Soultzmatt-Wintzfelden

1

Mot du maire

nsemble, la commune de En effet, les jeunes maîtrisant le dialecte Soultzmatt-Wintzfelden, l’associa- alsacien et/ou l’allemand ont de meilleures tion AGATE et les mécènes ont ré- perspectives professionnelles. alisé le "Sentier bilingue des poè- E tes Alsaciens", le "Dìchterwag vu Nous espérons également renforcer les re- Soultzmatt", afin de mettre en valeur à la lations transfrontalières avec nos voisins fois le patrimoine littéraire alsacien et la allemands et suisses, en mettant en valeur beauté de notre terroir régional. notre patrimoine linguistique commun.

Ce sentier serpente les flancs du Grand Cru Ce sentier sert aussi à la promotion de no- Zinnkoepflé, vignoble réputé de tre terroir et de notre patrimoine viticole ; le Soultzmatt. vin et les lieux mythiques de la Vallée Noble figurent au nombre des thèmes choisis L’alsacien est une langue riche. Plusieurs pour ce sentier. générations d’écrivains l’ont utilisé, et l’uti- lisent toujours, en théâtre, en prose, mais Par la découverte de ce paysage qui ins- aussi en poésie. pire, par la méditation de ces textes remar- quables, par la dégustation de ces vins Si ces auteurs sont aujourd’hui trop sou- d’exception, nous pouvons accéder à une vent méconnus, c’est surtout du fait de forme de bonheur ! l’appauvrissement linguistique d’une Al- sace de moins en moins bilingue. "Dur die Entdeckung vu dara Làndschàft, wu eim inschpiriart, durs Meditiara vu dana À travers cette réalisation, nous voulons bemarkmenswart scheena Gedìchtla, durs mettre en valeur les multiples facettes de Gniassa vu dana Spìtzawi, känna mìr a notre culture régionale : le dialecte alsa- Form vu Glìck erreicha." cien, notre histoire. "Uf'm Zinnkoepflé, uf'm Dìch- Après l’ouverture d’une classe bilingue, terwag vu Soultzmatt, wìnsch nous voulons poursuivre la promotion du ìch àlla viel Freid un Spàss!" bilinguisme car nous sommes convaincus qu’ainsi, nous pouvons donner des atouts à JeanJeanJean-Jean---PaulPaul DIRINGER notre jeunesse. Maire de Soultzmatt-Wintzfelden 2

Mot du président d'Agate

près Munster (2008), Blienschwiller paysage. Puisse-t-il partager avec AGATE et (2010), l’association AGATE et la la commune de Soultzmatt le plaisir de dé- commune de Soultzmatt ont initié le couvrir, dans un écrin de verdure, les beaux 3e sentier bilingue des poètes alsa- textes de nos auteurs locaux et régionaux, Aciens, inauguré le 10 septembre 2011. Il qui méritent d’être préservés de l’oubli… comporte un grand panneau de présentati- on et 29 panneaux bilingues, dont 20 alsa- Nooch Mìnschter (2008), Bleschwiller (2010) han s Verein AGATE un d’Gmein vu Soultzmatt cien-français, 5 allemand-alsacien, 3 fran- dr drìtt elsassisch Dìchterwag ìns Lawa grüa- çais-alsacien et un dialecte souabe- fa, wu àm 10. Septamber 2011 igwèiht worra français. L’originalité de ce 3e sentier est n ìsch. Ar zählt a großi Info-Tàfel un 29 zweis- qu’il propose une biographie bilingue de Di- prochigi Tafala, 20 Elsassisch-Frànzeesch, 5 nah Faust et des textes d’auteurs des villes Hochditsch-Frànzeesch, 3 Frànzeesch- jumelées avec Soultzmatt : Pierre Loti Elsassisch un eins uf Schwäbisch-Frànzeesch. (Saint Porchaire), Fritz Springer (Talheim) et D’Originàlität vu dam drìtta Dìchterwag ìsch, Marcel Leroy (Vresse-sur-Semois). àss a zweisprochigi Biographie vu dr Dinah Faust un zwei Autora vu da Pàrtnerstädt vu Le sentier part derrière la mairie, monte au Sultzmàtt derbii sìn: dr Pierre Loti (Saint Por- Zinnkoepflé et ses grands crus, d’où le pro- chaire) un dr Fritz Springer (Talheim). meneur aura, au fil des panneaux thémati- ques, une vue imprenable sur Soultzmatt, Dr Wag fàngt hìnter dr Mairie à, fiahrt uf le vignoble, les Vosges, la Forêt Noire et, d’ Zinnkoepfle un sini "grands crus", wo dr par temps clair, les Alpes, pour revenir près Wànderer àn da themàtischa Tafala entlàng a du point de départ. herrligi Üssìcht hàt uf Sulzmàtt, dr Wiibarg, d’Vogesa, dr Schwàrzwàld, un bì klàrem Wat- La lecture des textes dans les différentes ter sogàr uf d’Àlwa, un andet nìt witt vum Üss- variantes dialectes sera facilitée par le fait gàngspunkt. qu’ils sont, avec l’accord des auteurs, tous S Lasa vu da Text ìn da verschiedena Dialekt- rédigés en ORTHAL (Orthographe alsacien- Vàriànta wurd erlichtert dur die Tàtsàch, àss ne) dont les signes graphiques essentiels sie àlli mìtem Iverstandnis vu da Autora ìn OR- sont expliqués dans ce livret. THAL verfàsst sìn. Die wìchtigschti ORTHAL- Le promeneur devra compter environ 2h30 Schrìftzeicha sìn àn da Heftla erklärt. pour savourer la musicalité des textes pluri- Edgar ZEIDLER lingues, apprécier la beauté du lieu et du Président d’AGATE 3

Qui est AGATE ?

ondée, à le 20 octobre • de susciter l’envie, notamment auprès des 2007, présidée par Edgar Zeidler, nouvelles générations, de cultiver les par- l’association a pour but : lers dialectaux si riches et variés, vérita- bles tremplins envers d’autres langues F • d’œuvrer pour l’harmonisation comme l’allemand et l’anglais des graphies dialectales alsaciennes pour • d’organiser régulièrement dans toute l’Al- qu’elles soient lisibles en Alsace et hors sace des campagnes de dictées de sensi- de nos frontières bilisation à la graphie harmonisée à l’in- • d’informer les auteurs et le grand public tention des élus et du grand public des nouvelles possibilités de communica- • d’être un interlocuteur privilégié des Uni- tion dialectale offertes par le système OR- versités, des Universités Populaires d’Al- THAL (Orthographe Alsacienne), fruit d’an- sace, des établissements scolaires publics nées de recherche et d’expérimentation et privés, des organismes institutionnels • d’encourager les auteurs, les enseignants, tels l’O.L.C.A. (Office pour la Langue et la les animateurs de cours d’alsacien à Culture d’Alsace), l’Institut des Arts et Tra- adopter le système ORTHAL dans le res- ditions Populaires d’Alsace, l’Académie pect des variantes dialectales en usage d’Alsace, la Société des Ecrivains d’Alsace dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin et de Lorraine, la Revue Alsacienne de Lit- térature pour toute question relative à la • de soutenir les auteurs qui s’expriment en dialecte alsacien dans un esprit d’ouver- graphie dialectale ture et de tolérance envers les autres • d’élaborer et de réaliser des projets nova- cultures teurs susceptibles de promouvoir la culture et la littérature alsaciennes • de conseiller notamment les auteurs, les enseignants, les animateurs, les élus, les • de nouer des contacts avec les régions li- médias, les commerçants, les restaura- mitrophes (Lorraine, Palatinat, Bade- teurs, les groupements de théâtre, les as- Wurtemberg, Suisse) dans le but d’échan- sociations, les particuliers désireux d’é- ger nos points de vue, de comparer nos crire en dialecte alsacien travaux et de promouvoir nos dialectes respectifs • de sensibiliser les élus quant à l’opportu- nité de disposer d’un système orthogra- phique harmonisé, cohérent et consen- A.G.A.T.E.A.G.A.T.E.A.G.A.T.E. suel, lisible au-delà de nos frontières, pour Académie pour une Graphie Alsacienne Transfrontalière la réalisation par exemple de plaques de Siège : 12, rue de l’été 68510 rues, d’affiches ou de panneaux bilingues Contact : [email protected]

4

L'ORTHAL (orthographe alsacienne)

ORTHAL a pour but d'harmoniser da reden parler, quand elle est dou- l'écriture du dialecte afin d'en fa- blée : Schnee Schnee neige ou suivie ciliter la lecture dans divers par- de : Lehrer Lehrer enseignant les du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. • La lettre a la valeur de <è> ouvert En voici les principaux signes : L' et bref quand elle est suivie de plu- sieurs consonnes : Metzger Metzger • La lettre correspond au son : boucher ou de consonnes doublées : Hund Hund chien Wettùng Wette pari • La lettre <ü> correspond au son : Hüss Haus maison • La lettre a la valeur de réduit dans une syllabe atone : ufbewàhr auf- • La lettre <ù> correspond au son bewahrt conservé, en finale absolue : très ouvert comparable au français hole holen chercher, dans les préfixes : : Hùnd Hund chien BegrBegrBegrìff Begriff concept et les suffixes :

• La lettre correspond au son Maidel Mädchen fillette clair : Walt Welt monde • Le diagramme correspond au son

• La lettre <ä> correspond au son <è> intermédiaire entre et dans le ouvert bref : Wäsch Wäsche linge ou Bas-Rhin : Bue Bube garçon long : Mäwel Möbel meuble • Le diagramme correspond au son

• La lettre <à> correspond au son long et fermé fréquent dans le Bas- sombre (voilé) : Wàld Wald forêt Rhin : wie wie comment

• La lettre <ì> correspond au son intermé- • Le diagramme <ìe> correspond au son diaire entre et <é> : KKKìnd Kind en- intermédiaire entre et <é> long : sssìe fant sie elle

• La lettre correspond au son fer- • Le digraphe correspond à la diph- mé : bisse beißen mordre tongue très répandue dans le Haut-Rhin : wia wie comment • La lettre <ë> correspond au son <è> très ouvert : Fëhler Fehler erreur, faute • Le digraphe <üe> correspond à la diph- tongue réduit : güet gut bon • La lettre a la valeur de <é> long et fermé quand elle est suivie d'une seule • Le digraphe <üa> correspond à la diph- consonne dans une syllabe tonique : re-re-re- tongue clair : güat gut bon

5

1 Alfred Ruppé 1932

Mi natte Elsàsslànd Ma chère terre d’Alsace

Do… wu dàs guldige Streesle, Là… où serpente cette route d’or, zwìschem Rhi un da Vogese, Entre Vosges et Rhin, Riesling tràuimt àm Vogesehàng... Sur les coteaux où rêve le Riesling wu dr Gebìrgsbàch sìnge tüet Où chante le torrent mìt’m Enziàn un Fìngerhüet – Avec la gentiane et la digitale – ìsch mi natte Elsàsslànd. Resplendit ma terre d’Alsace.

Wu Notezàuiwer üs da Walder, Où résonne la forêt enchantée, Dans les champs mûrissent les épis d’or, Guldàhre zittige uf da Falder, Drapés dans le silence lumineux de l’astre unter’m stìlle Stràhleglànz... [divin… wu àn da Stànge blìnzle d’Hopfe Où le houblon enlace ses rames zwìsche Làuib wia Sìlwertropfe – En un feuillage aux larmes argentées – ìsch mi natte Elsàsslànd. Resplendit ma terre d’Alsace.

Do wu ìm Wìnter d’Chrìschtrose Là où l’ellébore en hiver zwìsche da Schneestarnle schlofe, Somnole parmi les étoiles de neige, d’Heimet rüehjt ìn Gotteshànd... Repose mon pays en de divines mains… wu d’Vogesetànne mìt’m Rhi Où les sapins des Vosges et le Rhin sìnge mi Heimetmelodie – Entonnent la douce mélodie de mon pays ìsch mi natte Elsàsslànd. – S’épanouit ma terre d’Alsace. Bas-alémanique du sud Version française : Claude Diringer

6

Ronald Euler 2 Sarre-Union 1966

Rot Rouge

Dehëm ìm Gehre vàn dr Chez soi dans le giron de sa maman Màmme dans les bras de son papa ìm Arm vàm Bàbbe dans le regard de l’être aimé

ìm Blìck vàm Schàtz Chez soi dans le mot qui chante

Dehëm ìm Wort wu sìngt dans le mot qui lutte ìm Wort wu rìngt dans le mot qui étouffe

ìm Wort wu verstìckt Chez soi dans le pays irradié

Dehëm ìm verstràhlte Lànd dans le pays bousillé dans le pays qui n’existe pas ìm verhunzte Lànd ìm Lànd wu s nìtt gìtt Chez soi dans le bruissement du vent dans l’ombre du tilleul Dehëm ìm Rüschle vàm Wìnd dans le sable rouge du pays ìm Schàtte vàn dr Lìnd [des Vosges ìm rote Sànd vàm [Vogeselànd Version française de l’auteur

Francique rhénan lorrain

7

3 Alphonse Meyer Mothern 1951

Ô Harr, mir flehn Dich àn

Du, unser Harr, voller Gnàd un Bàrmharzigkàit Kern vum Erdkràis, Schepfer in àller Ewigkàit Àànzicher Harrscher àm Dààg vun de Belohnung Du warsch uns messe àn unsere Dienschtlàischtung. Wenn mir uf’m gràde un sittsàme Wëg gehn Wie unseri Àhne vor Dir im Winke stehn Dei uniwertroffeni Harrschàft verehre So warsch Du uns mit Deine Wohltàte bschere. Mir wënn nit in Not komme, wënn nit verdarwe Mir befarchten Dei Zorn, hän Àngscht vor’m Starwe Schick uns Helle, beleicht de Wëg, zàij uns d’Richtung Gib uns Mut, schenk uns Kràft far unseri Besserung.

Francique rhénan palatin

Supplication

Toi qui es miséricorde et clémence Toi qui de l’univers es la quintessence Seul souverain au jour de la rétribution Décide la récompense et la sanction Si nous avons su emprunter le sentier droit Ce sentier connu des anciens, le seul qui soit Le vrai chemin de la vertu, du mérite Tu nous combleras de bienfaits sans limite Nous ne voulons pas nous perdre, nous égarer Craignons Ta colère, avons peur du danger Envoie-nous un guide, un réel éclaireur Montre-nous le chemin de la force du cœur

Version française de l’auteur

8

Henri Solvenn 4 Strasbourg 1891-1956

Der Abend Le soir

Ähre sich im Winde wiegt, Epi bercé, choyé par le vent Lichte Landschaft vor dir liegt, Paysage lumineux sous tes yeux, Und die Trauben reifen. Et les raisins gorgés de soleil.

Blau der Berg und grün das Tal Montagnes bleues, vertes vallées Und im Abendsonnenstrahl Et dans la lumière du couchant Goldne Wolkenstreifen. Duvets de nuages striés d’or.

Cœur, que veux-tu, que désires-tu encor ? Herz, was willst du denn noch mehr? Vois la Création, si pure, si noble, Schau die Schöpfung, rein und hehr, Laisse-toi submerger par le sentiment Lass dich ganz ergreifen De plénitude qui monte en toi. Von der Fülle, die dir blüht. La paix se répand dans ton âme – Friede fällt in dein Gemüt – À présent, tu peux tendre vers Dieu. Du darfst gottwärts schweifen. Version française : Edgar Zeidler

9

5 Gérard Leser Munster 1951

Owa Liad Chant vespéral

Dr Wìnd fajt drussa Le vent dehors die Stroßa üss balaie les rues un blibt àls stìll steh et s’arrête parfois wia ìn Gadànka vertiaft. comme perdu dans ses pensées.

Ìm Zìmmer Dans la chambre zìttert a Kerz ìm Dunkla un cierge vacille dans l’obscurité as glunzt a Glüat une braise rougeoie dans ma poitrine ìn minera Bruscht le silence monte la garde. die Stìlla tüat mich bawàcha.

La lueur blafarde et douce Bläich un wäich de la lune éclaire la fenêtre schiint dr Mond arii les épines de la vie die Dorna vom Lawa ont déchiré ma main han schon längscht depuis si longtemps mini Hand verrìssa et l’obscurité baille un die Fìnschternis près du vieux clocher. gahnt àm àlta Glockaturm. C’est l’heure Jetza ìsch’s die Zitt où fleurissent les ombres wo die Schatta bliahja où le cœur un vom Harz est visité par les esprits. die Gäischterstund. Version française : Edgar Zeidler Bas-alémanique du sud

10

Fritz Springer 6 Talheim 1906-1981

Mein Talheim Talheim, mon amour

Ein wenig fern der großen Stadt, À quelque distance de la grande ville wo es noch Wald und Wiesen hat, où forêts et prés célèbrent l’idylle und Reben auf den warmen Höhn avec les vignes sur les coteaux chaleureux da liegt im Ländle wunderschön là sommeille dans ce coin merveilleux von seiner alten Burg geschmückt paré de son vieux château sur la crête, und Schloßbergweinen wohl beglückt choyé par les grands crus du mein Talheim, trotz viel Neuem doch - ["Schlossberg", heimlich - romantisch immer noch. malgré les changements qui parfois [l’affectent

Talheim mea, romantique et secrète. So wird's von seinen Bürgern heut

auch weiter froh mit Fleiß betreut. Ses habitants en prennent toujours soin, Und dazu herzlich warm wahrhaft l’entretiennent avec joie et entrain. pflegt man dabei die Et vraiment, c’est la main sur le cœur [Gastfreundschaft, qu’on vous accueille avec chaleur dass allzeit wirklich jedermann pour qu’à tout moment, seul ou à deux, in Talheim glücklich leben kann. à Talheim vous puissiez vivre heureux.

Version française : Edgar Zeidler

11

7 Claude Diringer 1952

Bìld Image

Ìch zupf Je cueille uf dina Lìppel sur tes lèvres s Lawa vu miner Hoffnung ma vivante espérance. Ìch liab wàs i lìes J’aime ì dr Hìmmelsfàrb mes lectures vu dina Àuige. dans le bleu azur Ìch loss de tes yeux.

mìch tràge Je me laisse vum Gsàng porter vu diner Sproch par le chant Dü kännsch de ta voix a Fràui sìì Dü bìsch Ton port àwer mi Landla est celui d’une femme Un trajsch Image ì dinem Kärwer de la terre aimée. d’Gschìcht vu mine Àhne d’Seel vu de Àlemànne Et tu portes en ta chair l’histoire de nos aïeux Un s Blüet vum Dìchter. l’âme des Alamans

Bas-alémanique du sud Et le sang du poète.

Version française de l’auteur

12

Bernard Zink 8 1921-2008

Unser Schauenbarg

Wer kennt nìt àm Vogesarànd Da Wàhlfàhrtsort, gebettet ìn’ra Felsawànd Umga mìt Wàld, a wohri Fàrwapràcht Gsetzt mìt’ra stàrka Mür wu dr Àbschluss màcht. Üss witter Farna sahn ìhr dia Kàppall ìm wissa Gwànd A blàui-grian Glockatìrmla schàuit àui ìns Lànd S Àlter han ìhm ga dia Fàrwa hìtt As ìsch kei Zwifel, ’s ìsch d’Àrwet voma Kupferschmìtt. Un nun, ìhr liawi Pìlger, wia heisst dàs Meischterwark? Ìch nenn’s eifàch unser Schauenbarg. (...)

Bas-alémanique du sud

Notre Schauenberg

Qui ne connaît au pied des Vosges Ce lieu de pèlerinage blotti dans la falaise Au milieu des bois aux couleurs chatoyantes Appuyé sur d’épais murs qui le bornent. De très loin vous apercevez la chapelle de blanc vêtue Un clocheton bleu-vert contemple aussi le paysage Ses couleurs sont le lot de son grand âge Nul doute, c’est le travail d’un maître chaudronnier. Chers pèlerins, connaissez-vous le nom de ce chef-d’œuvre ? Je l’appelle tout simplement notre Schauenberg. (...)

Version française : Edgar Zeidler

13

9 Thiébaut Walter 1867-1934

D’Gàuichmàtt La Gauchmatt

Ìm Kalweling hàt ìma Hàg Au "Kalweling", dans une charmille A Gàuich si Schatzla gfunda, Un coucou a trouvé sa mie, Un Hochzitt ghà àm glicha Tàg Et célébré les noces le jour même Ìm Heckalànd àm Kleefald drunta. Dans les haies bordant le champ de trèfles

Die Bàssgiig hàt vum Rìtzetàl Venant du "Ritzental" un vieux hibou A àlter Ühü gstrìcha, A joué de la contrebasse comme un fou Les vieux coucous la "Roche aux Anges" Vum Angelstei sin d’àlta Gaich [ont quitté Ìm Morgarot erscht gwìcha. Le lendemain aux aurores sans se hâter.

Un jedes Johr um d’namlig Zitt Et à la même période, tous les ans, Erschina sie ìn Schàra Ils arrivent en grand nombre sur les lieux Do sehsch un heersch un fìndsch Tu ne vois, tu ne trouves, tu n’entends [dü nit Que des couples de coucous amoureux. Às Kückückliawespààra. Quel tohu-bohu sur les prés en pente ! A Mordsspektàkel d’Màtta nà! Ce sont courses, câlins, grimpettes A Làuifa, Schmüsa, Geissa! [haletantes ! Dàs Platzla àwer wìrd fort-à Cette petite place à partir de cette date Mìt Vorliab d’Gàuichmàtt gheissa. A un nom de prédilection : "Gauchmatt".

Bas-alémanique du sud Version française : Edgar Zeidler

14

Edgar Zeidler 10 Colmar 1953

Nàchtgebatt

Ùffem Bìckla ìwrem Dorf, gànz oba bliwi steh, mìtem Blìck ìn die Farna, süech àm Hìmmel sini Àuigastarna mein, sie kännta ìm Wolkameer woga... Dr klein Wèiher düet die Stìlla losa drùf flìmmert vom Vollmond dr glàsig Glànz. Hìnterm Schìlfrohr ùn sinem griana Krànz schlùmmera Hànd ìn Hànd wissi Seerosa. – Wehmüetsschwar müeß miner Blìck sich sanka ùn schàuia ìn min eigena Harz ni. – Do owwena kàt’s mìr niama schanka, àwer tiaf ìn mìr drìnna ìsch as mi...

Bas-alémanique du sud

Prière nocturne

Sur la colline, en haut du village, le regard vers de lointains rivages, je cherche au firmament son visage, vogue-t-il dans la mer de nuages ? Dans les eaux immobiles de l’étang se mire la pleine lune, blafarde lueur, derrière les roseaux en forme de cœur dorment côte à côte des nénuphars blancs. – Mon regard, lourd de mélancolie, pour scruter mon propre cœur se baisse, là-haut, nul ne m’offre la jolie, mais au fond de moi, des liens se tressent...

Version française de l’auteur

15

11 Pierre Loti Rochefort 1850 - † Hendaye 1923

Prime jeunesse Erschti Jugend

Texte de Pierre Loti sur ses amours de Küm het d’groß Morgasunna wìeder jeunesse à Saint-Porchaire, dans le vallon ìn min so einfàcha un wissa Zìmmer à proximité des grottes du château de la gschìena, hàwi schrecklig Luscht Roche-Courbon. ghà, ìhns wìeder ze sah, wia’s jo ìmmer fer jedi Kreàtür pàssiart, wu Dès que le grand soleil matinal eut reparu eim ìm Tràuim a so n a sìnnligi dans ma chambre si simple et blanche, je Illüsion gschankt hàt. Un a so bìn i désirai follement la revoir, ainsi qu’il arrive bezitta àn dr Wàldrànd kumma… toujours pour toute créature qui en rêve vous a donné une pareille illusion Dernoh bìn i nooch, züe nooch àn’m voluptueuse, et, je m’acheminai de bonne heure vers la forêt…. duragloffa; wia dur a ìnnera Dràng heer i mi ìhm einfàch sàga : Alors je passai très près, trop près d’elle ; “Do bìn i, sehsch, ich folg dinem un élan m’entraînait à tout simplement lui unwìderstehliga Rüef vu geschtert dire : « Me voici, tu vois, je suis à ton appel z‘Nàcht; wia egàl ìsch mìr jetz àlles souverain de la nuit dernière ; tu penses uf dara Walt, üsser dìr…“ bien que tout m’est égal à présent dans le monde, hormis toi… » Àwer nàtirlig bìn i witterscht gànga, ohna ìhm ebbis ze sàga, verzàuiwert Mais bien entendu, je m’éloignai sans lui nur dur sin unschiinbàra un avoir rien dit, m’étant seulement grisé de rätselhàfta Lachla, wu mr glichzittig son imperceptible et énigmatique sourire, Iwìlligung un Ironie hàt sah känna. où il y avait à la fois du consentement et de l’ironie. Version alsacienne : Edgar Zeidler

Extrait du roman "Prime Jeunesse"

16

Sylvie Reff 12 Bischwiller 1946

Wàs kànn mr schun?

Wàs kànn mr schun mìteme Gsicht àànfànge mr kànn’s àànlueje bis dàss es eim schwìndli wurd.

Wàs kànn mr schun mìtere Hànd àànfànge mr kànn se striche bis eim dr Àrm stiff wurd.

Wàs kànn mr schun mìt zwei Awe àànfànge mr kànn drìn bàde bis dàss mr ìm Glìck versüfft.

Wàs kànn mr schun üss lüter Lieb ànstelle do kànn mr numme sìnge bis dàss eim dr Hàls versprìngt.

Bas-alémanique du nord

Que peut-on faire ?

Dis-moi, que peut-on faire d’un visage sinon le contempler jusqu’au vertige.

Et que faire, dis-moi, d’une main sinon la caresser à s’en engourdir.

Que faire, dis-moi, de deux yeux sinon s’y baigner et se noyer dans le bonheur.

Et que faire quand l’amour nous inonde sinon chanter à s’en casser la voix.

Version française de l’auteur

17

13 Alfred Kastler 1902-1984 Prix Nobel de Physique 1966

Erwartung Attentes

Wenn ein Tränlein Quand une petite larme Von deiner Wimper tropft Se détache de tes cils Und ich bang und bittend Que je suis à tes côtés Beiseite steh‘ Anxieux et implorant Und mein Herz klopft: Quand mon cœur bat la chamade Du möchtest das Weh Te suppliant de partager Teilen mit mir, Avec moi cette langueur,

Quand un doux sourire Wenn ein Lächeln Illumine ton visage, Über dein Antlitz leucht‘ Que je t’accompagne Wenn ich dich begleit‘ Avec le sentiment Und mir deucht: D’être la source de ta joie, Mir gilt die Freud; Alors hier comme aujourd’hui So von gestern auf heut Et pour le restant de ma vie Und alle Zeit J’attendrai patiemment Wart ich harrend, bereit Guettant un signe de toi Auf einen Wink Pour tomber à tes genoux. Dass ich vor dir auf die Knie sink. Version française : Edgar Zeidler

18

pub

19

Liste des panneaux - Lischt vu da Tàfla

Ruppé Alfred Hangarter Pierre 1 16 Mi natte Elsàsslànd Elsasserwi: Gebrauchanweisung Euler Ronald Marcel Leroy 2 16a Rot Gedìchtla àn d'Semois Meyer Alphonse Frank-Neumann Anne 3 17 Ô Harr, mir flehn Dich àn Rife Solveen Henri Weckmann André 4 18 Der Abend Im März Leser Gérard Sorg Jean-Paul 5 19 Owa Liad Friahjochsfüge Springer Fritz Storck Emile 6 20 Mein Talheim Sunnetàg im Fevrier Diringer Claude Koch Paul-Georges 7 21 Bild Herbststimmung Zink Bernard Katz Nathan 8 22 Unser Schauenbarg S Härbschtfir Walter Thiébaut Faust Dinah-Muller Germain 9 23 D'Gàuichmàtt S' Kind Zeidler Edgar 10 24 Biographie Faust Dinah Nàchtgebatt Loti Pierre Grüssenmeyer Isabelle 11 25 Erschti Jugend Wàrum? Reff Sylvie Matzen Raymond 12 26 Wàs kànn mr schun Sie ruefe noch emol de Màmme Kastler Alfred Morgenthaler Simone 13 27 Erwartung Wo gehen d'Màamme ànne? Schickele René Egloff Louis 14 28 Lied Mit zwei Silwe Springer Fritz 15 Unser Wei

20

Plan du circuit

plzn

21

pub

22

René Schickele 14 Obernai 1883-1940

Lied

In ihrem Herzen hat für mich die Stunde schon geschlagen.

In ihren Augen hat man mich zu Grabe schon getragen.

Von ihrem Körper sind meine Umarmungen schon geglitten.

Die schwarzen Ritter sind im Licht über mein Grab geritten.

Chant

Dans son cœur déjà mon heure a sonné.

À ses yeux déjà on m’a enterré.

De son corps déjà mes étreintes ont glissé.

Les chevaliers noirs en plein jour ma tombe ont piétiné.

Version française : Edgar Zeidler et Alphonse Meyer

23

15 Fritz Springer Talheim 1906-1981

Unser Wei Notre vin

Wohl – ihr dürfets alle glauba – Vous tous – veuillez croire ce que j’ai s edelscht was hier wachst jedes Jahr – à vous dire – isch – vom Rebstock – aus de Trauba – le plus noble produit de dame nature doch der Wei – der wunderbar! porté par la vigne et les grappes de raisins est nul doute ce breuvage divin, le vin ! Denn – in ihm isch jedenfalles, wenn mr ihn so recht probiert – Car en lui – et cette remarque est permise, quand avec modération on sait le boire – von dem Ländle ebe alles – est la quintessence de notre terroir – klar un köschtlich konzentriert! concentré de multiples saveurs exquises !

Sonnaglanz un frischer Rega! Soleil radieux et petite pluie fraîche et fine ! All der Duft – von dem was blüht – Toutes les senteurs de la nature en fleurs – un der ganze Erda-sega – et la bénédiction de cette terre divine – samt au unserem Herz un Gmüt! avec celle de notre âme, de notre cœur !

Wollt ihr drum uf unsrer Erda – Si, sur notre terre, vous voulez à tout âge mit dem Heimatsonnaschei sous le soleil de nos coteaux dorés gsund un fröhlich glücklich werda – respirer la joie, le bonheur, la santé trinket trinkt – von unserm Wei! alors buvez – le vin de nos cépages !

Schwäbisch Version française : Edgar Zeidler

24

Pierre Hangarter 16 Kaysersberg 1926-1993

Elsasserwi : Vin d’Alsace : Gebrauchsanweisung mode d’emploi

Elsasserwi derfsch uf kenna Fàll Le vin d’Alsace en aucun cas Mal à propos dr Hàls nà giassa. Tu n’as le droit de mal le boire Elsasserwi, a speziàla Fàll, Le vin d’Alsace, perle rare du terroir Müesch mìt àlla fìnf Sìnn ganiassa. Déguste-le avec tes cinq sens, quelle joie. (...) (...)

Lìpf di Glàs ìn d’Àuiga Heecha Lève ton verre à la hauteur de tes yeux Contemple cet éclat, les couleurs, leur jeu Da Glànz, dàs Fàrwaspìel batràcht, Ne te laisse déranger par rien, ni l’heure Loss dìch durich gàr nix steera Car ce spectacle est multiples splendeurs. Dann da Àblìck ìsch a Pràcht. (...) (...) Une petite gorgée, ni trop, ni trop peu A kleina Schluck, nìt z’wenig, nìt z’vìel Sur ta langue laisse couler avec délice Loss uf dini Zunga riisla Le vin par la langue et ses artifices Dr Wi müess durch a Zungaspìel Doit irriguer toute la bouche, peu à peu. Ìm gànza Mül arunter briisla. (...) (...) Dresse l’oreille et ferme bien les yeux, Màch d’Àuiga züe un d’Ohra uf, Ne te laisse pas déconcerter, Loss dìch nìt üss dr Fàssung brìnga, Ton esprit, lui, monte jusqu’aux cieux Di Geischt da stiigt zum Hìmmel nuf, Et les anges tu entendras chanter. Un dü heersch àlli Angel sìnga. Version française : Edgar Zeidler Bas-alémanique du sud

25

16a Marcel Leroy Herbemont 1911-1973

Poème à la Semois Gedìchtla àn d’Semois

L’œuvre de Marcel Leroy célèbre son cher pays Semois vo minera Kìndheit ! Vo àll dana wo semoisien (Belgique) avec un mélange bien à vor mìr, lui d’observation et de rêverie. Sich àn dina Ufer feschtghebbt han… O, Semois de mon enfance ! De ceux qui, avant Semois, moi, Dich han àlli garn, äb Bür oder Kenig, S’accrochèrent à tes rives… O ! Semois, Unzählig dia wo komma fer dìr’s za sàga, Tu es celle qu’on aime, qu’on soit manant ou roi. Komma fer dìr a Schmìtzla z’stahla, a Innombrables sont ceux venant pour te le dire, Lachla, Venant pour te voler un baiser, un sourire, Wia n a Maidla, wo mr begehrt, un wo doch Ainsi qu’à une fille qu’on désire et, pourtant, Ìwwer dr Frìnd làcht, sich ìwwer dr Liabschter Qui se rit de l’ami et se joue de l’amant. luschtig màcht. Semois de mon enfance !... Tu es comme un collier Semois vo minera Kìndheit!... Dü bìsch wia n Aux innombrables perles, toutes éparpillées. a Kràllahàls (…) Mìt unzähliga Perla, ìwweràl verstrait. (…) C’est Alle, à présent, où luisent comme des targes Un jetz kommt Alle, wo wia kleini Les ardoisières bleues, qui, d’un geste très Schutzschìld large, Te salue aux portes du pays namurois. D’blàuia Schìeferschìchta blìnzla, Et c’est Vresse bientôt qui te tiendra les bras, Begriaßt dich mìt witt üsgstreckta Arm Vresse, séjour d’un prince, celui de la couleur, Vor da Pforta vom Namurer Lànd. Raty, qui te célèbre avec tant de bonheur. Un boll düat Vresse dìr die Arm reicha, Ainsi, tout doucement, en te jouant des monts, Vresse, Ufenthàlt voma Prìnz, da vo dr Fàrb, Tu t’en vas vers la Meuse, au pays des Aymon. Raty, wo dich uf a so scheeni Àrt riahmt. Un a so losch d’ Barga wia gspìelt hìnter dìr, Un làuifsch gànz gmiatlig Rìchtung Maas, Ìns Lànd vo da Aymon.

Version alsacienne : Edgar Zeidler

26

Anne Frank-Neumann 17 Mulhouse 1910-2000

Rife Givre

Ìwer kàhle gràuie Baim Ce matin, aux aurores Ìsch hìtt friahj e Rife gànge, Le givre s’est posé D’Màtte sìn àn ìhre Saim Sur les arbres nus et gris, Dìck mìt wissem Guss behànge. Et les prés sont ourlés D’une épaisse coulée blanche. Nawelfatze gleite noch Do un derte ìwer d’Hecke, Des lambeaux de brume glissent encor Uf’m Bàch, àm Wàsserloch çà et là au-dessus des haies, Sur la rivière, près du trou d’eau Glìtzert schu e dìnne Decke. Scintille déjà une couche fine. (...) (...)

Doch kei Mensch geht ìwer d’Falder Mais sur les champs pas âme qui vive Wia verwunsche ìsch jetz d’Arde, La terre est comme maudite maintenant, Wiss, versteinert stehn jetz Les forêts, blanches, comme pétrifiées – [d’Walder - La solitude de l’hiver s’installe. Einsàm wìrd dr Wìnter warde. Version française : Edgar Zeidler Bas-alémanique du sud

27

18 André Weckmann Steinbourg 1924

Ìm März

Spürelase ìm März e àbgsträifts Wort e Froejezäicha ìnre Rìnd e Fùnkeläuf ìm verriffte Gràs ùn a Lachle wo räizelt ìme Hüch vàm griëne Wìnd

Bas-alémanique du nord

En mars

Lire tes traces un mot que tu as perdu Un point d’interrogation gravé dans une écorce Des étincelles qui courent dans l’herbe givrée Et un sourire que berce Le vent vert de mars

Version française de l’auteur

28

Jean-Paul Sorg 19 Mulhouse 1941

Friahjohrsfüge Suite printanière

Ìmmer ìm Friahjohr Printemps éternel. ware die Baim wiss bliahje, Les arbres fleurissent blanc e Wulke Hoffnung. nuage d’espoir.

D’r Kìrschbàuim schìttelt Le cerisier lâche jetz ungeduldig si Blüescht, Ses fleurs par brusques paquets : màcht so ìm Schnee no. tempête de neige.

Lorsque les abeilles Doch wenn d’Ìmmele ne voleront plus, il fera nìm fliage, bliahje die Baim noir dans les vergers. ohne Hoffnung, schwàrz. Version française de l’auteur Bas-alémanique du sud

29

20 Émile Storck Guebwiller 1899-1973

Sunnetàg ìm Fevrier Journée ensoleillée

Krìmelgrund ìn laare Rawe, en février brüni Riser ìn de Heeg, Terre friable entre des vignes nues Sàft stockt noch ìn àllem Lawe, brindilles brunes dans les haies, Sunnestràhle streife schreeg la sève est encor figée dans le vivant, les rayons obliques effleurent ìwer schwàrzi Hàgebutte... Doch scho spìelt e laie Hüch des églantiers noirs... un e Glanze ìn de blutte Mais déjà un souffle tiède Äscht vom hoche Hàselstrüch et lumineux joue dans les branches nues du grand noisetier wun sìch kleini Katzle ducke ì me Wìlkle Bliahjtestàuib, où des petits chatons dodelinent un scho fliage flìnki Mucke dans une nuée de pollen, ìwer’s dìrre Käschtelàuib. déjà des mouches agiles volètent au-dessus des feuilles mortes du Bas-alémanique du sud châtaignier.

Version française : Edgar Zeidler

30

Paul-Georges Koch 21 1908-1982

Herbststimmung

Als leis der Nebel kam und silbergrau die Flur verhing,

der Herbst die Fackel nahm und golden seine Spur verging –

warf noch die Sonne eine Handvoll Gluten von einem roten Wolkenherd auf tote Wiesen, Wälder, Blätterfluten... Doch hat ihr Feuer deren Asche bloß vermehrt!

Impression d’automne

Quand sans bruit s’en vint le brouillard et recouvrit la glèbe de gris-argent,

quand l’automne prit le flambeau et que d’or se perdit sa trace –

le soleil encor jeta une poignée de braises d’un foyer rougeoyant de nuages sur les prés morts, bois et ramas de feuilles... Un feu qui ne fit que multiplier leurs cendres !

Version française : Jean-Christophe Meyer

31

22 Nathan Katz Waldigfoffen 1892-1981

S Härbschtfir Les feux de l’automne

So ìsch dr Härbscht ìns Därfle chu : Voici comment l’automne fit son entrée Zerscht het ar duss ìm Wàll a [au village : [Büecha n àzunga. Dehors dans la forêt, il a d’abord allumé Dernoh ìsch’s Fir witergschprunga. – [un hêtre. Bäum noh Bäum ìsch ìns Brenna chu. Puis le feu a bondi plus loin. – Un arbre après l’autre a pris feu. Dernoh sìn àlli Walder ìm Flàckera gsì. S gànza Fall ìsch àgànga. Puis toutes les forêts ont flambé. La campagne toute entière s’est Ìn einera Chlüet ìn ìsch’s gschtànga. [embrasée, Ei groß mäilig Fir ìsch dàs gsì! Tout était en feu. Ce fut un immense brasier ! Dàs het si dr Rai àbagwälzt, ’s Därfle i Dàs flàckeriga Guld het ìber d’Hiser Une boule de feu a dévalé jusqu’au [gschlàga, [village. Ìber a Schirator, ìber a Dilawàga, Le flot de son or a submergé les maisons, ’s het grislet züe àlla Faischter i. La porte de la grange, le chariot à foin, Ruisselé par toutes les fenêtres. Wer weiß, wàs es no màg gah? – Z’letscht tian m’r no ìm Därfle Qui sait ce qui peut encor arriver ? – [verbränna. Au village, nous finirons peut-être par Nìt amol àss m’r meh flìchta chänna [brûler vifs. Wenn dàs Härbschtfir so tüet obhànd Nul d’entre nous ne peut s’échapper [nah! Quand triomphent les feux de l’automne !

Haut-alémanique Version française : Yolande Siebert et Edgar Zeidler

32

Dinah Faust & Germain Muller 23 Berlin 1926 Strasbourg 1923-1994 Interprète Auteur S Kìnd L’enfant

Ich hàb’s getrawe uff de Händ Je l’ai porté à bout de bras Ich hàb’s getrawe bis àns End Je l’ai porté jusqu’au trépas Nìt aaner het sich do gerüehrt Ils l’avaient tous abandonné Debii het s Kìnd doch àlle g’höert Alors qu’il leur appartenait Des Kind,des Kind L’enfant, l’enfant (...) (...)

Ils lui ont dit : « parlez français » Sie hen’m gsààt: parlez français Il répondit : « vous rigolez ! » Un es het gsààt: jo Meppele De perroquet n’ai pas besoin Ich bàbbel èich nìt àlles nooch Ma langue à moi c’est l’alsacien Des wàs ich redd ìsch mini Sprooch (...) (...) Pas un regard de compassion Es het kè Mensch ìhns àngeluejt Par crainte d’une compromission Des heisst ’s het kenner meh geträut C’était mal vu de s’attendrir Vor Àngscht er wär kompromitiert Il fallait enfin en finir Àm End noch selwer schlecht notiert L’enfant, l’enfant Oh Kind,oh Kind (...) (...) Je l’ai porté à bout de bras Ich hàb’s getrawe uff de Händ Je l’ai porté jusqu’au trépas Ich hàb’s getrawe bis àns End Ils l’avaient tous abandonné Nìt aaner het sich do gerüehrt Alors qu’il leur appartenait Debii het s Kìnd doch àlle g’höert L’enfant, notre langue Des Kind ,unsri Sprooch Version française de l’auteur

Bas-alémanique du nord

33

24 Dinah Faust Berlin 1926

Biographie

Née en 1926 à Berlin et élevée à Pa- Madame Bauer, ou dans le rôle de la ris, dans une famille où l’on aimait lavandière de D’Waeschbritsch (25- beaucoup la musique et les arts, la pe- 1965). tite Dinah voulait devenir danseuse. Enfant, elle a souvent séjourné à Ce sont cependant ses interprétations Soultzmatt, dont son père, Céleste des textes poétiques écrits par Ger- Faust était originaire. Ils aimaient se main Muller et mis en musique par retrouver en famille et entre amis à Mario Hirle qui resteront dans toutes l’hôtel Klein, où ils avaient l’habitude les mémoires, en particulier S Kind de descendre. (29-1969), Mynne Waej (32-1972) ou Waldsterben (43-1985). À la Libération, elle rencontre Germain Muller et apporte son talent à sa pre- Elle a également participé à des émis- mière revue V’là le Printemps. Elle sions de radio et des productions ciné- jouera ensuite au Barabli, célèbre ca- matographiques comme le remarqua- baret à tradition satirique, dont elle fut ble téléfilm Les Alsaciens ou Les deux l’une des principales comédiennes. Mathilde. Elle a été nommée Chevalier des Arts et des Lettres en 1988, lau- La diversité et la qualité des talents de réate du prix Goethe de Bâle en 1994 Dinah Faust sont exceptionnels et fas- et Officier des Arts et des Lettres en cinants : elle danse, chante et joue en 2007. trois langues avec une même fougue, un égal bonheur. Elle excelle dans les La récompense dont elle est la plus rôles de composition : Jeanne d’Arc, La fière est le "Bretzel d’Or", qui lui fut at- Callas (20-1959), Lulu la Prostituée tribué en 1987 par l’Institut des Arts et (29-1969), n’hésitant pas à s’enlaidir Traditions Populaires d’Alsace et ou se vieillir comme dans La Begum qu’elle reçut des mains de son mari de Colmar (27-1967) où elle interprète Germain Muller.

34

Dinah Faust 24 Berlin 1926

Biografie

1926 in Berlin geboren und in Paris sich älter zu machen wie in „Die Be- aufgezogen, in einer Familie von Mu- gum von Colmar“, wo sie Frau Bauer sik-und Kunstliebhabern, wollte die spielt, oder in der Rolle der Wäscherin kleine Dinah Tänzerin werden. Als in „D’Waeschbritsch“. Kind hat sie sich oft in Soultzmatt auf- gehalten, wo ihr Vater, Céleste Faust Am besten erinnert man sich jedoch herstammte. Man traf sich gerne im an ihre Darstellungen von poetischen Familienkreis oder unter Freunden im Texten, die Germain Muller verfasst Hotel Klein, wo man abzusteigen und Mario Hirle vertont hat, wie pflegte. „S Kind“, „Mynne Waej“ oder „Waldsterben“. Nach Frankreichs Befreiung, begegnet sie Germain Muller und bringt ihr Ta- Sie hat auch an Radiosendungen und lent in seine erste Revue „Da kommt Filmproduktionen mitgewirkt wie am der Frühling“ ein. Später tritt sie im bemerkenswerten Fernsehfilm „Die El- „Barabli“ auf, einem bekannten satiris- sässer“ oder „Die zwei Mathilde“. Sie chen Cabaret, wo sie eine der markan- erhielt mehrere Auszeichnungen : Che- testen Schauspielerinnen sein wird. valier des Arts et des Lettres 1988, Goethe-Preis von Basel 1994, und Of- Die Vielseitigkeit und das Talent von ficier des Arts et des Lettres 2007. Dinah Faust sind außergewöhnlich und faszinierend : sie tanzt, singt und Die Auszeichnung, auf die sie am spielt in drei Sprachen mit demselben meisten stolz ist, ist „Die goldene Bre- Schwung und Können. Sie zeichnet zel“, die ihr das Institut der volkstümli- sich besonders in Charakterrollen chen Künste und Traditionen des El- aus : „Die Jungfrau von Orléans“, „Die sass verlieh, und die ihr Gatte, Ger- Callas“, „Lulu, die Prostituierte“, und main Muller, ihr höchstpersönlich zögert nicht, sich zu entstellen oder überreichte.

35

25 Isabelle Grussenmeyer Strasbourg 1979

Wàrùm? Pourquoi ?

Mìr hàn schùn mànchi gsait: Maintes fois on m’a demandé pourquoi ? wàrùm? Jeune fille ne sois pas si stupide ! O Maidel sèi doch nìt so dùmm! Pourquoi chantes-tu dans cette langue-là ? Wàrùm sìngsch dü ìn dëre Sproch? À dix-neuf ans, on ne parle pas comme ça ! So reddt mr doch nìr mìt 19 Johr ! (...) (...) Et je leur ai retourné la question : pourquoi ? N’êtes-vous pas fiers de cette richesse ? Ùn ich hàb sie dànn gfröjt: wàrùm? Tout de même, c’est notre dialecte, Sìn ìhr nìt stolz ùf des Richtùm ? Il mérite qu’on l’honore et le respecte ! Des ìsch doch ùnser Dialekt, (...) Mìr muen’ne ehre mìt Reschpekt! (...) Plus on m’interpellera, Plus mon courage se renforcera, Wie meh àwer dàss m’r mich fröje Avec cette flamme qui brûle en moi [duet J’allumerai des étoiles avant le glas Wie kräftiger un greßer miner Muet, Ce feu qui couve en silence dans la nuit Mìt dëre Flàmm wo ìn mìr brennt Dans l’attente... d’une nouvelle étincelle Zìnd i Sternle àn noch vor’m End, (...) Des Fiir wo stìll glùnzt ìn de Nàcht Ùn mìt Schmerze ùf... e Fùnke wàrt Dans l’espoir...d’une nouvelle étincelle ! (...) Version française : Edgar Zeidler Ùn mìt Hoffnùng ùf... e Fùnke wàrt

Bas-alémanique du nord

36

Raymond Matzen 26 Strasbourg 1922

Sie ruefe noch emol de Màmme

Wenn d’Männer lide, gschlaawe keje Un bluetig uf em Schlàchtfeld leje,

Wenn bleich sie ìn de Dod nin rite, Sich hewwe welle, d’ Erd verkràmme,

No denke sie àn d’Kìnderzite Un ruefe noch emol de Màmme.

Bas-alémanique du nord

Ils appellent une dernière fois leur maman

Quand les hommes souffrent, s’écroulent abattus Et baignent dans leur sang sur le champ de bataille,

Quand ils partent, blêmes, au-devant de la mort, Se redressent en vain, s’agrippant à la terre,

Alors ils se souviennent de leur enfance Et une toute dernière fois appellent leur mère.

Version française : Edgar Zeidler

37

27 Simone Morgenthaler Saverne 1952

Wo gehn d’Màmme ànne? Où vont les mamans ?

Wo gehn d’Màmme ànne Où vont les mamans wenn sie sich verdufte ? lorsqu’elles lèvent les voiles ? Sie lohn nix meh von sich heere. Leurs voix se sont tues, Sie wie so ghàndiert hàn, elles qui ont tant œuvré, gstrìche, caressé, gstrìckt, tricoté, ghäkelt, crocheté, gekocht hàn, cuisiné, sie sawe kenn Wort meh. elles se taisent à présent Es ìsch wie wenn mr’ne e À croire que du sparadrap [Hebpflàschter enserre leur bouche. uf’s Mül gebappt hatt. Ne subsistent d’elles pas la moindre trace le moindre signe. Sie lon kenn Spür Elles partent tout simplement kenn Zeiche. Et l’on se demande où elles se cachent Sie gehn einfàch. Se rencontrent-elles derrière un nuage Un mr fröjt sich wo sie stecke. ou leurs âmes se rassemblent-elles Treffe sie sich hìnterer e Wollick dans la frondaison d’un arbre ? oder sàmmle sich ìhri Seele Peut-être bien que leurs âmes s’alignent ìn de Kron vome Bau? [côte à côte, Villicht setze sich ìhri Seele rangée de pinces à linge, [nawenànder sur une corde d’étendage ? wie e Reih Wäschklammer uf eme Druckseil ? Oui, où vont les mamans

Ja, wo gehn d’Màmme ànne lorsqu’elles lèvent les voiles ? wenn sie sich verdufte? Version française de l’auteur Bas-alémanique du nord

38

Louis Egloff 28 1928-1988

Mìt zwei Sìlwe En deux syllabes

Mìt zwei Sìlwe wìll ìch sàge, En deux syllabes, j’aimerais exprimer Wàs mìch ewig glìcklig màcht, Ce qui me rend heureux à tout jamais, Wàs mìr Kritz un Sorg hìlft tràge, M’aide à porter la croix de mes soucis Wenn mìr nix un niame làcht... Quand rien ni personne ne me sourit...

Dia zwei Sìlwe sìn so ìnnig, Ces deux syllabes sont si intimes, Sìn ìm Blüet un sìn ìm Sìnn, gravées dans ma chair et mon esprit, elles sont si douces, si lumineuses : sìn so siass un sìn so sunnig: une part du Seigneur Dieu est en elles ! ’s lìegt a Stìck vom Herrgott drìn!

Il me suffit de dire deux syllabes, Nur zwei Sìlwe brüch ìch rede, Quand rien ni personne ne me sourit : Wenn mìr nix un niame làcht: « Maman »... Et une paix profonde „Màmme“... Un e tiafe Frìede Pénètre dans ma nuit noire. Drìngt ìn mine fìnschtre Nàcht. Version française : Edgar Zeidler Bas-alémanique du sud Version française de l’auteur

39

Merci à

Cercle Culturel / Kulturkreis Nathan Katz D’Schleh’bich Pharmacie Diebolt Restaurant-Pizzeria “L’Écrin“ / Corinne et Alain Zirnheld Vins d'Alsace Brun René & Philippe Vins d’Alsace Fleck Henri & Fils Vins d’Alsace Klein Raymond & Martin Vins d'Alsace Landmann Seppi Rencontres Art & Culture Vallis Prænobilis Marie-Jeanne et Jean-Paul Diringer Chantal et Bernard Heiny Brigitte & André Schlegel Famille Erny-Meyer Famille Rich Famille Yolande et Gérard Wucher

Hôtel de ville - Place du Général de Gaulle - 68570 Soultzmatt Tél. 03 89 47 00 01 - Fax 03 89 47 08 54 http://soultzmatt-wintzfelden.fr Avec le soutien de l'Office pour 40 Juin 2012 la Langue et la Culture d'Alsace