Evolution Historique Des Anciens Étangs
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Evolution historique des anciens étangs L’analyse d’archives anciennes, le recueil de témoignages et des visites in situ ont permis de recenser les aménagements réalisés par l’homme depuis le 15e siècle pour faire face aux inondations. Ils montrent comment l’action conjuguée de l’homme et de la nature a dessiné le nouveau visage des anciens étangs. 5 communes principales : Saze, Rochefort, Un territoire Tavel, Pujaut et Sauveterre à l’aval sous contraintes Bassin versant : 80 km2 Inscrits dans un bassin versant sans exutoire dit endoréique, Contre-canal + fl euve les étangs de Saze, Rochefort et Pujaut forment des cuvettes 3 anciens étangs classés zones humides tectoniques en cascade, aux sols argilo-marneux. Ils sont 2 tunnels orientés sud ouest nord est, s’étendent sur 15 km de long 1 cours d’eau : le Malaven et 4,5 km de large et totalisent une capacité de stockage de plus de 14 millions de m3. Depuis leur assèchement, les Les étangsétangs avant étangs peuvent être “vidangés” vers le Rhône. Toutefois la assèchementassèchement faible capacité des exutoires posent, encore aujourd’hui, des diffi cultés d’évacuation et des problèmes d’inondation lors des événements pluvieux importants. Une démographie galopante Jusqu’en 1945, la population augmente modérément avant d’exploser littéralement, ces 60 dernières années (+85% de population en moyenne entre 1968 et 1999). Sur le bassin des anciens étangs, cette croissance est particulièrement forte, notamment à Rochefort-du-Gard (hausse de 540 % entre 68 et 99) et à Saze (184 %). La zone est essentiellement rurale avec une activité économique centrée sur l’agriculture où la vigne est dominante. Le poids des infrastructures Le maillage du territoire par un réseau dense de voies de communication, routières (A9 et réseau secondaire) et ferroviaires (TGV), bien que favorable au dynamisme du territoire, intervient de façon non négligeable sur les réseaux hydrauliques : imperméabilisation des sols, impacts sur les aménagements et cours d’eau, etc. Les étangs : un cas particulier Pour des raisons de salubrité et garantir de meilleurs revenus aux communautés propriétaires, les anciens étangs du Gard rhodanien ont été asséchés à la fi n du 16e siècle et début du 17e siècle. Une décision qui, par les moyens mis en œuvre (creusement de roubines et tunnels), a renforcé la problématique de la maîtrise des cours d’eau, d’hier jusqu’à aujourd’hui. L’assèchement au 17e siècle Le chantier débute en 1586 sur la base d’un accord passé entre les consuls de Rochefort, propriétaires, et Hugues Pelletier, ingénieur. Ce dernier obtient, pour paiement, le quart des terres découvert. Les travaux durent jusqu’en 1612 (assèchement du dernier étang : Pujaut), après plusieurs interruptions et la re- prise du chantier par Claude de Montconis, en 1603. Le projet ne se fait pas sans mal. L’assèchement nécessite de creuser des roubines (canal d’irrigation et d’assainissement), “valats” (fossés) et tunnels, pour évacuer les eaux vers le Rhône. Un réseau qui nécessite un entretien permanent et n’empêche pas toujours les eaux de refl uer dans l’étang, comme l’histoire le montre. Les étangs après assèchement Une problématique ancienne Depuis longtemps, les autorités locales et nationales luttent contre les inondations, particulièrement sous le règne de Louis XIV qui souhaitait avoir des provinces aux routes en bon état et aux cours d’eau maîtrisés, pour favoriser la subsistance des troupes et les échanges à travers le pays. Au fi l des siècles, de nombreuses lois encadrent cette question : 1662 Ordonnance du parlement sur l’entretien des ruisseaux, canaux, roubines, etc. 1774 Ordonnance sur la “défense et l’entretien des terres contre le Rhône” 1790, 1798 et 1898 Obligation de curage des cours d’eau et fossés Plan géométral de l’étang désséché de Pujaut, 1798 et 1803 Lois sur les associations de propriétaires 1725 ? AM Villeneuve-lès-Avignon, II 5/50 et les associations syndicales 1858 (Napoléon III) : loi sur la protection les villes des inondations 1982 Plan des surfaces submersibles 1992 Loi sur l’eau 2000 Plan de prévention des risques inondation 2006 Directive européenne sur l’eau Ces textes donnent lieu à des travaux d’aménagement et d’entretien, supportés par les propriétaires, locataires ou gestionnaires des terrains concernés : murailles, pallières (épis), martellières, roubines, Edit de Henri IV tunnels, digues, curage des fossés, Emis le 8 avril 1599, il semble être le texte réparations, etc. légal de référence sur le dessèchement Mais face à l’ampleur de la tâche et malgré des marais. Il pose le principe du partage la mobilisation d’importants moyens, l’en- par moitié des sols desséchés, entre les propriétaires et l’entrepreneur. tretien des réseaux est inégal, favorisant les débordements. Principales inondations L’étude recense 78 épisodes d’inondation Des inondations à répétition sur le Gard rhodanien (en 5 siècles). Depuis leur assèchement, les anciens étangs sont marqués 29 concernent le système des anciens étangs par les inondations. Les archives comme la mémoire collective dont 16 causés par les débordements du vivante en témoignent. Ainsi, ce document qui évoque, sur Rhône. Les inondations les plus marquantes sont celles de 1856, 1910, 1958 et 2002. la commune de Rochefort, les semences perdues à 90 % par inondations de 1731 ou encore cette plainte d’un producteur de feutre après la crue de 1790 : “Et le dit cas fortuis au versement des eaux de la robine qui submergeant et noyant les récoltes exposent le propriétaire à réensemencer jusqu’à trois fois et (…) sont devenues pour lui un objet en pure perte.” L’ingénieur des ponts et chaussées souligne que “les pluies d’hiver (1927-1928) n’ont pu être évacuées normalement par les roubines existantes, les inondations ont causé la perte des récoltes sur plus de trois cents hectares, les dépenses d’exploitation agricole sont très élevées et ne peuvent être répétées sur les terrains exposés chaque année aux inondations, le syndicat a déjà demandé l’étude d’un projet défi nitif d’assainissement du territoire de Pujaut.” Au fi l des siècles, les inondations impactent régu- lièrement le bassin des anciens étangs, longtemps Inondations à Pujaut, 2 décembre 2003. après leur assèchement. Elles sont la cause de dom- mages importants pour l’économie locale mais également Au fi l des siècles, sur les biens et les personnes, compte tenu de la croissance démographique de ces dernières années. les inondations impactent régulièrement le bassin des anciens étangs, longtemps La retenue du Planas, zone humide, après leur assèchement. mai 2012. Ancienne martelière La retenue du Planas Lors de l’assèchement, une zone de régulation des eaux amont est aménagée, entre les étangs de Rochefort et Pujaut, avant leur passage dans les roubines de dessèchement et leur acheminement jusqu’au Rhône. Cette zone placée entre la carène et la grande chaussée est renforcée par une digue dont la martellière a été réaménagée lors des travaux du TGV. Elle couvre des terres sans valeur Sortie des tunnels du Grès et de l’étang appelées hermès. C’est la retenue du Planas. dans la roubine du Four, mai 2012. Les moulins Les eff ets de l’assèchement On connaît l’existence d’un moulin dès le 16e siècle. Malgré les contrats, le partage des terres est marqué par Puis les constructions se succèdent jusqu’à la fi n du 19e. On assiste alors à un fort développement de plusieurs contentieux qui se prolongent jusqu’en 1837 ! l’activité de meunerie, jusqu’à compter 17 moulins. Le réseau des roubines est fragile et rend les étangs Ils servent à la fabrication de farine, huile d’olive, vulnérables aux inondations. Les propriétaires doivent huiles diverses (graines de luzerne, huiles à savon, etc.) sans cesse faire de nouveaux aménagements, réparer les digues et curer les fossés. Les dettes s’accumulent. Une terre valorisée En parallèle, dès le 17e siècle, les terres reprises à l’eau sont cultivées ou enherbées. Quelques construc- tions sont réalisées (fermes des Chartreux : Saint- Bruno, Saint-Hugues et Saint-Anthelme) aux abords de l’ancien étang de Pujaut mais les risques d’inon- dations, connus dès cette époque, limitent l’implan- tation humaine. Plusieurs autorisations de prise d’eau sont en re- vanche accordées par les propriétaires de terres, au 19e siècle, pour l’irrigation et l’implantation de moulins. Aujourd’hui, cette zone abrite plusieurs activités : viticulture, céréales, vergers, maraîchage, aérodrome... La ressource en eau aujourd’hui Plan géométral d’une partie du cours de la rivière (...) Emplacement d’un moulin à blé (du) sieur chiron fi ls, Du 16e au 21e siècle, la zone de gestion du Syndicat 19 février 1819, Ad Gard, 7 s 484 mixte a été fortement transformée, et plus encore le bassin des anciens étangs. Le maillage hydrologique du territoire, le développement démographique et la pression foncière qu’elle suppose, la construction de grandes infrastructures ont fragilisé une zone qui était déjà soumise à des débordements épisodiques du Rhône et du Malaven, vécus de tous temps. Cette situation, plus que jamais, nécessite une gestion collective des risques qui passe par l’entretien des cours d’eau, un aménagement de l’espace raisonné et la pré- servation de la ressource en eau. Plants de vigne le long de la roubine de Saint-Bruno, avril 2012. Etonnante biodiversité Outarde canepetiere Sur le secteur des anciens étangs, aux abords de l’aérodrome Pujaut- (Eclectis-Faune de France) Avignon spécifi quement, l’interventionnisme de l’homme a conduit, paradoxalement, à créer une zone propice à la faunene terrestre et avicole. 98 espèces d’oiseaux y ont été recensées. Le bassin du Planas, chargé de retenir les eaux excédentaires,édentaires, se révèle également un vrai biotope du milieu humide.mide. Il abrite des espèces rares d’oiseaux (coucou geai), orcorchidées,hidées, Coucou geai plantes, insectes, papillons, etc.