Au fil des Villes et Pays d’art et d’histoire d’Auvergne et architecturale de ces centres et architecturale de cescentres reconnaître lavaleur historique beaucoup decas àfaire contribua assurémentdans promotion. Cettedémarche d’une aideàdescampagnesde par laCaisse,enl’échange par desconférenciersagréés à organiserdesvisitesguidées selon laquelleelless’engageaient 80 villessignèrentuneconvention connaître. Danscesannées, qu’elles souhaitaientmieuxfaire dotées d’unrichepatrimoinebâti d’histoire, proposéeauxvilles l’appellation Villed’artet et decommunication,crée vaste missiondevalorisation sites (CNMHS),chargéed’une monuments historiquesetdes 1967, laCaissenationaledes et depuislasecondeguerre.En du tissuurbainhistoriqueaprès issue d’uneémotiondevantl’état (1962) –politiqueelle-même loi surlessecteurssauvegardés Malraux àtraverssafameuse voulue parleministreAndré valorisation descentresanciens la politiquedeprotectionet d’art prendsesoriginesdans La créationdelanotionVille Sauver lescentresanciens 2 Histoire d’un label

désormais être entendu dans son désormais êtreentendu dansson Le termedepatrimoine doitdonc culture nouvellement créé. de lapolitiqueduministère et constituaientunenjeumajeur s’épanouissaient pleinement s’épanouissaient pleinement de démocratisationlaculture En mêmetemps,lesobjectifs ethnographique etimmatériel... thermal, artisanal,industriel, confondues :patrimoinerural, patrimoine bâti,toutesépoques s’étendant àl’ensembledu notion depatrimoines’estélargie, à partirdesannées1980,la siècle, maisplusparticulièrement de médiation, il s’agissait de médiation,ils’agissait Cependant, entermes patrimoines Regard surdenouveaux insensiblement depuisleXIX moins cultivée.Maispeuàpeu, population sinonérudite,toutau et plusoumoinsdestinéeàune monuments lesplusprestigieux, patrimoine, caractériséeparses sur uneconceptionsavantedu et unpeuétroite,assise d’une optiquetrèstraditionnelle immobilière. d’opérations derequalification anciens etàlesfairebénéficier

e

négligés. patrimoniaux traditionnels soient sans quepourautant lesobjets et lesquestionsmémorielles, peut intégrerlessavoir-faire soit ruralouindustriel,celui-ci mais aussiplusproche.Qu’il d’un patrimoineplusmodeste, moins peuplés,etsurtoutdotés géographiquement plusvasteset étendue àdenouveauxterritoires, d’art etd’histoire(VPAH)s’est nouvelle appellationVillesetPays contour etdanssoncontenu:la a étémodifié,àlafoisdansson qu’en 1985,leconceptdulabel patrimoniale etlepublicvisé, d’agrandir l’approche C’est danscetesprit,celui territoires Vers denouveaux dynamisme actuel. pays etquicontribuentàleur forgé l’identitéd’unevilleoud’un les élémentsdupasséquiont d’intégrer dansladémarchetous les ouvragesd’art…Ils’agitdonc paysage, lesjardins,lavoirieet ou ruraletlemobilierque concerne aussibienlebâtiurbain acception lapluslarge,puisqu’il un facteurdecohésion sociale. considéré comme uneressourceet territorial àpartir dupatrimoine, véritable projetdedéveloppement vers lalabellisationprésenteun posant lesmoyens,ladémarche Définissant desobjectifsetenpro - et dupatrimoine(AVAP)… de miseenvaleurl’architecture secteurs sauvegardés oulesaires gestion urbainecommeles de monuments, adoptiond’outils architecturale : restaurationdes et desoutienàlaqualité de lavalorisationdupatrimoine en faveurdelaprotectionet sur unepolitiquedéjàengagée du patrimoineexistant,mais non seulementsurlaqualité les collectivitésquis’appuient de candidatureprésentéspar Celui-ci examinelesdossiers d’un conseilnationaldesVPAH. relais delaCNMHS),suravis patrimoines, aeneffetprisle la directiongénéraledes aujourd’hui intégréedans l’architecture etdupatrimoine, (en 1995,ladirectionde leministèredelaculture par Le labelestdésormaisdécerné patrimoniale Une vraiepolitique Le soutien de l’État Allier Pays du Puy-en-Velay Pays d’ Le Puy-en-Velay a d’abord été Val d’Allier Sud De son côté, l’État apporte Ville de Moulins labellisé comme Ville d’art et Ce pays émane du Pays d’art aux villes et pays son soutien La ville de Moulins fait partie du d’histoire en 1980, avant de et d’histoire du Dauphiné technique et financier. Il oriente réseau depuis 1997. Son centre l’être en 2005 au titre d’un Pays d’Auvergne, créé en 1992. la politique du réseau et anime d’interprétation de l’architecture couvrant toutes les communes de Le Syndicat mixte pour celui-ci par l’intermédiaire des et du patrimoine (CIAP), installé la communauté d’agglomération. l’aménagement et le conseillers en poste dans les à l’hôtel Demoret, présente Son vaste CIAP, créé en 2011 développement du Pays d’Issoire directions régionales des affaires l’évolution urbaine de la cité dans l’ancien hôtel Dieu, Val d’Allier Sud a obtenu en culturelles (DRAC). sous forme de maquettes et de présente au visiteur de manière 2006 l’extension du label à toutes plans-reliefs. didactique et interactive les les communes de son territoire. multiples facettes de son riche Le réseau passé. Pays de Cantal Ville d’art à partir de 1975, Auvergne Riom est devenue Ville d’art et Pays de Saint-Flour Puy-de-Dôme d’histoire en 1985, avant d’étendre Aujourd’hui en 167 Porté par la Communauté son territoire à celui de Riom VPAH, dont 58 Pays et 109 de communes du Pays Pays de communauté et de devenir en 2005 villes, ont reçu l’agrément du de Saint-Flour, ce pays a été Saint-Dier le Pays de Riom. Depuis 1991, elle conseil national des Villes et Pays labellisé en 2005. Porté par la communauté présente dans la tour de l’Horloge d’art et d’histoire. L’Auvergne de communes de Billom - Saint- une exposition permanente s’est inscrite depuis plusieurs Dier - Vallée du Jauron, ce pays « Riom, ville d’art et d’histoire décennies dans cette labellisation Haute-Loire est le dernier, en 2009, à être d’hier à aujourd’hui », complétée et présente aujourd’hui une forte venu enrichir la liste régionale. par des tables d’orientation pour implication dans le réseau avec Pays du Haut-Allier une lecture du paysage. sept membres, une ville et six Ce pays, porté par le SMAT pays. du Haut-Allier, a été labellisé en 1998. Il dispose depuis 2010 d’un CIAP installé à Brioude, au chevet de la basilique Saint- Julien et illustrant la technique et l’iconographie des peintures murales.

3 un partenariat Un engagement

Maquette tactile Atelier pour enfants Visite théâtralisée

Des professionnels Visites sur tous les tons plus transversaux (les réalisations de tel architecte, les décors Une fois obtenue, la labellisation L’activité du service, très variée, animaliers dans la ville, l’activité est concrétisée par la signature se développe sous la forme d’un artisanale médiévale...). entre l’Etat et la (ou les) programme saisonnier ou annuel collectivité(s) d’une convention d’animations et de visites. Un public, des publics définissant les objectifs et les La qualité de celles-ci est garantie moyens à mettre en place. La par le recours à des guides Les animations s’adressent mise en œuvre de la convention conférenciers qualifiés, dont les à différents types de public. Si les est confiée à un service aptitudes allient connaissances visiteurs extérieurs constituent la d’animation de l’architecture générales et locales du clientèle traditionnelle et toujours et du patrimoine dirigé par un patrimoine à une maitrise importante des visites proposées, animateur recruté par concours. des techniques de guidage et des c’est surtout la sensibilisation Entouré de ses collaborateurs, “ficelles” de l’animation. de la population locale qui l’animateur agit en lien et avec La forme des visites peut en effet est visée : amener celle-ci à le concours d’autres acteurs adopter toutes les variations regarder, connaître, aimer, et en culturels : DRAC et ses services en termes de sujet, de support, définitive, s’approprier “son” territoriaux de l’architecture de lieu et de temps - depuis la patrimoine, tel est l’objectif et du patrimoine (STAP), visite théâtralisée jusqu’au jeu constant et toujours renouvelé. Inventaire régional, Conseils de de l’oie au château, en passant Les publics généralement l’architecture, de l’urbanisme par le pique-nique/conférence éloignés des pratiques culturelles et de l’environnement (CAUE), ou la balade en vélo… Réguliers par leur handicap ou leur musées, médiathèques, archives ou ponctuels, ces rendez-vous situation géographique ou départementales et municipales, font découvrir tous les types de sociale font l’objet d’actions école d’architecture et patrimoines, des plus connus aux spécifiques : maquettes tactiles universités… Il développe aussi plus cachés, des plus anciens aux pour les déficients visuels, visites des partenariats avec les acteurs plus récents, des plus prestigieux organisées dans des villages isolés du tourisme et du développement aux plus modestes. Ils les ou dans des quartiers urbains du territoire (parcs régionaux, approchent selon des thèmes périphériques. Au travers de la offices de tourisme, services traditionnels (une église, son (re)découverte d’un patrimoine municipaux…). histoire, son architecture...) ou familier mais souvent méconnu,

4 5 Livret pédagogique CIAP Collection « Laissez-vous conter »

c’est aussi à la recherche d’une vidéos...). Différentes formes ou leur servir d’aide mémoire Les CIAP mémoire collective enfouie que d’intervention sont pratiquées, en et de référence : collection sont conviés les habitants. collaboration avec les enseignants Laisser-vous conter, présentant La convention préconise et les conseillers pédagogiques et la ville ou le pays, collection également la création d’un Priorité jeunesse avec la participation éventuelle Au fil du pays, traitant de Centre d’interprétation de de professionnels extérieurs. Elles thématiques particulières, fiches l’architecture et du patrimoine. Le jeune public de toutes revêtent un caractère ponctuel individuelles sur les monuments, Point d’accueil pour les visiteurs, les classes d’âge est bien sûr ou s’organisent en programmes livrets-jeu Raconte-moi, pour il donne à ceux-ci les clés particulièrement visé par les réguliers, utilisant des dispositifs les enfants...Des expositions de lecture nécessaires à la animations, que ce soit dans pédagogiques tels que les classes sont également régulièrement découverte du territoire, dans le le temps scolaire, et plus à Projet artistique et culturel ou proposées, traitant de sujets contexte de l’évolution urbaine particulièrement dans le cadre les Projets fédérateurs. locaux (Mémoire de mineurs, et paysagère de celui-ci, jusque du nouvel enseignement de De la terre à la pierre...) ou plus dans ses développements les plus l’histoire des arts, ou lors Expertise et diffusion généraux (Banquets et ripailles actuels. Véritable équipement de d’ateliers de loisirs. Il s’agit à l’heure médiévale, Jardins proximité, cet espace peut aussi d’éveiller la curiosité et la Par ses compétences, d’illusion). Souvent réalisées être un lieu de ressources et de sensibilisation des jeunes à l’animateur est aussi appelé sur des panneaux mobiles, débat pour la population : outre l’architecture et au patrimoine à jouer un rôle de référent elles peuvent être présentées la présentation historique du par l’offre d’activités privilégiant dans l’accompagnement de successivement dans différents patrimoine, il permet d’exposer une approche sensible et active, différents projets des collectivités lieux du Pays ou circuler au sein et d’expliquer l’actualité des aussi bien par la découverte des (aménagements urbains, projets du réseau régional ou national. projets architecturaux publics sites sur place, l’organisation architecturaux...). Le service et des outils d’aménagement d’ateliers pratiques (initiation à a également une mission de urbains et paysagers. l’archéologie, expérimentation de recherche et d’inventaire. techniques d’artisanat d’art...), Il les fait connaître à travers que par l’utilisation d’outils des publications réalisées selon pédagogiques adaptés (livrets- une charte graphique propre jeux, questionnaires, coloriages, au réseau national. À travers mallettes pédagogiques, des collections communes, maquettes, diaporamas, différents documents permettent expositions, fichiers audio et ainsi d’accompagner les visiteurs

5 6 d’apparat. ou religieuses,défensives ville pardescommandesciviles eux-mêmes embellissaientla du pouvoir,tandisquelesducs édifier unedemeureauplusprès d’officiers ducauxdésirantfaire Elle attiraeneffetnombre fastueux. un âged’orparticulièrement quelque 150ans,lacitéconnut possessions ducales.Pendantces rattachement àlacouronnedes jusqu’en 1532,datede Bourbonnais. Ellelerestera ville lacapitaleduduchéde II deBourbonafaitla de l’Etatprincier,leducLouis véritable organedegestion la chambredescomptes, 1378 En établissantàMoulinsen Bourbonnais La capitaledu de l’âged’or Témoignages Ville de Moulins Vue cavalièredeMoulins-ArmorialRevel

une petitefamille. incendies, ceguetteurs’estadjoint de plomb.Aufildessiècleset d’un automateenboisrecouvert quadrangulaire estsurmontée la franchisemunicipale,cettetour du beffroien1455.Symbolede termina égalementlaconstruction vitraux remarquables.JeanII technique irréprochableornéde flamboyant témoignantd’une nous connaissons:unédifice bâtiront lacollégialeque Notre Dame.Sessuccesseurs Saint -Pierreencollégiale de lavilleetfitérigerchapelle Louis IIrenforçalesmurailles d’un projetderéhabilitation. 1755 etfaitactuellementl’objet carrée arésistéàl’incendiede entre 1366et1375.Savastetour dont celuideMoulinsrebâti des châteauxduBourbonnais, reconstruction desfortifications Louis IIdeBourbonengageala par laGuerredeCentAns, Pour fortifiersonduchéravagé Commande ducale Pavillon Anne-de-Beaujeu

Pierre et Anne de Bourbon. Pierre etAnnede Bourbon. de l’importance du mécénatde commandé àlamême époque triptyque duMaîtredeMoulins Renaissance témoigne,avecle des Bourbons.Cettefaçade décor concentrelesemblèmes des arcsdanslespiliersetson la pénétrationdesarchivoltes flamboyante àlafrançaisepar aussi empreintd’unetradition d’abondance… L’édificeest perles, feuillesd’acanthes,cornes cannelés, décorsd’oves,de au décorraffiné:pilastres ouvert parunegalerieàarcades édifiant unmonumentlongiligne, l’architecture renaissanteen avant premièrefrançaiseà Marceau Rodierrecourten depuis Moulins.L’architecte, époux gouvernerleroyaume sa sœurAnnedeFranceetson l’expédition deNaples,laissant qu’il avaitdécouverteslorsde roi CharlesVIIIlesmerveilles Renaissance afinderappelerau doter lechâteaud’unpavillon Anne deFrancedécidèrent Le ducPierreIIetsonépouse Souvenirs d’Italie soigné. soigné. architecture savanteetundécor bâtisseurs mettentenœuvreune particuliers, commanditaireset constructions desalluresd’hôtels sol. Pourdonnermalgrétoutaux défavorise unevasteempriseau parcellaire médiéval,enlanière, leur charge.Encentreville,le du duché,lieud’exercicede d’une demeuredanslacapitale alentours, souhaitentbénéficier propriétaires dechâteaux Les officiersducaux,souvent du rayonnementdelacité. du XV nombre d’hôtelsparticuliers La villeconserveuncertain ducaux Demeures d’officiers e siècle, témoignages siècle,témoignages Beffroi Hôtel du Doyenné Hôtel de Carmone Façade en brique

Jeux de Répertoire gothique Références castrales Retour de la brique Dans la plupart de ces demeures, L’hôtel Demoret datant des Excepté la magistrale construction le décor gothique s’affirme. années 1440, présente un construction du pavillon Anne Les feuilles de choux frisés, appareillage de pierre calcaire de Beaujeu, les traces de la Pierre et pans de bois typiques de la fin du XVe siècle, très soigné et reproduit en Renaissance sont discrètes à Cette alliance, très répandue courent dans le bois comme sur milieu urbain le plan d’un Moulins. Bucrânes (crânes au XVe siècle à Moulins, la pierre. Les moulures château avec chapelle et cour de boeuf) et patères (disques) est favorable au système se retrouvent dans tous intérieure, accessible par un large antiques accompagnés d’agrafes de l’encorbellement donc à les encadrements de baies, passage ouvrant sur la ville et en feuilles d’acanthe ornent l’augmentation de la surface apparaissent en façade hautes tours d’escalier. La tour, quelques façades. La recherche habitable en élévation échappant des sablières. Les portes référence castrale par excellence d’horizontalité s’affirme et à l’impôt. Les soubassements à encadrement de pierre facilement transposable dans le pan de bois disparaît pour de pierre, généralement du se développent, elles peuvent être l’espace restreint de la ville, reçoit faire place à une structure de grès de la région, au premier surmontées d’un arc en accolade souvent un décor recherché. Le pierre au remplissage de brique. niveau, garantissent la solidité de encadré de pinacles à fleurons. Doyenné possède une importante Ce matériau oublié revient en l’édifice. Dans les années 1410, L’influence de l’architecture tour à pans, surmontée d’une force sous l’influence italienne. la sablière en bois repose sur religieuse est encore accentuée élévation carrée dont les angles La brique s’impose peu à peu des solives puis ensuite sur des par la présence de gargouilles reposent sur des consoles aux comme composante essentielle corbeaux ou des consoles de rappelant celles de la collégiale culots sculptés de marmousets, de la décoration des façades. Ses pierres appareillées et sculptées. qui débordent de toitures civiles. petits personnages truculents. différentes couleurs permettent La maison de Thierry de Clèves, L’hôtel de Carmone, construit d’abord de reproduire les croix II, bâtie aux abords du château lui aussi à la fin du XVe siècle, de Saint-André des pans de bois, vers 1460, présente ainsi des présente également un décor puis se prêtent à de nouveaux consoles de grès ouvragées réaliste et pittoresque, en écho effets décoratifs. Associée aux terminées par des motifs à celui du palais commandé par chaînages de pierre, elle se de choux frisés supportant Jacques Cœur à Bourges, une développera au cours des siècles une imposante sablière de vingtaine d’années auparavant. suivants, donnant à la cité sa bois moulurée. Certains couleur rose saluée par le poète encorbellements reposent enfin Théodore de Banville. sur un entablement de pierre (maison de Lorin des Barres).

7

Ville de Moulins

Plafond peint de la chapelle de la Visitation Pont Régémortes Caserne Villars Vers une harmonie La marque des intendants Un projet d’urbanisme L’image d’une nouvelle Ancienne capitale administrative C’est à cause de l’indomptable ville urbaine du duché du Bourbonnais, rivière Allier, dont les crues Dans la dynamique de Moulins fut capitale de généralité étaient à l’origine de la réorganisation urbaine insufflée Floraison religieuse de 1587 à 1791, territoire destruction de chacun des ponts au milieu du XVIIIe siècle, fut Moulins fut un lieu privilégié qui s’étendait, du milieu successivement construits depuis défini le plan en damier du pour la diffusion des principes du XVIIe siècle à celui du le Moyen Âge, qu’un nouveau quartier de la Madeleine, où de la Contre-Réforme, par XVIIIe siècle, bien au-delà grand projet d’urbanisme Villars, caserne de l’implantation de différents des limites du Bourbonnais, se fit jour. En 1750, Louis cavalerie, s’éleva à partir de ordres religieux. Dans la rue de se déployant de Guéret de Régemortes, ingénieur 1770. Une nouvelle Porte de Paris, les Jésuites installèrent à Château-Chinon. des Turcies et Levées de la Loire, Paris fut construite en 1765 leur collège en 1606, présentant Les intendants menèrent alors fut missionné pour concevoir un et des décrets d’alignement une architecture de briques à Moulins, dès 1680, pont au principe de fondation permirent l’harmonisation des rouges et noires et de pierres une politique d’embellissement novateur, associé à un grand façades, comme dans les rues de calcaire d’Apremont, selon urbain par la création de grandes endiguement de l’Allier, mais Decize ou de Bourgogne, ainsi une conception due au frère promenades arborées, visant aussi tout un projet urbain qu’un élargissement de certaines Etienne Martelange. En 1616, non seulement à ouvrir la ville dont le but était de relier les portions de rues médiévales. s’installèrent non loin d’eux les vers l’extérieur, comme avec la différents cours et grands axes de De grands hôtels particuliers Visitandines, qui bénéficièrent création en 1683 des cours de Moulins par une place centrale présentèrent des façades de de la présence au sein de leur Bercy, mais aussi à réunir bourg créée dans la continuité de la tendance rococo, avec l’Hôtel communauté de la duchesse et faubourgs par la destruction rue du Pont Neuf. La rue et le de Garidel, ou néo-classique de Montmorency, dès 1641. progressive des remparts pont Régemortes, rebaptisés avec l’Hôtel de Saincy, actuelle Leur chapelle abrite des oeuvres médiévaux et le comblement du nom de leur concepteur et préfecture. L’architecte Evezard artistiques exceptionnelles de leurs fossés. C’est ainsi dont les travaux s’étalèrent de réorganisa le réseau d’eau en comme le mausolée du duc de que furent aménagés, à partir 1753 à 1763, sont aujourd’hui construisant le château d’eau rue Montmorency, sculpté dans de 1690 grâce aux intendants l’expression monumentale de Bourgogne, bâtiment dont la le marbre blanc et noir par les Doujat, d’Aquin et de Bérulle de ce projet qui ne fut jamais vocation utilitaire est masquée frères Anguier, ou le plafond les actuels cours Jean-Jaurès complètement abouti. par une élégante façade en grès peint du chœur des religieuses, et Anatole-France. de Coulandon. réalisé par Rémy Vuibert, illustrant la vie de la Vierge.

8

Tryptique du Maître de Moulins Tenture dans la maison Mantin Broderie exposée par le musée de la Visitation Précieuses étoffes Le costume « Modeste magnificence » Renaissance d’un décor fait le personnage Cette formule du couturier Après un siècle de sommeil, Chatoiements Metteur en scène et costumier Christian Lacroix, prés ident l’énigmatique villa de Louis du triptyque inventent la seconde peau de d’honneur du CNCS, traduisait Mantin a dû se refaire une beauté Sur le triptyque du Maître de l’acteur pour l’incarnation son émotion en découvrant pour ouvrir ses portes au public. Moulins, conservé à la cathédrale d’un rôle. Désormais voué à la les splendeurs textiles de la Les tentures murales, écrins de la (fin XVe), l’amour des étoffes conservation et à l’exposition de Visitation. Dès les débuts de précieuse collection du fortuné se donne déjà à voir. Au centre, ces éphémères masques du corps, l’ordre, malgré leur pauvreté, propriétaire, n’échappèrent les drapés des anges reflètent le Centre national du costume les religieuses veulent magnifier pas à la règle. Les tapisseries avec grâce la lumière du soleil. de scène et de la scénographie la célébration du culte. Elles d’Aubusson et les luxueux cuirs Brocarts et soieries irradient (CNCS) fait revivre l’ancienne acceptent ainsi les vêtements dorés furent restaurés, les fragiles en écho sur les panneaux des caserne Villars. Elle a troqué d’apparat que leur offrent étoffes d’ameublement, recréées. donateurs. Les broderies d’or l’habit militaire pour le costume les grands de ce monde en Le lampas « aux amours », de la chape de saint Pierre de théâtre, de ballet et d’opéra. témoignage de leur ferveur. soierie à grands dessins en surgissent avec force sous nos Une aile moderne adjointe au D’humbles mains visitandines relief réalisée par un atelier yeux, tandis que l’hermine de bâtiment permet de conserver taillent alors draps d’or, pékins, de soyeux lyonnais, a pu être Pierre II déploie une souplesse cette précieuse et fragile taffetas et autres luxueuses retissé à l’identique. Le dessin et quasi palpable. La coiffe jaune collection dans des conditions soieries, les rebrodent de fleurs les cartons utilisés pour guider de Sainte Anne gonfle et brille optimales. Tous les genres sont et de symboles pour en faire de les métiers Jacquard ayant été d’une soie lumineuse. Le représentés : costume militaire somptueux objets liturgiques. conservés, les codages perforés fermail de son voile fraîchement ou historique, fantastique ou Le musée de la Visitation des cartons ont été transformés repassé resplendit d’un vif éclat, féérique, toutes les matières et de Moulins, dépositaire de en fichiers numériques. tout comme les pierreries qui tous les styles, pourvu que naisse ces trésors, les préserve, les La tenture aux tournesols rehaussent la tenue et composent l’illusion ! Elle règne en maître inventorie et les expose dans du corridor, autrefois imprimée la singulière coiffe d’Anne lors des expositions thématiques ses murs et dans ceux de l’hôtel à la planche de bois fut de France. Aux soieries des qui les convoquent pour une Demoret, propices à d’originales reproduite par des moyens vêtements répondent les tentures seconde vie. Danseurs, chanteurs scénographies. informatiques et une imprimante lourdes et chatoyantes de lyriques ou comédiens ont déposé pour textile à jets d’encre. l’univers raffiné des donateurs. dans leur costume l’âme de leur L’alliance d’un savoir faire personnage. ancestral et d’une technologie de pointe a ainsi fait renaître le décor. 9 Pays de Saint-Flour

Cathédrale Saint-PIerre Christ noir de la cathédrale Chapelle des évêques - Musée de la Haute-Auvergne Au cœur d’une Une cathédrale fortifiée... … et son palais épiscopal Autres vestiges pieux cité épiscopale Monument emblématique de la En 1610, Charles de Noailles Dans la ville, d’autres édifices ville, la cathédrale Saint-Pierre devient évêque de Saint-Flour témoignent de son faste a été consacrée en 1466. Avec par dispense du Pape alors qu’il passé religieux. La collégiale Dans le sillage de Florus ses tours de château fort et son n’a que 22 ans. C’est lui, qui Notre-Dame, construite pour Posée sur un éperon rocheux austère couleur basaltique, elle quelques années plus tard décide le chapitre de chanoines, volcanique qui lui constitue évoque davantage une forteresse la construction, à l’emplacement garde sa parure gothique, un véritable rempart naturel, à l’abri de ses remparts qu’un de l’ancien château de Brezons, mais est désaffectée depuis la Saint-Flour découpe dans le édifice religieux. D’ailleurs la d’un palais épiscopal attenant à Révolution : d’abord Halle aux paysage sa silhouette de place tour sud fut longtemps le donjon la cathédrale, dont la conception blés, elle a ensuite été utilisée forte en une image tout à fait de l’évêque. Mais une fois les est confiée à l’architecte Jean comme marché – et l’est encore saisissante. Mais « l’âpre cité portes extérieures franchies, Le Noir. L’austérité de la cour lors de la saison hivernale. du vent » est avant tout une l’esprit gothique est bien présent, intérieure met en valeur les Quant à l’ancien couvent des cité religieuse. Elle doit son caractérisé par le volume et la deux portes monumentales de Jacobins, il témoigne de la origine à Florus, évangélisateur verticalité que lui confèrent les style Louis XIII. Le bâtiment situation de la ville sur un axe dont la venue au Ve siècle est piliers élancés qui soutiennent abrite aujourd’hui la mairie et secondaire du chemin menant à immortalisée dans les orgues ses voûtes. Cependant, avec le musée de la Haute-Auvergne. Compostelle : il abrite en effet de basalte dominant la vallée des ouvertures relativement Ce dernier, riche d’importantes l’une des neuf représentations de l’Ander, où son tombeau réduites, la lumière est assez collections d’art et traditions peintes en France de la légende devint rapidement un lieu de limitée car dans la plus haute populaires auvergnates, du pendu dépendu, qui raconte pèlerinage. Mais la bourgade cathédrale d’Europe en altitude permet aussi d’accéder à la l’histoire d’un jeune pèlerin ne s’est vraiment développée (presque 900 m), il convenait de salle capitulaire, qui abrite le sauvé grâce à l’intercession qu’à partir des environs de l’an se protéger d’un climat hivernal trésor de la cathédrale et les de saint Jacques. L’ancien Mil, avec la construction d’un rude. portraits des évêques. Dans la grand Séminaire a perdu sa prieuré bénédictin et de remparts Le Christ noir, immense crucifix chapelle privée des évêques, sont fonction de formation de imprenables, voulus par Odilon roman aux lignes épurées et exposées en dépôt de précieuses prêtres, mais a conservé sa riche de Mercœur, abbé de Cluny la châsse de Florus, reliquaire pièces d’art religieux, parmi bibliothèque qui renferme un et enfant du pays. Lorsqu’en en bronze doré réalisé par des lesquelles celles provenant de fonds exceptionnel d’ouvrages 1317, la ville devient le siège du orfèvres parisiens à la fin du XIXe l’ancien prieuré de Bredons. d’écritures saintes et de nouveau diocèse de la Haute- siècle, sont les joyaux mobiliers théologie. Auvergne, elle acquiert le statut qui y sont exposés. de capitale religieuse.

10 Bibliothèque du grand Séminaire Dolmen de la Table du loup à Sériers Menhir christianisé à Sériers Géants Lourds tombeaux Pierres plantées Une terre de croyances de basalte Les dolmens sont des sépultures Les menhirs, ces orgues Par leur aspect mystérieux, mégalithiques composées de basaltiques prélevés à quelques ces monuments de pierre ont Du fond des âges deux supports verticaux appelés centaines de mètres de leur lieu toujours suscité au cours des La Planèze de Saint-Flour, orthostates qui soutiennent une d’érection et ensuite dressés millénaires, bien des questions, vaste plateau basaltique situé lourde dalle ou table. L’espace vers le ciel, restent énigmatiques des craintes et des superstitions. au pied des monts du Cantal, intérieur ainsi formé est souvent quant à leur rôle, en raison Les menhirs faisaient l’objet offre par ses paysages infinis doté d’un chevet formant une notamment de la pauvreté de dévotions, étant sensés battus par les vents, un spectacle chambre. Les défunts y étaient du mobilier que l’on retrouve apporter fécondité, protection d’une beauté sauvage. Mais son inhumés, accompagnés d’un aux abords immédiats (rares ou guérison. Les dolmens caractère secret et mystérieux lui mobilier rituel constitué de fragments de céramique ou éclats provoquaient davantage la peur, vient surtout de la présence sur nombreuses pointes de flèche, de silex). Plusieurs pistes sont paraissant être les demeures ces terres d’une des plus fortes d’outils en silex, de haches polies, à l’étude : un culte solaire, un d’êtres malfaisants comme le concentrations de mégalithes de parures, de céramiques… marqueur d’espace appartenant diable, les fées maléfiques ou (du grec méga : grand et lithos : À l’origine, les dolmens étaient à une communauté, une limite de le loup (d’où la Table du loup pierre) d’Auvergne. Menhirs, enfouis sous un tumulus, butte territoire, une grande stèle érigée à Sériers). Au moment de la véritables jalons paysagers de pierres et/ou de terre, à à l’occasion d’un événement christianisation, l’Eglise voulut qui se dressent pour marquer l’image de celui de Mons de particulier. empêcher ces pratiques païennes le territoire, et dolmens, Saint-Georges. Celui-ci est On y voit aussi un signe soit en détruisant les menhirs imposants tombeaux de pierre, particulièrement intéressant par phallique, symbole de la soit en les détournant de leur nous rappellent la présence de son état de conservation et par fécondité de la terre et des fonction première et en les populations d’agriculteurs sur la l’intérêt qu’il suscita lors de sa hommes. Quoiqu’il en soit, utilisant comme socle à une croix Planèze, il y a quatre mille ans. découverte et de sa fouille à la fin le travail effectué par ces de chemin, comme à Sériers. du XIXe siècle. communautés pour transporter et ériger ces pierres paraît considérable : ainsi le menhir de la Croix grosse à Sériers a été halé sur près de 800 mètres avant d’être dressé sur le site choisi.

11 Pays de Saint-Flour

Métier à Liozargues Village de Cussac Linteau de porte à Tanavelle

L’âme Façons d’habiter Couleur locale Un art spontané La ferme-bloc, constituée Les matériaux de construction, Le soin apporté à la du village d’une immense grange-étable extraits pour la plupart à proximité, personnalisation de l’habitat par accolée à la maison, est la jouent par leur couleur et leur des détails décoratifs extérieurs Autour du couderc forme traditionnelle que revêt mise en œuvre un rôle essentiel est une des particularités Sur le couderc se développe la vie l’architecture paysanne locale. dans l’identification des variations de ce territoire, liée au savoir- du village ou du hameau. Parcelle Dans sa carapace minérale aux locales de l’architecture faire des artisans locaux. herbeuse, cet espace commun dimensions imposantes et au traditionnelle. La pierre Les linteaux de porte sont accueille les troupeaux, les foires volume simple et massif, cette volcanique de la Planèze présente souvent ornés de sculptures, et les fêtes. Autour se trouvent ferme abrite sous un même différentes nuances de gris, à motifs géométriques ou différents équipements collectifs toit hommes et bêtes vivant prenant des teintes orangées avec figuratifs, ou portent l’inscription dont le four à pain, logé assez en parfaite autonomie durant le lichen. Avec le gneiss de la du nom du propriétaire ou loin des chaumières par crainte la longue période hivernale. Margeride et des gorges de la de l’artisan. Ainsi à Tanavelle, qu’il n’y mette le feu. Demain, on Souvent, aux cours des temps, Truyère, ce sont les tons terreux une famille d’habiles maçons, les « chauffe » : telle est l’annonce le bâti a évolué, se rehaussant qui dominent, sans oublier Baduel, a laissé au début du XIXe faite à chaque famille afin ou s’agrandissant par les sables qui entrent dans siècle son nom et ses symboles qu’elle apporte au fournil (pièce adjonctions diverses. la composition des enduits et sur de nombreuses maisons du précédant le four proprement dit) Plus modestes, les maisons qui participent également à cet village. Les toitures participent ses paniers de paille torsadée, d’habitation implantées univers coloré. La pierre de taille également à l’embellissement où repose la pâte pétrie la veille. en continuité sous forme fait généralement l’objet et à l’individualisation de A quelques pas, le travail qui sert de barriades traduisent un mode d’un traitement particulièrement l’habitation : outre les souches à ferrer les vaches est constitué de vie plus communautaire. soigné, que ce soit pour les de cheminée au couronnement par quatre forts piliers de bois ou La maison de maître, quant chaînes d’angles, les encadre- ouvragé, le faîtage en pierre ou de basalte, souvent protégés par à elle, signe de réussite sociale, ments, les corniches, les seuils ou en zinc s’agrémente souvent un petit toit. Enfin, l’abreuvoir est construite à proximité des les chasse-roues. Enfin, les modes d’une croix, d’une frise ou d’un et le lavoir taillés dans la pierre bâtiments d’exploitation ou s’en de couverture - toits pentus de épi à emblème géométrique, viennent compléter ces outils détache. Elle se distingue par chaume, aujourd’hui remplacés végétal ou animal, comme le coq communautaires. sa hauteur (1 ou 2 étages), ses par la lauze ou l’ardoise, ou le cheval. façades régulières aux parements et toits plats de tuiles rondes - soignés, et ses toitures aux contribuent fortement nombreuses lucarnes. à la différenciation des typologies architecturales.

12 Agneau pascal de Goudji à la cathédrale Vitrail de Marino di Teana à la Halle aux Bleds Oiseaux de passage de Stamm

Expression De vitrail et de bronze Le Frac « hors les murs » Mobilier précieux Cette démarche contemporaine Le Fonds régional d’art Le programme de création d’un contemporaine est aussi présente dans l’ancienne contemporain (FRAC) Auvergne, nouveau mobilier liturgique pour collégiale Notre-Dame devenue dont les collections sont orientées la cathédrale de Saint-Flour dans la ville Halle aux Bleds. La création vers le domaine pictural de ces a été confié au grand sculpteur et des vitraux, réalisée par 50 dernières années, poursuit son orfèvre géorgien Goudji. Chemin d’Art l’artiste italien Marino di action de sensibilisation à l’art Cet ensemble comprenant trois Cité millénaire, Saint-Flour s’est Teana, interprète dans un style d’aujourd’hui en proposant, dans éléments majeurs, l’autel, ouverte ces dernières années à cubiste géométrique inspiré la continuité de Chemin d’Art, le lutrin (pupitre de lecture l’expression artistique contempo- des années 1950-1960 une la découverte d’œuvres d’artistes de la Parole) et la cathèdre (siège raine. Dans le cadre de la biennale imagerie chrétienne influencée de renommée internationale. de l’évêque), décline selon une Chemin d’Art, elle sert d’atelier à par les origines de l’édifice Ces expositions, qui prennent facture contemporaine la grande ciel ouvert pour de jeunes artistes (Annonciation, Crucifixion…). place dans le cadre privilégié de tradition de l’art religieux. du monde entier. Les créations À ces variations chromatiques la Halle aux Bleds, invitent ainsi À son habitude, l’artiste a utilisé originales s’inspirent de l’histoire très vives répond en contraste la au rêve, à la réflexion sur notre des matériaux dont la beauté et de l’esprit des lieux. Ainsi double porte d’entrée en bronze, quotidien, à l’imagination… naturelle se conjugue aux formes Isabelle Tournoud imagine, qui présente sur ses sombres Parallèlement, d’autres œuvres épurées du mobilier : pierre avec sa sculpture Sainte Lunaire, battants des bas-reliefs dus au du FRAC sont régulièrement de Pontijou, marbre rouge des la robe des recluses du Pont même artiste et qui illustrent de exposées au lycée polyvalent Pyrénées, albâtre de Volterra Vieux : entièrement réalisée en manière stylisée et symbolique de Haute-Auvergne, afin (Italie), jaspe, sodalite et fer monnaies du pape, elle renvoie une iconographie également d’éveiller la curiosité des jeunes forgé. Il a également fait usage une lumière diaphane qui maté- traditionnelle (Nativité, Christ à l’art contemporain. Il s’agit de de métaux précieux pour rialise la mémoire des jeunes filles en majesté…). La voûte d’ogives montrer la richesse de la création l’Agneau pascal situé dans une défuntes. Les oiseaux de passage en bois réalisée dans le cadre actuelle, tout en offrant aux petite niche éclairée sur le devant de Gwenaël Stamm, installation de la restauration du bâtiment enseignants la possibilité d’une de l’autel, et pour les objets perchée de corbeaux en alumi- constitue aussi une interprétation ouverture interdisciplinaire par de la Célébration, notamment nium, attirent notre regard sur architecturale moderne du style l’étude des contenus littéraires, la navette (réservoir d’encens) l’architecture de la rue de Belloy gothique d’origine tout autant philosophiques et historiques des en forme de colombe. en un lien poétique entre le ciel et qu’une prouesse technique. œuvres présentées. la terre… Les œuvres agrémentent désormais, en couleurs et en interrogations, la découverte des rues, des places et des squares. 13 Pays du Haut-Allier

Les gorges de l’Allier Tors de la Margeride Le Devès

Une mosaïque se sont développées une faune et gardes. Sous l’effet de l’érosion, les petits bassins de confluence. une flore d’une exceptionnelle les pentes de ces volcans se sont Mais peu à peu, les quelques de paysages richesse, encore préservées. ensuite adoucies. terres arables disponibles sur ces « oasis » étant insuffisantes, les Un fil conducteur Granite et basalte Limagnes et pays coupé cultivateurs sont partis à l’assaut Née en Lozère, l’Allier constitue En amont, la rivière est au Après ces passages encaissés, la des pentes, afin d’implanter avec ses affluents la colonne contact sur sa rive gauche rivière s’ouvre sur des versants des cultures en terrasses en vertébrale de ce territoire, lui avec le socle granitique de la moins abrupts. Autour de pierres sèches. Particulièrement conférant son unité. Au gré Margeride. Cette roche, qui Langeac et de Brioude, ils présentes autour des bourgs de l’histoire géologique et des recouvre une grande partie du s’aplanissent enfin en limagnes précédant Langeac et bénéficiant mouvements tectoniques, la massif, est remarquable par (plaines). Cependant, côté ouest, d’un bel ensoleillement, ces rivière, plusieurs fois envahie son homogénéité et se distingue arrive des hauteurs cantaliennes, petites parcelles, aujourd’hui par les coulées volcaniques, a par la présence de grands l’Alagnon qui coule au fond souvent masquées sous une dû modifier son tracé et creuser cristaux clairs de feldspaths, d’une profonde vallée séparant lande arborée, témoignent de son chemin dans les terrains dont la formation particulière le plateau du Brivadois de cette ancienne activité, d’abord plus tendres du socle. D’abord en boules est ici dénommée celui du Cézallier. Vaste table dévolue aux céréales et aux fruits modeste rivière, elle aborde à tors. Sur la rive droite, le basaltique couverte de landes, et ensuite gagnée par la vigne. partir du Nouveau Monde un plateau du Devès est le résultat le Cézallier est limité par une parcours de 43 kilomètres au d’importants épanchements corniche d’orgues basaltiques fond de gorges abruptes, selon basaltiques qui ont débuté il surplombant les coteaux. une pente forte qui accélère son y a trois millions d’années. rythme. Son régime irrégulier Des centaines de volcans ont Un paysage aménagé a d’ailleurs souvent occasionné répandu leurs coulées de lave Dans le contexte naturel des crues dévastatrices, noire sur le plateau cristallin contraignant des gorges, les aujourd’hui régulées par le qui en constitue le socle ancien, hommes ont peiné à s’implanter. barrage de Naussac. Enfin, pour le faire presque disparaître. Les versants ravinés sont au sortir des gorges, la rivière Sur le plateau, les projections majoritairement laissés à la s’assagit, paresse en méandres volcaniques de pouzzolane forêt ou, sur les pentes moins ou s’élargit. Selon les formations rougeâtre et de bombes ont rudes, exploitées en pâturages. géologiques présentes, ses rives donné naissance à des collines Les rares villages ont pris place offrent des paysages variés, où éparses localement appelées sur des promontoires ou sur

14 Chemin de Saint-Jacques de Compostelle La ligne des Cévennes La voie Régordane

Une terre l’assurance de trouver tout au alimentant une vie en autarcie, La ligne des Cévennes long un hébergement gratuit dans il est aussi un bâtisseur qui Dans ce XIXe siècle où tout de passage les hôpitaux ou les établissements marque durablement le territoire. paraît possible, les hommes monastiques. se lancent un défi fou : tracer Chemins historiques Le chemin de Stevenson la ligne droite la plus courte Déjà à l’époque gallo-romaine, Un réseau monastique Il emprunte l’itinéraire effectué de Paris à la Méditerranée la voie conçue par l’empereur Parmi ces monastères, les en 1878 par l’écrivain écossais en traversant l’est du Massif Auguste pour relier les cités abbayes Saint-Pierre-de-Blesle et Robert Louis Stevenson. Celui-ci Central. La portion entre Brioude de Lyon et de Bordeaux, la Saint-Pierre-des-Chazes, placées est en effet parti en voyage dans et Alès prévoit de construire via Bolena, traversait d’est directement sous la protection du le sud de la France pour soigner une voie ferrée au fond des en ouest le territoire par Saint-Siège à , sont les plus ses peines de cœur. Il se fixe gorges de l’Allier. Cet itinéraire un itinéraire connu jusqu’à anciennes et remontent au IXe finalement au Monastier d’où particulièrement audacieux Saint-Haon. À partir du XIIe siècle. Puis la fondation en 1025, il effectue différentes excursions en raison du caractère accidenté siècle, la via podiensis, voie de du prieuré de Lavoûte Chilhac avant de décider d’aller des lieux et des difficultés pèlerinage en partance du Puy à par Odilon de Mercœur introduit découvrir le pays des Camisards d’accès, supposait des travaux destination de Saint-Jacques de l’emprise clunisienne, et celle, en et de traverser les Cévennes à herculéens au vu des moyens Compostelle, connaît une grande 1057, de l’abbaye de Lavaudieu pied. Les premiers jours sont techniques de l’époque, fréquentation. Les pèlerins par Robert de Turlande fait assez difficiles en raison du nécessitant des terrassements franchissent généralement l’Allier rayonner l’influence de la Chaise- caractère un peu fantasque de la vertigineux et de nombreux à Pratclaux, sous le château Dieu. A la même époque, Pierre charmante ânesse Modestine qui ouvrages d’art. de Rochegude, pour rejoindre de Chavanon tente d’ouvrir la lui porte son bagage. Mais lors Ce fut aussi une épopée humaine les hauteurs de la Margeride. vie monastique aux fidèles en de son arrêt à l’auberge Barriol pour les milliers de travailleurs Mais pèlerins et marchands installant des chanoines réguliers du Bouchet-Saint-Nicolas, locaux ou étrangers employés empruntent également la voie de saint Augustin à Pébrac. Ces l’aubergiste lui fabrique un sur le chantier. Malgré les Régordane pour se rendre de monastères, avec leurs réseaux aiguillon qui incite la bête à plus accidents matériels - éboulements Clermont-Ferrand à Nîmes, de prieurés et de dépendances, de discipline lors de la poursuite et crues de l’Allier, explosions via Brioude, et se recueillir constituent un véritable maillage du chemin en direction d’Alès, mal maîtrisées - les travaux se sur le tombeau de saint Gilles des campagnes, dont elles via Pradelles. Près d’un an plus déroulent à une vitesse étonnante ou accéder aux ports de la reprennent souvent en main les tard en 1879, Stevenson publiera et, commencés en 1864 , Méditerranée. Les pèlerins églises. Si chaque établissement son journal de route sous le titre : s’achèvent en 1870 : le Cévenol empruntant ces chemins ont génère une économie locale «Voyage en Cévennes avec un âne ». était lancé.

15 Pays du Haut-Allier

Portrait de La Fayette La bête du Gévaudan par Ph. Kaeppelin Monument du mont Mouchet

Entre histoire La Bête du Gévaudan Haut lieu de la Résistance la région parviennent à forcer le La Bête, comme on l’appelle En 1944, le Mont-Mouchet dispositif ennemi et à s’échapper et légende alors, est à l’origine de plus devient un des hauts lieux de vers le sud et l’est pour rejoindre d’une centaine de décès attestés la Résistance nationale avec le réduit de la Truyère. Le marquis de Lafayette par les registres paroissiaux. la constitution du deuxième Au cours de l’été 1944, les FFI Le 6 septembre 1757, nait au Les conditions effrayantes des maquis de France, après poursuivent le harcèlement château de Chavaniac, Gilbert disparitions sont rapidement celui du Vercors. Le poste des troupes allemandes par de Motier, futur marquis de colportées dans tout le Gévaudan de commandement régional multiples actions de guérillas Lafayette. Engagé à 19 ans dans et génèrent dans la population des Forces Françaises de et permettent la libération de la guerre d’indépendance des une angoisse croissante. De l’Intérieur (FFI) s’installe au l’Auvergne toute entière sans le Etats-Unis d’Amérique, ami de grandes prières collectives mont Mouchet dans la maison concours terrestre des armées Georges Washington, il devient sont organisées pour enrailler forestière. Le 20 mai 1944, alliées. Erigé à la faveur d’une le Héros des deux mondes. la colère divine à laquelle on Emile Coulaudon dit Colonel souscription nationale, le Lafayette n’aura de cesse sa vie attribue ce fléau. Louis XV Gaspard, chef des FFI, ordonne Monument, œuvre du sculpteur durant de défendre la liberté des envoie d’abord le capitaine la mobilisation des volontaires clermontois Raymond Coulon individus et des peuples. Dans Duhamel et ses Dragons, qui issus des différents mouvements représentant deux maquisards la tourmente révolutionnaire, seront mis en échec par la Bête. de résistance auvergnats. Les l’arme au poing, est inauguré il rédige la Déclaration des Le roi ordonne alors à son porte troupes du réduit du mont le 9 juin 1946 par le colonel droits de l’homme et du citoyen. arquebuse, François Antoine, de Mouchet sont encadrées et Gaspard accompagné de Toujours fidèle à ses idées l’abattre. Le 21 septembre 1765, disposent d’un important deux déportés. La dimension jusqu’à sa mort en 1834, on il tue un gros loup à Notre- armement léger parachuté nationale du lieu se développe disait de lui : « Voyez-vous Dame-des-Chazes : la première par les alliés. Parallèlement, avec la célébration du Monsieur de Lafayette qui Bête. Pourtant, les massacres l’état major allemand organise 10e anniversaire en 1954 galope dans le siècle à venir ? ». reprennent et le jeune marquis l’assaut du mont Mouchet. Les et surtout avec la venue du Aujourd’hui, le château de d’Apchier recrute des volontaires 10 et 11 juin 1944, l’attaque est président De Gaulle en juin Chavaniac-Lafayette perpétue pour la traquer. Le 19 juin 1767, menée par trois groupements 1959. Dédié à la Résistance et dans ses salles et son parc le un paysan de La Besseyre-Saint- tactiques de la Whermacht, aux combats du mont Mouchet, souvenir de celui qui fut et reste Mary, Jean Chastel supprime convergeant vers la maison le musée inauguré le 8 mai 1989 un trait d’union entre la France définitivement la Bête. Plus de forestière du mont Mouchet. maintient vivante la mémoire et les Etats-Unis, mais qui quatre siècles après les faits, sa Malgré des combats acharnés du lieu et le message de la n’oublia jamais la terre de ses légende occupe encore les esprits. et une écrasante supériorité Résistance. ancêtres. matérielle allemande, les FFI de

16 Basilique de Brioude Église de Lavaudieu Église de Blesle

Les mille et Les influences byzantines Les affres du temps Une tradition perpétuée À l’époque romane, le Accentuant une représentation À partir du XVIe siècle, une couleurs développement de l’art pictural sans complaisance de la réalité, la diffusion de la peinture permet la transmission des les peintures des XIVe et XVe dite de chevalet entraîne du Haut-Allier thèmes religieux, issus de textes siècles vont progressivement progressivement la disparition bibliques. En témoigne encore refléter les difficultés de cette de la peinture murale. Pourtant Un art pieux la chapelle Saint-Michel de la période troublée, en privilégiant la tradition perdure en Haut- Avec plus d’une soixantaine basilique Saint-Julien de Brioude, des compositions relatives à la Allier avec des décors peints de peintures murales réalisées où se trouve un décor peint dans Passion, à la martyrologie, voire représentant le Portement de du XIIe au XIXe siècles, un chatoiement de couleurs, au thème de la mort. Si à Blassac, Croix à Auzon, le martyr de principalement dans des édifices une scène du Jugement dernier domine encore l’allégresse avec sainte Ursule à Lavaudieu, les religieux, le Haut-Allier paraît d’inspiration byzantine. Cette un Christ triomphant entouré peintures en grisailles de Pébrac, un domaine d’élection pour ce influence est également présente d’anges musiciens bouclés et ou encore les scènes de chasse mode d’expression artistique. dans la fresque de l’ancien hanchés, les peintures de Saint- du château de Domeyrat. Qu’elles soient réalisées affresco réfectoire des moniales de Cirgues sont marquées par le Avec le renouveau de la (à frais) ou à la détrempe, ces l’abbaye de Lavaudieu. masque de douleur des anges, peinture murale au XIXe peintures requièrent un savoir Réalisme et sensibilité porteurs des instruments de la siècle, de nouveaux chantiers faire éprouvé et font généralement apparaissent dans les Passion. Mais c’est à Lavaudieu, s’ouvrent, comme à l’église appel à des ateliers spécialisés compositions de la chapelle de que les misères du temps Saint-Pierre de Blesle ou à itinérants. Pour assumer le coût Peyrusse, où s’épanouit le thème transparaissent au travers de la Notre-Dame de l’Assomption à de telles commandes, la présence de la Dormition de la Vierge, célèbre Mort Noire, frappant Torsiac. Aujourd’hui, le Centre du prieuré de Lavoûte-Chilhac témoin de la diffusion du culte aveuglement toutes les couches d’Interprétation de l’Architecture et des nombreuses églises relevant marial à l’époque gothique. de la société. et du Patrimoine situé à Brioude de l’abbaye de la Chaise-Dieu Ce réalisme transparaît offre un nouveau regard sur la est déterminante et se conjugue parfaitement à Brioude avec les peinture murale. parfois avec l’aide de commandi- Cavaliers de l’Apocalypse campés taires laïcs puissants. sur d’élégants chevaux. L’iconographie des peintures et leur traduction picturale traduisent à travers le temps l’évolution des sensibilités religieuses et celle des modes artistiques. 17

Pays du Puuy-en-Velay

La Vierge noire par Ph. Kaeppelin Site du Puy-en-Velay La pharmacie de l’Hôtel-Dieu

et belles demeures, tandis que Charité hospitalière aménagée au XVIIIe siècle reçoit Terres et se multiplient de prospères Ville départ vers Saint-Jacques- dans les multiples tiroirs et communautés religieuses. de-Compostelle et Saint-Gilles- vitrines de ses élégantes boiseries, pratiques La ville basse quant à elle du-Gard, la cité connaît une instruments, pots et herbes accueille la petite bourgeoisie, fréquentation grandissante, qui nécessaires aux soins. saintes les artisans et les commerçants. conduit le chapitre cathédral à Remployant dans ses fonder un hôpital Notre-Dame Bienfaisantes béates Une cité en majesté maçonneries certains vestiges de pour accueillir les pèlerins les Sans appartenir à une congré- Fruit d’un brutal affrontement temples antiques, la cathédrale plus démunis. Bénéficiant de gation religieuse, les béates - de géologique et comme posé romane présente des dispositions nombreux privilèges, comme beata, bienheureuse - sont placées entre terre et ciel, le site du architecturales originales. celui de la vente des enseignes sous le patronage des demoiselles Puy-en-Velay semblait voué à Son implantation sur le rocher (insignes) de pèlerinage, et de l’Instruction, fondées au Puy la sacralité : déjà investi par les dans un espace restreint relève recevant de nombreux dons, en1665 par Anne-Marie Martel, cultes païens, il devient à partir d’un défi, celui de lancer un il devient bientôt un très riche qui les forment à enseigner dans du Haut Moyen Âge dédié à monument sur le vide pour palier et puissant propriétaire foncier. les campagnes. Chacune est celui de la Vierge, entourée un dénivelé de 17 mètres. A partir du XIIIe siècle, le placée dans un village où elle est de saints intercesseurs. Les L’accès à l’intérieur se fait par un nombre de pèlerins diminuant, logée dans une assemblée, petite rochers aux pentes abruptes escalier partant sous le porche l’hôpital se voue aux soins maison bâtie sur le communal accueillent en leurs sommets, pour déboucher au milieu de la des malades et des déshérités. et surmontée d’une cloche. d’une part la chapelle Saint- nef. Le couvrement de l’édifice En 1687, un Hôpital Général A l’intérieur, se trouvent la salle Michel-d’Aiguilhe, d’autre part par une série de coupoles destiné aux indigents est commune, le logement de la béate la cathédrale Notre-Dame et le sur trompes est aussi une installé à proximité, dans des et la salle de classe. En échange, quartier épiscopal. Ville dans particularité. Mais « l’âme » des bâtiments sobrement classiques elle dispense aux enfants un la ville, celui-ci est protégé par lieux est incarnée par la statue de et fonctionnels, propres à enseignement scolaire son propre système de défense la Vierge à l’Enfant vénérée dans l’architecture hospitalière de rudimentaire et le catéchisme ; qui enserre la cathédrale, le le chœur : réplique de la statue l’époque. En même temps, aux grandes filles et aux femmes, cloître, les hôtels particuliers des médiévale brûlée à la Révolution, l’Hôtel-Dieu, qui se consacre elle apprend la dentelle. A l’heure chanoines, l’université Saint- elle est représentée vêtue de son dès lors au soin des malades, du déjeuner, elle sonne Mayol et trois églises disparues. manteau de procession brodé. est reconstruit selon les mêmes l’angélus, le dimanche, elle fait Attirées par ce foyer, les familles principes, conservant néanmoins réciter prières et cantiques. Elle se nobles ou aisées font bientôt sa chapelle Saint-Esprit ornée de charge aussi de visiter et soigner édifier à proximité de grandes peintures murales. La pharmacie les malades, de veiller les morts…

18

Château de Polignac Château de Saint-Vidal Château de Bouzols

XVIe siècles. En constante Serlio. Antoine II poursuit cette le donjon du XIIe siècle adopte Un formidable opposition avec l’évêque, les modernisation en aménageant une forme de trapèze, flanqué Polignac affichent leur toute des galeries dans la cour et de trois tours d’angle circulaires. échiquier puissance à travers l’imposant ornant les appartements de Le relief accidenté associé à un donjon rectangulaire (fin décors peints. Mais bientôt, fossé, que devait franchir un En Velay, sites escarpés, plateaux XIVe), qui semble répondre à jouant un rôle de premier plan pont volant, le sépare des massifs d’altitude et vallées encaissées la cathédrale. Clos de remparts dans les guerres de Religion, logis en arc de cercle élevés en ont favorisé l’établissement flanqués de tours, le site de le baron fait de son château contrebas au XIIIe siècle, en de forteresses, châteaux et trois hectares comprenait aussi une des plus puissantes places partie réédifiés et éclairés de maisons fortes constituant de vastes logis, une chapelle et fortes du Velay, en le dotant grandes baies au XVIe siècle. un réseau dense qui traduit de nombreuses dépendances d’un système de défense lui L’ensemble du bâti est protégé la complexité des relations permettant une vie autarcique permettant de résister aux armes par une première enceinte en féodales et militaires. Dans ce (moulin, atelier monétaire, à feu : puissant donjon circulaire, terrasse, construite vers 1220, jeu, les grandes places fortes forge…). talus, enceinte et bouches à feu, jalonnée de tours, proches du Puy sont détenues communs fortifiés... de mâchicoulis et de créneaux. par quelques puissantes familles Saint-Vidal Encore plus bas, une deuxième seigneuriales, qui entretiennent Un peu plus à l’ouest, c’est dans Bouzols ceinture de murailles des liens complexes d’alliance un site dépourvu de défenses A l’opposé, côté sud est, le a probablement été construite et de vassalité avec l’évêque. Au naturelles, au fond de la vallée de château de Bouzols est le siège ou reconstruite au XIXe siècle. moment des guerres de Religion, la Borne, que la maison forte de d’une puissante baronnie détenue elles constituent des enjeux Saint-Vidal a été élevée au XIIIe successivement par les plus stratégiques forts, et des travaux siècle par les barons de la Tour. importantes familles vellaves. sont entrepris pour renforcer Au XVe siècle, le château forme Surplombant le méandre de leur système défensif. Parmi elles, un vaste quadrilatère de logis et la Loire du haut de sa butte trois pièces majeures. courtines délimitant une cour basaltique, il tire de sa position centrale et défendu par de grosses stratégique le rôle de vigie du Polignac tours d’angle. Au XVIe siècle, Velay et du Vivarais. Outre Occupant une plate-forme de Antoine de la Tour est le premier ses défenses naturelles, il s’est brèche volcanique de 60 mètres à céder à la mode Renaissance, enveloppé d’un dispositif fortifié de hauteur au nord ouest en faisant percer fenêtres et concentrique et étagé qui rend du Puy, la forteresse de Polignac portails directement inspirés son aspect très impressionnant. a été édifiée entre les XIe et par le traité d’architecture de Au centre et au sommet,

19 Pays du Puuy-en-Velay

Fontaine Crozatier Devanture de magasin Caisse d’Epargne

les faubourgs. Mais surtout, on apparents, il emprunte également liées aux nouvelles activités Le siècle de la aménage dans un nouvel espace à l’historicisme, qui se veut fidèle industrielles et à l’enrichissement une place d’apparat, la place du à la pureté des styles du passé, et des classes bourgeoises. monumentalité Breuil, autour de laquelle seront à l’éclectisme, qui puise librement Commerçants et entrepreneurs élevées les grandes constructions dans le vocabulaire de ceux-ci. se font bâtir d’imposantes villas Le XIXe siècle est un temps « institutionnelles ». Ainsi, au musée Crozatier à Vals et Espaly, ou de vastes oscillant entre innovation Les premières sont la préfecture (1868), il évoque le pavillon de bâtiments industriels (malterie et conservatisme, dans un (1825) et le palais de justice l’Horloge du Louvre, dans une Franco-Suisse, usine Morel… ). foisonnement constant de (1835). Leur architecture se veine néo-Renaissance également L’immeuble de la Verveine du recherches et d’expériences. réfère au courant néoclassique, utilisée à la Caisse d’Epargne. Velay, cumulant les fonctions En architecture, cela se manifeste caractérisé par le retour Au théâtre municipal (1896), industrielles, commerciales et par une production riche, aux à l’antique et aux formes il s’inspire des théâtres italiens résidentielles, est surtout références stylistiques multiples, géométriques simples, affichant pour le plan de sa grande salle et remarquable par sa tourelle employant des matériaux portiques, colonnes et frontons. ses décors. Plus audacieusement, d’angle conique, véritable novateurs et répondant Au centre de la place, une au marché couvert et à la enseigne publicitaire : le dôme à des programmes nouveaux. fontaine très monumentale bibliothèque, il n’hésite pas qui la coiffe était illuminé de La ville doit en effet s’adapter, (1859) complète éloquemment utiliser des poutrelles métalliques l’intérieur à travers ses vitraux de à travers ses aménagements, ce programme : dédiée au pour la structure, tout en pâte de verre teintée, et ceinturé aux bouleversements fondeur Crozatier, elle s’orne de adoptant un modèle architectural par une galerie de circulation économiques et sociaux de son sculptures de bronze représentant classique. dont le garde-corps, formé des époque : essor démographique, la ville du Puy et les quatre lettres du mot « verveine », était exode rural, émergence de principaux cours d’eau arrosant De l’utilitaire éclairé par un réseau d’ampoules. nouvelles classes sociales, la Haute-Loire (Loire, Allier, à l’ostentatoire Curieux et novateur, Proy évolution des activités et des Borne, Dolaizon). Son successeur Achille Proy n’ignore pas le courant Art modes de déplacement. professe les mêmes théories. nouveau, qui, au début du Les palettes Sa « patte » se reconnaît XXe siècle, donne libre cours à la Mise en scène publique de l’architecte néanmoins à la verticalité ligne végétale, mais il l’interprète Au Puy, ce phénomène se traduit Sous la IIIe République, de ses constructions, à l’emploi surtout en allusions décoratives, d’abord par l’ouverture de la l’architecte de la ville Antoine de l’ardoise et au raffinement des notamment dans les ferronneries, ville vers l’extérieur, grâce à la Martin poursuit dans cette voie. menuiseries, mosaïques, où se lit la ligne coup de fouet destruction des remparts, dont les Adepte du courant rationaliste, ferronneries et vitraux. Il termine (rampe d’escalier de l’Inspection anciens fossés sont transformés qui lie forme et fonction et rend certains chantiers publics, mais académique, grilles extérieures de en boulevards débouchant sur les structures et les matériaux répond aussi aux commandes la villa du LEP agricole…).

20 Dentellière par Léon Giron Champ de lentilles dans le Dévès Saint-Esprit en or Affiche publicitaire

Belles et dentelle (1942), devenu Centre L’orfèvrerie La verveine du Velay d’enseignement de la dentelle Attesté au Puy dès le XIIIe, De nombreuses croyances sont bonnes au fuseau, et enfin de l’Atelier le travail des métaux précieux attachées à la verveine, comme Conservatoire national et du sertissage des pierres en témoignent ses appellations spécialités de la dentelle (1976). fines est un complément de la d’herbe sacrée, de sang, aux vie pieuse et des pèlerinages. sorciers, de Vénus… Au Puy, La dentelle du Puy La lentille verte du Puy Aux côtés des argentiers et des cette plante se transforme en Apparue au Puy au XVIe siècle, En 1930, la botaniste russe orfèvres, les lapidaires polissent douce liqueur distillée. la dentelle au fuseau génère une Helena Barulina distingue une les pierres extraites du riou Sa formule est créée en 1859 activité importante en Velay petite lentille verte qu’elle nomme Pezzouliou, affluent de la Borne par un herboriste de talent, sous l’Ancien Régime. Dans lens esculenta dupuyensis, pour en à Espaly, notamment les grenats Joseph Rumillier-Charretier, les villages, les dentellières se désigner la région de production. et saphirs qui ornent mobilier qui met au point une réunissent en couviges pour Son ton marbré émeraude lui vient liturgique et bijoux. En or ou en composition où la verveine travailler à l’extérieur ou dans d’un pigment bleu, identique à cuivre, le Saint-Esprit du Velay est combinée à 31 plantes les assemblées. Intermédiaires celui des myrtilles ou des fleurs évoque la forme d’une colombe, et aromates. Au XIXe siècle, avec les négociants, les leveuses de bleuets. Dans les années 1960, surmontée de quatre chatons, plusieurs distilleries produisent leur fournissent fils, cartons une lignée sélectionnée pour sa prolongés par une petite rose cette liqueur. La plus célèbre et modèles de motifs. qualité reçoit le nom d’Anicia (roue). Les roses du Velay sont est celle dirigée à partir de 1886 Au XVIIe siècle, le père Jean- dérivé de l’ancien nom du Puy, composées d’un motif central par Victor Pagès, qui développe François Régis et les jésuites Anicium. La lentille verte du Puy, rond orné de pierres. Les croix la société, et dont la famille s’efforcent d’ouvrir aux dentelles qui possède la particularité émaillées forment un motif fait bâtir dans les faubourgs du du Velay le marché espagnol de fertiliser naturellement les central rayonnant, avec trois Puy une fabrique et un immeuble et celui de son empire. Mais terres, doit ses qualités gustatives pendeloques en gourde aux avec boutique. Aujourd’hui à partir du XIXe siècle, le - peau plus fine et amande moins extrémités. Les croix pectorales la marque Verveine du Velay marché s’effondre devant la farineuse - à un défaut de en argent massif des sœurs a été rachetée par la société concurrence des dentelles bon maturation causé par le micro- de l’Hôpital Général et de Renaud-Cointreau, qui la marché, la mécanisation du climat des plateaux du Velay. l’Hôtel-Dieu sont décorées commercialise et conserve un travail et les guerres successives. Labellisée A.O.C, elle est du christ en croix et de la Vierge fonds important d’objets liés à sa Cependant des efforts sont faits aujourd’hui cultivée sur noire. Les bagues, souvent production et à sa promotion. pour conserver ce savoir-faire : 4200 hectares, principalement estampées et émaillées, sont fondation de l’Ecole de dentelle au sud du département, par plus ornées de divers motifs religieux. des enfants pauvres du Puy de 1200 agriculteurs produisant (1855), du Conservatoire de la près de 3600 tonnes.

21

Saint-Dier Pays de Billom

Vallée du Madet Étang de Jarrige Château de

La Toscane d’Auvergne Le Livradois moyen Des espaces naturels Au cœur « Un soleil de calme bonheur », Quittant le Billomois pour les remarquables tels sont les mots que le premiers contreforts granitiques Porte occidentale du Parc naturel de la Toscane géographe Pierre Bonnaud du Livradois, on découvre une régional du Livradois-Forez, le destine à l’évocation du pays autre manière de vivre, car il territoire possède cinq espaces d’Auvergne, de Billom, la Limagne des ne s’agit plus de cultures de relevant de l’inventaire des Zones buttes. Il souligne ainsi toute plaine mais d’élevage de demi- Naturelles d’Intérêt Écologique, Le Bas Livradois la douceur et les richesses de montagne, au-dessus d’anciennes Floristique et Faunistique Le territoire présente une cette « Toscane d’Auvergne », vignes. Forêts de feuillus, (ZNIEFF), établi par le ministère intéressante diversité de au sein de laquelle émergent, bocages et vergers s’alternent chargé de l’environnement : la paysages, entre la vallée telles des îles, quelques buttes pour composer une plaisante vallée du Madet, les gorges du de l’Allier et les monts du issues d’un volcanisme ancien. mosaïque de couleurs variant Miodet, l’étang des Maures, Livradois-Forez. C’est une Dans la partie ouest, de riches selon les saisons. Le massif lui- la vallée de la Dore et le Gros zone de contact entre plusieurs terres marno-calcaires offrent même est profondément entaillé Turluron. Ce dernier et les étangs ensembles géographiques : au un terreau très favorable aux par les vallées du Madet et du de la Molière sont de plus classés nord, s’étendent les riches terres cultures céréalières sur de vastes Miodet, deux rivières sœurs site Natura 2000. Le Parc veille agricoles de la Limagne, au sud, espaces. A l’autre extrémité de ce alimentant respectivement les à maintenir la biodiversité et à s’élève le massif de la Comté, bassin sédimentaire, le paysage bassins versants de l’Allier et de diversifier les habitats naturels tandis qu’à l’est, dominent les s’ouvre sur le massif cristallin la Dore. pour le maintien des différentes premiers contreforts granitiques des Dômes et la ligne d’horizon espèces, tout en offrant des du Livradois. C’est véritablement laisse deviner le galbe de la paysages et un environnement de un paysage de transition où chaîne des Puys. qualité susceptibles de dynamiser les altitudes s’échelonnent la vie sociale, économique et entre 350 et 700 mètres, entre culturelle. Grande Limagne et Livradois. Une rencontre qui donne ainsi naissance à deux entités paysagères : la Limagne des buttes et le Livradois moyen.

22 Église de Saint-Dier Mesures à grains à Billom Fort villageois d’

bâties aux XVe et XVIe siècles, de leurs maçonneries jouant sur avec ses 19 tours, la plus grande De la bonne témoignent d’ailleurs de la l’utilisation de pierres de couleurs place forte de la région. Quelques présence d’un commerce fixe variées. À leurs chapiteaux et siècles plus tard, des demeures ville et d’un artisanat prospère. modillons, elles accrochent un aristocratiques plus plaisantes Plus tard, au XIXe siècle, la bestiaire sculpté d’une grande remanient des sites antérieurs d’Auvergne ville s’ouvre à l’industrie de saveur, tels les sirènes, tritons, ou prennent place sur des sites la tuile, des briques, du sucre centaures, aigles, atlantes, bien exposés, comme celui des aux portes et du chanvre. Durant l’ère griffons et d’autres figures Martinanches à Saint-Dier et médiévale, la ville s’organise parfois insolites. Souvent, elles se celui du Cheix à Neuville. du Livradois : autour de l’église Saint-Cerneuf, parent d’un décor mural peint, À partir du XIVe siècle, les temps collégiale d’origine romane, comme le Miracle de sainte troublés de la guerre de Cent Ans Une ville attractive ayant par ailleurs conservé sa Marguerite de Billom, le Christ ont obligé les populations à Billom a été une ville de crypte et plusieurs vestiges de en majesté de Glaine-Montaigut s’abriter derrière de solides commerce et d’échange dès le peintures murales, dont celles de ou encore le Saint Marc et le lion murailles, souvent élevées autour haut Moyen Âge et le devient la chapelle funéraire des Aycelin de Saint-Dier. d’une maison forte avec sa basse plus encore à partir de 1196, (XIVe siècle). À ce quartier, cour et de l’église. lorsqu’elle obtient sa première répond celui constitué autour L’art de se défendre À l’intérieur de ces forts charte de franchise et figure de l’église Saint-Loup, où s’est À l’époque féodale, les routes villageois tels Chas, Espirat et désormais comme la quatrième établi au XVIe siècle le premier stratégiques sillonnant le , les habitations venaient bonne ville d’Auvergne. collège Jésuite de France, puis territoire et la présence de buttes s’accoler à la muraille dans des L’autorisation royale de tenir de nombreuses institutions naturellement défendues ont loges exiguës ou composaient des foires et d’en recueillir des religieuses. favorisé l’implantation par les un noyau de maisons serrées, taxes enrichit la ville et attire seigneurs locaux de châteaux séparées par des ruelles étroites. un commerce varié lors des Bestiaires de pierre forts à la silhouette symbolique marchés et foires spécialisés qui Nombre de villages, de Billom et impressionnante, comme celui se tiennent sur les nombreuses à Saint-Dier d’Auvergne, du Turluron à Billom, places. Disposées à l’intérieur de possèdent des églises ou de Montmorin ou de l’enceinte urbaine médiévale et prieurés remontant à l’époque Saint-Julien-de-Coppel… selon un parcellaire en lanière, romane. Leur architecture Quant à la forteresse de les maisons à pans de bois harmonieuse et homogène est Mauzun, érigée par les évêques du quartier des boucheries, sublimée par la mise en œuvre de Clermont, elle constituait,

23

Saint-Dier Pays de Billom

Maison des bouchers à Billom Grange en pisé Maison vigneronne à

Arts de bâtir Fermes et maisons calcaires, souvent mélangées à compacter dans un coffrage vigneronnes avec d’autres roches, se limite de la terre, du gravier, du sable Le bois dans la ville À la frontière entre plusieurs à la Limagne des buttes, du fait et de l’argile avec un cordon L’usage des pans de bois est traditions, le territoire possède de la mauvaise résistance de ce de mortier à la chaux. Dans très fréquent du XVe au XVIIe une architecture rurale matériau. L’arkose, grès jaune quelques secteurs, on faisait siècle dans la région de Billom. diversifiée. Les fermes adoptent (la pierre d’Escolore) ou grise, aussi usage de l’adobe, briques Entre les pièces de menuiserie, différents modèles selon leur dont on trouvait des gisements de terre séchées dans un moule. le remplissage (hourdis) localisation, la nature et dans la région de Neuville, a Mais ce sont généralement les est constitué de torchis ou l’ampleur de l’exploitation. été beaucoup employée pour briques de terre cuite, produites de petites pierres posées en Elles correspondent à quatre le gros-oeuvre des fermes et localement depuis l’antiquité, assises régulières. Les maisons principaux types de bâti : la des églises. Le sombre basalte que l’on rencontre, et dont s’élèvent généralement sur maison bloc en hauteur, la ferme est requis dès le Moyen-Age l’emploi se développe surtout trois niveaux, avec un premier en long, la ferme en L et la ferme pour sa dureté, et se trouve au XIXe siècle. Essentiellement niveau maçonné et deux étages à cour fermée. Dans les villages, notamment dans les murailles rurale auparavant, la fabrication en pans de bois. À Billom, la on rencontre de nombreuses des châteaux - à Mauzun, par s’implante alors en ville. Des maison attribuée au maître de maisons vigneronnes bâties aux exemple entièrement construit fours sont érigés à Billom et la corporation des bouchers en XVIIIe et XIXe siècles, époque avec cette pierre qui constitue viennent marquer le paysage est un exemple caractéristique, où la vigne était florissante, son socle. Dans le Bas-Livradois, urbain de leurs cheminées présentant un rez-de-chaussée avant l’arrivée du phylloxéra les granits sont utilisés seuls ou élancées. Les toits sont couverts occupé par une boutique en Auvergne, en 1893. Elles avec d’autres pierres. de tuiles creuses, qui servent ouverte sur la rue par un arc comportaient un cuvage au On rencontre également des aussi à confectionner les en anse de panier et surmonté rez-de-chaussée et un espace pierres locales plus rares, comme génoises, destinées à soutenir d’un étage en encorbellement. d’habitation à l’étage, accessible le granit rose, la latérite et la les avant toits et à éloigner les Cet aménagement en surplomb par un escalier extérieur abrité pierre meulière (la chavarote) eaux pluviales de la façade. Les permettait à la fois d’abriter par un auvent, l’estre. ou, pour les constructions constructions les plus soignées le commerce et ses clients des bourgeoises, la lave appareillée. s’agrémentent parfois d’épis de intempéries et de gagner de Un catalogue de La construction en terre crue faîtage ouvragés l’espace sur la rue. matériaux était également très pratiquée, en céramique. Dans les années Les matériaux utilisés pour en raison de son faible coût, 1850, plus de 150 briqueteries les constructions sont très principalement selon la et tuileries étaient en activité variés. L’emploi de pierres technique du pisé, qui consiste sur le territoire.

24

Pigeonnier à Chamoirat Ail en champs Meule de moulin de la vallée du Madet

Arts de vivre Activités meunières Vie bourgeoise et Petits abris Deux ruisseaux, le Madet et commerce ambulant Cabanes solitaires parsemant Champs d’ail le Miodet, néanmoins une Dans certains villages comme le paysage, les tonnes étaient Ce sont deux chanoines même histoire. C’est celle des Egliseneuve-près-Billom, des refuges nécessaires pour les originaires de Billom qui auraient meuniers, qui utilisaient l’énergie Mauzun ou Glaine-Montaigut, paysans qui devaient parcourir introduit l’ail en Auvergne à hydraulique dans leurs moulins, on remarque la présence de de longues distances afin de se leur retour de croisade en 1099. en aménageant les berges avec demeures bourgeoises dont le rendre dans les vergers ou dans En 1860, l’ail quitte les jardins des biefs. Les productions étaient style urbain et le vocabulaire les vignes. Dans ces abris où pour devenir une culture de variées et abondantes : farine classique et symétrique diffèrent ils entreposaient leur outillage, plein champ accompagnant la blanche, farine de seigle, huile nettement de l’architecture ils se reposaient, prenaient le betterave sucrière. En 1960, la ou encore chanvre. Trois métiers locale : élevées aux XVIIIe et repas ou se protégeaient du culture de l’ail atteint son apogée autour d’un seul matériel, XIXe siècles, ces habitations froid lors des journées d’hiver, avec quelques 2000 hectares la meule : le tireur, qui sont l’expression d’un nouveau au moment de la taille des emblavés. Sa valeur marchande extrayait la meule de la pierre, pouvoir ou d’une réussite sociale. sarments. Autres silhouettes était telle qu’il était surnommé le meunier qui l’utilisait pour À Saint-Jean-des-Ollières, elles caractéristiques, les pigeonniers l’or blanc. sa production et le repiqueur témoignent de la prospérité et colombiers qui adoptent Dès 1996, sa labellisation qui réalisait l’entretien de des marchands ambulants et différentes formes, qu’ils soient comme Site remarquable du ces meules avec l’aide d’une du développement de la pique intégrés aux bâtiments de ferme goût a reconnu la valeur de cette musette pleine de marteaux. aux XVIIIe et XIXe siècles. ou contigus, ou encore isolés production et du savoir-faire lié Que ce soit la tournante ou Les piqueurs, marchands aux dans la campagne. Érigées à cette culture. Outre sa qualité la gisante, ces meules étaient pratiques peu recommandables, pour la plupart entre 1795 et son goût, l’ail a apposé son taillées très localement dans la parcouraient les campagnes et 1865, ces constructions empreinte sur le paysage roche meulière du gisement de pour aller quémander avec de constituaient d’importantes et l’architecture, avec ses vastes Chavarot, petit village proche de faux certificats ou passeports, sources de revenus, que ce soit champs aux couleurs grises Saint-Jean-des-Ollières. obtenus auprès de l’Église ou pour l’engrais (colombine) ou et ses bâtiments, les séchoirs. de la maréchaussée et stipulant pour la viande de leurs hôtes. une calamité comme la grêle, la C’est pourquoi, elles faisaient foudre ou une inondation, afin souvent l’objet d’un décor peint d’apitoyer les âmes charitables. au pochoir utilisant des motifs religieux ou républicains.

25 Pays d’Issoire Val d’Allier Sud

Lacs et estives de Vallée des Saints à Pont à

Influences, et développé un système de ce chemin. Au Moyen Âge, Foyer de dévotion agro-pastoral reposant sur la ce tracé semble perdurer dans et d’échanges confluences complémentarité des terroirs, le passage du Chemin français, Fondée au Xe siècle et dédiée au reliés par une multitude de dénommé plus au sud voie saint évangélisateur de Entre haut et bas pays chemins ruraux. Dans les vallées, Regordane. l’Auvergne qui aurait été en- Véritable condensé de la richesse le réseau des biefs d’irrigation et Au fil du temps, différents terré ici au IIIe siècle, l’abbaye géologique auvergnate, le pays se les coteaux aménagés en terrasses ouvrages ont été élevés pour bénédictine Saint-Austremoine décline en séquences paysagères viticoles et fruitières rendent franchir les cours d’eau. d’Issoire jouit au XIIe siècle d’une qui s’étagent à partir de l’Allier. compte de leurs aménagements Au Moyen Âge, les ponts sur prospérité qui lui permet La riche plaine sédimentaire incessants. Victime de la crise du l’Allier se font encore rares en de reconstruire son abbatiale. d’Issoire est dominée par une phylloxéra à la fin du raison de crues dévastatrices et L’édifice aux vastes et succession de promontoires XIXe siècle, la vigne s’épanouit la traversée s’effectue surtout à harmonieuses proportions volcaniques. Rive gauche aujourd’hui à nouveau sur gué ou par bac. C’est donc sur rappelle par son plan à trois nefs, de l’Allier, les affluents ou les terroirs de Boudes, ses affluents que les ponts des son déambulatoire et sa crypte, couzes parcourent un territoire et Montpeyroux. XIVe et XVe siècles de et que ce sanctuaire fut un lieu verdoyant où se succèdent vallées de Saurier élèvent encore leurs de pèlerinage. Fréquentée par et plateaux. Au sud, sculptées Sur les routes et les ponts arches et leurs tabliers de pierre. piété, la ville l’est aussi pour son par l’érosion en cheminées de Depuis l’Antiquité, un itinéraire Au XIXe siècle, les progrès de la commerce. Elle est en effet un fées ou cirque, les terres rouges reliant le nord et le sud de la métallurgie permettent enfin aux lieu d’échanges entre les produits du Lembron constituent un Gaule empruntait le val d’Allier : principales routes de franchir céréaliers et viticoles de la précieux gisement géologique. un tracé occidental traversait la l’Allier, grâce à la construction Limagne, et ceux issus Au sud-ouest s’étendent les hauts Couze Chambon vers Neschers de ponts et de passerelles de l’élevage des monts plateaux du Cézallier, modelés puis la plaine du Lembron, suspendues, dont témoignent du Livradois et du Cézallier. par les glaciers ondulant à jusqu’au vicus de Liziniat (Saint- les audacieux ouvrages de Outre les foires annuelles perte d’horizon. Ici et là, lacs et Germain-Lembron), tandis et de Coudes. accordées par Louis XI, tourbières renforcent l’ambiance qu’un tracé oriental longeait le Entre 1913 et 1926, un nouveau les marchés de céréales et de nordique d’un royaume de val d’Allier en contrebas de la pont en béton armé est édifié bestiaux sont très prospères l’herbe voué au pastoralisme. chaux du Broc (borne milliaire à Nonette selon la technique jusqu’au début du XXe siècle. À l’Est, s’étagent les doux de Brossel). À Charbonnier-les- du bow-string, mise en œuvre La construction en 1819 d’une paysages vallonnés du Livradois. Mines, la présence au bord de la par la société Hennebique. majestueuse halle aux grains Les hommes ont tiré parti voie d’une agglomération gallo- aux allures de temple classique de cette diversité naturelle romaine atteste de l’importance témoigne de l’importance de ce commerce. 26 Pont à Saurier Abbatiale Saint-Austremoine d’Issoire Chapelle de Brionnet à Saurier Tour romane dans le fort de Boudes

Bourbon-Montpensier héritent Eglises et villages perchés. Fortifications de campagne Enjeux du Dauphiné d’Auvergne alors Liés aux forteresses seigneuriales, Dans la plaine et les terres que sur la rive droite de l’Allier, les villages qui en dépendaient fertiles traversées par des voies de de défense les comtes d’Auvergne, s’étagent dans les pentes selon communication - Limagnes, Val puis le roi de France contrôlent une disposition concentrique et d’Allier, Lembron - l’insécurité et de pouvoir les forteresses de Nonette et témoignent de l’importance de chronique a conduit les habitants, d’Usson. C’est dans cette dernière cette organisation féodale dès le XIIIe siècle et surtout à Repaires seigneuriaux qu’au XVIe siècle, Marguerite de défensive : ainsi Nonette, Usson partir de la guerre de Cent Ans, à Avant l’an Mil, certains Valois, la reine Margot, fut exilée ou . Souvent, lorsque les prendre en charge collectivement promontoires rocheux étaient pendant 19 ans, imprimant sites castraux ont été abandonnés leur défense et à fortifier leurs déjà occupés par des refuges de sa libre pensée la vie politique et même détruits, leurs chapelles villages, afin de mettre à l’abri fortifiés dotés de défenses et artistique. ont subsisté seules, juchées parfois familles et récoltes : ainsi ceux de en terre. À partir de la fin du À partir du XVIIe siècle, à l’aplomb du vide sur le promon- , Boudes, , Xe siècle, l’absence de pouvoir la plupart des châteaux forts toire rocheux et formant avec le et bien d’autres. Ces central fort et l’insécurité sont désaffectés ou démantelés. paysage naturel un décor forts villageois ou les quartiers ambiante favorisent la multipli- Les plus importants n’ont laissé impressionnant. Ces modestes qu’ils ont laissés se repèrent à cation sur ces sites naturellement de leur grandeur que le témoi- édifices se caractérisent par leur trame parcellaire et à leurs défendus, de châteaux forts gnage des dessins de l’Armorial l’extrême simplicité de leur plan, vestiges défensifs imbriqués dans élevés par de petits seigneurs, de Revel (vers 1450). Ce sont les associé au soin de construction un bâti dense : tours de flanque- soucieux de marquer châteaux secondaires qui réservé à ces lieux de foi : petit ment, portes fortifiées, courtines, symboliquement leur territoire ont été les mieux conservés : chœur à abside ou à chevet plat, chemin de ronde, meurtrières. tout autant que d’organiser leur ainsi le donjon circulaire courte nef parfois bordée Souvent délaissés et dégradés défense. Au XIIIe siècle, de Montpeyroux, déclinant de chapelles gothiques ou au fil des siècles bien qu’utilisés une branche des puissants comtes le modèle de la tour maîtresse classiques, clocher carré à arca- jusqu’au XXe siècle pour leur d’Auvergne, les Dauphins d’Au- de la première moitié tures ou clocher mur… Plusieurs réseau de caves et cuvages, vergne, s’implante dans la région. du XIIIe siècle, ou le château firent l’objet d’un pèlerinage dédié certains de ces quartiers font A partir de leurs châteaux de de Chalus, développé à partir à la Vierge, comme aujourd’hui l’objet de et Vodable, d’un donjon roman, associé Roche-Charles, Brionnet ou programmes de valorisation ils étendent leur emprise vers à un corps de logis de la fin du Ronzières. Les églises de patrimoniale, comme au Broc. et le Cézallier en s’alliant Moyen Âge. Saint-Hérent et du Chastel à au XIVe siècle à la famille Saint-Floret conservent en outre de Mercœur. En 1426, les un ossuaire à l’intérieur de l’enceinte du cimetière. 27 Pays d’Issoire Val d’Allier Sud

Le Roman de Tristan à Saint-Floret La bigorne à Villeneuve-Lembron Château de Parentignat

Décors secours de Tristan, ligoté par Renaissance savante inspire les cour d’honneur s’ordonne autour les cavaliers de la fée Morgane ornements de frises, blasons de parterres réguliers, la terrasse de prestige dans la Périlleuse Forêt. et grotesques réalisées sur les arrière donne depuis le XIXe murs intérieurs, ainsi que les siècle sur un parc à l’anglaise Un roman peint de La fabrique scènes mythologiques tirées doté de pièces d’eaux, canaux, chevalerie de l’imaginaire des Métamorphoses d’Ovide bosquets et fabriques. L’intérieur La fin du Moyen Âge voit les Dans le cadre sévère de son (Diane et Actéon, naissance du château conserve, outre un demeures nobles s’orner de architecture extérieure encore d’Adonis…) à partir de modèles bel ensemble de mobilier, des décors d’une ampleur accrue médiévale - un vaste quadrilatère gravés par Bernard Salomon. De collections de peintures des et d’une inspiration nouvelle. flanqué de tours et ceint de même, la spectaculaire voûte en XVIIe et XVIIIe siècles d’une Ainsi, le château de Saint-Floret fossés - le château de Villeneuve- berceau des écuries offre un vaste richesse exceptionnelle, réunies abrite onze scènes peintes du Lembron abrite un ensemble réseau de grotesques incluant par la famille de Lastic jusqu’à XIVe siècle, rescapées d’un de décors, peints aux XVIe et en une composition complexe nos jours : peintures d’histoire, ensemble unique. Il s’agit de la XVIIe siècles, d’un étonnant scènes de batailles, scènes de paysages et portraits comptent seule représentation en France raffinement. L’initiative première chasse et épisodes bibliques ou des signatures comme Rigaud, d’une version du Roman de en revient à Rigaud d’Aureille, mythologiques (Orphée). le Lorrain, Largillierre, Mignard Tristan et Yseult, seigneur et constructeur de et Van Loo… et plus largement, la plus vaste Villeneuve à la fin du XVe siècle, L’écrin classique évocation d’un roman de qui entreprit d’orner la cour du d’une collection chevalerie, thème de prédilection château de peintures illustrant Lorsque la famille de Lastic des commanditaires laïques avec humour sa philosophie acquiert la seigneurie de de la seconde partie du Moyen personnelle acquise au service Parentignat en 1707, elle Âge. La composition, qui se des rois de France, dont il fut entreprend de transformer déploie dans la salle d’apparat, capitaine et maître d’hôtel : la maison forte primitive en se déroule en registres d’une vivacité imprégnée de un élégant château classique superposés occupant les surfaces l’imaginaire médiéval, elles que l’écrivain Henri Pourrat hautes de la salle. Sur fond de racontent des dits, petites pièces qualifiera de « petit Versailles ciel rouge, la mise en scène des au ton moral ou satirique, auvergnat ». Le corps central combats chevaleresques use de dont celui de la Chicheface à fronton est prolongé de détails réalistes et s’essaie et de la Bigorne ou celui du deux logis latéraux, l’ensemble à la perspective. Sur le registre Maître d’ostel. Plus tard dans formant côté jardin une longue supérieur, Palamède vient au le XVIe siècle, une inspiration façade rectiligne. Tandis que la

28 Chevalement du puy de Bayard à Brassac-les-Mines Chambre chaude des Graves à Auzat-la-Combelle Wagons de mine à Brassac-les-Mines

L’aventure l’améthyste d’Auvergne, quartz avant de se doucher dans les Un chantier d’avant-garde violet puisé près du Vernet-la- nefs latérales. Afin de fidéliser Aujourd’hui les industries du industrielle Varenne, objet d’un commerce la main d’œuvre ouvrière, les bassin d’Issoire ne sont plus avec les Espagnols au XVIIIe compagnies minières créent dans dépendantes des ressources Mineurs et mariniers siècle, et dont l’extraction fut les années 20 des cités dont les du sol, de la production de Signalée dès le XVe siècle à relancée à la fin du XIXe siècle aménagements modernes offrent l’aluminium et de la fonderie. Charbonnier, l’exploitation du par le minéralogiste Demarty fonctionnalité et qualité de vie - Leur activité se caractérise par charbon du bassin de Brassac pour la taillerie de . habitations claires et pratiques, une haute technicité, notamment prend son essor au XVIIIe espaces publics aérés, voies larges dans le domaine des équipements siècle et ne cessera qu’en 1978. Du carreau minier - tout en assurant le maintien automobiles et aéronautiques. Embarqué dans les ports aux cités jardins d’une vie communautaire par Les années qui précèdent la de l’Allier, le charbon était À Brassac et à La Combelle, le l’organisation collective de seconde guerre mondiale ont été transporté jusqu’à Paris via le patrimoine minier se distribue certaines tâches. Ainsi, la cité des décisives pour cette évolution : canal de Briare sur des sapinières autour des derniers puits Graves, où 400 logements sont entre 1938 et 1940 la stratégie de construites dans les chantiers de exploités, désormais comblés. Sur construits entre 1920 et 1935, repli impulsée par l’Etat amène . L’arrivée du chemin les sites de Bayard et des Graves, comprend plusieurs quartiers l’installation à la périphérie de fer en 1855 ouvre au minerai le terrain de surface de la mine étagés autour du château d’eau d’Issoire et à Brassac des les débouchés de la révolution ou carreau, est signalé par la et de la place de l’église. Par entreprises Ducellier, Forgheal industrielle. Au début du XXe haute silhouette du chevalement groupe ou bande de 2 ou 4, les et de la Société Centrale des siècle, les mineurs étrangers métallique. Celui-ci actionnait logements s’alignent en léger Alliages Légers. C’est l’occasion (belges, italiens espagnols, la cage d’ascenseur menant les retrait de la rue, accompagnés d’un chantier d’avant-garde, polonais…) succèdent aux mineurs au fond. A Bayard, chacun d’un jardin. Cette celui des halles monumentales de ouvriers-paysans, donnant le l’actuel Musée de la mine occupe régularité est atténuée par le l’atelier de laminage de la SCAL, jour à l’appellation de petite la salle des machines. Tout aussi rythme que créée l’utilisation confié par Raoul Dautry aux Europe. Dans ce pays à la emblématique, le bâtiment de de modèle architecturaux variés maîtres du béton armé, Auguste géologie diversifiée, d’autres la chambre chaude, formé de et de décors réalisés en brique, Perret et frères. Pour abriter en ressources du sous-sol ont fait trois nefs, véritable établissement béton, tuile mécanique et métal. urgence le personnel, Jean Prouvé l’objet d’exploitations : l’arkose, de bains-douches adapté à et Pierre Jeanneret réalisent grès blond des carrières de l’activité minière. Le volume alors une série de pavillons Montpeyroux, omniprésent central abritait un vestiaire, la démontables dont le système dans la construction locale salle des pendus, où les mineurs d’ossature métallique participe à depuis le Moyen Âge, mais aussi suspendaient leurs vêtements l’évolution de la préfabrication dans l’architecture. 29 Pays de Riom

Hôtel Guymoneau Hôtel Arnoux de Maison Rouge Ferronnerie du XVIII siècle

L’art et la Brillante Renaissance Lumières sur la ville Ambitions urbaines Côté rue, Riom est une ville Si l’hôtel Dufraisse du Cheix, Au cours du XVIIIe siècle, manière du XVIIIe siècle, côté cour c’est actuel musée Mandet, apparaît un vaste programme pour l’essentiel une ville de la comme un exemple rare d’hôtel urbanistique et architectural d’habiter la ville Renaissance qui se révèle. Sur un entre cour et jardin sur le change considérablement la parcellaire en lanière d’origine modèle parisien, les façades des physionomie de Riom. La ville La demeure urbaine médiévale se déploient des hôtels demeures riomoises du siècle close du Moyen Âge s’ouvre Capitale de l’Auvergne dès particuliers où se succèdent la des Lumières ont été réalisées sur l’extérieur, démolissant ses le XIIIe siècle, Riom acquiert boutique, qui dicte la largeur pour la plupart dans le cadre des fortifications et aménageant, des fonctions administratives de la parcelle, la cour qui grands travaux d’alignement. pour l’agrément des habitants, qui s’ajoutent aux fonctions reçoit escalier en vis et galeries Avec leur ordonnance régulière une promenade plantée commerciales et religieuses qui desservant le logis du maître de et leurs vastes proportions, - tel d’arbres dénommée le tour de faisaient déjà sa renommée. maison, et enfin le jardin pour l’hôtel Grangier de Cordès - elles ville. La fin du siècle voit la A partir du XVIe siècle, grâce l’agrément. Le décor sculpté, donnent à la rue l’aspect d’un réalisation de deux ensembles à la protection royale, la s’inspirant de thèmes religieux décor de théâtre. Ferronneries prestigieux conçus par ville concentre les principales ou profanes, se concentre et menuiseries en font le charme l’architecte Attiret : la porte juridictions de la province qui essentiellement dans les cours des et apportent à une architecture de Layat, due à l’initiative de y siègent jusqu’à la Révolution. hôtels Guymoneau, de Cériers et relativement austère une note de l’intendant Chazerat, forme, Les hôtels particuliers, qu’ils Arnoux de Maison Rouge, plus fantaisie non négligeable, comme avec sa rampe carrossable en soient de la Renaissance rarement en façade, à la maison un grain de folie en façade. fer à cheval et son escalier un ou du XVIIIe siècle, sont dite des Consuls ou à la maison Plusieurs de ces hôtels possèdent ensemble majestueux destiné à les témoignages les plus Soubrany. Grâce à la résistance en outre d’exceptionnels décors faciliter l’accès à la ville au nord ; représentatifs de l’essor urbain de la pierre d’origine volcanique, intérieurs. à l’entrée ouest, la place de la et du pouvoir des élites. Les les volées des escaliers en vis Fédération, restée inachevée, façades des demeures de qualité sont bien plus déliées qu’ailleurs offre une composition originale et les boutiques témoignent et les décors gardent toute leur en hémicycle régulièrement de l’importance des fonctions fraîcheur ; rinceaux, cuirs et ordonnée autour d’une halle résidentielles et commerciales médaillons semblent tout juste au blé. sur les grandes artères. L’un sortis du ciseau du sculpteur. des charmes de Riom est l’unité visuelle que lui confère la pierre de .

30 Les gorges de l’Aubène à Fontaine du Pré-Madame à Riom Eaux de sources à Saint-Genest-l’Enfant

Au fil de l’eau Des sources à profusion Belles fontaines Tanneries sur l’Ambène Alimentées par les eaux Images emblématiques de L’origine de la tannerie remonte et de la pierre profondes qui transitent l’eau domestiquée, à travers sans doute au XIIIe siècle, époque depuis Volvic sous des coulées canalisations et bassins en pierre où le climat économique est Une eau vagabonde volcaniques, des résurgences de Volvic, les fontaines, autrefois favorable à son implantation. Dense et complexe, le réseau apparaissent à Saint-Genès- essentielles à la vie quotidienne Siège de la Monnaie et lieu hydrographique a deux origines : L’Enfant sur la commune de des habitants sont, pour certaines de marché, Riom est proche des rivières comme la Morge, . Là, naissent de d’entre elles, remarquables par des zones d’élevage et des l’Ambène et le , dont les multiples sources et ruisselets leur décor sculpté. Parfois, elles forêts de chênes dont le tan sources se situent sur le plateau au débit constant peu sensibles sont associées à l’abreuvoir est indispensable à la tannerie. granitique, au pied de la chaîne à l’étiage. Dans un enclos et au lavoir comme à . L’eau provient d’un bras de des Puys, et des résurgences qui proche de la pisciculture A Riom, châteaux d’eaux, l’Ambène dérivé à l’intérieur apparaissent au pied de la faille appelé la chapelle des eaux, fontaines isolées ou fontaines des fortifications. La qualité des qui longe la plaine. Ce sont se faisait le partage des eaux. adossées font jaillir l’eau à tous cuirs de Riom est reconnue et de petits torrents qui dévalent Un ensemble de bassins et de les carrefours, au cœur de la cité. appréciée ; elle venait dit-on de la des gorges avant d’atteindre la vannes permettait la répartition Au XVIIe siècle les sculpteurs « bonté des eaux vives dépression de la Limagne, où entre l’abbaye de et la rivalisent de talent à la fontaine de l’Ambène ». Prospère dès le leur débit ralentit. Chargés en ville de Riom desservant ainsi des Lions et à la fontaine XIVe siècle, la tannerie périclite alluvions, ils changent souvent de fontaines des villes et fontaines d’Adam et Ève. Au XVIIIe siècle au XVIIIe siècle en raison de tracé et se scindent en plusieurs des champs. la fontaine Ballainvilliers et plus taxes sur les cuirs. La dernière bras qui prennent des noms magistralement la fontaine de tannerie ferme en 1961, mais différents selon les lieux qu’ils Chazerat témoignent de l’intérêt tout au long du ruisseau, le traversent. porté à Riom par les intendants souvenir de cet artisanat reste d’Auvergne. Au Pré-Madame, la présent dans les quartiers sud de fontaine Desaix devient colonne la ville. commémorative en l’honneur du héros de Marengo.

31 Pays de Riom

Collier d’esclavage, Intérieur auvergnat, Théière de Mike Sharpe, musée Mandet musée régional d’Auvergne musée régional d’Auvergne Des collections Splendeur de l’orfèvrerie Objets du quotidien Toucher pour à foison Fondé en 1859 par Francisque Créé grâce à Pierre Sabatier comprendre Mandet, installé dans un et inauguré en 1969, le musée Le Pays de Riom dispose d’une Des trésors à feuilleter hôtel particulier du XVIIIe régional d’Auvergne est l’un des collection de maquettes tactiles Le fonds patrimonial des siècle, le musée présente trois derniers de France à conserver sa répartie en six lieux, à Riom, bibliothèques est constitué de collections. La première, présentation d’origine imaginée Marsat et bientôt Saint-Bonnet. près de 7000 documents. Parmi essentiellement de peinture, par l’ethnologue Georges-Henri À Riom, elles sont exposées dans ceux-ci 133 manuscrits dont cinq est une collection d’amateurs Rivière, fondateur du musée des les sites qu’elles représentent, à enluminés et 13 incunables, ainsi éclairés du XIXe siècle réunie Arts et Traditions populaires à la tour de l’Horloge, à la Sainte- qu’une importante collection de par la Société du musée. Elle a Paris. Il met en scène, grâce aux Chapelle, à l’hôtel de ville, à reliures contemporaines. Dans été considérablement enrichie objets, des savoir-faire souvent Saint-Amable et à l’office de une volonté d’unir le passé de en 1979 grâce à la donation oubliés et des modes de vie tourisme, place de la Fédération. la tannerie riomoise au présent Richard qui a permis l’ouverture parfois disparus. Les travaux La démarche est novatrice. Riom des beaux livres, la bibliothèque de 20 salles consacrées aux des champs y tiennent une large est la seule ville de France à s’est dotée d’un fonds de arts décoratifs, de l’Antiquité place. Le cadre de vie est évoqué présenter un tel ensemble. Cette bibliophilie contemporaine. Il au XVIIIe siècle. Aujourd’hui, à travers l’intérieur auvergnat, action développée année après compte 622 ouvrages dont plus le musée est aussi reconnu son cantou et ses lits clos, les année témoigne de la volonté d’une centaine de reliures de pour sa remarquable collection métiers et les gestes de l’artisan de faire découvrir au plus grand création et plusieurs dizaines de design et d’arts décoratifs par les outils, et enfin l’art nombre, et notamment au de livres-objets. La biennale contemporains, constituée religieux populaire grâce à une public aveugle et malvoyant, Riom-Reliure-Rencontre a pour dans la lignée des collections collection de statues. le patrimoine architectural du vocation de faire connaître la d’orfèvrerie des XVIIe territoire. reliure contemporaine et favorise et XVIIIe siècles et présentant les échanges entre créateurs et les œuvres de grands noms grand public. tels que Goudgi, Daraspe, Gagnère, Garouste et Bonetti…

32 Roue de fleurs de Saint-Amable Vielle au musée régional d’Auvergne Gigot brayaude La mémoire Fête, musique et danse Marchés d’hier Saveurs côté salé vive du pays Ici comme ailleurs, des chants et d’aujourd’hui Qui n’a pas goûté le gigot de Noël de la messe de minuit Traditionnellement, les environs brayaude sur son lit de pommes De cire et de fleurs aux cantiques et crécelles des de Riom sont consacrés au de terre arrosé d’un verre de Des nombreuses processions processions, la musique a maraîchage et à l’arboriculture, madargue, ou le coq au vin religieuses à la mise en scène accompagné les fêtes religieuses et c’est sous l’ancienne halle au de Châteaugay, n’a pas idée de soigneusement ordonnée qui et rythmé les saisons. Mais blé de Riom devenue marché l’alchimie née de l’alliance rythmaient autrefois le calendrier, au-delà des fêtes patronales, couvert que se rassemblent, des saveurs du terroir de peu ont subsisté. Cependant tous elle a su rester vivante grâce à comme autrefois, les petits Riom. Que dire encore des les 11 juin ou le dimanche qui l’association des Brayauds, qui, producteurs du pays riomois. cochonnailles présentes sur suit, celle de la Saint-Amable dans la Maison des cultures de On y trouve selon la saison chaque table, jambon, saucisson rassemble les habitants derrière la pays du Gamounet, perpétuent les fraises d’Enval, les asperges, mûri sous la cendre, andouillette châsse du saint patron de Riom, la convivialité d’autrefois, les cerises, les pommes et les et le boudin aux noix relevé portée par les Brayauds en habit lui apportant une touche pêches de Marsat ou les échalotes d’oignons et de persil ? blanc de vigneron. Si la tradition contemporaine. Quant à l’Agence de La Moutade. Les amandes, Et les pieds de cochon aux des rubans bénis a disparu, la des musiques des territoires les raisins et les pêches de vigne pommes de terre, cuits au vin roue de fleurs, autrefois roue de d’Auvergne, connue bien au- viennent des coteaux. Répandu rouge et longuement mijotés cire offerte à Notre-Dame de delà des frontières régionales, au Moyen Âge par les moines dans le pot au coin du feu ! Marsat, accompagne toujours la elle s’attache à découvrir, à de Mozac, le noyer, s’il a déserté Et le gaperon, fromage de procession. L’enroulement de la faire connaître et à faire vivre ce le bord des routes, reste un arbre Limagne en forme de dôme, chandelle sur elle-même et la date patrimoine immatériel que sont emblématique apprécié pour à la saveur aillée et poivrée. de la fête proche du solstice d’été les fêtes et les musiques d’hier et l’huile et le vin de noix. Et le mariage incomparable de évoquent la résurgence probable d’aujourd’hui. l’huile de noix et des pissenlits… d’un ancien culte solaire. La roue, Celui qui a goûté ne peut oublier. dont la fabrication nécessite une quantité considérable de fleurs assemblées selon une technique longue et minutieuse, est ensuite déposée dans l’église, qu’elle embaume de senteurs de lys et de rose.

33 Paris MOULINS

MONTLUÇON Paris MOULINS

VICHY Ville de Moulins MONTLUÇON Pays de Saint-Flour Pays du Haut-Allier RIOM Saint-Etienne Lyon Pays du Puy-en-Velay VICHY Pays de Billom - Saint-Dier Ville de Moulins THIERS CLERMONT- Pays d’Issoire Val d’allier Sud Pays de Saint-Flour FERRAND Pays du Haut-Allier Pays de Riom RIOM BILLOM Saint-Etienne Lyon Pays du Puy-en-Velay Pays de Billom - Saint-Dier Réseau autoroutier THIERS Bordeaux CLERMONT- Pays d’Issoire Val d’allier Sud FERRAND Pays de Riom ISSOIRE BILLOM Bordeaux Réseau autoroutier

ISSOIRE AMBERT

BRIOUDE

MAURIAC BRIOUDE

YSSINGEAUX MAURIAC

SAINT-FLOUR LE PUY-EN-VELAY YSSINGEAUX

SAINT-FLOUR LE PUY-EN-VELAY

AURILLAC Béziers AURILLAC Espagne Béziers Espagne

34 © A. Hébrard / Riom communauté Crédits photographiques

Couverture Ville de Moulins Pays de Billom - Saint-Dier 1 Cour de l’Hôtel de Chazerat 1 © BNF Paris 1, 3, 6 © J. Chabanne © C. Raflin / Drac Auvergne 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 12 © J.-M. Teissonnier / ville de Moulins 2, 4, 7, 8, 9, 10, 11 © D. Debost 2 Le petit Turluron à Saint-Julien-de-Coppel © D. Debost 6 © L. Leroux 5 © C. Raflin / Drac Auvergne 3 Fontaine du Dauphin © A. Hébrard / Ville de Riom 11 © J. Mondière / CG de l’Allier 12 © S. Champeyrol / Com Billom 4 Eglise de Blassac © SMAT du Haut-Allier 5 Cathédrale du Puy-en-Velay Pays de Saint-Flour Pays d’Issoire Val d’Allier Sud © J. Raflin / DRAC Auvergne 1, 5, 7, 8, 9, 12 © CC du Pays de Saint-Flour 1 © M. Sagot / Ardes communauté 6 Maison Consulaire de Saint-Flour 2, 3 © P. Soissons / OT du Pays de Saint-Flour 2, 6 © N. Dutranoy / Pays d’Issoire Val d’Allier sud © P. Soissons / OT du Pays de Saint-Flour 4 © C. Darbelet 3, 4, 5, 8, 10, 11, 12 © Pays d’Issoire Val d’Allier sud 7 Exposition CNCS © P. François / CNCS 6 © B. Linero / CC du Pays de Saint-Flour 7 © F. Havette 8 Château de Villeneuve-Lembron 10 © J.-F. Ferraton / CC du Pays de Saint-Flour 9 © D. Bordes © Pays d’Issoire Val d’Allier sud 11 © P. Chalvon / CC du Pays de Saint-Flour Pays de Riom Histoire Pays du Haut Allier 1, 2, 4, 6 © A. Hébrard / Riom communauté 2 © H. Monestier / Ville d’Issoire 1, 3, 4, 8 © J. Mazet 3, 5 © A. Hébrard / Ville de Riom 3 © C. Raflin / Drac Auvergne 2, 5, 9, 10, 11, 12 © SMAT du Haut-Allier 7, 8, 11 © H. Monestier / Riom communauté 4 © A. Frich / CC du Pays de Saint-Flour 6 © M. Bernard 9 © K. Joannet / Vice-Versa 5 © N. Dutranoy / Pays d’Issoire Val d’Allier sud 7 © CG de la Haute-Loire 10 © M.-A. Barnier / Riom communauté 6 © CC du Pays de Saint-Flour 12 © J. Damase / OT de Riom Limagne Pays du Puy-en-Velay Label 1, 2 © L. Olivier 1 © M.-A. Barnier/ Riom communauté 3, 6 © PAH du Puy-en-Velay 2, 4 © SMAT du Haut-Allier 4, 7 © G. Cavaillès 3 © J.-M. Teissonnier/ Ville de Moulins 5, 12, 13 © isee.com 5 © C. Raflin / Drac Auvergne 8, 9, 11 © C. Raflin / Drac Auvergne 6 © CC du Pays de Saint-Flour 10 © L. Olivier / Musée Crozatier

Editeur de la publication : Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Auvergne Directeur de publication : Arnaud Littardi, Directeur des Affaires Culturelles d’Auvergne Rédacteurs : Marilyne Avont, Marie-Anne Barnier, Myriam Bayol, Sébastien Champeyrol, Géraldine Dabrigeon, Sandrine Daureil, Sophie Guet et Claire Raflin. Conception de la maquette : Vice Versa

35 Renseignements

DRAC Auvergne Hôtel de Chazerat 4, rue Pascal - BP 378 63010 Clermont-Ferrand Cedex 1

Tél. 04 73 41 27 00 Fax 04 73 41 27 69

mail : [email protected] www.culturecommunication.gouv.fr/regions/drac-auvergne

Réseau Villes et Pays d’art et d’histoire en Auvergne

Ville de Moulins Pays du Haut-Allier Pays de Billom - Saint-Dier Pays de Riom Sophie Guet Marilyne Avont Anne Cogny Marie-Anne Barnier Service patrimoine SMAT du Haut-Allier Communauté de communes de Billom- Animation du patrimoine Hôtel Demoret - 83 rue d’Allier 42 av Victor-Hugo - BP 64 Saint-Dier-Vallée du Jauron Tour de l’Horloge - 5 rue de l’Horloge 03000 Moulins 43300 Langeac 7 avenue Cohalion 63200 Riom 63160 Billom 04 70 48 01 36 04 71 77 28 30 04 73 38 99 94 [email protected] [email protected] 04 73 79 00 45 [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected]

Pays de Saint-Flour Pays du Puy-en-Velay Pays d’Issoire Sandrine Daureil Géraldine Dabrigeon - Service PAH-Tourisme Val d’Allier Sud Communauté de Communes Hôtel Dieu Myriam Bayol Village d’entreprises - ZA Rozier-Coren 2 rue Becdelièvre Place du Postillon 15100 Saint-Flour 43000 Le Puy-en-Velay 63500 Issoire

04 71 60 56 88 04 71 07 00 00 04 73 55 90 48 [email protected] [email protected] m.bayol@ paysdissoirevaldalliersud.fr [email protected] [email protected] [email protected]