J'avais Un Beau Ballon Rouge
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© Éric Didym © Michel André Didyme Romane Bohringer et Richard Bohringer dans J’avais un beau ballon rouge Texte de Angela Dematté Mise en scène Michel Didym Administratrice de Production Marion Raffoux E-mail [email protected] Chargée de Diffusion Marine Lelièvre E-mail [email protected] Théâtre de la manufacture / direction Michel Didym - 10 rue Baron Louis, BP 63349 Coup de cœur 54014 Nancy Cedex www.theatre-manufacture.fr / 03 83 37 12 99 du Théâtre public Théâtre de la Manufacture CDN de Nancy - Lorraine 2 J’avais un beau ballon rouge Texte de Angela Dematté (Italie) Adaptation et mise en scène Michel Didym Avec Romane Bohringer et Richard Bohringer Traduction ........................................................... Caroline Michel et Julie Quenehen Production Scénographie .........................................................................................Jacques Gabel Théâtre de la Manufacture CDN Nancy-Lorraine Lumières ............................................................................................. Paul Beaureilles Coproduction Musique ..................................................................................................... Vassia Zagar Le Volcan, Scène Nationale Le Havre / Théâtre Anne de Bretagne de Vannes Vidéo..............................................................................Tommy Laszlo et Julien Goetz Costumes ...........................................................................................Danik Hernandez En partenariat avec Face à face, Assistante à la mise en scène ..........................................................Sophie Hébrard Paroles d’Italie pour les scènes de France Construction du décor ...................................Atelier du Théâtre de la Manufacture Production ....................................Théâtre de la Manufacture CDN Nancy-Lorraine Le texte de Angela Demattè a été traduit avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, centre international de la traduction théâtrale www.maisonantoinevitez.com Le Volcan - Scène Nationale Le Havre Coproduction ................................................ ......................................................................... Théâtre Anne de Bretagne de Vannes Création le 15 janvier 2013 au Théâtre de la Manufacture CDN Nancy-Lorraine J’avais un beau ballon rouge est édité aux Solitaires Intempestifs - collection Mousson d’été. Traduction de Julie Quénehen et Caroline Michel Le premier « Palmarès du Théâtre » a décerné le prix « Coup de coeur du Théâtre public » à Richard Bohringer et Romane Bohringer pour leur interprétation dans ce spectacle. Depuis son enfance jusqu’à sa mort, c’est la trajectoire fulgurante de la vie de Margherita Cagol, alias Mara, épouse de Renato Curcio, fondateur et idéologue des Brigades Rouges, que reparcourt l’auteure. Margherita est une enfant qui grandit et développe sa conscience politique pendant ses études à la faculté de sociologie de Trente, où elle rencontre Renato Curcio. Le couple part à Milan, fonde la lutte armée, effectue les premiers enlèvements, mais, le 6 juin 1975, Mara est tuée au cours d’un affrontement avec les forces de l’ordre. Dans la pièce d’Angela Dematté, l’interlocuteur omniprésent de Margherita est son père. À partir de leurs échanges, deux visions du monde entrent en collision : le bon sens commun, « petit bourgeois », du père et la vision idéologique, intransigeante, de Mara. Pour évoquer la vie et la mort de Mara Cagol, Angela Dematté s’appuie, en outre, sur des lettres de Mara à sa mère, des communiqués (successifs) des Brigades Rouges, des extraits de journaux, photographiant ainsi un moment particulier de l’histoire italienne : la naissance des Brigades Rouges, le passage à la lutte armée jusqu’à la disparition tragique de Mara. L’auteure oppose le quotidien à l’exceptionnel car elle choisit – et c’est là le plus intéressant – le point de vue de l’intime : au centre, la relation entre le Père et la Fille, dans laquelle la raison « concrète » du père, celle des affects, particulièrement touchante, déteint sur les raisons quelque peu abstraites et suicidaires de Mara. À travers leurs dialogues, Angela Dematté raconte non seulement l’histoire d’une des fondatrices des Brigades Rouges mais elle explore également le rapport concret entre un père et sa fille, fait de silences, de non-dits et d’incompréhensions. Pour cela, elle a recours au dialecte de Trente, froid et poignant à la fois, jusqu’au moment de la rupture finale entre Margherita et son père, marquée par un retour à l’italien exprimant l’aberration du langage idéologique. La pièce est un témoignage fidèle de cette période de l’histoire : outre sa valeur documentaire certaine, elle laisse la parole aux « communiqués » de Mara et de son groupe, thématisant ainsi leur aveuglement et leur isolement, face à l’incompréhension de ce Père qui ne lâche jamais prise dans sa tentative, sans cesse réitérée, de ramener sa fille aux raisons de la vie et de sa propre humanité. Théâtre de la Manufacture CDN de Nancy - Lorraine 3 J’avais un beau ballon rouge (citation) Père. - (Pause) Écoute voir Margherita. Vous pensez vraiment que c’t’histoire de révolution, ça peut y durer toute la vie ? C’est vrai que je suis pt’être un peu ignare, que j’y pipe rien… mais j’vais te dire une chose : on change, tu sais, Margherita. Et on s’esquinte aussi. Et petit à petit tu te rendras compte que toi aussi t’auras envie de ta p’tite maison et de tes vacances à la mer, et d’être avec les tiens. Margherita Cagol. - Alors qu’est-ce qu’on fait ? Comment c’est possible de rester là à regarder ce qui se passe les bras croisés ! Toutes les usines en grève, les gens qu’ont même pas un toit, pas une lire pour s’acheter à croûter. Les ouvriers qui triment dix heures par jour à se cramer les poumons, quand c’est pas pire… P. - Mais vous croyez quoi ? Que c’est vous autres qu’allez changer les choses ? M. – Pt’être bien qu’oui, en quelque sorte. Théâtre de la Manufacture CDN de Nancy - Lorraine 4 J’avais un beau ballon rouge (Avevo un bel pallone rosso), pièce inédite (en français) de la jeune dramaturge italienne Angela Dematté , est une fiction qui repose sur le socle d’une lourde réalité. Obéissant à des conventions théâtrales non réalistes (déroulement chronologique fragmenté, décor non illusionniste, etc.), ce texte a plus que des accents de vérité. Tout en exposant, de manière humaine et tendre, les rapports intimes de deux personnages rattachés par les liens du sang (un père et sa fille), il convoque sur scène un moment particulièrement grave de l’histoire récente, lorsque, dans les années dites « de plomb », le combat politique d’extrême-gauche a soudainement viré, en Italie, à l’extrémisme de la lutte armée. La fille dont il est question n’est autre que Margherita Cagol, la compagne de Renato Curcio, fondateur du mouvement Brigades Rouges dont la pièce, par un enchaînement de scènes qui s’étalent sur une décennie (de 1965 à 1975), relate indirectement la naissance et la montée en puissance. Dans le double espace d’une cuisine et d’une chambre, on assiste à la transformation de la relation père-fille et, surtout, à la maturation physique et intellectuelle de Margherita, personnage que travaille, dès l’enfance, le sentiment de l’injustice. Adolescente studieuse, brillante étudiante, titulaire d’un doctorat en sociologie, elle en arrive, sous l’influence de son compagnon Renato, à la solution d’un engagement politique radical. Terrain sur lequel son père, représentant d’une génération respectueuse des valeurs traditionnelles et de l’autorité cléricale, a bien du mal à la suivre, malgré l’évidence d’une ascension sociale qui lui échappe et l’admiration qu’il porte à sa fille. La petite histoire familiale s’apprête, ainsi, à faire les frais de la grande Histoire (« l’Histoire avec sa grande hache », comme dit Georges Perec…). Le dialogue père-fille glisse progressivement dans la langue de bois de la propagande, et la relation filiale se laisse broyer dans l’engrenage du terrorisme émergeant. Autrement dit, le public contemporain auquel la pièce s’adresse (et dont une partie se souvient avoir vécu ce dont on lui parle, tandis que l’autre découvre sans doute ces événements…) assiste à ce moment de bascule historique à travers le regard et les points de vue de deux personnages engagés dans une relation qui, de proche et sereine (au début de la pièce) devient de plus en plus distante et problématique, pour finir de manière irrémédiable. Car ce drame psychologique et familial est aussi une véritable tragédie, dans la mesure où la pièce s’achève, en 1975, conformément à la vérité historique, avec la mort de Margherita, tombée sous les balles des carabiniers.… Le père perd sa fille en même temps que la gauche européenne perd ses illusions. Le terrorisme armé, tel qu’il s’est développé alors en Italie et en Allemagne, peut être considéré comme une tentative ultime et désespérée de résoudre l’injustice sociale qui bouleversait, dans la scène d’exposition, la petite Margherita. Du fait de sa violence inadmissible et de son échec impitoyable, il coïncide, plus d’une décennie avant l’effondrement du régime soviétique, avec la fin des utopies progressistes et le renoncement généralisé aux « idéologies ». Pour Michel Didym, le choix de Richard et Romane Bohringer comme interprètes des deux personnages, ressortissait à une évidence. Encore fallait-il avoir, à portée de main, ces deux monstres-sacrés, et avoir connaissance du fait que, n’ayant jamais encore partagé ensemble la scène d’un théâtre,