Sous la direction de Anik Meunier et Jason Luckerhoff

La collection Publics et culture réunit des ouvrages originaux sur la culture et ses publics. Plus précisément, elle s’intéresse au champ des médiations culturelles, c’est-à-dire à l’analyse des pratiques profes- sionnelles des acteurs, aux méthodes qu’ils mobilisent et à leurs effets sur les différentes catégories de publics. Toutes les formes de la culture sont concernées, du spectacle vivant en passant par le patrimoine et les musées. L’emploi délibéré du mot publics au pluriel permet de souligner que cette collection accorde un intérêt particulier à toutes les formes innovantes de médiation de la culture qui se proposent de contribuer à la démocratisation de la culture élaborée. En contexte muséal, la notion de médiation culturelle inclut bien évidemment celle d’éducation non formelle, c’est-à-dire les différentes formes de médiation des savoirs en dehors de l’école. Il s’agit notamment de celles mises en œuvre dans le patrimoine et les musées connues sous le nom d’éducation muséale. La collection Publics et culture publie des ouvrages qui analysent les dispositifs originaux de médiation, d’interprétation et de communica- tion, ou qui prennent appui sur des études de fréquentation ou d’autres enquêtes sur les pratiques culturelles et la muséologie. Elle propose des investigations théoriques, empiriques, historiques et conceptuelles ancrées dans les sciences humaines et sociales avec un intérêt particulier pour les approches proposées par les sciences de la communication, les sciences de l’éducation et la muséologie. L’école d’antan 1860-1960 Presses de l’Université du Québec Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450, Québec (Québec) G1V 2M2 Téléphone : 418 657-4399 − Télécopieur : 418 657-2096

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Diffusion / Distribution : et autres pays : Prologue inc., 1650, boulevard Lionel-Bertrand, Boisbriand (Québec) J7H 1N7 – Tél. : 450 434-0306 / 1 800 363-2864 : Sodis, 128, av. du Maréchal de Lattre de Tassigny, 77403 Lagny, France Tél. : 01 60 07 82 99 Afrique : Action pédagogique pour l’éducation et la formation, Angle des rues Jilali Taj Eddine et El Ghadfa, Maârif 20100, Casablanca, Maroc – Tél. : 212 (0) 22-23-12-22 Belgique : Patrimoine SPRL, 168, rue du Noyer, 1030 Bruxelles, Belgique – Tél. : 02 7366847 Suisse : Servidis SA, Chemin des Chalets, 1279 Chavannes-de-Bogis, Suisse – Tél. : 022 960.95.32

La Loi sur le droit d’auteur interdit la reproduction des œuvres sans autorisation des titu- laires de droits. Or, la photocopie non autorisée – le « photocopillage » – s’est généralisée, provoquant une baisse des ventes de livres et compromettant la rédaction et la production de nouveaux ouvrages par des professionnels. L’objet du logo apparaissant ci-contre est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit le développement massif du « photocopillage ». L’école d’antan 1860-1960 Découvrir et se souvenir de l’école du Québec

Préface de Michel Allard

Robert Cadotte et Anik Meunier Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Cadotte, Robert, 1946- L’école d’antan, 1860-1960 : découvrir et se souvenir de l’école du Québec ISBN 978-2-7605-3306-6 1. Éducation - Québec (Province) - Histoire - 19e siècle. 2. Éducation - Québec (Province) - Histoire - 20e siècle. I. Meunier, Anik, 1968- . II. Titre. LA418.Q8M48 2011 370.9714’09034 C2011-942140-2

Les Presses de l’Université du Québec reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada et du Conseil des Arts du Canada pour leurs activités d’édition. Elles remercient également la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour son soutien financier.

Conception graphique et mise en pages : Michèle Blondeau Photographies de la couverture — Uniforme : Collection Saints Noms de Jésus et de Marie Classe : Archives Frères des Écoles Chrétiennes Pupitres : Archives Frères des Écoles Chrétiennes

2011-1.1 – Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés © 2011 Presses de l’Université du Québec Dépôt légal – 4e trimestre 2011 Bibliothèque et Archives nationales du Québec / Bibliothèque et Archives Canada Imprimé au Canada Préface OÙ EST PASSÉE L’ÉCOLE D’ANTAN ?

Certains en ont la nostalgie, d’aucuns la vilipendent, plusieurs ne la connaissent pas. On lui attribue des qualités et des défauts réels ou imaginés. Mais cette école que, pendant plus d’un siècle, des milliers de Québécoises et de Québécois ont fréquentée témoigne des valeurs d’une société ou plutôt des valeurs qu’une certaine faction du Québec voulait inculquer et ancrer dans le cœur et l’esprit de tous les enfants et adolescents. L’école d’antan s’inscrit dans un système scolaire que ses dirigeants qualifi aient de meilleur au monde, car il ne relevait pas directement de politiciens mais d’un Département de l’Instruction publique régi par deux comités confessionnels : l’un catholique, l’autre protestant. L’école, clamaient certains des dirigeants de la société québécoise, était trop importante pour être laissée aux mains des politiciens. Aujourd’hui, nous ajouterions aux mains des bureaucrates, des technocrates et des pédagogues patentés. L’école d’antan est d’une époque où la discipline parfois physique était imposée, où garçons et fi lles étaient séparés, où l’enseignement dans les villes était donné surtout par des membres de communautés religieuses, et dans les campagnes par des « maîtresses d’école », où l’église et son clergé occupaient une place de choix. Cependant, c’est aussi une époque où la majorité de ces enseignants et enseignantes croyait, à tort ou à raison, qu’ils faisaient œuvre de vocation. Instruire et éduquer les générations montantes, préparer la relève de demain leur apparaissaient comme des missions ultimes et sublimes auxquelles il valait de consacrer sa vie malgré les brimades et les salaires dérisoires. Mais c’était aussi une époque où l’élève, comme le notait le Dr Meilleur, premier surintendant de l’éducation, devait demeurer au centre de toute éducation, toujours en gardant à l’esprit que l’école était l’affaire de tous, même de ceux qui n’avaient pas eu ou n’avaient plus d’enfants à la maison. Le Dr Meilleur à la tête des ses troupes d’ins- pecteurs laïques a mené et a gagné la guerre des « éteignoirs » contre les esprits individualistes de son époque. Sans regretter ni pleurer cette école d’un autre âge, il importe de se rappeler qu’elle a existé et qu’elle influence encore l’école québécoise. Mais les témoins tant matériels qu’humains de ce passé sont en train de se perdre dans la nuit obscure de la mémoire, là où la légende, la souvenance se mêlent et s’osmosent.

Il appartient à Robert Cadotte, à Anik Meunier et à leurs collabo- rateurs d’avoir eu l’intelligence sensible non pas de reconstituer cette école d’antan mais de l’évoquer en ouvrant les écluses de la mémoire. Œuvre d’autant plus significative à une époque où la collectivité québé- coise, tout en voulant respecter la culture et les traditions des uns et des autres, efface la sienne propre qui, malgré ses déviances, ses utopies, ses idéaux témoigne d’une vitalité en quête d’absolu et de plénitude. C’est cette école que le présent ouvrage fera découvrir pour les uns et redécouvrir pour les autres. Oui, cette école d’antan mérite d’être mieux connue et reconnue. Bonne lecture des textes et, surtout, des illustrations.

Michel Allard Historien, didacticien et muséologue Université du Québec à Montréal Sainte-Agathe-des-Monts, le 9 septembre 2011

VIII | L’école d’antan tABLe des MAtIèRes

Préface – où est passée l’école d’antan ? ...... VII Avis au lecteur ...... 1 100 ans d’histoire ...... 2 Introduction – L’école d’antan 1860-1960 ...... 7 1. Les enseignants ...... 9 Les Sœurs des Saints noms de jésus et de Marie ...... 10 Les Frères des écoles Chrétiennes ...... 12 Laïcs et autres communautés religieuses ...... 14 2. La présence religieuse à l’école ...... 17 Le programme et les manuels scolaires ...... 18 Les sacrements, les fêtes religieuses et les activités missionnaires ...... 20 La décoration des classes ...... 23 Des écoles séparées ...... 24 Les activités parascolaires ...... 25 Les gardiens de la doctrine ...... 34 3. La condition enseignante ...... 39 L’époque héroïque (1860-1900) ...... 40 La journée d’un frère enseignant ...... 42 Des hommes ou des femmes ? ...... 44 Le salaire annuel des enseignants ...... 46 où habitent les enseignants ? ...... 48 4. L’élève en classe...... 51 Les pupitres...... 53 Le matériel de l’élève...... 54 Semaine de l’élève ...... 58 L’élève type...... 61 L’élève en classe...... 62 Une journée de classe pendant la Grande dépression...... 66 5. Le matériel de l’enseignant...... 69 Les feuilles « polycopiées »...... 70 L’épiscope...... 75 La bibliothèque scolaire...... 76 Les cours de cuisine...... 78 L’enseignement de l’anglais...... 80 6. La discipline et la motivation...... 85 La monnaie scolaire...... 87 Les médailles de mérite et les certificats d’honneur...... 88 Les images et les autocollants ...... 90 Les prix de fin d’année...... 92 Le bulletin...... 96 Le claquoir, le signal, la cloche et la clochette...... 100 Les punitions et les châtiments...... 102 La suspension et l’expulsion...... 105 7. Le patriotisme...... 107 Le salut au drapeau… ...... 108 L’hymne « national » à l’école...... 110 Sujets de l’Empire...... 111 Histoire du Canada...... 114 La guerre, yes sir !...... 115 Les boy scouts...... 117 La Guerre mondiale 1939-1945...... 118 La langue française...... 122 8. La santé, l’hygiène et le sport...... 125 Les maladies contagieuses...... 127 La pollution...... 129 L’hygiène et l’alimentation...... 130 L’éducation physique et le sport...... 133

X | L’école d’antan 9. L’uniforme...... 139 L’uniforme chez les filles ...... 140 L’uniforme chez les garçons ...... 144 La CECM interdit l’uniforme obligatoire...... 147 Le débat ressurgit...... 148 10. Fréquentation scolaire et décrochage...... 149 Fréquentation scolaire...... 151 Les causes du décrochage...... 152 Décrochage des garçons...... 156 Décrochage des filles...... 157 Les classes spéciales...... 159 11. Les sciences naturelles...... 161 Les petits musées...... 163 Matériel préparé par les enseignants...... 166 Les connaissances usuelles...... 168 Les tableaux de sciences naturelles...... 170 12. Les manuels scolaires...... 171 13. Les bâtiments d’écoles...... 183 Les premiers bâtiments d’écoles...... 184 Les écoles de « valeur patrimoniale exceptionnelle »...... 185 Les architectes...... 188 Conclusion – La révolution [pas si] tranquille...... 191 Crédits...... 195

TABLE DES MATIÈRES | XI grammaire française élémentaire avec une méthode d’analyse grammaticale et d’analyse logique à l’usage des écoles chrétiennes. enregistré conformément à la loi, en l’année 1897, par les Frères des écoles chrétiennes. Montréal, Librairie Beauchemin

AvisAVIs Au LecteuR

Dans les textes de cet ouvrage, nous utilisons la règle grammaticale suivante, en usage entre 1860 et 1960 :

En français, l’accord se fait selon le genre masculin même s’il est minoritaire ou implicite. On dira « Ils sont grands » en parlant d’enfants parmi lesquels il y a au moins un garçon : « Ils » se met au masculin, de même que « grands » parce que le masculin l’emporte sur le féminin.

— Grévisse, M. (1933). Le bon usage.

également, nous utilisons le masculin comme valeur d’épicène. à cette époque, on ne disait pas « les enseignantes et les enseignants » pour parler des membres de la profession enseignante, mais bien « les enseignants ». La féminisation des titres qu’on connaît aujourd’hui vient d’une lutte sociale postérieure à 1960. 100 ans d’histoire De la 1re école du village d’Hochelaga (1860)

1840 À partir de 1840, l’église 1884 catholique prend le contrôle des Première écoles publiques école française francophones. 1861 de Maisonneuve. Premier Disparition tramways tirés du péage entre 1867 par des chevaux Maisonneuve 1846 à Montréal. L’adhésion et Montréal. Création du Québec des commissions à la Confédération 1874 scolaires est décidée, Première de Montréal 1865 sans référendum, école anglaise 1884 et de Québec Le parlement par moins de 10 % d’Hochelaga : Fondation (catholiques déménage de la population Protestant du quotidien et protestantes). à Ottawa. adulte. Dissentient School. La Presse.

1860 1865 1870 1875 1880 1885

1860 1867 1876 1883 1885 La maison mère La Confédération Inauguration du Le village Loi des des Sœurs enchâsse dans la Petit train du nord, d’Hochelaga manufactures : des Saints Noms constitution deux ligne de chemin devient la ville 60 heures de de Jésus et de réseaux scolaires de fer qui relie d’Hochelaga. travail par semaine Marie déménage au Québec : la gare d’Hochelaga Quelques mois maximum pour les au Couvent catholique à St-Jérôme. plus tard, la partie enfants. d’Hochelaga et protestant. ouest d’Hochelaga 50 000 personnes (première école s’annexe à Montréal. manifestent d’Hochelaga). La partie est contre devient la ville la pendaison de Maisonneuve. de Louis Riel.

2 | L’école d’antan Le Québec Éducation : le Québec et Montréal Hochelaga-Maisonneuve

1904 Une 7e année suffit pour obtenir un brevet d’enseignement.

1887 1899 Élection du La maison mère Première coupe premier député des Frères des Stanley canadien du Parti écoles chrétiennes 1889 ouvrier. déménage dans Samuel Labry Maisonneuve, au (10 ans) gagne Mont-de-la-Salle. 1,50 $ pour 1900 St. Lawrence Sugar, 74 heures de Alphonse 1906 première usine à travail dans 1894 Desjardins fonde Premier cinéma 1908 s’installer une manufacture Naissance de la la première caisse de Montréal : Grève des usines à Maisonneuve. de tabac. Bolduc à Newport. populaire à Lévis. le . Angus.

1885 1890 1895 1900 1905 1910

1888 1892 1897 1903 1906 1910 Le Comité Début Les députés créent Construction Inauguration Abolition des catholique des tramways un ministère des usines de l’église frais de scolarité établit le électriques de l’Instruction de train Angus. du Très-Saint- à la CECM, sous la premier véritable à Montréal. publique, bloqué La première Nom-de-Jésus. pression des laïcs. programme immédiatement ligne à haute scolaire. par le Conseil tension sur une législatif. 1892 grande distance 1907 1910 J.E. Robidoux au Québec relie Première école Mgr Bruchesi Fondation fut ministre le barrage de anglaise de excommunie du quotidien de l’Instruction Shawinigan à la Maisonneuve le créateur Le Devoir. publique pendant station terminale du Ouimetoscope. 36 heures. no 1 dans Maisonneuve. 1910 1907 Le maire Michaud Incendie de et les frères la Hochelaga Dufresne décident Protestant School : d’entreprendre 17 morts, dont des travaux de la directrice prestige dans Sarah Maxwell. Maisonneuve, 5e ville industrielle du Canada : hôtel de ville, marché, bain public et caserne de police et pompiers.

ans d’histoire | 3 … à la Révolution tranquille (1960)

1918 Les écoles du Québec sont fermées pendant plusieurs semaines 1920 à cause de la grippe espagnole. Décès à Lotbinière 1911 d’Aurore Gagnon (Aurore, l’enfant Inauguration 1925 martyre). de l’école Baril. 1918 La Région-Ouest L’école Baril Annexion de la CECM adopte a 100 ans en 2011. 1931 de Maisonneuve un règlement 1921 à Montréal. qui autorise le Fondation des Fondation de congédiement de Cercles des jeunes Fin de la la CTCC (ancêtre toute institutrice naturalistes. 1912 construction de la CSN). qui se marie. Construction de la résidence de l’hôtel de ville 1915 des Dufresne. de Maisonneuve. Inauguration du Création 1931 Première caisse Bain Maisonneuve de la première 1921 1927 Fondation du Desjardins Inauguration compagnie Guido Nincheri 78 enfants Jardin botanique du quartier : des grandes orgues de taxi à Montréal, ouvre son studio périssent dans par Marie-Victorin caisse populaire de Très-Saint- les Taxis Boisjoly de vitrail sur le l’incendie du (Frère des Écoles Hochelaga. Nom-de-Jésus. d’Hochelaga. boulevard Pie-IX. Laurier Palace. Chrétiennes).

1910 1915 1920 1925 1930 1935

1914 1917 1919 1922 1928 1930-1935 Naufrage Le Québec XWA- est Création de Construction du Les salaires des de l’Empress se révolte contre la première station la station CKAC. Théâtre Granada. enseignants sont of Ireland près la conscription. de radio du monde Naissance de réduits, certains de Rimouski. à diffuser selon un la radiodiffusion de 30 %. horaire quotidien. française Début de la 1929 Grande Guerre. au Québec. 1917 Krach de la Bourse Loi fusionnant de New York. 23 commissions 1919 Début de la crise 1914 scolaires avec la Fondation 1923 économique. La première CECM (160 écoles de l’Alliance Nouveau école maternelle et 75 000 élèves). catholique des programme professeurs de scolaire : l’école publique de la 1929 CECM, l’école Montréal. Fondée élémentaire Victor Doré Gédéon-Ouimet, pour contrer la comprend 1918 met en place ouvre ses portes. formation d’un 6 années. L’armée syndicat plus les deux premières canadienne tire revendicateur. classes pour sur la foule qui « débiles » 1914 manifeste contre 1923 à la CECM. Ouverture la conscription. Construction du Marché Bilan : 4 morts. de l’élévateur à Maisonneuve. grain no 3, au bout de la rue Nicolet.

4 | L’école d’antan Le Québec Éducation : le Québec et Montréal Hochelaga-Maisonneuve

1942 Nouvelle crise de la conscription au Québec. 1959 Le secteur privé 1943 assure la quasi- 1935 1953 totalité de la Publication de la Loi du Fermeture de la formation des 1939 gouvernement Flore laurentienne 1948 Dominion Textile maîtres, grâce de Marie-Victorin. L’armée allemande Godbout obligeant (ex-usine Victor- à 114 écoles Adoption du envahit la Pologne. les enfants à Hudon ; en 1883, normales qui drapeau québécois. Début de la Guerre fréquenter l’école celle-ci était la appartiennent à mondiale de 6 ans à 14 ans. Un second plus importante des communautés 1935 référendum tenu filature de coton religieuses. L’abbé Irénée par Terre-Neuve du Canada.) Lussier organise 1944 en moins de un réseau 1939-1945 deux mois donne de 33 classes La population du Création une très courte 1959 spéciales avec quartier atteint un d’Hydro-Québec. majorité pour 1954 Abolition l’aide de trois sommet, plus de Maurice Duplessis entrer dans Québec établit des tramways psychiatres. 80 000 habitants. reprend le pouvoir. la Confédération. l’impôt provincial. à Montréal.

1935 1940 1945 1950 1955 1960

1936 1940 1945 1949 1955 1960 L’Union nationale Le Québec est la Les États-Unis Grève d’Asbestos. Création de l’École Élection du Parti de Maurice dernière province lancent 2 bombes Manifeste du Noël, première libéral de Jean Duplessis prend à accorder atomiques, sur Refus global. école active Lesage. le pouvoir pour le droit de vote Hiroshima et et alternative la première fois. aux femmes. Nagasaki au Japon. (Freinet) Fin de la Guerre au Québec. mondiale. 1949 1960 Parution 1936 1940 Grève de l’Alliance des professeurs des Insolences Laure Gaudreault Camilien Houde, de Montréal. du Frère Untel. fonde un maire et député 1946 syndicat pour de Montréal, est La loi « pour les enseignantes arrêté et interné assurer le progrès rurales catholiques. pendant 4 ans en éducation » 1952 pour s’être opposé interdit la Première émission à la conscription. négociation québécoise de collective des 1937 télévision pour enseignants. enfants (Pépinot Loi du cadenas. 1941 et Capucine). Décès de La Bolduc dans son logement 1938 de l’avenue Le Dr Bethune Letourneux. part travailler en Chine.

ans d’histoire | 5

Introduction L’ÉCOLE D’ANTAN 1860-1960

L’éducation, sous le régime français, est essentiellement privée et l’affaire de l’Église catholique. Après la conquête de 1760, la première intervention de l’État en éducation a lieu en 1801, alors que le gouverneur britannique soumet à la Chambre un Acte pour établir des écoles gratuites. Cette loi est votée sans opposition.

Quand, en 1836, le Bas-Canada se retrouve sans lois scolaires, le clergé y voit une chance unique d’investir le secteur de l’éducation qui, depuis 1829, lui échappe. L’évêque de Montréal, Mgr Lartigue, informe alors l’un de ses collègues qu’il craint « que les laïcs renouvellent le plus tôt possible leur mauvaise loi de 1829, si nous négligeons cette occasion précieuse et peut-être unique de nous emparer de l’instruction de la jeunesse ».

— Gagnon, R. (1996). Histoire de la Commission des écoles catholiques de Montréal.

> Première communion et confi rmation Classe de 1re année à l’école Saint-Paul-de-Viauville (entre 1907 et 1920). Archives FEC Classe de l’école privée des Petites filles deS aint-François au 2615, boulevard Pie-IX (1952) Archives Danielle Lecours

L’Église – Mgr Lartigue, puis Mgr Bourget en tête – entreprend alors de s’assurer du contrôle de l’éducation des francophones, position qu’elle conservera jusqu’à la Révolution tranquille de la décennie 1960.

Elle peut alors imposer sa conception de « l’éducation du peuple » qui, comme le proclame le chanoine Hyacinthe Hudon, « doit être fondée sur la religion ; sans elle il ne serait rien… car la religion civilise l’homme ». C’est donc une instruction religieuse qui est nécessaire au peuple, car « trop d’instruction peut être un don bien fatal pour celui qui la possède… une bonne éducation élémentaire fondée sur des principes religieux suffit pour la masse de la population ».

— Gagnon, supra.

Du côté francophone, le siècle couvert par cette exposition est principalement celui du clergé et des communautés religieuses. Toutefois, les laïcs sont aussi présents en éducation. Le premier surintendant du Département de l’Instruction publique est d’ailleurs un laïc, le docteur Jean-Baptiste Meilleur.

Chez les anglo-protestants, la place de la religion est moins prononcée, laissant une large part au culte de l’Empire britannique. Cet ouvrage trace un portrait de l’école d’antan, principalement à partir d’exemples tirés du quartier Hochelaga-Maisonneuve : de 1860 à 1960, cent ans d’histoire sont racontés, entre autres par les bâtiments d’écoles, la condition enseignante et les élèves en classe évoqués par des objets et des photographies. On propose de découvrir ou de se souvenir de cette école oubliée, mais parfois près des préoccupations actuelles comme la motivation des élèves, la fréquentation et le décrochage scolaires.

8 | L’école d’antan