Revue "Repères et Perspectives Economiques" Vol. 4 / Numéro spécial / novembre 2020

Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud- Kivu à la République Démocratique de Congo dans la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs

VWIMA Ngezirabona Stany et Cadeau RUSHIGIRA Université Evangélique en Afrique, République Démocratique du Congo

Édition électronique URL: https://revues.imist.ma/index.php/rpe/article/view/23798

ISSN : 2509-0399 Reçu le : 19 mars 2020 Date de mise en ligne : 26 novembre 2020 Evalué le : 10 juillet 2020 Pagination : 18-40 Accepté le : 25 novembre 2020

Référence électronique VWIMA, N.S., RUSHIGIRA, C., «Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo dans la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs», Revue "Repères et Perspectives Economiques" [En ligne], Vol. 4, Numéro spécial / novembre 2020, mis en ligne le 26 novembre 2020.

URL: https://revues.imist.ma/index.php/rpe/article/view/23798

Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo

Problem of agriculture integration in (DR Congo) into the Economic Community of the Great Lakes Countries

Abstract

There are several areas of economic integration around the world. Most of these integration areas were created after the progress made by the European Union. The other states of the other continents of the world also wanted to look for ways of concentrating and uniting their efforts in the economic, security and political fields. In Africa, there are integration areas such as the AU, ECOWAS, COMESA, SADC, EAC, ICGLR, ... Despite the political and diplomatic efforts made, it must be noted that the results of the Regional Economic Communities (RECs), considered as the cornerstones of this construction, are rather mixed. The Economic Community of the Great Lakes Countries (CEPGL) has always been characterized by migratory, land and identity-related tensions, which have been among the distant causes of the various wars and conflicts observed in the region and have paralyzed the productive apparatus of these countries for years. In the province of South Kivu, several structural and cyclical problems are at the root of the failure to revive the agricultural sector and block its integration into the CEPGL area. The objective of this study is to criticize the position of the DRC in general and South Kivu province in particular in the CEPGL, to diagnose the various factors that hinder the integration of South Kivu's agriculture into the CEPGL area, and to propose possible solutions to this problem.

Key words: Regional integration, agriculture, CEPGL, South Kivu, The Democratic Republic of Congo

JEL Classification: Q17, Q18

Résumé

Il existe plusieurs aires d'intégration économique à travers le monde. La plupart de ces aires d’intégrations ont été créés après les progrès enregistrés par l'Union Européenne. Les autres Etats des autres continents du monde ont voulus aussi chercher comment concentrer et unir leurs efforts sur le plan économique, sécuritaire et politique. En Afrique, il existe des aires d’intégration comme UA, CEDEAO, COMESA, SADC, EAC, CIRGL, … Malgré les efforts politiques et diplomatiques déployés, force est de constater que les résultats des Communautés Économiques Régionales (CER), considérées comme les pierres angulaires de cette construction, sont assez mitigés. La communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) a toujours été caractérisée par des tensions migratoires, foncières, identitaires qui ont figurés parmi les causes lointaines des différentes guerres et des conflits observés dans la région et ont paralysés depuis des années l’appareil productif de ces pays. Dans la province du Sud-Kivu, plusieurs problèmes structurelles et conjoncturelles sont à la base de non relance du secteur agricole et bloquent son intégration dans l’espace CEPGL. L'objectif de ce travail est de pouvoir critiquer le positionnement de la RDC en général et de la province du Sud- Kivu en particulier dans la CEPGL de diagnostiquer les différents facteurs qui entravent l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu dans l’espace CEPGL mais aussi de proposer les pistes de solutions pour pallier à ce problème.

Mots clés : intégration régionale, agriculture, CEPGL, Sud-Kivu, République Démocratique du Congo

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Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo

Introduction

Le secteur agricole des pays de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPEGL) joue un rôle déterminant dans le soutien des économies de ces pays. Conformément aux données de la banque mondiale1, ce secteur a contribué en 2018 à hauteur de 30,6% au PIB du ; 29% au PIB du Rwanda et 19,1% au PIB de la RDC. Ces chiffres soutiennent l’importance de la contribution du secteur agricole à l’économie de ces pays. En plus, il joue des nombreux enjeux sociétaux en fournissant l’emploie à la population à raison de 92% au Burundi en 2018, 67% au Rwanda en 2018 et 68,7% en RDC en 2018. Le secteur agricole dans cette sous-région assure la sécurité alimentaire des populations, où l’autoconsommation est primordiale dans la stratégie des ménages agricoles, et les marchés de proximité des produits vivriers approvisionnent les populations urbaines (CEDEAO, 2008). À l’heure actuelle, 80% des besoins alimentaires des populations de la sous-région sont satisfaits par les productions sous régionales (Musila, 2009). Néanmoins la dépendance des uns aux autres est disproportionnée au regard des difficultés internes de l’organisation du secteur agricole de chaque pays. Ainsi, on note une dépendance beaucoup plus prononcée de la RDC aux importations des produits agricoles, surtout pour sa partie Est plongée depuis plusieurs décennies dans des conflits armés (Lebailly, 2010). Pourtant, la province du Sud-Kivu, est en particulier l’une des provinces de la RDC à forte pénétration agricole dans les activités économiques. Au Sud-Kivu, l’agriculture emploie 72,5% de la population active (PNUD, 2009), et ses fortes dotations factorielles pour l’agriculture lui ont valu pendant longtemps le qualificatif de grenier du pays du fait qu’elle servait à approvisionner les autres provinces (la Province orientale, une partie de la province du Katanga, le Maniema, les deux Kasaï en produits de pêche surtout et la ville province de Kinshasa) en produits alimentaires (Mastaki, 2006). Constitué des montagnes et des plaines, la province du Sud-Kivu offre des conditions pédoclimatiques favorables à différents types des cultures.

En dépit de son importance, le secteur agricole dans la province du Sud-Kivu est caractérisé par une faible productivité et affronte de fortes contraintes d’ordre sécuritaire, techniques, économiques et institutionnelles (Vwima, 2014), rendant problématique sa relance et son positionnement dans le commerce sous régionale notamment dans l’espace CEPGL. Les trois plus importants facteurs de production agricole : semences sélectionnées, engrais et machines

1 https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NV.AGR.TOTL.ZS

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Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo agricoles (CEDEAO, 2008), sont utilisé dans des proportions très faibles au Sud-Kivu et il manque une valorisation des résultats de la recherche scientifiques susceptible de booster la production agricole. En plus, la combinaison de l’insécurité et de la pauvreté dans les milieux ruraux alimente l’exode rural, dépouillant de l’agriculture sa main d’œuvre potentielle (Ministère de l’agriculture et du développement rural, 2009). La pression due à la surpopulation exercée ces dernières années sur le peu des surfaces foncière accessible, oblige ne plus recourir à la pratique de la jachère alors que, comme le montre déjà Kunze (1991) cité par De Failly (2000), environ 10% des grandes exploitations étaient encore régulièrement mises en jachère en 1991. Cette absence de jachère épuise le sol et entraîne des problèmes environnementaux et une diminution sensible de la productivité agricole et du revenu des ménages.

Au regard de l’ensemble des contraintes mentionnées ci-haut, il est utile de se questionner sur la problématique de l’insertion à l’état actuel du secteur agricole du Sud-Kivu dans l’espace CEPGL en vue de tirer profit du marché potentiel offert par ce regroupement économique où la RDC occupe une place stratégique. Ainsi, l’objet de cet article est de critiquer le positionnement de la RDC en général et de la province du Sud-Kivu en particulier dans la Communauté Economique des Pays de Grands Lacs, d’élucider les contraintes du secteur agricole du Sud-Kivu et de proposer les pistes de solutions pour pallier à ce problème.

1. Milieu d’étude et méthodologie 1.1.Présentation de la province du Sud-Kivu

Longtemps réputée pour la douceur de son climat et la richesse de sa production alimentaire, la province du Sud Kivu était la zone privilégiée des colons de l’ex-Etat indépendant du Congo. Il est, l’une de 26 provinces que compte le pays et se situe dans sa partie Est, approximativement entre 1°36’ de latitude sud et 5° de latitude sud d’une part et 26°47’ de longitude Est et 29°20’ de longitude Est d’autre part (IPAPEL, 2018).

La province est limitée à l’Est par la République du Rwanda dont elle est séparée par la rivière Ruzizi et le lac Kivu, le Burundi, la Tanzanie, séparés du Sud-Kivu par le lac Tanganyika. Au Sud-Est, la province est limitrophe à la province du Katanga. Au Sud-Ouest et au Nord-Ouest la province est par le Maniema et AU Nord par le Nord-Kivu (IPAPEL, 2018).

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Fig. 1a. Carte administrative de la RDC Fig. 1b. Carte de la province du Sud-Kivu

Source : Source : https://reliefweb.int/map/democratic- https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Democ republic-congo/dr-congo-carte-des-territoires-du-

ratic_Republic_of_the_Congo_adm_location_ma sud-kivu p.svg La province du Sud-Kivu, dispose d’une superficie de 69.130 Km² et sa population s’élevait à 3.028.000 habitants en 1997, elle est estimée actuellement à 3.500.000 habitants, soit une densité moyenne de 50,6 habitants par Km² (PNUD, 2009).

Les facteurs principaux qui déterminent les climats du Sud-Kivu sont la latitude et l’altitude. Le Kivu montagneux, c'est-à-dire l’Est de la province jouit d’un climat de montagne aux températures douces où la saison sèche dure 3 à 4 mois de juin à septembre, et les restes des mois correspondent à la saison de pluie. La province dispose d’une hydrographie riche avec deux lacs importants (le lac Kivu au Nord et le Tanganyika au Sud) permettant de mener des activités de pêche artisanale et semi industrielle dans le lac Tanganyika (l’un des plus poissonneux au monde). Les cours d’eau du Sud-Kivu appartiennent au bassin hydrographique du fleuve Congo. La plupart de ces cours d’eau prennent leur source dans les montagnes de l’Est et coulent pour la plupart vers l’Ouest où ils débouchent dans le fleuve Lualaba, d’autres se jettent dans les lacs (Ministère Du Plan - Unité De Pilotage Du Processus DSCRP, 2005).

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1.2.Méthodologie

Cet article pose une analyse critique de la situation actuelle du secteur agricole du Sud-Kivu et questionne les enjeux de son intégration dans l’espace CEPGL, pour bénéficier des atouts du marché commun. Ainsi, les données secondaires constituent principalement la source d’information pour ce papier. En effet, la documentation a consisté à parcourir un certain nombre des bases des données ainsi que les statistiques disponibles dans différents rapports officiels des services publiques de la province en lien avec le secteur agricole. Elle a aussi permis d’exploiter les sources scientifiques pour documenter l’objet de recherche abordé par cet article.

2. Cadre théorique

Dans cet article, nous nous servirons du cadre théorique des échanges intra-branches pour ressortir les défis du secteur agricole du Sud-Kivu dans l’intégration au sein du CEPGL. Mobilisé initialement par Balassa (1961) et ensuite par Mucchielli et Lassudrie-Duchêne (1979), cette théorie explique la dynamique des échanges internationaux à travers principalement la hiérarchisation des avantages comparatifs et les différences de position dans les gammes de produits. Les études empiriques sur les spécialisations productives des pays montrent que différents pays peuvent à la fois être importateurs et exportateurs de produits très proches, ou de mêmes produits différenciés par leur qualité. Ainsi, les échanges intra- branches désignent l’existence des flux d’exportations et d’importation, à l’intérieur d’une même branche, entre un pays et un ou plusieurs de ses partenaires. Les rapports qui ressortent de ces échanges doivent être liés à des indicateurs qui tiennent compte de la production et de la demande intérieure de la branche, de la spécialisation de certains partenaires dans les mêmes branches (Mucchielli et Lassudrie-Duchêne, 1979) et des contraintes endogènes de nature structurelle ou conjoncturelle. La RDC en générale et le Sud-Kivu en particulier, étant confronté à la situation d’importation des produits agricoles pour lesquels il est suffisamment doté en facteurs pour les produire localement, nous nous servirons de la grille d’analyse fournie par la théorie des échanges intra-branches pour mieux cerner la problématique du secteur agricole du Sud-Kivu dans l’intégration au CEPGL.

3. Problématique de l’intégration régionale dans la CEPGL

La promotion du développement commercial régional par les échanges entre voisins et l’intégration progressive des pays de la CEPGL s’avèrent nécessaires. Selon le rapport de la Banque Mondiale (2011), la coopération régionale et l’intégration économique régionale

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Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo peuvent être les meilleures clés pour réduire les différentes contraintes politiques et d’infrastructure du commerce frontalier dans la région des grands lacs en général et de la province du Sud-Kivu en particulier. Hugon, Pourcet, Quiers-Valette (1994) cités par Hugon (2002) montrent que les arrangements régionaux réduisent les coûts de transaction, favorisent des stratégies coopératives et réduisent les incertitudes en permettant des anticipations des agents. C’est pourquoi, comme le disent aussi Johnson et al. (2009), le passage d’une économie de guerre vers une économie de paix devient une condition essentielle de l’intégration commerciale des pays CEPGL. En juillet 2007, le Burundi, le Rwanda et la RDC ont décidé de relancer la CEPGL et de démarrer effectivement ses activités dont les objectifs étaient de redynamiser le cadre de dialogue politique et redynamiser l’intégration économique. Certes, des progrès ont été réalisés mais il reste encore beaucoup à faire. La libéralisation des échanges commerciaux entre ces pays membres de la CEPGL (Burundi, Rwanda et RDC) est encore modeste en général car conçue dès le départ dans la précipitation afin de soutenir la pacification de la région. D’où le lien entre commerce et paix. En plus, les capacités productives et les contraintes y afférentes pour chaque pays de la CEPGL, l’absence de complémentarité entre pays justifiée par des niveaux de production et de consommation différents constituent un facteur d’échec de ces échanges et justifient une redistribution inéquitable des gains obtenus par ce commerce régional. Toutefois, il reste des problèmes économiques et institutionnels à surmonter pour développer le commerce intra régional au sein de la CEPGL.

Les barrières non-douanières comme les tracasseries douanières, les tracasseries administratives, prolongement de la durée des formalités douanières, péages routiers, frais de transit, sont vécus de part et d’autre de la traversée des frontières, alors qu’à cette période de la mondialisation, la facilitation du commerce entre les pays devient un enjeu de plus en plus important. Les efforts de facilitation du commerce frontalier sont beaucoup plus observés au Rwanda qu’en RDC et Burundi. Selon le classement des pays sur la facilité de faire les affaires (Doing Business) de 2018, le Rwanda occupe le 29ième rang alors que le Burundi et la RDC occupent respectivement le 168ième et le 180ième rang au niveau mondial2. Par ailleurs, l’absence d’infrastructures routières appropriées, surtout du côté de la RDC, constitue également une entrave à la croissance du commerce sur l’espace CEPGL. Toutefois, l’existence de plusieurs projets régionaux (CEPGL, CIRGL, COMESA, EAC) centrés sur la paix, la bonne gouvernance, la sécurité alimentaire et l’interconnexion des réseaux routiers, donne de l’espoir pour un commerce et une intégration renforcée au sein des pays de la

2 https://francais.doingbusiness.org/fr/rankings

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CEPGL. L’intégration commerciale des pays CEPGL reste tissée sur des relations socio- politico-économiques encore fragiles. Les effets des guerres qui ont abouti à la rupture du fonctionnement de la CEPGL entre 1994 et 2007, sont loin d’être terminés. Dans ce sens, comme le souligne aussi Mughendi (2009), la relance de la CEPGL a été l’affaire des élites politiques et non des peuples. Malgré l’implication de plusieurs acteurs régionaux et étrangers, le manque de confiance entre gouvernants et gouvernés de ces trois pays constitue un blocage à la relance effective de la CEPGL. Des problèmes internes rendent de plus en plus difficile l’intégration régionale. C’est le cas par exemple de la RDC, où la corruption est généralisée ; du Burundi, pays post-conflit, qui doit reconstruire une administration et faire face aussi à la corruption ; du Rwanda qui doit toujours faire face à des tensions politiques croissantes et menaces des guerres en provenance des militaires de l’ancien régime, actuellement en exil dans les pays voisins.

Figure 2 : Place des pays de la CEPGL dans les groupements régionaux africains

UMA

Algériie IGAD CEEAC Maroc CEMAC Mauritanie Jamahiriya UEMOA Tunisie Arabe Libyenne

Somalie Sao Tomé et Principe

Cameroun Djibouti Bénin Congo Erythrée Burkina Faso Gabon Ethiopie CAE Côte d’Ivoire Guinée équatoriale Soudan Guinée Bissau République centrafricaine Mali Tchad Niger Angola Kenya Sénégal RDC Burundi Ouganda Togo Congo Rwanda

Cap verde Rép.- Liberia Unie de Tanzanie COI Zone Malawi Madagascar CFA Zambie Maurice Gambie Zimbabwe Ghana Comores Guinée Seychelles Nigéria Sierra Leone ECOWAS Réunion (France) Swaziland Afrique du Sud Lesotho Namibie COMESA ZMAO Botswana CMA SADC

Mozambique UDAA

Source : Tracé à partir du Rapport de CNUCED sur le développement économique en Afrique (2009). Renforcer l’intégration économique régionale pour le développement de l’Afrique.

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En revanche, Plusieurs raisons rendent difficile le processus d’intégration économique en Afrique. Citons principalement (1) les facteurs liés à l’histoire et à la politique, (2) les facteurs liés au droit et aux institutions (les contradictions dans la réglementation fiscale et douanière) et (3) les facteurs liés à l’économie notamment la non prise en compte des programmes communautaires locales dans les programmes de coopération et la négligence des avantages comparatifs de chacun des pays (Tsafack Nanfosso et Tamba, 2003). De même, l’appartenance des pays à plusieurs regroupements régionaux à la fois ne facilite pas le processus d’intégration. Comme il s’observe dans la figure 1, la CEPGL se trouve à l’intersection de plusieurs projets d’intégration régionale avec des objectifs parfois incompatibles.

4. Politiques agricoles régionales et sécurité alimentaire dans les pays CEPGL

La quasi-permanence d’une insécurité alimentaire en RDC en général et dans la province du Sud-Kivu en particulier reste encore le défi à relever pour chaque politique agricole, qu’elle soit nationale ou régionale. Au niveau sous-régional, les interventions de la CEPGL dans le domaine agricole sont encore très timides et inefficaces. Au niveau technique de production, l’offre des services de l’IRAZ (Institut de Recherche Agronomique et Zootechnique) créé le 09 décembre 1979 avec comme objectif d’assurer «la sécurité alimentaire et l’équilibre nutritionnel de la région », est encore très limitée pour couvrir la demande de la région. Comme toutes les autres institutions de la CEPGL, l’IRAZ est confronté à des problèmes financiers qui, de temps en temps, l’obligent à suspendre certains programmes et réduire son personnel. Sans être trop pessimiste, la redynamisation complète de l’IRAZ par les pays membres reste encore hypothétique aussi longtemps que les instituts de recherche de chaque pays membre souffrent encore des mêmes problèmes financiers. C’est le cas de l’INERA (RDC), ISAR (Rwanda), ISABU (Burundi). Avec des moyens très limités, les pays de la CEPGL doivent-ils privilégier l’IRAZ ou les instituts de recherche de chaque pays ? Cette question mérite d’être éclaircie.

Si on essaie de se connecter à d’autres politiques agricoles comme celui du Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA) du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique), on peut remarquer que la conception et la mise en œuvre de cette politique dans les pays CEPGL est plus qu’une nécessité car leurs économies se caractérisent par une série de situations défavorables de l’insécurité alimentaire et, en RDC où le budget national alloué à l’agriculture n’a jamais dépassé 5%. Ce budget reste relativement faible pour un pays où l’agriculture constitue le secteur important. Ce taux est

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Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo encore de loin inférieur à 10% du budget qui constitue l’objectif du PDDAA. En se référant aux quatre piliers du PDDAA, les efforts sont encore à fournir dans les deux pays. Le pilier 1 du PDDAA montre que la gestion durable de la terre et les systèmes de contrôle fiables de l’eau contribueront à fournir aux paysans, l’opportunité d’augmenter le rendement sur une base durable. Cet objectif est loin d’être atteint par la RDC, le Rwanda et le Burundi car si on s’intéresse seulement aux superficies irriguées par rapport aux superficies cultivées, on peut se rendre compte qu’elles sont encore faibles comparativement à l’Afrique subsaharienne. Les données de FAOSTAT révèlent en 2016 seulement 0,2% des superficies cultivées irrigués en RDC, 0,8% au Rwanda et 1,9% au Burundi, contre 3,9% des superficies cultivées irriguées en Afrique Sub-saharienne. Parmi ces terres cultivées irriguées, certaines ont encore de faibles réserves nutritives et le recours à l’intensification agricole constitue l’une des solutions bien que son utilisation reste faible dans les deux pays. Les statistiques de la Banque Mondiale de 2016 montrent que 5,4 Kg, 2,5kg et 10,8 kg d’engrais sont utilisés par hectare de terres arables respectivement au Burundi, en RDC et au Rwanda3.

Malgré l’importance économique de l’agriculture en RDC, au Rwanda et au Burundi, l’accès au marché par les agriculteurs pose encore problème. C’est dans ce sens que les efforts dans la réalisation de l’objectif du palier 2 du PDDAA, permettront d’améliorer les capacités des entrepreneurs privés, y compris les agriculteurs commerciaux et les petits cultivateurs, de répondre aux exigences de plus en plus complexes de qualité et de logistique des marchés locaux, régionaux, et internationaux, se concentrant sur les chaînes de valeurs stratégiques.

Pour atteindre cet objectif, il est évident pour les trois pays de la CEPGL de se concentrer surtout sur les politiques de renforcement des capacités et de partenariat, de la facilitation commerciale et le développement des infrastructures. Quant aux infrastructures, en se basant sur le seul indicateur du pourcentage des routes pavées, on se rend encore compte qu’il faut encore beaucoup d’efforts pour ces pays pour pouvoir atteindre l’objectif de ce palier 2. Les statistiques de la Banque Mondiale (en 2004) montrent que le taux des routes pavées sur l’ensemble des routes est très faible (1,82% en RDC, 19% au Rwanda et 12,9% au Burundi).

En lien avec le troisième pilier du PDDAA, les projets communs de construction d’infrastructure reliant les différents pays faciliteront l’intégration régionale et auront un impact positif sur la sécurité alimentaire de ces trois pays en augmentant, les approvisionnements alimentaires et l’évacuation des produits agricoles, en réduisant la faim et la malnutrition et en améliorant les réponses aux crises alimentaires. Le développement

3 https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/AG.CON.FERT.ZS?name_desc=false&view=chart

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Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo agricole ne peut pas réussir sans une bonne capacité de recherche (Brader, 2004). Cette idée rejoint le pilier 4 de PDDAA qui vise à améliorer la recherche et les systèmes agricoles afin de diffuser de nouvelles technologies appropriées. En RDC, au Rwanda et au Burundi, la recherche agricole et forestière se fait dans quelques institutions publiques particulièrement à l’INERA (RDC), ISAR (Rwanda), ISABU (Burundi) et les universités. Ces institutions participent activement dans les réseaux de recherche organisés dans le cadre des organisations sous-régionales et régionales. Selon le rapport du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural de 2009, les actions de l’INERA restent limitées, spécifiques et conjoncturelles selon les possibilités de financement. Le manque de ressources financières et matérielles a réduit sa capacité de génération technologique et a accéléré, par l’absence de motivation, le départ des chercheurs vers d’autres opportunités. Au final, suite à la précarité des ressources humaines et financières, bon nombre de ses programmes de recherche sont au ralenti, ou carrément discontinués. Le rapport de l’IFPRI sur les principales tendances de la Recherche et Développement agricole depuis 2000, montre qu’au Rwanda, la capacité de Recherche et Développement agricole a légèrement augmenté depuis 2005 en termes de nombre de chercheurs. Par suite de la guerre civile des années 90, les personnels sont plus jeunes et moins qualifiés que dans d’autres pays de la région. Au Burundi, des efforts sont perceptibles en termes de recherche pour permettre la mise à disposition des agriculteurs des semences sélectionnées et plus résistantes aux maladies phytosanitaires (MINAGRI-Burundi, 2012).

5. L’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu dans le CEPGL : contexte et pari perdu d’avance

Pour ressortir les contraintes de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu dans le CEPGL, il est utile de mentionner qu’au Sud-Kivu par manque des infrastructures de stockage et de conservation, les produits agricoles bruts sont exportés principalement vers le Rwanda et en empruntant des circuits informels, pour ensuite être importé après transformation. C’est pour cette raison que la théorie des échanges intra-branche permettra d’expliquer cette dynamique. En analysant les données du commerce extérieur agricole présenté dans le tableau 1 ci- dessous. Il ressort que les importations agricoles sont nettement supérieures aux exportations occasionnant une balance déficitaire.

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Tableau 1. Indicateurs du commerce extérieur agricole du Sud-Kivu (2010-2014)

2010 2011 2012 2013 2014 Exportation FOB vers l’extérieur (% du PIB) 2,1 1,9 2,3 2,3 2,5 Importation CIF de l’extérieur (% du PIB) 11,0 11,8 13,0 15 14,3 Balance commerciale (%) -8,9 -9,1 -11,3 -13,7 -11,8 Ratio de spécialisation intra-branche -0,67 -0,66 -0,73 -0,79 -0,70

Source : Données de la Banque centrale du Congo

Il ressort du tableau 1, que les ratios de spécialisation intra-branche tendent vers -1, ce qui signifie que les importations agricoles sont importantes en comparaison aux exportations. Ces données montrent que l’agriculture du Sud-Kivu se trouve en mauvaise posture dans la CEPGL. Ainsi, il convient d’analyser les différents aspects du secteur pour identifier les failles de manque de performance.

5.1.Contexte général de l’agriculture au Sud-Kivu

L’agriculture au Sud-Kivu est un secteur très féminisé et la main d’œuvre est plus âgée avec plus de six actifs sur dix (60%) ayant dépassé les 40 ans. Le niveau scolaire est très faible avec moins de 4 années d’études (Makambu Ma Nkenda et al., 2007). Il est généralement tenu par de petites exploitations agricoles du type familial et traditionnel qui se focalisent surtout sur des cultures vivrières (TECSULT, 2009). Caractérisée par l’utilisation d’outils rudimentaires et de techniques culturales obsolètes, la petite agriculture ne permet malheureusement pas de produire des biens alimentaires suffisants pour satisfaire les besoins des familles des paysans eux-mêmes (Bisimwa et Bashi, 2009). Au Sud-Kivu, plus de 80 % des paysans ont des exploitations agricoles dont la superficie ne dépasse pas 0,5 ha. Il se pose donc un réel problème de pression foncière.

Tableau 2. Caractéristiques de l’agriculture du Sud-Kivu

Superficie cultivé (moyenne) 0,37 ha Age des agriculteurs (moyenne) 42 ans Proportion moyenne des femmes dans le secteur 72% Proportion moyenne des hommes dans le secteur 28% Niveau de scolarité moyenne des agriculteurs 6 années d’études

Source : Mastaki, 2006 ; Makambu Ma Nkenda et al., 2007 ; PNUD, 2009

Dans leur étude, Bisimwa et Bashi (2009) constatent que l’agriculture au Sud-Kivu se retrouve face à une situation désastreuse. On peut, en effet, citer à titre d’exemple : (i) la petite taille des exploitations; (ii) leur niveau technique rudimentaire et leur faible

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Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo mécanisation; (iii) le vieillissement des agriculteurs, conséquence de l’exode rural massif des jeunes; (iv) la faible organisation des producteurs; (v) l’érosion des sols; (vi) le dysfonctionnement des chaines de valeurs plus favorables aux commerçants qu’aux producteurs; (vii) le très faible niveau de la recherche et la faiblesse des services de vulgarisation, (viii) le manque de pistes rurales; (ix) les difficultés d’accès à la terre notamment pour les femmes et les jeunes, qui constituent un frein à l’investissement agricole; (x) la pression foncière croissante dans certaines zones et la dégradation conséquente de la fertilité des sols; (xi) le faible taux de transformation des produits agricoles, qui ne permet pas de retenir une partie significative de la valeur ajoutée; (xii) les difficultés d’accès au crédit, seuls 0,2% des crédits à l’économie étant alloués au secteur agricole et (xiii) la faible maitrise de l’eau,…

5.2.Aperçu sur le rendement des produits agricoles du Sud-Kivu

Au Sud-Kivu, l’agriculture est surtout pratiquée par des ménages insuffisamment encadrés et sur de petites étendues ne dépassant pas 0,5ha en moyenne, avec des outils rudimentaires, des semences non améliorées et des techniques de culture obsolètes (PNUD/RDC, 2009). Ce qui expliquerait d’ailleurs les faibles rendements à l’hectare observés à travers les figures 3 et 4.

Figure 3 : rendements de quelques cultures vivrières (T/ha) Figure 4 : rendements des cultures industrielles et de

rente (T/ha)

11,351

7,698

6,038

7,826

5,542

5,111

4,885

3,602

2,987

1,774

1,271

1,31

1,060

1,059

1,098

0,992

0,917

0,836 0,588

Source : IPAPEL, 2014

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5.2.1. Les cultures vivrières

Les principales cultures vivrières identifiées constituent la base de l’alimentation de la population de la province du Sud-Kivu mais, malheureusement la production locale demeure incapable à satisfaire la demande locale pour ce produit. L’importance de l’autoconsommation illustre la façon dont le milieu rural du Sud-Kivu vit en autarcie. Pour Mastaki (2006), ce repli du monde agricole traditionnel sur lui-même s’explique par bien des contraintes structurelles génératrices des risques et incertitudes pour les producteurs dont le comportement traduit une véritable aversion du risque. Dans ce sens, la dépendance en produits alimentaires de la ville de demeure une évidence. Le degré d’autoconsommation des produits vivriers au Sud-Kivu en 2013 a atteint plus de 50% pour la pomme de terre, plus de 99% pour le maïs, plus 66% pour de manioc et patate douce, plus de 41% pour le haricot (Vwima et al., 2015). Cette situation témoigne qu’une faible partie de la production totale est orientée vers le marché

Les faibles rendements observés au Sud-Kivu sont justifiés en grande partie par la mauvaise gestion foncière, la démographie et la présence des maladies et ravageurs. La faible surface cultivée par ménage d’agriculteurs, ainsi que la population qui évolue au rythme de 3,3% (Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, 2009) en moyenne par an, n’ont cessé d’avoir un impact négatif sur l’autosuffisance agricole de la province. Les statistiques de l’Inspection Provinciale de l’Agriculture, Elevage et Pêche montrent que plus de 86% des exploitations agricoles au Sud-Kivu ont une superficie ne dépassant pas 0,45 ha.

La faiblesse de la production vivrière au Sud-Kivu entraîne des conséquences dont la dépendance de la province vis-à-vis de l’étranger (Rwanda, province du Nord-Kivu) dans l’approvisionnement de certains produits alimentaires afin de couvrir son déficit alimentaire. Vwima (2014), montre que la province du Sud-Kivu a été déficitaire dans les différents aliments de base comme le maïs (201.451 tonnes de déficit), cossettes de manioc (33.147 tonnes de déficit), le riz (168.484 tonnes de déficit), le haricot (137.246 tonnes de déficit) et l’arachide (83.299 tonnes de déficit).

5.2.2. Les cultures de rente

Les rendements des principales cultures des rentes restent encore faibles. Plusieurs contraintes sont à la base de ces rendements faibles alors que ces filières ont un potentiel immense en exploitation paysanne aux portes des pays de la CEPGL. On peut citer les contraintes comme : le mauvais état des infrastructures routières d’évacuation de la production, l’utilisation des

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Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo méthodes encore artisanales par les ménages cultivateurs, le vieillissement des plantations et dégénérescences des semences, l’accès au foncier par les paysans et surtout les femmes, substitution de plus en plus des cultures industrielles par les cultures d’autosubsistances, le manque d’énergie et la fermeture de plusieurs industries de transformation, les guerres et l’insécurité, les fluctuations des cours mondiaux de café et de thé, les services de l’Etat travaillant dans ces domaines fonctionne dans les conditions économiques et financières difficiles, le caractère informel et frauduleux de la vente des produits comme le thé et le café vers les pays voisins (Rwanda, Burundi).

5.3.Etat de lieu des infrastructures agricoles au Sud-Kivu

Les infrastructures agricoles dans la province du Sud-Kivu sont en état de délabrement ou inapproprié dans certains cas pour la conservation ou le stockage de la production. Le mauvais état des routes de dessertes agricoles rend compliqué la commercialisation. Les conflits et l’insécurité ont rendu certains axes routiers inaccessibles renforçant ainsi l’accessibilité de certaines zones. Le diagnostic de l’état de route que nous avons fait dans le cadre de cet article ressort une situation calamiteuse. Le diagnostic des routes de desserte agricole réalisé par l’Office de Route en 2015, fait un état de 222 km sur 1884 km (soit 11,8%) des routes asphaltées. Parmi ces routes asphaltées, seulement 149 km soit 67,1% est en bon état.

Les moyens de transport de marchandises couramment utilisés dans le secteur agricole du Sud-Kivu sont les camions, les camionnettes (pour déplacer les produits agricoles du marché rural vers le marché urbain), les vélos et la force humaine (pour déplacer les produits des champs vers le marché rural). Les coûts de transport sont déterminés en fonction des différents trajets que parcourt le produit agricole depuis la zone de production jusqu’à la zone de consommation. Cependant, la plupart des routes de desserte agricole sont en mauvais état, posant ainsi des problèmes d’acheminement des produits agricoles, surtout pendant la saison de pluie, depuis les zones de production (milieux ruraux) jusqu’aux zones de consommation dont principalement la ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Mises à part les différents tracasseries et rançonnements des transporteurs par les militaires et policiers mal payés, la taxation des produits agricoles dans les milieux ruraux par l’administration territoriale est aussi à la base du non réalisation d’un surplus dans le secteur agricole.

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5.4.Etat de lieu des entreprises agro-industrielles au Sud-Kivu

S’agissant des entreprises agro-industrielles, presque 60% sont non fonctionnel à l’état actuel et ceux qui fonctionnent ne font pas preuve d’une bonne performance. Il ressort du tableau 3, la situation sur l’état des entreprises agro-industrielles de la province du Sud-Kivu.

Tableau 3. Etat de lieu des entreprises agro-industrielles de la province du Sud-Kivu

N° Nom de l'entreprise Localisation Produits fabriqués Etat Non 1 Plantation Nyamulinduka Walungu Usine de thé fonctionnel Non 2 Plantation Mbayo, Lemera Uvira Usine de thé fonctionnel Non 3 Usine de Kiringye Uvira Huilerie et rizerie fonctionnel Non 4 Huilerie de Kitutu Mwenga Huile de palme fonctionnel Non 5 Huilerie de Matili Shabunda Huile de palme fonctionnel Non 6 Rizerie de Matili Shabunda Riz fonctionnel Non 7 Minéral Hongo Kabare Eau gazeuse fonctionnel Non 8 Sucrerie de Uvira Usine de sucre fonctionnel ESTAGRICO (cotonnière du Non 9 lac) Uvira Agro-industrie fonctionnel Usine de thé, Non 10 plantation Irabata Walungu quinquina, boisement fonctionnel Non 11 Boulangerie Alpha Bukavu Fabrication de pain fonctionnel Bière Primus et autres Fonctionnel 12 Bralima Bukavu produits 13 Pharmakina Bukavu Quinine, ARV Fonctionnel 14 Sojuf Bukavu Jus de passiflore Fonctionnel 15 Centre Olame Bukavu Biscuit Masoso Fonctionnel Boulangeries (Ideal, Pain d'or, Super pain, kaboyi, la Bukavu Pains Fonctionnel providence, pain royal, 16 économat général) 17 Mugote Bukavu Eau minérale Fonctionnel 18 Jardin Théicole de Mbayo Kabare Usine de thé Fonctionnel Usine des produits Fonctionnel 19 Bio-Kivu Bukavu laitiers

Source : Division provinciale de l’économie, 2014.

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Les mesures calamiteuses de la zaïrianisation et puis de la radicalisation ont dévitalisé plusieurs entreprises, d’autres ont été mal gérées et d’autres encore ont souffert des effets des conflits armés depuis 1996, en raison des pillages et de la destruction physique des bâtiments, des infrastructures agricoles (dont les routes). Le vieillissement des plantations par manque d’entretien et les maladies affectant plusieurs de ces cultures mais aussi la baisse des cours mondiaux des produits agricoles ont conduit d’autres entreprises à la fermeture. Les quelques entreprises agro-alimentaires qui ont résisté ont fortement réduit leurs activités et se trouvent quasi toutes, concentrées dans la ville de Bukavu par crainte d’insécurité et de pillage en milieux ruraux.

5.5.Environnement institutionnel du secteur agricole

Au Sud-Kivu, l’intervention de l’Etat dans le secteur agricole reste timide. La recherche agronomique est principalement entreprise par l’institut national pour l’étude et la recherche agronomique (INERA) sur laquelle sont attachées d’autres institutions comme le service national des semences (SENASEM) en charge de la filière semence, le service national des fertilisants et intrants connexes (SENAFIC) impliqué dans la distribution des engrais et autres fertilisants, le service national de vulgarisation agricole (SNV) à côté des services d’entretien dans les infrastructures de base dont l’office des routes et le service national des routes de dessertes agricole (SNRDA). Cependant, ces services, comme reflets de toute la déliquescence de l’administration publique du pays, ne sont pas dotés des moyens financiers et humains pour leur fonctionnement et sont abandonnés à eux-mêmes. L’inexistence du cadre de collaboration de ces services et l’absence de tout mécanisme de suivi et évaluation de leur performance sont des sérieux problèmes auxquels ils sont affrontés. A côté de ces services officiels de recherche en agronomie, on note la présence des centres de recherches universitaires (c’est le cas par exemple de la faculté d’agronomie de l’UEA/Bukavu qui dispose d’un laboratoire d’analyse du sol) et les centres de recherches des organismes internationaux comme l’IITA, HARVEST Plus qui sont impliqué dans la recherche agricole. On note en revanche un manque de coordination efficace des institutions publiques de recherche avec ces autres institutions, occasionnant des taux d’impact marginaux.

Avec la défaillance du gouvernement de la RDC dans l’organisation du secteur agricole, plusieurs organisations non gouvernementales internationales interviennent par leur appui technique, matériel et financier. Les crédits agricoles sont quasi-inexistants au Sud-Kivu. La Banque de Crédit Agricole n’y a pas été opérationnelle et l’essentiel du crédit public drainé par la SOFIDE a été orienté vers le secteur commercial moins risqué. Les réseaux des

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Coopératives d’Epargne et de Crédit (COOPEC et COOCEC), qui ont pu mobiliser une grande part de l’épargne rurale et ont financé quelques petits projets, n’ont pas résisté à l’effondrement du système bancaire, à la crise économique aiguë et l’hyper-inflation (Mastaki, 2006).

5.6.Environnement politique du secteur agricole en RDC et Sud-Kivu

Le rôle crucial de l’agriculture dans le développement de la RDC en général et du Sud-Kivu en particulier est désormais reconnu, mais les politiques agricoles restent loin d’être à la hauteur quand il s’agit d’en saisir l’impact et les enjeux. La politique agricole a cessé de se soucier de la construction des infrastructures de base, de la recherche et développement dans ce domaine, autant de points sans lesquels le secteur agricole ne peut se développer. L’époque coloniale de la RDC a été dominée par la politique de paysannat indigène qui, selon Malengreau (1952) cité par Ngalamulume (2011), avait comme but d’augmenter le volume de production, de faire face aux besoins toujours croissants en vivres et en matières premières (plantes industrielles) destinées à l’exportation. Pour cela, il importait de maintenir l’indigène dans son milieu coutumier en lui assurant un minimum de sécurité, de bien-être, de prospérité et de progrès. Le paysannat indigène constitue alors un mode d’organisation rationnelle d’un groupement indigène en matière d’agriculture, d’élevage, de propriété foncière, d’habitat et de vie sociale (Kinghombe Wa Kinghombe, 2003). Certes, le paysannat avait eu les mérites de pouvoir sédentariser la population indigène, de pouvoir attirer des transferts importants vers les régions rurales (éducation élémentaire, santé publique,…) pour leur développement. Mais, les paysans avaient des difficultés à s’en approprier car basé sur les pratiques d’imposition, d’expropriation, de la répression, de la torture sous couvert de discipline de travail. Cette situation créait de temps en temps une certaine résistance coutumière qui ne pouvait que contribuer à l’échec du système. Depuis l’indépendance de la RDC, plusieurs plans et programmes agricoles ont existé, dont la plupart n’ont pas atteint leurs objectifs. Ils ont été inadaptés et même certains n’ont jamais dépassé le stade des tiroirs. Parmi ces plans et programmes, on peut citer4 : - le plan intérimaire de relance agricole (1966-1972) ; - le Programme Agricole Minimum (1980-1981) ; - le Plan de relance agricole (1982-1984) ; - le Programme d’Autosuffisance Alimentaire (1987-1990) ; - le Plan directeur du Développement Agricole et Rural (1991-2000) ; - le Programme National de Relance du Secteur Agricole et Rural « PNSAR » (1997-2001) ; - le Programme triennal d’appui aux

4 COMESA, UA, NEPAD. (2009). Financement à long terme du secteur agricole pour la croissance soutenue, la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire de la RDC : synthèse tirée des travaux effectués par des experts de la RDC avec l'assistance de l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI).

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Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo producteurs du secteur agricole (2000-2003) ; - les Programmes et projets appuyés par la FAO ainsi que les différents Programmes bilatéraux et multilatéraux. Pour mobiliser l’opinion tant nationale qu’internationale sur les problèmes de l’agriculture congolaise et attirer quelques capitaux, chaque plan et programme a qualifié l’agriculture de « priorité des priorités » qui, selon Ngalamulume (2011), ne constitue qu’un slogan creux et sans contenu pratique en termes de volonté politique et de décisions concrètes pour la matérialisation dont l’allocation de crédit budgétaire suffisant et conséquent. Tous ces plans et programmes étaient caractérisés par l’absence d’une vision politique claire à travers la multiplication des projets ayant les mêmes objectifs et la non-participation des communautés rurales au processus de prise de décisions dans leur élaboration et exécution. En plus, ils n’ont pas été soutenus institutionnellement par la recherche agronomique. Depuis 2009, la Note de Politique Agricole et de Développement Rural (NPDR) a été mise en place avec l’objectif global de contribuer à la sécurité alimentaire et à l’amélioration durable et effective des conditions de vie des populations rurales (RDC, Ministère de l’Agriculture, Pêche et Elevage, 2009). L’une des grandes réalisations qui cadre avec cette politique est la distribution des tracteurs afin d’accroître la production agricole. Certes, la manière dont ces tracteurs ont été distribués sans tenir compte des besoins réels des agriculteurs au Sud-Kivu, on peut vite comprendre que, sans toutefois être trop pessimiste, les effets sur la production agricole ont été loin d’être positifs dans certaines zones. A part le problème lié à la gestion de ces tracteurs, certains ont été envoyés dans des régions montagneuses dans lesquelles les ménages, selon les statistiques de l’inspection provinciale de l’agriculture, pêche et élevage, ne cultivent qu’en moyenne 0,45 ha.

6. Vers une intégration de l’agriculture du Sud-Kivu dans la CEPGL : Conclusion et perspectives

En dépit des potentiels du développement agricole du Sud-Kivu, le secteur est à la traîne au sein de la communauté économique CEPGL. La théorie des échanges intra-branche, permet de confirmé cette affirmation avec des taux de spécialisation négatives tendant vers -1. Ainsi, l’agriculture du Sud-Kivu ne bénéficie pas des effets de l’intégration pour son développement. Pourtant, la forte demande interne et externe en produits de plus en plus transformés, de meilleure qualité et à forte valeur ajoutée est en croissance rapide et parait une opportunité pour l’agriculture du Sud-Kivu. Pour cela, il faudra développer son agriculture en se besant sur l’agro-industrie qui à son tour stimulera une augmentation de la production en aval et une augmentation de l’emploi et du revenu de la population rurale en amont. Comme perspective, le libre échange des produits agricoles envisagés dans la région CEPGL, reste la solution à

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Problématique de l’intégration de l’agriculture du Sud-Kivu à la République Démocratique de Congo court terme pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté des agriculteurs de la province du Sud-Kivu confronté déjà à une forte concurrence des produits venants de pays voisins dont le Rwanda et le Burundi alors que, comme le dit Lebailly (2010), la dépendance alimentaire n’est pas une fatalité et il est urgent pour la RDC en général et la province du Sud- Kivu en particulier d’adopter des politiques agricoles qui favorisent les agriculteurs. Devant cette situation, il semble nécessaire de réfléchir à long terme aux possibilités de développer une production agricole locale capable de couvrir une part plus importante de la demande, à un prix compatible avec le pouvoir d’achat de la population. Pour y arriver, il sera nécessaire non seulement de pouvoir penser à sécuriser et stabiliser l’environnement économique et social à long terme, mais aussi d’investir dans le secteur agricole.

La restauration de la paix constitue un passage inévitable pour la production agricole. C’est dans ce sens que tous les acteurs participants directement et indirectement doivent agir en synergie pour des actions visant la paix et la sécurité dans la province du Sud-Kivu. La notion de sécurité doit être abordée de façon large, en dehors de son cadre restrictif traditionnel pour devenir un outil de performance et de développement économique. Dans cette province essentiellement agricole, les solutions aux conflits fonciers par une sécurisation foncière, sont très nécessaires.

L’investissement dans le secteur agricole est un facteur clé pour l’emploi et la réduction de la pauvreté dans la mesure où il permet de stimuler de nouvelles créations d’emplois dans le secteur qui englobe la majorité de la population au Sud-Kivu et notamment le plus grand nombre de pauvres. Afin de développer le secteur agricole du Sud-Kivu, les contraintes structurelles tel que la difficulté d’accès au marché, au financement agricoles, … doivent être levées. De même, l’accroissement de la productivité (rendement) doit être visé pour permettre à l’agriculture du Sud-Kivu d’être compétitive dans la région. Il est aussi nécessaire d’envisager un modèle de partenariat public-privé (PPP). Ce partenariat permettra de disponibiliser les informations complètes du marché adapté à tous les acteurs bénéficiaires. Ce partenariat impliquera une diversité d’acteurs des différents secteurs (public, privé, associations, national, régional et international) pour soutenir le commerce régional et l’intégration régionale.

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