L’histoire du sel en Pays du Sânon

Après la guerre de 1870, le département de la Moselle et une partie du département de la Meurthe ont été annexés par l'Allemagne alors qu'un canal reliant la Marne au Rhin venait d'être créé. Les industriels du sel sont alors venus s'installer dans la vallée du Sânon entre Einville-au-Jard et Crévic. Deux salines ont donc été ouvertes à Einville- au-Jard, une à et une à Crévic. Celle de existait déjà depuis 1858.

Principales raisons de cette implantation : - La situation au-dessus de la "veine" de sel gemme en sous-sol entre 150 et 230 mètres

de profondeur - La proximité du canal construit en 1853 permettant d'évacuer la production de sel et d'approvisionner tout le matériel nécessaire dont principalement le de chauffage (la houille) servant au chauffage sous les

"poêles" à sel.

Celles-ci étaient utilisées pour l'évaporation de l'eau provenant de la saumure extraite du sol par dissolution du sel en profondeur. Parmi ces salines, celle dénommée « Saint- Laurent » allait extraire directement en sous-sol le sel gemme en morceau dans une mine à 127 mètres de profondeur.

A Einville-au-Jard… La saline Saint-Laurent La saline Saint-Laurent a été démolie dans les années 1960, il ne reste que le chevalement du puits de mine et son ascenseur à deux cages, vestige de cette période d'exploitation passée. Cette mine de sel avec son puits et ses 6 km de galeries souterraines est toujours existante, mais son exploitation a

été abandonnée.

Actuellement, c'est la Compagnie des Salins du Midi et Salines de l’Est qui assure son entretien et sa surveillance. La mine a été exploitée depuis 1887 par galeries de 10 m de largeur par 4,50 mètres.

La saline Sainte-Marie La Saline d'Einville dite saline « Sainte-Marie » est encore en activité. Située à l'entrée du bourg, elle est précédée d'un sondage, plutôt chevalement, reconstruit à l'identique. Les premiers sondages étaient situés à cet endroit, aujourd'hui ils sont implantés à la lisière de la forêt et dépassent à peine du sol.

Cette saline a commencé à fonctionner en 1871 à partir de la concession « La Sablonnière ». Elle est située sur les territoires d'Einville-au-Jard, Maixe et Serres. Le sel est extrait par dissolution au contact d'une nappe d'eau douce d'une grande pureté, régulièrement et rigoureusement contrôlée. Autrefois, l'eau salée était chauffée dans des poêles, les bassins de décantation étaient appelés baissoirs. L'enlèvement du sel dans les poêles se faisait à l'aide de pelles trouées appelées râbles puis volants. Le nombre maximum de saliniers fut atteint vers 1950 soit 90 personnes. Une trentaine de femmes conditionnaient le sel sec. Les hommes, quant à eux, étaient répartis en trois groupes : les tireurs de sel, les équipes de chargement, les équipes d'entretien. Le canal faisait partie intégrante de l'entreprise. La saline Ste Marie et la saline St Laurent ont permis à la localité d'Einville d'échapper à l'exode rural de la fin du XIXe siècle et a assuré sa prospérité.

La seule saline "artisanale" extrayant du sel à partir du sel gemme, encore en activité en se trouve à Einville-au-Jard. Elle est reconnue pour son sel à l’ancienne et ses "pétales" de sel.

Pour des questions d'hygiène et de sécurité la saline d'Einville actuellement en exploitation et l'ancienne mine de sel ne sont pas visitables.

La saline de Maixe Deux concessions d’une surface de 568 ha sont attribuées à la Société des salines de Maixe en 1881 et en 1882, trois sondages seront forés et abrités par des chevalements briquetés, contrairement aux usages de l’époque qui les construisaient en bois, ils alimentaient 4 bassins de décantation de 100 m3. La saline de Maixe est construite en 1881 à la limite des territoires de Maixe et Crévic (lieu- dit" Les Blanches Terres ") par l’Entreprise Bichaton de Nancy.

Elle va fonctionner avec six poêles pour le gros sel, mais les fondateurs avaient surtout en vue l'exploitation des brevets Piccard employés aux salines de Bex dès 1867 pour le salinage des sels raffinés par thermo compression). En 1885, l’appareil produit 4000 t/an de sel raffiné pour un prix de revient très compétitif, le sel "Fin- Fin" d'ébullition sera primé en 1889, on atteint 7000 t/an en 1910, mais dès 1930 les ventes s'écroulent, on ne fonctionne plus qu'à deux poêles. En 1963, une vingtaine de saliniers travaillent toujours à la saline qui fusionnera avec la Société Salinière de l'Est, elle cessera toute activité en 1966, ses bâtiments et sa cheminée seront démolis dans les années 1970, il ne restera plus à cet endroit que des maisons particulières.

La saline de Crévic La saline de Crévic a été fondée en 1873, fermée en 1934 et détruite en 1957. La saline était située sur le territoire de Sommerviller, seul le sondage était sur Crévic. Elle était petite (18 ouvriers polyvalents), et située presque en face de celle de Sommerviller, le canal les séparant. Il n'y a jamais eu d'électricité dans cette saline, certainement la plus petite de Lorraine. Faute de modernisation, elle a fermé la première. Cette saline avait un surnom… « Jeannette », nom de la petite fille du patron.

Si vous aimez l'histoire du patrimoine salin, vous pouvez consulter le site de l'Association Tous en Sel http://associationtousensel.blogspot.fr/