L'heure De Michalak
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3 € DU 5 AU 11 OCTOBRE 2015 Midi Olympique N° 5306 - Espagne 3,30€ - Polynésie - 1080 XPF - Suisse 5,10 CHF - Canada 4,99 CAD - Belgique 3,30€ - Italie : 3,20€ L’heure de Michalak : Avec ce numéro Spécial Coupe « Je dois être déterminant » 6 et 7 du monde magazine octobre 2015 Spécial Coupe du monde Dossier Le business des joueurs 1987, 1999, 2007 À la racine de l’exploit Portrait Sexton entre Lundi ombre et lumière Entretien Sean Fit Endgland ● Lancaster vers la sortie ● 4 milliards de perte ! L’ANGLETERRE EST ÉLIMINÉE DE SA COUPE DU MONDE APRÈS SA DÉFAITE FACE À L’AUSTRALIE 33 À 13. LE CATACLYSME EST TOTAL ET VA LAISSER DES TRACES SUR CE MONDIAL. DOSSIER. 2 à 4 et 14 et 15 3 € M 00709 - 5306 - F: 3,00 E 3’:HIKKRA=^UXUUV:?f@d@a@q@k"; Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany 2 LUNDI 5 OCTOBRE 2015 - MIDI OLYMPIQUE Dossier Les faits ● ÉLIMINÉE L’ANGLETERRE N’A PAS SURVÉCU AU GROUPE DE LA MORT. ET POUR LA PREMIÈRE FOIS DANS L’HISTOIRE DE LA COUPE DU MONDE, LA NATION HÔTE NE PARTICIPERA PAS AUX QUARTS DE FINALE DE LA COMPÉTITION. Éditorial Jacques VERDIER [email protected] APOCALYPSE Vent du Sud n est passés, en quelques jours, du ronron des premiers matchs de poule au sérieux de l’entreprise ; NOW ! de France-Canada aux rencon- Otres de ce week-end. Les Sud- Africains, d’abord décontenan- Par Marc DUZAN, envoyé spécial les gars, ça fait quoi d’être envahis par ses propres prisonniers ? » Au début cés par l’enthousiasme japonais, ont recouvré [email protected] du siècle, l’Australie était le déversoir des pénitenciers britanniques. La samedi, contre l’Écosse, leur meilleur rugby bière aidant, le ton monte. On s’attrape par le colback. On se pousse. Les sur fond de rythme et de puissance, d’agressi- a nuit de noces a viré au carnage. Et sur le gazon de Twickenham, flics interviennent. Les Australiens se dispersent et retournent vers la gare vité et d’enthousiasme. Vous en voulez, mon les corps sans vie de Geoff Parling et Joe Marler ne sont en de Twickenham, où les attendent vingt mille de leurs compatriotes. cher PSA, d’un pack corrosif, hostile, étouf- fait que la partie émergée de l’iceberg, le revers de la colère sourde fant, précis dans ses interventions, program- qui semble s’être brutalement emparée des 80 000 spectateurs NEIL BACK : « J’AI HONTE » mé dans ses déplacements ? Voilà un échantillon Ldu temple. À l’intérieur du hall médias, le nez plongé dans une Comme attendu, la nuit qui suivit ne résolut rien. Quand le so british Ian de première veine. Le merveilleux avec les tasse fumante de café, Brian Moore a le sourire contrit : « Les Ritchie se présenta face à la presse, à Bagshot, il avait les traits tirés, le Boks — comme d’ailleurs avec toutes les nations gens vont demander des comptes. Ils ont à la bouche le goût du sang. Aussi teint gris et les yeux bouffis par le manque de sommeil. « Je ne suis pas dans du Sud — c’est qu’ils ne changent pas, ne dé- tristes soient-ils, il faut pourtant qu’ils prennent conscience que Lancaster le déni, confiait le directeur exécutif de la RFU. Je connais mieux que qui- rogent jamais à leurs grands principes cultu- et ses joueurs le sont cent fois plus encore. » Cinq minutes plus tard, Robshaw conque l’impact de cette élimination et je ne suis pas mieux ce matin que je rels. Depuis cent ans, les Springboks bâtissent traîne sa misère jusqu’à cette foutue estrade où il promettait, seize jours ne l’étais hier soir. » Outre-Manche, on parle d’une perte estimée de qua- leur rugby sur la destruction massive de leurs plus tôt, que ce Mondial serait « un succès historique ». Détruit, anéanti, tre milliards d’euros pour le pays (lire en page 4). « Et moi, s’émouvait adversaires et ils s’y tiennent avec une rigueur le capitaine anglais ne sera pas une seule fois interrogé par les deux cents Martin Johnson au micro de la BBC, je vais supporter qui maintenant ? » Votez toute cartésienne. Samedi, les flambants écos- journalistes présents. Il subira, néanmoins, les questions adressées à son Français, Martin ! Le Goret et ses gorilles ont eu le mérite d’avoir survé- sais de septembre, ont explosé sous les coups sélectionneur sur la complémentarité de la troisième ligne comme autant cu dix-huit jours dans l’infâme cloaque de Croydon… de boutoir adverses, évitant le pire grâce à une de coups de poignard, celles sur l’absence de leaders comme autant de Plombés de chagrin, les Anglais n’ont personne vers qui se tourner. solidarité de tous les instants. Mais quels coups de poing. À l’instant où un confrère irlandais demandera enfin à Historiquement coupés des Argentins par la guerre des Maldives, ils sont Springboks justement ! Quelle équipe ressus- Lancaster pourquoi il n’avait pas préféré Steffon Armitage au bellâtre des à couteaux tirés avec les Irlandais, en froid avec leurs cousins zélandais et citée ! Harlequins, Robshaw plongera sa tête dans ses mains, ne la ressortant traditionnellement fâchés avec les Gaulois. Les Écossais ? Ils poussent Et les Australiens donc ! On les savait joueurs, qu’au moment de quitter cette estrade aux faux airs d’échafaud. pour obtenir leur indépendance, quand les Gallois Biggar et Gatland af- brillants, organisés jusqu’à l’excès dans la ré- Dans les entrailles de Twickenham, le troisième ligne Tom Wood avait éga- firmaient récemment qu’ils supporteraient l’Australie, au soir du 3 octo- partition offensive, les temps de jeu préliminai- lement du mal à consoler Joe Launchbury, l’homme du match le plus triste bre. « Personne ne nous consolera », écrivait donc Paul Ackford dans le res : les voilà également forts en conquête et de au monde. « Je n’arrive même pas à articuler, soufflait le flanker de Sunday Times. Finalement, c’est comme si les malheurs anglais nourrissaient nouveau dotés d’individualités hors normes. Le Northampton. Éliminés après seize jours de compétition… Pff… J’ai honte. la rancœur qu’entretient depuis toujours une partie de la planète rugby vis- premier essai de Foley, dans sa composante même, J’ai mal. » À la surprise générale, le groupe de la mort a donc eu la peau à-vis de la nation mère, la plus puissante des fédérations que ce soit en ter- son tempo et son électricité, est un pur chef- des Anglais. « Nos phases finales sont arrivées trop tôt », lâche Richard mes de licenciés ou de liquidités. Neil Back, champion du monde 2003, d’œuvre du genre qui ne doit rien au hasard, Wigglesworth, le visage encore déformé par la douleur. Rapidement, Mister conclut ainsi : « Entrer dans l’histoire de cette façon me fait honte. Et ce suppose des heures de répétition, de réflexion, Skills fait signe aux journalistes qu’il ne peut continuer. Les micros se re- Mondial, économiquement comme émotionnellement, ne se relèvera pas de la face à des situations semblables, des renverse- tirent. L’attaché de presse raccompagne le numéro 9 des Sarries jusqu’aux victoire australienne. » L’heure est aux règlements de comptes, alors ? ments provoqués, mais laisse merveilleusement vestiaires. Dehors, l’ambiance est plus explosive. Les sujets de sa gracieuse « Même pas. Je suis favorable à ce que Lancaster reste en poste. Si on avait à penser qu’il y a encore de la place pour un jeu majesté ont visiblement eu du mal à encaisser les provocations austra- sacrifié Clive Woodward après notre défaite en quarts, en 1999, nous n’aurions programmé intelligent – il n’y aurait donc pas liennes. Entre eux, tout avait pourtant démarré par une blague : « Alors pas gagné quatre ans plus tard. » God save Stuart ? ■ antinomie ! Cette inversion de Foley et ce retour immédiat à l’intérieur pour Beale, ce n’est rien et tout à la fois. C’est la chanson de geste du rugby de tou- jours, ce sont les noces du tableau noir, de la vi- déo, de l’entraînement et de la prescience ins- tantanée des joueurs in situ. Et c’est à hurler de bonheur. Quant à la France dans tout ça ? On connaît la for- mule : « Je ne crois pas à l’amour mais aux preu- ves d’amour ». De sorte que l’on veut bien adhé- rer à la méthode Coué de Philippe Saint-André, s’il nous fournit, dans des matchs d’un autre ton- neau, les vraies raisons de croire à son opti- misme. Or, à ce jour, en admettant que notre pack ait retrouvé force et vie, que le rugby minima- liste préconisé par le staff tricolore ait quelques raisons d’être et de gagner, nous ne jouons tou- jours pas à la même vitesse que les Boks, vers lesquels nous tendons le plus. Or, ne serait-ce pas cette vitesse, ce rythme donné au moindre af- frontement, cette réactivité au soutien, qui finis- sent par faire toute la différence ? Je ne vou- drais pas, en somme, que la France qui se rêve arbre, chêne, olivier solidement enraciné dans ses terres, ne se retrouve tremble, roseau, frisson- nante dans les rafales de son automne. ■ Revue de presse AU LENDEMAIN DE L’HUMILIATION SUBIE PAR TOUTE UNE NATION, LA PRESSE ANGLAISE N’A PAS ÉPARGNÉ L’œil de Froissard SES CONDAMNÉS. EXTRAITS. LA ROSE BRÛLÉE Par Jérémy FADAT, envoyé spécial Independent » se contentait d’un « cœur brisé » qui l’attendait pendant cette Coupe du monde », [email protected] évocateur pour qualifier l’état de léthargie am- posait le Guardian.