Fissuration d’une habitation, parcelle ZA 175 – Lieu-dit « Le Plessis », Commune de Chéronvilliers () Avis du Brgm

Rapport final

BRGM/RP-56136-FR Janvier 2008

Fissuration d’une habitation, parcelle ZA 175 – Lieu-dit « Le Plessis », Commune de Chéronvilliers (Eure) Avis du Brgm Rapport final

BRGM/RP-56136-FR Janvier 2008

Étude réalisée dans le cadre des projets de Service public du BRGM 08 PIR A13

M. DURIEZ

Vérificateur : Approbateur :

Nom : C. MATHON Nom : J-F PASQUET Date : 25/01/2008 Date : 31/01/2008

Signature : Signature :

Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2000.

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Mots clés : fissures, habitation, argiles, retrait-gonflement, cavité souterraine, craie, argiles à silex, Chéronvilliers, Eure, Haute-Normandie.

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante : M. Duriez (2008) – Fissuration d’une habitation, parcelle ZA 175 – Lieu-dit « Le Plessis », commune de Chéronvilliers (Eure). Avis du Brgm, Rapport BRGM/RP-56136-FR, 50 p., 12 ill., 5 ph., 1 ann.

© BRGM, 2008, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Synthèse

A la demande de la préfecture de l’Eure (SIDPC-27), le Brgm s’est rendu sur la commune de Chéronvilliers, au Lieu-dit « Le Plessis », pour examiner l’habitation située sur la parcelle ZA 175. La visite a été menée en compagnie du Maire de la commune, de l’un de ses adjoints, du propriétaire de l’habitation et d’un agent du SIDPC-27.

Les désordres observés sont des fissures qui affectent l’ensemble de l’habitation depuis l’été 2003. Une reconnaissance au titre des catastrophes naturelles « sécheresse » a été actée concernant la commune de Chéronvilliers pour la période du 1er juillet au 30 septembre 2003 (arrêté du 6 février 2006). Un premier rapport a déjà été fourni par le bureau d’études TECHNOSOL concernant la présence d’argiles subissant le phénomène de retrait-gonflement sous la maison, puis, un deuxième concerne la recherche d’une éventuelle cavité souterraine potentiellement à l’origine de la fissuration. Suite à ces études, il apparaît que les argiles sont sensibles au phénomène de retrait-gonflement et un ou plusieurs vides sont signalés sous la propriété. L’avis du Brgm a été demandé suite à ces études.

La maison d’habitation, datée du XIXème, construite en plain-pied, est affectée par une fissuration dense, répartie sur l’ensemble du bâtiment. D’après le témoignage du propriétaire, les fissures sont apparues durant l’été 2003 et subissent des variations saisonnières depuis. Elles ont tendance à s’ouvrir en période estivale pour se refermer pendant l’hiver. D’anciennes traces de confortement existent par endroits, laissant supposer une origine plus ancienne du phénomène.

L’extérieur de la maison est parcouru par de nombreuses fissures sur toutes les façades de manière hétérogène, la partie nord de la maison est la plus touchée. L’intérieur de la maison est aussi marqué par des fissures sur les murs et au plafond lorsque les surfaces ne sont pas obstruées par la tapisserie ou le mobilier, le sol est touché par de légers mouvements. L’examen de la parcelle ZA 175 ne laisse apparaître aucun mouvement particulier. La visite de parcelles voisines montre par contre de nombreuses zones en mouvement ces dernières années (dont deux dépressions à une trentaine de mètres à l’est de la maison).

D’après les observations, les documents disponibles (rapports TECHNOSOL), les témoignages recueillis et l’historique du secteur, il apparaît que le retrait-gonflement des argiles est très probablement la cause principale de la fissuration observée sur la maison. Toutefois, la présence d’une cavité – naturelle ou anthropique – en cours de dégradation sous la maison peut contribuer à ces désordres voire en être responsable. Malgré tout, la période d’apparition des fissures et les témoignages recueillis s’accordent davantage avec l’hypothèse de retrait-gonflement des argiles. Les fissures sont apparues et s’ouvrent en été alors que les désordres provoqués par les remontées de fontis de cavités souterraines apparaissent généralement en hiver et en particulier à la suite de périodes de fortes pluies. Quel que

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 3 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

soit le phénomène à l’origine des désordres, il est dans les deux cas considéré comme naturel.

Le caractère gonflant des argiles a été mis en évidence par le premier rapport TECHNOSOL (TN06.220). Des « vides » et des indices de vides ont été détectés dans un deuxième temps par TECHNOSOL (rapport TN07.060) à 2-3 m de la maison. Leur nature, leur extension et leur état de stabilité n’étant pas connu, pour connaître leur éventuelle implication dans la fissuration de la maison, il convient de faire appel de nouveau à un bureau d’études afin de procéder aux investigations nécessaires pour apprécier ces paramètres. Ils sont indispensables pour savoir si une cavité située sous la maison pourrait être responsable de la fissuration observée. Les solutions de confortement de la maison seront différentes selon l’origine des désordres.

Enfin, il convient de surveiller l’évolution des fissures par la pose de témoins de plâtre voire de jauges de déformations (fissuromètres en plastique) et de vérifier l’ensemble des réseaux d’eaux avoisinant la maison.

4 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Sommaire

1. Introduction...... 7

2. Situation géographique – Contexte géologique ...... 9

3. Etude des documents ...... 13

3.1. RAPPORT TECHNOSOL 1 – AFFAIRE TN 06.220, NOVEMBRE 2006...... 13 3.1.1. Contexte de l’étude...... 13 3.1.2. Résultats des sondages...... 14 3.1.3. Résultats des essais de laboratoire...... 15 3.1.4. Analyse ...... 15 3.1.5. Préconisations ...... 16

3.2. RAPPORT TECHNOSOL 2 – AFFAIRE TN 07.060, MAI 2007...... 17 3.2.1. Contexte de l’étude...... 17 3.2.2. Résultats des sondages...... 18 3.2.3. Analyse ...... 19

4. Faits constatés – éléments recueillis ...... 21

4.1. EXTERIEUR DE LA MAISON...... 23 4.1.1. Façade jardin (Sud-Est)...... 23 4.1.2. Façade salon (Sud-Ouest)...... 24 4.1.3. Façade route (Nord-Ouest)...... 25 4.1.4. Façade rue d’accès à la maison (Nord-Est)...... 27

4.2. INTERIEUR DE LA MAISON...... 28

4.3. PARCELLE ZA 175 – AUTOUR DE LA MAISON...... 31

4.4. EXAMEN DE LA PARCELLE ZA 237...... 32

5. Diagnostic ...... 33

6. Recommandations...... 35

7. Conclusion ...... 37

8. Bibliographie...... 39

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 5 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Liste des illustrations

Illustration 1 : Localisation de la commune de Chéronvilliers (extraits modifiés des cartes IGN au1/250000, R02, carte régionale de Normandie(© IGN)) ...... 7 Illustration 2 : Localisation du site examiné (extraits modifiés des cartes IGN 1814 E Rugles (© IGN, 1988) et 1914 O La Neuve-Lyre (© IGN, 1983))...... 9 Illustration 3 : Localisation du site examiné sur la carte géologique au 1/50000 (Extrait modifié des cartes géologiques de Rugles, n°178, © BRGM, 1985 et de Breteuil-sur-Iton, n°179, © BRGM, 1982)...... 10 Illustration 4 : Localisation de la maison sur le plan cadastral ...... 21 Illustration 5 : Schéma de la propriété, parcelle ZA 175...... 22 Illustration 6 : Façade de la maison sur le jardin avec les fissures (en rouge)...... 24 Illustration 7 : Face Sud-Ouest de la maison, fissures en rouge...... 25 Illustration 8 : Fissure séparant l'extension "salon" du reste de la maison...... 26 Illustration 9 : Partie basse du décollement de la façade à l'angle nord de la maison...... 27 Illustration 10 : Partie haute de la fissure de décollement de la façade à l'angle Nord de la maison ...... 27 Illustration 11 : Croix de Saint-André et fissures près de l'angle Est de la maison ...... 28 Illustration 12 : Détachement de la partie abandonnée de l'extension par rapport au reste et détachement de la façade en arrière...... 29

Planches photographiques

Photo 1 : Appentis dans l'extension "salle de bain", façade jardin (Sud-Est) ...... 43 Photo 2 : Façade de la maison côté jardin (Sud-Est)...... 43 Photo 3 : Premier étage, face Sud-Ouest de la maison...... 44 Photo 4 : Dépressions visibles sur la parcelle ZA237, indiquées sur la photo (trentaine de mètres de la maison) ...... 44 Photo 5 : Fissurations dans le salon, en bas des escalier, près de la porte de la cuisine...... 45

Liste des annexes

Annexe : Implantation des sondages lors de l’étude TECHNOSOL TN07.60…………………... 47

6 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

1. Introduction

A la demande de la Préfecture de l’Eure (SIDPC-27) le 21 décembre 2007, le Service Géologique Régional Haute-Normandie du Brgm s’est rendu le 14 janvier 2008 à Chéronvilliers (Illustration 1) afin de permettre de déterminer l’origine des fissures survenues sur une maison localisée au lieu-dit « Le Plessis », parcelle ZA 175.

EURE

ORNE

Illustration 1 : Localisation de la commune de Chéronvilliers (extraits modifiés des cartes IGN au1/250000, R02, carte régionale de Normandie(© IGN))

Les désordres observés sont des fissures qui affectent l’ensemble de l’habitation de la parcelle ZA 175, depuis l’été 2003. Une reconnaissance au titre des catastrophes naturelles « sécheresse » a été actée pour la commune de Chéronvilliers pour la période du 1er juillet au 30 septembre 2003 (arrêté du 6 février 2006). Pour l’habitation, un premier rapport a déjà été fourni par le bureau d’études TECHNOSOL concernant la présence d’argiles subissant le phénomène de retrait-gonflement sous la maison, puis, un deuxième concerne la recherche d’une éventuelle cavité souterraine potentiellement à l’origine de la fissuration. Suite à ces études, il apparaît que les argiles sont sensibles au phénomène de retrait-gonflement mais qu’un ou plusieurs vides sont signalés sous la propriété. L’avis du Brgm a été demandé suite à ces études.

La visite a été effectuée sur la propriété en compagnie du Maire, de l’un de ses adjoints, du propriétaire et d’un agent du service de Protection Civile de la Préfecture

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 7 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

de l’Eure. L’examen a concerné l’extérieur, l’intérieur de la maison, la parcelle ZA 175 sur laquelle est construite la maison et les terrains environnants, en particulier la parcelle ZA 237.

Plusieurs pièces avaient été fournies au Brgm par la Préfecture en préparation de l’intervention et par la Mairie lors de la visite :

- le rapport TECHNOSOL TN06.220 ;

- le rapport TECHNOSOL TN07.060 ;

- un extrait cadastral de la commune.

Le présent rapport est public dès sa fourniture et peut être communiqué à toute personne qui le demande (un exemplaire est envoyé à la Mairie de Chéronvilliers et à la Préfecture de l’Eure, deux autres étant archivés au BRGM – SGR Haute-Normandie et à Orléans). La page de synthèse en début de rapport, comme le rapport lui-même, peuvent être ou pourront être accessibles à la consultation publique via les sites de consultation papier ou numérique du Brgm.

8 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

2. Situation géographique – Contexte géologique

Limitrophe du département de l’Orne, la commune de Chéronvilliers est située à l’extrémité sud-ouest du département de l’Eure à 2 km au Sud de Rugles et à 7 km au Nord-Est de L’Aigle (61). Le bourg de Chéronvilliers est situé dans la vallée du Lême. La commune s’étend sur le plateau crayeux du Pays d’Ouche, depuis la vallée de l’Iton, à l’est jusqu’à la vallée de la , à l’ouest (Illustration 2).

N

EURE (27)

ORNE (61) 500 m

Illustration 2 : Localisation du site examiné (extraits modifiés des cartes IGN 1814 E Rugles (© IGN, 1988) et 1914 O La Neuve-Lyre (© IGN, 1983))

Le site examiné est situé à l’extrémité nord-ouest de la commune de Chéronvilliers au lieu-dit Le Plessis, aux coordonnées suivantes (Lambert II étendu), après report sur la carte topographique IGN à 1/25000 : X = 480.563 et Y = 2 423.480, à une altitude de + 217 m NGF.

D’un point de vue topographique, le lieu examiné est situé sur le plateau crayeux, à 500 m à l’ouest de l’amorce de la vallée de la Risle (rive droite).

D’un point de vue géologique, d’après les cartes à 1/50 000 de Rugles, n°178 (Kuntz et al., 1985) et de Breteuil-sur-Iton, n°179 (Kuntz et al., 1982) (Illustration 3), ainsi que les données BSS (Banque de données du Sous-Sol accessible au public), la commune repose sur plusieurs formations identifiées :

- la craie marneuse du Turonien à Inoceramus labiatus (c3a sur la carte de Rugles), c’est une craie blanche dépourvue de silex ;

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 9 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

- les formations à silex, avec une matrice argilo-sableuse ou sableuse (RS), issue de l’altération de la craie au Cénozoïque, leur épaisseur dans la région de Rugles varie, selon les données disponibles en BSS, entre 10 et plus de 30 m. La surface de contact entre la craie et les formations à silex (appelées aussi argiles à silex) est très irrégulière, d’où de fortes variations d’épaisseur ;

- les « Biefs » et limons à silex (B-LPS), qui correspondent à la formation à silex remaniée en partie avec les limons qui se sont déposés pendant les périodes périglaciaires au Quaternaire. Leur épaisseur ne fait que quelques mètres au maximum.

N

EURE ORNE

500 m

Illustration 3 : Localisation du site examiné sur la carte géologique au 1/50000 (Extrait modifié des cartes géologiques de Rugles, n°178, © BRGM, 1985 et de Breteuil-sur-Iton, n°179, © BRGM, 1982)

D’un point de vue hydrogéologique, le site est concerné par la nappe de la craie, dont le toit est aux environs de la cote +187 NGF d’après la carte hydrogéologique de l’Eure (1989, BRGM Ed.), soit à une profondeur d’environ 30 m au droit de la maison.

10 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

La commune est soumise à plusieurs types d’aléas mouvements de terrain.

™ Les cavités souterraines

Comme la majeure partie des plateaux crayeux de Normandie, les cavités souterraines ne sont pas rares dans le secteur de Chéronvilliers (6 cavités recensées sur la commune et 28 sur la commune de Rugles dans la base de données nationale des cavités souterraines du MEDAD (Ministère de l’Ecologie du développement et de l’Aménagement Durables), gérée par le Brgm, librement accessible au public sur Internet (http://www.bdcavite.net/)). Il s’agit de cavités d’origine naturelle (réseaux karstiques, bétoires…) ou anthropique (carrières souterraines, marnières…) creusées dans la craie.

Concernant la propriété située au lieu-dit « Le Plessis », 11 cavités, toutes de nature indéterminée, se trouvent dans un rayon inférieur ou égal au kilomètre autour de la propriété, réparties sur les communes de Chéronvilliers et de Rugles. Une cavité souterraine de nature indéterminée (identifiant HNOAA0001303) se trouve à un peu moins de 100 m de la maison vers le Nord-Nord-Est. Quatre (4) autres cavités de nature indéterminée se situent à environ 500 m de la propriété vers le Nord et le Nord-Ouest (identifiants HNOAA0001298 et HNOAA0001299 sur la commune de Chéronvilliers, HNOAA001297 et HNOAA0001300 sur la commune de Rugles). Enfin, 6 cavités de nature indéterminée se trouvent dans un rayon proche du kilomètre vers le Nord-Ouest et le sud, toutes situées sur la commune de Rugles.

La base de données des cavités souterraines de la DDE de l’Eure (http://www.eure.equipement.gouv.fr/), également accessible par le public sur internet, répertorie environ 27 cavités dans un rayon de 500 m autour de la maison, dont 14 distantes de moins de 200 m. Parmi les 14 cavités, 2 sont d’anciennes carrières souterraines (type marnière), les autres sont de nature indéterminée.

™ Le retrait-gonflement des argiles

La commune de Chéronvilliers a été reconnue au titre des catastrophes naturelles pour la période du 1er juillet au 30 septembre 2003, par un arrêté daté du 6 février 2006. Si l’on exclut la propriété qui fait l’objet du présent rapport, un sinistre a été signalé sur la commune, au lieu-dit « Le Gravier », lié à ce phénomène de tassement différentiel des argiles pendant les périodes de sécheresse par la Mairie et par les services de la Protection Civile de la Préfecture de l’Eure (Duriez et Lereculey, 2008).

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 11

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

3. Etude des documents

Deux rapports ont été effectués pour le propriétaire par le bureau d’études TECHNOSOL, afin de connaître l’origine de la fissuration de la maison durant l’été 2003 :

- le 1er rapport (TN06.220) (novembre 2006) : Caractérisation du sous-sol pour leur aptitude à subir le phénomène de retrait-gonflement des argiles ;

- le 2ème rapport (TN.07.060) (mai 2007) : Réalisation de sondages destructifs en vue d’identifier d’éventuelles cavités souterraines sous la maison, potentiellement à l’origine de la fissuration.

3.1. RAPPORT TECHNOSOL 1 – AFFAIRE TN 06.220, NOVEMBRE 2006

3.1.1. Contexte de l’étude

Le présent rapport est une expertise géotechnique réalisée par le bureau d’études TECHNOSOL. Il a pour objectif de « vérifier si la sécheresse peut être à l’origine des désordres » de l’habitation concernée par l’étude.

Enfin de vérifier cela, plusieurs travaux ont été entrepris par le bureau d’études :

- 2 sondages de reconnaissance géologique de 6 m de profondeur (SP1 et SP2) ;

- 10 essais pressiométriques répartis dans les sondages ;

- mise en place d’un tube piézométrique dans le sondage SP1 ;

- un sondage de reconnaissance des fondations au pied de la façade Nord- Ouest de l’habitation ;

- Prélèvement d’échantillons pour des essais en laboratoire (26 teneurs en eau, 2 limites d’Atterberg et 2 limites de retrait).

D’après le rapport, la maison « est constituée par une partie principale construite en brique et maçonnerie de silex de type R+1 et des annexes de construction plus ou moins précaire ». Concernant les désordres observés, « les désordres sont relativement importants visibles essentiellement sur les pignons qui témoignent d’un tassement de la façade côté rue (côté Nord-Ouest). Les lézardes apparentes présentent des ouvertures d’ordre demi-centimétrique à centimétrique. Il est à noter que cette maison a déjà été confortée puisqu’on peut y voir à plusieurs endroits des croix de Saint-André avec des tirants. Ces tirants sont apparemment non traversants. »

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 13 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Le propriétaire de la maison a indiqué plusieurs informations au bureau d’étude, toujours d’après le rapport :

- présence d’un réseau de gaz alimentant la maison à une profondeur de 50 à 70 cm côté rue ;

- lors de pluies importantes, un ruissellement venu de la route vient buter contre la maison vers le réseau de gaz ;

- les désordres sont apparus, à l’issue de la canicule de 2003, au retour de congés du propriétaire.

Le rapport signale également la présence de deux bandes comblées de graviers entre la façade côté jardin et la terrasse, correspondant probablement à d’anciens parterres à fleurs.

Concernant le terrain, sensiblement plat, plusieurs remarques supplémentaires ont été formulées :

- « légère cuvette correspondant à une ancienne mare » en limite sud-est de la parcelle, d’après le propriétaire ;

- « autre cuvette située dans un champ au nord-est de la parcelle correspondant (…) à une marnière » selon le propriétaire ;

- un terrain situé au nord-ouest de la parcelle rendu inconstructible suite à des suspicions de marnières toujours d’après le propriétaire.

3.1.2. Résultats des sondages

Les deux sondages (SP1 et SP2) ont permis de dresser une coupe géologique (du haut vers le bas) :

¾ Couverture de remblai (épaisseur 0,40 à 1,10 m) ;

¾ Argiles légèrement sableuses avec cailloutis de silex, bariolées gris et brun, contenant des veines d’argiles grisâtres plastiques (épaisseur : 4 m environ) ;

¾ Argiles sableuses avec plus ou moins de cailloutis de silex (jusqu’à la base de chaque sondage, épaisseur inconnue).

Un piézomètre a été placé dans le sondage SP1.

Les essais pressiométriques révèlent des caractéristiques mécaniques des sols :

- moyennes à bonnes pour les argiles légèrement sableuses ;

- excellentes pour les argiles sableuses.

14 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

3.1.3. Résultats des essais de laboratoire

Limites d’Atterberg

• SP1 (de 1,50 à 2,50 m de profondeur) :

Wl = 73

Wp = 25

Ip = 48

• SP2 (de1 à 2,50 m de profondeur) :

Wl = 69

Wp = 25

Ip = 44

Teneur en eau : 23 à 26%, indice de consistance compris entre 0,98 et 1,05.

Le bureau d’études conclut à la présence de sols argileux très plastiques, d’autant que les teneurs en eau sont supérieures à la limite de retrait :

SP1 (de 1,50 à 2,50) : Wr = 19,7

SP2 (de 1 à 2,50 m) : Wr = 14,5

Il est conclu que les argiles sont sensibles au retrait-gonflement lors des variations de teneur en eau.

3.1.4. Analyse

Les travaux effectués ont permis de déterminer la profondeur des fondations, allant jusqu’à 60 cm dans un sol à dominance argileuse. Le faible encastrement des fondations dans l’argile rend le sous-sol particulièrement sensible aux actions extérieures (apport d’eau, gel…).

D’après les teneurs d’eau relevées sur le terrain, il a été considéré que le phénomène de retrait-gonflement des argiles a pu affecter le bâti. Par ailleurs, des racines probablement liées à la haie toute proche ont été repérées sous les fondations. Elles ont été considérées comme un facteur aggravant dans le cadre du phénomène de retrait-gonflement des argiles.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 15 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Le bureau d’études TECHNOSOL a recommandé aux propriétaires d’être « particulièrement attentifs à toute source d’eau à proximité de la maison « (étanchéité des regards, système d’infiltration des eaux pluviales ou eaux vannes…) ».

Toutefois, une marnière a été signalée par le propriétaire au bureau d’études dans un champ situé « à proximité ». Le bureau d’études signale : « bien que généralement les tassements de sols liés à des marnières n’interviennent pas dans les périodes de sécheresse mais plutôt en périodes d’intempéries, il convient de noter qu’une marnière située à proximité de la maison peut si celle-ci se dégrade subir des effondrements locaux qui peuvent remonter sous forme de fontis jusqu’à la surface. » Il a donc été indiqué qu’il était toujours possible que « les tassements observés soient les prémices de l’apparition d’un fontis », toutefois, « l’étude géotechnique que nous avons réalisée ne permet en aucun cas d’étudier cette hypothèse ».

Enfin, il est indiqué que « Si l’on veut étudier plus en avant cette origine, il sera nécessaire de prévoir des sondages de reconnaissance géologique profonds avec enregistrements de paramètres de forage réalisés entre la maison et la route, voire de l’autre côté de la route, de manière à s’assurer de l’absence de vides dans la craie en profondeur ».

3.1.5. Préconisations

Il est au final préconisé de reprendre en sous-œuvre la maison dans son intégralité en réalisant de nouvelles fondations par plots successifs. Les fondations seront alors approfondies. La qualité des réseaux avoisinant la maison doit préférentiellement être vérifiée. Enfin, il est bien noté que le retrait-gonflement des argiles étant l’origine des désordres la plus probable, le type de confortement proposé ne serait plus adapté dans l’hypothèse où il existerait une marnière.

Il est préconisé de rigidifier les soubassements du pavillon à l’aide d’une longrine en béton armé solidaire de la structure du bâtiment et compléter les systèmes de confortement par croix de Saint-André déjà en place sur les murs de la maison.

D’autres préconisations permettraient « d’éviter toute modification de l’état hydrique du sol, notamment :

- Améliorer l’évacuation des eaux pluviales côté rue afin d’éviter que les eaux de la route ruissellent vers la maison en cas de fortes pluies,

- Etancher la bande comprise entre le dallage et la façade côté jardin. Ceci pourra être fait en prolongeant le dallage jusqu’au bord de la maison par exemple (…),

Nous recommandons également de créer un trottoir étanche autour de la totalité de la périphérie de la maison sur environ 1,5 m de large au minimum,

- Vérifier le bon étanchement des regards d’eaux pluviales périphériques à la maison,

16 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

- Vérifier que les éventuels systèmes d’infiltration des eaux pluviales ou des eaux vannes sont espacés d’au minimum 5 m de la maison,

- Eviter toute végétation de plus de 2 m de hauteur à moins de 5 m de la maison. »

Enfin il est préconisé « de prévoir une étude complémentaire pour recherche éventuelle de marnières par enquête in situ, recherche des indices de marnières, réalisation d’une campagne de géophysique et de sondages complémentaires », dans la mesure où une marnière a été signalée à proximité de la maison.

3.2. RAPPORT TECHNOSOL 2 – AFFAIRE TN 07.060, MAI 2007

3.2.1. Contexte de l’étude

Le présent rapport TECHNOSOL est relatif à la « recherche d’un vide de type marnière » autour de l’habitation de la parcelle ZA 175.

Pour cela, 6 sondages de reconnaissance géologique avec enregistrement des paramètres de forage ont été réalisés (SD1, SD3, SD5, SD7, SD8 et SD10), descendus jusqu’à des profondeurs comprises entre 29,1 m et 36,7 m, sauf pour SD7, où le forage a été arrêté à 1,9 m de profondeur. Le devis initial a été prévu pour 10 sondages mais la craie a été rencontrée à une profondeur supérieure à celle prévue par le bureau d’études, ce qui l’a contraint à les réduire au nombre de 6. L’un des sondages, SD7, a été arrêté rapidement après avoir sectionné le câble d’alimentation électrique de la maison.

Au final, 5 sondages ont été réalisés à environ 2 à 3 m du mur de la maison « comportant les désordres les plus importants (mur Nord-Ouest et Nord-Est) » (annexe).

Les différents paramètres de forage enregistrés sont :

- profondeur de forage,

- vitesse instantanée d’avancement de forage (VAI),

- pression sur l’outil (Po),

- couple de rotation (Pr),

- la pression de retenue de l’outil (Pre).

Pour chaque sondage, un test de chute de l’outil a été réalisé au fond du trou et hors du trou.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 17 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

3.2.2. Résultats des sondages

Lors des forages, la même succession a été repérée depuis la surface jusqu’en profondeur.

- Couverture de terre végétale ou de remblai (0,3 à 1,2 m),

- Argile, plus ou moins charpentée en silex, jusqu’à une profondeur entre 23,5 m et 27 m (dont argile moyennement consistante et plastique jusqu’à une profondeur entre 3,6 et 7,4 m, puis, argile raide plus ou moins charpentée en silex jusqu’au contact avec la craie),

- Horizon de transition rencontré sur 2 sondages (épaisseur : environ 2 m),

- Craie, généralement blanchâtre à partir de 23,5 à 27 m jusqu’à la base des sondages.

Des anomalies ont été repérées en profondeur. Elles sont basées sur les critères de vitesse d’avancement de l’outil, des remarques particulières ont été formulées pour 3 sondages :

™ sondage SD10 (Nord-Ouest de la maison)

« Un vide partiellement comblé de blocs crayeux entre 28,5 m et 31,3 m de profondeur » a été identifié pour le bureau d’études, par assimilation des paramètres de sondage et des vitesses de chute ;

™ sondage SD8 (Nord-Ouest de la maison)

Le bureau d’études a noté : « des sols décomprimés à partir de 11,3 m au droit du sondage », par conséquent des cuttings n’ont pu être remontés. Ce type d’anomalie a été identifié en tant que « caractéristique de l’effondrement successif du toit d’une cavité souterraine. Ce type d’effondrement est susceptible de continuer sa progression jusqu’à atteindre le terrain naturel (fontis). »

™ sondage SD3 (Nord-Est de la maison)

Le sondage a rencontré « une craie altérée et avec des passages de larges fractures, jusqu’à 32 m de profondeur ». A été remarquée dans les argiles à silex : « à partir de 17,2 m de profondeur, une compacité inférieure à celle des argiles rencontrées au droit des autres sondages (…). Il est possible que ce sondage soit implanté à proximité d’une cavité souterraine présentant des parements de mauvaise qualité et que les terrains commencent à se décomprimer ».

18 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Les forages ont été effectués sous injection d’eau. En fin de chantier, l’eau était absente des forages SD10 et SD8.

3.2.3. Analyse

Les éléments recueillis dans les sondages SD10, SD8 et SD3 montrent pour le bureau d’études : « qu’un vide naturel ou anthropique, dans un mauvais état sanitaire, est présent à proximité immédiate de la maison, voire sous la maison. Il est vraisemblable que le toit de la ou des cavités a commencé à s’effondrer et un fontis, au droit du sondage SD8, monte actuellement jusqu’à 11,3 m de profondeur. Il est possible que d’autres fontis, dans un état plus ou moins avancé, soient présents dans un périmètre proche. »

De même : « Le phénomène de fontis est susceptible d’engendrer d’inévitables tassements des sols sus-jacents (…). Il est donc possible que les désordres de la maison soient liés à ce phénomène évolutif. »

Plusieurs recommandations sont données par le bureau d’études :

- Conforter la maison « de manière durable » en stoppant les processus d’effondrement. « Pour cela, toute cavité présente à proximité de la maison et présentant un état sanitaire médiocre devra être comblée » ;

- Réaliser des investigations complémentaires afin d’évaluer l’emprise et le volume des cavités et apprécier leur état sanitaire avant d’envisager tout comblement du vide. « Pour cela, il est préconisé de « réaliser le creusement d’un puits d’accès au droit du sondage SD10 afin de visiter la cavité et d’éventuelles autres cavités attenantes » ;

- Définir le procédé de confortement en fonction des résultats de l’inspection ;

- « Il pourrait être intéressant de procéder au décapage de la terre végétale et de mettre à jour les sols sous-jacents. Ces travaux peuvent mettre en évidence des anciens fontis venus à jour et parfois même les puits d’accès à d’éventuelles marnières. »

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 19

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

4. Faits constatés – éléments recueillis

La maison examinée est affectée par une fissuration dense, répartie sur l’ensemble du bâtiment. Elle est située dans une zone urbanisée de hameau (Illustration 4). D’après le propriétaire, les fissures sont apparues essentiellement durant l’été 2003, bien que certaines soient antérieures sans précision sur la période de leur apparition. L’évolution des fissures n’a pas été contrôlée par un système de suivi (témoins de plâtre). Toutefois, le propriétaire a indiqué des variations saisonnières concernant l’ouverture de certaines fissures. Elles ont tendance à s’ouvrir en été pour se refermer en hiver. Enfin, toujours d’après le propriétaire, il existe des difficultés d’ouverture et de fermeture au niveau des ouvertures (portes et fenêtres) accentuées lors des périodes d’été depuis 2003.

Illustration 4 : Localisation de la maison sur le plan cadastral

Par un arrêté du 6 février 2006 la commune de Chéronvilliers a été reconnue au titre des catastrophes naturelles dues à la sécheresse pour la période du 1er juillet au 30 septembre 2003.

Le bureau d’études TECHNOSOL est venu sur le site au mois de novembre 2006, pour faire une étude géotechnique afin de déterminer si le sous-sol argileux était sensible au phénomène de retrait-gonflement.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 21 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

L’étude concluant sur la présence d’argiles ayant des propriétés gonflantes (partie 3.1), elle estime que ce phénomène est l’origine la plus probable des fissures de la maison. Toutefois, la présence de cavités souterraines ayant été signalée dans un champ « à proximité » de la maison, TECHNOSOL indique que cette étude n’avait pas pour objectif de rechercher l’éventuelle présence d’une cavité souterraine sous la propriété.

Face à cette éventualité, une nouvelle étude a été effectuée par TECHNOSOL en mai 2007.

Illustration 5 : Schéma de la propriété, parcelle ZA 175

Légende :

Alimentation en eau de la maison

Rejet des eaux usées

Rejets des eaux issues de la toiture vers le puisard

Alimentation en gaz

Emplacement de l’accès à la citerne de gaz

22 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

La campagne de sondages mise en œuvre a permis de détecter la présence d’un vide partiellement comblé de blocs crayeux entre 28,5 et 31,3 m de profondeur au droit d’un forage réalisé à plusieurs mètres de l’angle ouest de la maison (sondage SD 10). Dans le sondage SD8, près de l’angle de façade qui sépare la partie rajout salon du reste de la maison (façade nord-ouest), des sols décomprimés ont été repérés à partir de 11,3 m profondeur, jusqu’à la base du sondage. Cet aspect est caractéristique « de l’effondrement successif du toit d’une cavité souterraine » pour le bureau d’études. Des anomalies à partir de 17,2 m de profondeur, dans la vitesse de creusement du sondage SD3 (au milieu de la petite rue d’accès, façade nord-est), laissent planer le doute sur l’éventualité de la présence d’une cavité à proximité. TECHNOSOL conclut à la présence d’un « vide naturel ou anthropique (…) à proximité immédiate de la maison, voire sous la maison ».

Des études supplémentaires sont préconisées afin de connaître l’état de la ou des cavités et leur emprise pour définir une ou des solution(s) de confortement.

Lors de la visite du Brgm, la maison a été examinée de l’extérieur et de l’intérieur ainsi que le terrain sur lequel est implanté le bâti et un champ voisin (Illustration 5).

4.1. EXTERIEUR DE LA MAISON

4.1.1. Façade jardin (Sud-Est)

La façade de la maison est composée au centre par la porte d’entrée encadrée de deux fenêtres. Une fenêtre est ouverte sur le premier étage au-dessus de la porte. Les deux extrémités de la façade correspondent aux deux extensions (appentis au nord et salon au sud). Le mur porte des traces de réparations (ciment) à plusieurs endroits. Une terrasse s’étend devant l’ensemble de la façade, face à la partie principale de la maison ; elle est séparée de la façade entre les ouvertures par un terre-plein de graviers correspondant à d’anciens massifs à fleurs d’après le propriétaire.

Sur la façade (Illustration 6), plusieurs fines fissures verticales, dont l’ouverture avoisine le millimètre, affectent la façade entre le haut des deux fenêtres centrales de la façade et le bas du toit. Ces fissures sont « anciennes » d’après le propriétaire, antérieures à 2003 sans plus de précision. Des fissures sont visibles entre la porte d’entrée et la fenêtre du premier étage, à cet endroit, du ciment a été posé par le propriétaire suite au détachement de certains éléments de la façade. D’autres fissures partent également depuis la fenêtre gauche dans plusieurs directions, une dernière part du bas du toit pour se diriger vers l’angle sud de la maison. Une légère ondulation dans le toit s’affiche dans l’alignement de fissures verticales qui partent de la fenêtre de droite, mais le lien entre les fissures et l’ondulation n’est pas explicite.

L’extension nord est fissurée, bien que la majorité des fissures soient rebouchées. Une longue fissure verticale en fourche parcourt l’extension depuis la porte jusqu’au toit. Le propriétaire a abattu la partie haute du mur en raison des risques de chute. Par ailleurs, une déformation de l’ouverture de la porte est visible par rapport à la forme de la porte.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 23 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Rajouts Espace vide, de ciment mur abattu par le propriétaire

Illustration 6 : Façade de la maison sur le jardin avec les fissures (en rouge)

L’extension sud ne suscite pas de remarque particulière hormis une fissure qui sépare la base du mur de la terrasse. Le propriétaire n’a pas été en mesure de dire si ce décalage était existant auparavant.

Enfin, la terrasse est traversée par de nombreuses fissures dont l’origine est difficile à mettre en parallèle avec les fissures observées sur la maison.

4.1.2. Façade salon (Sud-Ouest)

La façade Sud-Ouest comprend l’extension « salon » du rez-de-chaussée, le premier étage est en retrait avec deux fenêtres.

Trois fissures ont été repérées sur cette façade (Illustration 7).

- Une fissure (environ 2 mm d’ouverture) traverse le rebord de fenêtre du rez-de- chaussée (salon) en le fendant en 2. Elle est apparue en 2003 ;

- Au premier étage, une fissure relie l’angle haut-gauche de la fenêtre de gauche et le toit, son ouverture avoisine 5 mm ;

- Au premier étage, une fissure d’ouverture millimétrique part à l’horizontal depuis la bordure de la fenêtre de droite, vers la droite.

Concernant les deux dernières fissures, elles ont été comblées par du silicone vers la fin de l’année 2005 par le propriétaire. Lors de la visite du Brgm, une évolution de la fissure a été observée avec un écartement exprimé pendant les périodes d’été d’après le témoignage du propriétaire.

24 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Illustration 7 : Face Sud-Ouest de la maison, fissures en rouge

4.1.3. Façade route (Nord-Ouest)

La face Nord-Ouest est orientée vers la route qui se trouve à environ 3 à 5 m de la maison. Une haie sépare le jardin de la route.

Comme la façade côté jardin, les deux extensions occupent les extrémités. L’extension « salon » est en retrait par rapport à la façade. L’autre extension était construite dans son axe, or une partie est abandonnée, le toit et le mur sont à moitié détruits. Il est possible de pénétrer à l’intérieur de cette partie depuis l’angle nord de la maison. Deux fenêtres occupent la façade au rez-de-chaussée, leur taille a été réduite lors de travaux anciens (date non-connue par le propriétaire). Leur ancien encadrement en briques est encore visible dans le mur.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 25 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Illustration 8 : Fissure séparant l'extension "salon" du reste de la maison

Tout d’abord, une fissure verticale sépare l’extension « salon » du reste de la maison (Illustration 8).

Près de l’angle nord de la maison (hors extension), une croix de Saint-André est visible, signalant d’éventuels anciens travaux de confortement. Près de celle-ci, le mur a été conforté une nouvelle fois par la pose de ciment. Enfin, la façade est traversée par plusieurs fines fissures verticales, principalement, qui s’expriment près des anciennes ouvertures.

A l’angle nord de la maison, dans la partie abandonnée de l’extension, un relai de fissures ouvertes (jusqu’à plusieurs centimètres d’ouverture) sur le mur de la maison (arrière cuisine) prolongé par une fissure verticale de 3 cm d’ouverture environ, exprime un décollement de la façade depuis sa base par rapport au reste de la maison Illustration 9 et Illustration 10).

26 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Illustration 9 : Partie basse du décollement de Illustration 10 : Partie haute de la fissure de la façade à l'angle nord de la maison décollement de la façade à l'angle Nord de la maison

Enfin, le mur extérieur de la salle de bain est traversé par deux fissures sub-verticales de plusieurs millimètres d’ouverture.

4.1.4. Façade rue d’accès à la maison (Nord-Est)

De la même manière que la façade opposée, le 1er étage est en retrait par rapport au rez-de-chaussée. Une fenêtre est percée au 1er étage et une fenêtre décalée sur la droite du bâtiment, au rez-de-chaussée. Un toit en pente couvre l’extension.

La façade, au rez-de-chaussée, porte de nombreuses traces de confortement. Une croix de Saint-André a été placée à gauche de la façade et du ciment a été appliqué à plusieurs endroits (Illustration 11). Le propriétaire n’a pas appliqué de ciment sur cette façade d’après ses dires. Il aurait donc été appliqué avant 1998, année de l’emménagement des actuels occupants.

Plusieurs fissures verticales apparaissent, avec une ouverture d’environ 1 mm, près de la croix de Saint-André, mais aussi d’autres apparaissent tout le long de la façade.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 27 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Enfin, la partie abandonnée de l’extension se détache manifestement du reste au même titre que la façade nord-ouest de la maison, l’écartement entre le mur de la salle de bain et la partie abandonnée atteint 5 cm en haut du mur (Illustration 12).

Illustration 11 : Croix de Saint-André et fissures près de l'angle Est de la maison

4.2. INTERIEUR DE LA MAISON

Des fissures apparaissent dans toute la maison, le propriétaire a, de son côté, commencé à faire des travaux de rénovation dans certaines pièces. Les tapisseries et le mobilier masquent très probablement une partie des désordres.

Des fissures ont été relevées dans plusieurs pièces. Par ailleurs, concernant le sol, à divers endroits le carrelage « sonne creux » (cuisine, salon…), ce qui peut laisser présager un mouvement du sol. Il n’est pas exclu que quelques fissures affectent les joints du carrelage. Le plafond est recouvert par des dalles collées. Quelques emplacements de dalles décollées permettent de voir des fissures sur le plafond de la cuisine.

28 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Illustration 12 : Détachement de la partie abandonnée de l'extension par rapport au reste et détachement de la façade en arrière

La description des murs a été réalisée par salle :

™ Cuisine

La cuisine est la pièce dans laquelle est située l’entrée de la maison (façade jardin). Une fissure verticale (ouverture environ 1 mm) longe la partie haute de l’encadrement de la porte d’accès au salon (partie sud de la maison) à une dizaine de centimètres de distance.

™ Salle de bain (dans l’extension nord)

Aucune fissure n’a pu être relevée, par contre, l’omniprésence de l’humidité se fait sentir par la présence de moisissure sur le mur.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 29 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

™ Arrière-cuisine

L’arrière cuisine est une petite salle le long de la face vers la route de la maison. Le mur nord est fissuré aux dires du propriétaire ; il est largement masqué par les travaux mais la terminaison de la fente au niveau du sol est visible. D’après les descriptions indiquées oralement, il semble que ce sont les fissures en relai de l’angle nord de la maison qui traversent le mur de part en part.

Le mur sud est parcouru par plusieurs fissures, majoritairement très fines.

Les autres murs ne possèdent pas de désordres apparents.

™ Salon (partie départ escalier)

La partie du salon qui ne fait pas partie de l’extension est le lieu du départ des escaliers vers le 1er étage.

Sur le mur qui sépare cette salle de la cuisine et de l’arrière cuisine, les fissures observées dans ces deux salles précédemment sont identifiées. Les fissures qui se trouvent près de la porte qui mènent à la cuisine sont bien visibles car le papier peint a été arraché à cet endroit. C’est un réseau de petites fissures sub-verticales.

™ Salon (partie extension)

Le salon de l’extension est légèrement en contrebas du reste de la maison.

Deux fissures verticales sont visibles sur le mur nord-est, distantes d’une dizaine de centimètres l’une de l’autre, elles partent en relai. Le mobilier empêche de voir leur extension vers le plafond et le sol.

™ 1er étage

Peu de dégâts sont encore visibles au 1er étage, de nombreux travaux ont été réalisés par le propriétaire depuis l’apparition des fissures. Ainsi, la fissure apparente sur la façade sud-ouest contre la fenêtre de gauche au 1er étage (5 mm d’ouverture) était aussi apparente à l’intérieur de la maison. Elle a été rebouchée lors des travaux.

Concernant les ouvertures (portes et fenêtres), des difficultés de fermeture et d’ouverture dans toute la maison ont été constatés par le propriétaire durant les périodes d’été depuis 2003. Ces difficultés n’ont pu être vérifiées lors de la visite du Brgm, la visite s’étend déroulée au mois de janvier. Toutefois, il a été remarqué que la fenêtre du 1er étage, face Nord-Est s’ouvre avec difficultés.

Par ailleurs, le propriétaire a indiqué qu’il entendait des « craquements » dans la maison pendant les périodes estivales.

30 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

4.3. PARCELLE ZA 175 – AUTOUR DE LA MAISON

La parcelle ne présente pas d’irrégularité notoire à imputer à un mouvement récent. Une mare remblayée par le propriétaire actuel est située à une quinzaine de mètres face à la maison dans le jardin. Un puisard est implanté en bordure de cette ancienne mare formant un puits fermé par un couvercle de béton fixe d’1,80 m de diamètre environ, sa profondeur avoisinerait 3 m.

Une vaste dépression s’étire ensuite depuis la mare et le puisard jusqu’à la limite entre le chemin qui prolonge la rue d’accès à la maison et la parcelle ZA 176, de forme allongée successivement dans une direction Est-Ouest dans la parcelle ZA 175 , puis, dans une direction N-S dans la parcelle ZA 176, totalisant une dimension maximale de 10 m en Est-Ouest et de 7 m en Nord-Sud. Le propriétaire n’a pas noté d’évolution de la dépression depuis son installation. Il est intéressant de noter qu’un saule pleureur est planté à 10-15 m de la maison en bordure de cette dépression.

Concernant les écoulements d’eau de surface et l’activation de la mare, le propriétaire a indiqué que des ruissellements importants provenaient de la route lors des fortes pluies arrivaient dans la rue d’accès pour stagner devant l’entrée du jardin. Quelques années avant, l’eau parcourrait quelques mètres de plus pour arriver dans la dépression signalée ci-dessus. Le propriétaire a fait des travaux pour arrêter cet écoulement. Par ailleurs, il a créé un drain de 2,50 m sur 1 m de large en graviers sous le jardin entre la bordure de sa propriété (passage du réseau d’eau usée) et le puisard, de l’herbe jaunie signale sa présence.

Divers réseaux avoisinants la maison ont été signalés, le propriétaire n’a pas remarqué d’anomalie à propos de ces réseaux (Illustration 5) :

™ Gaz

La conduite d’alimentation de la maison en gaz part de l’embranchement entre la route et la rue d’accès à la maison, longe la façade Nord-Ouest pour rejoindre la citerne de gaz, signalée sur le terrain par un couvercle plastique. La citerne se trouve à 3 m environ face à l’extension du salon (vers le sud de la maison).

™ Alimentation en eau

Le conduit d’alimentation de la maison en eau passe sous la rue d’accès à la maison en longeant la façade nord-ouest pour entrer dans la maison par la façade jardin (Sud- Est).

™ Eaux usées

Les eaux usées sont récoltées par une canalisation qui part de la maison en passant sous la clôture entre le jardin et la rue d’accès à la maison vers l’est. Les tuyaux sont amenés à environ 30 m de la maison, le propriétaire ne sait pas où ils s’arrêtent.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 31 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

™ Eaux de ruissellement du toit

L’eau des gouttières est collectée puis conduite vers un puisard situé à une quinzaine de mètres de la maison, dans le jardin.

En bordure Sud-Ouest de la propriété se dresse un garage de 14 m de long sur une profondeur de 5 m environ, construit en 1999. A l’exception d’une petite fissure verticale sur un mur, aucun désordre sur le bâtiment n’est à signaler.

4.4. EXAMEN DE LA PARCELLE ZA 237

Lors de la visite, le propriétaire de la maison a indiqué la présence de nombreux indices de cavités souterraines dans les parcelles avoisinant la sienne. Une visite a été effectuée sur la parcelle ZA 237, qui jouxte la rue d’accès à la maison. La parcelle est un herbage planté de pommiers clairsemés.

Depuis le chemin, soit à 30 m environ de la maison et à quelques mètres après un garage en pré-fabriqué (parcelle ZA 137), se trouvent deux dépressions de 7-8 m de diamètre environ et de 30 cm de profondeur (Photo 4, fin de rapport). Elles sont situées à quelques mètres l’une de l’autre le long du chemin qui prolonge la rue d’accès à la parcelle ZA 175. Le propriétaire affirme avoir remarqué un creusement progressif de ces deux dépressions depuis son arrivée en 1998.

Sur la parcelle, à une soixantaine de mètres plus loin, au moins 6 autres dépressions de diamètre comparable et de profondeur de plusieurs dizaines de centimètres voire plus d’un mètre se dessinent, depuis le bord de route jusqu’à la limite avec la parcelle opposée (champ cultivé) à plusieurs dizaines de mètres, au nord et au nord-est de la parcelle ZA 166. Plusieurs sont à peu près alignées dans un axe NW-SE (perpendiculairement à la route). Ces dépressions se seraient creusées, d’après le témoignage d’un adjoint, depuis la tempête de 1999 qui a occasionné la chute de nombreux pommiers dans l’herbage. Par ailleurs, les deux dépressions situées les plus proches du champ cultivé comportent un pommier à leur centre.

Par ailleurs, le propriétaire et l’adjoint au maire ont signalé la présence d’un effondrement situé de l’autre côté de la parcelle ZA 176 par rapport à la maison (champ cultivé) à une centaine de mètres face à la maison de 7-8 m de profondeur pour un diamètre de 5 m environ. L’effondrement remonterait à plusieurs années.

32 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

5. Diagnostic

Le premier rapport produit par le bureau d’études TECHNOSOL indique que le sous-sol argileux est potentiellement soumis au phénomène de retrait-gonflement lors des sécheresses et que les fondations de la maison sont superficielles (0,6 m de profondeur). L’hypothèse la plus probable concernant l’origine de la fissuration a été dans un premier temps, le retrait-gonflement des argiles d’autant plus que les désordres sont essentiellement apparus durant l’été 2003.

Un deuxième rapport, toujours produit par TECHNOSOL concernant la recherche de cavités souterraines, indique la présence d’un vide en profondeur à quelques mètres de l’angle ouest de la maison et une suspicion de cavité à environ 2 m de l’angle est, sous la rue d’accès à la maison.

La visite du Brgm effectuée en janvier 2008 a permis l’observation des fissures affectant l’habitation ainsi que les terrains environnants. Elles sont réparties sur toute la maison mais de manière hétérogène dans l’espace (fissuration plus intense sur la face Nord-Est). Le témoignage du propriétaire orienterait vers un phénomène de retrait- gonflement des argiles à l’origine de la fissuration (ouverture des fissures en été, fermeture en hiver, blocage des ouvertures et bruits de « craquements » en été, carrelages qui « sonnent creux » signalant une déformation de la surface). Lors de la visite du Brgm, il a été remarqué une déformation des ouvertures mais pas de difficultés d’ouverture excepté sur une fenêtre du 1er étage. Le propriétaire a également indiqué qu’il avait réalisé quelques travaux pour faciliter les fermetures et ouvertures de portes et fenêtres. Concernant les fissures, il apparaît qu’une fissure sépare la maison de l’extension « salon » sur la façade Nord-Ouest. De la végétation pousse non-loin de la maison (haie au nord, arbuste à l’est, saule pleureur à 15 m environ vers l’est). La visite ayant eu lieu en plein hiver, la période n’est pas la meilleure pour apprécier le phénomène.

Il apparaît d’après les observations, les travaux réalisés, les témoignages recueillis et l’historique du secteur que la fissuration de la maison peut avoir plusieurs origines possibles, cumulées ou non. Parmi elles, tout laisse à penser que le phénomène de retrait-gonflement des argiles a eu un rôle déterminant dans les désordres. Cependant, il n’est pas exclu que la dégradation d’une cavité souterraine peut avoir contribué à l’apparition des désordres observés. En effet, d’après les bases de données des cavités du Brgm et de la DDE de l’Eure, les témoignages recueillis sur place et les observations effectuées dans les parcelles jouxtant la parcelle ZA 175, les cavités souterraines de nature anthropique (marnières, crayères…) ou d’origine naturelle (réseaux karstiques) sont très nombreuses dans le secteur. Deux dépressions qui ont évolué ces dernières années d’après témoignages se trouvent à une trentaine de mètres vers l’Est-Nord-Est depuis la maison, signalant très probablement une cavité en profondeur. Une grande dépression existe sur le terrain à une quinzaine de mètres de la maison sans évolution récente remarquée par le propriétaire. La présence de cavités souterraines, signalées par ailleurs par le deuxième rapport TECHNOSOL sous la propriété peut provoquer des désordres sur la

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 33 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

maison dès lors qu’elle est au moins localement en cours d’effondrement, et que l’évolution régressive de cet effondrement est suffisamment avancée pour décomprimer les terrains de surface. Les mouvements observés par le propriétaire se produisent en été et en particulier ont été identifiés durant l’été 2003, ce qui n’est généralement pas le cas pour les désordres associés aux cavités souterraines. Ces derniers se produisent plutôt en hiver ou en tout cas en périodes très pluvieuses, mais des exceptions sont toujours possibles.

Le phénomène de retrait-gonflement des argiles est très probablement le facteur prédominant dans l’apparition des fissures observées sur la maison, toutefois la remontée d’un fontis de cavité souterraine (anthropique ou naturelle) n’est pas exclue. Dans les deux cas, ces phénomènes sont considérés comme naturels, seules les mesures de sauvegarde des ouvrages concernés diffèrent.

34 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

6. Recommandations

Les désordres observés sur la maison sont très probablement provoqués par le retrait- gonflement des argiles, toutefois la présence d’un fontis en cours de progression vers la surface sous les fondations de la maison n’est pas exclue et peut avoir provoqué une partie des désordres.

Le constat a été fait par le bureau d’études TECHNOSOL que le sol est sensible au phénomène de retrait-gonflement. Le processus de fissuration de la maison énoncé par le propriétaire est en accord avec ce type de phénomène. D’après les éléments recueillis, le retrait-gonflement des argiles devrait être au moins l’une des causes des désordres survenus sur la maison.

Concernant la présence de cavités souterraines, la présence de vides a été détectée par le bureau d’études TECHNOSOL dans le deuxième rapport. Toutefois, les vides francs et les vides supposés ne sont pas localisés dans la même zone autour de la maison (ouest et est de la maison). Les travaux effectués ne permettent pas de connaître l’extension du ou des vide(s) détecté(s). Afin de déterminer si la présence d’une cavité souterraine en profondeur est à l’origine de fissures sur la maison, il est nécessaire de faire appel de nouveau à un bureau d’études afin de connaître la nature, l’ampleur et l’état de la ou des cavité(s) en réalisant un sondage au même endroit que celui qui a permis de détecter le vide signalé. Si ce vide est toujours présent, il doit faire l’objet d’un examen vidéo pour apprécier sa nature et avoir une idée de son développement minimal, ce qui nécessite d’aléser le forage et de le tuber jusqu’au toit du vide. Selon les résultats obtenus, des sondages complémentaires peuvent être requis. Ensuite, afin de compléter l’étude de recherche de vide sous la maison et sa proximité immédiate, il paraît nécessaire de réaliser des investigations autour de la maison.

Le traitement des désordres et/ou le confortement du bâtiment seront différents selon que l’origine des fissures sera le retrait-gonflement des argiles ou la remontée d’un fontis de cavité souterraine sous les fondations.

Avant l’intervention du bureau d’études, il convient de mettre des témoins de plâtre, voire des fissuromètres, sur les fissures afin de pouvoir détecter toute évolution du mouvement.

Enfin, il faut vérifier l’état de l’ensemble des réseaux avoisinant la maison. La fuite de canalisation pourrait entraîner une accélération de l’état de stabilité de la ou des cavité(s) éventuelle(s) qui pourrait se trouver dans le tréfonds de la propriété.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 35

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

7. Conclusion

Le Brgm s’est rendu le 14 janvier 2008 sur demande de la préfecture de l’Eure (SIDPC-27) pour examiner une maison fissurée depuis l’été 2003, en compagnie du maire de la commune, de l’un de ses adjoints, du propriétaire et d’un agent du SIDPC- 27. Deux rapports ont déjà été fournis par le bureau d’étude TECHNOSOL afin de connaître l’origine du phénomène. Le caractère gonflant des argiles a été indiqué lors de premiers travaux en septembre 2006. Durant une deuxième intervention, un vide et des indices de vide ont été détectés à 2-3 m de la maison en avril 2007 à une trentaine de mètres de profondeur. Par ailleurs, la commune de Chéronvilliers a été reconnue à l’état de catastrophe naturelle pour la sécheresse pour la période du 1er juillet au 30 septembre 2003 par un arrêté paru en février 2006.

Les fissures s’ouvrent, d’après le propriétaire, durant les périodes d’été depuis 2003 pour se refermer en période hivernale. Des problèmes d’ouverture et de fermeture des portes et des fenêtres sont observés pendant la période d’ouverture des fissures.

L’ensemble de la maison est touchée, des fissures ont été relevées sur toutes les façades, de manière hétérogène, et dans toutes les pièces du rez-de-chaussée. Les pièces du premier étage ont pour la plupart subi des travaux récents. La parcelle ZA 175 où est implantée la maison, ne possède pas d’anomalies récentes à sa surface liées à des mouvements de terrain. Plusieurs des parcelles voisines sont par contre marquées par des dépressions qui se sont creusées depuis quelques années (après 1998). Elles pourraient signaler la dégradation de cavités souterraines en profondeur.

D’après les informations récoltées, il apparaît le retrait-gonflement des argiles est très probablement la cause principale des désordres observés. Toutefois la présence d’une cavité souterraine sous la maison dont la dégradation progressive pouvant être à l’origine de la fissuration n’est pas exclue. Des vides ont été détectés par TECHNOSOL autour de la maison, mais leur extension n’est pas connue.

Bien que le retrait-gonflement des argiles soit très probablement à l’origine du phénomène observé, la présence d’une cavité souterraine dont le fontis qui remonterait à la surface sous la maison, à l’origine des désordres, n’est pas exclue. Afin de déterminer si ce phénomène se produit sur la maison, des investigations supplémentaires sont nécessaires. Un sondage doit être réalisé à l’endroit où un vide a été identifié. S’il est à nouveau détecté, le sondage doit être alésé et tubé pour permettre un examen vidéo du vide en question. Cette inspection permettra d’orienter la suite des travaux. Les sondages réalisés par TECHNOSOL ne sont par ailleurs pas suffisants pour écarter la présence d’une cavité sous la maison ou dans sa proximité immédiate.

Par ailleurs, il convient de poser des témoins de plâtre, voire des fissuromètres, sur les fissures afin de connaître leur évolution. Afin, il faut vérifier les réseaux avoisinant la maison, des fuites de canalisation peuvent par exemple être des facteurs aggravants quelque soit le phénomène à l’origine des désordres.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 37

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

8. Bibliographie

Duriez M., Lereculey A. avec la collab. Kostecki J. et Levesque J-C. (2008, à paraître) – Cartographie de l’aléa retrait-gonflement des argiles dans le département de l’Eure, rapp. BRGM.

Kuntz G., Dewolf Y., Monciardini C., Verron G., Favrot J-C. et Bouzigues R. (1982) – Carte géologique au 1/150000 de Breteuil-sur-Iton, n°179, BRGM, Orléans.

Kuntz G., Monciardini C., Favrot J-C., Bouzigues R. (1985) – Carte géologique au 1/150000 de Rugles, n°178, BRGM Ed., Orléans.

TECHNOSOL (2006) – Habitation de M. XX, Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27). Expertise géotechnique. Rapport d’étude, rapport TN06.220, pièce n°1, TECHNOSOL Normandie.

TECHNOSOL (2007) – Habitation de M. XX, Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27). Expertise géotechnique : Recherche de vide de type marnière. Rapport d’étude, rapport TN07.060, pièce n°1, TECHNOSOL Normandie.

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 39

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Planches photographiques

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 41

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Photo 1 : Appentis dans l'extension "salle de bain", façade jardin (Sud-Est)

Photo 2 : Façade de la maison côté jardin (Sud-Est)

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 43 Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Photo 3 : Premier étage, face Sud-Ouest de la maison

Photo 4 : Dépressions visibles sur la parcelle ZA237, indiquées sur la photo (trentaine de mètres de la maison)

44 BRGM/RP-56136-FR – Rapport final Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Photo 5 : Fissurations dans le salon, en bas des escalier, près de la porte de la cuisine

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 45

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

Annexe : Implantation des sondages lors de l’étude TECHNOSOL TN07.060

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 47

Fissuration d’une habitation - parcelle ZA 175. Lieu-dit « Le Plessis », Chéronvilliers (27)

BRGM/RP-56136-FR – Rapport final 49

Centre scientifique et technique Service géologique régional Haute-Normandie 3, avenue Claude-Guillemin Parc de la Vatine BP 36009 10 rue A. Sakharov 45060 – Orléans Cedex 2 – 76130 – Mont Saint Aignan - France Tél. : 02 38 64 34 34 Tél. : 02 35 60 12 00