté par Horace Logan, concur- En 1936, la station (affiliée à CBS depuis octobre 1934), rent du grand Ole Opry diffusé depuis 1927, prend fin en s’installe dans le Commercial National Bank Building à 1942. W.K. Henderson décède le 28 mai 1945. Shreveport. En mai 1939, sa puissance passe de 10 000 En juillet 1945, Henry Brevard Clay épouse la fille de John à 50 000 watts donnant une bonne exposition à Bob & Joe D. Ewing. Expérimenté, Il est nommé par son beau-père à la Shelton (The Sunshine Boys) qui présentent, le dimanche tête de la KWKH et de la KTHS (Hot Springs, Arkansas) en après-midi depuis la fin de 1936, le Hillbilly Amateur Show qualité de manager général en octobre 1947.

Betty Amos Claude King Johnny Mathis & Jimmy Lee *sur les CD Louisiana Hayride Classic Country/ Gospel radio (Various Artists), Live At The Louisiana Hayride (Frankie Miller, J. Horton, George Jones, June Carter, Johnny Cash, ), Johnnie & Jack with at KWKH (Bear Family) et divers LPs.

Le Cri du Coyote page 38 William E. Antony puis Bob Sullivan sont employés comme Bale, Hi Roberts, Jeff Dale, Bill Cudabec et d’autres DJs et "chief engineer" en charge du son. Bob Sullivan reste à la animateurs. Bruce Jones, propriétaire de Southern Maid KWKH jusqu’en 1959 puis part travailler au Clifford Herring Donuts, fut un important sponsor du LH et la compagnie studio de Fort Worth. Paul Cawford, Ven Marshall et Dan locale Johnnie Fair Syrup finança à hauteur de 5 000 $ plu- Sorkin sont employés pour animer sieurs émissions avec Hank Williams différentes émissions tandis que Bob puis . Les cigarettes Lucky Shipley, Ed Smith, Barney Ghio et Strike et la bière Jax sont d’autres Donald M. Ewing couvrent les événe- sponsors. Bien entendu, les artistes ments locaux et le sport. du LH participent à tous les événe- Dean Upson, en qualité de manager ments locaux importants comme la commercial et Frank Page ont rejoint foire annuelle de la Louisiane ou la la radio qui signe The Bailes Brothers, March of Dimes. Harmie Smith and His Ozark Mountai- neers, Dick Hart, Tex Grimsley, John- Avec 50.000 watts, la KWKH est la nie and Jack, Kitty Wells. première à diffuser en FM en Arkan- sas, en Louisiane et au Texas. Une Martha White Flour fut l’un des spon- portion de l’émission est relayée par sors. En février 1948, la radio diffuse la KTHS, utilisant le réseau de CBS en matinée un programme matinal dans 13 états, ainsi que pour les de Hillbilly The Ark-La-Tex Jubilee forces armées US. (La KTHS quitta présenté par Horace Hoss Logan, et Hot Springs et s'installa à Little Rock sa marionnette Cosmo Hacienda, qui fin 1951). avait rejoint la KWKH en 1932. Depuis Les autres radios opérant à Shreve- 1947, la KWKH diffusait en fin d’après- port étaient KCIJ (5000 watts, 1950), midi deux programmes dédiés au KENT (1000 watts, 1947), KRMD (250 , présentés par Ray watts, 1928, affiliée à ABC) et KTBS Groovie Boy Bartlett, Groovie’s Boo- (10.000 watts, 1922, affiliée à NBC). gie et In the Groove. Ray, originaire de Il n’y a pas de TV locale jusqu’en jan- Wichita Falls, Texas, présentait aussi vier 1954 quand commence à diffuser Stan’s Record Revue sponsorisé par la KSLA-TV, affiliée à CBS. Cette TV Stan Lewis, The Record Man. Quand Ray quitta la radio il fut partiellement détenue par le fils de W.K Henderson diffuse remplacé pour cette émission par Frank Gatemouth Page. un programme dédié au Louisiana Hayride. Elvis y apparait le 5 mars 1955. Une seconde chaine de télévision, KTBS-TV Le Louisiana Hayride débute le 3 avril 1948, la KWKH louant 12, commence à diffuser en septembre 1955. l’Auditorium Municipal d’une capacité de 3 800 spectateurs pour environ 75 $ chaque samedi soir. Le prix de l’admission Zeb Turner et Hank Thompson sont parmi les artistes invi- est de 60 cents (demi-tarif pour les enfants). tés à se produire au LH, fin 1949. De nouvelles émissions Pratique rare, l’Union Locale des Musiciens accepte que radiophoniques apparaissent comme The Jax All-Star Ju- les artistes puissent jouer sans carte de membre durant 60 bilee, The (Vern) Marshall’s Jubilee (1949), The Frank Page jours. Le cachet est de 18$ pour le leader et de 12$ par Show (1950), The KWKH Jamboree (1951), The Jack Hunt musicien. Si le groupe est composé de cinq membres ou Show (1952), The Jimmie Davis Show (1953), The Jolly plus, le cachet du leader passe à 24$. Cholly Show (1953). Pour ce premier spectacle, présenté par Horace Logan, de En 1951, parmi ceux qui se produisent régulièrement on 19h à 23h, nous avons The Bailes Brothers, Johnnie and trouve , , T. Texas Tyler, Texo Jack, The Four Deacons, Harmie Smith and The Ozark Ted and his Hired Hands, Okie Jones, . Parmi Mountaineers, The Mercer Brothers, Pappy Covington, Tex les invités ou les artistes qui font de courts séjours : Riley Grimsley. Par la suite Curley Williams & The Georgia Peach Crabtree, , Charlie Monroe, Billy Starr, Clyde Pickers, Zeke Clements, Hank Williams, Red Sovine, Cou- Moody, Big Jeff. sin Emmy and Her Kinfolks, Patsy Montana, Hank Snow, The Wilburn Brothers, The York Brothers rejoindront le show. Horace Logan, Tillman Franks et Webb Pierce deviennent partenaires en créant la marque de disques Pacemaker et la Horace Logan, directeur des programmes, produit le show, maison d’édition musicale Ark-La-Tex. travaillant avec Ray Groovy Boy Bartlett, Frank Page, Norm De nombreuses sessions sont faites sous la supervision de Dominique Dominique ANGLARES At The Louisiana Hayride TonightAt The Louisiana Hayride

James O'Gwynn Elvis Presley

Le Cri du Coyote n°158 page 39 Bob Sullivan, l’ingénieur du son de la KWKH, de nuit pen- Le premier show de 1952 est celui du 19 avril avec deux dant que la station cesse d’émettre. Bob Sullivan supervisa titres d’Eddy Arnold, I’m Throwing Rice (1949) et le clas- des séances d’enregistrements pour Slim Whitman, Webb sique Cattle Call (1944). Les enregistrements suivants sont Pierce, Jim Reeves, Mitchel Torok, The Brown, Dale Haw- du 13 septembre avec un premier titre par Jimmy Lee (Fau- kins, Bob Luman, Tommy Cassell. theree) Jimmy’s Boogie, un superbe boogie par un artiste En mai 1952, Johnny Horton et Jim Reeves rejoignent le de 18 ans. En 1951, Jimmy Lee signe son premier contrat Louisiana Hayride. Hank Williams y revient "offi ciellement" avec Capitol qui sortit 8 singles purement Country dont I’m le 20 septembre suivi par The Carlisles en octobre. En 1953, Diggin’ A Hole To Bury My Heart réenregistré sur son der- Jimmy Lee Fautheree, The Maddox Brothers, Mitchell Torok, nier CD. Pour obtenir ce contrat, Jim Bulliett, avait expédié Van Howard font partie des artistes réguliers. chez Capitol une démo chantée par Lefty Frizzell sous le nom de Jimmy Lee ! Lors de la première session il resta à Les enregistrements convaincre tout le monde qu’il s’agis- At The Louisiana HayrideAt The Louisiana Tonight Enregistrée le 7 août 1948, une ver- sait bien de Jimmy Lee. Nous le retrou- sion de Mind Your Own Business par verons plus tard en duo avec Country ANGLARES Dominique Hank Williams, dont c’est le premier Johnny Mathis, Wayne Walker et son passage, est très proche de celle frère Lynn Fautheree. éditée sur le simple MGM 10461 en Egalement enregistrés lors de ce spec- juillet 1949. Cet enregistrement est tacle : Goldie Hill, The Rhythm Harmo- inédit. Lum York, le seul musicien de neers, Tommy Trent, Jerry K. Green Montgomery, Alabama, à l’avoir suivi, et, invité surprise, Hank Williams avec est très probablement à la basse. Il Jambalaya. Il revint la semaine sui- resta comme musicien et membre vante mais ne fut plus enregistré. des Lump Lump Boys au LH après le Un titre gospel des Maddox, The Land départ de Hank pour Nashville. Nous Just Over The Stars du 15 novembre n’avons aucun autre enregistrement conclut 1952. Parmi les artistes régu- de ce spectacle auquel participèrent liers à cette période qui n’ont pas été Curley Williams, The Bailes Brothers, enregistrés ou dont les bandes ne sont Johnnie & Jack, The Mercer Brothers, pas parvenues jusqu’à nous : Claude Audrey Williams, The Four Deacons et King, Van Howard, Johnny Horton, quelques autres. Buddy Attaway, Billy Walker, The Ce titre est suivi par une interprétation Rowley. de I’m A Long Gone Daddy enregistrée le 13 novembre 1948, où Hank est ac- Le seul show pour 1953 est celui du compagné par les musiciens du Loui- 3 janvier qui ouvre avec Red Sovine siana Hayride. Le son, comme pour les suivi de Tommy Hill, le frère de Gol- autres enregistrements, est tout sim- die Hill. Jimmy Lee est de retour avec plement exceptionnel. Blowin’ and Goin’ sorti peu avant avec Mistakes sur le simple Capitol F2320. Suit une interprétation du classique The Shreveport Times 31 décembre 1955 (J. Kent) de Kokomo Arnold Milk Cow Blues par No Interest par Hillbilly Barton est un Zeke Clements (la voix de Bashful dans Blanche-Neige) qui excellent Hillbilly et Too Old To Cut The Mustard par Bill avait rejoint le LH au mois de septembre 1948. Il est accom- Carlisle, un grand classique. Bill Carlisle avait rejoint le LH pagné par Curley Williams and His Georgia Peach Pickers au mois de septembre 1952 avec Betty Amos et l’excellent qui interprètent également l’excellent instrumental Georgia guitariste Roy Snead. En décembre 1953, The Carlisles re- Steel Guitar. Cousin Emmy (and her Kinfolks), native du joignent le Grand Ole Opry*. Kentucky, pour son premier passage au LH interprète les tra- ditionels I Wish I Was A Single Girl Again, Shortnin’ Bread et Un unique show pour 1954 mais le plus connu, celui du Mountain Dew. Parmi les autres 16 octobre où Elvis fi t son pre- artistes The Bailes Brothers et mier passage au LH interprétant Red Sovine. Hank Williams re- That’s All Right et Blue Moon joint le Grand Ole Opry le 11 juin of Kentucky. Il est précédé par 1949. Ginny Wright qui a rejoint le LH en décembre 1953. Originaire La soirée du 13 octobre 1951, de Géorgie, elle enregistra pour offre un casting différent : Slim Fabor et Abbott parfois avec Jim Whitman, The Oklahoma Wran- Reeves. Elle est suivie par "a glers (The Willis Brothers), T young man from Memphis with Texas Tyler, Webb Pierce et a new and distinctive style", pré- Faron Young. Webb Pierce, qui senté par Frank Page. avait rejoint le LH en novembre Dobber Johnson, un fi ddler, 1949, interprète Wondering (un Tibby Edwards et Jimmy New- morceau de 1928 repris en 1937 man, tous talentueux suivent le par un groupe Cajun, The Hack- Memphis Flash. A cette époque berry Ramblers) avec Jimmy Day Arthur M. "Pappy" Covington à la steel guitare tandis que Fa- était en charge d’une partie de ron Young, délivre parfaitement la programmation et des enga- la ballade The Good Lord Must gements des artistes du LH. Jim Have Sent You qu’il enregistrera Buillet avait occupé ces fonctions en mars 1952 pour Capitol. Johnny Horton en 1951 sans succès.

*Parmi les grand shows concurrents pour la période nous pouvons citer : Le Grand Ole Opry, Old Dominion Barndance (WRVA, Richmond, Virginia), Saturday Night Shindig (WFAA, Dallas), Hayloft Jamboree (WCOP, Boston), WWVA Jamboree (Wheeling, West Virginia), Big D Jamboree (KRLD, Dallas), National Barn Dance (WLS, Chicago), Virginia Barn Dance (WDVA, Danville), Hometown Jamboree (KXLA & KLAC-TV, Los Angeles), The Renfro Valley Barn Dance (WLW, Cincinatti).

Le Cri du Coyote n°158 page 40 L’année 1955 commence par un enre- formances de Sid King, The Miller Sis- gistrement d’Elvis le 15 janvier, Heart of ters, Roy Orbison, Rose Maddox, Rudy Stone. Même si le son laisse à désirer Grayzzel, Dub Dickerson. c’est un enregistrement essentiel sur le lequel figurent Leon Post (piano) et L’année 1956 commence par des en- Sonny Trammel (steel guitar.) Pour les registrements du 28 avril avec Werly amateurs de glisse, Sonny jouait sur une Fairburn ("a fellow from way down National Grand Console 1951. South, New Orleans"), Betty Amos qui (NB : Il fut aussi le premier à avoir une reprend Ivory Tower (pas exactement basse électrique à Shreveport). un titre Hillbilly - Otis Williams and The Charms), Johnny Horton, Gary Bryant et Suivent deux enregistrements du 22 Jeanette Hicks qui reprend Slippin’ and janvier, Blue Moon of Kentucky et I Don’t Slidin’. Johnny Cash est à nouveau pré- Care If The Sun Don’t Shine. Lors de ce sent le 12 mai avec So Doggone Lone- passage Bill Black et Scotty sont à nou- some (Sun 232) et le 23 juin avec I Walk veau accompagnés par Sonny Trammel The Line (Sun 241). It’s Saturday night et Leon Post. Comme DJ Fontana, Dob- Slim Whitman Country Style... il rejoint le Grand Ole ber Johnson, Buddy Attaway ou Don Opry, le 7 juillet. Davis, ils étaient des musiciens réguliers du Hayride. Pour ce même show nous avons un titre de George Jones Suivent Little Mama, emprunté aux Clovers, et Shake Rattle qui est présenté par Frank Page, You Gotta Be My Baby. Lui and Roll provenant d’une portion, télévisée localement, du aussi quitte le LH pour le Grand Ole Opry en août. Jeanette Hayride le 5 mars. Superbe est le terme qui convient. Il est Hicks, de Texarkana, Texas, interprète un classique de évident qu’Elvis gagnait en confiance et recevait un accueil Shreveport My Blue Heaven définitivement attaché à Gene de plus en plus enthousiaste de la part du public. Autry. Hoot & Curley avec Jack Ford délivrent une excellente version du traditionnel Old Time Religion. Jimmy Newman, Chaque année en avril les festivités organisées pour Holi- The Cajun Boy accompagné par Rufus Thibodeaux, pro- day in Dixie obligeaient le Louisiana Hayride à se déplacer pose Come Back To Me juste sorti sur Dot 1283. Il rejoint le dans d’autres villes, souvent au Texas. Les performances Grand Ole Opry en août 1956. du 30 avril 1955 sont enregistrées à Gladewater, Texas, devant 3000 per- Tous ces enregistrements proviennent sonnes. Lips That Kiss So Sweetly, un du segment Saturday Night Country hillbilly, par Jimmy Lee et Wayne Walker Style diffusé de 19h30 à 20h. Toujours est la face B de Love Me (Chess 4863), de juin, nous avons deux titres de Benny un proto-rockabilly. Jim Ed et Maxine Barnes dont le son laisse à désirer mais Brown interprètent Draggin’ Main Street aussi Why Baby Why par George Jones. sorti sur Fabor 118 et Jim Reeves Red Durant cette année, le spectacle eut lieu Eyed and Rowdy avec Sonny Tram- de nombreuses fois au Hirch Youth Buil- mel. Cette performance se conclut avec ding et au Centenary Gymnasium. Le Tweedle Dee par Elvis accompagné show réintégra l’Auditorium Municipal au par (piano) et Jimmy Day mois de septembre. (steel guitare). Superbe enregistrement déjà publié. Le spectacle du 14 juillet présente As Long As I’m Moving, un classique mo- Lors du show du 16 juillet, Elvis est à ver de Ruth Brown, chanté par Betty nouveau présent avec une superbe Amos ainsi que Jeanette Hicks et Jack version de I’m Left, You’re Right, She’s Ford reprenant le classique Beautiful Gone (Sun 217). Pour août 1955, nous Brown Eyes. Johnny Horton, The Sin- avons Johnny Horton, Hoot & Curley, Tomlmy Blake ging Fisherman, accompagné de Tom- Jeanette Hicks qui reprend Ain’t That A Shame , Jim Reeves, my Tomlinson (guitare) et probablement de Tillman Franks David Houston et Billy Walker. Jeanette Hicks se produisait (basse) chante I’m A One-Woman Man (Columbia 4-21538). comme invitée au LH depuis février 1953 après que Jewell Le 28 juillet nous avons Jeannette Hicks, David Houston et House, productrice du Texarkana Hayloft Jamboree (Arkan- une nouvelle venue avec une longue carrière Martha Lynn sas) et compositrice, lui eut fait rencontrer Tillman Franks. avec I’m Goin’ Huntin’ Tonight (RCA 47-6504). Le 11 aout Le 20 août, Horace Logan présente Elvis, "The Memphis 1956, les invités sont Dale Hawkins et Ruckus Tyler. Flash", qui chante Baby Let’s Play House et Maybellene. Tous deux non enregistrés. Le dernier show de 1955 est celui du 3 Un seul titre du 29 septembre 1956, décembre où Johnny Cash chante Hey mais quel titre ! Werly Fairburn interprète Porter (Sun 221) et Luther Played The le fabuleux Everybody’s Rockin’ enregis- Dominique Dominique Boogie, un titre très populaire, sorti bien tré pour Columbia. Horace Logan pré- ANGLARES plus tard sur le Sun 316. Fin 1955, nous senterce morceau comme un semi rock avons David Houston et and roll. Le groupe joue parfaitement (il TonightAt The Louisiana Hayride and The Bayou Boys qui ont rejoint le est probable que Tommy Tomlinson est show mais nous n’avons pas d’enregis- à la guitare) et Werly y est excellent : trement. They like to rock ! Well, I wanna rock, a- Parmi les sponsors du moment : Ocean bop-a-be-bop, Gonna jump in my rockin’ Coffee, American Tobacco Company, shoes, Just pull off your coat when you Esso, Cotton Baking, Dr Tichenor’s come in the door, kick off your high heels Antiseptic, Tom Tom Drive Inn, Harbuck too. Everybody’s rockin’ rockin’ rockin’… Sporting Goods et toujours Southern Tout est dit dans ce classique parfai- Maid Donuts. tement maîtrisé qui rappelle qu’on peut Les artistes invités sont de plus en plus aimer le Hillbilly et le rockin’ rhythm. nombreux mais ils sont rarement enre- L’invité de ce samedi soir était Leon gistrés ce qui nous fait rater des per- Frank Page et le courrier des fans (1955 Payne.

Le Cri du Coyote n°158 page 41 Werly Fairburn est également présent pour le show du Plus de 9.000 spectateurs sont à ce concert donné pour 17 novembre où nous avons 21 titres par Jack Ford, Bet- aider le YMCA de Shreveport à se développer et à financer ty Amos, The Geezinslaw Brothers, Bob Gallion, Tibby la construction d’une piscine. Edwards, Johnny Mathis, James Elvis est vêtu d’un pantalon O’Gwynn, Jimmy and Johnny et sombre, d’une cravate en soie Johnny Horton. Lors de son pas- blanche, de chaussures blanches sage, Werly dédicace Speak To Me et joue d’une superbe guitare Gib- Baby à la mère de Fred Carter Jr son. Sur les 35 minutes de son et à Joyce Matson. Ce même jour, passage, accompagné par les Jor- Horace Logan, présente Werly danaires, sont publiées ici Heart- comme interprétant du rockabilly break Hotel, I Was The One Long et Werly informe celui-ci de la sor- Tall Sally, Don’t Be Cruel, et When At The Louisiana HayrideAt The Louisiana Tonight tie d’un nouveau disque sur Savoy My Blue Moon Turn To Gold Again avec Baby My Heart’s On Fire, plus Working on the Building par ANGLARES Dominique avant d’interpréter ce morceau et Les Jordanaires. Speak To Me Baby avec brio. A la fin de son passage, Elvis s’en- Werly, même s’il restait un country gouffra dans la voiture de police cat au fond de son cœur, montre qui l’attendait et Horace Logan fit, avec classe sa faculté à s’adapter à pour la première fois, la fameuse ce son du moment. (Cela m’amène annonce : "Elvis has left the buil- à supposer que la session qui pro- ding" pour que le public sache duisit My Heart’s On Fire et Speak qu’Elvis ne reviendrait pas sur To Me Baby n’eut pas lieu début scène. Il annonce alors au public 1957, mais fin 1956). que le spectacle continue. Gary Les deux titres sortiront sur le Bryant, membre du Louisiana Hay- simple Savoy 1509 en février ride, monte sur scène et tente de 1957. Werly chante aussi I Guess calmer les spectateurs en interpré- I’m Crazy For Lovin’ You (Columbia Tommy Blake, Johnny Horton, Tillman Franks tant Blue Suede Shoes... Ce fut la 21432), un titre de 1955. dernière prestation d’Elvis au LH. La direction du YMCA local encaissa un chèque de 7.551,99 Peu de choses sont connues sur les activités de Tibby $ de la part d'Henry Clay, directeur général de la KWKH. Edwards en 1956 et 1957. En mars 1956, Mercury publie Parmi les émissions musicales diffusée par la KWKH, outre I Can’t Face The Future/ You Made A Believer Out Of Me le LH, il y avait Pickin’ & Singin‘ et Norm’s Record Review (70816) qui est un solide boppin’ song et un de mes mor- présentées par Norm Bale et toujours Red River Roundup ceaux préférés. Le 17 novembre 1956, Tibby est au Louisia- animé par Bob Stoner et Jeff Dale. na Hayride, interprétant Walkin’ And Cryin’ With The Blues Before I Meet You. Probablement gravés pendant le seg- Peu de choses pour le premier semestre 1957 si ce n’est ment patronné par Lucky Strike, ces deux enregistrements une intéressante version de Orange Blossom Special par ont survécu mais seul Walkin’ And Cryin’ With The Blues The Geezinslaw Brothers d’Austin, Texas. En mai, Eddie est présent. Avec un peu plus de chance, Tibby (né Edwin Bond et Bud Deckelman rejoignent le LH mais nous n’avons M. Bill Thibodeaux), aurait pu être un digne successeur de aucun enregistrement. Idem pour les invités de la période : Hank Williams ou un autre George Jones. Dave Rich, Floyd Tillman, Al Ferrier et Carl Perkins. Johnny Horton interprète I’m Coming Home (Col 40813) et Le show du 20 juillet présente Jimmy and Johnny inter- I Don’t Like I Did (Col 21538) mais la cerise sur le gâteau pretant I’ll Do It Everytime récemment sorti sur leur simple est l’interprétation de Sweet Love On My Mind par Jimmy Decca 9-30410 avec What ‘Cha Doin’ To Me, Carl Belew and Johnny. La version studio de ce superbe rockabilly enre- avec Lonely Street et "The Singing Policeman" Jack Ford gistrée à Nashville le 25 juillet 1956, à la fin d’une session chantant Lonesome Letter Blues. Jack Ford enregistra pour de Webb Pierce, fut éditée sur le simple Decca 30061 en Chess et MOA/ Music of America. septembre 1956. Les Burnette Brothers l’enregistrèrent le Le show du 7 septembre 1957 propose I’ll Do It Everytime, 5 juillet 1956 mais elle n’est sortie cette fois par Johnny Horton et qu’en décembre 1956 sur le LP Johnny Mathis ainsi que Heaven’s Coral CRL 57080 Johnny Burnette Just A Prayer Away, écrit par Tom- and the Rock ’n Roll Trio. my Tomlinson, interpreté par Jack Ford and The Four B’s. Jimmy and L’année 1956 se conclut avec des Johnny chantent What ‘Cha Doin’ enregistrements du concert d’Elvis To Me. au Hirsch Youth Center située sur Pour faire face au départ d’Ho- le terrain de la foire de l’état de race Logan pour la Californie, Louisiane, le 15 décembre. Frank Page devient producteur Aucune autorisation de filmer ne du show au 1er août 1957, assis- fut délivrée, mais Thomas "Jack" té par Jeff Dale et Norman Bale. Barham (décédé le 14-09-2018 à Tillman Franks est engagé le 1er 92 ans) était là pour le Shreveport septembre 1957 pour relancer un Journal, ainsi que Langston McEa- Artist Service Bureau et engager chern, pour le Shreveport Times. des artistes. En décembre 1957, Les deux photographes avaient un Tillman Franks et la KWKH fondent laissez-passer sans restriction et une maison d’éditions musicales, purent faire leur boulot librement. Cajun Publishing. Leurs photos sont des classiques, sur lesquelles on note l’absence du Le spectacle du 21 septembre sigle KWKH sur le pied du micro. 1957 débute par James O’Gwynn Peut-être enlevé sur ordres du qui chante I Cry, juste sorti sur colonel Parker ? Frank Page, Norm Blake, Horace Logan Mercury 71127.

Le Cri du Coyote n°158 page 42 Pure country que l’on apprécie ou que l’on peut détester. Une nouvelle venue dans le show, Linda Brannon (16 ans), enregistrait pour la marque de disques locale Ram dirigée par Mira Smith. Elle interprète la ballade I’ll Be Lonesome When You’re Gone (Ram 8771) qui sera aussi enregistrée par The Lonesome Drifter et Myrna Lorrie. Le 26 octobre 1957, nous avons The Four B’s avec une re- prise pop de That’ll Be The Day suivi de Johnny Horton avec le musclé Take The Long Way Home Tonight emprunté à Autry Inman. Superbe guitare et slap basse. Charlie Phillips délivre brillemment Sugartime avant que Tommy Blake offre Flatfoot Sam qu’il enregistre le mois suivant pour Sun. La présentation de Frank Page résume tout : "You know we had all kind of music on the Louisiana Hayride, pop billy, hillbilly, gospel, skiffle billy, rockabilly". Tommy Blake est accompagné par son groupe habituel : Carl Adams (gui- tare), Ed Dettenheim (basse) Tom Ruple (batterie) et pro- bablement par les Four B’s. Superbe pièce de rockin’ music par un artiste au caractère difficile que Tillman Franks ne Tillman Franks, Bruce Jones, Martha Lynn conserva pas dans le show. Pierce qui chante In The Jailhouse Now, Love Love Love, 1957 se conclut par une reprise de Honeycomb par Johnny I Don’t Care, Slowly. Nous avons une excellente reprise de Mathis et de John Henry par Johnny Horton avec Reggie I Saw The Light par Johnny Bailes en hommage à Hank Young (guitare). Le dernier titre est le classique Love Bug Williams, trois titres par The Browns et quatres autres par Crawl par Jimmy Edwards (Mercury 71209) : superbe ! Faron Young, If You Ain’t Lovin’ You Ain’t Livin , Sweet Dreams, I’ve Got Five Dollars and It’s Saturday Night et L’année 1958 débute avec James O’Gwynn, Carl Belew Rosalie Gonna Get Married avec the Four B’s. Le moins & The Four B’s, Dobber Johnson et Mallie Ann & Slim et que l’on puisse dire est que le public, et particulièrement Johnny Horton, tous des artistes réguliers. les Texans, lui réserve un accueil enthousiaste. Nous avons Johnny Horton de retour du Canada "really rocks the également une rare performance par Smokey Stover, aussi house" avec Honky Tonk Hardwood Floor. Invité le 25 jan- disc-jockey, le musclé Family Reunion. vier, Johnny Cash chante Big River et, deux semaines plus Bien entendu Jimmie Davis et Bob Shelton sont de la fête. tard, les Osborne Brothers, originaires du Kentucky, déli- Jimmie Davis chante Come Home, It’s Suppertime, un spiri- vrent Makings Plans emprunté aux Louvin Brothers. tual My Lord Will Lead Home et You Are My Sunshine. Ega- Parmi les autres artistes réguliers enregistrés en février, lement trois superbes titres de Melvin Endsley dont Jamba- Tony Douglas avec le boppin’ Old Blue Monday, Jimmy laya et un par Ray Jackson, un Texan qui enregistra pour Martin et Lucy Lynn avec une reprise de Got A Lot Of Livin’ "D". Parmi les musiciens jouant ce soir-là figurent Felton To Do plutôt réussie. Il est évident qu’à cette période le LH Pruett et Sonny Trammel (steel guitare), Carl Adams, Eddie essaie de satisfaire un public plus jeune qui avait été attiré Bush et James Burton (lead guitare), Don Davis (basse), par Elvis et Bob Luman suivant les pas du Big D Jamboree. Leon Post et Sonny Harville (piano). Même si le son laisse Le 29 mars, Jerry Kennedy (qui espère prendre la place parfois à désirer c’est une excellente immersion dans ce d'Elvis) chante un bluesy Oo Wee Baby et Betty Amos I Got- que fut un soir au LH. ta Know emprunté à Wanda Jackson. La semaine suivante, Pour la soirée du 26 avril 1958 présentée par Norm Bale et lors de la célébration du 10ème anniversaire du LH, Jerry Frank Page, nous avons Billy Walker (qui fut un artiste régu- Kennedy interprète avec brio Be Bop A Lula et Teenage lier en 1952), Faron Young et surtout Bob Luman qui fait son Love is Misery (Decca 9-30577). retour dans le show et qui chante Your Love is A Precious Ce show du 5 avril 1958 célébrant les 10 ans du LH est Thing (Imperial 8315). © celui qui est le mieux documenté musicalement. (à suivre) Nous avons des performances par Jimmy Martin, Martha Lynn, Margie Singleton, Johnny Mathis, Buddy Attaway et Webb Dominique Dominique ANGLARES At The Louisiana Hayride TonightAt The Louisiana Hayride

Le Cri du Coyote n°158 page 43 SAGA TRiO : Saga Trio La précédente production discogra- DiSQU'AiRS phique de Gilles Rézard était le splendide Brocéliande sorti en 2014 (Cri n°141). t t On le retrouve, au banjo et à la man- CASE GARRET : Aurora doline, au centre de ce trio tout neuf, C’est le premier album de ce chanteur- entouré de son épouse contrebassiste auteur-compositeur américain, qui joue Rachel Rézard (portrait à lire dans der- également de la guitare et des claviers. nier numéro de The Bluegrass Times, la revue de la FBMA) Ce petit album (8 titres, dont un joué deux et de la violoncelliste Aële Gourvennec. Tous trois chantent fois) s’écoute agréablement, avec des aussi sur deux des titres. rythmes honky-tonk plutôt entraînants. A la différence de Brocéliande (15 titres), qui réunissait de Une belle reprise de JJ Cale, Call Me The nombreux participants souvent célèbres, on a ici un "mini" Breeze, voisine avec des compositions personnelles. L’une CD de six titres et jamais les artifices du studio n’ont été uti- d’elles a droit au label "explicit" : l’auteur est au téléphone lisés pour rajouter quoi que ce soit aux trois instruments. Ce avec une ex et lui propose : "What ya think about screwing". minimalisme quantitatif n’empêche pas une grande richesse Quelle audace ! (Alain Kempf) www.casegarrett.com musicale. J’aime beaucoup l’équilibre sonore que procure le violoncelle, qui couvre les fréquences généralement occu- GiULiA MiLLANTA : pées par la guitare dans ce type de musique et procure cette Conversation With a Ghost belle combinaison entre cordes frottées et pincées. Artiste italienne installée à Austin depuis Le CD débute par une reprise de Blue Musette, une compo- quelques années, Giulia Millanta en est à sition de Gilles qui figurait déjà sur Brocéliande. La version son sixième album. La coloration géné- originale était très "musette", justement, avec la présence rale est folk-rock, avec des touches jazzy, d’un accordéon. Elle prend ici une autre saveur, tout aussi un peu à la Norah Jones. Elle a composé délicieuse. La mandoline remplace le banjo pour Jerusa- les 12 titres qu’elle chante fort bien. Elle lem Ridge de Bill Monroe, où le violoncelle fait merveille. joue de la guitare, entourée d’une brochette d’excellents mu- Suit Wayfaring Stranger, à nouveau au banjo avec de jolies siciens, mis en valeur par une production de très bon goût. harmonies vocales. Et arrive le seul morceau original, Blue Des instruments insolites, tels la clarinette basse, viennent Jay, un instrumental de mandoline qui me fait un peu pen- enrichir la palette sonore par petites touches fort agréables. ser au Salt Spring de John Reischman, non par la mélo- Quelques couplets en italien nous rappellent les origines die, mais parce qu’on a pareillement, d’emblée, l’impression de la chanteuse. Voici une production tout à fait recomman- d’entendre un fiddle tune standard du bluegrass, alors qu’il dable, avec un petit regret (et je risque de me répéter dans s’agit d’une composition contemporaine. Amis bluegras- d’autres chroniques !) : le tempo uniformément médium-lent. seux, emparez-vous de Blue Jay et on vous félicitera dans Ma cosa ? (Alain Kempf) les jam sessions ! Dans certains passages, la contrebasse et le violoncelle sont joués ensemble en pizzicato, avec une MARTHA REiCH : Brave Bird petite harmonie délectable et un effet rythmique punchy. Selon le dossier de presse, c’est une Le deuxième morceau chanté est Blues Stay Away From "progressive folk-singer" du Nouveau- Me avec un beau travail rythmique à la mandoline. L’album Mexique évoquant Joan Baez (là, je ne finit (trop tôt, mais en apothéose !) par The Saga of Harri- vois vraiment pas) et Joni Mitchell (y a son Crabfeathers, du jazzman Steve Kuhn. Du jazz à trois de ça). Le CD comporte sept titres, dont temps, avec un arrangement sophistiqué et une partie de six originaux (l’un étant repris en instru- banjo époustouflante. Détail amusant : Gilles Rézard avait mental, assez dispensable). Ambiance choisi ce morceau suite à une discussion musicologique sur calme, voire planante, jolie voix, textes poétiques, orches- le mode lydien (!) et a découvert a posteriori qu’il existait trations raffinées… Tout est bien fichu, mais si on n’est pas déjà une version à deux mandolines par et ’humeur contemplative, on trouvera le temps un peu long. Marshall, avec un traitement très différent. En tout cas, on www.saga-trio.fr (Alain Kempf) http://marthareich.com est dans la cour des grands ! (Alain Kempf)

TRUE NORTH : POKEY LaFARGE : Manic Revelations Open Roads Broken Hearts Pokey LaFarge (Saint-Louis, Missouri) Un album acoustique de toute beauté, définit sa musique comme du "Country entre folk et bluegrass ! Le groupe est blues and early jazz for the 21st Century" originaire de l’Oregon et les leaders en et est étiqueté Americana chez Rounder. sont la chanteuse Kristen Grainger et J’entends dans ce nouvel album plutôt Dan Wetzel, qui chante également et un rockabilly sophistiqué, lorgnant vers joue de la guitare, ainsi qu’une ribam- la soul, intéressant à écouter au demeu- belle d’autres instruments. Un contrebassiste et un mando- rant. Pokey est entouré de son groupe éponyme (guitare, liniste-violoniste complètent le quartette, auquel s’ajoutent contrebasse, harmonica, batterie) renforcé par des cuivres des invités sur certains morceaux. Le disque se compose et claviers. La production est luxueuse, et les compositions de huit chansons originales (fort bien) écrites par Kristen et bien écrites, pourtant le son général ne m’enthousiasme quatre reprises de titres a priori peu connus. La produc- pas vraiment, notamment le traitement de la voix de Pokey tion est excellente, au service de très belles chansons (on (assez particulière, il est vrai). Les auditeurs qui ont apprécié peut penser à du Gordon Lightfoot). Les voix en solo ou en les productions précédentes, plus acoustiques et simples, harmonie sont parfaites, les instrumentistes de très haut ni- seront peut-être surpris en bien ou en mal par cette évolu- veau, avec mention spéciale à la guitare, un vrai régal. Mon tion. Faites-vous une idée à partir des clips disponibles sur seul regret est qu’il n’y ait pas davantage de titres up-tempo Youtube, fort bien réalisés (on voit qu’il y a du budget !) : Riot comme Mighty Bourbon, où les True North démontrent un In The Streets, Better Man Than Me et Must Be A Reason. beau sens du groove. (Alain Kempf) www.truenorthband.com (Alain Kempf) www.pokeylafarge.net

Sans colorant, que du plaisir, en Noir et Blanc ! Anciens numéros : 25 Euros les 5 numéros Le du Coyote Offre spéciale vente groupée : 45 Euros les 10 numéros Sur abonnement, pour 4 saisons 60 € les 20 numéros

Le Cri du Coyote n°158 page 44 JESSE DAYTON : The Outsider J’aurais voulu lister les grands chan- DiSQU'AiRS teurs de country auxquels le Texan Jesse Dayton me fait penser mais je me rends t t compte qu’il en est à son dixième album, qu’il a travaillé comme guitariste avec THE LAST BANDOLEROS : San Antonio Waylon Jennings, Johnny Cash ou Kris Ce quartet de San Antonio est composé Kristofferson. Il a passé l’âge d’être un de trois Texans du cru, les frères Diego succédané : une grande et belle voix "mâle" et un jeu de (basse) et Emilio (batterie) Navaira, ainsi guitare décoiffant qui lui appartiennent, songwriter de talent que Jerry Fuentes (guitare), et du New- de surcroit. L’ingénieur du son de The Outsider est Vance Yorkais Derek James (guitare). Tout le Powell, celui de Sturgill Simpson et de Jason Isbell et avec monde chante également. Le concept de telles pointures, on a un plaisir d’écoute qui ne se relâche est de combiner du rock’n’roll sudiste et pas au long des dix titres, dont neuf originaux. des vocaux dans le style brit-pop, les garçons étant fans des Le registre musical touche au rockabilly, au rock sudiste, Beatles et consorts. On ajoute une touche de tex-mex grâce au blues acoustique, avec une dominante de tempo pêchu. à un accordéon et on sert chaud. Tried to Quit (But I Just Quit Tryin’), comme le titre l’indique, Eh bien, le résultat est tout à fait réjouissant : ça cogne est un honky-tonk "à l’ancienne" bien alcoolisé avec Telecas- fort, les riffs déchirent et les harmonies vocales apportent ter et pedal-steel à l’attaque. Hurtin’ Behind the Pine Curtain effectivement un contraste bien personnel. Les douze titres (voir clip sur Youtube) repose sur un riff ravageur à la Billy rivalisent de pêche et on a du mal à rester assis dans son Ray Cyrus. We Lost It est un country-blues à trois temps très fauteuil. Au niveau du son, en revanche, cela me semble un "outlaw". Charlottesville, entièrement acoustique avec slap peu trop compressé. J’imagine que sur scène, ce doit être de basse ravageur et guitare virtuose est un plaidoyer anti- de la bombe. (Alain Kempf) www.thelastbandoleros.com fasciste qui vaut à Jesse de se faire traiter de "leftist antifa country crap" sur les réseaux sociaux. Une raison de plus LUAS : Irish Trad. Music de l’écouter et de l’adopter ! (Alain Kempf) www.jessedayton.com Luas est un groupe de musique tradi- tionnelle irlandaise composé de Ulysse de Chicago, façon "Cigarettes, whisky et p’tites pépées"… Herbach (accordéon, bodhrán), Sylvain Ils dégagent une énergie communicative étonnante ! Ces Quéré (guitare et cistre), Julien Cardon- Anglais décomplexés ont composé et arrangé les 11 titres net (banjo, uillean pipes, low whistle), Co- de l’album. Leur humour typically british donne du sel à leur lin Delzant (violoncelle) et Silène Gayaud mixture. Ils chantent en s’accompagnant au dobro, guitare, (chant, bodhrán). Silène est par ailleurs banjo, planche à laver, kazoo, jug ou ukelele. C’est tonique, la chanteuse du groupe lyonnais Silène & The Dreamcat- joyeux et revigorant ! Que demander de plus ? Ils n’aban- chers, dont Philippe Ochin vous avait dit le plus grand bien donnent pas pour autant la formule trio et pensent déjà à dans le Cri n°156 (printemps 2018). un prochain CD… des Leeds City Stompers. En attendant, Luas vient d’enregistrer un EP cinq titres fort énergique. ne rangez pas trop loin vos chaussures en suédine bleue et Cela commence par un medley très dansant où l’accordéon poussez la table du salon, les Washboard Resonators vont tient la vedette, soutenu par une guitare puissante. Silène vous étonner ! (Alain Fournier) www.thewashboardresonators.com chante ensuite une belle version de Glory Bound (Ruth Moody). On enchaîne par un autre medley avec une par- ALAN : Rockin’ and More tie originale composée par Julien ; il y a une belle ligne de Bien soutenu par le gang de Mary-Lou, basse, jouée probablement par le violoncelle, qui donne une Alan Le Berre a composé 3 des 14 titres pulsation jazzy-funky aux mélodies jouées par l’accordéon de ce 1er CD, patchwork prometteur. Ses et le banjo. L’uillean pipe fait son entrée au quatrième mor- chansons parlent d’espoir, d’aventures ceau et tout semble décoller avec ce magnifique medley et de "la route" qui hante tout folksinger débutant par Bye a While, qui va de plus en plus vite. Le qui se respecte. Les influences sont lim- dernier morceau est une chanson originale de Silène, Need pides : Woody, Cisco et Dylan croisent en Change, avec un côté très envoutant quand flûte et bodhrán chemin Graeme Allwright, Caradec, Michel Corringe, Gilles s’associent. Ce CD de grande qualité donne définitivement Servat, ou Antoine à ses débuts. Quand un jeunot s’avance envie de rencontrer les musiciens sur scène ! (Alain Kempf) ainsi en toute humilité sur les terres de ces gaillards, il a droit [email protected] (Tél. 06 28 06 19 20) d’emblée à la sympathie des Coyotes, malgré les imperfec- tions qui mettent un bémol à l’enthousiasme d’une première THE WASHBOARD RESONATORS : livraison. Alan a une voix qui convient bien au folk et aux Scrub That Thing accents de la Country. Il s’attaque également au rock ’n’ roll, J’avais rencontré les Leeds City Stom- mais avec moins de réussite. Seule la scène lui permettra pers en 2015, au festival Blues autour d’évoluer en choisissant le genre qui lui convient le mieux. du Zinc de Beauvais. Trio efficace, tiré Entre Pete Seeger et Mick Jagger, il y a de la place pour à quatre épingles, gominé à l’ancienne, Johnny Cash ou Clapton… Le tri se fera au fil de l’inspi- délivrant à l’envi du ragtime et du rocka- ration. Elle dépassera vite les frontières de cette Bretagne billy débordant de swing. Nouvelle orien- dont il est si fier. En solo ou avec Mary-Lou, nous avons tation, exit Christopher Fox et sa contrebasse, bienvenue à toutes les chances, en rêvant d’aventures, de faire un bon ce duo trépidant : Jack Amblin et Martyn Roper, les Wash- bout de chemin avec Alan et sa guitare. Certes, si elle ne tue board Resonators ! "Ce Vintage Blues Duo from Leeds" pas encore les fascistes, elle apporte un peu de douceur à nous entraîne joyeusement dans les musiques américaines une époque où les décibels semblent l’emporter sur la sincé- des années 20, 30 et 40, un savant mélange de folk et de rité. D’aucuns parleront de naïveté. Alan devra leur prouver jazz asséné au coin des rues de New-York ou dans les bars qu’ils avaient tort ! (Alain Fournier) [email protected]

Coyauteurs de Disqu'Airs 158 : Jean-Jacques CORRiO - Romain DECORET - Alain FOURNiER - Gérard HERZHAFT Alain KEMPF - Christian LABONNE - Philippe OCHiN - Jean-Christophe PAGNUCCO

Le Cri du Coyote n°158 page 45 RODNEY CROWELL : Acoustic Classics L’un des plus grands auteurs-composi- DiSQU'AiRS teurs-interprètes américains décide de reprendre quelques-uns de ses grands t t succès dans une version 100 % acous- THE MiLK CARTON KiDS : All The Things That I Did tique avec guitares, mandoline, accor- And All The Things That I Didn’t Do déon, violon, mandoloncelle, et des voix, plein de voix et des belles... Kenneth Pattengale et Joey Ryan ont Cela donne cet album, reçu juste avant bouclage et écouté fondé leur duo The Milk Carton Kids en boucle depuis. Leaving Louisiana In The Broad Daylight en 2011 et produisent leur 5ème album que l’on a tous découvert par Emmylou Harris est ici magni- (dont un live, Retrospect en 2011, sous fié par un accordéon aux sonorités cajun (normal !) et il en leurs noms). Enorme changement qui ne est de même pour quasiment tout l’album qui nous permet plaira sans doute pas à tout le monde car de re-découvrir les titres que l’on connaissait mais aussi il ne s’agit plus ici de musique acoustique d’en découvrir de moins connus mais tout aussi envoûtants. sur deux guitares mais bien d’un groupe complet, voire plus She’s Crazy For Leavin’ co-écrit avec Guy Clark est magni- que complet, puisqu’on trouve même deux basses sur une fique et l’accompagnement rock-blues est un pur enchan- même chanson (Mourning In America). Batterie, claviers, tement. I Ain’t Living Long Like This également découvert pedal steel, clarinette, violoncelle, mandoline, violon com- grâce à Emmylou Harris garde son côté rock grâce à des posent la trame des douze chansons de l’album. Après une guitares bien présentes et un violon percutant. première écoute assez surprenante, il faut y revenir plusieurs Je persiste et je signe concernant Rodney Crowell en affir- fois pour disséquer l’ensemble et retrouver cette fraîcheur mant qu’il semble avoir eu deux vies musicales, avant et vocale qui les caractérisait avec des harmonies sensuelles après The Houston Kid sorti en 2001. Cet album a marqué et qui semble un peu perdue au milieu de l’orchestre mais une sorte de retour à l’essentiel, avec des textes magiques, finalement, la qualité de l’enregistrement et des mélodies des arrangements pointus et un enregistrement d’une qua- permet de garder au duo, une sorte de suprématie, tant au lité sans précédent. Il en va de même pour celui-ci qui reste niveau des guitares que des voix et le disque se révèle un dans la continuité de son oeuvre depuis plus de 17 ans et vrai régal. Les fans de la première heure devront sans doute qui permet de vraiment se rendre compte de la qualité de s’y prendre à plusieurs fois, mais le jeu en vaut la chandelle l’homme dont le voix n’a jamais été aussi belle qu’à 68 ans. ,et un nouveau public pourra sans problème succomber au Cri du Coeur AAA (Americana Acoustic Auteur !) charme de cet album. (Philippe Ochin) (Philippe Ochin) OLD CROW MEDECiNE SHOW : Volunteer et chansons d’auteur. Les arrangements ne sont jamais simples mais la corrélation entre paroles et musique est L’année dernière les OCMS produisaient patente et les 9 titres de cet album sont superbes (dont deux un album live hommage au mythique instrumentaux). Une de mes préféres est la chanson Jumbo. Blonde On Blonde de Bob Dylan, sorti La voix de Chris Thile et les harmonies vocales sont toujours 50 ans plus tôt et qui a remporté un suc- aussi belles et que peut-on dire de la maîtrise instrumentale cès commercial énorme. Presque un an sinon qu’elle est "extra-terrestre"? après, jour pour jour, ils proposent leur Cependant, la vraie découverte de ce groupe se fera sur nouvel album, 20 ans après la création du groupe qui annon- scène car il faut bien garder à l’esprit que ce que l’on entend çait un "revivalé de la musique old-time et qui ne s’est jamais sur le disque est quasiment tout enregistré en prise directe démenti depuis. Les 10 chansons sont toutes signées par et qu’ils reproduisent la même chose sur scène. Par contre, Ketch Secor, fondateur du groupe et le seul instrumental est pour les avoir vus plusieurs fois, je vous garantis que l’éner- un traditionnel, Elzick’s Farewell. gie déployée est juste bluffante ! Ils seront en concert à Ge- Je suis ce groupe depuis ses débuts et cet album me pro- nève le 8 novembre et à Paris le 17 novembre. cure un plaisir que je n’avais pas ressenti depuis longtemps. Ne les manquez sous aucun prétexte ! (Philippe Ochin) De très belles mélodies liées, encore une fois, à une qualité de prise de son sans faille. On retrouve la patte qui avait fait DAVE ALViN & JiMMY DALE GiLMORE : le succès du groupe dès le départ avec un Flicker & Shine Downey To Lubbock au tempo rapide et des balades plus cool comme Child Of Je suis fan de ces deux musiciens The Mississippi. Une vraie réussite que certains esprits cha- depuis plus de 20 ans, et ils se sont fouins pourraient trouver un brin "commercial" mais le but retrouvés autour de valeurs communes d’un groupe qui existe depuis 20 ans, n’est-il pas de plaire qui vont du rock au folk en passant par au plus grand nombre ? Non, OCMS n’a jamais vendu son le blues, et pourtant, la première écoute âme et leur authenticité transpire par tous les pores de ce de l’album ne m’a pas vraiment enthou- bel album. (Philippe Ochin) siasmé. Notamment à cause de la différence très marquée THE PUNCH BROTHERS : All Ashore de leur timbre de voix respectif mais aussi à cause de ra- cines plutôt éloignées, la Californie et le Texas (cf le titre de Un nouvel album des Punch Brothers l’album). Puis à force de l’écouter (notamment pour écrire la est pour nombre d’entre nous, une bonne chronique et grâce aux vacances d’été !) j’ai plus apprécié nouvelle et pour d’autres, une interroga- la diversité de l’ensemble, notamment les chansons où ils tion permanente. Il faut bien reconnaitre ne sont pas ensemble. Malgré tout, je persiste en pensant que la musique de ce groupe qui compte que les meilleurs albums de chacun sont des albums solo parmi ses membres, les meilleurs instru- tels Spinning Around The Sun pour Gilmore ou West Of The mentistes acoustiques au monde n’est West pour Alvin, entre autres. Au final, pour qui souhaite jamais évidente à la première écoute... Ils sont issus majo- découvrir ces deux artistes, l’album les présente sous diffé- ritairement du bluegrass et sont encore capables de jouer rents aspects de leurs influences musicales et ça peut être des morceaux hyper-traditionnels mais il est vrai que leurs une bonne approche également. (Philippe Ochin) récents albums s’en sont éloignés. Il ne faut donc pas aborder les albums des Punch Bro- Discographies : Marc Alésina & Gilles Vignal thers avec une vision trop bluegrass mais plutôt avec une Sonny BURGESS http://sonnyburgess.user.fr oreille oscillant entre pop, blues, folk, jazz, swing, classique Johnny & http://burnette.user.fr

Le Cri du Coyote n°158 page 46 t DiSQU'AiRS t COUNTRY COOKiN' : The Words In Between Cette réédition du premier album du guitariste gallois Dave Evans était atten- due depuis longtemps par les fans de folk-picking. Flashback : en 1972, John Turner & Ian A. Anderson du label Earth Records "découvrent" Dave Evans dans un coffee shop de Bristol. Ils sont éblouis par son jeu sur 6 et 12 cordes, qui leur fait oublier les ténors de l’époque que sont John Renbourn, Bert Jansch, Ralph McTell ou Wizz Jones. Ils le signent immédiatement. Ce premier album est enregistré comme la plupart des meil- leurs disques de picking, dans le salon de Ian A. Anderson, avec un Revox flambant neuf. Les sons originaux de Dave Evans sont sont très personnels sur Insanity Rag, Circular Line, ou l’impensable Magic man. Puis il enregistra d’autres albums et jamma au plus haut niveau aux USA avec les maitres Robbie Basho et John Fahey. Pendant un passage "Pour cuisiner aussi bien que chez nous !" télé à l’Old Grey Whistle Test, Jimmy Page fut littéralement hypnotisé par le jeu délié et le toucher aérien de Dave Evans. Une réédition qui fera date… (Romain Decoret) Earth Records Liane EDWARDS Tablier classique N&B = élégance coyotesque TONY JOE WHiTE : Bad Mounthin’ 12€ + 3€ port = 15 euros Le bluesman louisianais -habitant à (quelques exemplaires restants) Franklin, Tennessee- a tout essayé de- Bon de commande au verso puis deux décades. J’avais beaucoup apprécié ses albums sur les héros (vol 1) et les héroïnes (vol 2) et encore plus inexistante mais est en fait la vraie métrique du blues et The Shine (2010) son disque de songwri- du hillbilly, un feeling que les musiciens européens acadé- ter poétique écrit dans un ranch de New miques n’ont jamais compris. Que ce soit Awful Dreams de Mexico. Ils y décrivait "les sommets des montagnes colorés Lightning Hopkins ou Down The Dirt Road Blues de Charley en ocre par le soleil comme des tableaux changeant d’une Patton, plus personne ne joue le blues comme cela. Une minute à l’autre". Evidemment, personne n’y a prêté atten- leçon à méditer et une série de shows français à venir qu’il tion, d’où un retour au blues avec les récents albums Hoo- ne faudra pas manquer. (Romain Decoret) YepRoc Records doo (2013) et en 2016, Rain Crow. Le corbeau semble être l’un de ses animaux tutélaires. Cf As The Crow Flies (1972) RY COODER : THE PRODiGAL SON qu’avait repris Rory Gallagher. Le guitariste californien spécialiste du Mais pas n’importe quel blues, Tony Joe s’attache aux élé- slide revient effectivement à ses racines ments, le tonnerre, les éclairs, la pluie, la boule de feu qui musicales blues, bluegrass et gospel, causa la mort de sa sœur en Louisiane, la "boite aux ser- après une carrière remplie d’explorations pents" des églises sudistes. Ce nouvel album -qui sort fin diverses de musiques africaine, cubaine, septembre- est dédié aux reprises primales de Charley Pat- mexicaine et généralement latino. ton, John Lee Hooker, Lightning Hopkins, Jimmy Reed, avec Le choix des titres et des artistes est des originaux de TJW comme la chanson-titre, qui est l’une pointu : Aaron Buddy Taylor pour Prodigal Son, Blind Roo- de ses premières compositions. Inutile de chercher ici le sevelt Graves et son gospel I’ll Be Rested When The Roll moindre vernis musical (mon épouse m’a demandé qui était Is Called, les Stanley Brothers et le bluegrass de Harbor Of ce vieux bluesman black !) tout est primal et joué comme le Love. Enfin ! pourrait-on penser. Mais ce serait ignorer les faisaient Patton et Hooker, avec une métrique qui semble contraintes du succès dans la carrière d’un guitariste univer

FRANK ROSZAK PROMOTiON Frank propose les bluesmen venus de tous les coins des USA. En voici une sélection pour la rentrée :

THE PROVEN ONES : Wild Again (Roseleaf Records) une énergie venue des bayous qui évoque Earl Le groupe du chanteur Brian Templeton, Willie J. King, Guitar Slim, Pr Longhair et Dr John. Bryan Lee Campbell (basse) et Kid Ramos (guitare) est basé à a désormais un héritier. Boston, bien que Ramos soit au Texas. Tous les mu- BiG HARP GEORGE : Uptoan Cool siciens sont des habituées des studios, avec Ronnie Le blues à l’harmonica se joue à l’harmonica diato- Earl, Fabulous T.Birds, James Harman Band, Rod nique. George Bisharat, alias Big Harp s’est attaché Piazza ou Sugar Ray Ford. Enregistré dans l’Ore- à le jouer sur un harmonica chromatique, beaucoup gon ce CD contient entre autres une version de plus difficile à jouer, mais avec des sons plus proche Loan Me A Dime du regretté Fenton Robinson, mais des cuivres. Pour cet album il est accompagné par le avec un solo de Kid Ramos au son exceptionnel. guitariste Charlie Baty (de Little Charlie & The Night- KEiTH STONE WiTH RED GRAVY : cats) et le résultat est excellent. De Internet Honey Blues With A Taste Of New Orleans (sexe sur le net) à Lord Make Me Chaste (éviter la Le guitariste Keith Stone pour son 2nd album joue fille qui va ensuite porter plainte pour viol), cet album avec un trio de musicien de Nola (N.O. La, OK ?). est un pan de blues résolument actuel sans être en- Blues sans que le funk soit envahissant, mais avec nuyeux. © (Romain Decoret)

Le Cri du Coyote n°158 page 47 Quant à He Is My Everything et Amazing Grace le piano suffit à accompagner ces performances d’Elvis. Un conseil : DiSQU'AiRS personne aujourd’hui ne saurait chanter ces hymnes avec une telle sincérité et surtout un tel sens clairvoyant de ce qui t t est "hip" et ce qui ne l’est pas. Ne manquez pas ce disque, bien supérieur aux récents réenregistrements avec le Phil- sellement connu -et il faut reconnaître que Ry Cooder l’est. harmonic de Londres. (Romain Decoret) Sony/ Legacy Contrainte d’avoir à sonner moderne, donc, pour séduire un public "jeune" et bien entendu béotien. Ce qui explique les AFT : In The Universe sons digitaux dans la reprise de Nobody’s Fault But Mine de AFT est un trio suédois, le sigle étant An- Blind Willie Johnson. Cela dit l’album contient une grande nika Fehling Trio. Annika, musicalement partie de sons réels et authentiques dans les reprises ci- active depuis plus de 20 ans, a quelque tées plus haut et personne ne s’en plaindra… Un excellent 12 CD à son actif. C'est avec deux autres disque qui fera oublier I, Flathead et les albums précédents musiciens originaires comme elle de l'île de Ry Cooder. Souhaitons que cela ne soit pas le dernier… de Gotland qu'elle a construit AFT, au (Romain Decoret) sein duquel elle compose les chansons, joue de la guitare acoustique et assure les vocaux : Chris- MARK WAYNE GLASMiRE : ter Jonasson à la lap steel et à la guitare électrique, Robert Can't Be Denied Wahlström aux percussions et aux claviers. Toutes les chan- Comme Jerry Jeff Walker ou Ramblin’ sons sont en langue anglaise. Quant au genre pratiqué, on Jack Elliott, MW Glasmire est né chez les peut parler de folk "jazzéfié" ou de jazz "folkisé", et cela n'est yankees, dans le Nord, en Pennsylvanie, pas sans rappeler Joni Mitchell. (Jean-Jacques Corrio) avant d’aller à Nashville, puis de s’ins- taller au Texas. Mais contrairement aux BOBBY BYRNES : Two Sides to This Town deux légendes précitées, il a pris le temps Le californien Bobbo Byrnes mène 3 car- d’étudier et d’être diplômé en administration et gérance de rières de front : au sein de deux groupes, business, avant de se lancer avec l’aide de Sonny Ochs, The Fallen Stars et Riddle and The Stars, sœur de Phil Ochs, et de tourner avec Guy Clark, Gordon et sous son propre nom. C'est dans cette Lightfoot, Jesse Winchester et Suzanne Vega pendant les troisième catégorie que parait Two Sides eighties. Autre génération, autres mœurs… Après quelques to This Town, un album qui comprend 10 années à Nashville, il réalisa qu’il n’était pas fait pour être un chansons et sur lequel il joue une bonne songwriter nashvillien et il s’installa à Arlington, Texas. Ce demi-douzaine d'instruments tout en recevant le renfort de nouvel album est son 7ème et contient d’excellentes com- Tracy Byrnes, son épouse, au chant et à la basse, de Matt positions soutenues par le dobro de Wanda Vick, dans I’ve Froehlich (batterie) et de Danny Ott pour les solos de guitare Got A Feeling, Can’t Be Denied et le très texan Borderline. qualifiés "du meilleur goût", lui-même se réservant les solos Cependant les influences nashvilliennes actuelles sont tou- "les plus bruyants". Un album très plaisant qu'on peut ranger jours transparentes dans Feel Your Love et dans les har- à côté de ceux de John Mellencamp et de . monies style Eagles/ Crosby, Stills, Nash & Young de Deep (Jean-Jacques Corrio) Inside My Heart. (Romain Decoret) Traceway Records BROOK WiLLiAMS : Lucky Star ELViS PRESLEY : Originaire de Statesboro en Géorgie, Where No One Stand Alone vivant dorénavant en Angleterre, la petite Le 41ème anniversaire de la mort d’Elvis soixantaine, Brooks Williams a commen- est accompagné de nombreuses réédi- cé à enregistrer en 1989 et, en comptant tions intéressantes. On peut choisir le ceux enregistrés au sein de State Of The mythique DVD Live in 56 At the Tupelo Union avec Boo Hewerdine, sa produc- Mississippi Fair, un film différent des tion dépasse la trentaine d'albums. S'il actualités Movietone bien connues, des doit surtout sa réputation à son jeu de guitare, il serait injuste images inédites filmées par un spectateur et récemment de ne pas reconnaître la qualité de sa voix. Auteur de la redécouvertes, avec pour la première fois . plupart des chansons de Lucky Star, mélange de blues et Mais la pièce principale est ce CD de gospel dont le titre de folk, Brooks a tenu à les enregistrer en regroupant les définit l’homme en présence de Dieu. Evidemment, la voix musiciens et lui autour des micros. On note qu'en bonus des d’Elvis ne peut être changée, encore que… Mais les chœurs 12 chansons, deux d'entre elles, Rock Me et Gambling Man, et l’accompagnement instrumental le sont et avec un bon sont reprises avec Hans Theesink à l'accompagnement vo- goût funky qui doit beaucoup aux producteurs Andy Childs, cal et à la mandoline ou à la guitare acoustique, en support Joel Weinshanker & Lisa Marie Presley. Le personnel est du chant et de la guitare de Brooks. (Jean-Jacques Corrio) évidemment top-quality : Darlene Love, Cissy Houston, Terry Blackwood héritier des Blackwood Brothers, le quartette pré- GWB : One Horse Town féré d’Elvis. Jim Murray & Armand Morales des Imperials. Le Il parait que le Red Dirt, style de musique quartette des Stamps. Lisa Marie Presley duette avec son originaire de l'Oklahoma, existe depuis père sur Where no One Stands Alone, une chanson qu’Elvis pas mal de temps et, pourtant, excusez- enregistra en 1966 et interprétait encore en 1976 sur scène. moi, je n'en avais pas entendu parler ! Ce Crying in the Chapel de 1965, mais enregistré en 1960 est serait un mélange de folk, rock, country, superbement réactualisé avec une partie de piano bien sen- bluegrass, blues, Western swing et de tie qui transforme cette chanson de Darrell Glenn en 1953, honky tonk, avec, rajoute-t-on, quelques qu’Elvis entendit la même année par Sonny Til & The Orioles influences mexicaines. Si vous voyez une différence avec la puis Rex Allen qui en vendit plus d’un million. So High est définition de l'Americana, faites moi signe ! En tout cas, il y transformé par des solos de basse, piano et orgue. I, John, aurait chez GWB, The Grant Webb Band, groupe basé dans également connu sous le titre Twelve Gates To The City est l'Idaho, un mélange de country et de Red Dirt ! Vous aurez aiguisé par la présence d’un orgue bien maîtrisé. Tout n’est bien sûr deviné que le leader du groupe a pour nom Grant pas purement venu du gospel ici : Saved est un shuffle ra- Webb. Un album que l'on qualifiera d'honnête mais qui, dans pide signé Leiber/ Stoller et You’ll Never Walk Alone de Rod- un genre très proche, s'avère largement inférieur à celui de gers & Hammerstein garde l’esprit monumental de l’original. Charlie Overbey (cf ci-après) (Jean-Jacques Corrio)

Le Cri du Coyote n°158 page 48 KASEY CHAMBERS & THE FiRESiDE DiSCiPLES : Campfire C'est d'Australie que nous parvient un DiSQU'AiRS des plus beaux albums Country de ces dernières années. Pas vraiment éton- t t nant, s'agissant du 12ème album studio CHARLiE OVERBEY & THE BROKEN de l'icône nationale Kasey Chambers, ARROWS : Broken Arrow près de 20 ans après The Captain, son premier. Un album qui commence par Une country alternative de haut niveau une splendide valse lente, The Campfire qu'offrent ce californien et son groupe Song, suivie de Go On Your Way, une chanson qui dégage avec ce CD titré Broken Arrow, symbole un léger parfum africain avec l'interprétation a cappella de de paix chez les Indiens des Etats-Unis. Kasey et de ses accompagnateurs, The Fireside Disciples. Il débute sur les chapeaux de roues avec En fait, dans cet album, Kasey a cherché à retrouver l'at- Slip Away, qui voit Miranda Lee Richards mosphère des feux de camp familiaux de sa jeunesse tout venir mêler sa voix à celle de Charlie. Honky tonk au tempo en rendant hommage aux pays et aux cultures qu'elle a lent, bel accompagnement de pedal steel guitar, magni- côtoyés durant sa carrière et qui l'ont influencée, Australie, fique, la country moderne telle qu'on la rêve. Ce qui suit est bien sûr, Amérique, Afrique. presque toujours du même niveau, avec des interventions The Fireside Disciples est composé du guitariste Brandon de The Mastersons, les fidèles accompagnateurs de Steve Dodd du groupe Grizzlee Train, du vétéran aborigène Alan Earle, et de Eddie Spaghetti, du groupe The Supersuckers. Pigram, particulièrement mis en valeur sur The Campfire Ce dernier a même droit à une chanson : The Ballad of Ed- Song, et de Bill Chambers, le père de Kasey, mis en valeur, die Spaghetti. Recommandé ! (Jean-Jacques Corrio) lui, sur This Little Chicken. Et qui retrouve-t-on sur The Har- JAMES MiTCHELL : Til I Get It Right vest & The Seed, un des sommets de l'album ? La grande Emmylou Harris en personne ! (Jean-Jacques Corrio) Dans 'Til I Get It Right, James Mitchell, guitariste de studio à Nashville, s'est lancé dans un hommage aux musiciens retrouve aussi la reprise de All I Have To Do Is Dream, ma et aux sons de l'âge d'or de la musique chanson écrite par Boudleaux Bryant pour les Everly Bro- Country. Un album 100% instrumental où thers). Excellent au niveau de la production et de l'accom- les différentes guitares jouées par James pagnement instrumental, très country (banjo, steel guitare, ont bien sûr le premier rôle mais qui per- mandoline venant s'ajouter aux traditionnelles guitares), met de reconnaître facilement l'harmonica de Charlie McCoy l'album est un peu moins convaincant en ce qui concerne et le piano de Hargus “Pig” Robbins. Parmi les 9 chansons les vocaux qui, vu le genre pratiqué, manquent un peu de sélectionnées, on retrouve, entre autres, Busted, popularisé suavité. (Jean-Jacques Corrio) par Johnny Cash et , 'Til I Get It Right, succès de Tammy Wynette, Understand Your Man, tube de Johnny STRANGER FRiENDS : The Last Movie Star Cash, Old Man from the Mountain de Merle Haggard. Rien Voilà la bande originale d'un film que que des tubes country datant des années 50, 60 et 70. Un vous n'avez pas encore vu dans les album sympathique mais réservé aux seuls amateurs d'al- salles. Ce film de Adam Rifkin et avec bums instrumentaux. (Jean-Jacques Corrio) Burt Reynolds, devrait sortir prochaine- ment sous le titre The Last Movie Star. MATT COX : High Places Il raconte l'histoire de Vic Edwards, un C'est le 6ème album de Matt Cox, natif acteur vieillissant se rendant à un Fes- de Shenandoah, Iowa, dorénavant instal- tival à Nashville afin d'y recevoir une récompense pour lé à Omaha, Nebraska. Deux ans après l'ensemble de sa carrière. Douze des treize chansons de The Cost of Everything and the Value of l'album ont été enregistrées pour le film ou inspirées par Nothing, son album précédent, enregis- celui-ci par deux auteurs-compositeurs de Nashville, Jamie tré avec des instruments acoustiques, Floyd et John Martin, réunis sous les mots Stranger Friends. Mat a choisi cette fois-ci d'offrir un album On y trouve aussi bien de la country traditionnelle que de la électrifié dont le son soit proche des prestations scéniques. new-country en passant par des chansons se situant entre Aux côtés de la voix, de la guitare, de l'harmonica et du les Everly Brothers et Simon and Garfunkel. La treizième banjo de Matt, on retrouve Colin Duckworth (guitare élec- chanson, To Get Here, est celle qui ouvre l'album (et qui trique, steel guitar et mandoline), Eric Elworth (contrebasse, termine le film !) et elle est interprétée par Willie Nelson. accordéon, claviers) et Jarron Wayne Storm III à la batterie, Heureusement, il a très souvent fait mieux ! Un album qui se plus, sur certains morceaux, le piano très honky-tonk de Dan laisse écouter, sans plus ! (Jean-Jacques Corrio) NcCarthy, plus, sur le morceau tex-mex Palace of the Sun, le charango de Gino Meyer. Allant de la country au blues en LUKAS NELSON : passant par le folk, le rock et le tex-mex, High Places est Lukas Nelson and Promise of the Real un album particulièrement coyotesque dont chaque audition Lukas Nelson est un des fils de Willie ajoute un petit truc en plus. (Jean-Jacques Corrio) Nelson. Lukas Nelson and Promise of the Real, ce sont les accompagnateurs de PRETTY GRiTTY : Seven Year Itch depuis l'album The Monsanto C'est dans le , en 2010 que Years. Voilà qui pose le bonhomme et le Sarah Wolff et Blaine Heinonen ont réuni groupe. Cela étant dit, l'album, le 4ème leurs talents vocaux et, surtout, instru- du groupe, est-il à la hauteur des espérances ? mentaux pour faire naître le duo Pretty Osons le dire : pas vraiment ! Pour être franc, il n'y a, dans Gritty. Dorénavant installés dans l'Ore- cet album très fourre-tout, aucune chanson qui se détache gon, à Portland, Sarah et Blaine avait vraiment du lot parmi les 12 proposées et toutes écrites par déjà enregistré un album et un EP avant Lukas : aucune n'est vraiment médiocre, aucune, loin de de s'attaquer à Seven Year Itch, à peu près le même titre là, n'est absolument mémorable. Tout juste pourra-t-on ad- que le film de Billy Wilder, traduit par Sept ans de réflexion. mettre que la première, Set Me Down On A Cloud, a quand Un album de country traditionnelle qui commence par la re- même un petit quelque chose en plus quand on l'écoute prise de If I Were a Carpenter de Tim Hardin et sur lequel on pour la 3ème fois. Par contre, Lukas est presque pathétique

Le Cri du Coyote n°158 page 49 SEAN BURNS AND LOST COUNTRY : Music For Taverns, Bars, And Honky Tonks DiSQU'AiRS Un album inspiré par Ray Price, Buck Owens, Merle Haggard et Johnny Bush, t t on se doit d'y prêter une oreille attentive ! quand il se la joue Roy Orbison dans If I Started Over, la On la prête et on n'est pas déçu : ah que chanson qui clot l'album. A noter la présence du père, Willie, voilà de l'excellente country, à la fois tra- à la guitare dans Just Outside of Austin et de Stefani Ger- ditionnelle et actualisée ! On le subodore manotta (oui, c'est bien elle, Lady Gaga en personne !) à la à l'écoute du premier morceau, Have You voix dans Carolina. (Jean-Jacques Corrio) Seen That Train, on en est absolument certain à celle du suivant, Farewell Parties, un honky-tonk JERRY JEFF WALKER : It’s About Time lent avec steel guitare dans la grande tradition des chansons A 76 ans, ce natif de l'Etat de New-York country qui donnent envie de pleurer dans sa bière. Et que a tout connu ou presque, du Greenwich dire de My Old Self, un autre honky-tonk, plus rapide, sur le Village folk des années 60 à la scène mu- thème de l'ancien alcoolique qui pourrait retomber dans son sicale d'Austin, où il s'est établi dans les travers mais qui en connait les risques ? La suite : que du bon années 70 et qui l'a vu intégrer la famille ! C'est du Canada que nous vient cette pépite enregistrée des Outlaws. Auteur de l'énorme tube Mr sous la houlette de Grant Siemens, par ailleurs guitariste sur Bojangles, Jerry Jeff n'avait pas enregis- l'album, aux côtés de Joanna Miller à la batterie, de Bernie tré d'album depuis près de 10 ans et on est heureux de le re- Thiessen à la basse et de Chris Scruggs (petit-fils de Earl !) trouver ici fidèle à lui-même. Et pourtant ! Figurez vous que, à la Console steel guitar. Sean Burns, excellent chanteur, se l'été dernier, Jerry Jeff était à l'article de la mort, souffrant retrouve à l'écriture d'une bonne moitié des 11 excellentes d'un cancer de la gorge. Pas ce qui se fait de mieux, tout chansons de cet excellent album. (Jean-Jacques Corrio) particulièrement pour un chanteur. Le retour vers le chant n'a pas été facile mais It's About Time, le nouvel album, est musique, sur sa scène locale, au service de différentes for- bel et bien là. Sur cet album, des chansons écrites par lui mations, ainsi qu’en servant dans un fameux diner de Nash- et que que Jerry Jeff avait muries sur scène avant sa mala- ville, pendant une courte période de sa vie, sans que jamais die, telle Song, chanson dans laquelle il raconte son très grand talent n’ait pu être mis en lumière. Après une comment et pourquoi il a atterri à Austin alors qu'il était en attaque qui a failli lui être fatale en 2013, et la longue conva- route vers la Californie : une femme, sa femme, Susan ! Des lescence qui a suivi, il a enfin pris le chemin d’une carrière reprises, aussi : My Favourite Picture of You de Guy Clark ; solo et, après une année d’enregistrement, a fait paraître en Somethin' bout A Boat, empruntée à Jimmy Buffett ; Ballad 2017 cet excellent Black Hills Gold. of Honest Sam de Paul Siebel ; South Coast une chanson En 11 morceaux absolument parfaits, classieux sur la forme mise en musique dans les années 50 par Frank Miller, Ri- comme sur le fond, servis par une voix caractéristique émou- chard Dehr et Sam Eskin sur un poème de Lillian Bos Ross, vante sans être exceptionnelle, par des musiciens de goût et chanson popularisée par The Kingston Trio et Ramblin' Jack des arrangements d’un goût imparable, monsieur Peterson Elliott ; Old Shep de Red Foley, déjà reprise par Elvis Pres- donne sa lecture de la country music, et il aurait été particu- ley, Johnny Cash et Hank Snow. Beau travail de la part d'un lièrement malheureux qu’un tel talent demeure confidentiel. véritable revenant ! (Jean-Jacques Corrio) Evoquant les univers musicaux de Merle Haggard ou Billy Joe Shaver, ses compositions remarquables, avec un léger SCOTT MacDONALD : parfum de Western Swing, sont appelées à devenir des Start Living Yhe Life You Want classiques du genre. Amis du Cri, ruez-vous sur cet album, Songwriter écossais, Scott MacDonald et souhaitons à Tom Peterson un avenir resplendissant, de revendique à la fois l'influence de Neil nouveaux disques et un passage par nos scènes. Young et celle de John Martyn. Sur Start (Jean-Christophe Pagnucco) Moonhouse Records, 2017 living the life you want, Scott a conservé Frank Gibbon qui avait produit Angels BEN BOSTiCK : Hellfire Around Us son album précédent, mais, La scène indépendante n’en finit pas de ici, seulement comme bassiste sur trois morceaux. Tout le révéler son lot d’excellentes surprises et reste, Scott l'a fait tout seul. C'est parfois totalement acous- d’artistes remarquables, loin du mains- tique, parfois électrifié. C'est en général plutôt plaisant tout tream de la country music et au plus en n'étant jamais transcendant. (Jean-Jacques Corrio) proche des grandes heures du twang et du honky tonk, tout en proposant une TOM PETERSON : Black Hills Gold œuvre originale, revivaliste sans être mi- A l’heure du crépuscule de nos idoles, métique, et libre de ses influences et de ses sons. L’exemple et de la disparition de monuments de de Ben Bostick en est une illustration remarquable. Avec ce notre musique préférée (Waylon Jen- 2ème opus, Hellfire (évoquant le titre de la fameuse biogra- nings, Johnny Cash, , phie du Killer par Nick Tosches), le jeune Ben livre un brû- George Jones, Guy Clark, Merle Hag- lot sulfureux. Entre le premier et le dernier titre, qui ne sont gard, pour ne citer qu’eux ces dernières pas sans évoquer le Tom Waits roots de la trilogie Orphans, années), il n’est pas rare qu’une crainte Bawlers and Bastards), le chanteur songwriter livre, à la tête nous étreigne : celle qu’au-delà de la destinée charnelle des d’un gang assez rock ’n’ roll (deux guitares, basse, batterie hommes, ce soit un univers, un vocabulaire, une culture mu- et piano), une enfilade de titres tous jubilatoires, évoquant le sicale qui disparaisse et que plus jamais la tonalité de ce qui rock ’n’ roll twangy, la country classique d’un Jerry Lee Lewis nous émouvait tant dans cette musique ne soit tout à fait la au meilleur de sa production Mercury, tout en convoquant même. Ponctuellement, une œuvre paraît et nous rassure, les fantômes de George Jones et de Marty Robbins, faisant nous émeut, comme une carte postale d’un monde que l’on flirter leur honky tonk avec un rockabilly naissant. Evoquant pensait disparu et qui pourtant reste vivant et chanté par des parfois les plus belles heures de Hank Williams III, il renou- artistes jusqu’alors inconnus. Le superbe album du songwri- velle un genre antédéluvien, tout en parvenant à insuffler ter Tom Peterson, son premier malgré son âge relativement des couleurs nouvelles, personnelles et vibrantes à un avancé, est une merveilleuse surprise et sûrement l’un des genre ultra classique. Un artiste de qualité, qui a beaucoup plus beaux disques de classic country paru ces dernières de choses à dire, et qu’il conviendra de suivre avec atten- années. Originaire du South Dakota, il a consacré sa vie à la tion ! (Jean-Christophe Pagnucco) Simply Fantastic Music 2018

Le Cri du Coyote n°158 page 50 RAVEN AND RED : We Rise Up Raven, c'est noir corbeau comme les DiSQU'AiRS cheveux de Brittany, la chanteuse vio- loniste tandis que Red, c'est la couleur t t des cheveux de Mitchell, le chanteur guitariste et rouquin comme c'est per- GEORGE LiLLY & THE HALF FAST ALLSTAR : mis. Cole, le petit frère, les a rejoint à la Thinking About You Baby mandoline et à la basse (mais personne “Mieux vaut tard que jamais” pourrait être n'a tenu compte de la couleur de son scalp). Ce trio origi- le titre d’une rubrique à part entière du naire de Caroline du Nord et de Georgie a commencé à tour- Cri du Coyote, si l’on en juge une part ner et sort aujourd'hui ce premier CD avec une majorité de non négligeable des opus qui nous par- compositions. Les harmonies vocales à trois voix sont très viennent ces jours-ci. A l’heure où chacun agréables et leurs chansons sont assez classiques dans la s’interroge sur l’avenir du support disco- forme et naviguent sans surprises dans les eaux de la bal- graphique et peut mesurer l’impact de la crise du disque lade folk dans lignée des influences revendiquées, de John sur l’activité des vieilles gloires, qui augmentent significa- Denver à Jim Croce. La tonalité générale est empreinte tivement tant la fréquence que le tarif de leurs prestations d'une grande sérénité et leur succès est logique au vu de la scéniques, les artistes qui ont consacré leur vie à la musique mise en place de leurs chansons. On peut regretter une cer- live et qui sautent le pas du premier enregistrement à un âge taine bienséance un peu lisse mais il faut bien que jeunesse où d’autres songent à la retraite paraissent se démultiplier. se passe… (Christian Labonne) www.ravenandred.com Ceci doit être salué, à plus forte raison lorsque cela per- met la découverte de talents rares, conservés comme des MARK HUFF : Stars For Eyes diamants bruts, et définitivement exemptés de toute vélléité Le Bob Dylan de la semaine s'appelle de plaire au plus grand nombre ou de suivre les modes. Mark Huff. On note que ce n'est pas un C’est ainsi que George Nighthawk Lilly, guitariste chanteur, métier facile et que la moquerie est aisée entouré de son Half Fast All Star (guitare, basse, batterie, quand on est derrière un clavier d'ordina- piano, saxophones baryton et alto), livre ce bel album de teur mais ce n'est pas l'idée. Mark Huff blues classique. L’ambiance créée par George Lily et sa chante, joue de la guitare et écrit des clique, dont la voix n’est pas sans évoquer John Hammond chansons, son propos s'inscrit dans une Jr ou Tony Joe White, est marécageuse à souhait, swamp tradition de songwriters et il le fait plutôt bien. C'est avec un et groovy, alternant, comme le sorcier d’Oak Groove en a petit chapeau et des lunettes noires qu'il pose sur le site de fait sa spécialité, les ambiances cotonneuses lardées de riffs sa boîte de production Indie Pulse Music, tout un programme électriques jamais démonstratifs, toujours au service de la en soi. Sur ce CD, il est accompagné par un groupe complet couleur de la chanson. Le répertoire, choisi avec soin, mêle avec des belles notes de pedal-steel, de piano et de chœurs avec un égal bonheur les compositions très efficaces du lea- féminins. Big City Down a un groove Dire Straits, Carolina der (le morceau titre, ainsi que Just Because, Love Love Blue est une valse toute en nuances et God In Geography Love, standards en puissance) avec des reprises permettant rappelle les Heartbreakers à notre souvenir. Nightingale est d’évoquer avec pertinence des références d’un bon goût plus ouvertement country-rock, Heart Beating Without You jamais pris en défaut, de James Booker (So Swell When est plus planant et, comme on s'y attendait, I Know You Don't You’re Well) à Mose Allison (le classique Parchman Farm), Want My Love ne fait pas dans l'humour le plus racoleur. en passant par les poids lourds de Stax que sont Little John- Neil Young aurait pu écrire le très réussi Albatross qui fait la ny Taylor (Somewhere Down The Line) et Rufus Thomas part belle aux envolées de guitare électrique et Mark termine (Walking The Dog). Un album qui offre un excellent moment son CD sur une reprise réussie et prenante de Almost Like de good time music, qui fleure bon les samedis soirs dans The Blues de ce sacré luron et prince de la déconne qu'était le bayou. (Jean-Christophe Pagnucco) Snakegator Music, 2018 Leonard Cohen. Ce CD permet de découvrir un chanteur convaincu et convainquant. (Christian Labonne) MiKE AiKEN : Wayward Troubadour indiepulsemusic.com/2018/07/26/mark-huff-stars-for-eyes Disons-le d’emblée : le 7ème album de Mike Aiken, le troubadour incontrôlable MEAN MARY : Blazing dont il est certainement questions dans Mary James est une jeune femme qui ces 11 vignettes, est une belle réussite, chante en s'accompagnant à la guitare et confirme sans peine les espoirs pla- et au banjo. Elle écrit seule ou en col- cés en lui après le grand succès critique laboration avec son frère qui l'accom- du 6ème, Captain and Cowboys, produit pagne au chant et à la guitare. Ce 7ème par le Georgia Sattelite Dan Baird et récompensé par un CD surprend par la grande variété des Grammy. Cinq ans plus tard, voici un magnifique recueil de directions musicales empruntées. Il y a chansons, pour la plupart composées par Mike Aiken, mâti- des instrumentaux de banjo dont le très mélodique Rainy, nées de Western Swing (Everything Changed, A little Lazy le syncopé Blazing et l'espagnolisant Lights, gun, action In Your Life) et de Honky Tonk classique (Travelling Bone), avec des castagnettes. Elle chante sur Sugar Creek Moun- avec son lot de ballades envoûtantes (Two Land Highway), tain Rush qui s'inscrit dans la tradition des Appalaches, sur servies par son timbre inimitable, par des musiciens talen- le fantomatiques Gone, sur le très pop I Face Somewhere tueux et une production parfaite. Les trois reprises inves- avec une guitare électrique et le dynamique La la Hoop la la tissent sur les valeurs sûres, Mark Collie et Shawn Camp, en provenance du bayou avec des percussions et un violon pour le menaçant Dead Man Walks Before He Runs, Chris- cajun. J'aime beaucoup son interprétation dépouillée du tra- topher Hynes et Robin Thomson. On gardera longtemps en ditionnel Rock Of Ages et l'expressivité de sa voix sur Hell tête l’apaisant Chesapeake qui clôt l'album et ses nappes Is Naked qu'on imagine venir d'Europe de l'Est, démontrant d’orgues Hammond et ses chœurs évoquant le meilleur de qu'elle a vraiment beaucoup de cordes à son banjo. Van Morrison, tout en se disant que Mike Aiken a décidé- Sinon, tous les textes de son site sont traduit automatique- ment bien des choses à dire. Les 5 ans de gestation ont per- ment pour notre plus grand bonheur intérieur : on peut ainsi mis à l’auteur de ne rien laisser au hasard sur ce Wayward lire la biographie de Veux dire Mary dont la page Share pho- Troubadour, à recommander à tous ceux qui ont un cœur, to gallery devient Gallerie de photos de part. Son maître de des oreilles et un penchant pour le meilleur de la musique toile est trop cool ! (Christian Labonne) country. (Jean-Christophe Pagnucco) Northwind Record, 2018 www. meanmary.com

Le Cri du Coyote n°158 page 51 thèse et un son qui plaira aux inconsolables de Tom Petty car on y retrouve dans les 11 titres de ce 14ème album de DiSQU'AiRS la candeur, de l'amour des mélodies et un peu du caractère juvénile et sémillant de notre cher disparu. N'oublions pas la t t pochette où c'est un poste de radio qui remplace le mono- lithe de 2001 aux côtés d'un chimpanzé et d'un cosmonaute. ERiC CONGDON : Into The Woods (Christian Labonne) www.danisraelmusic.com Du picking à la guitare comme on en avait pas entendu récemment. Eric MELANiE DEKKER : Secret Spot Congdon chante également et il est ac- Quand une jolie blonde sort un nouveau compagné par la voix de Lisa Tyler sur le disque, je regarde la pochette d'abord et celtique Legend of Blowing Rock et sur la je l'écoute après. Après un neuvième CD jolie ballade Cool Mountain Morning avec Live in Europe et chroniqué ici-même, ce ses arpèges John Renbourniens. La lap- nouvel opus contient 10 titres que cette steel de Billy Cardine de mêle aux arpèges bluesy de la gui- Canadienne a composé dans un courant tare sur Smoky Mountain Medecine Man. Si vous aimez la abordant une country pop bien troussée. guitare instrumentale, écoutez son Requiem for John Fahey, Cette jolie chanteuse réussit, en plus d'écrire et enregistrer, dédié à ce grand guitariste connu également pour avoir créé de donner une centaine de concerts par an dont des partici- la maison de disques Takoma dans les années 1960 et qui pations à de nombreux festivals. Je pensais que la mélodie a fait découvrir des guitaristes comme Leo Kottke. Eric sort de Front Row était jetable mais elle est reste ancrée dans la mandoline sur Ballad Of Brando et le grand jeu sur Cuffs, ma mémoire avec ce message optimiste : "il faut profiter de rockabilly en diable. C'est sur Carolina Stroll que ce termine la vie, de la "rangée de devant" et traduire "plus tard" par cet album de picking un peu chanté sur les bords et bien "tout de suite". Te Amo Mucho est dédiée à son père sur un plaisant à l'arrivée ! (Christian Labonne) ericcongdon.com air de valse mexicaine et Secret Spot qui donne son nom à I SEE HAWKS IN L.A. : l'album est sans doute le titre le plus accrocheur mais j'aime Live And Never Learn aussi Try Me à propos duquel on peut se livrer à cette mini- expérience : écouter la version très arrangée du CD et la Huitième album de ce groupe Califor- comparer à la version acoustique visible sur la page videos nien fondé en 2001 dont j'ai déjà eu le de son site. Laquelle allez-vous préférer ? plaisir d'en chroniquer plusieurs. Quoi de (Christian Labonne) www.melaniedekker.com neuf ? ISHILA est aujourd'hui un quatuor avec Rob Waller (Chant lead, guitare MEMPHiS SLiM : rythmique), Paul Lacques (Guitare élec- Live in Paris, 27 mai 1961 trique, Chœurs), Paul Marshall (Basse, Chœurs) et Victo- Après l'indispensable American Folk Blu- ria Jacobs (Batterie, Chœurs), formule resserrée autour de es Festival 1962/ Paris concert, l'excel- Rob et Paul, les deux membres originaux et compositeurs lent label Frémeaux & Associés poursuit principaux. Cela fait plaisir de les voir tracer leur route sans l'édition des concerts enregistrés par et se répéter ostensiblement et attention à ne pas les consi- pour la radio Europe 1 durant les an- dérer comme une équipe de vieux hippies ressassant le nées 1960 et enfouis malheureusement passé. Leurs textes montrent qu'ils sont toujours à l'écoute jusqu'ici dans des archives souvent bien difficiles à dénicher. du monde, preuve en est ce premier titre Ballad For The Ces enregistrements de concerts entiers, réalisés dans les Trees, dédié aux arbres, aux acacias et aux abeilles, mani- meilleures conditions techniques de l'époque, étaient des- feste prônant écologie et tolérance. La musique est toujours tinés à être diffusés par morceaux au cours de l'émission ce country-rock léger et efficace avec cette impression de alors très suivie et populaire "Pour ceux qui aiment le jazz". simplicité, gage des chansons à propos desquelles on se Bien sûr, l'amateur de blues dispose aujourd'hui d'un grand demande pourquoi personne n'avait pensé à les écrire plus nombre de disques de Memphis Slim, mais pas tant de live. tôt. Singin In The Wind est dans l'esprit des premières chan- Celui-ci nous présente Slim seul au piano à l'Olympia face sons acoustiques des Eagles avec des belles harmonies à un public d'amateurs de jazz. Le bluesman est à l'époque vocales et un beau solo de guitare. Tonalité nettement plus encore résident américain. Ses disques se vendent de électrique sur The Last Man In Tujunga relatant un incendie moins en moins bien aux Etats-Unis et il est alors en train qui a laissé des traces en Californie, sur Stoned With Melis- d'essayer d'émarger au folk boom acoustique qui fleurit dans sa (Every Day Of The Week) qui se passe de commentaires le Nord des USA. Slim a déjà participé à plusieurs festivals et sur King Of The Rosemead Boogie. N'oublions pas My folks, émissions TV (avec Pete Seeger) et enregistré des Parka Saved Me qui, dans une atmosphère qu'on imagine disques en soliste ou à peine accompagné (en particulier de proche de Fargo (les frères Cohen), raconte l'histoire vraie Willie Dixon à la contrebasse) où il développe un répertoire vécue par Victoria lors d'un accident de voiture près d'un lac folk qu'il a appris pour l'occasion. gelé. L'album se termine logiquement par Stop Me, paisible La perspective de se produire en Europe est une occasion et quatorzième chanson. Allez, soyons honnête, comment qu'il va saisir. Après Londres, où il assiste avec intérêt aux ne pas aimer un groupe qui a écrit un jour une chanson inti- débuts du blues boom britannique, le voilà en France, un tulée I Fell In Love With Greateful Dead ? pays où il se fixera définitivement en fondant une nouvelle (Christian Labonne) www.iseehawks.com famille. Ce concert reflète ce moment très intéressant dans DAN iSRAEL : You’re Free lequel Memphis Slim en soliste déroule un répertoire des barrelhouses de son enfance avec des pièces classiques Avec une dégaine fluette, une silhouette comme Kansas City Blues, Roll'em Pete ou How Long Blu- anonyme, un voix juste mais standard, es. Slim est en pleine forme, très impliqué dans sa musique, avec des vidéos prises dans la salle de grand virtuose. Le disque est très réussi et devrait donc figu- répétition ou dans la rue en se baladant rer en bonne place dans la discothèque des amateurs de avec une barre à selfie à deux balles, piano blues. Gérard Herzhaft (Frémeaux & Associés FA 5725) comment cet auteur-compositeur amé- ricain va-t-il se démarquer de ses 237 Merci de citer Sur abonnement Le du Coyote Le Cri du Coyote collègues ? Sans jamais risquer de devenir le personnage quatre saisons le plus hype de la semaine, Dan Israel écrit des chansons quand vous Fanzine sans colorant depuis plus de 30 ans contactez un simples et reposantes. Il offre une rafraichissante paren- correspondant

Le Cri du Coyote n°158 page 52 Dominique ANGLARES TOP RANK - ARTECO ViNTAGE

From spirituals to Country & Western Express

Une fois n'étant pas coutume nous allons nous intéresser à une marque de disques d'outre-manche qui a eu une production mondiale très importante malgré une période d'activité très courte. Son catalogue couvrait tous les styles de musiques des 50’s : Spirituals, Blues de Chicago, Rhythm and Blues de Louisiane, Groupes vocaux, Rock 'n' Roll, Country and Western. Après tout le mot "Vintage" est anglais même s'il est dérivé de l'ancien français "Vendange".

Au Royaume-Uni EMI conserve la marque active jusqu'en avril 1962. Au delà, pour rem- Le groupe britannique Rank était un placer Top Rank et continuer à distri- conglomérat cinématographique fondé buer les artistes américains, EMI crée en avril 1937 par l’industriel Joseph la marque Stateside. Le premier disque Arthur Rank qui possédait des studios, sorti en juin 1962 fut Palisades Park des salles de spectacles et de cinéma, par Freddy Cannon (45SS-101). et des sociétés de productions. Ce groupe fut propriétaire des ciné- En France mas Odéon (1938) puis Paramount (1941) possédant plus de 650 salles à Albert Bernard (8 mars 1882 - 20 août la fi n des années 1940. Il investit éga- 1968) un industriel français fut un pion- lement dans les radios, les téléviseurs nier de l'industrie musicale en étant et les fameux photocopieurs Rank Xe- le fondateur, en 1922, de la Chambre rox en 1956. En 1959, il donne nais- syndicale de l’industrie et du commerce sance à Rank Records Ltd. et fonde les français des machines parlantes, au- marques Top Rank et Jaro. La marque Sal Mineo jourd'hui Syndicat National de l'édition & Susan Volkman. 1956 Jaro (Joseph Arthur Rank Organisa- © Universal Pictures Phonographique (SNEP). tion) est destinée au marché américain. En 1938, il devient Président de la Sté meo/ Fraternity et en Jamaïque ceux ARTECO (Société Art, Technique et Top Rank Uk est dirigée par Dick Rowe de Ace/ Bella/ Vee Jay/ Blaze/ Swan/ Commerce), l'une des plus anciennes et Tony Hatch en qualité de directeur Vee Jay/ Pink/ Modern. maisons phonographiques qui distri- artistique. Il y eut beaucoup de chan- Pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande buait en France sa marque Odéon mais gements à la direction. nous avons Ace/ Laurie/ Dolton/ Soma/ aussi, Versailles et la marque de Jazz Un premier simple sort fi n janvier 1959. Ron/ Triangle/ Starday/ End/ Cover / US Blue Note à une qualité de pres- La production comprend de nombreux Vee-Jay/ Duke/ Gone/ Starday/ Madi- sage exceptionnelle. Elle est située au artistes anglais tels que Craig Douglas, son/ Milestone /Brooke. La liste n’est 42, rue de Paradis à Paris (10ème). Bert Weedon et John Leyton mais aus- pas exhaustive. Top Les dirigeants d'AR- si des licences pour de nombreuses Rank est aussi présent TECO sont Bernard L. marques de disques américaines qui en Suède, au Japon, en Taylor (directeur géné- sont éditées en France (Arteco), en Al- Israël, en Hollande, en ral Odéon depuis 1959), lemagne (Ariola), en Italie (Durium), en Belgique, en Afrique du Serge F. Beucler (direc- Australie (Festival), en Espagne (Dis- Sud et, bien entendu, en teur artistique), Kurt Mohr cophon) et dans de nombreux autres France. (en charge du répertoire pays. étranger) et Pat Amoore. Si durant les six premiers mois les Top Rank cesse d’être Ils prennent en charge ventes UK sont bonnes, elles s’ef- indépendant en août l’édition, la promotion fondrent rapidement, certains disques 1960 après seulement 18 et la distribution de la ne se vendant qu’à 250 exemplaires. mois d’activité. marque Top Rank et Plusieurs explications sont probables A compter du 1er sep- obtiennent en octobre dont une production trop importante tembre 1960, y compris 1960 deux grands prix et l’absence de force de vente. Alors à l’international (sauf aux du disque décernés par qu’EMI avait une quarantaine de com- USA) elle passe sous le l'Académie Charles Cros merciaux sur la route, Top Rank n'en contrôle d’EMI. Sur le pour un LP des Staple avait que deux. La marque édita au label sera désormais im- Singers (catégorie Spiri- Royaume Uni les titres des marques primé : "Made by Electric tuals) et un LP de John US Herald/ End/ Fury/ Dolton/ Time/ and Musical Industries Top Rank - Jazz Magazine Lee Hooker (catégorie Swingin'/ Sue/ Ember/ Swan/ Ace/ Ca- Ltd in Gt. Britain". (Mai 1960) Blues).

Le Cri du Coyote n°158 page 53 Arteco : les EP’s Un second EP de Jimmy Reed est pro- duit avec Baby What You Want Me To

ViNTAGE Fin 1959, Top Rank fait son entrée sur Do/ Caress Me Baby/ A String to your le marché du disque français avec un Heart/ I Know It's a Sin (RES 141), des EP numéroté RES 101 présentant Jim- titres de 1957 à 1959. Encore de grands my Reed avec l'instrumental Boogie In blues sous une superbe pochette pho- The Dark (1953)/ You Don't Have To to avec un texte et des renseignements Go (1953)/ Ain't That Lovin' You Baby discographiques par Kurt Mohr. (1955) et You Got Me Cryin' (1958). Quatre superbes titres enregistrés à Le catalogue US Ace, une marque de ANGLARES Dominique Chicago pour la marque Vee-Jay sous Jackson au Mississippi offre quelques une jolie pochette photo avec un texte belles surprises avec un EP de Alvin de Kurt Mohr au verso (il a signé plu- ‘Red’ Tyler couplant ses simples US sieurs textes pour cette marque). 556 et 576, Snake Eyes/ Happy Sax/ Suit une réalisation partagée Jimmy Walk On/ Junk Village (RES 128) et Clanton et The Fleetwoods (RES 102). un de Frankie Lee Sims avec What Little Boy In Love et My Own True Love Will Lucie Do ?/ Misery Blues/ Walking par (Ace) et Mr. Blue et The Crests With Frankie/ Hey Little Girl, faces sor- You Mean Everything to Me par The ties sur les simples US 524 et 527 en Fleetwood (Dolton). Quatre ballades Il s’agit là d'enregistrements de la 1957. Titré The Blue Guitar Of Frankie sans grand intérêt sur un disque sorti à marque US Gone, fondée en 1957, Lee Sims, ce disque a une pochette l'identique en Espagne. qui sera à nouveau représentée avec sans aucun rapport avec le contenu Le RES 103 est partagé entre Wade un EP de Jo-Ann Campbell sur lequel mais le verso de la celle-ci comporte Flemons (Vee-Jay) et Bobby Hendricks fi gurent You're Drivin' Me Mad/ I Ain't un texte intéressant de Kurt Mohr. Né à (Sue), le RES 104 entre The Bentley No Steady Date/ I really Really Love la Nouvelle Orléans en 1917 et décédé Brothers (Venus) et Freddie Cannon You et I'm in Love with you (RES 117). en 1970, Frankie Lee Sims enregistra (Swan) et le RES 105 entre The Fire- La pochette est illustrée par une photo également pour Blue Bonnet et Spe- fl ies (Ribbon) et Billie and Lillie (Swan). de Sal Mineo et Susan Volkman tirée cialty. Nous avons aussi un EP partagé Quelques EPs d’artistes anglais du fi lm Rock, Pretty Baby ! dans lequel entre Jimmy et Ike Clanton (RES 131) suivent fi n 1959, tel Craig Douglas n'apparait pas Jo-Ann Campbell. Par avec Go, Jimmy, Go. (RES 106), Bert Weedon (RES 112). contre elle est à l'affi che deGo, Johnny, Une série consacrée à Ace records Go avec Jimmy Clanton en juin 1959. n’aurait pas été complète sans . You Can't Stop her/ Rockin' The Crests, avec Johnny Maestro, Behind the Iron Curtain/ Chikee Wha eurent aussi droit à un EP avec Flower Wha/ Don't Take Your Love from Me, of Love/ Molly Mae/ I Do et Six Nights les faces de ses simples US 532 et A Week (RES 114). Quatre superbes 557 trouvent leurs places sur le EP ballades enregistrées pour la marque RES 139 qui fut suivi d’une réalisation Coed de New York sous une belle po- pour Huey Piano Smith & The Clowns chette avec photo et un court texte de (RES 140). NB : Je n’ai malheureuse- présentation. ment pas les titres de ce disque mais y fi gure peut-être Don't You Know édité Egalement extrait du catalogue Vee- en Angleterre sur le simple Top Rank Jay nous avons un excellent EP de JAR 282 en janvier 1960. Memphis Slim and his House Rockers Certains de ces enregistrements furent avec What's The Matter/ This Time I'm faits au studio de Cosimo Matassa à la Through/ Steppin' Out/ My Gal Keeps Nouvelle-Orléans, un endroit cher à Me Crying (RES 116) et de John Lee Bernard Boyat. Les EPs RES 128 et Hooker présentant Everybody Rockin'/ 139 portent sur la pochette en lettres Crawlin' Black Spider/ The Road is so capitales la mention "New-Orléans. Jimmy Clanton Rough/ Wheel and Deal (RES 136). Style 1960". Il est à noter que Wheel and Deal (en- Parmi la production nous avons éga- Parmi la large production de EP dans registré le 19 octobre 1955) ainsi que lement une réalisation pour le saxo- la série RES, il faut noter celui dédié Everybody Rockin' et Crawlin' Black phoniste Big Jay McNeely avec quatre aux Flamingos avec I Have Only Eyes Spider (enregistrés le 1er mars 1957) titres Swingin’ de 1959. for You/ At the Prom/ Love Walked In n’étaient alors pas sortis aux USA. Chantés par Little Sonny Warner, et Yours (RES 107). Quatre excellents There's Something on your Mind/ Psy- titres enregistrés pour End qui sont sui- Egalement un EP de Floyd Jones cho Serenade/ Back... Shack... Track/ I vis par un très rare EP des Dubs avec avec Any Old Lonesome Day/ Floyd's Got the Message (RES 130) sont bien Chapel of Dreams/ Is There a Love for Blues/ Hard Times/ Schooldays on présentés sous une pochette portant la Me/ Such Lovin'/ Could This Be Magic my Mind (RES 135). Ces quatre titres mention “Rhythm and Blues”. (RES 110). La pochette présente une proviennent de sa seule session pour Tous les EPs de cette série ont un la- jolie photo du groupe contrairement à Vee-Jay, le 3 février 1953 à Chicago. bel bleu clair. celle des Flamingos pour laquelle on Floyd est né en 1917, ses jours d'école Ceux de moindre intérêt ne sont volon- doit se contenter d'un fl amant rose. devaient être un lointain souvenir. tairement pas mentionnés.

Le Cri du Coyote n°158 page 54 Une série de EP numérotée 20.000 mérite notre attention pour une pre- mière réalisation consacrée à Little Anthony and The Imperials avec I'm Alright/ So Near And Yet So Far/ Shim- my, Shimmy Ko-Ko-Bop/ Tear On My Pillow (20.001). Ces quatre titres End de 1959 sont présentés avec un label rouge qui est attaché à cette série. Le EP suivant est dédié à Jack Scott avec What in the World's Come Over You/ Oh Little One/ Baby Baby/ Burning Bridges, quatre titres US Top Rank. Superbe pochette photo avec au verso la mention erronée “Origine-Vee-Jay records” et une courte biographie. Un disque rare, disponible au même moment que ceux édités sur London avec des titres US Carlton. Oh Little One et Burning Bridges sont sortis en Espagne sur le EP Top Rank 17.117 pressé en vinyl bleu. Cowboy Copas

D’autres EPs par The Shirelles, Fred- Russell, Allen Shelton, Jim and Jesse, die Cannon, U.S. Bond, Orlie and The Bill Winberly. Ces réalisations sont le Saints ont été produits mais ils sont complément du LP Country and Wes- de moindre intérêt. Au verso des po- tern Express présenté dans la partie chettes de ces disques sortis en 1960 suivante. et 1961 fi gurent souvent des photos de disques Odéon. Arteco : les LP’s Une dernière série de EPs pour le Fin 1959 sortent les LPs RLP 101 par moins surprenante est celle des trois The Staple Singers Help Me Jesus numérotés de 23001 à 23003 titrés et RLP 102, The Harmonizing Four Country and Western Special (Vol 1 à Chantent. En regardant les pochettes, 3) présentant des enregistrements ins- pas de doute il s’agit bien de Negro Spi- trumentaux US Starday (1958 à 1960). rituals. Dans le même registre sortent Ils ont la particularité d’avoir trois titres deux LPs de Mahalia Jackson (RLP par face, comme certains des pres- 106 et 107). Sont également réalisés sages US. Les artistes présentés sont deux EPs des Staple Singers (22.001 Earl Milton, Jim Eanes, Dobber John- et 22.002) et un des Sawn Silvertones son, Bill Clifton, The Country Gentle- (22.003). Les pochettes photo pour ces men, Ken Clark, Tommy Jackson, Roy artistes Vee-Jay sont soignées avec des textes de Kurt Mohr.

Le RLP 103 I'm John Lee Hooker est entièrement consacré à cet artiste majeur qui, sous une pochette sans intérêt, propose 12 titres Vee-Jay dont aucun ne fait doublon avec le EP. Jacques Demêtre signe un superbe texte au verso de la pochette même s'il ne peut s'empêcher d'égratigner le Rock and Roll. Les enregistrements vont de octobre 1955 à janvier 1959. Une large place faite à la session du 22 janvier 1959 avec 5 titres sur les 6 enregistrés ce jour-là avec sur cer- tains la participation de Eddie Taylor (gtr) et Earl Phillips (bat). Parmis les titres fi gurentTime is Marchin' (octobre Dominique 1955 avec Jimmy Reed à l'harmonica), ANGLARES Dimples, Every Night, Boogie Chillum, Top Rank - Jazz Magazine (Décembre 1959) Bill Clifton Hobo Blues, Crawlin' Kingsnake. ViNTAGE

Le Cri du Coyote n°158 page 55 Véritable pépite, le LP RLP 109 Blu- (JKP 3013), puis de Cowboy Copas esville Chicago, sorti en 1960 présente (JKP 3014) et pour fi nir de Red Sovine

ViNTAGE sous une pochette photo aérienne de la (JKP3015), tous sortis entre novembre ville quatre titres de Billy Boy (William 1961 et février 1962. "Billy Boy" Arnold) enregistrés en 1955

et édités sur les simples Vee-Jay 146 Pour conclure avec les LPs français : Rank 45 rpm (UK) Top Top Rank 45 rpm (USA) Top et 171. Les quatre titres d’Eddie Taylor Il existe une réalisation titrée Boom- sont de 1955 et 1956. Les deux autres Rank qui regroupe des titres d’artistes artistes sur ce LP sont Joseph Lee fi gurant parmi les EP RES mais éga- Arteco : les Simples Williams avec quatre titres et James lement quelques nouveaux venus ANGLARES Dominique Edward "Snooky" Prior avec les deux comme Mac Rebennack avec Foolish Très peu de réalisations avec diverses faces de son simple Vee-Jay 215 gra- Little Girl (titre Rex de 1959) et The numérotations dont une en RS qui s’in- vées en juillet 1956. Le LP RLP 110 est Beau-Marks avec Clap Your Hands tègre dans celle des EPs. consacré au Jazz de Chicago. (titre Quality de 1960). En 1960, le RS 120 avec une pochette représentant le logo de la marque est dédié à Bobby Rydell et le 121 à Alvin "Red" Tyler avec Walk On et probable- ment Snake Eyes, les deux faces du simple ACE 556 sorti en février 1959. Le 126 est consacrés à Billy Boy. Here’s My Picture/ You’ve Got Me Wrong sont les deux faces de son simple Vee-Jay 192 qui ne fi gurent pas sur le LP mentionné précédemment. Superbes "rompin’ blues with great guitar and piano". Un simple n°11.001 est consacré à Lightning Hopkins avec l’excellent Bad Boogie couplé à Won- der What’s Wrong With Me, deux faces sorties sur le simple Ace 516. NB : Une autre série numérotée 10000 (1961) est sans intérêt pour nous, avec The Shirelles, The Jarmels, Nat Ken- drick, artistes également édités en EPs.

Big Jay McNeely ARTECO est racheté par CBS France, (Olympic Auditorium - Los Angeles ) - 1951 fi liale autonome de Columbia Us, le 1er février 1963. Bernard Taylor est le Passé en revue dans un magazine à Bien que de production tardive en Directeur Général. Odéon France fut l'automne 1961, on peut lire : 1961, le LP RLP 114 Country and Wes- donc distribuée par CBS France avant "Vous remarquerez à quel point El- tern Express est une superbe réalisa- de disparaitre fi n 1966 tout comme vis Presley et les Everly Brothers, tion. Les notes biographiques en fran- Vee-Jay Record qui cessa sa produc- par exemple, se sont inspirés de la çais fi gurant au verso de la pochette tion en mars de la même année. © "Country Music" ce qui n’a rien d’éton- sont de Chuck Steiner, éditeur du ma- nant car elle est représentative de la gazine suisse Hillbilly. vraie musique du Sud dont ils sont ori- Parmi mes titres favoris : It's Gotta ginaires et qu’ils n’oublieront jamais. Be That Way (Dave Dudley), Alabam' Pas plus que vous après l’écoute de ce (Cowboy Copas), Down in the Hollow, beau disque". Country Strings (Bill Browning) et Baby Rocked Her Dolly (Frankie Miller). Le label Top Rank UK avait initié une Que d'excellents enregistrements Star- série "Country & Western Express" day par Buzz Busby, Jim Eanes, Merle vers mars 1960 avec un premier lot Kilgore, Bill Harrell, Billie Morgan, Ken de trois EP's "various artists" numéro- Clark, Bill Clifton, The Country Gentle- tés de JKP 2055 à JKP 2057 avec des men et

pochettes toutes identiques. The Cash Box (29 juin 1957) Huey Smith - L’illustration et les artistes sont totale- NB : Ce LP ne s'est probablement pas ment diffèrent des EPs français. bien vendu à sa sortie en 1961. Ma Suivent trois autres EP's, dans la copie provient de la discothèque de même série, proposant des titres de GDF (Gaz de France). Cette grosse Claude Gray/ Eddie Noack (JKP 2063), entreprise, comme Air France ou la Country Johnny Mathis (JKP 2064) et SNCF, dans le cadre de leurs missions James O’Gwynn/ Tony Douglas (JKP sociales et éducatives, achetaient 2065). Ce label mettra fi n l'aventure souvent des disques considérés alors country avec un EP de Frankie Miller comme relevant du… "Folklore".

Le Cri du Coyote n°158 page 56 06- Popa CHUBBY 19- GUNSHOT CONCERTS Paris, Théâtre Traversière Salindres (30) Salle Becmil & FESTiVALS 06- ROCKiNG BiLLiES 19 & 20- Festival R'n'R Aurignac (31) The NiTE HOWLERS 06- Jake CALYPSO SHAUN YOUNG S E P T E M B R E Aulnoye Atmeries (59) The PLAYBOYS 28- Liane EDWARDS 06- Michael JONES Limoges (87) & The DUST RAiSERS Genas (69) Salle Anquetil 20- TEXAS SiDE STEP Le Mont Dore (63) 06- Kevin BUCKLEY St Nabord (88) 28 & 29- RUSTY LEGS & The YEE HAW BAND 20- Kevin BUCKLEY BACKWEST Honfl eur (14) 06 1626 6353 & Charlie McCOY WANTED LADiES 06- Les CHiCS TYPES Le Vésinet (78) 01 3015 6600 RiENDANSTONFOLK THEY CALL ME RiCO Coulanges-Les-Nevers (58) 13- Liane EDWARDS Trio 20- Gaelle BUSWEL Bourges (18) Paris (75) La Boule Noire 11- Popa CHUBBY St Simeux (16) Les Gabariers Yann ARMELLiNO 29- Liane EDWARDS 06- Thierry LECOCQ Toulouse (31) Bikini 13- The CACTUS CANDiES & EL BUTCHO & The DUST RAiSERS Clermont-Ferrand (63) 04- Marie REYNAUD The SPUNYBOYS Messimy (69) Vourlat St Rémy de Blot (63) Route 99 06- Art ADAMS & Franck CARDUCCi JAKE CALYPSO 20- Liane EDWARDS Trio 29- Cora LYNN Don DiEGO TRiO Lyon (69) Ninkasi Guillotière Monistrol Sur Loire (43) Chenove (21) American Way Senlis (60) Pizzaria ROCKiN' PiANO SAM 11- Flo BAUER 13- TEXAS LiNE 20- Cliff EDMONDS 29- GUNSHOT La Forêt Fouesnant (29) D- Frankfurt/ Main Muchedent (76) Ronnie NiGHTiNGALE St Julien en Genevois (74) 06- EARL & OVERTONES 12- Liane EDWARDS Trio 13- EARL & OVERTONES John TiMEBOND TAYLOR 29- Gildas ARZEL CH- Lausanne, Tacos Café Merignac (33) V&B 18h Lagny Sur Marne (77) Terry EARL - TOWN REBELS & Erick SiTBON 06- ABiLENE 12- Marcus KiNG 13- KiCK’ EM JENNY The ROUGHBOYS & THE GHOST BAND Talay (47) Annecy (74- Arcadium ROCKiN’ EM St Jean de Vedas (34) Plaintel (22) 06 81 01 00 81 06- Carlton MOODY 12- RAMBLiN’ PiCKERS HUDSON MAKER 20- GUNSHOT 29 & 30- DUCKY JiM TRiO John STONE - Buddy DEE Brignoles (83) WiLD MOON’S BOYS Salindres (30) Salle Becmil Quimper (29) RiMROCK COUNTRY BAND 12- GUNSHOT Pleugueneuc (35) 06 8496 3911 20- MARiOTTi BROTHERS 30- JERRY & TEN STRiNGS CH- Courtelary Rochefort-du-Gard (30) 13- Alan NASH Luant (36) Nelson CARRERA 06 & 07- Neal BLACK 12- Flo BAUER Cassis (13) 20- Kacey MUSGRAVES & THE SCOUNDRELS & The HEALERS CH- Singwitz 13- TEXAS LiNE B- Leuven Villeneuve St Georges (91) Châtres sur Cher (41) 12- The RiNGTONES Muchedent (76) 20 & 21- THE HiLLBiLLiES 30- ABiLENE 06 & 07- Festival Country Château-Thierry (02) Bacchus 13- GUNSHOT Aubusson (23) Idron (64) Marie DAZZLER 12- Marie REYNAUD Bédarieux (34) Lucany 21- Dick RIVERS & Le GRiZZLY & Franck CARDUCCi 13- The BLUEBiRDS BON BLUES BASTARDS O C T O B R E Thad FOSTER - CRAZY PUB Tarare (69) Ninkasi NATCHEZ, etc. Popa CHUBY - TRUST 03- Harrison KENNEDY & EUROPEAN UNiON BAND 12 &13 Festival Blues Malbuisson (25) Phil CAMPBELL, Etc. Jean-Jacques MilTEAU Saint-Amant Tallende (63) Melvin TAYLOR 14- DOO THE DOO Sélestat (67) Vincent SEGAL 07- Popa CHUBBY Manu LANViN Plovan (29) 22- Alejandro ESCOVEDO Rouen (76) Chap. Corneille Maurepas (78) Johnny GALLAGHER 14- BLACKBERRY SMOKE Paris, La Boule Noire, 20h 04- Neal BLACK & HEALERS 07- ROCK STATiON BAND Ynsley LiSTER - CON BRiO CH- Bale, Z7 Pratteln 23- Lloyd COLE La Rochelle (17) Chatillon sur Chalaronne (01) Fred CHAPELLiER 15- SUBWAY COWBOYS Limoges (87) CCM J Gagnant 05- Liane EDWARDS Trio 08- Harrison KENNEDY Markus KiNG BAND Saint-Saturnin (72) 24- Lloyd COLE Pusey (70) Oncle Scott's Jean-Jacques MiLTEAU Chateaurenard (13) 16- Bob WAYNE Dijon (21) La Vapeur 04- Marie REYNAUD Vincent SEGAL 12-14- Fest. Hillbilly Bop Strasbourg (67) Mudd Club 25- Lloyd COLE & Franck CARDUCCi Paris, Café de la Danse (12) RUBEN & MATT 16- Emma RUTH Lyon (69) Toboggan Lyon (69) Ninkasi Guillotière 09- The HiLLBiLLiES & TRUFLE VALLEY BOYS Marseille (13) Le Molotov 25 & 26- Thierry LECOCQ 05- Popa CHUBBY Chevigny Saint Sauveur (21) Charlie & Raina THOMPSON 16- BLACKBERRY SMOKE Marthe FiELDS Oignies (62) 09- Popa CHUBBY (13) ROOTS ROCKiN’ 54 CH- Zurich, Kaufl euten E- Sanata Suzanna, Catalogne 05- The NiGHT'S CATS Nantes (44) MUDDY HiLL BOYS 17- Popa CHUBBY 26- The NiTE HOWLERS Mondeville (14) Tommy's 09- The WiTCH DOCTORS GREEN LiNE TRAVELERS Louis MEZZASOMA Troyes (10) Bar le 3B 05- EARL & OVERTONES Caen (14) Pat McGiNNiS Saint Etienne (42) Le Fil 26- Martha FiELDS Salaise sur Sanne (38) 10- Marcus KiNG TRiBUTE TO GEORGE JONES 18- Popa CHUBBY Cahors (46) Folk Club 05- The WiTCH DOCTORS Paris, La Cigale (Divers artistes) Six-Fours (83) 26 - RAMBLiN’ PiCKERS Caen (14) O' Donnels 10- QUiET DAN (14) MOURNiNG GLORiES 18- April MAY La Garde (83) 05- GUNSHOT Paris, Le Réservoir Don CAVALLi Paris, Utopia 26- GUNSHOT Jaillans (26) Dancing La Jaille 10- Popa CHUBBY DAGOUSKET RAMBLERS 19- Liane EDWARDS Trio Nîmes (30) Seven Hills Pub 06- JOHNSTONE Clermont-Ferrand (63) Rousiers-de-Touraine (37) Audincourt (25) Oncle Scott's 26- ROCK STATiON BAND RiMROCK COUNTRY BAND 10-Liane EDWARDS 13- Bill DERAiME 19- JAKE CALYPSO Replonges (01) La Levée Carlton MOODY & The DUST RAiSERS Nancy (54) Jazz Pulsations Ailly Sur Noye (80) 27- REDNECK STEEL RiDERS Buddy DEE & GHOSTRiDERS & SOLDAT LOUiS 13- Marcus KiNG 19- Kevin BUCKLEY Orvault (44) CH- Courtelary Chaumont (52) Avignon (84) Blues Festival & Charlie McCOY 27- SUBWAY COWBOYS 06- Liane EDWARDS Trio 10-20- JAZZ PULSATIONS 13- PRAiRiE DOGS Billy Bob’s Disneyland (77) Angicourt (60) Valmy (21) American Way Près de cinquante concerts Beaumont (59) 19- FROGGYS 27- Nico DUPORTAL 06- The HiLLBiLLiES et animations ! Nancy (54) 13- Popa CHUBBY Honfl eur (14) Limonest (69) Chevigny St Sauveur (21) 11- The RiNGTONES Marseille (13) Le Moulin 19- Marie REYNAUD 27- SANSEVERiNO 06- Dick RiVERS Cormontreuil (51) Le Lavoir 13- The BOPPiN BOX & Franck CARDUCCi ANiMALe NOCTURNE Romans (26) Foire Dauphiné 11- Marcus KiNG Crémieu (38) (69) Ninkasi Champagne Mont-d’Or Paris, Café Montparnasse

ABONNEMENT & BON DE COMMANDE Remplir également le verso de ce bon.

Nom : Prénom :

Adresse :

Code : Ville :

Courriel :

Chèque à l'ordre de "Le Cri du Coyote, BP 48, 26170 Buis-les-Baronnies NB : Vous pouvez aussi commander sur papier libre pour conserver votre revue intacte

Le Cri du Coyote n°158 page 57 27- Alan NASH 10- The RiOT ROCKERS 17- The LEGENDS Salagnon (38) Anita O’NiGHT The DOCKABiLLY’S Knockin' On Heaven's Door 27- Martha FiELDS BLUES ’N’ SHOW St Georges de Montaigu (85) Agen (46) La Tannerie Jimmy BARBER 18- Dick RiVERS Stan LEWiS (91 ans) 14 juillet 27 & 28- Nina VAN HORN St Gordon (56) 07 7723 8699 Saint Brieuc (22) The Record Man gérait un magasin de disques et fut Chartres sur Cher (41) 10- Flo BAUER 18- Otis TAYLOR longtemps sponsor d'émissions dédièes au Ryhthm 28- Nico DUPORTAL Nevers (58) La Tarvern’ Pont L’Abbé (29) Clamecy (58) 10- OPEN ROAD 18- Christopher CROSS & Blues sur la KWKH à Shreveport. Ami des fréres 28- TENNESSEE Vaucouleurs (55) Paris, La Cigale Chess, d'Art Rupe (Specialty), d’Elvis Presley et de Gouesnou (29) 10- April MAY 18- Tommy EMMANUEL nombreux musiciens, dont Dale Hawkins, qui a tra- 28- Charlie McCOY St Brévin les Pins (44) Clive CARROLL vaillé dans le magasin, lieu de rencontres important. Le Vésinet (78) 11- Robben FORD Marseille (13) Le Silo 31- BLACKBERRY SMOKE Cléon (76) La Traverse 20- Otis TAYLOR Paris, Le Cabaret Sauvage 12- Marlon WiLLiAMS Nantes (44) Nantes (44) Stereolux 20- Chris LABONNE N O V E M B R E 13- Tommy EMMANUEL MY DARLiNG CLEMENTiNE 02- The NiGHT'S CATS Clive CARROLL (cf p27) Meximieux (01) Carioca Les Clayes sous Bois (78) Paris, Casino 21- Otis TAYLOR 02 & 03- Bay Car Blues Fest 13- Marlon WiLLiAMS Beaumont en Verron (37) (02) BLUES EATERS Merignac, Krakatoa 22- Flo BAUER Muddy GURDY 14- Tommy EMMANUEL St Dié des Vosges (88) Norman JACKSON Clive CARROLL 23- Beth HART Dwayne DOPSiE Cléon (76) La Traverse Lyon (69) Bourse du Travail & ZYDECO HELL RAiSERS 14- THEY CALL ME RiCO 24- Liane EDWARDS Eric, Roland & + Billy Ray Latham (03) Carlos ELLiOTT Jr & THE ESCAPE & The DUST RAiSERS Lil RED & The ROOSTER Lyon (69) Périscope Yssingeaux (43) Billy Ray LATHAM (80 ans) 19 août ACOUSTiC MiSSiSSiPPi SUMMiT 16- Martha FiELDS 24- Benoit BLUE BOY Annika CHAMBERS Nogent Le Rotrou (28) & NiCO DUPORTAL Mécanicien et prof de banjo. Clarence White l'invite & Jamiah ROGERS 16- PRAiRiE DOGS & Stan NOUBAR PACHA dans The Country Boys qui déclinent une offre pour Grande Synthe (59) B- Mouscron Chartres sur Cher (41) le Andy Griffi th Show, au profi t des Dillards. Devenus 03 & 04- Festival Country 16- Dick RiVERS 24- Erick SiTBON les Kentucky Colonels ils tournent partout. En 1965 ROCKiN' CHAiRS HOT SLAP & The GHOST BAND Clarence part et Billy Ray joue avec Ricky Nelson, et HiLLBiLLY ROCKERS Cléon (76) La Traverse Malesherbes (45) Randall KiNG 16- Tommy EMMANUEL 25- GUY VERLiNDE rejoint les Dillards. En 1979 Il est avec Roger Miller et Evreux (27) 02 3238 2565 Clive CARROLL & The MiGHTY GATORS travaille en studio (Johnny Cash, Bobby Vee, Scotty 04- Robben FORD Sausheim (68) Ed&N Cléon (76) La Traverse Stoneman, Leroy Mack, etc.). Depuis les 90’s il était Lyon (69) Ninkasi Kao 16&17- Liane EDWARDS Trio 27- Bill DERAiME éloigné de la musique pour raison de santé. 04- Israel NASH Varetz (19) La Calèche Villeurbanne (69) Transbordeur Ed KiNG (58 ans) 22 août Matthew Logan VASQUEZ 17- HOWLiN' FOX 07- The NiGHT'S CATS Co-fondateur du Strawberry Alarm Clock (cf n°1 Paris, La Maroquinerie Cauville (14) Soubock Mondeville (14) 06- The JOHN BUTLER TRiO 17- Otis TAYLOR 28- Tony MARLOW Incense and Peppermints), il devint membre de Strasbourg (67) Laiterie Paris, Th Traversière Billy Bob's Disney Village (77) Lynyrd Skynyrd, bassiste puis guitariste, ayant co-si- 06- Christopher CROSS 17- Rockin’ Gone Party 30- DÉHO gné quelques hits (Saturday Night Special, Working Toulouse (31) Casino Barrière The ROCKiN’ DADDYS The CUCKOO SiSTERS For The MCA) et l’incontournable "hymne" du rock 07- The JOHN BUTLER TRiO CRAZY CAVAN Paris, Bar La Légende (17°) sudiste : Sweet Home Alabama. Il a quitté le groupe Clermont-Fd (63) Coop de Mai & The RHYTHM ROCKERS 30- Liane EDWARDS Trio 08- The PUNCH BROTHERS The WiLD ONES Ferney Voltaire (01) Paddy's en 1975, puis l’a rejoint de 1987 à 1996 CH- Genève, Alhambra Todd DAY WAiT'S PiGPEN 30- WATSON BRiDGE DUO Tom McKiNNEY (76 ans) 31 août 08- The JOHN BUTLER TRiO The RED ROOSTERS St Vincent en Bresse (71) La Marlière Chanteur et banjoïste (spécialiste Gibson), il conçoit Caluire et Cuire (69) Radiant St Rambert d’Albon (26) un capodastre en acier inoxydable. Ami de J.D. 09- Mr SOUL 17- Tommy EMMANUEL D É C E M B R E Crowe, Sonny Osborne, Tony Rice, Noam Pikelny, Strasbourg Illkirch (67) Illiade Clive CARROLL 03- Eddy Ray COOPER 09- The JOHN BUTLER TRiO Villeurbanne (69) Esp. Tonkin CH- Farvagny etc.) il a joué avec Del McCoury Band, The Boys Paris, Olympia 17- The PUNCH BROTHERS 07- The NiGHT'S CATS From Shiloh, The Shenandoah Cut-Ups, The Country 09- Flo BAUER Paris, Le Trianon Mondeville (14) Tommy's Grass, Curly Seckler & Nashville Grass, The Redeye Hyemondans (25) La Cude 17- DUSTY RODEO 08- GUNSHOT Ramblers, etc. Cf LP Jake Landers & Tom McKinney 09- Mr SOUL Tresserve (73) Art Scène Annecy (74) Raca Danse https://banjo.com/product/mckinneyelliott-capo 08- Eddy Ray COOPER WANTED MEN 17- Dick RiVERS Mike KENNEDY (59 ans) 31 août Illkirch Graffenstaden (68) Dunkerque (59) CH- Morges 10- Liane EDWARDS 17- Thierry LECOCQ 15- Dick RiVERS Fils de Jerry Kennedy (jazzman) il a joué avec di- & The DUST RAiSERS (5) Angers (49) Nice (06) Th. Lino Ventura vers groupes locaux puis pour Barbara Fairchild et SOLDAT LOUiS 17- MATCHBOX 15- WiTCH DOCTORS Ricky Skaggs (durant 5 ans). Membre du Ace in the Chaumont (52) TEENCATS Cauville (14) Soubock Hole Band, et batteur de George Strait, en studio il a 10- Robben FORD The SOUTHERNERS 28- Tony MARLOW travaillé avec Jamey Johnson, Johnny Bush, Gene Paris, le Trianon Toury (28) S. des Fêtes Billy Bob's Disney (77) 10- Marlon WiLLiAMS 17- GUNSHOT 29- GUNSHOT Stewart, Bill Anderson, Ricky Skaggs, etc. Il a été tué Paris, Trabendo Roquefort-la-Bédoule (13) CH- Lausanne, Taco's Bar dans un accident de voiture. © (JB & DA)

ABONNEMENT - TABLiER - ANCiENS NUMÉROS Je m'abonne pour 4 bulletins Le numéro : 6 Euros (port inclus) (à partir du dernier paru)

Membre : 29 € Vente groupée des anciens numéros : 25 euros les 5 numéros Bienfaiteur : 34 € 45 euros les 10 numéros Etranger : 32 € 60 euros les 20 numéros Dernier paru : n°157 PDF simple : 19 € Indiquez la liste des anciens numéros que vous désirez (Voir ci-dessus) PDF Bienfaiteur : 25 €

Un TABLiER : 15 € (12€ + port) Deux TABLiERS : 29 Euros (port inclus)

Le Cri du Coyote n°158 page 58 MAG & FAN ZiNES BLUEGRASS TiMES : Le Cabas du Fana Bulletin de la FBMA : 2491 CD 925 L'Orée du Bois, 73200 Grignon DiXiEFROG : BLUES & COUNTRY DiSQUES DE COLLECTiON SUR LA ROUTE DE MEMPHiS (Web) Site : www.bluesweb.com Convention les 6 & 7 octobre 10h-18h30 http://madmagz.com/fr/magazine/386087 WWW.ARTiSTES-COUNTRY.COM Paris, Espace Champerret BCR LA REVUE : 4 rue Baillergeau Promotion country live (Bruno Menager) Concert Anaïs NYLS (Rockeuse Kitch) 79100 St Jacques de Thouars COUNTRY MUSiC USA STAGE BANJO OLD TiME NO FENCES (en Allemand) : http://revuecountrymusicusa.blogspot.fr avec Youra Marcus Friedrichsstrasse 16 34117 Kassel, All ROUTE 66 WESTERN COUNTRY (Frailing & clawhammer) 06-77-66-93-49 JOURNAL OF TEXAS MUSiC HiSTORY Objets, maroquinerie, accessoires, etc. 13 &14 octobre à Camaret s/ Mer (29) Texas State University, Dept History https://route-66-country.skyrock.com FÉDÉRATION GRANDS FORMATS San Marcos, Texas 78666, USA COUNTRY AND SOUVENiRS Grands ensembles (près de 1000 musi- Patric Molis sur Radio Enghien FM 98 ciens) du jazz et musiques improvisées SOURiS-THÈQUE Mercredi 20-22h (www.idfm98.fr) Concerts : 17 octobre au 29 novembre Sites de photographes : HARMONiE MUSiK CONCARNEAU à Reims (51) www.grandsformats.com Emmanuel Martin : www.pixels-live.fr Lundi au vendredi (20h-21h) Bernard BLUEGRASS NATURE Roger Lyobard : www.countrygone.fr Dagorn, Radio Harmonie Cornouaille Stages 2019 : 14-20 avril et 11-17 août Daumy : www.fotozic.com (88.8) http://harmoniemusik.neowp.fr Stages sur week ends Gilles Rézard : Concerts : www.rockarocky.com POLYPHONiES FOLK AMERiCAiNES Jam Bluegrass : 27-28 octobre Nouveau site de Gérard Herzhaft : Stages harmonies vocales bluegrass (Méthode Wernick) à Azé (71) https://grardherzhaft.wordpress.com old-time 13-14 octobre, Villeurbanne (69) Banjo : 24-25 novembre à Azé (71) Sam Pierre : http://sampierre.blogspot.com Mariette Wilson & Claire Nivard Nouveau : cours/ vidéo R'n'R & Country : www.bopping.org www.leschantiersmusicaux.com guitare (bluegrass) Eurocharts : www.euroamericanachart.eu LUCiLLE AMERiCANA SHOP par Jean-Marc Delon Big Beat Magazine Objets americana vintage, rockabilly, Projet de formation musi- Little Richard (n°30) www.lucilleamericana.com cale complète à distance Collection d'articles, bio- VENDS GUiTARE LARRiVEE www.gillesrezard.com graphie & discographies Jumbo 12 cordes (1991). Très beau BOURSE AUX DiSQUES détaillées, images rares palissandre indien. Manche acajou Salon de Provence (13) 14 octobre par Alain Mallaret touche ébène. Superbe nacre (aigle) tête Crazy Times Music : 04.68.55.37.17 (avec Joël Bachelley, et touches. Par Franck Cheval : système WiNTER BLUEGRASS André Hobus, Pierre électro-acoustique stéréo Fishman/ Vichy (03) Centre Omnisports Pennone, Brian Smith) Crown et boutons ébène (au lieu d'acier) Jam & AG de la FBMA, 9-11 novembre https://fr.calameo.com/ Etui d’origine. 1750€ à débattre. Concert : Moonshine books/00009080405d129d5ea7c Infos : [email protected] Contact : [email protected] COYOTHÈQUE Wasted Days and Wasted Nights. Freddy Fender A Meteoric Rise To Stardom Tammy Lorraine Huerta Fender

Baldemar Huerta, alias Freddy Fen- der, né à San Beni- to, au Texas, était le "King Of Tex-Mex". Ce livre, écrit par sa fille Tammy, relate le parcours Ces ouvrages sont en anglais, sauf le numéro spécial e France et les débuts de Every Night Is Saturday Night : A Country Girl's Journey To The Rock & Roll cet émigré pauvre, Hall of Fame, Wanda Jackson & Scott B. Bomar (BMG Books) ses années dans The Three Of US : Growing Up with George Jones & Tammy Wynette les US Marines, la prison (3 ans, pour Georgette Jones & Patsi Bale Cox marijuana), le succès dans divers styles Bill Monroe : The Life and Music Of The Blue Grass Man ou honky-tonk blues avec Tom Ewing (University Of Illinois Press) Wasted Days & Wasted Nights en 1960. Been So Long : My Life In Music, Jorma Kaukonen (St Martin's Press) Suivent des années d’addiction, puis la Country Music USA, Bill C. Malone & Tracey E.W. Laird (U. Of Texas Press) réhabilitation pendant les 25 dernières Rolling Stone : Special Americana, Le son de l'Amérique (en kiosques) années de sa vie. Hors du Texas, beau- Bob Dylan & The Band : The Ultimate Music Guide (Uncut : www.uncut.co.uk) coup de gens ont longtemps ignoré qu’il Bettie Page: The Lost Years: An Intimate Look at the Queen of Pinups, through était mexicain. Ce livre contient des infor- Private Letters & Never-Published Photos, Tori Rodriguez & Ronald Charles Brem mations inédites : en 1956 sous le nom de El Be Bop Kid, il fut l’un des premiers rockers chicanos, devançant Richie Va- lens et Chan Romero de trois ans. Un autre de ses hits, Before The Next Teardrop Falls, produit par le grand Huey Meaux, le conduisit à une carrière monu- mentale dans les 70’s et 80’s, avec son propre show TV coast to coast. Une saga texane de plus, à découvrir… (Romain Decoret) (Ouvrage en anglais. Ed. Barnes & Noble)

Le Cri du Coyote n°158 page 59 158

Bulletin de liaison de l’assocation à but non lucratif (type loi 1901) : "Découverte et promotion des musiques issues des traditions acoustiques nord-américaines et leurs dérivées" L’abonnement est de 4 numéros Les Bienfaiteurs participent au tirage au sort ”Ami-Coyote“ pour gagner des CD. Les articles, signés, n’engagent que l’opinion de leurs auteurs. NB : Les documents non sollicités ne sont pas renvoyés.

On ne les oublie pas : * Jean-Luc FAïSSE * Un exemple de ces vedettes oubliées des 30's et 40's qui animaient radios et scènes locales : * Bernard BOYAT * Ken Mackenzie, avec sa troupe d'animateurs, amuseurs et jeunes danseuses. (Ph. Tamis) * Roland LANZARONE * * Serge MOULiS * NEWS NEWS NEWS * Marc ALÉSiNA* Coyote Report Coyote Report Coyote Report Directeur de la publication Jacques BRÉMOND Coyauteurs PERFECTAMUNDO UN BANJAR MASQUÉ ? MOUNTAiN HOME MUSiC Eric ALLART Titre du prochain CD solo Nick Forster, bassiste Ce label sort un A Tribute To Dominique ANGLARES 11 titres de Billy F. Gibbons de Hot Rize victime d’un The Kentucky Colonels, par Christian BRÉMOND (Concord/ Universal) accident à vélo (clavicule Roland White & Friends Jean-Jacques CORRiO COUNTRY iN MiRANDE cassée) : un raccoon lui a AMERiCANA AWARD Romain DECORET Ghislain Grimal, président coupé la route. Sur scène, Bingo pour Molly Tuttle qui Jacques DUFOUR de la nouvelle organisation, Pete Wernick a précisé que a été sacrée Instrumen- Liane EDWARDS annonce un festival sur trois le fautif n’a pas été identifi é, tiste de l’année au Ryman Dominique FOSSE jours en 2019, à la program- mais qu’il portait un masque Auditorium à Nashville. Un Anne & Alain FOURNiER mation 100% country HiSTOiRE DE LA GUiTARE album se prépare pour le Henri GORGUES BOBBiE GENTRY FOREVER Bientôt à lire, printemps produit par Ryan Gérard HERZHAFT The Girl From Chickasaw une ency- Hewitt (qui a bossé avec Jean-Michel iACONO County : coffret 8 CD, 7 clopédie sur The Avett Brothers, The Alain KEMPF albums remastérisés + 75 150 ans de Dixie Chicks, etc.) Christian LABONNE Thierry LOYER inédits. Capitol Records lutherie dirigée COCHON QUi DORT : Philippe OCHiN + livret 84 p, photos, etc. par Christian Un routier s’arrête GiRLS JUST WANNA WEEKEND Jean-Christophe PAGNUCCO Séguret au truck stop de Sam PiERRE TEXAS SiDESTEP Du 30 janvier au 3 février, Ploucville et demande : Michel ROSE Brandi Carlisle réunit au C’est Bill Boschung qui va - Vous avez des vaches Eric SUPPARO Hard Rock Hotel à Rivera remplacer Hugo Valentin noires par ici ? Lionel WENDLiNG Maya (Mexique) : Margo comme guitariste du groupe - Euh... Non. Price, Patty Griffi n, Maren COUNTRY MUSiC USA - Des... chèvres noires ? ABONNEMENT : Morris, Indigo Girls, Lucius, Réédition (50 ans) du livre - Euh... Non. 29 Euros (4 n°) KT Tunstall, The Secret de Bill C. Malone avec un - Peut-être un cheval noir ? Bienfaiteur: 34 Euros Sisters et Ruby Amanfu 13ème chapitre par Tracey - Euh... Non plus. Etranger: 32 Euros CAROLiNA CONFESSiONS E. W. Laird sur la "country - Ah merde... alors j’ai dû Album de Marcus King (22 music actuelle" (sic) écraser... le pasteur… Abonnement par courriel ans) 10 titres (Universal) (Ed. University of Texas) The Coyote Staff en PDF simple : 19 Euros PDF Bienfaiteur : 25 Euros AMi-COYOTE Gagnant(e)s du tirage au sort (août 2018) : Bernard Dagorn (29)(29) -- Olivier Dambrosio (69)(69) Jean-Marie Kaminski (74)(74) -- Camille Moreddu (92)(92) -- Pascale Pignon (76)(76)

Ce n° est dédié à John Mayall : Three For The Road - Tim Henderson : Gone To Texas - Mary Battiata & Little Pink : Yves Bongarçon, co-fondateur The Heart, Regardless - Walter Wolfman Washington : My Future Is My Past - Xavier Rudd : Storm Boy du Cri du Coyote, ici avec John Duffey (Birchmere, 1983) Le Cri du Coyote, BP 48, 26170 Buis-les-Baronnies ([email protected])

Le Cri du Coyote n°158 page 60