DOMLOUP, Ille-et-Vilaine

ZAC ECONOMIQUE DU TERTRE TRANCHES 1 ET 2 Rapport d’opérationRapport final

Par Laurent Aubry

avec la collaboration de Frédéric Boumier Hervé Paitier Jessica Freitas Gilles Leroux Mathilde Dupré Philippe Boulinguiez Pierrick Leblanc Stéphane Blanchet Thomas Gatel Vincent Pommier

Inrap Grand-Ouest Janvier 2010 Photo de couverture : restitution hypothétique du dépôt de bracelets de l’âge du Bronze. Auteur : Hervé Paitier

SOMMAIRE

1 – LE CADRE DE L’INTERVENTION

1.1 – Les raisons et les objectifs de l’intervention

1.2 – Cadre géographique et géologique de l’opération 1.2.1 – Contexte topographique 1.2.2 – Le paysage actuel 1.2.3 – Données géologiques

1.3 – Contexte archéologique environnant

1.4 – Méthodologie et moyens mis en œuvre

2 – PRESENTATION DES DONNEES ARCHEOLOGIQUES

2.1 – Ensemble n°1 2.1.1 – Description des vestiges archéologiques

2.1.2 – Descriptions du mobilier archéologiques (Stéphane blanchet)

2.2 – Ensemble n°2 2.2.1 – Description des vestiges archéologiques

2.3 – Ensemble n°3 2.3.1 – Description des vestiges archéologiques

2.3.2 – Descriptions du mobilier archéologiques (Stéphane Blanchet (INRAP, CReAAH UMR-6566)

CONCLUSION

Annexe 1 (Aspect administratif)

Identité du site

Région : Bretagne Département : Ille-et-Vilaine Commune(s) : Domloup N° INSEE : 35 099 Lieu-dit ou adresse : ZAC économique du Tertre, tranches 1 et 2 Cadastre année : 1983 Section : AK – Parcelles : n°1, 2p, 3p, 6p, 8p, 9p, 12p et 13 Section : AA – Parcelles : n°6p, 7, 8p, 9p, 10p, 13p, 14p, 16p, 17p, 26p, 27p, 28p, 33, 37 et 38 Altitude : Entre 46 m et 72 m NGF Propriétaire(s) des terrains : Commune de Domloup et divers propriétaires privés

Opération archéologique

N° site patriarche : 35 099 026 Arrêté de prescription n° : 2008-131 Opération n° : DA05030201 Responsable scientifique de l’opération : Laurent Aubry Organisme de rattachement : INRAP Date d’intervention sur le terrain : du 14/09/2009 au 06/11/2009 Maître d’ouvrage des travaux : Commune de Domloup Surface brute du projet à diagnostiquer : 354 517 m² Surface sondée : 35 641 m² soit 10 %

Mots clés des thésaurus

Niveau d’apparition des vestiges : 0,50 m en moyenne Chronologie : Néolithique moyen, âge du Bronze et/ou 1er âge du Fer, gallo-romain, médiéval, moderne et contemporain. Nature des vestiges immobiliers : fossés parcellaires, enclos funéraire, trous de poteaux, fosses, foyer, dépôt Nature des vestiges mobiliers : céramique, lithique, mobilier en bronze (bracelets)

Synthèse des résultats

Ce diagnostic archéologique, entrepris sur les tranches 1 et 2 de la future ZAC du Tertre, est localisé sur la commune de Domloup (Ille-et-Vilaine). D’une superficie de 354 517m², celui-ci a été réalisé par une équipe de 2 archéologues de l’INRAP du 14 septembre au 6 novembre 2009.

A l’issue de cette première opération, trois ensembles archéologiques ont été identifiés.

Les deux principaux (ensembles n°2 et n°3), correspondent à des enclos funéraires protohistoriques. Le plus complet (ensemble n°2) est constitué de 2 enclos circulaires ayant pour diamètre respectif 4,50 m et 8 m. Un réseau fossoyé, des trous de poteaux ainsi qu’un foyer ont également été identifiés sur cette même zone. L’ensemble n°3 est matérialisé par un enclos circulaire d’une quinzaine de mètres de diamètre. Sa découverte n’est pas une surprise car il avait été préalablement détecté par prospection aérienne.

Le dernier ensemble, moins important, s’apparente à une concentration de mobilier daté du néolithique moyen.

A notre grande surprise, aucun site d’habitat n’a été retrouvé et ce malgré un contexte géographique et topographique plutôt prometteur. En effet, les parcelles sur lesquelles se développe le projet, sont situées sur un plateau entrecoupé par une série de talwegs et délimité sur toute sa façade occidentale par la vallée du Rimon.

Lieu de dépôt temporaire du matériel archéologique

INRAP, Direction Interrégional du Grand-Ouest à Cesson-Sévigné.

Informations sur la composition du rapport

Nombre de volume : 1 Nombre de pages : 52 Nombre de figure : 10 Nombre de photos : 25

Suivi scientifique de l’opération Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne Service Régional de l’Archéologie M. Stéphane DESCHAMPS, conservateur régional de l’archéologie M. Yves MENEZ, conservateur en chef du patrimoine, adjoint du conservateur régional de l’archéologie Mme Anne VILLARD-TETIEC, conservatrice du patrimoine et responsable de ce dossier. Avenue Charles Foulon 35700 Tél. : 02 99 84 59 00 Fax : 02 99 84 59 01

Suivi administratif INRAP, Direction Interrégionale Grand Ouest M. Gilbert AGUESSE, directeur interrégional M. Arnaud DUMAS, administrateur M. Michel BAILLIEU, adjoint scientifique et technique région Bretagne M. Thomas ARNOUX, assistant AST 37, rue du Bignon CS 67737, 35577 Cesson-Sévigné cedex Tél. : 02 23 36 00 40 Fax : 02 23 36 00 50

Maîtrise d’ouvrage et financeur de l’opération Commune de Domloup M. André LELIEVRE, le maire Mme Béatrice BIET, directrice des services Allée de l’étang, 35410 Domloup Tél. : 02 99 02 31 09 Fax : 02 96 31 39 25

Entreprises de terrassement Ets Sauvagers/Lafarge, Chateaubriand (Ille-et-Vilaine)

Phase fouille M. Laurent AUBRY, responsable d’opération Melle Jessica FREITAS, technicienne de fouille M. Gilles LEROUX, Chargé d’études M. Thomas GATEL, technicien de fouille M. Frédéric BOUMIER, M. Philippe BOULINGUIEZ, M. Vincent POMMIER et Pierrick LEBLANC, cellule topographique

Phase post-fouille M. Laurent AUBRY, rédaction du RFO et mise en page Mme Mathilde DUPRES, DAO M. Stéphane BLANCHET, études des bracelets en bronze et du mobilier céramique protohistorique. M. Hervé PAITIER, photographies du mobilier archéologique

A l'issue de cette opération, les auteurs souhaitent remercier tout particulièrement :

L’ensemble des exploitants et propriétaires des parcelles concernées par le diagnostic pour leur accueil.

La commune de Domloup, représentée par M. André LELIEVRE, le maire et Mme Béatrice BIET, directrice des services.

Mme Anne VILLARD-LETIEC, ingénieur du patrimoine au SRA de Bretagne, pour sa disponibilité durant toute la durée du diagnostic.

Melle Marie-Dominique PINEL chargée d'études au SRA de Bretagne pour la mise à disposition de la documentation archéologique.

M. Thierry LORHO, ingénieur à la Carte Archéologique du SRA de Bretagne, pour la mise a disposition du fonds cadastral napoléonien et de carte archéologique.

M. Michel QUÉRÉ et Jean-Pierre COLIN, chercheurs amateurs, pour leur précieuse collaboration.

Ce diagnostic archéologique entrepris sur une partie de l’emprise de la future ZAC économique du tertre de Domloup (Ille-et-Vilaine) a été réalisé du 14 septembre au 6 novembre 2009 par une équipe de l’INRAP. La mise en œuvre des deux premières tranches nous a permis d’explorer une superficie d’environ 36 ha. Le maillage des tranchées de sondage, environ 10% de la surface concernée, a favorisé la détection de nombreuses structures fossoyées appartenant à diverses périodes chronologiques (du néolithique à l’époque moderne).

La plus ancienne d’entre elle (ensemble 1) est matérialisée par une fosse isolée dans laquelle a été retrouvé du mobilier daté du néolithique moyen. L’ensemble 2, totalement inédit, est implanté sur le versant d’un plateau et en bordure d’un vallon situé à quelques 300 mètres plus au nord. Il s’apparente à deux enclos circulaires de taille modeste (4,50 m et 8 m de diamètre). D’autres structures fossoyées ont également été retrouvées dans ce secteur : un réseau de petits fossés parcellaires, des trous de poteaux et un foyer. L’attribution chronologique de tous ces vestiges est difficile compte tenu de la rareté du mobilier archéologique. Le dernier gisement (ensemble n°3), déjà repéré par prospection aérienne, se trouve isolé sur la bordure d’un petit vallon et en tête de talweg. Il est matérialisé par un enclos circulaire de 15 m de diamètre non loin duquel à été découvert un dépôt de bracelets attribué à la fin de l’âge du Bronze.

Ce diagnostic, financé par la commune de Domloup, a été réalisé par l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventive sous le contrôle scientifique du Service Régional de l’Archéologie de Bretagne.

1 – PRESENTATION DE L’OPERATION ARCHEOLOGIQUE

1.1 – Les raisons et les objectifs de l’intervention

Le projet de création d’une vaste ZAC économique sur la commune de Domloup (Ille-et-Vilaine) a conduit le Service Régional de l’Archéologie de Bretagne à prescrire un diagnostic sur la totalité des parcelles menacées. Le contexte archéologique (présence de sites sur et en périphérie de la ZAC du Tertre), topographique (terrains favorables à l’implantation humaine depuis la préhistoire) associé a la vaste superficie du projet (près de 55 ha à terme), a motivé la réalisation de cette opération. Celle-ci avait pour objectif de déterminer, au moyen de sondages mécaniques, (tranchées et/ou vignettes) la présence ou l’absence de vestiges archéologiques enfouis et menacés par le projet. Il s’agissait également de déterminer la nature, l’étendue et le degré de conservation des vestiges susceptibles d’être découverts afin de disposer de suffisamment d’éléments pour décider du type de mesures à prendre avant le démarrage des travaux.

1.2 – Cadre géographique et géologique de l’opération

1.2.1. – Contexte topographique

Les terrains sur lesquels s’est déroulé ce premier diagnostic (tranches 1 et 2) sont situés à l’est immédiat du bourg ancien de Domloup (fig. 1). Cette commune d’Ille- et-Vilaine est localisée à 12 km au sud-est de l’agglomération Rennaise et à 2,5 km au nord-ouest de la ville de Châteaugiron. L’emprise de la ZAC économique du Tertre qui s’étend sur une longueur de 1,200 km, englobera à terme un ensemble de parcelle encadré à l’ouest par le vallon du Rimon et à l’est par les limites administratives des communes mitoyennes de Châteaugiron et Noyal-sur-Vilaine. Topographiquement, les parcelles étudiées sont implantées sur le versant occidental d’un vaste plateau culminant à 78 m NGF. Faiblement marqué, ce relief présente une plus forte déclivité en direction du sud et de l’ouest. Les limites du projet sont en effet circonscrites par le vallon du Rimon qui draine le ruisseau du « Pont de Beauchêne » et plusieurs de ses rus. Ce petit cours d’eau se jette plus au sud dans la rivière de l’Yaigne au lieu-dit « La Brejoterie » (fig. 2).

1.2.2. – Le paysage actuel

De nos jours, le paysage dominant est constitué de grandes parcelles autour desquelles subsistent quelques lambeaux de haies anciennes ayant miraculeusement survécus aux restructurations foncières successives mises en place depuis les années 1960. Une partie de ce réseau foncier arasé, a néanmoins été retrouvée durant le diagnostic. Le relief mouvementé de certaines parcelles situées au contact de talweg ont également permis de fossiliser un ancien chemin encavé « le Chemin Vert » présent sur le cadastre napoléonien (fig. 3 et 4). L’itinéraire de ce dernier est encore partiellement Rennes Domloup Noyal-sur-Vilaine

Châteaugiron

emprise du diagnostic

sites répertoriés à la Carte archéologique

0 250 m 1 km 2 km 1/25 000

Figure 1: localisation du diagnostic “ZAC du Tertre” à Domloup (Ille-et-Vilaine) sur extrait de la carte IGN au 1/25 000ème (Cesson-Sévigné-Liffré, 1218 est). X=313125 X=313125

X=313000 X=313000 TRANCHE 2 TRANCHE TRANCHE 1 TRANCHE

X=312875 X=312875

X=312750 X=312750

X=312625 X=312625

X=312500 X=312500

X=312375 X=312375

X=312250 X=312250

X=312125 TRANCHE 3 TRANCHE

Figure 2 : localisation des tranchées de sondage archéologique sur extrait cadastral récent de la commune de Domloup (Ille-et-Vilaine) visible au contact des parcelles AK 3 et AK 8. L’absence de construction sur le secteur permettra peu être de le préserver, voir de le réhabiliter en partie, en l’intégrant dans le projet paysagé de la ZAC du Tertre.

1.2.3. – Données géologiques

La carte géologique éditée par le BRGM montre que le sous-sol sur lequel se déroule l’opération est constitué essentiellement de schistes briovériens à alternances silto-wackeuses dures, formations anciennes datées du Protérozoïque terminal à paléozoïque basal (fig. 5). Ces niveaux plus ou moins altérés sont très localement recouverts de limons bruns clairs argileux à kaolinite (limon lœssique périglaciaire) d’une épaisseur pouvant aller jusqu’à 0,50 m. C’est dans ces niveaux qu’apparaissent plus ou moins nettement les structures fossoyées de l’ensemble 2. Ailleurs, le substratum est recouvert de formations anthropiques limono-argileuses à structure moyenne et drainante de couleur brune (altérites schisteuses). Elles sont épaisses de 0,15 m sur les schistes affleurant (extrémité sud du diagnostic) et de 0,70 m sur des secteurs plus fortement colluvionnés. Le niveau de terre végétale inclus dans cette couche est d’une épaisseur de 0,25 m. Des sondages profonds réalisés dans le fond d’un des talwegs ont montré une érosion importante des sols. En effet, jusqu’à 2,70 m de colluvions ont été relevés au contact de la tranchée 616. Le mobilier archéologique découvert au fond de cette tranchée (fragments de terre cuite essentiellement), ne permet pas de dater précisément la mise en place de ces dépôts (antique et/ou Moyen-Âge).

1.3 – Contexte archéologique environnant

Les diverses campagnes de prospections systématiques, terrestres et aériennes1, entreprises depuis plus de 20 ans sur le département de l’Ille-et-Vilaine, ont favorisé la détection de plusieurs centaines de sites archéologiques diachroniques (de la Préhistoire au Moyen Age). Fig. 1 Seul l’un d’entre eux est localisé au cœur de l’emprise du diagnostic (photo 1). Il s’agit d’un enclos circulaire à petit fossé situé au lieu-dit “Le Tertre” (site n°35 099 026). Les deux autres gisements découverts sont implantés en périphérie proche. L’un se trouve à moins de 50 mètres de l’emprise orientale de la ZAC (Hidouze I, site n° 35 207 001) et se matérialise par un épandage de tuiles gallo-romaines ( et ) L’autre (Hidouze II, n° 35 207 008) se situe 300 m plus à l’est, à l’emplacement d’un pôle de tennis. Un diagnostic préalable à sa construction2, avait permis d’identifier une série de trois enclos fossoyés arasés à la fonction et à la chronologie indéterminée.

1 LEROUX G., 1987 à 2004, programme de prospection inventaire du bassin oriental de la Vilaine qui touche le bassin de la Seiche. PROVOST A, PRIOL A., 1989 – , SRA de Bretagne, 1 volume. 2 AUBRY L., 2008 – rapport de diagnostic, 1 volume, Service Régional d’Archéologie de Bretagne, Rennes, inédit.

le Petit Beauchêne

0 50 100 500 m

Le Tertre

Figure 3 : localisation des tranchées de sondage archéologique sur fond cadastrale napoléonien (zone nord de la ZAC du Tertre). Le Tertre

la Petite Brejoterie

le Champ Blanc

la Haute Brejoterie

0 50 100 500 m

Figure 4 : localisation des tranchées de sondage archéologique sur fond cadastrale napoléonien (zone sud de la ZAC du Tertre). D’autres sites, plus éloignés, sont également répertoriés à la carte archéologique du SRA de Bretagne. La plupart d’entre eux correspond à des enclos plus au moins complexes datés de l’Age du Fer et/ou de l’époque gallo-romaine3.

Photo 1 : vue aérienne de l’enclos circulaire n°3 tel qu’il apparaissait lors de sa découverte en 1989. Auteur : Alain Provost

1.4 – Méthodologie et moyens mis en œuvre

L’investigation archéologique a nécessité 35 jours ouvrés à 2 personnes. La répartition de ces jours a été la suivante : 28 jours pour la réalisation des tranchées de sondage (tranche ferme) et 7 autres jours (tranche provision) afin de caractériser les sites archéologiques découverts. Notre objectif était de diagnostiquer une surface d’environ 36 ha. Les tranchées ont été entreprises à l’aide d’une pelle à chenilles de 22 t munie d’un godet lisse large de 3,00 mètres. Les sondages, d’une longueur moyenne de 17 m, ont été réalisés “en tireté” tous les 17 mètres environ. Une deuxième ligne de tranchées, espacée d’une douzaine de mètres a ensuite été disposée en quinconce. Nous avons ainsi réalisé 619 tranchées et/ou vignettes d’un total de 35 641 m² soit plus de 10 % de l’emprise totale sondée (fig. 2). Ce pourcentage est à notre avis un minimum afin d’apprécier et de couvrir rationnellement un terrain contenant des vestiges archéologiques. Les sondages ont consisté à retirer les niveaux de terre anthropiques jusqu'à l’apparition de structures conservées, repérables par simple contraste de couleur pour les vestiges excavés (trous de poteaux, fosses, fossés..).

3 PROVOST A., LEROUX, G., 1990 – , ), édition Académie des Inscriptions et Belles-lettres, Paris, 1990, 305 pages 0 250 m 1 km 2 km 1/25 000

Figure 5 : localisation de l'emprise du diagnostic "ZAC du Tertre" à Domloup (Ille-et-Vilaine) sur extrait de la carte géologique de Rennes (édition BRGM). En cas d’apparition d’indices probants (structures et/ou mobilier), des tranchées et/ou vignettes supplémentaires ont été systématiquement entreprises afin de caractériser et circonscrire les vestiges mis au jour. Pour des questions de temps, nous n’avons pu étudier qu’un échantillon de structure. Nos efforts se sont portés en priorité sur les ensembles funéraires et sur le réseau parcellaire fossoyé. A l’exception des enclos circulaires, les sondages des fossés ont été réalisés à l’aide d’une mini-pelle (3 t) tandis que les autres structures (fosses et trous de poteaux) ont été fouillées manuellement. Tous les vestiges sondés ont été relevés en plan et/ou en coupe à l’échelle 1/10ème ou 1/20ème. L’enregistrement des données de terrain a été entrepris sur des fiches simplifiées. Chaque tranchée et/ou vignette réalisée a reçu une numérotation de 1 à N. Par contre, seules les structures ayant fait état d’un descriptif et d’une fouille ont été répertoriées. Pour limiter les erreurs (répétition essentiellement), nous avons fait le choix de faire précéder chaque numéro de structure du numéro de tranchée et/ou vignette lui correspondant (ex : tr. 158, F. 1 donne F. 158.1). Le relevé général de l’emprise des tranchées a été réalisé par la cellule topographique de l'INRAP. L’enregistrement des données de terrain a été entrepris sur des fiches de tranchées et des fiches de Faits archéologiques. Une couverture photographique d’une partie des vestiges a été réalisée sur support numérique. Au terme de cette évaluation, l’ensemble des tranchées et vignettes a été rebouché comme il en était convenu dans la convention (Article 5-4).

2 – Présentation des données archéologiques

Sur les 354 517 m² de l’emprise da la ZAC du Tertre, nous avons réalisé 61 tranchées et/ou vignettes (fig. 2). Ce maillage nous a permis d’isoler un certain nombre de structures fossoyées occupant une fourchette chronologique assez large. Parmi celles-ci, ont été identifiés une concentration de mobilier datée du néolithique moyen (ensemble 1) ainsi que deux gisements protohistoriques à vocation funéraire probable (ensembles n°2 et 3). Les autres vestiges découverts (réseau de fossé parcellaire, caves de plantation), appartiennent pour l’essentiel, à une organisation du paysage beaucoup plus récente (périodes gallo-romaine et /ou moyen-âge ? moderne et contemporaine).

Le premier gisement (ensemble n°1), repéré au cœur de la tranchée 148, est matérialisé par une concentration de mobilier céramique et lithique. Le deuxième site (ensemble n°2) est en parti composé de deux petits enclos circulaires dont l’attribution chronologique reste délicate du fait de la rareté du mobilier. Les autres structures retrouvées sont pour une partie d’entres-elles plus récente : réseau fossoyé, trous de poteaux, foyer. Le dernier site (ensemble n°3) est quant à lui moins complexe. Il consiste en un unique enclos circulaire de taille plus importante que ceux de l’ensemble n°2. Malgré les tranchées complémentaires réalisées dans le cadre de l’évaluation, aucune autre structure de ce type n’a été retrouvée excepté quelques trous de poteaux périphériques. Signalons tout de même la découverte d’un petit dépôt de bracelets en bronze à 60 mètres plus à l’est.

2.1 – L’ensemble n°1

Ce gisement, découvert au contact de la tranchée 148 (fig. 2), est matérialisé par deux concentrations de mobilier apparues directement sous la couche de labour. La fouille manuelle, nous a permis de recueillir un lot homogène attribuable au néolithique moyen (d’après S. Blanchet, INRAP). Cet ensemble est composé de nombreux tessons de poterie associés à quelques éclats de silex et de pierres brûlées. Cette découverte, nous amène à soupçonner la présence d’une occupation de cette période plus conséquente sur l’emprise même du projet où en périphérie immédiate. La réalisation de tranchées complémentaires n’a néanmoins pas permis de valider cette hypothèse.

2.1.1 – Descriptions des vestiges archéologiques

2.1.1.1 – Deux pseudos fosses du néolliithique moyen (Faits 148.2 et 148.3)

Il ne s’agit pas à proprement parlé de structures mais plutôt de concentrations de mobilier très circonscrites en surface (moins de 2 m²). En effet, aucune limite de fosse n’a été réellement repérée malgré un nettoyage manuel de la zone. Le mobilier découvert est mélangé dans un niveau de limon brun clair riche en plaquettes de schiste épais de 0,15m qui, de par son aspect et sa couleur, se rapproche de l’altérite schisteuse sous-jacente.

2.1.2 – Descriptions du mobilier archéologiques (Stéphane blanchet)

2.1.2.1 – Les vases du néolliithique Moyen

Les éléments céramiques attribués au Néolithique comptent 80 tessons dont la plupart (76) viennent de la tranchée 148. Ces fragments de céramique se concentraient sur moins de 2m² et sur une épaisseur maximum de 15 cm. Les quatre tessons de céramique restant – qui par leur pâte semblent contemporains de l’ensemble principal – proviennent quant à eux du fait 148.3 présent dans la tranchée 148. Au moment de leur découverte, les tessons de céramique de l’ensemble principal étaient étroitement imbriqués. Malgré une fouille fine, aucun creusement n’a été observé. Un décapage périphérique n’a livré aucune structure complémentaire. Les tessons sont d’une grande homogénéité mais la présence de deux anses de types différents permet d’envisager l’existence d’au moins deux individus. Globalement, la qualité de conservation de la céramique est bonne. Sa surface est notamment bien préservée. Le taux de fracturation n’est pas très important puisque plusieurs tessons atteignent une dizaine de centimètres de côté. Les cassures sont parfois émoussées mais restent exploitable pour les collages. Après une longue séance de remontage, il est apparu que les recollages étaient assez peu nombreux. Dès l’origine du dépôt, il est possible qu’une partie des pièces étaient manquantes. Il est aussi très probable que, vu le faible recouvrement sédimentaire, les labours modernes ont entraîné la disparition d’une partie du matériel. La pâte est de couleur brun-orangé à brun-gris voire gris foncé. Soulignons, d’ailleurs, que des éléments brun-orangé s’assemblent avec des éléments gris foncé, ce qui indique que des tessons ont brûlé après fracturation (éclatement au feu ?). Les parois sont dans l’ensemble soigneusement régularisées ou lissées. Toutefois, la paroi extérieure présente une qualité de finition supérieure sans toutefois atteindre le polissage. Le dégraissant est fin, généralement inférieur à 1 mm, mais quelques éléments sont plus grossiers (jusqu’à 3 ou 4 mm). Une rapide observation à la loupe binoculaire indique qu’il s’agit de grains de quartz. La quasi-totalité des tessons correspondent à des fragments de panse. Leur observation détaillée ainsi que quelques éléments de forme et un décor nous permettent toutefois de caractériser l’ensemble. Majoritairement, les 70 fragments de panse sont peu épais 8 mm en moyenne. Des éléments un peu plus épais (12 mm) se rattachent probablement au fond des vases ou à des départs d’anse. Deux anses ont été mises au jour. Leur morphologie très différente signale la présence d’au moins deux vases. La plus grosse anse (photo 2) présente un faible ensellement médian et un orifice ovalaire (12 mm sur 10 mm). La seconde anse (photo 3) est de plus petite dimension et comporte une perforation très légèrement ovalaire. Un tesson présente également une grosse pastille à dépression centrale de 28 mm de diamètre (photo 4). Enfin, une perforation probablement liée à la technique des boutons au repoussé a été observée dans un micro- tesson. 2.1.2.2 – Conclusiion

Les remontages n’ont pas permis de retrouver la forme précise des céramiques. Les éléments mis au jour permettent malgré tout d’estimer et de restituer leur morphologie initiale. La partie basse des vases est apparemment en trois-quarts de sphère. Pour la partie haute, la présence de fragments de cols éversés à parois fine (5 mm) suggèrent des céramiques dont la forme générale serait en bouteille. Si l’on prend en compte les anses et la pastille à dépression centrale, une attribution au Néolithique moyen 1 et plus précisément à la sphère Cerny ou Chambon peut être proposée. Dans la mesure où ces deux entités présentent certaines caractéristiques communes et que le corpus reste très limité, il n’est pas possible d’être plus précis.

Photo 2 : anse à faible ensellement médian. Auteur : Hervé Paitier

Photo 3 : anse. Auteur : Hervé Paitier

Photo 4 : pastille à dépression centrale. Auteur : Hervé Paitier 2.2 – L’ensemble n°2

Tous les vestiges fossoyés ont été identifié sur les parcelles AK 8 et AK 12. Cet ensemble situé à une altitude moyenne de 66 m NGF (figures 2, 6 et 7), se développe sur la pente douce d’un versant (5 %) exposé à l’ouest. Cette situation topographique permet d’avoir une vue panoramique sur le vallon du Rimon sans pour autant être trop exposé au vent du nord et de l’est. Le site est également implanté en bordure septentrionale d’un talweg au relief marqué, orienté globalement est/ouest. Le sous sol dans lequel sont creusées les structures archéologiques est composé d’altérites schisteuses recouvertes, sur cette zone, d’un dépôt lœssique (fig. 5) d’une cinquantaine de centimètres d’épaisseur. Le niveau d’apparition des vestiges les plus anciens dans ce type de sol est délicat à percevoir. Il a fallu en effet décaper la totalité des lœss pour pouvoir distinguer le contour des structures. Cette difficulté de lecture s’est accentuée par l’absence d’humidité des sols compte tenu d’un début d’automne particulièrement sec. Au total, nous avons identifié une cinquantaine d’entités archéologiques : des enclos circulaires, un réseau fossoyé linéaire, des trous de poteaux et un foyer.

2.2.1 – Description des vestiges archéologiques

2.2.1.1 – L’enclos 1

Ce fossé décrit un cercle d’un diamètre maximal externe de 4,50 m (fig.6, photo 5). Les deux sondages réalisés vis a vis (sond. 1 et 2) ont permis d’observer son mauvais état de conservation. La forme et les dimensions du fossé sont assez irrégulières. Il est large de 0,60 m à 0,70 m pour une profondeur maximum de 0,12 m (photos 6 et 7). Cette mesure ne prend pas en compte le niveau de décapage qui atteint 0,50 m d’épaisseur. Les coupes réalisées montrent un profil ouvert avec un fond plus ou moins plat. Son remplissage unique est constitué de limon fin brun-gris meuble et très homogène. Des inclusions de tous petits charbons de bois et parfois de terre cuite sont visibles. Aucun fragment de céramique n’a été retrouvé dans les deux sondages. Un fossé rectiligne large de 0,50 m (F. 85.7) vient se greffer sur le côté occidentale de l’enclos (F. 85.6). La coupe réalisée à leur jonction (sond. 1) permet de penser que sa mise en place intervient une fois le fossé de l’enclos circulaire totalement remblayé (fig. 6, photo 6). Celui-ci est également recoupé à deux endroits par un fossé parcellaire large de 0,60 m (F. 85.2). Parallèle au précédent, son tracé scinde l’enclos par le milieu selon un axe nord/sud. Il faut souligner la découverte d’un fragment de céramique de facture protohistorique et d’un éclat de débitage en surface du fossé, au contact de l’intersection F. 85.2 et F. 85.6. Tranchée 85 – Fait 1, sondage 1

O E

1

7 2 Tranchée 85 – Fait 2, sondage 1 80 E O 1 1 sond. 1

6 sond. 2 Tranchée 85 – Fait 3, sondage 1 1 92 1 SN 1 8

1 3 5 Tranchée 85 – Fait 3, sondage 2 1 597 OE 614 1

9 1 : limon brun foncé, meuble et homogène 81 Tranchée 85 – Fait 4, sondage 1 2 : limon brun-gris, meuble et homogène inclusions terre cuite 4 OE # inclusions charbons de bois 1 1 sond. 1

Tranchée 85 – Faits 6-7, sondage 1 Tranchée 85 – Fait 14, sondage 1 NO SE NS

terre végétale terre végétale

88

85 lœss lœss 605 603 16 F7 F6 604 1 2 17 12 O F7 F6 E 1

602 Tranchée 85 – Fait 6, sondage 2 Tranchée 599 – Fait 1, sondage 1 O E OE

14 599 terre végétale terre végétale

1 89 lœss lœss 15 2 SE NO 2 1 612 NO SE 14 2

615 Tranchée 85 – Fait 7, sondage 1 Tranchée 92 – Fait 1, sondage 1 E O SN 1 1 0 5 10 50 m 74 Tranchée 85 – Fait 8, sondage 1 SN 0 10 50 cm 1 m 1 Figure 6 : plan et coupes d'une partie des structures fossoyées mises au jour au contact de l'ensemble 2. Photo 5 : vue générale de l’enclos circulaire n°1 (ensemble 2). Auteur : Laurent Aubry

Photo 6: vue en coupe de l’intersection du fossé de l’enclos n°1 (F. 85.6, sond. 1) et du fossé parcellaire (F. 85.7, sond. 1). Auteur : Laurent Aubry Photo 7: vue en coupe du profil du fossé de l’enclos circulaire n°1 (F. 85.6, sond.2). Auteur : Laurent Aubry

Photo 8 : vue générale des vestiges d’un foyer (F. 85.5) non daté que l’on a retrouvés en bordure de l’enclos circulaire n°1. Auteur : Laurent Aubry

Enceinte par le fossé F. 85.6, cette zone totalement décapée s’avère très érodée. Le nettoyage fin réalisé de toute sa surface (11,95 m²) n’a pas permis de repérer la moindre structure en creux ou dépôt. Cette absence peut néanmoins s’expliquer par la présence du fossé cité précédemment (F. 85.2). Sa situation, en plein milieu de la surface enclose (photo 5), peut avoir en effet détruit une fosse centrale, dépôt ou concentration de mobilier.

2.2.1.2 – L’enclos 2

Bien que cet enclos n’ait pas été totalement décapé, le diamètre maximal restitué du cercle est de 8 mètres (fig. 6). La largeur d’ouverture du fossé est régulière (F. 85.14 et 599.1) et atteint en moyenne 1 m. Une anomalie à néanmoins été perçue sur ce dernier, sur la partie orientale de l’enclos. Il s’agit d’une petite excroissance très limitée du fossé vers l’intérieur du cercle (fig.6, photo 9). Cette structure non sondée (F. 599.2) semble être contemporaine du creusement du fossé (F. 599.1) car leur comblement est strictement identique en surface. L’unique sondage réalisé dans le fossé circulaire (sond. 1, tr. 599, F. 599.1), nous indique une profondeur conservée de 0,25 m sous décapage. Le fossé aux bords évasés, est taillé dans l’altérite schisteuse. Son profil régulier en cuvette ne présente pas de surcreusement (fig. 6). Le comblement constitué essentiellement de limon argileux fin brun-gris homogène et meuble avec de rares inclusions de petits charbons de bois, semble avoir été rapide dans le temps. Aucun mobilier datant n’a été retrouvé dans/ou autour du sondage.

Cernée par le fossé F. 85. 14 et F. 599.1, l’aire centrale de l’enclos n°2 n’a pas été totalement décapée. Nous avons néanmoins put repérer une unique fosse en partie scellée par la berme orientale de la tranchée 85. Cette partie de structure (tr .85, F. 85.15), située exactement au centre du cercle, présente une forme plus ou moins circulaire d’une largeur maximale de 1 m (fig. 6). Le comblement supérieur de la fosse est composé de limon argileux brun clair, homogène. Après concertation avec le SRA de Bretagne, il a été décidé de n’entreprendre aucun sondage de reconnaissance dans cette structure.

a. Tranchée 591 – Faits 1 et 3 SO NE

23 terre végétale 20 1

22 2 F. 1 F. 3 19 2 1 16 17 3 1 15 14 18 13 5 10 3 9 4 11 b. Tranchée 591 – Fait 3 2 F. 3 234 8 7 SO NE 6 1 2 595

4 c. Tranchée 591 – Fait 3 SE NO 228

terre végétale

1

3

Tranchée 229 – Fait 1 NE SO

terre végétale 232 592 4 226 594 229 235 1

1

2 Tranchée 592 – Fait 2 NS

3 1

2 2 591 1 1 1 2 3 Tranchée 232 – Fait 1 3 NE 1

0 5 10 50 m Tranchée 595 – Fait 9 OE

terre végétale 1 : limon fin brun foncé, homogène et meuble 2 : limon brun-gris clair, plus hétérogène, compact Tranchée 595 – Fait 1 Tranchée 595 – Fait 2 Tranchée 595 – Fait 3 Tranchée 595 – Fait 4 3 : limon brun-orangé, hétérogène, compact 4 : limon argileux gris-brun lessivé, homogène et compact

NO SE OE 4 4 4 4 4 0 10 50 cm 1 m

Figure 7 : plan et coupes d'une partie des structures fossoyées mises au jour au contact de l'ensemble 2 (partie nord). Excroissance (F. 599.2)

Photo 9 : vue générale de l’enclos circulaire n°3 (ensemble 2). Auteur : Laurent Aubry

Photo 10 : vue partielle des trous de poteaux mis au jour dans la tranchée 595. Auteur : Laurent Aubry

2.2.1.3 – Les autres structures

Identifiée à moins de 4 mètres au sud-est de l’enclos 1 (fig. 6), cette structure subcirculaire mesure 1,10 m de large sur 1,30 m de longueur. Son fond est tapissé de petits blocs de schiste et de quartzite thermofractés liés avec du limon argileux brun- gris hétérogène (photo 8). Ce lit de pierres est directement assis à l’intérieur d’une légère excavation creusé dans l’altérite. Une observation ponctuelle montre une très légère rubéfaction du substratum sous les pierres. Ses caractéristiques, notamment son mode de construction, permettent de l’assimiler au vestige d’un foyer excavé. Aucun mobilier datant ne permet toutefois de l’associer aux structures archéologiques environnantes.

Une trentaine de structures de ce type ont été identifiées au contact et/ou en périphérie proche de l’ensemble 1 (tranchées n°85, 592, 595, 598, 600). Nous nous sommes surtout attachés à fouiller une concentration de trous de poteaux localisée dans la vignette 595 (fig. 7, photo 10). Les 20 entités répertoriées (Faits 595.1 à 595.11, Faits 595.13 à 595.18 et Faits 595.21 à 595.23) sont de plan plus ou moins circulaire. Leurs dimensions sont variables, néanmoins une forte proportion de ces trous de poteaux mesure entre 0,30 m et 0,40 m de diamètre. Les sondages réalisés sur 5 individus (faits 595.1 à 595.4 et 595.9) montrent des profils en cuvette conservés sur une profondeur maximum de 0,15 m. sous décapage (0,65 m de stérile). Leur comblement est composé de limon argileux gris-brun clair lessivé proche, de par sa texture et sa couleur, du terrain naturel. La faible emprise de la vignette 595 ne nous permet pas d’entrevoir le moindre plan de bâtiment cohérent même si des alignements de trous de poteaux sont perceptibles (Faits 595.1, 595.2, 595.4, 595.5 et 595.13).

Nous avons mis au jour de nombreuses sections de fossés parcellaires. Bien que l’observation du plan de masse nous permette de discerner de multiples orientations, la majorité de ces fossés forme un réseau orthogonal axé nord nord-est/sud sud-ouest et est-nord-est/ouest nord-ouest. L’ensemble laisse donc présager plusieurs phases d’aménagement dans l’organisation du paysage (fig. 2). Un certain nombre d’entre eux a été sondé mécaniquement afin d’en apprécier la puissance stratigraphique (fig. 6 et 7). La plupart des fossés ne dépassent pas les 0,30 m de profondeur et ce quelque soit leur gabarit. Leur largeur est très variable puisqu’elle va de 0,50 m pour le plus petit gabarit (tr. 85, F. 85.8) à près de 1,10 m pour les plus grand (tr. 92, F. 92.1). En général leur profil est en cuvette avec des parois plus ou moins évasées. Les remplissages rarement stratifiés sont composés de limon argileux fin brun ou brun-gris foncé. Le peu de mobilier recueilli (fragments de terre cuite, , lithique et tessons de céramique de facture protohistorique) rend difficile toute tentative de rapprochement chronologique entre les différents individus.

Photo 11 : vue montrant la façon dont apparaissent les fossés parcellaires repérés au contact de l’ensemble n°2. Auteur : Laurent Aubry

2.3 – L’ensemble n°3

Ce troisième site, est assis de part et d’autre des parcelles AA 9 et AA 10 à une altitude moyenne de 64 m NGF. Topographiquement, cet enclos circulaire est implanté sur un plateau en rebord de tête de talweg, marquée au nord-est du site, par une légère dépression (fig. 2). Cette amorce de vallon est partiellement occupée par une mare récente dont le niveau d’eau varie peu malgré l’absence de pluie. Ce bassin, situé hors de l’emprise du diagnostic, est donc probablement alimenté par une source. Le trop-plein est drainé par le talweg qui se déploie lentement vers le sud en direction de la vallée de l’Yaigne. Le sous-sol dans lequel est creusé le fossé de l’enclos, est constitué de schistes briovériens en plaquettes très peu altérés. Le repérage des structures a été facilité dans ce type de substrat rocheux. Les autres vestiges identifiés dans et autour de l’enclos circulaire sont des trous de poteaux et/ou fosses, des tronçons de fossés parcellaires ainsi que de très nombreuses caves à pommier récentes. Pour terminer, signalons la découverte en périphérie, d’un vase contenant plusieurs bracelets en bronze. Situé à moins de 60 mètres au nord/est de l’enclos, ce dépôt daté de la fin de l’âge du Bronze, apporte un intérêt supplémentaire à cette occupation.

2.3.1 – Descriptions des vestiges archéologiques

2.3.1.1 – L’enclos 3

Cette structure n’a pas totalement été décapée dans le cadre du diagnostic, néanmoins nous disposons de suffisamment d’élément pour définir la morphologie de cet enclos. Son fossé décrit un cercle parfait d’un diamètre maximal externe de 15 m (fig. 8, photo 12). Creusé dans la croute schisteuse, sa largeur varie selon l’état érosion des sols en place. Il est large de 0, 80 m au contact de la tranchée 202 (F. 202.1) et de 1,20 m dans la tranchée 589 (F. 589.1). Les deux sondages réalisés montrent un profil en U aux bords évasés, conservé sur une profondeur maximale de 0,50 m sous le décapage (sond. 2, F. 589.1). Le comblement rapide est composé de limon argileux brun-clair contenant de nombreuses plaquettes de schiste souvent concentrées à la base du remplissage (US 1, F.589.1 (photos 13 et 14). Ont également été identifiées de petites inclusions de terre cuite et de charbons de bois. Le seul tesson de céramique découvert dans le remplissage supérieur du fossé de l’enclos (tr. 174, Fait 174.2) est de facture gauloise et plus précisément du 1er âge du Fer. Ceci nous amène à penser que ce dernier était en voie de comblement à cette époque.

1 : limon brun clair + plaquettes de schiste 2 : limon brun foncé + plaquettes de schiste inclusions terre cuite # inclusions charbons de bois

Tranchée 589 – Fait 1

terre végétale

2 590 dépôt bracelets 110 590 109

1 497 583 491 584 586

Tranchée 202 – Fait 1

terre végétale

2

585 588

1

Tranchée 173 – Fait 14 N S 1

Tranchée 173 – Fait 11 589 N S 1 1 1

492

1 17 3 8 2 18 14 7 13 12 11 9 174 10

1 1 15 579 16

200 201

0 5 10 202 50 m

Figure 8 : plan et coupes d'une partie des structures fossoyées mises au jour au contact de l'ensemble 3. 0 10 50 cm 1 m

Enceinte par le fossé circulaire F. 174.1, 174.2, F. 201.1, F. 202.1, F. 588.1 et F. 589.1, cette zone de 143 m² environ, a été décapée sur à peine la moitié de sa surface. Celle-ci nous est apparue fortement érodée du fait de la faible épaisseur de la couverture végétale, environ 0, 30 m sur ce secteur. Deux structures excavées (F174.17 et F. 174.18) ont néanmoins été identifiées dans l’aire centrale. Leur situation, au centre de l’enclos, peut laisser penser que nous sommes en présence de vestiges contemporains (fig. 8). La plus grande des fosses (F. 174.17) n’est que partiellement dégagée car elle se prolonge sous la berme nord de la tranchée 174. La portion de fosse visible est de forme subcirculaire d’une largeur de 0,60 m. La seconde structure (F. 174.18) est globalement située au centre de la plate-forme. De plan circulaire, elle présente un diamètre moyen de 0,45 m. Le comblement supérieur de ces deux fosses est composé d’un mélange homogène de limon argileux brun clair et de plaquettes de schiste. De rares inclusions de charbons de bois sont perceptibles. Aucun indice mobilier n’a été retrouvé à leur contact. Comme pour les enclos précédents, il a été décidé en concertation avec le SRA de Bretagne de n’entreprendre aucun sondage. Il reste donc difficile à ce stade des recherches, d’extrapoler sur la nature chronologique et la fonction primitive de ces vestiges (incinérations, inhumations, trous de poteaux, autres).

2.3.1.2 – Les structures périphériques

Ils sont au nombre de 12, répartis en deux concentrations bien distinctes au contact de la tranchée 174 (fig.8). Le premier locus, composé de 3 entités (Faits 174.3, 174.7 et 174.8), se situe à 3 mètres à l’est de l’enclos n°3. Le second locus matérialisé par 9 trous de poteaux (Fait 174.9 à Fait 174.16), est localisé à 36 mètres à l’est. Leur diamètre varie de 0,30 m à 0,60 m pour une profondeur sous décapage de 0,08 m. Aucune organisation n’est perceptible à ce stade du diagnostic. L’absence de mobilier ne permet pas de leur attribuer une chronologie précise, donc de rattacher ces vestiges à l’enclos n°3.

Il est matérialisé par des tronçons de fossés orientés essentiellement est-ouest et nord-sud (fig. 8). Leur largeur, très irrégulière, varie de 0,30 m à 1,40 m. Ils sont pour la majorité d’entre eux associés à du parcellaire récemment arasé comme le montre le type de remplissage : limon argileux brun foncé avec de nombreuses racines.

Photo 12 : vue générale de l’enclos circulaire n°3 (ensemble 3). Auteur : Laurent Aubry

Photo 13 : vue en coupe du fossé de l’enclos circulaire n°3 (F. 202.1). Auteur : Laurent Aubry Photo 14 : vue en coupe du fossé de l’enclos circulaire n°3 (F. 589. 1). Auteur : Laurent Aubry

Photo 15 : vue de détail de ce qui restait du dépôt de bracelet en bronze au moment de sa découverte. Auteur : Laurent Aubry 2.3.1.3 – Un dépôt de bracelets en bronze

La réalisation de la tranchée de sondage n°497, a permis la découverte d’un lot de bracelets contenus dans un vase en terre cuite (fig. 8). Celui-ci, enfoui sous 0,55 m de stérile, à hélas été écrêté par la lame du godet de la pelle mécanique. La majorité des objets contenus dans la partie haute du vase a alors été dispersée dans les déblais avant d’être retrouvée à l’aide d’un détecteur de métaux. Par chance, aucun d’entre eux n’a subit de dommage important, si ce n’est quelques traces de frottement causées lors de leur brutale extraction. Nous n’avons par contre aucune idée de l’état de conservation du vase avant notre intervention. Nous ne saurons pas si le dépôt était complet ou déjà détérioré par les travaux agricoles. Concernant la céramique, sa pâte fine et très friable n’a pas résisté aux assauts du temps. En effet, aucun fragment n’a pu être retrouvé car probablement pulvérisé lors de l’impact avec le godet de la pelle. Le reste du vase a quand à lui été prélevé en motte afin d’être fouillé en laboratoire. Dans l’optique de mettre au jour d’autres dépôts similaires, nous avons réalisé des tranchées supplémentaires dans la parcelle, complétées par une exploration méthodique aux détecteurs des terrains périphériques. La mise en place de ce type de prospection sur le site de Marchesieux, Manche4, entre 1979 et 1981 et sur une surface de 2,5 ha, avait ainsi amené la découverte de six dépôts de haches inédits5. L’expérience menée à Domloup n’a elle, pas été concluante puisque aucun autre dépôt d’objet n’a été repéré. Cette absence de résultat peut s’expliquer par une profondeur d’enfouissement trop importante et/ou par une mauvaise conductivité des sols asséchés.

Celui-ci est situé au sud de la parcelle AA 8, à environ 60 mètres au nord/est de l’enclos n°3 (fig. 2). Topographiquement, le dépôt est implanté à une altitude de 64 m NGF sur un replat à la limite plateau/tête de talweg, à moins de 40 m d’une source située au sud-est et matérialisée par une mare.

Le nettoyage fin de la structure, ne montre plus aucune trace de creusement autour du dépôt (photo 15). La partie du vase conservée repose au fond d’une petite

4 VERRON G., 1989 – , Catalogue d’exposition, Paris, Galeries nationales du Grand Palais (27 sept.- 31 déc. 1989), Paris, RMN, 1989, cat. N°117, p. 211 TABBAGH A., VERRON G., 1983 – Bulletin de la société préhistorique française, 80 (1983), fasc. 10-12, p. 375-389 5 GHESQUIERE E., MARCIGNY C., VERNEY A., 2000 – . Archéologie préventive et aménagement du territoire (catalogue d’exposition), Saint-Lô, Archives départementales de la Manche, 2000, p. 30-37 dépression creusée dans l’altérite schisteuse. Celle-ci présente des inclusions d’oxydes de manganèse, témoins de fréquentes remontées et/ou stagnations d’eau.

2.3.2 – Descriptions du mobilier archéologiques (Stéphane Blanchet (INRAP, CReAAH UMR-6566)

2.3.2.1 – Etude préliminaire du dépôt de bracelets de type Bignan

Le dépôt métallique mis au jour est constitué de 7 bracelets en bronze contenus dans un vase. La partie supérieure de la céramique étant tronquée, nous ne savons pas si le dépôt est complet ou non. Dans la mesure où les bracelets sont relativement corrodés et fragiles (problème de desquamation), il a été décidé – suivant les recommandations du laboratoire Arc’Antique – d’intervenir au minimum sur les objets. Leur nettoyage s’est limité à un simple dépoussiérage avec une bombe aérosol et à un léger dégagement des deux anneaux conservés dans le vase. Dans l’attente d’une stabilisation, les différents éléments ont donc été préservés dans leur matrice limoneuse d’origine et ont été maintenus dans une pièce où les variations de température sont limitées. Malgré ces contraintes, une étude préliminaire de l’ensemble peut être proposée. Les décors ou encore le poids précis des bracelets n’ont pas été observés intégralement ou mesurés précisément. Leur étude se bornera ici à un simple descriptif, à une première estimation chronoculturelle et à la proposition de quelques comparaisons.

2.3.2.2 - Description succincte des bracelets et du vase

Les bracelets mis au jour sont tous déformés (torsions, écrasements) ou fracturés. D’après les premières observations, il ne s’agit pas de bracelets annulaires c’est-à-dire de bracelets directement coulés en forme. Ils ont probablement été coulés à plat de façon à produire des tiges qui ont ensuite été mises en forme par martelage. Il s’agit d’anneaux qui, à l’origine, étaient de forme elliptique. Les extrémités de la tige pouvaient être rapprochées au point de paraître jointives ou bien laisser un espace de quelques centimètres. Toutes les tiges sont massives mais sont plus ou moins minces. On note un rapport épaisseur/largeur compris entre 1/2 et 1/3.

Bracelet massif décoré de motifs géométriques incisés. Ils sont partiellement conservés. Section concavo-convexe (largeur : 24 mm, épaisseur : 10 mm). Les bourrelets présents aux extrémités sont peu développés. L’objet est complet. Cependant, une grande partie de sa surface initiale est érodée. Le bracelet a subi une torsion avant dépôt.

Bracelet décoré de motifs géométriques incisés ou poinçonnés. Ils sont partiellement conservés. Section concavo-convexe (largeur : 27 mm, épaisseur : 12 mm). Les bourrelets présents aux extrémités sont peu développés. La pièce est complète mais est fracturée en deux morceaux. Nous ne savons pas si la fracture est antérieure au dépôt. Le bracelet a également été déformé avant dépôt. Une grande partie de la surface initiale de la pièce est érodée.

Bracelet non décoré. Section plano-convexe (largeur : 11 mm, épaisseur : 5 mm). L’oxydation du bracelet est assez importante mais il est possible qu’il présente de légers bourrelets à ses extrémités. L’objet est complet mais est fracturé en quatre morceaux. Deux fragments conservent une belle patine de surface. Le bracelet a probablement subi une légère torsion avant son dépôt.

Bracelet non décoré. Section plano-convexe (largeur : 16 mm épaisseur : 5 mm). L’oxydation du bracelet est assez importante. La pièce, constituée de trois morceaux, est pratiquement complète. Cependant, les deux extrémités ne sont plus perceptibles.

Bracelet non décoré. Section plano-convexe (largeur : 11 mm, épaisseur : 6 mm). L’oxydation du bracelet est assez importante. Malgré tout, il comporte encore quelques plages de patine de surface (photo 23, en bas). L’objet est constitué de trois morceaux et ses extrémités ne sont pas perceptibles. Il a subi une légère torsion avant son dépôt.

Bracelet non décoré encore en place dans le vase. Section plano-convexe (largeur : 13 mm, épaisseur : 5 mm). L’oxydation du bracelet est assez importante. Malgré tout, il comporte encore quelques plages de patine de surface. Il a subi un écrasement et une légère torsion avant son dépôt.

Bracelet non décoré encore en place dans le vase. Section plano-convexe (largeur : 15 mm, épaisseur : 7 mm). Les extrémités sont légèrement évasées. L’oxydation du bracelet est assez importante. Malgré tout, il comporte encore quelques plages de patine de surface. Il a subi un écrasement et une légère torsion avant son dépôt.

Nous disposons de très peu d’informations sur le vase puisqu’il est encore conservé dans le bloc de limon prélevé sur le terrain. De plus, comme il a été tronqué, seule sa partie inférieure est conservée. En l’état, le diamètre conservé maximum est de 160 mm. La pâte, de couleur brun-orangé à gris, est relativement fine. Les parois du vase ne dépassent pas 5-6 mm d’épaisseur. Le fond étroit (85 mm) et l’inclinaison des parois suggèrent une céramique de forme basse et biconique. D’après nos observations, la troncature se situerait juste sous la rupture de panse. Le dégagement du vase nous permettra probablement d’obtenir quelques données complémentaires.

2.3.2.3 - Eléments de comparaison, datation et discussion

Deux types de bracelets ont été observés. Le premier comprend deux anneaux (n°1 et 2) à section concavo-convexe présentant des panneaux décorés de motifs géométriques et des bourrelets terminaux peu développés (Eluère et Gomez, 1990). Ces deux bracelets, qui constituent les deux plus gros objets du dépôt, semblent plutôt correspondre à des anneaux de cheville ou de bras. Le second type comprend des anneaux elliptiques à section plano-convexe sans décors apparents (photo 23) et de module globalement plus faible (bracelets n°3 à 7).

D’après leurs caractéristiques, les bracelets découverts à Domloup peuvent, d’emblée, être rapprochés des bracelets du type de Bignan qui ont notamment été définis par J. Briard (Briard, 1965). Les deux éléments de parure possédant les panneaux richement ornés de motifs géométriques sont très caractéristiques des bracelets de ce type (fig.9). De même, les sections plano-convexes ou encore la présence de bourrelets peu développés s’inscrivent très bien dans ces productions. L’association d’éléments décorés et non décorés ne pose aucun problème puisque plusieurs dépôts (Bignan, Chaumeré, Janzé ) présentent ce type d’assemblage.

Il faut souligner que la plupart des découvertes de bracelets remontent au XIXème siècle ou à la première moitié du XXème siècle. Quelques découvertes plus récentes sont quand même à signaler comme celle de Pléchatel dans les années 1960 (16 bracelets) ou encore celle d’Acigné en 1970 (2 bracelets). Généralement, on dispose de peu d’éléments sur les conditions de découvertes. Certaines, comme par exemple celle de Guipry, ont été effectuées sous des amas de blocs de pierre (sépulture ?). D’autres ont été réalisées lors de démontages de talus (Acigné). La présence de dépôt en vase semble rare mais n’est pas inédite puisque les bracelets découverts au XIXème siècle sur la commune voisine de Châteaugiron étaient contenus dans une céramique. Concernant la composition exacte des dépôts, les informations sont parfois peu précises. Quelques dépôts sont uniquement constitués de bracelets : Guipry, Janzé, Pléchatel, . D’autres, comme ceux de Bignan, Saint-Quay-Portrieux ou encore 2 3 1

4

5

6

7

8

9

10

0 5 10 cm

1-4 : Chauméré (Ille-et-Vilaine), 3-5 : Saint-Just (Ille-et-Vilaine), 6 : (Ille-et-Vilaine), 2-7 : Teillay (Ille-et-Vilaine), 8 : Janzé ((Ille-et-Vilaine), 9-10 : Acigné (Ille-et-Vilaine)

Figure 9 : Types de motif observés sur les bracelets de type de Bignan M A N C H E

Saint-Quay-Portrieux

Le Cloître

Gaël Acigné Domagné Châteaugiron Chauméré Janzé Moutiers Moëlan Bignan Guer La Guerche Guipry Pléchâtel Drouges Bain-de-Bretagne Saint-Just Teillay

O C É A N A T L A N T I Q U E

dépôt bracelet isolé

Figure 10 : carte de répartition des bracelets de type de Bignan (inventaire provisoire) Guer, offrent des associations avec des haches à talon. C’est d’ailleurs l’association fréquente de ces bracelets avec des haches à talon ou d’autres objets qui permet de les dater de la fin du Bronze moyen et/ou du début du Bronze final. J. Briard note que la répartition géographique des haches à talon et celle des bracelets incisés en Bretagne ne sont pas en discordance et confirmerait une certaine parenté (Briard, 1965).

Si le site éponyme du type de Bignan – dont le nom vient d’un dépôt découvert en 1921 à Kéran sur la commune de Bignan – se situe dans le Morbihan, il semble bien que la zone de production de ce type de bracelet se trouve dans la haute vallée de Vilaine et la vallée de la Seiche. Si l’on se réfère à la carte de répartition des dépôts (fig.10), c’est effectivement dans cette région que le nombre de découverte est le plus important.

2.3.2.4 - Conclusion

Comme nous l’avons déjà souligné, la plupart des découvertes de bracelets du type de Bignan sont anciennes et mal renseignées. Nous manquons notamment d’informations sur les conditions initiales de dépôt. Même des découvertes récentes, comme celle d’Acigné en 1970, sont assez imprécises. On sait que les bracelets se trouvaient sous un talus. Ils reposaient apparemment en pleine terre, l’un posé à plat, l’autre, le plus petit, emboité perpendiculairement dans le premier. En revanche, on ne possède aucune donnée sur leur environnement immédiat (Briard et ., 1977). Les bracelets (photo 25) mis au jour dans le cadre du diagnostic effectué à Domloup sont particulièrement intéressants puisque leur contexte de découverte peut, potentiellement, être étudié. Si, par analogie avec d’autres ensembles (Bignan, Guer, Domagné, Guipry ), l’on considère que les bracelets succinctement présentés ici se rattachent bien à la fin du Bronze moyen et au début du Bronze final (très grossièrement entre 1400 et 1200 avant J.-C.), les cercles mis au jour à proximité ne seraient pas contemporains. En effet, d’après les quelques éléments céramiques découverts dans leur comblement, ils se rattacheraient plutôt au premier âge du Fer. Cela dit, l’hypothèse d’une contemporanéité entre les cercles et les bracelets ne peut encore être totalement exclue et doit être vérifiée. La découverte de ces bracelets pose de nombreuses questions notamment sur la nature du site. La présence de cercles très probablement funéraires, d’un dépôt d’objets en bronze sur un même lieu est-elle totalement fortuite ou bien marque t’elle un vaste espace rituel et/ou funéraire ? La topographie du lieu (tête de talweg et vue dominante) ou encore la présence d’une source apparemment pérenne pourrait conforter cette hypothèse. Les bracelets eux même soulèvent également des questions. Par exemple, comment peut-on interpréter leur déformation (torsion, écrasement) voire leur fracturation avant leur dépôt ? S’agit- il de bris, de déformations volontaires ou de rituels à l’instar de ce que l’on observe sur les épées du Bronze final ? S’agit-il d’un dépôt de fondeur ? Faute d’éléments complémentaires, ces questions ne peuvent être tranchées. Dans l’immédiat, les bracelets vont être nettoyés et stabilisés de façon à approfondir leur étude.

Eléments de bibliographie :

Briard, J., (1965) – Les dépôts bretons et l’âge du Bronze atlantique. Trav. Labo. Anthropologie Rennes, 352 p.

Briard, J., Onnée, O., Veillard, J.-Y., (1977) – L’âge du Bronze au musée de Bretagne. Musée de Rennes, 170 p.

Eluère, C., Gomez, J., (1990) – Typologie des objets de l’âge du Bronze en . Fascicule VII Bracelets, colliers, boucles. Société Préhistorique Française, Paris, p. 41.

Photo 16: bracelet n°1. L’anneau a subi une torsion. Auteur : Hervé Paitier

Photo 17 : décor conservé sur le bracelet n°1. L’extrémité du bracelet présente un léger bourrelet. Auteur : Hervé Paitier

Photo 18 : décor conservé sur le bracelet n°1. Auteur : Hervé Paitier

Photo 19 : décor conservé sur le bracelet n°1. Auteur : Hervé Paitier

Photo 20 : un des fragments du bracelet n°2. Auteur : Hervé Paitier

Photo 21: détail d’un décor poinçonné et incisé sur une des extrémités du bracelet n°2. Auteur : Hervé Paitier

Photo 22 : détail des décors conservés sur le deuxième fragment du bracelet n°2. Auteur : Hervé Paitier Photo 23 : fragments de bracelets non décorés. Certains éléments (en bas) comportent encore une très belle patine de surface. Auteur : Hervé Paitier

Photo 24 : bracelets n°6 (premier plan) et n°7 (second plan) encore en place dans le vase. Auteur : Hervé Paitier Photo 25: restitution hypothétique du dépôt. Auteur : Hervé Paitier

Cette intervention archéologique entreprise sur la commune de Domloup (Ille-et- Vilaine), résulte d’un projet de ZAC qui se développera à terme sur une superficie de 55 ha. Les deux premières tranches du diagnostic (près de 36 ha), ont été réalisées par l’INRAP du 14/09/2009 au 06/11/2009.

Le maillage resserré des tranchées de sondage, environ 10 % de la surface totale, montre une très faible occupation humaine de ce terroir depuis la préhistoire. En effet, seuls trois ensembles protohistoriques ont été identifiés. Les autres vestiges mis au jour, parcellaires essentiellement, sont particulièrement difficiles à caractériser. Ils semblent appartenir à un aménagement du paysage plus récent, à mettre en relation avec un indice de site gallo-romain et/ou haut Moyen-Age localisé près du lieu-dit « Hidouze ». L’occupation la plus ancienne (ensemble n°1), est matérialisée par deux concentrations de mobilier (céramique et lithique) attribuées au néolithique moyen et plus précisément des cultures Cerny ou Chambon. Malgré la multiplication des tranchées de sondage, aucun autre vestige n’a été identifié en périphérie. Ceci peut s’expliquer par un arasement important du site dû principalement à l’érosion des sols par l’intense activité agricole. Au terme de ce diagnostic, il nous est donc difficile de nous prononcer sur la suite à donner à cette découverte compte tenu de l’absence totale de structure associée à ce locus. Les autres ensembles (n°2 et n°3), répartis sur deux secteurs géographiques, sont matérialisés par trois enclos circulaires à vocation funéraire. Malgré un niveau d’arasement important des vestiges, en particulier pour les enclos 1 et 2, la fouille d’un tel ensemble constituerait une réelle opportunité. En effet, tant pour préciser sa datation et sa fonction que pour mieux percevoir l’organisation des autres structures qui lui sont associés, une étude approfondie de ces deux ensembles s’avère nécessaire. Ce serait également l’occasion de mieux appréhender les pratiques funéraires des populations protohistoriques qui ont érigé ces édifices. De ce fait, il serait intéressant d’établir, s’il existe, le lien chronologique entre les différents enclos circulaires reconnus au diagnostic. De plus, un décapage exhaustif permettrait peut-être de mettre au jour d’autre structures funéraires, qui par leur faibles dimensions, nous ont échappées. Enfin, concernant la découverte des bracelets en bronze, il nous parait essentiel de vérifier s’il existe d’autres dépôts enfouis en périphérie de l’enclos n°3 et par la même occasion d’établir leur relation avec ce dernier. Pour terminer, nous voudrions insister sur le caractère inédit des ensembles funéraires mis au jour sur la commune de Domloup. En effet, malgré qu’un certain nombre de sites semblables ait été répertorié sur le département d’Ille-et-Vilaine6 dans le cadre de prospection aérienne, comme par exemple la nécropole protohistorique

6 LEROUX G., 1987 à 2004, programme de prospection inventaire du bassin oriental de la Vilaine qui touche le bassin de la Seiche. repérée en 1987 au « Chêne Day » sur la commune de Bruz7, très peu d’entre eux ont à ce jour été étudiés. A notre connaissance, seul le site de « La Montagne » à (Ille-et-Vilaine) a fait l’objet de fouilles partielles (Jean-Claude Meuret, 2006)8

7 Prospection de Maurice Gautier (archéologue amateur). Cette nécropole protohistorique, est composée de trois enclos circulaires et d’une structure quadrangulaire. 8 MEURET, J.-C., avec la collaboration de CHEREL, A.-F., 2006 – Visseiche « La Montagne » (Ille-et-Vilaine), Rapport de fouille programmée annuelle, 1 volume, Service Régional d’Archéologie de Bretagne, Rennes, inédit.

ANNEXE 1