18 Marcq- et la métropole LA VOIX DU DIMANCHE 3 JANVIER 2021 Après quatre ans de travail, La Canopée s’ouvre ce lundi

Ça y est, La Canopée va se déployer ce lundi. La maison-jardin partagée par des salariés et des adultes atteints de troubles autistiques devient réalité. Un projet qui a grandi pendant quatre bonnes années. tager une maison, un lieu de vie PAR CHRISTIAN FURLING qui sera ouvert aux bénévoles et [email protected] à la population. Des chantiers participatifs de jardinage ont ain- si lieu régulièrement (le prochain . Ce lundi 4 janvier, le 16 janvier), les écoliers seront les six jeunes adultes atteints de reçus pour des ateliers de perma- troubles autistiques vont re- culture et de cuisine, les entre- joindre les cinq salariés installés prises pour des formations. à La Canopée, avenue du Géné- Lors d’une visite de La Canopée ral-de-Gaulle à Bondues, depuis en juillet, Stéphane Paing résu- le 1er décembre. Le projet d’habi- mait : « L’inclusion, c’est de se re- tat et lieu de travail partagés trouver avec d’autres, le soir, c’est de prendra alors tout son sens. créer une relation amicale. Si on Lancé il y a quatre bonnes an- connaît ses fragilités, si on accepte nées par Stéphane Paing et son ses failles, on peut se mettre en rela- épouse, ce projet, aujourd’hui fi- tion d’amour avec les personnes nancé à plus de 95 %, a été porté handicapées. » Nous aurons l’oc- par l’association Accueillir la fra- casion d’y revenir. gilité. Il est largement inspiré de la philosophie de l’Arche, où ac- RAPHAËLLE, SAMIR, INÈS, compagnateurs et personnes ADRIEN… handicapées partagent un même En décembre, les cinq salariés se espace de vie. sont retrouvés entre eux. À sa- voir Raphaëlle, cadre médico-so- cial, la maîtresse de maison ; Sa- L’inclusion, mir, éducateur spécialisé, qui a c’est de se retrouver passé 14 mois à l’Arche au Qué- bec ; Valentine, psychomotri- avec d’autres, le soir, cienne ; Flora, aide-soignante et c’est de créer aide médico-psychologique ; et une relation amicale.” Marine, en service civique. Ce lundi, ils accueillent les six De même, à La Canopée, les cinq compagnons de La Canopée : encadrants et les six compagnons Inès, Adrien, Alexandre, Aymeric vont travailler au jardin, en prati- (le fils de Stéphane), Quentin et quant la permaculture et en ven- Pierre-Édouard. On devine avec dant le fruit de leurs récoltes à quelle émotion. La Canopée ce vendredi 1er janvier. Ce lundi, six jeunes adultes atteints de troubles autistiques et cinq salariés vont y vivre et y l’entrée du site. Ils vont aussi par- www.accueillirlafragilite.org. travailler. Jimmy Tortel livre son amour pour une Algérie connue pendant la guerre, il y a soixante ans

WAMBRECHIES. Il a son « coin Une ville magnifique, perchée sur un soudre à rentrer. Constantine » comme d’autres ont rocher, qui lance ses ponts suspen- un coin lecture ou un coin prière, dus vers le vide. La peur du début « TU N’ES JAMAIS REVENU. » Jimmy Tortel. Une sorte de fourre- laisse bien vite place à l’amour pour La mort dans l’âme. Il écrit même à tout où s’amassent des documents ce territoire. ses parents : « Je ne reviens pas, je sur l’Algérie et la guerre qui s’y est Bien sûr, il y a des coups durs comme pars. » Sa femme, rencontrée à la tenue. Un lieu où le désormais octo- cette grenade qui explose au beau Croix-rouge où il continuera d’être génaire aime à se plonger comme on milieu d’une tente. Jimmy est le pre- secouriste lui dit souvent : « Tu n’es se glisse dans un bain de jouvence. mier à pénétrer sur les lieux du car- jamais revenu.» Un lieu qui le ramène le 5 janvier nage. Mais il y a surtout la décou- Pour ses 70 ans, son fils Sylvain or- 1960. Ce jour où un petit gars de verte d’un pays et de ces habitants. Il ganise un voyage à Constantine. À Marquette-lez- s’est embarqué y soigne tout le monde, sans distinc- part des affiches géantes de l’ancien pour l’aventure de sa vie. Jimmy tion. Les militaires comme les civils président Bouteflika et de Zidane, était appelé sous les drapeaux. Jim- dont il prend soin lors de ses perma- rien n’a vraiment changé. Ni la ville, my, loin d’être un guerrier dans nences au dispensaire. « J’étais bien ni la gentillesse des habitants. Et l’âme, se fait des potes, il officie der- vu par les civils, je dois dire que j’étais puis, il y a deux ans, avec l’aide de sa rière les fourneaux, une de ses pas- même un peu protégé. Un jour lorsqu’il fille Annie-, Jimmy s’est mis sions. La soupe est bonne, forcément y a eu un attentat, l’infirmière m’a em- en tête de raconter son histoire. Il l’a à son goût, c’est lui qui la concocte. pêché de sortir juste avant. Elle était de fait. Ça s’appelle Deux belles années, Et puis, c’est un jour le départ pour mèche avec les fellaghas. » Le combat publié à compte d’auteurs et Jimmy l’Algérie. Une Algérie qui n’est pas du FLN, Jimmy le comprend bien. le vend 10 €, « au prix que ça m’a coû- encore officiellement un pays et qui « Ils voulaient leur pays. Mais je com- té ». L’occasion de vous ménager est en guerre. Jimmy ne veut pas por- prenais aussi les pieds noirs qui vivaient aussi un « coin Constantine ». ter les armes, ça tombe bien. Secou- là depuis plusieurs générations.» P.-L. F. Pour ses 70 ans, Jimmy Tortel est revenu à Constantine en compagnie de riste à la Croix-rouge avant son dé- Au lendemain des accords d’Évian, Renseignements et vente à l’adresse mail son fils et de sa fille (à droite sur la photo). part, il sera infirmier. À Constantine. en mars 1962, Jimmy doit se ré- suivante : [email protected].

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