Février 2019

Bibliographie Secteur Adulte

Voyage sonore en Amérique latine : les femmes à l’honneur

« Si quieres que no te olvide, si quieres que te recuerde, toca sones alegres, mi vida, musica que no muere. »

Si tu ne veux pas que je t’oublie, si tu veux que je me souvienne de toi, joue des chansons pleines de joie, ma chérie, de la musique qui ne meurt jamais. »

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D’hier à aujourd’hui, portraits de chanteuses et musiciennes latino- américaines

Chavela Vargas , « celle qui s’habillait comme un homme » 1919-2012 Mexique Chanteuse de ranchera

Figure de proue de la ranchera, Chavela Vargas est un personnage étonnant. Elle quitte son Costa Rica natal pour le Mexique à l’adolescence. Elle commence à chanter dans les rues, se lie d’amitié avec les peintres Diego Rivera et Frida Kahlo et devient l’amante de cette dernière.

Son talent est reconnu par José Alfredo Jimenez, célèbre figure de la ranchera de l’époque. Il devient son parolier. Elle connaît un grand succès à Acapulco, où elle chante à l’occasion des noces d’Elizabeth Taylor. Toujours vêtue comme un homme, vêtue comme un homme, fumant et buvant comme un homme, portant un pistolet, elle est « la dame au poncho rouge, cheveux d’argent et chair brune » comme la décrivait le chanteur espagnol Joaquín Sabina. Elle ne cache pas son homosexualité. « J’ai dû me battre pour être moi-même et pour être respectée. Je suis fière d’assumer que je suis lesbienne. Je n’en parle pas trop, mais je ne nie pas. J’ai dû affronter la société et l’Eglise, qui dit que les homosexuels sont condamnés. C’est absurde ! Comment peuvent-ils juger quelqu’un qui est né comme ça ? Je n’ai pas appris à être lesbienne, personne ne m’a appris à être comme je suis. Mes Dieux m’ont faite comme ça ».

Chabuca Granda, « de la cause indienne » 1920-1983 Pérou Chanteuse et compositrice

D’éducation catholique et issue d’un milieu aisé, elle fréquente néanmoins très tôt les communautés indiennes et s’insurge contre le racisme dont elles sont victimes. La musique populaire marquera fortement sa carrière d’artiste, qu’elle commence par des boléros et rancheras mexicains dans les fêtes de village. Elle se fait ensuite rapidement connaître des chanteurs et musiciens les plus célèbres de Lima ; à son répertoire s’ajoute alors la musique afro péruvienne, en vogue dans les années 50. Ses chansons furent reprises par les plus grands guitaristes de l’époque.

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Yma Sumac, « la Castafiore inca » 1922-2008 Pérou Chanteuse

De son vrai nom Zoila Augusta Emperatriz Chavarri del Castillo, elle est la descendante du 13 ème et dernier empereur inca Atahualpa. Elle est la dernière d’une fratrie de six enfants. Elle exprime très jeune son désir de devenir chanteuse, ce que ses parents refusent catégoriquement : « chanteuse » n’est pas une carrière convenable pour une jeune fille ! Alors Zoila s’exerce seule au chant dans les montagnes qui entourent le ranch familial. Elle s’inspire notamment du chant aigu des oiseaux et parvient à étendre sa voix sur plus de quatre octaves. Elle est repérée à l’âge de dix-neuf ans par un fonctionnaire de l’éducation nationale qui lui permet d’intégrer un collège catholique à Lima. Elle rejoint une compagnie de danseurs, chanteurs et musiciens, prend le pseudonyme de « Yma Sumac » qui signifie jolie fleur en quechua. Elle commence une carrière internationale, d’abord en Argentine, puis au Brésil, au Chili, au Mexique… Elle se produit également à New-York, et y rencontre un grand succès dans les années 50. Elle tourne même dans plusieurs productions hollywoodiennes, comme Le Secret des Incas de Jerry Hopper avec Charlton Heston.

Celia Cruz, « la reine de la salsa » 1925 – 2003 Cuba Chanteuse

Originaire d’un quartier pauvre de la Havane, elle commence très tôt à chanter. Adolescente, elle chante dans les cabarets. Elle remporte de nombreux concours de chant, et finit par privilégier cette carrière plutôt que celle d’institutrice. Elle émigre aux Etats-Unis dans les années 60, période de la révolution cubaine. Elle prend la nationalité américaine. Elle sort une dizaine de disques et elle connaît un franc succès au début des années 70. Elle tourne même dans le film hollywoodien Salsa en 1992. Elle est surnommée « la reine de la salsa » ( la reina de la salsa ) mais a également interprété des chansons de guaracha, mambo, boléro, rumba et son cubain.

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Omara Portuondo , « la grande dame de la chanson cubaine » 1930 Cuba Chanteuse

Omara commence sa carrière à la radio pour la « Radio Cadena Habana ». Elle participe également à des shows de cabaret et finit par enregistrer un premier album solo , Magia Negra . Elle se produit notamment à l’Olympia de Paris et au Carnegie Hall de New York. Elle touche à de nombreux genres musicaux : le son cubain, le filin, le boléro, le jazz, le chant lyrique… Elle participe également au Buena Vista Social Club, projet musical qui doit son nom à la boîte de nuit éponyme qui fut célèbre à la Havane pour son influence musicale.

Mercedes Sosa, « la Negra, idole argentine » 1935 – 2009 Argentine Chanteuse, percussionniste, guitariste

Mercedes fait ses débuts à la radio comme chanteuse, alors qu’elle a à peine quinze ans. Son premier album est un recueil de chansons folkloriques argentines. Elle connaît rapidement un très grand succès, et elle devient une interprète phare du folklore argentin, notamment des chansons de l’auteur et compositeur Atahualpa Yupanqui. Contrainte de fuir le régime dictatorial de son pays, elle s’exile à Paris puis à Madrid. Elle retourne en Argentine en 1980 et donnera un grand concert à l’opéra de Buenos Aires, l’un des plus marquants de sa carrière.

Soledad Bravo, « celle qui chante les poètes » 1943 Venezuela Chanteuse

Elle est l’interprète mondialement connue de Hasta Siempre , la chanson de Carlos Puebla en hommage à Ernesto « Che » Guevara. Elle commence sa carrière de chanteuse dans les années 60 en mettant en musique des poèmes espagnols comme ceux de Frederico Garcia Lorca ou encore Rafael Alberti, et latino-américains. Elle interprète aussi bien des chansons folkloriques, de salsa, de ranchera, de boléro, que de jazz. Sa trentaine d’albums a été éditée dans toute l’Amérique latine et dans toute l’Europe.

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Susana Baca , « protectrice de la culture afro péruvienne » 1944 Pérou Chanteuse et compositrice

Susana est une grande passionnée de la musique afro péruvienne. Avec l’aide de son mari, un musicologue, elle collecte les musiques et les chants afro-péruviens et fonde l’Institut Negrocontinuo en 1992. Elle est également une chanteuse à succès : son album Lamento Negro remporte en 2002 le célèbre Latin Grammy Award. Elle est même brièvement nommée ministre de la Culture du Pérou en 2011. Elle aurait déclaré à cette occasion : « Je crois que je suis la première ministre noire de l’histoire du Pérou. » Elle poursuit son engagement quand en novembre 2011, elle est élue présidente de la commission pour la Culture de l’Organisation des États américains pour la période 2011-2013.

Elis Regina , « le petit piment » 1945 – 1982 Brésil Chanteuse

Elle et une des chanteuses brésiliennes les plus populaires des années 60 et 70. Elle aussi commence à chanter pour la radio, et ce dès l’âge de onze ans. Ses albums sont parmi les mieux classés dans les ventes nationales. Elle contribue à populariser le mouvement tropicaliste, en interprétant des chansons de compositeurs phares comme Gilberto Gil. Son album Elis & Tom est considéré comme l'un des meilleurs albums de bossa nova. Elle collabore également avec de grands noms comme Milton Nascimiento, Jorge Ben et Caetano Veloso. Elle était surnommée furacão (ouragan) et aussi pimentinha (petit piment). Elle critique vivement le pouvoir militaire en place, qui avait poussé à l’exil de nombreux artistes de sa génération. Elle décède à l’âge de trente-six ans seulement, d’une ingestion interactive de cocaïne, d’alcool et d’anxiolytiques.

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Maria Bethânia, « la reine des abeilles » 1946 Brésil Chanteuse

Elle est la deuxième artiste en matière de ventes de disques au Brésil, la première dans le style MPB (Musica Popular Brasileira). Elle est surnommée Abelha-rainha (Reine des abeilles) à cause du premier vers de sa célèbre chanson Mel (Miel) de 1979. Elle est considérée par beaucoup de brésiliens comme l'une des plus grandes chanteuses de l'histoire du Brésil. Elle est la sœur du chanteur-compositeur Caetano Veloso et de l'écrivain-poète Mabel Veloso. Elle côtoie donc le milieu artistique depuis son plus jeune âge. Ses concerts sont réputés pour leur originalité, car ils allient chant et poèmes déclamés.

Luzmila Carpio, « l’ambassadrice quechua » 1949 Bolivie Chanteuse

Luzmila vient d’un village de la Cordillère des Andes. Elle chante et compose ses chansons en quechua, dans un souci de préserver la tradition de son peuple. Elle s’accompagne parfois d’un charango, petite guitare traditionnelle. Elle reprend souvent le répertoire populaire que chantaient déjà ses ancêtres. Elle s’engage beaucoup pour les droits des femmes, notamment auprès de l’Unicef, défend et met en valeur les cultures quechua et aymara. Evo Morales la nomme ambassadrice de la Bolivie en France de 2006 à 2010.

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Lila Downs , « l’égérie mexicaine » 1968 Mexique Chanteuse, compositrice, productrice, danseuse

Lila Downs chante ses propres compositions en mixtèque, en zapotèque, en maya et en nahuatl, mais aussi en espagnol et en anglais. Déjà célèbre en Amérique latine dans les années 90, elle connaît un succès international dès 2001 avec l'album Border . Son style musical mêle tradition (ranchera, boléro) et influences rock, folk, pop, en passant par le jazz. Elle est très engagée politiquement sur de nombreux fronts : la défense des cultures minoritaires (celles des indigènes), la situation des immigrés mexicains aux Etats-Unis, la lutte contre le racisme et les inégalités sociales dans son pays, contre le travail des enfants, contre la corruption et les injustices du pouvoir. Féministe, elle n’a cessé, depuis ses études d’anthropologie dédiées aux femmes indigènes, de défendre leur cause, notamment à travers ses textes, ses discours lors de concerts, ses interviews… Elle est plus que jamais une figure majeure dans le paysage musical mexicain actuel.

Shakira, « la bimbo philanthrope » 1977 Colombie Chanteuse, compositrice, guitariste, percussionniste, danseuse

Star internationale depuis les années 2000, est une artiste multi facettes : ses chansons mélangent pop latino, rock, musique du monde, folk… « Ma musique est une fusion de plusieurs éléments différents. Et je suis toujours là à faire des expérimentations. Alors j'essaie de ne pas me limiter ou de me mettre dans une catégorie, ou... être l’architecte de ma propre prison ». Ses dix albums détiennent des records de vente en Colombie, dans le reste de l’Amérique et en Europe, ce qui ne représente pas moins de 60 millions d’albums vendus. Elle est également reconnue pour ses talents de danseuse, qu’elle met à profit dans ses clips et lors de ses concerts.

Elle s’engage sur le terrain de l’humanitaire en créant une association, Pies Descalzos , afin d’aider les enfants défavorisés, par le biais notamment de l’accès à l’éducation.

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Flavia Coehlo , « une tornade venue de Rio » 1980 Brésil Chanteuse, compositrice, guitariste

La brésilienne s’installe à Paris au début des années 2000, et chante dans le métro et les bars. Elle est influencée par les musiques traditionnelles brésiliennes (bossa nova, frevo, samba), le funk, le reggae, le hip hop, et la dub. Elle remporte la cinquième édition du tremplin musical Génération Réservoir en 2011, et signe peu de temps après avec le label Discograph pour son premier album, Bossa Muffin . Elle en est actuellement à son troisième album. Elle rencontre un immense succès dans les festivals, et fait salle comble à chaque tournée.

La Yegros , « première dame de la cumbia électro » 1980 Argentine Chanteuse, compositrice

La Yegros (prononcer la Shegrosse, à l’argentine) fait se marier rythmes traditionnels chamamés originaires du nord-est de l'Argentine, cumbia colombienne et sonorités urbaines. Elle y ajoute des touches d’électro et une présence féminine empreinte de force et de dynamisme. Sur scène, elle est vibrante, exubérante. Viene de mi , son premier album, évoque la musique traditionnelle (percussions, accordéon) ; les tempos électros enflamment les pistes de danse. La Yegros remplit son objectif artistique, qu’elle décrit comme : « Chanter des chansons d’amour non conventionnelles et faire danser ceux qui les écoutent. »

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A retrouver dans le secteur image et son – Section adulte

Discographie et bibliographie sélectives

Documentaires musicaux

La musique sud-américaine : rythmes et danses d’un continent / Isabelle Leymarie – Gallimard, 1997 781.26 LEY

Trinidad : carnaval, steelbands, calypso / Jean-Baptiste Avril, Daniel Verba – Editions alternatives, 1995 781.25 VER

Fiesta Havana 1940-1960 : l’âge d’or de la musique cubaine / Leonardo Acosta – Editions Vade Retro, 1999 781.25 ACO

La salsa : Pa’ bailar mi gente / Saul Escalona – L’Harmattan, 1998 781.25 ESC

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Disques

Argentine

The best of Mercedes Sosa / Mercedes Sosa – Polygram, 1997 042.2

Corazon libre / Mercedes Sosa – Deutsche Grammophon, 1988 042.2

Tango argentin / Haydée Alba – Ocora, 1990 042.2

Viene de mi / La Yegros – Parlophone Music, 2013 042.2

Bolivie

Le chant de la Terre et des Etoiles / Luzmila Carpio – Accords Croisés, 2003 044.2

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Pérou

Del fuego y del agua / Susana Baca – Night & Day, 1999 045.1

Susana Baca / Susana Baca – Warner, 1997 045.2

Travesias / Susana Baca – Luaka Bop, 2006 045.2

Afrodiaspora / Susana Baca – Luaka Bop, 2011 045.2

Criollisima / Chabuca Granda – Nuevos Medios, 1999 045.2

Indian carnival, Cha cha gitano, Sauma / Yma Sumac – EMI France, 1991 045.2

Taita Inty, Ataypura, Bo mambo / Yma Sumac – EMI France, 1991 045.2

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Colombie

Laundry service / Shakira – Sony Music, 2001 046.2

El dorado / Shakira – Sony Music, 2016 046.2

Caramba / Carmen Gonzalez – Network, 2000 046.2

Venezuela

Cantos Sefardies / Soledad Bravo – Last Call, 2006 047.2

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Brésil

Tudo / Bebel Gilberto – Sony Music, 2014 049.2

Momento / Bebel Gilberto – Sony Music, 2007 049.2

Casa de oceano / Simone Guimaraes – Biscoito Fino, 2003 049.2

Cibelle / Cibelle – Warner, 2003 049.2

Amorosa / Rosa Passos– Sony Music, 2004 049.2

Manto dos sonhos / Renata Rosa – L’Autre distribution, 2008 049.2

Rose and charcoal / Marisa Monte – EMI, 1994 049.2

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Diamante verdadeiro : Ao vivo / Maria Bethânia– BMG, 1999 049.2

Maria / Maria Bethânia– Harmonia Mundi, 1993 049.2

Explode coraçao / Maria Bethânia– Polydor, 1998 049.2

Lero lero / Luisa Maita – Play it again , 2010 049.2

Mundo Meu / Flavia Coelho – Harmonia mundi, 2014 049.2

Sonho Real / Flavia Coelho – Play it again, 2016 049.2

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Cuba

Gracias / Omara Portuondo – Harmonia Mundi, 2008 053.2

Buena Vista Social Club presents Omara Portuondo / Omara Portuondo – World circuit, 2000 053.2

Dos gardenias / Omara Portuondo – TUMI, 2001 053.2

Omara y Chucho / Omara Portuondo – Montuno, 2011 053.2

Mi tierra / Gloria Estefan – Sony Music, 1993 053.2

Ash / Ibeyi – XL recordings, 2017 053.2

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Mexique

La Linea / Lila Downs – Polygram, 2001 055.2

La cantina / Lila Downs - EMI, P & cop, 2006 055.2

Shake away / Lila Downs - EMI, P & cop, 2008 055.2

Una sangre (One blood) / Lila Downs – Virgin, 2004 055.2

Chavela Vargas / Chavela Vargas – Warner, 1997 055.2

DVD

Les danses latines : niveau débutant à avancé / Janus diffusion 570 DAN

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