ICONOGRAPHIE DE SIGISBERT

par le Docteur François JUNG, membre associé libre

La cité du Ban Saint-Martin à l'histoire de laquelle je m'intéresse depuis plusieurs années, s'est développée aux pieds de Saint-Martin devant , la première de cinq abbayes bénédictines établie en Pays messin au moyen-âge. Ce monastère bénéficia au VIP siècle de la protection de Sigisbert III, roi d'Austrasie, dont l'Eglise fit plus tard un saint; après son décès il fut enseveli dans l'église abbatiale, où sa sépulture demeura durant près de neuf siècles.

J'ai été ainsi amené à rechercher de quelle manière, au cours des âges, le saint-roi avait été représenté et j'ai pu relever un certain nombre d'œuvres diverses que je désirerais vous présenter. Avant de les décrire un premier constat s'impose: saint Sigisbert a été peu honoré à Metz, où il a régné et la grande majorité des œuvres le concernant se trouve à Nancy. Ce fait est dû à des circonstances historiques qu'il importe d'évoquer, et ceci d'autant plus que des épisodes marquants de sa vie ont servi de thème à plusieurs artistes.

BIOGRAPHIE DE SAINT SIGISBERT

Sigebert ou Sigisbert II ou III (1) naquit à Orléans en 630 de Dagobert 1er (602-639), roi de tous les Francs et de l'une de ses concubines Raintrude (610-653). Baptisé par saint Amand, le nouveau-né aurait, selon la légende, et, témoignant ainsi de sa prédestination, répondu « amen » lors de la bénédiction.

1. Certains historiens, partant du fait que Sigisbert, deuxième du nom, n'a pas régné, ont attribué le chiffre II au fils de Dagobert Ier. En effet, Sigisbert II, né en 601, fils de Thierry, roi d'Austrasie et de Bourgogne, aurait dû régner en Austrasie après la mort de son père en 613. En fait, l'aristocratie du royaume qui craignait la mainmise sur l'enfant-roi de son aïeule Brunehaut, le livra au roi de Neustrie Clotaire II, qui le fit mettre à mort en même temps que ses trois frères. Afin de satisfaire le particularisme de ses habitants, Dagobert décida de confier la couronne d'Austrasie à Sigisbert, alors âgé de 3 ans, la Neustrie et la Bourgogne étant destinées à son autre fils, Clovis II. Sigisbert fut ainsi présenté en 633 aux leudes (grands du royaume) à Metz, où dès lors il résida. Il devint roi d'Austrasie après la mort de son père, en 639 ; en fait les affaires du royaume furent gérées par les maires du palais ; Pépin de Landen puis Grimoald.

Sigisbert avait épousé Imnechilde ; pendant plusieurs années le couple resta sans enfant. Pour cette raison, et afin d'assurer sa succession, le roi cru bon d'adopter Childebert, fils de Grimoald. Cependant un fils, Dagobert II étant né en 651, Sigisbert changea ses dispositions.

Très pieux, Sigisbert assura la progression du christianisme dans les secteurs d'Austrasie restés ou redevenus païens II fonda de nombreux monastères et fit tout particulièrement restaurer et richement doter celui de Saint-Martin-devant-Metz (2). Son souci de justice l'amena à réparer les torts causés par son père. Il se préoccupa d'une juste répartition des impôts. Charitable, il veilla au sort des plus démunis, pacifique il préféra user de la diplomatie plutôt que de la guerre lors des conflits survenus avec les peuples voisins.

Il décéda le 1er février 656. Selon sa volonté, son corps fut enseveli dans la crypte de l'église abbatiale Saint-Martin. Sa sépulture devint l'objet de dévotions et l'Eglise proclama sa sainteté en 1063.

Après le décès de Sigisbert le maire du palais, Grimoald, usurpa le trône d'Austrasie en faveur de son fils Childebert et exila le jeune Dagobert, alors âgé de 5 ans, dans un monastère irlandais. Ce dernier fut rappelé par les leudes après la mort de Childebert en 676 et put ainsi remonter sur son trône. Cependant son règne fut de courte durée : il fut en effet assassiné à l'instigation des Neustriens, le 23 décembre 679, près de Stenay alors qu'il chassait en forêt de Woëvre. L'Eglise le considéra comme un martyr et lui conféra la sainteté au IXe siècle.

La sépulture de saint Sigisbert fut transférée à l'occasion du siège de Metz par Charles-Quint en 1552. En effet, le duc de Guise, chargé par le roi de France, Henri II, de la défense de la ville, en fit raser tous les fau­ bourgs. L'abbaye Saint-Martin, qui appartenait alors au duché de Lorraine,

2. La tradition, entretenue par les moines bénédictins soucieux de l'origine royale de leur abbaye, attribue à saint Sigisbert la fondation en 648 du monastère Saint-Martin-devant-Metz. En réalité celui-ci a été édifié avant la naissance du roi : on sait en effet par la « Vita » de Saint-Romaric, que ce prélat vint se recueillir à Saint-Martin en 613. fit partie de ces destructions ; préalablement à celles-ci, les reliques de saint Sigisbert furent déposées à l'église des Dominicains de Metz. Le duc de Lorraine, Charles III, qui prétendait succéder aux rois d'Austrasie, souhai­ tait récupérer les précieuses reliques. Leur translation à Nancy eut lieu en 1553, peu après la levée du siège de Metz; elles furent accueillies au Prieuré Notre-Dame. Après avoir obtenu du pape, en 1602, la nomination d'un primat dans sa capitale, le duc projeta de construire un sanctuaire des­ tiné à recevoir la sépulture de saint Sigisbert. Les troubles du XVIIe siècle entravèrent ce projet et seule une église provisoire put être construite. Un nouvel édifice, consacré à Notre-Dame et plus précisément à la Vierge de l'Annonciation, put enfin être réalisé par le duc Léopold, en partie sous la direction de Mansart de 1703 à 1741. Il deviendra la cathédrale de Nancy lors de l'instauration du diocèse en 1777.

Sous la Terreur, en 1794, la sépulture de Sigisbert fut profanée et détruite par le feu. Quelques reliques purent cependant être sauvées ; l'une d'entre elles fut déposée dans une châsse actuellement conservée par les religieuses du Carmel de Plappeville (3).

LES REPRÉSENTATIONS DE SAINT SIGISBERT

Sigillographie

Sceau de Г abbaye Saint-Martin. Lithogaphie Christophe, Nancy 1878.

3. Depuis 1992, la paroisse du Ban-Saint-Martin, célèbre en l'église Sainte-Croix la fête de saint Sigisbert le dernier dimanche de janvier. Au cours de la cérémo­ nie la châsse contenant la relique du saint est déposée à l'église et portée en procession. L'abbaye Saint-Martin a fait usage d'un sceau dont le plus ancien modèle remonte à 1287. Il a pu être reconstitué à l'aide de cachets des années postérieures, l'abbaye ayant toujours utilisé la même empreinte. Un dessin exécuté en 1878 reproduit ce sceau: il montre saint Martin à cheval partageant son manteau avec un pauvre. Sur le contre-sceau figure, entre deux grènetis, l'inscription « Sigibertus rex » entourant l'effigie du monarque ayant à son côté gauche un sceptre surmonté d'un lys, symbole de sa royauté.

Xylographie

Médaillon représentant saint Sigisbert

Pierre Woeriot (1532-1596), célèbre graveur sur bois né à Neufchâteau, a réalisé un portrait en médaillon de saint Sigisbert, illustrant, parmi d'autres, le livre de Nicolas Clément « Austriae reges et duces », édité en 1591 à Cologne, consacré aux monarques ayant régné en Austrasie puis en Lorraine. Le graveur a représenté le roi vêtu selon la mode du XVIesiècle et l'a considéré comme deuxième de son nom en lui attribuant le chiffre IL Décoration

Depuis la création du diocèse de Nancy, en 1777, les chanoines de la cathédrale portent une croix pectorale dont le médaillon représente, sur une face l'Annonciation à laquelle le sanctuaire est dédié, sur l'autre l'effigie de saint Sigisbert, patron de la cité et de l'évêché.

Sculpture

Dagobert et ses deux fils : à sa droite Clovis II, à sa gauche Sigebert III. Ces statues appartenaient au cloître de Vabbaye Saint-Denis. Plusieurs statues en pierre ou en bois représentent saint Sigisbert. La plus ancienne se trouvait à l'abbaye de Saint-Denis, fondée par Dagobert 1er et devenue nécropole royale. Celle-ci avait été remaniée et pourvue par saint Louis, d'un cloître orné de statues, parmi lesquelles trois représentent Dagobert entouré de ses deux fils Sigisbert et Clovis. Disparues lors des dégradations pratiquées sous la Révolution, elles sont cependant connues car elles ont fait l'objet d'un relevé pratiqué par Bernard de Montfaucon (1655-1741), religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur. Il les a consignées dans son ouvrage « Recueil des monuments de la monarchie française ». Une reproduction en a été publiée dans le livre de Bégin « Metz depuis XVIII siècles » paru à Metz en 1843.

A Metz, saint Sigisbert est représenté parmi les statues ornant le por­ tail de l'église Sainte-Ségolène. Construit au XIIIe siècle, cet édifice a été profondément remanié au XIXe siècle. Il a en particulier été alors doté d'une façade de style gothique. Six statues, dues au ciseau de Dujardin, rappelant l'histoire religieuse locale, encadrent le portail médian. Parmi celles-ci figure à côté de saint Livier et de sainte Hildegarde, le saint-roi, reconnaissable à sa couronne.

Statues du portail de l'église Sainte-Ségolène. Photo F. J. Statue de saint Sigisbert. Façade de la cathédrale de Nancy. Photo F. J.

A Nancy, la façade de la cathédrale est pourvue de deux statues pla­ cées au-dessus des portes latérales. Elles ont été installées en 1866 dans des arches destinées initialement à recevoir deux personnages de l'Annoncia­ tion. L'une de ces statues représente saint Mansuy, premier évêque de Toul, l'autre saint Sigisbert sous un aspect que nous retrouvons dans d'autres œuvres : vêtu d'une ample toge, portant sa couronne, il tient d'une main le sceptre royal et de l'autre un rouleau.

La basilique Saint-Epvre, qui a été édifiée au XIXe siècle au cœur du vieux Nancy, a remplacé plusieurs églises qui se sont succédé à son empla­ cement. Dédiée à Saint Epvre, évêque de Toul au VIe siècle, elle a été construite dans le style gothique rayonnant. Le portail latéral gauche de l'édifice est pourvu d'un bas-relief en bois représentant saint Sigisbert, tenant en ses mains la maquette d'une église: ainsi sont rappelés les nom­ breux monastères dont le saint-roi aurait été le fondateur ou le protecteur. Le même motif est repris dans l'une des quatre statues de bois installées sur le maître-autel de cette église.

Statue de saint Sigisbert. Eglise du Ban-Saint-Martin. Photo F. J.

L'église Saint-Croix du Ban Saint-Martin possède, depuis peu, une statue de bois représentant saint Sigisbert. Cet objet a appartenu aux reli­ gieuses de la Charité maternelle, auxquelles elle fut offerte au XIXe siècle par Maurice du Coëtlosquet. La congrégation l'a confiée à la paroisse du Ban Saint-Martin à l'occasion de la restauration, en 1992, du culte de saint Sigisbert. De facture naïve, elle nous montre un personnage d'aspect juvé­ nile, soutenant un vaste écu aux armes de Metz et portant une palme. On reste perplexe devant le choix du sculpteur, cet ornement étant habituelle­ ment réservé aux martyrs, ce qui n'est pas le cas de saint Sigisbert.

Peinture

L'abside de la cathédrale de Nancy a été réservée dès sa construction à la commémoration de la mémoire de saint Sigisbert. De forme semi-cir­ culaire, elle est divisée en trois panneaux par des pilastres. L'élément cen­ tral est pourvu d'une niche en surélévation dans laquelle se trouvait autre­ fois le reliquaire de Saint-Sigisbert ; après sa profanation il a été remplacé, en 1811, par une belle Vierge à l'enfant, datant du XVIIe siècle. Les deux panneaux latéraux ont été revêtus d'huiles sur toile de très grandes dimen- sions, destinées à évoquer deux épisodes de la vie du saint. Peintes par Claude Charles (1664-1741) l'une des deux montre Dagobert 1er présentant à son fils la couronne d'Austrasie, l'autre rappelle les activités charitables du monarque, servant le repas des pauvres.

4 -Jr 1 Tableau de Lejeune. Cathédrale de Nancy. Photo F. J.

Cet édifice contient en outre, dans la chapelle absidiale gauche, un très grand tableau de Lejeune (1737-1812) évoquant l'apothéose de saint Sigisbert, accompagné aux cieux par de nombreux angelots.

Le thème de l'apothéose de saint Sigisbert est repris dans la veste fresque qui orne la coupole de la cathédrale. Due au talent de Jacquard, cette œuvre majestueuse, terminée en 1727, exécutée dans la tradition du grand siècle, représente le motif classique de la gloire céleste. Elle ne comprend pas moins de 150 figures couvrant une surface de 250 m\ parmi lesquelles on reconnaît la Vierge assise présentant saint Sigisbert à la Trinité. Toujours à Nancy, l'église Saint-Joseph, édifiée par Hardy, à la fin du XIXe siècle, possède une peinture murale de Halle. Saint Sigisbert y figure portant ses attributs habituels ; son auréole porte une inscription rappelant qu'il est le patron de la ville de Nancy.

Peinture murale de l'église Saint-Joseph. Nancy.

Le thème de l'apothéose de saint Sigisbert a été repris dans l'une des nombreuses peintures sous verre conservées au Musée lorrain de Nancy (4). Inspirée d'une gravure de Dorvasy, cette œuvre, de petite dimension, montre saint Sigisbert accueilli au paradis par la Vierge qui lui confie la protection de la vielle de Nancy. Au bas de l'image on peut reconnaître le palais ducal, la primatiale Notre-Dame, l'hôtel de ville.

4. Les peintures sous verre souvent appelées « fixés sous verre » sont constituées de gouaches ou d'aquarelles directement placées à l'envers d'une plaque de verre, de manière à être regardées au travers de celles-ci. Cet art, couramment pratiqué dans des pays verriers et forestiers, né au XIVe siècle, a connu son apo­ gée aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les peintures dites « savantes », les plus anciennes, influencées par l'art baroque, venaient pour la plupart de l'Allemagne du Sud. Les peintures dites « populaires », les plus nombreuses et les plus connues, sortaient d'ateliers de l'Europe centrale et de la France de l'Est. Apothéose de saint Sigisbert. Peinture sous-verre Musée lorrain de Nancy.

Cires habillées

Cette dernière œuvre est à rapprocher d'une « cire habillée » (5) appartenant au Musée lorrain de Nancy. Saint Sigisbert y figure, vêtu d'un manteau orné de fleurs de lys et de croix de Lorraine protégeant la ville de Nancy, qui gît à ses pieds, le saint servant d'intermédiaire entre la Vierge et la capitale ducale.

Une réalisation du même type mais beaucoup plus fruste, provenant vraisemblablement de Nancy, existe au Musée de Chaumont. Saint Sigisbert, en pied, occupe le centre du tableau ; vêtu d'un manteau d'her­ mine il tient le sceptre royal. Une inscription à son côté permet de l'identi­ fier.

5. Le Musée lorrain possède une importante collection de cires habillées qui ont été présentées au public en 1982. Ce sont de petits tableaux faits de personnages en cire, revêtus de vêtements faits d'étoffes plus ou moins précieuses et pourvus de divers accessoires. Cet art, pratiqué initialement en Allemagne par des moniales, est apparu à Nancy où il a été réalisé par des artistes laïcs dont les plus célèbres ont été au XVIIIe siècle les frères Guillot. Cire habillée Musée lorrain de Nancy.

Cire habillée Musée de Chaumont. Nous avons relevé la présence de verrières consacrées à saint Sigisbert dans sept édifices religieux, dont quatre sont situés à Nancy. Deux de ces églises se trouvent dans la nouvelle ville développée au XIXe siècle dans la partie ouest de la cité. L'une, Saint-Joseph, en sus de la peinture murale ci-dessus mentionnée, possède un vitrail montrant le saint roi couronné et auréolé tenant d'une main un glaive et de l'autre le livre des Evangiles. L'autre, Saint-Léon, dédiée à Léon IX, évêque de Toul avant d'être élu pape en 1043, est ornée de nombreux vitraux consacrés à des figures religieuses lorraines, dont certains sont signés de Maréchal. L'un d'eux représente, dans le style que nous connaissons déjà, saint Sigisbert muni de ses attributs royaux.

L'école Saint-Sigisbert, établissement d'enseignement secondaire privé, se devait d'évoquer son saint patron. Fondée en 1881, cette institu­ tion de grand renom, a été installée en 1912 dans l'ancienne résidence des Jésuites, cours Léopold. Sa chapelle était ornée de vitraux qui ont été détruits lors d'un bombardement pendant la Première Guerre mondiale. Ils avaient été remplacés entre les deux guerres par des verrières consacrées à saint Sigisbert qui furent, à leur tour, détruites par le souffle d'une bombe tombée à proximité pendant la Deuxième Guerre mondiale. Nous n'en pos­ sédons qu'une reproduction sous forme d'un dessin. Utilisant ce document, Mme Petitjean, membre de l'association que je préside au Ban-Saint-Martin, en a réalisé une reconstitution colorée. Mis sous verre ce document est actuellement conservé à l'église du Ban-Saint-Martin.

Le premier de ces vitraux évoque le baptême du nouveau-né au cours duquel il aurait prononcé le miraculeux « amen ». Le second montre le jeune Sigisbert accompagné de son frère Clovis, présenté par Dagobert aux leudes qui lui jurent fidélité. Le dernier rappelle la bataille d'Unstrutt en Thuringe, à l'issue de laquelle saint Sigisbert déplore la mort des nombreux combattants tués au cours de l'affrontement.

Vitraux reconstitués de l'école Saint-Sigisbert de Nancy L'école Saint-Sigisbert conserve cependant de nos jours un petit vitrail représentant le saint roi. Retrouvé dans les combles de l'immeuble, après avoir été restauré, il a été installé en 1981 dans la chapelle de l'établisse­ ment, lors de la célébration du centième anniversaire de sa fondation. Signé en 1876 par Hôner, artiste nancéien, il représente le roi sous un aspect qui nous est familier, évoquant le monarque et le fondateur de l'abbaye.

L'église de Longwy-Haut, construite au XVIIe siècle dans l'enceinte fortifiée par Vauban, est dédiée à saint Dagobert II (6). Le saint est repré­ senté dans un double vitrail situé à hauteur du maître-autel. Cette œuvre, réalisée en 1927 par l'atelier parisien de Barillet et Le Chevalier, évoque le patron de la paroisse au côté de son père, saint Sigisbert.

Vitrail de Hôner. Vitrail de l'église de Longwy-Haut. Ecole Saint-Sigisbert de Photo F. J. Nancy

6. Le culte de Dagobert II, canonisé au IXe siècle, fut célébré dès cette époque au prieuré de Stenay. Une église lui fut consacrée sur le Mont Saint-Martin. Reconstruite à plusieurs reprises, elle fut ruinée lors de la guerre de Trente ans. Lors de la construction de la nouvelle ville de Longwy, une église dédiée à Dagobert fut édifiée dans l'enceinte et consacrée en 1690. Fortement endomma­ gée lors des deux guerres mondiales, elle dut être reconstruite à plusieurs reprises. En dehors de l'église de Longwy un autre sanctuaire dédié à Dagobert se trouve à Machtum (Luxembourg). En Pays messin, trois vitraux sont consacrés à saint Sigisbert. Le plus ancien a été installé dans la chapelle de la maison de retraite Saint-Maurice des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, à Belletanche. Il fait partie d'un ensemble qui évoque des épisodes de l'histoire du diocèse de Metz. Il montre dans sa partie haute le martyre de saint Livier au Ve siècle et dans sa partie basse la pose de la première pierre de l'église abbatiale Saint- Martin-devant-Metz, par saint Sigisbert.

Le grand séminaire de Metz possède un vitrail réalisé en 1905 sous l'annexion par les peintres verriers messins Thiria et André. Il représente deux messins : Sigisbert et Arnould veillant sur la ville et sur le pays messin. Vitrail de l'église Sainte-Croix du Ban-Saint-Martin. Photo F. J.

Il eut été anormal que rien ne rappelât à l'église du Ban-Saint-Martin le souvenir du saint. Ce sanctuaire inspiré du style roman a été consacré en 1948. La décoration en a été confiée à Nicolas Untersteller (1908-1990), artiste mosellan auquel on doit en particulier la belle fresque du chœur. L'artiste a dessiné un vitrail qui, comme les autres verrières, a été réalisé par les moines de Saint-Benoit-sur-Loire. Cette œuvre était destinée initia­ lement à l'une des deux chapelles absidiales de l'église; elle a été finale­ ment placée sur un des piliers du chœur. Elle représente dans de chauds coloris et de façon très stylisée, dans sa partie haute saint Martin partageant son manteau, et dans sa partie basse saint Sigisbert. Le blason de la com­ mune séparant les deux personnages évoque le souvenir du saint par la lette S et une couronne royale. A l'occasion de la présentation de l'iconographie de saint Sigisbert, j'ai pu évoquer la vie du saint roi et rappeler quelques moments de l'his­ toire de notre région.

A la fin de cette courte étude je me permettrai de retenir une conclu­ sion : le saint roi qui a régné à Metz et qui est devenu plus tard le patron de la ville de Nancy, ne représente-t-il pas un beau symbole de l'unité de la Lorraine et ce, malgré le particularisme des divers pays qui la composent ?

SOURCES

Archives départementales de la Moselle, 61 J 467 F (3 Dl).

APTEL (C). Les peintures sous verre du Musée lorrain, Le pays lorrain, N. 3, 1990, pp. 157-162.

APTEL (C), CHOUX (J), et HOCQUART (B), Les cires habillées nancéiennes, Le Pays lorrain N. 2 bis 1989.

BARBESANT (L), Uécole Saint-Sigisbert, Note manuscrite 2001.

FOLZ (R), Les saints rois du Moyen-âge en Occident, Société des Bollandistes. Bruxelles 1984.

LEPAGE (H), L'abbaye de Saint-Martin-devant-Metz, Mémoires de la Société d'archéologie lorraine. Nancy 1878 pp. 208-256.

MAROT (P) et CHOUX (J), Le vieux Nancy, Presses universitaires de Nancy 1993.