Commune d’ERMENONVILLE-la-GRANDE

Enquête publique relative à la demande d’autorisation unique pour l’installation d’un parc éolien par la société EDPR Holding en vue de l’exploitation de six éoliennes sur le territoire de la commune.

Conclusions motivées du commissaire enquêteur.

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Table des matières Le projet soumis à l’enquête...... 3 Le cadre de l’enquête de demande d’autorisation unique...... 3 Déroulement de l’enquête ...... 4 Concertation préalable - Gouvernance du projet ...... 4 Analyse du commissaire enquêteur sur les impacts du projet...... 5 Une énergie propre et renouvelable ...... 5 Un intérêt économique certain ...... 5 L’impact sur la valeur des biens immobiliers...... 5 L’impact sonore...... 8 L’impact cumulé sur les milieux naturels ...... 11 L’impact sur les chiroptères ...... 11 L’impact sur le paysage rapproché ...... 11 L’impact sur le patrimoine du paysage rapprochée - Meslay-le Grenet...... 15 L’impact sur la cathédrale de ...... 16 Conclusions et avis du commissaire enquêteur...... 18

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Le projet soumis à l’enquête.

La société EDPR France Holding (nommée ci-après EDPR) a déposé le 12 décembre 2016, une demande d’autorisation unique pour l’installation d’un parc dit des «Champs Tors » composé de six éoliennes (repérée WT1 à WT6) d’une puissance unitaire de 2 000 kW (2MW). Les éoliennes proposées sont de marque Vesta, d’une hauteur totale de 145 m, soit 95 m au noyeu. La longueur des pales est de 49 m. Les raccordements électriques seront enfouis, ils nécessitent l’installation d’un poste source HTA (PDL poste de livraison) Le plan, ci-dessous, situe géographiquement le projet et l’implantation des installations, en limite de la commune de Sandarville, sur la commune d’Ermenonville-le-Grande.

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Au total 16 parcelles sont impactées par le survol ou l’implantation de ce projet, toutes situées sur la commune d’Ermenonville-la-Grande.

Le cadre de l’enquête de demande d’autorisation unique.

De manière générale, l'enquête publique a pour objet d'assurer l'information et la participation du public ainsi que la prise en compte des intérêts des tiers lors de l'élaboration des décisions susceptibles d'affecter l'environnement. Les observations et propositions parvenues pendant le délai de l'enquête sont prises en considération par le maître d'ouvrage et par l'autorité compétente pour prendre la décision. A l’issue de l’enquête le commissaire enquêteur émet un avis motivé sur le projet.

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La présente enquête publique entre dans le cadre de la délivrance d'un « permis unique » réunissant l'ensemble des autorisations nécessaires à la réalisation du projet soumis à autorisation au titre de la législation relative aux ICPE. L'autorisation unique rassemble ainsi, outre l'autorisation ICPE elle-même, le permis de construire et l'autorisation au titre du code de l'énergie. La réglementation a évolué en 2017. L’ordonnance et les décrets du 26 janvier 2017 ont créé nouveau régime de l’autorisation environnementale unique. Les éoliennes sont particulièrement concernées puisqu’elles sont dispensées de permis de construire (nouvel article R. 425-29-2 du code de l’urbanisme). De ce fait, les présentes conclusions se focalisent sur les prescriptions du code de l’environnement.

Déroulement de l’enquête

La procédure s’est déroulée conformément aux dispositions de l’arrêté préfectoral du 2 août 2017. L’affichage réglementaire, les permanences, se sont déroulés dans les meilleures conditions possibles. La mise en œuvre d’un registre électronique dédié à l’enquête a permis une bonne information du public comme l’atteste le nombre de visiteurs et le nombre de téléchargements de pièces du dossier. Il a aussi permis de recueillir des observations dont certaines particulièrement argumentées Outre, l’information réglementaire, le maire de la commune d’Ermenonville-la-grande a adressé aux habitants de la commune une lettre les informant de la tenue de la présente enquête, il a également signalé sur le site internet de la commune les dates et heures des permanences et a envoyé 250 lettres à des habitants particulièrement concernés par les nuisances sonores.

Concertation préalable - Gouvernance du projet

Il faut noter que les conseils municipaux des trois communes les plus proches : Ermenonville- la-Grande, Sandarville, Meslay-le-Grenet ont tous trois délibérés contre le projet évoquant l’impact visuel lié à l’encerclement des villages par les éoliennes construites, autorisées, ou en projet. La mairie de Sandarville évoque également l’impact sonore du projet. Les oppositions répétées émises par la commune d’Ermenonville-la-Grande, de Sandarville et de la communauté de communes des pays du Combray sont constantes. Le maire d’Ermenonville-la-Grande a joint au registre d’enquête un certain nombre de courriers en ce sens. L’historique du projet (page 14 de l’étude d’impact) ne les mentionne pas, ce qui interpelle.

Dès lors on peut se demander si le pétitionnaire a vraiment voulu concerter ou si le pétitionnaire a voulu inexorablement poursuivre son projet à partir de l’autorisation obtenue de la part des propriétaires et des exploitants.

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Cette impossibilité de dialogue constructif avec les élus est certainement à l’origine d’une absence d’informations des riverains concernés par le projet. L’absence d’une telle information du public est en contradiction avec les engagements exprimés dans la charte éthique de 2013 adoptée par l’association France Énergie Éolienne, dont la société EDPR est adhérente. En règle générale une charte éthique n’est pas opposable, cependant cette charte éthique répond à un besoin réel.

Analyse du commissaire enquêteur sur les impacts du projet.

Une énergie propre et renouvelable

Le présent projet s’inscrit pleinement dans la « Loi de la transition énergétique pour la croissance verte » promulguée le 18 août 2015. Celle-ci prévoit de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la consommation énergétique finale. Pour cela, elle prévoit, entre autres, de porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2002, et à 32 % en 2030 et de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025. Il faut noter que, très majoritairement, les observations reconnaissent ses objectifs et admettent que l’éolien contribue à leurs atteintes, même si des divergences apparaissent lorsqu’il s’agit du présent projet.

Un intérêt économique certain

Le projet, comme il est dit dans l’étude d’impact, permet la création d’emplois, en particulier pour l’entretien et la maintenance des éoliennes ainsi que pour l’entretien des chemins d’accès et des plates-formes.

Le projet de parc éolien représente aussi une source de retombées fiscales qui contribue au maintien et au développement de services ou d’investissements au bénéfice des habitants.

L’impact sur la valeur des biens immobiliers.

Préambule

Le public conteste vivement, la conclusion de l’étude d’impact sur ce sujet, qui indique : « L’impact du projet éolien sur la valeur de l’immobilier est jugé faible ».

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Qualité de l’étude d’impact.

L’interprétation de la jurisprudence

L’interprétation de la jurisprudence proposée dans l’étude d’impact est réductrice. En générale, la jurisprudence s’appuie à la fois sur la perte de valeur à des propriétaires d’habitations voisines d’un parc éolien et sur la réticence intentionnelle à donner des informations sur un projet éolien lors de la vente. L’exemple de l’arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Rennes du 20 septembre 2007 oblige le vendeur d’une maison à restituer 30 000 € (soit 20% de la transaction) au nouveau propriétaire qui avait omis de dire à l'acheteur que le permis de construire un parc éolien avait été signé. La Cour justifie le montant de la somme allouée en réparation en citant les rapports des experts immobiliers qui font état d’une dépréciation du bien comprise entre 28 % et 46 %.

L’étude d’impact (page 153) retient une interprétation qui induit en erreur le lecteur. Il y est indique « les différentes décisions des tribunaux relatives à la vente d'habitations à proximité d'un parc éolien n'ont pas pour objet la présence du parc éolien en lui-même mais le fait que les vendeurs aient omis d'informer leurs acheteurs de l'existence du projet de parc éolien. »

L’enquête internationale de l’OEERE1 citée dans l’étude d’impact.

L’étude d’impact ne reprend qu’une partie des conclusions de cette enquête. Cette enquête indique « que l’impact de ces parcs éoliens sur la variation des prix de l’immobilier n’est statistiquement pas visible. » L’étude précise2 que le modèle utilisé n’était pas capable de discerner des dépréciations de l’ordre de 3 à 4 % comme il peut être constaté sur des nuisances similaires (lignes électriques à haute tension). Ce résultat est à mettre en lien avec le fait que seules 331 transactions correspondent à des propriétés situées à moins ½ mile (soit 800 m) ont pu être analysées dans cette étude. L’ensemble des études mentionnées dans l’étude d’impact, leur qualité contestable a conduit le pétitionnaire à s’exempter d’une étude concrète sur la dépréciation des maisons dans les communes de Sandarville et d’Ermenonville-la-Grande. L’étude

1 Hoen, Ben and Brown, Jason P. and Jackson, Thomas and Thayer, Mark and Wiser, Ryan and Cappers, Peter, Spatial Hedonic Analysis of the Effects of US Wind Energy Facilities on Surrounding Property Values (May 27, 2015). Journal of Real Estate Finance and Economics, Vol. 51, No. 1, 2015. Available at SSRN: https://ssrn.com/abstract=2611199 2 Regardless of these potential maximum effects, the core results of our analysis consistently show no sizable statistically significant impact of wind turbines on nearby property values. The maximum impact suggested by potentially analogous disamenities (high-voltage transmission lines, landfills, roads etc.) of 3%-4% is at the far.

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américaine du Lawrence Berkeley National Laboratory3 de 2009 mentionnée, dans son mémoire en réponse par le porteur du projet cite, n ’apporte aucun élément nouveau, Il s’agit de la même étude, désignée non par son commanditaire OEERE (Office of Energy Efficiency and Renewable Energy mais par ces auteurs.

Analyse du commissaire enquêteur

La dépréciation immobilière est un sujet controversé car il oppose des intérêts financiers divergents. En outre, les études statistiques doivent pourvoir mettre en évidence une dépréciation statistique de l’ordre de 3 à 5 % dans un rayon de 2 km, d’où la nécessité de recourir à un échantillon important, rendant impossible un examen de détail. En outre, elles ne peuvent se substituer à une analyse du site.

L’étude de Gibson4 confirme l’existence possible d’une dépréciation immobilière de l’ordre de quelque pourcent. Cette étude porte sur 38 000 transactions situées dans un rayon de 2 km. Elle indique que les effets résultants de fermes éoliennes de petite taille (1 à 10 turbines) se concentrent dans les deux premiers kilomètres où la réduction de prix est de 5%. (The effect of smaller wind farms with less than 1-10 turbines is, as might be expected, concentrated in the first 2 km where there is a 5% reduction in prices.) Cette étude confirme l’existence possible d’une « valorisation » comme le souligne l’étude d’impact. En effet, l’étude estime que cette valorisation est constatée dans 2% des cas lorsque les éoliennes ne sont pas visibles et pour une distance comprise entre 4 et 8 km. Le fait que cette étude repose sur une évaluation à partir d’un modèle numérique de terrain de la visibilité des éoliennes minimise la généralisation et confirme la nécessité d’une étude concrète.

L’avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), publié, en mars 2017, considère que : « La mesure de la dépréciation de l'immobilier causée par la proximité d'un parc éolien reste une question controversée.» Il précise « même les résultats qui trouvent un effet nul en moyenne sont compatibles avec l'existence d'un certain nombre de cas particuliers où l'effet est très négatif. »

La loi danoise sur la promotion des énergies renouvelables (Loi n ° 1392 du 27 décembre 2008)5prévoit : « Toute personne qui, en érigeant une ou plusieurs éoliennes, cause la perte de valeur biens immobiliers, en supporteront les frais ». Une autorité d'évaluation décide de l'importance de la perte de valeur sur la base d'une évaluation individuelle des biens. Cette autorité est composée d’un président qui possède les qualifications pour être nommé juge et d’un expert en évaluation de la valeur de biens immobiliers. Les 551 premières compensations sont évaluées à 57 000 DKK, soit environ 7 600 € par maison.

3 Hoen, Ben, (2013) A Spatial Hedonic Analysis of the Effects of Wind Energy Facilities on Surrounding Property Values in the United States, Ernest Orlando Lawrence Berkeley National Laboratory, LBNL-6362E 4 Gibbons, Stephen (2015) Gone with the wind: valuing the visual impacts of wind turbines through house prices. Journal of Environmental Economics and Management, 72. pp. 177-196. ISSN 0095-0696 - DOI: 10.1016/j.jeem.2015.04.006 5 Traduction en langue anglaise, non officielle, disponible sur le site https://ens.dk/sites/ens.dk/files/ Vindenergi/promotion_of_renewable_energy_act_-_extract.pdf ( consulté le 24/10/2017)

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Une estimation moyenne de la dépréciation immobilière semble possible. La page 61 de l’étude paysagère propose des pistes. Pour Sandarville, il y est dit « les habitations sises à l’est de la D 149 tendent à faire face à la ZIP (Zone d’Implantation Potentielle). Dès lors, en fonction de leur hauteur et du caractère arboré de leur jardin, elles observent directement le projet ». Pour Ermenonville-la-Grande, « À l’instar de Sandarville, outre les fenêtres ouvertes par les axes de communication, certaines habitations sises en périphérie Nord/Nord-ouest d’Ermenonville-la-Grande s’ouvrent directement vers le secteur retenu pour l’implantation des éoliennes des Champs Tors ». Une analyse de terrain montre que : • sur Sandarvile, village rue orientée S-N, c’est environ 70 maisons qui sont situées à l’est qui verront plus ou moins les éoliennes, • sur Ermenonville-la-Grande, village groupée sur son centre, c’est environ 20 maisons qui sont situées Nord/Nord-ouest qui verront plus ou moins les éoliennes, • sur le hameau de Luçon, situé au nord du projet, c’est environ 7 maisons qui sont situées à l’est qui verront plus ou moins les éoliennes,

L’INSEE recense sur Sandarville et d’Ermenonville-la-Grande 315 résidences, dont plus de la moitié possèdent 5 pièces et plus. C’est donc plus du quart de ces résidences qui risque d’être affectée par une dépréciation.

Sur la base du quart de ces habitations, et sur une hypothèse moyenne d’un taux compris entre 2.5% et 5%, la perte financière s’évalue entre 400 000 € et 800 000 € sur la base de la valeur moyenne de 200 000 € par habitation, valeur observée sur le marché immobilier de ces deux communes. Sur la base de l’évaluation danoise, le montant serait de 600 000 €. Il ne s’agit pas, après étude et analyse, d’un impact faible comme il est dit dans l’étude d’impact.

L’impact sonore.

Qualité de l’étude d’impact.

L’étude acoustique repose sur deux campagnes de mesures du bruit à six emplacements différents. Pour chaque campagne de mesures la rose des vents est présentée en page 16 de l’étude. Il est précisé que les roses des vents correspondant à ces deux périodes de mesure « ont permis de définir deux directions de vent principales pendant l’ensemble des campagnes de mesures : • Direction centrée sur le secteur ]300° ; 30°] - N ; • Direction centrée sur le secteur ]180° ; 300°] - SO. »

Les roses des vents de secteur N issues des campagnes de mesures sont reproduites ci-dessous.

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La lecture de la rose des vents des données recueillies sur le site au niveau du mat de mesures que l’on trouve page 70 de l’étude paysagère, laisse supposer l’existence d’une classe homogène de vent de secteur E qui n’est pas prise en compte dans l’étude acoustique.

En ne s’interrogeant pas sur la différence entre la rose des vents sur le site et celles obtenues lors des mesures effectuées pour l’étude acoustique, on peut estimer que cette étude présente une certaine faiblesse. La direction et la vitesse du vent sont des facteurs importants affectant la propagation du son. L’existence d’une classe de vent homogène de secteur E prend son importance pour les habitations de la commune de Sandarville situées à l’ouest du parc en projet,

Analyse du commissaire enquêteur

L’étude d’impact prévoit que « Conformément à la réglementation ICPE, après construction du parc, une nouvelle campagne de mesures acoustiques sera entreprise pour valider les calculs. Le maître d’ouvrage s’engagera à mettre en place toutes les techniques nécessaires au respect de la réglementation. »

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Il est précisé, dans l’étude acoustique que « ces mesures devront être réalisées selon la norme de mesurage NFS 31-114 « Acoustique - Mesurage du bruit dans l’environnement avec et sans activité éolienne », et pour les deux directions de vent dominantes du site.

Il semble impératif de réaliser une campagne de mesure pour la direction E du vent.

L’usure mécanique des pâles de l’éolienne conduit très certainement à une augmentation de la puissance sonore émise. La solution de mesure en continu proposée dans l’Avis de l’Anses6 semble une solution possible, elle n’est pas forcément pertinente et certainement coûteuse à mettre en place. Une campagne de mesures dans les mêmes conditions que la première campagne tous les cinq ans doit permettre une bonne évaluation de ce risque.

L’impact sonore sur la commune de Sandarville interpelle les émergences, notamment à 5 m/s sont très élevées, la nuit, pouvant atteindre 6 dB. Cependant, du fait du faible niveau ambiant actuel, le seuil de 35 dD n’est pas dépassé, restant en dessous du seuil réglementaire.

La thèse de Van der Berg7 montre que par une nuit claire, l’air est refroidi par le bas et reste au niveau du sol ; une telle atmosphère est très stable, et des écarts de vitesse importants entre le sol et l’altitude peuvent s’établir et perdurer. Du fait de ces variations de la vitesse du vent avec l’altitude, sensibles entre le bas et le haut des pales, le bruit aérodynamique dû au mouvement de la pale fluctue au cours de la rotation de la pale, générant des battements à basse fréquence, lesquels se superposent aux bruits « classiques » et se propagent à grande distance (les basses fréquences étant peu amorties). En outre, le vent d’altitude rabat vers le sol le trajet de propagation du son. Ce qui crée une zone favorable de propagation de la source du côté vent portant. La majoration peut atteindre 5 dB, voire 9 dB quand les différentes éoliennes sont synchronisées. Si la recommandation de l’ANSES8 d’une mesure en continue ne semble pas nécessaire. A contrario, les mesures après mise en service doivent comprendre des périodes où l’atmosphère est très stable.

La règlementation actuelle semble favoriser les éoliennes. Le rapport sur les « nuisances sanitaires des éoliennes terrestres » adopté par l’Académie nationale de médecine le 9 mai 2017 rappelle les articles R1334-32 et R1334-33 du code de Santé Publique qui fixe à 30 dB à l’extérieur des habitations le seuil à partir duquel intervient une limitation de l’émergence de 5 dB de jour ou de 3 dB la nuit à un ajout sonore. Le rapport souligne : « En d’autres termes, le seuil à partir duquel intervient une limitation de 5 dB à un ajout sonore (bruits de voisinage, etc.) dépend du type d’émetteur du bruit, les éoliennes étant « favorisées » par rapport aux autres bruits ordinaires…

6 AVIS et RAPPORT de l'Anses relatif à l'évaluation des effets sanitaires des basses fréquences sonores et infrasons dus aux parcs éoliens - Saisine n° 2013-SA-0115 - « Éoliennes et santé »Rapport signé le 14/02/2017. 7 Van den Berg, G.P. (May 2006). The sound of high winds The effect of atmospheric stability on wind turbine sound and microphone noise. Bibliographic information available from INIS: http://inis.iaea.org/search/search.aspx?orig_q=RN:38004386; 8 AVIS et RAPPORT de l'Anses relatif à l'évaluation des effets sanitaires des basses fréquences sonores et infrasons dus aux parcs éoliens - Saisine n° 2013-SA-0115 - « Éoliennes et santé »Rapport signé le 14/02/2017.

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Une interrogation sur le niveau sonore la nuit pour des vent de secteur est, sur la commune de Sandarville inquiète, ce d’autant plus en cas de condition atmosphérique très stable. Des bridages supplémentaires pour des vents de 5m/s seraient judicieux.

L’impact cumulé sur les milieux naturels

Qualité de l’étude d’impact.

Le paragraphe V. 6. 2. 2. IMPACTS CUMULATIFS AVEC LES PARCS EOLIENS CONSTRUITS estime que « compte tenu de la distance inter-parc et des enjeux migratoires limités pour l’avifaune, les impacts éoliens cumulés avec les parcs éoliens construits peuvent être considérés comme négligeables ».

Il précise : « Les plus proches (parcs éoliens) sont situés à plus de 15 km de la zone d’implantation et ne sont pas susceptibles d’avoir des risques cumulatifs de perturbation sur les oiseaux ni sur les chiroptères. »

Cette affirmation est surprenante et erronée, elle méconnaît l’existence du parc éolien de Dammarie, mis en service au mois de mai 2016, situé au NE à une distance d’environ 8 km.

L’impact sur les chiroptères

Qualité de l’étude d’impact.

L’autorité environnementale dans son avis interroge sur le bridage de l’éolienne E2 (WT 2) pour minimiser les risques de percutions des chiroptères. En réponse au procès-verbal de synthèse, le porteur du projet a donné des précisions sur la présence des chiroptères en fonction des saisons. L’impact nécessite d’être évalué lors du suivi en continu prévu par le porteur du projet. Le bridage pourrait alors être adapté en fonction des saisons.

L’impact sur le paysage rapproché

Qualité de l’étude d’impact.

Il est surprenant qu’ayant soupçonné une erreur dans les grilles d’analyse conduisant à minimiser les impacts, la correction apportée comportent une erreur méthodologique. En ce qui concerne l’argumentation reposant sur le fait que « cette méthodologie permet de caractériser un risque de saturation et non la saturation elle-même », est en partie recevable. À condition que les photomontages présentés corroborent cette analyse.

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Pour la commune d’Ermenonville-la-Petite, le photomontage présenté (page 113 de l’étude paysagère) se situe à l’est de la commune, alors que le projet se situe à l’ouest de la commune. De ce fait, l’argumentation, conduisant à « un impact faible du fait d’un rapport d’échelle équilibré avec les vues sur le village, semble difficilement transposable lorsque l’on sort de ce village sur la même départementale D 144 vers le nord, alors que la vue est dégagée et que les éoliennes sont visibles..

Pour le hameau de Pommeray dans la commune de Bailleau-le-Pin, aucun photomontage n’est présenté permettant d’apprécier l’impact. La lecture de l’étude paysagère qui pointe cet emplacement (page 62 de l’étude paysagère) est présent un impact visuel.

De même, aucun photomontage n’est présenté pour le hameau de Montançon.

D’une manière générale, aucun des photomontages présentés dans l’étude paysagère ne présente un impact fort. Il est d’usage d’estimer qu’à une distance inférieure à un kilomètre un parc éolien est prégnant dans le paysage.

La question de l’encerclement des villages est une préoccupation majeure de la population et des élus. En ne reprenant pas le tableau présenté lors de l’examen des impacts cumulés au niveau du paysage, l’étude d’impact ne permet pas une bonne information du public, Aucune obligation légale n’imposait le recours à cette grille. Cependant, à partir du moment où elle est utilisée pour le parc éolien seul, il devenait nécessaire de la reprendre au niveau des effets cumulés. Dans le premier cas, le tableau conclu à un impact limité, tel n’est plus le cas lors de l’étude des effets cumulés.

Alors que les indices évoqués précédemment reflètent une vision cartographique du risque que les photomontages peuvent apprécier. Le nombre de sortie de village d’où est vu un parc éolien exprime une réalité vécue ou qui sera vécue, lors des déplacements quotidiens. Le tableau ci- dessous, extrait du mémoire en réponse du porteur du projet, donne une idée précise de l’encerclement des villages.

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% des sorties de Présence Eolienne des % des sorties de village en lien Champs Tors village en lien avec des d'éoliennes des Champs Tors face à un axe avec des éoliennes des rectiligne éoliennes* dans un rayon Champs Tors, de 2km (min 200m) Champs Tors Dammarie, Eco Delta et WKN

Ermenonville- NON NON 25% 50% la-Petite

Bailleau-le- NON NON 33% 66% Pin

Meslay-le- NON OUI 40% 60% Grenet

Trizay NON NON 25% 25%

Epeautrolles NON NON 25% 50%

Aufferville NON NON 25% 50%

Sandarville OUI NON 33% 67%

Ermenonville- OUI NON 50% 83% la-Grande

Tableau réalisé par le porteur du projet dans son mémoire en réponse

La rue de la Pierre d’Aulmont sur la commune de Meslay-le-Grenet est rectiligne et le parc éolien « Champ Tors » se situe dans l’axe de cette rue, elle n’est pas mentionnée dans l’étude d’impact, seule la rue de la Libération (D 131) est mentionnée. Il semble que le mémoire en réponse du porteur de projet une confusion se soit produite entre la rue de la Pierre d’Aulmont et la rue des Néfliers qui lui est parallèle. Une visite du lieu ainsi que la carte ci-dessous, issue du site Géoportail, montre la réalité.

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Détail de la rue de la Pierre D’Aulmont

Prolongement de l’axe de la rue de la Pierre D’Aulmont

Analyse du commissaire enquêteur.

Le projet se situe dans des paysages immenses sur un plateau très peu dénivelé, où les vallées disparaissent pour laisser voir des horizons lointains. Dans ce paysage plat, seuls les châteaux

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d’eau et les pylônes des lignes électriques à haute tension se détachent de la silhouette des villages, les plus hauts n’atteignent pas une trentaine de mètres. L’arrivée des éoliennes, atteignant 150 m de haut, est un facteur perturbateur important. La multiplicité de parcs éoliens proches les uns des autres, fait disparaître progressivement ces paysages. Le secteur entre Sandarville, Ermenonville-la-Grande, Mignières et Meslay-le-Grenet possède toutes les caractéristiques de ce type de paysage, y compris les vues sur la cathédrale qui apparaît progressivement lorsque l’on parcourt la départementale qui mène d’Ermenonville-la-Grande à Mignières. Il constitue, en cela un espace de respiration qui disparaitrait si le projet se réalisait.

La proximité immédiate (< 2 km) du parc autorisé de Luplanté, dont un mat se situera sur la commune d’Ermenonville-la-Grande, à l’est. L’encerclement de la zone par les parcs de Marchéville (autorisé), des Prieurés (en service depuis 2017) et de Dammarie (en service depuis 2016) tous situés dans le cercle des 10 km entourant le parc en projet provoquera un impact fort sur le paysage rapproché lié à l’encerclement des villages par effet cumulatif

L’impact sur le patrimoine du paysage rapprochée - Meslay-le Grenet.

Qualité de l’étude d’impact

L’absence de photomontage depuis le centre-ville de Meslay-le-Grenet et donc depuis l’église Saint-Orien classée au titre des monuments historiques par arrêté du 27 décembre 1913 interpelle. Certes, elle est principalement connue par ces peintures murales présentant une danse macabre, mais la base Mérimée évoque d’autres particularités architecturales dont sa voûte.

L’étude d’impact évoque d’une part : « l'église de Meslay-le-Grenet, monument historié classé inclus dans le périmètre d'étude rapproché et jouant le rôle de point de repère grâce à son clocher », d’autre part elle mentionne la possibilité de vue sur le projet depuis le centre de ce village, notamment. Un photomontage aurait permis d’apprécier l’impact du projet en relation avec ce monument. Il faut noter que tous les autres sites historiques du secteur ont fait l’objet de photomontages

Analyse du commissaire enquêteur

Il est à peu près certain que depuis la place sur laquelle se situe cette église et en regardant vers le sud-ouest, les pâles des éoliennes seront visibles.

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La première image montre l’église Saint-Orien, la deuxième est prise depuis la rue Saint-Orien au niveau de la nef de l’église. De cet emplacement, il est fort probable compte tenu du recul et de la hauteur des maisons, les pales se dessinent au-dessus des toits. Il faut noter également qu’aucun pylône ou poteau téléphonique ne subsiste sur cette place, ce qui accentuerait le contraste lié à la présence d’éoliennes.

L’impact sur la cathédrale de Chartres.

Qualité de l’étude d’impact

L’évaluation des photomontages sur l’impact avec la cathédrale repose, en partie, sur la faible fréquentation des routes départementales à partir desquelles sont pris les photomontages. Ce facteur, recevable, n’est pas repris lorsqu’il s’agit d la perception depuis l’autoroute, alors que le trafic est de 38 000 véhicules/jour9, soit un véhicule toutes les secondes dans le sens SO-NE.

L’analyse de l’impact avec la cathédrale repose, pour partie, sur « la distance importante entre l’observateur et la cathédrale » et donc « sa perception difficile du fait de la distance de l’observateur avec le monument ». Cet argument est contestable, car il remet en cause la distance de 25 km retenue par l’UNESCO dans la déclaration rétrospective10 pour exprimer « la relation exceptionnelle qu’entretient l’oeuvre architecturale avec le site ». A 25 km de distance, la perception est obligatoirement ténue, mais c’est cela qui en fait son aspect remarquable dans le paysage.

En outre, l’observation à plat d’un photomontage très large implique de l’observer très près pour faire correspondre la vue humaine et le photomontage. Dans le cas présent, la largeur de l’image 37 cm et angle de 120° font que l’observation des deux photomontages devrait se faire avec les yeux à 17 cm de l’image. L’étude d’impact ne mentionne pas ces conditions de « lecture ». Dans la pratique les angles de 120° pour des photomontages d’une quarantaine de centimètres sont peu représentatif car difficile à lire.

Enfin, le tableau récapitulatif de la page 245, estime la sensibilité comme majeure pour la cathédrale et l’impact comme faible à modéré. Dans ce même tableau, il était proposé, comme compensation, « la valorisation d’un axe de perception majeur de la cathédrale en particulier ». Il est surprenant que cette mesure proposée dans l’étude paysagère ne soit pas reprise dans l’étude d’impact sans aucune justification.

9 Nombre issu du dossier du maître d’ouvrage réalisé dans le cadre du débat public de la RN 154 10 WHC/ 17 / 41.com/8E Paris 19 mai 2017, déclaration rétrospective adoptée en juillet 2017.

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Analyse du commissaire enquêteur

La déclaration rétrospective11 de la cathédrale adoptée lors de la 41ème session (juillet 2017) du « Comité du Patrimoine Mondiale » inscrit « la position remarquable » de la cathédrale de Chartres dans son environnement. Elle se démarque ainsi de la déclaration précédente qui ne mentionnait pas cette dimension paysagère lointaine. Elle retient la distance de 25 km aux alentours pour exprimer « la relation exceptionnelle qu’entretient l’oeuvre architecturale avec le site ». Elle précise que « la relation entre la cathédrale et son cadre paysager est maintenant rendue vulnérable face aux pressions de l’aménagement ». Elle pose cette relation en terme d’intégrité.

Ce constat est souligné dans l’observation du président de la communauté d’agglomération Chartres-métropole. Elle rappelle qu’aujourd’hui 71 éoliennes sont dans la zone de visibilité avérée avec la cathédrale sur les 101 autorisées dans le rayon de 30 km. La vulnérabilité est donc réelle, elle provient d’une multitude d’autorisations, prises au cas par cas, de parc de taille moyenne. Pris individuellement, chacun de ces parcs ne doit présenter qu’un impact jugé faible à modéré vis-à-vis de cet impact. Cependant l’effet cumulé remet en cause les vues lointaines de la cathédrale.

À plusieurs endroits, l’étude d’impact évoque la pression de l’aménagement, « une périphérisation à outrance de la ville », les « successions de pylônes et de câbles », les kilomètres de routes que l’on distingue parfaitement pour considérer que « l’émergence des éoliennes peut très bien figurer un appel d’air vers de meilleures inspirations. » Il est toujours surprenant de comparer une éolienne à un pylône électrique dont la hauteur ne peut être comparé à celle des éoliennes. De même, et mis à part l’autoroute, les voies qui entourent la ville de Chartres sont bien souvent des anciens tracés de voies romaines. Elles constituent des axes de valorisation des vues lointaines de la cathédrale, offrant aux voyageurs des perceptions uniques.

Voies romaines en Beauce12

11 Voir ci dessus 12 Jalmain Daniel - Archéologie aérienne en Ile-de-France, Beauce, Brie, Champagne Figure 43 page 105.

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Du fait de leur taille et de la concurrence visuelle qu’elles imposent sur les vues lointaines de la cathédrale, les éoliennes font partie des aménagements qui exercent une pression forte sur le site classé au patrimoine mondial, pressions mentionnées dans la déclaration rétrospective adoptée en 2017. Elles remettent en cause l’intégrité du monument. La conservation ou la préservation des intérêts qui s'attachent au classement de ce site, telle que mentionnée dans la déclaration rétrospective n’est pas assurée13. Il ne s’agit pas uniquement de la question de la « tolérance zéro » autour des sites UNESCO, mais du caractère très spécifique de la cathédrale et des vues lointaines de celle-ci. Tout projet éolien présentant une covisibilité directe avec la cathédrale, qu’il soit disposé dans l’axe de celle-ci ou non, ne peut conduire qu’à une remise en cause de l’intégrité du site.

Conclusions et avis du commissaire enquêteur.

Le projet prévoit la construction de 6 éoliennes sur deux lignes parallèles orienté S-O, N-O sur la commune d’Ermenonville-la-Grande en limite immédiate de la commune de Sandarville. Le projet est située au S-O de la cathédrale de Chartres à environ 13 km. La cathédrale de Chartres classée au patrimoine mondiale de l’Unesco depuis 1979 a fait l’objet d’une déclaration rétrospective en juillet 2017. Elle retient la distance de 25 km aux alentours pour exprimer « la relation exceptionnelle qu’entretient l’oeuvre architecturale avec le site ». Elle précise que « la relation entre la cathédrale et son cadre paysager est maintenant rendue vulnérable face aux pressions de l’aménagement ».

La réalisation de ce projet ne permettrait pas d’assurer la conservation ou la préservation des intérêts qui s'attachent au classement de ce site, telles que mentionnées dans la déclaration rétrospective et remet en cause son intégrité.

L’autorité environnementale a estimé l’étude d’impact de qualité moyenne. L’analyse ci-dessus en montre les faiblesses et les lacunes qui ne permet pas au public d’apprécier les impacts du projet :

• La dépréciation immobilière est sous-estimée et ne prend pas en compte les études les plus récentes et la spécificité du paysage concernée et des maisons existantes.

• L’impact sonore n’a pas pris en compte l’existence d’une classe homogène des vents de secteur E. Clase homogène attestée par la rose des vents recueillie sur le mât de mesure. Cela rend difficile l’appréciation du niveau sonore sur la commune de Sandarville.

• L’impact cumulé avec les parcs éoliens construits sur le enjeux migratoires (chapitre V.6.2.2 de l’étude d’impact oublie l’existence du parc de Dammarie située au N-E à environ 8 km et affirme que les parcs éoliens les plus proches sont situés à plus de 15 km.

13 Article L181-3 du code de l’environnement

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• L’impact cumulé sur le paysage rapproché prenant en compte les parcs existants (Dammarie) ou autorisé (Luplanté) oublie de reprendre le calcul du pourcentage des sorties des villages d’où est perçu un parc éolien. Certes, ce calcul n’est pas obligatoire, mais à partir du moment où l’étude d’impact le réalise pour démontrer l’impact faible du projet, elle se devait de le reproduire lors de l’étude de l’impact cumulé. Elle oublie de mentionner le rue de la Pierre d’Aulmont comme portion rectiligne de plus de 200 m depuis laquelle on verra le parc éolien. La correction demandée avant l’enquête par le commissaire enquêteur pour apprécier le degré d’encerclement des villages comprend encore des erreurs par rapport à la méthodologie recommandée.

• L’impact sur le patrimoine rapproché sur l’église Saint-Orien, classée depuis l’arrêté du 27 décembre 1913 ne fait l’objet ni de photomontage, ni d’éléments d’appréciation. Or l’étude d’impact mentionne la possibilité de vue sur le projet depuis le centre de ce village où se situe ce site. Alors que des photomontages et des analyses sont présentés pour l’ensemble des autres sites inscrits ou classés plus éloignés.

• L’impact sur la cathédrale de Chartres ne mentionne pas la déclaration rétrospective établie en mai 2017 et approuvée en juillet 2017. La mesure compensatoire évoquée dans l’étude paysagère de mettre en valeur d’un axe majeur de perception de la cathédrale n’est pas reprise sans aucune explication. Des impacts subsistent, certains peuvent être réduits ou compenser dans l’arrêté d’autorisation, d’autres non :

• L’impact sonore peut être réduit par des mesures régulières sur site, tous les cinq à minima. Ces mesures devront inclure un vent de secteur E et des conditions atmosphérique stable. Ces mesures devront conduire à un plan de bridage spécifique limitant l’émergence à 3 dB la nuit et pour le seuil de 30 dB14 et non 35 dB. Il s’agit de tenir compte du niveau de bruit actuel sur la commune de Sandarville et d’éviter des émergences troublant les sommeils.

• L’impact sur les chiroptères peut être réduit en adoptant un plan de bridage plus adapté.

• L’impact sur la valeur des biens immobiliers n’est pas compensée. Il manque aujourd’hui une loi imposant la prise en compte de cette dévaluation par les porteurs de projet éolien. Dans le cas présent, le caractère ouvert du paysage, la proximité relative des éoliennes (impact sonore et visuel), constituent l’attrait de cette zone et son expansion relative en terme de constructions nouvelles. L’analyse rapide, ci-dessus, estime entre 400 000 € et 800 000 € cette perte. Elle est à mettre en rapport avec le coût

14 Pris en compte de l’article R1334-32 et R1334-33 du code de Santé Publique - décret du 31 août 2006

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de la construction et notamment des dédommagements versés aux propriétaires et aux exploitants • L’impact sur le paysage rapproché est sous-estimé dans l’étude par oublis et omissions. Deux des trois villages les plus proches, Ermenonville-la-Grande et Sandarville vont se trouver cernés par les éoliennes, ainsi que plusieurs autres villages un peu plus éloignés, Saint-Loup par exemple. Ainsi va disparaître un des derniers secteurs de respiration de la Beauce Chartraine situé au sud, à proximité de Chartres.

Du fait de leur taille et de la concurrence visuelle qu’elles imposent sur les vues lointaines de la cathédrale, les éoliennes font partie des aménagements qui exercent une pression forte sur le site classé au patrimoine mondial, pressions mentionnées dans la déclaration rétrospective adoptée en 2017. Elles remettent en cause l’intégrité du monument. La conservation ou la préservation des intérêts qui s'attachent au classement de ce site, telle que mentionnée dans la déclaration rétrospective n’est pas assurée. Il ne s’agit pas uniquement de la question de la « tolérance zéro » autour des sites UNESCO, mais du caractère très spécifique de la cathédrale et des vues lointaines de celle-ci. Tout projet éolien présentant une covisibilité directe avec la cathédrale, qu’il soit disposé dans l’axe de celle-ci ou non, ne peut conduire qu’à une remise en cause de l’intégrité du site.

Certes des impacts positifs existent, ils sont indéniables et reconnus par une très large majorité de la population, certains pourraient faire l’objet de prescriptions particulières. Cependant, au vu des éléments exposés ci-dessus, notamment de l’impact sur le paysage rapproché et sur le site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO,

J’émets un avis défavorable au projet.

Fait à , le 12 novembre 2017

Le commissaire enquêteur

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