Des résistants à

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Des résistants à Louviers

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Date de mise en ligne : vendredi 23 juillet 2010

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Depuis 1941-1942, à Louviers, comme ailleurs, cohabitaient plusieurs représentants de mouvements et réseaux de Résistance différents : les groupes Front National d'André Martin, ceux de Leveau et de Mme Kuène le groupe Savoye affilié aux FFC les groupes Vengeance de Louviers-La Fringale (Henri Harmant) et d'-Carcouet (Maquis de Penette, chez les Lemarié) le groupe Albert, gendarme à Louviers le groupe Résistance de Drai-Eonin Alliance (secteur Ferme) autour des Miquel

Selon J. Papp (p. 59), le total des effectifs avoisinait à l'automne 1943 les 350 membres ; le groupe d'André Martin rassemblant environ 70 % des résistants de Louviers et de sa région immédiate. André Martin, fermier d'Ecrosville et maire de Montaure, travaillait depuis 1941 avec un groupe FN d'Elbeuf, c'est lui qui mit en rapport le responsable Agnias-"le grand Pierre" avec Francis Eonin en juin 1942 afin que ce dernier installe un groupe à Louviers. M. Fromentin, imprimeur à Louviers, réalisa les premiers numéros du journal du mouvement, Le Patriote de l'Eure. Les principaux organisateurs, Francis Eonin, Odette et André Kuène, Georges Abaziou, Chevalier, Margat et Serpette, recrutaient des cadres locaux dans les communes voisines, comme Mlle Basterreix à La Haye-Malherbe ou l'instituteur Lobin et l'abbé Duclos à Acquigny. Avant le mois de septembre 1943, cette organisation était forte de 250 résistants - composés surtout de réfractaires - répartis sur 7 communes (Louviers, Acquigny, La Haye-Malherbe, Surville, , La Vallée, ).

En octobre 1943, Francis Eonin se rallia au mouvement Résistance, mais des contacts furent maintenus avec André Martin resté au FN. De même la coopération continua entre les principaux chefs de Résistance, André Antoine de Pont de l'Arche et Georges Trumelet d'une part et Henri Harmant du mouvement Vengeance. Ils réussirent notamment à recueillir et exfiltrer 17 aviateurs alliés. Leurs actions concernaient aussi les réfractaires : un "comité anti-déportation" organisait la propagande contre le STO et la prise en charge des réfractaires ; 1500 fausses cartes d'identité, fabriquées pour la plupart chez Odette et André Kuène furent délivrées et 300 requis placés ; à Louviers même le groupe Labaziou camoufla 150 requis (J. Papp, p. 195). Des soldats de l'Amée rouge évadés furent pris en charge par le groupe Puissant de Louviers qui les cacha et assura leur ravaitaillement dans la forêt d'Ailly du 23 juillet 1944 à la Libération (J. Papp, p. 197).

Cette formation de Louviers fut presque entièrement démantelée par les arrestations de janvier 1944.

Dès le mois de septembre 1943, le commissaire de police de Louviers, Michel Arabeyre, avait par l'intermédiaire du brigadier Lécuyer prévenu plusieurs membres du FN, André Martin, Marcel Chevalier (facteur des PTT) et Georges Barbay (garde des Eaux et Forêts), qu'ils étaient surveillés par la Gestapo. Ils décidèrent d'entrer dans la clandestinité et A. Martin interdit à l'agent de liaison Jacques Saillard de retourner à Montaure, ce dernier sachant qu'il était recherché depuis le 11 novembre 1943 à la suite à l'arrestation de M. et Mme Désert à La Vallée.

Le sauvetage de 2 aviateurs américains le 31 décembre 1943, avec le concours notamment de Mme Martin et de M me Storck, amena la Gestapo de Rouen sur les lieux. A partir du 11 janvier 1944, plusieurs arrestations concernèrent les familles Martin et Storck, ainsi que trois réfractaires et Jacques Saillard qui avait passé la nuit dans le village. Si les Storck allaient être relâchés bientôt, les autres restèrent emprisonnés à Rouen, puis déportés pour la plupart. Mme Martin fut libérée après 4 mois de détention. Jacques Saillard ne put résister à la torture et livra plusieurs noms et informations. Jean Viard, secrétaire de mairie à Montaure, fut déporté ainsi que 2 réfractaires de la ferme Martin, Marcel Morel et Pierre Weill. Jacques Saillard lui même subit la déportation.

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La Gestapo frappa en outre dans trois directions : la filière de sauvetage Montaure--Beaumont-Le-Roger le commissaire de police de Louviers et le procureur de la République Stamm, qui seuls pouvaient avoir prévenu A. Martin l'organisation générale des mouvements clandestins dont Saillard connaissait plusieurs responsables grâce à ses missions d'agent de liaison du chef militaire départemental du mouvement Résistance, Georges Trumelet. Il aurait donné 84 noms de résistants à lui seul. G. Trumelet fut arrêté le 16 janvier, le 23 vint le tour d'Eonin, Harmant, Odette Kuène, Arabeyre, Stamm, etc. Tous furent déportés sauf Stamm abattu au camp de Compiègne. "Nous sommes arrêtés au moins 50, dont 45 furent déportés" écrit Fr. Eonin.

En mars 1944, une nouvelle vague d'arrestations intéresse notamment Emile Savoye à Louviers. La Résistance à Louviers est décapitée et complètement disloquée.

Cependant des militants comme André Martin, André Kuène, Lobin et l'abbé Duclos ont pu continuer le combat jusqu'à la Libération. Après le débarquement, Lobin reçut l'ordre de Koening de prendre le maquis dont le quartier général fut installé à la ferme des Veaugosses à Acquigny ; outre Lobin, le groupe était constitué d'un officier (Abaziou), d'un chef de renseignement (Roger d'Esneval), de 14 hommes de troupes et 3 assistants (la liste est donnée dans Papp, p. 271 et note 19 p. 291) ; ce maquis contrôlait trois routes importantes convergeant depuis Vernon, Pacy et Evreux.

Un résistant du FN, Lucien Renault, partit en Indre-et-Loire où il constitua à La Haye-Descartes un groupe avec des réfractaires de Louviers. De son côté, André Kuène, dont le femme disparut avec Mlle Ozeouf au camp de Ravensbrück, se rendit à Paris et se mit au service de Défense de la et des FFI, il revint à Louviers le 4 septembre 1944.

Informations extraites du livre de Julien PAPP, La Résistance dans l'Eure (1940-1944), Le Sapin d'Or, 1988 (surtout les pages 58 à 71). Des informations précises sur les arrestations du 11 janvier 1944 sont données par Patricia HOUEL-DESCHAMPS dans un article publié dans la Dépêche en 2004 (N°34, 19-25 août 2004, pages 26-27), il comprend également des éléments biographiques sur André Martin et Marie-Louise Burtin.

Informations complémentaires :

1) Francis Eonin (n°185.511)

Le 8 mai 1999, Louviers perpétuait le souvenir de Francis Eonin (185.511) par l'inauguration d'une plaque résumant son parcours.

Combattant de 1914, blessé et prisonnier en 1915, il tentera de s'évader à plusieurs reprises et sera interné au camp de travaux forcés d'Ora, à la frontière polonaise, jusqu'à la fin de la guerre. Rapatrié il reprend son travail aux PTT et, lorsqu'en 1939 la guerre éclate, il n'accepte pas la défaite et entre au Front National puis au Mouvement Résistance.

Arrêté le 25 janvier 1944, il connaît à nouveau les prisons et les camps. Libéré le 11 juin 1945, il sera élu conseiller municipal et réélu jusqu'en 1959. Dans les années 80, la ville reconnaissante et fière de son héros avait déjà donné son nom à une voie, celle donnant accès à la Résidence Olivier-de-Serre. Francis Eonin est décédé en 1975, à l'âge de 82 ans.

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27 AVRIL 1944 NOTRE MÉMOIRE Bulletin de l'Amicale des Déportés Tatoués du convoi du 27 avril 1944 Juin / Juillet 2005 - N°22 http://www.27avril44.org/telecharger/notre-memoire-n22.pdf

Il est également cité dans le n° de février 1996. Voir l'extrait dans le document joint.

2) Henri FROMENTIN, ancien maire de Louviers, fut également résistant et déporté. "Lycéen Ebroïcien qui à 18 ans, sur dénonciation, fut arrêté à Evreux, interné à Rouen puis déporté en Allemagne en 1943. Il revint en 1945 mais jamais je n'ai vraiment réussi à le faire parler de cette période très dure" indique Jean-Charles HOUEL dans un article consacré à H. FROMENTIN sur http://louviers-2008.blogspot.com/2008/04/la-petite-lumire-ne-steindra-pas.html

3) Le procureur STAMM est évoqué dans le journal DEFENSE DE LA FRANCE No 64 du 08/09/1944 avec ce titre : "ALBERT STAMM PROCUTEUR DE LOUVIERS ETAIT DEVENU FOU AVANT D'ETRE FUSILLE PAR RENE DUNAN" cf http://www.journaux-collection.com/fiche.php?id=159076 Il est cité avec d'autres magistrats victimes de la Gestapo ou de la milice dans un discours du 16 octobre 1944 : http://www.courdecassation.fr/institution_1/occasion_audiences_59/debut_annee_60/annees_1940_3335/octobre_1 944_10670.html?_Imp=1

4) Michel ARABEYRE Un article lui est consacré dans les Connaissance de l'Eure, n°144 (avril 2007, pages 20-21), par Etienne Lafond-Masurel, "Michel Arabeyre, commissaire de police de Louviers pendant l'Occupation"

Le 8 mai 2007, à Louviers, au square Albert 1er, à l'occasion de la cérémonie commémorative du 8 mai 1945, inauguration en présence du Sous-préfet et des personnalités de la plaque en mémoire du Commissaire de police Michel ARABEYRE mort en déportation.

5) Etienne LAFOND-MASUREL

Informations extraites de : http://www.memoresist.org/spip.php?page=oublionspas_detail&id=1364

Son action dans la Résistance :

Entré dès 1942 dans la Résistance, à Louviers, il sert avec son oncle à l'antenne locale (secteur "Ferme") du Réseau "Alliance" de la France Combattante. Il participe à des parachutages, au transport et au stockage d'armes, à des opérations de renseignement, à des liaisons radio et au convoyage et à l'hébergement d'agents alliés

Arrêté le 12 juillet 1944 par la Gestapo, incarcéré à la prison d'Évreux, puis à Fresnes, avant d'être déporté le 15 août aux camps de concentration de Buchenwald, de Dora et d'Ellrich.

Décorations : Croix de Guerre avec palme Chevalier de la Légion d'Honneur en 1961 et Officier en 1972, Commandeur en 1998.

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Auteur de la fiche : Marc Fineltin

Source : Annuaire 1999 de l'Union Départementale des Hauts de Seine de la Confédération Nationale des Combattants Volontaires de la Résistance

Etienne LAFOND-MASUREL a rédigé dès 1945, alors qu'il était encore en Allemagne, un témoignage intitulé "Survie - Dora Ellrich" ; les deux éditions - la première aux éditions J. Drai à Louviers (1945) et la seconde chez "Presse d'aujourd'hui" (1993) - sont épuisées. Deux articles de M. E. LAFOND-MASUREL ont été publiés dans la revue "Connaissance de l'Eure" : "Le réseau Alliance à Louviers (1942-1944)" (n° 93, juillet 1994, pages 8-13) et "La nébuleuse du dévouement, témoignage lovérien d'Etienne Lafond-Masurel" (n° 120, avril 2001, pages 26-27).

6) Florent GOUPIL de Montaure

Un site évoque son parcours durant la guerre. Il fut membre des FFI et de Front National : http://www.histoire-genealogie.com/...

7) Jean Leloup réfractaire au STO évoque dans son ouvrage les combats qui eurent lieu à Montaure de 1939 à 1945. Son témoignage commence en 1940 et se termine avec les combats dans les départements de l'Eure et de la Seine inférieures qui se poursuivent jusqu'au 24 août 1945. J. Leloup présente l'évolution des évènements de la Libération et les différentes étapes du côté des partisans et des troupes ennemies. La sanglante bataille de la Seine, Leloup Jean, éd. Humusaire, parution le 16/05/2003, 153 p. ; 21 x 14 cm, ISBN : 2-913982-52-2

8) Dans le document joint, un exemple de prise en charge d'aviateurs alliés par des habitants de Saint Didier des Bois évoqué dans un article rédigé par Joël Baude, maire de Saint Didier des Bois, sur la base d'articles de journaux et sur la foi des souvenirs fiables et encore très présents d'une habitante de St Didier des Bois témoin des événements : http://www.saint-didier-des-bois.com/pa_histoire.html

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