Articles rédigé par des étudiants de « : Une Ode l’Université Lumière Lyon 2 dans le cadre de l’atelier d’écriture critique de cinéma à l’amour saisissante » de Nedjma Moussaoui

Cate Blanchett (Carol), magnétique, Rooney Mara (Therese), fascinante ; bercées par la caméra de . L’alchimie est parfaite entre les deux femmes, comme si ces rôles avaient été écrits pour elles. Il n’est alors pas étonnant de voir Rooney Mara remporter le prix d’interprétation féminine à Cannes, ni de voir nominée à l’Oscar de la meilleure actrice.

Ce film est le parfait exemple que les contraires s’attirent, que les sentiments sont incontrôlables. Qui croirait à la passion dévorante entre une jeune vendeuse dans un magasin et une femme riche et mariée ? Une histoire trop folle pour y croire, surtout dans l’Amérique des années 50. Et pourtant, ce mélo convainc, plus que cela, il émeut. On est hanté par l’idée que leur voyage s’estompe, tant les corps sont beaux, tant leur amour est sincère.

La séquence finale est sublime, Therese avançant vers Carol sur un ralenti, jusqu’à l’instant final ou cette dernière la fixe, avec un sourire passionnel, captivant. Quand, durant toute la projection nous nous étions demandé si cet amour pouvait véritablement fonctionner, là où notre respiration s’était bloquée en signe d’attente, nous pouvons enfin souffler. Todd Haynes, en plus de cette folle histoire, nous invite dans les années 50 avec la particularité de tourner en Super 16. Ce format d’un esthétisme singulier contient beaucoup de grain et donne l’impression d’un film réellement tourné dans ces années-là. Le traitement des personnages et de l’esthétique de l’image sont l’œuvre d’un éternel perfectionniste. Un véritable coup de maitre.

Julien FRANQUET

Dans les Etats-Unis des années 1950, Thérèse Belivet est une jeune femme réservée qui subit son existence plus qu’elle ne la vit. Elle fait alors la rencontre de Carol Aird, une femme plus «Le couple parfait» âgée d’une grande assurance, dont elle tombera amoureuse. Dans Carol Todd Haynes met en scène deux personnages en marge, à part dans leur environnement social : une jeune femme qui s’ennuie dans une jeunesse américaine des plus vivantes et une bourgeoise cachant son homosexualité derrière une forte personnalité. Le réalisateur américain s‘attache alors à toujours les placer en rupture par rapport au groupe, principalement grâce à la couleur : les quinze premières minutes du film nous présenteront une Thérèse Belivet en robe noire dans un magasin de jouets coloré, refusant de porter le bonnet de Noël dont ses collègues s’affublent, tandis que Carol Aird est plutôt en rouge vif tranchant avec le marron ou le gris des bourgeois de son entourage. Dans la société américaine conservatrice de ces années 1950, l’amour homosexuel est un sujet des plus tabous, aussi les deux femmes sont surtout des personnages cachés, d’où une récurrence du motif de la vitre ou encore l’utilisation du sur- cadrage dont les protagonistes vont se libérer au fur et à mesure qu’elles accèdent à l’existence qu’elles veulent vivre. Thérèse Belivet que l’on voit beaucoup dans les encadrements de porte quand elle est à New York évoluera ainsi beaucoup plus librement à partir du moment où elle part avec Carol Aird. Deux personnages joués par deux actrices dont on comprend au visionnage du film pourquoi elles ont remporté ex-aequo le prix d’interprétation féminine au dernier festival de Cannes : le jeu de Cate Blanchett et celui de Rooney Mara se complètent, l’un sublimant constamment l’autre. Le jeu du timide personnage de Rooney Mara nourrit l’assurance de Carol Aird tandis que la présence de Cate Blanchett donne ce coté vulnérable à Thérèse Belivet. Le plus impressionnant c’est que le duo fonctionne aussi bien quand les rôles sont inversés : en fin de film c’est bien Cate Blanchett qui se retrouve dans la peau d’une Carol Aird victime de ses sentiments tandis que Rooney Mara campe une Thérèse Belivet qui a gagné en maturité, prenant sa vie en main.

Victor FEVRE