Saint-Didier-Sur-Rochefort La Côte-En-Couzan Des Communes Jumelles
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Marie Chèze-Fay Saint-Didier-sur-Rochefort La Côte-en-Couzan Des communes jumelles Témoignages et souvenirs Notes et documents Village de Forez Montbrison 2003 2 En souvenir de ma famille, de mes amis, de mon pays Les remerciements s'adressent aux personnes dont les noms sont cités dans le bulletin, pour leur participation (prêt de documents intéressants et témoignages émouvants) et à celles, nombreuses et discrètes, qui, à la suite d'échanges, ont collaboré à la réalisation de ce bulletin. Tous les participants se joignent à moi pour remercier particulièrement M. Joseph Barou et M. Claude Latta. Leur aide reste précieuse ainsi que celle des animateurs de Village de Forez et permet d'enrichir le patrimoine forézien. Ma reconnaissance va également au personnel et aux adhérents de la Diana pour leur contribution efficace. Pages 4-6 Saint-Didier-sur-Rochefort, introduction. 7-24 Saint-Didier et ses commerçants. 25-28 Saint-Didier, détails historiques. 29-40 Saint-Didier, le clergé. 41-42 Saint-Didier-sur-Rochefort et La Côte-en-Couzan : "communes jumelles", pourquoi ? 43-45 Les rivières "La Bualière" et "La Troche". 46-48 Le Pic de Morand. 49-51 Le village de Morand. 52 Le village du Mas, commune de Saint-Didier-sur-Rochefort 53-54 Une ferme : "Les Combes", près du « Mas ». 55-56 Diligences et communication en 1846. 57 Saint-Didier-sur-Rochefort en 2003. Saisie : Dominique Mollon Village de Forez , bulletin d'histoire locale du Montbrisonnais Supplément au n° 95-96 d'octobre 2003 – ISSN - 0241-6786 Siège social (abonnements) : Centre Social de Montbrison , 13, place Pasteur, 42600 MONTBRISON Directeur de la publication : Claude Latta. Rédaction : Joseph Barou, Pascal Chambon, Maurice Damon. Abonnement et diffusion : André Guillot. Comité de rédaction : Gérard Aventurier, Joseph Barou, Maurice Bayle, Claude Beaudinat, Danielle Bory, Roger Briand, Mireille Busseuil, Albert Cellier, Pascal Chambon, Jean Chassagneux, Antoine Cuisinier, Edouard Crozier, Maurice Damon, Pierre Drevet, Thérèse Eyraud, Roger Faure, Jean-Guy Girardet, Francis Goutorbe (+), André Guillot, Jean Guillot, Marie Grange, Muriel Jacquemont, Claude Latta, Stéphane Prajalas, Jérôme Sagnard, Sophie Sagnard- Lefebvre, Marie-Pierre Souchon, Pierre-Michel Therrat. Dépôt légal : 4 e trimestre 2003. Impression : Centre départemental de documentation pédagogique de la Loire, Saint-Etienne. 3 4 Saint-Didier-sur-Rochefort situé sur les monts du Forez, aux limites de l'Auvergne (20 kilomètres environ) est une station climatique, touristique, grâce à ses 705 mètres d'altitude, à ses promenades forestières très variées. Le clocher et le bourg se blottissent douillettement au creux d'un vallon dominé à l'ouest par le pic de Morand, 1 153 mètres d'altitude, coiffé de sapins, dont la ligne d'horizon s'étire jusqu'au soleil couchant et qui se révèle les jours de pleine lune dans tout son pittoresque, en conférant au site un droit de puissance fluctuant selon les saisons et les caprices du temps, guidant les cultivateurs dans le travail laborieux de la terre. 5 S'il n'y a pas de ligne ferroviaire proche, de nombreuses routes convergent en étoile, reliant montagnes, monts du Soir et plaine du Forez. Des routes sinueuses souvent, mais si mystérieuses quand plane une atmosphère de silence où seul un parfum de résine vous enivre. Et quand s'ouvre, par surprise, une clairière permettant de découvrir un paysage. L'aire de repos vous invite à la cueillette, allant des baies sauvages à la svelte gentiane qui, sur les hauteurs, orne sans recherche les espaces arides 1. Quant aux sous-bois, parés de leurs arabesques de champignons, ils enchantent, dès l'automne, gourmets et mycologues. Tandis que la faune, chevreuils, sangliers et gibiers de toutes espèces, s'ébrouent sous l' œil vigilant du chasseur. Trois vallées conduisent au Lignon et à la plaine du Forez ; chacune possède sa propre personnalité, avec des villages aux fermes d'une élégante sobriété, malgré le rustique de la construction en pierre grise granitique des monts du Forez. Toits rouges, de briques, se marient aux dégradés de vert, grâce à la luxuriante végétation environnante. Toute cette richesse de palettes captive le regard, un regard venu parfois d'un lointain pays, de la Hollande profonde, afin d'assouvir la passion créatrice des artistes et de fixer cette richesse de couleurs sur la toile. Que dire des mégalithes dispersés au hasard et distribuant du rêve ? Aujourd'hui, grâce à la motorisation, les quelques kilomètres de route (5 à 11 km environ) donnant accès à la route nationale 89 et à l'autoroute Saint-Etienne-Clermont-Ferrand, font oublier le temps où le train s'arrêtait à chaque station de gare : l'Hôpital-sous-Rochefort, Saint- Thurin, Saint-Julien-la-Vêtre. 1 Plante très amère, très utilisée par les anciens. De nos jours la tradition se perpétue encore, mais attention de ne pas confondre avec la plante "vérâtre" nocive. 6 Une petite croix situe l'emplacement du commerce Viallon de 1897 à 1928 Pour retrouver le faste de Saint-Didier-sur-Rochefort des années 1926 à 1935, des archives précieusement conservées dans la famille Fay-Avignant permettront peut-être d'éveiller certains souvenirs, de connaître, de reconnaître, sous I'image d'un ancêtre, une vie simple, mais bien remplie, où labeur rimait avec bonheur. Voici Saint-Didier 2, sa place immense, "la feuillée" et son clocher, le monument aux Morts, la fontaine (1885), la croix de mission (1825). Deux portes fortifiées, dont une limitée à un vestige de quelques pierres, délimitaient une grande rue où s'alignaient les commerçants. Au rez-de-chaussée, chaque vitrine était encadrée d'une devanture façonnée en bois de chêne ou châtaignier. Peintes ensuite de différentes couleurs, allant du marron, bordeaux au vert, avec des enseignes joliment calligraphiées, elles apportaient une note conviviale au bourg. Ah, comme ils étaient vaillants ces "bourquiers" (habitants du bourg), tôt levés, le tablier noué sur le ventre ! Un maigre patrimoin, mais combien symbolique, atteste la coexistence en son sein de différents modes d'être et de sa grandeur. 2 Etymologie de Saint-Didier : Desiderio (1225), Desiderius. 7 Saint-Didier et ses commerçants Bourg, sanctuaire des retrouvailles, îlot de paix, où la survivance d'après-guerre s'efforçait de construire un idéal révolu, blessé parfois dans son âme et sa chair ; et redonner au futur, le sens d'une vie meilleure. De 1926 à 1935, les épiceries de Saint-Didier-sur-Rochefort sont significatives de l'activité de cette époque, leur nombre égalait celui des cafés : sept cafés, six épiceries. Comment s'imaginer qu!une épicerie coopérative pourrait rivaliser avec une grande surface de Feurs en l'an 2003 ? Les notes historiques de Jean-Paul Mazioux mentionnent dans le bulletin Village du Forez , "Saint-Didier dans sa belle époque", 1995 : De 1870 à 1910 : 1 500 habitants ; de1910 à 1940 le village a perdu 500 habitants. D'après le dernier recensement, on dénombre 413 habitants. L'annuaire de 1933 des départements de la Loire et de la Haute-Loire cite, pour Saint- Didier-sur-Rochefort : six épiceries dont un "économat et coopérative". L'analyse se fera sur ce dernier commerce. Une vente notariée et son inventaire et factures hétéroclites, qui vont de l'alimentation au pot de nuit, révèlent l'éventail de choix mis à la disposition de la clientèle. 24 novembre 1928 : Vente... Fonds de commerce : Viallon à époux Fay -Avignant. Etude Maître Chauvon à Saint-Didier-sur-Rochefort 3. Rayonnages et vitrines meublaient le magasin où s'entassait la marchandise. Rayonnages destinés à l'alimentation, et vitrines à la mercerie, bonneterie, chaussures. Une banque centrale trônait avec ses trois tiroirs ; une petite fente sur le plateau comme tirelire permettait de glisser la monnaie. Les autres banques pouvaient être employées à supporter des balances de dimensions différentes. Beaucoup de produits alimentaires étaient livrés en vrac et vendus au poids dans des sacs en papier assez ordinaire, de teinte bistre, le blanc était réservé au café, au sucre, aux bonbons (12 kilos de bonbons divers portés sur l'inventaire). Le café non torréfié, c'est-à-dire vert, se grillait dans un brûloir, sur la place de l'église et embaumait le bourg. Et comme il était réconfortant quand, les jours de grand froid, l'épicière offrait à ses clientes venues de loin et à pied, une savoureuse tasse de café fraîchement moulu, dans un grand moulin, d'une contenance d'une livre de grains. 3 En 2003, la maison appartient à la famille Daval. 8 Denrées coloniales : "pétrole, essence, café" étaient des denrées non soumises à l'impôt sur le chiffre d'affaire (facture : Guichard, père et fils, du 21 novembre 1930). Certaines règles devaient être respectées, notamment sur les fûts de vin, afin d'éviter les mauvais goûts : fûts de 102-115 litres. 9 Des factures étonnent par certaines complexité. A Noël ,en 1930, oranges et mandarines trônaient dans les cagettes tandis que langoustes et langoustines, en boîtes, pouvaient agrémenter les menus. Cependant, sur la première facture du 26 juin 1929 des établissements Michaud 4, nous constatons qu'aucune commande de cet ordre n'est faite. Nous retenons simplement six boîtes Pilchard (genre maquereau). Il faut attendre la facture du 17 avril 1934 où 6 boîtes ¼ thon; 12 boîtes sardines ; 3 b. ½ langoustes; 3 b.¼ tripes; 3 b.4/4 saumon nous offrent des menus de choix 5. Notons une forte consommation de 100 kilos de riz de Saïgon, 20 kilos de sucre ; 3 balais américains demeurent un point d'interrogation dans leur conception. En 1930, la facture de Noël Guichard : 300 oranges, 100 mandarines» incite à la réflexion . Oh combien étaient symboliques, au matin de Noël, les sabots que les parents avaient garnis avec tendresse d'oranges, quelquefois de papillotes !… Le sourire de l'enfant se montrait si généreux, même si l'orange était runique cadeau dans le sabot.