ISBN 2-86 743-129-8 GROUPE D'HISTOIRE ET D'ÉTUDES DE BIHOREL

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BOIS-GUILLAUME D'HIER

AU

BIHOREL D'AUJOURD'HUI

UNE COMMUNE CENTENAIRE, AU PASSÉ MILLÉNAIRE

Par Gabrielle SUEUR et Alfred MOREL Animatrice et Président du Groupe REMERCIEMENTS

Nous remercions toutes les personnes qui ont bien voulu nous confier des documents, cartes postales (collection Daniel Bous) etc., et celles qui ont fait appel à leur mémoire. Pour ne pas en omettre, nous ne citerons personne en particulier, mais que tous soient assurés de notre gratitude. PRÉFACE

Cent ans !

Chiffre magique ! à quelque nom qu'il se rapporte, personne, arbre..., l'épithète "centenaire" mêle toujours l'admiration et le respect. Il est cependant beaucoup plus rare de le voir qualifier une Commune. L'origine des 36.400 communes qui composent la remonte en effet aux anciennes Paroisses de l'Ancien Régime, disparues à la Révolution de 1789. C'est donc une première particularité de BIHOREL, COMMUNE JEUNE. Cent ans de la vie d'une commune, c'est cent ans de la vie de ses habitants. Les sujets abordés, tout au long des différents chapitres de cet ouvrage, montrent combien, en cent ans, le monde a changé. Que de progrès en matière d'équipements publics, qu'il s'agisse de distribution du gaz et d'électricité ou de collecte des ordures ménagères ! Finies aussi les discordes de la fin XIXe siècle et du début de la IIIème République ; aujourd'hui, l' "intercommunalité" est plus que jamais nécessaire, et Bihorel et Bois-Guillaume travaillent ensemble à l'aménagement harmonieux du Plateau Nord de , tant réputé pour sa qualité de vie. Le beau travail de recherche et de présentation de Gabrielle Sueur et d'Alfred Morel révèle aussi certaines permanences dans la vie de la cité. Ainsi en va-t-il des activités culturelles et sportives, qui, très tôt, ont constitué une richesse communale. La Société colombophile, pour ne prendre qu'elle, fêtera, à son tour, son centenaire en 1995 ! "Bien vivre à Bihorel" ; plus qu'un slogan, cette formule est une devise. Loin du bruit de la grande ville dont il est pourtant si proche, au-dessus des brouillards de la vallée que, de son promontoire, il domine, le bihorellais apprécie le calme et le charme de sa cité. Même les noms sont enchanteurs : église Notre-Dame-des-Anges, rue Sainte-Venise, villa Marie-Louise, château Michelet, Plateau des Provinces, Chapitre... Comment ne pas céder, non plus, à une certaine nostalgie ? Bihorellais je suis. En effet, né à Bihorel, j'y ai passé mon enfance et mon adolescence. Hormis les quelques années passées en captivité, je n'ai jamais quitté Bihorel. J'y suis élu depuis mars 1945. Ma vie se confond avec celle de "ma Ville". En feuilletant ces pages d'histoire, que de souvenirs me remontent à la mémoire ! j'ai la certitude qu'il en sera de même pour chacun des lecteurs. Merci infiniment à Madame Sueur et à Monsieur Morel d'avoir traduit avec talent et passion l'amour qu'ils portent à leur Ville. Au nom de tous les bihorellais, je leur exprime ma plus profonde gratitude.

Jean FRÉRET Maire de Bihorel Conseiller Régional de Haute-Normandie PRÉFACE

J'avais été sollicité, par des éditeurs, proposant un album illustré de photographies restituant sommairement le passé des communes ; mais je résistais à cette tentation, je savais que quelque chose se préparait. Je ne regrette rien ! Il faut avoir vu et entendu Gabrielle Sueur et Alfred Morel expliquant la façon dont ils ont peaufiné cet ouvrage pour être impatient de le lire. Retrouver les origines des communes dont on ne soupçonne pas les richesses ancestrales et qui restent attachées à notre patrimoine, est quelque chose d'important pour tous. Les auteurs, qui n 'ont pas ménagé leur temps, ont compulsé maints dossiers, délibérations et autres registres pour nous apporter un témoignage des péripéties "historiques " qui ont précédé la création de Bihorel. D'autre part, ils nous relatent des faits qui démontrent que rien n'est nouveau sous le soleil. Je suis sûr que vous prendrez beaucoup de plaisir en feuilletant cet ouvrage : tout nous est conté très simplement, sans emphase. Le mélange du fait historique sérieux, avec l'anecdote amusante vécue, est là pour nous faire connaître nos communes, de la meilleure façon. Je souhaite le succès qu 'il mérite à cet ouvrage dont les auteurs abandonnent leurs droits à des œuvres sociales. Qu 'ils en soient remerciés.

René SEILLE Maire de Bois-Guillaume, Conseiller Général de Seine-Maritime AVANT-PROPOS

L'histoire de Bois-Guillaume, et surtout celle du quartier Bihorel, se confond en partie avec celle de la puissante abbaye de Saint-Ouen. Des références font souvent état de cette dépendance. D'autre part, la vie d'une commune ne peut être indépendante de l'Histoire de la Nation. Nous verrons donc les répercussions des principaux faits historiques en suivant le déroulement des années. On en trouve particulièrement la trace dans les registres de délibérations des Conseils municipaux. On pourrait croire, à lire les "adresses" aux différents chefs qui gouvernèrent la France, que le peuple français est versatile, mais la "France profonde" vit les événements sans trop se poser de questions. La vie d'une commune étant d'abord celle de l'Administration communale, des sociétés, mais aussi, et hier plus qu'aujourd'hui, celle de la paroisse, elle est également celle des habitants et il ne faut pas s'étonner de la relation de faits divers anodins, qui n'apportent rien à son Histoire, mais qui sont le reflet des mœurs et de l'état d'esprit de l'époque. Dans la première partie : Bois-Guillaume - Bihorel, précisons que l'orthographe de Bois- Guillaume ayant changé deux fois au cours des siècles, pour la simplification, nous l'avons écrit tout au long de l'ouvrage, comme actuellement, en deux mots. La seconde partie concerne presque essentiellement la commune de Bihorel, où une paroisse est déjà implantée depuis 1865. Dès sa création, la jeune commune, semi-urbaine, à vocation agricole, a de nombreux problèmes. Si elle a une église et deux écoles publiques, elle n'a ni mairie, ni bureau de poste, ni cimetière. Ses ressources sont faibles. En suivant son évolution, ce seront donc tous les problèmes inhérents à cette création que nous découvrirons, mais aussi ceux de toutes les communes qui doivent suivre les progrès de la civilisation. Ce livre se veut en partie didactique et chronologique, malgré cette forme pouvant apporter une certaine lassitude ou monotonie, mais, l'histoire locale étant à la base de l'enseignement, elle permettra aux élèves des divers établissements scolaires d'y trouver plus aisément les renseignements qu'ils désirent. Il n'aurait, certes, pas été normal de ne s'intéresser qu'à l'Histoire de Bihorel depuis sa création en commune, faisant fi de son passé commun avec Bois-Guillaume. Comme dans une famille, le passé reste patrimoine de chaque membre. C'est la raison pour laquelle nous trouverons souvent le rappel de cette communauté. Par ailleurs, 1892 n'est pas une date limite, dans tel ou tel sujet qui se poursuit au-delà. Il n'aurait pas été logique non plus de mettre là un point final entre les deux communes. Précisons que ce travail n'est pas exhaustif : des lacunes existent, quelques erreurs involontaires sans doute aussi, des sujets auraient pu être traités plus longuement. Que les lecteurs nous pardonnent et qu'ils complètent notre travail en nous faisant part de leurs remarques. Ne voulant pas gonfler exagérément ce volume, ce qui concerne la deuxième moitié du XXe siècle a été moins développé : les lecteurs intéressés peuvent facilement trouver dans les archives municipales et en particulier dans les "Bulletins municipaux" les renseignements qu'ils désireraient obtenir. Nos longues recherches nous ont passionnés ; puisse la lecture de cet ouvrage vous apporter le parfum d'un Passé qui vous fasse mieux comprendre, apprécier et aimer votre ville. Ce livre est aussi un témoignage de reconnaissance à ceux qui ont œuvré pour le bien de la Cité.

Les auteurs Abbaye de Saint-Ouen au temps de sa splendeur BOIS-GUILLAUME ET SON QUARTIER BIHOREL DES TEMPS PRÉHISTORIQUES A 1892

HISTOIRE ET VIE COMMUNALE PLAN DE L'ABBAYE DE SAINT-OUEN. (1662)

Echelle : 1 millimètre pour 2,175.

A. Place S.-Ouen. Q. Logis et Jardin de l'intendant. B. Eglise S.-Ouen. R. Eglise et Cimetière Ste-Croix-S.-Ouen. C. Cloître. S. Porte de derrière de l'abbaye. D. Réfectoire. aa. Grande porte de l'abbaye. E. Dortoir. bb. Grande cour de l'abbaye. F. Celliers. en. Logements de quelques religieux. G. Cuisine. dd. Greniers, Four et ltcuries. H. Logis des étrangers. ee. Abreuvoir. 1. Infirmerie. ff. Colombier. L. Chapelle de l'infirmerie. gg. Cour du Logis abbatial. M. Cimetière des serviteurs. hh. Logis abbatial. N. Jardin de l'infirmerie. u. Jardin abbatial. 0. Logis et Jardin du Grand-Prieur. kk. Porte du Jardin abbatial. P. Jardin des religieux. Il. La Juridiction. Durant de longs siècles l'histoire de Bois-Guillaume et de son quartier Bihorel, se confond avec celle de sa grande voisine, Rouen, et, plus particulièrement avec celle de la puissante abbaye de Saint-Ouen.

LES TEMPS PRÉHISTORIQUES A partir du néolithique, le sol de Bois-Guillaume Bihorel fournit des éléments qui permettent d'affirmer qu'un site préhistorique important a existé dans la région du cimetière et des anciennes briqueteries. L'homme y a taillé et poli le silex très abondant dans l'argile. Lorsque les briqueteries furent ouvertes aux XIXe et XXe siècles, l'extraction de cette argile mit à jour haches, pointes, tranchoirs, grattoirs de silex, etc. Il suffit de voir les vitrines concernant Bihorel et Bois-Guillaume au Muséum de Sciences naturelles de Rouen, avec leurs nombreux outils de silex, pour se rendre compte de l'importance que devait avoir l'atelier de taille. Combien de belles pièces ont disparu, vendues par les briquetiers, qui en tiraient profit, notamment à des étrangers ayant eu vent des trouvailles (Allemands, Américains, etc.). Des pièces trouvées aussi dans le quartier de la Californie, de Sainte Venise (une flèche en pierre en 1870) n'indiquent pas forcément la présence d'autres ateliers de taille ; ils peuvent y avoir été transportés.

TEMPS HISTORIQUES : ÉPOQUE GAULOISE ET GALLO-ROMAINE Ce sont les Vélocasses, qui appartenaient à la tribu des Belges, une des plus puissantes, qui fondèrent Rouen. Ils s'installèrent dans toute la région, bâtissant leurs huttes rondes. Un village gaulois devait se trouver à Bihorel, près d'un point d'eau, sur le terre-plein de la place. Lors de la construction de l'église (1866-68), on mit à jour quelques pièces d'or gauloises. On trouva aussi à Bois-Guillaume des pièces d'or et de bronze. On peut imaginer, qu'il y a plus de 2.000 ans, à l'aube des années nouvelles, le cri de "Au gui l'an neuf" a retenti dans la forêt qui recouvrait le coteau de Bois-Guillaume. On peut aussi imaginer la vie de ce peuple déjà industrieux, mais malheureusement divisé en clans, ce qui permit aux légions romaines disciplinées d'en triompher. Vainqueurs, les Romains s'installèrent et transformèrent profondément la région. La découverte, vers 1850, dans le quartier de la Californie de pièces de monnaie en or et argent à l'effigie des Antonins, atteste leur présence. On pense qu'il existait dans le secteur église, place Caron, des maisons romaines, peut-être un "castellum". Des routes romaines devaient suivre le tracé des rues Carnot, de Verdun ; des voies plus larges traverser la ferme de la Grande Madeleine et aller vers Beauvais, etc.

IMPLANTATION DU CHRISTIANISME

Selon la tradition, le christianisme aurait été prêché dans notre région par saint Nicaise dès le Ile siècle. Un peu plus tard, saint Melon de Cardif abolit le culte des idoles et saint Victrice, septième évêque de Rouen, vers 404, consolida le culte de Dieu. On retrouve son nom donné à Bihorel à une institution privée religieuse. Au moment où la civilisation gallo-romaine avait transformé le pays qui vivait en paix, les invasions barbares vont effacer des siècles de civilisation et de progrès. DE L'ÉPOQUE GALLO-ROMAINE A LA FIN DU XIVe SIÈCLE Bien établis en Gaule, les Romains relâchèrent leur discipline, leur entraînement. Les tribus des Germains, Alamans, Burgondes et Wisigoths, plus tard les Francs, en profitèrent pour s'implanter un peu partout. Le christianisme, cependant, se répandit de plus en plus et avec la grande période monastique, commença le défrichement, la mise en valeur des terres (chapitre spécial Forêt Verte). Bois-Guillaume - Bihorel sous la tutelle des moines de Saint-Ouen.

A partir du Vie siècle commence l'histoire de l'abbaye. En 533-535, fondation modeste de cette abbaye par Clotaire 1er, quatrième fils de Clovis. Début du défrichement.

Vers 642, saint Ouen, chancelier de Dagobert, archevêque de Rouen (pendant plus de 40 ans) arrive à Rouen et marque de son empreinte la région. En 842, première destruction par les Normands de l'abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul (elle ne s'appelait pas encore Saint-Ouen). Courageusement, les moines rebâtissent, tirant la pierre des carrières de Bihorel. Vers 876, une Charte, octroyée par Charles le Chauve, mentionne le dénombrement de tous les domaines, privilèges et juridictions que possède l'abbaye, dont les terres et le manoir de Bihorel. C'est dans ces textes que l'on trouve pour la première fois le mot "bihorellum" (un chapitre est consacré au nom de Bihorel et un autre aux manoirs). En 949, le plateau Bois-Guillaume Bihorel, est de nouveau dévasté, cette fois par Othon 1er, empereur d'Allemagne. En 1040, Arlette de Falaise, femme de Robert le Magnifique et mère du célèbre Bâtard, Guillaume le Conquérant, se fait construire une petite maison de plaisance à Bois- Guillaume (peut-être rue Herbeuse) ; Guillaume venait souvent chasser dans notre région alors très riche en forêts et très giboyeuse. Logeait-il dans cette demeure ou existait-il un autre rendez-vous de chasse ? Celui-ci aurait pu se trouver à l'endroit où s'élèvera au XIIIe siècle un manoir, la Ferme du Colombier, mais n'affirmons rien. C'est de là qu'est né le nom de Bois-Guillaume. On trouve dès 1090 le nom de Bosco Willelmi (bois de William ou Guillaume) et vers 1240, Bosco Guillelmi ; puis plus tard Bois-Guillaume. A propos des chasses de Guillaume le Conquérant, on sait qu'il existe à proximité de Darnétal un quartier qui s'appelle le "Nid de chiens". C'est là que Guillaume avait établi son chenil. Les seigneurs de Bois-Guillaume figurent honorablement dans notre histoire. L'un d'eux prit part à la première croisade (1096) ; ses descendants s'illustrèrent dans les guerres du Xlle siècle. Mathieu de Bois-Guillaume, écuyer, était l'un des braves compagnons de Du Guesclin. Dès le début du Xlle, un des hauts lieux de Bois-Guillaume, le Mont-Fortin, entra dans l'histoire (chapitre spécial). Aux Xlle et XIIIe siècles, l'abbaye de Saint-Ouen connaît de nouvelles vicissitudes. En 1136, un premier incendie la ravage ; elle est reconstruite grâce à l'impératrice Mathilde et l'abbé Fraterne. On utilise des pierres venant de la carrière de Bihorel (chapitre spécial). En 1248, le feu éclate près de la porte Beauvoisine, située au carrefour du Coq ; il embrase une bonne partie de la ville, notamment les quartiers Saint-Godard et Saint- Laurent dont les églises sont brûlées, et aussi le monastère Saint-Ouen. L'abbé, Hugues de se réfugie avec "ses lettres, écritures et reliquaires" d'abord au manoir de Bihorel "Ménérium Bihorelli", puis à celui de . Signalons qu'à cette époque les moines de Saint-Ouen possédaient aussi le manoir de la Brétèque. A la suite d'un long procès, instruit au manoir royal de Grand-Couronne, ce domaine leur fut enlevé en 1345 et adjugé au roi de France. On le leur rendit en 1355. Vers 1269, le domaine de la Madeleine est donné aux malades et lépreux de l'Hôtel- Dieu de Rouen par Robert de Bois-Guillaume qui partait en croisade. Une partie de ce domaine est, dans la deuxième moitié du XXe siècle, achetée par la commune de Bihorel. Il reste deux beaux piliers avec une plaque rappelant le don fait aux Hospices (chapitre spécial). Au cours de ce XIIIe siècle, on sait que Bois-Guillaume comptait environ 1.000 habitants. A cette époque, il semble qu'il n'y avait pas d'église mais la "chapelle de la Trinité" c'est ainsi qu'elle est appelée quand, en 1289, Beaudoin de en cède la présentation à l'abbaye de Sainte-Catherine en lui donnant quelques redevances à prendre par l'église sur la ferme du Fau. C'est au XIIIe siècle, que fut fondée la léproserie de Sainte-Véronique ou Venise. (chapitre spécial). A la fin du XIIIe ou au tout début du XlVe naît Jean Roussel, fils d'un laboureur de . Très intelligent, il est instruit par les moines et devient l'abbé Marc d'Argent ; il séjourne plusieurs fois au manoir de Bihorel et y meurt le 7 décembre 1339 (un article spécial est consacré à ses funérailles). En 1318, l'abbé Marc d'Argent pose la première pierre de l'abbatiale actuelle en remplacement de l'église plusieurs fois incendiée. Il dépense pendant vingt ans à cette magnifique construction une somme de 63.936 livres équivalente à 2.600.000 F de 1874. Le vaisseau de l'église, dont les travaux furent suspendus pendant les guerres, ne reprit qu'à l'aide d'aumônes et d'indulgences accordées par le Saint-Siège et se termina en 1468. En 1349, les moines de Saint-Ouen ayant voulu empêcher le maire et ses jurés de passer dans leurs moulins pour visiter le cours d'eau, la populace s'ameute et va renverser les fourches (gibet) de Bihorel qui appartenaient à la Haute Justice de l'abbaye. A propos de Haute Justice, au XlVe siècle, le maire de Rouen prétendait exercer ce droit sur le fief de Bois-Guillaume, (article spécial consacré aux fourches patibulaires). En 1382, Arnauld du Breuil, abbé de Saint-Ouen, qui avait donné sa démission en 1379, s'était retiré au manoir de Bihorel où il meurt. Son corps est rapporté avec pompe et inhumé dans le chœur de l'église abbatiale, le lundi de Pâques. En 1383, les fourches patibulaires de Bihorel sont abattues lors du tumulte de la Harelle.

Le XlVe siècle est la grande époque de l'élevage du mouton sur les côtes de Bihorel. Les laines, les peaux qui deviennent parchemins, procurent des ressources aux moines. En octobre 1415, la Paroisse de Bois-Guillaume est ravagée par les Anglais avec tous les environs de Rouen. Les Anglais donnent ensuite, en 1419, ce village à Guy Bouteiller, le traître qui leur avait livré Rouen. En 1428-29, Jeanne d'Arc passe, peut-être, à Bois-Guillaume, par le chemin de Beauvais, traversant la Ferme de Grande-Madeleine, pour être conduite à Rouen ?... Cachets de notaires sur baux de terres de Bihorel appartenant aux moines de Saint-Ouen Cachets et signatures sur baux de terres de Bihorel Signature de moines de Saint-Ouen sur des baux de ferme BOIS-GUILLAUME BIHOREL, DU XVe SIÈCLE A LA RÉVOLUTION

Au cours des siècles qui suivent, l'histoire de Bois-Guillaume Bihorel continue à être en relation avec celle de sa grande voisine, Rouen, et avec l'abbaye de Saint-Ouen. Cependant, nous pouvons relever des traits particuliers. En 1473, les fourches patibulaires de Bihorel sont de nouveau abattues. A partir du XVe siècle, les terres du manoir des moines à Bihorel, sont louées à des fermiers. Des baux de location de terres, (actuellement déposés aux Archives Départementales, par le Groupe d'Histoire et d'Etudes), permettent de connaître les noms des fermiers, le coût de la location, les conditions d'exploitation. Signalons la beauté de certaines signatures d'abbés. En 2479, l'un des fermiers, Philippe Lemaignan, a des ennuis au sujet d'abattage d'arbres dans la "verderie" de Saint-Ouen (Forêt verte).

Au début du XVIe, le trente-cinquième abbé de Saint-Ouen, Antoine Boyier, baron et seigneur de Bihorel loue ses terres, fermes et manoirs. Cet abbé devient archevêque de Bourges en 1515 et cardinal en 1517, mais il reste toujours attaché à ses terres de Normandie.

Vers 1541, un autre abbé de Saint-Ouen, né en Toscane, fils de Magdeleine de Médicis, sœur du grand pape Léon X, séjourne plusieurs fois à Bihorel ; sa mère y vint peut-être aussi. Il s'occupe des terres du manoir-ferme, réglementant la coupe des arbres, les modes d'ensemencement.

Pendant les XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles (jusqu'en 1789), les baux de ferme sont établis tous les neuf ans, à la Saint-Michel.

Le 22 avril 1592, le duc de Parme dîne à Bois-Guillaume, après avoir dégagé Rouen assiégé par Henri IV. Durant plusieurs siècles, on trouve trace de procès opposant les fermiers de Bihorel aux bouchers de Rouen qui ne se contentent pas de mettre des bêtes dans les terres de Beaurepaire, mais aussi dans celles du manoir de Bihorel. On retrouve aussi la trace de ces procès dans les baux de Saint-Ouen (A.D.S.M. liasse 14 H 370). On en trouve durant le XVIIe mais ils ne se terminent qu'au XVIIIe comme le montre le document suivant : Sentences-Enquêtes et Arrêts contre les Bouchers de la Ville de Rouen qui prétendaient Droits et Usages dans les Pâtures et Brière de Bihorel. Les domaines de Beaurepaire et ceux des moines de Saint-Ouen à Bihorel se jouxtaient et, fréquemment, des querelles opposaient les tenanciers des uns et des autres. C'est si facile de laisser des moutons "s'égarer" ! Dès 1455, on trouve une copie du titre des bouchers de Rouen par lequel ils sont autorisés à faire paître dans les terres de Beaurepaire à la Grand-mare. En 1556, des actes sur parchemin relatent déjà les procès contre ces bouchers. En 1630, deux cent-soixante-dix moutons pâturant sur les terres des fermiers de Bihorel et non sur celles de Beaurepaire, sont saisis.

Au début du XVIIIe siècle, on trouve le cas des frères Rocquemont, bergers chargés de garder les moutons (en attendant leur abattage), des bouchers de Rouen. Aussi, les moines de l'abbaye recevaient souvent les doléances de leurs fermiers contre ces Rocquemont qui, comme nous le verrons, n'hésitaient pas à reconquérir par la force ce que la loi leur avait fait perdre. Documents d'août 1711 et 1712 ;

"Les nommés Noël et Nicolas Rocquemont, bergers gardant les moutons des bouchers de la Ville de Rouen, malgré les défenses verbales à eux faites, dépouillent journellement par leurs moutons, les terres du lieu de Bihorel sur leurs penchants du côté de cette ville... mercredy huitième du présent mois, on les a trouvés avec leurs moutons paissant sur les terres tenues par Nicolas Buisson, fermier des Suppliants (nom de la terre), voisines de celles de M. Lucas ; offrant le prouver en cas de néance. Ce qui cause un préjudice notable à leurs fermiers qui n'avaient pas de terrain suffisant pour faire paître leurs troupeaux si ces bergers étrangers avaient la liberté de dépouiller les dites terres sans aucun droit ni titre. A ces causes, Monsieur, il vous plaise de verser la provision de la chose, accorder votre mandatement aux Suppliants pour faire paraître devant vous les Rocquemont pour se voir condamner à cinquante livres d'intérêt envers le fermier des Suppliants." Requête faite par les religieux de Saint-Ouen à Monsieur le Lieutenant général du Bailliage de Rouen. Nouvelle requête en 1712 : "Le 11 décembre 1712, les fermiers se plaignent des nommés Rocquemont, conviennent pour terminer ce procès de tenir les dits Rocquemont quittes de tous frais déboursés, mises, et des intérêts et enfin de tous dépens contre eux obtenus dans le dit procès au moyen de la somme de cent vingt livres à laquelle nous nous sommes bien voulus contenter pour maintenir la Paix et pour ne pas dédire les personnes qui se sont mêlées de cet accommodement. Laquelle somme a été payée par les dits Rocquemont." Nouvelles plaintes en 1714 : Les Rocquemont ayant de nouveau pâturé dans les terres de Bihorel s'engagent à payer 150 livres aux fermiers. "Le midi, tous déjeunèrent à la Croix Verte, mais chacun en son particulier. Les Rocquemont envoyèrent le nommé Colombel à la chambre des Suppliants pour leur dire qu'ils donneraient 150 livres ; ce qui fait qu'ils burent ensemble, plusieurs fois. Sur les six à sept heures du soir, comme les fermiers retournaient chez eux, l'un d'eux, qui était sur la route de la Porte Beauvoisine, fut surpris par deux personnes qui le tinrent, lui donnèrent un coup de poing dans l'estomac, le terrassèrent, lui fermèrent la bouche et lui prirent toutes les pièces du procès contre les Rocquemont." "Comme il aurait fallu reconstituer de nouveaux dossiers, ce procès se termina à vau-l'eau, au grand dam des plaignants. " (A.D.S.M. Liasse 14 H 37- Extrait du registre de la Vicomté). Après avoir évoqué ces procès sur plusieurs siècles, revenons en arrière, au début du XVIIe siècle, pour retrouver des faits divers. En 1611 - la Seine étant gelée et les religionnaires (les protestants), ne pouvant se rendre au prêche Quevilly, il leur fut permis de célébrer au Bois-Guillaume, les fêtes de Noël. Des luttes avaient eu lieu, peu auparavant, entre des religionnaires et des catholiques, à l'occasion d'un sermon que le Père Yves, un capucin missionnaire, avait fait à Rouen et qu'il voulait renouveler à Quevilly. Ce prédicateur fut tancé vertement par le Parlement. En 1699 - le curé de Bois-Guillaume fonda à perpétuité, deux lits dans l'Hospice de Rouen en faveur de deux pauvres de la paroisse ; cette fondation fut ensuite réduite à un lit, mais en 1879, Bois-Guillaume jouit de cinq lits grâce aux libéralités de Mme de la Prévôtière et de M. Poixblanc. Au XVIIIe siècle commence la décadence du manoir et de la ferme de Bihorel. En dehors des Baux de la ferme - manoir on trouve aux Archives (14 H 370) d'autres baux pour des terres de Bihorel louées par les moines et s'étalant sur une période de 1699 à 1780. Durant une bonne partie du XVIIIe siècle on ne trouve pas trace d'événements majeurs. La Révolution arrive ; une nouvelle administration est mise en place. Grâce aux registres de délibération du Conseil municipal qui commencent en 1790, on peut suivre la vie communale de Bois-Guillaume Bihorel jusqu'à nos jours.

DE LA RÉVOLUTION A 1892

On ne passe pas directement de l'Ancien Régime à celui instauré par la Révolution. Pendant une période de transition, les prêtres tiennent encore un rôle important dans la vie communale. Les derniers registres paroissiaux de 1789 à 1791 ont toujours leur utilité. En 1789 - on apprend que le curé de Bois-Guillaume, l'abbé Voisin était Docteur en Sorbonne.

En 1790 - de nombreuses enquêtes, menées par le district de Rouen, dont celle sur la pauvreté, nous apprennent que sur 1600 habitants (172 feux), on compte : - 12 individus que la misère empêche de payer des impositions ordinaires, - 138 qui ne payent qu'une ou deux journées de travail (donc ne sont pas "citoyens actifs", c'est-à-dire électeurs), - 24 vieillards hors d'état de travailler, - 4 infirmes, - 180 enfants de pauvres journaliers au-dessus de 14 ans, - 208 individus qui ont besoin d'assistance et 250 en hiver, - 4 mendiants, - 80 malades devant être secondés dans l'année.

1790 (JUILLET) ARRÊTÉ CONCERNANT LE GLANAGE S'appuyant sur un arrêté du Parlement de Rouen du 20 juillet 1741 concernant le glanage, le Gouverneur général, Syndic du département de la Seine-Inférieure fait placarder et publier un nouvel arrêté, des abus se produisant : "Faite défense à toute personne, étant en état de travailler à la récolte, de glaner dans les champs, sous quelque prétexte que ce puisse être, à peine de prison ; permet aux seuls vieillards, infirmes ou enfants de glaner, ce qu'ils ne pourront faire toutefois qu'en plein jour, et après que les gerbes auront été enlevées, à peine d'être poursuivis comme voleurs ; fait défense aux propriétaires, fermiers, laboureurs de glaner ou de faire glaner par leurs préposés dans leurs champs après qu'ils auront enlevé leurs gerbes ; et à tous bergers, vachers et autres de mener leurs bestiaux dans les terres moissonnées plus tôt que 24 heures après que les gerbes ont été enlevées, à peine d'amende contre chacun des contrevenants, applicables au profit des pauvres de la paroisse." En octobre 1790, Bois-Guillaume revendique, par l'intermédiaire de son commissaire à l'Assemblée du canton, le rattachement à son territoire de : hameaux du Grenadier, des Bulins, ferme de la Vatine, dépendant de Mont-Saint-Aignan, la maison du garde de forêt nouvellement construite en Forêt-Verte et dépendant de Houppeville, la ferme des Sapins, de Beau Reper (sic) et enfin le hameau Mesnil-Grémichon dépendant de Saint- Martin-du-Vivier. Les réunions du Conseil, suite aux instructions du district, sont très nombreuses ; on en compte 26 dans les six derniers mois de 1790, en réponse aux arrêtés concernant le recensement des propriétés, des biens ayant appartenu au clergé, la réglementation des Maisons religieuses, du costume des Gardes nationaux, des Tribunaux civils, Juges de paix, nouvelles impositions, etc. On remarque dans les compte-rendus que le mot paroisse est souvent encore mis à la place de commune. Parmi les nouvelles impositions, on remplace la gabelle par des droits sur les huiles, savons, cuirs, fers. Pour l'état-civil, le registre, qui est encore paroissial, commence ainsi : "Le présent registre contient trente feuillets cités et paraphés par Nous Louis Charles Alexandre Boullanger, Ecuyer Conseiller du Roy : Lieutenant général au Bailliage et Siège Présidial de Rouen, pour servir à l'enregistrement des Baptêmes, Mariages et Sépultures, qui se feront en la paroisse de Bois-Guillaume, Diocèse de Rouen-Doyenné de la chrétienté pendant l'année 1790."

En 1791 - même début, mais pour Louis Boullanger on lit comme fonction "Président du Tribunal du District de Rouen, pour servir à l'enregistrement..." La fin est semblable. Ce registre s'arrête le 9 mai 1791. Il reste des feuilles blanches ! Un autre reprend à la même date, toujours avec Louis Boullanger "Juge Président du Tribunal du District de Rouen, pour servir à l'enregistrement des Baptêmes (on ne dit pas encore : naissances), Mariages et Sépultures qui se feront en la Paroisse (on ne dit pas encore : commune) de Bois-Guillaume Département de la Seine-Inférieure." En 1791 - le Directoire des districts demande un inventaire des biens, titres, mobilier, bénéfices, rentes, trésors des deux écoles de la paroisse et des Confréries de la Sainte-Trinité et de la Sainte-Véronique. Les biens du clergé étant confisqués, la ferme-manoir de Bihorel est vendue au citoyen Pain-d'Etancourt qui possédait une maison célèbre avec d'imposantes statues rue du Gros- Horloge (à l'emplacement actuel de Monoprix), (façade déplacée rue d'Amiens). Il était aussi propriétaire d'un hôtel en face de Saint-Ouen. Il avait acheté les biens de Bihorel en vue de leur restitution aux moines de Saint-Ouen, après la Révolution ; mais une page était définitivement tournée. La propriété sera reprise par des descendants des d'Etancourt, les familles de Beaunay et de (on retrouve ces noms donnés à des rues).

En 1792 - Louis Boullanger est remplacé par Gilles Ferry. Le double du registre est toujours gardé par le curé. On mentionne encore "baptême". Le curé rédige les actes jusqu'au 28 octobre 1792. Le registre est alors arrêté par le maire de Bois-Guillaume à cette date, an premier de la République française. Le registre est certifié conforme à l'original à Rouen, au Greffe du Tribunal, mais par l'Officier Public de la commune de Bois-Guillaume. D'après ces documents, on se rend compte que la nouvelle administration, née de la Révolution, met deux ans à se mettre en place. En 1792 - on note 55 réunions de Conseil.

En 1792 - on apprend que le premier budget s'élève à 958 F 46. Au cours des années qui suivent on trouve la trace des difficultés qu'a la commune pour "boucler" ce budget. En 1794 - le 22 avril, Thouret, qui habitait à Bois-Guillaume la propriété où se trouve maintenant la clinique du Cèdre, fut guillotiné. Député au Tiers Etat, il avait rédigé le cahier de doléances de Rouen, créé les 83 départements. Le 12 novembre 1789, il avait été élu Président de l'Assemblée Constituante. Les Montagnards le trouvèrent trop complaisant pour la royauté ; arrêté, emprisonné, il connut la mort, comme beaucoup de ses compagnons. Dans les années qui suivent, le vocabulaire diffère : Citoyen Préfet, Citoyen Maire, Citoyen Autin, prêtre desservant, etc. Directoire, Consulat, Empire, les régimes se suivent... En 1810 - le nouveau Maire doit prêter serment d'obéissance et de fidélité aux lois de l'Empire. 14 mai 1811 - manifestation pour la naissance du Roy de Rome. On trouvera, tout au cours du XIXe siècle, de semblables manifestations. Le Conseil se réunit pour "délibérer de la manière de diriger les élans de joie et de satisfaction que les habitants de la commune de Bois-Guillaume se proposent de manifester à l'occasion de la naissance de sa Majesté le Roy de Rome. Il arrête : 1°) que le Conseil municipal s'assemblera à la Mairie le dimanche 2 juin à 9 heures et demie, pour se rendre à la messe paroissiale, accompagné de la Garde nationale, pour assister au Te Deum qui sera chanté en Action de Grâce d'un si heureux événement qui comble de bonheur tout l'Empire français. 2°) Qu'il sera distribué aux indigents de cette commune du pain et de la viande sur présentation d'une carte qui leur sera délivrée par M. le Maire, lequel se concertera avec M. le desservant de cette paroisse pour n'en distribuer qu'à ceux qui sont réellement dans le besoin.

3°) Que cette dépense est évaluée à 120 F et sera prise sur les fonds communaux de 1811.

4°) Que le dit Conseil aurait désiré avoir plus de moyens pour faire éclater davantage l'allégresse commune dans un jour aussi mémorable, mais que, faute de fonds, il ne peut outrepasser la dépense proposée. 5°) Que la Mairie serait illuminée et que chaque membre du Conseil en particulier ferait participer les habitants à la fête commune par tous les moyens qui seraient en leur pouvoir. 6°) Que la Cloche serait sonnée à diverses heures dans la journée. 7°) Que toute la Garde nationale serait réunie, ferait différentes évolutions et l'exercice à feu. 8°) Qu'exposition de la présente délibération serait envoyée à M. le Sous-Préfet pour être revêtue de son approbation." 1814 - Exceptionnellement le budget a un reliquat de 300 F, qui sera employé pour des travaux et soulager les nécessiteux sans travail. Signalons que le percepteur s'appelle M. Cocagne !... 1814 - Napoléon est parti, on semble soulagé comme le montre le : Serment de fidélité à Louis XVIII Le Conseil est convoqué par le Maire, Baron d'Empire ! Tous ont prêté serment et ont spontanément manifesté leur attachement à sa Majesté en criant : "Vive le Roy, Vive Louis XVIII" et ont individuellement prononcé le serment réglé par sa Majesté ainsi qu'il suit : "Je jure et promets à Dieu de garder obéissance et fidélité au Roy, de n'avoir aucune intelligence, de n'assister à aucun Conseil, de n'entretenir aucune Ligue qui soit contraire à son autorité et si, dans le ressort de mes fonctions ou ailleurs, j'apprends qu'il se trouve quelque chose à son préjudice, je le ferai connaître au Roy." Après les signatures, on trouve ceci : "Ce procès-verbal, consigné sur les registres de la municipalité comme un acte authentique, non seulement de la satisfaction qu'il a éprouvée en ce jour d'avoir recouvré un monarque légitime, mais aussi de la fidélité qu'il lui voue pour toujours." "La cloche de l'église a sonné pendant tout le temps de la séance en signe de réjouissance et la dite a été levée aux acclamations de : "Vive le Roy ! Vive Louis XVIII le Désiré ! "

Allégresse de courte durée, l"Ogre" est revenu !... 19 avril 1815 - Serment de fidélité à l'Empereur Le Conseil municipal, d'après la lettre du Préfet du 1er avril, se réunit pour prêter serment. Chacun d'eux manifeste son attachement à sa Majesté l'Empereur et, ensuite, individuellement, prête le serment prévu à l'article 66 du Sénatus Consulte du 28 floréal an 12, ainsi qu'il suit : "Je jure obéissance aux constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur ; Un conseiller malade viendra prêter serment le 26 avril. Mai 1815 - Nomination du Maire, de l'adjoint et de 10 "officiers". Il y avait à cette époque, 30 personnes à Bois-Guillaume qui avaient le droit de vote, sur une population d'environ 1.700 habitants. Le Maire a 29 voix. Maire, adjoint et officiers prêtent le serment de fidélité à l'Empereur. Napoléon est de nouveau vaincu et bien exilé cette fois. Juillet 1815 - Serment de fidélité à Louis XVIII 1816 - On retrouve le drapeau de la Terreur, qui avait déjà été lacéré et on le brûle devant la Mairie en présence de tout le Conseil. 1817 - Un différend s'élève entre Bois-Guillaume et Mont-Saint-Aignan au sujet d'une commune pâture de 34 hectares. Il serait fastidieux d'en relater toutes les péripéties mais on retrouve trace de cette mésentente dans les registres en 1818-1833-1834-1836-1839- 1841-1853.

1822 - Bien que le Préfet ait demandé une séparation nette entre les deux communes, le conflit dure ainsi que le prouvent les diverses délibérations. 1823 - Pour combler le déficit du budget, on doit faire appel à un impôt extraordinaire, ce qui n'est pas du goût de tous ! 1826 Renouvellement du Conseil Municipal. Les Conseillers sont élus par les habitants qui ont le droit de voter. Le Maire et les Adjoints sont nommés par le Préfet. Le nouveau Maire de Bois-Guillaume est installé par le Maire de Mont-Saint-Aignan qui va le chercher à son domicile et le conduit à la Mairie où se trouvent l'ancien Maire et le nouveau Conseil. Après les discours et le serment de fidélité on crie : "Vive le Roi ! Vive la famille des Bourbons !"

1828 - Un arrêté de la Police municipale mérite d'être reproduit in extenso : Extrait du Code Pénal - Livre IV - Chapitre II Seront punis d'amendes depuis un franc jusqu'à cinq francs : I) ceux qui n'auront pas réparé ou entretenu les fours, cheminées où l'on fait du feu. II) ceux qui auront violé la défense de tirer en certains lieux des feux d'artifice. III) les aubergistes ou autres qui, obligés à l'éclairage l'auront négligé - ceux qui n'auront pas nettoyé les rues ou passages dont le soin est à la charge des habitants. IV) ceux qui auront embarrassé la voie publique par des matériaux ou choses quelconques - ceux qui auraient négligé d'éclairer des matériaux par eux entreposés ou des excavations par eux faites dans les rues et les places. V) ceux qui auront refusé de réparer ou démolir des édifices menaçant ruines. VI) ceux qui auront jeté ou exposé des choses de nature à nuire par leur chute ou par des exhalaisons insalubres.

VII) ceux qui auront laissé dans des lieux publics coutres de charrues, barreaux ou autres machines, ou instruments, armes, dont puissent abuser les voleurs et autres malfaiteurs. VIII) ceux qui auront négligé d'écheniller dans les campagnes ou jardins. IX) ceux qui auront cueilli ou mangé dans le lieu même des fruits appartenant à autrui.

X) ceux qui auront glané, râtelé ou grappillé dans les champs non encore entièrement vidés de leur récolte, ou avant le lever ou après le coucher du soleil. XI) ceux qui sans avoir été provoqués auront proféré contre autrui des injures autres que celles prévues dans les articles de loi. XII) ceux qui, imprudemment, auront jeté des immondices sur quelque personne. XIII) ceux qui, n'étant ni propriétaires, ni usufruitiers, ni locataires, ni fermiers, ni jouissant d'un terrain ou d'un droit de passage, ni étant préposés ou agents de ces personnes, seront entrés et auront passé sur un terrain préparé ou ensemencé. XIV) ceux qui auront laissé paître leurs bestiaux ou leurs bêtes de trait, de charge ou de monture sur le terrain d'autrui avant l'enlèvement de la récolte.

Seront punis d'amendes de six à dix francs : I) ceux qui auront contrevenu aux bans de vendange ou autres bans autorisés par le règlement (bans de vendange : proclamation qui faisait connaître à partir de quelle date pouvait commencer la vendange ; à cette époque, il y avait encore un certain nombre de vignobles dans notre région). II) les aubergistes, hôteliers, logeurs ou teneurs de maisons garnies, qui auraient négligé d'inscrire de suite et sans aucun blanc, sur un registre tenu régulièrement ; les noms, qualités, domicile habituel, dates d'entrée et de sortie de ceux qui auront été logés etc. III) les routiers, charretiers, conducteurs de voitures quelconques ou de bêtes de charge... qui n'observeraient pas les règles de circulation. IV) ceux qui laisseraient des bêtes de trait ou de charge, chevaux de monture, dans l'intérieur d'un lieu habité.

V) ceux qui auront établi ou tenu dans les rues, les chemins, places ou lieux publics, des jeux de loterie ou d'autres jeux du hasard. VI) ceux qui auront vendu ou débité des boissons falsifiées, sous préjudice des peines les plus sévères. VII) ceux qui auraient laissé divaguer des fous ou des furieux étant sous leur garde, ou des animaux malfaisants ou féroces ; ceux qui auront excité ou n'auront pas retenu leurs chiens lorsqu'ils attaquent ou poursuivent des passants. VIII) ceux qui auraient jeté des pierres ou d'autres corps durs ou des immondices contre les maisons, édifices et clôtures d'autrui, ou dans les jardins ou enclos ou contre quelqu'un. IX) ceux qui n'étant pas propriétaires, usufruitiers d'un terrain ou jouissant d'un droit de passage, y sont entrés et y ont passé dans le temps où ce terrain était chargé de grains, de raisins, ou autres fruits mûrs ou voisins de la maturité. X) ceux qui auraient fait ou laissé passer des animaux sur un terrain ensemencé ou chargé de récoltes. XI) ceux qui auraient refusé de recevoir les espèces de monnaies nationales non fausses ni altérées selon la valeur pour laquelle elles sont faites. XII) ceux qui, le pouvant, auront refusé ou négligé d'éclairer les travaux, de prêter secours dans le cas d'accidents, tumulte, naufrage, inondation, incendie ou autres calamités, ainsi que dans le cas de brigandages, pillages, flagrants délits, clameurs publiques ou d'exécutions judiciaires. Seront punis d'une amende de onze à quinze francs : I) ceux qui auront volontairement causé des dommages aux propriétés mobilières d'autrui.

II) ceux qui auront occasionné la mort ou des blessures à des animaux par l'effet de divagation de fous ou de furieux. III) ceux qui auront occasionné les mêmes dommages par l'emploi ou l'usage d'armes sans précaution ou avec maladresse ou par jet de pierres ou de corps durs IV) ceux qui auront causé les mêmes accidents par la vétusté, la dégradation, le défaut de réparation de maisons ou d'édifices ou l'encombrement de la circulation. V) ceux qui auront de faux poids ou de fausses mesures dans tous lieux, sans préjudices d'autres peines. VI) ceux qui emploieraient des poids et mesures autres que ceux établis par les lois. VII) les auteurs ou complices de bruits ou tapages injurieux ou nocturnes." En 1828 également un arrêté municipal, se rapportant aux fêtes et dimanches interdit aux marchands, colporteurs, d'exposer et de vendre pendant les offices ; aux cabaretiers, limonadiers ou autres débitants de boissons, de tenir leur maison ouverte et d'y donner à boire et à jouer ; aux artisans et ouvriers de travailler extérieurement. On entend par "le temps des offices", non seulement la durée de la messe, mais encore celle des divers exercices religieux et tout le temps où se font les prières publiques à l'église. Un autre arrêté réglemente l'utilisation des feux d'artifices et armes à feu. On prévoit notamment l'interdiction de les employer près des maisons et bâtiments couverts en chaume.

Enfin l'entretien des haies qui bordent les chemins doit être régulier. Pour un recensement de la population, la commune est divisée en cinq arrondissements. 1831 - Installation d'un nouveau Conseil municipal. Le serment de Fidélité est ainsi conçu : "Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois du Royaume." 1834 - Renouvellement triennal du Conseil municipal. On tire au sort les huit conseillers qui devront cesser leur fonction. 1836 - La commune de Bois-Guillaume avait toujours de grosses difficultés avec son budget. Recettes : 1444 F 81 - Dépenses : 4861 F 11 - Déficit : 3146 F 30. On vote une imposition extraordinaire pour le combler. 1837 - Projet d'aménagement de la Mairie au-dessus de l'école de garçons (Route Royale). Choix d'un greffier de Mairie. Il est choisi en fonction de son écriture, de son exactitude et d'honorables certificats. 1840 - Elections municipales. 8 conseillers. 1845 - Pétition des cultivateurs concernant le glanage pour que soit appliquée la loi de 1790. Il doit y avoir des contrevenants. 1846 - Elections municipales. 8 conseillers ; les 3/4 parmi les électeurs de Bois- Guillaume ; le reste parmi les censitaires. 1848 - Après la révolution on emploie de nouveau le mot "Citoyen" et "Citoyen Président". On ne dit plus Préfet mais "Citoyen Commissaire provisoire". On plante un arbre de la Liberté. 1850 - Pour parer au défaut de ressources communales, on instaure des prestations en nature d'une journée d'hommes, de voitures ou charrettes attelées, de bêtes de trait, de somme ou de selle, plus centimes additionnels, plus impôt extraordinaire. En 1851, on apprend, toujours d'après les registres, que Rouen voulut agrandir son périmètre aux dépens de Bois-Guillaume, en demandant l'annexion du quartier Bihorel des Trois-Pipes et du Mont-Fortin. Bois-Guillaume n'accepta pas d'être grignoté et le Conseil municipal de l'époque réfuta vigoureusement les arguments avancés par Rouen pour justifier cette annexion. Il n'est pas question de reproduire in-extenso toute la délibération car on était très prolixe à l'époque, mais contentons-nous de relever les cinq raisons motivant la requête de Rouen. 1°) "Difficulté de surveillance des employés de l'octroi dans une certaine longueur de la Route nationale n° 28 dont un des côtés est sur la ville et l'autre sur Bois-Guillaume. 2°) Les employés de commerce et autres ont abandonné l'intérieur de la Ville pour transporter leur habitation sur la commune de Bois-Guillaume afin de s'affranchir des charges de la Ville quoique participant à une grande partie des avantages qu'elle offre ; il est de toute justice qu'un pareil calcul soit déjoué. 3°) Qui ne sait que les enfants du Bois-Guillaume sont admis dans nos crèches, dans nos salles d'asile, dans nos écoles, que leurs malades et leurs vieillards trouvent sans cesse à cause de la proximité de faciles moyens d'accès dans nos hôpitaux ?" Ici, relevons un des arguments de la défense : la commune de Bois-Guillaume avait des actes authentiques de 1697 qui lui octroyaient trois lits dans les hôpitaux de Rouen par suite d'une donation faite aux hospices. C'était donc un droit et non une aumône. 4°) "La partie de Bois-Guillaume qu'il s'agirait de réunir à la ville de Rouen contient, est-il dit, un grand nombre de guinguettes, de bals champêtres, de cabarets où les ouvriers de Rouen se rendent et où les repris de justice peuvent facilement exercer leur coupable industrie, tandis qu'en réunissant cette partie à la Ville, la morale publique serait sauvegardée, la sécurité des citoyens assurée parce que cela donnerait à la police le droit d'exercer son utile influence." La réponse du Conseil municipal de Bois-Guillaume, mérite, là, d'être entièrement reproduite : "Il semblerait, à voir ce paragraphe du rapport de Rouen que les quartiers de la commune du Bois-Guillaume convoités en ce moment par Monsieur le Maire de la Ville de Rouen, sont coupe-gorges très dangereux, lieux de sale et dégoûtante débauche où les honnêtes gens ne pourraient sans honte et sans danger mettre le pied et cependant rien n'est plus inexact car on rencontre beaucoup plus d'estimables pères de famille conduisant là leur femme et leurs enfants le dimanche, dans la belle saison, pour se délasser des travaux de la semaine, que de ces êtres immoraux dont on compose à plaisir la majorité des promeneurs qui fréquentent ces hameaux. Et puis, on croirait qu'il n'y a pas de ces guinguettes et de ces cabarets en nombre bien plus considérable dans les autres communes qui avoisinent la Ville et à ses portes. Il semblerait, encore une fois, que tous les cabarets, que toutes les maisons de prostitution que renferme la Ville de Rouen soient des lieux saints, qu'ils ne sont habités, fréquentés, que par la vertu et que tous les vices se réunissent dans la seule commune de Bois-Guillaume. Mais, ce qui a moins le droit de surprendre, c'est qu'on ose dire que la police ne peut exercer là une surveillance salutaire ; à qui donc espère-t-on faire croire que Monsieur le Commissaire Central de la Police dont les pouvoirs s'étendent sur toutes les communes de l'arrondissement de Rouen, n'a aucune action sur la commune de Bois-Guillaume ? L'étendue de la commune de Bois-Guillaume est tellement considérable que la disjonction de la partie demandée par la Ville de Rouen, ne portera aucune atteinte à ses intérêts légitimes." Naturellement, le Conseil de Bois-Guillaume, fait ressortir que la Commune serait gravement lésée après une telle amputation et en appelle à l'Autorité Supérieure en ces termes : "L'inquiétude fort légitime jetée parmi les nombreux propriétaires et habitants des hameaux menacés de la disjonction, inquiétude qui les a tous portés à protester par pétition, paralyse en ce moment et depuis la publication des prétentions de la Ville de Rouen tous les travaux d'amélioration ; des constructions projetées sont ajournées. Il est donc très désirable, dans l'intérêt de la Commune de Bois-Guillaume et notamment dans celui du quartier des Trois-Pipes et du Mont-Fortin, que l'Autorité Supérieure veuille bien intervenir pour rassurer tant d'intérêts menacés ; c'est une prière que lui fait le Conseil Municipal de la Commune de Bois-Guillaume. Plein de confiance dans les lumières et dans l'esprit de l'Autorité Supérieure, le Conseil Municipal croit devoir se borner aux réfutations qui précèdent et termine en repoussant à l'unanimité et avec toute l'énergie dont il est capable les prétentions du Conseil Municipal de Rouen." Rouen n'eut pas gain de cause. Au cours des années suivantes, durant le règne de Napoléon III, on verra le Conseil Municipal envoyer de nombreuses adresses "télécommandées" à l'Empereur. On peut remarquer que, chaque fois qu'il y a changement de gouvernement, celui qui prend place est toujours le meilleur, le plus capable d'apporter le bonheur aux Français. 1852 (octobre) - Adresse au Prince-Président Louis-Napoléon. 1852 (décembre) - Adresse à l'Empereur Napoléon III. Auparavant, il y avait la lecture de la "Proclamation de Napoléon III Empereur des Français". "Cette lecture s'est faite d'après les instructions du Préfet, sur la place de l'Eglise, en présence du Conseil municipal, de la population, de Monsieur le Curé en habits sacerdotaux et de son Clergé, des sapeurs-pompiers, de la Garde nationale sous les armes. Elle a été accueillie par un cri général de "Vive l'Empereur", plusieurs fois répété par la foule assemblée. Monsieur le Curé a ensuite entonné le Domine Salvum fac Imperatorem qui a été chanté par la foule des assistants, puis chacun s'est retiré dans le plus grand calme, la satisfaction peinte sur toutes les figures. Cette fête a été couronnée par une distribution de pain et de viande aux indigents." 1853 (février) - Adresse à l'occasion du mariage de l'Empereur. 1853 (mars) - Prestation de serment politique : "Je jure obéissance à la constitution et fidélité à l'Empereur." 1855 - Taxe sur les chiens suivant deux classes.

Première classe : chiens d'agrément et de chasse : 5 F. Deuxième classe : chiens de garde : 2 F. 1856 (avril) - Adresse à l'occasion de la naissance du Prince Impérial. Le conseil vote l'adresse suivante :

"A sa Majesté l'Empereur Napoléon III Sire, "Intimement convaincu qu'après tant de secousses politiques, votre dynastie seule peut consolider et perpétuer le repos de la France, le Conseil municipal de la commune de Bois-Guillaume vient déposer très respectueusement aux pieds du trône de Votre Majesté ses biens sincères félicitations à l'occasion de la naissance du Prince Impérial qui sera appelé un jour à continuer l'œuvre de pacification, de prospérité et de grandeur que la France reconnaissante doit à la haute sagesse de Votre Majesté. Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice ! Vive le Prince Impérial !" 1856 (juin) - Adresse à l'occasion du baptême du Prince Impérial. "Le Conseil municipal s'unissant aux sentiments de sympathie de tout le pays, à la famille impériale et surtout au vœu exprimé par sa Majesté l'Impératrice, consacre à de bonnes œuvres le montant de la dépense à voter à l'occasion du baptême de son Altesse le Prince Impérial. C'est pourquoi il sera ajouté une somme de 50 F à celui destiné à une distribution extraordinaire de pain aux indigents de la commune." 1858 (janvier) - Adresse à l'occasion de l'attentat contre l'Empereur. "La Providence, en préservant si miraculeusement de l'attentat horrible du 14 janvier les jours de votre Majesté et ceux de l'Impératrice votre Auguste Epouse, a voulu donner au monde un témoignage éclatant de sa divine protection ! Elle a voulu aussi, peut-être, Sire, vous avertir qu'il est temps de mettre un terme à votre inépuisable Clémence, qu'il est temps enfin d'atteindre les moteurs de ces détestables forfaits ; Votre propre sûreté, le salut de la France et le repos de l'Europe sont à ce prix. Le pays qui refuserait d'exclure de son territoire de pareils fauteurs de crimes, ne pourrait plus se dire l'ami de la France, ni celui de votre Majesté. Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice !" 1859 (avril) - Adresse à l'Empereur pour ses succès en Italie. "A sa majesté l'Empereur Napoléon III Sire, Le Conseil municipal de la commune de Bois-Guillaume (Seine-Inférieure), mû par un sentiment unanime d'admiration pour les hauts faits que vous venez d'accomplir si glorieusement en Italie, a l'honneur de mettre aux pieds du trône de votre Majesté, l'hommage respectueux de ses félicitations les plus sincères. En deux mois, avec une armée prise à l'improviste, mais vaillante et dévouée, vous avez vaincu dans plusieurs batailles mémorables un puissant ennemi préparé dès longtemps pour cette formidable lutte. Puis, au moment où il n'y avait plus que quelques efforts à faire pour refouler et peut-être anéantir sa nombreuse armée, vous lui avez noblement offert la paix afin d'arrêter l'effusion de sang déjà trop abondamment versé. Ce trait, Sire, vous a couvert de gloire aux yeux de toute l'Europe et vous a acquis de nouveaux droits à notre affection et à notre reconnaissance. Que Dieu veuille, Sire, vous conserver longtemps pour le bonheur et la prospérité de la France. Vive l'Empereur !" 1861 - Les communes pâtures situées sur Mont-Saint-Aignan sont vendues. Le différent avec Bois-Guillaume qui dure depuis de nombreuses années devrait ne plus exister.

1865 - Pour l'érection d'une statue de Napoléon premier à Rouen, le Conseil vote 100 F. qui s'ajoutent aux 389 F. votés en 1853. Le Maire, M. Vittecoq ajoute 20 F. 1865 (novembre) - Legs de M. Vittecoq. Il lègue à la commune le presbytère et ses dépendances qu'il a acquis de M. Yon. Il sera résidence perpétuelle de M. le Curé de la paroisse. Il lègue également une somme de 13.000 F qui seront placés en rentes 3% et dont le produit sera employé comme suit : 450 F pour le traitement de l'école gardienne ou salle d'asile. Le reste sera versé au Bureau de Bienfaisance. Les frais seront réglés par sa succession. 1865 - Destruction des hannetons et des mans - On offre 3 F par hectolitre de hannetons ou de mans. On les détruira ou les emploiera pour la fumure. En 1866, le prix passe de 3 à 5 F l'hectolitre. Pendant la campagne de 1966, il a été présenté par divers ouvriers ou cultivateurs 695 litres de mans. Plusieurs cultivateurs dans le but de stimuler cette destruction ont offert de payer jusqu'à 0 F 50 chaque litre de mans. 1866 (mai) - Le Conseil vote 100 F pour aider au rachat de la Tour Jeanne d'Arc. 1867 - Adresse à l'Empereur à l'occasion de l'attentat du 6 juin. "A sa Majesté Napoléon III Empereur des Français Sire, A la nouvelle de l'horrible attentat dont votre Majesté et le Tsar ont failli être victimes, un long cri d'indignation a retenti par toute la France qui aussitôt a remercié Dieu d'avoir protégé les jours si précieux de votre Majesté et qui s'est empressée de porter ses Un manoir à Bihorel-les-Rouen

Ancien manoir de la Ferme de la Petite Madeleine

Plan cavalier 1791. Ancien manoir de Bihorel. Cli. inv. Miossec 7076.1016.V. LES MANOIRS DE BIHOREL

M. de Beaurepaire présente ces manoirs ainsi : "La plus ancienne mention du nom de Bihorel, que je puisse citer, m'est fournie par les Rôles de l'Echiquier de Normandie de 1198. Il y est question d'un Waltérus de Bishorel. Ce nom servait à désigner, près de Rouen, deux domaines voisins l'un de l'autre et cependant distincts".

LE MANOIR DE LA PETITE MADELEINE

Ce manoir, après avoir appartenu à la famille Braque (riche propriétaire) devint la propriété des religieux de Sainte-Catherine, et, plus tard, celle de l'Hôtel-Dieu de Rouen, dont il a pris le nom. Les religieux de Sainte-Catherine l'achetèrent en 1394, pour le prix de 800 1. t. (livres tournois) de messire Jean Braque, chevalier, fils aîné de feu Jean Braque, qualifié aussi de chevalier. Cette somme provenait de la vente qu'ils avaient faite d'un domaine situé en Angleterre. Le manoir de Bihorel est ainsi décrit : "Un manoir sis à Bihorel, en la paroisse de Boisguillaume, avec le clos devant la porte du dit manoir auquel clos sciet la mare à quatre cornés... et contient le tout XXXVI acres jouxte le chemin tendant de Rouen au Val- Graignaux ; item un clos nommé le Clos de la Viel-Tour, contenant III acres ou environ jouste le chemin du Roy" (vieux français). On trouve, à peu de chose près, les mêmes indications dans un document de la fin du XIVe siècle, portant pour titre : "Cy ensuit la revenue et les appartenanches au manoir de Bihorel, assis en la vicomté et banlieus de Rouen, appartenant à l'abbé et couvent de Sainte- Catherine" (vieux français). Il semble que même longtemps après que cette aliénation avait été faite aux religieux de Sainte-Catherine, le manoir de Bihorel était encore connu sous le nom de son ancien propriétaire. "C'est ce que je crois pouvoir conclure d'une délibération prise de l'Hôtel de Ville de Rouen, du 1er juillet 1506, délibération touchant le chemin qui est auprès de Sainte-Venise, que le vicomte de Rouen prétend faire faire aux frais de la ville. La Ville, y est-il dit, n'est assujettie, à raison de la ferme, des pavages et chaussées, qu'à l'entretien des chaussées proches des portes. Le grand chemin est tout le long de l'hôtel de Jean Braque. Le chemin en question n'est pas grand chemin". Le 9 juin 1600, les religieux de Sainte-Catherine, privés de leur ancien monastère qui venait d'être démoli, cédèrent leur manoir de Bihorel à l'Hôtel-Dieu de Rouen, en échange du Prieuré de Saint-Julien, qui fut affecté à leur communauté. Les Hospices de Rouen les possédèrent encore longtemps, c'était leur terre de la Petite Madeleine, dont les bâtiments longeaient la route de Neufchâtel. (Bulletin de la Commission des Antiquités - Tome XI, p. 297, 298. Communication de M. de Beaurepaire le 10 mai 1898). On sait que la ville de Bihorel a racheté, en plusieurs fois, ce domaine de la Petite Madeleine, aux Hospices de Rouen.

LE MANOIR DES MOINES DE SAINT-OUEN

Ce manoir appartint jusqu'à la Révolution aux religieux de Saint-Ouen. On le trouve mentionné en ces termes dans une charte de 1277 : "Duas pechias terre de feodo dictorum religiosorum quas habebamus in parrochia Si-Gildardi Rothomagensis, quarum una sita est