Portrait De Lanaudière Christian Morissonneau
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Document generated on 09/25/2021 9:46 p.m. Histoire Québec Portrait de Lanaudière Christian Morissonneau Réflexion en provenance de LANAUDIÈRE : les Québécois sont-ils des Acadiens ? Volume 20, Number 1, 2014 URI: https://id.erudit.org/iderudit/71734ac See table of contents Publisher(s) Les Éditions Histoire Québec La Fédération Histoire Québec ISSN 1201-4710 (print) 1923-2101 (digital) Explore this journal Cite this article Morissonneau, C. (2014). Portrait de Lanaudière. Histoire Québec, 20(1), 9–11. Tous droits réservés © Les Éditions Histoire Québec, 2014 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Portrait de Lanaudière par Christian Morissonneau, historien et géographe Christian Morissonneau, historien et géographe, enseigne à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il s’implique depuis longtemps dans la vie publique locale et régionale, ayant été entre autres président du Conseil régional de la culture, admi- nistrateur à la Conférence régionale des élus et élues (CRÉ) de Lanaudière et conseiller municipal de Saint-Zénon durant deux mandats. Parmi ses publications et collaborations qui portent sur ses champs d’études, soit le Nord, l’Amérique française et les régions du Québec, on retrouve : La terre promise. Le mythe du Nord québécois, Montréal, HMH Hurtubise, 1978; Filles du fl euve. Les îles de Berthier et de Sorel, Montréal, Hurtubise, 2002; et Le rêve américain de Champlain, Montréal, Hurtubise, 2009. Ce portrait est une esquisse. Le des petits pays : Berthier et ses îles Les premiers arrivés sont évidem- terri toire régional présente un (les Filles du fl euve), Brandon (le ment les Amérindiens dans la micro cosme du Québec auquel ne lac Maskinongé et ses alentours), vallée laurentienne. On a retrouvé manquent que l’océan Atlantique la Mata winie (de Sainte-Émélie-de- des artefacts de chasseurs-cueilleurs et les Appalaches. On distingue, du l’Énergie à Manawan), Terrebonne, datés de 2000 avant J.-C., à Saint- sud au nord, le fl euve SaintLaurent L’Assomption, la Nouvelle-Acadie Sulpice. et les basses terres, le plateau lauren- (le pays acadien); les environs de tidien et, entre ces grandes unités Joliette auraient pu porter le nom Les Iroquoiens cultivent dans des physiographiques, le piémont. Les de « pays du tabac ». Cette aire de villages dès les environs de 1000 cours d’eau ont leur importance : 12 313 km (une des plus faibles avant J.-C. Jusqu’à leur disparition, la rivière L’Assomption, véritable superfi cies régio nales québécoises) au milieu du XVIIe siècle, explicable colonne vertébrale qui serpente du est habitée, au début des années par les confl its avec ceux qui sont nord au sud, d’au-delà de Saint- 2010, par plus de 450 000 personnes, entrés dans le système d’échanges Côme jusqu’à Charlemagne, et dans six MRC à la taille et à la avec les Européens, ils demeurent quelques autres rivières (Noire, démographie variées : la Matawinie le long du Saint-Laurent (vestiges Ouareau, L’Achigan, Mastigouche, occupe 80 % du territoire, avec ses d’une maison longue du XIVe siècle, Bayonne). Au nord, la Matawinie, 10 846 km et environ 40 000 habi- à Lanoraie). Les Atikameks vivent le « toit de Lanaudière », semble tants, alors que les deux MRC au actuellement à Manawan, à l’extré- un château d’eau, par le nombre de sud (L’Assomption et des Moulins), mité nord de la région; les deux rivières qui y naissent et arrosent les avec 4 % du territoire, totalisent plus autres villages de la nation atikamek bassins versants de l’Outaouais et de la moitié de la population régio- sont situés en Haute- Mauricie. du Saint-Maurice. nale (explosion démographique de 57 % entre 1981 et 2001, soit le record Les zones de végétation se répar- québécois avec les villes de Terre- tissent selon un gradient latitudinal. bonne et de Repentigny). Elles ont des saisons diff érentes de croissance des végétaux et, ce qui a encore plus d’impact sur l’agri- culture, soit une grande variation de la période sans gel, qui va de 166 jours dans la première zone, la plus « chaude » au Québec, de Terrebonne à Berthierville, jusqu’à une centaine de jours à Saint-Zénon ou à Saint-Donat; ces zones passent d’une température moyenne de 5 à 7° C et de 1 à 2,5° C. On devine les conséquences dans des domaines comme la foresterie, le tourisme, l’entretien des routes. Lanaudière présente ainsi une mosaïque de paysages où se sont construits, dans le rapport des humains à la Un segment du chemin du Roy originel (environs de Berthier). nature, ce que l’on peut appeler Le chenal Nord, un des chenaux des îles est situé du côté gauche. HISTOIRE QUÉBEC VOLUME 20 NUMÉRO 1 - PAGE 9 À la fi n du même siècle, les Iroquois, un vrai petit pays qu’on appelle des activités industrielles existent en en guerre continue contre les Hurons, la Nouvelle-Acadie. On doit d’ail- 1831, avec Berthier en tête, suivi de les Algonquins et les Montagnais, leurs aux artisanes acadiennes de L’Assomption et de Terrebonne, sans contrôlent la voie fl uviale. En 1610, Saint-Jacques-de-l’Achigan et des oublier le « Grand SaintJacques », Champlain réussira, lors d’une ren- environs, « l’invention », à la fi n du au cœur de la Nouvelle-Acadie, contre commerciale et diplomatique XVIIIe siècle, d’une variation, dans et Sainte-Élisabeth, où habiteront au cap de Victoire, à l’île Saint- la confection d’une pièce de tex- jusqu’à 5 000 personnes. Un village, Ignace, une alliance franco-amérin- tile tressée aux doigts, qui fonde la né dans les années 1820 sous le nom dienne durable face aux Iroquois1. technique du fl éché et le fameux de L’Industrie, se développe avec Les Iroquois ralentissent l’établisse- motif dit « à éclair et fl amme ». Elle une scierie et un manoir seigneurial ment par des raids fréquents jusqu’à est si emblématique du patrimoine au bord de la rivière L’Assomption. la fi n duXVII e siècle (à Lachenaie, il y lanaudois qu’elle a été choisie Le village à vocation industrielle a aura 30 habitants tués en novembre comme symbole régional. Le été fondé par le notaire et homme 1689). deuxième apport migratoire est d’aff aires Barthélemy Joliette : il celui des groupes anglais, écossais portera son nom en 1864. Les nouveaux arrivants français et surtout irlandais, dispersés un s’établissent dans les seigneuries peu partout, mais plus denses dans Dans les années 1860, la conquête concédées le long du fl euve et des le canton de Rawdon, où ces établis- des « terres neuves », avec son rêve affl uents. Certaines sont parmi les sements se développeront sans con- de développement, se fait avec l’œu- premières de la vallée du Saint- fl it avec les Canadiens français. Les vre des leaders (Provost et Brassard) Laurent : D’Autray (1637), Saint- migrants portaient et ont transmis et des pionniers défricheurs de la Sulpice (1640), Repentigny (1647); leur patrimoine. Lanaudière, haut colonisation; la Matawinie est le pre- les dernières se situent dans le lieu reconnu de la musique tradi- mier lieu du Nord proclamé comme piémont : Ramezay (1736) et tionnelle, leur doit beaucoup. Des tel et vu comme une terre promise, D’Aille boust (1737). Le chemin du gens de l’Europe de l’Est (Russie, avant les projets du curé Labelle2. Roy qui les lie à Québec et Montréal Ukraine, Pologne) s’installent dans est ouvert en 1737. Son tracé est ce même endroit dans les années Une ville diocésaine et la première devenu patrimonial et touristique. 1930. région Ajoutons deux apports migratoires Les autorités britanniques décou- À la fi n du XIXe siècle, la ville de qui ont marqué la géohistoire lanau- pent, à partir des années 1790, la Joliette se démarque indiscuta- doise : les Acadiens qui s’installent zone au nord des seigneuries, en blement. La jeune agglomération à L’Assomption et dans les envi- townships, ou cantons, du canton de connaît une importante croissance rons en 1766, après leur départ des Rawdon à celui de Brassard, procla- démographique et économique États-Unis, et qui signalent leur més en 1799 et 1868. Une vingtaine dans un espace rural et agricole héritage et leur appartenance dans de bourgs et gros villages qui ont ponctué de villages. « Les activités indus trielles et commerciales, la population, la vie de relation, son rayonnement expliquent la réussite joliettaine. » Notons l’apport inesti mable, depuis 1847, des Clercs de Saint-Viateur3 . Joliette obtient, en 1904, le siège du diocèse depuis longtemps projeté et convoité aussi par L’Assomption. L’évêché, à Joliette, non seulement donne du prestige à la ville, mais dessine la première régionalisa- tion avec un nom. Jusque dans les années 1970, on désignera le terri- toire diocésain, de Saint-Michel-des- Saints à Berthier, comme « la région de Joliette ». Ce territoire se donne une première conscience identitaire. L’Assomption et Terrebonne se divi- Le pays de Brandon (le lac Maskinongé est en arrière-plan). sent entre les évêchés de Montréal et PAGE 10 - HISTOIRE QUÉBEC VOLUME 20 NUMÉRO 1 de Saint-Jérôme. Cinquante ans plus Les leaders régionaux, après la Une histoire à suivre : ainsi la cou- tôt, Joliette était devenue le point création, en 1982, de six MRC, en ronne Nord, qui inclut les deux nodal d’un réseau villageois.