BARRAGE DE VILLAUMUR DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES

BRETAGNE Ille-et-Vilaine 1992-1993 SERVICE RÉGIONAL DE L'ARCHÉOLOGIE

Rapport de diagnostic archéologique

L. Beuchet Finistère

avec la collaboration de (0 N. Lemeur et G. Le Cloirec g Cultur

CONSEIL GENERAL D'ILLE ET VILAINE A.F.A.N. SOMMAIRE

I - Introduction Page 1

1.1 - Présentation générale du projet Page 1

1.2 - Géologie et topographie Page 2

1.3 - Cadre de l'intervention Page 3

II - Etude documentaire Page 4

II. 1 - Dépouillement bibliographique Page 4

11.3 - Cadastres anciens Page 6

II. 3 - Vérifications sur le terrain Page 7

11.4 - Prospection au sol Page 7

11.5 - Etudes géotechniques Page 8

II. 6 - Conclusions de l'étude documentaire Page 9

III - Les sondages mécaniques Page 10

in. 1 - Problématique et méthode Page 10

m 2 - Contraintes Page 11

III. 3 - Résultats Page 11

III.3.1 - Synthèse générale Page 11

III.3 .2 - Voie d'accès et parking Page 13

LTI.3.3 - Villaumur Page 14

111.3.4 - Heulé Page 14

111.3.5 - Gazon Page 15

111.3.6 - Le Mesnil Page 16

m.3.7 - Fiat de Rabaud Page 16

IV - Conclusion de l'étude Page 18 I - INTRODUCTION

1.1 - Présentation générale du projet :

Le barrage de Villaumur, dont la mise en eau est prévue fin 1994, est situé sur le cours d'eau La Cantache à l'ouest de Vitré. Quatre communes sont directement concernées par le projet (fig. 1):

- Champeaux,

- Landavran,

- Montreuil-sous-Pérouse,

- Pocé-les-Bois.

Prévu depuis 1972, cet ouvrage s'inscrit dans le Programme d'Aménagement Intégré du Bassin de la Haute Vilaine, dont le principe repose sur un triple objectif :

- Soutenir les débits d'étiage et améliorer la qualité des eaux de la Vilaine,

- Constituer des réserves pour l'alimentation en eau potable des populations et l'approvisionnement des activités économiques, agricoles et industrielles,

- Laminer les crues, et par conséquent protéger les populations aval.

Ce n'est cependant qu'en octobre 1989 que le Conseil Général d'Ille-et-Vilaine a pris la décision de la construction sur le cours d'eau La Cantache, du troisième barrage venant renforcer l'aménagement du bassin de la Haute Vilaine, après la mise en eau en 1978 du barrage de la Valière, et celle, en 1982, du barrage de la Chapelle-Erbrée.

Le projet présente les caractéristiques suivantes :

- Niveau du plan d'eau :61m N.G.F. les Vauronmers Jj FIG. I : Cartes I.G.N. n° 1318

,uy V. la Roche >^ est et ouest Echelle 1/25 OOOè «èJfrEn'clit™ VillauVi, LOCALISATION DU PROJET ^Jt Brasse

iteWr i " 'L- ïF la CorrJioiinaie 7/ CONTEXTE ARCHEOLOGIQUE - ,06*r=.|aUuvekiis ta Basse Piesse rVfl- - \ Je-Roqher ' Poîlane la Faucillonnais la Croix du Feu p flneô ni

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f\s Marinais ) r'EgailtariB'ffiinJlo'ri. VU Jes,Hamelinais + Chapafc •HL^Sne de Pérouss, .Mondaule i Tachetais Ç £t le Breil Mare ' Fourrée ryoutay > 0^ 7* /la Pellerinais\ N'a Starrjière , la Chenneyierea

les Robaneries/ la Gouesnelais

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3 .'GiaDassonj._' 'l^ Clerheu raugcruys ^1 la Motte •• Ne Chemin/1 -—|>Rr> la Chevalerie LleBaV Chalet \ la Chesnaliéreï. jfg y/ >^^a Grange Wja.Gravelie 5 >7 . If Petite ! Mesnil Chapelle St-Armei K&pWjg le Petit Chalet H f la Mél'rnais les Ormgaux- »" Fei \t/> /.v Rivière la Billonnière le Feu i t !a,Guetpinaisj s Jeuveries ° le,Bois ^ aj MaisonrtetteX^lllj lamb«rt-»V / J fj~ ,au Comte .. ' * Je Haut;Chalet [ - . fcTrutooine^^A^ | le Tilleul Mua . i la Haute Tétarrji'èrB* '°3' ''JX|S«j» 1 r •l—^ *r-_L . li1 «S» Bel-Air la Basse" [la^etîte Grange^-^^^ fc 1 104^- • Têtatdjèr'e I // Tf Mon Idée

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- Capacité : 7 M m3

- Surface : 186 ha - Profondeur maximale : 9,8 m

- Longueur de la digue : 153 m - Hauteur :10 m environ au dessus du terrain naturel

- Largeur : 12 m à la base

1.2 - Géologie et topographie :

Une étude géologique préliminaire a été réalisée par le B.R.G.M. en 1990. Elle a abouti à la réalisation d'une carte géologique fine sur l'ensemble du projet. Nous avons extrait les informations suivantes du rapport consécutif à cette étude.

La portion de vallée de la Cantache constituant le bassin de retenue d'eau s'étend entre le verrou de Villaumur - entre les communes de Champeaux et de Pocé-les-Bois - en aval et le croisement de la D 305 et de la voie S.N.C.F. au nord de Gérard - sur la commune de Montreuil-sous-Pérouse - en amont.

La retenue est divisée en deux parties très distinctes du fait de la topographie. Au nord de la D 29, elle occupe aux trois-quarts une large zone déprimée, creusée dans des schistes briovériens altérés. Au sud, le sommet de cette dépression triangulaire correspond à la cluse de Rabaud. Les versants est et ouest de cette dépression sont faiblement pentés, celui du nord est un peu plus redressé.

Au sud de la D 29, la vallée étroite recoupe un système de collines d'axe ONO - ESE formées d'une alternance de grès (formation de Saint-Germain en majorité) et de schistes ardoisiers (formations du Val et d'Andouillé).

Dans la dépression et la vallée, des formations superficielles quaternaires recouvrent le substratum primaire. Il s'agit de colluvions de bas de pente et de fond de vallon, auxquels s'ajoutent des alluvions dans la dépression uniquement. 3

1.3 - Cadre de l'intervention :

Le Service Régional de l'Archéologie a été consulté lors de l'étude préalable à la déclaration d'utilité publique. Bien qu'un seul site connu soit répertorié dans l'emprise même du projet, le contexte archéologique se révèle particulièrement dense aux environs de la future retenue (Cf II. 1). C'est la raison pour laquelle il a été demandé la réalisation d'un dagnostic archéologique préalable sur les zones touchées par les travaux.

La réalisation de cette étude a été confiée par le Conseil Général d'Ille-et-Vilaine, maître d'ouvrage du projet, à l'Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales (A.F.A.N.), sous la responsabilité scientifique du Service Régional de l'Archéologie. Elle s'est déroulée dans un délai de quatre mois, à partir du 1er décembre 1992, répartis en trois phases :

- Etude documentaire, prospection au sol, préparation de la campagne de sondages,

- Sondages d'évaluation,

- synthèse des résultats et rédaction du présent rapport.

Elle a été menée à bien grâce au recrutement par l'AFA.N. d'une équipe de trois archéologues, composée de :

- Laurent BEUCHET, responsable d'opération

- Nelly LE MEUR, chargée d'étude

- Gaétan LE CLOIREC, Archéologue Fouilleur Qualifié 4

II - ETUDE DOCUMENTAIRE

n.l - Dépouillement bibliographique :

Le premier travail de l'étude documentaire a consisté en la consultation de la "Carte Archéologique", base documentaire informatisée du Service Régional de l'Archéologie. Cette première approche, à travers les treize sites reportés sur la figure 1 a été complétée par le dépouillement le plus exhaustif possible de la bibliographie disponible sur les quatre communes concernées (Cf bibliographie en annexe). Cette étude a permis de mettre en évidence un contexte archéologique riche autour du projet. Un seul site avéré est cependant apparu dans l'emprise du barrage.

1 - Landavran, Le Cléray. Menhir en quartzite (détruit), hauteur = 3,90 m. Décrit dans plusieurs inventaires (Collin 1932 p. 26, Henry 1971). Site N° 35 141 002 AP.

2 - Landavran, Le Haut Landavran. Vestiges de constructions médiévales (Brand'honneur 1988, p. 112). Site N° 35 141 003 AH. 3 - Champeaux, LEpinay. Enclos à fossés détecté par A. Provost (photo fig.2) et céramique de l'Age du Bronze récoltée par G. Leroux (Ceraal987, fig.3). Site N° 35 052 002 AP.

4 - Champeaux, LEpinay. Château médiéval (Brand'honneur 1988). Site N° 35 052 001 AH. 5 - Champeaux, Le Mesnil. Enclos à fossés détecté par G. Leroux, éclats de silex et céramique Néolithique récoltés par la même personne (photo fig.4). Site N° 35 052 003 AP.

6 - Champeaux, Les Hautes Vallées. Menhir en quartzite, hauteur = 4 m environ, cité dans plusieurs inventaires (Orain 1882 p. 272, 5

Bézier 1888 p. 123, Banéat 1927 T. I p. 310, Collin 1932 p. 27, Gilbert 1964 p. 106 - photo fig.5). Site N° 35 052 001 AP. 7 - Champeaux, Villensault. Outillage Néolithique récolté par G. Leroux (Ceraa 1987, fig.6). Site N° 35 052 003 AP.

8 - Pocé-les-Bois, Villaumur. Menhir déplacé, en schiste et quartzite (Henry 1971). Site N° 35 229 002 AP.

9 - Pocé-les-Bois, La Gaulairie. Enclos à fossés détecté par A. Provost (photo fig.7) Un dépôt de 20 haches à talon en bronze aurait été découvert dans les environs immédiats (BSATV 1889 p. XXVI, Banéat 1927 p. 143). Site N° 35 229 002 AH.

10- Pocé-les-Bois, La Roussière. Enclos à fossé détecté par A. Provost (photo fig.8). Site N° 35 229 003 AH.

11- Pocé-les-Bois, Le Bois Jean. Enclos à fossés détecté par A. Provost (photo fig.9). Site N° 35 229 001 AH.

12- Pocé-les-Bois, Le Gué de Prunelle. Menhir dit "La Pierre Blanche", en quartz, hauteur -4m environ, décrit dans de nombreux inventaires (Bézier 1888 p. 125, Collin 1932 p. 28, Gilbert 1964 p. 106 - photo fig. 10) Site n° 35 229 001 AP.

13- Pocé-les-Bois, Chapelle Saint Julien. Nombreuses sépultures en coffres de schiste du Haut Moyen Age (Orain 1882 p. 295). SiteN°35 229 004 AH.

La majeure partie des sites connus à ce jour sont donc attribuables aux périodes préhistoriques et protohistoriques (menhirs, enclos d'habitat néolithiques, de l'Age du Bronze et de l'Age du Fer). Aucune trace d'occupation gallo-romaine n'a été signalée à ce jour.

Seulement deux sites médiévaux sont attestés, ce qui peut paraître étonnant, vu la proximité de la ville et du château de Vitré, siège d'une baronnie importante durant tout le Moyen Age. Signalons toutefois que la commune de Pocé-les-Bois apparaît dans les textes dès 1157 sous la forme "Poceium". Celle de Landavran est citée au Xlè siècle sous la forme "Landavrena" (Crest de Villeneuve 1847 pp. 249-251).

Ajoutons les mentions d'une motte castrale au "manoir de la Motte" en 1448 (Banéat 1927, T. I, p. 307), du "manoir de Gérard" en 1448 (Banéat 1927 T. II, p. 477). De même, le "manoir de Gazon" est mentionné dès 1380 (Banéat 1927 T. III, p. 143).

Fig. 6 : CHAMPEAUX - Villensault - talon de hache polie

Fig. 7 : POCE LES BOIS - La Gaulairie - Cl. A. PROVOST

j

Fig. 10 : La Pierre Blanche - Cl. L. BEUCHET 6

II.2 - Cadastres anciens :

Parallèlement au dépouillement bibliographique a été réalisée l'étude systématique des cadastres anciens des secteurs concernés par le projet. Ces cadastres, levés au début du XlXè siècle, sont conservés aux Archives Départementales d'Ille-et-Vilaine (série 3P). Deux axes de recherche ont été développés :

- Les plans parcellaires donnent un état de l'organisation du paysage avant les grandes restructurations liées à la mécanisation de l'agriculture. Cette organisation, héritée de plusieurs millénaires d'occupation et de mise en valeur des terres, garde parfois la mémoire d'installations ou d'habitats anciens (enceintes, fortifications, etc.)

- L'enregistrement dans les matrices cadastrales de chaque parcelle sous un nom propre permet une étude micro toponymique. Ces noms ont en effet souvent été attribués en fonction d'une caractéristique du terrain ou d'une utilisation particulière de la parcelle, trahissant parfois là aussi d'anciennes occupations humaines que rien ne permet plus de déceler par ailleurs.

Ainsi ont été localisés un moulin à eau à Rabaud, ainsi que le bâtiment d'exploitation du moulin de Roux (commune de Champeaux), aujourd'hui détruits (plan fig. 11 et 12).

A Heulé (commune de Pocé-les-Bois), la parcelle 128 porte le nom de "Champ de la Pierre" (plan fig. 13). Cette indication est corroborée par la tradition locale d'anciens menhirs dans cette parcelle (indication de l'exploitant).

Dans ce même lieu-dit, la parcelle 132 dite "la Lande Rouge" pourrait tenir son nom de la présence de tuiles ou de céramiques en nombre important dans les labours.

On peut retenir la même hypothèse pour les parcelles 263 et 264 au lieu-dit Le Haut Montlévrier (commune de Montreuil-sous-Pérouse) dénommées "le Champ Rouge" (plan fig. 14)

A proximité du manoir de Gazon (commune de Pocé-les-Bois), les parcelles 164 et 165 portent les noms respectifs de "la Chaussée" et "le Vivier", témoins d'anciennes installations piscicoles (plan fig. 15).

En revanche, rien ne vient confirmer, ni dans l'organisation parcellaire ni dans la toponymie, la présence ancienne de fortifications médiévales au lieu-dit "La Motte" (commune de Champeaux). FIG. 11

CHAMPEAUX Section B, 2e feuille (Cadastre de 1813) 1 Echelle 1/2500è 0 100m FIG. 12

CHAMPEAUX Section C, 1ère et 2è feuilles (Cadastre de 1813) Echelle 1/2500è

100 m FIG. 13

POCE-LES-BOIS Section A, 1ère feuille (Cadastre de 1823} Echelle 1/2500è 100 m FIG. 14

MONTREUIL-SOUS-PEROUSE Section D, 2è feuille (Cadastre de 1813) Echelle 1/2500è

0 100 m FIG. 15

MONTREUIL-SOUS-PEROUSE Section D, 2è feuille (Cadastre de 1813) Echelle 1/2500è

POCE-LES-BOIS Section A, 1ère et 2è feuilles (Cadastre de 1823) Echelle 1/2500è 0 100 m 7

II.3 - Vérifications sur le terrain :

Chaque indice révélé par l'étude documentaire a fait l'objet de vérifications sur le terrain. Celles-ci venant confirmer ou infirmer la présence détectable de vestiges.

Ainsi au lieu-dit "La Motte", si la topographie est favorable à l'installation d'une motte castrale (site d'éperon commandant le passage entre deux vallées) aucun indice n'est visible aujourd'hui. La présence d'une carrière d'ardoises et de bâtiments d'exploitation agricole modernes ont totalement bouleversé l'organisation du lieu.

Au lieu-dit "Le Gazon", la parcelle dénommée "la Chaussée" sur le cadastre ancien (Cf ci-dessus) correspond à une levée de terre qui, bien qu'atténuée, reste visible sur le terrain, barrant la vallée en aval du manoir (photo fig. 16).

A l'ouest du lieu-dit "Heulé", les parcelles 103 et 104 conservent dans leur topographie la trace d'un ancien chemin, bombé et bordé de fossés (photo fig. 17). Ce chemin, situé sur la rive gauche de la Cantache, se dirige vers le village du Tertre, situé sur la rive droite. Il correspond très probablement à un ancien passage à gué du cours d'eau.

n.4 - Prospection au sol

Ces vérifications ont été effectuées conjointement à une campagne de prospection au sol. Cette méthode de détection de sites archéologiques est basée sur la présence éventuelle dans les labours de vestiges anthropiques (céramique, outillage lithique, débris de constructions, etc.) remontés par la charrue. L'application de cette méthode étant intimement liée à l'occupation des sols, la prépondérance des prairies permanentes dans les secteurs visés par l'étude a réduit d'autant les possibilités de détection.

Ainsi, les parcelles dénommées "Les Champs Rouges" et "La Lande Rouge" (Cf. ci- dessus) n'ont pu être prospectées. La prospection au sol s'est par ailleurs avérée fort décevante, livrant tout au plus quelques fragments épars de céramique médiévale et/ou post-médiévale, résultant probablement de l'épandage de fumiers.

Plus intéressants ont été les témoignages oraux récoltés auprès des agriculteurs, concernant essentiellement le site de Villaumur. En effet, la présence d'un menhir, attesté par la bibliographie (Cf. El) a été confirmée par l'exploitant de la parcelle dans lequel il se trouvait encore il y a environ une vingtaine d'années, avant d'être abattu et enfouis lors du remblaiement d'un chemin creux. Ces indications ont permis d'exhumer ce mégalithe lors de la campagne de sondages (CfIII.3.3). Fig. 16 : GAZON - Chaussée et vivier - Cl. L. BEUCHET Fig. 17 : HEULE - Ancien Chemin - Cl. L. BEUCHET 8

D'autres témoignages, nombreux, ont attesté la présence autrefois dans la parcelle dite "Le Champ de la Pierre" près de Heulé (Cf. ci-dessus), de plusieurs menhirs. Personne ne se souvient cependant avoir vu lui-même ces monuments, sans doute détruits depuis longtemps.

n.5 - Etudes géotechniques

Les rapports des études géotechniques, réalisées par le C.E.B.T.P, nous ont été transmis par le maître d'ouvrage. Ces études ont consisté en trois campagnes de sondages sur l'emprise des divers ouvrages ainsi que sur les secteurs susceptibles de livrer les matériaux argileux en vue de l'édification des digues et aménagements annexes.

Ces matériaux d'emprunt correspondent à des formations superficielles quaternaires (Cf. 1.2) pouvant renfermer des phases d'occupations anciennes correspondant aux périodes glaciaires et postglaciaires.

L'examen de ces rapports n'a pas permis de détecter de traces d'occupation humaine. Cependant, la présence de bois a été signalée à plusieurs endroits :

- Au droit du barrage principal, dans les sondages à la pelle S.V. 8 et S.V. 9, à 3 m environ sous le terrain naturel, respectivement dans des niveaux de grave argileuse et de vase sableuse.

Cette présence a été confirmée par l'examen des matériaux prélevés par carottage, toujours au droit de la digue de Villaumur. Nous avons pu recueillir dans le carottage S.C.V. 2 des fragments de bois ainsi que des noisettes, conservés dans un niveau très organique (de couleur très brune à gris-noir) situé entre 3 m et 3,5 m sous le niveau du sol actuel.

- En bordure de la Cantache, des débris végétaux ont été rencontrés dans le sondage à la pelle S. 52, dans un niveau de sables argileux gris-noir compris entre 1,6 et 2,3 m de profondeur.

Aucune indication n'a cependant été notée sur une éventuelle organisation de ces dépôts organiques. Fig. 18 : MOULIN DE ROUX - Ecurie et habitation - Cl. L. BEUCHET Fig. 19 : MOULIN DE ROUX - Le Bief - Cl. L. BEUCHET II.6 - Conclusions de l'étude documentaire

Au terme de l'étude documentaire, un certain nombre de secteurs présentant des risques de présence de vestiges archéologiques peuvent donc être définis : - A Villaumur, présence attestée d'un menhir.

- A Heulé, présence possible de menhirs et d'habitats anciens ; ancien chemin fossilisé.

- A Gazon, présence d'un ancien vivier, non daté.

- Au Haut Montlévrier, présence possible d'habitat ancien.

- Sur l'ensemble de la vallée, présence possible d'occupations humaines dans les formations superficielles.

Signalons enfin que l'étude architecturale du Moulin de Roux par le service de l'Inventaire Général, dont la possibilité avait été évoquée dès le début de notre étude, n'a finalement pas été jugée nécessaire. Un simple archivage photographique a été effectué par nos soins (photos fig. 18 et 19)

10

m - LES SONDAGES MECANIQUES

III. 1 - Problématique et méthode

Seconde phase du dagnostic, et faisant suite à l'étude documentaire, une évaluation archéologique approfondie a été réalisée, systématiquement et exclusivement sur les zones concernées par des travaux touchant le sous-sol :

- Voie d'accès au barrage principal et parkings,

- Barrage principal, fondé dans le rocher fracturé, à une profondeur d'environ 4 m,

- Chemin de desserte créé autour de la retenue, entre les cotes 62 et 63 m N.G.F., réalisé par décapage, reprofilage et gravillonnage, et bordé côté aval d'un fossé latéral.

- Zone d'emprunt des matériaux argileux.

Ces sondages ont été réalisés sous la forme de tranchées discontinues (longueur 15 à 20 m) ouvertes à la pelle mécanique. Le caractère ponctuel intrinsèque à ce mode de reconnaissance, souvent décrié, a été le plus possible atténué par une répartition des tranchées visant à couvrir un maximum d'espace. D'autre part, la présence d'indices, qu'ils aient été révélés par l'étude documentaire ou mis au jour par les sondages eux-mêmes, ont dans certains cas commandé la multiplication des tranchées ou leur extension.

L'emprise exacte des différents ouvrages et aménagements n'étant pas, lors de l'intervention, implantée sur le terrain, nous avons situé nos sondages au mieux, d'après les plans fournis par le maître d'ouvrage. Quelques décalages, peu importants, pourront être observés entre l'emprise des travaux et la position de certaines tranchées.

Ces sondages ont été effectués durant les mois de janvier et février 1993. Aussi, en raison de la saison et de la nature des terrains à étudier, parfois très humides, nous avons préféré la pelle sur chenille au tracto-pelle employé habituellement pour ce genre d'opération. L'engin utilisé (une pelle Lieberr 912) était muni d'un godet de curage sans dents d'une largeur de 2 m. Cette largeur, plus importante que d'ordinaire, s'est avérée intéressante pour la détermination de l'orientation des fossés mis au jour. Fig. 21 : Inondations 11/01/93 -Cl. L. BEUCHET 11

EQT.2 - Contraintes

L'ensemble des zones touchées par les travaux n'a pu être étudié. D'une part, certains secteurs, de par leur topographie (pentes abruptes) ou en raison d'une humidité trop importante, se sont montrés trop difficilement accessibles à l'engin. D'autre part, le maître d'ouvrage n'ayant pas la maîtrise foncière de l'ensemble des terrains, certains exploitants nous ont refusé l'entrée à quelques terrains, en raison dans la majorité des cas de mises en cultures, et ce malgré l'indemnisation intégrale et systématique des dégâts causés par les travaux de sondage.

Cette non-maîtrise des terrains n'a pas été sans incidence sur l'organisation du travail. Chaque intervention a en effet été précédée de la signature d'une convention entre l'exploitant, le maître d'ouvrage et nous-mêmes, précédée d'un état des lieux avant travaux. Un second état des lieux a été systématiquement effectué après travaux, en vue d'évaluer les dégâts causés par les sondages, et de permettre la mise en place d'indemnisations, calculées d'après le barème fourni par la Chambre de l'Agriculture.

Signalons également que l'emplacement des deux digues secondaires n'a pas été étudié en raison du peu de risques entraîné par les travaux (rehaussement des remblais existant actuellement). Notons enfin que la queue de retenue (en amont de la D 794), entièrement recreusée, n'a pu être étudiée. Le principe d'une intervention ultérieure a été soumis au maître d'ouvrage.

m.3 - Résultats

III. 3.1 - Synthèse générale

L'opération de sondages peut être décomposée en plusieurs phases distinctes :

- Voie d'accès au barrage : cette voie, implantée au bord même de la rivière, en fond de vallée, a été sondée à ses deux extrémités (plan n° 1). La partie centrale de son tracé (parcelles 32, 594 et 602) n'a pu être étudiée en raison des difficultés d'accès pour l'engin, dues à la très forte humidité du terrain.

Pour les secteurs sondés, 8 tranchées ont été ouvertes dans l'axe de la voie. Elles n'ont livré aucun indice d'occupation hors mis d'anciens fossés de parcellaire (probablement moderne) et un outil lithique recueilli dans les niveaux arables de la tranchée 2. Il s'agit d'un grattoir retaillé dans un poignard de silex du Grand Pressigny (Cf fig.22). FIG. 22 12

On peut rattacher à cette phase l'évaluation de l'emplacement d'un futur parking (parcelle 23) qui a permis l'étude des formations superficielles de fond de vallée (Cf. plus bas).

- Chemin périphérique (première tranche): au sud de la D 29, le chemin périphérique est généralement situé en surplomb de la vallée, en bordure des hauteurs qui la dominent, excepté entre les lieu-dit de "Heulé" et de "Gazon", où la vallée s'élargit. Le chemin se situe alors sur la pente peu inclinée du vallon.

La portion située entre les lieu-dit "Le Tertre" et "Le Moulin de Roux" n'a pas été sondée en raison de l'escarpement important ne permettant pas l'accès de la pelle. Notons que la présence d'installations humaines est peu probable sur ces pentes.

28 tranchées ont été ouvertes sur l'axe du chemin. Là aussi, la majeure partie des structures reconnues est identifiable au réseau parcellaire post-médiéval ou moderne, bien qu'aucun matériel n'y ait été recueilli.

Toutefois, des indices d'occupations plus anciennes ont été observées à l'est de Heulé (tranchées 30 à 32, Cf plus bas) et entre La Motte et Le Tertre (tranchée 39, Cf plus loin).

La levée de terre localisée à proximité du manoir de Gazon a également été étudiée (tranchée 36, Cf plus loin).

- Emplacement du barrage principal : 4 tranchées ont pu être ouvertes sur la rive gauche de la Cantache. Elles n'ont livré aucun indice d'occupation. La seule tranchée qu'on nous a autorisé à réaliser sur la rive droite n'a pas permis l'étude des niveaux organiques observés lors des sondages géotechniques.

- Chemin périphérique (deuxième tranche) : Au nord de la D 29, le chemin périphérique a été sondé sur ses tracés ouest et nord (entre la Sochonnais et la Ville en Bois). Son tracé sud n'a pu être étudié en raison d'une part de la topographie (à proximité de la cluse de Rabaud), d'autre part de la non accessibilité aux terrains.

Dans les 28 tranchées qui ont été ouvertes, aucun indice archéologique n'a été mis au jour. Là aussi cependant, quelques sondages ont livré des fossés d'anciens parcellaires.

- Gîte d'emprunt de matériaux argileux : 119 tranchées ont été réalisées sur cette zone d'une superficie de 14 ha. Là encore, la majeure partie des vestiges dégagés sont identifiables comme appartenant au parcellaire sub-actuel. Quelques fossés sondés peuvent également appartenir à d'anciens systèmes de drainage, dans un secteur occupé essentiellement par des prairies permanentes humides.

Toutefois, des indices d'occupation anciennes ont été observées (tranchée 112, Cf III 3 .7)

13

III. 3.2 - Voie d'accès et parking :

Quatre tranchées ont été réalisées dans la parcelle 23 (commune de Pocé-les-Bois, section A). Chacune de ces tranchées a mis au jour une succession de niveaux limoneux puis argilo-sableux, sur une épaisseur d'environ 3 m.

En raison de l'instabilité du terrain (effondrement rapide des parois des sondages - photo fig.25), et pour des raisons évidentes de sécurité, il n'a pas été possible d'effectuer des relevés précis des stratigraphies rencontrées. Deux coupes ont pu néanmoins être relevées schématiquement (fig.26)

Une variation dans la complexité des stratigraphies a cependant pu être notée. Ainsi plusieurs niveaux d'argile à dominante grise, nettement différenciés, ont pu être observés dans la tranchée 15 (coupe A fig-24). Le dernier niveau, très sableux, renferme de très nombreux débris végétaux, parfois de fort calibre (photo fig.27).

Un tronc complet a pu être extrait de ce niveau (longueur = 2,35 m ; diamètre au sommet = 0,23 m ; diamètre à la base = 0,55 m). Une section en a été prélevée en vue d'une détermination et de datations par dendrochronologie et radiocarbone (Photos fig. 28 et 29). Les résultats de ces premières études pourront engendrer un complément d'analyses sur le paléo- environnement de la vallée à partir des sédiments prélevés dans ce milieu.

La tranchée 16 a livré une stratigraphie équivalente à la tranchée 15. Cependant, une diminution à la fois du calibre et de la fréquence des débris végétaux a été notée dans le dernier niveau d'argile.

Dans la tranchée 17, les niveaux d'argile grise sont apparus moins épais et n'ont pas livré de bois. Ils n'ont été rencontrés qu'à l'extrémité ouest du sondage, reposant directement sur le schiste altéré, présent à une profondeur d'environ 2,5 m.

Les variations notées dans la tranchée 17 ont été vérifiées dans la tranchée 18, ou on a constaté une diminution progressive de l'épaisseur des argiles à mesure que l'on s'éloigne de la rivière. Inversement est apparu vers l'est une plage de plus en plus importante de galets de Quartz

L'ensemble des argiles rencontrées dans ces quatre sondages semble avoir une origine commune. Il s'agit de gleys dont la formation, liée à une décantation en eaux stagnantes, indique vraisemblablement la présence d'un paléo-chenal de la Cantache (information de Stéphan HINGANT, géomorphologue, doctorant à l'université de I). Les débris végétaux rencontrés dans ces niveaux sont probablement d'origine naturelle.

Une origine identique peut être retenue pour les formations observées au droit du barrage principal lors des sondages géotechniques, mais que nous n'avons pu observer nous- mêmes. Fig. 25 : tranchée 15 - Cl. L. BEUCHET I FIG. 26

_ 0 _ Terre végétale j y y j Terre végétale

Limon ocre

Limon ocre

- 1m Limon argileux gris

Argile grise

Argile marbrée gris et ocre

Argile grise, blocs de quartz, Argile grise lentilles de sable _ 2m - et macro-restes végétaux

Argile grise, Plage de galets de quartz blocs de quartz, lentilles de sable et macro-restes végétaux mm Substrat schisteux

Sable ocre

- 3m Argile noire

Substrat schisteux. Fig. 27 : Tranchée 15 - débris de bois dans 1' argile - Cl. L. BEUCHET

14

III. 3.3 - Villaumur :

Seul site archéologique connu avant l'opération dans l'emprise du projet, le menhir de Villaumur a été abattu et déplacé il y a une trentaine d'années.

D'après les indication fournies par l'exploitant, il s'est avéré que l'endroit où avait été enfoui le menhir se trouvait sur l'emprise du chemin périphérique. Une série de sondages a été réalisée dans le but d'une part d'exhumer le mégalithe, d'autre part de recueillir des éléments sur son environnement.

Le menhir, de forme prismatique a été retrouvé aisément (tranchée 9, photo fig. 30). Il est taillé dans une dalle de schiste et de quartz. Sa hauteur totale approche 2,5 m pour une épaisseur moyenne de 0,7 m environ. Sa largeur à la base est de 1,4 m. (fig. 31)

Les autres tranchées réalisées dans la parcelle 8 et les parcelle environnante n'ont livré aucun indice d'occupation. Signalons toutefois la découverte dans les environ d'un fragment de hache polie (information de Mr Jeuland, exploitant de la parcelle).

L'emplacement présumé du monument, situé plus haut dans la parcelle 8, hors de l'emprise du projet, n'a pu être sondé. Il est possible que sa fosse de fondation ainsi que son calage soient conservés, des indices phytologiques apparaissant dans certaines conditions de sécheresse (information Mr Jeuland).

III. 3.4 - Heulé :

A l'est de Heulé, les tranchées 30, 31 et 32 ont livré outre un réseau de drainage récent, un ensemble de structures fossoyées plus anciennes, creusées dans l'argile de décomposition de grès (plan fig. 32).

Lors du creusement de la tranchée 30, un fragment de paroi de four, très fortement vitrifié, a été recueilli dans les niveaux arables. A l'est du sondage est apparu un fossé d'orientation grossière N - S, large de 0,40 m. Il n'a entamé le substrat que sur une faible profondeur (0,08 m maximum). Le comblement de cette structure, un limon homogène de couleur brun-gris, a livré quelques petits charbons de bois. Une scorie a également été retrouvée, juste à la base de la semelle de labour.

A l'ouest de ce même sondage, deux fosses ont été localisées. Ces deux creusements, partiellement dégagés, ont été fouillés en partie. Elles semblent être peu profondes (0,15 m maxi.), et leur bord est très irrégulier. Leur comblement, identique, est composé d'un limon cendreux mêlé de nombreux nodules de charbons de bois (photo fig. 33). Elles n'ont livré aucun mobilier. Fig. 30 : Tranchée 9 - Menhir - Cl. L. BEUCHET

FIG. 32 Fig. 33 : HEULE - Structure 30.2 avant fouille - Cl. L. BEUCHET Fig. 34 : HEULE - T 32.2 - Céramique médiévale

I 15

La tranchée 31 n'a livré qu'une section de fossé. Celui-ci, large de 0,80 m environ, présente un profil en "u". Il a entamé le substrat sur une profondeur de 0,20 m environ. Aucun mobilier n'a été recueilli dans son comblement limoneux gris.

Une troisième tranchée a été ouverte (tranchée 32), en aval des deux précédentes. Elle a également livré, à l'ouest, une section de fossé, large d'environ 1 m, de profil en "u", taillé dans le substrat sur une profondeurs de 0,20 m environ. Son remplissage, un limon gris-brun mêlé de nombreuses plaquettes de schiste, n'a livré aucun mobilier. A l'extrémité du sondage, dans une lentille de terre végétale observée sous la semelle de labour, a été recueilli un fragment de céramique attribuable à la période médiévale (fig. 34).

L'ensemble de ces données, très vagues il est vrai, permettent néanmoins de supposer la présence d'une installation métallurgique, probablement située plus en amont sur la pente (hors de l'emprise du projet). Le peu de mobilier recueilli, ainsi que le contexte douteux dont il provient (un probable terrier) ne permettent pas de définir sa période de fonctionnement.

III. 3.5 - Gazon :

Dans son état actuel, le manoir ou château de Gazon est un édifice des XVÏÏIè- XlXè siècles. Il apparaît cependant cité dans les textes dès 1380 (Banéat 1927, op. cit.). Inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, il sera protégé de la montée des eaux par une digue.

L'étude des cadastres anciens à montré la présence à l'ouest du château d'un ancien vivier, délimité à l'ouest par une chaussée. Des vestiges de cette digue ont été reconnus lors de la phase de prospection (Cf. plus haut). Un relevé topographique complet en a été fait (plan fig.35)

Un sondage (tranchée 36) a été réalisé de façon à couper cette levée de terre, afin de permettre son étude (Cf. coupe Fig. 3 6). Elle est apparue constituée d'un unique remblai hétérogène composé de limon ocre-brun, mêle de plaquettes de schiste et d'ardoise (substrat local). A l'est de la chaussée, un mince niveau d'envasement a été observé (0,15 m maxi.). Celui-ci n'a livré aucun mobilier susceptible d'apporter des renseignements chronologiques.

Deux fossés ont été observés. Le plus large, à l'est, n'a été repéré que lors du nettoyage de la coupe. Son comblement, ocre-brun, ne se différencie guère de l'argile de décomposition dans laquelle il a été creusé. Le second, plus petit, large de 0,90 m, a entaillé le substrat sur une profondeur d'environ 0,50 m. Il présente un profil à fond plat. Il est comblé d'un limon homogène brun-gris très meuble.

D est possible que ce fossé corresponde à la tranchée d'installation d'une palissade de bois destinée à retenir les terres de la chaussée, sapée par l'eau. Son implantation correspond en effet parfaitement à l'arrêt du mur de soutènement qui limitait le vivier au nord (photo fig. 37).

Limite de décapage

H Terre végétale

T^i Remblai hétérogène orange/brun (fragments de schiste, ardoise, etc. H Fossés 1B Substrat

ON Fig. 37 : GAZON - Muret de soutènement du vivier - Cl. L. BEUCHET 16

Quand aux aménagements des bords sud et est, leur lecture est rendue délicate par les aménagements lié à la construction des bâtiments agricoles. Il est cependant possible que le chemin actuel ait repris la limite est du vivier.

1113.6-LeMesnil :

Lors d'un survol aérien, G. Leroux a détecté, sur la hauteur entre les lieux-dit "Le Mesnil" et "La Motte", un enclos curviligne à fossés interrompus. Lors d'une prospection au sol, l'hiver suivant, ce site a livré des éclats de silex, ainsi que de très petits fragments de céramique qui, par leur pâte grossière, sont attribuables à la fin du Néolithique ou à l'Age du Bronze. Signalons aussi la découverte il y a quelques années, lors de travaux de drainage dans une parcelle proche de ce site, d'une très belle hache taillée, en quartzite, longue d'une vingtaine de centimètres, datable du Néolithique Ancien, d'un type assez rare dans l'ouest de la (photo fig. 38), et d'une hache polie, d'un type plus fréquent (photo fig 39). Devant l'importance de ce gisement, une attention particulière a été apportée à la portion du chemin périphérique en contrebas du site.

Dans la tranchée 39 a été mis au jour une fosse de forme ovoïde qui peut être rattachée à ce site (plan fig.40). Cette structure, d'une longueur maximale de 2,10 m et dont la plus grande largeur atteint 1,25 m, a été creusée dans le substrat, formé de grès très diaclasé (photo fig.41). En raison de la nature du terrain, son profil est très irrégulier. Sa profondeur atteint au maximum 0,35 m (plan fig.42). Son comblement, composé de limon ocre-brun mêlé à un cailloutis très dense est proche du substrat. Il a livré quelques petits fragments de céramique semblable à celle recueillie sur le site proche. Aucun autre indice d'occupation n'a été observé, hormis du parcellaire récent dans la tranchée 40 (photo fig. 43).

III. 3.7 - Fiat de Rabaud :

Sur le secteur d'extraction d'argile, dans la parcelle 126 (commune de Montreuil- sous-Pérouse, section D), la tranchée 112 a mis au jour deux structures creusées dans le limon (plan fig.44). La structure 112.1 correspond à un fossé curvilinéaire. D'une largeur de 0,75 m, il présente un profil régulier en "u" (photo fig.45). Il est conservé dans le limon sur une profondeur maximale de 0,30 m. La fouille d'une partie de son comblement, composé d'un limon ocre-gris mêlé de nombreux galets roulés, n'a livré aucun mobilier. Les tranchées 113 et 114 ont été réalisées dans le but de suivre ce fossé. Il n'est pas apparu dans la tranchée 113. La tranchée 114 a mis en évidence un changement de sa direction et sa connexion avec une vaste dépression gorgée d'eau encore visible sur le terrain. (114.2). Ce fossé appartient probablement à un ancien système de drainage, identique à celui toujours en fonction dans la parcelle voisine (parcelle 197)

Fig. 41 : Le Mesnil - Tranchée 39 - fosse - Cl. L. BEUCHET

Fig. 43 : Tranchée 40 - parcellaire - Cl. L. BEUCHET 17

Au nord de ce fossé une fosse (structure 112.2) a également été repérée. Celle-ci présente une forme ainsi qu'un profil irréguliers (Longueur = 1,30 m ; largeur = 1,05 m ; plan fig.46). Son comblement présente une stratification interne, composée d'une alternance de terre brune très fine, de concentrations de nodules rubéfiée et de charbons de bois de gros calibre, (coupe fig.47). Nous avons identifié ces différents niveaux comme rejets de foyers. La fouille intégrale du comblement n'a livré aucun mobilier. Signalons toutefois la découverte à proximité de cette structure d'un éclat de silex blond non retouché. L'élargissement du sondage n'a pas apporté d'indices supplémentaires.

Terre brune fine et homogène

Nodules rubéfiés

Charbons Fig. 47 : Strcture T 112. 2 - Cl. L. BEUCHET 18

IV - CONCLUSION DE L'ETUDE

A l'issue de l'opération de diagnostic, seuls cinq secteurs ont livré des vestiges d'occupations anciennes. Leur état de conservation et le faible intérêt scientifique qu'ils présentent ne justifient pas une étude archéologique exhaustive.

Aussi, la seule contrainte sera, pour le maître d'ouvrage, sera la réimplantation du menhir de Villaumur qui devra faire l'objet d'une mise en valeur à définir avec le Service régional de l'Archéologie.

Le faible nombre de vestiges mis au jour peut paraître surprenant en raison de l'importance de la surface étudiée (140 ha environ). Surprenante également, l'absence totale d'indices d'occupation gallo-romaine. Une explication à cette absence peut néanmoins être apportée par la topographie de la zone considérée. Il est en effet possible sinon probable que l'homme ait toujours hésité à s'installer en fond de vallée, et que ces lieux aient toujours été voués une agricole pastorale ou à des activités artisanales liées à la présence de l'eau (métallurgie, meunerie par exemple).

Notons également qu'une opération de diagnostic, aussi lourde soit-elle, n'apporte qu'une vision partielle de la zone qu'elle traite. De plus, en raison de la saison durant laquelle s'est déroulée notre intervention, la prospection aérienne n'a pu être menée à bien. Elle devra être réalisée à la fin du printemps et durant l'été 1993. A l'issue de ces prospections, un avis définitif sera donné par le Conservateur Régional de l'Archéologie sur la poursuite ou l'arrêt de l'étude d'impact sur les secteurs qui n'ont pu être traités (queue de retenue). 19

BIBLIOGRAPHIE

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Collin 1932 : Collin M. Quelques monuments mégalithiques de l'est et du centre de l'Ille-et- Vilaine. in Bulletins et Mémoires de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, LVIII, 1932, pp. 11-32.

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Meuret 1986 : Meuret J.C. Peuplement à l'est de l'Ille-et-Vilaine, entre Vilaine et Semnon, préhistoire - protohistoire. Mémoire de maîtrise, Université de Rennes n, 1986.

Ogée 1843 : Ogée M. Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, Rennes, 1843.

Orain 1882 : Orain A. Géographie pittoresque d'Ille-et-Vilaine, Rennes, 1882.

Périodiques :

Bulletins et Mémoires de la Société Archéologique dllle-et-Vilaine. (B.S.A.I.V.) Dossiers du Centre Régional Archéologique d'Alet (Ceraa) Archives Départementales d'Ille-et-Vilaine : Cadastre des commune de Champeaux : plan (3P 529) ; matrices (3P 5284). Cadastre de la commune de Landavran : plan (3P 1300) ; matrices (3P 5370)

Cadastre de la commune de Montreuil-sous-Pérouse : plan (3P 1738) ; matrices (3P 5422) Cadastre de la commune de Pocé-les-Bois : plan (3P 2072) ; matrices (3P 5455). llle-et-Vilaine DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES 1993 BRETAGNE

SERVICE RÉGIONAL DE L'ARCHÉOLOGIE

p R O S Vue aérienne des premiers travaux du barrage P de Villauraur E C T I O N

I N V Responsable E Gilles N T LEROUX A I 3 .2 R £ E 3 O E O £ a o m l'KOSl'ECT I ON AEK I KNNK o AUTOUR T>XJ DAKRACK I>K VILLAUMUR linistère ^ (Ille-et-Vilaine) INTRODUCTION

C'est dans le cadre de l'aménagement du futur barrage sur la Cantache, à Villaumur (commune de Champeaux), que le Service Régional de l'Archéologie de Bretagne nous a confié la mission de procéder à une prospection aérienne de son emprise. Il s'agissait de s'assurer qu'aucun site archéologique n'était menacé par les aménagements futurs, et plus particulièrement sur la zone nord de la retenue d'eau. Celle-ci a pu être réalisée au cours de l'été 1993 et a fait suite à l'évaluation archéologique réalisée sur les terrains destinés à accueillir les installations annexes au barrage et sur l'emprise des plus hautes eaux retenues, conduite au printemps 1993 sous la responsabilité de Laurent BEUCHET.

PRESENTATION DES RESULTATS

La géographie locale correspond à une zone de confluences avec la Vilaine, celles de la Cantache et de la Valière. Ces cours d'eau et leurs affluents ont façonné un relief fait de petites collines dont l'altitude dépasse rarement les 100 m. Il s'agit donc d'une région propice à l'implantation d'habitats permanents. D'un point de vue géologique, le secteur du barrage de Villaumur est marqué par la présence du substrat briovérien (schistes) qui favorise des sols desséchants en période estivale, et donc a priori très favorables à la prospection aérienne. De fait, depuis les premières révélations de l'archéologie aérienne en 1989, le bassin de la haute-Vilaine a livré un grand nombre d'établissements humains allant de la Préhistoire au Moyen-Age. La plupart se sont installés autour de la courbe de niveau 80 m, c'est-à-dire sur des terrains non exposés aux inondations hivernales, et le plus souvent aussi sur des versants exposés au sud-est, profitant ainsi d'un bon ensoleillement et d'une protection contre les vents dominants d'ouest. Malgré les excellentes dispositions du secteur à la prospection aérienne, notre travail a été gêné par un printemps trop pluvieux. Cela a empêché toute découverte sur l'emprise du barrage et plus particulièrement sur la queue de retenue, zone qui n'avait pu être traitée au printemps. Toutefois, et dans la mesure où le survol de cette région était programmé, nous avons pu localiser, dans un petit rayon autour du barrage, quelques indices sur des surfaces cultivées en grande partie versées. C'est de cette façon que le petit enclos probablement funéraire de la Guerpinais, commune de Champeaux, a pu être détecté. Malgré un ensoleillement déficient, l'été 1993 a été marqué dans nos régions par une réelle sécheresse (seulement 17 mm de précipitations à Rennes entre le 15 juin et le 07 septembre). Il laissait espérer d'éventuelles découvertes dans la zone nord du barrage, mais aucune structure archéologique n'a pu être détectée à cet endroint. Encore une fois, c'est le survol des alentours qui a permis des découvertes sur les champs de maïs. Au total, ce sont donc 11 nouveaux sites qui ont pu être inventoriés dans un rayon de quelques km autour du futur barrage sur la Cantache. Aucun d'entre eux n'est touché par l'emprise du barrage. Toutes les découvertes correspondent à des structures de fossés comblés, toujours difficiles à dater en l'absence de sondages, mais qu'il est tout de même possible d'attribuer en grande partie à la Protohistoire. Un nouveau type de découverte est à mettre à l'actif de cette campagne : celui d'une enceinte conservée dans le paysage actuel sous la forme de limites parcellaires curvilignes. Il s'agit de l'enceinte de La Touche, commune de Landavran, qui, bien que complètement arasée, trouve son plan bien lisible sur le cadastre. Ses fossés, importants, ont été réutilisés en chemins creux.

CONCLUSION

Cette opération de prospection aérienne, réalisée dans le cadre de l'aménagement futur du barrage de Villaumur, a permis de localiser un certain nombre de sites archéologiques, mais tous en dehors de son emprise. Toutefois, ces découvertes devront faire l'objet d'une attention particulière dans la mesure où elles se trouvent dans le périmètre des travaux du remembrement accompagnant ceux de la retenue d'eau sur la Cantache. Les années à venir verront, sans doute, ce genre d'investigations se poursuivre dans le but premier de mieux connaître le patrimoine archéologique de cette partie du bassin de la Vilaine. Localisation des sites découverts par prospection aérienne en 1993 autour du barrage de Villaumur. INVENTAIRE DES SITES NOUVEAUX

1 - CHAMPEAUX, La Bougrie, Section B 1, parcelles 14, 15, 16, 20 x = 329, 560 y = 356, 440

Portion d'un enclos curviligne à double fossé concentrique. Datation indéterminée.

2 - CHAMPEAUX, La Guerpinais, Section C 2, parcelle 270 x = 329, 790 y = 354, 550

Petit enclos carré à destination probablement funéraire. Il peut dater de l'Age du Fer.

3 - LANDAVRAN, La Touche, Section B, parcelles 431, 433, 434, 438, 439, 440, 441 x = 329, 730 y = 357, 110

Grande enceinte ovoïde vraisemblablement médiévale. Ses fossés ont été en partie réutilisés comme chemins creux jusqu'aux remembrements modernes. Son plan s'inscrit encore parfaitement sur le cadastre.

4 - POCE-LES-BOIS, La Touche, Section B 1, parcelle 189 x = 332, 310 y = 352, 120

Enclos à dominante rectiligne, comportant un double fossé sur au moins deux de ses faces. Datation indéterminée.

5 - POCE-LES-BOIS, La Touserie, section A 2, parcelles 279, 281 x = 332, 040 y = 353, 790

Enclos allongé et curviligne, situé en bordure d'un thalweg. Il possède deux entrées sur sa face orientale. Il peut appartenir à la Protohistoire.

6 - POCE-LES-BOIS, La véronnière, Section D 2, parcelle 224 x = 332,110 y = 351, 680

Eléments d'un enclos à dominante rectiligne. Il est situé en bordure d'un abrupt. Datation indéterminée. 7 - POCE-LES-BOIS, L'Angellerie 1, Section D 1, parcelles 29, 31 x = 330, 560 y = 352, 730

Portion d'un enclos à dominante curviligne et possédant un double fossé sur sa face nord. Datation indéterminée.

8 - POCE-LES-BOIS, L'Angellerie 2, Section D 1, parcelle 54 x = 330, 670 y = 352, 870

Enclos rectangulaire simple. Datation indéterminée.

9 - SAINT-JEAN-SUR-VILAINE, L'Epine, section C 1, parcelles 133, 134 x = 329, 100 y = 352, 820

Portion d'un enclos curviligne et allongé. Datation indéterminée.

10 - VITRE, Les Robanneries, Section BK, parcelle 36 x = 336, 030 y = 354, 950

Portion d'un enclos curviligne, possédant une entrée face au sud. Datation indéterminée.

11 - VITRE, La Mare, Section BS, parcelle 23 x = 338, 050 y = 355, 130

Système d'enclos regroupant une petite enceinte curviligne et un enclos quadrangulaire. Il peut s'agir de structures protohistoriques.