LeMonde Job: WMQ2304--0001-0 WAS LMQ2304-1 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0294 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Philip Roth : « Ma vie ACTIVE:LMQPAG: d’Américain », busy un texte inédit

55e ANNÉE – No 16871 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 23 AVRIL 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

a Le drame du lycée de Littleton L’OTAN détruit la résidence de Milosevic Télécoms : Deux adolescents ont tué, mardi, treize Italiens personnes dans leur propre lycée près b La principale résidence du président yougoslave à Belgrade a été bombardée b M. Milosevic de Denver (Colorado), avant de se don- b ner la mort. « Ils riaient en tirant », ra- et sa famille n’étaient pas dans la villa au moment du raid L’opération a été « explicitement et Allemands content les témoins. p. 6 approuvée » par tous les alliés b L’OTAN envisage une intervention terrestre au L’OTAN a attaqué la principale créent le numéro a Le RPR sans l’UDF résidence de Slobodan Milosevic à Belgrade, jeudi 22 avril à 4 heures Nicolas Sarkozy mènera la liste RPR-DL du matin. Le bâtiment, situé dans deux mondial aux européennes. Dans un entretien le quartier de Dedinje, a été détruit, DEUTSCHE Telekom et Telecom au Monde, Jean-Louis Debré demande selon l’agence yougoslave Tanjug. Italia devaient présenter, jeudi au chef de l’Etat de lever les ambiguï- Le président de la République fédé- 22 avril à Londres, leur projet de rale de Yougoslavie et sa famille ne rapprochement, après une semaine tés à l’égard de l’UDF. p. 7 se trouvaient pas, au moment du de négociations et de rumeurs. bombardement, dans leur villa. Le Cette opération donnera naissance raid, précise l’OTAN, a été « expli- à un géant des télécommunica- a 35 heures : citement approuvé » par les dix- tions, qui devrait figurer au neuf pays membres de l’organisa- deuxième rang mondial du secteur offensive à gauche tion. Cette nouvelle étape dans la derrière le japonais NTT. L’opéra- stratégie de l’OTAN confirme que teur allemand, numéro un en Eu- Les Verts, les communistes et les syndi- l’Alliance entend frapper au cœur rope, endosse ainsi les habits de cats demandent au gouvernement de du pouvoir serbe. La veille, les al- chevalier blanc pour Telecom Italia, prendre des décisions radicales sur la liés avaient bombardé l’immeuble car le projet est destiné à éclipser réduction du temps de travail. p. 8 du parti du président yougoslave et l’offre inamicale lancée par le une télévision appartenant à sa groupe italien Olivetti. Le nouvel fille. Ces raids interviennent au ensemble, dont la capitalisation moment où les Etats-Unis se disent boursière atteindra près de 160 mil- prêts à discuter avec leurs alliés liards d’euros, pèsera près de d’une intervention terrestre au Ko- 64 milliards d’euros de chiffre d’af- sovo. Ce sujet sera au cœur du faires et emploiera plus de 300 000 sommet célébrant le cinquantième personnes, principalement en Alle- anniversaire de l’OTAN, vendredi à magne et en Italie. Bruxelles devrait Washington. Viktor Tchernomyr- b Les alliés envisagent d’intervenir au sol p. 2 b Monténégro : tensions avec l’armée yougoslave p. 4 regarder de près cette alliance de dine, envoyé par Boris Eltsine, de- b M. Chirac : « Intensifier » les frappes aériennes p. 2 b Kosovo : la France veut parachuter des vivres p. 5 deux anciens monopoles publics. vait rencontrer Slobodan Milosevic b Le cinquantième anniversaire de l’OTAN p. 3 b Russie et Serbie : une histoire de faux frères p. 14 jeudi à Belgrade. b Albanie : l’arrivée des Apache p. 4 b Analyse : un nouvel internationalisme p. 16 Lire page 17 A Pékin, au cinéma, avec le Tigre de Belgrade Les femmes PÉKIN prisés pour leurs infidélités à l’Union sovié- clip patriotique glorifiant la Grande Muraille. de notre correspondant tique. Ces héros venus de l’Ouest rouge et Xiao Zhang est ému. Le Pont lui a rappelé son et le travail de nuit Le Tigre est à l’affiche à Pékin. Profil « antihégémoniques » avaient fasciné des gé- enfance mandchoue à Harbin (Nord-Est). Il sombre découpé sur fond clair, mitraillette au nérations de spectateurs chinois, friands de fredonne tout bas la chanson du film – «Ami, LE GOUVERNEMENT n’a poing, il a la posture cambrée d’un juste ten- toute nouveauté les distrayant du quotidien au revoir » – qui connut un vif succès en a pas commenté la décision a L’école de Nancy du vers son destin. Le placard jouxte celui de maoïste. Avec son blouson de cuir jeté sur Chine. « Cette guerre contre la Yougoslavie est prise, mercredi, par la Commission Nancy dédie 1999 à l’art nouveau et Mulan, le dessin animé de Walt Disney, à la l’épaule, sa chemise échancrée et son revol- injuste, dit-il. Le fort attaque le faible. » Lu- européenne de requérir contre la devanture du cinéma de Changan-jie, la ver à la ceinture, le comédien yougoslave in- nettes et pantalon de velours, Xiao Zhang est France une astreinte de 142 425 eu- présente trois expositions célébrant les grosse artère occidentale de la capitale qui carnant le Tigre a fait rêver plus d’une collé- un intellectuel qui se dit informé. Il surfe sur ros par jour pour non-respect d’une précurseurs de la modernité qu’étaient donne sur la place Tiananmen. Le Tigre est le gienne chinoise. Il n’avait pour rivaux que les le Web. Il est au courant des violences serbes directive de 1976 sur l’égalité entre Emile Gallé, les frères Daum, Louis Ma- héros du Pont, film yougoslave des années 70 acteurs albanais au menton volontaire et aux contre les Kosovars, dont la presse chinoise hommes et femmes. Cette requête jorelle ou Victor Prouvé. p. 27 exaltant la bravoure des résistants antinazis avant-bras poilus. ne parle qu’au compte-gouttes. « C’est une vise une disposition du code du tra- pendant la deuxième guerre mondiale. Op- Sont-ils venus par nostalgie de leur imagi- affaire de famille. L’OTAN n’aurait pas dû in- vail qui prohibe le travail de nuit des portune programmation ! Après les fins de naire d’adolescents ou par solidarité avec tervenir. Pourquoi pas demain à Taïwan ? » femmes dans l’industrie. En pra- a Les priorités soirées télévisées, la propagande de Pékin Belgrade, ces trente spectateurs qui ont pris L’opération nostalgie autour de la filmo- tique, 800 000 femmes travaillent confie désormais aux salles de cinéma le soin place dans les fauteuils moelleux d’une salle graphie de Belgrade intéresse. Les commis- habituellement ou occasionnelle- de Rhône-Alpes d’entretenir auprès du public la flamme de la de karaoké aménagée pour la circonstance en saires de la propagande continueront-ils à ment de nuit, notamment dans le sympathie proserbe. On puise pour l’occasion salle de cinéma ? La direction a préféré réser- puiser dans les stocks ? Il faudrait alors qu’ils secteur de la santé. La France pour- Le conseil régional est devenu le parte- dans le stock d’archives de films importés na- ver la grande salle pour Walt Disney. On a exhument des archives les épopées combat- rait adopter le principe de compen- naire obligé des universités, des guère de Belgrade. tendu un écran de toile blanche sur la piste tantes de l’Albanie, qui fut naguère le « phare sations financières ou horaires pour C’était l’époque où la Chine de Mao réali- de danse. de l’Europe », aujourd’hui passée du mauvais tous les travailleurs de nuit. grandes écoles et des laboratoires de mentait la mythologie communiste à partir Le film à peine terminé, la salle reprend sa côté du scénario. recherche. La suite de notre enquête de matériaux reçus de Yougoslavie, d’Albanie fonction habituelle : les jeux de lumière écla- Lire page 9 sur les régions en chantiers. p. 12 ou de Roumanie, pays d’Europe de l’Est alors boussent la piste, tandis que passe un vidéo- Frédéric Bobin et notre éditorial page 16

a Grève à l’aéroport POINT DE VUE de Nice Havas Le personnel au sol en grève refuse le Le désastre recentré projet d’Air France de sous-traiter une partie de la manutention des bagages. La justice donne raison à la direction. par Edgar Morin Le mouvement continue. p. 18 E proverbe latin assu- pression ferait céder le « réa- rant que Jupiter rend liste » Milosevic. Son refus de si- L fous ceux qu’il veut gner déclencha les premières a Origines de la vie perdre doit être amen- frappes aériennes, menées avec dé ; il les rend d’abord aveugles. la certitude que la Serbie capitu- En dépit d’avancées impressionnantes La tragédie actuelle du Kosovo lerait en quelques jours. en cinquante ans de recherche, l’ori- était annoncée dès 1989, date à Dès le début des opérations, les gine de la vie reste une énigme. Notre laquelle Milosevic supprima l’au- grands chefs de la coalition, de page scientifique avec Nature et El tonomie de cette province you- Clinton à Chirac, assurent qu’il ERIC LICOYS Pais. p. 23 goslave. L’épuration ethnique à ne saurait y avoir d’intervention laquelle le Kosovo était destiné terrestre, ce qui conforte Milose- UN AN après avoir été absorbé fut préfigurée dans les épurations vic dans sa résistance. par Vivendi, Havas s’est entière- de la guerre de Yougoslavie de Le pilonnage aérien de l’Angle- ment recentré sur l’écrit et le mul- a Les détergents 1992 à 1995. terre en 1940 ne l’a pas fait capi- timédia. Après d’importantes ces- Sans cesse, depuis lors, le pré- tuler, pas plus que les bombarde- sions d’actifs, Eric Licoys, PDG du au parfum sident Rugova alerta en vain les ments incessants des villes groupe, déclare au Monde qu’«il capitales occidentales pour allemandes de 1943 à 1945 n’ont n’y a plus de métiers majeurs qu’il Les arguments de vente des produits qu’elles aident son mouvement fait capituler Hitler. La guerre faut vendre parce qu’ils ne rap- d’entretien ont changé : après l’effica- de résistance pacifique et démo- d’Irak n’a été gagnée que parce portent pas ». Mais il entend céder cité et le coût, apparaissent l’« odeur cratique afin de retrouver l’auto- que l’intervention terrestre a suc- « dans un délai rapide » ses parti- du propre » et l’hygiène. p. 25 nomie perdue. La politique euro- cédé aux frappes aériennes. cipations minoritaires dans la péenne de l’autruche dura L’intervention terrestre aurait presse quotidienne régionale. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, jusqu’en 1998. Il fallut les débuts dû être envisagée et préparée dès 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; d’une guérilla albano-kosovare avant Rambouillet. Elle aurait Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Lire page 19 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, pour déclencher, en même temps permis le contrôle de zones-clés 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, que les débuts de la purification au Kosovo, bénéficié de l’aide des International ...... 2 Communication ...... 19 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; ethnique serbe, le réveil des puis- populations ainsi que de la supé- Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; France ...... 7 Tableau de bord...... 20 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. sances occidentales, inquiètes riorité écrasante de l’arme aé- Société ...... 9 Aujourd’hui...... 23 d’une possible déstabilisation rienne de l’OTAN. Régions ...... 12 Météorologie...... 26 dans cette zone dangereuse des Carnet...... 13 Jeux ...... 26 Balkans. Lire la suite page 15 Abonnements ...... 13 Culture ...... 27 La conférence de Rambouillet Horizons ...... 14 Guide culturel...... 29 fut convoquée, avec la conviction Entreprises ...... 17 Radio-Télévision...... 30 occidentale qu’une puissante Edgar Morin est sociologue. LeMonde Job: WMQ2304--0002-0 WAS LMQ2304-2 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0295 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999

BALKANS L’OTAN a bombardé, famille ne s’y trouvait, selon l’agence l’Alliance. La guerre du Kosovo per- l’OTAN a été autorisé par Javier Sola- au sol reste prématurée, réaffirme-t- dans la nuit de mercredi 21 au jeudi Tanjug. b LES DIX-NEUF pays turbe l’ordre du jour du sommet, qui na, le secrétaire général de l’Alliance, on au sein de l’Allaince. b JACQUES 22 avril, la principale résidence à Bel- membres de l’OTAN se réunissent, à devait être consacré à l’examen d’un à réétudier une possible intervention CHIRAC est intervenu une nouvelle grade du président yougoslave Slo- partir de vendredi 23 avril à Washing- nouveau concept stratégique. b LE terrestre, selon une interview donnée fois à la télévision pour annoncer une bodan Milosevic. Ni ce dernier ni sa ton, à l’occasion du cinquantenaire de COMMANDEMENT militaire de au Washington Post. L’intervention intensification des frappes aériennes. L’OTAN bombarde la résidence belgradoise de Slobodan Milosevic Les dix-neuf pays membres de l’Alliance se réunissent pour trois jours à Washington à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’organisation. Son secrétaire général, Javier Solana, a demandé un examen des plans d’une éventuelle intervention au sol au Kosovo AU MOMENT où les dix-neuf russe pour la Yougoslavie Viktor b Les Etats-Unis affirment dé- sur le terrain et il est toujours bon lusion, mercredi, à une éventuelle du Kosovo. Devant la commission pays membres de l’OTAN se pré- Tchernomyrdine pour des entre- sormais publiquement qu’ils que les options disponibles soient à intervention terrestre de l’OTAN, des relations internationales de la parent à se réunir, vendredi 23 avril, tiens avec le président Milosevic. sont disposés à examiner l’oppor- jour », a-t-il ajouté. Devant le dans sa quatrième allocution télé- Chambre des représentants, elle a au sommet à Washington à l’occa- « Nous sommes venus avec des pro- tunité de l’envoi de troupes au Ko- Congrès, le secrétaire à la défense, visée depuis le début de l’opéra- toutefois révélé qu’« un ensemble sion du cinquantenaire de l’Al- positions concrètes pour mettre fin à sovo. « Si l’OTAN souhaite et pense William Cohen, a néanmoins préci- tion « Force alliée ». Face au «ré- d’idées est actuellement à l’étude » liance, l’idée d’une intervention ter- la tragédie en Yougoslavie », a indi- qu’il est prudent de procéder à la sé que si certains membres de l’Al- gime de Belgrade [qui] s’entête », pour la province, notamment une restre au Kosovo fait son chemin, qué l’ancien premier ministre russe mise à jour de toute étude [sur un liance sont favorables à un tel in- a-t-il dit, l’OTAN doit « intensifier proposition britannique visant à sans que l’on sache trop si elle vise à son arrivée à l’aéroport de Bel- tel déploiement], nous serions d’ac- fléchissement, « beaucoup » encore ses frappes, mettre en œuvre créer « un type de zone internatio- à faire pression sur la Yougoslavie, grade-Surcin, selon l’agence russe cord », a déclaré le porte-parole de d’autres y sont « fondamentale- des moyens supplémentaires et atta- nale protégée, où cohabiteraient un ou si elle a quelque chance d’être Itar-Tass. L’ancien premier ministre la Maison Blanche, Joe Lockhart. ment opposés ». quer des objectifs de plus en plus di- gouvernement local et une force mi- traduite en acte. a été nommé médiateur il y a une « Lorsqu’on est dans une campagne b Le président français versifiés » (lire ci-dessous). D’après litaire internationale ». Mme Al- b La résidence de Slobodan semaine par Boris Eltsine. militaire, les choses changent parfois Jacques Chirac n’a fait aucune al- un sondage exclusif IFOP, publié bright estime qu’il faudra « un ef- Milosevic à Belgrade a été bom- b Le commandement militaire jeudi par l’hebdomadaire L’Express, fort massif de reconstruction du bardée, jeudi 22 avril, par des de l’OTAN a été autorisé par Javier 63 % des Français seraient « plutôt Kosovo » quand la guerre sera finie. frappes de l’OTAN au moment où Solana, le secrétaire général de l’Al- Accord de principe entre les Quinze favorables » à une intervention ter- b Les premiers hélicoptères de le président yougoslave et sa fa- liance, à revoir et mettre à jour ses restre de l’OTAN au Kosovo. combat américains Apache sont mille ne se trouvaient pas à l’inté- plans, pour y inclure une possible pour interdir la vente de pétrole à Belgrade b Le président albanais, Rex- arrivés, mercredi, sur l’aéroport rieur, a annoncé l’agence officielle intervention terrestre au Kosovo, a hep Mejdani estime, dans un en- militaire de Rinas, près de , Tanjug. La télévision officielle serbe rapporté jeudi le Washington Post. Les ambassadeurs permanents des quinze pays membres de tretien publié jeudi par Le Figaro, en Albanie. Leur nombre exact n’a RTS a montré peu après des images Les « circonstances » du conflit l’Union européenne (UE) sont tombés d’accord, mercredi 21 avril, « que la présence d’une force de pas été précisé, mais les journa- de la villa présidentielle aux murs obligent à montrer au gouverne- pour interdire la vente et la fourniture de pétrole à la République fé- l’OTAN au Kosovo devra être le listes sur place croient savoir qu’ils éventrés et des arbres arrachés ment yougoslave que « toutes les dérale de Yougoslavie (RFY), ont indiqué des sources européennes. stade final de l’engagement interna- étaient six, sur un total de vingt- dans le jardin, sans aucun com- options sont sur la table », a déclaré Cet accord doit encore être confirmé, lundi, par les ministres euro- tional et que cela doit se faire, après quatre attendus pour renforcer la mentaire. La maison des Milosevic au journal M. Solana, qui estime péens des affaires étrangères. L’Italie et la Grèce, qui avaient émis accord international, dans un envi- capacité militaire de l’OTAN dans est située au 15 de la rue Uzicka, néanmoins que les bombardements des réserves, mardi, lors d’une réunion au niveau des hauts fonc- ronnement hostile », c’est-à-dire, ses opérations contre les forces dans le quartier résidentiel de De- aériens seront suffisants et que l’Al- tionnaires, ne se sont pas opposées à cette mesure. sans accord préalable de paix. «Il serbes (lire page 4). dinje, sur les hauteurs de la capitale liance est encore loin de prendre la L’UE va demander aux pays d’Europe centrale et orientale asso- faut absolument exclure toute parti- Le déploiement des Apaches est yougoslave. décision politique d’intervenir au ciés, ainsi qu’à Chypre, aux pays de l’Espace économique européen tion du Kosovo », lequel doit rester une « prolongation naturelle de la Le bombardement de la rési- sol. D’après un responsable améri- (Norvège, Islande) et à la Suisse de s’aligner sur cette position « un et multiethnique », dit M. Mej- stratégie des frappes aériennes », dence présidentielle a eu lieu quel- cain qui a requis l’anonymat, les commune des Quinze. Toutefois, les ventes de pétrole resteront au- dani. qui restent « la meilleure forme ques heures avant l’arrivée à Bel- dix-neuf Etats membres de l’OTAN torisées pour des buts humanitaires, en particulier pour les besoins b La secrétaire d’Etat améri- d’action possible », a commenté le grade en milieu de matinée du « sont convenus qu’il s’agissait là des personnes déplacées à l’intérieur de la RFY, c’est-à-dire essen- caine, Madeleine Albright a, elle ministre français de la défense, représentant spécial du président d’un exercice prudent et utile ». tiellement les Albanais du Kosovo. aussi, exclu une « partition nette » Alain Richard. l’option terrestre est mise à l’étude mais sa mise en œuvre est jugée prématurée LES DIRIGEANTS de l’Alliance atlan- fois sur le terrain et il est toujours bon que les les communistes un motif de quitter le gou- simple sur les Etats-Unis et ne va pas sans pas prévu et qu’eux n’étaient pas particuliè- tique ne vont pas décider, lors de leur réu- options disponibles soient à jour », a déclaré, vernement. débats. Depuis le début de l’intervention, rement sensibles à la nécessité humanitaire nion à Washington qui commence vendredi mercredi, le porte-parole de la Maison « Le débat est prématuré, dit-on ainsi à Paris a veillé en particulier à ce que les mili- et politique d’une telle opération (lire page 23 avril, d’engager une offensive terrestre Blanche, Joe Lockhart. Paris. Si l’on pose la question trop tôt, la ré- taires de l’OTAN n’aient pas la bride sur le 5). en Yougoslavie. Ils ne peuvent néanmoins Le passage à une intervention au sol n’est ponse sera non et l’OTAN se sera fermé la cou et que s’exerce sur eux un contrôle po- Enfin les dirigeants français sont parti- plus dire, comme certains le faisaient jus- cependant pas à l’ordre du jour : il est «im- porte d’une autre forme d’intervention. Il faut litique. Si l’OTAN n’est pas encore passée à culièrement attentifs à ce que l’Europe im- qu’à présent péremptoirement, qu’il n’en possible en ce moment, a déclaré le secré- laisser les options ouvertes. » Plus tard, la « phase 3 » de l’intervention, alors que prime sa marque dans la gestion de cette sera jamais question. Un mois après le dé- taire général de l’OTAN Javier Solana, tant ajoute-t-on, le moment viendra peut-être les cibles désormais visées le justifieraient crise, comme l’a rappelé, mercredi, le chef but de l’intervention aérienne, ses résultats que la capacité militaire de la Serbie n’a pas où le contexte, politiquement et sur le ter- (l’immeuble du Parti socialiste à Belgrade, de l’Etat. La proposition que l’Union euro- sont dramatiquement peu probants aux été plus atteinte ». Il n’y aurait « pas de rain, sans être devenu « permissif » sera bombardé mercredi, est typiquement un de péenne prenne en charge, le moment venu, yeux de l’opinion publique, qui commence consensus » au sein de l’OTAN sur un tel devenu différent : les frappes auront affai- ces lieux du pouvoir civil visés dans la avec l’accord de l’ONU, l’administration à être saisie par le doute. Les alliés doivent changement de stratégie, a souligné, pour bli davantage l’armée yougoslave, les « phase 3 »), c’est parce que certains ont provisoire du Kosovo relève de ce souci, au moins montrer que, s’ils s’en tiennent sa part, le secrétaire américain à la défense, Russes auront admis que leurs efforts pour voulu préserver cette maîtrise politique. On tout comme l’idée (émise aussi par pour l’instant à l’option aérienne, c’est de William Cohen. convaincre Milosevic sont vains, etc. La a inventé une phase « 2 plus » où il n’y a d’autres) d’organiser méthodiquement la propos délibéré et qu’ils ne se sont pas lié Les alliés ne peuvent guère aller au-delà guerre terrestre alors sera politiquement et pas totale délégation à l’autorité militaire, stabilité de tout le Sud-Est européen. On les mains pour l’avenir. de cette ambiguïté lors du sommet de Was- militairement moins risquée. mais où certains des alliés, dont la France, n’en est pas encore à cet après-guerre, mais L’option terrestre sera donc « discutée » hington. Poser dès aujourd’hui publique- donnent un feu vert ou un feu rouge, au il était utile de convier à Washington, pour au sommet de Washington, comme l’a an- ment la question de l’opportunité d’un en- LA PHASE « 2 PLUS » cas par cas, pour chaque cible. Ce système les rassurer, les pays riverains de la Yougo- noncé, mercredi, le porte-parole du pre- gagement au sol dans un contexte «non La cohésion de l’Alliance devrait donc ne paraît pas faire l’objet de tensions, dans slavie. L’une des questions plus immédiates mier ministre britannique Tony Blair, mais permissif » (c’est-à-dire sans qu’ait pu être être réaffirmée au sommet de Washington l’Alliance, entre les politiques. qui les concerne est celle de l’approvision- sans que la poursuite de la stratégie aé- conclu un accord avec Slobodan Milosevic sur la ligne rappelée, mercredi, par Jacques Paris a aussi compliqué un peu plus la vie nement en pétrole de la Yougoslavie. La rienne actuelle soit pour autant remise en et sans mandat de l’ONU), ferait en effet Chirac : intensification des frappes aé- aux militaires de l’OTAN en décidant qu’il France, là aussi, défend une approche dif- cause. Les Occidentaux inviteront les mili- éclater la cohésion des alliés. Cela briserait riennes, mobilisation de moyens supplé- fallait venir en aide aux populations dépla- férente de celle des Etats-Unis sur la mé- taires de l’OTAN à mettre à jour les plans le consensus national à l’intérieur de plu- mentaires à leur service, « diversification » cées à l’intérieur du Kosovo. Cela oblige thode sinon sur l’objectif qui est de tarir de déploiement terrestre qui avaient été sieurs pays membres de l’OTAN, parmi les- des cibles. l’OTAN à étudier comment des largages de l’alimentation de la Serbie en carburant. élaborés en 1998. « Lorsqu’on est dans une quels la France, où le lancement d’une Cette cohésion n’est pas, en ce qui vivres peuvent s’insérer dans les opérations campagne militaire, les choses changent par- guerre terrestre contre la Serbie serait pour concerne la France, alignement pur et en cours, alors que leurs plans ne l’avaient Claire Tréan M. Chirac : « Mener le combat à son terme et le gagner »

VOICI les principaux extraits de l’al- qu’elles limitent les risques pour les cherchons tous les moyens, je dis locution prononcée par le président populations. Aujourd’hui nous bien tous les moyens, de les aider. de la République à la radio et à la té- avons réduit fortement la mobilité Je rappelle aux autorités serbes lévision mercredi 21 avril dans la soi- des forces serbes, nous les empê- qu’elles sont responsables de leur rée. chons de se concentrer et nous les sort et qu’elles devront rendre des « La semaine coupons progressivement de leur comptes. dernière, les ravitaillement et de leurs bases. » Enfin il est indispensable que quinze chefs » Et pourtant le régime de Belgrade l’Union européenne joue tout son d’Etat et de s’entête. Il provoque et il poursuit rôle dans le règlement politique gouvernement sa terrible politique d’épuration d’une crise qui se déroule à ses de l’Union eu- ethnique. Massacres, viols, pillages, portes. Dans cet esprit, avec le pre- ropéenne se villages incendiés, familles séparées mier ministre, j’ai proposé que réunissaient à et jetées sur les routes (...). Voilà ce l’Union européenne se voie confier Bruxelles. Ils qui doit cesser. Nous devons donc par l’ONU, lorsque la paix sera réta- ont pris, à l’unanimité, une position intensifier encore ces frappes, blie, la responsabilité d’administrer commune sur la crise du Kosovo : mettre en œuvre des moyens sup- provisoirement le Kosovo. Cette approbation de l’action engagée plémentaires et attaquer des objec- proposition (...) a été adoptée à par l’OTAN, détermination à la tifs de plus en plus diversifiés dont l’unanimité par les chefs d’Etat et conduire jusqu’à son terme, re- la destruction pèsera de plus en de gouvernement lors du dernier cherche d’une sortie politique de la plus lourdement sur l’action des Conseil européen. (...). Pour la pre- crise assurant durablement la stabi- forces et sur le fonctionnement du mière fois, l’Union européenne est lité de la région dans le respect des régime serbe (...). prête à assumer ses responsabilités droits de l’homme et des règles de » Je proposerai aussi de mieux ai- dans le règlement d’une crise ma- la démocratie. der les pays voisins qui subissent de jeure. On a trop reproché à l’Eu- » Après-demain, les dix-neuf pays plein fouet les effets de ce drame. rope sa faiblesse dans ce domaine de l’Alliance atlantique, européens L’Union européenne a déjà décidé pour ne pas saluer cette détermina- et américains, se réuniront à Was- une aide économique et humani- tion nouvelle. hington. Quel est notre objectif ? taire considérable. Au sommet, » (...) L’Europe doit mieux exercer (...) : arrêter la répression et obtenir nous rencontrerons les chefs d’Etat ses responsabilités de défense, au le retrait des forces serbes du Koso- de ces pays pour examiner, dans un sein comme en dehors de l’Alliance. vo, assurer le retour des réfugiés, esprit de solidarité, leurs problèmes De premiers progrès ont été enre- trouver les voies d’un accord poli- de sécurité. Je pense en particulier à gistrés, sur la base de nos proposi- tique permettant la reconstruction la Macédoine et à l’Albanie. tions, avec le plein appui de la de la province et comprenant une » Ces deux pays et le Monténégro Grande-Bretagne et de l’Alle- garantie internationale de sécurité portent tout le poids de l’accueil de magne. Il faut aujourd’hui accélérer pour tous ses habitants (...). 600 000 réfugiés kosovars chassés le mouvement (...). Nous vivons, » Pour atteindre cet objectif, nous de leurs foyers par les forces serbes vous le savez, (...) l’affrontement avons choisi d’exercer une pression (...). Nous devons accentuer notre entre la barbarie et la démocratie. croissante sur les forces serbes en effort (...). Quant aux populations (...) C’est le combat de l’honneur. utilisant les frappes aériennes parce qui se trouvent encore au Kosovo, Nous devons le mener à son terme qu’elles sont les plus précises et elles sont en grave danger et nous et le gagner. » LeMonde Job: WMQ2304--0003-0 WAS LMQ2304-3 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0296 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN CONTRE LA SERBIE LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / 3 Les pays de l'Alliance Un « nouveau concept stratégique » flou et rétréci NORVÈGE RUSSIE ISLANDE LE DERNIER concept straté- les chefs d’Etat et de gouverne- ou chinois. La résolution du tisans d’une conception très large, ESTONIE gique – le texte qui définit les fonc- ment doivent adopter lors du som- Conseil de sécurité aurait été la englobant aussi bien la drogue, la tions et les méthodes de l’OTAN – met de Washington se propose de règle, mais des exceptions auraient criminalité organisée que le terro- LETTONIE date de 1991. L’organisation atlan- définir ces nouvelles tâches et leur été énumérées, comme le risque risme ou les armes de destruction DANEMARK LITUANIE tique prenait acte alors des trans- mise en œuvre. Au cours des tra- d’une « catastrophe humanitaire massive. Les Européens se sont PAYS- formations produites par la chute vaux préparatoires, les discussions majeure ». Plusieurs pays euro- méfiés de cette propension à faire

ROY.-UNI BAS du mur de Berlin et l’abandon du ont porté sur cinq points : péens, dont la France, se sont op- de l’OTAN une organisation POLOGNE communisme dans les Etats d’Eu- b L’équilibre entre les « mis- posés à cette formule. Sans nier la compétente sur tous les sujets et ALLEMAGNE rope centrale et orientale. Mais elle sions article 5 » et « non ar- possibilité d’agir sans mandat for- tous les continents. Les Dix-neuf BELGIQUE s’était réunie à Rome avant que ticle 5 ». Certains Etats membres mel de l’ONU, ils estimaient super- devraient décider la création d’un LUX. RÉP. TCHÈQUE SLOVAQUIE l’URSS ne cesse d’exister. C’était craignaient que l’accent mis sur les flu et dangereux de mettre noir sur bureau d’information sur les armes ROUMANIE une époque où certains, y compris opérations de maintien ou de réta- blanc les exceptions. Pour éviter de destruction massive, placé au- FRANCE HONGRIE dans les pays occidentaux, se de- blissment de la paix fasse perdre de des controverses, tout le monde près du secrétariat général de

mandaient si une alliance créée vue l’objectif premier de l’Alliance : devrait accepter de s’en tenir à la l’OTAN. Cette structure légère pour faire à une menace disparue la défense contre une menace ex- formulation de 1994. – pas plus d’une dizaine de per- SLOVÉNIE avait encore une raison d’être. térieure ; b L’extension géographique de sonnes – coordonnera les échanges PORTUGAL BULGARIE ITALIE L’OTAN avait pour mission prin- b La légitimité des actions de l’OTAN. Il s’agit de la possibilité sur les problèmes de lutte contre la cipale d’assurer la défense collec- l’Alliance. Pour des actions mili- pour l’organisation d’agir en de- prolifération mais ne sera pas ESPAGNE TURQUIE tive de ses membres, l’article 5 du taires engagées au titre de l’ar- hors des frontières de ses membres compétente pour définir une poli- GRÈCE traité de Washington de 1949 fai- ticle 5, la question ne se pose pas : quand la sécurité ou la stabilité tique qui s’imposerait à tous. sant obligation à chaque membre il s’agirait de cas de légitime dé- sont en jeu. Elle l’a fait en Bosnie b L’Identité européenne de dé-

ALBANIE de considérer toute menace contre fense prévus par la Charte des Na- en 1995. Jusqu’où peut-elle aller ? fense et de sécurité. Le nouveau 500 km MACÉDOINE l’un de ses alliés comme une me- tions unies. Mais elle se pose pour Tout en se défendant de vouloir concept stratégique devrait faire nace contre lui-même. Cette mis- les missions non article 5. Lors du transformer l’OTAN en gendarme une place à l’« européanisation de sion demeure, mais elle n’a pas la sommet de janvier 1994, les Seize du monde, les Etats-Unis soute- l’OTAN » (lire ci-dessous). PAYS FONDATEURS PAYS MEMBRES NOUVEAUX même importance que pendant la s’étaient entendus pour placer l’ac- naient une conception extensive Fruit de nombreux compromis, avec les Etats-Unis avec les Etats-Unis ADHÉRENTS guerre froide. En même temps, tion de l’OTAN « sous l’autorité du des responsabilités géographiques le nouveau concept stratégique et le Canada et le Canada en 1999 l’Alliance assume depuis le début Conseil de sécurité des Nations de l’OTAN, qui aurait permis d’in- risque de donner raison à Tom des années 90 d’autres missions, unies ». Dans le nouveau concept voquer la solidarité atlantique sur Lippman, éditorialiste de politique PAYS CANDIDATS liées au maintien de la paix stratégique, les Etats-Unis vou- des théâtres d’opérations éloignés étrangère au Washington Post : – comme en Bosnie – ou au réta- laient introduire une formule de l’Europe. La formule retenue « Une seule chose est sûre, dit-il, blissement de la paix – comme au moins contraignante, permettant à devrait être plus modeste et suffi- c’est que le nouveau concept straté- Kosovo. Ce qu’à l’OTAN on appelle l’OTAN de se passer d’un mandat samment vague. gique sera incompréhensible. » « les missions non article 5 ». Le formel de l’ONU, pour ne pas être b Les nouvelles menaces. Là La guerre a bouleversé nouveau concept stratégique que tributaire d’un éventuel veto russe encore, les Américains étaient par- D. V. les priorités du sommet de l’OTAN Défense européenne : quelques progrès, beaucoup de questions en suspens CE DEVAIT être une apothéose. atlantique, menée par les Etats- EN JANVIER 1994, Bill Clinton propos du commandement Sud. Ce alliées en Europe. Ce dernier – tra- gents affectés à l’OTAN. Les Euro- Plus d’une quarantaine de chefs Unis, allait mettre sa puissance mi- avait solennellement accepté l’ex- jusqu’à l’initiative de Tony Blair de ditionnellement un officier euro- péens voudraient également d’Etat et de gouvernement vont se litaire au service de ses idéaux, afin pression l’Identité européenne de l’automne 1998, qui a abouti à la dé- péen (actuellement un Britan- obtenir des Américains des avan- réunir pendant trois jours à Was- d’« empêcher une catastrophe hu- sécurité et de défense (IESD), dans claration franco-britannique de nique) – devrait pouvoir diriger des cées par rapport aux décisions de hington pour célébrer le cinquan- manitaire majeure » en Europe à le vocabulaire officiel de l’Alliance. Saint-Malo et la mise en place d’un actions purement européennes et Berlin. Celles-ci admettaient le prin- l’aube du XXIe siècle. Depuis cinq ans, des progrès ont été travail tripartite avec les Allemands. planifier des opérations de maintien cipe d’une mise à la disposition des ANALYSE Entre le début des frappes sur la réalisés dans les relations entre les Les discussions progressent rapi- de la paix, en dehors des périodes ressources de l’OTAN pour des opé- Pour ses cinquante ans, Serbie et le sommet de Washing- membres de l’Union européenne et dement, mais pas assez pour que de crise, avec des unités euro- rations européennes. Les Euro- ton, elle avait un mois pour obliger l’OTAN. Le sommet de Washington les Européens puissent présenter péennes prélevées sur les contin- péens souhaiteraient que cette mise l’Alliance est placée Slobodan Milosevic à accepter un devrait s’en féliciter. Il semble diffi- une position définitive à Washing- à disposition soit quasi automa- devant le défi le plus statut « d’autonomie substantielle » cile qu’il aille beaucoup plus loin, ton. Les Français ne sont pas seuls à tique, sans pouvoir faire l’objet d’un risqué de son histoire pour le Kosovo, sous le contrôle pour des raisons tenant à la posi- penser que le calendrier européen L’adhésion « virtuelle » droit de veto. d’une force de l’OTAN. La supério- tion des Etats-Unis et à l’imprépara- ne doit pas être déterminé par les Les Etats-Unis seraient favorables rité technologique américaine était tion des Européens. Les premiers ne échéances de l’OTAN, et qu’il serait Il n’y aura, à Washington, ni à une déclaration générale dans ce tième anniversaire de « l’alliance la garante d’une solution rapide. Les sont pas hostiles par principe à prématuré, voire dangereux, de dé- nouvelles invitations à l’adhé- sens, mais la décision est bloquée plus réussie de tous les temps ». Ja- Américains imaginaient déjà une l’IESD, même si certains Américains finir trop précisément dans une dé- sion à l’OTAN ni calendrier. Ce- par l’attitude des Turcs, qui mais la capitale américaine n’a reçu stratégie dite de la « triple cou- trouvent des relents psychanaly- claration de l’Alliance une politique pendant l’Alliance confirmera sa craignent de faire les frais d’un dé- en même temps autant de diri- ronne » pour le partage des tâches tiques à l’expression « identité ». européenne de sécurité et de dé- politique de « porte ouverte », veloppement de l’IESD en dehors geants venus du monde entier. Il en Europe : l’OTAN pour la sécurité Pour s’affirmer comme un parte- fense encore en gestation. pour signifier que l’élargisse- de l’Union de l’Europe occidentale devait y avoir les représentants des et la défense, l’Union européenne naire, l’Europe devrait prêter plus En revanche, une manifestation ment ne s’est pas achevé en mars (UEO), à laquelle ils sont étroite- Etats membres, dix-neuf depuis le pour la diplomatie et l’économie, d’attention à ses « capacités » qu’à de bonne volonté de la part des avec l’entrée de la Hongrie, de la ment associés, alors qu’ils ne sont mois de mars, avec l’arrivée des l’OSCE pour le respect des droits son identité, disent-ils. Les Euro- Etats-Unis pour mettre en œuvre Pologne et de la République pas membres de l’UE. Hongrois, des Polonais et des de l’homme et la prévention des péens, eux, avaient laissé en friche les décisions de Berlin serait bienve- tchèque, mais elle attendra plu- Avant de donner leur accord à Tchèques, mais aussi tous ceux qui conflits. La gestion de la crise au le dossier après le Conseil atlan- nue. Par exemple en ce qui sieurs années avant une autre l’utilisation par l’UE des moyens de gravitent autour de l’OTAN depuis Kosovo devait fournir une illustra- tique de Berlin de juin 1996 et les concerne les pouvoirs de l’adjoint vague d’adhésion. Pour montrer l’OTAN, Ankara veut être assuré de la fin de la guerre froide, parmi les- tion de ce tripode : l’Union euro- mésaventures franco-américaines à au commandant en chef des forces que ce n’est pas là une manière retrouver par rapport à l’IESD une quels des Etats issus de l’ancienne péenne s’occupait des négociations de refuser de nouveaux position aussi favorable que dans Union soviétique, y compris la Rus- de Rambouillet ; l’OSCE (Organisa- membres, les Américains ont in- l’UEO. C’est notamment en pensant sie. Les Américains et leurs alliés tion pour la sécurité et le dévelop- venté un statut à mi-chemin aux Turcs que la secrétaire d’Etat voulaient profiter de cette ren- pement en Europe) envoyait sur Un cinquantenaire où l’euphorie entre l’adhésion pleine et la né- américaine, Madeleine Albright, a contre exceptionnelle pour mon- place ses vérificateurs non armés ; buleuse du partenariat pour la assorti son soutien à la défense eu- trer la métamorphose de l’OTAN l’OTAN commandait la force d’ex- paix, qui rassemble une quaran- ropéenne de «3D»: pas de décou- depuis le début des années 90. traction en Macédoine et dirigeait a cédé la place aux doutes taine de pays. Il s’agit du MAP, plage, pas de duplication, pas de D’organisation de la guerre froide les frappes aériennes. Membership Action Plan (Plan discrimination. Autrement dit, chargée d’assurer la défense des WASHINGTON gement de ligne sur cette ques- d’action pour l’adhésion) que les l’IESD ne doit pas couper l’Europe Occidentaux contre la menace PRÉMISSES ERRONÉES de notre correspondant tion-clé, qui sera, bien candidats pourront rejoindre s’ils des Etats-Unis, elle ne doit pas ac- communiste en Europe, l’Alliance Ce scénario est bouleversé, parce La guerre du Kosovo est évidemment, discutée. le souhaitent. La coopération complir les mêmes tâches et investir atlantique est devenue un instru- que les prémisses sur lesquelles « comme une mouche dans le L’administration américaine, dans le domaine de la défense, la dans les mêmes matériels que ment de la sécurité collective sur le étaient fondées la campagne aé- champagne de l’OTAN », ironise le tout en maintenant sa position, définition d’une interopérabilité l’OTAN, elle ne doit pas privilégier Vieux Continent, et pas seulement rienne contre la Serbie se sont ré- New York Times. Elle vole en effet assouplit chaque jour un peu plus avec les forces de l’OTAN et un les membres de l’UE par rapport une institution parmi d’autres, vélées erronées. Les responsables la vedette à ce qui devait être une les termes de ce refus et laisse fil- soutien aux investissements de- aux membres de l’OTAN qui, mais « la clé de la sécurité en Eu- de l’OTAN et leurs alliés se réu- grande cérémonie festive comme trer des bruits sur une responsabi- vraient amener les candidats à comme la Turquie, l’Islande ou la rope », comme on dit à Washing- nissent à Washington alors que Mi- les Américains, en particulier leur lité des alliés dans le manque de un niveau compatible avec Norvège, n’appartiennent pas à ton. losevic continue de résister ; président, les aiment. Certes, les réussite d’une guerre aérienne l’OTAN. Les Etats participant au l’UE. L’ordre du jour prévu par les l’exode des Kosovars se poursuit, dix-neuf membres de l’Alliance dont on attendait tout. Par ail- MAP seront en quelque sorte des Américains était ambitieux : une déstabilisant les pays voisins de la atlantique se retrouveront, à partir leurs, mal informés sur la partici- membres « virtuels ». D. V. déclaration politique ; un nouveau Serbie – qu’il s’agissait précisément de vendredi 23 avril, pour célébrer pation des alliés, les Américains y concept stratégique de l’Alliance de protéger –, et la solution poli- le cinquantenaire de l’OTAN, voient matière à critique. L’écart appelé à remplacer celui adopté en tique consistant à organiser une avant de débattre avec leurs parte- technologique grandissant, l’in- 1991, alors que l’URSS existait en- coexistence pacifique entre di- naires européens et les pays limi- suffisance des moyens de projec- core ; une extension du champ verses communautés sous surveil- trophes du Kosovo (seule absente, tion de forces des Européens et d’intervention de l’OTAN, géogra- lance internationale apparaît plus la Russie a annoncé à la dernière leur dépendance envers les Etats- phique (au-delà de l’Europe) et irréaliste que jamais. minute qu’elle ne participerait pas Unis suscitent une certaine frus- fonctionnelle (lutte contre la proli- Il est trop tôt pour tirer les leçons au sommet). Mais l’autosatisfac- tration. fération des armes de destruction de cette crise pour l’OTAN. Mais tion sur les cinquante ans passés massive) ; la réaffirmation de la po- quelques enseignements sont et les projections optimistes sur LA FIN « DES TICKETS GRATUITS » litique de la « porte ouverte » pour d’ores et déjà évidents. Loin d’être l’avenir ont dû être remisées. Les analystes de la Rand Corpo- de nouveaux membres, même si le précédent dont rêvaient les La logistique reste cependant ration notent ainsi que les coupes aucun calendrier ne devait être Américains pour relativiser l’im- formidable. Washington attend dans les budgets de défense sont fixé ; une réunion – si possible au portance des Nations unies, le Ko- une quarantaine de délégations – plus marquées en Europe qu’aux sommet – du Conseil conjoint sovo peut être utilisé par les Euro- 1 700 personnes –, des milliers de Etats-Unis. Alors que Washington OTAN-Russie ; une réunion avec péens pour appeler les Etats-Unis à journalistes. Tous les incidents réclame un « partage du fardeau », l’Ukraine ; etc. Le tout baignant plus de circonspection. Tout triom- imaginables ont été prévus, jus- ils critiquent le déséquilibre entre dans des festivités grandioses. phalisme paraissant hors de saison, qu’à une attaque terroriste de na- la participation de l’US Air Force le nouveau concept stratégique de- tionalistes serbes ! Le Triangle fé- aux bombardements et celle des LA « TRIPLE COURONNE » vrait être ramené à des proportions déral, où sont situées nombre alliés. Il en serait de même dans Avant même les bombardements modestes, d’autant plus que per- d’administrations, sera bouclé, une future force terrestre. aériens sur la Serbie, la crise du Ko- sonne, d’un côté comme de l’autre 90 000 fonctionnaires ont reçu un « Le temps des tickets gratuits est sovo avait quelque peu refroidi les de l’Atlantique, n’a intérêt à brus- jour de vacances, vendredi. Des fini, les forces armées européennes ardeurs. Alors qu’elle s’apprêtait à quer ses partenaires. L’heure est à écoles et des bureaux seront fer- ne sont plus adéquates, elles doivent fêter ses cinquante ans, l’OTAN l’affirmation d’une solidarité qui més, les grands hôtels, pris d’as- se moderniser, ne plus faire comme était placée devant le défi le plus exclut l’étalage de divergences, a saut par les délégations, mis sous dans la guerre du Golfe, où leur rôle risqué de son histoire. Engagée fortiori les éclats diplomatiques, haute surveillance : pas moins de a été symbolique », dit l’analyste pour la première fois dans une alors que l’OTAN est engagée dans cinquante organismes de sécurité. David Gompert. D’où l’Initiative guerre, elle devait passer un test au une guerre. Reste à faire de ce sommet une sur les capacités de défense, desti- moment sans doute pas le plus fa- Dans tous les domaines où l’Al- réussite. Car nombre d’experts née à améliorer l’interopérabilité vorable, mais, après l’échec des né- liance se préparait à produire « une aux Etats-Unis, très critiques sur la entre les membres de l’OTAN, qui gociations de Rambouillet, sa cré- carte pour l’OTAN du XXIe siècle », conduite des opérations en Serbie, sera discutée au sommet. Jusqu’à dibilité était en jeu. Ayant menacé selon l’expression de Walter Slo- se demandent s’il suffira d’affir- présent, ce défi n’a pas été relevé, pendant des mois Slobodan Milo- combe, sous-secrétaire américain à mer publiquement l’unité de l’Al- note l’ancien ambassadeur Robert sevic de ses foudres, elle ne pouvait la défense, les solutions minima- liance pour permettre à un Bill Hunter, qui reconnaît pourtant se dérober, alors qu’elle se propo- listes devraient l’emporter, pendant Clinton critiqué pour son manque que les Européens assument la sait d’affirmer son hégémonie en que les chefs d’Etat et de gouverne- de leadership d’annoncer un suc- part du lion du processus de paix Europe. La crise du Kosovo devait ment des dix-neuf passeront le plus cès du sommet. Si les délégations en Bosnie. Ce week-end ne sera même se transformer en démons- clair de leur temps à parler de la si- affichent leur opposition quasi pas de trop pour répondre à ce tration de son rôle dans la sécurité tuation actuelle dans un petit coin unanime à l’envoi de troupes ter- type de critiques, pas toujours dé- et la stabilité européennes. Sans reculé de l’Europe. restres au Kosovo, le petit monde sintéressées. mandat formel de l’ONU, malgré la de Washington bruisse ainsi d’in- réprobation de la Russie, l’Alliance Daniel Vernet discrétions sur un possible chan- Patrice de Beer LeMonde Job: WMQ2304--0004-0 WAS LMQ2304-4 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0297 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 L’OTAN CONTRE LA SERBIE

DÉPÊCHES

Les premiers hélicoptères MILOSEVIC PARLE AUX AMÉRICAINS a « Il n’y a jamais eu de la part de mon pays – et de moi-même – une Apache sont arrivés politique d’expulsion de quelque ci- toyen yougoslave que ce soit », a dé- claré Slobodan Milosevic, mercredi 21 avril, lors d’une interview en an- sur l’aéroport de Tirana glais à la chaîne CBS, depuis le pa- lais présidentiel de Belgrade. L’exode des Kosovars, a-t-il dit, a Accrochages à la frontière serbo-albanaise été provoqué par « ces maudits bombardements ». Evoquant les TIRANA l’US Airforce ont transporté du trois soldats américains capturés le de notre envoyé spécial nord vers le sud moins de deux 31 mars, il a ajouté : « Nous sommes Surgissant des nuages, les héli- cents réfugiés, alors que c’est par un peuple très ancien qui a pour tra- coptères Apache atterrissent lour- milliers que les Kosovars sont dition de respecter les prisonniers de dement sur l’aéroport enchâssé quotidiennement évacués du nord guerre. (...) Il ne leur arrivera rien. La dans les montagnes. Regardant les par camions. Et l’afflux des réfu- Convention de Genève sera respec- premiers appareils blindés améri- giés au poste-frontière de Morina, tée. » Il sera « très facile » de régler cains d’attaque au sol se poser, principal point de passage des ex- politiquement la crise du Kosovo mercredi 21 avril, sur le tarmac pulsés du Kosovo, s’est de nou- « dès que les bombardements cesse- congestionné de l’aéroport de Ti- veau brusquement tari depuis près ront », a-t-il soutenu. – (Reuters.) rana, l’Albanie, gonflée de de trois jours. 360 000 Albanais expulsés du Ko- OPPOSANTS SERBES sovo, espère. « Maintenant, ça va a Deux groupes d’opposants être la fin pour les Serbes », dit Ilir, serbes, cités mercredi par l’agence ARBEN CELI/REUTERS « Sur les 8 500 un étudiant. Beta, ont signé des appels à la fin a TIRANA-RINAS. Destinés à soutenir l’offensive de l’OTAN sur le terrain du Ko- L’Albanie veut croire que l’arri- hommes de l’OTAN, des frappes de l’OTAN. « Le régime sovo, des hélicoptères américains d’attaque Apache s’apprêtent à atterrir. vée de ces hélicoptères va, sinon actuel est renforcé par les frappes, qui régler le conflit, du moins pousser on ne sait pas ont poussé les gens à se rassembler l’Occident dans l’engrenage. L’en- patriotiquement sous le même dra- grenage qui, après avoir entraîné combien sont peau (...), qui affaiblissent les forces Le Monténégro craint « un coup d’Etat rampant » l’OTAN des menaces de frappes démocratiques en Serbie et menacent aériennes à des frappes « limi- des humanitaires le pouvoir réformateur du Monténé- tées », des frappes limitées aux gro », écrivent 27 intellectuels, dont organisé par l’armée yougoslave bombardements intensifs, mènera et combien d’anciens professeurs d’université et l’Alliance à une intervention ter- des journalistes. « La destruction des restre pour « libérer le Kosovo ». des combattants » usines et de l’infrastructure ne cause Un meeting « anti-OTAN » est organisé à Podgorica Pourtant les Apache, qui ne pour- aucun dommage, y compris politique, ront pas lancer d’attaques ris- à M. Milosevic », écrivent de leur cô- PODGORICA grins affirment que les victimes clandestinité pour échapper à l’en- quées contre les forces serbes Le président serbe Slobodan Mi- té 17 économistes. – (AFP.) de notre envoyée spéciale étaient des réfugiés arrivés du Ko- rôlement. L’armée multiplie en avant une semaine, semblent bien losevic « essaye de créer le chaos en L’armée yougoslave bloquait, sovo, l’armée déclarant de son côté outre les contrôles de véhicules sur en peine de changer le cours de la envoyant les réfugiés par vagues », AIDE INTERNATIONALE mercredi 21 avril, un passage fron- qu’il s’agit de combattants alba- les routes. guerre. Selon les témoignages des estime à Tirana une responsable a L’organisation de l’aide interna- talier entre la Croatie et le Monté- nais. La situation politique risquait en- réfugiés du Kosovo, les blindés et du Haut-Commissariat aux réfu- tionale aux pays touchés par la négro, un jour après avoir exigé Les autorités de Podgorica ont core de se tendre, jeudi. Un mee- les troupes serbes n’ont pas atten- giés de l’ONU, en charge des opé- guerre au Kosovo sera l’une des que les forces de police du Monté- dénoncé la volonté de l’armée de ting « anti-OTAN » était prévu dans du les hélicoptères pour s’enterrer, rations humanitaires. Malgré les priorités de la réunion de printemps négro se soumettent à l’autorité faire main basse sur la police lo- la soirée, dans le centre de Podgori- se disperser, se dissimuler. « coups d’accordéon », les cris du FMI et de la Banque mondiale, a militaire, en vertu de l’« état de cale, y voyant « une tentative immo- ca, en présence du premier mi- Comme pour pousser l’Alliance d’alarme réguliers des humani- indiqué, mercredi 21 avril, le direc- guerre » déclaré à Belgrade. rale visant à entraîner la police mon- nistre fédéral, Momir Bulatovic, à un engagement plus direct, les taires et des autorités albanaises, teur général du Fonds, Michel Cam- Les relations, déjà tendues, entre ténégrine dans la guerre au qui devait, pour l’occasion, faire le autorités de Tirana ont dramatisé, plus justifiés par les besoins de dessus. Il s’agira de déterminer le gouvernement local et l’armée Kosovo ». Selon le vice-premier mi- voyage depuis Belgrade. Fidèle de mercredi, des « combats » sur la fonds que par la situation, l’Alba- « très rapidement comment répondre fédérale se sont encore détériorées nistre, Dragisa Burzan, le comman- Slobodan Milosevic, Momir Bula- frontière entre les forces serbes et nie absorbe sans drame le flot de à la situation humanitaire » dans la après l’incident survenu le 18 avril dement militaire cherche à instau- tovic est le principal opposant du albanaises. Depuis près d’une se- réfugiés, avant même que les sol- région. Selon une étude du FMI, le au nord-est du Monténégro, près rer au Monténégro « un pouvoir président du Monténégro, Milo maine, quelques gardes-frontières dats de l’OTAN ne se soient véri- préjudice économique pour les pays de la frontière avec le Kosovo, où parallèle ». Le pouvoir monténé- Djukanovic, dont la capitale consti- albanais échangent quotidienne- tablement engagés dans les « opé- riverains sera d’environ 1,6 milliard des soldats et des paramilitaires grin a en outre demandé des éclair- tue l’un des fiefs. ment des coups de feu avec les rations humanitaires ». de dollars si la guerre dure jusqu’à serbes ont fait fuir les habitants de cissements à l’armée yougoslave, Des partis de la coalition au pou- forces de Belgrade. Avant de dé- « Nous n’avons que faire de huit la fin de l’année, de 800 millions de trois villages musulmans, au pré- concernant la récente incursion de voir à Podgorica avaient envisagé, guerpir si les Serbes passent à l’as- mille soldats » de l’OTAN, dit un dollars si elle s’arrête dans quelques texte qu’ils abritaient des « terro- quelque trois cents soldats fédé- ces jours-ci, de convoquer une saut. haut responsable humanitaire. semaines. ristes » de l’UCK. Le maire de Ro- raux dans la zone démilitarisée de séance extraordinaire du Parle- Officiellement, malgré l’arrivée « Sur les huit mille cinq cents zaje, la bourgade la plus proche, a Prelavka, en Croatie. ment pour faire interdire cette ma- des Apache, malgré le déploie- hommes, on ne sait pas combien SEPT PRIX NOBEL conseillé aux villageois résidant à Tous ces incidents sont couram- nifestation. L’idée n’a toutefois pas ment de blindés à lance-roquettes sont des humanitaires et combien POUR LE DIALOGUE proximité du Kosovo de se replier ment interpretés, à Podgorica, été retenue, la formation du pré- multiples en appui d’artillerie, des combattants », reconnaît un a Sept lauréats du prix Nobel de la temporairement vers des zones comme les signes d’un « coup sident Djukanovic déclarant que ce malgré l’arrivée d’une force d’élite militaire des troupes de l’OTAN à paix – David Trimble, Mikhail Gor- plus sûres, en raison du risque de d’Etat rampant » de l’armée au genre d’interdiction risquait de parachutiste américaine (la « 82 Tirana. Personne ne semble ca- batchev, F. W. De Klerk, Shimon nouvelles violences. Monténégro. Ils constituent assu- « créer plus de tensions ». Des Airborne »), l’opération « Abri al- pable dire si les troupes de l’OTAN Peres, Rigoberta Menchu, Betty Le gouvernement monténégrin a rément des démonstrations de sources policières ont indiqué lié » en Albanie reste « humani- qui débarquent vont construire Williams et Joseph Rotblat –, réunis demandé à l’armée de livrer les au- force de la part des militaires, qui qu’un dispositif de sécurité impor- taire ». Comme pour le démon- des logements durables pour les mercredi à Rome, ont appelé le pré- teurs des « crimes » commis dans multiplient les appels de réservistes tant serait déployé jeudi dans la ca- trer, les Américains ont organisé Kosovars expulsés ou se battre sident Milosevic à entamer un dia- les trois villages attaqués, où au et les mesures de mobilisation, pitale du Monténégro. mercredi une opération de rela- pour qu’ils rentrent chez eux. logue sur le Kosovo et à « cesser les moins six personnes auraient trou- poussant de nombreux jeunes tions publiques. A grand renfort agressions brutales contre les Koso- vé la mort. Les officiels monténé- Monténégrins à entrer dans la Natalie Nougayrède de publicité, les hélicoptères de Jean-Baptiste Naudet vars ». – (AFP.) A Skopje, les amis d’Ibrahim Rugova sortent de l’ombre SKOPJE LDK sont prévenus eux aussi que Macédoine est un enjeu crucial. mardi le quotidien albanophone Un « symbole de notre capitale » de notre envoyé spécial s’ils veulent rester ici, ils doivent D’abord, comme le souligne l’un Fakti de Macédoine, citant un de AU LENDEMAIN du bombardement de l’immeuble du Parti so- Dans les grands cafés de Skopje, respecter une règle de non-ingé- d’eux, parce que la jeune Répu- ses proches. cialiste, la télévision serbe s’est offusquée de cette attaque à l’en- la capitale macédonienne, et de Te- rence. blique a été jusque-là un labora- Ceux-ci s’efforcent d’apparaître contre d’un « immeuble de bureaux, un ouvrage exclusivement civil tovo, la principale ville albano- Les risques d’affrontement sont toire d’une possible coexistence comme des interlocuteurs respon- accueillant plus de vingt grandes entreprises ainsi que des stations de phone, l’intelligentsia kosovare se bien réels dans le pays entre les entre communautés ethniques sables en vue d’un règlement poli- radios et de télévisions privées ». Le porte-parole du ministère des retrouve peu à peu entre elle, deux communautés slavo-macédo- dans les Balkans et que son éclate- tique une fois la guerre finie. L’un affaires étrangères, Nebojsa Vujovic, a souligné que « l’OTAN émergeant de l’exode. Si le plus niennes et albanophones. Le ment arrangerait les radicaux de d’eux soulignait, lundi à Skopje, cherche à dissimuler ses crimes ». gros des réfugiés du Kosovo s’est violent incident auquel a été tous bords. Mais surtout parce que la LDK entendait coopérer Gorica Gajevic, présidente du comité exécutif du comité central retrouvé en Albanie, ceux de Pristi- confronté le contingent français qu’elle est d’un intérêt stratégique avec les dirigeants macédoniens et du PS, a abondé en ce sens déclarant que « les criminels de l’OTAN na, la capitale, se sont surtout re- mardi dans un village slavo-macé- majeur. Non seulement elle ac- les Occidentaux pour la stabilité de essaient de tuer la voix de la vérité. Mais on ne peut pas tuer la véri- trouvés en Macédoine, poussés par donien illustre combien les nerfs cepte sur son territoire une force la région. « Nous apprécions beau- té ». « Notre pays a subi, au cours de ce siècle, de nombreuses des- les Serbes vers le sud. Et avec eux sont à fleur de peau dans la majori- de l’OTAN aux frontières de la Ser- coup ce que la Macédoine fait pour tructions en défendant sa liberté et son territoire. Ces valeurs n’ha- sont venus de nombreux respon- té slave de Macédoine. En face, bie mais, à deux heures du port nous aujourd’hui », ajoutait-il, en bitent pas dans les immeubles, elles résident dans les gens et sables, intellectuels, pris au piège l’UCK bénéficie surtout de l’appui grec de Salonique, elle représente indiquant que son parti respecte- constituent l’âme de notre peuple que l’on ne peut détruire ». « C’est par l’intervention des forces des albanophones les plus nationa- une voie de passage essentielle en rait la volonté du gouvernement de pour ces mêmes raisons que les bombes de l’OTAN n’ont pas réelle- serbes, qui n’ont pas pu ou voulu listes, qui profiteraient bien de la cas de déploiement de forces au ne pas s’exprimer à partir du pays. ment touché le PS : le PS n’est pas dans un immeuble, il réside dans rejoindre les montagnes pour situation pour ressortir le projet Kosovo. La LDK rejette le gouvernement ses membres, dans ses idées et dans la confiance du peuple. » prendre part à la lutte de l’Armée d’une grande Albanie. Mais elle provisoire proclamé de Tirana par La direction de la Gauche unie (JUL), formation de l’épouse de de libération du Kosovo. peut compter aussi, dans ces « PROTECTORAT INTERNATIONAL » l’UCK, dans lequel cette dernière Slobodan Milosevic, parle dans un communiqué « d’un immeuble de Peu à peu, les amis d’Ibrahim heures difficiles, sur une sympathie Le soutien politique à la coali- s’est réservée l’essentiel des postes. bureaux où se trouvent des stations de radio et de télévision très popu- Rugova, le leader kosovar retenu spontanée de couches beaucoup tion de Skopje est aujourd’hui une Si elle reconnaît le rôle éminent de laires qui n’émettent pas d’informations ». D’autres personnes em- dans sa maison-prison de Pristina, plus larges de la population alba- préoccupation beaucoup plus im- l’UCK dans la résistance des Koso- ployées dans les stations de radio et télévision touchées ont, elles sortent de l’ombre, cherchant à nophone, notamment dans les vil- portante qu’un éventuel appui à vars, elle souhaite cependant, sur aussi, déclaré « qu’il s’agissait de télévisions qui émettaient des pro- réaffirmer une existence mise en lages de la frontière. Les cir- l’UCK, dont beaucoup se méfient. le plan militaire, voir les Occiden- grammes de divertissement pour apporter un peu de réconfort aux doute par leur absence sur le ter- constances dramatiques de L’UCK étant une pièce plus gê- taux lancer eux-mêmes « le plus ra- gens dans ces temps difficiles ». Goran Matic, ministre fédéral, a sou- rain. Après l’effroi, la fuite, la dé- l’accueil des réfugiés, régulière- nante qu’utile dans les projets qui pidement possible » une opération ligné : « Il est intéressant de noter que Pink [télévision d’un proche couverte de l’exil, il leur faut pen- ment bloqués à la frontière par les sont mûris en vue d’une solution sur le terrain pour éviter que le de Mira Markovic] diffusait presqu’exclusivement des films hollywoo- ser à réagir, à préparer l’avenir. autorités macédoniennes, n’ont de la crise. On rappelle dans les mi- pays ne soit totalement vidé de ses diens, de même que Kosava [dirigée par Marija Milosevic] » Une dizaine des principaux diri- pas facilité les choses. L’indigna- lieux diplomatiques à Skopje que habitants. En attendant, elle de- La télévision n’a pas jugé nécessaire de préciser une chose geants de la Ligue démocratique tion internationale, la prise à partie les solutions envisagées lors de la mande, malgré les risques, que des connue de tous à Belgrade. Ces télévisions et radios locales, notam- du Kosovo (LDK), le parti de M. du gouvernement par la presse et conférence de Rambouillet, en fé- vivres et des médicaments soient ment durant les alertes, avaient commencé à reprendre le pro- Rugova, dont plusieurs avaient les organisations humanitaires ont vrier, prévoyaient l’instauration parachutés aux populations qui gramme de la télévision officielle. Ce qui n’était au départ qu’une participé aux négociations de fourni de l’eau au moulin des parti- d’une démocratie parlementaire au errent dans les montagnes. Pour la opération visant à uniformiser l’information était devenu vital Rambouillet et de Paris, sont pré- sans de l’UCK. Kosovo sous le contrôle d’une suite, la LDK estime que le traite- après la destruction de plusieurs relais de télévision, notamment en sents en Macédoine. Ils ont tenu Le danger a été reconnu par les force de paix internationale. Il ment infligé aux Kosovars ne peut Voïvodine, ces derniers jours. Plusieurs zones autour de Belgrade samedi dernier à Skopje une réu- dirigeants des deux grands partis n’est pas question, en cas de règle- à terme que conduire à une indé- ne reçoivent plus, ou très mal, le programme de la télévision serbe. nion avec le responsable de leur albanophones de Macédoine, no- ment, de laisser l’UCK se prévaloir pendance. Mais elle appuie dans Par ailleurs, à aucun moment il n’a été souligné que ce bom- parti en Allemagne, Hafiz Gagica, tamment le parti démocratique des de son rôle armé pour prendre le une première phase la solution bardement avait touché directement la famille du président Milose- désormais chargé d’exprimer offi- Albanais, membre de la coalition pouvoir. d’un « protectorat international ». vic puisque l’une des stations de télévision appartenait à sa fille, ciellement leurs positions. au pouvoir à Skopje. Ils n’ont cessé La réactivation de la LDK de « Notre souhait, indique-t-on, est Marija. De même, on n’a pas rappelé, chose inutile pour les Belgra- La discrétion depuis Skopje est depuis le début de la guerre d’ap- M. Rugova pourrait être dans ces un protectorat de l’OTAN. Si la dois, que cet immeuble « symbole de notre capitale, mais aussi de de rigueur. L’avertissement solen- peler les albanophones à la pru- conditions un élément utile pour le communauté internationale veut l’Europe moderne », selon Nebojsa Vujovic, était l’ancien immeuble nel lancé mardi par le ministre de dence, affirmant que la déstabilisa- futur. Accusé par l’UCK de s’être que la Russie y participe, il faut qu’il du comité central de la Ligue des communistes jusqu’en 1990, an- l’intérieur à ceux qui seraient ten- tion de leur pays serait un cadeau à fait piéger par Slobodan Milosevic, y ait une combinaison. Les forces de née où il était devenu la propriété de la Gauche unie lors du par- tés de se servir de la Macédoine Slobodan Milosevic. Les gouverne- le leader kosovar, toujours aux l’OTAN doivent être présentes, là- tage des biens de la Ligue des communistes entre le Parti socialiste comme base arrière est clair. S’il ments occidentaux ont mis plus de mains des Serbes, tente de retrou- dessus nous ne voulons pas de et JUL. vaut d’abord pour l’UCK, qui temps à réagir. Les diplomates en ver une posture politique. « Rugo- compromis. » n’avait pas dissimulé sa présence poste à Skopje ont cependant va a décidé de rester à Pristina Hector Forest dans le pays, les modérés de la conscience que la stabilité de la pour être avec son peuple », titrait Henri de Bresson LeMonde Job: WMQ2304--0005-0 WAS LMQ2304-5 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0298 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN CONTRE LA SERBIE LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / 5 L’afflux des réfugiés La France se prépare à parachuter des médicaments en Macédoine atteint et des vivres aux déplacés à l’intérieur du Kosovo un seuil critique Un avion « conditionné » attend sur la base de Toulouse Le président de la République a assuré, mercredi organiser l’aide humanitaire au profit des popu- d’examen chez les alliés et, déjà, un appareil est 21 avril lors d’une déclaration radiotélévisée, lations se trouvant encore au Kosovo. Un pro- « conditionné » pour cette mission sur la base de La population slave en état de choc que la France cherchait par « tous les moyens » à gramme de largage par avions est en cours Toulouse. SKOPJE France, Jacques Huntzinger, il faut LA FRANCE a décidé de mettre l’aérolargage de vivres, d’eau et le terrain. Les milliers de Kosovars men du Conseil atlantique, à de notre envoyé spécial comprendre certains comportements en œuvre « avec ténacité », selon de médicaments dans un environ- déplacés, qui sont dans un état de Bruxelles, certaines des phases de La terre gicle sous les lames des des autorités macédoniennes. » Par- une source autorisée, un plan de nement déclaré hostile est consi- dénuement total, ne sont pas cette opération devant entrer engins de terrassement. Une vaste ler des Albanais de Macédoine, parachutage de vivres et de médi- déré comme une mission de concentrés dans de grands ras- dans la planification de l’OTAN. plate-forme se dessine dans les al- c’est parler d’étrangers. « A Skopje, caments aux populations dépla- guerre qui peut déboucher sur semblements, dans telle ou telle D’ores et déjà, à Toulouse, un lées et venues des bulldozers. Elle il y a la rive droite, la rive gauche et cées au Kosovo. A Toulouse, un des résultats aléatoires. zone. Sous l’effet de l’activité mi- premier avion a été conditionné accueillera bientôt les tentes d’un chacun fait son marché de son cô- avion est en attente de départ, De deux choses l’une. Soit litaire serbe au Kosovo, qui vise à pour être prêt au largage de pa- té », rappelle un observateur euro- paré au largage, et, à Bruxelles, la l’opération est conduite à 5 000 s’imbriquer en permanence dans lettes par gravitation ou par frei- REPORTAGE péen. « J’aimerais ne plus les re- représentation française au ou 6 000 mètres d’altitude pour les déplacements de ces réfugiés, nage au moyen de petits para- « Welcome to the connaître, songe Irina Gapic, cela Conseil de l’Atlantique-Nord, qui s’affranchir de la défense antiaé- il s’agit de mouvements très di- chutes. Dans les milieux voudrait dire qu’ils sont enfin sortis réunit les ambassadeurs des dix- rienne serbe, et on ne peut maîtri- lués de populations exténuées. militaires, on considère qu’il fau- hotel Macedonia », d’une sorte d’enfermement sur eux- neuf pays membres de l’Alliance, ser la précision de l’atterrissage dra néanmoins résoudre deux chante Igor Jambazof mêmes. Essayez d’imaginer ce que a été chargée d’obtenir que les des colis, avec le risque de voir CONTRAINTES OPÉRATIONNELLES obstacles techniques qui sont du sur les ondes du pays l’on peut ressentir quand on états-majors de l’OTAN étudient ces parachutages récupérés par Mais c’est précisément cette si- ressort de l’Alliance : le guidage s’adresse en macédonien à un Alba- « avec persévérance » un pro- les forces serbes. Soit elle est réa- tuation, devenue fort inquiétante, de ces raids humanitaires et leur nais et qu’il répond en albanais. Les gramme de parachutages. Le chef lisée à faible altitude par des qui, depuis quelques jours, a inci- protection aérienne. La première centre de transit pour les réfugiés enfants, dans leurs villages, ne de l’Etat français, dans sa déclara- avions nécessairement lents, et té d’autres partenaires européens difficulté est de pouvoir, à côté du Kosovo, sur ce point de passage parlent que cette langue et chantent tion télévisée du mercredi 21 avril, les équipages sont sous la menace de la France, au Conseil atlan- des moyens de repérage comme entre la Macédoine et la Répu- « UCK ! UCK ! dès qu’ils voient nos a particulièrement insisté pour directe de l’artillerie antiaérienne tique, à se montrer moins réfrac- des avions ou des engins automa- blique fédérale de Yougoslavie. Si le caméras. » que « tous les moyens » soient ac- yougoslave, voire de mitrailleuses taires au projet et à estimer que, tiques de reconnaissance terrain le permettait, les autorités L’alliance dans le gouvernement tivement recensés afin d’aider les au sol. Dans les deux cas, les malgré les contraintes opération- (drones), déployer au sol des spé- macédoniennes l’étendraient très des partis nationalistes macédo- populations kosovares en dé- chances que le fret humanitaire nelles, cette question d’un aéro- cialistes du guidage des appareils. certainement jusqu’à la rivière qui niens et albanais, depuis novembre tresse. parvienne à ses destinataires dé- largage à but humanitaire est de- Le second problème est d’organi- coule en contre-bas, histoire de re- 1998, a sans doute permis de limiter Au siège de l’OTAN, une pre- pendront de facteurs difficile- venue d’actualité. A Paris, à la fin ser un dispositif de « couverture » couvrir de terre les vestiges misé- les dégâts mais la coupure est plus mière évaluation opérationnelle a ment contrôlables. de la semaine dernière, Jacques aérienne, à partir d’avions de rables du camp de Blace. Elles es- nette que jamais entre les deux été menée et, sous l’impulsion Cette opération se complique Chirac avait demandé que tout brouillage électronique, de détec- sayeraient sûrement d’effacer les communautés qui se renvoient principale d’experts militaires au Kosovo du fait que, par ses soit mis en œuvre pour préparer tion-radar et de défense aérienne images montrées sur tous les leurs caricatures : celle qui accueille américains, ce type d’intervention propres moyens de renseigne- ces parachutages. Depuis, au censés rendre moins vulnérable écrans du monde : les abris faits de à bras ouverts en pensant à une aéroportée a été classé parmi les ment qu’elle a décidé de renfor- Quai d’Orsay et au ministère de la l’appareil de largage. morceaux de plastique assemblés Grande Albanie bâtie sur la dé- opérations compliquées et ris- cer, la France a enregistré une si- défense, on a précisé, mercredi, de bric et de broc, la boue, le dé- pouille de la Macédoine, celle qui quées. D’une manière générale, tuation extrêmement diffuse sur que le projet sera proposé à l’exa- Jacques Isnard nuement et le souvenir d’évacua- ne lève pas le petit doigt et qui tions menées par des soldats munis conspue l’OTAN parce qu’elle de masques et de gants chirurgi- pense en fait comme Slobodan Mi- caux. losevic. Les Macédoniens ne Près de la frontière avec la Répu- comprennent toujours pas le tollé blique fédérale de Yougoslavie, la soulevé à cette occasion. « On nous présence d’une minorité serbe aux a présentés comme les plus grands coupables du monde, gronde le mi- nistre de l’intérieur, Pavle Trajanov, Pas d’offensive qui défend sa police accusée d’être brutale avec les réfugiés. Il faut sa- à partir de Skopje voir dans quelles conditions nous avons été placés malgré nous. Que se Le ministre macédonien des serait-il passé en France si vous aviez affaires étrangères, Aleksandar dû accueillir en quelques jours six Dimitrov, a déclaré, jeudi millions de réfugiés ? La politique des 22 avril, que son pays n’autorise- grandes puissances est toujours la rait pas des troupes de combat même : c’est toujours aux petits pays étrangères à stationner sur son de faire le maximum. On leur promet territoire. « La région de Macé- une aide, mais à condition pour eux doine ne peut être utilisée pour de se montrer obéissants ! » une action offensive contre des Depuis le début de l’année, l’ac- pays voisin, notamment la Yougo- célération de l’histoire a laissé sur slavie », a-t-il dit lors d’une place la Macédoine. Il y a eu tout conférence de presse tenue à d’abord l’arrivée de 12 000 soldats Bonn avec son homologue alle- de l’OTAN, soit autant que l’armée mand Joschka Fischer. macédonienne toute entière. Il y a Une telle opération ne débou- eu ensuite le bombardement des cherait que sur une augmenta- voisins serbes, puis la vague des ré- tion de l’effusion de sang et des fugiés qui a suscité celle de la victimes, a-t-il ajouté. Aleksan- presse internationale. Trop rapide, dar Dimitrov a encore dit que la trop fort, le cours des événements a Macédoine avait besoin d’une placé les Macédoniens en état de aide internationale pour ac- choc. cueillir davantage de réfugiés du Kosovo. « Nous ne pouvons L’OTAN, « MAL ABSOLU » autrement accepter 20 000 réfu- Journaliste à la chaîne de télévi- giés supplémentaire. Nous en sion privée Sitel, Irina Gapic, qui a avons déjà huit fois plus ». Josch- suivi de près l’épisode de Blace, ne ka Fischer a assuré que l’Alle- décolère pas. « Pour la première fois magne et l’Union européenne de ma vie, j’ai eu l’occasion de voir continueraient de fournir une comment on déforme la réalité. Lors- aide financière et humanitaire à qu’ils parlaient avec moi, mes la Macédoine.– (AFP.) confrères des chaînes américaines, britanniques et françaises, assuraient comprendre parfaitement le point de côtés des Albanais de Macédoine vue des Macédoniens, mais à l’écran, ajoute encore à la confusion. Il suf- il n’en a jamais été question. Et puis, fit de suivre les convois militaires moi aussi j’ai porté des gants et un de l’OTAN pour savoir très vite où masque pour aller dans Blace. Il faut l’on est. D’un village à l’autre, en se souvenir de ce que c’était ! » l’espace de quelques kilomètres, les Pour le peintre Stojan Stojanov, bras se lèvent au passage des véhi- naturalisé français mais qui se par- cules kakis : ici on agite les mains, tage entre la Macédoine et Paris, là on montre le poing après avoir « trop de choses se sont précipitées, jeté une pierre. trop de contradictions ». « Les Ma- « La Macédoine n’est tout de cédoniens ont mal vécu l’éclatement même pas le Kosovo. Il y a des écoles de la Yougoslavie, rappelle-t-il. Puis albanaises, des chaînes de télévision ils ont souffert de voir que l’Europe albanaises, des ministres et des dé- ne tenait pas tant que ça à les ac- putés albanais... Lorsque je demande cueillir. Ensuite, on leur a parlé à mes amis ce qu’ils veulent en plus, d’adhérer à une organisation, ils ne savent pas quoi répondre », as- l’OTAN, qui avait été présentée pen- sure la journaliste. Le peintre dant des années de communisme ajoute en écho qu’il est « inévitable comme le mal absolu. Enfin cette que les Albanais soient moins bien crise a éclaté alors qu’une nouvelle représentés que les Macédoniens équipe politique venait d’arriver au dans les rouages de l’Etat parce que pouvoir. Elle n’était pas prête et elle notre pays n’est pour eux qu’une n’avait pas les moyens de répondre à étape transitoire ». cet énorme défi. » « Welcome to the hotel Macedo- Ce défi que constitue l’arrivée de nia », chante Igor Jambazof sur les 150 000 réfugiés pour un pays de ondes macédoniennes depuis le dé- deux millions d’habitants est sur- but des bombardements de tout un défi albanais. Il tétanise les l’OTAN. Le vieux slow cotonneux Macédoniens slaves, encore majo- du groupe Eagles a été revisité par ritaires dans le pays mais qui as- la star macédonienne qui décrit son sistent à la montée en puissance de pays comme une auberge espa- la minorité albanaise, portée par gnole où chacun entre et sort à sa une démographie plus favorable. guise, au mépris de ses habitants. « On n’est jamais prêt à accueillir « Welcome to the hotel Macedo- son ennemi », constate un Macédo- nia », personne ne sait encore qui nien. « Un seuil critique est en train va payer la note. d’être atteint avec le nombre de réfu- giés, affirme l’ambassadeur de Gilles Paris LeMonde Job: WMQ2304--0006-0 WAS LMQ2304-6 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0299 Lcp: 700 CMYK

6 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 INTERNATIONAL Les deux tueurs de Littleton, dans le Colorado, Cri d’alarme de la directrice de l’OMS sur le sida en Afrique avaient caché un arsenal dans leur lycée HARARE. Le sida provoque une crise sanitaire sans précédent en Afrique et cette crise pourrait s’aggraver si rien n’est fait pour combattre l’épidémie, a averti, mercredi 21 avril, à Harare, la direc- trice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Gro « Ils riaient en tirant », racontent les témoins de la fusillade, qui a fait au moins quinze morts Harlem Brundtland. En visite au Zimbabwe, Mme Brundtland qui s’était rendue auparavant au Mozambique, a rappelé que deux mil- La fusillade perpétrée par deux adolescents qui Littleton, près de Denver dans le Colorado, a fait et d’explosifs auprès de ces jeunes passionnés lions de personnes étaient mortes de la maladie en Afrique en 1998 et ont ouvert le feu, mardi 20 avril, contre des ly- quinze morts, dont les deux tueurs. Les enquê- de jeux de guerre, dans un lycée jusqu’alors que quatre autres millions de personnes avaient été infectées sur le céens de leur propre établissement scolaire de teurs ont retrouvé un véritable arsenal d’armes sans problème. continent pendant la même année. Elle a affirmé que 20 millions de personnes en Afrique sont actuellement séropositives. – (AFP.) LITTLETON cée et ses environs immédiats, tan- volver devant son visage en riant ». groupe et qui avait voulu prendre de l’envoyée spéciale de l’AFP dis que se poursuivait « Il a tiré sur un garçon noir parce ses distances, s’était fait menacer de Des fleurs, des pleurs et une im- l’identification des victimes. qu’il était noir », a déclaré une mort », ajoute un autre élève. Cer- Les Afrikaners revendiquent mense incrédulité : la petite ville Au total, quinze personnes ont autre jeune fille, en pleurs. tains élèves ont affirmé qu’ils por- de Littleton, près de Denver dans été tuées dans ce qui semble être Les deux adolescents étaient taient à l’occasion des croix gam- le Colorado, était mercredi sous le le pire massacre jamais commis connus des services de police. En mées et qu’Harris s’amusait un Etat séparé en Afrique du Sud choc, après le massacre qui a fait dans une école américaine : onze janvier 1998, ils avaient fracturé parfois à parler allemand. Le mas- quinze morts au lycée Columbine, lycéens, deux lycéennes, un ensei- une voiture pour commettre un sacre a eu lieu le jour anniversaire LE CAP. La communauté afrikaner a présenté, mercredi 21 avril, ses perpétré par deux élèves qui se gnant et les deux auteurs présu- vol à la roulotte, a précisé mercre- de la naissance d’Hitler. revendications pour la création d’un Etat blanc séparé, dont l’idée sont apparemment donné la mort. més de la tuerie, Eric Harris, dix- di le procureur David Thomas. Ils Marilyn Saltzman, porte-parole avait été avancée au moment des négociations multipartites qui Toute la journée, des milliers de huit ans, et Dylan Klebold, dix- faisaient partie d’une bande infor- des écoles du comté de Jefferson, avaient conduit à la chute de l’apartheid. Un rapport proposant personnes ont défilé aux abords sept ans. Vingt-deux autres ly- melle d’une dizaine de jeunes a indiqué que le principal du lycée quatre régions en Afrique du Sud a été officiellement remis au pré- immédiats du lycée pour y appor- céens ont été blessés, cinq d’entre s’étant proclamée « la mafia en ignorait l’existence de cette « ma- sident Nelson Mandela après trois années d’études menées par le ter des fleurs, des poèmes et du ré- eux étant dans un état jugé cri- imperméable », dont le shérif John fia ». Le lycée n’avait jamais eu de Volkstaat Council, un organe créé en 1994 pour se pencher sur les de- confort aux lycéens traumatisés. tique. En fin de journée mercredi, Stone a précisé n’avoir jamais en- problème particulier. Mais le pro- mandes d’autodétermination de la communauté blanche. Le gouver- Et quelque 2 000 personnes ont toutes les familles des victimes tendu parler jusqu’au drame. cureur a indiqué qu’il était pro- nement a promis d’étudier le rapport. Le président Mandela a indiqué participé mercredi soir dans le avaient été informées. Deux corps, « Ils étaient une dizaine », a ex- bable que les deux jeunes avaient qu’il allait le remettre au vice-président Thabo Mbeki, qui prendra centre de Denver à une veillée qui gisaient à l’extérieur du lycée, pliqué Ian Nelson, élève de termi- eu des complices, au moins pour vraisemblablement sa succession à la tête du pays après les élections œcuménique de prières en mé- avaient été enlevés, les autres nale. Ils adoraient les jeux de préparer leur massacre, et ajouté générale prévues le 2 juin. – (AFP.) moire des quinze victimes. étant encore à l’intérieur. guerre, passaient beaucoup de qu’il ne savait pas comment ils L’établissement, planté au mi- temps sur Internet, où ils avaient avaient pu introduire tout leur ar- lieu de pelouses et de terrains de CONNUS DES SERVICES DE POLICE leur propre site. Ils étaient pas- senal dans le lycée. Cinq armes, L’armée indonésienne garante sport, dans une banlieue paisible Selon les témoignages, les au- sionnés aussi de la seconde guerre dont une semi-automatique, ont de Denver, a été passé au peigne teurs présumés de la fusillade ont mondiale, portaient des imper- été retrouvées à l’intérieur des bâ- fin par les artificiers, à la recherche tiré à vue et riaient en commettant méables noirs et, pour certains, timents, ainsi que des dizaines de d’un accord au Timor-Oriental d’engins explosifs. Plus de trente leurs crimes. Une lycéenne en des bottes de type militaire. douilles. Des engins explosifs ont bombes artisanales ont été décou- larmes a raconté comment les « L’an dernier, une de mes aussi été retrouvés dans plusieurs DILI. Le général Wiranto, chef de l’armée indonésienne, s’est engagé, vertes et désamorcées dans le ly- agresseurs « brandissaient un re- connaissances, qui faisait partie du voitures sur le parking du lycée et mercredi 21 avril, à veiller au respect d’un accord pour mettre fin à la chez un des suspects. « Ce n’est pas violence et signé en sa présence, le jour-même, par les factions rivales quelque chose qui s’est préparé en au Timor-Oriental. « Je prendrai des mesures conformes à la loi contre De nombreux précédents b Le 1er décembre 1997, à collégiennes et un professeur un soir, a déclaré le procureur. Il a quiconque trahit la paix », a-t-il affirmé après la signature du docu- Paducah, dans le Kentucky, un sont tués. fallu beaucoup de temps. » ment à la résidence de Mgr Carlos Belko, évêque de Dili. Cet accord Le drame du lycée Columbine adolescent de quatorze ans, b Le 24 avril 1998, à Edinboro en « Il faut que ça s’arrête tout de entre pro-indonésiens et partisans de l’indépendance a été contre- dans la banlieue de Denver est le Michael Carneal, ouvre le feu lors Pennsylvanie, un élève de suite, sanglote Jill Schwab, dont le signé à Djakarta par Xanana Gusmao, le chef indépendantiste assigné dernier en date d’une « série d’une rencontre de prières dans quatorze ans, Andrew Wurst, tue fils Aaron est élève du lycée Co- à résidence. Il est intervenu à la veille de la reprise d’une rencontre à noire » dans les écoles son école. Trois adolescentes sont par balle son professeur de lumbine. Pas ça. Pas chez nous ! » New-York, sous les auspices de l’ONU, des ministres indonésien et américaines. tuées, cinq autres élèves blessés. sciences lors d’une fête de classe. Sur le parking du lycée, une voi- portugais des affaires étrangères. – (AFP, Reuters.) b Le 1er octobre 1997, à Pearl, b Le 24 mars 1998, à Jonesboro b Le 21 mai 1998, à Springfield ture est couverte de fleurs. Des dans le Mississippi, un adolescent dans l’Arkansas, deux collégiens dans l’Oregon, un lycéen de adolescents silencieux l’entourent. de seize ans ouvre le feu dans son de onze et treize ans ouvrent le quinze ans, Kip Kinkel, ouvre le C’est la voiture d’une élève morte Les talibans perdent école, tuant deux élèves et en feu dans leur cour de récréation feu dans son lycée. Deux élèves mardi. « Tu vas nous manquer », a blessant six autres. Luke depuis des fourrés voisins. Ils sont tués, vingt-cinq autres écrit un doigt inconnu sur la pous- Wooddham avait quelques heures avaient auparavant activé blessés. L’adolescent avait le sière du capot. la ville afghane de Bamyan plus tôt tranché la gorge de sa l’alarme incendie pour faire sortir matin même tué ses parents au mère. leurs camarades. Quatre domicile familial. Brigitte Dusseau NEW DELHI. Dans une première victoire significative depuis l’été dernier, l’opposition afghane a repris, mercredi 21 avril, la ville de Ba- myan, bastion des chiites du Hezb-i-Wahdat, à 110 km an nord-ouest de Kaboul. Bamyan était tombée aux mains des talibans, qui L’Amérique s’interroge sur les raisons de sa violence contrôlent 80 % du pays, le 13 septembre 1998. Chassées de Bamyan, les milices chiites soutenues par l’Iran ne s’étaient jamais dispersées NEW YORK ville ayant jugé cette réunion « inappropriée » à dans la Constitution et que ce fait « reste une va- et étaient restées dans les campagnes d’où elles ont menées l’offen- de notre correspondante la lumière du drame de Littleton. leur culturelle américaine » contribue « sans sive. La prise de Bamyan est importante pour l’opposition, les chiites Vingt-quatre heures après la folie meurtrière Bouleversé lui aussi par la tragédie, le com- l’ombre d’un doute à la violence ». pouvant aider les tadjiks du commandant Massoud qui sont déployés de Littleton, l’Amérique est prise d’un sentiment mentateur vedette des affaires politiques de la Parlant sous couvert d’anonymat, un diplo- au nord et au sud de Kaboul. – (Corresp.) collectif d’impuissance et d’incompréhension. chaîne câblée CNN, Jeff Greenfield, trouve mate européen récemment arrivé à Washington Sous le choc de cette nouvelle tragédie, les « l’opportunisme » des hommes politiques «in- se dit « scandalisé » par le niveau de la violence DÉPÊCHES Américains sont incapables d’expliquer les rai- décent ». Lors d’un entretien avec Le Monde, sociale aux Etats-Unis « alors que les Américains a CAMEROUN : Yaoundé a accepté de livrer trois anciens mi- sons de la violence juvénile qui embrase leurs mercredi 21 avril, M. Greenfield estime qu’étant n’ont jamais connu une telle période de prospéri- nistres rwandais au Tribunal pénal international sur Rwanda, a an- écoles et qui, en deux ans, a coûté la vie à plus donné « les dimensions phénoménales » du té ». Selon lui, ce qui est « encore plus cho- noncé, mercredi 21 avril, Ben Muna, un procureur adjoint du tribunal. de soixante personnes. drame, il leur faudrait « se taire et réfléchir ». Il quant », c’est la tolérance des Américains pour Il s’agit de Clément Jérôme Bicamumpaka, ancien ministre des af- La réaction de la classe politique à Washing- se dit « incapable d’expliquer ce qui s’est passé à la violence dans leur propre pays « alors qu’en faires étrangères, de Prosper Mugiraneza, ancien ministre des travaux ton, elle, est prévisible. Passant tour à tour sur Littleton. Les films violents ont toujours existé, les dehors de chez eux, au Kosovo par exemple, ils publics, et de Justin Mugenzi, ancien ministre du commerce. – (Reu- les écrans de télévision, les démocrates s’en armes ont toujours été faciles à obtenir, les adoles- pratiquent la politique de “zéro mort”. Les enfants ters.) prennent aux lois laxistes sur les armes à feu, cents ont toujours flirté avec des comportements peuvent se tuer mais aucun soldat ne doit mourir, a CUBA : un officier chargé de la sécurité de Fidel Castro a déserté alors que les républicains blâment la « culture extrêmes, mais de là à commettre des massacres ? c’est le monde à l’envers ». lors du deuxième sommet de l’association des Etats de la Caraïbe décadente des libéraux ». La fusillade perpétrée Je ne saurais pas vous répondre. » Pour l’instant, Selon une étude récente réalisée par une asso- (AEC) qui s’est tenu le week-end dernier à Saint-Domingue. L’officier par deux adolescents est la plus meurtrière dans ajoute-t-il, « il y trop d’opinions et pas assez de ciation prônant un meilleur contrôle des armes aurait trouvé refuge à l’ambassade des Etats-Unis à Saint-Domingue. les annales de la violence à l’école aux Etats- faits ». à feu, 43 % des foyers américains avec un enfant Cette désertion pourrait expliquer la mauvaise humeur affichée par Unis. Ce drame n’a pas manqué de relancer le disposent d’une arme à feu, « la plupart du Fidel Castro durant le sommet, contrastant avec l’enthousiasme qu’il débat perpétuel entre la puissante Association « ZÉRO MORT », EN DEHORS DES FRONTIÈRES temps chargée ». Toujours selon cette étude, en avait manifesté en août 1998 lors de sa première visite à Saint-Do- nationale des armes à feu (NRA) et les militants Le docteur Elliot Sorrel, président de l’Asso- 1995, en France, 109 jeunes gens âgés de moins mingue. – (Corresp.) pour le contrôle de ces armes. ciation mondiale de psychiatrie, estime qu’il n’y de dix-neuf ans sont morts sous les balles ; 19 en a ESPAGNE : le déversement de boues toxiques, le 25 avril 1998, Mercredi soir encore, la NRA se refusait à tout a « pas de réponses faciles » à la montée de la Grande-Bretagne ; 57 en Allemagne et 5 280 aux près du parc national de Donana, en Andalousie, aura coûté quelque commentaire. Ironie du sort, la convention na- violence. Il estime qu’il s’agit d’« une crise glo- Etats-Unis. 30 milliards de pesetas (180,3 millions d’euros), a indiqué, mercredi tionale de l’Association devait se dérouler début bale de santé publique ». Selon lui, le fait que la 21 avril, le ministre andalou de l’Environnement, José Luis Blanco. La mai à Denver. Elle a été annulée, le maire de la possession des armes à feu soit toujours inscrite Afsané Bassir Pour somme correspond aux travaux de nettoyage, d’épuration des eaux, de restauration des berges ainsi qu’au rachat par les autorités des ter- rains contaminés. – (AFP.) a INDE : Sonia Gandhi, présidente du parti du Congrès, s’est dé- Tony Blair se félicite d’avoir renforcé la législation sur les armes clarée « confiante » de pouvoir fournir, vendredi 23 avril, les lettres de soutien de ses alliés à un gouvernement minoritaire. Mais certains de LONDRES 1997, la loi nationale interdisant la ment dérangé – Thomas Hamilton, rivée au pouvoir en mai 1997, les ces petits partis demeurent réticents. Entre temps, les accusations de de notre correspondant vente, la manufacture et la posses- quarante-trois ans au moment des travaillistes ont encore durci la loi débauchage de députés lancées par les nationalistes hindous à l’en- Réminiscence douloureuse de la sion de toutes les armes de poing faits – qui avait surgi à l’intérieur pour étendre l’interdiction aux contre du Congrès ont empêché la chambre réunie mercredi de voter tuerie qui s’était produite à Dun- au Royaume-Uni. La vente des d’une école maternelle et, en trois armes non automatiques, un budget qui doit être impérativement voté avant le 13 mai. – (Cor- blane en Ecosse il y a trois ans, la couteaux à cran d’arrêt est égale- ou quatre minutes, avait déchargé « Nous n’avons pas de leçon à resp.) tragédie américaine a provoqué, ment interdite et les contraven- quatre pistolets sur une classe de donner aux Etats-Unis, s’est ému le a PAKISTAN : Nawaz Sharif devait achever, jeudi 22 avril, une vi- mercredi 21 avril, toute une série tions pour port d’armes blanches jeunes enfants. Quinze d’entre eux ministre de la défense britannique site de trois jours en Russie. Au cours de son séjour – un premier de réactions en Grande-Bretagne. ont été augmentées au point que la et leur institutrice avaient été tués, George Robertson, mais j’espère ministre pakistanais ne s’était pas rendu à Moscou depuis vingt-cinq Aux Communes, le premier mi- Grande-Bretagne dispose au- treize autres blessés dont plusieurs qu’ils vont observer attentivement ce ans –, M. Sharif a signé un accord commercial et les deux pays ont af- nistre Tony Blair, après avoir de- jourd’hui d’une des législations an- grièvement. Au total, cinquante- que nous avons fait dans ce pays firmé « soutenir le régime de non prolifération nucléaire et le règlement mandé aux députés de s’associer ti-port d’armes parmi les plus sé- huit projectiles avaient été tirés. après le massacre de Dunblane. » des conflits par des moyens politiques ». Ils sont convenus qu’il n’y a aux condoléances envoyées par le vères du monde. Condamné à la prison à vie, Tho- Lui-même écossais et résidant non pas de solution militaire au conflit afghan dans lequel Moscou sou- gouvernement à Washington, s’est A la différence de Littleton, c’est mas Hamilton possédait très léga- loin du village traumatisé, George tient l’opposition alors qu’Islamabad aide les talibans. – (corresp.) « félicité » d’avoir renforcé, en un adulte pédophile et mentale- lement toutes ses armes. La loi Robertson a également espéré «ne précédente, très libérale, ne posait plus jamais avoir à se réveiller avec aucune limite au nombre d’engins ce genre de nouvelles en provenance Bruxelles menace la viande détenus par le possesseur d’un d’Amérique ». Aux Communes, permis. mercredi après-midi, la députée travailliste Irene Adams, dont la américaine d’un embargo total « PAS DE LEÇON À DONNER » circonscription écossaise En réaction à ce drame, le gou- comprend Dunblane, a évoqué BRUXELLES. La Commission européenne a menacé, mercredi vernement conservateur avait dans « l’incident similaire » dont le vil- 21 avril, les Etats-Unis d’un embargo total, à partir du 15 juin, sur la la même année interdit la posses- lage eut à souffrir et invité le pre- viande bovine américaine, après y avoir trouvé des traces d’hor- sion de toutes les armes automa- mier ministre à réitérer « l’impor- mones. « Nous avons fait des tests sur 500 échantillons de viande bovine tiques par des personnes privées. Il tance de l’interdiction de posséder réputée sans hormone, et nous avons trouvé des résidus d’hormones dans avait décrété une sorte d’amnistie des armes, prise après la tragédie ». 12 % de ces échantillons », a déclaré le porte-parole de la Commission. générale pour tous les possesseurs Tony Blair s’est volontiers exécuté. Les autorités américaines ont rejeté toute responsabilité, relevant en d’armes à feu (légalement ou illé- « L’avenir, a-t-il dit, est maintenant outre que les Européens n’apportaient pas la preuve scientifique de la galement détenues) s’ils les remet- bien meilleur pour les enfants de nocivité des hormones, et qu’il « faudrait par conséquent lever l’em- taient à la police. Selon le minis- Dunblane et d’ailleurs » en ajoutant bargo contre la viande aux hormones ». Faute de ces preuves, Was- tère de l’intérieur, plus de qu’il était important, selon lui, « de hington a prévu des mesures de rétorsion commerciale dès le 13 mai, 160 000 armes avaient ainsi été ré- familiariser les enfants des écoles à en imposant des droits de douanes de 100 % sur 900 millions de dol- cupérées sur les 500 000 à 600 000, ce genre de problèmes ». lars (849 millions d’euros) d’exportations de produits européens. – selon les estimations, en circula- (AFP.) tion au Royaume-Uni. Dès leur ar- Patrice Claude LeMonde Job: WMQ2304--0007-0 WAS LMQ2304-7 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0300 Lcp: 700 CMYK

7 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999

DROITE Le bureau politique du Madelin, après une franche explica- libéral » formé par MM. Sarkozy et dans un entretien au Monde, que, électorale. b PHILIPPE SÉGUIN a fê- RPR a confirmé, mercredi 21 avril, tion avec le président de la Répu- Madelin devra composer avec l’aile pour lever toute « ambiguïté » à té, mercredi 21 avril, en compagnie Nicolas Sarkozy, président par inté- blique, Jacques Chirac, a accepté de républicaine du RPR. b JEAN-LOUIS l’égard de l’UDF, M. Chirac cesse de de ses fidèles, son 56e anniversaire, rim du mouvement gaulliste, rester le numéro deux de cette liste. DEBRÉ, président du groupe RPR de recevoir François Bayrou à l’Elysée deux ans jour pour jour après la dis- comme tête de la liste RPR-DL. Alain b LE NOUVEAU TANDEM « libéralo- l’Assemblée nationale, souhaite, pendant la durée de la campagne solution de l’Assemblée nationale. La nouvelle liste RPR-DL réclame de M. Chirac un soutien exclusif Le tandem formé par Nicolas Sarkozy et Alain Madelin relance la campagne pour les élections européennes. Au-delà du scrutin du 13 juin, ils entendent constituer le socle d’une droite recomposée et préparer l’alternance derrière le chef de l’Etat APRÈS une interruption mo- voulant « éviter la polémique » avec Pasqua et Philippe de Villiers. Le de la réunion, Roger Karoutchi, mentanée de l’image et du son, la M. Bayrou, il a ajouté à l’adresse de premier souci du nouveau pré- proche de M. Séguin et nouveau campagne de la droite est repartie. l’UDF : « Le débat sur l’Europe fédé- sident est, en effet, de s’assurer de directeur de cabinet de M. Sarkozy. Désigné à l’unanimité, mercredi rale est un débat dépassé. Il a qua- la cohésion du mouvement gaul- Peu après le bureau politique du 21 avril, par le bureau politique du rante ans d’âge. » Il a ainsi donné liste. Lors du petit-déjeuner qui RPR, M. Madelin a annoncé à son mouvement gaulliste, comme tête des gages à l’aile séguiniste du réunit régulièrement plusieurs di- tour sa décision de demeurer le nu- de la liste RPR-DL, Nicolas Sarkozy mouvement et tenté d’éviter une zaines de parlementaires autour méro deux de la liste RPR-DL dé- est pressé. « S’il faut y aller avec hémorragie de l’électorat en direc- d’Edouard Balladur et de M. Sarko- sormais conduite par M. Sarkozy. gourmandise, je crains que l’appétit tion de la liste animée par Charles zy, ce dernier a annoncé, mercredi, L’apparente symétrie n’est cepen- reprenne vite le dessus », dit-il. Sur que l’ancien premier ministre ferait dant pas allée de soi. Après le re- France 2, mercredi soir, lors de sa partie du conseil politique restreint trait de M. Séguin, le président de première intervention de candidat, M. Pasqua, le Kosovo dont il s’est entouré et qui Démocratie libérale n’a eu de cesse le président par intérim du RPR a comprend Alain Juppé, Christian de dénoncer les « petites ma- accusé son collègue de l’UDF, Fran- et l’Alsace-Lorraine Poncelet, Jean-Louis Debré et Jos- nœuvres politiques » ourdies à l’Ely- çois Bayrou, d’avoir accumulé les selin de Rohan. Outre Jacques sées, qui ont conduit le député des « prétextes » pour refuser l’union Dans un entretien publié par Chirac, qu’il a rencontré à midi, Vosges à déclarer forfait. « Il était de l’opposition. « Pendant des mois, L’Express, jeudi 22 avril, Charles M. Sarkozy a aussi rendu visite, le en droit d’attendre de (...) la famille on a expliqué que c’était la faute à Pasqua revient sur son opposi- même jour, à l’ancien premier mi- gaulliste et, tout particulièrement de Philippe Séguin – comme c’est tion à l’intervention en Yougo- nistre du général de Gaulle, Mau- ceux qui se disent les amis de commode de trouver un bouc-émis- slavie et sur la participation de rice Couve de Murville, et il devait Jacques Chirac, un soutien un peu saire – et maintenant, c’est moi. Moi la France à l’opération « Force faire de même, jeudi, avec un autre plus ferme », avait-il insisté, le non plus, ça n’allait pas », a affirmé Alliée ». « Les accords de Ram- « baron » du gaullisme, Olivier 18 avril, au « Grand Jury RTL-Le M. Sarkozy. bouillet étaient inacceptables Guichard. Monde-LCI ». Peu de temps auparavant, lors pour le peuple serbe, car ils por- Surtout, le député des Hauts-de- L’hommage rendu le 5 mars, le d’une brève déclaration à la presse, taient en germe l’indépendance du Seine a tenu à ce que chacun des jour même du premier meeting de le député des Hauts-de-Seine avait Kosovo, le berceau de la Serbie. Si membres du bureau politique campagne de MM. Séguin et Ma- exposé les axes de la campagne l’on voulait nous retirer l’Alsace- puisse s’exprimer à l’occasion d’un Baumel, député des Hauts-de- chiraquien, qui évoquait déjà delin à Marseille, par Jacques qu’il conduira avec Alain Madelin : Lorraine, quelle serait notre réac- long tour de table. Après le Seine, a dénoncé « l’arrogance de l’après-13 juin en souhaitant une Chirac à Anne-Marie Comparini, soutien au président de la Répu- tion ? », lance le sénateur (RPR) compte-rendu présenté par M. Sar- M. Bayrou », en expliquant qu’on modification des structures du nouvelle présidente (UDF) du blique pour défendre « l’Europe des des Hauts-de-Seine. Quant à kozy de ses multiples entretiens ne pouvait « pas demander aux RPR, s’est attiré cette réponse : conseil régional Rhône-Alpes, les Etats, l’Europe des nations, l’Europe l’attitude du chef de l’Etat, il as- des derniers jours, M. Juppé, le gaullistes de capituler en rase cam- « Cela relève des assises [du mouve- visites régulières de François Bay- de l’ambition », et préparation de sure que « dans la campagne ac- premier, a pris la parole pour dé- pagne ». Tout comme Alain Peyre- ment]. » « On s’en est tenu à la pré- rou à l’Elysée et les sorties de Ber- l’alternance face à la gauche socia- tuelle, dont l’enjeu est la place de fendre la candidature de l’ancien fitte, il a aussi rendu hommage au paration des européennes. Tout a été nard Pons avaient déjà suscité de liste en dessinant « le visage d’une la France dans l’Europe, Chirac porte-parole de M. Balladur. Il a travail mené par Philippe Séguin fait pour éviter les sujets qui pour- violentes critiques tant de M. Sé- opposition renouvelée ». Tout en (...) obscurcit l’horizon ». été suivi par M. Debré. Jacques pendant près de deux ans. Un raient fâcher », a expliqué, à la fin guin que de M. Madelin.

« MOMENT DE VÉRITÉ » Jean-Louis Debré, président du groupe RPR de l’Assemblée nationale Alors que ses lieutenants étaient divisés sur l’opportunité, pour M. Madelin, de copiloter lui-même « Je souhaite que, pendant cette campagne, le chef de l’Etat ne reçoive pas M. Bayrou » la liste de M. Sarkozy (Le Monde du 21 avril), le président de DL a vou- « Dans le livre que vous venez de publier pour soutenir la politique du président de la guerre, ont contribué à la construction de l’Eu- l’Etat. Or, je constate que, sur l’événement ma- lu mettre les choses au point avec (1), vous écrivez : “Affrontements personnels, République. Peut-être que l’ambiguïté qu’il y a rope. jeur que constitue, dans la campagne euro- le président de la République. Lors querelles d’arrivistes, divisions absurdes, rè- eu, avant, de la part de certains, venait du fait » Il faut aussi éviter l’utopie, c’est-à-dire le péenne, la crise du Kosovo, il y a une adhésion d’un entretien à l’Elysée, mercredi glements de compte politiciens... Voilà ce que qu’ils voulaient positionner notre mouvement fédéralisme tel que le propose François Bay- massive au président de la République et à sa matin, il a demandé à M. Chirac de retiennent les Français du comportement de dans un chemin différent de celui du président rou, car personne n’en veut, ni en France ni politique. faire en sorte que son soutien à la la droite depuis notre défaite aux élections lé- de la République. parmi nos partenaires européens. Ayons donc – Est-ce que, selon vous, Jacques Chirac seule liste RPR-DL ne puisse pas gislatives.” Ce terrible constat paraît plus – N’avez-vous pas le sentiment d’un im- un langage clair, positif et proposons une Eu- doit continuer à recevoir régulièrement être mis en doute d’ici au 13 juin. que jamais d’actualité. Comment expli- mense gâchis ? rope telle que la définit le président de la Répu- François Bayrou à l’Elysée, comme il l’a en- Après une ultime réunion avec ses quez-vous la persistance de ces affronte- – Nous portons tous, collectivement, la res- blique, c’est-à-dire une Europe unie des Etats. core fait jeudi 17 avril, à la veille de la dé- amis, il a confirmé sa participation ments et de ces divisions ? ponsabilité de ce qui est arrivé. La politique ne – Vous employez souvent le mot de “gaul- mission de Philippe Séguin ? à la liste. « Il y a une bataille à me- – Je vois à cela deux raisons principales. Cer- peut et ne doit pas se résumer à des com- lisme”. Est-ce une façon de répondre à – Il ne doit y avoir aucune ambiguïté pos- ner, je ne suis pas de ceux qui dé- tains sont sans arrêt à regarder le passé, et no- mentaires acides, à des règlements de Charles Pasqua qui affirme que, depuis le sible. Si M. Bayrou avait repris sa déclaration sertent les champs de bataille », a-t- tamment les divisions qui nous ont opposés comptes, à de petites phrases assassines. Lors- départ de Philippe Séguin, il n’y a plus de du 5 juillet 1998, dans laquelle il disait : “Les il indiqué lors d’une conférence de pendant la campagne présidentielle. D’autres qu’on en est là, c’est qu’il n’y a plus de réflexion gaullistes au RPR ? choix européens du président de la République presse. « Tout le monde comprendra n’ont comme obsession que la future élection de fond. – Le gaullisme n’appartient à personne. sont justes et tous ceux qui les soutiennent que l’union ainsi constituée à ce mo- présidentielle. Personnellement, j’assume tous » Si le départ de Philippe Séguin, que je re- C’est un état d’esprit, une volonté, c’est une doivent se rassembler sur la même liste”, alors ment de vérité (...) entre nos deux les choix qui ont été les miens pendant cette grette mais que je respecte, peut avoir pour détermination... Et je trouve, dans le mouve- j’aurais dit oui. Mais il me semble qu’au- formations, entre Nicolas Sarkozy et élection, mais je ne me retourne pas vers le nous une utilité, c’est justement d’essayer de ment RPR, plus de gaullistes qu’ailleurs. Que jourd’hui, il n’y a plus aucune référence au pré- moi-même, constitue, au-delà des passé. Je considère que la famille gaulliste s’est réfléchir sur le fond, notamment sur serait aujourd’hui le gaullisme s’il n’y avait pas sident de la République dans les propos de élections européennes, une base so- retrouvée. On ne fait pas de la politique par es- l’échéance européenne. Il ne faut pas voir à Jacques Chirac ? M. Bayrou. Il faudra qu’il dise très clairement lide de la préparation de la pro- prit de revanche. Aujourd’hui, l’important travers celle-ci une étape vers l’élection prési- – Après ce nouvel épisode de la division s’il se dédit. D’autre part, il refuse, une fois de chaine alternance », a ajouté pour nous est de soutenir Nicolas Sarkozy dentielle. L’élection européenne concerne les de l’opposition, le président de la Répu- plus, l’union de l’opposition. Dans ces condi- M. Madelin. pour ces élections européennes. Je le dis d’au- partis politiques. Nous ne nous sommes pas blique peut-il encore apparaître comme le tions, je souhaite que, pendant cette cam- Dans un entretien publié par Li- tant plus clairement que je n’ai pas été de son peut-être pas assez préoccupés de notre posi- chef d’une “droite plurielle” ? pagne électorale, puisque le chef de l’Etat est bération, jeudi 22 avril, le porte-pa- côté pendant l’élection présidentielle. Dans tionnement politique. Aujourd’hui, il importe – Le président de la République n’est pas le au-dessus des partis, il ne reçoive pas M. Bay- role de DL, Claude Goasguen, va cette campagne européenne, je serai le pre- que dans notre discours, nous écartions l’ar- chef de la droite. Il est le chef de l’Etat. Il rou. » un peu plus loin en souhaitant «la mier à l’aider car, à travers lui, c’est l’unité de chaïsme et l’utopie. L’archaïsme, qui n’est pas s’adresse à tous les Français. Naturellement, le création d’une entité de droite, libé- notre mouvement qui est en jeu. gaulliste, ce sont les thèses développées par RPR et les partis de l’opposition doivent soute- Propos recueillis par rale et moderne » à partir du RPR et – Comment le RPR peut-il surmonter Charles Pasqua, c’est-à-dire le refus de l’Eu- nir, encourager, accompagner la politique du Pascale Robert-Diard de Démocratie libérale. L’après-eu- cette nouvelle crise et se reconstruire ? rope et le repli de la France sur elle-même. président de la République. Et l’addition des ropéenne a déjà commencé. – Nous ne serons véritablement gaullistes Toutes les personnalités gaullistes – à voix au lendemain des élections européennes, (1) Le gaullisme n’est pas une nostalgie, éd. que si nous sommes capables de nous unir. Il commencer par le général de Gaulle – qui se devra tenir compte de toutes celles et tous Robert Laffont, mars 1999, 228 pages, Cécile Chambraud faut faire taire ces querelles et nous rassembler sont succédé à la tête de la France depuis la ceux qui approuvent la politique du chef de 99 francs (15,09 euros). et Jean-Louis Saux M. Séguin, des bougies et des amis Nicolas Sarkozy et Alain Madelin, le tandem libéralo-libéral CINQ JOURS après l’annonce Karoutchi, a annoncé la pro- INVITÉ du journal de France 2, nalités, au sein de la droite fran- convergences de vue avec M. Ma- prendre mal, il n’a pas condamné de la démission de Philippe Sé- chaine réactivation des réseaux mercredi 21 avril, quelques heures çaise, parmi les plus convaincues delin : il a mené un combat remar- le principe même de la réforme. guin, une poignée d’élus et quel- séguinistes. L’ancien président à peine après son intronisation des bienfaits du libéralisme. qué, à l’automne 1998, en défen- M. Sarkozy, lui, joue sur un re- ques collaborateurs se sont re- du RPR a donné pour consigne à comme chef de file de la liste Ont-ils, dans les domaines dant une proposition de loi contre gistre beaucoup plus traditionnel trouvés, mercredi 21 avril, dans le ses amis de rester aux côtés de RPR-DL pour les élections euro- économiques et sociaux, des di- la rétroactivité fiscale. Et il ne à droite, pour ne pas dire conser- bureau d’Etienne Pinte à l’As- son successeur, Nicolas Sarkozy, péennes, avec Alain Madelin pour vergences ? On peine à en perce- cesse de répéter que pour sortir vateur. semblée nationale, autour de et d’être loyaux à son égard. Tou- colistier, Nicolas Sarkozy a visi- voir. Tous deux sont des partisans de la crise qu’elle traverse, la Cette différence de sensibilité se l’ancien président du RPR pour ché par les centaines de lettres blement cherché à rassurer la fa- d’une politique active de baisse « droite doit être la droite » et ne prolonge d’ailleurs sur un autre fêter ses cinquante-six ans. « Qui qu’il a reçues – « Toujours la mille gaulliste. Tournant en déri- des impôts. Ils militent avec la pas avoir avoir peur des valeurs li- sujet, celui de la recomposition de aurait dit que l’on fêterait ici, en- même : on regrette mais c’était sion le projet « d’Europe même fougue pour le retrait de bérales qu’elle porte. la droite. En privé, M. Sarkozy n’a semble, le deuxième anniversaire inévitable » –, M. Séguin s’ef- fédérale » défendu par François l’Etat de la sphère économique ou jamais caché, en effet, ce que se- de la dissolution ? », lance, mo- force de répondre à chacune, de Bayrou – un projet vieillot, a-t-il encore pour la réduction du CURIEUX ATTELAGE rait son rêve : la création, en queur, M. Séguin. « La reine sa main. Son secrétariat n’est en- martelé –, il s’est fait le défenseur nombre des fonctionnaires. Alors Libéraux, les deux dirigeants de France, d’un grand parti conserva- d’Angleterre aussi est née un core assuré que par une mili- de « l’Europe des nations », que, dans la famille centriste, il est la liste RPR-DL le sont donc tous teur, dépassant les antagonismes 21 avril, de même qu’Hitler, Marx tante bénévole. comme s’il avait aussi à cœur parfois de bon ton, pour se distin- les deux. En tout cas pour les anciens qui minent la droite fran- et, bien sûr, Louis-Napoléon Bona- Interrogé sur le Kosovo, M. Sé- d’occuper la place laissée vacante guer, de brocarder « l’ultralibéra- questions économiques et so- çaise. Un parti de la droite que parte », rappelle-t-il. guin réaffirme ses craintes et ses par Philippe Séguin et de donner lisme » de M. Madelin, on n’a ja- ciales, car, pour les questions de M. Madelin appelle aussi de ses En bras de chemise, détendu, interrogations, mais assure que des gages à l’aile « souverainiste » mais entendu M. Sarkozy se livrer société, on peut difficilement en vœux, mais à la condition qu’il comme apaisé, le député des cette guerre était « nécessaire et du RPR. à cette critique-là. dire de même. A plusieurs re- s’agisse d’un grand parti... libéral ! Vosges ignore encore quel sera inévitable ». Pour couper court à Les apparences, pourtant, ne Bref, les deux hommes sont prises, M. Madelin s’est appliqué à Etrange attelage, en tout cas, son destin. Evasif, il s’interroge à la rumeur selon laquelle celle-ci trompent pas. Avec ce nouveau idéologiquement proches. Autre démontrer que son libéralisme ne que celui constitué par MM. Sar- voix haute sur l’avenir du gaul- aurait pesé dans sa décision, il tandem Sarkozy-Madelin, rempla- indice, ils ont tous les deux salué se bornait pas à défendre «la kozy et Madelin. Pour conduire lisme, sur la manière de faire au- indique sobrement être parti en çant l’association Séguin-Madelin, le « raid » de la BNP sur la Société main invisible du marché ». Sur jusqu’aux élections européennes jourd’hui de la politique, et se raison d’« un problème de poli- le centre de gravité de la liste générale et Paribas, en se réjouis- des sujets sensibles, comme la dé- du 13 juin Démocratie libérale trouve, un instant, trop âgé pour tique intérieure ». Un proche ré- RPR-DL s’est brusquement dépla- sant que ce soit, pour la première pénalisation de la drogue, il a par mais surtout un mouvement gaul- tout reprendre à zéro. Il pourrait sume l’analyse : « Chirac voulait cé : l’ancien attelage libéralo-ré- fois, les marchés qui tranchent et exemple défendu fréquemment liste dont toutes les composantes écrire des livres, retourner à la gagner [l’élection présidentielle] publicain a cédé la place à un qu’une grande restructuration ne des positions autrement plus sont loin d’être converties aux Cour des comptes ou partir sur sans nous. Maintenant, il veut ga- couple d’un genre nouveau, « li- se décide pas dans le bureau du souples que celles entendues, le vertus du libéralisme, il risque de une île britannique. Il n’em- gner contre nous. » béralo-libéral ». M. Sarkozy et ministre des finances. plus souvent, à droite. Dans le cas créer quelques surprises. pêche, la veille, l’un de ses M. Madelin ont en effet en M. Sarkozy a d’ailleurs apporté du pacte civil de solidarité (PACS), proches collaborateurs, Roger J.-L. S. commun d’être deux des person- des preuves récentes de ces s’il a reproché à la gauche de s’y Laurent Mauduit LeMonde Job: WMQ2304--0008-0 WAS LMQ2304-8 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0301 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 FRANCE

Nouveaux craquements Les Verts et le PCF demandent au gouvernement au sein de la gauche d’être plus offensif sur les 35 heures Ils ont transmis à Martine Aubry leurs propositions pour la seconde loi

« plurielle » sur le Kosovo me Les consultations, officieuses, ont commencé à M Aubry leur bilan de la première loi et leurs semble, ils poussent le gouvernement à prendre entre le ministère de l’emploi et les partis de propositions pour la seconde. Les communistes des décisions radicales pour favoriser les créa- Inquiétudes du MDC et de la Gauche socialiste gauche sur les 35 heures. Les Verts ont transmis ont formulé une vingtaine de demandes. En- tions d’emploi, jugées trop faibles. JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT décision différente n’aura pas été LA SAISON des bilans bat son plus que ce ne sont pas les dernières Les communistes ont eux aussi doit être réservée et modulée en n’a pas écouté Jacques Chirac. A prise. » plein. Sans attendre le constat que à y aller » ; des incitations plus analysé en détail les accords pas- fonction des embauches. 20 heures mercredi 21 avril, alors La petite troupe chevènemen- doit présenter, à la mi-mai, Mar- fortes, maniant aides et sanctions, sés et sondé les organisations syn- Pas question, non plus, d’accep- que le président de la République tiste n’est pas la seule à éprouver tine Aubry – avant l’ouverture de sont nécessaires ; enfin, il est né- dicales, avant de soumettre une ter que la formation puisse être expliquait à nouveau aux Français des états d’âme. Jean-Luc Mélen- la concertation destinée à préparer cessaire, selon eux, de renégocier série de propositions à Mme Aubry. prise sur le temps de travail. «Ce le sens et les raisons de l’action de chon, animateur de la Gauche so- la seconde loi sur les 35 heures –, les accords de branche dans la mé- Plusieurs d’entre elles recoupent point fera l’objet d’une grosse ba- l’OTAN au Kosovo, le ministre de cialiste au sein du PS, juge lui aussi la gauche plurielle a commencé à tallurgie, comme dans les banques. celles des écologistes. Comme eux, taille », promet Maxime Gremetz l’intérieur participait, lui, aux tra- sévèrement l’action de l’OTAN. en dresser l’inventaire. Après le ils réclament l’application des (PC, Somme). Pour être au même vaux du bureau national de son « Le Kosovo se vide, toute la région rapport parlementaire du socia- REVOIR LE RÉGIME DES CADRES 35 heures dans la fonction pu- niveau que les autres, les salariés parti, le Mouvement des citoyens est déstabilisée, l’ONU est margina- liste Gaétan Gorce (Le Monde du Les heures supplémentaires sont blique. en temps partiel et en travail posté (MDC). Une discussion « sereine », lisée, les Russes renvoyés à la case 11 mars), les Verts et les commu- aussi dans le collimateur. Les Verts Par ailleurs, l’augmentation mé- devraient bénéficier, sans inci- selon un participant, et dont le dé- guerre froide, bref, exactement tout nistes s’apprêtent, à leur tour, à proposent de les majorer dès la canique du Smic (11,4 %) doit être dence sur le salaire, d’une réduc- sintérêt affiché pour le propos pré- ce que l’intervention était censée donner leur interprétation de l’ap- 36e heure, sous forme de repos entérinée, étant entendu qu’«au- tion de quatre heures de leur sidentiel traduit le fort scepticisme empêcher », note-t-il dans une tri- plication de la réduction du temps compensateur, et de limiter le cun salarié n’acceptera de perdre temps de travail hebdomadaire. du MDC quant à l’efficacité de la bune publiée par l’hebdomadaire de travail. Au début du mois contingent annuel à 94 heures. sur son salaire ». Les heures sup- Enfin, le PC a affiché son intention méthode employée par les alliés Politis, daté du 22 avril. « On me dit d’avril, les Verts ont ainsi transmis « Après tout, la loi Delebarre avait plémentaires seraient taxées à de déposer, le 27 avril, une propo- pour faire plier le régime yougo- à présent : “Nous n’avons plus le au ministère de l’emploi un docu- fixé la barre à 80 heures. Ce n’est 50 % dès la 36e heure et à 100 % au- sition de loi « pour encadrer les li- slave. droit de perdre”. Soit. Mais je vou- ment de 50 pages sur le sujet, as- qu’avec Philippe Séguin (ministre delà du seuil actuel de 45 heures. cenciements économiques ». Sur le fond, cette réunion n’a drais savoir aussi en quoi doit sorti de propositions. Après études des affaires sociales en 1986-1988) Très demandeur d’une réforme Ce premier tour de piste a sur- rien apporté de nouveau. Les consister la victoire. Le cantonne- de cas, les communistes ont égale- que nous sommes passés à un de l’assiette des cotisations patro- tout permis de mesurer les diver- frappes aériennes, que M. Chevè- ment ethnique du Kosovo sous pro- ment formulé une vingtaine de contingent de 130 heures. Les co- nales, le parti de Robert Hue sou- gences. « D’après le ministère, on a nement s’est toujours abstenu de tection militaire, la destruction mé- mesures nécessaires, à leurs yeux, pains socialistes, eux, proposent de haite cependant la distinguer des compris qu’il ne fallait pas trop en condamner publiquement, ont été thodique de la Serbie et la à l’élaboration de la seconde loi, revenir à 100 », observe M. Cochet. aides accordées pour faciliter le demander », maugrée M. Gremetz. qualifiées de « terriblement impro- pérennisation du droit de l’OTAN à qui devrait être examinée, le 5 oc- La « proposition numéro 11 » est passage aux 35 heures. Il refuse Le changement de ton est sensible visées » par plusieurs intervenants. intervenir quand elle le veut, où elle tobre, à l’Assemblée nationale. plus radicale : il s’agit de suppri- ainsi d’instaurer une aide pérenne, par rapport à l’ambiance de « coo- Et nul, dans ce cénacle, ne sou- veut, ne seront pas une victoire. » Les uns comme les autres af- mer le régime juridique des cadres sous forme d’allègement de pération » qui avait entouré la pre- haite que l’on en vienne mainte- Les uns et les autres ne seront fichent leur inquiétude sur le ni- « qui n’a plus de pertinence ». «Il charges, dans le cadre d’accords mière loi... nant à une intervention terrestre. sans doute pas rassurés par les veau insuffisant de créations d’em- faut faire sauter ce mythe fran- défensifs qui préservent des em- En revanche, les responsables du propos de Jack Lang, jeudi 22 avril ploi générées, jusqu’à présent, par çais », assure M. Cochet. plois mais n’en créent pas. L’aide Isabelle Mandraud MDC divergent assez notablement sur RTL. Interrogé sur une éven- la première loi. Ils suggèrent au sur la stratégie à suivre si, d’aven- tuelle offensive terrestre, le pré- gouvernement de prendre des dé- ture, la guerre quittait les airs pour sident (PS) de la commission des cisions radicales pour redresser la gagner le sol. affaires étrangères de l’Assemblée barre. La possibilité d’un échec, Georges Sarre, président délé- nationale, a dit : « On ne doit pas, lourde de conséquences pour la Discrètes consultations des inspecteurs du travail gué du MDC, et Didier Motchane, intellectuellement et par principe, majorité, est évoquée et justifie, LA PREMIÈRE réunion a eu lieu le 8 avril, la seconde représentent les accords signés par des mandataires vice-président, prônent, eux, la exclure une telle hypothèse. Mais selon eux, de durcir le dispositif. le 15. La troisième et dernière, qui devrait durer toute la (lorsque l’entreprise est dépourvue de syndicats) qui ne rupture avec Lionel Jospin au cas (...), encore une fois, rien n’a été Depuis plusieurs semaines, les journée, a été programmée pour le jeudi 29 avril. Dis- peuvent être dénoncés, « quand bien même ils mène- où le gouvernement français ac- programmé à ce stade et je ne peux propositions des partenaires du crètement, le ministère de l’emploi a décidé de consul- raient à une catastrophe sociale ». « Tous, nous avons la cepterait une action militaire sur le pas vous en dire plus. » gouvernement font donc l’objet de ter les inspecteurs du travail au sujet des 35 heures. même analyse des problèmes », se félicite un participant. terrain. Cette position a suscité la discussions avec le cabinet de Une dizaine d’entre eux, venus de Paris ou de province, « Les techniciens du ministère ont souhaité confronter colère de M. Chevènement qui ne Jean-Michel Aphatie Mme Aubry. ont été conviés à exposer, devant Yves Barou, directeur leurs points de vue avec les techniciens de terrain. C’est veut pas, à cette étape, engager « Il ne s’agit pas d’audace ou adjoint du cabinet de Martine Aubry et Jean Marim- une bonne chose », relève avec satisfaction un autre. une épreuve de force avec le pre- a EXTRÊME DROITE : le Collectif d’extrémisme. Nous restons très fa- bert, directeur des relations du travail, les problèmes Les inspecteurs du travail avaient, en effet, manifesté à mier ministre. non à la guerre, constitué par des vorables à la première loi, mais nous rencontrés par la loi sur la réduction du temps de plusieurs reprises leur désir d’être entendu sur le dos- Du coup, avant même la réu- représentants et sympathisants de ne sommes pas aussi triomphalistes travail. sier, ce qui avait provoqué des tensions avec leur tutelle nion du bureau national, Sami la Nouvelle droite – Laurent Ozon, que le ministère », déclare le dépu- La fraude, en particulier, a été soulevée. « Elle est au- (Le Monde du 11 mars). Naïr, représentant du MDC sur la directeur de la publication Recours té Yves Cochet (Verts, Val-d’Oise). jourd’hui généralisée, les horaires collectifs ne corres- C’est le côté inattendu de ces rencontres. Mme Aubry liste socialiste de François Hol- aux forêts, Charles Champetier, ré- Les écologistes affirment avoir ob- pondent plus à rien et nous ne disposons pas des outils né- a récemment infligé un blâme – avant de le retirer – à lande pour les prochaines élec- dacteur en chef d’Eléments, publi- servé à la loupe, entreprise par en- cessaires », a plaidé un inspecteur. Le temps de travail un inspecteur du travail qui avait fait connaître publi- tions européennes, a été prié d’ex- cation du Gréce (Groupement de treprise, branche par branche, les effectif, le cas des cadres, les accords de branche, et quement son opinion sur les 35 heures. Mais au- primer la pensée du ministre de recherche et d’études pour la civili- accords passés. Déçus par les ré- même la représentativité syndicale ont également été jourd’hui, elle cherche discrètement à recueillir l’avis de l’intérieur sur le sujet. « Le MDC, a sation européenne), et Arnaud sultats, ils s’accordent pourtant au centre des discussions, divisées en trois grands cha- la profession. assuré M. Naïr depuis Montluçon Guyot-Jeannin, disciple du philo- sur les perspectives tracées dans le pitres : le temps de travail, les négociations et les ques- où il accompagnait le premier se- sophe fasciste Julius Evola – a tenu, rapport de M. Gorce : 100 000 em- tions techniques. Plusieurs ont pointé les dangers que I. M. crétaire du PS, a toujours dit claire- mercredi 21 avril, une première plois pourraient être créés d’ici à la ment qu’il soutenait le premier mi- réunion publique. A côté d’Alain de fin 1999 et 500 000 au 1er janvier nistre dans la recherche d’une Benoist, figure emblématique de la 2003. Mais, pour y parvenir, les solution négociée et qu’il ferait tout Nouvelle droite, ont notamment Verts posent quatre conditions. pour que ce soutien se maintienne, pris la parole l’ex-gaulliste de Tout d’abord, les 35 heures Les syndicats, à l’exception de FO, lancent une semaine se poursuive et se développe dans les gauche Jacques Dauer et la paci- doivent être étendues à la fonction meilleures conditions. » Dès lors, a- fiste Solange Ferneix (Verts). Le publique. La date d’entrée dans le t-il poursuivi, « nul n’est habilité à collectif revendique quarante mille dispositif, fixée à 2002, pour les d’initiatives sur la réduction du temps de travail parler au nom du MDC tant qu’une signatures. PME, doit être abolie, « d’autant L’IDÉE en avait été lancée par CFDT, FO et CFTC ont, pour la rielle » de ne pas « céder à la pres- Bernard Thibault, le secrétaire gé- première fois, signé un appel sion patronale », le texte récuse un néral de la CGT, au congrès de commun sur la réduction du certain nombre de dispositions Strasbourg, en janvier. Elle a dé- temps de travail. Par ailleurs, à contenues dans les accords de sormais pris forme. Les grandes l’initiative de la CFDT-Banque, un branche qui « dérèglementeraient confédérations syndicales, à l’ex- « appel-pétition » commence à cir- toute la législation française du tra- ception de Force ouvrière, ont an- culer dans les milieux syndicaux, vail ». noncé, mercredi 22 avril, qu’elles afin de « montrer que, dans toute Il réclame ainsi « les 35 heures organiseront une importante « se- une série de secteurs, il existe une payées 39 avec maintien des avan- maine d’initiatives » communes, volonté de peser pour que la tages acquis et de la référence heb- du 25 au 29 mai, pour l’emploi et deuxième loi sur les 35 heures soit domadaire », « une augmentation la réduction du temps de travail. plus contraignante ». Outre la de 11,4 % du SMIC horaire », «la Dans un communiqué, CFDT, CFDT-Banque, participaient no- réduction de 10 % du contingent CGT, CFTC et CFE-CGC estiment, tamment à une première réunion, annuel maximum d’heures supplé- en effet, que « le moment est venu le 14 avril, des représentants de mentaires », l’application de taux pour les salariés d’exprimer plus l’UGICT-CGT (cadres), de la CGT- de majoration « dès la 36e heure », fortement leur volonté de débou- Cheminots (la fédération d’origine « le maintien de la formation pro- cher sur des négociations et des ac- cords de réduction du temps de tra- vail avec les créations d’emplois Mme Notat juge « incontournable » une période de transition correspondant à tous les niveaux de qualification ». Pour les quatre si- Nicole Notat estime qu’une « période de transition est incontour- gnataires de cet appel, il s’agit de nable pour les 35 heures » après le 1er janvier 2000 pour permettre aux « sensibiliser les salariés » en met- entreprises d’achever les négociations, et que les « nouvelles mesures tant en œuvre « des initiatives dé- législatives » doivent être « connues rapidement ». « Il faut qu’à la ren- centralisées adaptées, fortes, vi- trée, quand un grand nombre d’entreprises commenceront à négocier, sibles, pour appuyer ces exigences les règles du jeu soient claires », assure la secrétaire générale de la concrètes ». FO a expliqué son ab- CFDT, dans un entretien au journal Les Echos, jeudi 22 avril. Mme No- sence en estimant que « les condi- tat précise à propos des heures supplémentaires que « la CFDT est tions de la réussite ne sont pas en- résolument hostile à tout relèvement du contingent légal actuel de core réunies ». Toutefois, la 130 heures ». Elle récuse également le « double SMIC » et estime confédération dirigée par Marc qu’« il n’y a pas d’autre solution qu’une mise à niveau du taux horaire Blondel n’exclut pas que des syn- du SMIC ». Elle se prononce enfin contre l’institution de « forfait sans dicats FO participent à des actions référence horaire généralisé et conclu de gré à gré » pour les cadres. sur le terrain. De son côté, l’UNSA Elle réclame en outre une négociation sur les 35 heures dans le (Union nationale des syndicats au- secteur public. tonomes) a annoncé qu’elle parti- ciperait à cette semaine d’action interprofessionnelle. de Bernard Thibault), de la métal- fessionnelle dans le temps de travail Plutôt que d’organiser un grand lurgie parisienne CFDT, de la CGT effectif ». En outre, il demande «le défilé national, les quatre confédé- Elf Aquitaine, de la CGT - Secteur maintien de la référence et du dé- rations laissent l’initiative au ter- financier, de la FSU et de SUD- compte horaire » pour tous les rain. L’objectif est double : il s’agit PTT. « Des contacts ont été pris cadres et techniciens, la possibilité de prendre en compte les crispa- avec FO », indique Bernard Dufil, pour les salariés à temps partiel de tions locales. Chacun se détermi- secrétaire de la CFDT-Banque. « choisir entre une diminution de nera en fonction des micro-cli- Le texte soumis à signature, qui leur temps de travail, une augmen- mats syndicaux. Il s’agit, aussi, doit être parachevé lors d’une se- tation de salaire et un retour à d’accompagner une base qui, ici conde réunion mardi 27 avril, en temps plein », enfin l’extension de ou là, a montré qu’elle était ca- appelle « au gouvernement et aux la loi à « tous les salariés des entre- pable, sur le sujet des 35 heures, parlementaires de gauche pour que prises publiques et de la fonction de prendre des initiatives de la deuxième loi sur les 35 heures publique » avec « développement concert sans attendre les confédé- prenne effet comme prévu au de l’emploi public ». rations. 1er janvier 2000 ». Enjoignant au Le 12 avril, les cadres CGT, « gouvernement de la gauche plu- Caroline Monnot LeMonde Job: WMQ2304--0009-0 WAS LMQ2304-9 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0302 Lcp: 700 CMYK

9 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999

TRAVAIL La Commission euro- jour pour non-respect de la directive travail de nuit des femmes b L’IN- d’entreprise. b SUR LES 800 000 chargée des relations avec l’UE à la péenne a demandé, mercredi 21 avril, de 1976 sur l’égalité entre hommes et TERDICTION de principe de cette FEMMES travaillant habituellement CFDT, estime qu’il n’y a plus aucune à la Cour de justice des communau- femmes. Déjà condamnée en 1997 forme de travail ne s’applique qu’à ou occasionnellement de nuit, près raison d’empêcher une femme de tés européennes d’infliger à la France pour ce motif, la France n’a jamais l’industrie ; même dans ce secteur, de la moitié se situent dans le secteur travailler la nuit si elle le souhaite. une amende de 142 425 euros par abrogé sa législation prohibant le elle est tempérée par des accords de la santé. b EVELYNE PICHENOT, (Lire aussi notre éditorial page 16.) La France est pressée par Bruxelles d’autoriser le travail de nuit des femmes La Commission européenne requiert une astreinte de 943 880 francs par jour contre la France pour non-application de sa directive prohibant toute discrimination entre les sexes. Cette exigence embarrasse le gouvernement LA FRANCE se serait bien pas- Cette loi autorise, en cas de néces- électoral (élections législatives de contre la création de garanties sée du symbole : au moment sité, le travail en équipes succes- 1993 et dissolution de l’Assemblée pour l’ensemble des 3,5 millions même où les parlementaires sives à condition que l’entreprise nationale de 1997). de personnes travaillant la nuit adoptent un projet de loi sur la pa- signe un accord et que la branche Aujourd’hui, le silence du mi- (dont 2,8 millions de salariés) rité, Paris risque de se voir infliger dont elle relève en ait également nistère de l’emploi après la déci- pourrait permettre au gouverne- par la Cour de justice des commu- signé un. De l’interdiction légale, sion de Bruxelles montre l’embar- ment de rallier les syndicats et les nautés européennes une amende on passe peu à peu à une autorisa- ras du gouvernement. Puisqu’il ne suffrages de sa majorité. Cette dé- de 142 425 euros (943 880 francs tion contractuelle. Conséquence : peut plus reculer, l’hypothèse qui marche serait d’autant plus justi- français) par jour pour non-respect en 1997, sur les 800 000 femmes qui paraît a priori la plus logique, se- fiée que la France n’a toujours pas d’une directive européenne sur travaillent habituellement ou occa- rait d’abroger l’article en question retranscrit dans le droit national l’égalité entre hommes et femmes, sionnellement la nuit (soit 8 % des à l’occasion de la deuxième loi sur la partie d’une directive euro- comme l’a demandé la Commis- femmes actives, contre 21,3 % des les 35 heures qui doit être dis- péenne adoptée en 1993 qui sion européenne, mercredi, hommes), 46 700 travaillent dans cutée cet automne, c’est-à-dire, à concerne le travail de nuit. Ce tex- 21 avril, à la Cour de Luxembourg. l’industrie. A peine plus que dans peu près au moment où la Cour te, pris au nom de la santé et de la La directive en cause remonte le commerce (42 600) et bien de justice devrait rendre son arrêt. sécurité au travail, impose aux à... 1976 ! moins que dans l’agriculture Mais politiquement, l’affaire est Etats de définir des contreparties Cette année-là, le conseil euro- (62 600), les services aux parti- évidemment plus délicate qu’il n’y au travail de nuit. péen adopte une directive qui, en culiers (111 000) et surtout que paraît. Libéraliser le travail des matière d’emploi, s’attache à sup- dans le secteur de la santé et de femmes dans l’industrie la nuit à FLEXIBILITÉ primer « toute discrimination fon- l’action sociale (385 000). D’ail- l’occasion de l’adoption d’un tex- Sur ce sujet, le gouvernement dée sur le sexe ». Interrogée en 1989 leurs, le ministère de l’emploi et de te qui symbolise une des grandes craint de s’opposer aux em- par un tribunal français sur l’appli- la solidarité fait valoir que, depuis réformes de la gauche plurielle ployeurs qui n’ont, bien évidem- cation de ce texte qui a une portée l’arrêt de la Cour de justice de 1991, n’est pas forcément du meilleur ment, aucune envie de se voir im- générale, la Cour de justice précise il a été dit expressément aux ins- effet. poser de nouvelles contraintes, ni dans un arrêt du 25 juillet 1991 que pecteurs du travail que le fameux A moins de tenter une « sortie de nouvelles charges sociales. Dé- la législation française sur le travail article L213-1 du code du travail par le haut ». En effet, contraire- jà, en janvier 1991, une loi pré- de nuit des femmes est contraire n’est plus opposable aux em- Alors, pourquoi ne pas abroger partenaires sociaux à ce sujet : ment à une croyance répandue, la voyait le principe d’une compen- au texte communautaire qui s’im- ployeurs puisqu’il est contraire au cet article de loi qui n’a plus force Martine Aubry en 1992 et Jacques loi ne prévoit aujourd’hui aucune sation au travail de nuit mais ni le pose à elle. droit communautaire. En clair, de loi ? Essentiellement pour des Barrot en 1997. Hasard ? dans les compensation au travail de nuit, montant, ni la forme, ni les moda- n’importe quel industriel peut de- raisons « psycho-politiques », se- deux cas, ces intentions sont res- ni pour les hommes ni pour les lités n’ont jamais été précisées. INDUSTRIE mander à une femme de travailler lon un expert en droit du travail. tées lettre morte, en partie pour femmes. Echanger le travail de L’Etat avait renvoyé la discussion Issu d’une législation qui date de la nuit. Deux ministres ont consulté les des raisons tenant au calendrier nuit des femmes dans l’industrie aux partenaires sociaux qui 1892, le Code du travail (dans son s’étaient bien gardé de s’en empa- article L213-1), interdit le travail de rer. De toute évidence, Martine nuit (entre 22 heures et 5 heures Aubry n’a aucune envie d’ajouter du matin) des femmes « dans les ce dossier à la deuxième loi sur les usines, manufactures, mines et car- Aux yeux des salariés, leurs conditions de travail se dégradent 35 heures dont la gestion poli- rières, chantiers, ateliers et leurs dé- LES SALARIÉS ont le sentiment d’une dégra- rationalisation des tâches, l’informatisation, le dé- gressé en passant de 7,5 % en 1984 à 15 % en 1998 tique et sociale s’annonce déjà pendances (...) ainsi que dans les of- dation de plus en plus nette de leurs conditions de veloppemment de la grande distribution et l’appa- (et de 20 à 30 % chez les non-qualifiés). Taylorisme complexe. Comme les autres fices publics et ministériels, les travail depuis le début des années 90. La tendance rition d’une logique industrielle dans le secteur dans l’industrie, taylorisme dans le commerce. formes de flexibilité, le travail de établissements des professions libé- générale, loin de prévoir un assouplissement des commercial, ainsi que le souci de la qualité et de la Ainsi 15 % des employés de libre-service déclarent nuit prend de l’ampleur. Le rales, des sociétés civiles, des syndi- horaires, serait au contraire à leur intensification diversité des produits dans l’industrie, n’ont fait que leur travail est de plus en plus contraint par la nombre de salariés travaillant la cats professionnels et des associa- et à la hiérarchisation. Telles sont les idées-forces que favoriser l’émergence d’un nouveau taylo- cadence des machines et le déplacement des pro- nuit est passé de 2,635 millions en tions ». Seule exception : les qui se dégagent d’une enquête nationale réalisée risme (du nom de l’ingénieur américain Taylor, duits. L’informatisation a renforcé, dans ce sec- 1993 à 2,856 millions en 1997. Vi- femmes occupant des postes de di- en 1998 par la Direction de l’animation de la re- 1856-1915, célèbre pour sa méthode d’organisation teur, le caractère répétitif des tâches. Elle a surtout siblement, dans les faits, le code rection ou de caractère technique cherche et des études statistiques (Dares) du mi- scientifique du travail industriel par la suppression fourni un instrument nouveau à une « surveillance du travail n’est pas discriminant : impliquant une responsabilité. nistère de l’emploi et de la solidarité. Les premiers des gestes inutiles). permanente » de la hiérarchie et à l’intensification le tiers de ces nouveaux travail- Première remarque : le travail de résultats de cette étude, à paraître dans son inté- des rythmes qui en découlent. Illustration frap- leurs de la nuit sont des femmes nuit des femmes est essentielle- gralité, viennent d’être publiés dans le numéro « DEMANDE À SATISFAIRE IMMÉDIATEMENT » pante, la surveillance des caissières de supermar- dont le nombre a presque doublé ment interdit dans l’industrie. Et d’avril de la revue de la Mutualité française, Santé Principal responsable, d’après plus de 50 % des ché par ordinateur, permet aujourd’hui de repérer dans l’industrie en quatre ans. Un encore : en 1987, Philippe Séguin, et travail. Ils complètent deux enquêtes similaires, salariés : « La demande à satisfaire immédiate- non seulement les erreurs de celles-ci, mais égale- argument que le gouvernement a ministre du travail, fait adopter menées respectivement en 1984 et 1991, et ment. » C’est ainsi qu’au cours des quinze der- ment d’apprécier leur vitesse de travail. quelque scrupule à utiliser. une loi qui s’inspire d’un accord concernent le secteur privé comme le secteur pu- nières années, le travail à la chaîne a, contre toute conclu dans la métallurgie en 1986. blic. Les réponses de 1998 font apparaître que la attente en cette fin du XXe siècle en France, pro- Nicolas Weill Frédéric Lemaître Belgique, Grèce et Italie « Etre de nuit » pour échapper au vacarme des machines dans la journée DEPUIS UN AN, Monique Co- prime de 77 francs par nuit. Pour- horaires contraignants du travail Pourtant, tous ceux qui souhai- ont régularisé leur situation letti n’a plus besoin de réveil. tant, avec ses vingt-sept ans d’an- en équipe. « Entre les journées où teraient travailler la nuit n’ob- Comme cent cinquante autres vo- cienneté, Mme Coletti n’a pas choi- je devais me lever à 4 heures et tiennent pas forcément satisfac- BRUXELLES entré en vigueur en no- lontaires, elle a opté pour le tra- si le travail nocturne pour gagner celles où je rentrais à minuit, je ne tion. Car pour l’entreprise, les (Union européenne) vembre 1993, la Commission peut vail de nuit dans les ateliers de plus ou pour travailler moins. Elle voyais jamais mon mari, explique- équipes nocturnes coûtent cher : de notre correspondant demander à la Cour d’imposer des a demandé à « être de nuit » pour t-elle. Maintenant, il est content. La seuls les postes « stratégiques » La sanction sévère demandée amendes aux Etats membres qui PORTRAITS échapper au vacarme des ma- maison n’est plus vide quand il sont occupés après 23 heures, par la Commission de Bruxelles à ne respectent pas ses arrêts. Dans L’inconvénient, chines dans la journée. « Un ma- rentre et nous avons toutes nos soi- pour alimenter le travail de la l’encontre de la France trouve ses le domaine social, il n’y a qu’un tin, j’ai été victime d’un vertige à rées ensemble. Les horaires de nuit journée ou répondre aux « ur- origines dans la non-application précédent : en décembre 1998, bien sûr, c’est cause du bruit, raconte-t-elle. Il ont l’avantage d’être très régu- gences ». « Quand Peugeot veut de la directive européenne de 1976 Bruxelles a invité la Cour à impo- le sommeil de jour, fallait que je change. La nuit, il n’y liers. » des pièces, il faut les lui envoyer sur l’égalité de traitement entre les ser une astreinte journalière au moins réparateur a plus grand-monde, les ateliers A l’usine, seules six des deux immédiatement », commente Mo- hommes et les femmes en matière gouvernement luxembourgeois sont moins bruyants. » cent cinquante femmes sont pas- nique, chargée de contrôler à la de travail de nuit des femmes. En pour les barrières qu’il dresse à L’inconvénient, bien sûr, c’est le sées en commission pour obtenir loupe les injecteurs prêts à être 1991, avec son arrêt « Stockel », la l’emploi de ressortissants d’autres l’équipementier automobile sommeil du jour, « moins répara- un poste nocturne. « Les femmes expédiés. Cour de justice des communautés pays membres dans ses services Bosch, à Rodez (Aveyron). Sa teur que celui de la nuit », re- n’y tiennent pas, reconnaît Mo- de Luxembourg avait donné raison publics. La Commission a élaboré journée de travail commence dé- connaît-elle, même avec les ri- nique. Moi, à cinquante ans, c’est « DÉJÀ DIFFICILE LE JOUR » à un employeur français poursuivi une règlementation complexe sormais à 23 heures, quand les deaux bien tirés et des boules différent : mon fils est casé, je n’ai A quelques kilomètres de pour avoir engagé des femmes pour le calcul des ses astreintes qui équipes du soir rentrent au ves- Quiès dans les oreilles. Monique plus personne à la maison. Car pour l’usine Bosch, les ouvrières de pour des travaux de nuit. Une prend en compte la gravité de l’in- tiaire ; elle s’achève six heures plus s’y est pourtant habituée, chas- ce genre d’horaires, il faut des per- l’équipementier Filtrauto, à Mar- condamnation, le 13 mars 1997, fraction, ainsi que sa durée. En tard, avec l’arrivée de la première sant les « coups de barre de la soi- sonnes libérées de tout. Mes col- cillac, observent leurs collègues était venue confirmer ce premier l’occurrence la France a, au- relève. Conséquence : Monique ne rée » par des petites siestes. Para- lègues ont mon âge. Aucune n’a des de Bosch avec inquiétude. Ici, les arrêt. Elle avait été prononcée à la jourd’hui, un retard d’exécution de travaille plus que 30 heures par se- doxalement, le travail de nuit lui a enfants en bas âge. Certaines sont ouvrières se sont toujours oppo- suite d’un « recours en manque- plus de deux ans, mais, facteur in- maine, tout en conservant son an- surtout permis de retrouver une célibataires. Les jeunes femmes ne sées au travail de nuit. « On veut ment » introduit par la Commis- citant à l’indulgence, la loi n’est en cien salaire, auquel s’ajoute une vie familiale, compromise par les pourraient pas tenir. » l’égalité, mais pas de cette ma- sion. D’autres pays membres, à sa- fait plus appliquée depuis 1991, ce nière, lance Danièle Boussac, se- voir la Belgique, la Grèce et l’Italie, qui rend l’infraction passablement crétaire du comité d’entreprise. se trouvaient dans une situation théorique. L’astreinte (fixée à 9 sur TROIS QUESTIONS À... devenir un frein supplémentaire à milité pour que les infirmières qui Le travail à la chaîne et les lignes analogue, mais ils ont régularisé une échelle allant de 0 à 20) est l’accession des femmes à tous les travaillent la nuit soient les pre- de production demandent une at- leur situation entre-temps. qualifiée de « légère » par les ser- EVELYNE PICHENOT postes de responsabilité. En re- mières à pouvoir bénéficier de la tention importante. C’est une acti- vices bruxellois. Cependant, elle vanche, cette législation un peu réduction du temps de travail. Il vité déjà difficile le jour, alors la ANACHRONISME peut théoriquement être appli- Vous êtes secrétaire confédé- spéciale ne s’applique pas dans les doit enfin permettre la promotion nuit, cela devient dangereux. » L’argument français selon lequel quée à compter de l’arrêt visé, ce 1 rale à la CFDT, chargée du dé- services ou dans un secteur-clé et l’évolution de carrière des Dans cette entreprise de 265 sa- l’interdiction protègerait davan- qui aboutirait, si cette solution ex- partement international et des re- comme les hôpitaux, où les infir- femmes concernées. lariés où les négociations sur les tage les femmes que le strict res- trême était retenue, à une amende lations avec l’Union européenne. mières sont les premières concer- 35 heures n’ont pas encore pect de l’égalité de traitement est supérieure à 100 millions d’euros Que pensez-vous de la décision de nées par la question. Estimez-vous qu’une modifi- commencé, la syndicaliste re- rejeté à Bruxelles, où l’on qualifie (656 millions de francs). la Commission européenne d’infli- 3 cation de la législation ac- doute de voir la direction mettre d’anachronique cette législation. La Cour s’étant déjà prononcée, ger une amende à la France pour Quels garde-fous préconisez- tuelle peut encourager le déve- en place le travail le week-end et « Les femmes ne sont pas des handi- elle n’a plus à débattre sur le fond l’obliger à autoriser le travail de 2 vous pour éviter les abus ? loppement de ce type de travail ? les équipes nocturnes en échange capées », s’exclame une collabora- du dossier, mais seulement sur nuit des femmes ? Nous considérons que la France Je ne le pense pas. En revanche, de la réduction du temps de tra- trice de Padraig Flynn, le commis- l’opportunité de l’astreinte et sur La CFDT a toujours été favorable doit se mettre au diapason de la ce qui me semble plus inquiétant vail. « Beaucoup d’entreprises qui saire chargée des affaires sociales. son montant, ce qui pourrait être à une remise en cause de cette loi législation européenne, en respec- est le développement du travail en ont fait l’expérience s’aperçoivent Elle fait remarquer qu’une telle in- relativement rapide. Elle est libre en France, car nous estimons tant toutefois quelques règles élé- équipes, qui oblige les salariés à pourtant des dégâts sur la santé et terdiction appliquée à la lettre de suivre ou non la proposition de qu’elle a été un facteur de discri- mentaires. Le travail de nuit des travailler jusqu’à dix ou on- sur l’équilibre familial, ajoute-t- pourrait très bien empêcher une la Commission, de maintenir l’as- mination pour les femmes, notam- femmes, qui doit, bien sûr, être li- ze heures du soir. Des problèmes elle. Ce n’est pas un hasard si les candidate d’accéder à un emploi treinte, de l’augmenter ou de la di- ment en termes d’évolution de mité le plus possible, ne peut tout nouveaux apparaissent ainsi dans médecins du travail constatent une comportant, sans que ce soit parti- minuer. Ce qui signifie que les carrière. Il n’y a aujourd’hui au- d’abord concerner que les volon- des secteurs comme la distribution augmentation des divorces, des culièrement pénible, une part de Français devront eux aussi agir cune raison d’empêcher une taires. Il ne doit pas remettre en pharmaceutique, ou la grande dis- troubles nerveux et une fatigue im- travail de nuit, ce qui, en ces temps sans tarder s’ils veulent éviter femme de travailler la nuit si elle cause les périodes de maternité ni tribution. portante chez les salariés qui tra- de chômage, apparaît comme une l’amende. le souhaite, en particulier dans un d’allaitement. Il doit s’accompa- vaillent la nuit. » discrimination grave. secteur comme l’industrie, où l’in- gner d’une réduction du temps de Propos recueillis par Depuis le traité de Maastricht, Philippe Lemaître terdiction du travail de nuit peut travail. Nous avons ainsi toujours Alexandre Garcia A. Ga. LeMonde Job: WMQ2304--0010-0 WAS LMQ2304-10 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 13Fap:100 No:0303 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 SOCIÉTÉ

L’application du code des marchés publics Les Galeries Lafayette provoque la fronde des chercheurs de l’Inserm retirent leurs modèles Ils sont priés de limiter leurs commandes de produits et de matériels vivants des vitrines Depuis la mi-février, la mise en conformité des des marchés publics entraîne une situation inex- travaux sont au ralenti. Une réunion extraordi- commandes de l’Institut national de la santé et tricable. Les chercheurs sont obligés de réduire naire du conseil d’admnistration a eu lieu pour de la recherche médicale (Inserm) avec le code leurs commandes de produits et matériels et les proposer des solutions transitoires. Le « spectacle » est repris sur Internet RIEN NE VA PLUS à l’Institut na- leurs, la somme de 300 000 francs ordonnateurs secondaires [qui en- ciens ont signé, le 5 mars, une lettre DE MAUVAISE GRÂCE, les Ga- Une pétition, à l’initiative de tional de la santé et de la recherche (45 731 euros) pour des réactifs bio- gagent les dépenses] ». ouverte au premier ministre. Dé- leries Lafayette remisent leurs mo- l’écrivain Florence Montreynaud médicale (Inserm). Dans les labora- logiques, des animaux et des jour- La rigidité de la position du minis- nonçant le mauvais coup porté à la dèles vivants. Le grand magasin et de la journaliste Monique Per- toires de l’Institut, certains pro- naux, est très rapidement atteinte. tère des finances, qui n’a pas même recherche publique, ils écrivent à parisien a annoncé, mercredi rot-Lanaud, a réuni « au nom de la grammes de recherche sont au ra- Les seuls marchés conclus dans les accordé un délai de trois mois à l’In- Lionel Jospin que « les choses vont 21 avril, qu’il renonçait au « spec- dignité humaine » quelque cent lenti, dans les administrations formes l’ont été pour les gaz médi- serm pour finir le référencement des encore s’aggraver, avec un texte (...) vi- tacle » proposé aux passants de- cinquante signatures, dont celles déléguées régionales (ADR), organes caux... et les fournitures de bureau. produits, pouvant laisser augurer du sant à modifier l’article 76 du code puis le 13 avril, et qui devait se des députées Roselyne Bachelot administratifs qui gèrent les Le conseil d’administration de l’In- pire – la mise en cause des adminis- des marchés publics qui a pour seule poursuivre jusqu’au 8 mai (Le (RPR), Yvette Roudy (PS), de la commandes des unités de recherche, serm s’est réuni le 11 mars en séance trateurs –, huit ADR sur douze ont “logique” de vouloir prévoir a priori Monde du 15 avril 1999). Simple- vice-présidente du conseil régio- il n’est plus possible de passer les toute avancée technologique et pour ment vêtues de slips, soutiens- nal d’Ile-de-France, Francine Ba- commandes de produits et de maté- seul “mérite” d’alourdir encore la ma- gorge ou bodys de dentelle issus vay, des sociologues Françoise riels indispensables à la poursuite Un catalogue informatique de 29 000 références chine à broyer administrative ». de la dernière collection de linge- Gaspard et Marie-Victoire Louis, des travaux des 260 unités de re- Comment en est-on arrivé là, rie Chantal Thomass, de jeunes des écrivains Benoîte Groult et cherche. Dès la mi-février, les admi- L’administration de l’Inserm s’est lancée dans la tâche titanesque alors que les autres organismes de mannequins se vernissaient les Catherine Rihoit, de l’historienne nistrateurs ont été obligés de de- d’établir une nomenclature des produits référencés et de concevoir recherche – CNRS et INRA – ont ongles, se poudraient le bout du Michelle Perrot ou d’Alain Lipietz mander aux chercheurs de « limiter un catalogue informatique, soit 29 000 fiches au total. Les produits réussi à éviter cette situation de blo- nez ou se prélassaient sur des di- (Verts). Des mots d’ordre de boy- les commandes, de ne faire que les utilisés dans la recherche biologique pouvant être suffisamment dif- cage ? Le 7 avril, le bureau national vans dans six vitrines donnant sur cott des Galeries Lafayette ainsi commandes urgentes et en quantité férents d’un fournisseur à l’autre, l’Inserm est obligé de référencer Inserm du Syndicat national des le boulevard Haussmann. Doréna- que de la lingerie Chantal Tho- modérée ». les différentes déclinaisons d’un produit qu’on aurait pu croire chercheurs scientifiques (SNCS- vant, c’est dans un salon situé à mass commençaient même à cir- Ces difficultés sont nées de la dé- unique. FSU) a mis en cause la direction gé- l’intérieur du magasin, lieu tradi- culer. cision du ministère de l’économie et Il en est ainsi, par exemple, des détergents utilisés pour dissoudre nérale. Il lui reproche son manque tionnel des défilés de mode, que des finances de supprimer les déro- membranes cellulaires ou protéines : ce sont des chaînes de molé- de combativité pour la défense de la ces sous-vêtements seront présen- PROTESTATIONS gations accordées jusqu’ici aux orga- cules dont la longueur varie discrètement selon le procédé de fabri- recherche publique, la détérioration tés au public. Une seconde manifestation de nismes publics de recherche concer- cation. Chaque fournisseur lui donne le même nom, mais le cher- des services administratifs – déplace- Dans un communiqué, la direc- protestation était prévue samedi nant l’application du code des cheur apprend à savoir lequel est efficace dans une de ses ments systématiques de personnels, tion des Galeries Lafayette dé- 24 avril sur les marches de l’Opéra marchés publics. Ce code est fondé expériences et lequel dans une autre. C’est pour cette raison que, départ de nombreux hauts respon- plore que cette présentation Garnier, à l’appel d’un grand sur deux grands principes : la mise dans les communications scientifiques, le chercheur est tenu de sables administratifs – et la dégrada- « théâtrale », cet « événement raffi- nombre d’associations féministes, en concurrence et l’égalité des four- donner le nom du fournisseur de chacun de ses produits et maté- tion des relations entre les labora- né quant au choix des mannequins, de la Ligue des droits de l’homme, nisseurs à la commande publique. riels. Le catalogue ne sera terminé que vers la fin du mois d’avril. toires et l’administration, qui des modèles portés et de la qualité de l’association Ras l’Front, du Selon l’article 76, toute commande culmine dans cette affaire des du décor (dont beaucoup de pièces Parti socialiste, du Parti commu- supérieure à 300 000 francs dans «marchés». proviennent du propre appartement niste, des Verts, de la Ligue l’année doit avoir fait l’objet d’un extraordinaire pour proposer des so- refusé de passer outre à la loi. Une « La désorganisation administrative de Chantal Thomass) », ait été communiste révolutionnaire, de la appel d’offres et de la conclusion lutions transitoires. Il a, à l’unanimi- modification de l’article 76 du code retentit fortement sur la vie quoti- « caricaturé ». « Lieu de féminité fédération Sud-PTT et de la fédé- d’un marché valable deux ans. En té, « autorisé » le directeur général des marchés publics est en cours de dienne des laboratoires (....), estime le par excellence, symbole internatio- ration des Mutuelles de France. La 1996, Bercy avait prévenu les orga- de l’Inserm, le professeur Claude rédaction, mais les échos de la nou- syndicat. La direction de l’Inserm a nal du bon goût et de la qualité délégation régionale aux droits de nismes publics de recherche de Griscelli, à donner instruction aux velle version sont inquiétants perdu la confiance de la communauté française », les Galeries Lafayette la femme d’Ile-de-France avait fait l’abandon des dérogations à personnes responsables des marchés concernant la recherche biologique. scientifique, qui ne peut plus accepter ne « sauraient accepter d’être savoir qu’elle réprouvait « cette ex- compter du 31 décembre 1998. dans les ADR d’« assurer (...) la conti- Il est, en effet, envisagé de n’accep- le gâchis et le démantèlement de l’or- prises en otage et suspectées ». hibition portant atteinte à l’intégrité Les chercheurs en avaient été nuité du service public de la recherche ter qu’un fournisseur par lot de pro- ganisme (...). Cette situation de dys- S’estimant victimes d’une et à la dignité des femmes ». Ségo- exemptés jusqu’à présent, car la re- en procédant à la passation des duits (ce qui rendrait la nomencla- fonctionnement ne peut que porter « campagne orchestrée autour de lène Royal, ministre déléguée à cherche se prête mal à des prévi- commandes nécessaires aux labora- ture Inserm totalement inutile). préjudice à l’Inserm et conforter de revendications féministes », les Ga- l’enseignement scolaire, et Nicole sions à l’année, et encore moins toires de l’Institut ». Le directeur de Le ministère de la recherche fait la politique de dénigrement et de leries se replient sur leur site Inter- Péry, secrétaire d’Etat à la forma- pour deux ans : les programmes de l’Inserm s’est en outre engagé à presse le ministère des finances de remise en cause des organismes pu- net, où elles présenteront « des tion professionnelle et aux droits recherche peuvent changer en cours « prendre personnellement en charge prendre en compte les besoins spé- blics de recherche menée par le mi- images de leurs vitrines » à partir des femmes, avaient même pris, d’année, soit qu’on les abandonne, (...) toutes les conséquences d’une res- cifiques de la recherche, et au moins nistre Claude Allègre. » du vendredi 23 avril. mardi, la peine de faire part de soit qu’un résultat doive faire envisa- ponsabilité qui pourrait, le cas cent ciquante directeurs d’unité et L’opposition à cette initiative du leur mécontentement à la direc- ger une nouvelle stratégie. Par ail- échéant, être invoquée au niveau des plus de mille chercheurs et techni- Elisabeth Bursaux « leader dans le domaine de la tion des Galeries Lafayette. créativité, de la mode, de la moder- Sous la pression, les grands ma- nité, de l’éclectisme et de l’universa- gasins font donc machine arrière. lisme », selon le même communi- La manifestation de samedi n’est qué, n’avait cessé, ces jours pas pour autant annulée. « Nous L’affaire du Sentier, ou des difficultés de juger en masse derniers, de prendre de l’ampleur. avons remporté une victoire, note L’INTENDANCE d’une justice de masse correspondant à un préjudice, selon l’accusa- magistrats au motif que ses droits ne lui Samedi 16 avril, aux cris de « La- Clémentine Autain, présidente de s’accorde décidément difficilement aux exi- tion, d’au moins 540 millions de francs avaient pas été notifiés régulièrement au cours fayette proxénète ! », une manifes- Mix-Cité, mais nous restons très vi- gences du droit. L’affaire dite « du Sentier », (82,3 millions d’euros). Déjà, en novembre de sa garde-à-vue. Conséquence : Les actes liés tation contre la « marchandisation gilants par rapport à ce qui sera que la 31e chambre correctionnelle du tribunal 1997, la spectaculaire opération de police judi- à cette garde-à-vue sont frappés de nullité. Ils des corps » et le « diktat des mo- présenté sur Internet. Surtout, nous de Paris doit examiner à partir du 10 mai, en ciaire, menée par deux cents enquêteurs dans sont réputés n’avoir jamais existé. Et il en va dèles sexistes » avait réuni devant devons nous opposer au retour offre encore un bel exemple. Comme l’avait plusieurs dizaines d’entreprises de confection de même pour tout type d’actes « subsé- le grand magasin parisien une cin- évident du sexisme, de la marchan- fait, à sa manière, en septembre et octobre du quartier du Sentier à Paris, avait fait grand quents » (qui découlent procéduralement de quantaine de personnes, à l’appel disation des corps, notamment dans 1998, le procès du réseau islamiste Chalabi qui bruit. cette garde-à-vue) qu’il appartient maintenant de l’association Mix-Cité, militant la publicité. Les Galeries Lafayette s’était tenu dans un gymnase de l’administra- à la chambre d’accusation de la cour d’appel pour l’égalité des sexes, qui dé- n’étaient que le symbole d’un mou- tion pénitentiaire, à deux pas de la maison SALLE DES PAS PERDUS de Paris de relever. La masse du dossier est nonçait « les stéréotypes sexistes les vement plus global. » d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) et qui Devant l’ampleur du nombre des protago- telle qu’il a fait l’objet d’une gravure de CD- plus réactionnaires » véhiculés par avait illustré l’amère figure d’une justice à nistes, les autorités judiciaires avaient pris les ROM, à l’instigation d’un avocat de partie ci- cette présentation. Pascale Krémer l’abattage. devants : un prétoire sur mesure est actuelle- vile, appuyé par le barreau de Paris. Dans ce dossier du Sentier, cent vingt-quatre ment spécialement aménagé pour pouvoir ju- Vendredi 16 avril, la présidente du tribunal, personnes, dont un peu moins d’une dizaine ger tout le monde dans la grande salle des pas Anny Dauvillaire, a donc réuni les avocats des sont détenues et quatorze en fuite, sont pour- perdus du Palais de justice, généralement dé- parties pour leur indiquer que l’audience dé- Alerte à la pollution de l’eau suivies notamment pour « escroquerie en volue aux angoisses des justiciables. Pour l’oc- butera le 10 mai, mais se limitera au constat du bande organisée, faux et usage de faux, recels, casion, du mobilier a été loué. retard pris par la procédure. Le procès pourrait blanchiment aggravé, séjour irrégulier, banque- Mais voilà que le bel ordonnancement de ce réellement ne commencer que quelques jours dans le Finistère route »... Plus d’une trentaine d’établissements procès, audiencé sous contraintes locatives, plus tard, pour s’achever fin juillet. Le temps bancaires sont constitués partie civile. est remis en question par une récente décision que la chambre d’accusation procède à la né- LA PRÉFECTURE du Finistère et la direction départementale de l’ac- Trois juges d’instruction, pas moins, ont été de la Cour de cassation. Car c’était oublier que cessaire « mise en l’état » du dossier. Manu ju- tion sanitaire et sociale ont dressé, mercredi 21 avril, à Quimper, un nécessaires pour analyser, avec l’aide de la bri- parallèlement aux contingences matérielles, le diciari, on s’en doute. Et bien sûr, en toute sé- sombre bilan de la qualité de l’eau dans ce département. Selon ce bi- gade de recherche et d’intervention financière, droit suivait son cours. Un pourvoi de l’un des rénité. lan, de nombreuses rivières et captages sont totalement pollués aux les méandres des circuits de cavalerie reposant prévenus concernant la bonne forme de la pesticides et aux nitrates, certaines ressources en eau sont devenues notamment sur des traites sans contrepartie procédure a été retenu le 13 avril par les hauts Jean-Michel Dumay inutilisables et plusieurs systèmes de pompage ne respectent pas les normes sanitaires. Le préfet du Finistère, Jean-Marc Rebière, a estimé que « si rien ne change, en 2005, plus de la moitié des prises d’eau ne se- Sida : les associations dénoncent les pratiques des assureurs ront plus utilisables pour la consommation humaine ». DÉPÊCHES QUATRE des principales asso- gnies d’assurance, et notamment d’un montant maximal de 1 mil- d’Etat. On fait aussi valoir que a HÔPITAL : les internes poursuivent leur grève des gardes de ciations de lutte contre le sida (Act par les questionnaires médicaux lion de francs (152 439 euros) pour toutes les conditions sont au- nuit après leur rencontre, mercredi 21 avril, avec la directrice de cabi- Up Paris, Aides, Arcat-Sida et Si- très détaillés, explique-t-on auprès une durée comprise entre cinq et jourd’hui réunies pour que la net du secrétaire d’Etat à la santé et à l’action sociale, Bernard Kouch- da-Infoservice) dénoncent à nou- de Sida Infoservice. Elles dix ans. Alors que le texte initial convention de 1991 s’ouvre, enfin, ner. « Nous subordonnons toujours l’arrêt du mouvement à la publica- veau les discriminations dont sont s’étonnent de la possibilité qu’ont prévoyait une actualisation des aux prêts à la consommation pour tion de l’arrêté relatif à l’organisation des gardes des internes victimes, selon elles, les personnes ces compagnies de demander si la dispositions en fonction des évo- les personnes séropositives. mentionnant leur rémunération systématique », a indiqué le président séropositives de la part des personne a fait un test de dépistage lutions médicales, l’apport majeur « En association avec les ban- du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG), Fré- compagnies d’assurance. Les res- de l’infection par le VIH et, quand des trithérapies n’a encore donné quiers, les assureurs avaient déjà déric Penit. ponsables de ces associations ont c’est le cas, la communication du lieu à aucun assouplissement du proposé une telle ouverture en 1996, a JUSTICE : des peines de trois à huit ans de prison ferme ont été notamment constaté « une multi- résultat. » dispositif. ce qui nous avait valu d’être pris à requises, mercredi 21 avril, devant la 14e chambre correctionnelle du plication des questionnaires de san- « La convention de 1991 n’a fait partie par les associations qui, tribunal de Paris, contre onze hommes soupçonnés d’avoir organisé té émanant des compagnies et une CONFIDENTIALITÉ qu’ébaucher certaines garanties et alors, souhaitaient la suppression un réseau de trafic d’armes vers l’Algérie. Les peines les plus lourdes augmentation du nombre des refus Depuis septembre 1991, les se révèle actuellement totalement de la convention de 1991. Cela a pa- réclamées visent les deux organisateurs présumés, Sid Ahmed Bekkat des demandes formulées par des conditions dans lesquelles les as- inadaptée aux situations des per- ralysé le travail qui avait été enta- et Messaoud Ghebrit, ainsi que Ali Chami, soupçonné d’avoir collecté personnes séropositives ». sureurs peuvent ou non couvrir sonnes concernées », ajoute Jean- mé », a déclaré au Monde François des fonds depuis l’Allemagne. Les hommes opéraient en France à par- « La majorité des produits d’as- les personnes infectées par le VIH Marie Faucher. II est d’autre part Ewald, directeur de la recherche et tir d’un hôtel parisien mais également en Belgique, en Allemagne et en surance ne sont pas accessibles aux sont définies par une convention acquis que le « comité de suivi », de la stratégie à la Fédération Espagne. personnes touchées par le VIH, qu’il cosignée par l’Etat et les compa- chargé depuis de la bonne appli- française des sociétés d’assurance. a VIOLENCE : deux lycéens ont été enlevés, samedi 17 avril, au s’agisse des assurances-vie liées à gnies d’assurance. Critiquée par cation de cette convention, n’a, en Au-delà de l’infection par le Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) par un groupe de jeunes qui les l’acquisition d’un bien immobilier les associations de lutte contre le pratique, jamais véritablement pu VIH, les assureurs sont également ont contraints à leur remettre leur carte bancaire. Ils les ont libérés ou de prêts à la consommation d’un sida, cette convention autorise les remplir les missions qui étaient confrontés aux demandes des pa- après avoir retiré de l’argent à des distributeurs. Les instigateurs pré- montant et d’une durée limitée », assureurs à demander aux per- officiellement les siennes. tients souffrant, ou ayant souffert, sumés de ce racket, deux mineurs de dix-sept ans, ont été interpellés explique Jean-Marie Faucher, di- sonnes désirant contracter un em- Dans l’entourage de Bernard d’affections cancéreuses. Le Livre et déférés, mardi, au parquet des mineurs de Bobigny. recteur général d’Arcat-Sida. Ce prunt si elles ont ou non subi un Kouchner, secrétaire d’Etat à la blanc issu des premiers « Etats gé- a ÉDUCATION : dans une lettre ouverte adressée à Claude Al- constat est pleinement partagé test de dépistage de l’infection par santé et à l’action sociale, on es- néraux des malades du cancer » lègre, ministre de l’éducation nationale, trois syndicats d’enseignants par les responsables de Sida-Info le VIH (et le résultat de ce test) et time contraire à toutes les règles organisés par la Ligne nationale de lycées professionnels, l’Unsen-CGT, le SGEN-CFDT et le SE-FEN, Droit, la ligne spécialisée dans le si elles ont souffert d’une infec- éthiques que les garanties de contre le cancer (Le Monde du critiquent le contenu du projet de la charte des lycées professionnels, conseil juridique de Sida-Infoser- tion due à une immunodéficience confidentialité ne soit pas totale- 31 mars) a dressé, sur ce thème, un qui doit compléter la charte des lycées déjà finalisée. « L’affirmation de vice, dont un quart des appels acquise. Cette convention prévoit ment respectées et on indique que constat particulièrement sévère à l’égale dignité entre les diverses voies du lycée ne s’exprime pas au-delà sont liés à des questions d’assu- par ailleurs le respect absolu de la le gouvernement va prochaine- l’égard des compagnies d’assu- des intentions, estiment les syndicats. La charte oublie que le lycée rances. « Les personnes qui nous confidentialité et du secret médi- ment donner un nouvel élan à ce rance. forme des jeunes à une qualification professionnelle mais aussi des ci- sollicitent sont fréquemment révol- cal ainsi que la possibilité de comité, présidé depuis peu par toyens. » tées par les pratiques des compa- contracter des prêts immobiliers Jean-Michel Belorgey, conseiller Jean-Yves Nau LeMonde Job: WMQ2304--0012-0 WAS LMQ2304-12 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:22 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0305 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 LES RÉGIONS EN CHANTIERS RHÔNE-ALPES La recherche et les universités, priorité politique Le soutien financier aux pôles universitaires, grandes écoles, laboratoires, l’encouragement à la mobilité internationale des étudiants sont devenus progressivement un axe fort de l’action du conseil régional. Mais les universitaires veulent continuer à dépendre de l’Etat

sivement l’un des axes forts de la ré- versitaire de Lyon, qui, selon lui, ne BOURGOGNE FR.- SUISSE COMTÉ gion, que dirigeait jusqu’en dé- Rhône-Alpes, deuxième région universitaire de l'Hexagone devrait pas être ouverte au public cembre 1998 Charles Millon en raison des problèmes de sécurité AIN RÉGIONS NOMBRE D'UNIVERSITÉS POPULATION ÉTUDIANTE POPULATION TOTALE Bourg- HAUTE- (ex-UDF). Outre le volet purement qu’elle connaît. en-Bresse SAVOIE au 15/01/1998 en milliers RHÔNE immobilier inscrit dans le schéma L’Etat n’entend pas limiter ses ef- Annecy ALSACE 4 46 555 1 624,4 LOIRE LYON Chambéry « Université 2000 » et le contrat de forts aux seuls bâtiments. Ainsi, le SAVOIE plan, l’ancien président a souhaité AQUITAINE 5 69 388 2 795,8 préfet de Rhône-Alpes, Michel St-Etienne ISÈRE ITALIE que le conseil régional participe fi- AUVERGNE 2 28 063 1 321,2 Besse, souhaite que la région in- AUVER. Grenoble nancièrement à la modernisation BOURGOGNE 1 27 350 1 609,7 nove en mettant en réseau tous les Valence des programmes de formation et BRETAGNE 4 68 473 2 795,6 sites d’enseignement et de re- Privas DRÔME des méthodes d’enseignement, CENTRE 2 41 896 2 371,0 cherche de Rhône-Alpes, afin que ARDÈCHE mais aussi à la mise en place de dis- CHAMPAGNE-ARDENNE 2 25 565 1 347,9 ceux-ci puissent réunir leurs fonds PROVENCE- positifs destinés à faciliter l’entrée documentaires. Il prévient que ALPES- CORSE 1 3 219 250,4 LANG.- des étudiants dans la vie profes- l’Etat affectera moins de crédits à la ROUSS. 50 km CÔTE D'AZUR 2 22 627 1 097,4 sionnelle. Mais M. Millon a aussi FRANCHE-COMTÉ construction de nouveaux bâti- lancé, avec le soutien des élus de ILE-DE-FRANCE 20 368 703 10 680,6 ments mais que les universités ins- LYON gauche, le dispositif d’aide à la mo- LANGUEDOC-ROUSS. 4 58 681 2 114,9 tallées dans les villes moyennes se- de notre correspondant régional bilité internationale des étudiants, LIMOUSIN 1 14 146 722,8 ront renforcées. « La région a Depuis une dizaine d’années, le dans une région très axée sur les LORRAINE 4 54 528 2 305,7 beaucoup de choses à faire [dans les conseil régional est devenu le parte- coopérations et les échanges inter- MIDI-PYRÉNÉES 4 72 912 2 430,7 universités] à condition qu’elle n’ait naire incontournable des universi- nationaux. NORD-PAS-DE-CALAIS 6 97 301 3 965,1 pas un syndrome d’indépendance. tés et des grandes écoles, mais aussi Son rôle est d’intervenir en complé- BASSE-NORMANDIE 1 27 447 1 391,3 des laboratoires de recherche de mentarité avec l’Etat », prévient le UNE ANNÉE DIFFICILE 2 33 040 1 737,2 Rhône-Alpes. Rares sont au- Aucune autre région française ne HAUTE-NORMANDIE président de la commission ensei- jourd’hui les équipements universi- consacre actuellement un budget PAYS DE LA LOIRE 3 59 784 3 059,2 gnement supérieur et recherche du taires qui n’ont pas bénéficié, pour de cette importance pour encoura- PICARDIE 2 23 534 1 810,7 conseil régional, Roger Fougeres leur construction ou leur rénova- ger les échanges avec les universités POITOU-CHARENTES 2 31 890 1 595,1 (PS). tion, du soutien financier de l’insti- étrangères. Les sommes qui lui sont PROV.-ALPES-C. D'AZUR 6 105 680 4 257,9 Cette position satisfait naturelle- tution régionale. Cette dernière n’a consacrées s’élèveront à 72 millions RHÔNE-ALPES 9 143 019 5 350,8 ment le président de la CURA, qui, pas cessé, depuis le début des an- de francs en 1999, en augmentation Source : ministère de l'emploi (DARES) au nom de ses collègues, se déclare nées 90, de monter en puissance : à de près de 20 % par rapport à 1998. Les universités regroupent les unités de formation et de recherche (UFR), les instituts nationaux polytechniques, les écoles « farouchement contre l’entrée de la travers le schéma « Université Environ 3 800 étudiants bénéficie- d'ingénieurs et les instituts intégrés. recherche et de l’enseignement dans 2000 », vaste programme d’inves- ront d’une bourse mensuelle de les attributions des collectivités ». tissements élaboré au niveau natio- 2 000 à 2 500 francs (300 à 380 eu- Après la difficile année 1998, au souhaite voir inscrire dans le futur l’effort devra porter autant sur la « Les universités doivent continuer à nal et qui induit un financement ré- ros) pour un stage ou une forma- cours de laquelle la région, d’une contrat de plan Etat-région. Celle-ci « rénovation des murs que sur l’esprit dépendre de l’Etat », souligne-t-il. gional, mais aussi avec le contrat de tion à l’étranger de cinq à neuf mois. part, le milieu universitaire et celui devrait être très proche de celle qui des campus » et donc sur la qualité Les conseillers régionaux de plan Etat-région. Ce dernier a ren- « Nous continuerons à investir massi- de la recherche, d’autre part, se sont fut conduite jusqu’au mois de mars de la vie des étudiants et des ensei- gauche, qui, en raison de leur forcé, au cours de la période 1994- vement dans l’université et la re- ignorés en raison de l’alliance de fait 1998 par son prédécesseur. gnants. Mais Michel Thiollière nombre, disposent d’un puissant le- 1999, le programme d’investisse- cherche. Il s’agit d’un enjeu majeur entre Charles Millon et le Front na- Sur le plan de la recherche, la ré- craint que l’Etat, au cours du pro- vier politique, resteront donc vigi- ment destiné à améliorer quantita- pour les dix prochaines années, si tional, le dialogue a été rétabli après gion plaidera en faveur d’un renfor- chain plan, n’accompagne pas la ré- lants. Mais ils n’entendent pas tivement et qualitativement nous voulons exister à un haut ni- l’installation d’Anne-Marie Compa- cement des complémentarités entre gion sur ce terrain. « Notre inquié- contrecarrer la politique très volon- l’accueil des étudiants. Enfin, la ré- veau », prévient Michel Thiollière rini (UDF) à la tête de Rhône-Alpes, les huit villes-centres des grandes tude est qu’il consacre la plus grande tariste que mène depuis dix ans gion agit de façon plus « auto- (UDF-rad.), vice-président chargé il y a deux mois. Depuis quelques agglomérations de Rhône-Alpes et part de ses moyens à des problèmes Rhône-Alpes auprès de ses univer- nome », par exemple en finançant, de ces deux secteurs depuis le 9 jan- jours, la nouvelle présidente peau- pour le renforcement des pôles-lea- immobiliers parisiens, en particulier sités. Ils tenteront d’infléchir le plan à hauteur de 120 millions de francs, vier. fine la stratégie de la région, qu’elle ders, notamment Lyon pour la bio- le désamiantage », pronostique le campus lancé par Charles Millon à le transfert à Lyon de l’Ecole nor- technologie, Grenoble pour le nu- vice-président de la région. la fin de la précédente mandature. male supérieure (lettres) de Fonte- mérique, Saint-Etienne pour la L’influente Conférence universi- Ainsi, ils demandent que la région nay - Saint-Cloud. Des propositions pour les villes moyennes mécanique et le travail des métaux, taire Rhône-Alpes (CURA), qui re- apporte son soutien à des territoires Conscient de la place qu’oc- Roanne pour le textile et l’habille- groupe les présidents des huit uni- comme l’Ardèche ou le nord de la cupent en Rhône-Alpes l’universi- Les maires des huit villes-centres des grandes agglomérations de ment, Bourg-en-Bresse pour l’ali- versités et des quatre grandes Haute-Savoie, où le taux d’étu- té et la recherche – ces deux sec- Rhône-Alpes (Annecy, Bourg-en-Bresse, Chambéry, Grenoble, Lyon, mentation. La région souhaite, en écoles de Rhône-Alpes, dont l’Ecole diants est plus faible que dans le teurs ne font pourtant pas partie Roanne, Saint-Etienne et Valence) sont engagés depuis trois ans partenariat avec l’Etat, intensifier centrale de Lyon et l’Ecole normale reste de Rhône-Alpes. « Pour éviter des compétences ordinaires des dans un processus régulier de coopération. Ce réseau de villes, qui l’usage des réseaux numériques de supérieure, plaide en faveur de la de creuser davantage les inégalités, la régions françaises –, le conseil ré- réunit 2,5 millions d’habitants, est officiellement reconnu par l’Etat. communication entre les princi- poursuite de la restructuration des région doit encourager le recours à de gional, qui dispose pour 1999 d’un La Conférence des villes-centres sera un partenaire actif du pales villes, pour permettre le par- campus et de leur mise en sécurité. nouvelles technologies éducatives et budget de 7,4 milliards de francs contrat de plan Etat-région, où elle compte faire valoir ses propres tage des richesses documentaires, le Certains n’ont pas encore pu profi- favoriser la mobilité des étudiants (1,1 milliard d’euros), consacrera demandes. Elle avancera des propositions inspirées par une charte développement de l’enseignement ter, comme celui de Bron, situé dans vers les principales villes de Rhône- 348 millions à l’enseignement su- d’objectifs signée le 22 janvier : « Les villes et leurs groupements, in- à distance et des transferts d’infor- la banlieue de Lyon, des efforts Alpes. Et pourquoi pas aussi Ge- périeur (200 000 étudiants, soit diquent les huit maires, ont participé au financement apporté par les mations entre les laboratoires de re- conjoints de l’Etat et de la région en nève ? », proposent les élus socia- 13,5 % des étudiants français) et collectivités locales au programme Université 2000. Mais celui-ci est ina- cherche. faveur du patrimoine universitaire. listes. 154,4 millions à la recherche, qui chevé. Les villes moyennes n’ont pas encore les équipements et les en- La région souhaite continuer et « Certains bâtiments ne résisteraient représente un potentiel de six seignements leur permettant de former sur place les étudiants dont amplifier la modernisation et la ré- pas plus d’un quart d’heure à un in- Claude Francillon cents laboratoires publics et pri- leurs entreprises auront besoin. » Enfin, les maires de droite et de novation des campus, avec le cendie », estime le président de la vés. gauche membres du réseau souhaitent que le contrat de plan concours de l’Etat. La pression dé- CURA, Bruno Gelas, qui dirige l’uni- PROCHAIN ARTICLE : Depuis le début des années 90, prenne en compte le développement des centres de recherche dans mographique s’étant ralentie, versité Lyon-II. Il pointe également Provence-Alpes-Côte d’Azur cette politique est devenue progres- les secteurs économiques-clés. Anne-Marie Comparini estime que la bibliothèque centrale inter-uni- et le développement des transports En Languedoc-Roussillon, la culture au centre des polémiques Le plan d’urgence pour les lycées en panne JACQUES BLANC, président motif qu’« on ne peut cracher Cette réorganisation s’opère ser des dossiers acceptables, même CE DEVAIT être une des me- verses reprises, inquiétés d’un re- (DL) du conseil régional du Lan- dans la soupe et tendre sa sébile ». cependant dans une improvisa- si ce ne sont pas ceux que nous sures phares du plan d’urgence tard qui compromet toute réalisa- guedoc-Roussillon, est soulagé. C’est à l’aune de ses déclara- tion que ne manque pas d’exploi- présenterions », affirme Serge adopté par le gouvernement pour tion pour la rentrée. L’assemblée régionale vient tions que seront analysées plu- ter l’opposition. Aucune ligne Martinez, le secrétaire général du calmer la colère des centaines de « Heureusement que les forces so- d’adopter, mercredi 21 avril, la sieurs décisions prises par la ré- budgétaire n’a été prévue pour FN-MN. S’il ne fait pas un casus milliers de lycéens descendus dans ciales des lycées ne sont guère orga- convention culturelle qui avait gion : suppression des les nouveaux fonds d’aide, et per- belli du rétablissement prévisible la rue. Le 21 octobre 1998, devant nisées, car cette affaire pourrait être suscité une vive polémique le subventions du festival de danse sonne ne sait combien coûtera le des subventions des associations les députés, Claude Allègre annon- explosive », note M. Raffarin. Ce 19 mars. Tout au plus tempête-t-il et du cinéma méditerranéen de chèque culture à la région. montpelliéraines, Alain Jamet çait le déblocage, sur quatre ans, dernier, président du conseil régio- contre le vote négatif du PS, qui Montpellier, puis convention liti- Le PS dénonce, de plus, le flou (qui a perdu un procès en diffa- d’une enveloppe de 4 milliards de nal Poitou-Charentes, n’avait pas le prive du triomphe qu’il espé- gieuse que Jacques Blanc a finale- qui entoure la mise en place du mation contre Jean Claude Fall, le francs (609 millions d’euros) d’em- caché ses réticences à l’égard de la rait. Pour le reste, l’objectif est ment modifié après que Cathe- comité consultatif ; tandis que le directeur du Théâtre des Treize- prunts bonifiés à taux zéro à l’in- formule des emprunts à taux zéro, atteint : décriée dans sa version rine Trautmann, ministre de la PC annonce qu’il veillera à ce Vents) a une position plus tran- tention des régions. Et le ministre « un geste symbolique qui permet au initiale, présentée omme un acte culture, eut menacé de ne pas en- qu’aucun des acteurs culturels de chée. « Si Blanc renonce à lutter de l’éducation nationale d’énumé- gouvernement d’annoncer des mil- d’allégeance imposé aux acteurs gager l’état sur le volet culturel la région ne soit sanctionné. En contre la dictature culturelle, et si rer la liste des priorités retenues liards en ne déboursant que des mil- culturels (Le Monde du 17 avril) et du nouveau contrat État-région. outre, la marge de manœuvre po- les subventions de M. Fall sont vo- pour améliorer les conditions lions » (Le Monde du 22 octobre une concession à l’extrême Paradoxalement, c’est pourtant litique de Jacques Blanc est tées, je le prendrai comme une d’études dans les établissements : 1998). droite, cette convention a été sur ce terrain-là que Jacques faible. Ainsi Jean-Paul Alduy, rupture du contrat virtuel passé construction de lieux de vie « L’important, précise-t-il au- transformée en texte à caractère Blanc voudrait être reconnu. maire de Perpignan et l’un des avec lui, menace-t-il. Il n’y aura (foyers, cafétérias), réalisation jourd’hui, c’est la prise en compte administratif, pierre angulaire de principaux dirigeants régionaux plus de soutien sans participation. d’équipements culturels et d’am- de l’exigence de convivialité et de vie la nouvelle politique culturelle NOUVELLES RÈGLES DU JEU de l’UDF – qui avait fait liste Et nous voterons au coup par phithéâtres, amélioration de l’ac- sociale pour les élèves et les ensei- que la région veut mettre en La région dépense chaque an- commune avec Jacques Blanc en coup. » cès aux centres de documentation, gnants dans les établissements. » place. née 100 millions de francs (envi- 1998 –, a-t-il joint sa voix au Rebondissant sur cette polé- salles informatiques et laboratoires Sans attendre le feu vert du gou- Dans la foulée, les subventions ron 15 millions d’euros) dans la concert de critiques dans l’affaire mique, Régis Passerieux, maire de langues, poursuite de la remise vernement en faveur d’un plan qui du Théâtre des Treize-Vents, du culture. Et comme les demandes de la convention culturelle. (PS) d’Agde, propose aux aux normes de sécurité et aména- coûtera 600 millions de francs Centre chorégraphique national de subventions ont été multi- Après un an de soutien sans communes moyennes de s’asso- gement de bureaux pour les ensei- (91,5 millions d’euros) à l’Etat, plu- et de l’orchestre philharmonique pliées par trois cette année (1300 faille du FN, il semble que cier pour mettre en place une po- gnants. sieurs régions auraient déjà intégré de Montpellier, qui avaient été dossiers sont en instance de trai- Jacques Blanc soit à la recherche litique culturelle alternative. «Ce Six mois plus tard, ce plan est en ces nouvelles priorités dans leurs supprimées, devraient bientôt tement), elle a décidé de fixer de d’une majorité à géométrie va- n’est pas une charte protestataire, panne. Elaborée en mars, la cir- projets d’investissements. être rétablies. nouvelles règles du jeu. Un fonds riable. Il spécule sur un assouplis- explique-t-il. Ce que nous voulons, culaire d’application reste bloquée Depuis un an, les relations d’aide à la création, ainsi qu’un sement du PS, qui a cessé sa poli- c’est créer un réseau de villes ca- dans les ministères, notamment à Michel Delberghe entre Jacques Blanc et le monde fonds d’aide à la diffusion, char- tique d’obstruction pable de monter des petits projets Bercy. Selon l’entourage de Claude de la culture montpelliérain sont gés de financer les compagnies systématique. Mais il compte et de passer des contrats avec les Allègre, elle devrait toutefois être marquées du sceau de la polé- d’art vivant, viennent d’être créés aussi exploiter des cicatrices tou- conseils généraux. » Les prési- publiée dans les prochains jours. mique. Celle-ci débute lorsque, à titre expérimental pour 1999. jours vives à l’intérieur de la dents des quatre départements Les discussions engagées avec les candidat à sa propre succession, Les dossiers des associations se- gauche. « Georges Frêche, le de la région gérés par la gauche présidents de région n’avaient le président du conseil régional ront préalablement examinés par maire (PS) de Montpellier, a pesé ont, quant à eux, annoncé qu’ils pourtant pas tardé à aboutir. Un s’engage à lutter contre « la dic- un « comité consultatif artistique » et porte une responsabilité écra- refuseront tout contact avec accord était intervenu sur la répar- tature culturelle de la gauche », regroupant des musiciens, des sante dans le fait qu’il n’y ait pas Jacques Blanc dans le cadre de tition de cette enveloppe. En re- acceptant un des six points exigés responsables de théâtre, des écri- de majorité à gauche, rappelle le l’élaboration en cours du contrat vanche, le ministre n’a pas obtenu par le FN, dont il a rencontré un vains, etc. Par ailleurs, un communiste gardois Pierre Blo- Etat-région. Cela devrait encore gain de cause sur la durée de rem- des élus, Serge Martinez, avant sa « chèque culture lycéen », sorte de tin. S’il avait accepté de faire une compliquer les choses. Le préfet boursement, fixée à huit ans, alors réelection en mars 1998. chèque-restaurant appliqué à la liste d’union dans les cinq départe- sera sans doute amené à jouer un que les régions souhaitaient un La tension monte lorsqu’Alain culture, sera mis en place. ments, on n’en serait pas là. » rôle pivot entre des interlo- étalement sur douze à quinze ans. Jamet, président du groupe FN à Moyennant 100 francs, un carnet Fragilisée par son éclatement cuteurs qui s’ignorent. Jean-Pierre Raffarin, président la région, réclame la suppression de cinq chèques devrait per- en deux blocs, l’extrême droite (DL) de l’Association des régions des subventions aux associations mettre aux jeunes d’aller voir les est, elle aussi, divisée. Jacques Christiane Chombeau de France, et Michel Sapin, premier culturelles de Montpellier, au manifestations de leur choix. Blanc a « l’intelligence de propo- et Jacques Monin vice-président (PS), se sont, à di- LeMonde Job: WMQ2304--0013-0 WAS LMQ2304-13 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:21 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0306 Lcp: 700 CMYK

CARNET LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / 13

DISPARITIONS a FRANÇOIS CHARLES-ROUX, AU CARNET DU « MONDE » – Périgueux. – José Delbecq, – Toutes les équipes de Médecins sans qui fut l’aide de camp du général Marie, Denis, Benoît, Nathalie, frontières partagent la douleur de la fa- a DENIS PRADELLE, architecte, de Gaulle à Londres et à Alger Naissances M. Jean Boissarie, leurs conjoints et enfants mille et des amis de est mort mardi 13 avril à Cham- premier président de cour d’appel hono- ont la tristesse de faire part du décès de pendant la seconde guerre mon- Madeleine et François-Gabriel raire, Yvette PIERPAOLI, béry (Savoie), à l’âge de quatre- diale, est décédé. Né le 4 octobre ROUSSEL son époux, Henri DELBECQ, vingt-six ans. Né en 1913, élève 1909 à Sorgues (Vaucluse), diplô- laissent à Et sa famille, décédée dimanche dernier, 18 avril, lors d’Auguste Perret à l’Ecole des mé d’HEC et de l’Ecole libre des Anaïs ont la douleur de faire part du décès de d’un accident de voiture, avec trois de ses survenu le 19 avril 1999, à Paris. collègues de l’association Refugees Inter- beaux-arts de Paris, Denis Pra- sciences politiques, François la joie d’annoncer la naissance de me national, dans la région de Kukës, en Al- delle s’était installé dans les Charles-Roux a commencé sa car- M Jean BOISSARIE, Une cérémonie religieuse sera célébrée Léa, née Aline CHESNEAU, banie. Alpes, où il était venu pour soi- rière diplomatique à New York le samedi 24 avril, à 11 heures, en l’église Notre-Dame de Beauregard, à La Celle- gner une tuberculose. A partir de entre 1938 et 1941, date à laquelle survenu le 20 avril 1999, à Périgueux. Yvette était aimée et appréciée de tous le 21 avril 1999, à Paris. Saint-Cloud (Yvelines). ceux qui l’ont connue. Par sa détermina- 1945, il participe à la création de il est démissionnaire et révoqué La messe sera célébrée en la cathédrale tion, son dévouement, sa joie de vivre, Courchevel (Savoie) et, dès 1957, par Vichy. Il s’engage dans les Cet avis tient lieu de faire-part. son dynamisme, elle gagnait l’amitié de Anniversaires de naissance Saint-Front, à Périgueux, le vendredi il sera l’un des concepteurs du Forces françaises libres (FFL) et 23 avril, à 14 heures. tous ses compagnons d’aventure. Parc national de la Vanoise. Spé- travaille, en 1942, au commissariat 23 avril 1979, Angoulême, –Mme Marc Granet, Yvette, nous ne t’oublions pas. cialiste reconnu de l’architecture national aux affaires étrangères à 23 avril 1999, Drummondville (Québec). 9, allée de Tourny, 24000 Périgueux. son épouse, et de l’urbanisme en montagne, il Londres, où il devient aide de Laurence Le Roy, Médecins sans frontières. travaille aux stations de Flaine et camp du général de Gaulle, et Yann, sa fille, (Le Monde du 22 avril.) des Arcs avant de se consacrer au plus tard à Alger. En 1943, il est en me Xavière, vingt ans, le monde est à toi. –M Gilbert Brahamsha, dessin de la ville nouvelle de poste à Washington, jusqu’en née Simone Dumoulin, sa petite-fille, son épouse, Et le docteur Frédéric Le Roy, – Le laboratoire de physique molé- L’Isle-d’Abeau (Isère). En 1970, 1948. Il occupe ensuite des fonc- Bon anniversaire. culaire et applications (CNRS et univer- Denis Pradelle devient profes- Nozomu et Brigitte Inazuma, ont la douleur de faire part du décès de tions diplomatiques à Boston, à ses enfants, sité Paris-VI) seur à l’Ecole d’architecture de Rabat, ainsi qu’au sein de l’admi- Bab, Bess, Thierry, Claire, Catherine, a le regret de faire part du décès, survenu Guylaine, Lisa, Maman, et les autres. Simon et Thomas, Marc GRANET, Lyon. Moderne convaincu, pas- nistration centrale du Quai d’Or- ses petits-fils, le 16 avril 1999, de sionné par la culture contempo- say à Paris. En 1964, il devient am- ont la douleur de faire part du rappel à survenu le 17 avril 1999. Dieu de Pierre SAVOIE, raine, il était hostile à toute bassadeur en Syrie, puis en Iran Petite étoile qui danse ingénieur d’étude, La cérémonie religieuse a été célébrée forme de pastiche. Il reste aussi de 1969 à 1972, avant d’être admis M. Gilbert BRAHAMSHA, souffleur de verre, comme un grand pédagogue et à la retraite en 1974. François L’astéroïde B. 612 le 21 avril, dans l’intimité. chevalier dans l’ordre national du Mérite. est plus beau que la planète Mars. un grand défenseur de l’environ- Charles-Roux était officier de la le 15 avril 1999, dans sa soixante- Cet avis tient lieu de faire-part. Tous ses collègues et amis, qui l’ont Pour ton anniversaire, neuvième année. nement. Légion d’honneur. empruntons-lui connu pour son professionnalisme et sa quarante précieux cailloux Les obsèques ont été célébrées en « La Balme », Miribel, chaleur humaine, s’associent au chagrin et lançons-les, là tout de suite là, l’église de Montigny-lès-Cormeilles. 26350 Crépol. de sa famille. dans l’eau claire de notre bonheur. NOMINATIONS territoriale et des affaires politiques au Il repose au cimetière de Vif (Isère). Une cérémonie religieuse sera célébrée ministère de l’intérieur (1991-1993), préfet Ton jardinier d’étoiles. – Le président-directeur général le mardi 27 avril, à 10 h 30, en l’église MOUVEMENT du Maine-et-Loire (1993-1997). Depuis 21, Grande rue, et le personnel de Sofema Notre-Dame d’Alfortville, 3, rue Jules- PRÉFECTORAL juillet 1997, Bernard Boucault était préfet 95370 Montigny-lès-Cormeilles. ont la tristesse de faire part du décès de Cuillerier. Bernard Boucault a été nom- de la Seine-Saint-Denis.] Décès Ni fleurs ni couronnes. mé préfet de la région Midi-Py- M. Beaudoin MASSICOT, – Lise Alfassa, – Vincent Canceill, rénées, préfet de la Haute-Ga- DOCUMENTATION directeur, son épouse, son fils, lieutenant-colonel (e.r.) ronne en conseil des ministres, FRANÇAISE Anne Debré-Millerand, Bernard et Josette Canceill de l’armée de l’air, Souvenir Claire Millerand et Benzion Amard, et leurs enfants, mercredi 21 avril. Il succède à Sophie Moati a été nommée chevalier de la Légion d’honneur, – « El Pescador habla con la Luna. » Alain Bidou, décédé le 6 avril. directrice de la Documentation Hélène et Louis Gardel, Alain et Françoise Canceill et leur fille, ses belles-sœurs et beaux-frères, survenu le 20 avril 1999. Les cendres de [Né le 17 juillet 1948 à Blois (Loir-et- française, lors du conseil des mi- Catherine et Etienne Debré, Sylvie Potier Cher), Bernard Boucault est diplômé nistres de mercredi 21 avril. Elle Marianne Debré, et ses enfants, Antoine HARO d’études supérieures de droit public et de remplace Martine Viallet, nom- Charlotte Castro et Lionel Mendousse, Tous ses camarades correcteurs, ont la douleur de faire part du décès de – Olivier Messac l’Institut d’études politiques de Bordeaux, mée le 10 mars directrice de l’ad- François et Edouard Lacan, et Hélène Chantemerle, ont été dispersées, le 21 avril, en mer. ses nièces et neveux, ancien élève de l’ENA (1973-1975). Il a été ministration pénitentiaire. Hélène Messac et Didier Renaudon, Thomas, Benjamin et Adrien Debré, Michel CANCEILL, successivement directeur du cabinet du [Née le 26 juin 1954 à Paris, Sophie Moa- ses petits-neveux, « Goémond », Renaud Roiron et Ada Jonkman, préfet du Var (1975-1977), puis du préfet ti est titulaire d’une maîtrise de droit pu- Edmée Indig-Guérin, ses enfants, Anniversaires de décès Alice et Noé, de la région Bretagne (1977-1978), secré- blic, diplômée de l’Institut d’études poli- Jean-Marie, Jicky et Eric Loupot, survenu le 20 avril 1999, à l’âge de cin- quante-sept ans. Eloïse, Ariane, Delphine et Vincent, taire général de la Haute-Saône (1978- tiques de Paris et ancienne élève de l’ENA ses cousins, Abdallah HIRÈCHE, Ainsi que toute la famille, ses petits-enfants, me 5 janvier 1918 - 23 avril 1989. 1980), directeur adjoint des stages à l’ENA (1978-1980). Elle a été notamment secré- ont le chagrin d’annoncer la mort de Les obsèques auront lieu le vendredi M Laure Messac, (1980-1983), chef de cabinet de Jacques taire générale de l’Institut national de 23 avril, à 11 heures, au cimetière parisien sa sœur, de Bagneux. Dix ans après, ses doutes, son humour Delors, ministre de l’économie (1983- l’audiovisuel (INA) de 1990 à 1992, avant Jean-Paul ALFASSA, M. Jacques Carrière, M. et Mme Georges Paisnel, et sa tolérance restent pour nous autant de 1984), conseiller technique de Pierre Joxe, d’être au service juridique et technique de Ni fleurs ni couronnes. lanternes qui éclairent quotidiennement ses amis d’enfance, ministre de l’intérieur (1984-1986), secré- l’information (SJTI) auprès du premier mi- survenue le 19 avril 1999. les contre-jours de notre existence. Mme Jacqueline Auger, taire général de la préfecture des Alpes- nistre, successivement sous-directrice de Cet avis tient lieu de faire-part. L’enterrement a eu lieu dans l’intimité. Et tous ceux qui l’ont aimé, Nous ne l’oublions pas. Maritimes (1986-1988), préfet de la Haute- la presse écrite et de l’information, de ont la grande tristesse de faire part de la Corse (1988-1990), directeur adjoint du ca- 1992 à 1995, puis sous-directrice de la – Alix et Jean-Noël Chapulut, mort de Sa famille. binet de Pierre Joxe, ministre de l’intérieur communication audiovisuelle, depuis août – Le directeur, ses parents, Et les membres du laboratoire de re- (1990-1991), directeur de l’administration 1995.] Judith, Marion, Ralph MESSAC, cherches sur les arts du spectacle du ses sœurs, CNRS, Et toute sa famille, à son domicile, le 17 avril 1999, à l’âge de ont la tristesse de faire part du décès de ont la grande douleur de faire part du soixante-quatorze ans, et rappellent le JOURNAL OFFICIEL de court séjour, sous forme leur collègue et amie, décès de souvenir de son père, d’échange de lettres signées à Pa- Au Journal officiel daté lundi 19- ris le 17 février ; Claudine AMIARD-CHEVREL, Adrien CHAPULUT, Régis MESSAC, directeur de recherche au CNRS, Nacht und Nebel, mardi 20 avril est publié : – un décret portant publication survenu le 21 avril 1999, dans sa vingt- troisième année. b Argent et politique : un dé- de l’échange de lettres portant survenu le 15 avril 1999. disparu du côté de Dora en 1945, à l’âge cret relatif à la transparence fi- abrogation de la convention si- La cérémonie religieuse sera célébrée de cinquante et un ans. nancière de la vie politique, dé- gnée à Paris le 30 septembre 1879 – Bruno Berger, le samedi 24 avril, à 10 h 30, en l’église La cérémonie funèbre aura lieu samedi taillant les aides attribuées aux entre la France et le Grand-Du- Catherine et Pierre Bronnert Saint-Etienne-du-Mont, place Sainte- partis et groupements politiques. ché de Luxembourg pour régler Geneviève, Paris-5e. 24 avril, à 8 h 45, au crématorium du et leurs enfants, Père-Lachaise. l’exercice de la médecine dans les Sophie et Vincent Beaupère L’inhumation se fera dans la plus Au Journal officiel du mercredi communes frontières des deux et leurs enfants, font part du décès du stricte intimité. 42 bis, rue Poliveau, 21 avril sont publiés : pays, signées à Paris le 29 jan- Paris-5e. Condoléances sur registres. b Accords internationaux : vier ; docteur Michel BERGER, (Le Monde du 22 avril.) – un décret portant publication – un décret portant publication professeur honoraire Ni fleurs ni couronnes, mais des dons de la Convention sur l’interdic- de l’accord entre le gouverne- à la faculté de médecine de Lyon, peuvent être faits à « Vaincre les maladies tion de l’emploi, du stockage, de ment de la République française lysosomales », CCP La Source, 34-736- la production et du transfert des et le gouvernement de la Répu- survenu le 20 avril 1999, et rappellent à 60 H. votre souvenir son épouse, mines antipersonnel et sur leur blique de l’Equateur relatif à la 108, rue de Rennes, destruction, signée à Ottawa le suppression de l’obligation de vi- Colette BERNHEIM. 75006 Paris. 3 décembre 1997 ; sa de court séjour, sous forme – un décret portant publication d’échange de lettres signées à de l’accord entre le gouverne- Quito le 28 janvier. CARNET DU MONDE ment de la République française TARIFS 99 - TARIF à la ligne et le gouvernement du royaume Au Journal officiel du jeudi du Danemark relatif à la re- 22 avril sont publiés : DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 136 TTC - 20,73 ¤ connaissance mutuelle du bacca- b Emploi : un arrêté portant TARIF ABONNÉS 118 F TTC - 17,98 ¤ lauréat franco-danois, sous agrément de l’accord du 22 dé- forme d’échange de lettres si- cembre 1998 relatif au dévelop- NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, gnées à Copenhague les 13 dé- pement de l’emploi en contrepar- MARIAGES, FIANÇAILLES 520 F TTC - 79,27 ¤ FORFAIT 10 LIGNES ¤ cembre 1996 et 10 janvier 1997 ; tie de la cessation d’activité des Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 – un décret portant publication salariés âgés (dispositif de THÈSES - ÉTUDIANTS : 83 F TTC - 12,65 ¤ de l’accord entre le gouverne- l’ARPE). COLLOQUES - CONFÉRENCES : ment de la République française b Pompiers : une circulaire et Nous consulter et le gouvernement de la Répu- deux arrêtés relatifs au dévelop- ట 01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 – Fax : 01.42.17.21.36 blique d’Estonie relatif à la sup- pement du volontariat dans les Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de deux lignes. Les pression de l’obligation de visa corps des sapeurs-pompiers. lignes en blanc sont obligatoires et facturées. LeMonde Job: WMQ2304--0014-0 WAS LMQ2304-14 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0307 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 HORIZONS ENQUÊTE

OS frères rare violence contre la Yougoslavie. serbes. » Depuis Après les « hitléro-trotskistes », un mois, une l’heure est venue de régler leur partie de l’opi- compte aux « traîtres titistes », aux nion russe, « révisionnistes de Belgrade ». Il faut presque una- éliminer « la clique fasciste et ensan- nime à dénon- Russie et Serbie : glantée de Tito ». Dans toute l’Eu- cer l’opération rope, et jusqu’au sein du Parti N communiste français, des purges de l’OTAN contre Belgrade, décline à l’envi cet sont organisées sous l’accusation argument. Russie et Serbie ont une de « titisme ». Le dirigeant français longue histoire commune et, au Jacques Duclos peut ainsi déclarer : nom de ce passé, la première ne « Tito ? Je connais ce genre-là... C’est peut abandonner la seconde sous un nouveau Doriot et Doriot a fini les bombes occidentales. Avec les une histoire de faux frères comme hitlérien. » mouvements nationalistes et Boris Efimov, caricaturiste cé- communistes, l’Eglise orthodoxe lèbre de la presse soviétique, suit la alimente cette campagne de solida- ligne. Le Tito qu’il dessine est un rité avec « les Serbes, nos frères de chien ensanglanté, portant une cas- religion ». Le patriarche de toutes un traité secret d’union avec l’Au- qu’est-ce qui pourrait réunir les na- orthodoxe universel. Cela culminera quette américaine, tenu en laisse les Russies, Alexis II, qui s’est rendu Eglise triche). Moscou, qui rêvait de maî- tionalistes serbes et les bolche- en 1948, quand se rencontreront par les impérialistes et bavant de- à Belgrade le 20 avril, s’est d’ail- triser les Balkans, accumule les re- viques ? dans la capitale russe tous les res- vant une écuelle remplie de dollars. leurs déclaré favorable à une union orthodoxe, vers. La Bulgarie, la Serbie, la C’est au contraire une violente ponsables des Eglises orthodoxes. » « Et puis, en 1955, a-t-il récemment de la Yougoslavie, de la Russie et de Roumanie échappent à son in- rupture qui se produit. La monar- La guerre des partisans menée déclaré sur la télévision russe NTV, la Biélorussie. « La renaissance reli- communistes fluence. Et les slavophiles russes ne chie serbe accueille les émigrés par Tito conduit également à « ré- le parti m’a expliqué que non, vrai- gieuse des peuples de nos pays est la masquent plus leur déception. L’un russes blancs et participe ainsi à veiller la vieille amitié avec la Yougo- ment, il ne fallait plus faire cela, ce garantie de notre triomphe spirituel et de leurs théoriciens, Constantin l’offensive contre les soviets. Le ba- slavie et les autres peuples slaves, n’était pas juste. » commun », a-t-il commenté. Leontiev, également cité par Michel ron de Wrangel s’installe un temps ajoute Sergueï Kharlamov. On orga- Les Serbes sont orthodoxes, ils nationalistes Heller, se plaint amèrement. « Tous à Belgrade et y organise ses troupes nise à Moscou un congrès panslave N mai 1955, Nikita sont slaves, et c’est cet argument les Slaves du Sud et de l’Ouest, sans contre-révolutionnaires. « Il n’y a pour en faire une organisation per- Khrouchtchev rencontre Ti- qu’ont avancé les communistes russes exception, sont des démocrates et des évidemment plus aucune espèce de manente antinazie ». En 1944, les E to à Belgrade. Les relations pour demander qu’une aide mili- constitutionnalistes », regrette-t-il. solidarité entre la nouvelle URSS et troupes soviétiques participent à la diplomatiques entre les deux pays taire soit fournie au président Mi- vantent la Serbie dans les années 20 et 30, dit libération de Belgrade. Le 9 mai sont rétablies. La Yougoslavie ac- losevic. Guennadi Ziouganov, chef E panslavisme n’est pas mort Sergueï Kharlamov. Ce n’est qu’une 1945, Staline annonce à la radio la cepte quelques liens économiques du Parti communiste, a pu estimer l’« amitié pour autant et, comme les suite de conflits et de tensions. » victoire sur l’Allemagne. Il évoque avec le Comecon. « Ces relations que « frapper un Serbe, c’est frapper L D’autant qu’un jeune homme, en particulier « la lutte séculaire des années précédentes, il de- demeureront distantes pendant plus un Russe ». Le leader ultranationa- historique » meure alimenté par de nombreux Josip Broz Tito, croate et militant peuples slaves pour leur existence et de vingt ans, dit Sergueï Kharlamov. liste Vladimir Jirinovski a, lui, appe- intellectuels croates qui vivent à du Parti communiste yougoslave leur indépendance ». Le PCUS se méfie et continue de dé- lé à l’envoi de volontaires pour entre Saint-Pétersbourg. « On dit que les (interdit en 1920), ne cesse de dé- Mais, parmi ces peuples, les velopper les accusations de révision- « sauver nos frères de sang ». Serbes ont été les premiers parte- noncer l’oppression serbe. Empri- Serbes vont encore « trahir » nisme. » Tito condamne l’écrase- Cette « amitié historique » de la Moscou naires de la Russie, explique l’histo- sonné, il part ensuite à Moscou tra- l’Union soviétique, comme ils ment de Budapest en 1956. Une Russie et de la Serbie fait pourtant rien Mark Smirnov, mais on oublie vailler pour le Komintern en 1934 et avaient « trahi » la Russie tsariste. nouvelle campagne est aussitôt sourire universitaires et chercheurs. et Belgrade. que les Croates, slaves mais catho- 1935. L’année suivante, l’Internatio- Quand Dimitrov, vieux pilier du lancée à Moscou, la Yougoslavie « C’est un grand mythe que les forces liques, ont joué un rôle primordial. » nale communiste le renvoie à Bel- Komintern, est renvoyé en Bulgarie étant accusée d’avoir inspiré les in- conservatrices veulent ranimer, as- Mais « Ce sont eux, ajoute-t-il, qui ont grade purger le parti yougoslave et pour faire basculer le pays dans la surgés hongrois. Tito désapprouve- sure l’historien Iouri Tabak. Sauf de théorisé cette idée d’une grande na- en prendre la direction. dépendance soviétique, le maréchal ra ensuite l’invasion de la Tchécos- rares périodes, il n’y a pas eu d’ami- ce passé tion slave de l’Adriatique à la mer Après 1941 et l’attaque de l’URSS Tito s’émancipe. En 1947, la confé- lovaquie en 1968, celle de tié entre Russes et Serbes. Au Noire. Le modèle impérial russe les par l’Allemagne, l’exaltation natio- rence de Slarska-Poreba marque l’Afghanistan en 1979. Fondateur contraire, ces derniers ont été le plus commun fascinait, puisqu’il permettait de en 1961 du Mouvement des non-ali- souvent considérés comme des transcender le problème religieux gnés, il ne cessera de contrecarrer traîtres. » Depuis le milieu du est d’abord – catholiques, orthodoxes – et le pro- « Sauf de rares périodes, il n’y a pas eu les tentatives des Soviétiques d’en XIXe siècle, la méfiance, voire la blème des nationalités. » prendre le contrôle. haine, l’ont emporté sur de courtes fait Trente ans après la guerre de d’amitié entre Russes et Serbes. Au contraire, Sa politique économique in- lunes de miel, toujours dictées par 1877, l’Empire russe tente, au début quiète tout autant Moscou. En van- les intérêts diplomatiques et poli- de haine, du XXe siècle, de se réinstaller en ces derniers ont été le plus souvent tant l’autogestion et la décentrali- tiques de Moscou. force dans les Balkans. En 1912, sa sation, le parti yougoslave piétine L’opinion russe découvre les de trahisons diplomatie joue un rôle important considérés comme des traîtres » les dogmes soviétiques d’économie « frères serbes » au début des an- dans la création d’un bloc des centralisée et planifiée. Dans les nées 1860, lorsqu’est créé, à Mos- et de peuples slaves : Serbie, Bulgarie, Iouri Tabak, historien partis communistes européens, au cou, le Comité slave, dont la mis- Grèce. Et c’est à nouveau au nom PCF comme au PCI, on discutera sion est de promouvoir les idées du conflits, de la « défense des frères serbes » avec passion, au début des an- panslavisme. L’ennemi premier est que Moscou s’engage dans la nale va reprendre ses droits à Mos- l’avènement du communisme de nées 70, d’un « modèle yougo- alors l’Empire ottoman et ses « ba- notamment guerre de 1914. « C’est la deuxième cou. « A partir de 1943, dit Mark guerre froide. Le rapport Jdanov slave ». On se met à rêver d’une chibouzouks » turcs musulmans. Ils grande vague de propagande, dit Smirnov, Staline remet en selle exige la soumission de tous les par- nouvelle voie vers le communisme maintiennent sous le joug les après la Sergueï Kharlamov : défendre nos l’Eglise orthodoxe et tente d’en faire tis européens à la ligne soviétique. quand Moscou n’a à offrir que le Slaves chrétiens des Balkans. La frères orthodoxes contre l’empire un levier de sa politique étrangère. Le Kominform prend le relais du totalitarisme et la stagnation brej- « mission historique de la Russie », Révolution austro-hongrois. » Le patriarcat explique que Moscou Komintern. Son siège est installé à névienne. écrit le slavophile Nikolaï Danilev- En 1915, l’armée russe a déjà per- doit redevenir le centre du royaume Belgrade. Mais si l’appareil soviétique ne ski, est de prendre Constantinople russe du deux millions et demi Or la Yougoslavie ne veut rien veut pas se compromettre avec pour construire une « union fédé- d’hommes. L’essentiel se passe ail- entendre. Staline fait concevoir un Belgrade, les Russes se mettent à rative panslave » qui sera ensuite ou sous leurs, dans les campagnes russes en projet d’assassinat du maréchal Ti- rêver de la Yougoslavie. Elle est un appelée à combattre l’« hérésie ro- révolte, puis à Saint-Pétersbourg, to, songe à une invasion du pays. des rares pays qu’ils peuvent être mano-germanique ». le « règne » où les bolcheviques l’emportent. La En 1948, la rupture est totale. Pen- autorisés à visiter. Durant les an- En 1876, le Monténégro puis la révolution d’Octobre fait bien vite dant cinq ans, jusqu’à la mort de nées 70, des centaines de milliers Serbie entrent en guerre contre la de Tito oublier l’amitié avec les Serbes et la Staline, Moscou et les partis frères d’entre eux découvriront les sta- Turquie. Le Comité slave collecte monarchie installée à Belgrade. entretiennent une campagne d’une tions balnéaires de l’Adriatique. un million et demi de roubles ; six L’internationalisme contre tous les « Ils rentraient stupéfaits de la ri- mille volontaires partent s’enrôler nationalismes, le prolétaire- chesse de ce pays, on pouvait tout dans l’armée serbe que dirige un frère de classe contre le acheter là-bas », dit Sergueï Kharla- général russe. L’année suivante, la Slave-frère de sang, le mov. Le voyage yougoslave se mé- Russie s’engage dans le conflit. Ni- marxisme-léninisme ritait. « Il fallait être sûr idéologique- kolaï Danilevski qualifie la guerre contre la religion ment et avoir fait ses preuves en de « nationale », se félicitant de orthodoxe : allant auparavant dans un “vrai” voir « l’intérêt national slave l’em- pays socialiste, en Bulgarie, par porter sur tous les intérêts poli- exemple. Ce n’est qu’après cette “vé- tiques ». Michel Heller, dans son rification” que l’on obtenait le droit Histoire de la Russie et de son empire d’aller à Belgrade. » (éditions Plon, 1997), cite l’historien Est-ce aussi le souvenir de ce militaire Kresnovski, qui résume tourisme de masse qui fait qu’une ainsi le conflit : « La conduite des partie de l’opinion russe se sent au- troupes russes fut lamentable pen- jourd’hui proche des Serbes ? «On dant six mois, et brillante le sep- idéalise en fait une fraternité slave tième. » qui n’a jamais eu de transformation Moscou l’emporte, la Serbie et le politique, estime Mark Smirnov. Monténégro obtiennent leur indé- L’Eglise orthodoxe entretient cette pendance, la Bulgarie devient prin- gestuelle communiste et nationa- cipauté autonome. « Ce conflit a liste. » Iouri Tabak y voit l’évident donné lieu en Russie à une immense symptôme d’une profonde crise de campagne de solidarité avec les la société russe. « Ruinés par le dé- peuples orthodoxes slaves. Les ar- sastre financier, menacés par tistes, les compositeurs, les écrivains, l’OTAN, nous cherchons une idée na- comme Dostoïevski et Tolstoï, se mo- tionale, des perspectives, dit-il. Or bilisent », explique l’historien Ser- nous n’entendons que les forces les gueï Kharlamov. plus conservatrices, le lest de notre Mais si l’opinion publique s’en- société, celles qui empêchent toute thousiasme, déjà la diplomatie évolution. » Et qui obligent à un re- russe déchante. A peine indépen- tour au panslavisme du siècle der- dante, la Serbie n’hésite pas à agir nier pour comprendre ce qui pour- contre les intérêts de la Russie, sou- rait bien justifier l’« historique » tenant, par exemple, l’empire fraternité russo-serbe. austro-hongrois (en 1881, elle signe François Bonnet Dessin : Sergueï LeMonde Job: WMQ2304--0015-0 WAS LMQ2304-15 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 08:32 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0308 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / 15

La France en retard d’une guerre par Jacques Blamont U’EST-CE qui consti- une vue précise des forces armées moyens de renseignement non des vols habités de la station inter- toutes fonctions exigeant nombre dustriels. Elle apportera l’essentiel : tue aujourd’hui la adverses avant la frappe et d’éva- américains sont insignifiants par nationale qui, pour soulager le de satellites, une habile distribu- la connaissance, sans laquelle l’ac- Q puissance des na- luer les dégâts après l’exécution de rapport à ceux du grand frère. Que contribuable américain, nous coûte tion des orbites et une synergie tion est aveugle. La possession tions ? La discussion la mission. Au moins six satellites peuvent peser les images obtenues dès cette année plus de 600 mil- entre chacune des composantes. d’un tel outil ne garantit en rien le des rapports entre les imageurs optiques de même réso- par le seul satellite en orbite qui ne lions de francs, avant d’atteindre Alors seulement, le renseignement succès – nous le voyons au- Etats-Unis et l’Europe à l’intérieur lution complètent la couverture de soit pas utilisé par les Etats-Unis, un milliard par an dès 2001, et ce recueilli, transmis, analysé, rassem- jourd’hui sur le théâtre serbe –, d’une action de force ne peut se la zone lorsque les nuages ne l’imageur français Hélios, alors que pour des années, à comparer avec blé dans une « fusion », puis distri- mais son absence garantit, à l’inté- mener qu’en répondant à cette gênent pas leurs observations. Les les nuages couvrent le théâtre pen- l’exsangue budget spatial militaire bué aux utilisateurs, peut, comme rieur d’une coalition, la dépen- question. nombreux satellites recueillant les dant plus de 80 % du temps ! Le de 2,5 milliards ? Comment la dans les forces américaines, irri- dance d’un partenaire vis-à-vis de Les moyens spatiaux sont la mé- signaux électromagnétiques ont principal effet du spatial militaire France a-t-elle pu, en même temps, guer l’ensemble des actions mili- la puissance dominante qui sait thode principale de recueil, trans- pour rôle d’identifier tout ce qui américain est de créer une distance proposer à l’Allemagne le pro- taires. tout et ne dit rien que ce qu’elle mission et distribution de l’infor- bouge sur le champ de bataille. La différence entre la puissance veut à ses alliés. mation. C’est pourquoi la doctrine Une nouvelle structure du ren- militaire américaine et celle de ses Il appartient à la France, moteur militaire des Etats-Unis, désormais seignement tactique regroupe plu- Le renseignement spatial est devenu alliés ne réside pas tellement dans depuis quarante ans de l’Europe appelée sans fard Information War- sieurs agences et les forces armées les armements, domaine dans le- spatiale, de montrer l’exemple en fare, repose sur eux. Avant un américaines, afin d’accélérer le un multiplicateur de force pour les Etats-Unis quel la somme des équipements adoptant un programme de satel- conflit, ces moyens dévoilent choix des cibles et le transfert des possédés par les Européens n’est lites en constellations adapté aux toutes les infrastructures civiles et données aux opérationnels. Ajou- et non pour leurs alliés, qui sont pas négligeable, mais dans la doc- besoins stratégiques et opération- militaires. Lorsque la crise se déve- tons les satellites de météorologie, trine même de leur emploi par les nels de ses forces, en renforçant la loppe, ils constituent l’instrument la constellation GPS sur laquelle soigneusement tenus à l’écart de l’essentiel et Américains à l’intérieur d’un vaste coordination de ses programmes privilégié d’une gestion au plus repose la précision de tous les sys- système de systèmes qui se dis- civils et militaires, puis en élargis- près. Enfin, ils sont devenus la co- tèmes de bombardements, tant ne peuvent peser sur aucune décision majeure tingue par son intelligence. Déjà le sant à nos partenaires italiens et al- lonne vertébrale des opérations. avions que missiles, utilisés jusqu’à chancelier Bacon l’avait dit : « Sa- lemands la mise en œuvre du ren- Plus de 50 satellites sont directe- présent en Yougoslavie, et les satel- voir c’est pouvoir. » seignement spatial. ment impliqués dans les opérations lites de communication qui per- infranchissable entre alliés. Nos gramme Hélios II-Horus, ne Remarque mille fois faite : la ca- Un lucide ministre de la défense, de coordination, de renseignement mettent la coordination de toutes forces engagées n’ont pas accès à comprenant jusqu’en 2015, au to- pacité de l’Europe à disposer de Pierre Joxe, avait tiré, en 1991, la le- et de frappes menées par l’OTAN les forces. la vue globale du théâtre dont dis- tal, que trois satellites imageurs et son destin passe par l’existence çon de la guerre du Golfe et amor- au Kosovo. Au moins 15 à 20 sys- Le renseignement spatial est de- pose le commandement américain, deux satellites radars (chacun d’une puissance militaire euro- çé un renforcement de l’espace mi- tèmes spatiaux différents sont utili- venu un multiplicateur de force, à ni au choix stratégique des objec- ayant une durée de vie limitée à péenne qui ne verra pas bientôt le litaire français. Cette démarche a sés dans la préparation et l’exé- trois niveaux : stratégique, tactique tifs, ni à l’évaluation des frappes. trois ans). Proposition si limitée jour. Mais une étape préliminaire, été abandonnée par ses succes- cution des attaques. Derrière les et opérationnel. Multiplicateur de Les Etats-Unis n’encourent au- que nos amis américains n’ont pas décisive vers la restauration d’une seurs. Il est impératif que les évé- images médiatisées d’avions pre- force pour les Etats-Unis et non cun blâme dans cette situation. Au eu de mal à convaincre nos parte- autonomie de décision à tous les nements du Kosovo nous réveillent nant l’air se cache une gigantesque pour leurs alliés, qui sont soigneu- contraire, nous devons admirer la naires allemands de la rejeter. niveaux, serait la mise sur pied de notre sommeil dogmatique. machine secrète qui irrigue de sement tenus à l’écart de l’essen- profondeur de leurs concepts et Car la puissance réside dans le d’une force militaire spatiale inté- toute son intelligence la tactique et tiel, n’ont pas accès aux données, leur détermination à la traduire système, et non dans un ou deux grée, tout de même plus facile à la stratégie non de l’Alliance, mais encore moins à leur analyse et dans la réalité. C’est notre pays qui satellites. Un système spatial mili- créer qu’une force de combat inté- Jacques Blamont est des Etats-Unis dominant l’Alliance. donc ne peuvent peser sur aucune nous attriste par son incapacité à taire doit posséder trois qualités : grée. conseiller du directeur général du Les radars imageurs du National décision majeure. comprendre l’évidence. la présence permanente sur l’ob- Cette force spatiale doit être Centre national d’études spatiales Reconnaissance Office (NRO) per- Car le renseignement est à la Comment a-t-on pu engager la jectif, la transmission des données conçue en termes politiques, et (CNES) et membre de l’académie mettent d’obtenir par tout temps base de toute action militaire et les France en 1995 dans le programme en temps réel et la robustesse, non en termes budgétaires ou in- des sciences.

Le droit international bafoué par Moncef Kdhir Mauvaise(s) raison(s)par Gérard Bensussan ’OPÉRATION militaire les voix de tous les membres perma- ment, le vieux rêve de la « paix par le N ne peut être qu’at- ou illégitime mais elle ne sera ja- – La tutelle américaine : on ne en Yougoslavie, lancée nents. Autrement dit, chacun des droit », cher à l’abbé Grégoire, Kant, terré par l’extraordi- mais aussi prédéterminable que la peut que convenir de ce qu’elle a, par l’OTAN, est illicite. cinq membres permanents (Chine, Wilson et bien d’autres encore... naire confusion des fabrication projetée d’un objet et ne pour l’avenir, de préoccupant. L O pourra jamais obéir au modèle de la Mais comment prendre au sérieux Elle viole la Charte des Etats-Unis, France, Royaume-Uni et n’est pas près de se réaliser. arguments avancés Nations unies. Les règles juridiques Russie) peut utiliser le droit de veto On peut rappeler ici la formule de par les opposants à l’intervention prévision technique. un argument avancé par les en vigueur encadrent, en effet, stric- pour s’opposer à toute mesure, qu’il Tite-Live, reprise par Machiavel : militaire engagée par la coalition de – L’argument du « deux poids mêmes qui, au nom de la sacro- tement le recours à la force. juge contraire à ses intérêts écono- « La guerre est juste pour ceux à qui l’OTAN – confusion qui explique deux mesures » : il fait apparaître, sainte et intangible souveraineté Le Conseil de sécurité, gardien miques, politiques, stratégiques ou elle est nécessaire. » sans doute la nature hétéroclite du contrairement à ce que croient ceux des Etats, combattent pied à pied principal du maintien de la paix et de autres... Mobile mercantile ? Technologie rassemblement qu’ils constituent et qui en usent, qu’en effet l’interven- tout pas en avant dans la construc- la sécurité internationale, est le seul Compte tenu de l’hostilité de la nouvelle à essayer ? des manifestations auxquelles ils tion en forme d’ingérence armée tion d’une défense européenne ef- organe juridiquement habilité à uti- Russie et de la Chine, à l’utilisation L’OTAN – malgré le viol du droit ont appelé, où l’on a pu voir se cô- dont bénéficient aujourd’hui les Ko- ficiente, voire toute idée d’Europe liser lui-même ou à autoriser l’em- de la force contre Belgrade, une ré- international – ne peut évidemment toyer défenseurs d’un régime crimi- sovars est inédite et sans précédent. quelque peu supranationale ? Ils ploi de la force, s’il le juge nécessaire. solution du Conseil de sécurité auto- pas interrompre ses actions avant de nel et « anti-impérialistes » impéni- Ni les juifs pendant la Shoah, ni les sont pris dans la contradiction Il est le seul à pouvoir passer outre risant des moyens coercitifs n’avait faire « plier » Milosevic. Sauf à ac- tents, fanatiques antimusulmans et Palestiniens chassés par la terreur mortelle à quoi se heurte tout na- au principe de non-intervention, af- aucune chance d’aboutir. Certes, le cepter la catastrophe d’être totale- souverainistes statolâtres, fascistes en 1948, ni les Tutsis exterminés ni, tionalisme lorsqu’il en rencontre firmé par l’article 2 alinéa 4, et selon Conseil avait déjà adopté des résolu- ment discréditée et ruinée sur le bon teint, communistes « rénovés » aujourd’hui encore, les malheureux un autre : la moindre polycentrali- lequel : « Les membres de l’Organisa- tions demandant, notamment, à la triple plan militaire, stratégique et et trotskistes irrénovables. Tous ani- Kurdes n’ont jamais vu une telle té lui est insupportable. Les points tion s’abstiennent, dans leurs relations nouvelle République de Yougoslavie politique. C’est pourquoi lancer des més de la même passion, l’anti- internationales, de recourir à la me- d’observer les droits de l’homme ; appels à l’arrêt de la guerre est une américanisme, comme d’autres, ja- nace ou à l’emploi de la force, soit mais l’utilisation de la force est d’in- entreprise vaine. dis et naguère, et selon un sem- Les points aveugles de l’argumentaire contre l’intégrité territoriale ou l’indé- terprétation restrictive et exige ri- Alors, faut-il désespérer du droit blable emportement de la raison, pendance politique de tout Etat, soit goureusement – si l’on veut obser- international de la paix ? On peut es- par l’antisémitisme ou l’anticommu- anti-OTAN font en contrepoint apparaître de toute autre manière incompatible ver la légalité internationale – une quisser une grille de lecture plus op- nisme. De cet embrouillement men- avec les buts des Nations unies. » disposition expresse qui fait défaut timiste. Il ne faut pas perdre de vue tal, je voudrais relever, parmi bien du nouveau inaperçu et qu’il faudra Le métier du Conseil de sécurité dans les résolutions adoptées jus- qu’il a fallu des siècles pour faire ac- d’autres, trois traits : est de maintenir – et le cas échéant qu’ici par le Conseil de sécurité. cepter l’arbitrage du droit dans les – La logique du chaudron (voir le moment venu s’efforcer de penser de rétablir – la paix et la sécurité in- L’opération « Force alliée » est sociétés. Le chemin sera encore plus Freud) qui consiste en une double ternationale. Pour ce faire, il peut donc menée au mépris de la Charte long pour pacifier la société des Etats détente rhétorique : a) les bombar- « entreprendre, au moyen de forces et du droit international. (la prohibition juridique de la guerre dements sont criminels b) la preuve, puissance militaire se déployer pour aveugles de l’argumentaire anti- aériennes, navales ou terrestres, toute En matière de déclenchement de pour les Etats ne date que de 1945). c’est qu’ils sont inefficaces. Deux leur venir en aide. OTAN, souvent si salonnard, font action qu’il juge nécessaire... » (ar- la guerre, certains Etats occidentaux Au désordre international plans distincts et exclusifs sont ainsi On le sait, ils l’ont dit, ils l’auraient en contrepoint apparaître du nou- ticle 42 de la Charte). Il lui est loisible ne sont fidèles ni à la légalité inter- contemporain succédera, un jour, croisés sans vergogne ou sans ré- alors souhaité avec la même ardeur veau inaperçu et qu’il faudra le d’utiliser, s’il y a lieu, les accords ou nationale, ni à la légalité interne (en l’ordre au sein de la société interna- flexion. Car on peut bien estimer que celle mise aujourd’hui par les moment venu s’efforcer de pen- organismes régionaux pour l’appli- France, le Parlement n’a pas autorisé tionale, dès lors que les Etats dé- que la guerre aérienne engagée il y Kosovars à soutenir les frappes. ser : la mise en crise définitive de la cation des mesures coercitives prises le recours à la guerre, comme le pro- cident de substituer la justice aux a bientôt un mois viole la souverai- Faut-il, selon une « logique » si abs- forme sous son autorité. « Toutefois, au- clame l’article 35 de la Constitution), armes. Comme le dit saint Augustin neté d’un Etat, qu’elle n’est pas traite (tout, partout, toujours et en Etat-nation que ses micro-proli- cune action coercitive ne sera entre- ni à leurs discours. Que valent au- dans La Cité de Dieu (IV, 4) : « Sans conforme au droit et que l’ingé- même temps) qu’elle ignore la tem- férations attestent paradoxale- prise en vertu d’accords régionaux ou jourd’hui les déclarations du pré- justice, que sont les Etats sinon de rence dans les affaires intérieures de poralité, les modalités d’une univer- ment et la mondialisation conco- par des organismes régionaux sans sident Bush, le 11 septembre 1990, vastes repaires de brigrands ? » la Serbie est contraire à tous les salisation concrète du droit et, en fin mitante de l’ingérence comme l’autorisation du Conseil de sécurité » devant le Congrès américain : « Dé- usages internationaux. Mais on ne de compte, la finitude même dans assignation de limites à sa puis- (article 53 de la Charte). sormais, l’Organisation des Nations peut pas, dans le même temps, s’im- ses contraintes les plus doulou- sance souveraine et planétaire. Pour adopter, au sein du Conseil unies accomplit sa destinée de Parle- Moncef Kdhir est maître de patienter devant sa lenteur à ren- reuses, en conclure en trépignant : de sécurité (quinze membres), une ment mondial de la paix » ; et de nous conférences à l’Institut d’études po- verser Milosevic et les aléas, parfois « Eh bien alors, pour les Kosovars, pas décision impliquant l’usage de la annoncer « une ère nouvelle... un litiques de Lyon, directeur du Centre tragiques, de son déroulement : une davantage ! » Ou faut-il au contraire Gérard Bensussan est force, il faut une majorité de neuf monde où la primauté du droit rem- de recherche et d’études en droit in- action engagée dans les conditions tenter de s’autoriser dorénavant du maître de conférences en philoso- voix dans lesquelles sont comprises place la loi de la jungle » ? Décidé- ternational (Credi). de la pluralité humaine est légitime précédent ainsi créé ? phie (CNRS).

bombardements à haute altitude ; coalisés aboutissent à la pire inhu- tabilisation et risque la dislocation. part fertile et abandonnerait à un les passions humaines, surtout in- Le désastre parfois, un chevalier américain du manité. Après la politique de l’au- La solidarité des nations slaves et Etat albanais nain la part stérile. capable de comprendre les ca- ciel croit bombarder des tanks en truche de 1989 à 1998, la politique orthodoxes pour une Serbie vic- Ce serait l’abandon des justes buts rences de sa propre logique et in- Suite de la première page anéantissant les tracteurs d’un du pavé de l’ours triomphe en time des frappes s’accroît avec de guerre pour un dénouement capable de concevoir ses propres convoi de réfugiés, à l’instar de 1999. l’augmentation des bombarde- qui éviterait les périls terrifiants de aveuglements. Une guerre de frappes seules est don Quichotte prenant des mou- C’est le désastre. Arrêter les ments et occulte le martyre subi son extension. Madness ! Folie ! Folie ! Folie absurde. Le réalisme mesuré à la lins à vent pour des géants. La sau- frappes serait donner la victoire à par les Albanais du Kosovo. Quoi qu’il en soit, le gâchis est non seulement du total-nationa- quantité d’avions, de missiles et de vegarde des vies de l’OTAN se paie Milosevic et consacrer le net- Compte tenu du réveil des haines irrémédiable. Le désastre parti du lisme serbe et de ses ravages. Folie bombes conduit au pire irréalisme. au prix fort d’une grande quantité toyage du Kosovo. Continuer les ethniques, nationales et reli- cœur de l’Europe a frappé l’Eu- aussi d’une guerre d’ordinateurs, Ainsi la guerre est menée dans de morts serbes et kosovars, les- frappes consolide Milosevic et ac- de calculs, de chiffres, de machines l’ignorance de la réalité que quels, même unis dans la mort, se célère le nettoyage du Kosovo. tueuses, mue par une pensée tech- constitue la psychologie d’une na- haïssent de plus en plus dans la Certes, une guerre en vase clos Si les Kosovars étaient vaincus, dispersés, no-militaire réductrice. tion héroïque qui puise dans sa vie. pourrait à la longue casser la résis- Les tragédies de Shakespeare conscience historique de nation La logique abstraite et méca- tance de Milosevic. Il se pourrait émigrés, alors pleurons, pleurons de douleur concernaient les rois. Les tragédies martyre, depuis 1389 jusqu’aux nique de l’OTAN ignore tout de même, hypothèse improbable, contemporaines concernent les deux guerres mondiales, l’in- l’écologie de l’action : le sens qu’un coup d’Etat militaire-poli- et rage contre les deux barbaries imbéciles peuples. Si, comme je le crains, conscience d’être devenue une na- d’une action commence à échap- tique renverse prochainement le l’inacceptable était une fois de tion bourreau. per à ses auteurs dès qu’elle entre dictateur et stoppe la guerre. qui continuent à contrôler le monde plus accepté, l’intolérable une fois Les destructions dans les villes dans le jeu des inter-rétroactions Dans la logique actuelle, la né- de plus toléré, si les Kosovars serbes détruisent l’opposition à du milieu où elle s’introduit. Ainsi cessaire intervention terrestre ne étaient vaincus, dispersés, émi- Milosevic, consolident le senti- une action peut non seulement dé- peut être que rapide et puissante. gieuses dans la région, la possibili- rope au cœur. Ce désastre est gé- grés, alors pleurons, pleurons de ment de continuer à vivre le mar- sobéir aux intentions qui l’ont dé- Déjà, même si sa préparation était té d’une réaction en chaîne embra- néralisé. Il n’y a pas eu que la bar- douleur et rage contre les deux tyre, renforcent l’identité natio- clenchée, mais même se retourner décidée et accélérée, elle risquerait sant les Balkans et suscitant une barie du total-nationalisme qui, barbaries imbéciles, inconscientes nale autour du dictateur. Les dans un sens contraire. C’est ce d’arriver trop tard et de produire troisième guerre mondiale ne sau- effectivement, a déchaîné le dé- d’elles-mêmes, qui continuent à bombardements au Monténégro qui est arrivé au Kosovo. La guerre un nouvel enlisement dans un Ko- rait être totalement écartée. sastre. Il y a eu, du côté occidental, contrôler le monde. renouent des liens avec la Serbie des frappes a accéléré, amplifié, sovo vidé de ses Albanais et deve- Certes, des forces de paix impor- les ravages d’une rationalité Le XXe siècle agonisant nous ré- qui étaient en cours de dislocation. aggravé le processus de nettoyage nu forteresse serbe, et il n’est pas tantes sont en œuvre. Elle peuvent aveugle parce qu’abstraite, quanti- vèle une fois de plus clairement La logique quantitative de ethnique, devenu vidage systéma- dit qu’elle ne susciterait pas de conduire à une solution politique, tative, mécanique, morcelant et son héritage de mort et d’horreur. l’OTAN ne reconnaît qu’une seule tique avec déportations massives contre-interventions. terme pudique qui signifie compartimentant toutes réalités Espérons que le XXIe siècle se diri- entité qualitative : celle de ses des habitants et destructions de L’allongement de la guerre fait compromis. Or le compromis ne complexes, incapable de contex- gera sur une voie nouvelle. aviateurs, dont la vie doit être leurs habitations. Les intentions croître le danger d’extension. Déjà peut être que la partition du Koso- tualiser ses données et ses pro- épargnée à tout prix. D’où les humanistes et humanitaires des la Macédoine est en cours de dés- vo, où la Serbie se réserverait la blèmes, incapable de comprendre Edgar Morin LeMonde Job: WMQ2304--0016-0 WAS LMQ2304-16 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:41 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0309 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Naissance d’un nouvel internationalisme 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F DÉJÀ propagandiste de la « troi- des démocraties qui, de conces- est prêt à se passer des Nations « despotique, autoritaire, raciste, Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 sième voie », Tony Blair se veut sions en apaisements, ouvrit la unies, si elles deviennent un obs- xénophobe », n’a pas sa place. Internet : http : //www.lemonde.fr aussi le chantre d’un « nouvel in- voie aux conquêtes du IIIe Reich. tacle, comme dans le cas du Koso- « Alors, oui, je crois que nous agis- ternationalisme ». Expliquant Après les déceptions créées par les vo. sons au nom d’une morale, je dirai ÉDITORIAL pourquoi la génération de 1968 engagements idéologiques, elle Ce n’est pas le seul paradoxe. En même au nom d’une philosophie et avait choisi de faire la guerre, il s’est lancée dans l’action humani- Europe, le nouvel internationa- d’une conception de la civilisa- écrit : « Nous ne nous battons pas taire, développant le droit d’ingé- lisme semble avoir trouvé dans tion », a-t-il déclare le 8 avril sur L’Europe et les sexes pour des territoires mais pour des rence qui se trouvait en filigrane l’OTAN l’instrument privilégié de France 2. valeurs. Pour un nouvel internatio- dans la Charte des Nations unies. sa réalisation. Une organisation de Aussi généreux soit-il, le nouvel a Commission euro- successifs de tirer toutes les nalisme où la répression brutale de Du droit, elle est passée au devoir la guerre froide, contre laquelle de internationalisme soulève de nom- péenne, démission- conséquences de ce principe groupes ethniques ne sera pas tolé- d’ingérence humanitaire, puis au nombreux dirigeants européens breuses questions. Par exemple : naire, travaille-t-elle au d’égalité. Le droit du travail auto- rée. Pour un monde où les respon- droit d’ingérence tout court. C’est d’aujourd’hui, surtout quand ils son champ géographique est-il li- L rise, sous certaines conditions, le sables de tels crimes n’auront nulle un des acteurs de la révolte estu- appartiennent à la social-démo- mité à l’Europe ? Beaucoup d’ar- service des ennemis de l’Europe ? En menaçant la France travail de nuit des hommes, pas part où se cacher » (Le Monde du diantine de 1968 en Allemagne qui cratie, avaient manifesté jusque guments plaident en faveur d’une d’une forte amende si celle-ci celui des femmes. Il y a là une 14 avril). Le terme d’internationa- le dit le plus crûment : « Jusqu’à dans les années 80. Ironie de l’his- réponse positive : la proximité, le n’autorise pas, enfin, le travail de forme incontestable de discrimi- lisme a quelque chose à la fois de maintenant nous pensions que la toire : en 1982, avec une majorité processus d’intégration du nuit des femmes dans l’industrie, nation. Pour la supprimer, il n’y a, suranné et de sulfureux, qui guerre était l’ultime recours, a dé- du SPD, Gerhard Schröder protes- continent, mais aussi les moyens Bruxelles conforte, une fois de a priori, que deux voies. La pre- évoque les premiers temps du claré l’écrivain Peter Schneider à tait contre le réarmement de modestes dont disposent les Euro- plus, dans l’opinion l’image d’une mière, l’interdiction totale, pour mouvement ouvrier et l’ère des ré- propos du Kosovo, aujourd’hui l’OTAN jusqu’à provoquer la chute péens, qui les obligent à définir Europe antisociale, d’une Europe les hommes comme pour les volutions. nous devons nous demander si un du chancelier Schmidt. Au- des priorités, au risque de s’expo- qui dépossède les Etats de leur femmes, du travail de nuit, est, à Le nouvel internationalisme de engagement militaire plus précoce jourd’hui, le chancelier Schröder ser au reproche d’agir selon le souveraineté pour organiser, chez l’heure de la production en conti- Tony Blair n’a évidemment rien à n’aurait pas permis d’éviter la défend les frappes de l’OTAN sur principe « deux poids, deux me- chacun d’eux, la régression so- nu, impraticable. voir avec l’internationalisme pro- catastrophe. » la Serbie contre un Helmut sures » et d’assister en spectateurs ciale ! Du pain bénit pour les eu- La seconde voie, plus simple, létarien, dévoyé en défense in- Ce nouvel internationalisme est Schmidt qui condamne la partici- à des violations massives des rosceptiques en ce début de cam- n’en nécessite pas moins un cer- conditionnelle de l’URSS, ni même une sorte de wilsonisme humani- pation allemande à la guerre. droits de l’homme dans d’autres pagne électorale pour les tain courage : elle consiste à lever avec l’internationalisme des socia- taire qui ne se limiterait pas au parties du monde. Le reproche européennes. L’affaire est l’interdiction faite aux femmes de listes qui ne se remit vraiment ja- droit des peuples à disposer d’eux- « VISION DE L’EUROPE » n’est pas entièrement justifié, complexe. La responsabilité n’est travailler la nuit. C’est d’ailleurs la mais d’avoir sombré dans le pa- mêmes que le président américain Tony Blair, comme un autre so- même s’il est vrai que la mobilisa- pourtant pas là où on le croit ; elle situation qui prévaut depuis long- triotisme le plus cocardier en 1914. Woodrow Wilson voulait imposer cialiste, Javier Solana, qui se tion et la solidarité pour le Kosovo n’est pas à Bruxelles, elle est à Paris. temps dans les activités de ser- Après la deuxième guerre mon- après la première guerre mondiale trouve à la tête de l’OTAN au mo- sont sans précédent récent. Car, en effet, de quoi s’agit-il ? vices (santé, commerce, trans- diale, les Soviétiques se créèrent contre les empires européens ment le plus dramatique de son Dans la politique extérieure En 1976, soucieux de promouvoir ports, etc.), où elles sont de plus un glacis et s’arrogèrent le droit vaincus. Il défend les droits de histoire, soutient que les nouveaux américaine aussi, le messianisme l’égalité des hommes et des en plus nombreuses à assumer d’y intervenir pour rétablir l’ordre l’homme, les droits des minorités, internationalistes ne se battent ni est une forme d’internationalisme femmes au travail, le Conseil eu- une activité nocturne. Une telle communiste tandis que l’Interna- les libertés religieuses et cultu- pour des territoires ni pour la des valeurs, des droits de ropéen adoptait une directive de- décision ne conduit pas à une ré- tionale socialiste devenait pour sa relles. Après Wilson, les Améri- conquête d’avantages écono- l’homme, les cyniques diraient, mandant aux pays membres de gression sociale si elle s’ac- part un club de débats, sympa- cains s’étaient retirés du projet de miques. Lionel Jospin aussi pense des bons sentiments. Or, souvent, supprimer, en matière d’emploi, compagne d’un autre mouve- thique mais sans prise véritable Société des nations qu’ils avaient que les frappes sont menées au la défense des principes de la dé- « toute discrimination fondée sur le ment, simultané : l’introduction sur la vie internationale. contribué à mettre sur pied. Le nom « d’une conception de la mo- mocratie américaine est le masque sexe ». C’était là un magnifique dans la loi française de compen- Bien que née après la guerre, la nouvel internationalisme se réfère rale, je dirais aussi sur une concep- ou l’auxiliaire d’une Realpolitik qui progrès ; ce devait être l’un des sations, indispensables, au travail nouvelle génération au pouvoir en à la Charte de l’ONU, aux objectifs tion de la civilisation, sur une vision défend des intérêts nationaux par- éléments du modèle social euro- de nuit, pour les deux sexes. Or, Europe paraît marquée par le syn- qu’elle s’était fixés dans l’euphorie de l’Europe » dans laquelle un ré- faitement égoïstes. Dans son livre péen. Aujourd’hui, vingt ans pour l’instant, ces compensations drome de Munich, par la faiblesse de la défaite du nazisme, mais il gime comme celui de la Serbie, Diplomatie, l’ancien secrétaire après, et alors même qu’elle avait – en termes de rémunération ou d’Etat Henry Kissinger a bien participé activement à la concep- de durée du travail – n’existent montré comment dans la tradition tion de cette directive, la France pas. américaine le messianisme et le n’est toujours pas en état de la L’Europe, si volontiers perçue Les « Fables » de La Fontaine par Lionel Koechlin réalisme étaient souvent les deux respecter ! Si problème il y avait, comme antisociale, s’en est d’ail- faces d’une même médaille. Le celui-ci aurait dû être réglé à leurs déjà préoccupée. Une autre nouvel internationalisme n’échap- l’époque. Adoptée et acceptée par directive, de 1993, prise cette fois pera pas à cette ambivalence, la France, cette directive s’impose au nom de la sécurité au travail, quand bien même n’apparaîtrait- à tous, à la France comme aux impose aux Etats de définir des elle pas déjà dans le conflit du Ko- autres. D’autres pays européens contreparties au travail de nuit. Là sovo. ont fait les efforts nécessaires encore, la France a pris du retard. Car le réalisme politique récla- pour se mettre en conformité avec Pour Martine Aubry, il y a là une mera tôt ou tard ses droits. Pour- le droit européen. Pas la France. belle occasion de démontrer que quoi les Européens n’ont-ils pas Ce n’est pas normal. l’égalité des sexes, le progrès so- été aussi militants contre la guerre A l’origine de ce blocage, il y a le cial et l’Europe ne sont pas in- en Tchétchénie, qui avait de nom- refus des gouvernements français compatibles. Au contraire ! breux traits communs avec le conflit du Kosovo ? Parce qu’étaient en jeu les intérêts de la 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Russie, un Etat qui a gardé quel- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; ques beaux restes de son statut de Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint grande puissance et dont les Euro- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel péens comme les Américains ont Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette besoin pour préserver l’équilibre Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment et la stabilité. Une des raisons qui Rédacteurs en chef : expliquent l’hostilité de Moscou à Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; l’action de l’OTAN contre la Serbie Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; sans mandat explicite de l’ONU est Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) que ce précédent pourrait être in- Rédacteur en chef technique : Eric Azan voqué dans d’autres cas. Et les di- Médiateur : Robert Solé plomates occidentaux d’expliquer Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg à la Russie que cette volonté nou- Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre velle d’exporter la démocratie et Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président les droits de l’homme s’arrête dans tous les cas aux limites de son Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) « étranger proche ».

Le Monde est édité par la SA Le Monde Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. PLAN DES PRINCIPES Capital social : 985 000 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Un des problèmes soulevés par Fonds commun de placement des personnels du Monde, la guerre au Kosovo est celui de la Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, légitimation. Le nouvel internatio- Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. nalisme se fonde certes sur des idées généreuses, mais ses hérauts ne peuvent agir de leur propre ILYA50 ANS, DANS 0123 chef, quand bien même ils repré- senteraient tous des Etats démo- cratiques. L’ONU puis l’OSCE La guerre civile en Chine étaient considérées comme les ins- titutions habilitées à cautionner les APRÈS le rejet de l’ultimatum Pour le moment, leur échec et la actions internationales. Certains adressé au gouvernement nationa- poussée communiste suscitent un pays tiennent à maintenir, voire à liste, Mao Tse Toung a ordonné raidissement de la partie adverse. renforcer, cette prérogative, non une offensive générale. Comme Le Le gouvernement nationaliste, seulement par attachement idéa- Monde l’annonçait hier, ses abandonnant la capitale, s’est liste à une conception de la société troupes ont franchi le Yang-Tsé au transporté à Canton, et le retour internationale (cf. encore Woo- sud-ouest de Nankin. On apprend de Tchiang Kaï Chek, que les drow Wilson), mais parce que aujourd’hui que les forces commu- communistes voulaient écarter dé- l’OSCE est régie par la règle du nistes ont forcé le passage du finitivement, ne paraît pas impro- consensus et parce qu’à l’ONU ils fleuve en d’autres points. bable. disposent d’un droit de veto. La guerre civile en Chine semble Le chef du Kouomintang, qui Enfin, s’il est bon d’agir au nom donc entrer dans une nouvelle s’est retiré non loin de Shanghaï, de principes et de valeurs, force est phase militaire. De grands mouve- n’a jamais rompu le contact avec bien de constater que tout le ments de troupes sont signalés ses successeurs. Il est permis de monde n’en a pas toujours la dans le Nord et en Mandchourie. croire qu’il n’a pas cessé de les as- même idée. Il ne s’agit pas de céder S’agit-il d’une vaste opération sister de ses conseils, bref que dans à un quelconque relativisme cultu- ayant pour but la conquête du sud la coulisse il a toujours joué un RECTIFICATIFS MARGARET THATCHER s’élever à 25 morts, mais cette rel, mais de constater simplement de la Chine, que les communistes grand rôle, bien qu’officiellement il Une malencontreuse inatten- estimation, que nous aurions dû que les différents droits défendus pensaient occuper à la suite d’une ne fût plus rien. Or on apprend SCIENCES tion nous a fait mal orthogra- présenter au conditionnel, a été par les démocraties occidentales et capitulation de l’adversaire ? Le que le président Li Tsoung Jen et Contrairement à ce que nous phier le prénom de Mme That- par la suite démentie par le bi- les tenants du nouvel internationa- moins qu’on puisse dire c’est que plusieurs membres du comité exé- avons indiqué par erreur dans cher à la « une » de nos lan officiel. lisme peuvent parfois entrer en le débordement du Yang-Tsé et la cutif seraient allés le trouver pour l’article relatant la découverte premières éditions du contradiction : droits individuels et prise prochaine de Nankin, déjà lui demander de reprendre le pou- d’une bactérie luminescente en Monde daté 22 avril. CRÉDITS droits collectifs, droits des citoyens isolé, exerceront une nouvelle voir. Namibie (Le Monde du 21 avril), Il fallait bien sûr lire Margaret Les dessins de l’article « Nu- et droits des minorités. Pour s’en pression sur les nationalistes. (23 avril 1949.) les travaux des chercheurs alle- et non Margareth. cléaire : centrales sans failles ? » tenir aux Balkans, il est clair que mands, espagnols et américains consacré aux difficultés des cen- les accents mis sur l’une ou l’autre la concernant ont été publiés DENVER trales nucléaires face au bogue catégorie de ces droits produisent 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS dans la revue Science du 16 avril, Contrairement à ce qui a été de l’an 2000 (Le Monde interactif des politiques foncièrement diffé- Télématique : 3615 code LEMONDE et non dans la revue Nature. indiqué en dernière page du du 27 avril) ont été réalisés par rentes, tout aussi défendables sur Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC Monde daté 22 avril, ce sont Tchikioto. le plan des principes. ou 08-36-29-04-56 DISCRIMINATIONS quinze personnes – et non Dans le même numéro, l’ins- Au Kosovo, l’Europe veut Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 Contrairement à ce que nous vingt-cinq – qui ont été tuées trument de musique présenté rompre ouvertement avec l’esprit Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 avons écrit dans Le Monde du dans la fusillade survenue mardi par la Cité des sciences et de munichois. C’est un progrès qu’il 7 avril, l’ouvrage du sociologue dans un lycée de Littleton, dans l’industrie dans le cadre de l’ex- faut saluer, conscient que le nouvel Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE la banlieue de Denver (Colora- position « Les sons » et illus- internationalisme prépare des len- Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr Philippe Bataille, Le Racisme au travail, paru en 1997, n’a pas été do). Plusieurs responsables de trant l’agenda est l’œuvre demains difficiles Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 publié aux éditions du Seuil l’enquête avaient auparavant de J.-F. Lemercier et Soo- mais à La Découverte. indiqué que le bilan pouvait R. Wuh. Daniel Vernet LeMonde Job: WMQ2304--0017-0 WAS LMQ2304-17 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0310 Lcp: 700 CMYK

17 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999

CONCENTRATION Deutsche publics créera le numéro deux mon- leurs activités ». Le nouvel ensemble pied une société, qui procédera à des Francfort, Milan et New York. b LES Telekom et Telecom Italia devaient dial des télécommunications derrière pèsera près de 64 milliards d’euros de offres publiques d’échange d’actions GOUVERNEMENTS, la Commission de annoncer, jeudi 22 avril, à Londres le japonais NTT. b LE CONSEIL d’ad- chiffre d’affaires et emploiera plus de de Deutsche Telekom et de Telecom Bruxelles et les autorités américaines leur projet de rapprochement. Cette ministration du groupe italien a ap- 300 000 personnes. b LES DEUX PAR- Italia. De droit allemand, le groupe, étudieront de près ce projet de rap- alliance de deux anciens monopoles prouvé le plan de « fusion de toutes TENAIRES ont prévu de mettre sur dont le siège sera à Bonn, sera coté à prochement. Deutsche Telekom et Telecom Italia lancent la plus grande fusion de l’histoire Les deux anciens monopoles publics devaient annoncer, jeudi 22 avril à Londres, leur projet de rapprochement, qui donnerait naissance au deuxième groupe mondial des télécommunications. La transaction atteindrait le montant record de 76 milliards d’euros FRANCFORT Un projet diversement apprécié entre les deux groupes. Ce principe Bonn a envoyé, mercredi 21 avril, commissaire européen à la concur- de notre correspondant a été retenu alors que Deutsche Te- une lettre à Rome précisant ses en- rence, s’attend à plusieurs plaintes Après une semaine de négocia- ACTION TELECOM ITALIA ACTION DEUTSCHE TELEKOM lekom est largement plus impor- gagements. L’Etat allemand a en de la part des concurrents des deux tions et de folles rumeurs, c’est de en euros à Milan en euros à Francfort tante que son homologue italien et outre confirmé son intention de opérateurs. Il estime que le nou- Londres que Deutsche Telekom et 11 9,912 45 35 vole pour l’occasion à son secours. vendre « sa participation dans veau groupe pourrait avoir des po- Telecom Italia devaient présenter, Par ailleurs, l’Etat allemand, qui Deutsche Telekom, dès que cela se- sitions dominantes sur certains 10 jeudi 22 avril, leur projet de rap- 40 possède encore 74 % de Deutsche rait réalisable et selon les conditions marchés et n’exclut pas la cession du marché ». prochement. Celui-ci, s’il se 9 Telekom et sera dans un premier En fait, le gouverne- d’activités avant de donner son ac- concrétisait, donnerait naissance à temps le principal actionnaire de la ment de Bonn ne peut, selon la loi, cord. Deutsche Telekom serait ainsi 35 un géant des télécommunications 8 société, a dû convaincre le conseil abandonner sa participation majo- obligé de se désengager de la socié- figurant au deuxième rang mondial d’administration de Telecom Italia ritaire avant l’an 2000, mais sa part té commune Wind, créée en Italie 7 derrière le japonais NTT par le 30 et le gouvernement italien qu’il devrait descendre mécaniquement avec France Télécom et le produc- chiffre d’affaires, et au premier n’interviendrait ni dans les choix autour de 66 %, après une augmen- rang mondial par sa capitalisation. 6 stratégiques ni dans les affaires tation de capital de Deutsche Tele- La transaction atteindra le montant 25 courantes. kom en juin (Le Monde du 16 avril). Visée japonaise record de 81,4 milliards de dollars 5 A Rome, le gouvernement ne (76 milliards d’euros). L’opérateur s’est cependant pas encore officiel- DES INCERTITUDES 4 20 pour AT&T et BT allemand, le premier en Europe par lement prononcé. Or, le ministère Néanmoins, plusieurs incerti- MJJA SOND J FMA MJJA SOND J FMA Le groupe américain AT&T et l’importance de son chiffre d’af- 1998 1999 1998 1999 du Trésor est encore le premier ac- tudes planent encore. Chacun des le britannique British Telecom faires, endosse ainsi les habits de Source : Bloomberg tionnaire de Telecom Italia avec partenaires doit convaincre ses chevalier blanc de Telecom Italia, 3,74 %, vestige de l’époque où le propres actionnaires. Si l’affaire (BT) pourraient acquérir chacun car le projet est destiné à éclipser ministration du groupe italien a ap- d’échange d’actions de Deutsche groupe était un monopole public. semble relativement aisée pour 15 % du quatrième opérateur té- l’offre inamicale lancée par le prouvé définitivement le plan de Telekom et de Telecom Italia. Une Son action privilégiée lui confère, l’opérateur allemand, dont l’assem- léphonique japonais, Japan Te- groupe italien Olivetti pour un to- « fusion de toutes leurs activités ». Le action Deutsche Telekom et trois entre autres, un droit de regard sur blée générale se tient en mai, elle lecom, selon le Nihon Keizai du tal de 65 milliards de dollars nouvel ensemble, dont la capitali- de Telecom Italia donneront accès la composition du capital de l’opé- pourrait être autrement ardue du 22 avril. Chacun disposerait d’un (60,7 milliards d’euros). sation boursière dépassera les à un titre de la nouvelle entité. De rateur. Après avoir reçu la lettre du côté italien. Une assemblée géné- siège au conseil d’administra- Alors que Ron Sommer, le pré- 158,9 milliards d’euros, pèsera près droit allemand, le groupe, dont le gouvernement allemand, l’équipe rale extraordinaire de Telecom Ita- tion du groupe japonais. sident du directoire de Deutsche de 64 milliards d’euros de chiffre siège sera situé à Bonn, sera coté de Massimo D’Alema a expliqué lia doit être convoquée dans les Les trois sociétés n’ont pas Telekom, refusait il y a encore une d’affaires et emploiera plus de sur les Bourses de Francfort, de Mi- que des contacts étaient encore en prochaines semaines. confirmé cette information, semaine de commenter « les spé- 300 000 personnes. lan et de New York. cours pour de « nécessaires appro- L’offre publique d’achat (OPA) mais l’action de Japan Telecom, culations » sur le sujet, il a bouclé à Les deux partenaires ont prévu Les négociations des dernières fondissements », notamment sur le d’Olivetti, de plus, existe toujours. dont le chiffre d’affaires s’élève l’arraché un accord avec Franco de mettre sur pied une société, heures ont permis de lever la plu- côté paritaire de l’opération et le Il est probable que la Commission à environ 1,5 milliard d’euros, a Bernabè, l’administrateur délégué dont le nom n’était pas définitive- part des obstacles. Le gouverne- processus de privatisation de Deut- italienne des opérations en Bourse augmenté fortement après la de Telecom Italia. Ce n’est que ment choisi jeudi matin, qui procé- ment italien avait posé comme sche Telekom. (Consob) donne son feu vert à publication de cette informa- mercredi soir que le conseil d’ad- dera à des offres publiques condition de l’alliance la parité Le ministère des finances de l’opération dans les tout prochains tion. Si la réalité de ce projet se jours, voire dans la journée de jeu- vérifiait, ce serait la première di. Le secrétaire d’Etat à la commu- fois que des actionnaires étran- PROFIL Stream, la plate-forme digitale de PROFIL de Deutsche Telekom. Sa bonne nication, Michele Lauria, a du reste gers entreraient au capital d’un Telecom Italia, largement défici- connaissance du marketing est souhaité le renforcement de l’ac- opérateur japonais. AT&T, nu- FRANCO BERNABÈ, taire. RON SOMMER, l’une des qualités qui justifient le tionnariat de Telecom Italia par méro un mondial du secteur, et Ancien économiste à l’OCDE, à choix de M. Sommer pour prendre l’entrée en lice « de capitalistes et BT, numéro un britannique, ont LE GOÛT DU MOUVEMENT Paris, Franco Bernabè a été l’arti- PILOTE D’UN DÉFI les commandes du directoire de d’industriels qui ont envie d’inves- déjà prévu de mettre en place san de la reprise en main de l’ENI, l’opérateur allemand. Elles seront tir ». Le noyau dur, composé de une filiale commune offrant des Le patron de Telecom Italia aime après le cyclone déstabilisateur de C’est en mai 1995 que Ron Som- bien nécessaires pour remonter la l’Ifil (famille Agnelli), de banques et services aux grandes entreprises les défis. Avec l’OPA lancée par Oli- l’opération Mani pulite (« mains mer a été choisi pour piloter Deut- pente : à l’époque, la réputation de d’assurances, ne détient qu’environ internationales. vetti sur son groupe, puis le projet propres ») et l’initiateur du proces- sche Telekom, afin de préparer Deutsche Telekom est la moins 6 % de Telecom Italia. Ce petit de fusion avec Deutsche Telekom, sus de privatisation, toujours en l’opérateur allemand à la dispari- bonne des cent premières entre- groupe d’actionnaires – dont la Franco Bernabè est servi au-delà cours, de ce colosse de quatre- tion programmée de son mono- prises allemandes... Mais, avant de part serait fortement diluée par la teur d’énergie Enel... pour concur- de ses espérances. Lorsqu’il a été vingt mille personnes. Lorsque pole. Les éloges, alors, ne tarissent se pencher sur l’évolution de l’offre fusion – ne pourrait prétendre im- rencer Telecom Italia. Le partena- nommé, le 19 novembre 1998, à la Franco Reviglio, son professeur à pas sur cette personnalité atypique commerciale, ce patron de choc poser ses choix dans la nouvelle riat entre Deutsche Telekom et tête de Telecom Italia, le patron de l’université de Turin, avait fait ap- du monde des affaires outre-Rhin. commence par tailler dans les ef- entité. France Télécom, qui détiennent l’ENI (société nationale d’hydrocar- pel à lui, en 1983, il n’avait pas hé- Né en 1949 à Haïfa, d’une mère fectifs de façon spectaculaire : il En outre, l’opération doit rece- chacun 2 % de leur associé, ne de- bures) avait présenté les choses à la sité et avait abandonné le poste de hongroise et d’un père russe, Ron supprime 60 000 emplois, ce qui ra- voir l’aval des organismes améri- vrait pas survivre au changement légère : « A cinquante ans, soit on directeur des études économiques Sommer a fait toutes ses études à mène les effectifs à 170 000 per- cains et européens chargés de veil- d’alliance orchestrée par les Alle- change de femme, soit on change de la Fiat, qu’il occupait depuis Vienne, en Autriche. Dans sa jeu- sonnes. De quoi rendre l’entreprise ler à la concurrence. La mands. de travail. Comme je suis attaché à cinq ans. nesse, il été un petit prodige : pour plus attirante pour la Bourse, où Commission européenne a déjà fait ma femme, je change donc de tra- M. Bernabè est un homme de pouvoir obtenir son doctorat de elle fait son entrée en novembre savoir que le projet allait nécessiter Philippe Ricard, vail. » décision et de mouvement. mathématiques à l’âge de vingt- 1996. Ron Sommer, de l’avis géné- une étude approfondie, pendant avec Marie-Noëlle Terrisse Mais M. Bernabè savait que la Chaque matin, il se rend à pied à deux ans, il a dû demander une dé- ral, a parfaitement réussi l’intro- plusieurs mois. Karel van Miert, le à Milan tâche serait rude pour ramener le son bureau parce que la demi- rogation. duction en Bourse de Deutsche Te- bon ordre au sein du géant des té- heure qu’il s’accorde ainsi lui per- D’emblée, sa carrière profession- lekom, qui a bénéficié de lécommunications. Il succédait à met de réfléchir. « La pensée stra- nelle s’est déroulée sous le signe de l’engouement du public pour les Gianmario Rossignolo, démission- tégique est l’une des qualités déci- l’international, fait rare à l’époque valeurs de télécommunications. En naire après dix mois d’une prési- sives d’un leader. Il doit être dans l’industrie allemande. Repéré revanche, l’opérateur a cédé d’im- dence mouvementée. Plus exacte- capable d’analyser chaque pro- par le fondateur de Nixdorf, il tra- portantes parts de marché (30 % ment, il prenait la fonction blème sur 360 degrés. » Mais vaille pour le constructeur d’ordi- en quelques mois) à ses concur- d’administrateur délégué suppri- qu’est-ce qu’un leader ? Il répon- nateurs aux Etats-Unis, puis en rents, qui ont pourtant fait leur en- mée par son prédécesseur, qui dait en citant Shimon Pérès, qui lui France, avant de rejoindre le trée sur le marché il y a à peine plus avait voulu les pleins pouvoirs avait un jour confié : « On sait que groupe japonais d’électronique So- d’un an. De ce point de vue, la ten- après une autre démission, celle de l’on devient un leader lorsque l’on ny. Celui-ci le renvoie aux Etats- tative de s’allier à Telecom Italia Guido Rossi, le 28 novembre 1997, se rend compte que personne n’est Unis, puis le nomme à la tête de la afin de trouver ailleurs une crois- un mois après le succès de la priva- capable de répondre aux questions puissante filiale européenne, qui sance perdue sur son propre mar- tisation. Pour le nouveau patron, que vous vous posez et que c’est à compte 18 000 salariés. C’est à ce ché apparaît comme une stratégie la première épreuve n’a pas tardé, vous et à vous seul d’y répondre. » poste que les pouvoirs publics alle- défensive. avec la tentative, infructueuse, de mands viennent le chercher pour Rupert Murdoch de reprendre Michel Bôle-Richard, à Rome mener à bien la délicate conversion Anne-Marie Rocco Les sommets enregistrés à Wall Street inquiètent les investisseurs

LES RECORDS atteints par l’in- elle. Mais cet optimisme est loin soutenus et qui affichent une meil- cotées sur la Bourse électronique dice Dow Jones de la Bourse de d’être partagé par tous. leure visibilité sur les résultats fu- où se traitent bon nombre d’ac- New York commencent à donner le Dans son rapport sur les prévi- turs. Mais elle est également la tions de ce secteur, a progressé de vertige aux opérateurs. Mercredi sions économiques, le Fonds moné- conséquence de mouvements mou- près de 30 %. Dans le même temps, 21 avril, l’indice vedette a enregistré taire international (FMI) estime tonniers. « La performance des l’indice Dow Jones, qui réflète sur- son neuvième record depuis le dé- qu’« une correction boursière sévère marchés d’actions est essentiellement tout le parcours boursier de but du mois, à 10 581,42 points, est très concevable, vu le niveau élevé le fait de grosses capitalisations, ce grandes valeurs industrielles, a aug- après une hausse de 1,27 %. de la valeur des titres relativement qui est peut-être dû aux techniques menté d’un peu plus de 15 % et le La publication des résultats tri- aux résultats financiers actuels et at- de benchmarking à la mode dans Russel 2000, un indice spécialisé sur mestriels des grandes sociétés amé- tendus des sociétés ». La hausse de l’industrie de la gestion », écrit Pas- les valeurs moyennes, a reculé de ricaines rassure les investisseurs. Wall Street apparaît d’autant plus cal Blanqué, économiste chez Pari- 13 %. Toute déception est sévèrement fragile qu’elle se concentre sur un bas, dans le dernier bulletin édité Toutefois, les investisseurs sanctionnée par le marché, comme nombre limité de titres. Au cours par la section de recherche écono- changent progressivement d’atti- l’a prouvé le décrochage de l’action du premier trimestre, « les 100 pre- mique de la banque. Outre-Atlan- tude. La chute, lundi 19 avril, de Compaq, lundi 12 avril, après l’an- mières valeurs en termes de capitali- tique, les fonds indiciels, qui sont 5,6 % de l’indice Nasdaq témoigne nonce de résultats en baisse. Mais sation boursière ont contribué à 90 % censés répliquer la performance de la nervosité des opérateurs. De les bénéfices sont plutôt conformes du rendement avec une concentra- d’indices comme le Dow Jones, le plus, les valeurs cycliques, dont le aux attentes des analystes. Elaine tion sur les 20 plus grandes valeurs », Standard and Poor’s 500 ou le Nas- cours dépend de l’évolution des Garzarelli, une des voix les plus note Jeffrey St Mary, analyste chez daq, représentent une part crois- matières premières, ou celles ap- écoutées à Wall Street, après avoir Habor Capital Management. Plus sante des sommes gérées à travers partenant à des secteurs comme la été l’une des rares à prévoir le impressionnant, « environ la moitié des fonds communs de placement. distribution alimentaire et la phar- krach boursier de 1987, mise sur de la performance trimestrielle est « Enfin, le comportement de certains macie commencent de nouveau à une poursuite de la hausse des va- due à seulement deux titres : Ameri- secteurs, comme la technologie de intéresser les investisseurs. Ces so- leurs boursières et reconnaît même ca Online et Microsoft », observe-t- l’information, relève clairement de la ciétés ont notamment l’avantage que « les résultats trimestriels de so- il. fièvre spéculative », juge M. Blan- de se payer en Bourse à des cours ciété sont meilleurs que ce que nous Cette préférence des investis- qué. beaucoup plus attractifs que ceux avions prévu il y a six mois ». En par- seurs pour un nombre limité de Les valeurs de la technologie ont atteints par les poids lourds de la ticulier, les actions des banques et titres s’explique par le fait qu’ils fa- été en vedette au cours de cette cote ou des sociétés de l’Internet. des firmes de courtage ont de la vorisent des sociétés ayant souvent dernière année. L’indice Nasdaq, marge pour progresser, estime-t- une longue histoire de bénéfices qui traduit l’évolution des sociétés Joël Morio LeMonde Job: WMQ2304--0018-0 WAS LMQ2304-18 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0311 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 ENTREPRISES La justice condamne les formes du conflit Un nouvel organigramme pour Aerospatiale-Matra JEUDI 22 AVRIL, Aerospatiale-Matra a publié la composition de Air France à l’aéroport de Nice la future direction du groupe. La direction générale du nouvel en- semble, présidé par Yves Michot, Philippe Camus étant directeur général, comptera onze personnes. Sept sont issues d’Aerospa- Les grévistes s’opposent à la sous-traitance d’une partie de la manutention des bagages tiale, quatre viennent de Matra. Ils retrouvent, pour la plupart, les attributions qu’ils avaient dans leur ancien groupe. Le personnel au sol proteste contre l’intention le juge des référés interdit « aux assignés et à personnes et marchandises sur les pistes de l’aé- François Auque, directeur financier d’Aerospatiale, déstabilisé un de la direction de sous-traiter une partie de la toute personne de s’opposer par quelque roport ». Les magistrats autorisent Air France à moment par la polémique sur les pertes de change du groupe, re- manutention des bagages. Saisi par la direction, moyen que ce soit au libre accès des véhicules, requérir le concours de la police. trouve ses fonctions et se voit confier en plus la direction des sa- tellites. Jean-François Bigay, lui, conserve la direction de l’aéro- NICE valeur exemplaire. FO, CFDT et pas d’un pouce. » C’est l’annonce, agissent comme des négriers, avec nautique. de notre correspondant CGT ont retrouvé l’unanimité pour au cours d’un comité d’entreprise des jeunes salariés non qualifiés, Côté Matra, Jean-Louis Gergorin prend la charge de la coordina- Une ordonnance en référé du la condamner. « Nous répondrons extraordinaire à Nice le 6 avril der- mal payés et exploités. La direction tion stratégique tandis que Jean-Paul Gut, homme qui monte chez tribunal de grande instance de au coup bas et à la hargne de la di- nier, de la restructuration du ser- n’a pas su saisir la négociation sur la Matra, devient président en charge de l’international et directeur Nice condamnant, mercredi rection », clame Michel Barrier, dé- vice « vrac » de la manutention, réduction du temps de travail pour pour la défense et le transport spatial. Cette nouvelle organisation 21 avril, l’immobilisation de quatre légué CGT. qui a provoqué le mécontente- réorganiser l’escale en conciliant sera mise en place après la mise en Bourse du nouveau groupe, avions par les grévistes d’Air Sollicitée chaque jour, la direc- ment des syndicats. Dans les viabilité économique et embauche prévue début juin. France, a redonné de la nervosité tion générale n’a jamais souhaité avions petits porteurs de moins de de contrats à durée indéterminée. » au conflit sur l’aéroport de la Côte s’exprimer sur le fond du conflit. cent passagers, les bagages sont d’Azur. L’intersyndicale a refusé de Elle est accusée par l’avocat de l’in- chargés en vrac et non dans des 45 VOLS ALLERS-RETOURS Opération « banque morte » reprendre la discussion, briève- tersyndicale, Bertrand d’Ortoli, conteneurs. La direction veut sous- La grève, débutée le 15 avril, ment entamée la veille avec la di- d’utiliser la justice : « Son objectif traiter ce travail, qui concerne uni- touche davantage les personnels rection locale. La grève est née présents sur l’aéroport que l’en- à la Société générale d’un projet de la direction de sous- semble de la délégation Air France traiter une partie de la manuten- Trois mouvements simultanés sur la Côte d’Azur, huit cent cin- LE JEUDI 22 AVRIL devait être une journée test pour les syndicats tion des bagages. Une assemblée quante personnes avec les services bancaires, notamment ceux de la Société générale. Ils appellent générale devait, jeudi matin, voter Le trafic aérien sur l’aéroport de Nice restait partiellement pertur- commerciaux. Sur les 45 vols al- les 46 000 salariés de la banque à protester contre les projets de la poursuite du mouvement. bé, jeudi 22 avril dans la matinée, par la grève qui concerne une par- lers-retours prévus en moyenne fusion, notamment le dernier en date initié par la BNP, par une Quatre délégués syndicaux, trois tie du personnel au sol d’Air France. Au départ d’Orly, la compagnie chaque jour, une dizaine d’avions, opération « banque morte ». Le suivi de cette journée sera étudié de la CGT et un de FO, ont été as- aérienne était en mesure d’assurer sept vols, qui sont déroutés sur principalement ceux venant d’Or- avec attention. Le syndicat CFDT de la Société générale a accusé signés, mercredi matin, par la Toulon, au lieu des dix-sept prévus en période normale sur Nice. En ly, assurent une liaison avec Tou- la direction de tenter de récupérer le mouvement de grève. compagnie, pour entrave à la liber- revanche, au départ de Roissy, le trafic est redevenu normal, Air lon, d’où un service de car qui Les syndicats craignent que la double offre publique d’échange té de circulation des aéronefs. Le France assurant huit vols sur huit. achemine les passagers vers Nice. (OPE) lancée par la BNP sur la Société générale et Paribas, elles- premier vice-président du tribunal, Par ailleurs, parallèlement au conflit de Nice, un autre mouve- Pendant la grève, les deux compa- mêmes en cours de fusion, se traduise par des « destructions » de Gérald Marnet, a estimé que «le ment est prévu jeudi sur Roissy. Il concerne cette fois les coordina- gnies concurrentes remplissent milliers d’emplois, malgré les assurances prodiguées par la BNP. droit de grève a dégénéré », et a au- teurs des vols. Enfin, à Orly, diverses catégories de personnel au sol leurs avions. Habituellement, Malgré le soutien des fédérations de la banque – hormis la CFTC – torisé le recours à la force publique sont également en grève. Mais ces mouvements ne devraient pas, AOM et Air Liberté prennent res- à cette journée, la grève, contrairement aux espoirs des syndicats en cas de nouveau blocage. selon la direction, perturber le trafic. pectivement 32 % et 14 % de parts de la Générale, ne devrait guère s’étendre à la BNP, ni à Paribas. L’avocat d’Air France, Maxime Deux numéros sont à la disposition du public concernant l’évolu- de marché sur les liaisons avec la Rouillot, a parlé de «Far West». tion du trafic aérien : le 0802-802-802 et le 08-36-68-10-48. capitale. L’expression a d’autant plus sur- Les grévistes avaient prévu de Le siège du Crédit lyonnais pris les syndicalistes qu’ils avaient s’inviter, jeudi matin, à l’inaugura- été étonnés, lundi et mardi, de la est de gagner sur le plan juridique ce quement les compagnies assistées tion de la nouvelle piste nord de pression minimale autour de leur qu’elle n’arrive pas à négocier sur le par Air France, soit 25 % de l’activi- l’aéroport de Nice, en présence de vendu à des assureurs allemands action. Mardi soir, certains plan consensuel. » té du service. Le projet revient à personnalités locales et du trans- voyaient, avec des appréciations supprimer douze postes sur cent port aérien. La Côte d’Azur s’enor- LE CRÉDIT LYONNAIS a signé, mercredi 21 avril, un protocole variables selon les appartenances RUPTURE DU DIALOGUE ving, mais représente, selon les gueillit d’avoir le deuxième aéro- d’accord pour la vente de son siège parisien, boulevard des Ita- syndicales, se dessiner une issue En prenant connaissance de l’or- syndicats, des menaces plus larges. port de France. Elle a aussi l’escale liens, qui a été ravagé par l’incendie du 5 mai 1996. L’acheteur est favorable après un premier tour de donnance, Alexandre Aparicio, dé- « Si on laisse partir ces douze em- d’Air France la plus prompte à une société allemande, TMW, qui investit pour le compte de table avec la direction locale. Ils légué FO, annonce au nom de l’in- plois, c’est l’ensemble du service ma- s’enflammer, comme en août 1996, compagnies d’assurance, associée à l’assureur américain AIG. ont reçu l’assignation en justice tersyndicale la rupture du nutention vrac qui est menacé, es- où une longue grève avait fait TMW a déjà acheté l’ancien immeuble du Monde, rue des Italiens, comme une douche froide, même dialogue : « La direction doit nous time Liliane Debèche, déléguée tache d’huile. en face du siège de la banque publique. si les milieux aéroportuaires la démontrer que l’on peut renouer CFDT. Air France ne doit pas sous- TMW, qui était en concurrence avec la foncière britannique Ham- considéraient inévitable pour sa dans la confiance. Nous ne cèderons traiter avec des entreprises qui Jean-Pierre Laborde merson, est sorti gagnant de l’appel d’offres en payant un prix su- périeur à 1,5 milliard de francs (230 millions d’euros), pour 45 000 mètres carrés. L’Hôtel des Italiens est inscrit à l’inventaire des Monuments histo- riques pour ses façades haussmaniennes et ses escaliers à double Pagaille sans nom dans le ciel espagnol révolution. Le Crédit lyonnais restera locataire d’une partie de MADRID de vol annulé en vol retardé, sans que per- lèguent certains professionnels. D’autres ac- l’immeuble, déjà rénovée. Le reste ne sera disponible à la location de notre correspondante sonne se soucie de leur offrir un verre d’eau. cusent le manque flagrant de contrôleurs aé- que fin 2001 ou début 2002. Pour se faire peur, les Américains avaient in- Une situation qui a atteint des sommets ces riens, la récente et impopulaire grève des venté en 1970 Airport, un film à succès qui fai- derniers jours : la guardia civil a même dû in- pilotes qui a fait de la touristique semaine sait frissonner, entre boeings en détresse et tervenir pour raisonner les 268 passagers, ivres sainte un authentique chemin de croix pour les Shell n’a jamais envisagé pistes d’atterrissage gelées. Les Espagnols, de rage, d’un vol en partance pour les Cana- voyageurs, d’autant qu’ils soupçonnent les pi- eux, n’ont pas besoin de se faire du cinéma, ils ries, qui après être restés bloqués plus de deux lotes de faire une guerre du zèle quasi perma- ont tout à domicile : leurs aéroports ont heures dans l’avion, sans décoller, voulaient nente. D’autres encore, ont invoqué, sans trop d’OPA sur Elf échappé à tout contrôle, les poussées d’adré- sortir à tout prix, accusant le commandant de y croire, les « perturbations des routes aériennes, naline sont garanties. Comme le dit, accablé, bord de les « séquestrer », alors que le malheu- dues aux attaques de l’OTAN en Yougoslavie », et « NOTRE GROUPE n’a jamais eu l’idée de lancer une OPA sur Elf. Je José Manuel Hess, directeur de celui de Ma- reux réclamait en vain que l’on veuille bien ap- pour finir les hommes politique s’y sont mis : le ne vois vraiment pas pourquoi cette rumeur s’est développée », af- drid-Barajas, : « Cela part dans tous les sens, procher des escaliers mobiles, semble-t-il in- ministre du développement, Rafael Arias Sal- firme Hugues du Rouret, président de Shell France, voulant ainsi j’ai l’impression de tenir un restaurant dont les trouvables dans l’aéroport. gado, rendu responsable du chaos, a échappé mettre un terme à cette rumeur de rachat qui revient régulière- cuisiniers travailleraient pour quelqu’un de peu à la démission que réclamaient de lui ment depuis deux mois dans les deux sociétés et sur les marchés. d’autre... » MUTINERIE DES PASSAGERS l’opposition socialiste au Parlement. « Comme avec d’autres groupes, nous travaillons en commun sur la Des exemples concrets ? Il faut compter un La semaine suivante c’était au tour des Alors que faire ? Iberia, la compagnie natio- plupart de nos projets en exploration production, et nous avons aussi retard de 40 minutes, en moyenne, des réser- 74 passagers d’un vol pour Oviedo (Asturies) nale, en cours de privatisation, qui se passerait des accords commerciaux ». vations plus nombreuses que le nombre de de se mutiner, à l’annonce de l’annulation du bien de pareille publicité, n’y va pas par quatre Le groupe anglo-néerlandais est actuellement occupé par sa réor- places disponibles (surbooking) et des en- vol alors qu’ils étaient sur la piste depuis trois chemins : elle vient d’annoncer qu’elle annule- ganisation, « une véritable révolution culturelle, puisqu’il s’agit de combrements tels qu’il faut annuler des vols : heures. Les pilotes qui venaient dans un autre ra, pour rétablir un semblant d’ordre, 16 387 passer d’une structure très fortement décentralisée à une organisa- 39 l’ont été, lundi, à l’aéroport de Barcelone et avion de Barcelone, n’étaient toujours pas arri- vols, entre juin et décembre, soit 77 par jour. tion mondiale resserrée ». 18, le même jour à Barajas où, en quelques vés. Voyant que la compagnie ne leur offrait ni Ce qui se traduit par une diminution de 6 % de Cette mutation se traduit en Europe par une diminution de cinq jours, plusieurs centaines de billets ont dû être chambre, ni dîner, les « mutins » décidèrent de son offre globale et une perte nette de niveaux héirarchiques et par l’unification de certaines fonctions remboursés. Le tout, dans un climat de franche dormir à bord, à titre de représailles. 10 000 millions de pesetas (166 millions d’eu- comme la logistique ou le marketing. Conséquence sur la France : mauvaise humeur que les télévisions se Comment est-ce possible ? La réponse n’est ros). Une mesure qui n’a pas été sans susciter 95 postes de travail sur 2 300 dans la branche produits pétroliers complaisent à retransmettre, comme pour pas facile, tout le monde se renvoie la balle. des controverses : les pilotes sont furieux et les seront supprimés sans licenciements. mieux exciter, chez eux,les futurs candidats au Certains aéroports sont mal gérés, avec des in- deux compagnies privées, Air Europe et Spa- voyage, abreuvés de reportages sur des tou- frastructures insuffisantes, comme Barajas, nair, peu pressées d’emboîter le pas d’Iberia. ristes transformés en épaves humaines, dor- que l’ouverture récente d’une troisième piste Gaz de France se renforce mant sur les chaises dans l’aéroport, ou errant n’a pas « décongestionné » pour autant, al- Marie-Claude Decamps en mer du Nord M. Pinault et les AGF forment la première société foncière française MERCREDI 21 AVRIL, Gaz de France a annoncé deux acquisitions en Grande-Bretagne. La première concerne l’achat de la société LA RESTRUCTURATION et la Gecina, considérée comme une cière, avec 24,7 % du capital, sui- siblement réorganisée. La foncière britannique de commercialisation de gaz Volunteer Energy Ltd, fi- concentration du secteur de l’im- « valeur refuge » par l’analyste de vies par Azur (18,2 %) et par Arté- vient déjà de céder douze im- liale du groupe américain de transport de gaz naturel Williams mobilier coté en Bourse conti- la société Oddo, Bernard Duclos, mis (5,5 %). Pour Artémis, meubles de bureaux à Paris et en Energy. nuent. Deux sociétés foncières, devrait conserver ce statut, après l’opération ne constitue pas un dé- région parisienne, à GE Capital La deuxième porte sur le rachat auprès du pétrolier Lasmo de plu- plutôt spécialistes des immeubles avoir absorbé Sefimeg. Les diri- sengagement du secteur immobi- Real Estate, filiale de General Elec- sieurs participations dans des gisements situés dans le sud de la de logements parisiens, Gecina et geants du nouvel ensemble font le lier. Au contraire. Le groupe a l’in- tric spécialisée dans l’immobilier. mer du Nord pour 90,2 millions de livres (136,2 millions d’euros, Sefimeg, ont annoncé, mercredi pari qu’en augmentant la taille de tention de rester un actionnaire Cette opération avait été précédée 893 millions de francs). Ces actifs comprennent notamment des 22 avril, leur intention de fusionner la société et la proportion de son stable de Gecina et aura deux ad- par la cession de huit immeubles participations dans deux gisements de production (44,5 % dans pour former le numéro un de la capital flottant en Bourse, sa va- ministrateurs à son conseil. « Cette d’habitation en province. Parallèle- Boulton et 21 % dans Caister), et ainsi que des parts dans les gazo- cote, devant Unibail, et la dixième leur boursière va encore progres- fusion confirme la volonté d’Artémis ment, Sefimeg avait commencé à ducs CMS et ETS associés à l’exploitation de ces gisements. foncière européenne cotée. Les ser. D’autant que la société devrait de participer à travers Sefimeg au acquérir de nouveaux immeubles, Ces nouvelles acquisitions entrent dans la stratégie du groupe pu- principaux actionnaires de Gecina profiter davantage de l’effet de le- mouvement de concentration du comme l’îlot Hachette à l’angle du blic qui souhaite produire en mer du Nord en 2005, un volume sont les assureurs AGF et Azur. vier que permet le faible niveau ac- secteur immobilier en France », in- boulevard Saint-Germain et du équivalent à 15 % des quantités commercialisées en France. Quant à Sefimeg, elle est contrôlée tuel des taux d’intérêt. Car Gecina dique le communiqué. boulevard Saint-Michel. à 60 % par Artémis, la holding per- reprend les titres Sefimeg du Gecina (ex-GFC), pour sa part, a sonnelle de François Pinault, qui groupe Pinault, mais aussi l’endet- UNE NOUVELLE ÉTAPE presque doublé la surface de son Nouvelle commande pour Airbus l’a rachetée à Fimalac, le groupe de tement des sociétés holdings Arté- Si le groupe de M. Pinault cédait patrimoine en 1998, en reprenant Marc Ladreit de Lacharrière, au mis Immobilier et Financière Sefi- ses titres aujourd’hui – ce qui n’est l’Union immobilière de France et la premier trimestre de 1998. meg. pas le cas, car Artémis estime que Foncière Vendôme, deux foncières aux Etats-Unis Le nouveau groupe, qui conser- En outre, les dirigeants du nou- le redressement du cycle immobi- d’Axa. Elle se disputait le premier vera le nom de Gecina, affichera veau groupe ont déjà identifié la lier en France est loin d’être termi- rang des foncières avec Unibail, la LE CONSORTIUM aéronautique européen a annoncé, mercredi un patrimoine de 22,6 milliards de possibilité d’économiser 25 mil- né –, il aurait déjà réalisé une plus- société présidée par Léon Bressler, 21 avril, avoir enregistré une nouvelle commande aux Etats-Unis. francs (3,4 milliards d’euros), un lions de francs de frais de gestion value de l’ordre de 300 millions de davantage tournée vers l’immobi- New Air, une compagnie en voie de création (et dont le nom est actif net réévalué proche de 14 mil- en année pleine. La présidente de francs, à rapporter à un investisse- lier de bureaux et les centres provisoire) a acheté vingt-cinq Airbus A 320 et pris une option sur liards, une capitalisation boursière Gecina restera Eliane Semonda- ment en capital qui n’est pas commerciaux. Unibail avait pris cinquante autres appareils de différents types. de 11,4 milliards. Ses revenus loca- daz, Jacques Babonneau, le direc- connu, le groupe s’étant largement une longueur d’avance en mars en New Air entend lancer des vols domestiques aux Etats-Unis à par- tifs s’élèvent à 1,5 milliard de teur général de Sefimeg, prenant la endetté pour reprendre Sefimeg. achetant le pôle immobilier de Vi- tir de New York. francs pour plus d’1,8 million de direction du nouvel ensemble. Cette fusion est une nouvelle vendi (ex-Générale des eaux) – C’est la première fois qu’Airbus participe au lancement d’une mètres carrés. La parité de fusion proposée étape dans la restructuration de dont le CNIT à la Défense – pour compagnie américaine. La veille, Airbus avait déjà marqué un Un tiers de ses revenus vien- étant de huit actions Gecina pour chacune des sociétés. Depuis 6 milliards de francs. point contre Boeing avec la commande de trente avions de la part dront de l’immobilier de bureau, le treize Sefimeg, les AGF resteront qu’elle est entrée dans le giron du groupe financier américain CIT. reste de l’immobilier d’habitation. le premier actionnaire de la fon- d’Artémis, Sefimeg s’est déjà sen- Sophie Fay LeMonde Job: WMQ2304--0019-0 WAS LMQ2304-19 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 08:32 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0312 Lcp: 700 CMYK

19 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 Havas est strictement recentré sur l’écrit et le multimédia Après avoir mis en place depuis mars 1998 de considérables cessions d’actifs, le PDG d’Havas, Eric Licoys, affirme, dans un entretien au « Monde », qu’il « n’y a plus de métiers majeurs qu’il faut vendre parce qu’ils ne rapportent pas » PLUS D’UN AN après l’absorp- banque Lazard et doit être bouclée Nous n’avons aucune raison de la – Le périmètre de Bertelsmann Son chiffre d’affaires a été ré- de nos métiers – et il a cédé les ac- tion d’Havas par Vivendi, Eric Li- au deuxième trimestre. Le niveau céder. Quant au Groupe Tests, il n’a dans la formation professionnelle a duit de près des deux tiers entre tifs non stratégiques (Le Point, coys, PDG d’Havas et directeur gé- des offres des candidats, des étran- jamais été envisagé de le vendre. Ce considérablement changé avec 1997 et 1998. Qu’en est-il au- Nice-Matin, MK2, Télé Images, néral de Vivendi, affirme que la gers mais aussi des Français, té- leader français de la presse informa- l’achat de Springer Verlag. De plus, jourd’hui ? Gallimard, etc.) ou en perte (les politique de cessions de branches moigne d’un véritable intérêt pour tique est très rentable, nous tenons à le problème fiscal, qui s’est posé es- – Si le chiffre d’affaires a été réduit Jeux Nathan). On ne peut plus entières du groupe de communica- cette activité. Nous pensons aussi le développer, peut-être en associa- sentiellement pour Bertelsmann de 51,7 à 18,8 milliards de francs (7,8 dire qu’il y a des métiers majeurs tion va s’achever avec la vente du vendre, dans un délai rapide, nos tion avec d’autres groupes. mais aussi pour nous, n’a pas pu être à 2,8 milliards d’euros), la rentabilité qu’il faut vendre parce qu’ils ne pôle affichage et des participations participations minoritaires dans la – Pourquoi n’avez-vous pas résolu. Je tiens à dire que Bercy n’est a triplé : elle est passée de 3,4 % du rapportent pas. minoritaires dans la presse régio- presse quotidienne régionale, dont postulé à l’acquisition du groupe jamais intervenu, de près ou de loin, chiffre d’affaires à 9,2 % aujourd’hui. – Vous êtes également direc- nale. Il affirme sa volonté de conser- la valeur totale n’excède pas 100 mil- de presse informatique améri- dans cette opération. Même si le Le groupe s’est internationalisé : en teur général de Vivendi. Quel est ver la littérature générale et la presse lions de francs (15,2 millions d’eu- cain CMP ? joint-venture Bertelsmann/Havas ne intégrant Havas Interactive Inc. et, le degré d’implication de la mai- informatique. Sa stratégie vise à re- ros). – Contrairement au Groupe Tests, s’est pas réalisé aujourd’hui, nos re- malgré la prochaine cession d’Avenir son mère dans sa filiale Havas ? centrer totalement Havas sur l’écrit – Comptez-vous conserver le qui vit à la fois des petites annonces lations restent bonnes. Nous conti- – très implanté à l’étranger –, le – Seules les grandes décisions et le multimédia, tout en accélérant pôle de littérature générale et le et des recettes de diffusion, CMP ne nuerons à effectuer, comme en Es- groupe réalisera 30 % de ses activités stratégiques sont évoquées au l’internationalisation et la rentabilité groupe de presse informatique vit que de ces dernières. Il a vu ses pagne avec Doyma, des acquisitions à l’international (contre 23 % en conseil d’administration de Vi- du groupe. Test ? résultats plonger, en raison d’une en commun. Nous avons ainsi regar- 1997). Havas s’est aujourd’hui recen- vendi. Une règle s’applique à l’en- « Où en sont les cessions du – Avec un milliard de francs crise publicitaire aux Etats-Unis dé, ensemble, même si cela n’a pas tré sur ses métiers puisque 90 % de semble du groupe : les sociétés ne groupe Havas ? (150 millions d’euros) de chiffre d’af- conjuguée à la baisse des prix des PC abouti, l’éventuelle reprise de l’édi- son chiffre d’affaires provient de sont pas propriétaires de leur – Nous avons mis en vente le pôle faires et 120 millions (18,3 millions et au développement d’Internet. Vi- teur médical Mosby aux Etats-Unis. l’écrit – essentiellement l’informa- cash-flow. Vivendi peut prendre la de publicité extérieure, qui d’euros) de résultat d’exploitation, le vendi (actionnaire d’Havas) ne nous Enfin, et surtout, Thomas Middel- tion professionnelle et l’édition – et trésorerie d’Havas, mais aussi lui comprend notamment Avenir, pour pôle de littérature générale affiche aurait jamais suivi dans une telle ac- hoff, le PDG de Bertelsmann, entre- du multimédia. en donner pour financer une ac- financer l’acquisition d’Havas Inter- l’une des meilleures rentabilités de quisition. ra prochainement au conseil d’admi- Le groupe a cédé la quasi-totali- quisition, comme ce fut le cas active Inc. (ex-Cendant Software), le l’édition française. Pour Havas, la lit- – Comment expliquez-vous nistration de Vivendi. té des activités de régie, aux pour Cendant Software. Je numéro un mondial des logiciels de térature générale est créative, ren- l’échec de l’alliance avec Bertels- – Depuis que Vivendi a absor- marges déclinantes, et vendu le conserverai les deux casquettes, jeux et coleader des logiciels éduca- table, et elle alimente les activités de mann dans la presse profession- bé Havas, le périmètre du pôle voyages, trop peu rentable, de directeur général de Vivendi et tifs. Cette vente est menée par la distribution de livres du groupe. nelle ? groupe a été totalement modifié. et la régie d’annuaires – trop loin de PDG d’Havas, le temps qui s’avérera nécessaire pour achever la mutation d’Havas. Havas en chiffres – La convergence, qui était le maître mot lors de l’absorption b Chiffre d’affaires 1998 : Une équipe de 1 600 développeurs chez Havas Interactive Inc. d’Havas par Vivendi, ne semble 18,9 milliards de francs « LE MULTIMÉDIA constitue un bon relais de vingt sites aux Etats-Unis. « Nous avons une équipe sentiellement sur le succès mondial du prochain plus être votre priorité. Qu’en (2,9 milliards d’euros) croissance à l’activité papier », affirme Agnès Tou- de 1 600 développeurs et le budget annuel de re- jeu, Diablo II. La stratégie de relance d’Havas s’arti- est-il ? b Résultat brut d’exploitation : raine, chargée d’Havas Interactive Inc. (ex-Cendant cherche et développement s’élève à 120 millions de cule autour de trois axes : la globalisation des – Elle l’est d’autant plus 1,7 milliard de francs Software). L’objectif d’Havas est, à ses yeux, de de- dollars », ajoute-t-elle. technologies, le marché des consoles de jeux et ce- qu’outre le comité Communica- (260 millions d’euros) venir « l’un des plus importants fournisseurs de conte- lui des portails éducatifs sur Internet. tion 2000 il existe un comité de b Effectifs : 18 600 nus dans les nouveaux médias ». Pour 4,5 milliards FUSION AVORTÉE Alors que Chris Mc Leod, PDG de Cendant Soft- développement d’Internet chez collaborateurs dans le monde de francs (680 millions d’euros), le groupe a pris, en Cendant Software a connu depuis deux ans une ware, avait promis en février qu’il resterait aux Vivendi. Philippe Germond pilote b Leadership : Havas est le début d’année, le contrôle du groupe américain vie agitée, en raison notamment des problèmes de commandes du groupe après son rachat par Havas, des équipes dans lesquelles Ha- premier groupe européen Cendant Software, à la fois numéro un mondial des sa maison mère. Une fusion avortée entre Ameri- il vient d’annoncer son départ (Le Monde du 7 avril vas, Canal Plus et Cegetel sont d’édition scolaire, de logiciels de jeux sur ordinateur et numéro deux des can Bankers Insurance (ABI) et Cendant Corp. a 1999). réunis. Il existe des collaborations distribution de livres et de presse programmes éducatifs sur ordinateur. Adibou, Bliz- obligé cette dernière à verser une importante « C’est pour des raisons privées que Chris Mc Leod très étroites au sein du groupe gratuite. Le groupe est le zard, Knowledge Adventure, Sierra font partie des compensation financière à son alliée. Le cours de n’a pas voulu déménager en Californie », explique pour mettre au point le portail In- numéro un français de nouvelles marques d’Havas. Bourse de Cendant Corp. a immédiatement forte- Agnès Touraine. Son remplaçant n’est pas encore ternet dans les écoles ou encore le littérature générale et « Nous occupons aujourd’hui aux Etats-Unis 18 % ment chuté. Depuis sa reprise par Havas, le groupe choisi : « Il sera français ou américain, mais, dans réseau social de santé de Cege- d’information professionnelle. Il du marché des jeux sur ordinateur et 28 % de l’édition californien, qui réalise un chiffre d’affaires de tous les cas de figure, il devra avoir une réelle vision in- tel. » est depuis peu coleader mondial éducative électronique », affirme Mme Touraine. 3,5 milliards de francs (535 millions d’euros), vise ternationale. » de l’édition électronique en Cette nouvelle filiale, dont le siège social est basé en un excédent brut d’exploitation de 10 % du chiffre Propos recueillis par éducation, loisirs et vie pratique. Californie, emploie 3 300 personnes réparties sur d’affaires à partir de 2001. Le groupe Havas mise es- N. V. Nicole Vulser Peter Arnett, la disgrâce du surdoué de CNN NEW YORK (Nations unies) pour ses reportages, notamment guerre de l’OTAN contre la You- de notre correspondante lors de dix-sept guerres sur cinq goslavie a été refusée. « Je n’ai pas contribué à la continents. Ayant reçu, en 1966, le Malgré sa réputation solide, moindre virgule de ce reportage. » prix Pulitzer, pour sa couverture peu de ses confrères, à CNN et Avec cette phrase, désormais cé- de la guerre de Vietnam, il était ailleurs, disent regretter son dé- surtout connu pour ses cin- part. Après son article du New PORTRAIT quante-sept jours de reportage York Times pour clamer son rôle Un reportage sur l’usage live pendant la guerre du Golfe, « très mineur » dans la rédaction en 1991. Il est ensuite devenu du documentaire contesté, sa cé- du gaz sarin contre « l’ambassadeur » de CNN, parti- lèbre consœur de CNN, Chris- des déserteurs américains cipant, dit-il, à plus de mille tiane Amanpour, avait dénoncé, a scellé son sort conférences pour le compte de la dans le même journal, « l’image chaîne américaine. du journaliste abruti, qui ne fait que lire ce qu’on lui écrit ». lèbre, écrite en juillet 1998 dans le EXCUSES PUBLIQUES Né en Nouvelle-Zélande, Peter New York Times, Peter Arnett a Ses ennuis ont commencé en Arnett a commencé sa carrière scellé son sort. Pour avoir dit que juin 1998 avec la diffusion d’un comme reporter dans des jour- les journalistes de télévision «ne reportage dans lequel CNN, par la naux locaux avant de rejoindre, sont que des visages » et pour voix de Peter Arnett, affirmait que en 1964, l’agence Associated avoir nié sa responsabilité édito- l’armée américaine avait lancé du Press. Il a été un des premiers riale sur un documentaire erroné, gaz sarin contre des déserteurs journalistes embauchés par CNN diffusé par CNN, le journaliste américains dans un village du en 1981. Il est l’auteur de cinq vedette de la chaîne câblée améri- Laos en 1970. Face aux plaintes de livres ainsi que d’une douzaines caine a non seulement provoqué l’armée américaine, CNN a mené de documentaires sur les rela- la rage publique de ses collègues, une contre-enquête qui a donné tions internationales. A plus de mais il a aussi ruiné sa carrière. raison au Pentagone, obligeant la soixante ans – il refuse de divul- Dans un communiqué officiel, chaîne a présenter, publiquement, guer son âge exact –, Peter Arnett mardi 20 avril, CNN a annoncé sa ses excuses. Deux producteurs a conservé une réputation de décision de se séparer de lui, deux ont été licenciés et un troisième a play-boy. Il quitte CNN, selon des ans et demi avant la fin de son démissionné. Peter Arnett a sim- informations non confirmées, contrat. plement été réprimandé et mis à avec une indemnité de En trente-cinq ans de carrière, l’écart. En un an, il n’a présenté 500 000 dollars. Peter Arnett aura gagné la quasi- qu’un seul reportage à l’antenne, totalité des prix de journalisme et sa demande de couvrir la Afsané Bassir Pour Le numérique hertzien est sur la rampe de lancement SANS SURPRISE, le rapport rédi- viseurs et de décodeurs numériques totale de tous les émetteurs. Selon gé par Jean-Pierre Cottet et Gérard et de doubler le réseau d’émetteurs eux, câble, satellite et numérique Eymery, qui devait être rendu pu- analogiques d’un pendant numé- sont complémentaires. Là où le blic, jeudi 22 avril, par le ministère rique. Cette mise en place devrait câble est très implanté, le numé- de la culture et de la communica- coûter 3 milliards de francs sur rique terreste ne s’impose pas. La tion, donne son feu vert au numé- quinze ans (457 millions d’euros), réussite du numérique hertzien sup- rique hertzien. Ce dernier n’est selon l’évaluation de Télédiffusion pose que les fréquences disponibles qu’une étape dans la numérisation de France (TDF), opérateur du ré- ne soient pas attribuées à de nou- globale des circuits de distribution seau. Pour s’implanter, le numérique velles chaînes analogiques. Les télé- des images : câble, satellite, produc- hertzien devra trouver des pro- visions locales devront aussi y trou- tion et réalisation des images et du grammes assez attractifs pour justi- ver leur place. Toutefois, les son. Une démarche européenne. fier l’équipement des foyers. Dans conditions d’attribution des bou- Après l’Angleterre, la Suède, la Nor- un premier temps, faute de télé- quets numériques hertziens, présen- vège, l’Allemagne et l’Espagne ont spectateurs, analogique et numé- tées sous forme de tableaux dans le aussi planifié le passage au numé- rique proposeront les mêmes pro- prérapport, ne figurent plus dans la rique hertzien. grammes. mouture finale. De son côté, le Les auteurs du rapport ont identi- Le rapport souhaite un simulcast Conseil supérieur de l’audiovisuel fié trois éléments incoutournables. – diffusion simultanée en analo- (CSA) est aussi partisan du numé- La nouvelle technologie devra être gique et en numérique – des chaînes rique hertzien. Toutefois, il reven- retransmise en compagnie de l’ana- généralistes. Six fréquences natio- dique une « régulation spécifique ». logique. Une double diffusion qui nales ont été identifiées. Quatre Il pourrait aussi en attribuer les fré- perdurera pendant une quinzaine couvrent 80 % du territoire et deux quences comme il le fait pour la FM. d’années, le temps de permettre une sont limitées à 60 %. MM. Cottet et montée en charge du parc de télé- Eymery refusent une numérisation Guy Dutheil LeMonde Job: WMQ2304--0020-0 WAS LMQ2304-20 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0313 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40 ÉCONOMIE

SPQHDWV TQII RQQTDIT

SPRQ RQUW

AFFAIRES groupes allemand et italien ont TSIS Le secrétaire ment, baptisé « garantie sur poli-

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annoncé mercredi soir leur projet TQTS tiques », qui vise à aider les pays

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de fusion (lire page 17). TPIS américain au Trésor émergents à regagner la confiance

INDUSTRIE des investisseurs sur les marchés RVUT RIRT

b BOUYGUES OFFSHORE : le b AIR FRANCE : poursuite de la THTS financiers. La Banque mondiale ne RUSR RHTV SWIT propose de renforcer

groupe parapétrolier a annoncé grève à l’aéroport de Nice (lire garantira qu’une partie des em- RTQP QWWH

jeudi 22 avril la signature d’une page 18). [[[SUTT [[[ [[[le contrôle des risques prunts de ces pays, dans la limite

PS tF V wF PP eF PP tF V wF PP eF lettre d’intention avec le groupe PS tF V wF PP eF de 2 milliards de dollars pour l’ins- d’ingénierie et de construction le secrétaire tant, a indiqué un porte-parole de Indices cours Var. % Var. % ROBERT RUBIN,

anglo-norvégien Kvaerner pour FINANCE Europe 10 h 15 f se´lection 22/04 21/04 31/12 américain au Trésor, a proposé un la Banque Craig Mauro.

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acquérir 100 % des actions de b CRÉDIT AGRICOLE : interrogé EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QTUUDRH renforcement de la discipline des

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Kvaerner France. Cet accord inclut sur le projet de la BNP de se EUROPE ƒ„yˆˆ SH participants sur les marchés ainsi a GRANDE-BRETAGNE : le

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la société anciennement nommée marier avec la Société générale EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR qu’une meilleure gestion des chancelier de l’Echiquier britan-

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Sofresid reprise par Kvaerner en et Paribas, Lucien Douroux, EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ QHSDRP risques comme moyen de prévenir nique Gordon Brown a souhaité,

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1996. La finalisation de directeur général du Crédit PARIS geg RH les crises financières. « Pour conti- mercredi 21 avril, que la ré-

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l’acquisition est soumise à une agricole, estime qu’une fusion PARIS wshgeg nuer à développer un système flexion sur la réforme du sys-

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procédure d’audit des sociétés. bancaire à trois est plus complexe PARIS ƒfp IPH d’économie de marché moins vulné- tème financier international lan-

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b PECHINEY : le groupe va impossible », dans un entretien à PARIS ƒigyxh we‚gri motiver davantage les pays en déve- débouche sur des décisions

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mettre en Bourse sa Paris-Match du jeudi 22 avril. AMSTERDAM eiˆ loppement à adopter des politiques concrètes d’ici à la fin de l’année. Il

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participation majoritaire dans sa Selon lui, une fusion de deux BRUXELLES fiv PH (macroéconomiques) saines et les va proposer plusieurs mesures,

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filiale américaine, American grandes banques concurrentes en FRANCFORT heˆ QH créanciers et investisseurs des na- dont la création au sein du FMI

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National Can, producteur de France est possible sans « casse LONDRES p„ƒi IHH tions industrialisées à mieux peser d’une « cellule de surveillance » du

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boîtes pour boisson. Le montant sociale », « à condition de jouer MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi les risques », a déclaré M. Rubin respect des codes de conduite, qui

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du capital mis sur le marché n’a avec le temps ». MILAN wsf„iv QH dans un discours consacré à la ré- serait également chargée de la

UPQRDQH IDSR IDHQ pas été révélé. ZURICH ƒ€s forme de l’architecture financière coordination entre les institutions b SCOR : le groupe français de internationale. De son côté, le financières internationales. b ELF : l’intersyndicale réassurance a confirmé jeudi qu’il AME´ RIQUES Comité de Bâle, émanation de la a Le chômage a augmenté en CGT-CFDT-CGC-CFTC-FO du avait porté de 7 à 12 % sa Banque des règlements internatio- Grande-Bretagne, selon les sta- centre scientifique et technique participation dans le capital NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR naux (BRI), a encouragé les tistiques de l’Office des statis-

d’Elf Exploration Production d’Euler (groupe AGF), numéro un banques à coopérer dans la mise tiques nationales (ONS) publiées

IHSVIDE PRVWDHV

(Elf-EP) à Pau a rencontré, mondial de l’assurance-crédit. IDHT au point d’une modélisation des mercredi 21 avril. En mars, le

IHSVI PSWV mercredi 21 avril, le négociateur IDIT risques de crédit, dans un rapport nombre de demandeurs d’emplois

IHPVW PSPV André Thébault, pour évoquer le b GE CAPITAL SOVAC : la IDIR publié mercredi 21 avril. a augmenté de 2 000 (+ 5 700 en

plan social prévoyant 1320 février), à 1,314 million de per- WWWU PRSV direction de la filiale de General IDIP

suppressions d’emplois. electric spécialisée dans le a FMI : le rebond de l’économie sonnes, soit 4,6 % de la population WUHR PQVV

L’association des actionnaires financement aux particuliers a IDIH brésilienne pourrait être plus vi- active.

WRIP PQIV

salariés d’Elf Aquitaine (ADIAS) a annoncé, mercredi 21 avril, qu’elle IDHV goureux que prévu par le Fonds a Le nombre d’entreprises ayant

WIPH PPRV

dénoncé « l’incompréhensible mise allait soumettre aux représentants IDHT (FMI), a

[[[ [[[ [[[monétaire international déclaré faillite en Grande-Bre-

PP tF V wF PI eF PP tF V wF PI eF en péril de l’activité pétrolière » du du personnel un plan social qui PS tF V wF PP eF estimé, mercredi 21 avril, son di- tagne a bondi de 24 % au cours groupe. pourrait concerner 160 personnes. recteur général, Michel Camdes- des trois premiers mois de l’année, Indices cours Var. % Var. % Ame´rique 10 h 15 f se´lection 21/04 veille 31/12 sus, à Washington. « La force de la selon une étude publiée mercredi

b réaction montre que le rebond de 21 avril par le cabinet d’audit in- IHSVIDRP IDPU ISDPS SFIM : la direction du groupe E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

filiale RÉSULTATS l’économie dessine un V avec un ternational KPMG Corporate Re- IQQTDIP PDPW VDUH d’électronique de défense, E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

de la Sagem, a annoncé un plan a la filiale angle encore plus aigu que nous le covery. Selon KPMG, 304 sociétés PRVWDHV QDQH IQDSP EUROP ASSISTANCE : E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

social concernant la suppression des italiens Generali (56 %) et Fiat prévoyions », a dit M. Camdessus, ont été mises en liquidation entre UHIWDUU IDQT VDPQ TORONTO „ƒi sxhiˆ

de 442 postes (sur 1 200) sur le site (40 %), a annoncé, mercredi soulignant également que l’infla- janvier et mars 1999, contre 246 au ± IHWVWDHH IDVS TIDWV SAO PAULO fy†iƒ€e

de Massy-Palaiseau (Essonne). La 21 avril, un résultat net consolidé tion devrait tourner autour de 10 à cours du dernier trimestre de 1998, ± QHVDTU HDVI QPDUU MEXICO fyvƒe

CFDT et la CGT s’opposent à ce en baisse de 19,6 % en 1998, à 12 % à la fin de l’année. soit une augmentation de 24 %. SIIDRP IDSQ IVDWP BUENOS AIRES wi‚†ev

plan dont les mesures de 5,15 millions d’euros (33,8 millions ± IPUDSH QDRT TSDSV SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

± RWWPDWP HDUP RDPU reclassement sont insuffisantes, de francs). Le résultat avait bondi CARACAS ge€s„ev qixi‚ev a FRANCE : la « modération » a HONGRIE : la Hongrie a déci- selon les syndicats. de 48 % en 1997. Le chiffre d’af- salariale demeure « nécessaire dé de réduire le taux de dévalua- faires a augmenté l’an dernier de pour préserver la compétitivité tion de la monnaie nationale, le b FORD : le constructeur 15 % à périmètre comparable à ASIE - PACIFIQUE de l’économie française », es- forint, en juillet et en octobre pro- automobile américain va arrêter 351 millions d’euros (2,3 milliards time la Banque de France, dans chains, de 0,1 % chaque fois, ont pendant 17 jours la production de de francs). TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng ¤URO / YEN son bulletin mensuel publié mer- annoncé le ministre des finances,

son usine britannique de credi 21 avril. La hausse salariale, Zsigmond Jarai, et le président de ITTTSDVV IPUDTW

Dagenham, près de Londres, en a SABIC : Après avoir enregistré IPWQQDSR conjuguée à un « ralentissement la Banque nationale, Gyoergy Su- ITVSS IQR

raison d’une baisse des un recul de 56 % de son résultat IPWQQ des gains de productivité » (seule- ranyi, mercredi 21 avril à Buda- ITPTR IQP

exportations. en 1998, la Saudi Basic Industries IPITP ment 1 % au troisième trimestre pest. Actuellement, la dévaluation

ISTUQ IQH

Corporation (SABIC), une des IIQWP 1998), a été à la base d’une nette du forint intervient chaque mois à

ISHVI IPV

b MARUBENI : le groupe plus importantes entreprises pé- IHTPI reprise des coûts unitaires sala- hauteur de 0,6 %. « Cette réduction

IRRWH IPU japonais de négoce trochimiques au monde, a annon- WVSH riaux. Ces coûts ont progressé de du taux de dévaluation est devenue

jeudi cé une chute de 73 % de son béné- 1,1 % au troisième trimestre 1998 possible par le niveau bas de l’infla- IQVWW IPS international a annoncé WHUW

22 avril qu’il entendait consacrer fice au premier trimestre à [[[ [[[ [[[sur un an. tion et une évolution favorable de

PP tF V wF PP eF PS tF V wF PP eF

environ 5 milliards de yens 224 millions de rials saoudiens PP tF V wF PP eF la balance extérieure », a dit (38 millions d’euros) au cours des (environ 50 millions d’euros). Indices cours Var. % Var. % a PAYS ÉMERGENTS : la Ban- M. Suranyi. Zone Asie 10 h 15 f

deux prochaines années pour se´lection 22/04 21/04 31/12 que mondiale va garantir des

ITTTSDVV IDHR PHDRH

acquérir des distributeurs français a MITSUKOSHI : la plus presti- TOKYO xsuuis PPS emprunts d’Etat sur les marchés a ROUMANIE : le gouverne-

IPWQQDSR QDII PVDUI

d’engrais et de produits gieuse des chaînes de grands HONGKONG rexq ƒixq financiers émis par les pays ment roumain a signé, mercredi

HDHH FFFF QQDUU SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

phytosanitaires. magasins japonais a continué de émergents à condition que ceux- 21 avril, une lettre d’intention

± VTDVU HDPH QQDUU SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

s’enfoncer « dans le rouge », avec ci appliquent des réformes struc- avec le Fonds monétaire inter-

QIIVDQH IDTQ IHDVR SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ

une perte nette consolidée de turelles et sociales. Le conseil national (FMI) sur un accord de

QHDQU IDUV IVDPT

SERVICES 11,4 milliards de yens (88 millions ƒi„ d’administration de l’institution prêt de 500 millions de dollars, a

± QRIQDWS IDRT IIDUQ BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

b DEUTSCHE d’euros) pour l’exercice achevé de développement a adopté, mer- annoncé à Bucarest le premier mi-

PPPSDII IDPS UDUR WELLINGTON xƒiERH TELEKOM/TELECOM ITALIA : les fin février. credi 21 avril, ce nouvel instru- nistre, Radu Vasile.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 21/04

HDISPRS UDRQPT FRANC...... TDSSWSU ¤URO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDPSTH DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

Action SAP PARIS NEW YORK ´ QDQVUUR VDWHSH LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

` QDWRPQV QUDUWU SAP : les bénéfices PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

en euros à Francfort L’INDICE CAC 40 de la Bourse de LE DOW JONES, indice vedette de

QDPUIWH IDTQRW

Paris s’inscrivait en hausse de 1 % à la Bourse de New York, a terminé ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDSUUS

d’un changement SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

´ ´ VDQPVWR IDWQSV 4 334,60 points jeudi 22 avril à mercredi 22 avril en hausse de PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

321 ´ ´ PDWUTTH QPTDPH FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

le 22 avril l’ouverture, au lendemain d’une 1,27 %, au niveau record de IDTPTHU PSHDPI 380 RDHQQWW

comptable journée de modeste hausse. Mer- 10 581,42 points, et l’indice compo- FRANC BELGE (10) ...... FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS .. IDIHQPR RDPSPP MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... LES ANALYSTES s’attendaient à un credi 21 avril, le CAC 40 avait fini à site Nasdaq a gagné 3,26 % à recul d’au moins 30 % des résultats 4 291,60 points, enregistrant une 2 488,29 points. Grâce à sa troi- trimestriels de SAP. Lorsque l’éditeur progression de 0,9 %, entraîné par sième plus forte hausse en termes Cours de change croise´s allemand de logiciels a annoncé, mer- 340 le marché américain comme par le de points de son histoire, le Nas- Cours Cours Cours Cours Cours Cours 22/04 10 h 15 f ¤

credi 21 avril, une hausse de 22 % de rebond des valeurs technologiques daq a complètement enrayé la DOLLAR YEN(100) URO FRANC LIVRE FR. S. DOLLAR ...... FFFF HDVQQSV IDHTRUS HDITPQP IDTHTSS HDTTRTU

son chiffre d’affaires, à 1,08 milliard et des télécoms. perte de 5,6 % essuyée lundi (lire

YEN ...... IIWDWTSHH FFFF IPUDTWSHH IWDRUSHH IWPDUQHHH UWDUQSHH d’euros (7,08 milliards de francs), et aussi p. 17). ¤URO...... HDWQWIW HDUVQIP FFFF HDISPRS IDSHWUS HDTPRPS

un bénéfice net stable à 98 millions 300 FRANCFORT FRANC...... TDITHTS SDIQSWH TDSSWSU FFFF WDVWVQS RDHWSPH

d’euros, la performance a été large- LIVRE...... HDTPPRS HDSIVWH HDTTPQS HDIHIHS FFFF HDRIQUH FRANC SUISSE ...... IDSHRSH IDPSRIH IDTHIQS HDPRRIS PDRIUHS FFFF ment saluée. La veille, un de ses JEUDI 22 AVRIL, l’indice DAX de TAUX la Bourse de Francfort a ouvert en concurrents, PeopleSoft, avait affiché LE RENDEMENT de l’obligation hausse, gagnant 0,57 % à une chute de 78 % de son bénéfice assimilable du Trésor français Taux d’inte´reˆt(%) Matif trimestriel. L’action SAP a grimpé de 260 5 205,32 points. La veille, l’indice émise à dix ans s’inscrivait à 3,94 % J F M A du marché des actions allemandes Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier 17,58 %, à 321 euros, à Francfort, jeudi 22 avril lors des premières Taux 21/04 f Cours 10 h 15 f

avait pris 1,45 % à 5 175,57 points, j. j. 3 mois 10 ans 30ans 22/04 prix prix

1999 transactions. Celui du bunds alle- Notionnel 5,5 PDRQ QDWR RDVS contribuant à une hausse de 1,45 % FRANCE ...... PDRR

WTDPV WTDIV

Source : La Tribune/Datastream influencé par la nette reprise de JUIN 99...... RPIQ PDSH QDVQ RDVH

du DAX, l’indice de référence de la mand de même échance s’établis- ALLEMAGNE .. PDRT

SDHV RDRU RDRP

place boursière allemande. liste des valeurs technologiques des Wall Street et les bons résultats sait à 3,84 %. Dans une interview GDE-BRETAG. SDUS Euribor 3 mois

IPT WUDRI WUDRH PDWH RDHV SDHT

d’entreprises en Allemagne. ITALIE...... PDWQ JUIN 99......

HDHV IDRV FFFF Ces résultats, selon les analystes, investisseurs internationaux, a choisi donnée à Reuters Television, Mi- JAPON...... HDHW

´ RDQU SDIR SDSH

prouvent la bonne résistance du d’abandonner les normes allemandes chel Camdessus, le directeur géné- ETATS-UNIS... RDST

HDVI PDRH QDUV

groupe allemand. Alors que le mar- pour adopter les références améri- ral du FMI, a jugé que la Banque SUISSE...... HDPV Pe´trole PDSU QDWU RDVU LONDRES PAYS-BAS...... PDRT ché des logiciels, vivant sous le caines US GAAP. Ces méthodes centrale européenne devrait envi- de la Bourse Cours Var. % L’INDICE FOOTSIE En dollars f spectre du bogue de l’an 2000 et comptables lui permettent d’enregis- de Londres a clôturé la séance sager une nouvelle baisse des taux 21/04 veille

d’intérêt si le contexte écono- FFFF

d’une relative saturation, donne des trer, par exemple, 40 millions d’euros mercredi 21 avril en légère baisse. Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... ISDVW

FFFF

signes évidents de faiblesse depuis six supplémentaires dans son chiffre mique le justifiait. Mercredi, WTI (NEW YORK) ...... IUDUV

Les opérateurs étaient partagés Cours Var. % HDTU En dollars f LIGHT SWEET CRUDE .... IVDHS mois, SAP semble y échapper, au d’affaires et un bénéfice exceptionnel sur l’évolution des future des taux outre-Atlantique, le rendement de 21/04 veille

moins partiellement. Ses ventes aux de 15,5 millions, à la suite d’une re- d’intérêt en Grande-Bretagne l’obligation du Trésor émise à ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDRP

Etats-Unis et en Asie sont peu vigou- prise de provisions. après la publication de statistiques trente ans avait grimpé à 5,52 %. CUIVRE 3 MOIS...... ISQQDS Or

±

HDQV

reuses. En revanche, en Europe, son Sans ces résultats exceptionnels, «le ALUMINIUM 3 MOIS ...... IQIU ± HDPV

contradictoires. Le FTSE−100 a PLOMB 3 MOIS ...... SPVDS

Cours Var %

± HDIV SRIH ¤

principal marché, il affiche une crois- résultat trimestriel aurait diminué perdu 0,14 % à 6 311 points. ETAIN 3 MOIS ...... En uros f 21/04 20/04

± HDHS

sance de 36 %, à 529 millions d’euros, d’environ 29 %, comme le craignaient MONNAIES ZINC 3 MOIS...... IHQSDS

C

HDPQ

OR FIN KILO BARRE ...... VTHH

± HDPW

NICKEL 3 MOIS ...... SIQH

± IDIT

les clients européens, moins sensibles les analystes », estime David Clayton, son nouveau plus bas his- OR FIN LINGOT...... VSPH

APRÈS ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

± HDQW

à l’an 2000 et aussi moins équipés, un analyste de Crédit Suisse First TOKYO torique de mercredi à 1,0576 dol- ONCE D’OR (LO) $ ...... PVQDPS ± HDIH

ARGENT A TERME ...... SDIU

` C HDVI

PIECE FRANCE 20 F...... SH

± HDTV

de la Bourse de lar, l’euro reculait jeudi matin PLATINE A TERME ...... VITHPDSQ hésitant moins à acheter des maté- Boston. SAP assure que les change- ` ± HDUU L’INDICE NIKKEI PIECE SUISSE 20 F...... SIDUH

´ ` ± HDRH

riels et logiciels informatiques que ments de méthodes comptables au- Tokyo a terminé jeudi 22 avril en 22 avril à 1,0654 dollar contre GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 F . SHDRH

´ ±

HDRW PST ` FFFF

leurs homologues américains. ront un très faible impact sur ses ré- hausse de 1,0 % pour clôturer à 1,0675 dollar mercredi soir. Toute- BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PUH

± PPQ HDRS ` ± IDRU MAI¨S (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... RTV

IQQDR FFFF ` ± HDPQ Mais, au-delà des ces efforts sultats annuels. La direction prévoit 16 665,88 points. Les investisseurs fois, face au yen, l’euro s’appré- SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QPIDPS

commerciaux, les résultats de SAP toujours une croissance de 20 % à ont racheté les valeurs de haute ciait à 127,98 yens contre SOFTS $/TONNE

± IHRQ

doivent aussi beaucoup au change- 25 % de ses ventes cette année. technologie qu’ils avaient vendu 127,83 yens. Le billet vert progres- CACAO (NEW YORK)...... HDVT

´ FFFF CAFE (LONDRES) ...... IRVH Cotations, graphiques et indices en temps

ment de méthodes comptables. les jours précédents en réaction à sait également face à la devise ni- FFFF SUCRE BLANC (PARIS) ... IUT re´elsurlesiteWebdu«Monde». L’éditeur allemand, qui figure sur la Martine Orange la chute du Nasdaq. ponne à 120,13 yens. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ2304--0021-0 WAS LMQ2304-21 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0314 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / 21

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QTUUDRH

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QTSTDIT QUHSDTQ QHRDRT

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b L’action Banco Popular a grim- naires de la septième banque espa- PUQ QTRPDWW

PWRI pé de 2,8 %, à 64,25 euros, mercredi gnole ont donné leur accord pour PSQ QHPDRS

21 avril, après que la quatrième limiter les droits de vote des action- QTUUDRH QHIDSI PTVH PQP QHSDRP

banque espagnole eut annoncé que naires à 12,5 %, afin de protéger la QTIQDWT

PRIW

ses profits au premier trimestre société contre une OPA hostile. PIP [[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt PP e†‚sv PI yg„F PP e†‚sv †vwwt 1999 se sont améliorés de 4,2 %, à b La valeur Nokia a gagné mercre- QH e†‚sv PI yg„F PP e†‚sv 18,3 milliards de pesetas, soit dans di 6,8 %, à 70,25 euros après que le

e C ± SDR PDVT hu WRDWI FFFF qf IRDUR IDVP le haut de la fourchette des anti- numéro un des téléphones mobiles FINNAIR ps CHR. HANSEN HLD SMITHS IND PLC

e ASSURANCES e C ± PDQR HDTS ps IUDRS FFFF p‚ IHI PDSR

cipations des analystes financiers. eut annoncé une augmentation G WIMPEY PLC qf CULTOR -1- STMICROELEC SIC

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b La valeur Telefonica s’est appré- de ses revenus au premier trimes- GRANADA GROUP P DANISCO AGF /RM p‚ TANDBERG DATA A

e e e C C C p‚ UQDR HDPU p‚ PSI HDTR e p‚ PWDQ IDWI ± IHDWS HDWH HERMES INTL DANONE /RM ALLEANZA ASS s„ THOMSON CSF /RM

ciée, mercredi en clôture, de 2 %, à tre 1999 de 24 %, à 418 millions e e s„ HDTQ FFFF q‚ IRDQV FFFF hu TQDWI FFFF C PWIDS IDSU HPI DELTA DAIRY ALLIANZ AG hi WILLIAM DEMANT

e C C xv QQDT FFFF qf IHDTQ HDRQ RIPDVU QDIP C IPDPW PDIR 41,51 euros. Les négociations entre d’euros. HUNTER DOUGLAS DIAGEO ALLIED ZURICH qf f DJ E STOXX TECH P

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± xv PUDV HDUI q‚ IWDQI FFFF IRDTU FFFF

Deutsche Telekom et Telecom Ita- b Le titre ENI a pris 1,7 %, à KLM ELAIS OLEAGINOU ASPIS PRONIA GE q‚

e ± e qf RDSS FFFF p‚ IQTDS HDUQ C IPHDQ IDHW LADBROKE GRP ERID.BEGH.SAY / AXA /RM p‚

lia en vue de leur rapprochement 6,09 euros mercredi. La troisième e C IHDIR HDPH qf QDTU FFFF p‚ SERVICES COLLECTIFS C IRDPI HDQP MOULINEX /RM GREENCORE GROUP CGU qf

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xy PDSI FFFF xv RTDS HDII e PQDIU FFFF ont fait resurgir des anticipations compagnie pétrolière en Europe a p‚ NCL HLDG HEINEKEN C IHDTQ HDIR CNP ASSURANCES ANGLIAN WATER qf

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de réorganisation de l’industrie des reçu l’accord des autorités li- CORP.MAPFRE REG BRITISH ENERGY qf

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télécommunications en Europe. byennes pour lancer un plan d’ex- e

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b L’action BPI SGPS a cédé mer- ploitation d’un site de gaz naturel C e hi RW IDTT qf IPDSI FFFF SDIT FFFF s„ e PREUSSAG AG KERRY GRP-A- C QIIDW IDPU FONDIARIA ASS ELECTRABEL fi

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ELSEVIER xv

FFFF FFFF e qf

C ______

PIDQ IDTU

xv ZENECA GROUP

ABN AMRO HOLDIN C

RPDII HDPU

INVESTOR -A- ƒi e C

RHDQ HDUS

CMB fi e ± IUUDS HDIU

HAVAS ADVERTISI p‚

C

QUWDR IDHU

±

IRDUW HDVI

qf f DJ E STOXX PHAR P

ALLIED IRISH BA C

RPDWH HDPT

INVESTOR -B- ƒi

C

PRDIW IDIR

CMG qf e

RDU FFFF

INDEPENDENT NEW s‚ NOUVEAU

q‚ TPDQS FFFF

ALPHA CREDIT BA C

IVDSQ IDQP

KVAERNER -A- xy

PDTP FFFF

qf e

COOKSON GROUP P C

QPDRW IDSW

e LAGARDERE SCA N p‚

C

PP IDVH

iƒ e ARGENTARIA R C

PQWDP HDSH

LVMH / RM p‚

UUQTDIW FFFF

hu ´

e

DAMPSKIBS -A- C VDHV HDSH

e MEDIASET s„ MARCHE

ITDRS FFFF

BPINTOMAYORR €„ ´

IPDSI FFFF

MYTILINEOS HOLD q‚ ENERGIE

C

hu VHUPDSS IDTW

DAMPSKIBS -B- C

IWDRI PDHU

e PEARSON qf

€„ IHDRU FFFF

BANCO ESSI R C

RIDUW HDVV

NORSK HYDRO xy

xy IHDSR FFFF hu IISUHDTS FFFF

AKER MARITIME DAMSKIBS SVEND C

VDIV HDUS

e REED INTERNATIO qf Cours % Var.

C

e„ SUDTR IDIW

BANK AUSTRIA AG C

IQUDSH HDPQ

OERLIKON-BUEHRL gr 22/04 10 h 26 f ¤

C C

SDRT HDPV qf PDTR SDRS qf en uros veille

BG DELTA PLC C IPDVW PDTT

REUTERS GROUP qf

C

qf IVDUQ HDRI

BANK OF IRELAND C

ISDST IDWV

ORKLA -A- xy

C C

ITDUH HDRT xy UDWW IDSR

BP AMOCO qf DET SONDENFJ NO IPDRV FFFF

SCHIBSTED xy

q‚ PRDVH FFFF

BANK OF PIRAEUS C

IQDVI QDIU

ORKLA -B- xy

C ±

qf ITDTP HDSR qf VDQR TDQV

BURMAH CASTROL ELECTROCOMPONEN C AMSTERDAM

QDWU PDQR

e TELEWEST COMM. qf

C

QTDTW HDTT

BANKINTER R iƒ e

QQDWW FFFF

SONAE INVESTIME €„ e e C C

QIDPR HDIT hi UV IDQH

CESPA iƒ EQUANT NV e ± ±

p‚ IVT HDPU PRDI

TF1 AIRSPRAY NV QDRI

±

PVDSP HDSQ

qf e BARCLAYS PLC C

SHDP HDWH

VEBA AG hi e e

± ±

IIRDW HDPT ps PUDS HDQT

ELECTRAFINA fi FINNLINES ±

qf VDVH HDVS

FFFF

e UNITED NEWS & M ANTONOV HDTQ C hi SW PDHV

BAYR.HYPO-U.VER C

HDPW

f DJ E STOXX CONG P PQWDTU e C

C

xv ITSDR IDSQ

PDVU IPDSS

Â

A

e @€u˜li™ite WOLTERS KLUWER C/TAC C SDRV HDIV

BCA FIDEURAM s„

C

qf UDVI IDWV FFFF

e WPP GROUP CARDIO CONTROL VDWS C SDS IDIH

BCA INTESA s„

C C

QISDPI HDUQ

HDQV

e f DJ E STOXX MEDIA P CSS IQDPS C IDTI IDPT

BCA ROMA s„ TE´LE´COMMUNICATIONS

C

TDQ

e HITT NV HDVH C

IRDTT HDTW

BCO BILBAO VIZC iƒ

C

qf ISDIR PDHR

± IWDV

e BRITISH TELECOM INNOCONCEPTS NV IDWV C

TRDUS HDUV

BCO POPULAR ESP iƒ

C qf IIDWV IDSR

FFFF

e CABLE & WIRELES BIENS DE CONSOMMATION NEDGRAPHICS HOLD ITDVS C

PHDVU IDIT

iƒ http://www.lemonde.fr

BCO SANTANDER C

e

± hi QS PDTR

FFFF

DEUTSCHE TELEKO e PDPS C POLYDOC

QTDPS IDSR e xv PTDHS FFFF

BCP R €„ AHOLD

ƒi VTDPR FFFF C

VRDS

EUROPOLITAN HLD HDQH

C PROLION HOLDING PDWQ PDTT e qf C

UR PDHU

BNP /RM p‚ ASDA GROUP PLC

e C

p‚ USDW IDSR

C

QDIP

FRANCE TELECOM RING ROSA TDT

IUDRU FFFF e q‚ WI FFFF

CCF /RM p‚ ATHENS MEDICAL

q‚ IWDWQ FFFF

C

IHDTU

HELLENIC TELE ( e RING ROSA WT HDVQ ± e„ SVDII HDSH C

QDUR IDQI

CHRISTIANIA BK xy AUSTRIA TABAK A

e C

xv RIDP IDRV

± IPDU

KONINKLIJKE KPN e UCC HOLDING NV IDSS ±

TTDS HDPR e hi C UDRQ HDPU

COMIT s„ BEIERSDORF AG

FFFF FFFF

CAMDEN NATIONAL q‚ e C p‚ RT IDSS

ISQDSW FFFF

COMM.BANK OF GR q‚ BIC /RM

e

RHDHS FFFF

PORTUGAL TELECO €„

C

UDVI HDQW e qf C

PWDW IDHI

COMMERZBANK hi BRIT AMER TOBAC

C

QPH IDWW

SWISSCOM N gr e BRUXELLES C

p‚ WQDW HDTR C

WTDQP HDVQ

DEN DANSKE BK hu CASINO GP /RM

C

WVDPP HDWU

TELE DANMARK hu La Bourse au quotidien :

± gr IRQIDPS IDVH PDI FFFF C

QDST IDHQ

DEN NORSKE BANK xy CFR UNITS -A- ENVIPCO HLD CT

e

IRW FFFF

TELECEL €„ e p‚ STR FFFF e PRDP FFFF C

RWDVS PDVW

DEUTSCHE BANK A hi CPT MODERNES /R FARDEM BELGIUM ABC

e C

IHDHS HDVH

TELECOM ITALIA s„ e C fi VSDS IDQH FFFF e QDV C

IRVDS HDRI

DEXIA CC fi DELHAIZE INTERNOC HLD

e C

SDHW IDVH

TELECOM ITALIA s„ e p‚ QHT FFFF FFFF e l’actualité des entreprises IQDTW

±

IQHDU HDTI

DEXIA FCE RM p‚ ESSILOR INTL /R INTL BRACHYTHER B

e C

RIDV HDUH

TELEFONICA iƒ e C fi TUQ HDIS e IPDSP FFFF C

QUDP IDQT

DRESDNER BANK hi ETS COLRUYT LINK SOFTWARE B

e

± SDTW HDIV

TIM s„

qf PDHW FFFF PDQS FFFF

UVDUW FFFF

ERGO BANK q‚ FYFFES PAYTON PLANAR

C

ITDVV QDWP

VODAFONE GROUP qf e C

fi QSDR IDUP e VDQ FFFF SUS FFFF

FIRST AUSTRIAN e„ les cotations en direct GIB SYNERGIA

± HDPS

f DJ E STOXX TCOM P TRRDPU

q‚ PQDIH FFFF C PRDHQ PDTR FOERENINGSSB A ƒi GOODYS

± qf WDHP HDSH WDHV FFFF FOKUS BK xy IMPERIAL TOBACC

e ±

ps IQDU HDQT C

IQDQP HDWP

HALIFAX qf les informations financières... KESKO OY FRANCFORT

CONSTRUCTION e C p‚ TIU PDQP C

QRDSR PDPW qf L’OREAL /RM C IQP

HSBC HOLDS 1&1AG&CO.KGAA IDSR

e

IVDUS FFFF e €„ C

iƒ RVDT IDVP SQDVW FFFF

q‚ MODELO CONTINEN ACCIONA ± PIQ IONIAN BK REG.S AIXTRON IDTP

IRDQS FFFF e q‚

C iƒ IPDII HDIU UQDQQ FFFF hu PAPASTRATOS CIG FFFF

JYSKE BANK REG ACESA REG AUGUSTA BETEILIGUN TIDS

e

C

p‚ THRDS IDTH

± q‚ IRDWT FFFF QRDQI HDQW

hu PROMODES /RM AKTOR SA C QI

KAPITAL HOLDING BB BIOTECH ZT-D IDTR

C

IHDTP IDTH e e qf C

ps IS FFFF THDRS PDHQ

fi RECKITT & COLMA ASKO OY C IVDQ

KBC BANCASSURAN BB MEDTECH ZT-D HDVQ

C RDHS IDSP e qf

iƒ PHDSS FFFF IRDTV FFFF

qf SAFEWAY FFFF

LLOYDS TSB AUMAR R BERTRANDT AG TW

C

TDPS IDWV

e e qf C

s„ TDVU FFFF SDIV HDSV

ps AUTOSTRADE SAINSBURY J. PL FFFF

MERITA e BETA SYSTEMS SOFTW IRDUS

± ±

IQSDP HDTT qf PDTS IDIQ

ELF AQUITAINE / p‚ FKI e C

SUDPS HDQS e p‚ C

s„ SDS IDIH TIDQI FFFF

q‚ SEITA /RM

BCA INTESA C PDTW

NAT BANK GREECE e CE COMPUTER EQUIPM IUIDS

± C

s„ TDHV HDIT

PIDIP HDTR

ENI FLS IND.B hu

C

PDSS HDTH

e qf C

qf IDTP HDWR SHDI FFFF

p‚ SMITH & NEPHEW

C

RHR

NATEXIS BICC PLC CE CONSUMER ELECTR PDPS

C

TDRV IDRQ

qf e

± QVDT HDHV

ENTERPRISE OIL FLUGHAFEN WIEN e„

±

qf QDQS HDRS

± ± qf TDIQ IDWR PPDPS HDTI

qf STAGECOACH HLDG

BLUE CIRCLE IND C HDRT

NATL WESTM BK CENIT SYSTEMHAUS PPH

C

xy VDQT PDWW

C

ITDVI HDQT

F.OLSEN ENERGY GKN qf e

C

IUDV HDQW e iƒ C

C

SDSW IDRQ p‚ PPSDW QDQW

ƒi TABACALERA REG

C

IPQ

NORDBANKEN HOLD BOUYGUES /RM DRILLISCH HDVP

C

qf PDPV PDHR

LASMO C QDQS HDWI

GLYNWED INTL PL qf e

RDI FFFF e ps

± ± qf RDVV PDRP

PPDS HDRR

s„ TAMRO

C

QRH

ROLO BANCA 1473 BPB e EDEL MUSIC E 98 IDIW C

WR HDWV

OMV AG e„

VDQP FFFF

HALKOR q‚

C

qf PDWR RDQH

± qf PDPI FFFF

PIDPS HDIR

qf TESCO PLC

CARADON C STDS

ROYAL BK SCOTL e ELSA IDHU

C

SQIDS PDQI

PETROFINA SA BR fi

C

WDWH HDTP

HAYS qf e ±

PRDW HDPH e xv C C

fi VW IDIR IPDHP IDWH

ƒi TNT POST GROEP

±

VUS

S-E-BANKEN -A- CBR EM.TV & MERCHANDI HDII

C

IRDQS SDQQ

PETROLEUM GEO-S xy e C

hi STDW PDSP

C

IDII e HEIDELBERGER DR RWHDP C

qf TDRS FFFF

ITHDS PDIT

p‚ f DJ E STOXX N CY G P

FFFF

STE GENERAL-A-/ CHARTER e EUROMICRON PS C

TUDPS HDHU

PRIMAGAZ /RM p‚

PIDPI FFFF

e q‚

C HELLAS CAN SA P €„ PSDTT FFFF ƒi QRDIR IDSH

CIMPOR SGPS R C IDPQ

SV HANDBK -A- GRAPHISOFT NV ITDS

C

UDSI QDQQ

PROSAFE xy e

QDT FFFF

e s„ C ±

IUS HDHT p‚ IFIL

gr QISDTQ QDUH

± ISU

UBS REG COLAS /RM e HOEFT & WESSEL HDTQ

RSDQ FFFF

REPSOL iƒ

C

RDUS HDQP

e qf C COMMERCE DISTRIBUTION ±

qf IVDWH HDRH

RDWU IDPP s„ IMI PLC

C

IHTDS

UNICREDITO ITAL CRH PLC e HUNZINGER INFORMAT PDQW

±

SIDV HDPW

ROYAL DUTCH CO xv

e C C C hu SUDWI QDPP

iƒ SH HDRH

hu SWDVU IDIR

C ISS INTL SERV-B C QDVR IDTI

CRISTALERIA ESP qf PSW

UNIDANMARK -A- ARCADIA GRP INFOMATEC IDWU

±

IHDSR HDSU

SAGA PETROLEUM xy

e

± hu WWDST FFFF iƒ QPDI HDPV

q‚ PUDPS FFFF C

KOEBENHAVN LUFT C QDVH IPDRV PDRW PQP

XIOSBANK DRAGADOS CONSTR e BOOTS CO PLC qf INTERSHOP COMMUNIC

±

RDHR IDRT

SAIPEM s„

e

C e iƒ STDWS FFFF

PVIDW IDHU ± PSDS HDUV

xv e

f C USH HDPH IWS FFFF

DJ E STOXX BANK P FOM CON CONTRAT KON.NEDLLOYD CARREFOUR /RM p‚ KINOWELT MEDIEN

C

TDTU PDHW

SHELL TRANSP & qf

e

± e p‚ VU IDIR

± e ps WWDIT HDVR C ± PIPDW HDHS GROUPE GTM p‚ RDIH

KONE B CASTO.DUBOIS /R LHS GROUP QQ

IIDVI FFFF

SMEDVIG -A- xy

± VDUP IDPH

qf e e C C

± hi RS PDIU QDTP IVDTS HDSR IRQ

HANSON PLC e LAHMEYER CENTROS COMER P iƒ LINTEC COMPUTER

±

IIWDI HDTU

TOTAL /RM p‚

e C

TTDR HDTI

PRODUITS DE BASE hi e

e C ± PQDV HDRP

HEIDELBERGER ZE iƒ SDR FFFF PPS HDIV

LEGRAND /RM p‚ CONTINENTE LOESCH UMWELTSCHUT

±

HDPQ

f DJ E STOXX ENGY P PVPDPQ

q‚ WDWT FFFF C

PHDQP SDIH HELL.TECHNODO.R qf QU FFFF q‚ UPDHR FFFF IIDWW FFFF ALUMINIUM GREEC LEIF HOEGH xy DIXONS GROUP PL MENSCH UND MASCHIN

PPDVR FFFF

q‚ e C C hi RRDR HDWI IWQ HERACLES GENL R e RDHR ± C qf PDTS HDSU THS PDSR

ARJO WIGGINS AP LINDE AG hi GEHE AG MOBILCOM

e

C

hi QRDV HDVU

C ± IIDIP HDSS HOCHTIEF ESSEN qf IVDHS HDVP

±

PHDPI HDSS ƒi e C QHDS IDTU

ASSIDOMAEN AB SERVICES FINANCIERS MAN AG hi GREAT UNIV STOR MUEHL PRODUCT & SE

±

PSPDSH QDVI

gr e

C

± IQHDS HDQV HOLDERBANK FINA p‚ TPDS HDRV ± QDWW HDVR

ƒi e C GUILBERT /RM MUEHLBAUER HOLDING IIWDW HDPW

AVESTA MANNESMANN AG hi

±

qf IHDQI HDVU

± IIUS HDSQ gr 3I

e C C ƒi VTDTW FFFF QUDW HOLDERBANK FINA IDHU

RTH HDRR

BEKAERT fi e HENNES & MAURIT PFEIFFER VACU TECH ±

IVDQS HDVI

METALLGESELLSCH hi

e C

e fi TRDS IDIV

±

IIV IDQR p‚ ALMANIJ e

QHDT FFFF IMETAL /RM €„ IIS FFFF

RDTH FFFF

BILTON qf e JERONIMO MARTIN PLENUM

IWDSS FFFF

METRA A ps

e q‚ QIDPU FFFF

±

IHDT HDWQ

s„ ALPHA FINANCE e

e C ±

hi RII IDPQ TVDS ITALCEMENTI HDUP ± SPDW IDIH

BOEHLER-UDDEHOL e„ KARSTADT AG PSI

C

RDQP PDSP

MORGAN CRUCIBLE qf

e qf WDPS FFFF

± RDSI HDVV s„ AMVESCAP C

C C qf IPDPI RDPU TVDW ITALCEMENTI RNC PDPQ

PDPW PDUP

BRITISH STEEL qf KINGFISHER QIAGEN NV

C

PDPT IDQT

e NFC qf

C

e p‚ IPRDS HDVW

± WS HDVW

p‚ BAIL INVEST /RM

e C C TDWV PDRS LAFARGE /RM qf QHDS FFFF IVDR HDSS

BUHRMANN NV xv MARKS & SPENCER REFUGIUM HOLDING A

C

TVDTP HDWW

e NKT HOLDING hu

€„ PRDWV FFFF

VDIW FFFF

q‚ BPI-SGPS R e C

C hi TSDP IDRV FFFF MICHANIKI REG. IQ

RDRI HDQR

BUNZL PLC qf METRO SACHSENRING AUTO

±

IRDQQ HDQP

OCEAN GROUP qf

e ± qf VDRP HDVW

± IHDP IDRS

ps BRITISH LAND CO

e C IIDTV HDQW PWDW FFFF PARTEK qf ± TDTS HDQH

CART.BURGO s„ NEXT PLC SALTUS TECHNOLOGY

C

IRDII IDHW

PENINS.ORIENT.S qf

e qf SDVP FFFF

C

IRS HDQS hi CAPITAL SHOPPIN e C

± ISHDP HDRU PHILIPP HOLZMAN p‚

SWDV RDWQ ± ISDTQ PDPU

ELKEM ASA, OSLO xy PINAULT PRINT./ SCM MICROSYSTEMS

± QDVI QDHW

e PREMIER FARNELL qf

±

fi TTDS HDRS

IDPI FFFF qf COBEPA e C

± s„ UDRS IDPP QURDHI PILKINGTON PLC IDHT

IIDPV FFFF

ELVAL q‚ RINASCENTE SER SYSTEME

C

IVDWH HDWU

e qf

± RAILTRACK iƒ IRQDI IDIU

± IRDIV HDSQ e qf CORP FIN ALBA - e IV FFFF SDV FFFF RMC GROUP PLC ps

IS FFFF

INPARSA €„ STOCKMANN A SERO ENTSORGUNG

e C

RT HDPP

e xv

±

p‚ RSDIP HDVR

C RANDSTAD HOLDIN

IDVR PDSR qf CPR /RM C

C ± PISDTQ PDHU RUGBY GRP gr IPU HDQW VDQH HDSS

JOHNSON MATTHEY qf VALORA HLDG N SINGULUS TECHNOLOG

hu IRV FFFF

e C gr IVHDTQ PDQH

C RATIN -A- ITSDW HDPR p‚ CS GROUP N

e C C IHDWS IDRH TIDQ FFFF SAINT GOBAIN /R qf RRDR HDSU

MAYR-MELNHOF KA e„ W.H SMITH GRP SOFTM SOFTWARE BER

e C

C ISVDHW HDRQ

e hu p‚ RUR IDPV

ITDQS FFFF e €„ EURAFRANCE /RM RATIN -B- ± VDHR RDSH VU FFFF SEMAPA qf V FFFF

METSAE-SERLA A ps WOLSELEY PLC TDS

e e

± ps IPDS FFFF p‚ IPIDP QDHR

C

QTDUP IDPR ƒi FONCIERE LYONNA RAUMA OY C C HDSQ SKANSKA -B- QTPDUW SIDU FFFF PRDRV HDPQ

MODO B FR ƒi f DJ E STOXX RETL P TECHNOTRANS

e

C p‚ IHP FFFF

qf SDSR IDWT ±

IIDWU PDPH

hu GECINA /RM RENTOKIL INITIA FFFF SUPERFOS QSDS QQDHI FFFF NORSKE SKOGIND- xy TELDAFAX

qf TDWH FFFF

C C

qf IDVR HDVQ QDWQ HDQW HAMMERSON qf

e TARMAC C QDSU REXAM PHQ II FFFF

OUTOKUMPU OY -A ps TELES AG

±

QRDQI HDQW

hu e ±

qf PDWR HDSI ± USDP QDSW

e KAPITAL HOLDING p‚ C TAYLOR WOODROW FFFF HAUTE TECHNOLOGIE VDI QVDQ P PECHINEY-A- p‚ REXEL /RM TIPTEL

e ± qf IPDSI HDRV

±

IHRDQ HDUT p‚ e

LAND SECURITIES C

PUDW IDPU e e„

± SQDS TECHNIP /RM HDWQ

SDRU FFFF

€„ RHI AG e TRANSTEC

PORTUCEL INDUST C

IPPDV IDWI

ALCATEL /RM p‚

± qf TDUP HDVW

TUDRR FFFF

e q‚ LIBERTY INT.HDG ±

SRVDIQ HDQR TITAN CEMENT RE gr RUDS FFFF

TDW FFFF RAUTARUUKKI K ps RIETER HLDG N W.E.T. AUTOMOTIVE

IPDSU FFFF

ALTEC SA REG. q‚

e e s„ IP FFFF

± IHDI PDVV

s„ MEDIOBANCA

C C UNICEM FFFF FFFF

ƒi PHDIH IDIQ ISDIR HDQH

qf e RIO TINTO SANDVIK -A- C

VDHS RDSS

BAAN COMPANY xv

e

e ± s„ TDPU HDQP

C

VDUU HDPQ

iƒ MEDIOLANUM

FFFF URALITA FFFF

C q‚ PQDQH FFFF PHDPI IDIP

ƒi e

SIDENOR SANDVIK -B- C

ITTDP HDUQ

BARCO fi

C

e qf UDPH SDST

C

WDPW HDII

VALENCIANA CEM iƒ MEPC PLC FFFF FFFF

q‚ PVDRP FFFF ± gr SQIDVV HDQS

SILVER & BARYTE C

TDRS HDRU

SAURER ARBON N BRITISH AEROSPA qf

e

e C iƒ PIDVW QDWR

C

IUQDR HDIP

e„ METROVACESA

FFFF WIENERB BAUSTOF FFFF

qf PDRW FFFF

C e C PRDQU HDPQ

SMURFIT JEFFERS ƒi

IQVDS RDTI

SCANIA AB -A- CAP GEMINI /RM p‚

e

± xv TDPU HDQP

± SDUV IQDHI

e qf MEDIOLANUM FFFF WILLIAMS FFFF

€„ WDWW FFFF

SONAE INDUSTRIA C ƒi PRDSW HDTW

WPDVQ FFFF

SCANIA AB -B- COLOPLAST B hu

e

C

p‚ WTDW HDWR

± HDHR

e f PHIDQR PARIBAS

FFFF DJ E STOXX CNST P FFFF

€„ VDWT FFFF

SOPORCEL C ±

qf ITDQV HDIV IRPIDVV IDPW

SCHINDLER HOLD gr COLT TELECOM NE

C

ITDSQ IDRH

PROVIDENT FIN qf

C FFFF FFFF

IIDTP IDRU

ƒi e SSAB SW ST A FR C

p‚ QSDS TDTI ISIVDUS FFFF

gr DASSAULT SYST./

e SCHINDLER HOLD

C

PPDV HDVV

e RODAMCO NV xv

FFFF FFFF

IHDTS FFFF

ps e

STORA ENSO -A- C

HDWQ IDHW e s„ C SUDW HDUH

SCHNEIDER /RM p‚ FINMECCANICA

±

PHDTT QDRH

e SCHRODERS PLC qf

FFFF

CONSOMMATION CYCLIQUE FFFF

IHDW FFFF

STORA ENSO -R- ps e ±

RWDWS HDIH e hi C

IDIR IDUW s„ FRESENIUS MED C

e SEAT-PAGINE GIA

± TP IDSW

SEFIMEG N /RM p‚

C FFFF FFFF PQDRI HDUP

ƒi e

C SVENSKA CELLULO C

p‚ PQP IDTU ƒi VDWQ HDTQ

ACCOR /RM C GAMBRO -A-

VDQR HDUQ

e SECURICOR qf

C

VIDS HDIP

e SIMCO N /RM p‚ FFFF FFFF

IUR FFFF

hi e e C

THYSSEN C

VSDS HDVV xv QSDS PDTH

ADIDAS-SALOMON hi GETRONICS C

IRDWR IDIR

SECURITAS -B- ƒi

± RDWT IDSI

SLOUGH ESTATES qf

C FFFF FFFF

WDUU IDUS

ƒi e

TRELLEBORG B C

QDHT FFFF hu QPDWT HDVP

ALITALIA s„ GN GREAT NORDIC

C

VUIDVV IDHW

e SGS GENEVA BR gr

IPS FFFF

e UNIBAIL /RM p‚

FFFF FFFF

± QRDS HDHQ

UNION MINIERE fi e ±

QPDS HDSP q‚ SSDUH FFFF

AUSTRIAN AIRLIN e„ INTRACOM N

QDRI FFFF

e SHANKS & MCEWAN qf

HDS FFFF

e UNIM s„

FFFF FFFF ±

PUDTS HDTS

ps e

UPM-KYMMENE COR C

TRDSV FFFF xv VPDSS QDRS

BANG & OLUFSEN hu e KON. PHILIPS EL

± URDHS IDRH

e p‚

± SIDEL /RM WDUI HDRI

e VALLEHERMOSO iƒ

FFFF FFFF

±

p‚ IRDIP HDST

USINOR C ±

SDRS HDVQ xy VDQH QDHI

BARRATT DEV PLC qf MERKANTILDATA

C

qf SDHI HDTI

TDHV FFFF

WOOLWICH PLC qf INVENSYS

FFFF FFFF q‚ PUDVR FFFF

VIOHALCO C QDPQ FFFF qf VDTS HDUI

BEAZER GROUP qf e MISYS C

p‚ IVWDW HDWH C

HDRH

e f DJ E STOXX FINS P PSVDS SITA /RM

C FFFF FFFF

QHDV HDQQ

e„ e C VOEST-ALPINE ST C

IDTW HDTH xy IDWH QDWU

BENETTON GROUP s„ NERA ASA

IQDWP FFFF

SKF -A- ƒi

C FFFF FFFF

HDRH

f IVIDHQ

DJ E STOXX BASI P ± IHDUU IDII xy PUDWV FFFF

BERKELEY GROUP qf NETCOM ASA

C

IRDTS HDUU

SKF -B- ƒi e C C

UDUR IDSW ps UPDU QDRW

BRITISH AIRWAYS qf NOKIA

C

PUDIV HDSH

ALIMENTATION ET BOISSON SOPHUS BEREND - hu e ± PDII IDRP ps ISUDS FFFF

BRYANT GROUP PL qf NOKIA -K-

e C e

PIDWS QDHS

CHIMIE e STORK NV xv CODES PAYS ZONE EURO C C SHDW HDPH qf UDRQ FFFF qf UDUI TDPV

CHARGEURS RM p‚ ALLIED DOMECQ NYCOMED AMERSHA

C

TPTDPS HDRH

e SULZER FRAT.SA1 gr e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne C C ± ± IQDPS IDUP p‚ WHDT HDSS qf TDPT HDRV xv PUDPS HDWQ

AGA -A- ƒi CLUB MED. /RM ASSOCIATE BRIT OCE

C

ITDVR HDTU

SVEDALA ƒi e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C C ± IQDPS IDUP qf HDTU FFFF qf IQDRS HDQR s„ QDHR IDQQ AGA -B- ƒi COATS VIYELLA BASS OLIVETTI

IHRWRDQI FFFF

e e hu LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche C C SVENDBORG -A- ± ± ISHDT HDRH qf WDWH HDRT e„ RIDS IDPP qf RDQV IDUH AIR LIQUIDE /RM p‚ COMPASS GRP BBAG OE BRAU-BE ROLLS ROYCE

± UDHR IDPV

e e qf e FI : Finlande - BE : Belgique. ± ± T.I.GROUP PLC FFFF FFFF qf PDQS FFFF p‚ QRWDI HDSR p‚ SHH HDRH AKZO NOBEL xv COURTAULDS TEXT BONGRAIN /RM SAGEM

QVDRH FFFF e e e xy e C C ± ± RIDS HDPR hi PPDW HDTT e„ RUDQ HDTU hi PWH RDQP

BASF AG hi DT.LUFTHANSA N BRAU-UNION TOMRA SYSTEMS SAP AG CODESPAYSHORSZONEEURO

e C

VSDQT IDSP e e„ e C C C RHDSP IDQH ƒi IWDSR FFFF qf IQDIV IDTR hi QQP RDRH

BAYER AG hi ELECTROLUX -B- CADBURY SCHWEPP VA TECHNOLOGIE SAP VZ CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e

± C C ps IIDT HDVS ± ISDTU HDUV qf UDRH HDRI hu QWDVP FFFF qf WDSU IDRS

BOC GROUP PLC qf EMI GROUP CARLSBERG -B- VALMET SEMA GROUP GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e C C C ± UUDHQ HDRH p‚ IDP FFFF hu RHDRH HDTH QQTDSP IDIR hi TWDV PDTS CIBA SPEC CHEM gr EURO DISNEY /RM CARLSBERG AS -A f DJ E STOXX IND GO P SIEMENS AG LeMonde Job: WMQ2304--0022-0 WAS LMQ2304-22 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0315 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 FINANCES ET MARCHÉS

C C C RSDVH QHHDRQ IDIH RSDSH TPDVH TQ RIQDPS HDQI TRDIH IVVDPH IVWDWH IPRSDTT HDWH IWV BIC...... RSDQH GROUPE PARTOUCHE ... S.I.T.A ......

C ± FFFF FFFF FFFF VP IQH IPW VRTDIV HDUT IQRDQH IPDRH IPDTI VPDUP IDTW IIDVS BIS...... VPDPH GUILBERT...... SKIS ROSSIGNOL......

C C C UQDWS RVSDHV P UTDSH QWT RHH PTPQDVQ IDHI QTH ISUDIH ITHDSH IHSPDVI PDIT ITVDQH B.N.P...... UPDSH GUYENNE GASCOGNE... SOCIETE GENERALE......

C ± IVP IIWQDVR IDII ITQDPH PII PII IQVRDHU FFFF PHV IPS IPIDPH UWSDHP QDHR IPR VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... IVH HACHETTE FILI.ME...... SOC.FONC.LYON.# ......

C ± ± QRWDIH PPVWDWS HDSR QRVDIH IUUDVH IUUDSH IITRDQP HDIT ITUDRH ISV ISW IHRPDWU HDTQ IQVDUH BONGRAIN ...... QSI HAVAS ADVERTISIN ...... SODEXHO ALLIANCE......

C ± PPSDWH IRVIDVI QDQV PIQDSH IIWDTH IIV UURDHQ IDQQ IHP UH UH RSWDIU FFFF UIDWS BOUYGUES ...... PIVDSH IMETAL ...... SOGEPARC (FIN) ......

C C C

PWDWS IWTDRT PDUR PTDTS ITDIH ITDPS IHTDSW HDWQ ITDQH PSDRS PT IUHDSS PDIT PRDHI b L’action BNP s’échangeait jeudi 22 avril en hausse de BOUYGUES OFFS...... PWDIS IMMEUBLES DE FCE ...... SOMMER-ALLIBERT......

C C C TDHW QWDWS IDSH S TV TVDQH RRVDHP HDRR SW QV QVDII PRWDWW HDPV QTDUH

2,55 % à 74,4 euros, le titre SG était en progression de BULL#...... T INFOGRAMES ENTER .... SOPHIA ......

C ± ± PVT IVUTDHR HDIU PSS PHDRW PHDQS IQQDRW HDTV PI STDWH SUDUS QUVDVP IDRW SPDSH CANAL + ...... PVTDSH INGENICO ...... SPIR COMMUNIC. # ......

C 2,16 % à 160,5 euros et Paribas en hausse de 0,88 % à C ± IQUDWH WHRDST RDIS IRH PPDIH PPDHT IRRDUH HDIV PPDHS VHDWH VIDRH SQQDWS HDTI TTDUS CAP GEMINI ...... IQPDRH INTERBAIL...... STRAFOR FACOM......

C ± ± RWDWH QPUDQP QDVS RRDSH QHVDSH QHU PHIQDUW HDRV PVHDSH ISWDRH ITI IHSTDHW I ITHDSH

96,85 euros. A ces cours, les parités proposées par la CARBONE LORRAINE..... SIDWH INTERTECHNIQUE...... SUEZ LYON.DES EA ......

C C C

USH RWIWDTV HDPH TUH TUDIH TUDSH RRPDUU HDSW SWDSH IWH IWPDPH IPTHDUS IDIS IVVDPH

BNP dans le cadre de sa double OPE valorisent l’action CARREFOUR ...... URVDSH ISIS ...... SYNTHELABO ......

C ± WQDWH TISDWR HDTR VIDIH VUDPH FFFF FFFF FFFF UW IHSDIH IHRDQH TVRDIT HDUT WVDSH CASINO GUICHARD ...... WQDQH JEAN LEFEBVRE ...... TECHNIP......

C C C SV QVHDRT IDTT SIDSH VQDPS VQDQH SRTDRI HDHT VPDIH PVDUS PWDQH IWPDPH IDWI PTDIH SG à 159,4 euros et l’action Paribas à 102,3 euros. L’OPE CASINO GUICH.ADP ...... SUDHS KLEPIERRE...... THOMSON-CSF......

C ± ± PIPDWH IQWTDSQ HDHR IUW PPH PPIDPH IRSHDWV HDSR ITUDIH IIWDWH IIVDUH UUVDTP I IHSDSH

de SG sur Paribas valorise, elle, le titre Paribas à CASTORAMA DUB.(L...... PIQ LABINAL...... TOTAL ......

±

WI SWTDWP FFFF VQDPH WSDVS WSDVH TPVDRI HDHS UWDUH IPS IPS VIWDWS FFFF IITDSH

100,31 euros. C.C.F...... WI LAFARGE...... UNIBAIL ......

C C C IQW WIIDUV HDQT IQP QIDWV QPDSH PIQDIW IDTP PWDWH IIQ IIQDWH URUDIR HDUW IIHDQH CEGID (LY) ...... IQVDSH LAGARDERE...... UNION ASSUR.FDAL ......

± FFFF FFFF FFFF TDUP TV TUDWH RRSDQW HDIR SVDVH IRDPH IRDPH WQDIS FFFF IHDVS b L’action SCOR cédait 0,06 % à 46,9 % jeudi matin. Le CERUS...... TDVP LAPEYRE ...... USINOR......

C C

± RU QHVDQH HDUS RS RP RIDIH PTWDTH PDIR QWDTR VSDSH VTDVH STWDQU IDSP TUDTH

leader français de la réassurance a confirmé jeudi CGIP ...... RTDTS LEBON (CIE)...... VALEO ......

C ± ± SHDWH QQQDVV HDIW RW PPSDRH PPS IRUSDWH HDIU IVPDIH QSDSI QSDQH PQIDSS HDSW PT

22 avril l’augmentation de 7 à 12 % de sa participation CHARGEURS...... SHDVH LEGRAND ...... VALLOUREC...... C C ± RRDSI PWIDWU HDWU QTDWP IPQDIH IPQDSH VIHDII HDQP IIHDSH PV PVDHS IVR HDIU PVDPH CHRISTIAN DALLOZ ...... RRDWS LEGRAND ADP ...... VIA BANQUE ......

C ± ±

IPI UWQDUI HDSU IIR RHDSS RHDSH PTSDTT HDIP QT PPH PPIDVH IRSRDWI HDVI PPUDPH dans le capital d’Euler, numéro un mondial de l’assu- CHRISTIAN DIOR ...... IPIDUH LEGRIS INDUST...... VIVENDI ......

C

UWDVH SPQDRS FFFF UUDTH IIW IIW UVHDSW FFFF IPHDRH IPDVT IQDHI VSDQR IDIT IQDIH

rance-crédit, après avoir obtenu les autorisations régle- CIC -ACTIONS A...... UWDVH LOCINDUS...... WORMS (EX.SOMEAL .....

C C ± SQDSH QSHDWR HDHW RWDSH THQ TIS RHQRDIR IDWW SUH PIIDWH PHW IQUHDWS IDQT IVQDIH CIMENTS FRANCAIS ...... SQDRS L’OREAL ...... ZODIAC EX.DT DIV ......

± mentaires nécessaires. Les AGF, filiale de l’assureur al- ± VIDUH SQSDWP HDTH UQDSH PQV PQU ISSRDTP HDRP PQR CLARINS ...... VPDPH LVMH MOET HEN......

± ± WHDTH SWRDQH HDSR VSDUH ISW ISTDSH IHPTDSU IDSU ITR

lemand Allianz, restent l’actionnaire de référence CLUB MEDITERRANE .... WIDIH MARINE WENDEL ......

±

PQDIU ISIDWW FFFF PQDTR SDQS SDQR QSDHQ HDIV RDQH

d’Euler, avec 68,2 % du capital. CNP ASSURANCES ...... PQDIU METALEUROP ......

C C UTDWH SHRDRQ HDVS TIDQH RTDUP RUDWS QIRDSQ PDTQ RHDTH COFLEXIP...... UTDPS MICHELIN......

± ± IUS IIRUDWP HDHS ITS QPDWS QPDTS PIRDIU HDWI QQ b L’action Cap Gemini ouvrait jeudi en hausse de COLAS ...... IUSDIH MONTUPET SA......

C C PDPR IRDTW HDWH PDIR IHDIP IHDIR TTDSI HDIW IHDQH

3,47 % à 137 euros. La première société de service et COMPTOIR ENTREP...... PDPP MOULINEX ......

± Compen- RSDIP PWSDWU HDVQ QVDSH SHDIH SHDIH QPVDTQ FFFF RUDSH

CPR ...... RSDSH NATEXIS...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

d’ingénierie informatique (SSII) européenne tient son sation C C International f ISDPH WWDUI HDTT IRDTS ITDSH ITDUH IHWDSR IDPI IRDUH

CRED.FON.FRANCE ...... ISDIH NEOPOST...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

± QRDSH PPTDQI FFFF PVDRI PVDPV PV IVQDTU HDWW PTDQH assemblée générale jeudi 22 avril. Les actionnaires CFF.(FERRAILLES) ...... QRDSH NORBERT DENTRES......

C C C

QVDUH PSQDVT HDSI QV PTDIU PTDUR IUSDRH PDIU PTDVH IIWDWH IPTDTH VQHDRR SDSV IIIDIH

doivent avaliser le rachat de l’américain Beechwood, CREDIT LYONNAIS...... QVDSH NORD-EST...... AMERICAN EXPRESS......

C C SS QTHDUV HDIV TW UQDIH FFFF FFFF FFFF UQ UW VI SQIDQQ PDSQ UIDIH CS SIGNAUX(CSEE)...... SRDWH NORDON (NY)...... A.T.T. #......

pour 200 millions de dollars (188 millions d’euros). C ± TQDIH RIQDWI FFFF TRDTH IVIDPH IVR IPHTDWT IDSR IVR IUDSW IUDPS IIQDIS IDWQ ITDUH DAMART ...... TQDIH NRJ # ...... BARRICK GOLD #......

C ± ± PSHDQH ITRIDVT HDQT PPH UDUT UDUQ SHDUI HDQV UDSW QHDRS QHDQR IWWDHP HDQT PRDST

b Le titre France Telecom progressait de 0,93 % à DANONE...... PRWDRH OLIPAR...... CROWN CORK ORD.#.....

C

± ± IRH WIVDQR PDHW IQH WT WTDUH TQRDQI HDUP IHHDTH PIDHP PHDTS IQSDRT IDUT ITDTS

75,45 euros jeudi. Telecom Italia et Deutsche Telekom DASSAULT-AVIATIO ...... IRQ PARIBAS...... DE BEERS # ......

C C C QRDVH PPVDPU RDSH QQDHS PQIDVH PQQDRH ISQI HDTW PQS TQDRH TRDQH RPIDUV IDRI SIDSS DASSAULT SYSTEME...... QQDQH PATHE...... DU PONT NEMOURS.....

C C RVDRS QIUDVI FFFF RI QUDSS QVDQH PSIDPQ IDWW QHDQI PQDVH PRDPH ISVDUR IDTV PI devaient annoncer, jeudi, leur fusion (lire aussi DE DIETRICH...... RVDRS PECHINEY ACT ORD ...... ERICSSON # ......

C ± UIDSH RTWDHI HDSS TUDWH TH TPDPH RHVDHI QDTT SQ TH TH QWQDSU FFFF SIDWS

page 17). DEVEAUX(LY)# ...... UIDWH PERNOD-RICARD...... FORD MOTOR # ......

C C FFFF FFFF FFFF WDIH ITRDIH ITSDTH IHVTDPT HDWI IQH IHQDSH IHTDVH UHHDST QDIV WUDTS DEV.R.N-P.CAL LI...... IHDVW PEUGEOT...... GENERAL ELECT. #......

C C ± IQI VSWDQH HDQV IPP IRWDSH ISHDPH WVSDPS HDRT IRH VHDWS VQDHS SRRDUU PDSW UVDVS DEXIA FRANCE ...... IQIDSH PINAULT-PRINT.RE...... GENERAL MOTORS # .....

C ± TDHS QWDTW HDVQ TDPH UVDPS UV SIIDTS HDQI TU TDSH FFFF FFFF FFFF TDTH DMC (DOLLFUS MI)...... T PLASTIC OMN.(LY) ...... HITACHI #......

C C C

PVDSS IVUDPV HDIR PQDPS TUDPH TUDPS RRIDIQ HDHU TRDPH ISU IURDPH IIRPDTV IHDWS ISIDVH

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PVDSI PRIMAGAZ...... I.B.M # ......

C ± ±

IIPDSH UQUDWS PDSW WH SWS THRDSH QWTSDPT IDSW SPI TPDSH SWDWH QWPDWP RDIT SWDQH

______ECIA...... IISDSH PROMODES...... ITO YOKADO #......

C ± TPDPS RHVDQQ FFFF ST ISUDSH ISW IHRPDWU HDWS ISPDSH IUDWH IUDVP IITDVW HDRR ITDVH EIFFAGE ...... TPDPS PUBLICIS #...... MATSUSHITA #......

C ± IQSDPH VVTDVS HDTT IIVDSH IS IS WVDQW FFFF IPDPH RP RPDTI PUWDSH IDRS QVDSP ELF AQUITAINE ...... IQTDIH REMY COINTREAU...... MC DONALD’S #......

ti hs PP e†‚sv Cours releve´sa` 10 h 15

C C ± QU PRPDUH PDPH QP QU QUDHW PRQDPW HDPR QP UPDSH UPDQH RURDPT HDPU UTDQS ERAMET ...... QTDPH RENAULT ...... MERCK AND CO # ......

± ± ±

IQTDSH VWSDQV HDUP IQS UV USDPH RWQDPV QDSV USDTH TDTW TDSS RPDWU PDHW SDWS ERIDANIA BEGHIN...... IQUDSH REXEL...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PQ —vril

C ± QHT PHHUDPQ FFFF PWTDIH ITDRI ITDSH IHVDPQ HDSR IPDUS WSDPS WPDRH THTDIH PDWW VP ESSILOR INTL ...... QHT RHODIA ...... MOBIL CORPORAT.#......

C C C QHQDSH IWWHDVQ IDIT PVWDSH RPDSH RQDTH PVT PDSV RQ IQH IQPDPH VTUDIV IDTW IIRDVH ESSILOR INTL.ADP...... QHH RHONE POULENC A...... MORGAN J.P. # ......

± ± VI SQIDQQ IDHW UH IHHDWH IHHDTH TSWDVW HDPW WRDQH IQDQH FFFF FFFF FFFF IPDVR ESSO...... VIDWH ROCHEFORTAISE CO ..... NIPP. MEATPACKER......

C Compen- C RUR QIHWDPR IDPV RRWDWH PDTP PDTR IUDQP HDUT PDRH QP QP PHWDWI FFFF QUDPH

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... RTV ROCHETTE (LA) ...... PHILIP MORRIS # ......

sation France C f ± IDPH UDVU FFFF IDPR SIDUS SI QQRDSR IDRR RV VWDPH WPDPH THRDUW QDQT VSDSH

en ¤uros en ¤uros en francs veille EURO DISNEY...... IDPH ROYAL CANIN...... PROCTER GAMBLE ......

(1)

± FFFF FFFF FFFF PQR IHQH IHQH TUSTDQT FFFF WUH IVDPS IVDHS IIVDRH IDHW IUDSH EUROPE 1...... PPS RUE IMPERIALE (L...... SEGA ENTERPRISES ......

C ± ± IRWDUH WVIDWU HDUW IRWDIH IDRS IDRS WDSI FFFF IDQR QUDPH QUDSH PRSDWV HDVH QTDTI SUDTS STDQS QTWDTQ PDPS SIDWH B.N.P. (T.P)...... ISHDWH EUROTUNNEL...... SADE (NY) ...... SCHLUMBERGER #......

± ± ± FFFF FFFF FFFF IRPDIH WWDQH WTDIH TQHDQU QDPP WIDIH SHP SHH QPUWDUW HDQW SHH WHDPS WH SWHDQT HDPU VQDTH CR.LYONNAIS(TP) ...... IRQ FIMALAC SA...... SAGEM SA...... SONY CORP. #......

C C C RHW PTVPDVT HDPR QWW IVDIS IVDQT IPHDRQ IDIS IW ITSDSH ITSDWH IHVVDPQ HDPR IQWDIH RENAULT (T.P.)...... RHV FINEXTEL...... SAINT-GOBAIN......

C ± ± IVHDVH IIVSDWU HDRW IVHDIH UHDSH UP RUPDPW PDIP TR UQDWS UP RUPDPW PDTQ UUDVH SAINT GOBAIN(T.P...... IVIDUH FIVES-LILLE...... SALVEPAR (NY) ......

C C

± IRV WUHDVP IDQQ IRP URDUS USDSS RWSDSV IDHU UU IRRDTH IRV WUHDVP PDQS ISH

THOMSON S.A (T.P ...... ISH FRANCE TELECOM...... SANOFI ...... ABRE´VIATIONS

C C ± PQP ISPIDVP IDTT PISDIH TUH TTW RQVVDQS HDIR TSW RUDQS RVDIH QISDSP IDSV RVDVQ

ACCOR ...... PPVDPH FROMAGERIES BEL...... SAUPIQUET (NS) ......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C C ± RVDTS QIWDIP HDQU RVDSH IIUH IIQH URIPDQI QDRI WHS SUDSH SUDWH QUWDVH HDTW RWDSS AGF ...... RVDRU GALERIES LAFAYET ...... SCHNEIDER SA......

± ± ± ITDTP IHWDHP HDQS ISDVH USDPS USDIS RWPDWS HDIQ UVDWH RTDWQ RTDWH QHUDTR HDHT RTDSH AIR FRANCE GPE N ...... ITDTV GASCOGNE...... SCOR...... SYMBOLES

C C ± ISHDTH WVUDVU HDRH IQHDWH SWDSH THDWH QWWDRV PDQS SWDSH TUDUH TSDSH RPWDTS QDPR TVDWH

AIR LIQUIDE ...... ISH GAUMONT #...... S.E.B...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C ± IPPDPH VHIDSV IDRI IHRDVH RHDWH RIDPI PUHDQP HDUS QWDSH TQ TP RHTDTW IDSV SWDIH

ALCATEL ...... IPHDSH GAZ ET EAUX ...... SEFIMEG CA...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C C PW IWHDPQ IDHR PSDUH IHP IHP TTWDHV FFFF IHQDIH SUDHS SUDPS QUSDSR HDQS SVDTH

ALSTOM...... PVDUH GECINA...... SEITA...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite; d cours pre´ce´dent.

C ± ±

PPHDTH IRRUDHR IDTS PHTDSH RT RSDVV QHHDWS HDPT QTDTH IHDPS IHDIT TTDTS HDVU IHDSP

ALTRAN TECHNO. #...... PIU GEOPHYSIQUE ...... SELECTIBANQUE...... `

C C DERNIERE COLONNE RM (1) : UVDSH SIRDWQ PDPI UUDSS PS PS ITQDWW FFFF PPDPH QUDHS QUDPH PRRDHP HDRH QU ATOS CA...... UTDVH GRANDVISION ...... SFIM......

C C C IPHDSH UWHDRQ IDPT IPI IPP IPQDSH VIHDII IDPP IISDRH QVDSH QVDWS PSSDSH IDIT RIDRH AXA...... IIW GROUPE ANDRE S.A ...... SGE...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C ± IPRDSH VITDTU HDVW IPIDWH IWDUW IWDVH IPWDVV HDHS ITDSH USDIH URDHS RVSDUR IDQW UPDQH BAIL INVESTIS...... IPQDRH GR.ZANNIER (LY) ...... SIDEL...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C ± IHW UIRDWW HDHW WUDWH VV VV SUUDPR FFFF UVDIS ISS ISRDSH IHIQDRS HDQP ISH BAZAR HOT. VILLE ...... IHVDWH GROUPE GTM ...... SILIC CA ...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C ± ± SQDIH QRVDQI QDIH SR RSDIH RRDWS PWRDVS HDQQ RS VIDRH VIDSH SQRDTH HDIP UUDTH BERTRAND FAURE...... SRDVH GPE VALFOND ACT...... SIMCO......

C C QRIDIH R STDTH QUIDPU FFFF IRDPH WQDIS IDHT UI RTSDUQ FFFF GUILLEMOT #...... SP CRCAM TOUR.P....d LVL MEDICAL...... CODETOUR...... d

C C C QDRI VDQQ RQDWS PVVDPW FFFF IUR IIRIDQU TDQS IIDRS USDII QDPR GUYANOR ACTI .... HDSP CROMETAL...... d M6-METROPOLE.. COFIDUR #......

SECOND C SIRDWQ FFFF FFFF FFFF FFFF PDHR IQDQV P QSDWU PQSDWS FFFF NOUVEAU HF COMPANY...... UVDSH DAPTA-MALLIN.... MEDASYS DIGI .... CORA INDUSTR....d

C C ± QQSDIW IDWW SUDRH QUTDSP HDUW IQIDVH VTRDSS IDST IQT VWPDIH FFFF SIDIH ______d HIGH CO...... GROUPE J.C.D ...... MANITOU # ...... DELACHAUX S......

C

QQPDSU FFFF UPDWS RUVDSP HDPH RTDHI QHIDVI FFFF QIDTH PHUDPV FFFF

´ HOLOGRAM IND .. SHDUH ´ DAUPHIN OTA ..... MANUTAN INTE ..d DELMON INDUS ..d C C PSDPS HDPT QWDVI PTIDIR FFFF WRDSH TIWDVV FFFF IWDSH IPUDWI HDUU

MARCHE IGE + XAO...... QDVS MARCHE DECAN GROUPE...d MARC ORIAN...... d DIGIGRAM #......

± ± QQDRS IDUQ SV QVHDRT FFFF RU QHVDQH FFFF SSDWH QTTDTV HDHV ILOG # ...... SDIH DU PAREIL AU...... MARIONNAUD P .d DISTRIBORG G.....

± ± ± IRDRQ FFFF QSDWH PQSDRW HDPU PTDRH IUQDIU PDIR RVDRV QIVDHI HDTS

IMECOM GROUP .. PDPH ENTRELEC CB ...... MECATHERM #.... EMIN-LEYDIER.....

wi‚g‚ihs PI e†‚sv

ti hs PP e†‚sv

C IITDRQ RDRI WS TPQDIT FFFF QSDRH PQPDPI FFFF PWDTH IWRDIT FFFF INFONIE...... IUDUS L ENTREPRISE...... d MGI COUTIER...... d FLAMMARION S...d

C C

± ISUDQH IDSP QPDIH PIHDST PDUP IPUDPH VQRDQV HDIS WDSH TPDQP FFFF

INFOTEL #...... PQDWV ETAM DEVELOP.... MICHEL THIER .... GRAVOGRAPH...... d

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 35 Une se´lection. Cours releve´sa` 10 h 15

± ± ± IPIDQS PDTQ VS SSUDST FFFF WDQP TIDIR QDWI IVDTS IPPDQR HDQU LEXIBOOK #...... IVDSH EUROPEENNE C ... NAF-NAF #...... GPE GUILLIN ......

C RVDWQ FFFF RPDUH PVHDHW FFFF PPSDSH IRUWDIV HDTT ITDPH IHTDPU FFFF JOLIEZ-REGOL...... UDRT EUROP.EXTINC..... PENAUILLE PO..... JEANJEAN # ...... d

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C ± ± ± IDQI QQDQQ RI PTVDWR HDUP PR ISUDRQ IDRQ QTDRS PQWDIH HDIQ

JOLIEZ-REGOL...... HDPH EXEL INDUSTR..... PHYTO-LIERAC .... HBS TECHNOLO ..

Valeurs f en ¤uros en francs veille Valeurs f en ¤uros en francs veille

± ± STDRV IDHQ QHDTH PHHDUP PDVS UPDSH RUSDSU FFFF IRH WIVDQR FFFF LACIE GROUP...... VDTI EXPAND S.A...... POCHET...... d HOT.REG.PARI .....d

C C C C IQUDUS RDRU ITDTH IHVDVW TDRI TSDSH RPWDTS HDUT IRT WSUDUH FFFF ST QTUDQR FFFF WU TQTDPV RDVT ADLPARTNER # .... PI MEDIDEP #...... ADA...... FACTOREM...... d RADIALL #...... d HUREL DUBOIS....

± ± ± IHRDQH HDTP SDQI QRDVQ WDVR UW SIVDPI FFFF IPTDUH VQIDIH FFFF SUDIH QURDSS IDUP WWDSH TSPDTV FFFF AB SOFT...... ISDWH MILLE AMIS #...... AIGLE # ...... FACTOREM NV.....d RALLYE(CATHI ..... IDI...... d

C C ± ± ± ISVDHW SDRW U RSDWP RDUT TW RSPDTI HDIR PHDPV IQQDHQ IDHU QU PRPDUH HDIQ PP IRRDQI FFFF ALPHAMEDIA...... PRDIH MONDIAL PECH ... ALGECO #...... FAIVELEY # ...... REYNOLDS...... IMV TECHNOLO...d

C C ± ± QIDPP IDHQ WDQH TI RDIP UPDWH RUVDIW IDPS QDVT PSDQP FFFF PQDHI ISHDWR HDHR PVDVH IVVDWP FFFF ALPHA MOS ...... RDUT NATUREX...... APRIL S.A.#( ...... FINACOR...... d RUBIS #...... INTER PARFUM....

C C C ± VWPDIH PDIS SUDUH QUVDRW HDPT SR QSRDPP HDWQ UHDIH RSWDVQ FFFF IPT VPTDSI QDIW RSDQH PWUDIS FFFF ALTAMIR & CI...... IQT OLITEC ...... ARKOPHARMA # .. FINATIS(EX.L ...... d SABATE SA # ...... IPO (NS) # ...... d

C ± IQDUV S IVRDSH IPIHDPR FFFF WTDIH TQHDQU HDWP ISRDSH IHIQDRS FFFF TPDWS RIPDWP FFFF IW IPRDTQ FFFF APPLIGENE ON .... PDIH OMNICOM...... d ASSUR.BQ.POP..... FININFO...... d SEGUIN MOREA... LABO.PHARMYG...d

C C ± SDUU FFFF IDRQ WDQV IIDIV IU IIIDSI HDII QSDWH PQSDRW HDIQ WV TRPDVR FFFF WTDHS TQHDHS FFFF ASTRA ...... HDVV OXIS INTL RG...... ASSYSTEM #...... FLO (GROUPE) ..... SIDERGIE...... d M.B.ELECTRON....d

C C C ± TTDIW PDWV IWDSH IPUDWI RDSS ISR IHIHDIU HDRS QWDTH PSWDUT HDSH PQDQS ISQDIU FFFF URDWH RWIDQI FFFF ATN...... IHDHW PERFECT TECH..... BENETEAU CA# .... FOCAL (GROUP .... SIPAREX (LY)...... d NSC GPE (NY) ...... d

± ± QHSDHP QDIP IHDVW UIDRQ I T QWDQT FFFF RUDVQ QIQDUR FFFF IWDHS IPRDWT FFFF RSDPU PWTDWS FFFF AVENIR TELEC...... RTDSH PHONE SYS.NE..... BISC. GARDEI...... d FRAIKIN 2#...... SOCAMEL-RESC ...d NOCIBE...... d

± ± ± ± SQQDTP HDIV II UPDIT HDRS STDQH QTWDQH IDIR RTDRH QHRDQT FFFF SP QRIDIH IDPQ IIIDRH UQHDUR FFFF BELVEDERE...... VIDQS PICOGIGA...... BOIRON (LY)# ...... GAUTIER FRAN ....d SOPRA #...... ONET #......

± ± ± IHRDQH IDVS UR RVSDRI IDQQ PVDPH IVRDWV FFFF IDSP WDWU FFFF QDTI PQDTV FFFF IUDTV IISDWU HDQW BIODOME #...... ISDWH PROSODIE ...... BOISSET (LY)...... d GEL 2000...... d SPORT ELEC S...... d ORGASYNTH ......

C C C ± PVT IDIV PPDVS IRWDVW IDIH UTDIH RWWDIV HDIQ PS ITQDWW FFFF IR WIDVQ HDQS QU PRPDUH FFFF BVRP EX DT S...... RQDTH PROLOGUE SOF.... BOIZEL CHANO ... GENERALE LOC ....d STALLERGENES ... PARIS EXPO...... d

C ± ± ± PVDWW SDPQ QDUR PRDSQ RDIH ITDWV IIIDQV HDII TSDPS RPVDHI HDTV QUDVS PRVDPV FFFF PRDUH ITPDHP FFFF CAC SYSTEMES .... RDRP QUANTEL ...... BONDUELLE ...... GEODIS #...... STEF-TFE # ...... PAUL PREDAUL....d

C C ± STDHP IDPU QWDWW PTPDQP PDSQ TDHW QWDWS FFFF QDRW PPDVW FFFF PDQT ISDRV FFFF VDUT SUDRT QDHS CEREP ...... VDSR R2I SANTE ...... BOURGEOIS (L.....d G.E.P PASQUI ...... d SUPERVOX (B)...... d PIER IMPORT......

C C ± ± TDHQ QDIS QHDSH PHHDHU FFFF RPDSS PUWDII HDHW QPDSH PIQDIW HDWQ SVDQH QVPDRP IDIV IVDSH IPIDQS FFFF CHEMUNEX #...... HDWP RADOUX INTL ...... BRICE...... GFI INDUSTRI...... SYLEA...... PISC. DESJOY ...... d

C C C C ± QIVDIR IDHR IIDWH UVDHT FFFF RQDUH PVTDTS RDHR IHR TVPDPH HDRV IWH IPRTDQP IDVU PPDSH IRUDSW IDUR COIL...... RVDSH RECIF #...... BRICORAMA #...... GFI INFORMAT .... TF1 ...... PLAST.VAL LO......

C C IIVDHI IDHT ITDPH IHTDPU IDPS WIDPH SWVDPQ FFFF TTDSH RQTDPI FFFF IIDIH UPDVI FFFF QP PHWDWI FFFF CRYO INTERAC .... IUDWW REPONSE #...... BRIOCHE PASQ ....d GO SPORT...... d TOUPARGEL (L ....d REGIONAL AIR .....d

C PVPDHT FFFF SDPH QRDII FFFF RSDUH PWWDUU FFFF VDPV SRDQI FFFF IHI TTPDSP HDIW PUDSH IVHDQW FFFF CYBER PRES.P...... RQ REGINA RUBEN.... BUT S.A...... d FINANCIERE G .....d TRANSICIEL # ...... SECHE ENVIRO.....

C ± UHDIW U PTDSH IUQDVQ IDVS SH QPUDWV FFFF RSTH PWWIIDTR FFFF PV IVQDTU FFFF TP RHTDTW FFFF CYRANO # ...... IHDUH SAVEURS DE F ...... SOLERI...... d GRAND MARNIE ..d TRIGANO...... d SERVICES ET ...... d

± ± ± ISUDSH SDHW IPDHI UVDUV HDWH PWDHI IWHDPW FFFF RUDSH QIIDSV FFFF IPH UVUDIS HDVP PIDPP IQWDIW FFFF DESK # ...... PRDHI SILICOMP # ...... CDA-CIE DES...... d GROUPE BOURB ..d UBI SOFT ENT ..... SICAL...... d

C ± ± ± ± ± ITDHU SDUT IQUDVH WHQDWI HDIR QPDIH PIHDST IDSQ ITDIS IHSDWR PDIP RIS PUPPDPP IDPI SHDWS QQRDPI IDIT DESK BS 98 ...... PDRS SERP RECYCLA ..... CEGEDIM # ...... GUERBET S.A...... UNILOG...... SMOBY (LY) #......

C ± ± SPDHP FFFF PSDSH ITUDPU IDUQ VWDSH SVUDHV PDPV QUDQH PRRDTU FFFF PHDVH IQTDRR PDUS IHWDTH UIVDWQ FFFF DMS # ...... UDWQ SOI TEC SILI ...... CERG-FINANCE.... GUY DEGRENNE .. VIEL ET CIE...... SODICE EXP.( ...... d

C C C ± RTDUU HDPU PPDII IRSDHQ HDSH QH IWTDUW FFFF RVDRS QIUDVI HDIH USDRH RWRDSW PDHW SIDUS QQWDRT FFFF DURAND ALLIZ.... UDIQ STACI #...... CGBI ...... d GUYOMARC H N .. VILMOR.CLAUS.... SOFIBUS...... d

C ± ± HDPU SSUDST HDPQ HDUQ RDUW WDVU UDTP RWDWV FFFF UQDRH RVIDRU RWDWH QPUDQP FFFF QIDWU PHWDUI FFFF DURAN DUBOI..... VS STELAX ...... CLAYEUX (LY)...... d HERMES INTL ...... VIRBAC ...... d SOGEPAG(PARC ...d

C ± ± ± IQHDVT FFFF PQ ISHDVU HDVT QWDUW PTIDHI HDHP WWDQH TSIDQU HDUH VUDSH SUQDWT IDIS SI QQRDSR FFFF EFFIK #...... d IWDWS SYNELEC #...... CNIM CA# ...... HYPARLO #(LY...... WALTER # ...... SOLVING # ...... d

C C ± IQUDIH IDRS IDVS IPDIR VDVP SUDVS QUWDRU FFFF PVDPH IVRDWV FFFF QTDIH PQTDVH FFFF UDSH RWDPH HDIQ ESKER ...... PHDWH LA TETE D.L...... COFITEM-COFI ....d I.C.C.#...... d AFIBEL ...... d S.T. DUPONT......

C ± ± ± PVHDHW HDRT PS ITQDWW QDVH TR RIWDVI FFFF RWDTH QPSDQS HDVH QSDQH PQIDSS PDWI RH PTPDQV FFFF EUROFINS SCI...... RPDUH THERMATECH I.... CIE FIN.ST-H...... d IMMOB.BATIBA .... AIRFEU#(NS)...... STEDIM # ......

± ± ± URDUV HDRQ WIDVH THPDIU IDVI IRW WUUDQV HDIQ IH TSDTH FFFF PVDQH IVSDTR FFFF IQDPS VTDWI FFFF EURO.CARGO S .... IIDRH TITUS INTERA ...... C.A. PARIS I...... IMS(INT.META ..... ALAIN MANOUK ..d SURCOUF...... d

C C ± ± PWSDIV IDUT IHHDTH TSWDVW FFFF RWDHS QPIDUS HDIH QTDPH PQUDRT HDSR URDWS RWIDTR FFFF VV SUUDPR HDPP EUROPSTAT #...... RS TITUS INTER...... d C.A.ILLE & V...... INFO REALITE ...... BQUE TARNEAU...d SYLIS # ......

± ± UPDVV UDRI QRDRW PPTDPR IDPV RWDPS QPQDHT FFFF TDIH RHDHI FFFF UHDRH RTIDUW FFFF SRDSH QSUDSH FFFF FABMASTER # ...... IIDII TRANSGENE # ...... C.A.LOIRE AT...... d INT. COMPUTE.....d BIOPAT ...... d TEAMLOG #...... d

C C ± ± IWHDPQ IDQT IHDUS UHDSP HDRT RW QPIDRP FFFF WH SWHDQT HDHS WPDPS THSDIP FFFF RUDSH QIIDSV HDTH FI SYSTEM #...... PW TR SERVICES...... C.A.MORBIHAN.... JET MULTIMED .... C.A.GIRONDE...... d THERMADOR GP..

C ± ± SSDRQ VDIW IDSP WDWU FFFF URDSS RVWDHP HDRH VW SVQDVH RDIR RPDVR PVIDHI FFFF IRDUS WTDUS FFFF FLOREANE MED... VDRS VALORUM #...... d C.A.DU NORD#..... LATECOERE # ...... C.A.LOIRE/H...... d THERMOCOMPACd

C C ± ± QPUDWV IDVT RDSH PWDSP VDIT THDUH QWVDIU FFFF IHRDWH TVVDIH PDUR THDQH QWSDSR FFFF IHUDWH UHUDUV HDVR GENERIX # ...... SH V CON TELEC...... C.A. OISE CC ...... d L.D.C...... C.A. MIDI CC...... d UNION FIN.FR .....

± ± ± ± ± VIDPI QDPV RDVS QIDVI HDVI WHDPH SWIDTU HDHS UDIH RTDSU IDTT SSDSS QTRDQV FFFF SI QQRDSR HDVU GENESYS # ...... IPDQV WESTERN TELE .... C.A.PAS DE C...... LECTRA SYST...... C.A. SOMME C ..... VRANKEN MONO.

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23 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999

SCIENCES Comment la vie est- au début du siècle, mais les re- naître de réactions chimiques qui abordent l’étude du fonctionne- connaissons de la forme développée elle apparue ? Longtemps, cette cherches concrètes ont démarré simples. b LES MANIPULATIONS GÉ- ment des organismes comme on le sur Terre, rend illusoire toute re- question est restée du domaine reli- dans les années 50, quand une expé- NÉTIQUES ont apporté une dimen- ferait pour une machine b LA DÉFI- cherche concernant d’autres formes gieux ou philosophique. b LES PRE- rience a montré que les composants sion nouvelle à cette quête, en ren- NITION de la vie, partiellement arbi- qu’elle aurait pu prendre sur MIÈRES HYPOTHÈSES ont été émises élémentaires de la vie avaient pu dant possibles des expérimentations traire, et fondée sur ce que nous d’autres planètes Le mystère des origines de la vie résiste à cinquante ans de recherches Chimistes, physiciens et biologistes se sont alliés pour tenter de reconstituer le scénario de l’apparition des premiers composants du vivant sur la Terre primitive, il y a quatre milliards d’années. Mais, en dépit d’avancées impressionnantes, l’énigme est loin d’être résolue

L’IMAGE d’une Terre grouillante par Francis Crick, codécouvreur de la Une histoire longue de quatre milliards d’années éléments constitutifs des molécules de vie nous est si familière qu’on a du structure de l’ADN. Difficilement vé- de la vie ne suffit pas : encore faut-il mal à imaginer le monde minéral tel rifiable, cette hypothèse ne fait que En milliards d’années • Acides nucléiques les assembler correctement. L’eau qu’il était il y a quatre milliards d’an- déplacer la question. Les chercheurs ayant tendance à rompre le lien entre – 4,5 Formation de la Terre Fabrication d’une des quatre bases Fragment d’ADN nées, alors que les mers venaient tout préfèrent donc, pour la plupart, sup- des acides nucléiques nommées A, T, C, G les acides aminés, il est difficile d’y juste de se former. C’est à ce moment poser que les molécules qui ont obtenir des molécules de protéines Formation des océans que la vie est, sans doute, apparue. constitué les premiers organismes et des continents stables sans l’intervention d’un « ca- Comment ? Jusqu’au XXe siècle, cette sont nées d’éléments élaborés sur la – 4,0 NC talyseur », substance qui n’entre pas question était tabou. En 1863, Charles Terre primitive par des processus non N AT dans la réaction, mais la favorise ou la C AT Darwin qualifiait de futile l’applica- biologiques. Evolution chimique 4 HCN TA rend possible. Les chercheurs ont + rayonnement CH tion de la pensée scientifique à ce do- Leurs travaux ont d’abord porté – 3,5 et apparition C montré qu’une argile du nom d’illite solaire N maine. Huit ans plus tard, il revenait sur la manière dont les acides aminés des premières bactéries permet de catalyser l’assemblage des H Adénine GC quelque peu sur cette opinion, se de- sont apparus sur Terre et se sont as- H2N GC acides aminés. Une autre, la mont-

mandant si la vie avait pu naître dans sociés ensuite en chaînes plus – 3,0 CODE GÉNÉTIQUE morillonite, aide à la formation des « une petite mare tiède » riche en élé- longues, les protéines. Ces acides chaînes de nucléotides. Développement C N ments organiques simples. Au- aminés sont formés essentiellement de la photosynthèse N C jourd’hui, on peut, certes, estimer d’atomes de carbone, d’hydrogène, – 2,5 = Adénine CH UN COCKTAIL DANS LA MER HC NNC que la résolution de cette énigme té- d’oxygène et d’azote, éléments qui, (une des 4 bases) H L’ensemble de ces expériences per- moigne soit de l’optimisme illimité tous, étaient présents dans l’atmo- met donc aujourd’hui d’imaginer Formation d’une atmosphère sphère de l’époque, très différente de – 2,0 que, si la mer primitive contenait, riche en oxygène • Protéines celle que nous connaissons au- Protéine même en quantités infimes, un subtil jourd’hui. O RO cocktail de petites molécules formées Harold Urey et Stanley Miller, de à partir des constituants de base de – 1,5 Apparition des eucaryotes R CH + HC N + H2OCH2N C l’université de Chicago, ont montré (cellules possédant un noyau) HOH l’atmosphère, ces dernières ont pu se en 1953 qu’il était possible de fabri- concentrer à proximité des côtes, Diversification des eucaryotes Aldéhyde Acide quer des acides aminés en soumet- et développement dans des lagons chauds, se coller à la – 1,0 cyanidrique Acide aminé le tant un mélange d’ammoniaque, de la reproduction cellulaire surface d’argiles du rivage et s’y d’hydrogène, de méthane et de va- Apparition et diversification combiner pour donner les compo- des eucaryotes pluricellulaires peur d’eau à des décharges élec- sants des protéines et de l’ADN. – 0,5 triques censées reproduire dans une Diversification Un autre scénario fait naître la vie éprouvette les effets de la foudre des organismes eucaryotes au fond des océans, autour des dans l’atmosphère primitive. sources hydrothermales, où, de nos 0 Atome de fer L’apport de cette expérience fut es- jours, une faune fascinante prospère sentiel, car elle permit de conforter Infographie : El Pais loin du Soleil, se nourrissant du riche les recherches lancées sur l’origine Le vivant se compose de deux éléments essentiels : les acides nucléiques et les protéines. Les premiers, qui regroupent mélange d’éléments minéraux et ga- de la science, soit de sa totale absence chimique de la vie. En revanche, elle l’acide désoxyribonucléique (ADN) et l’acide ribonucléique, sont formés de deux brins enroulés en spirale qui sont liés entre zeux issus de cheminées volcaniques. d’amour-propre. Mais on s’y attelle... n’apportait pas de réponse entière- eux par quatre bases appelées A, T, C, G. Les seconds sont des macromolécules constituées de l’enchaînement linéaire Selon certains chercheurs, ces « fu- Ce monde minéral a, un jour, en- ment convaincante, dans la mesure d’un certain nombre d’acides aminés. Chaque protéine possède une structure propre, résultat de son repli dans l’espace, meurs noirs » sont susceptibles gendré les protéines et les acides nu- où, il y a quatre milliards d’années, le ce qui lui permet de protéger en son sein des atomes métalliques utilisés pour des transferts d’électrons, des transports d’avoir fourni la matière première et cléiques (acide désoxyribonucléique méthane était sans doute rare dans d’oxygène ou des réactions chimiques d’oxydo-réduction. Tous ces phénomènes sont nécessaires à la vie des cellules. l’énergie nécessaires à la fabrication ou ADN, et acide ribonucléique ou l’atmosphère et le carbone vraisem- de molécules complexes des débuts ARN), qui sont la marque molé- blablement piégé sous forme intervenant à la surface d’astéroïdes double hélice de l’ADN – qui porte le sente sur la Terre primitive. Le phos- de la vie. Une hypothèse contestée, culaire de la vie. D’où venaient ces d’oxydes. Or, si l’on remplace lors de ou de météorites. Leur présence a été code génétique du vivant – sont très phate se trouve dans les minéraux, notamment, par Stanley Miller. « briques » vitales ? cette expérience le méthane par des relevée dans plusieurs météorites complexes. Baptisés nucléotides, ils mais il est difficilement soluble. Un Ces processus compliqués im- D’un autre monde, ont estimé cer- oxydes de carbone, la production carbonées tombées sur la Terre. Si la sont formés de trois éléments : des vrai problème, dans la mesure où la pliquent, évidemment, un formi- tains. La vie serait arrivée sur notre d’acides aminés devient négligeable. vie n’est pas arrivée « toute faite » de « bases » (de quatre sortes diffé- vie est probablement née dans l’eau. dable acte de foi. Mais les recherches planète sous forme de spores gelées D’autres schémas ont été proposés l’espace, il est vraisemblable que cer- rentes) adhérant l’une à l’autre pour Les chimistes ont néanmoins imagi- sur l’origine de la vie visent essentiel- qui auraient traversé le vide interstel- depuis. Mais la première phase de tains de ses composants en soient is- maintenir ensemble les deux brins de né quelques voies de synthèse plau- lement à formuler des hypothèses laire. Cette idée – la panspermie – fut formation des protéines est toujours sus. la double hélice, une molécule de sibles pour l’ADN, à partir de réac- plausibles. En prouver la pertinence émise pour la première fois en 1907 un mystère. On sait, par ailleurs, que Le scénario de fabrication de sucre et un ion phosphate. Les sucres tions rudimentaires impliquant le est une autre histoire... par le chimiste suédois Svante Arrhe- les acides aminés peuvent aussi s’éla- l’ADN est encore plus ardu à re- s’obtiennent à partir du formaldé- cyanide d’hydrogène, une petite mo- nius et relancée dans les années 60 borer dans l’espace, lors de réactions constituer. Les liens de la chaîne en hyde, substance qui a pu être pré- lécule simple. Mais « fabriquer » les Philip Ball L’insoutenable relativité du vivant Les mécanos de la biologie « trafiquent » les bactéries QU’EST-CE QUE LA « VIE » ? Comment savoir si tion où aucune partie de l’Univers ne contient plus DE LA PROTÉINE ou de l’ADN, molécules de l’atmosphère primitive tèmes vivants, ou certaines de leurs un objet est vivant ou non ? Qu’est-ce qui sépare un d’énergie qu’une autre. Cette énergie peut s’exprimer lequel est apparu le premier ? Ques- aux protéines et aux acides nu- fonctions. L’Américain Julius Rebek amas d’éléments chimiques d’un organisme vivant ? de diverses façons : ordre, organisation, complexité, tion délicate : les deux sont néces- cléiques d’aujourd’hui risquent de (Scripps Research Institute de la Jol- Prenons un exemple : les virus. Pour les biologistes, ils information... saires à la vie et ils ne peuvent fonc- « manquer un épisode » de l’his- la, Californie) est, ainsi, parvenu à sont « à la marge » du vivant. Comme le vivant, ils sont Il est, en général, impossible d’empêcher l’entropie, tionner l’un sans l’autre. Le fameux toire... construire des molécules organiques faits de protéines et d’acides nucléiques. Comme le vi- mais on peut l’éviter par endroits. Une partie de l’Uni- problème de l’œuf et de la poule se Pour éviter cet écueil, il convient non biologiques, mais qui imitent vant, ils sont capables de reproduction et d’évolution. vers cherche alors à conserver son propre contenu posait déjà au tout début de l’évolu- d’aborder l’étude du vivant, comme parfaitement la réplication des Pourtant, ils sont incapables de « vivre » seuls, hors de d’ordre ou d’information aux dépens des autres. En tion ! on le ferait pour une machine, ex- acides nucléiques. leurs hôtes. On pourrait aussi, dans un autre domaine, thermodynamique, cette zone est dite « loin de l’équi- Un élément de réponse a été four- plique Philippe Marlière, généticien refuser d’attribuer le caractère de vivant aux ordina- libre ». Les organismes vivants en sont un bon ni par les chimistes Sidney Altman et et responsable du groupe « chimie LA DÉMARCHE POSTBIOTIQUE teurs et aux robots au prétexte qu’ils sont faits de exemple. Ainsi, la membrane cellulaire ne se comporte Thomas Cech, qui ont démontré, biologique » à l’Institut Pasteur. De leur côté, des généticiens ont tranches de silicium, de fils métalliques et de plastique. pas comme une simple enveloppe, mais comme une dans les années 80, que l’acide ribo- Cette démarche implique que, à la adopté une « démarche postbio- Pourtant, il existe des robots et des programmes d’or- surface qui travaille en permanence à assurer l’intégri- nucléique (ARN), « messager » dans manière des ingénieurs, on parte du tique » en « reprogrammant » des dinateur qui se reproduisent et modifient leur té de son contenu au détriment de ce qui l’entoure. bactéries pour en décortiquer le comportement en réponse aux stimuli. Dès que son activité cesse, la cellule meurt. fonctionnement. L’Américain Craig Parce que la vie sur Terre telle que nous l’entendons D’une manière plus générale, la vie peut donc se dé- Un système complexe de codage Venter a, ainsi, annoncé récemment est faite de protéines et d’acides nucléiques, parce finir comme un ensemble de phénomènes dans les- qu’il cherchait à remonter au gé- qu’elle fait appel à la chimie des composés du carbone quels des atomes se regroupent, de façon temporaire, Les matériaux fondamentaux du vivant sont les protéines (il en nome primordial en éliminant mé- dans une solution aqueuse, nous inclinons à penser en un tout changeant organisé en système loin de existe des milliers, toutes formées à partir de vingt acides aminés) et thodiquement un à un les gènes de qu’il doit obligatoirement en être ainsi. Or, du point de l’équilibre. Un tout qui comporte plus d’information, deux acides nucléiques (l’acide désoxyribonucléique ou ADN et l’organisme le plus simple connu, vue scientifique, il n’est pas possible d’arriver à une d’ordre et de structure que son environnement et dont l’acide ribonucléique ou ARN). Les uns ne peuvent aller sans les afin de déterminer quels sont ceux conclusion statistiquement valable à partir d’une seule la situation énergétique est entretenue par des activi- autres. Les protéines jouent un rôle fondamental dans le fonction- qui sont réellement indispensables à unité de valeur. tés produites au sein du système, aux dépens de nement des cellules, donc des organismes vivants. La répartition des la vie. Philippe Marlière et son l’ordre, de l’information et de la structure de l’exté- acides aminés sur la chaîne qui les compose et la manière dont cette équipe s’efforcent, pour leur part, de UNE VIE SUR MARS ? ET LAQUELLE ? rieur. dernière est repliée représentent des informations codées qui déter- « créer une biodiversité artificielle en Ce constat remet en cause le débat – si prisé actuel- Cette définition est séduisante. Mais, en assimilant minent la fonction biologique de la protéine. Cet édifice est contruit offrant à l’évolution des chemins que lement – sur l’existence d’une vie sur Mars. Des scien- la vie aux systèmes loin de l’équilibre, on ne fait que dé- selon les indications portées par les gènes que contient la molécule la nature ne lui a pas ouverts ». Leur tifiques ont laissé entendre qu’à un certain moment de placer le problème. Certaines réactions chimiques et en double hélice de l’ADN. On dit qu’un gène « code pour une pro- méthode : priver des bactéries de son passé cette planète a été suffisamment chaude et autres processus physiques produisent, loin de l’équi- téine » donnée. Pour traduire et copier cette information, l’ADN a certains composants apparemment humide pour abriter de la vie et qu’on pourrait donc en libre, des schémas d’une grande complexité organisa- besoin des protéines, qui « déclenchent » le fonctionnement de ses fondamentaux (enzymes, protéines, retrouver les traces. Mais cette hypothèse repose sur tionnelle. Un tas de sable, la neige qui s’accumule gènes en mettant en jeu l’ARN, qui sert de « messager ». portions du génome) et favoriser la l’idée que la vie sur Mars est (ou était) la même que sur avant une avalanche, peuvent entrer dans cette caté- prolifération des rares survivantes la Terre. L’annonce de la détection, à l’intérieur des gorie. Les étoiles et les galaxies aussi. Sont-elles « vi- pour voir comment elles évoluent météorites venus de Mars, de traces microscopiques vantes » pour autant ? En jouant sur les mots, l’Uni- la transmission du code génétique « cahier des charges » initial pour pour compenser ce manque. pouvant constituer des fossiles de bactéries est égale- vers, autre système loin de l’équilibre, l’est-il aussi ? porté par l’ADN, pouvait aussi, dans étudier la manière dont il a été rem- Ils ont ainsi obtenu un micro-or- ment spécieuse. Elle se fonde uniquement sur la Les spécialistes de la physique quantique admettent certaines conditions, se comporter pli par l’objet (l’organisme) que l’on ganisme reprogrammé chimique- comparaison avec les bactéries terrestres ou leurs fos- de légers et brefs écarts aux lois de la conservation de la comme une protéine. Capable de a entre les mains, mais sans négliger ment, témoignant d’une « forme de siles. Or, il n’y a aucune raison pour que les micro-or- masse et de l’énergie, sous la forme de création et de cumuler deux rôles, ce Janus biolo- pour autant de chercher comment il vie inédite sur Terre ». « Nous allons le ganismes martiens leur ressemblent obligatoirement. destruction de particules. L’existence, dans ce même gique est-il apparu d’abord ? serait, éventuellement, possible d’y breveter », précise Philippe Marlière. A l’évidence, une définition plus large de la vie s’im- univers, de choses vivantes – qui peuvent être considé- L’hypothèse, séduisante, est parvenir par d’autres voies. « L’ap- Car, au-delà des enseignements sur pose. La physique pourrait aider à la formuler. En ther- rées comme des écarts de même nature, en plus volu- contestée par certains chercheurs proche prébiotique » traditionnelle le fonctionnement du vivant et ses modynamique (domaine qui traite de l’énergie et de sa mineux – nous renseigne-t-elle sur la nature du monde dont l’Ecossais Graham Cairns- – on imagine comment, dans les origines, ces recherches – menées en transformation), tous les processus tendent à s’arrêter qui est le nôtre ? On pourrait alors considérer que la vie Smith qui, dans un ouvrage intitulé conditions de la Terre primitive, des coopération avec une société privée s’ils ne sont pas alimentés en permanence. Qu’il en fait partie intégrante, au même titre que la Genetic Takeover (le coup d’Etat gé- réactions chimiques ont pu aboutir allemande – sont riches d’applica- s’agisse de molécules ou de troupeaux d’éléphants, les constante de Hubble ou la courbure de l’espace- nétique), spécule que le matériel gé- aux premiers composants de la vie – tions industrielles ou médicales po- systèmes livrés à eux-mêmes finissent dans un dé- temps... nétique initial des êtres vivants est donc complétée, aujourd’hui, par tentielles ! sordre uniforme et leur énergie se dissipe entière- Vouloir définir la vie en tant que phénomène discret n’avait chimiquement rien à voir deux autres, explique le généticien ment. est donc aussi difficile – aussi vain, diront certains – avec les acides nucléiques actuels. français. Jean-Paul Dufour Les molécules se désagrègent en atomes qui libèrent que chercher le siège de l’âme. Qu’est-ce que la vie ? Selon lui, l’ADN se serait imposé La « démarche parabiotique » de la chaleur. Les troupeaux d’éléphants, à moins qu’ils Cette question n’a pas de réponse simple qui n’im- après une sorte de « coup d’Etat » consiste à « se simplifier la vie » en ૽ Page réalisée par les rédactions ne déploient des efforts constants pour se maintenir plique une limite arbitraire. Sans cette limite, rien n’est au début de l’évolution des pre- expérimentant tous azimuts dans le du Monde, d’El Pais et de la revue en vie, meurent et tombent en poussière. C’est la vivant, ou tout l’est. mières formes vivantes. En clair, les confort du laboratoire, loin des scientifique internationale Nature. deuxième loi de la thermodynamique : tout système chercheurs qui s’efforcent d’élaborer conditions de la Terre des origines, Traduit de l’anglais par Sylvette tend à accroître son entropie pour aboutir à une situa- Henry Gee un scénario menant directement des pour tenter de reproduire des sys- Gleize. LeMonde Job: WMQ2304--0024-0 WAS LMQ2304-24 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:07 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0317 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 AUJOURD’HUI-SPORTS Trente et un ans après, Manchester renoue avec l’Europe Un équipage français sur Le club anglais s’est imposé (1-0) sur la pelouse italienne du Stade des Alpes et s’est ainsi qualifié pour la finale de la Ligue des champions, qu’il disputera, le 26 mai, à Barcelone, face au Bayern Munich Citroën triomphe Après avoir été tenu en échec par la Juventus Zidane et Didier Deschamps avaient ouvert le gnés Roy Keane (24e), Dwight Yorke (34e) et résume la terne saison 1998-1999 de la Vec- Turin (1-1) lors de la demi-finale aller de la score par Filippo Inzaghi (6e et 11e) avant que Andy Cole (84e). Trente et un ans après la fi- chia Signora. En finale, le 26 mai, au Nou au rallye Ligue des champions, le 7 avril, Manchester les joueurs de l’entraîneur écossais Alex Fer- nale gagnée (4-1, a.p.) contre Benfica, Man- Camp de Barcelone, les Anglais rencontre- United s’est imposé (3-2), au retour, en Italie, guson prennent l’initiative de la manœuvre chester retrouve les sommets du football eu- ront le Bayern Munich, vainqueur (1-0, Mario mercredi 21 avril. Les coéquipiers de Zinedine et s’adjugent la victoire grâce à trois buts si- ropéen. Quant à la Juventus, cette défaite Basler, 35e), mercredi, du Dynamo Kiev. de Catalogne EN 1968 naissait Didier Des- pour l’éternité à 8 h 45, le 6 février Deux buts d’avance. Dans le tions, les Anglais avaient imposé coupes obtenue en 1991. Sa vic- LA CITROËN Xsara Kit Car de champs. La même année, par un 1958, instant où l’avion transpor- passé, la Juventus s’est contentée leur guerre de mouvement. toire sur la Juve vaut brevetage de l’équipage français Philippe Bu- joli mois de mai, Manchester Uni- tant l’équipe mancunienne s’était de moins pour faire triompher le Lors du match aller (1-1), Carlo son système. galski et Jean-Paul Chiaroni a dé- ted emportait la finale de la Coupe écrasé sur l’aérodrome de Munich. réalisme à l’italienne. Mais, cette Ancelotti, l’entraîneur turinois, En revanche, l’échec de la Juven- croché mercredi 21 avril, à Lloret des clubs champions. Trente et un Alors, en 1999, les poupards de fois, l’équipe piémontaise n’est ja- avait emporté la bataille tactique tus mercredi scelle un peu plus le de Mar (Espagne), le 35e rallye de ans se sont l’entraîneur écossais Alex Fergu- mais parvenue à étouffer le jeu. Ce en bloquant les couloirs latéraux déclin du club transalpin. Une qua- Catalogne. C’est la première fois écoulés de- son marcheront directement dans match qu’on croyait mort-né de- par où s’engouffrent les attaques trième participation consécutive à dans l’histoire du championnat puis : c’est une les traces des Busby Babes de 1968, mandait encore à vivre et les visi- de Manchester, via David Beck- la finale de la Ligue des champions du monde de cette discipline vie de footbal- les « bébés de Matt Busby », mana- teurs s’employèrent bien vite à le ham ou Ryan Giggs. Mercredi, aurait encore pu leurrer le Vieux qu’une voiture « hors-champion- leur, mais une ger légendaire de MU. ranimer. Deux buts de la tête de Alex Ferguson a pris sa revanche. Continent. Mais le revers de mer- nat » termine à la première place parenthèse Si Deschamps est tombé par Roy Keane (24e) et Dwight Yorke En faisant jouer presque systéma- credi, en plus d’un parcours en d’une épreuve, et c’est égale- dans l’histoire terre, c’est la faute à Manchester. Il (34e) y contribuèrent grandement. tiquement dans l’axe central, vers championnat d’Italie très moyen, ment la première victoire de Ci- d’un club. Ce se sera bien battu, comme le reste Dwight Yorke et Andy Cole, le confirme la fin d’un cycle. Zinedine troën dans ce championnat. Au 21 avril, en en- de son équipe, mais y aura cru sim- BATAILLE TACTIQUE coach des Anglais a troué une dé- Zidane devra attendre encore un classement final, les deux Fran- trant sur la pelouse du Stade des plement un peu trop tôt. Menant La partie atteignait alors des fense italienne friable à cet en- peu son premier titre européen. çais devancent leurs compa- Alpes, à Turin, le joueur français de 2-0 avant même que le premier sommets. Comme à l’aller, c’était droit, comme l’a démontré le troi- Les rumeurs de transferts l’entou- triotes Didier Auriol et Denis Gi- la Juventus entrevoyait le moyen quart d’heure soit atteint, la Juve un choc front contre front, une sième but, inscrit par Andy Cole rant – « Pas la prochaine saison, raudet, à bord de la Toyota de mettre une dernière main à un se voyait déjà en route vers Barce- lutte d’enragés. Aucune équipe ne (84e). Dans le même temps, le res- mais la suivante », a précisé « Zi- Corolla WRC, vainqueurs de palmarès exceptionnel. En face de lone, faisant le chemin inverse des parvenait réellement à contraindre ponsable technique n’a pas renou- zou » – laissent penser que le me- l’édition précédente. Au classe- lui, Manchester United attendait le éléphants d’Hannibal. Deux buts le ballon. Chacun mettait une velé l’erreur de laisser du champ à neur de jeu désespère d’enrichir ment provisoire du championnat moment de renouer avec un glo- plus griffés par Filippo Inzaghi (6e énergie féroce dans ce billard à Zinedine Zidane, vibrion rayon- son palmarès dans le club piémon- du monde des pilotes, le Finlan- rieux passé. et 11e minutes) semblaient devoir mille bandes. Mais on sentait insi- nant il y a quinze jours à Old Traf- tais, après trois échecs en Ligue dais Timmo Mäkinen conserve la Didier Deschamps n’aura donc renvoyer dans la salle d’attente dieusement que c’était Manchester ford et prisonnier contrit mercredi des champions. première place devant le Fran- pas droit, cette fois en tout cas, à pour une saison supplémentaire qui donnait l’impulsion. Aux Ita- au Stade des Alpes. Profondément agacé, Giovanni çais Didier Auriol. Au classement une cinquième finale de Ligue des ces messieurs les Anglais. liens, maîtres du football de posi- Alex Ferguson pouvait rire au Agnelli, patron de la Juve, met le des constructeurs, les japonais champions et à une éventuelle coup de sifflet final. A cinquante- tropisme espagnol, et plus parti- Toyota et Mitsubishi occupent troisième victoire dans cette huit ans, l’Ecossais semble toucher culièrement barcelonais, qui anime respectivement les deux pre- compétition. Vainqueur du match Sixième finale des champions pour le Bayern Munich au but. Depuis dix ans qu’il a dé- actuellement le champion du mières places, suivis par l’améri- retour des demi-finales (3-2), les barqué des Highlands, il s’est atte- monde sur le compte de son cain Ford. Red Devils iront à sa place à Barce- La demi-finale de la Ligue des champions qui opposait, mercredi lé à bâtir une équipe répondant à épouse, Véronique, d’origine ibé- lone, le 26 mai, quérir le titre eu- 21 avril, au stade olympique de Munich (Allemagne), le Bayern au son idéal footballistique. Usant rique. « Il souffre de l’autorité de sa DÉPÊCHES ropéen face au Bayern Munich. A Dynamo Kiev (Ukraine), a vu la victoire des Bavarois (1-0). Après le sans en abuser des millions du club femme. Et moi, je ne peux rien faire , a BASKET-BALL : Cholet dispu- Manchester, ces trente et un ans match nul (3-3) réalisé lors du match aller, à Kiev, le 7 avril, le but le plus riche du monde, il a compo- a déclaré l’avocatto. Je lui ai de- tera la finale de la Coupe de d’attente n’auront été qu’un inscrit, mercredi, à la 35e minute, par Mario Basler, a permis aux Mu- sé, autour d’Eric Cantona, puis mandé : “Qui commande chez toi ?” France contre Strasbourg, di- songe. Les saisons qui ont couru si nichois de se qualifier pour leur sixième finale de la plus presti- sans lui, une formation séduisant Il m’a répondu : “Depuis que j’ai manche 2 mai au palais omni- vite pour le capitaine de l’équipe gieuse des Coupes d’Europe. Vainqueur du trophée à trois reprises par son équilibre collectif autant deux fils, c’est ma femme.” » Au vu sports de Paris-Bercy. Vain- de France ne comptaient pas pour (1974-75-76), le Bayern Munich se rendra à Barcelone, le 26 mai, afin que par ses individualités. Sa des résultats actuels du club pié- queurs du PSG-Racing, mercredi le club anglais, trop fier pour se d’y décrocher une éventuelle quatrième victoire. Le champion du conception du jeu triomphe depuis montais, Véronique Zidane n’est soir à Paris (81 à 78), les Choletais montrer impatient. monde français Bixente Lizarazu, blessé depuis le 27 mars, pourrait longtemps outre-Manche, au fil pas forcément si mal inspirée de ont dû attendre les toutes der- A Old Trafford, le temps a sus- être de la partie. Victime d’une déchirure des ligaments croisés du des titres nationaux amassés, mais vouloir partir. nières secondes de la rencontre pendu son vol comme les aiguilles genou gauche lors de France-Ukraine (0-0), il devrait reprendre l’en- tardait à s’imposer sur la scène eu- pour prendre l’avantage sur les de l’horloge du stade, bloquées traînement le 5 mai. ropéenne, hormis une Coupe des Benoît Hopquin Parisiens et décrocher leur place en finale. a FOOTBALL : le président dé- légué de l’Olympique de Mar- L’AJ Auxerre rate sa saison 1998-1999, et voilà Guy Roux qui déprime seille (OM), Jean-Michel Rous- sier, a demandé à l’UEFA que la AUXERRE championnat, personne ne le croyait plus. notoriété internationale à nos joueurs. » teurs de moyenne, a 100 millions de francs de finale de la Coupe d’Europe qui de notre envoyé spécial Plus de 700 matches en première division, Le recruteur sait que son casting 1998/ déficit, assure-t-il. Mais le club a quelqu’un opposera, le 12 mai, son club au Dans le cyclisme, ce sport que Guy Roux onze qualifications européennes, un titre de 1999 est un échec, mais jure qu’il ne lui reste pour augmenter le capital quand il y a besoin. Parme AC (Italie), ne se joue pas aime tant, on appelle cela pudiquement champion, en 1996, et deux Coupes de plus que le second choix. « L’AJA recrute Pour se maintenir sur la scène internationale, à Moscou comme initialement « un coup de moins bien ». Six défaites et France avaient appris à se méfier des pré- après les autres, pas avant. Quand on troque il faudrait dix Louis-Dreyfus dans le football prévu. « En raison du contexte deux nuls en huit matches de championnat : somptions du technicien bourguignon. des internationaux contre des gars de vingt français. Il en faudrait surtout un qui ait une géopolitique » et en référence à la l’équipe d’Auxerre est embringuée dans une ans, ça se voit forcément », dit-il. Auxerre a maison de campagne dans la région. » Las, il guerre du Kosovo, « j’ai écrit au vilaine passe depuis la fin du mois de jan- « IL NOUS FAUT ATTEINDRE L’AN PROCHAIN » compté jusqu’à cinq joueurs chez les Bleus. n’y en a pas. Alors les relations se sont un secrétaire général de l’UEFA », a- vier. Et voilà, à cinq journées de la fin, les Qui eût cru qu’il n’y avait cette fois nulle Il ne reste plus aujourd’hui qu’un rescapé et peu tendues entre les amis de trente-huit t-il indiqué. Selon l’OM, Parme Bourguignons qui pataugent dans la bouil- roublardise dans la modestie affichée ? ex-capé, Bernard Diomède. Encore est-il sur ans, Jean-Claude Hamel et Guy Roux. Le se- aurait effectué une démarche si- lasse des relégables. « Nous devons être humbles, ce qu’Auxerre a le départ. Alors, devant cette nouvelle cond reproche au premier sa pingrerie. milaire. Dans cette fange, plus question de foot- toujours été. Mais, là, encore plus », estime donne du football, les observateurs du club Faute d’une qualification européenne, les a RUGBY : l’équipe de France ball stylisé, d’élégants ronds de jambe. Bernard Diomède, l’attaquant international. trouvent Guy Roux un peu déprimé, l’esprit cordons de la bourse se sont même un peu féminine s’est qualifiée pour la Chaque partie se joue au corps à corps, Encore plus ou, plutôt, pour de vrai. «Il ailleurs. Un signe ne trompe pas : le cagibi plus resserrés. « Les finances saines sont une finale du championnat d’Europe dans la peur de cette petite mort qu’est la nous faut atteindre l’an prochain » : tel est le qui lui sert de bureau, naguère un indescrip- obligation, martèle le président. Nous devons après avoir triomphé de l’Angle- deuxième division. « Je ne sais pas si nous mot d’ordre minimaliste affiché par Jean- tible capharnaüm, est aujourd’hui impecca- rester fidèles à la formation. Nous avons sim- terre (19-0), mercredi à Belluno nous en sortirons vivants », se demande l’en- Claude Hamel, le président. Mais, au-delà blement rangé. Comme si l’homme avait plement fait signer des contrats solides aux (Italie). Les Françaises affronte- traîneur. Il faut encore, estime-t-il, six du dérapage de cette saison particulière- besoin de mettre ses affaires et ses idées au jeunes que nous voulons garder. » ront, samedi 24 avril en finale, les points à son équipe pour se maintenir parmi ment noire, l’AJA ne cesse depuis trois ans clair. Le patriarche des entraîneurs devrait Espagnoles, victorieuses de l’élite. Le 24 avril, en recevant Montpellier, de glisser doucement, presque irrémédia- Les valeurs d’économies et de patient la- donc faire le deuil de ses rêves de remporter l’Ecosse (11-9). pour le compte de la 30e journée de cham- blement, dans le ventre mou du classement. beur sur lesquelles Auxerre et sa figure de un jour une coupe d’Europe ? Il fait la pionnat de France, il sera capital, dans cette L’équipe n’arrive plus à trouver ce savant proue avaient fondé leur réputation sont moue. « Une Coupe de la Ligue, au moins », sinistre comptabilité, d’engranger des rai- équilibre entre anciens et nouveaux qui per- aujourd’hui emportées dans le flot des mil- supplie-t-il. Cet insatiable archiviste ressort LOTO sons d’espérer. mettait aux générations de se succéder sans lions qui se déversent sur le football. En des coupures de presse de 1993, quand on le Résultats des tirages no 32 effectués mercredi Qu’elle reste médiocre ou devienne catas- discontinuité. Neuf titulaires ont quitté les 1998, le club était éliminé de justesse par la disait déjà fini après une autre mauvaise sé- 21 avril. Premier tirage : 4, 9, 12, 16, 29, 38, numéro trophique, la saison d’Auxerre est, à coup bords de l’Yonne à l’intersaison et, depuis Lazio Rome, en quarts de finale de la Coupe rie. « J’ai soixante ans. Mon objectif est d’arri- complémentaire : 19. Rapports pour 6 numéros : sûr, ratée. « Je savais depuis le début du 1996, l’équipe a été pratiquement renouve- de l’UEFA. « Depuis, cette équipe a investi ver à refaire une grande équipe de l’AJA 3 280 660 F, 500 133,39 ¤ ; pour 5 numéros et le championnat que ce serait difficile », assure lée deux fois. « Il aurait fallu quintupler la 600 millions de francs dans le recrutement : avant de me retirer », dit-il. Et, ragaillardi, le complémentaire : 56 975 F, 8 685,78 ¤ ; 5 numé- ros : 3 780 F, 576,25 ¤ ; 4 numéros et le complé- aujourd’hui Guy Roux. Simplement, depuis masse salariale pour garder nos joueurs : c’est huit fois notre budget total, calcule Guy passionné de vélo ajoute : « Parce que, après mentaire : 184 F, 28,05 ¤ ; 4 numéros : 92 F, dix-neuf saisons que le bonhomme serinait, c’était impossible, affirme Guy Roux. En fait, Roux. Il y a toujours eu des grosses écuries et tout, Thévenet a déjà battu Merckx. » 14,02 ¤ ; 3 numéros et le complémentaire : 22 F, mi-goguenard, mi-sérieux, le même dis- nous subissons le contrecoup de notre titre et des petites. Mais le fossé s’est élargi. » 3,35 ¤ ; 3 numéros : 11F, 1,67 ¤. cours misérabiliste à chaque entame de de la Ligue des champions, qui ont apporté la « Marseille, avec pourtant 40 000 specta- Second tirage : 6, 7, 12, 27, 33, 42, numéro B. H. complémentaire : 34. Rapports pour 6 numéros : 14 041 140 F, 2 140 557,90 ¤ ; 5 numéros et le complémentaire : 68 320 F, 10 415,31 ¤ ; 5 numé- ros : 3 455 F, 526,71 ¤ ; 4 numéros et le complé- mentaire : 184 F, 28,05 ¤ ; 4 numéros : 92 F, Gustavo Kuerten veut devenir le favori de Roland-Garros 14,02 ¤ ; 3 numéros et le complémentaire : 22 F, 3,35 ¤ ; 3 numéros : 11F, 1,67 ¤. MONTE-CARLO faisait sortir les coups les plus im- grande rigolade, il se pose peu à au passage le point du double. était le seul joueur en présence à de notre envoyée spéciale probables de son revers dégin- peu en sérieux prétendant pour « Je jouais déjà très bien quand la pouvoir supplanter Pete Sampras Il n’y a pas bien longtemps, un gandé ; il n’a pas non plus perdu l’édition 1999 de Roland-Garros, Coupe Davis est arrivée, explique- à la place de no 1 mondial. Las, jour qu’il ne savait pas quoi faire, sa bonne humeur et cette can- qui se dispute du 24 mai au 6 juin. t-il en vrai modeste. C’est que tout comme au Tournoi de Londres, Gustavo Kuerten a coupé ses deur qui fait son charme dans un Il dit : « J’ai travaillé dur, je ne suis va vraiment bien. Je joue bien au en février, les nerfs lui ont man- A LA TELEVISION ET A LA RADIO cheveux milieu qui en manque. A vingt- pas étonné. » Depuis deux mois, il tennis, je profite de la vie et j’aime qué. « J’ai du mal à m’adapter à la ébouriffés deux ans, il semble aujourd’hui ne cesse de bûcher et de jouer, il bien ma vie. » Ainsi va Gustavo terre battue », a lâché le Le Monde des idées très court. avoir retrouvé ce sens aiguisé du a seulement pris quelques jours, Kuerten, tranquillement, comme vainqueur de Roland-Garros LCI C’est avec jeu qui l’avait fait connaître à Pa- en mars, après le Tournoi d’Esto- il attend Roland-Garros, avec 1996. Le samedi à 12 h 10 et à 16 h 10 Le dimanche à 12 h 10 et à 23 h 10 cette tête de ris. ril. Il s’est reposé et n’a rien eu gourmandise. a piaf mouillé Car, depuis son exploit déli- d’autre à faire que d’aller chez le Et puis il y a ce deuxième ren- Bénédicte Mathieu Le Grand Jury que le Brési- cieux, Gustavo Kuerten a connu coiffeur. dez-vous avec la France : le quart RTL-LCI lien a décidé quelques difficultés pour assortir de finale de la Coupe Davis qui a Le Français Arnaud Di Pas- Le dimanche à 18h30 d’écumer le sa personnalité et surtout son sera disputé à Pau du 16 au quale, 90e joueur mondial, s’est a circuit de terre battue en 1999. Au tennis à la rigueur du circuit. Co- « Je joue bien 18 juillet, un an presque jour pour qualifié pour les huitièmes de fi- De l’actualité à l’Histoire Tournoi de Monte-Carlo, premier queluche empruntée, il s’est jour après la finale de la Coupe nale, mercredi 21 avril, en battant La chaîne histoire grand rendez-vous de la brique souvent perdu en cours de route. du monde de football, gagnée par l’Italien Vincente Santopadre Les mardi à 9 h et 23 h, au tennis, je profite mercredi à 11 h et 17 h, pilée, il s’est qualifié, mercredi Bien qu’éliminé dès le troisième la France, le 12 juillet. Passionné (6-3, 7-6 (7/4)). Celui-ci avait jeudi à 13 h et 19 h, 21 avril, pour les huitièmes de fi- tour de Roland-Garros en 1998, il de la vie et j’aime de foot, Gustavo était au Stade remplacé l’Américain Andre vendredi à 15 h et 21 h nale en disposant du Tchèque a continué à progresser sur les de France ce soir-là. Il refuse de Agassi, tête de série no 7, a Bodan Ulihrach (6-7 (5-7), 6-2, surfaces rapides et a prouvé un bien ma vie » se souvenir en riant. Il dit seule- contraint de renoncer en raison Le Grand Débat 6-4). Si la coupe de cheveux est peu partout qu’il n’était pas ment : « Les Français seront beau- d’une blessure à l’épaule. Au pro- FRANCE-CULTURE e e rigoureuse, le tennis de Gustavo qu’un mirage exotique. «Les coup plus favoris que nous. » chain tour, il rencontrera son Les 3 et 4 lundis de chaque mois à 21 heures Kuerten est toujours aussi éche- choses étaient allées si vite, alors je Ensuite, Gustavo Kuerten a vé- La journée a également été compatriote Jérôme Golmard, a velé, et le match, joué sous un voulais aller aussi vite partout, cu un moment immense. C’était marquée par la terrible défail- qui a bénéficié du forfait de Boris A la « une » du Monde court couvert, a été le beau rayon c’est normal, dit-il. J’ai juste appris pendant le week-end de Pâques, lance d’Evgueni Kafelnikov. Tête Becker consécutif au décès de RFI de soleil d’une journée pluvieuse. à être patient. » lors du premier tour de la Coupe de série no 2, le Russe a été battu son père. Sébastien Grosjean, lui, Du lundi au vendredi à 12 h45 (heures de Paris) Vainqueur des Internationaux Preuve de son beau talent, en Davis, contre l’Espagne archi-fa- en trente-huit minutes (6-1, 6-2) a dominé l’Allemand Tommy a de France de Roland-Garros en deux ans Gustavo Kuerten s’est vorite. Le Brésilien a amené son par le Croate Ivan Jlubicic, Haas (7-5, 6-2) et jouera contre La « une » du Monde 1997 à la surprise quasi générale, maintenu parmi les 25 meilleurs pays à la victoire en battant Car- 198e mondial, issu des qualifica- l’Australien Mark Philippoussis, BFM Gustavo Kuerten ne s’est pas dé- mondiaux. A Monte-Carlo, il los Moya, no 2 mondial, Alex Cor- tions et membre du Country Club vainqueur du Paraguayen Ramon Du lundi au samedi parti de cette insolence qui lui vient en 17e mondial et, pour sa retja, 5e mondial et en y ajoutant monégasque. Evgueni Kafelnikov Delgado (7-6 (7-2), 6-2). à 13 heures et 15 heures LeMonde Job: WMQ2304--0025-0 WAS LMQ2304-25 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 09:23 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0318 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-MODES DE VIE LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / 25 Produits d’entretien : la ménagère se met au parfum De la lessive au liquide vaisselle, « l’odeur du propre » devient très sophistiquée LA PROPRETÉ ne doit pas seu- consommateurs « lavent plus baril d’Ariel contre deux barils de l’aromathérapie (la recherche du lement se voir. Il s’agit également souvent un linge qui tendancielle- d’une autre marque), la lessive se « bien-être psycho-sensoriel dégagé de flatter l’odorat. « Il faut que ça ment est de moins en moins sale », présente comme un produit qui par les arômes »). Ce courant se tra- sente le propre » est devenu le mot tentent plus que jamais de se dif- « permet de se sentir mieux dans sa duit, rappelle le magazine LSA du d’ordre général des fabricants de férencier en jouant sur l’imagi- peau », souligne Pascal Houdayer. 25 mars, par le développement de produits d’entretien. Engagée à naire. « En fait, les femmes n’ont jamais bougies et de sprays diffusant des partir de 1995-1996 par les adoucis- cru que les produits qu’elles ache- senteurs apaisantes, de fonds de sants textiles, la manie de parfumer PRIMAIRE ET SECONDAIRE taient pouvaient les débarrasser des teint relaxants, d’eau de toilette an- les produits ménagers s’est éten- « Les attentes primaires (nettoyer tâches ménagères. Notre message a ti-stress, d’inhalateurs « énergi- due à grande échelle. Même le pro- avec efficacité) sont globalement sa- donc changé : nous leur disons que, sants » ou encore d’huiles essen- duit vaisselle n’y échappe pas. tisfaites de même que les attentes se- malgré tout, on peut prendre un cer- tielles que l’on « sniffe » sur un Numéro un sur le marché fran- condaires (le linge plus souple). Au- tain plaisir en faisant son ménage », mouchoir... (Le Monde du 10 avril). çais de la lessive, Ariel est dispo- jourd’hui, affirme Pascal Houdayer, ne craint pas d’affirmer Philippe Toutefois, ces nouvelles senteurs nible depuis le début de l’année en responsable des détergents chez Barbut, responsable du marketing de la propreté et du bien-être ne version « fraîcheur alpine » alors Procter & Gamble, il faut satisfaire chez Johnson. « Les fabricants se sont pas toujours payantes. Pour que Gamma préfère la « fraîcheur les attentes tertiaires des consomma- sont inspirés des produits d’hygiène- rester crédibles, nombre de pro- D.R. citron ». Les « fragrances fleuries et teurs en jouant sur la composante beauté pour adopter les senteurs à la duits doivent encore s’en remettre notes sauvages » d’Ariel Fraîcheur émotionnelle. » Les études de mar- mode. Mais ce qui est encore plus à la bonne vieille odeur de dé- Après avoir alpine constituent, insiste avec ly- ché consacrent le sens olfactif original, note Cécile Pasquier de la tergent plutôt qu’à la suave senteur prôné l’efficacité risme Procter & Gamble, des «dé- comme la plus vibrante des cordes Secodip, c’est qu’ils n’hésitent plus à de mandarine. En France, tous les (« un baril clinaisons olfactives pour un bol sensibles des acheteuses de pro- utiliser des parfums alimentaires. A professionnels constatent d’ailleurs d’Ariel contre d’air aux senteurs des Alpes évo- duits d’entretien (les acheteurs commencer par la vanille, devenue l’émergence d’une tendance « hy- deux d’une quant montagnes et prairies ». Pour sont quantité négligeable). Après la incontournable. » giéniste » – influente, mais moins autre marque », sa part, M. Propre étend son réper- technologie (« les enzymes glou- Les produits d’entretien ne sont intégriste qu’aux Etats-Unis – qui a photo ci-contre), toire. Il se présente en classique tons ») et le sens de l’efficacité (un pas indifférents à la grande vogue fait apparaître de nouveaux pro- la lessive version « citron » mais aussi désor- duits tels que les liquides vaisselle se présente mais en « vanille ». antibactériens. Si les ventes d’eau aujourd’hui La concurrence s’organise : Ajax L’écologie n’a pas encore conquis la lessive de Javel sont en chute libre depuis comme « une célèbre « la fête des fleurs » et dix ans, les produits « javellisés » déclinaison Saint-Marc élargit sa palette. Très En France, le sens de l’écologie n’a pas encore conquis l’univers destinés, par exemple, au nettoyage olfactive pour un en vogue au milieu des années 80, des nettoyants ménagers. Les Français dédaignent largement les des sols, sont en pleine expansion bol d’air les sobres gels douche « nature » et éco-recharges qui permettent de réduire les emballages, les lessives sous forme de spray ou de gel. «Les aux senteurs transparents sont en perte de vi- sans phosphate et les produits justifiant d’un label certifiant leur mères de famille veulent que leurs des Alpes » tesse. Ils sont toujours « hypo-al- moindre nuisance environnementale. « Tous les fabricants ont misé enfants puissent marcher à quatre (photo lergéniques » mais ont repris des sur ces produits, mais en France, il ne s’est rien passé. En revanche, l’Eu- pattes dans la cuisine sans risque ci-dessus). couleurs et fleurent bon le kiwi ou rope du Nord – surtout l’Allemagne – leur a fait un réel succès », d’attraper un microbe. Dans ces la papaye. Quant aux assouplis- constate-t-on chez Procter & Gamble. conditions, admet un expert, une lé- sants, ils se présentent désormais Le consommateur semble beaucoup plus intéressé par les aspects gère effluve d’eau de Javel lorsque en parfum pêche. pratiques, même si les lessives liquides concentrées, proportionnel- l’on débouche le produit reste ce que Les grandes marques, qui pro- lement un peu plus chères que les barils classiques, tardent à faire l’on a trouvé de mieux pour rassurer posent depuis longtemps des pro- l’unanimité. Lancées depuis quelques mois, les lessives en tablettes la ménagère ». duits aux performances compa- ou en pastilles, sur le modèle des produits pour lave-vaisselle, rables et constatent que les connaissent un démarrage jugé encourageant.

J.-M. N. PROCTER & GAMBLE

TROIS QUESTIONS À... héritées de son histoire person- nelle. Il n’est donc pas facile de sa- Haro sur les odeurs de cendrier et de chien mouillé ! voir ce qui peut le mieux refléter JEAN-CLAUDE l’idée de propreté. Assez récente LES CONJOINTS de fumeurs et globe la molécule odoriférante pour chez Procter et Gamble. Plus large- vaise impression olfactive au visiteur, car elle remonte au XIXe siècle, la les propriétaires dont le chien est l’éliminer ») comme élément actif. ment, nous répondons à un besoin même de passage », estime le KAUFMANN notion de mauvaise odeur est amateur de bains de boue vont pou- Ce produit est la reconnaissance, clairement identifié : les gens ne groupe américain. Toutefois, cette culturelle. Et, de ce fait, parfaite- voir enfin respirer tranquilles. Fé- au plan commercial, d’une intolé- veulent plus être incommodés par ce crainte reste encore largement dans Sociologue spécialiste de l’en- ment variable. brèze, « le premier produit qui éli- rance croissante vis-à-vis de cer- qui ne sent pas bon. Cela inclut les le domaine du non-dit et la bien- 1 vironnement domestique et mine les odeurs sur les textiles » leur taines odeurs alors que les Français odeurs corporelles, même dans l’inti- séance exclut de tenir un discours auteur (Le Cœur à l’ouvrage, chez Cette redécouverte des sens est destiné. Commercialisé depuis – comme les habitants d’Europe du mité familiale. » publicitaire par trop direct. Nathan), vous estimez que la no- 3 est très liée à une forme de début avril, ce vaporisateur « éli- Sud – ne sont pas classés parmi les Les focus groups (tests effectués « Contrairement aux Anglais, les tion de confort est en pleine mu- « cocooning ». Ce repli sur l’uni- mine à la source les nuisances olfac- plus susceptibles. avec des groupes de consomma- Français prennent très mal qu’on leur tation. Faut-il y voir plus qu’un vers domestique n’est-il pas un tives », contrairement à un désodo- « Les ménages qui comptent au teurs) et, plus encore, les in-home dise qu’il arrive que leur chien sente simple mouvement de mode ? peu régressif ? risant d’atmosphère, qui « ne fait moins un fumeur et/ou un animal do- visits (entretiens réalisés au domi- mauvais. Même sur le ton de l’hu- Sur le fond, cette évolution est La maison devient une base de que les couvrir ». Il suffit d’humidi- mestique représentent trois quarts cile des volontaires) ont révélé le mour », prévient Kristell Schuber. très lourde, profonde. Elle s’inscrit ressourcement plutôt qu’un lieu fier le textile en vaporisant Fébrèze des foyers français, assure Kristell souci croissant des maîtresses de en rupture avec la conception pu- d’enfermement défensif. Chez à une trentaine de centimètres pour Schuber, responsable de Fébrèze maison « de ne pas donner de mau- J.-M. N. rement technique du confort, héri- eux, les gens aspirent à évoluer que se dégage « un léger parfum de tée des années 50-60. De nos jours, dans une enveloppe sensorielle et frais et de propre » qui se dissipera on recherche une sorte d’hyper- ils font preuve de curiosité. Il leur en quelques minutes après avoir confort qui sollicite les cinq sens. faut des ambiances musicales, la neutralisé les vilaines senteurs de Se sentir bien n’est plus seulement décoration intérieure ne les a ja- tabac froid sur un tailleur ou des ri- une affaire de technologie qu’il mais autant mobilisés, ils s’inté- deaux et dissipé les traces odorantes faut confier aux ingénieurs. C’est ressent désormais au « toucher » laissées par le chien sur le canapé. aussi une affaire de sensualité : on des matières domestiques et les Fébrèze ne craint pas non plus les recherche la performance, mais on caractéristiques gustatives de l’ali- baskets malodorantes du fils aîné et veut y associer un véritable bien- mentation reviennent au premier les senteurs de friture sur un veston, être psychologique, identitaire et plan, tout comme la dimension ol- assure Procter & Gamble, qui a ex- intuitif. factive. Même les couleurs périmenté ce produit à Phoenix, aux commencent à s’imposer dans la Etats-Unis, puis à Plymouth, en Les entreprises sollicitent de cuisine qui, progressivement, s’af- Grande-Bretagne, et dans la région 2 plus en plus le sens olfactif du franchit du règne sans partage d’Angers avant de le distribuer dans consommateur. C’est un exercice du blanc sur le matériel électro- toute l’Europe. assez périlleux... ménager. Fabriqué à Amiens et distribué au L’odorat est en effet un terrain rayon « lessives et adoucissants », particulier, car chaque individu Propos recueillis par Fébrèze utilise la cyclodextrine dispose de ses propres références, Jean-Michel Normand (« une molécule complexe qui en- La guerre du tabac gagne les bars de San Diego LOS ANGELES plats, pour isoler les serveurs des fumeurs. Mais, le correspondance plus souvent, les écriteaux No smoking (« Interdit de La jeune actrice française qui allumait, tout na- fumer ») voisinent gentiment avec les cendriers. turellement, une cigarette dans un bar de Los An- Jusqu’à l’initiative musclée de la ville de San Die- geles lors d’une réception en son honneur ignorait go, qui a entamé des descentes systématiques dans qu’elle contrevenait à la loi en vigueur. Car, en Cali- les bars... Les policiers en civil de la brigade des fornie, il est purement et simplement interdit de fu- mœurs (Vice Unit) arrivent incognito, repèrent les mer dans les lieux de restauration clos, les bars y fumeurs, les invitent à sortir et leur dressent une compris. A quelques mètres de là, le célèbre Marlbo- contravention. La première infraction coûte 100 dol- ro Man, cette immense effigie en carton-pâte sur lars (93,5 ¤), en réalité près de 300 si l’on inclut les Sunset Boulevard, allumait lui aussi ses dernières frais de justice. Les récidivistes devront régler blondes à filtre. Quelques jours plus tard, il était dé- 200 dollars, et jusqu’à 500 dollars (près de 470 ¤) la mantelé dans le cadre de l’accord entre les Etats troisième fois. Les patrons de bar sont eux aussi pas- américains et les fabricants de cigarettes. Le cow- sibles d’amendes. boy Marlboro sera remplacé par une publicité anti- Les policiers de San Diego, cependant, sont très tabac ! Persister à fumer en Californie, qui impose mal accueillis par les fumeurs impénitents, indignés une des taxes les plus élevées sur les cigarettes, est de se voir traités comme des criminels. « Ils réa- une tâche ardue. gissent comme des gens à qui l’on enlève leur dernière Le Golden State est passé de la distinction entre liberté », explique James Jarrett, inspecteur de la bri- zones pour fumeurs ou pour non-fumeurs dans ses gade des mœurs. Dans certains bars, on a vu les cafés et restaurants – très strictement appliquée – à consommateurs faire une collecte spontanée pour l’interdiction totale de fumer, sauf dans les bars. régler la contravention du fumeur. Mais ce dernier havre du tabagisme a disparu avec « Cette loi est une plaisanterie », proteste Mike la loi la plus récente, de loin la plus draconienne au Hambrick, de la National Smokers Alliance, un lobby monde... à condition qu’elle soit effectivement mise qui représente l’industrie du tabac. Mais une plai- en application. santerie que les marchands de cigarettes redoutent, car d’autres Etats pourraient adopter la même légis- INTERDICTION DÉTOURNÉE lation si le modèle californien est une réussite. On Car les patrons de bar se plaignent de perdre leur n’a pas encore entendu parler de raids antifumeurs clientèle, le buveur empêché de fumer étant tenté à San Francisco, ni à Los Angeles, où la mise en ap- d’aller fumer ailleurs. Cette nouvelle législation plication de la loi a été confiée... aux pompiers. compromet aussi le commerce d’un établissement Certains patrons de bar ont choisi la voie légale en comme le Cigar Bar and Smoking Lounge, où la proposant un amendement à la loi qui exempterait vente de cigares est une partie importante du chiffre les bars nantis d’un système de ventilation adéquat. d’affaires. Certaines tavernes ont détourné astu- En attendant, mieux vaut bien inspecter son voisin cieusement l’interdiction – qui vise officiellement à de bar avant d’en griller une. protéger la santé des employés – en délimitant des espaces étanches avec porte coulissante ou passe- Claudine Mulard LeMonde Job: WMQ2304--0026-0 WAS LMQ2304-26 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0319 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 AUJOURD’HUI

-23------AVRIL------1999------Oslo Stockholm Vents violents et pluies Prévisions Moscou Ensoleillé vers 12h00 LE CARNET VENDREDI, arrivée par l’ouest Poitou-Charentes, Aquitaine, d’une dépression qui va engendrer Midi-Pyrénées.– Attention en mer DU VOYAGEUR un fort coup de vent d’ouest. La per- où le vent de sud-ouest peut at- Peu turbation associée va traverser le teindre 120 à 130 km/h en pointe le Belfast nuageux Liverpool pays et aucune région ne sera à l’abri matin. Fortes rafales sur la côte cha- Dublin a TRAIN. Les agents de conduite de de la pluie. rentaise, 90 km/h à l’intérieur, ac- Varsovie Kiev la SNCF ont déposé un préavis de Amsterdam Bretagne, pays de Loire, Basse- compagnées de pluies soutenues. Berlin Brèves grève pour la période du 27 avril au Normandie.– Vents d’ouest attei- Dans le bassin Aquitain, éclaircies Londres éclaircies 3 mai. Ils protestent contre la poli- o Bruxelles gnant 110 km/h sur la côte. Ciel mena- l’après-midi entrecoupées d’averses. 50 Prague tique de l’entreprise pour l’applica- çant partout, avec des pluies parfois Il fait de 13 à 16 degrés du nord au tion de la loi sur les 35 heures. Couvert fortes et orageuses. L’après-midi, sud. a AUTRICHE. Spécialiste du B & B Paris Strasbourg Vienne éclaircies en Bretagne. Les thermo- Limousin, Auvergne, Rhône- Budapest en Autriche, Tourisme chez l’habitant mètres indiquent de 13 à 15 degrés. Alpes.– Le temps se gâte par l’ouest. Nantes Brume commercialise des bons prépayés qui Nord-Picardie, Ile-de-France, Pluies et vent affectent dès le matin le Berne brouillard permettent de se loger, sans réserva- Bucarest Centre, Haute-Normandie, Ar- Massif Central. Vents forts. Les ré- tion préalable, dans plus de Les pluies gagnent peu à gions à l’est du Rhône, après une ma- Lyon Milan 240 chambres d’hôtes, fermes, au- dennes.– Belgrade Sofia Averses peu toutes les régions d’ouest en est. tinée clémente, voient le ciel se cou- Istanbul berges ou petites pensions en basse Vents violents, notamment dans le vrir, avec de la pluie. Il fait environ Toulouse Autriche. Baptisés « Welcome tic- Berry, où les rafales atteignent 12 degrés dans le Limousin, jusqu’à 16 Pluie kets », ils coûtent 113 F (17 ¤) par nuit 90 km/h. Il fait environ 14 degrés. ailleurs. Rome et par adulte (avec petit déjeuner) et Barcelone Naples 69 F (10,5 ¤) pour les enfants. Ils Champagne, Lorraine, Alsace, Languedoc-Roussillon, Pro- o Madrid En 40 doivent impérativement être achetés Bourgogne, Franche-Comté.– vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse.– Athènes Alsace, éclaircies et températures Soleil par intermittence le matin, de Lisbonne Orages à l’avance en France, par courrier agréables, jusqu’à 18 degrés. Les plus en discret l’après-midi. Des on- (Tourisme chez l’habitant, 15, rue des autres régions voient le ciel se couvrir dées se déclenchent alors, principale- Séville Pas-Perdus, BP 8338, Saint-Chris- Neige par l’ouest. Pluie l’après-midi et tem- ment dans l’arrière-pays, avec parfois Alger Tunis tophe, 95804 Cergy-Pontoise cedex), pératures plafonnant vers les 16 de- un caractère orageux. Elles épargnent par téléphone (01-34-25-44-44) ou grés. la Corse. Il fait de 16 à 20 degrés. dans les agences de voyages. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 23 AVRIL 1999 PAPEETE 24/30 S KIEV 9/15 S VENISE 11/16 P LE CAIRE 14/26 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/30 N LISBONNE 12/18 C VIENNE 8/18 S MARRAKECH 12/30 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 22/29 N LIVERPOOL 8/11 P AMÉRIQUES NAIROBI 16/26 N EUROPE LONDRES 7/12 N BRASILIA 18/27 S PRETORIA 18/22 N C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 6/15 S LUXEMBOURG 5/13 S BUENOS AIR. 14/24 C RABAT 12/20 N FRANCE métropole NANCY 5/18 N ATHENES 14/23 S MADRID 7/19 C CARACAS 23/27 P TUNIS 14/23 S AJACCIO 8/17 N NANTES 9/14 P BARCELONE 11/20 N MILAN 8/19 N CHICAGO 4/8 P ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 10/15 P NICE 10/17 N BELFAST 5/12 P MOSCOU 4/17 S LIMA 17/23 N BANGKOK 25/31 P BORDEAUX 9/13 P PARIS 6/15 P BELGRADE 10/17 P MUNICH 7/16 S LOS ANGELES 11/18 S BOMBAY 24/33 S BOURGES 7/14 P PAU 7/14 P BERLIN 8/17 S NAPLES 12/21 N MEXICO 15/27 N DJAKARTA 26/30 P BREST 8/11 P PERPIGNAN 8/20 P BERNE 3/14 S OSLO 3/9 P MONTREAL 2/10 S DUBAI 24/36 S CAEN 7/12 P RENNES 9/14 P BRUXELLES 8/14 S PALMA DE M. 9/23 S NEW YORK 9/13 P HANOI 25/30 P CHERBOURG 7/12 P ST-ETIENNE 6/14 P BUCAREST 8/18 N PRAGUE 7/15 N SAN FRANCIS. 13/19 S HONGKONG 22/27 S CLERMONT-F. 6/15 P STRASBOURG 6/16 N BUDAPEST 9/18 P ROME 11/20 N SANTIAGO/CHI 9/24 C JERUSALEM 14/24 S DIJON 6/14 N TOULOUSE 8/15 P COPENHAGUE 6/12 N SEVILLE 11/26 N TORONTO 4/10 C NEW DEHLI 22/40 S GRENOBLE 6/16 N TOURS 8/13 P DUBLIN 5/12 P SOFIA 8/16 C WASHINGTON 10/26 P PEKIN 12/20 S LILLE 6/13 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 6/17 S ST-PETERSB. 9/16 P AFRIQUE SEOUL 16/21 S LIMOGES 7/11 P CAYENNE 24/29 C GENEVE 5/12 S STOCKHOLM 6/13 P ALGER 9/23 S SINGAPOUR 26/31 P LYON 7/16 N FORT-DE-FR. 25/29 N HELSINKI 5/12 P TENERIFE 12/18 S DAKAR 20/25 S SYDNEY 13/19 P MARSEILLE 9/18 N NOUMEA 22/27 S ISTANBUL 12/19 S VARSOVIE 8/12 N KINSHASA 23/30 P TOKYO 15/18 P Situation le 22 avril à 0 heure TU Prévisions pour le 24 avril à 0 heure TU

VENTES DÉPÊCHES a CUIVRES DE CUISINE. La troi- A Genève, des pièces d’art horloger dispersées par Antiquorum sième vente consacrée à ces objets de collection aura lieu à Gien le di- manche 25 avril. Outre un en- CAPITALE mondiale de l’horloge- les horloges de leurs poids en les maîtres horlogers de la ville alle- boîte crânienne, dont on soulève la fait partie d’une série d’animaux ani- semble de quarante moules à rie, la ville de Genève voit se dérouler remplaçant par un ressort. C’est alors mande d’Augsbourg. Elle représente calotte pour lire l’heure (480 000 F, més qui comprend des grenouilles, gaufres du XIXe (300 F à 1 000 F, régulièrement les plus grandes que l’on a commencé à fabriquer des une tête de mort reposant sur deux ou 73 282 ¤). des lézards et même un ver à soie 46 ¤ à 153 ¤), les amateurs pour- ventes de cette spécialité. La pro- modèles de table, auxquels les horlo- tibias croisés en bronze doré dont la Une charmante petite souris en or (360 000 F, ou 54 962 ¤). ront acquérir un coquemar (sorte chaine, qui aura lieu samedi 24 et di- gers les plus inventifs ajoutent un au- bouche qui suit en permanence le et émail, entièrement décorée de de- Une série de montres en or, fin de bouilloire) de la fin du manche 25 avril, propose plus de tomate, souvent prétexte à des fan- mouvement du mécanisme met trois mi-perles, qui tourne en rond, XVIIIe et et début XIXe, laissent dé- XVIe siècle (4 000 F, 611 ¤), une cho- 600 modèles de pendules, montres et taisies de toutes sortes. minutes à s’ouvrir, bâille et ricane marche et se dresse sur ses pattes couvrir des scènes érotiques, délica- colatière XVIIIe, proche des mo- montres-bracelets du XVIIe siècle à Dans cette gamme, une montre pendant que des petits serpents avant, est attribuée à l’atelier gene- tement peintes sur émail (de 24 000 F dèles d’orfèvrerie (4 800 francs, aujourd’hui, avec quelques pièces ex- automate du début du XVIIIe siècle sortent de ses yeux. Puis la mâchoire vois de Jacquet-Droz, le fabricant à 70 000 F, de 3 664 ¤ à 10 696 ¤). 733 ¤) et de multiples cuivres XIXe ceptionnelles. se révèle un tour de force de Nicolas claque et se referme, comme si elle d’automates le plus célèbre du D’autres modèles s’inspirent de entre 500 F et 2 000 F (76 ¤ à Celle dont on attend le plus haut Schmidt-le-jeune, un des grands mordait. La montre est logée dans la XVIIIe siècle. Exécutée vers 1810, elle sujets plus austères, comme cette 305 ¤). prix est une montre-bracelet de Pa- montre en argent d’époque Direc- ૽Hôtel des ventes de Gien, di- tek Philippe, une des marques toire qui rappelle la chute d’Adam et manche 25 avril. Exposition la suisses les plus prestigieuses, réalisée Calendrier Lunesse, du samedi 24 au dimanche Marne. Samedi 24 au dimanche Eve (12 000 F, ou 1 832 ¤). Environ veille. Etude Renard, 35, quai de en 1953. Equipée d’un cadran en 25 avril, de 9 heures à 19 heures. 25 avril de 9 h 30 à 19 heures. 70 lots offrent un panorama de Nice. 45500 Gien. Tél. : 02-38-67- émail cloisonné où figure une carte ANTIQUITÉS-BROCANTE 50 exposants. Entrée 10 F (1,52 ¤). 25 exposants. Entrée 15 F (2,29 ¤). montres militaires, commandées par 01-83. de l’Europe, entourée d’une double b Lille (Nord), Salon des antiquaires. b Pont-Audemer (Eure). Salon des différents pays à l’usage des troupes a SALON DES ANTIQUAIRES DE couronne de chiffres, elle donne Palais Rameau, boulevard Vauban. antiquaires. Hall des sports, du COLLECTIONS et des officiers, des années 20 à au- COLOGNE : la 30e édition du Salon l’heure universelle, c’est-à-dire dans Du jeudi 22 au dimanche 25 avril. Le samedi 24 au dimanche 25, de 9 h 30 b Fontainebleau (Seine-et-Marne). jourd’hui. Une des moins chères, fa- art et antiquités de Cologne (Alle- toutes les villes du monde. 22 de 18 heures à 22 heures, le 23 de à 19 heures. 70 exposants. Bourse minéraux et fossiles. Salle briquées par Auricoste à Paris pour le magne) se déroulera du 24 avril au (3 200 000 F, ou 488 550 ¤). Une 10 heures à 22 heures, les 24 et 25 de b Ploudalmézeau (Finistère). Elections. Place de la République, ministère de la guerre, vers 1940, est 2 mai dans les halles de la Messe- bague allemande contenant un ca- 10 heures à 19 heures. 60 exposants. Antiquités-brocante. Salle omnisports samedi 24 et dimanche 25 avril de estimée 4 800 F, ou 733 ¤. Un rare platz. L’ensemble de cette manifes- dran solaire, datée autour de 1500, il- Entrée 35 F (5,34 ¤). de Portsall, du samedi 24 au 10 heures à 19 heures. 15 exposants. modèle de précision fabriqué en 1994 tation est consacré au mobilier et lustre ce qu’on peut trouver de plus b Trouville (Calvados), Salon des dimanche 25 avril, de 10 heures à b Wasquehal (Nord). Salon du livre par la manufacture italienne Panerai aux objets d’art européens. Mais la ancien dans l’art horloger. Montée antiquaires. Casino, du vendredi 23 au 19 heures. 28 exposants. Entrée 20 F ancien. Dojo régional, samedi 24 et est annoncé à 40 000 F (6 107 ¤). peinture XIXe siècle y occupe une sur un anneau en or émaillé, un rubis lundi 26 avril, de 10 heures à 19 h 30. (3,05 ¤). dimanche 25 avril. Samedi de place de choix et la galerie muni- taillé en camée et sculpté de la 35 exposants. Entrée 25 F (3,81 ¤). b Chevreuse (Yvelines). 10 heures à 19 heures, dimanche de Catherine Bedel choise Meier lui consacre cette an- Vierge et l’enfant se soulève et laisse b Les Rues des Vignes (Nord). Salon Antiquités-brocante. Gymnase. 10 heures à 18 heures. 25 exposants. née une exposition. apparaître le cadran entouré de des antiquaires. Abbaye de Vaucelles, samedi 24 et dimanche 25, de 9 h 30 à Entrée 15 F (2,29 ¤). ૽ Hôtel des Bergues, Genève, sa- ૽Art et antiquité. Messeplatz 1, chiffres arabes (560 000 F, ou du vendredi 23 au dimanche 25 avril, 19 heures. 40 exposants. Entrée 20 F b Cannes (Alpes-Maritimes). medi 24 et dimanche 25 avril. Expo- Cologne, du 24 avril au 2 mai, de 85 496 ¤). de 11 heures à 19 heures. (3,05 ¤). Convention du disque et de la bande sition le vendredi de 10 à 12 heures, 11 heures à 19 heures. Entrée La miniaturisation de l’horloge en 25 exposants. Entrée 30 F (4,58 ¤). b Le Perreux-sur-Marne dessinée. Palais des festivals, chez Antiquorum, 2, rue du Mont- 32 DM (16 ¤) avec le catalogue, montre devient possible à partir de la b Angoulême (Charente). (Val-de-Marne). Salon des samedi 24 et dimanche 25 avril, de Blanc, Genève. Tél. : 00-4122-909-28- 20 DM (10,7 ¤) sans catalogue. fin du XVe siècle, quand on affranchit Antiquités-brocante. Logis de antiquaires. Centre des bords de 10 heures à 19 heures. 60 exposants. 50. Expert : Jean-Claude Sabrier. 120 exposants.

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99096 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 114 En collaboration avec

mettre les mains aux paniers. Organi- sera. – 6. Dans la gamme. Intervalles Un couple idéal musicaux. – 7. Pour un bon coup sur le terrain. Evite le choc des mots et des CE GROUPE, exceptionnel par voyelles. – 8. Possessif. Groupe auto- la qualité de son exécution, a été mobile. – 9. Pour classer les notes. découvert en 1927, dans un masta- Protégé dans le Poitou. Dans les livres. ba à 500 mètres de la pyramide de – 10. Meilleurs en cuisine qu’en salle. Chéops. Il représente un jeune Rejeter. – 11. Voleur volant. couple, Iâib et son épouse la belle Khouaout, debout, marchant d’un Philippe Dupuis pas tranquille et se tenant proche l’un de l’autre. Khouaout légère- SOLUTION DU No 99095 ment en arrière, a posé sa main sur l’épaule gauche de son mari. HORIZONTALEMENT Contrairement à la plupart des I. Contrepoids. – II. Aramon. Ri. – statues égyptiennes, les corps des III. Ni. Emulsion. – IV. Trame. Spi. – deux époux sont entièrement dé- V. Respectée. – VI. Ente. Décret. gagés de la pierre, le pilier dorsal – VII. Béret. Sueur. – VIII. Aisy. Ho. ne montant que jusqu’aux – IX. Salariées. – X. Sleud (duels). hanches. Ainsi l’artiste a pu mode- Rade. – XI. Eustatismes. ler le dos des personnages, souli-

gnant l’espace entre les deux corps PHOTO B. WHITE COPYRIGHT RMN VERTICALEMENT d’un trait noir et le bras d’Iâib d’un « Iâib et son épouse Khouaout », IVe dynastie, calcaire peint, 1. Contrebasse. – 2. Irène. Alu. trait rouge. La perruque de Giza, mastaba d’Itchou, Agyptisches Museum der Universtät, – 3. Na. Astrales. – 4. Trempée. Aut. Khouaout est faite de mèches qui Leipzig. Aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris, – 5. Ramée. Tarda. – 6. Emu. CD. II. s’enroulent les unes après les pour l’exposition « L’art égyptien au temps des pyramides » HORIZONTALEMENT la ligne. Grande école. – IX. Sa tour est – 7. Politesse. – 8. ONS. Ecuyers. autres en une symétrie parfaite. jusqu’au 12 juillet. penchée, mais dans l’autre sens. – 9. Isère. Sam. – 10. Drop. Euh. Dé. L’Ancien Empire (vers 2700-2200 I. Bien sûr, il faut en prendre, mais Romains. – X. Ne manque pas d’ave- – 11. Sinistroses. avant J.-C.) est considéré par les Egyptiens comme l’âge d’or de b Quatre pas trop. – II. Retour à la source. Nul, nir. Finit à la corbeille. – XI. Passa. leur civilisation. Plusieurs dynas- b Six mais pas perdu. – III. En désordre. Cause de la peine. ties de pharaons se sont succédé b Neuf Machine à vapeur. – IV. Mériteraient pendant cette période. Combien y Réponse dans Le Monde du un salaire. Prendre son courage à VERTICALEMENT eut-il de dynasties ? 30 avril deux mains. – V. A plus de chance d’être rencontré que sa compagne. En 1. Un bon départ avant toutes Solution du jeu no 113 paru dans Le Monde du 16 avril touche. – VI. Fait le beau temps sur le choses. – 2. Fait partie du précédent. Jane Burden et Elisabeth Siddal ont vécu dans l’environnement proche Nil. Dans les grandes largeurs. Voyelles. – 3. Adresse électronique. des peintres préraphaélites qui ont élaboré leur image de la femme en Fumeur nippon. – VII. Populaire, elle Points dans l’eau. – 4. Pavillon mari- s’inspirant d’elles. Julia Margaret Cameron est une photographe anglaise devient troublante. – VIII. Envoyés sur time. Dans les habitudes. – 5. Pour qui a vécu de 1815 à 1879. LeMonde Job: WMQ2304--0027-0 WAS LMQ2304-27 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 09:45 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0320 Lcp: 700 CMYK

27 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999

PATRIMOINE En dédiant l’an- multanées explorent les sources véritable foyer de création. b ÉMILE logue serré avec les manufactures Gallé, résolument dreyfusard. b LA née 1999 à la redécouverte de l’art d’une renommée internationale qui GALLÉ pour le verre, ainsi que l’en- de la région. b LE DÉBAT politique MOBILISATION de la cité autour du nouveau, la ville de Nancy renoue salua, à la fin du siècle dernier, non treprise des frères Daum, et Louis et la recherche du progrès social thème artistique suscite une ouver- avec une période fertile de son his- seulement l’un des fournisseurs Majorelle pour les ferronneries et n’étaient pas absents des préoc- ture vers de nouveaux liens pos- toire culturelle. Trois expositions si- d’un art décoratif en vogue, mais un l’ébénisterie, entretenaient un dia- cupations de certains, comme Emile sibles entre l’art et l’industrie. Emile Gallé et l’école de Nancy, artistes d’un mouvement de société Afin de célébrer son année consacrée à l’art nouveau, la ville ouvre au public, le 24 avril, trois expositions. L’historien de l’art François Loyer explique, dans un entretien, le rôle que voulaient jouer ces précurseurs de la modernité dans leur époque « Historien de l’art et de l’ar- ce qu’ils avaient pu charger sur des – Emile Gallé est-il directe- ture comme source d’une géomé- chitecture du XXe siècle, direc- carrioles, et jusqu’au petit matériel ment concerné ? trie sacrée. Sous l’influence de la teur de recherche au CNRS, industriel. Très méthodiques, ne – Gallé, qui est franc-maçon, pensée darwinienne, une philoso- commissaire général de l’expo- laissant rien derrière eux, ils appor- crée à Nancy une section de la phie vitaliste passe chez les ar- sition « Ecole de Nancy, art taient aussi leur savoir-faire, leur Ligue des droits de l’homme. Ville tistes. Le souffle de vie est l’essence nouveau et industries d’art », volonté d’entreprendre. de garnison avec une tradition ca- d’un changement. L’imitation s’es- vous avez participé à la prépa- – Cela a-t-il favorisé la jonc- tholique puissante, Nancy réagit : il tompe au profit d’une invention. ration du centenaire. A quels tion entre art et industrie ? reçoit des mises en garde de la pré- C’est la force d’Emile Gallé : il part événements se rattache cette – La grande chance de Nancy, fecture, subit des pressions. Or, il d’un motif naturel, regarde un dé- célébration ? c’est le voyage d’Emile Gallé avec s’est engagé très fermement, puis- tail et l’agrandit. Il se met à faire – Les Nancéens ont eu une vo- son père, à Londres, où il découvre qu’il expose des vases sur le thème vivre le brin d’herbe, la fleur, la lonté, et le patrimoine réveille une les grands noms de l’époque, Chris- de l’affaire Dreyfus. Cela lui coûte feuille, leur donne mouvement et identité. Comme une guérison, topher Dresser et surtout William cher et lui fait perdre des clients. vie. Avec sa formation de chimiste après une longue crise. Le cente- Morris, qui sera son modèle. Mais, – L’art nouveau est-il déjà et son aisance technique, il met au naire n’est pas précisément daté : au lieu du repli vers le monde artisa- passé de mode ? point des teintes, des épaisseurs, plutôt qu’un événement, c’est une nal, Emile Gallé, qui a reçu une for- – Au moment de l’Exposition de des marqueteries inusitées, au ser- période, celle de l’éclosion d’un mation scientifique – la chimie du 1900, l’architecte Frantz Jourdain vice de son message de progrès. style dans les années 1880-1890, qui verre – en Allemagne, n’a pas fait les lance un manifeste en faveur de Un souffle rédempteur, pour sortir aboutit à la création, en 1901, du beaux-arts, mais étudié le dessin flo- l’art nouveau, et c’est le style le monde de la crise et du déses- groupement qui prend le nom ral dans une école technique. Il est « Louis XV Grand Palais » qui l’em- poir. d’école de Nancy. En 1904, c’est la l’âme de l’école de Nancy, le véri- porte, la gare d’Orsay est confiée à mort d’Emile Gallé, celui qui est à table initiateur. Lalou. l’origine de tout, célébré à Paris dès – Initiateur, il restera la figure – Le rejet est-il comparable à « Ils ont su trouver 1884 et surtout à l’Exposition de dominante pendant combien l’étranger ? 1889. La grande exposition régio- de temps ? – Oui, en Allemagne, c’est l’an- un équilibre, qui nale qui rassemblera les différents – Sa prééminence dure une di- née où Van de Velde reçoit un ac- producteurs date de 1909. En réali- zaine d’années, jusqu’au moment cueil épouvantable à Berlin, où reste à réinventer té, l’idée était qu’avant de passer à où, justement, il réunit ses concur- l’empereur fait la remarque que l’an 2000 il fallait lancer un mouve- rents, qu’il appelle ses « imitateurs », son diffuseur est juif. C’est l’année aujourd’hui » ment positif. Daum pour le verre, Majorelle pour où, à Bruxelles, un critique attaque – Quel en serait le thème fé- le mobilier, d’ailleurs associés pour un magasin (la plus belle devan- dérateur ? certaines créations dans une alliance ture de la rue Royale) en parlant de » On retourne toujours à Gallé. – Cette région a pris de plein qui sera la marque de l’école de style « boutiquier ». Ce violent Hors normes, il s’intéresse au fouet l’effondrement de l’industrie Nancy. A un moment qui corres- mouvement de repli anti-moderne contenu poétique du monde. Il lourde, il y a vingt-cinq ans ; elle pond au début des difficultés. est très bien dit dans Proust : le ba- prend le risque total d’exprimer veut investir dans son avenir. Mais – Quelles difficultés ? ron de Charlus renonce à son mo- une philosophie à travers un objet elle a connu plus tragique encore – A la veille de l’Exposition de bilier art nouveau et rachète du quotidien et de briser toute dépen- en 1871, où, devant l’afflux de réfu- 1900, la situation de Gallé n’est pas mobilier historique. dance avec la tradition beaux-arts. giés chassés des territoires annexés, simple. Dès 1897, ça tourne mal, ce – Les mouvements de dépré- En peinture, c’est la différence avec elle s’était redressée dans l’adversi- qu’on oublie aujourd’hui : l’art nou- ciation de l’art nouveau sont Victor Prouvé, l’autre grand acteur té. Nancy était à trente kilomètres veau est lâché par Goncourt, qui nombreux, au cours du siècle, du mouvement. Lui sera un révéla- de la frontière : on les appelait les parle de « gothic style », qui a le plus dans l’opinion, et même dans teur, fera bouger les autres, mais il « optants », ils avaient eu, un jour grand mépris pour un art douteux, les milieux spécialisés. On par- parvient moins bien à s’exprimer,

donné, le choix de partir ou rester. interlope, et qui commence à tenir C. DE NANCY PHILIPPOT/MUSÉE-ÉCOLE lera d’« art décadent »... sauf peut-être dans les reliures, la Ils arrivaient, en convoi, avec tout des propos antisémites. Portrait d’Emile Gallé, par Victor Prouvé. – La notion de décadence a été grande découverte de cette exposi- fabriquée dans l’entre-deux- tion. guerres. Démodée, son image a été – Est-ce la recherche d’un art récupérée par les surréalistes, par total ? Mobilisation générale autour de l’art nouveau Salvador Dali. Il en a fait, à partir – C’est plutôt la volonté de dé- de Gaudi, une forme de symbo- placer l’art ailleurs, donner à la EN OUVRANT au public, le 24 avril, non pas risienne intitulée « Aux sources du XXe siècle » chambre de commerce, magasins, étaient les lisme, ce qu’il n’est pas complète- broderie, au verre, à la reliure, le une, mais trois expositions pour célébrer son an- qui laissait encore du temps à l’opinion pour temples de cette profusion décorative. Rénovées ment. Il y a des tendances oni- statut d’art majeur. Et, surtout, une née art nouveau, Nancy s’offre un festival de s’habituer à un nouveau regard. Entre-temps, les pour l’événement, les Galeries Poirel, au centre riques dans la peinture. Je pense à volonté de réinscrire l’art dans la formes et de couleurs qui est aussi l’occasion de prix avaient flambé. L’heure est plus calme, le de Nancy, qui furent le premier lieu d’exposition Burne-Jones, mais ce n’est pas vie quotidienne, de le ramener près revisiter son patrimoine. Et de puiser des forces contrechoc esthétique est dépassé, il s’agit d’une de la collection Corbin, accueilleront l’exposition comme cela qu’est ressentie l’école de la vie. Le génie propre à l’école dans la vitalité créatrice exprimée dans les autre approche. On veut comprendre. de synthèse. Quatre cents œuvres, du mobilier, de Nancy à l’époque. Gallé, dans de Nancy, que Gallé partage avec mêmes lieux il y a un siècle. Fer et verre, grès et Dans son quartier général, la villa construite beaucoup de verreries, des reliures, quelques son art, est d’abord un symboliste Daum et avec Majorelle, c’est de céramique, bois et marqueteries, aucun matériau par Henri Sauvage pour Majorelle, Caroline Mie- broderies, des céramiques, venues de 11 pays et très littéraire, puis il franchit le pas, construire un projet industriel à ne résistait aux artistes et aux industriels engagés rop, historienne, chargée de mission pour l’an- de 47 musées. il entre dans un monde lyrique qui, côté des œuvres uniques. dans une aventure qui n’a pas d’équivalent ail- née art nouveau, a apporté son expérience Au-delà des échanges entre beaux-arts et arts au contraire, est d’un optimisme – Où réside l’actualité de ce leurs en France et qui dialoguait à l’époque avec bruxelloise. Au Musée des beaux-arts, Béatrice décoratifs, des passages aller-retour entre acadé- très étonnant. Un rêve de nature mouvement ? des « capitales » d’une autre dimension, Vienne, Salmon, le conservateur, a réuni les peintres de misme vigoureux à liberté de ton, la confronta- mystique. – Cette peinture de la nature est Bruxelles, Barcelone ou Paris. l’époque, autour de Victor Prouvé et d’Emile tion permet de distiguer, chez ces personnalités – Une mystique du progrès ? une protestation contre son risque Si la réouverture au début de l’année (Le Friant. liées par une destinée commune, des caractères – Il pense que la solution des de destruction. Une formidable li- Monde du 5 février) du Musée des beaux-arts, opposés. Ainsi apparaît l’élégance et le souci de problèmes de la société indus- berté par rapport à toute conven- rénové et agrandi et où a été installée la collec- UN SOUCI DE LÉGÈRETÉ légèreté qui animent les créations en ébénisterie trielle, ces lendemains qui tion. C’est intéressant, car nous tion des verreries de Daum, a déjà attiré des Au musée de l’école de Nancy, installé par la de Louis Majorelle, à l’opposé de l’expression chantent, l’admiration de la nature sommes à nouveau dans une situa- foules de visiteurs, cette deuxième salve de ma- ville dans la maison et le jardin de la famille Cor- puissante, massive des ensembles de mobilier en donne la clé. Retour à Rousseau tion de blocage : la culture mo- nifestations va relancer l’intérêt. Au-delà du ras- bin, qui possédait les Magasins réunis et en avait d’Eugène Vallin. Ainsi se déclinent les variantes, et au socialisme utopique. Comme derne est devenue convenable. Eux semblement spectaculaire de pièces dispersées, fait un agent efficace de la propagation de l’art les variations sur des thèmes semblables qui té- un espoir désespéré dans la vie de n’étaient pas convenables, mais c’est à une nouvelle lecture de cette période nouveau, Valérie Thomas, qui en est le conserva- moignent d’une émulation fraternelle ou conflic- la nature : il ne se contente pas de profondément inventifs. Il y a en- qu’elles invitent. L’une des particularités de l’art teur, a remanié la présentation des collections, tuelle. Mais l’ambition des organisateurs dépasse copier, d’imiter la nature, il prend fin cette idée de ne pas refuser le nouveau, à Nancy ou ailleurs, est d’avoir subi al- pour présenter, en continuité avec le grand jar- le seul domaine de l’art. « Les œuvres seront par- des motifs floraux et leur insuffle dialogue avec l’industrie. ternativement excès d’amour et excès d’indigni- din, soumis à un sérieux lifting, les liens directs fois jugées désuètes, les décors surchargés, les for- une vitalité. – Ce que l’on appelle le de- té. Fascination et rejet, mode et démode, il a pu que cet art avait tissés avec la flore naturelle. Iris, mules littéraires naïves, note Caroline Mierop, – C’est la définition de l’art sign ? passer pour un comble du mauvais goût. Si les ombelles, pissenlits, nénuphars, glycines et colo- mais l’actualité de l’école de Nancy réside ailleurs. nouveau... – Oui, mais une déclinaison du Anglo-Saxons ont été plus rapides à le réhabili- quintes, champignons, toute une botanique so- Dans le rôle de l’artiste et son engagement vis-à-vis – Oui, s’inspirer de la nature. design qui n’en fait pas un outil de ter (dès les années 30), cela aura servi aux anti- phistiquée, saisie dans ses nuances et son mou- de la société, la nécessité de la recherche, le rôle Mais il y a deux façons de faire, et pure production de série. Ils ont su quaires américains et anglais à le collecter plus vement, vivante. des écoles et de l’université, les liens qui unissent la c’est ce qui est troublant. La façon trouver un équilibre, qui reste à tôt. Ce qui n’avait pas été dispersé dès la pre- Le rassemblement de pièces dispersées, jamais culture à l’identité régionale, la notion d’héri- des années 1840, Owen Jones ou réinventer aujourd’hui. » mière guerre l’aura été dans les années 50 montrées ensemble, s’accompagne aussi de la tage... ». Tout un programme. Viollet-le-Duc au début, c’est de puisque le premier sursaut d’intérêt en France redécouverte des lieux où s’est exprimé cet art rechercher la structure à l’intérieur Propos recueillis par date des années 1959-1960, avec l’exposition pa- en liaison étroite avec une vie sociale. Banques, M. Ch. d’une forme, de considérer la na- Michèle Champenois

Pratique Stanislas, Nancy. Du jeudi au lundi, de 10 heures à 19 heures ; le b L’école de Nancy, 1889-1909. mercredi de 10 heures à 21 heures. Huit mois de restauration pour la robe « Bord de rivière au printemps » Galeries Poirel, rue Poirel, Nancy. Entrée : 35 F (5,2 ¤). Billet groupé NANCY lambeaux à Lyon, qui s’autodé- l’école de Nancy est là, en quatre Le premier modèle, un vase par- Du jeudi au lundi, de 10 heures à pour les trois expositions : 70 F de notre correspondante truisait depuis 1990 sous l’effet de cents pièces historiques. Caroline lant où est gravée l’inscription 19 heures ; le mercredi de (10,5 ¤). Jusqu’au 26 juillet. Les fées sont venues du Musée la corrosion des fils métalliques Mierop, chef de la Mission du « Seulette suis, seulette veux être », 10 heures à 21 heures. Entrée : 35 F Catalogue : Editions Réunion des historique des tissus de Lyon, avec pris dans la soie, a été choisie par Centenaire, a d’emblée voulu as- réalisé par Gallé en 1889, provient (5,2 ¤). Jusqu’au 26 juillet. musées nationaux. 160 p., 100 leurs aiguilles courbes et du fil de Mme Jacqueline Lejeune, PDG socier la région à cette célébra- du Musée des arts décoratifs de Catalogue « Nancy, art nouveau illustrations, 190 F (28,5 ¤). soie fin comme un cheveu pour d’Olitec, comme contribution à la tion. Mission réussie puisque l’ex- Paris. Jean-Luc Olivié, son conser- et industries d’art », sous la b Le programme de l’Année parachever leur œuvre, un travail célébration du centenaire. position s’ouvre sur une collection vateur, et un des commissaires de direction de François Loyer. école de Nancy comprend d’autres de titan au petit-point qui a duré 350 000 francs ont été nécessaires de « gargoulettes » de Gallé que l’exposition Poirel expliquent Editions Ville de Nancy/RMN, expositions à Nancy et dans la huit mois : la restauration de la pour mener à bien cette restaura- Daum avait appelées « berluzes », qu’avec ce genre de pièce « d’une diffusion Seuil. 368 p., 350 région, ainsi que des colloques, robe « Bord de rivière au prin- tion. Elle sera, à côté des verreries, ces petits vases charmants d’une typologie formelle assez simple, la illustrations, 290 F (43,5 ¤). notamment « Arts, sciences et temps » dessinée par Victor Prou- des meubles en marqueterie, un vingtaine de centimètres de haut, manufacture Gallé a pu survivre et b Fleurs et ornements. Musée de technologies du verre », séminaire vé et brodée d’or, de perles et de des clous de l’exposition des gale- de forme pansue, à long col élan- même vivre bien en produisant de l’école de Nancy, 36, rue du organisé du 30 juin au 8 juillet à rêve par Courtex. ries Poirel et témoigne de cette cé, qui déclinent, en décors gravés manière industrielle un objet de Sergent-Blandan. Nancy. Du jeudi l’Institut national polytechnique Jamais portée, cette robe du soir virtuosité artisanale et artistique à l’acide, des paysages givrés, des grande diffusion ». C’est là la au lundi, de 10 heures à 19 heures ; de Lorraine, et une école en soie et mousseline, couleur de propre à l’école de Nancy. libellules, des boutons de roses. grande originalité, et peut-être le mercredi de 10 heures à internationale d’été (du 20 mai au chair, de forme princesse, qui Dans une scénographie de Phi- Ces vases ont été prêtés par des l’utopie de l’école de Nancy : le 21 heures. Entrée : 35 F (5,2 ¤). 7 août) sur l’art nouveau en évoque la flore de l’Ecole de Nan- lippe Renaud sur fond de velours Nancéens qui les tenaient sans mélange entre création artistique Jusqu’au 26 juillet. Catalogue : Europe et l’école de Nancy, au cy, tout en nénuphars, iris d’eau, violet (liturgique et mystique) et doute de leurs grand-mères, et savoir-faire artisanal, et la fabri- Editions Ville de Nancy/RMN. Pôle universitaire européen de arums, sur lesquels se posent des vert mousse, référence directe à marques d’une époque pas si loin- cation industrielle, la diffusion 150 p., 120 illustrations, 150 F Nancy-Metz. Renseignements : libellules d’or, fut présentée lors Gallé qui avait inscrit au fronton taine où toutes les familles lor- d’un art social qui se voulait à la (22,5 ¤). Office de tourisme, place de l’Exposition universelle de Paris de ses ateliers « Ma racine est par- raines possédaient une suspen- portée de tous. b Peinture et Art nouveau. Stanislas, BP 810, 54 011 Nancy en 1900. mi les bois, près des mousses, autour sion, une lampe ou un vase sorti Musée des beaux-arts, place Cedex. Tél. : 03-83-17-19-99. Cette pièce unique, arrivée en des sources », tout l’esprit de des ateliers Daum ou Gallé. Monique Raux LeMonde Job: WMQ2304--0028-0 WAS LMQ2304-28 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0321 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 CULTURE

DÉPÊCHES a THÉÂTRE : Catherine Traut- mann, ministre de la culture et Le tribunal de grande instance de Bordeaux sur la sellette de la communication, devait inaugurer, le jeudi 22 avril, la nouvelle salle de la Comédie de Béthune, Le Palace (343 places), à De nombreux dysfonctionnements ont été constatés après l’ouverture du bâtiment conçu par l’architecte l’occasion de la création de deux pièces de Marivaux, Les Sincères britannique Richard Rogers. Une expertise a été ordonnée, dont les résultats devraient être connus avant l’été et Le Dialogue de l’amour et de la vérité, mises en scène par Agathe BORDEAUX curieux peuvent observer sans quer avec son client, un jeune étage souffre d’un manque de lu- vrait dire avant l’été si ces dé- Alexis, qui codirige (avec Alain de notre correspondante peine les magistrats délibérer à avocat, Me Pierre Landette, a mière. Des halogènes puissants sordres sont imputables à un vice Barsacq) la Comédie de Béthune. Depuis son ouverture en juin huis clos. A l’étage des juges réussi à le faire libérer, pour at- ont dû être installés. Un toit en de conception, de fabrication, à a Le tricentenaire de la mort de 1998, le nouveau tribunal de d’instruction, des boxes d’attente teinte majeure aux droits de la dé- verre, initialement prévu par l’ar- une insuffisance de contrôle tech- Jean Racine (le 21 avril 1699) grande instance de Bordeaux en verre de moins de 2 mètres fense. Depuis, on a enlevé une chitecte, a dû être remplacé pour nique ou à une mauvaise exé- fait l’objet de plusieurs mani- (TGI) fait gloser magistrats, avo- carrés sont dotés de tabourets partie des parois vitrées. « Dans des raisons techniques par un re- cution des travaux. Richard Ro- festations. Le Musée national cats et fonctionnaires. Il y a quel- métalliques noirs inconfortables, d’autres juridictions, on nous de- vêtement métallique. gers a déjà mis au point des des Granges de Port-Royal pré- ques jours, une « program- ironiquement baptisés « grills ». mande d’installer des vitres pare- Autre « loupé » : l’accès des raidisseurs en acier qui remplace- sente jusqu’au 31 août une expo- miste », chargée d’effectuer un Dans les deux salles correction- balles », tempère René Aladari, handicapés. Les salles d’audience ront ceux en verre. sition consacrée à Phèdre. La audit sur la fonctionnalité des bu- nelles, un mur de verre est instal- délégué général au plan pluri-an- sont aménagées pour le public « L’expérience ici va m’amener à Comédie-Française donnera, au reaux et les problèmes généraux lé, séparant les prévenus du reste nuel de l’équipement à la chancel- mais pas pour les magistrats, insister davantage sur la concerta- Théâtre du Vieux-Colombier, du du tribunal, a rencontré le per- du public. En juillet dernier, de- lerie. Le personnel installé entre alors qu’il existe un fonctionnaire tion permanente au stade de la 10 mai au 4 juillet, Andromaque et sonnel. Les résultats sont atten- vant l’impossibilité de communi- le rez-de-chaussée et le deuxième handicapé moteur. conception, de la réalisation et de Mithridate, qui seront mises en dus dans deux mois environ. Des travaux pour modifier l’ac- l’aménagement intérieur », avait scène par Daniel Mesguich, dans Après des années passées dans un cès à la tribune sont prévus. « Il a déclaré la ministre de la justice, un même décor, signé Gérard Po- sombre bâtiment du XIXe siècle COMMENTAIRE priété de l’Etat, rien n’y fait. Les fallu attendre la mise en service Elisabeth Guigou, de passage à li. Claude Mathieu jouera Andro- où chacun avait ses habitudes, nombreux problèmes qui ont pour se rendre compte de ce cas Bordeaux l’hiver dernier. Elle n’a maque, et Simon Eine, Mithri- magistrats et fonctionnaires ont PRIVÉS entouré sa construction et son connu, admet René Aladari. Dom- pas encore inauguré le bâtiment. date. découvert un bâtiment neuf, aux fonctionnement (lire ci-contre) mage que personne à Bordeaux ne Peu après leur emménagement, a CINÉMA : les prix Jean Mitry murs de verre et armatures en DE PHOTO ont convaincu l’architecte d’in- nous ait prévenus. » Bernard La- les magistrats avaient voté une 1999 ont été attribués au livre métal orange, aux couloirs recti- terdire toute reproduction de griffoul, magistrat et membre de motion pour faire part de leurs L’Invention de la scène au cinéma, lignes et aux salles d’audience en Depuis le lancement de la son œuvre. Comme l’enquête la commission permanente du réserves et regretter de ne pas cinéma et paysage, de Jean Mottet bois. Un choc. nouvelle formule du Monde, la de Michel Guerrin et Emmanuel TGI, n’est pas d’accord : « De- avoir été suffisamment associés (L’Harmattan), et à Cinéma et L’architecte britannique Ri- deuxième page de la séquence de Roux, publiée dans puis mai 1997, la chancellerie et le au projet. « Les informations ne dernières technologies, sous la di- chard Rogers, l’un des auteurs du « Culture » est systématique- Le Monde daté 27 mars, l’indi- maître d’ouvrage délégué ont été sont pas remontées à la chancelle- rection de Franck Beau, Philippe centre Georges-Pompidou, avait ment illustrée. Or il nous est im- quait, artistes et architectes in- alertés par ce problème. » rie ou n’ont pas été prises en Dubois et Gérard Leblanc (Arts et été retenu par le ministère de la possible de publier aujourd’hui tervenant sur le domaine public compte », lâche Elisabeth Collet, cinéma, de Boeck Université, justice en décembre 1992. Il devait une photographie du bâtiment sont de plus en plus nombreux à UNE QUESTION DE TEMPS déléguée syndicale CGT du per- INA). Créés par l’Institut Jean-Vi- concevoir la nouvelle cité judi- du nouveau tribunal de grande exercer leurs droits d’auteurs. Plus grave encore, une ving- sonnel judiciaire. Pour Ivan Har- go à Perpignan, ces prix qui ré- ciaire de Bordeaux : l’agrandisse- instance de Bordeaux en raison Cette attitude handicape le tra- taine de poutres verticales en bour, c’est une question de compensent chaque année un ment de l’Ecole nationale de la de l’opposition de l’architecte vail des photographes et celui verre chargées de stabiliser les temps : « Il est très difficile de livre et une revue consacrés aux magistrature, la construction d’un du bâtiment, l’Anglais Richard des éditeurs, et prive le public trois façades vitrées ont éclaté. changer ses méthodes de travail et rapports entre histoire et cinéma restaurant et surtout le nouveau Rogers, au nom du droit d’au- de son droit de regard sur un On n’en connaît toujours pas les de satisfaire 300 personnes. Il faut sont attribués durant le festival TGI. L’enveloppe globale s’est teur et sous peine de poursuites bâtiment qu’il a financé. causes exactes. En octobre 1998, au minimum cinq ans avant que les Confrontation, dont la 35e édi- élevée à 450 millions de francs judiciaires. Que ce bâtiment soit la chancellerie a saisi le tribunal critiques ne disparaissent. » tion s’est tenue du 10 au 17 avril. (68,18 millions d’euros). «Le achevé, qu’il soit financé et pro- Olivier Schmitt administratif de Bordeaux pour a ART : le Canada restitue à la grand principe était de rendre vi- ordonner une expertise. Elle de- Claudia Courtois Syrie des mosaïques pillées. sibles les organes de la justice », Trente-neuf mosaïques byzan- explique Ivan Harbour, directeur tines, des Ve et VIe siècles, prove- de l’équipe Rogers chargée de es nant du pavement d’édifices reli- l’opération. Dans cette œuvre ori- Lee Fiedlander, invité des 30 Rencontres photographiques d’Arles gieux du nord-ouest de la Syrie, ginale, qui s’élève sur six niveaux, ont été rendues à leur pays d’ori- plusieurs techniques innovantes L’AMÉRICAIN Lee Friedlander sera l’invité Germaine Krull à Moholy-Nagy. Gilles Mora a as- Quatre soirées au Théâtre antique confirment le gine. Elles avaient été décou- ont été utilisées pour cette réali- principal des 30es Rencontres internationales de la socié des grands disparus à des artistes d’au- caractère historique du programme. Outre Frie- vertes dans un entrepôt de Mon- sation. photographie d’Arles (7 juillet-15 août). Friedlan- jourd’hui : Florence Henri et Denis Roche d’un cô- dlander, « Les dames de Bazaar » (9 juillet) est un tréal en juillet 1998. Depuis trois Les sept salles d’audience en der, soixante-cinq ans, assistera à la soirée-projec- té ; Walker Evans, Lee Friedlander et Bernd et Hilla hommage à Lillian Bassman et Louise Dahl-Wolfe ans, les douaniers canadiens ont cèdre rouge ressemblent à des tion du 8 juillet, à laquelle il a collaboré, qui vise à Becher de l’autre. Les rapprochements d’auteurs qui ont animé le magazine Harper’s Bazaar dans intercepté plus de soixante-quin- ruches géantes en suspension. présenter l’essentiel de la carrière du « grand no- et les correspondances d’images, anciennes et les années 30-50. « Avant l’avant-garde » (10 juil- ze mosaïques syriennes au Qué- « Elles sont belles, rien à voir avec vateur de la modernité photographique améri- plus récentes, donneront sans doute son caractère let) raconte les récréations photographiques des bec. les autres, qui étaient antédilu- caine », estime Gilles Mora, directeur artistique de à un programme dominé par les figures connues amateurs des années 1890-1900 qui annonceraient a JUSTICE : 1 500 disques- viennes, estime le juge d’instruc- cette édition. Lee Friedlander symbolise le cru parmi lesquelles se distinguent la rétrospective l’esthétique de la modernité. « 30 et 60 » enfin compacts illicites en prove- tion Alain Bressy, pourtant un des 1999 arlésien baptisé « Vive les modernités ! ». consacrée au Suisse Gotthard Schuh (1897-1967) (11 juillet) est une soirée découpée en deux par- nance des Pays-Bas ont été sai- plus contestataires. Quand on lève Seize expositions sont proposées, en trois cha- et un hommage à Lucien Hervé, quatre-vingt-huit ties : Lucien Clergue, cofondateur et âme d’Arles, sis le 14 avril à Roissy-Charles- les yeux, on voit le ciel par le hu- pitres : « L’expérimentation photographique, ans, dont la collaboration avec Le Corbusier fut fé- racontera les Rencontres dans « Mes 30 festivals » de-Gaulle, représentant un préju- blot. Quand des nuages passent, formes et visions » ; « Etre de son temps, les voies conde. – le livre Avoir trente ans (RIP/Actes Sud) sortira dice commercial d’environ c’est du Magritte. C’est un pied de du document » ; « La beauté ». Gilles Mora rend pour l’occasion. Puis Jean-Marie Périer projettera 200 000 F (30 000 euros). Les nez au conservatisme local. » hommage aux formes photographiques élaborées PEU DE PLACE AUX JEUNES ARTISTES ses portraits de chanteurs et rock stars des an- contrefaçons (1,2,3 soleils, de Ta- dans les années 20-30 et veut montrer que ce lan- Arles 99 est également dominé par des exposi- nées 60. Grand amateur de rhythm’n’blues et de ha, Khaled et Faudel, Simarik, du DES « GRILLS » gage est pérenne, voire prolongé par des artistes tions de groupe dont le thème est un motif (la rock, Gilles Mora propose pour chaque soirée- chanteur turc Tarkan, parus chez Les compliments s’arrêtent là. contemporains. Un colloque organisé par la revue femme chez Rodtchenko, le pont-transbordeur de projection une deuxième partie musicale, dont Barclay/Universal) étaient trans- Depuis le déménagement, de Etudes photographiques, intitulé « La photogra- Marseille, l’insecte dans l’art contemporain) ou « une surprise » pour la dernière, le 11 juillet, au portées par un commerçant pa- nombreux dysfonctionnements, phie : un modèle pour la modernité » devrait as- des symptômes du langage photographique goût de gâteau d’anniversaire. kistanais résidant en Hollande. Le dignes d’un inventaire à la Pré- seoir la démonstration (Ecole nationale de la pho- (l’abstraction, le flou, l’ombre). Gilles Mora laisse parquet de Bobigny (Seine-Saint- vert, sont apparus : ascenseurs ca- tographie, 8 et 9 juillet). en revanche peu de place aux jeunes artistes si l’on Michel Guerrin Denis) a ordonné sa comparution pricieux, portes automatiques ré- Cela faisait longtemps qu’un programme aussi excepte les expositions de groupes. Citons Jacques immédiate devant la 17e chambre calcitrantes, fuites d’eau, alarmes « historique » n’avait été présenté à Arles, où sont Damez, dont les « Vues de l’esprit » ont déjà été ૽ Rencontres internationales de la photogra- du tribunal de grande instance de intempestives, passerelles enjam- conviés Alexandre Rodtchenko, Walker Evans, les montrées à Lyon, l’« Iconomanie » de Michaela phie. 10, rond-point des Arènes, 13632 Arles Ce- Bobigny, qui a renvoyé l’affaire bant le vide aux rambardes sans Actionnistes viennois des années 60, et une multi- Moscouw et les portraits d’Appalaches par Shelby dex. Tél. : 04-90-96-76-06. Catalogue, Vive les mo- au 23 juin. Le contrefacteur a été protection... – des plaques métal- tude de photographes de l’entre-deux-guerres, de Lee Adams. dernités ! éd. Actes Sud/RIP, 350 p., 250 F (38,11 ¤). remis en liberté. liques ont été depuis ajoutées. De l’aveu même du président du TGI, André Gariazzo, la circulation entre services et niveaux est Michel Postel crée à Biarritz son musée oriental compliquée. Le système de sécuri- té avec carte magnétique, sas et BIARRITZ Ce dernier propose sur deux ni- portes grâce à Michel Postel, en- interphone, irrite les utilisateurs. de notre correspondant veaux et 800 mètres carrés d’expo- fant de Biarritz qui a vécu cin- A la demande de trois juges On savait Biarritz naturellement sition un millier d’objets, de la pré- quante ans en Inde, où il a fondé la d’instruction dont le doyen, ins- tournée vers l’Espagne et l’Amé- histoire à nos jours, couvrant Franco-Indian Pharmaceutical, so- tallés face à la salle des pas per- rique latine. Mais la station bal- toutes les grandes civilisations du ciété implantée à Bombay. Arpen- dus, il a fallu poser des stores néaire bénéficie désormais d’une continent. Des thangka du Tibet, tant toute cette partie de l’Inde, dans leurs cabinets entièrement nouvelle fenêtre, cette fois sur l’Ex- peintures sur soie où sont repré- rassemblant livres et documents, vitrés. Quand les audiences du tri- trême-Orient depuis l’ouverture sentés lamas et divinités, forment achetant des pièces sur place puis bunal correctionnel ont lieu, des d’Asiatica, un musée d’art oriental. un ensemble des plus rares, sur le marché international, no- comme celui constitué de bronzes, tamment à Londres, il a constitué de broderies et de rituels du boud- une collection personnelle très dhisme lamaïque, dont une cou- riche et participé à des découvertes ronne de chamane du XVIIe siècle archéologiques importantes, et un bouddha doré du XIIIe siècle. comme en 1986 celle du puits- temple souterrain de Patan, à Goudjerat (sud-ouest de l’Inde). « Asiatica veut faire « Après tous ces efforts de re- cherche, tant de kilomètres parcou- comprendre rus, il était temps de faire partager ces acquisitions, et j’ai choisi la ville les cultures de l’Inde de mon enfance, explique Michel Postel. Certes, Asiatica montre et de ses voisins d’abord une collection personnelle mais elle veut également faire tibétains ou chinois » comprendre les cultures de l’Inde et de ses voisins tibétains ou chinois, ainsi que les religions qui les ont fa- L’aire népalaise se singularise çonnées. » par de grandes sculptures sur bois Monté avec le soutien de la ville et une très belle collection de moh- de Biarritz dans l’ancien centre ex- ra, visages de divinités s’apparen- périmental de fibres optiques ou- tant à des masques, venus de l’Hi- vert par France Télécom, Asiatica a machal-Pradesh, au nord de l’Inde. nécessité un investissement de Originaire du Bihar et de l’Orissa, à 5 millions de francs (762 245 eu- l’est de l’Inde, un ensemble de dio- ros). Une initiative complètement rites introduit aux autres provinces privée, assumée par Michel Postel indiennes. Il s’agit de sculptures sur ses fonds propres et avec l’aide sur pierre datant du XIe siècle de la Franco-Indian Pharmaceuti- d’inspiration bouddhiste et hin- cal, qui devrait en garantir la pé- douiste. Asiatica propose un pano- rennité. rama assez complet des civilisa- tions qui se sont épanouies dans le Michel Garicoix sous-continent : délicates fresques jaïnes du Mont-Abu (Rajasthan), ૽ Asiatica, musée d’art oriental, statues d’inspiration gréco-boud- 1, rue Guy-Petit, 64200 Biarritz. dhique du Gandhara, miniatures Tél. : 05-59-22-78-78. Ouvert du de l’époque moghole (XVIIe siècle). mardi au samedi, de 10 heures à Le musée Asiatica a pu ouvrir ses 12 h 30 et de 14 h 30 à 19 heures. LeMonde Job: WMQ2304--0029-0 WAS LMQ2304-29 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 08:32 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0322 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / 29 Une brève histoire SORTIR MULHOUSE Lambours, Gilles Peress ou Graziella Iturbide, qui ont Regards sur le monde rural témoigné de l’environnement de la peinture mexicaine Le monde rural, sans doute parce dans le cadre du projet « Europe qu’il échappe au spectaculaire, est rurale ». longtemps resté une terre La Filature, 20, allée Nathan-Katz, Jacques et Natasha Gelman, collectionneurs inexplorée par les photographes, 68 090 Mulhouse Cedex. Tél. : en dehors de manifestations ou 03-89-36-28-28. Du mardi au forcenés, ont défendu les artistes mexicains opérations coups de poing samedi, de 11 heures à 18 h 30 ; d’agriculteurs mécontents. La dimanche, de 14 heures à e du XX siècle. La preuve en 80 tableaux Filature de Mulhouse se 18 heures. Entrée libre. Jusqu’au démarque de l’actualité tapageuse 13 juin. en proposant cinq regards Leur association fonde la fortune PARIS Peinture mexicaine moderne et des deux hommes. On ne sait à quoi photographiques sur le monde contemporaine de la collection Cantinflas consacra ses gains. Pour paysan et son territoire. Françoise Voice Messengers Gelman, Fondation Mona-Bis- les Gelman, c’est simple : à leurs Saur, qui a étudié la photographie Formation vocale dont marck, 34, avenue de New-York, collections de tableaux. en Allemagne auprès d’Otto l’inspiration vient autant des Paris, XVIe. Mo Iena. Tél. : 01-47- Pluriel de rigueur : d’une part, ils Steinert, expose Vosges, terres sources du gospel que d’un 23-38-88. Du mardi au samedi, rassemblent l’un des plus remar- vivantes, qui est également le titre répertoire plus jazz, les Voice de 10 h 30 à 18 h 3O. Entrée libre. quables ensembles de peinture d’un livre. Hugues de Messengers sont l’un des groupes Jusqu’au 8 mai. contemporaine européenne en Wurstemberger a mené une les plus intéressants du genre. La mains privées, légué en 1989 au Me- longue enquête sur les paysans diversité et la complémentarité Comment le cinéma pourrait-il tropolitan Museum de New York, suisses du Fribourgeois, leurs des voix (cinq filles et six garçons) faire du bien à la peinture ? En la avec tous ses Matisse, Picasso, Bon- quotidien et inquétudes. Fidèle à s’accordent avec la qualité des collectionnant. Tout au long du nard, Miro, Kandinsky, Balthus et sa tradition de trouver une musiciens-accompagnateurs siècle, des producteurs, des réalisa- Léger. De l’autre, ils défendent les résonance locale au thème retenu, (Thierry Lalo au piano, François teurs, des comédiens ont dépensé artistes de leur pays d’adoption. La Filature a également passé une Laudet à la batterie et Christophe un peu de l’argent des studios dans Dès 1943, Jacques Gelman commande à Edith Roux et Paulo Le Van à la contrebasse). La scène les ateliers et les galeries. En France, commande un portrait de Natasha Nozolino sur le monde rural est le lieu idéal d’une expression il y a eu Jacqueline Delubac, dont la à Diego Rivera, lequel passe cepen- alsacien. Ces images sont où le profane, le sacré, la joie et donation faite au Musée de Lyon dant pour un dangereux révolution- confrontées à celles du fonds l’émotion se mêlent. rend hommage à Picasso et à Ba- naire. photographique du ministère de L’Européen, 3, rue Biot, Paris 17e. con. Au Mexique, il y a eu les Gel- l’agriculture et de la pêche, créé o

INBA M Place-de-Clichy. Les 22, 23 et man. LOIN DES CONVENTIONS « Diego dans mes pensées », de Frida Kahlo, 1943. en 1860, mais également riche de 24, à 20 h 30. Tél. : 01-43-87-97-13. Jacques Gelman naît à Saint-Pe- Les Gelman s’en moquent. Eux photos récentes de Xavier 125 F. tersbourg en 1909 dans une famille qui achètent des œuvres surréa- cultive le style langoureux, l’autre la parfois nettement, jusque dans les de propriétaires terriens qui s’enri- listes aux Etats-Unis et en Europe mélancolie que Frida Kahlo veut ex- travaux d’artistes plus jeunes que chissent dans le commerce des bois. favorisent au Mexique ce qu’ils y primer chaque fois qu’elle se repré- Natasha Gelman n’a cessé de soute- Ils émigrent en 1917 en Allemagne, découvrent d’audacieux et d’in- sente. Chacun des deux peintres nir jusqu’à sa mort, en 1998. On re- GUIDE des orfèvreries de Fabergé cachées congru. Ils ne se trompent guère. cherche à attirer le modèle du côté connaît la cohérence d’un goût per- dans leurs poches. Jacques Gelman Deux noms dominent : Diego Rive- qui lui est le plus proche – étrange sonnel, qui se méfie de l’élégance et fait des études de cinéma à Berlin, ra donc, et Frida Kahlo. De cette lutte si l’on songe que Frida et Die- lui préfère la sécheresse et la nette- REPRISES CINÉMA Claude Semal travaille chez Pathé à Paris, puis y dernière, ils acquièrent six autopor- go, mariés en 1929, divorcent en té, sans refuser d’accompagner l’ar- Limonaire, 18, cité Bergère, Paris 9e. fonde sa société de distribution de traits, un portrait de Rivera et deux 1940 avant de reprendre la vie tiste très loin des conventions, aussi Le Complexe de Toulon Mo Rue-Montmartre. Le 22, à 22 heures. de Jean-Claude Biette. Français, 1995 films. En 1938, il quitte l’Europe ma- compositions érotico-symboliques, commune un peu plus tard. loin qu’il le peut. Ce pourrait être Tél. : 01-45-23-33-33. Entrée libre. (1 h 21). Sierra Maestra lade pour le Mexique, y épouse une plus un portrait de Natasha. Elle n’y Autour des Kahlo et des Rivera une définition du collectionneur Le République, 11e (01-48-05-51-33). New Morning, 7-9, rue des Petites- émigrée tchèque prénommée Na- ressemble qu’à demi à la starlette s’organise un panorama où figurent idéal, celui qui, à ses risques et pé- Docteur Folamour Ecuries, Paris 10e.Mo Château-d’Eau. Le tasha, et y découvre un acteur blonde que Rivera, la même année, les muralistes – Orozco, Siqueiros –, rils, se laisse emporter où l’artiste de Stanley Kubrick. Britannique, 1963, 22, à 21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. De comique, Mario Moreno Cantinflas. peint à demi-couchée parmi des les surréalisants – Tamayo, Rome- l’enlève. noir et blanc (1 h 33). 110F à 130F. e Il en fait l’une des stars cinémato- arums, en longue robe blanche hol- ro –, les abstraits – Gerzso, Merida. Le Champo-Espace Jacques-Tati, 5 (01- Le Grand Klezmer 43-54-51-60). graphiques de l’Amérique latine. lywoodienne. L’un des tableaux Des échos d’Europe s’entendent Bateau-théâtre la Balle-au-bond, quai Philippe Dagen Vidéodrome Malaquais (passerelle des Arts), Paris 5e. de David Cronenberg. Canadien, 1982 Mo Pont-Neuf. Le 22, à 22 heures. Tél. : (1 h 28). 01-40-51-87-06. MK2 Beaubourg, 3e (08-36-68-14-07 Mélodies rares pour une soirée impensable au Miller Theater (2,23 F/min). RÉSERVATIONS TROUVER SON FILM Tambours sur la digue bavie – annoncé là-bas comme le nouveau Du- allemand, Viktor Ullman, le héros malgré lui du d’Hélène Cixous, mise en scène d’Ariane OPULENT MUSIC, « The Air of Another Pla- tilleux et soutenu toujours par Pierre Boulez, camp de concentration nazi de Terezin (on y Tous les films Paris et régions sur le Mini- Mnouchkine, avec la troupe du Théâtre net » : mélodies et lieder de Sorabji, Ullman, qui lui a fait commander une nouvelle pièce par avait parqué les artistes et tenté de laisser croire tel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03- du Soleil. 78 (2,23 F/min) e Zemlinsky, Lourié, Schoeck, Schoenberg, El- les Orchestres de Chicago et Cleveland. à leur traitement de faveur), mettant Louise Cartoucherie-Théâtre du Soleil, Paris 12 . lington, Schreker et Korngold. Par Amy Bur- Ce 20 avril, on sert du pastis dans l’entrée du Labbé en sons et parfums un rien fanés, sont, VERNISSAGES A partir du 12 mai. Tél. : 01-43-74-24-08. 90 F et 150 . ton (soprano), Jacqueline Chambord (réci- théâtre, 680 places. La soirée mériterait de l’ab- entre autres, les ingrédients de la soirée. Martine Aballéa : hôtel passager Laurent de Wilde tante) et John Musto (piano) sinthe : les effluves les plus toxiques d’un Jacqueline Chambord, impeccable Garbo à er Musée d’Art moderne de la Ville de Pa- Sunset, 60, rue des Lombards, Paris 1 . e er MILLER THEATER, Columbia University XX siècle tout sauf austère sont ce soir convo- voix grave (une élégance « très France », ris, 11, avenue du Président-Wilson, Paris Les 28 et 29 avril et le 1 mai, à School of the Arts, New York, le 20 avril. qués, lors de ce troisième volet de la série « Mu- comme dit d’elle Ned Rorem...), lit en français 16e. Mo Iéna. Tél. : 01-53-67-40-00. De 22 heures. Tél. : 01-40-26-46-60. 120 F. sique opulente », imaginée par le fringant direc- et en anglais, avec cette légère distance qui lui 10 heures à 17 h 30 ; samedi et dimanche Rufus Wainwright jusqu’à 18 h 45. Fermé lundi. Du 22 avril New Morning, 7-9, rue des Petites- NEW YORK teur des lieux, George Steel, trente et un ans, permet d’opérer avec charme le passage diffi- e au 19 septembre. 19 F et 27 F. Ecuries, Paris 10 . Le 4 mai, à 19 h 30. Tél. : de notre envoyé spécial débordant d’idées, directeur exécutif et contre- cultueux d’un En Sourdine, de Verlaine, à un ex- 01-45-23-51-41. 132 F. C’est haut dans la ville, mais vivant en diable. ténor pratiquant à ses heures. trait autobiographique d’Ullman parlant de ce James Brown : Internal Order Galerie Lelong, 13, rue de Téhéran, Paris Baaba Maal e Au croisement de la 116 rue et de Broadway, à camp où l’on faisait semblant de croire que l’art 8e. Mo Miromesnil. Tél. : 01-45-63-13-19. Bataclan, 50, boulevard Voltaire, Paris e Manhattan, on trouve une allée au seuil débor- « TRÈS FRANCE » pouvait encore tout sauver (l’auteur mourra à De 10 h 30 à 18 heures ; samedi de 11 . Le 29 mai, à 18 h 30. Tél. : 01-43-14- dant de jeunesse. Et pour cause : la fameuse Fût-il encore de ce monde, Andy Warhol, no- Auschwitz en 1944). 14 heures à 18 h 30. Fermé dimanche et 35-35. 126 F. université Columbia y trouve son entrée. Va-et- tant consciencieusement le prix de la course de La soprano Amy Burton a appris là le pro- lundi. Du 22 avril au 29 mai. Entrée libre. Bruce Springsteen & the E-Street Band Palais omnisports de Paris-Bercy, 8, bou- vient permanent par-deçà et par-delà les grilles taxi dans son Journal, y aurait couru : soirée im- gramme le plus insensé de sa carrière. On la re- ENTRÉES IMMÉDIATES levard de Bercy, Paris 9e. Les 2 et 3 juin, à du porche, taxis déposant un public qu’on ne pensable, au-delà du rare. Savait-on qu’Alexan- trouve aussi fraîche et touchante que l’été der- 20 heures. Tél. : 01-44-68-44-68. De 249 F voit pas vraiment ailleurs ; une idée qu’on se der von Zemlinsky avait mis en musique, tra- nier, au Festival du Lincoln Center (Le Monde du Le Kiosque Théâtre : les places du jour à 337 F. fait d’ordinaire de la culture downtown (bas de duits en allemand, les textes du poète 22 juillet 1998), dans des raretés de Leonard vendues à moitié prix (+ 16 F de commis- Dominique A. la ville), où il est de bon ton, mais faux, de pen- afro-américain Langston Hughes (1902-1967) ? Bernstein, juste de ton et d’émotion. On est sion par place). Place de la Madeleine et Elysée Montmartre, 72, boulevard Ro- e ser que la contre-culture y tient exclusivement Pouvait-on imaginer qu’après cette évocation heureux d’entendre, à ses côtés, son époux, le Parvis de la gare Montparnasse. De chechouart, Paris 18 . Le 16 juin. Tél. : 01- 12 h 30 à 20 heures, du mardi au same- 55-07-06-00. 120 F. salon. littéraire d’effluves de jazz dans la nuit d’un ca- compositeur John Musto. Poulenc disait que les di ; de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Au Miller, la saison se veut très décalée, mais baret parisien et une plainte aux accents de spi- compositeurs jouent mieux que les autres car ils Orchestre national de France DERNIERS JOURS sans affectation. On y joue la carte moderne, ritual (Elend), le Prelude to a Kiss, de Duke El- comprennent la musique « de l’intérieur ». Cela Mendelssohn : Mer calme et heureux plurielle, informée, mais naïvement ouverte, lington, puisse s’y enchaîner dans la plus se vérifie en ce cas : sculptant les riches ac- voyage. Liszt : Les Préludes. Scriabine : 25 avril : Symphonie no 1. Larissa Diadkova (mez- Le Grand Cabaret de la peur et Richard faisant se succéder les deux frères ennemis de la parfaite des logiques musicales, sans que le pre- compagnements de ces œuvres, il révèle une III musique contemporaine américaine, Eliott Car- mier ne fasse faussement jazzistique (il ne l’est palette de couleurs et de textures qu’on entend zo-soprano), Endrik Wottrich (ténor), Chœur de Radio-France, Riccardo Muti deux nouvelles créations de Geneviève ter (quatre-vingt-dix ans) et Ned Rorem d’ailleurs nullement) ni que le second fasse hors rarement exprimée par les « accompagna- (direction). de Kermabon. (soixante-quinze ans), l’Ars subtilior (donné sujet ? Savait-on que l’inclassable Kaikhosru teurs ». Britten jouait comme cela, c’est tout Théâtre des Champs-Elysées, 15, avenue Espace chapiteau du Parc de la Villette, e dans la chapelle Saint-Paul), la musique ita- Shapurji Sorabji (1892-1988) avait poudré d’en- dire. Montaigne, Paris 8e.Mo Alma-Marceau. Paris 19 . Tél. : 08-03-07-50-75. 90 F et lienne pour piano de l’époque fasciste, la sonate têtantes vapeurs de roses L’Heure exquise, de Les 22 et 23, à 20 heures. Tél. : 01-49-52- 110 F. Mark Rothko en trio italienne et le Français Marc-André Dal- Verlaine ? Zemlinsky musiquant Baudelaire en 50-50. De 50 F à 250 F. Renaud Machart André Villeger Trio Musée d’Art moderne de la Ville de Pa- Le Ciel de Paris, tour Montparnasse, Paris ris, 11, avenue du Président-Wilson, Paris e 14e.Mo Montparnasse-Bienvenüe. Le 22, 16 . Tél. : 01-53-67-40-00. 35 F et 45 F. à 22 heures. Tél. : 01-40-64-77-64. 90 F. – Surfeurs L’histoire de l’image gaie et sérieuse sur la musique de François Ribac Carlos Ward Group de Xavier Durringer, mise en scène de Sunset, 60, rue des Lombards, Paris 1er. l’auteur. o – King De grandes toiles peintes en teur en scène, François Ribac le gures rythmiques d’Igor Stravinsky M Châtelet. Le 22, à 22 h 30. Tél. : 01-40- 26-46-60. 80 F. de Michel Vinaver, mise en scène d’Alain LE REGARD DE LYNCÉE, mu- brun-orange percées de formes car- compositeur –, conte, en chansons, – inspirateur de Frank Zappa, à qui Françon. sique de François Ribac, mise en Jean Guidoni rées vont et viennent, à des vitesses passages instrumentaux et trois l’on pense parfois –, un peu des Théâtre Silvia-Monfort, 106, rue Bran- Théâtre national de la Colline, 15, rue e scène de Patrice Bigel ; textes de variables, de bas en haut, ou de « actes », l’histoire de l’image de- mélodies limpides de la pop, un cion, Paris 15e.Mo Porte-de-Vanves. Le Malte-Brun, Paris 20 . Tél. : 01-44-62-52- Marie-Claire Pasquier, Serge long en large. Trois acteurs-chan- puis le XIXe siècle, de la découverte peu des mélancolies rêveuses de 22, à 20 h 30. Tél. : 01-45-31-10-96. 140 F. 52. De 80 F à 160 F. Grünberg, Hervé Le Tellier et Jo- teurs apparaissent, par périodes, des rayons X par le physicien alle- Robert Wyatt et d’une forme de Jusqu’au 9 mai. L’Inspecteur général hann Wolfgang Goethe ; récitant : Karim Kacel de Nikolaï Gogol, mise en scène de Mat- dans les carrés. On les imagine dans mand Röntgen jusqu’au réseau pla- néo-classique mâtiné de cabaret à thias Langhoff. Jacques Allaire. Créé le 7 avril au Glaz’Art, 7-15, avenue de la Porte-de-la- un ascenseur qui plonge dans les nétaire des satellites et d’Internet. la Michael Westbrook. Toutes ces e o Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pablo- Forum culturel du Blanc-Mesnil. Villette, Paris 19 .M Porte-de-la-Villette. ténèbres d’une mine, ils semblent Lyncée, personnage de la mytholo- influences permettent à des chan- Le 22, à 20 h 30. Tél. : 01-40-36-55-65. Picasso, 92 Nanterre. Tél. : 01-46-14-70- Représentations : CNAT-Le Ma- marcher vers l’infini. Le spectateur, gie, sert de fil rouge. L’argument sons d’exister. 120 F. Jusqu’au 1er mai. 00. De 55 F à 140 F. nège de Reims les 28 et 29 avril par un effet optique, participe à ces dramatique et la musique sont de Les chanteurs Marie Grenon, Eva Maurane 26 avril : (sous réserve) ; Espace Lumière mouvements. Plus tard il y aura François Ribac. Il a joué du jazz, Schwabe et Ken Norris ont fort à 1e partie : Nourith (chanteuse israé- Un ami de Cézanne et de Van Gogh : le d’Epinay-sur-Seine, le 7 mai ; Le lienne). docteur Gachet (1828-1909) aussi un plateau nu, des projec- free, tout en écoutant les groupes faire avec les textes (ceux de Hervé Galeries nationales du Grand Palais, ave- Moulin du rock à Niort le 11 mai ; tions, d’autres effets. C’est simple, des années 70 (Soft Machine, King Le Tellier sont les plus réussis), par- Olympia, 28, boulevard des Capucines, Paris 8e. Mo Opéra. Le 22, à 19 h 30. Tél. : nue Winston-Churchill, entrée place Le Centre des bords de Marne au e efficace, un peu magique. Crimson, Henry Cow, le rock alle- fois narratifs, à d’autres moments 01-47-42-25-49. De 160 F à 230 F. Jus- Georges-Clemenceau, Paris 8 . Tél. : 01- Perreux le 18 mai. Le Regard de Lyncée, spectacle mand de Can ou Faust...). Sa mu- fantaisistes façon Queneau. Il leur qu’au 24 avril. 44-13-17-17. 35 F et 48 F. musical – Patrice Bigel est le met- sique vient un peu de certaines fi- faut passer de la samba à la fanfare, de l’électronique répétitive à des airs de jazz. A chaque genre son souffle, son impulsion. Le soir de la création, pour cause de voix un peu tendues, certains mots étaient mangés, des équilibres avec la bande musicale restaient à trouver. Mais l’on pouvait déjà voir et en- tendre vers quoi tendait ce Regard : une œuvre gaie et sérieuse, mo- derne et poétique, un peu comme un opéra à l’italienne ou une comé- die musicale avec son lot de sur- prises pour relancer, sans tomber dans le spectaculaire, l’intérêt.

Sylvain Siclier LeMonde Job: WMQ2304--0030-0 WAS LMQ2304-30 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 08:33 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0323 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 RADIO-TÉLÉVISION

JEUDI 22 AVRIL GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

19.40 Pays d’octobre. [2/4]. Planète 23.20 Le Couronnement de Poppée. 18.55 La Double Vie TÉLÉVISION ARTE DÉBATS 20.35 Cinq colonnes à la une. Planète Opéra de Monteverdi. de Véronique aaa Par l’Orchestre du Concerto Köln, Krzysztof Kieslowski (Fr. - Pol., 1991, 20.40 Thema. Le blanc et le noir : dir. de René Jacobs. Muzzik 19.00 Voyages, voyages. Buenos Aires. 21.20 Faut-il avoir peur la Belgique après Dutroux. Arte 95 min) &. Ciné Cinéma 3 0.05 Les 60 ans de l’Orchestre TF 1 19.45 Météo, Arte info. des météorites ? Forum Planète 20.40 Etre un homme 19.30 La Maison du Maltais aa philharmonique d’Israël. Pierre Chenal (France, 1938, N., 18.25 Exclusif. 20.15 La Vie en feuilleton. aujourd’hui. Canal + A l’ombre des arènes [4/4]. Tel-Aviv, 1996. Avec Isaac Stern, 90 min) &. Cinétoile 19.05 Le Bigdil. MAGAZINES 20.45 La Chine, dragon millénaire. violon ; Pinchas Zuckerman, violon ; 20.40 Thema. La rivière des perles. Odyssée Itzhak Perlmann, violon ; Shlomo 20.30 L’Homme le plus dangereux 19.50 Clic & Net. Le blanc et le noir : 18.00 Stars en stock. Robert de Niro. 21.40 1918. De la guerre à la mer. Planète Mintz, violon ; Menahem Breuer, du monde aa 20.00 Journal, Météo. la Belgique après Dutroux. Greta Garbo. Paris Première 22.35 Une fille contre la Mafia. Planète violon ; Gil Shaham, violon. Par Jack Lee-Thompson (Etats-Unis, 1969, 20.50 Navarro. Le Fils unique. %. 20.45 Les Enfants de l’année blanche. l’Orchestre philharmonique d’Israël, 18.30 Nulle part ailleurs. 0.05 L’Autre Algérie. 100 min) &. Ciné Cinéma 1 22.35 Made in America. 22.05 Histoire de deuil. Invités : Valérie Lemercier ; dir. Zubin Mehta et Daniel Barenboïm. 22.35 Autopsie d’une enquête. Les oiseaux chantent toujours la 20.30 Un monde à part aa Piège sans issue. Claude Rich ; Michel Reilhac ; Paris Première 0.30 Débat. Le blanc et le noir : liberté, échos des stades. Planète Chris Menges (Grande-Bretagne, 1988, Téléfilm. William H. Molina. %. Dick Annegarn. Canal + la Belgique après Dutroux. 110 min) &. Cinéstar 1 0.15 Les Rendez-vous de l’entreprise. 19.10 et 0.10 Le Rendez-vous. 0.55 Miles Davis. Planète TÉLÉFILMS 0.45 Travellinckx. Court métrage. 20.45 Napoléon aaa 0.45 TF 1 nuit, Météo. Bouli Lanners. &. Bruno Mégret ; Christine Ockrent. LCI Sacha Guitry [1/2] (France, 1954, 20.00 20 h Paris Première. SPORTS EN DIRECT 20.40 Alien Nation, futur immédiat 4. 120 min) &. Histoire 1.05 A chacun son dû aa Kenneth Johnson. RTL 9 FRANCE 2 Film. Elio Petri (v.o.). &. Marcel Bluwal. Paris Première 20.55 La Femme libre aa 20.55 Direct. 18.30 Basket. Final Four. Euroligue. 20.50 La Clé des mondes parallèles. Paul Mazursky (Etats-Unis, 1978, e 18.45 Les Z’amours de l’an 2000. Invité : Charles Pasqua. France 2 Match pour la 3 place : TeamSystem Krishna Rau. M6 125 min) &. Téva M6 Bologne-Olympiakos Le Pirée 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 21.05 Pulsations. Le diabète. TV 5 22.05 L’Equipe. Jean Kerchbron. Festival 20.55 Ambre aa 21.00 Finale : Kinder Bologne-Zalgiris 19.20 Mariés, deux enfants. &. 22.40 Faxculture. Visions du réel. Kauna AB Sports 22.35 Piège sans issue. Otto Preminger (Etats-Unis, 1947, 19.20 Qui est qui ? Invité : Robert Franck. TSR William H. Molina. %. TF 1 140 min) &. TMC 20.00 Journal, Météo. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 23.05 Courts particuliers. MUSIQUE 22.45 La Dixième Muse d’Elgar. 20.55 Direct. 20.10 Notre belle famille. &. Alain Beigel. Paris Première Paul Yule et Nigel Gearing. Mezzo Invité : Charles Pasqua. 20.40 Décrochage info, Passé simple. 23.15 La Preuve par trois. 23.25 Faussaires et assassins. 22.50 Expression directe. 20.50 La Clé des mondes parallèles. La chasse. Trésor de chasse. 19.10 Bach. Peter Kassovitz. Festival Concerto brandebourgeois no 3. 23.00 Le Brasier. Téléfilm. Krishna Rau. &. Butin en Sologne. Film. Eric Barbier. &. Terrain d’entente. Par le Scottish Chamber Orchestra, 22.30 Profiler. Planète intacte. %. Nouvelle cible. France 3 dir. Raymond Leppard. Muzzik COURTS MÉTRAGES 1.00 Journal, Météo. Modus operandi. %. 21.00 Prinsengracht Concert 1993. 1.25 La 25e Heure. Les Enfants de Dieu 0.10 La Maison de tous 0.30 Des racines et des ailes. 22.50 22e rue Est. Dayyang Eng. &. Canal + Le patrimoine mondial. Avec Cheryl Studer, soprano ; et leur prétendu prophète de l’amour. les cauchemars. Pompéi : opération survie. Octavio Arevaldo, ténor ; 0.45 Travellinckx. Bouli Lanners. Arte Le visiteur d’outre-tombe. %. L’empreinte des pharaons. Ronald Schneider et le Chœur FRANCE 3 Une merveille de canal. France 3 de la Radio néerlandaise. Muzzik SÉRIES 21.55 Beethoven. Triple concerto et 18.20 Questions pour un champion. RADIO DOCUMENTAIRES Fantaisie pour piano. Avec Daniel 22.30 Profiler. Planète intacte. Barenboïm, piano ; Itzhak Perlman, 18.45 Un livre, un jour. Modus operandi %. M6 18.50 L’Euro, mode d’emploi. 19.30 Le Grand Piano violon ; Yo-Yo Ma, violoncelle. Par FRANCE-CULTURE l’Orchestre philharmonique de Berlin, 23.45 Stargate SG-1. 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. du Petit Louis. Muzzik dir. Daniel Barenboïm. Mezzo Question de temps. TSR 20.05 Fa Si La nouveau. 20.30 Agora. 20.35 Tout le sport. Claudine Le Tourneur d’Ison. 21.00 Lieux de mémoire.

COLLECTION CHRISTOPHE L. 20.50 Consomag. 22.10 For intérieur. 21.00 Embrasse-moi, idiot aa 20.55 Les Comancheros a Billy Wilder. Avec Dean Martin, Film. Michael Curtiz. &. 23.00 Nuits magnétiques. Kim Novak (Etats-Unis, 1964, N., v.o., 22.40 Météo, Soir 3. 0.05 Du jour au lendemain. 125 min) &. Paris Première 23.15 La Preuve par trois. La chasse. 22.00 L’Aventure intérieure aa 0.05 Espace francophone. FRANCE-MUSIQUE ARTE CANAL + PARIS PREMIÈRE Joe Dante (Etats-Unis, 1987, v.o., Chanter dans la francophonie no 5. 120 min) &. Canal Jimmy 20.40 Thema 20.40 Etre un homme 21.00 Embrasse-moi, idiot aa 0.30 Des racines et des ailes. 20.00 Toulouse les orgues. 22.10 Le Miraculé aa Auch, Michel Bouvard et Jan-Willem Un documentaire bouleversant, aujourd’hui Un célèbre chanteur de charme Jean-Pierre Mocky (France, 1987, CANAL + Jansen, orgues : Œuvres de Bach, Les Enfants de l’année blanche, « Les hommes sont-ils en train d’in- tombe en panne d’essence dans 85 min) &. Ciné Cinéma 1 Dumont, Titelouze, Muffat, Perrot. 22.30 Musique pluriel. Festival Présences ouvre la Thema consacrée à la Bel- venter une nouvelle identité et une petite ville du Nevada. Un pro- 22.15 La Déchirure aa ̈ En clair jusqu’à 20.40 Roland Joffé (Grande-Bretagne, 1984, 99. Œuvres de Vivier, Panneton. gique après l’affaire Dutroux. d’imaginer une masculinité diffé- fesseur de musique l’invite chez 145 min) &. RTL 9 18.30 Best of 23.07 Papillons de nuit. Jacques Duez, qui donne des cours rente ? », demande ce programme lui. Mais, de peur que le chanteur 22.25 Dédée d’Anvers aa Nulle part ailleurs. Œuvres de Corq, Russell. 20.30 Le Journal du cinéma. de morale dans les écoles commu- en deux parties coordonné par Mi- ne séduise son épouse, il la fait Yves Allégret (France, 1947, N., 85 min) &. Ciné Classics 20.40 Docs événement. RADIO CLASSIQUE nales belges, a filmé en vidéo, pen- chel Reilhac. Il n’y a plus doréna- remplacer par l’entraîneuse du bar 0.20 Les Deux Anglaises Etre un homme aujourd’hui. dant un an, les réactions de ses vant de modèle masculin unique, du coin. Billy Wilder passe, ici, au 20.40 Etre un homme aujourd’hui. 20.15 Les Soirées. et le Continent aa Documentaire. Œuvres de Rameau. élèves, traumatisés par l’affaire. nous dit un document intitulé Tous crible de la dérision la classe François Truffaut (France, 1971, 22.25 Tous les mêmes ? Documentaire. 20.40 John Ogdon, piano. Œuvres On croyait avoir tout vu, tout lu, les mêmes ? Mais fallait-il pour au- moyenne américaine et ses valeurs 130 min) &. Cinétoile 22.50 22e rue Est. Court métrage. &. de Busoni, Tchaïkovski, Alkan, Liszt, 0.20 Portrait de femme aa 23.05 Les Fantômes du passé a Glazounov, Rachmaninov, Stravinski. tout entendu. On avait oublié tant dresser cette sorte d’inven- hypocrites. Son style est brillant et Jane Campion (Grande-Bretagne, Film. Bob Reiner (v.o.). %. 22.45 Les Soirées... (suite). Œuvres d’écouter les jeunes élèves... taire de la question masculine ? grinçant. Diffusion en v.o. 1996, 145 min) &. Ciné Cinéma 2 1.35 Hockey NHL. de R. Schumann, von Weber, Brahms.

VENDREDI 23 AVRIL GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES 14.45 Un monde à part aa 17.55 Naissance du XXe siècle. 19.20 Nuit italienne. Chris Menges (Grande-Bretagne, 1988, DÉBATS [4/12]. Terres promises. La Cinquième Avec Bryn Terfel, baryton ; 105 min) &. Cinéstar 1 TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Sergei Larin, ténor ; Angela Gheorghiu, 18.30 Le Monde des animaux. 15.50 Les Deux Anglaises 16.00 Olympica. 21.25 Les Compagnons Vic et les requins. La Cinquième soprano. Par l’Orchestre philharmonique de Berlin, et le Continent aa TF 1 16.30 Le Magazine ciné. du devoir. Forum Planète 19.15 Promenades sous-marines. [12/26]. François Truffaut (France, 1971, dir. Claudio Abbado. Mezzo 17.00 Au nom de la loi. &. 23.20 L’Occident à la rencontre Saba, joyau des Caraïbes. Planète 125 min) &. Cinétoile 16.35 Vidéo gag. 20.59 Soirée Laurent de Wilde. 17.30 100 % question. 20.15 Palettes, Antoine Watteau. Nice Jazz Festival 1998. Muzzik 16.50 Sunset Beach. &. de l’Orient. Forum Planète 17.55 Naissance du XXe siècle. La farandole du désir : «Le Pèlerinage 21.55 Robert Devereux 17.35 Melrose Place. &. à l’île de Cythère». Arte 18.25 Exclusif. 18.20 Météo. MAGAZINES ou le Comte d’Essex. 20.45 Lieux mythiques. [1/20]. 19.05 Le Bigdil. 18.30 Le Monde des animaux. Chichen Itza : une cité maya. Histoire Opéra de Donizetti. Par L’orchestre 19.00 Tracks. 13.20 On s’occupe de vous. de l’Opéra San Carlo de Naples, 19.50 Clic & Net. Invitée : Sophie Garel. France 3 21.05 Epopée en Amérique, une histoire dir. Alain Guingal. Paris Première 20.00 Journal, Météo. 19.45 Météo, Arte info. 14.15 Boléro. Invitée : Irène Frain. TMC populaire du Québec. [5/13]. TV 5 22.45 Haydn. Les Symphonies nos 94, 97, 20.50 Les Années tubes. 20.15 Palettes. Antoine Watteau (1684-1721). 21.15 Lieux mythiques. 100 et 103. Mezzo 14.35 La Cinquième rencontre... 23.10 Sans aucun doute. 20.45 Liaisons à haut risque. [2/20]. Teotihuacan. Histoire o Les femmes d’exception. Travail, économie : La révolution 22.55 Beethoven. Symphonies n 7, 8 et 9. Téléfilm. Sigi Rothemund. &. de l’industrie automobile. 21.25 Un autre futur, Par le New Philharmonia Orchestra, 1.00 Les Coups d’humour. Avec Philippe Gallard. La Cinquième dir. Otto Klemperer. Muzzik 22.15 Contre l’oubli. l’Espagne rouge et noire. [4/4]. 1.55 TF 1 nuit. 16.55 Zapping Zone. Disney Channel 22.20 Grand format. Contre vents et marées. Planète TÉLÉFILMS Montoneros, une histoire argentine. 18.00 Stars en stock. Natalie Wood. 21.45 Conférences de presse. FRANCE 2 23.55 Kill Me, Cop ! a Montgomery Clift. Paris Première 9 septembre 1968 [2/3]. Histoire Film. Jacek Bromski (v.o.). &. 17.15 L’Equipe. Jean Kerchbron. Festival 18.30 Nulle part ailleurs. 22.05 L’Australasie sauvage, 16.45 Des chiffres et des lettres. 1.50 Le Dessous des cartes. Avec Christophe Lambert ; 18.30 Le Jeu du roi. Marc Evans. Téva terre des futurophages. 17.15 et 22.30 Un livre, des livres. Le retour des frontières. Sarah Michelle Gellar ; 18.45 L’Affaire Seznec. 17.20 Cap des Pins. &. Paul Westerberg. Canal + Les mangeurs d’avenir. Odyssée Yves Boisset [2/2]. Festival COLLECTION CHRISTOPHE L. 17.50 Hartley, cœurs à vif. &. M6 19.00 Tracks. 22.20 Grand format. Montoneros, une histoire argentine. Arte 20.30 Petits nuages d’été. 16.25 Boomerang aa 18.45 Les Z’amours de l’an 2000. No Respect : Quand les parents ne Olivier Langlois. Festival Elia Kazan. Avec Arthur Kennedy, 16.05 et 1.20 Boulevard des clips. veulent pas vieillir. Tribal : La musique 22.25 Les Splendeurs naturelles Lee J. Cobb (Etats-Unis, 1946, N., v.o., 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. des sourds-muets. Dream : David 20.45 Liaisons à haut risque. 19.20 Qui est qui ? 17.35 Agence Acapulco. &. de l’Afrique. [8/12]. Planète 85 min) &. Ciné Classics Sylvian. Vibration : La musique et la Sigi Rothemund. Arte 20.00 Journal, Météo. 18.25 Loïs et Clark. &. mode. Future : Travail virtuel. Arte 23.00 Paul-Emile Victor : 17.55 Le Comédien aa 20.55 Au bénéfice du doute. Sacha Guitry (France, 1947, N., 95 min) 20.55 Au bénéfice du doute. 19.20 Mariés, deux enfants. &. 19.15 Le Rendez-vous un rêveur dans le siècle. Williams Crépin [2/2]. France 2 &. Cinétoile Téléfilm. Williams Crépin [2/2]. &. 19.54 Le Six Minutes, Météo. de Ruth Elkrief. LCI [1/3]. Les années eskimo. Odyssée 20.55 Histoire d’un otage. 18.55 Dédée d’Anvers aa 22.35 Bouillon de culture. 20.05 La Route de votre week-end. Roger Young. TMC 19.30 Envoyé spécial, les années 90. 23.50 Pays d’octobre. [2/4]. Yves Allégret (France, 1947, N., 85 min) L’amour à tout âge. 20.10 Notre belle famille. &. Le racket à l’école. «Choses vues» dans le Mississippi : 22.05 Léopold. Joël Seria. Festival &. Ciné Classics 23.50 Journal, Météo. la religion. Planète 20.40 Politiquement rock. Romans-photos. Histoire 22.50 Lexx. Paul Donovan [1/4]. 13ème Rue 0.10 Ciné-club. Cycle Maroc. 20.45 Question de métier. 20.05 C’est la vie. 23.55 Histoire de l’eau. [3/4]. 0.15 Al Oued. La dimension religieuse. Odyssée 20.50 Les Nouveaux Professionnels. Famille nombreuse : un pour tous et COURTS MÉTRAGES Film. Daoud Aoulad Syad. &. Retour en force. &. moi, et moi, et moi ? TSR 0.45 Cinq colonnes à la une. Planète 0.35 Traces aa Destination Tripoli. &. 20.55 Thalassa. 1.00 La Case de l’Oncle Doc. Les Temps 0.15 Al Oued. Film. Hamid Benani. &. 22.45 X-Files, l’intégrale. La Route des glaces. France 3 du Mont-Saint-Michel. France 3 Daoud Aoulad Syad. France 2 Les vampires. %. Coma. &. 22.05 Faut pas rêver. 0.30 Nocturne. Hossein Haghiri. France 3 FRANCE 3 0.35 Murder One, l’affaire Rooney. &. France : Théâtre à domicile. SPORTS EN DIRECT Thaïlande : Le train de la mort. 16.40 Les Minikeums. Espagne : Les déesses du printemps. SÉRIES 17.45 Le Kadox. Invitée : Anaïs Jeanneret. France 3 18.00 Equitation. Coupe du monde FEI RADIO à Göteborg. Eurosport 18.20 Questions pour un champion. 22.35 Bouillon de culture. 20.30 L’Homme de nulle part. 20.00 Football. Championnat de D 2. L’amour à tout âge. L’ange gardien. Canal Jimmy 18.50 Un livre, un jour. FRANCE-CULTURE Invités : Jean-Denis Bredin ; Pierre Guingamp - Troyes. Eurosport 20.50 Les Nouveaux Professionnels. 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. Hebey ; Anaïs Jeanneret ; Sophie de Episode pilote : Retour en force. M6 20.05 Fa Si La nouveau. 19.45 Les Enjeux internationaux. Vilmorin ; Guillaume Le Touze ; Marie DANSE 20.35 Tout le sport. et Jean-Louis Trintignant. France 2 21.25 Le Visiteur. Prédictions. Série Club 20.02 Les Chemins de la musique. [5/5]. 20.55 Thalassa. La Route des glaces. 23.10 Sans aucun doute. 20.45 La Fin d’un rêve. 22.25 Dream On. Melville, 20.30 Agora. Christine Bard. je l’adore (v.o.). Canal Jimmy 22.05 Faut pas rêver. Les femmes d’exception. TF 1 Chorégraphie de Christopher Bruce. 21.00 Black And Blue. Joe Lovano. 23.30 Les Dossiers de l’Histoire. Musique de John Lennon. 22.45 X-Files, l’intégrale. 23.10 Météo, Soir 3. 22.10 Fiction. Parade, ballet cubiste, de Jean De Gaulle-Churchill, Par le Cullberg ballet. Mezzo Les vampires. %. Coma. M6 21.00 Serial Lover aa 23.30 Les Dossiers de l’Histoire. Cocteau, Pablo Picasso et Erik Satie. mémoires de guerre [1/2] : 22.55 Seinfeld. James Huth. Avec Michèle Laroque, De Gaulle-Churchill, 23.00 Nuits magnétiques (rediff.). 21.40 Portrait de famille. mémoires de guerre [1/2]. Juin 1940 - novembre 1942. France 3 Chorégraphie de Birgit Cullberg. Du bon pain (v.o.). Canal Jimmy Albert Dupontel (France, 1998, 80 min) %. Canal + 0.05 Du jour au lendemain. 23.30 Noms de dieux. Invité : Sa Sainteté Musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski. 0.30 Libre court Nocturne. 23.00 Les Colonnes du ciel. [3/5]. Histoire Hossein Haghiri. &. le quatorzième dalaï-lama. RTBF 1 Par le Cullberg ballet. Mezzo 21.00 Portrait FRANCE-MUSIQUE 0.05 Friends. The One with the Girl Who de femme aa 1.00 La Case de l’Oncle Doc. Hits Joey (v.o.). Canal Jimmy Les Temps du Mont-Saint-Michel. DOCUMENTAIRES MUSIQUE Jane Campion (Grande-Bretagne, 19.40 Prélude. 0.30 Star Trek, Deep Space Nine. 1996, 145 min) &. Ciné Cinéma 1 20.00 Concert franco-allemand. Les devises 21.00 La Comédie de Dieu aa CANAL + 17.15 Les Grandes Batailles du passé. 17.15 Mozart. Messe en ut mineur, de l’acquisition (v.o.). Canal Jimmy Par le Chœur de Radio France, Norbert [25/28]. Mafeking 1899-1900. Planète «La Grande Messe». Par la Petite Bande Joao Cesar Monteiro (Fr. - Port., 1995, Balatsch, chef de chœur et la Rheinische Kantorei, dir. 0.35 Murder One, l’affaire Rooney. v.o., 165 min) ?. Ciné Cinéma 2 15.55 L’Amérique sauvage a et l’Orchestre national de France, 17.15 Vatikan. [3/5]. Film. William Dear. &. Paul VI et la pilule. Odyssée Sigiswald Kuijken. Mezzo Chapitre I. M6 21.00 Un pyjama pour deux aa dir. Riccardo Muti : Œuvres de 17.35 Evamag. &. 18.00 Elvin Jones. 1.15 Star Trek, la nouvelle génération. Delbert Mann (Etats-Unis, 1961, v.o., Mendelssohn, Liszt, Scriabine. 17.50 Actor’s Studio. 105 min) &. Ciné Cinéma 3 18.00 A la une. &. 22.30 Musique pluriel. Willem Dafoe. Ciné Cinémas Stuttgart, mars 1991. Muzzik Cauchemars (v.o.). Canal Jimmy 21.10 En suivant la flotte aa ̈ En clair jusqu’à 21.00 Œuvres de Maratka, Lesage. Mark Sandrich (Etats-Unis, 1936, N., 18.30 Best of Nulle part ailleurs. 23.07 Jazz-club. Le trio de James Williams, piano. v.o., 115 min) &. Cinétoile 20.30 Allons au cinéma ce week-end. 21.20 Petits meurtres 21.00 Serial Lover aa entre amis aa Film. James Huth. %. RADIO CLASSIQUE Danny Boyle (Grande-Bretagne, 1994, 22.20 Les Ailes de l’enfer a 20.15 Les Soirées. Sonate pour violon 90 min) ?. Cinéstar 1 Film. Simon West. ?. et piano op. 13, de Grieg. PLANÈTE CANAL + FRANCE 3 22.50 Mac aa 0.10 Pour une poignée de dollars a 20.40 François-Antoine Habeneck. John Turturro (Etats-Unis, 1992, Film. Bob Robertson (v.o.). &. Œuvres de Beethoven, Viotti, Rossini, 20.35 Les Chiens de guerre 21.00 Serial Lover aa 23.30 Les Dossiers de l’Histoire 115 min) &. Cinéstar 1 1.50 Pour une nuit a Berlioz, Cherubini, Meyerbeer, etc. Paumés, déserteurs, ex-légion- Titre anglais pour humour noir Ce sont les relations entre deux 23.45 La Double Vie Film. Mike Figgis (v.o.). %. 23.00 Les Brigands. Opéra d’Offenbach, de Véronique aaa 3.35 La Planète des singes aa par le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra naires, voire ex-journalistes, ils se français. On a reproché à ce pre- monstres sacrés qu’évoque De Krzysztof Kieslowski (Fr. - Pol., 1991, Film. Franklin J. Schaffner. &. de Lyon, dir. John Eliot Gardiner. sont engagés du côté croate pen- mier film un scénario « mince Gaulle-Churchill, mémoires de 95 min) &. Ciné Cinéma 2 dant la guerre en ex-Yougoslavie. comme un fil ». Ce n’est pas exact. guerre, le documentaire de Patrick 0.15 Le Miraculé aa Jean-Pierre Mocky (France, 1987, SIGNIFICATION DES SYMBOLES Stephen Lambert, réalisateur bri- L’enchaînement des situations est Jeudy décliné en deux volets : 85 min) &. Ciné Cinéma 3 tannique, les a retrouvés à l’est de bien structuré. A coups de gags 1940-1942 et 1942-1945 (qui sera 0.35 Traces aa Les codes du CSA Les cotes des films la Croatie. Sur le front ou dans l’in- macabres, d’accidents stupides et diffusé vendredi 30 avril). Les Mé- Hamid Benani (Maroc, 1970, & Tous publics a On peut voir 100 min) &. France 2 timité de leur QG, il les scrute, les de comique déjanté, James Huth moires des deux hommes d’Etat, % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer 2.05 Le Prête-nom aa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique écoute et essaie de comprendre ce invente un ton et un esthétisme publiés chez Plon, servent de fil Martin Ritt (Etats-Unis, 1976, v.o., ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + qui les a poussés à devenir merce- nouveaux. Talent à suivre. Michèle d’Ariane. Mais l’exercice, en forme 95 min) &. Cinétoile ! Public adulte DD Dernière diffusion naires. Une série de portraits sans Laroque est l’héroïne de cette de pari, ne convainc pas, car le té- 3.35 La Planète des singes aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Franklin J. Schaffner (Etats-Unis, 1967, # complaisance. comédie de meurtres à surprises. léspectateur est vite noyé. 105 min) &. Canal + Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ2304--0031-0 WAS LMQ2304-31 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 14Fap:100 No:0324 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 23 AVRIL 1999 M. Eltsine subit une nouvelle défaite cinglante Les conservateurs iraniens dans sa lutte contre le procureur général de Russie mènent une guerre d’usure Les députés refusent à nouveau le limogeage de M. Skouratov contre le président Khatami MOSCOU avait nommé les présidents de la rezovski. Mais le premier ministre et prétendant à la présidence, appa- AVIS DE TEMPÊTE sur l’Iran. En République, l’ayatollah Ali Khame- de notre correspondant Douma et du Conseil de la fédéra- avait admis la nécessité d’un départ raît comme le principal vainqueur l’espace de quelques jours, les amis neï – se vengent-ils précisément Boris Eltsine, qui se disait il y a tion membres du Conseil national de M. Skouratov, tout en insistant de cette bataille : il a expliqué que du président Mohamad Khatami des résultats des municipales, qui quelques jours « en bonne forme », de sécurité. sur celle « d’une lutte sérieuse et or- « la question était de savoir si ce pays ont encaissé une série de revers ont confirmé leur débâcle à travers « prêt à tous les combats », a subi, Mercredi, le chef de l’administra- ganisée contre le crime écono- doit ou non être gouverné par la loi qui, sauf contre-attaque présiden- le pays ? Se vengent-ils d’avoir été mercredi 21 avril, une nouvelle dé- tion présidentielle a lu devant le mique ». (...) Le procureur doit être indépen- tielle, risquent de freiner leurs ar- implicitement mis en cause à tra- faite politique. Le Conseil de la Fé- Conseil de la fédération un message Mercredi, les sénateurs ont aussi dant du pouvoir ». deurs réformatrices au moins pour vers les services de renseigne- dération, la Chambre haute du Par- du président sur « cette question très souhaité adopter « une motion de Jeudi, le Kremlin annonçait la un temps, peut-être jusqu’aux élec- ments, accusés d’avoir tué des in- lement où siègent les gouverneurs importante qui aurait dû être réglée soutien » au gouvernement de « démission » d’un conseiller prési- tions législatives du printemps tellectuels et hommes de lettres de région, a refusé pour la depuis longtemps ». M. Eltsine y jus- M. Primakov, qui les en a dissuadés, dentiel chargé des relations avec le 2 000, qui devraient leur permettre « mal-pensants » ? Au reste, l’en- deuxième fois d’entériner la démis- tifie à nouveau le limogeage de notant que le « travail du gouverne- Conseil de la fédération. Un porte- de dominer le Parlement. quête sur ces meurtres semble sion du procureur général de Rus- M. Skouratov et laisse entendre ment n’est pas parfait », et les priant parole ajoutait que la position de Début avril, le quotidien Zan a avoir sombré dans les abysses, de- sie, Iouri Skouratov. Par 79 voix qu’un refus serait « la meilleure de voter cette motion à la mi-mai, Boris Eltsine « restait inchangée » et été fermé : il est la propriété de la puis les révélations fracassantes contre 61, les sénateurs ont apporté arme donnée aux éléments criminels quand les députés devront voter sur qu’il « ne laissera pas la situation se députée Faezeh Hachémi, fille de faites à ce sujet, en décembre 1998, leur soutien à M. Skouratov, qui a et aux politiciens irresponsables ». la procédure de destitution du pré- déstabiliser ». Mais sur fond de l’ancien président de la République par le président Khatami lui-même. aussitôt fait savoir qu’il reprenait Le premier ministre Evgueni Pri- sident, engagée par la majorité na- scandales et de chantages divers, Ali Akbar Hachémi Rafsandjani et son poste et allait poursuivre ses makov s’est, mercredi, déplacé de- tionalo-communiste de la Douma. l’affrontement entre le Parlement et proche de la mouvance présiden- « LES FAIBLES ET LES MESQUINS » enquêtes sur la corruption. Cer- vant l’assemblée. En octobre, il Le Kremlin a demandé à M. Prima- la présidence, entre le Kremlin et le tielle. Quelques jours plus tard, le Face à l’offensive des conserva- taines affaires, en particulier l’af- avait lancé une vaste campagne kov de s’engager « plus clairement » gouvernement, menace de provo- général Ali Sayed Chirazi, chef teurs, plus de trois cents journa- faire Mabetex, menacent le Krem- « anti-corruption » et reste soup- contre cette procédure, laissant pla- quer une crise politique majeure à d’état-major de l’armée, est assas- listes ont demandé par lettre au lin. çonné d’avoir encouragé l’ouver- ner la menace d’un remaniement en huit mois des législatives. siné devant son domicile à Téhé- président de la République de créer Ce vote est un affront direct au ture de certaines enquêtes, visant cas d’adoption par la Douma. ran. Mercredi 21 avril, coup sur un « cadre » légal qui les protège et président Eltsine. « Aujourd’hui, le en particulier l’oligarque Boris Be- Iouri Loujkov, maire de Moscou François Bonnet coup, trois proches de M. Khatami définisse « clairement et sans ambi- pouvoir présidentiel s’est effondré », sont malmenés : l’hodjatoleslam guïté les délits de presse ». Car, s’il a commenté le général Alexandre Mohsen Kadivar, l’un des membres est vrai que, depuis l’élection de Lebed. Ces derniers jours, il était les plus éminents de la faction libé- M. Khatami, en mai 1997, des di- apparu que les sénateurs se plie- rale de la hiérarchie religieuse est zaines de publication – y compris raient à la volonté présidentielle en Guerre ouverte entre le parquet et les organes de sécurité condamné à 18 mois de prison ; le de l’opposition – ont fleuri en Iran, entérinant le départ du procureur, MOSCOU « alimentés par l’argent du milieu » et affirmait avoir ministre de la culture, Ataollah les suspensions, fermetures et dont le Kremlin avait annoncé la correspondance envoyé une lettre au président. La nuit suivante, Mohadjarani est visé par une mo- sanctions se sont, elles aussi, multi- démission « pour raisons de santé » Iouri Skouratov a pour la première fois levé le M. Poutine, épaulé par Sergeï Stepachine, ministre de tion de censure au Parlement ; l’an- pliées à l’infini, les conservateurs, le 2 février. voile, mercredi 21 avril, sur la guerre larvée que se l’Intérieur, convoquait au Kremlin un responsable du cien maire de Téhéran, Gholam- via le pouvoir judiciaire, ôtant Le 17 mars, la Chambre haute livrent depuis des semaines le Parquet général d’un parquet de Moscou, et lui demandait d’ouvrir une en- hossein Karbastchi, se voit refuser d’une main ce que le ministère de avait rejeté une première fois la côté, le FSB (contre-espionnage) et le ministère de quête criminelle contre Iouri Skouratov pour « abus la révision de sa condamnation à la culture et de l’orientation isla- « démission » de M. Skouratov par l’Intérieur (MVD) de l’autre. de pouvoir ». Le lendemain, Vladimir Poutine expli- deux ans de prison pour prévarica- mique avait donné d’une autre. 142 voix contre 6. Ce refus d’une as- Il a expliqué aux sénateurs que ses enquêtes contre quait que la cassette était authentique et que le pro- tion ; enfin, le Parlement a retiré à Certes, ces restrictions se font semblée d’ordinaire favorable au de « très hautes personnalités russes » se heurtaient à cureur s’était vu offir les services de deux prostituées la mairie de Téhéran le contrôle du conformément à la loi, en accord Kremlin avait provoqué une grave la résistance de ces deux organes de sécurité, fidèles par des personnes sur lesquelles il enquêtait. Iouri journal Hamshahri, qu’il avait lui- avec le credo présidentiel. Mais la- crise. Boris Eltsine avait limogé du Kremlin. Et que par conséquent, il demandait à Skouratov accusait de son côté le chef du FSB d’avoir même créé. dite législation a été faite sur me- alors le chef de son administration être démissioné. Mais quelques heures plus tard, violé la loi. Mme Hachémi se voit reprocher, sure par le même personnel poli- Nikolaï Bordiouja, puis décidé de confirmé dans ses fonctions par le Conseil de la fédé- devant un tribunal dont elle récuse tique conservateur depuis vingt « suspendre » M. Skouratov de ses ration, M. Skouratov a demandé à celui-ci de le sou- CONFIRMATION VENUE DE SUISSE la compétence, d’avoir publié dans ans... fonctions, des poursuites judiciaires tenir. « Il faut maintenant que le FSB et le MVD exé- M. Stepachine prenait le relais, affirmant que le Zan un message de l’ex-impératrice Dans un récent discours, M. Kha- étant opportunément engagées cutent nos demandes, qu’ils le fassent honnêtement et procureur général suisse Carla del Ponte avait dé- Farah Diba. M. Kadivar, lui, a été tami est sorti de ses gonds. Il a rail- contre lui. jusqu’au bout. Car il est très difficile d’enquêter sans menti l’existence de comptes en banques suisses ap- jugé coupable d’avoir plaidé, dans lé les « faibles et mesquins qui consi- leur travail », a-t-il dit. partenant à de hautes personnalités russes. Une ver- des articles de presse, pour la sépa- dèrent que tout avis contraire [au UN FORCING INUTILE Une collaboration qui aura du mal à se rétablir. A sion que Mme Del Ponte a refutée, se déclarant ration du politique et du religieux. leur] peut affaiblir la force du ré- Le nouveau refus des sénateurs a l’annonce des résultats du vote, Vladimir Poutine, di- choquée par les paroles du ministre de l’Intérieur. M. Mohadjarani – qui est le beau- gime et de la révolution ». Il a mena- surpris l’entourage présidentiel. recteur du FSB et secrétaire du conseil de sécurité, a Les enquêtes ainsi menées par un procureur géné- frère de l’hodjatoleslam Kadivar – cé ses détracteurs de révéler «la Cette fois, Boris Eltsine avait jeté affirmé que l’oukaze présidentiel suspendant ral « écarté » de ses fonctions, sur fond d’obstruction est coupable de « laxisme » idéolo- trame et la portée de leur projet ». tout son poids dans la bataille. Il a M. Skouratov de ses fonctions reste en vigueur. systématique du MVD et FSB, ont-elles une chance gique. Et le « tort » du quotidien « Je réitère l’engagement que j’ai reçu à deux reprises des gouver- Depuis plus d’un mois, ce fonctionnaire nommé à d’aboutir ? Le parquet suisse affirme que oui. Alors Hamshahri, pionnier de la liberté pris devant Dieu et le peuple [de neurs de région, s’engageeant à leur la tête d’une commission d’enquête sur la « morali- que l’« affaire Skouratov » faisait rage dans les mé- d’expression, était d’avoir été placé procéder à des réformes] et j’userai donner plus de pouvoirs. Des cré- té » du Procureur (après la diffusion à la télévision le dias, Mikhaïl Katychev, procureur général adjoint en sous l’autorité d’une équipe muni- de toutes mes prérogatives tout en te- dits auraient été soudainement dé- 17 mars d’une cassette-vidéo montrant un « homme charge des dossiers les plus explosifs, continuait son cipale réformatrice. nant compte de la nécessité d’éviter bloqués. M. Eltsine expliquait que la ressemblant à Iouri Skouratov » dans ses ébats sexuels travail sur les affaires Mabetex et Aeroflot, mettant Les conservateurs, qui conti- les tensions sociales. » Reste à savoir Russie « ne pouvait avoir un tel indi- avec deux femmes) répond au coup par coup aux ini- aussi en cause Boris Berezovski, rentré à Moscou et nuent de tenir les institutions clefs, comment et quand il traduira ses vidu au poste de procureur général » tiatives du procureur menaçant le Kremlin. qui devrait être entendu dans les prochains jours tels le Parlement, l’appareil judi- paroles en actes. et s’engageait à « consulter » les sé- Le 1er avril, M. Skouratov révélait que des personna- ciaire, l’armée et les forces de sé- nateurs sur un remplaçant. Enfin, il lités russes « connues » avaient des comptes en Suisse Agathe Duparc curité – par le biais du Guide de la Mouna Naïm Le gouvernement colombien et la guérilla Les cinématographies d’Asie en bonne place dans la sélection du Festival de Cannes GILLES JACOB, délégué général, de Léos Carax, Nos vies heureuses, Greenaway (8 and 1/2 Women) et extrêmes-orientaux : Takeshi Kitano ont repris leurs discussions de paix devait présenter, jeudi 22 avril, la sé- un premier film de Jacques Maillot, Michael Winterbottom (Wonder- (Japon), avec L’Eté de Kikujiro, Chen lection officielle du 52e Festival de et L’Humanité, deuxième film de land), le Portugais Manoel de Olivei- Kaige (Chine populaire), avec L’Em- BOGOTA Dimanche, contre l’avis de beau- Cannes, qui se tiendra du 12 au Bruno Dumont (l’auteur de La Vie ra (La Lettre) et le Russe Alexandre pereur et l’Assassin, Yu Lik-wai de notre correspondante coup, Andres Pastrana annonçait qu’il 23 mai. Le Barbier de Sibérie, du de Jésus). Pour les Etats-Unis, David Sokourov, dont le controversé Mo- (Hongkong), avec L’amour nous sé- Après trois mois d’interruption, le prorogerait la démilitarisation de la Russe Nikita Mikhalkov, sera proje- Lynch (Une histoire vraie) et Jim Jar- loch évoque les derniers jours à parera. dialogue de paix entre le gouverne- « zone de détente » au-delà du 7 mai té en ouverture. Privé de Palme d’or musch (Ghost Dog, la voie du samou- Berchtesgaden d’Adolph Hitler et ment et les Forces armées révolution- « si les négociations avançaient ». Il a pour Les Yeux noirs et Soleil trom- raï) voisinent avec John Sayles (Lim- Eva Braun. Enfin, outre le film col- SAINE DIVERSITÉ naires colombiennes (FARC), la princi- également accepté d’étudier la propo- peur, le cinéaste a préféré figurer bo) et Tim Robbins, dont Cradle Will lectif iranien Les Contes de Kis La section Un certain regard per- pale guérilla du pays, a timidement sition des FARC concernant la démili- hors compétition. Et c’est An Ideal Rock évoque un épisode mouve- (composé de trois courts métrages met de mesurer l’importance crois- redémarré. Les représentants du pré- tarisation d’une nouvelle municipalité Husband, du Britannique Oliver Par- menté de la vie d’Orson Welles. signés Mohsen Makhmalbaf, Abol- sante des cinématographies asia- sident Pastrana et les délégués de la – celle de Cartagena del Chaira − pour ker, qui sera projeté pour la clôture. L’Europe aligne des metteurs en fazl Jalili et Nasser Taghvai), l’Israé- tiques : Si près du paradis, de Wang guérilla se sont réunis mardi 20 et mer- y diriger un programme pilote de La compétition est marquée par scène majeurs, tels l’Espagnol Pedro lien Amos Gitai (Kadosh), le Cana- Xiao-shuai (Chine), The Personnal, credi 21 avril, à San Vicente del Ca- substitution des cultures illicites. Les une forte présence française et amé- Almodovar (Tout sur ma mère), l’Ita- dien Atom Egoyan (Le Voyage de de Chen Kuo-fu (Taïwan), March of guan, une grosse bourgade amazo- détracteurs de la politique de paix sou- ricaine. Pour la France, ont été sélec- lien Mario Bellochio (La Balia), les Felicia) et le Mexicain Arturo Rips- Happiness, de Lin Cheng-sheng (Taï- nienne au cœur de la zone de lignent que les concessions du gouver- tionnés, à côté de Temps retrouvé, de Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne tein (Pas de lettre pour le colonel), la wan), Au bout des mots, de Chris 42 000 km2 démilitarisée par l’armée et nement n’ont pas été suivies d’actes Raoul Ruiz, et de l’attendu Pola X, (Rosetta), les Britanniques Peter compétition réunit trois cinéastes Doyle (Hongkong), La Route des pe- sous le contrôle des FARC depuis six réciproques de la part de la guérilla, qui tits voyous, de Masahiro Kobayashi mois. n’a cessé, ces derniers mois, d’accen- (Japon), Vanaprastham, de Shaji Ka- A l’issue des entretiens, les deux par- tuer sa pression militaire. run (Inde), Marana Simhasanan, de ties ont décidé de poursuivre leurs Le groupe de presse belge Médiabel cherche un repreneur Murali Nair (Inde), confirment le consultations pour relancer le proces- « ERREUR MONUMENTALE » déplacement vers l’est du centre de sus de paix devant mettre fin à qua- Par ailleurs, les FARC refusent tou- BRUXELLES nical Dimanche Matin et le mensuel « lettre d’intention » adressée à gravité du cinéma mondial. Cette rante ans de guerre civile, indiquait un jours de livrer aux autorités colom- de notre correspondant mondain L’Eventail. Il est appuyé l’évêché de Namur lundi 19 avril, Le section affiche néanmoins une saine communiqué conjoint. Cela étant, le biennes les guérilleros coupables de Le groupe de presse belge Média- par d’autres personnalités belges Monde se dit « prêt à étudier, avec diversité avec, en ouverture, L’Autre, président de la République et sa poli- l’enlèvement et de l’assassinat de trois bel (ex-Vers l’Avenir), deuxième en des médias, comme Jean-Pierre De- ses partenaires européens habituels, de l’Egyptien Youssef Chahine, et, tique de paix accusent dans les son- Américains, le 5 mars dernier. Alfredo importance dans la partie franco- launoit, directeur de la chaîne de té- toute prise de participation qui vien- en clôture, Harem Suare, du Turc dages une forte chute de popularité. Rangel, politologue, est catégorique : phone du pays après le groupe Ros- lévision privée RTL-TVI, et des in- drait conforter l’indépendance et le Ferzan Ozpetek, et aussi l’Argentin Selon une enquête de Gallup-Colom- « Les FARC ont commis une erreur mo- sel (Le Soir de Bruxelles) ? doit exa- vestisseurs qui n’ont pas souhaité se développement de Médiabel ». Marco Bechis (Garage Olimpio) et bie publiée cette semaine par l’hebdo- numentale en assassinant les trois Amé- miner, d’ici au 25 mai, les offres de faire connaître pour l’instant. Enfin, une quatrième offre n’est l’Africain Cheickh Oumar Sissoko madaire Cambio, 50 % des Colombiens ricains. Elles ont perdu ce qui leur restait reprise de la majorité de son capital Une deuxième offre émane du pas à exclure, qui serait pilotée par (La Genèse). considèrent que le processus de paix de crédibilité internationale. Le gouver- qui sont parvenues, mardi 20 avril à groupe de presse flamand VUM, qui un autre actionnaire d’IPM : le quo- L’axe euro-américain n’est pour- est sur une mauvaise voie et 80 % que nement aurait dû en profiter pour re- son siège de Namur. L’actionnaire édite notamment le principal quoti- tidien français La Voix du Nord (où le tant pas absent. Ainsi des trois films la situation du pays s’aggrave. prendre l’initiative et imposer ses condi- majoritaire (72,5 %) de Médiabel est dien belge néerlandophone groupe Rossel possède désormais français, Les Passagers, de Jean- Inaugurées en grande pompe le tions. Or, Pastrana n’a pas de stratégie l’évêché de Namur, représenté par De Standaart et qui est déjà lié à 49 % du capital). Claude Guiguet, Nadia et les hippo- 7 janvier, les discussions de paix entre de paix. Il réagit au coup par coup et fait son titulaire, Mgr André-Mutien Médiabel par des accords publici- Les remous causés autour de cette potames, de Dominique Cabrera, et le gouvernement et les FARC étaient des concessions avant même de s’asseoir Léonard, qui souhaite se désengager taires. Le groupe VUM a délégué affaire, politiquement sensible dans le premier film d’Emilie Deleuze, suspendues le 20 janvier à l’initiative à la table des négociations. » du monde de la presse après un pour conduire cette opération Phi- une Belgique en pleine campagne Peau neuve, auxquels il faut ajouter de la guérilla. Celle-ci exigeait du pou- La situation économique contribue conflit qui l’avait opposé, en dé- lippe Delaunois, qui vient de quitter électorale, ont amené, mardi le film italien de Jean-Marie Straub voir des actions immédiates et effi- également au pessimisme ambiant. cembre 1998, aux actionnaires mi- la direction du groupe sidérurgique 20 avril, Luc Lannoye, un proche de et Danièle Huillet, Sicilia ! Ainsi du caces contre les groupes paramilitaires, Selon les estimations officielles, la noritaires (un groupe de familles de wallon Cockerill-Sambre. Mgr Léonard, à démissionner de Portugais Joao Cesar Monteiro avec selon elle, « organiquement contrôlés » croissance en 1998 a été de 0,6 % − le la bourgeoisie et de l’aristocratie ca- son poste d’administrateur délégué Les Noces de Dieu, du Suisse Daniel par l’armée. Il y a dix jours, la décision plus mauvais résultat depuis 1932 − et tholique wallonnes). « LE MONDE » CANDIDAT de Médiabel. En décembre 1998, les Schmid avec Beresina, des Britan- du président de la République de desti- la récession s’est aggravée au premier Au moins trois offres ont été for- Une troisième offre a été formu- syndicats du groupe avaient estimé niques Jasmin Dizdar (Beautiful tuer deux généraux accusés (y compris trimestre de 1999. Le PIB aurait chuté mulées pour cette reprise. La pre- lée par Dominique Le Hodey, ac- que les besoins de financement du People) et Lynne Ramsay (Ratcat- par les Etats-Unis) de parrainer les pa- de 6 % et le chômage atteindrait 19 %. mière – repoussée sous sa forme ini- tionnaire avec ses frères du groupe développement de Médiabel s’éle- cher). Les Américains David Mamet ramilitaires était apparue comme une tiale par Médiabel, mais qui pourrait IPM (lui-même contrôlé par Média- vaient à 800 millions de francs (L’Honneur des Winslow) et Raphael concession faite à la guérilla. Marie Delcas être « reformatée » – émane d’un bel), qui édite le quotidien La Libre belges (20 millions d’euros, ou Nadjari (The Shade) complètent homme de presse belge, Stéphan Belgique. Le groupe de presse suisse 132 millions de francs). cette section. Tirage du Monde daté jeudi 22 avril 1999 : 498 371 exemplaires. 13Jourdain, qui contrôle l’hebdoma- Edipresse (Le Temps) et Le Monde daire satirique Pan, le journal domi- sont associés à cette offre. Dans une Luc Rosenzweig Jean-Michel Frodon LeMonde Job: WIV1699--0001-0 WAS LIV1699-1 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 19:34 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0041 Lcp: 700 CMYK

LITTERATUREb ESSAIS VENDREDI 23 AVRIL 1999 L’INTÉRIEUR CINÉMA DES ANCIENS GRECS Du paysage au corps : La Chronique de Roger-Pol Droit trois ouvrages analysent page VIII l’esthétique et la géopolitique de l’image CHÂTEAUREYNAUD DANIEL BENSAÏD NABOKOV RAYMOND ROUSSEL en mouvement ET FLEUTIAUX page IX Le Feuilleton de Pierre Lepape page II page II page IV page XI

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Ce texte, inédit en français, a été rédigé par Philip Roth pour

ans mes trois der- une édition limitée niers livres, j’ai essayé de donner uneD idée de l’impact qu’ont eu sur de « I Married des Américains ordinaires les trois événements historiques qui m’ont le a Communist » et plus profondément marqué dans ma vie d’Américain. J’avais huit ans publié le 11 octobre quand les Japonais ont bombardé Pearl Harbor le 7 décembre 1941, 1998 dans « The Los douze ans quand l’Allemagne a ca- pitulé le 8 mai 1945 et que le Japon a Angeles Times Books signé sa reddition le 14 août 1945 ; j’étais encore un écolier extrême- Review », au moment ment sensible quand un pays jusque-là normal se transforma, de la sortie pratiquement du jour au lendemain, en la plus puissante des machines de du livre aux Etats-Unis guerre, et que le patriotisme devint la nouvelle religion d’Etat à laquelle le pays tout entier se convertit. La monstrueuse épreuve de l’invasion et de la conquête, infligée par deux chose de la colère et de la violence, puissants ennemis à tous les êtres ni des inlassables attaques contre vivants, ou presque, fit de ce pays l’autorité et l’esprit civique que sus- qui était le nôtre le dernier espoir de citait la guerre chez la plupart de la planète. ceux qui s’y opposaient. Je rendais Entre 1942 et 1945, un petit Améri- souvent visite à des amis de Green- cain ne vivait pas seulement entre sa wich Village, ils habitaient en face maison, son quartier et son école ; si d’une maison qu’un groupe de Wea- l’enfant était quelque peu observa- thermen (1) a fait sauter accidentel- teur ou curieux, il ou elle vivait aussi lement alors qu’ils fabriquaient en dans le climat moral d’une tragédie secret des bombes dans la cave. Je qui était universelle. Pour moi, le connaissais le père et la mère de symbole le plus terrible de ce drame, quelqu’un qui avait survécu à la dé- ANNIE LEIBOVITZ

Ma vie e d’années plus tard, après avoir enfin Conseil des écoles parce qu’ils rivé à I Married a Communist, un une explosion survenue dans la 11 Rue réussi à prendre suffisamment de avaient refusé de répondre aux livre peuplé, tout comme la vie, Ouest, le 6 mars 1970. recul pour me remettre à ce roman questions de la Commission des ac- d’imbéciles, de naïfs et de braves (2) Sous Franklin Roosevelt, le Parti dé- – American Pastoral – sur les vic- tivités anti-américaines du Sénat sur gens, arrêtés net dans leur élan amé- mocrate était divisé entre pro- et anti- times que la guerre du Vietnam a leur appartenance politique. L’un ricain, sacrifiés à leur réussite, vic- New Deal. La communauté juive, qui faites à l’intérieur même de notre des trois coupables, dont les photos times des pièges tendus par leur avait fait de Roosevelt son idole, était évi- pays. étaient publiées en première page pays et leur époque, et par l’irréduc- demment globalement pro-New Deal, d’Américain Pendant les trois premières an- du Newark News, avait été mon pro- tible goût de l’espèce humaine pour sauf bien sûr les bolchevistes irréductibles. c’étaient les petits drapeaux frappés flagration, une jeune fille spécialiste nées que j’ai passées à l’université fesseur principal au cours de ma la trahison et la vengeance. (3) Norman Thomas (1884-1968) : leader d’une étoile d’or accrochés derrière en explosifs qui avait réussi à – 1950-1953 – le cirque de Joseph première année de lycée. Traduit de l’anglais par charismatique du Parti socialiste améri- les fenêtres des maisons où l’on s’échapper de la maison en McCarthy remportait l’immense Une quarantaine d’années plus Lazare Bitoun cain. Plusieurs fois candidat à la prési- avait perdu un père ou un mari au flammes, abandonnant ses cama- succès que l’on sait au Sénat des tard, j’ai commencé à retourner dence entre 1928 et 1948, il demeure dans combat. Il y avait beaucoup de ces rades morts derrière elle, et avait Etats-Unis. Quand j’étais enfant, il y dans ma tête tous ces souvenirs du les mémoires comme « la conscience petits drapeaux dans notre rue, à disparu dans la clandestinité ; quel- avait dans notre famille des démo- maccarthysme ; j’ai repris les mor- (1) Weathermen : groupuscule d’inspira- morale de l’Amérique ». Newark, et c’était difficile, pour la ques années plus tard, elle purgeait crates favorables au New Deal (2), ceaux, je les ai travaillés, ajustés les tion maoïste qui prônait l’utilisation de la (NDLR : Toutes les notes sont du plupart des enfants, dans l’état d’in- une longue peine de prison pour des socialistes partisans de Norman uns aux autres pour essayer d’en violence au nom de la solidarité avec les traducteur). souciance habituel où ils sont quand une attaque à main armée au cours Thomas (3), des trotskistes et des faire quelque chose et, avec ce que révolutionnaires de tous les pays à la fin ils vont en classe, de passer devant de laquelle sa bande de soi-disant communistes staliniens, un vaste ré- la vie m’a appris depuis, j’en suis ar- des années 60. Le texte fait référence à Lire également notre dossier pages VI et VII ces fenêtres sur le chemin de l’école. révolutionnaires, qui avait monté le seau d’oncles et de cousins toujours A l’époque, je me demandais hold-up, avait tué deux personnes. en train de se chamailler sur la poli- souvent l’effet que cela devait faire tique mais exceptionnelle- de rentrer à la maison quand on ap- Philip Roth ment tous d’accord sur une partenait à une de ces familles frap- chose au moins : l’ignomi- pées par le deuil, d’avaler son dîner nie du maccarthysme et de les yeux plein de larmes, d’aller se A cette époque, je vivais avec une ce qui allait avec. J’avais écrit un coucher l’air grave, et de se réveiller, avocate qui travaillait pour une or- long poème en vers libres dans le- incrédule, en face du petit drapeau ganisation quaker d’aide aux déser- quel j’attaquais McCarthy, et je l’ai avec son étoile d’or – par la suite, teurs. Je l’accompagnais toujours publié dans un magazine d’étu- quand j’en suis arrivé à écrire Le quand elle retrouvait les autres pour diants dont j’étais le rédacteur en Théâtre de Sabbath, j’ai découvert manifester contre la guerre. chef. Un des jeunes assistants de tout cela par moi-même en imagi- En 1972, j’ai même commencé un notre département avait un poste de nant les Sabbath de Bradley Beach, roman sur une famille du New Jer- télé et, pendant la période des audi- dans le New Jersey, la mort dans le sey dont la fille, une adolescente, tions de la commission McCarthy Pacifique de Morty, leur fils de vingt fait sauter la bibliothèque munici- consacrées à l’armée, nous courions ans, et les conséquences désas- pale en signe de protestation contre tous les deux jusque chez lui dès que treuses que cela entraîne pour la la guerre. Mais je n’ai jamais dépas- nous avions un moment de libre mère, le père, et surtout pour Mic- sé la page soixante-dix parce que pour attraper tout ce que nous pou- key, le petit frère qui idolâtre Morty dès que je regardais le journal du vions du spectacle de ce sénateur Sabbath, et qui devient, en grandis- soir à la télé, j’avais, moi aussi, envie patriote et toujours à moitié ivre dé- sant, le très actif fauteur de nom- de faire sauter quelque chose. Quoi bitant ses litanies d’une voix mono- breux troubles. qu’on en pense, je commençais à corde alors que tout s’écroulait au- J’avais trente ans quand la mar- comprendre ce qui se passait dans la tour de lui et l’entraînait vers la mite vietnamienne a commencé à tête d’un terroriste, mais j’étais en- chute. J’étais en maîtrise dans une bouillir, sous Kennedy, et quarante core, précisément à cause de cela, université du Middle West quand quand les dernières bulles ont crevé, incapable d’imaginer ce qui se pas- mes parents m’ont fait parvenir une sous Nixon. J’ai passé la plus grande sait dans la tête du père ou de la enveloppe bourrée de coupures de partie de cette période à New York, mère de ce terroriste. Voilà ce que journaux concernant trois ensei- et je n’ai donc pas manqué grand- j’ai essayé de montrer une vingtaine gnants de Newark licenciés par le LeMonde Job: WIV1699--0002-0 WAS LIV1699-2 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 19:39 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0042 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 le feuilleton

de Pierre Lepape b LE DÉMON À LA CRÉCELLE dées par les acides du temps et des passions ; les de Georges-Olivier Châteaureynaud choses carrées, elle les érode, elle en efface les angles, Grasset, 402 p., 138 F (21,03 ¤). elle leur donne des formes étranges plus propices aux jeux de l’illusion et de l’imagination. L’EXPÉDITION L’Expédition raconte le voyage que font trois de Pierrette Fleutiaux femmes et le régisseur de leur entreprise aventureuse Gallimard, 460 p., 130 F (19,81 ¤). dans un des hauts lieux de l’imaginaire archéolo- L’homme gique, l’île de Pâques. On a beaucoup écrit, depuis l ne faut pas tant crier contre le romantisme et Cook et La Pérouse, sur les mystères de ce morceau contre le fantastique », écrivait un expert en la de rocher, perdu dans l’océan Pacifique à des milliers matière, Charles Nodier, dans un article célèbre de kilomètres de toute terre habitée, colonisé, on ne – « Du fantastique en littérature » – paru en sait trop comment ni par qui, vers le Ve siècle de 1830.I Il justifiait même d’un point de vue moral l’exis- est fantastique notre ère. Lorsque les Européens découvrirent l’île, tence de ce genre de littérature : « Si l’esprit humain en 1722, il n’y demeurait plus qu’une poignée d’habi- ne se complaisait encore dans de vives et brillantes tants misérables et les gigantesques vestiges de pierre chimères, quand il a touché à nu toutes les repoussantes d’une civilisation et d’une religion disparues. On a réalités du monde vrai, cette époque de désabusement donc beaucoup rêvé sur Pâques, ses moai monoli- serait en proie au plus violent désespoir, et la société of- thiques, ses sanctuaires, ses cultes. Les savants se frirait la révélation effrayante d’un besoin unanime de sont entrebattus pour proposer la clef de ses énig- dissolution et de suicide. » En bref, le réel est telle- mes, les écrivains, les voyageurs et les scientifiques ment insupportable, depuis que la raison nous a pri- La lutte s’engage. Au lecteur d’en découvrir avec ont rivalisé d’imagination et d’audace. Et comme à vés du merveilleux, qu’il exige pour être vécu une Georges-Olivier Châteaureynaud et bonheur les mille péripéties affreuses et comiques. l’accoutumée, des songe-creux, des métaphysiciens bonne dose de fantaisie chimérique. Sartre ne disait Affreuses parce que l’auteur nous fait faire le tour des brumeux et des journalistes du bizarre s’en sont mê- pas autre chose : « Il n’est qu’un objet fantastique : Pierrette Fleutiaux inscrivent avec brio horreurs dont l’humanité est capable, comique parce lé. On se souvient peut-être encore du Matin des ma- l’homme. » que le romancier excelle à faire entendre le rire du giciens et de la transformation de Pâques en piste Pour avoir oublié cette vérité élémentaire, l’essen- leur roman dans une réalité instable, diable : derrière le désir du pouvoir, le désir de la pos- d’atterrissage pour visiteurs extraterrestres. Avant de tiel de ce qu’on nous vend aujourd’hui en matière de session, le désir de gloire, il y a l’immense ridicule de découvrir un grain de poussière de vérité, il faut littérature fantastique plonge dans des gouffres un espace d’incertitude où s’affrontent vouloir être ce qu’on n’est pas, de diluer sa misère souvent remuer des tonnes d’extravagances. d’inanité et de puérilité. On ne dira jamais assez la ré- dans la comédie sociale, de refuser sa vérité. Chez gression intellectuelle et littéraire que représente, réel et surnaturel Châteaureynaud, l’écrivain fantastique se tient au ngèle Lapérierre, le commandant de l’ex- pour le genre fantastique, le succès international du plus près du moraliste ; et le désir d’observer la face pédition, ses deux compagnes et son Seigneur des anneaux et de son bric-à-brac pseudo- tendent le bruit. Il ne fournit donc que l’instrument cachée du monde commence par une observation comptable le jeune Olivier Banks décident médiéval, redondant et simpliste où l’existence se ré- de la perdition ; ce sont les mortels eux-mêmes qui minutieuse, parfois cruelle et toujours sarcastique de donc de se rendre dans ce nombril du duit à des rôles et la vie à une morne répétition de l’accomplissent. Sans leur complicité, Isacaron ne la face visible. Le surnaturel ne se sépare pas du natu- mondeA afin de faire un livre de ce qu’ils auront obser- gestes héroïques. Un monde clos, rassurant par son peut pas grand-chose. Mais qui refuserait la crécelle rel, ni l’étrange de l’ordinaire ; simple question d’op- vé et découvert. Un grand voyage de savoir et d’ini- artificialité et son manichéisme. Des images sans et le pouvoir de soumission qu’elle procure ? tique et de réglage. tiation, à la manière des pionniers du XVIIIe siècle. imagination, c’est-à-dire sans humour ni tremble- Milo, peut-être. Milo se moque du pouvoir, sa vie L’Expédition est le livre de ce voyage. Ou plus exacte- ment. lui suffit, sans illusion, sans véritable désir, ce qui ne uestion d’écriture aussi. Châteaureynaud ment ce qu’il en reste, comme l’épave d’un beau voi- Le Démon à la crécelle est une sorte d’anti-Seigneur veut pas dire sans rêve. De jour, Milo travaille comme se moque avec efficacité de tout le kitsch lier dont on aurait retrouvé quelques morceaux des anneaux. Il y est bien question du diable et de ses chef de service à la Providence générale des poètes, littéraire du diable et de ses pompes et de fracassés contre un rivage. Ecrit par le commandant pouvoirs maléfiques, de la quête d’un objet – un un organisme d’aide aux écrivains où l’on reconnaîtra ce gothique stylistique qui accompagne lui-même disparu, le récit est celui d’une expédition vieux flacon dans lequel est enfermé un embryon sans peine une aimable et bouffonne caricature de Q par tradition l’occultisme et le surnaturel. qui se désagrège et sombre avant même d’avoir d’ange avec ses petites ailes –, de la lutte que se notre Société des gens de lettres – dont Georges-Oli- Le Démon à la crécelle séduit au contraire par la préci- commencé son travail ; et le projet du livre se détruit livrent les suppôts de Satan et un humain au cœur vier Châteaureynaud fut longtemps le secrétaire gé- sion et le raffinement de sa phrase, la vive clarté de sa peu à peu au fur et à mesure qu’il est censé pur, Charles-Honoré Milo, pour la possession de néral. La nuit, Milo offre sa part à l’imagination en se langue, la pureté classique de sa rhétorique et le tran- progresser. cette précieuse relique. On y découvre des crimes consacrant aux sciences dites occultes : « Foutaises, chant de son humour. Du fantastique pour adultes. Récit d’une débandade donc, et débandade du ré- abominables, on y navigue du XVIe siècle à nos jours, billevesées, sornettes à l’hectomètre et fariboles au Châteaureynaud parle d’« une réalité instable où cit. Dans les premières pages, Angèle Laperrière, im- en passant par les guerres de Vendée et par les persé- quintal. Qui le savait mieux que lui ? Il s’était immergé tout signe pouvait s’inverser d’une seconde à l’autre ». bue de ses prérogatives et de ses responsabilités de cutions nazies de Salonique, on y affronte le Mal, dans la littérature occultiste, il était allé y voir de près, à C’est une bonne définition du soupçon qu’éprouvent commandant et d’écrivain, tient la barre de sa narra- sous toutes ses formes. Mais c’est bien de l’humanité la différence de tous les contradicteurs rationalistes les écrivains contemporains face au monde, et aux tion d’une main ferme. Elle à l’œil à tout, le verbe as- réelle et d’elle seule qu’il s’agit. Chez Châteaurey- qu’il avait eu l’occasion d’affronter. Mais s’il existait un mots qui sont censés le décrire. C’est également dans suré, l’intelligence pratique et le rêve vaste qui font naud, le fantastique n’est jamais gratuit. îlot de vérité, un seul, dans cet océan d’élucubrations, cet espace d’incertitude que Pierrette Fleutiaux – ex- les grands capitaines. Puis, insensiblement, tout se Le diable existe, bien sûr, il faudrait être aussi est-ce que ça ne valait pas la peine de le chercher ? Il cellente et abondante nouvelliste aussi, comme Châ- délite : l’île avale ceux qui croyaient pouvoir en dire la aveugles que nous le sommes devenus pour refuser avait misé sa vie là-dessus. En perdant, il n’aurait pas teaureynaud – déroule son parcours romanesque. vérité. Elle renvoie chacun à lui-même, à ses mys- d’y croire. Plus exactement, il y a des diables, organi- perdu grand-chose. » Milo est un rêveur lucide, un dé- Dans L’Expédition, elle prend même le risque assez tères, à ses fantasmes, à ses désirs, à ses malheurs et à sés selon les antiques principes de la hiérarchie bu- sespéré tranquille, sa seule tentation est celle de la crâne de soumettre son roman et ses lecteurs à ce tout ce qu’il voulait fuir. Il y a bien un fantastique de reaucratique. Isacaron, le démon à la crécelle, est un vérité : un mauvais sujet pour le diable. Plutôt que de principe de désorientation qui affecte ses person- l’île de Pâques, comme l’avait déjà noté Pierre Loti, satan subalterne, un chargé des missions de second l’attaquer de face, Isacaron va donc essayer de le dés- nages, leurs sentiments, les paysages qu’ils tra- mais il est moins dans les hautes statues mons- ordre. Une âme à gagner ici, une autre là. Son arme tabiliser en pourrissant son entourage. A commencer versent, le sens qu’ils croient donner à leurs vies. Si trueuses qui y sont plantées que dans le sentiment de de tentation principale est une crécelle de bois dont il par son jeune protégé, Kevin, un garçon d’une déses- bien que les amateurs d’histoires bien ficelées et de précarité, de menace et pourtant de sécurité qu’elles propose le prêt à ses victimes et qui a pour effet de pérante médiocrité morale, physique et intellectuelle romans carrés en seront pour leurs frais. Les ficelles, donnent à ceux qui les contemplent. L’homme est soumettre à leur volonté ceux et celles qui en en- à qui le diable va offrir la fameuse crécelle. Fleutiaux ne les aiment que rongées, minées, corro- fantastique.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Joséphine Claës, « L’insincérité magnifique » de l’artiste Né à Saint-Pétersbourg, il y a juste cent ans, le 23 avril 1899, Vladimir Nabokov échappa à tous les enfermements. une si parfaite épouse Aucune logique de genre ou de langue n’a pu entraver la fantaisie virtuose du papillon arcia Marquez raconte connaissait donc La Parfaite Epouse eut-on imaginer par- nal si je devais pour cela réviser le reux Regarde, regarde les arle- (prévu pour l’automne, il que lors de son dernier de Fray Luis de Leon, où ce saint cours plus singulier ? sens. » Même si Nabokov a quins ! (trad. franç. Fayard, 1978) comprendra les romans russes de passage à Macondo, le homme reconnaît à la femme une Présenté aujourd’hui souvent décliné toute aptitude à le meilleur démenti, puisqu’il Sirine, de Machenka à Invitation gitan Melquiades offrit vocation à la vie intérieure et illustre, par les ouvrages de ré- l’analyse musicale, il reconnais- s’agit d’une sorte d’antibiogra- au supplice), le lecteur pourra re- àG José Arcadio un laboratoire de avec des mots sublimes, le proverbe férenceP comme un « écrivain sait dans Strong Opinions, recueil phie d’un imaginaire écrivain trouver les essais littéraires pu- chimie. Le patriarche des Buendia espagnol « La mujer casada, la pata américain » – même si les plus d’articles, de lettres et d’inter- américano-russe au patronyme bliés chez Fayard sous le titre Lit- pouvait ainsi se consacrer à la quête quebrada y en casa » (« La femme scrupuleux précisent : « d’origine views paru en français sous le perfidement ambigu (Vadim Va- tératures I et II et repris en poche de la pierre philosophale. mariée, une jambe dans le plâtre et russe » – Vladimir Nabokov en- beau titre Intransigeances (Jul- dimovitch pour Vladimir Vladimi- dans la « Bibliothèque cosmopo- Dans La Recherche de l’absolu, Bal- au fourneau »). Autrement, pour- treprit, sous une identité littéraire liard, 1985), l’existence de « paral- rovitch !). lite » de Stock en quatre volumes, zac décrit la folie créatrice de Baltha- quoi Balzac nous aurait-il peint une variable (1), une œuvre d’une co- lélismes entre les formes artistiques Chez Nabokov, bien sûr, tout se ou, chez Gallimard, outre le scé- sar Claës, initié à la Joséphine contrefaite hérence stupéfiante, passant du musicales et littéraires, tout parti- joue sur la complexité et le raf- nario de Lolita écrit à la demande chimie par un mysté- et boiteuse ? L’épouse russe au français (furtivement), culièrement sur le plan structu- finement de la forme littéraire. de Stanley Kubrick (272 p., 130 F rieux officier polonais de Balthasar voyait puis à l’anglais sans que l’adop- rel ». Dès lors le choix de la Elevé dans la double tradition du [19,81 ¤]), ce recueil bilingue de de passage à Douai (1). partir en fumée la for- tion d’une langue nouvelle modi- langue importe peu et les trou- réalisme et du symbolisme en Poèmes et problèmes, traduit du Délaissant femme et tune de ses enfants, fiât sensiblement son propos blantes constantes surprennent vogue dans la Russie des derniers russe comme de l’anglais par Hé- enfants, Balthasar « mais elle sauvait la vie comme son projet – il n’hésitera moins à ce niveau confondant de tsars, il s’en émancipe vite et lène Henry – les problèmes Claës se voue corps et de leur père : n’était-ce pas à réécrire certains de ses ro- maîtrise. quand il impose une invention d’échecs le sont par Philippe Mar- âme à la décomposi- Figures pas son premier devoir mans russes en anglais comme il humoristique inédite, il est plus tel –, dont la sortie célèbre avec tion de l’azote et l’ob- de la Comédie de le rendre heu- traduira en russe Lolita, roman AUTOBIOGRAPHISME FICTIF proche de Chaplin que de Gogol, exactitude ce 23 avril le cente- tention de l’or. Il a suf- reux ? ». Les toiles des composé en anglais (juste retour Même constat sur le matériau dont il s’avère parallèlement un naire de l’écrivain (« Du Monde fi de cette simple b grands maîtres qu’elle des choses puisque le récit-ori- factuel repris de la vie même de des plus précieux connaisseurs. entier », 280 p., 150 F [22,86 ¤]). similitude pour que CLAËS avait dû vendre pour gine, L’Enchanteur, était un texte l’auteur. Longtemps les critiques Son refus de la réalité quoti- L’art de Nabokov ? « Originali- Miguel Angel Asturias JOSEPHINE payer les dettes des re- de 1939, rédigé en langue russe). comme les exégètes ont cherché dienne, son goût de la frange où té, inventivité, concision, harmo- insinue que Cent Ans cherches insensées L’ancien élève de l’Institut Té- les indices d’une réalité autobio- la bascule est possible d’un ré- nie, complexité, et une insincérité de solitude est un pla- 1768-1815 « n’étaient rien auprès nichev n’oubliera jamais la graphique que Sirine-Nabokov férent à un autre, ouvrent moins magnifique » – mais ce rappel des giat de La Recherche Petite-fille du duc du bonheur domestique contrainte, inadmissible à ses semblait avoir semés à l’envi. Il y au fantastique qu’à la spéculation vertus nécessaires que livre Na- de l’absolu. Casa Réal et épouse et de la satisfaction de yeux, qu’il eut à subir dans ce ly- a certes une concordance réelle vertigineuse. Pour y parvenir, Na- bokov lui-même de « tout art Pourtant, si ces de Balthasar Claës, son mari ». cée libéral où ses maîtres enten- entre les étapes de la vie de l’écri- bokov s’appuie sur un don d’ob- digne de ce nom » ne s’adresse deux hommes se elle est présente dans A la fin de sa vie, Jo- daient l’obliger à prendre part vain et les milieux mis en scène servation prodigieux (l’amateur dans son esprit qu’à « ces devi- laissent entraîner avec La Recherche de séphine avait atteint un aux débats politiques ; école de dans ses œuvres : petit monde de papillons a l’œil d’un entomo- nettes d’ivoires et d’ébène ». Ce la même docilité par l’absolu. Paru d’abord tel degré de consomp- conformisme dont il confia bien des émigrés russes échoués en logiste), dont Tchekhov seul qu’il reconnaît avec une - des illuminés, la en 1834, dans les tion qu’elle ne parve- plus tard dans l’une de ses es- Occident ou cercles berlinois de la peut-être a poussé aussi loin la cieuse philosophie n’être réponse de leurs Etudes des mœurs, nait plus à quitter son quisses d’autobiographie, Autres parenthèse républicaine de Wei- fortune littéraire. Est-ce un ha- qu’« une occupation incroyable- femmes à cette le roman fut repris, lit. Elle passa ses der- rivages (version 1954), qu’elle dé- mar, en attendant la peinture des sard si tous deux ont partagé une ment stérile », avant d’ajouter : épreuve est radicale- en 1846, dans les nières heures « sainte- cida de son rejet de « toute forme collèges et motels américains du passion pour la biologie qui, tout « Il est vrai que tout art est inutile, ment différente. Etudes philosophiques. ment occupée à perfec- de groupements, unions, associa- Nouveau Monde... Mais rien qui en les prémunissant contre les divinement inutile, comparé à Lorsque Buendia ré- tionner l’âme de ses tions ou sociétés ». Comme pour autorise à faire de Nabokov un brumeuses spéculations des ap- nombre d’entreprises humaines vèle à sa famille la MAISON DE BALZAC 1842/PARIS J.-L. BISSON deux filles sur lesquelles brouiller plus sûrement les pistes peintre de mœurs. D’autant que prentis philosophes, leur ouvrait plus prisées. » grande découverte : « La terre est elle se plaisait à faire rayonner le feu de et disqualifier les réductions qui les personnages dont on pourrait le champ du concret où les émo- Le « bonheur d’être un poète ronde comme une orange ! », Ursula la sienne », et sans un reproche pour menacent inexorablement les penser faire tomber le masque tions résistent mieux que les abs- russe égaré » qu’il chantait dès brise l’astrolabe contre le sol et l’homme qui l’avait réduite à cet état. écrivains, Vladimir Nabokov prit sont source de bien des leurres, tractions ? 1923 ne l’a pas quitté, lui offrant dresse toute la population contre les En bonne Flamande, sa fille Mar- même la peine de réunir au terme les clés naïvement repérées grip- même un blason idéal : « sur gitans. « Au lieu de continuer à penser guerite tient tête à son père, de la de cinquante ans de création poé- pant dans les serrures, lorsque JEUX champ de sable une épée à toutes ces histoires à dormir debout, même façon que les comtes d’Eg- tique une quarantaine de pièces, l’écrivain transfère sur des Cette minutie scrupuleuse d’étoiles ». Ultime ironie lexicale tu ferais mieux de t’occuper de tes en- mont et de Horn s’étaient dressés drastique anthologie dont il comparses les attributs les plus comme cette subtilité formelle puisque le noir héraldique ren- fants. » contre Philippe II. Malgré la ritour- concède qu’elle ne reprend clairement identifiables. Si l’on extrême, le jeu érudit et codé qui voie à la douceur précieuse de la En revanche, Joséphine, nous dit nelle de Mme Claës : « Ne contrarie « guère plus de un pour cent » des peut interroger les anti-utopies conduit Nabokov à citer les clas- zibeline sibérienne. Balzac, « possédait cette piété espa- pas ton père, aime-le bien », Margue- vers qu’il composa, et dont il as- du Don, d’Invitation au supplice siques de plusieurs cultures, qu’il Philippe-Jean Catinchi gnole qui ne sépare jamais la foi de rite libère la Maison Claës du poids sura lui-même la traduction an- ou de Brisure à senestre comme est un des rares à maîtriser, tout l’amour, et ne comprenait point le sen- religieux imposé par les Espagnols et glaise. En champion d’une littéra- l’expression d’une conscience ré- conduit l’auteur de Feu pâle à la (1) « Sirine » pour interdire toute timent sans souffrances. Le sang espa- lui donne « une splendeur moderne lité absolue. « Jamais, prévient-il solument individualiste, solide- synthèse sans exemple de la créa- confusion entre ses premiers textes et gnol ne mentait pas chez la petite-fille qui devait écarter toute idée de déca- en introduction de ce recueil de ment acquise aux vertus du libé- tion romanesque et de la critique les écrits de son père, juriste et homme de Casa-Réal (...). Jusqu’à l’âge de dence ». Poems and Problems, paru en ralisme politique et de la littéraire. En attendant le premier d’Etat qui poursuivit dans l’exil à partir vingt ans, époque à laquelle ses parents Ramon Chao 1970, je n’ai tordu la queue d’un démocratie occidentale, l’auto- volume dans « La Pléiade » des de 1919 son engagement politique, la tirèrent du couvent, elle n’avait lu vers pour l’amour de l’assonance ; biographisme de Nabokov est le Œuvres romanesques complètes, « Nabokov » à partir de 1940 et son que des ouvrages ascétiques. » Elle (1) Le « Monde des livres » du 15 janvier. et j’ai renoncé au rythme de l’origi- plus souvent fictif – et le savou- dirigées par Maurice Couturier départ outre-Atlantique. LeMonde Job: WIV1699--0003-0 WAS LIV1699-3 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 18:59 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0043 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / III b Le temps des godelureaux Deux jeunes romanciers, Eric Fesneau et Frédéric Beigbeder, ourdissent des complots contre la lourdeur de l’époque et le pathos de la littérature

LA PROFONDEUR FACTICE sont ridicules nos plaintes, mes- DES ÉCHECS quines nos stratégies pour appri- d’Eric Fesneau. voiser le succès et vaines nos ten- Denoël, 176 p., 69 F (10,51¤). tatives pour échapper au kitsch. Chaque écrivain a un interlo- NOUVELLES SOUS ECSTASY cuteur privilégié en littérature. Si de Frédéric Beigbeder. Eric Fesneau a jeté publiquement Gallimard, 102 p., 65 F (9,90¤) son dévolu sur Milan Kundera, je ne serais pas étonné que Scott a seule preuve de l’exis- Fitzgerald soit le destinataire se- tence de Dieu, c’est un cret des Nouvelles sous ecstasy de échiquier. Les dix pre- Frédéric Beigbeder, qui rêve miers coups d’une par- d’écrire La Fêlure, et dont les trois tieL d’échecs peuvent être joués premiers romans sont placés sous d’environ 170 000 milliards de mil- le signe d’un désenchantement liards de manières. Les humains frénétique, comme si leur auteur sont trop limités pour inventer un voulait éprouver jusqu’à la nausée jeu aussi parfait. En revanche, les voluptés du désespoir sans ja- leurs amourettes ne nécessitent mais renoncer à l’impératif caté- pas de dispositions particulières gorique d’Oscar Wilde : demeurer pour aboutir à des fiascos. Alors, aussi artificiel que possible. on forme des couples, ne serait-ce La forme brève convient à Fré- que pour se prouver qu’on est OK déric Beigbeder : chacune de ses sexuellement ou pour fuir la soli- nouvelles est un petit conte de tude, et cela donne des histoires fées. Mais les fées sont parfois de d’une consternante banalité. C’est sacrées garces. Et d’abord : pour- une de ces histoires que raconte quoi laisse-t-on les filles de seize avec une désinvolture charmeuse ans se balader en liberté sur les un jeune romancier, à peine vingt- bords de mer ? « Aujourd’hui que cinq ans, Eric Fesneau, doué dans je suis un grand écrivain tiré à l’art de brocarder les sentiments. dix mille exemplaires, je n’oublie Il s’agit de montrer qu’on n’est pas que vous m’avez brisé le cœur, pas dupe, tout en séduisant le lec- bande de petites garces », écrit iro- teur par son brio. Eric Fesneau ex- niquement Beigbeder. Certes, celle dans ce genre d’exercice. Il Proust ne s’adressait pas ainsi aux se permet même des digressions jeunes filles en fleurs de Balbec, sur l’invention de la perspective mais les temps ont changé. Et Fré- ou sur les rêveries échiquéennes déric Beigbeder est parfaitement de Kasparov dans un avion, quel- dans le ton de cette fin de siècle.

que part entre Zanzibar et l’Aus- GREENE/VU STANLEY L’oncle Fitzgerald doit regarder tralie. avec attendrissement son petit- Et il pousse la malice jusqu’à rer dans ce roman « pas si mauvais durcir la peau, voici une proposi- neveu français écrémer les nuits mettre en scène le romancier Mi- que ça », pas trop gros au moins – tion de chapitre final à votre ro- parisiennes, pousser la provoca- lan Kundera, dont il a fait un de c’est déjà ça de gagné. Et puis, man. » tion jusqu’aux limites de l’exaspé- ses personnages, et auquel il en- après tout, la gloire vaut bien Il est rare qu’un jeune roman- ration, puis griffonner au Café de voie le manuscrit de son roman. quelques désagréments. Certes, il cier pousse l’autodérision aussi Flore des nouvelles sur un type, Ce dernier songe, en le lisant, à est kitschifié dans le texte, mais loin. Eric Fesneau a compris que lui, qui cherche à épater les filles l’écart entre la génération de l’au- qu’est-ce qui, à la longue, les hommes n’entreprendraient par tous les moyens, ce qui est en- teur et la sienne. « Ce qui a dispa- échappe au kitsch ? Alors, bon jamais rien s’ils ne savaient leurs core la méthode la plus sûre pour ru d’une conscience à l’autre, se joueur, il suggère à l’auteur une efforts voués à l’échec. Et que, les les perdre, mais pas nécessaire- dit-il, c’est l’histoire. Il n’y a plus fin pascalienne à son récit. « Il est échecs, pas le jeu, mais ceux que ment la plus stupide quand on est d’Histoire, il ne reste que des anec- délicat de vous répondre, lui écrit- nous accumulons au cours de nos doué pour la littérature. Et dotes dont la véracité importe il, c’est pourtant nécessaire. Plutôt existences bancales, ne méritent croyez-moi, Frédéric Beigbeder moins que l’originalité. » Néan- que de vous chagriner avec des cri- aucune dignité particulière : leur l’est. moins Kundera est flatté de figu- tiques dont le seul effet sera de vous profondeur est factice, comme Roland Jaccard

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le « je » poétique de François Bott Chagrin En cinquante-six esquisses, une traversée mélancolique du temps, d’une époque, d’une vie décrite avec pudeur et élégance mortel

LES ÉTÉS DE LA VIE noms des vainqueurs et des mal tend avec personne. Heureuse- Cinquante-six esquisses classés. Ainsi, il nous rappelle que ment qu’il y a les livres et l’amitié. LES VAGUES SONT DOUCES pour le roman d’une saison l’été 1950 fut celui du Suisse Ferdi Cet homme attentif et rigoureux COMME DES TIGRES de François Bott. Kubler, « le fou pédalant » ; l’été nous dit qu’il ne faut pas abîmer de Christine Féret-Fleury. L’Arpenteur, 142 p., 70 F suivant sera celui d’un autre Suisse, les rêves, surtout quand l’« histoire Arléa, 118 p., 75 F (11,43 ¤). (10,67 ¤). Hugo Koblet, « le pédaleur de d’une existence est celle de son dé- charme » ; il parle de Louison Bo- peuplement ». Il parle de l’été 1993, ous feignons de croire ntoine voulut savoir, un bet avec tendresse car il lui trouve le premier été sans sa mère, et d’abord que Les vagues matin, ce que sa vie du panache et de l’élégance. Pour constate que tout le monde se sont douces comme des était devenue en lui. Et François Bott, les grands joueurs croit né pour un jour limpide jus- tigres raconte une en- il se rappela non pas un de football et les cyclistes sont des qu’au jour du grand chagrin, celui fance.N La campagne, la mer, la mai- cimetièreA de village, doucement artistes. C’est en poète qu’il parle qui vous laisse orphelin dans une son, l’école : la nostalgie des années couché par terre, mais les étés de de sa passion pour certains sports. haute solitude. A soixante ans, il a sans responsabilité où l’on absorbe à sa vie. François Bott, c’est Antoine le sentiment d’avoir vieilli l’infini le spectacle des adultes. Mais tel qu’il se nommait dans un récit Tahar Ben Jelloun par mégarde, en fait il l’écriture intense et transparente de tout en poésie Antoine et les oi- parle du temps où nous ce premier roman est la promesse seaux, publié en 1971 (1). Au- Il les décrit avec des mots qui n’ont passons sans grande indulgence d’un autre récit, grave et lucide. Le jourd’hui, à soixante-quatre ans, pas souvent cours dans les com- pour nos vanités ou nos illusions. village est menacé par la guerre, l’enfant en lui se souvient de la lu- mentaires sportifs. François Bott Mourir en été ! Quelle idée de celle de 1914, qui ressemble à toutes mière estivale à Laon où il est né, à aime le sport en poète, tel un ama- fausser compagnie à l’amitié qui les guerres. Reims où il a grandi à l’époque où teur de grands crus. C’est un apaise ou à l’aventure qui se pour- Rôde une autre menace. Marcelle, « le pays était très occupé », à Deau- homme pudique qui regarde le suit. Henri Calet meurt le 14 juillet une petite fille de douze ans, ville où il retrouvait les cousins et monde avec mélancolie et justesse. 1956, peut-être parce qu’il aimait s’avance inexorablement vers la plus surtout les cousines, à Piana où il Il a répudié toutes ses illusions. la fête nationale, les bals, les robes cruelle des tragédies, l’intime dou- renouait avec les origines corses de La guerre d’Algérie rendait le légères des femmes heureuses. leur muette qui coule vers la mort. Gina, sa mère, une femme admi- présent de cette génération plus Céline cesse de vociférer et de vi- Christine Féret-Fleury découpe le rable, à San Francisco où il ren- précieux. « Le futur immédiat, tupérer en rendant l’âme le 1er juil- temps absolu de l’enfance en courts contra le fantôme d’un ami, à Tan- c’était le service militaire et la guerre let 1961 à Meudon, le lendemain chapitres dont les titres convoquent ger où « se rejoignent les rêves de d’Algérie. Mais les guerres ne sont c’est Hemingway qui se tire une les événements et le décor d’une vie l’Europe et de l’Afrique » et ailleurs, pas des avenirs. » Il note qu’à partir balle dans la tête parce qu’il n’arri- en apparence ordinaire : Le matin, là où les jeunes femmes, cachées de cette époque de gravité, les étés vait plus à écrire ou à faire La fête, La punition... Trois d’entre par l’hiver, réapparaissent dans la lui semblèrent moins éternels et l’amour. René Magritte, celui pour eux pourtant (Le mur, La falaise, La légèreté et l’insouciance des mo- devenaient de plus en plus fugaces. qui la mémoire était une statue barrière) sont les repères de la fatali- ments marqués par les jeux de Celui qui voulait être journaliste blessée à la tempe, meurt le té des espoirs cernés par l’échec. Et l’amour. pour rencontrer Ava Gardner pas- 15 août à Bruxelles. François Bott si l’écriture est belle, elle se nourrit Avec ces cinquante-six esquisses, sera des nuits blanches dans les bu- aime aussi la chanson, cite Mon- des tumultes secrets. François Bott fait le portrait d’une reaux de France-Soir, s’occupant de tand, Barbara, Gainsbourg et sur- Christine Féret-Fleury a trente- époque qu’il a observée avec minu- ce qu’il appelle « les mésaventures tout Amalia Rodriguez, dont la huit ans. L’enfance de Marcelle n’est tie. Il se souvient de l’été 1943 où de la vie quotidienne », quelques in- voix l’émeut beaucoup. pas la sienne mais les joies et les les femmes mettaient de la teinture cendies ordinaires et des chiens Quelle que soit la couleur du blessures, la découverte éblouie et sur les jambes car on ne trouvait écrasés. Quand il rejoindra la ré- ciel, François Bott ne se sépare ja- douloureuse de la passion sont in- plus de bas dans les merceries, il daction du Monde, il n’aura pas mais de deux de ses plus grands temporelles. Les souvenirs du quoti- évoque l’été de ses premiers émois non plus l’opportunité d’aller inter- amis : le Grevisse et le Robert. Il dien se cognent aux prises de et constate que « nous sommes dé- viewer la belle Ava. Ce grand senti- fréquente les dictionnaires conscience indélébiles : le sang des çus par ce qui nous avait fait tant rê- mental, amoureux de la beauté et comme il visite des villes labyrin- premières règles, les lettres retrou- ver ». A Reims, il comptait les jours de l’amour, a de la gratitude pour la thiques, comme il nourrit l’amitié vées du père disparu, le suicide d’un d’hiver qui le séparaient des RATP. Ce fut dans le bus82 qu’il fraternelle avec exigence et fidéli- villageois. Préservé de toutes les grandes vacances. Heureusement rencontra la femme de sa vie. té. Cette traversée du temps et de compromissions, tremblant de pu- qu’il était déjà atteint par ce vice A partir de là, le jeune homme de- l’époque est émouvante, parfois deur, l’amour de Marcelle pour Hé- impuni qu’est la lecture. Il ne lisait vient grave. Il passera très mal le mélancolique, jamais nostalgique lène, l’institutrice, arrache le récit pas que des livres. Dès 1948, il ne premier été sans son père, décédé mais tout le temps pudique, c’est- aux contingences de l’Histoire. Ve- ratait jamais L’Equipe. Il découvre en mai 1973, parlera de « dé- à-dire faite d’élégance et de poé- nue d’ailleurs, Hélène autorise le re- la géographie départementale de chirure », de « mutilation ». Pour sie. fus du destin résigné de la mère mais son pays grâce au Tour de France lui, les hivers du cœur ignorent les la pesanteur sociale a le dernier mot. cycliste. Il se souvient de tous les autres saisons car la mort ne s’en- (1) Grasset Hugo Marsan LeMonde Job: WIV1699--0004-0 WAS LIV1699-4 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 19:31 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0044 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 littératures b Roussel, le troisième secret ou les poupées russes Au cœur de cet ouvrage qui rassemble sur cinquante ans des articles, des notes, des souvenirs, l’ébauche de la biographie que Michel Leiris avait projeté d’écrire sur l’auteur de « Locus Solus » obsessionnels du siècle, est le re- le surprend s’exhibant avec un pa- roulotte visitée aux escales par des ROUSSEL & CO cueil de Roussel l’ingénu, Concep- lefrenier. Illuminé à dix-sept ans princes : « Or, de tous ces voyages, de Michel Leiris, tion et réalité chez R. R., Entretien par un violent sentiment de je n’ai jamais rien tiré pour mes Fayard, 350 p., 150 F (22,86 ¤). sur R. R., plus des lettres, cartes, « gloire universelle », il a abandon- livres... » billets et dédicaces ; tout ce qui le né la musique d’un coup pour se Tout dans l’imagination et les oussel & Co par Michel mentionne dans Le Journal et les consacrer jusqu’à la rage à la poé- calembours matérialisés, les struc- Leiris (1901-1990), ou autres ouvrages. La pièce maî- sie, dans un insuccès total qui le tures gigognes, les parenthèses en cinquante ans d’ar- tresse, c’est le cahier retrouvé dans rend malade. Sa famille le tient poupées russes, les équations de ticles, de souvenirs, de les papiers de Leiris : le chantier de pour fou et le père de Leiris dé- faits, les lieux communs quintes- notes,R plus un inédit. L’auteur de la biographie inachevée qu’il pré- plore jusqu’au bout « qu’il écrive senciés, la rime syntaxique, le tra- L’Afrique fantôme a trouvé sa mé- pare toute sa vie. Il n’y a jamais de des choses pareilles ». Le scandale fic des doubles sens de celui que thode et son désir d’écrire chez raison à un inachèvement. Un ul- qu’a provoqué, le 11 mai 1912, Im- hantait la figure du double, de la Raymond Roussel (1877-1933), in- time secret après la véritable gé- pressions d’Afrique transposées au doublure et du travesti (« Je saigne time de son père qu’il contrefaisait néalogie de Louise (Leiris) et le théâtre, n’a son sens qu’en raison sur chaque phrase »), un arsenal de à la perfection, musicien qui s’est motif caché des voyages de Rous- du précédent d’Ubu Roi (Roussel contraintes pour « saisir l’in- voulu poète, milliardaire traqué, sel, répond de celui-ci. ne connaît rien de Jarry mais tient conscient par surprise » et le désir superbe tireur au pistolet, génial François Coppée pour un grand par la queue, dont Annie Le Brun aux échecs, imitateur saisissant, LA « GLOIRE UNIVERSELLE » poète) et de qui y assiste : Apolli- (auteur de Vingt Mille lieues sous logicien ; Roussel inventeur imagi- « S’il m’arrive parfois de désespé- naire, Picabia, Marcel Duchamp, les mots, Raymond Roussel, J.-J. natif d’un monde total de pur lan- rer de la Poésie, j’ai du moins la plus Leiris, onze ans. Pauvert, 1994), dessine avec un gage (Impressions puis Nouvelles grande ressource de relire vos livres, L’impression fut terrible au luxe de précisions et de convic- impressions d’Afrique, Locus Solus, car là je vois que tout n’est pas per- point d’entraîner « le petit Mi- tions, l’effet de transmutation et la La Poussière de soleils, Comment du. Quand bien même tous ceux chel » (comme on dit) sur les différence radicale d’avec le sur- j’ai écrit certains de mes livres), gé- que j’aime et moi ne feraient que pistes d’une Afrique où Roussel réalisme. nérateur électrique d’une lignée de perdre leur temps dans de vains ar- n’a jamais mis les pieds. Il laisse Surtout, Roussel « aura été à lui poètes, écrivain pour écrivains. A tifices littéraires, il resterait cet uni- éternellement en plan le tombeau tout seul la société secrète de Michel la cour de la reine Pomaré Maran- vers que vous avez créé et que je du « magnétiseur des temps mo- Leiris » : son « zar » bizarre, cet es- taaroa, de Papeete, où il était allé crois capable de satisfaire tous les dernes » (Breton) auquel il s’ac- prit qui chez les Ethiopiens étudiés en regrettant Loti, on garde de lui désirs de Poésie, tous ces désirs qui tive. Le cahier révèle ce que Leiris à Gondar chevauche à mi-chemin le seul souvenir d’un musicien traversent notre corps comme des a tu jusqu’au bout, dont il savait entre vie et théâtre l’esprit de celui émérite. Dans un océan d’indiffé- millions de petits astres aux crocs pertinemment qu’après sa mort que le mal possède. Lien fatal dont rence, Roussel fut commenté avec pointus et que vous avez vu fondre Jean Jamin, auteur d’un essai d’an- il n’est pas impossible de lire, ferveur par Robert de Montes- en une seule – Magnifique et Gé- thropologie du secret intitulé Les entre les lignes, le mystère de Poli- quiou, Gide, Foucault – puis Leiris, niale – Nébuleuse. Je salue en vous Lois du silence, le porterait à la chinelle, dans un compte rendu dont il est le secret. Maurice Ros- le Prophète, le Créateur d’un temps connaissance du public : Roussel a par Leiris en 1933 de l’Edgar Poe de tand joua L’Aiglon dans la villa de nouveau. Bien affectueusement, Mi- toujours voyagé, plusieurs fois au- Marie Bonaparte, chez qui il ren- Biarritz que l’on peut voir encore. chel Leiris. » Cette lettre sur papier tour du monde, souvent dans cette contre Lacan. Il tresse plusieurs A la mort de Roussel par suicide bleu est du 14 janvier 1927, elle est luxueuse maison mobile tout ex- motifs, récurrents, l’hostilité à Palerme, le 14 juillet, date que adressée (« Cher ami ») à Ray- près conçue et construite pour lui, contre le père, l’odeur du père, se Leiris n’oubliera plus : sa tentative mond Roussel (« Je viens de relire pour échapper au scandale, aux transmuant « selon un processus de suicide à lui se situe à l’âge La Poussière de soleils »). Carte de menaces et aux chantages que lui fréquent, en passivité d’ordre quasi d’homme où Roussel réussit la visite de Roussel, le 25, en ré- valut son amour très pasolinien homosexuel » au fonctionnement sienne, il rédige pour le Journal de ponse : « Mon cher Michel. Votre des petites frappes, plombiers, ter- mythique de l’univers et à la place la Société des africanistes la notice lettre est une magnifique œuvre rassiers et marins. Il tâtait des stu- enviable de Dieu. Ce qui lui per- nécrologique de celui dont la voix, d’art ! J’en ai été ému et vous en re- péfiants. « Jamais il ne coucha avec met d’ajouter vite, non sans qu’on le style, mais aussi l’amitié de son mercie profondément ainsi que une femme. Il aimait les vestes eût déjà relevé la similitude d’en- père l’ont fasciné. Jamais, lorsqu’il votre carte trouvée à la Renais- bleues et les uniformes de marin à châssement des phrases et un goût cherche les tenants et les aboutis- sance, à vous de tout cœur. » pompon rouge. » voisin pour les notations scatolo- sants de sa propre tentative, il ne L’année de cet échange, Leiris a Il alla aux Indes avec sa mère, si giques : « Rapport entre Proust et ne le mentionne. vingt-six ans, Roussel cinquante. terrifiée à l’idée de mourir loin Roussel : gens de la même époque. » Roussel & Co, réuni par Jean Ja- Avec le père, homme d’affaires qu’elle partit avec son cercueil (à Francis Marmande min, présenté et annoté par Annie chargé de gérer son immense for- lucarne aménagée à hauteur du vi- Le Brun avec une vivacité, une tune, mélomane, ils chantaient les sage). Une autre fois, c’est Paris- ૽ Les éditions Pauvert-Fayard pu- érudition et un scrupule à la hau- mélodies de l’époque. Son amitié Rome et retour par le Mont-Cenis, blient les œuvres complètes de teur de deux des artistes les plus avec Reynaldo Hahn fit jaser. On sans descendre une seconde de la Roussel (5 volumes parus).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Anaïs Nin, mystique de l’amour Couvrant les années 1937-1939, ce troisième volume du « Journal non expurgé » révèle la géographie affective inédite de la diariste et ses premières réflexions sur une écriture au féminin « monde » a pour frontières le quai précis d’une quête de l’amour. Sans conversations avec Henry Miller et COMME UN ARC-EN-CIEL de Passy, la péniche Nanankepichu doute parce qu’il est lié à la re- surtout Lawrence Durrell. Ces (Nearer the Moon) (à laquelle succédera la Belle Aurore, cherche de l’extase, de l’éblouisse- échanges consignés révèlent leur Journal inédit louée à Michel Simon en 1938) et la ment, de la communion, l’érotisme credo littéraire. non expurgé 1937-1939 Villa Seurat. Trois lieux qui déli- d’Anaïs Nin trouve ici une expres- Si le lecteur est averti dès la cou- d’Anaïs Nin. mitent une géographie secrète. Iné- sion sensible et vraie, qu’elle perdra verture – « Divine menteuse » – du Traduit de l’anglais (Etats-Unis) dite. Une carte du Tendre où l’on quelque peu lorsqu’elle écrira – sur penchant naturel de la romancière, par Béatrice Commengé, découvre son « premier » mari, commande – Vénus Erotica. Lieu de on s’attend à ce qu’un appareil cri- Stock, 412 p., 140 F (21,34 ¤). Hugh Guiler, banquier et artiste à sublimation, de rencontre avec soi, tique vienne éclairer les distorsions, ses heures, qu’elle a pris soin, pour le corps est aussi celui de la création remaniements et autres falsifica- n 1914, fortement ébran- des raisons professionnelles et fi- ou, pour reprendre une expression tions de la diariste. Est-ce pour res- lée par la rupture entre nancières évidentes, d’effacer de la qu’il lui est chère, de « la matrice ». ter fidèle à son esprit que Gunther ses parents, Anaïs Nin première version. On y retrouve Chez Anaïs Nin, les expériences Stuhlmann ne rectifie pas certaines commence une lettre aussi les deux amants officiels : érotiques sont autant une recherche affirmations, telle la « lettre non en- adresséeE à son père qu’elle vénère Henry Miller, avec lequel elle est personnelle d’absolu qu’une voie voyée » qui achève la missive colé- et qui vient de la quitter. « C’est à liée depuis 1931, et, touche exotique d’expression artistique. Et ce n’est rique adressée à Miller ? Deirdre onze ans, notera-t-elle plus tard, que et politique du trio, Gonzalo Moré pas le moindre intérêt de ce journal Bair, dans sa biographie, donne un je pénétrai dans le labyrinthe de mon (le Rango de la version expurgée). que d’y découvrir un écrivain dans extrait de la réponse du destina- journal (1). » En 1966, après de mul- Mi-Ecossais, mi-Péruvien, révolu- tous ses états. Insatisfaction, taire (4) ! Toujours dans le registre tiples remaniements, la romancière tionnaire communiste nonchalant, lorsque les critiques demeurent des correspondances, comment ex- autorisait la parution de son jour- c’est lui qui initie Anaïs Nin à la quasiment indifférents à la Maison pliquer que les extraits des lettres nal. Puis, à la fin de sa vie, elle pensée marxiste, qu’elle étudie, de l’inceste ; frustration, lorsqu’elle de Lawrence Durrell, ou celle confiait le soin à son « second » mais à laquelle la « neptuniène » ne apprend par son agent Denise Clai- d’Anaïs Nin à Djuna Barnes par mari, Rupert Pole, d’éditer après sa peut adhérer réellement. rouin qu’aucun éditeur ne veut se exemple, soient parfois tronqués mort l’intégralité du Journal (2). De- risquer à publier le Journal ; jalousie des trois quarts par rapport à la ver- puis 1977, ce dernier, aidé de l’édi- HAUTE VOLTIGE ensuite, devant la réputation litté- sion expurgée ? Ont-elles subi la teur américain Gunther Stuhlmann, D’un sommet à l’autre de ce raire grandissante de Henry Miller. même manipulation que l’épisode a entrepris l’édition de ce labyrinthe triangle passionnel, Anaïs Nin Une célébrité qui explique en du départ de Louveciennes ? Sur ce de papier. Un travail monumental cherche l’équilibre et, au-delà de la grande partie le refroidissement de fait à peine mentionné dans le ma- qui, ajouté à celui de traduction, ex- fragmentation qu’il suscite, l’unité. leur relation, même si Miller la nuscrit original, Anaïs Nin reviendra plique que seuls trois volumes − si De fait, elle définit à chacun un rôle. conseille, la soutient et use de son plus longuement dans la première l’on excepte Les Cahiers secrets Entre le « jeune père » que Hugh in- nom pour lui trouver un éditeur. Au version. Une préface plus éclairante (1931-1932), centrés sur ses relations carne à ses yeux, le talentueux mais comble de la crise, Anaïs Nin lui en- que celle de Rupert Pole aurait per- avec June et Henry Miller − nous égotiste Henry et l’ardent Gonzalo, verra une lettre mettant en pièces mis de lever quelques doutes sur soient parvenus (3). son besoin d’être protégée et soute- Tropique du Capricorne, « ce grand cette entreprise éditoriale. Sa Issu du « Journal de l’amour », nue dans ses tentatives littéraires bordel anonyme », et dénonce la vi- complexité nécessiterait certaine- Comme un arc-en-ciel clôt la est satisfait. Surtout, elle peut as- sion étriquée que son auteur a des ment, à elle seule, une étude. période française d’Anaïs Nin et souvir son appétit sexuel et ses pen- femmes. Christine Rousseau correspond aux années 1937-1939. chants maternels. Un exercice de Au début de la guerre, la diariste, haute voltige : « Je quitte Henry en- LA MATRICE (1) The Papier Womb (Le Ventre de pa- comme nombre d’artistes étran- core endormi, je rejoins notre appar- Plus intéressantes encore sont ses pier), épreuves parues dans The Boos- gers, est contrainte de quitter la tement quai de Passy, prend un long réflexions sur le Journal, l’écriture ter (décembre-janvier 1938). France et regagne les Etats-Unis. bain, dîne avec Hugh, le laisse au lit à au féminin et, plus largement, sur la (2) On appelle communément Journal Pourtant, ce conflit, qu’elle observe dix heures et demie, saute dans un femme artiste et démiurge qui d’Anaïs Nin les sept volumes couvrant « du rêve de la vie » – espace où doit bus qui m’amène à Nanankepichu. « doit parvenir à combiner création la période 1931 à 1974. Les quatre vo- se tenir tout artiste, selon elle –, ap- (...) Je m’éveille toute joyeuse. Henry et vie (...), créer quelque chose de dif- lumes précédents sont Journal d’en- paraît, de loin en loin, à travers le demeure en moi, tout endormi, silen- férent de ce que crée l’homme (...). fance (tomes I et II), Journal d’une fian- prisme qui guide son existence. cieux, et ma chair s’est offerte, s’est L’art de la femme doit être un art né cée (tome III) et Journal d’une jeune « Ma seule religion, ma seule philo- abandonnée à Gonzalo et Henry, en de la chair de la matrice et non des mariée (tome IV). Tous publiés chez sophie, mon seul dogme, c’est un jour et une nuit, divisée partagée cellules du cerveau (...) elle doit créer Stock. l’amour, écrit-elle en 1939. Tout le – mon angoisse est calmée, je re- ce que l’homme a détruit originelle- (3) Les deux volumes précédents sont reste, je suis capable de le trahir, si la trouve mon axe. » ment, ce monde de l’unité créé par Inceste, journal non expurgé 1932-1934 passion me transporte vers un nou- On ne s’étonnera pas, alors, de Dieu et que la conscience trop fière (Stock, 1995) et Le Feu, 1934-1937 veau monde. » contaster que la majeure partie des de l’homme a ébranlé et divisé ». (Stock, 1997). A la fin des années 30, son passages inédits touche à ce point Une conception nourrie des longues (4) Anaïs Nin (Stock, 1996). LeMonde Job: WIV1699--0005-0 WAS LIV1699-5 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 18:16 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0045 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / V b Des marches vers le bonheur Proche à bien des égards de Cormac McCarthy, Charles Frazier relate dans son premier roman le cheminement d’un déserteur et celui – intérieur – de la femme qu’il aime

RETOUR A COLD MOUNTAIN est abolie, où l’on ne meurt ja- (Cold Mountain) mais, la Terre sans mal des Chero- de Charles Frazier. kees. Il s’agit donc d’une marche Traduit de l’anglais vers le bonheur au cour de la- (Etats-Unis) par Marie Dumas, quelle Inman fait le constat : le Calmann-Lévy, 458 p., monde tel qu’il est organisé est 140 F (21,34 ¤). exécrable, il rend l’homme atro- cement cruel. as de la guerre, écœuré C’est Ruby, forme humaine de par l’horreur des la Cold Mountain, qui souffle à combats et révolté Ada les réponses, car elle connaît contre son destin, un les beautés, les ressources de soldatL déserte. Il projette de ren- l’univers et le sens des signes trer chez lui, dans la contrée qu’il nous transmet. Elle sait montagneuse, belle et froide où il « mettre ses pensées à l’unisson de a grandi : environ deux mois de la lubie divine qui envoie sur terre marche. On est en Caroline du neige ou soleil ». Nord pendant la guerre de Séces- Cette quête du bien dans un sion, il s’appelle Inman. Il pense monde méchant que seule la na- rejoindre une femme, Ada, ture peut rédimer rappelle irré- connue avant la guerre, plutôt sistiblement Cormac McCarthy et riche, raffinée, lettrée, profondé- la presse américaine a très ment différente de lui. Avec elle il souvent cité ce nom comme ré- en est resté au stade des marques férence en recensant Frazier. Ce d’intérêt réciproque, des possi- dernier reconnaît lui-même cette bilités tacitement suggérées et influence, mais il ne s’agit absolu- des longues lettres victoriennes ment pas d’un pastiche. Frazier a aux paragraphes soigneusement beaucoup des qualités de McCar- retenus. thy, et certains de ses défauts, Ce premier roman d’un qua- comme des accès de prolixité et dragénaire est le récit du chemi- une certaine complaisance à dé- nement symétrique de ces deux crire l’horreur. Il n’a pas le souffle êtres l’un vers l’autre. Une ran- luciférien du maître. Mais il a

donnée épuisante et dangereuse D. HURFORD-BROWN/SYGMA écrit un grand roman. pour l’un, pour l’autre la trans- Il le doit d’abord à son extra- formation d’une ancienne cita- composition. Il s’agit presque parmi les dangers, permettent de ordinaire imagination. Il travaille dine vulnérable en femme forte toujours de rencontres, et le plus rassembler ces deux actions pa- à partir d’anecdotes, trouvées capable de recevoir et soutenir souvent avec de mauvaises gens. rallèles et donnent son unité au dans le journal d’un ancêtre, et son homme. On ne verra les deux Le contexte qui les unit est celui roman. Il marche naturellement auxquelles il donne une dimen- protagonistes ensemble que pen- d’une fin de guerre : l’enthou- pour retrouver Ada et vivre avec sion admirable. Son style porte dant quelques heures, et cela siasme a disparu, le fanatisme elle, mais il cherche aussi à ga- encore la marque d’un débutant, pose au romancier un délicat pas encore. Tout le monde s’est gner son terroir, et surtout la il lui faudra apprendre la conci- problème technique. Il le résout appauvri, l’angoisse est générale, Cold Mountain qui le domine et sion, et résister au doux plaisir de manière un peu systématique le futur désastreux, et la milice peut-être le protège. Il y a connu d’étaler son savoir. Féru de en passant de l’un à l’autre à rôde, traquant partout les déser- dans l’adolescence des moments sciences naturelles, il ne nous chaque chapitre, le voyage géo- teurs. Quant à l’évolution d’Ada, ineffables avec ses amis indiens, épargne guère les énumérations graphique du déserteur alternant elle se fait au contact d’un cata- conscients comme lui des ef- de la Flora carolinienne. Ce sont avec le voyage intérieur de la lyseur en jupons, Ruby, l’enfant fluves magiques de l’endroit. En là des vétilles qui ne cachent pas femme. sauvage qui s’est élevée toute effet, et c’est le troisième espoir l’essentiel : le talent pour charger Pour meubler le premier, seule au milieu des bois. Devenue qui soutient Inman, c’est en un d’émotion un objet familier, une Frazier en fait une succession amie et factotum d’Ada, elle lui certain point de cette montagne odeur de cuisine, un instant de d’épisodes si autonomes qu’ils enseigne les modes d’emploi de sacrée qu’on peut, si l’on est en paix ; la marque, décidément, pourraient constituer autant de la nature. état de grâce, c’est-à-dire de d’un écrivain qui a pleinement nouvelles : fascinantes par leur Les motivations d’Inman, alors jeûne, passer dans les plaines fer- réussi sur un grand sujet. contenu, parfaites par leur qu’il chemine, affamé, blessé, tiles et giboyeuses où la guerre Jean Soublin

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb A la recherche des pures sensations Appréhender la vie comme un miracle, « une merveille », et en savourer ses moindres plaisirs. Voici ce qu’explique l’essai de Theodore Francis Powys et démontre le roman de son frère, John Cooper Powys rature anglaise s’honore ; Llewelyn, voilà ce qu’explique l’essai et fait l’apologie nous éloigne insen- L’ART DE VIEILLIR le plus jeune, dans une autobiogra- démontre le roman. siblement de l’arène où le moi est (The Art of Growing Old) phie imaginaire écrite à l’approche Une merveille : c’est bien ce que douloureusement tyrannisé par des de John Cooper Powys. de la mort, se rappela son premier pense John Chew lorsqu’il aperçoit milliers de besoins contradictoires, Traduit de l’anglais amour ; Theodore Francis, enfin, ja- Nelly qui dégage « cette douce odeur « d’exigences, de nécessités, de de- par Marie-Odile Fortier-Masek, mais ne quitta le village d’East Chel- de terre d’où vient toute vie ». John voirs, d’obligations, de responsabilités, éd. José Corti, 384 p., don, dans le Dorset, où il vit nombre Chew eut très tôt la chance de ren- de quêtes, de plaisirs, de rivalités, 140 F (21,34 ¤). de choses étranges. Dans les livres contrer, non seulement la femme de d’aventures, de passions, d’ambitions, de deux de ces frères qui paraissent sa vie, mais Dieu. Tout enfant en- d’intrigues », de recherches et pro- DIEU ET AUTRES HISTOIRES aujourd’hui, il est question de bon- core, alors qu’il le cherchait à quatre jets, et autres menus plaisirs. Les cé- (God, extrait de Two Thieves) heur ou, plus exactement, de ce pattes dans chaque recoin de la mai- lébrités, elles, ont de la chance : elles de Theodore Francis Powys. « plaisir que donne la sensation pure, son, Dieu lui apparut suspendu à ont eu leur « illusion vitale artificielle- Traduit de l’anglais unique, inconditionnelle, d’être en une patère, humblement dissimulé ment gonflée, tel un pneu, par la et préfacé par Patrick Reumaux, vie ». Une sensation qui vous file dans le chapeau de son père. Entre- pompe à air de l’opinion publique ». Phébus, 156 p., 99 F (15,09 ¤). entre les doigts comme un poisson temps le lecteur aura fait connais- Pour ceux, moins chanceux, dont l’il- déconcertant et que seuls les vieux, sance avec les gens simples qui lusion vitale est prête à se dégonfler dit John Cowper, ont quelque vivent dans les bourgs de Pennybar- tel un pneu irrémédiablement crevé, e pasteur Powys eut onze chance d’attraper et de retenir. Que row et de Maidenbridge : Mr. Chew il existe quatre recours : l’absorption enfants dont trois firent chaque seconde de vie consciente dont l’amour s’était emparé, l’éle- dans les livres, le dévouement à une œuvre d’écrivain. John soit « un miracle au-delà de tout ce vant au pinacle pour ensuite le lais- cause, une obsession érotique parti- Cowper fut l’un de ces que nous pouvons imaginer, une mer- ser choir ; Mr. Cawker, le pasteur, qui culière, enfin – et c’est la seule solu- grandsL voyants inspirés dont la litté- veille au-delà de tous les calculs », abritait Dieu dans sa cave au fond tion qui soit sous le contrôle absolu d’une bouteille de bon vin ; Mr. de l’humain, la seule, selon Powys, Nunney, son rival dans la paroisse qui nous rende indépendant du voisine, qui, non sans de bonnes rai- monde et des succès, de sa re- sons, pensait que le village dont il connaissance, de l’amour et des avait la garde était peuplé de ses en- autres –, la recherche d’une vie de fants ; Mr. Vardy, le cordonnier qui pure sensation. Par quoi Powys en- infligea à Dieu une raclée mémo- tend une lutte consciente, délibérée rable... Trois récits dans la même et qui n’est pas exempte de certain veine rappellent que la quête de stoïcisme, pour jouir des « éléments Dieu, comme la chasse à la bécas- de la nature ». sine, peut prendre des formes Pour cet homme qui croyait en étranges. une matière animée et consciente – Ce besoin d’une forme d’inno- fût-elle herbe, pierre ou eau – dont cence – si, par innocence, on entend l’homme ferait partie intégrante, la « recherche d’une vie de pure sen- une « relation absolue » étant ainsi sation » – est le fondement même de établie entre le « moi » et la masse la démarche que propose John Cow- infinie du « non moi » (appelé par per dans son essai philosophique sur lui « l’Inanimé »), le plaisir le plus l’art de vieillir. Qu’il faille prendre profond, substitut à tout amour, à conscience de la « fin prochaine de toute religion, consistait à s’unir, à ce je, je, je dont les sentiments sont s’oublier, à se fuir – à se fondre dans simplement tout ce qui compte pour la nature environnante sous sa moi, moi, moi », c’est là l’évidence forme la plus élémentaire. Plaisir ou qu’il mentionne dans son dernier devoir ? Mais ici le plaisir n’est que chapitre « La vieillesse et la mort ». l’équivalent d’un devoir envers la Mais, selon lui, dans l’idée de la fin vie : « Notre obligation morale se ré- prochaine, de l’anéantissement que duit à l’effort de nous approprier la précède une lassitude contre la- moindre lueur tremblotante, le quelle on lutte jusqu’au bout de ses moindre frisson de vent, le moindre forces, on peut trouver, loin de toute nuage fugitif, le moindre tourbillon de terreur et pourvu qu’on s’aban- poussière, la moindre feuille voletante donne, une grande part de douceur. entrevus par la fenêtre... » La vieillesse dont John Cowper Christine Jordis LeMonde Job: WIV1699--0006-0 WAS LIV1699-6 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 19:26 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0046 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 littératures b Philip Roth, le grand romancier américain

se voient pas, le déchirement, la « Qu’est-ce que ces relations ten- médias : ABC, CBS, NBC, CNN... Troisième étape, une fois que la Lucidité, Intelligence, haine, le mensonge, la folie et l’in- « Pour préserver le dues et lassantes entre parents et L’alphabet, cette arme intime de Réalité est gonflée dans ses famie que la guerre revivifie au enfants de la petite-bourgeoisie l’écrivain, sert désormais l’artillerie moindres interstices à l’hélium de Style, Rire, sein des foyers. Ainsi le héros de peu d’équilibre qui me juive de Newark, ces scènes à propos lourde du Regard. L’alphabet est la Fiction, la laisser s’envoler. Zuc- Pastorale américaine est un des shiksas et des cocktails de cre- passé à l’ennemi ! kerman devient autonome et écrit Toute-Puissance homme ayant en apparence aussi restait, je choisis de vettes, cette question d’aller à la sy- Dans Opération Shylock, où − à son auteur pour critiquer l’irréa- peu de soucis que de substance : nagogue et d’être un bon garçon ou avec une précision qui n’a d’égale lisme de son autobiographie. «Je créatrice et un anti-juif, en somme. Le roman m’asseoir comme je non, qu’est-ce que tout cela avait à que celle de Sabbath maniant ses présume, dit le Double à son au- bascule lorsque Zuckerman se met voir avec Shakespeare et le stoïcisme marionnettes −, il manipule l’am- teur, que tu as si souvent écrit des destructrice du à décrire la tempête sous le crâne m’étais toujours assis de Sénèque ? » biguïté attachée à la posture de métamorphoses de toi-même que tu de ce fils de gantier (comme Sha- Comment éviter le cauchemar l’Ecrivain opposée à l’imposture ne peux plus te représenter ce que tu Verbe... Si l’auteur kespeare !), le chaos dans l’exis- (...) justifiant ma d’une métamorphose rétrogade de du Non-Ecrivain, Roth évoque l’al- es ou ce que tu fus. Aujourd’hui, tu tence du fade « Suédois », dé- l’écrivain, non pas en Sein, mais en phabet de son enfance : « “Aa, Bb, n’es rien d’autre qu’un texte en de « Portnoy » se construite par sa fille terroriste. bizarre existence de la Homme, c’est-à-dire en juif parmi Cc, Dd, Ee”, chaque lettre apparais- marche. » On constate chez Roth, portée à les juifs ? sait deux fois, en écriture cursive, le Enfin, dernière étape : abandon- réduisait à cette partie son plus haut degré d’incandes- manière la plus Roth trouve vite la réponse. En parent et son enfant, la chose et son ner jusqu’au paravent du Doppel- cence, une lucidité absolue sur les irradiant le mythe avec le contre- ombre, le son et son écho. » ganger, et organiser la collision de visible de son iceberg, relations entre les êtres. Autant efficace que je mythe. En mélangeant les cou- Comment s’immiscer entre le l’Auteur avec lui-même. « “All..., dire un pessimisme biblique, se tumes juives avec ce qui en paraît son et son écho ? Comment désar- Mr. Roth ? Mr. Philip Roth ? de- il ne serait qu’un manifestant par la description cir- connaissais, domptant le plus éloigné, la pornographie. La ticuler l’alphabet ? Quel anti-al- mandai-je. – Oui. – Vous êtes bien constanciée de ce qu’il nomme ici déflagration qui en résulte, c’est phabet utiliser, tel un pied-de- Mr. Roth l’écrivain ? – C’est moi. – excellent écrivain. « the abiding human aptitude for (...), avec une chaîne Portnoy. Le malentendu fut sponta- biche, pour fissurer le monoli- L’auteur de Portnoy et son betrayal and revenge » : « l’éternelle né et intense. Roth fit scandale thisme du langage ? Un autre complexe ? – Oui, lui-même. Qui est Or il y a une partie aptitude humaine à la trahison et à de mots, l’indocile pour avoir osé démystifier une fa- souvenir d’enfance donne la solu- à l’appareil, s’il vous plaît ? ” Mon la vengeance ». Le mot betrayal, tel mille juive. En réalité les deux tion. Au Talmud Thora (l’équi- cœur battait aussi fort que si j’avais immergée : Roth un symbole de l’œuvre de Roth, tyrannie de ma propre mythes jouaient chacun comme valent juif du catéchisme), Roth a été au beau milieu de mon premier est à double sens, signifiant aussi antidote de l’autre. Et le vrai scan- été initié à l’anti-alphabet hé- cambriolage avec un complice a inventé « divulgation », « manifestation », incohérence. » dale de ce livre, écrit en pleine « li- braïque, celui qui s’écrit à l’envers comme Jean Genet, pas moins – tout « révélation ». bération sexuelle », consista à dé- et d’où, comme dans la mystique ceci n’était pas seulement perfide, le déplacement Aucune illusion à se faire, par mystifier cette religion universelle juive, il allait faire jaillir son c’était aussi très intéressant. A la conséquent, sur l’harmonie entre l’Amérique a d’elle-même) est dis- que Roth surnomme le « fou- monde : « Ces cryptogrammes dont pensée qu’à l’autre bout du fil il pré- inattendu de la hommes et femmes. « Tôt ou tard, soute par l’acide d’une intelligence trisme ». je n’arrivais pas à déchiffrer le sens chaque femme trouve toujours le supérieure. Roth a inventé le déplacement m’avaient marqué de manière indé- frontière, le mélange point faible de son mari », écrivait- Enfin, dernier signe implacable inattendu de la frontière, le mé- lébile quarante ans plus tôt ; de ces il dès Goodbye, Columbus. de l’écrivain hors pair, une lange inflammable non pas des mots indéchiffrables écrits sur ce ta- « Que l’écriture inflammable non pas Aucune illusion, évidemment, confiance immortelle dans la genres, mais des causes sacrées, bleau était sorti chaque mot d’an- sur la réceptivité des critiques litté- toute-puissance du Verbe, et l’il- jusqu’à la remise en cause de la glais que j’avais écrit. » soit un acte des genres, mais des raires – autant dire du lecteur de lustration de cette confiance cause en soi. De même qu’il n’y L’alphabet de l’actualité peut base. « Il n’y a pas grand espoir de même au cœur de la trame narra- avait pas de réelle opposition, être laissé à ses leurres colorés : si- d’imagination, voilà causes sacrées, jusqu’à se faire comprendre », écrit Roth, tive du roman. comme il le croyait en débutant, da, sans-abri, politique, guerre, sachant ce que c’est qu’« attendre Jusqu’à quel point ? Jusqu’au entre la grande littérature et les journalisme, argent, télévision, qui semble rendre tout la remise en cause de voir la critique que ferait de bout, donc jusqu’à la genèse, ce mœurs yiddish du microcosme de drogue, sexe, ghetto, racisme, al- (son) dernier livre le plus bête, le que Roth nomme « la fastidieuse Newark, il n’y a pas de frontière cool... « Le plus bas de tous les un chacun perplexe de la cause en soi plus maladroit, le plus superficiel, le tâche de l’écrivain, qui consiste à imperméable entre le mythe et son genres – la vie elle-même. » Tout le plus débile de tous les crétins bour- être sa propre cause ». inverse. L’écriture, avec sa puis- bruit et la fureur ont moins d’effi- et furieux. » rés de mauvaises intentions qui Les romans de Roth reviennent sance de création du mythe, peut cacité que quelques mots yiddish traînent dans ce métier où des abru- à interroger l’étrange posture de devenir elle-même le mythe qu’il (cette langue effrontément tis sans aucune oreille et incapables l’écrivain. « Pour préserver le peu s’agit, sinon de faire imploser, en sexuelle qui ne se prononce pas de sentir la moindre nuance passent d’équilibre qui me restait, je choisis tout cas de dominer et de contre- comme elle s’écrit) déposés tendait être moi, alors que de mon leur temps à aligner des clichés de m’asseoir comme je m’étais tou- carrer. Tel est le sujet des derniers comme des mines dérivantes au côté je prétendais n’être pas moi, qu’ils appellent critiques de livres ». jours assis au cours de ma vie : sur chefs-d’œuvre de Roth. Mettre en cœur de romans conçus comme j’eus soudain l’impression extraordi- On en aura la démonstration en une chaise, devant un bureau, sous cause le Mythe, l’idée qu’il existe des terrains piégés. Et l’impossible naire de vivre en plein carnaval. » lisant les critiques de Pastorale une lampe, justifiant ma bizarre une réalité dont dépend la fiction devient possible dans la vraie vie Difficile d’aller plus loin. Roth n 1973, Philip Roth pu- américaine, qui se limiteront à ré- existence de la manière la plus effi- en tant qu’elle la décrit et y trouve de la Fiction. est sur la première marche du po- blie un livre étonnant, peu connu sumer la trame du livre faute cace que je connaissais, domptant sa source. Et quelle réalité plus Première étape : introduire le dium, tous ses contemporains sont enE France, Le Grand Roman améri- d’avoir quoi que ce soit de per- pour l’instant, avec une chaîne de poison vivace de la Fiction dans les KO. Quel autre tour hélicoïdal cain. C’est l’épopée d’une équipe tinent à en dire. mots, l’indocile tyrannie de ma veines apathiques de la Réalité. pourrait-il encore inventer, quitte de base-ball décrite par un chroni- Aucune illusion sur une entente propre incohérence. » « Les gens ne s’offrent « Les gens ne s’offrent pas aux écri- à léviter carrément au-dessus du queur sportif dont le nom est possible entre juifs et gentils, au Ce n’est pas un hasard si Smith vains dans leur plénitude de person- ring ? Smith et le prénom Word, « Mot ». point que Sabbath n’imagine se prénomme « Mot », et si l’al- pas aux écrivains nages littéraires : en général, ils vous C’est simple. Rappeler l’essen- Dans Opération Shylock, un per- même pas se faire enterrer dans un phabet, « les Vingt-Six Grandes », offrent très peu de substance, et, tiel, à la grande déconvenue des sonnage compare ce roman à Fin- cimetière chrétien : « Mais avec qui est son meilleur allié. Comme écrit dans leur plénitude après l’impact de l’impression ini- milliards de Non-Ecrivains : c’est negans Wake. Le rapprochement est-ce qu’il pourrait bien discuter, Roth : « L’alphabet est la seule tiale, ne sont pratiquement d’au- Roth qui, depuis toujours, choisit n’est pas si stupide. Le Grand Ro- là-haut ? Il n’avait jamais trouvé de chose capable de me protéger ; c’est de personnages cune aide. La plupart des gens (à où tracer la ligne de démarcation. man américain est une parabole goy qui parle assez vite pour lui. » cela que l’on m’a donné en guise de commencer par le romancier lui- Il est la main de Sabbath dans les sur le langage, sur cette dyna- Aucune illusion non plus sur la revolver. » littéraires : en général, même, sa famille et presque toutes marionnettes surdouées. Il est la mique de bouillonnement douceur, la gentillesse, la faiblesse Est-ce là tout ? Lucidité, Intelli- ses connaissances) sont absolument main experte qui fabrique tous les comique, cette spirale d’ébullition juives. Dans Opération Shylock, gence, Style, Rire, Toute-Puissance ils vous offrent très peu dépourvus d’originalité, et le travail gants de l’usine du Suédois. Il est supérieure, cet état de vérité effer- Roth ridiculise le sentimentalisme créatrice et destructrice du Verbe ? de l’écrivain est de les faire appa- celui qui, après s’être sabordé, dé- vescente du langage qu’on nomme de Woody Allen, stupéfait que des Rarissimes chez la plupart des de substance (...) et le raître autrement. » Deuxième cide des conditions de sa résurrec- soldats israéliens puissent hommes de lettres, ces qualités étape : se mettre soi-même, en tion. Stéphane Zagdanski tabasser des civils palesti- hors du commun sont, si j’ose dire, travail de l’écrivain est tant qu’auteur tout-puissant de Ultime coup d’épingle dans la niens. Woody Allen est un la moindre des choses. Si Roth se cette fiction surhumaine, à baudruche : le faux Roth est un d’habitude « littérature ». En pro- mauvais ersatz hollywoodien de réduisait à cette partie visible de de les faire apparaître l’épreuve d’irréalité, en se créant usurpateur. « Je suis celui de vous logue à ce singulier roman sur le Philip Roth. L’un remporte d’au- son iceberg, il ne serait qu’un ex- un double parfait. « D’être Zucker- qui n’est pas des mots », avoue-t-il. sport, un dialogue hilarant entre tant plus de succès qu’il donne du cellent écrivain. Or il y a une partie autrement. » man est un très long rôle et l’opposé Ses manuscrits se révèlent vierges. Hemingway et « Mot » pose les ja- juif l’image d’un pitoyable névro- immergée, la principale, qui fait de même de ce qu’on pense que c’est Il est incapable d’écrire ! lons de la littérature américaine. sé, petit, laid, fragile, et de l’écri- lui, sans conteste possible, le grand d’être soi-même. En fait, ceux qui Roth reste seul en scène. Rien La vraie question sous le rire est ture un simulacre consommable romancier de notre temps. semblent le plus être eux-mêmes d’autre n’existe que lui, lui et ce celle de la succession d’Heming- par tous ceux qui ne savent rien de La question que se pose Roth, réelle et plus originelle que l’exis- m’apparaissent comme des gens qui don étrange, « cette chose qui lui way lui-même comme « grand ro- l’écriture. L’autre est d’autant plus quand il commence à écrire, est tence du mythe des mythes, l’Au- incarnent ce qu’ils pensent pouvoir permettait d’improviser sans fin », mancier américain ». On voit où je isolé qu’il est grand, beau, fort, ra- celle de la frontière. Où est la ligne teur lui-même. être, ce qu’ils croient devoir être, ou cette « chose » qui fait le cauche- veux en venir. Roth est le « Great pide et fin, qu’il écrit par rafales de démarcation, et par conséquent Il ne s’agit pas pour autant de ce qu’ils souhaitent apparaître aux mar éveillé des Non-Ecrivains. American Novelist » de notre des chefs-d’œuvre de subtilité ro- le point de jonction, entre Newark, ravaler la figure de l’Ecrivain à yeux de quiconque établit les cri- « Que l’écriture soit un acte d’ima- temps, le seul digne successeur manesque où l’essence même du d’où il vient, et la Littérature qu’il celle d’un être humain comme les tères. Ils se prennent si au sérieux gination, voilà qui semble rendre d’Hemingway. Il a su réunir tous cinéma (à savoir la vision que adule et étudie sans relâche ? autres. Ce serait encore de la qu’ils ne comprennent même pas tout un chacun perplexe et fu- les atouts pour gravir ce podium croyance, et la plus répandue, se- que d’être sérieux est la représenta- rieux. » étroit. b lon laquelle, au fond, tout un cha- tion même. Mais, pour certaines Spinoza, Marx, Proust, Kafka, L’Europe idéale d’abord. Soit cun est, ou pourrait être, écrivain. personnes qui ont une très haute Freud, et Roth. Que la Réalité une parfaite culture classique, faite bibliographie Shakespeare lui-même n’était-il conscience d’elles-mêmes, la chose prenne garde : quand un écrivain de l’étude des plus grands écri- pas un homme normal, « in love », est impossible : s’imaginer être elles- juif atteint ce sommet d’isolement, vains anglo-saxons et universels. Pastorale américaine est le vingt-deuxième livre de Philip Roth. En un Roméo romantique en panne mêmes, vivre leur propre vie, réelle, d’intelligence, d’énergie, il jouit « Ses ambitions culturelles, écrit-il français, son œuvre est publiée chez Gallimard. Voici les titres qui d’inspiration et à qui on souffla ses authentique ou indubitable, a pour d’une puissance de subversion ab- de lui-même, se formulaient en sont disponibles en édition de poche : meilleures phrases ? eux toutes les apparences de l’hallu- solue, dont il faut craindre le meil- termes d’opposition directe à l’Amé- – Le Sein (Folio, no 1607) ; La trouvaille rothienne est plus cination. » leur. rique philistine, triomphante et ir- – Portnoy et son complexe (Folio, no 470) ; subtile et complexe que cette ri- respirable du moment : il méprisait – Goodbye Colombus (Folio, no 1185) ; sible propagande hollywoodienne. Time, Life, Hollywood, la télévision, – Professeur de désir (Folio, no 1422) ; Elle consiste à saper l’ultime noyau la liste des best-sellers, la publicité, – Laisser courir (Folio, no 1477 et no 1478) ; de la crédulité humaine, la le maccarthysme, les Rotary clubs, – Zuckerman enchaîné (Folio, no 1877) ; croyance en la Réalité, en une les préjugés raciaux, et cette ma- – La Contrevie (Folio, no 2293) ; frontière palpable entre la Fiction nière de jouer des coudes si typique – Ma vie d’homme (Folio, no 1355) ; et la Réalité. Pour saisir la radicali- de la mentalité américaine. » – Patrimoine : une histoire vraie (Folio, no 2653) ; té de cette découverte coperni- L’Amérique de Roth n’est pas – Tromperie (Folio) ; cienne, il faut en revenir à ce b.a.- nostalgique. Il connaît sa vulgarité – Opération Shylock : une confession (Folio, no 2937) ; ba de l’écriture qu’ont en partage et sa violence ordinaires, et si, – Le Théâtre de Sabbath (Folio, no 3072). Ecrivains et Non-Ecrivains : l’al- dans ses trois derniers romans, il Dans les années 90, Philip Roth a reçu quatre prix littéraires ma- phabet. en parcourt l’histoire moderne, ce jeurs: le National Book Critics Circle Award 1991 pour Patrimoine ; le L’alphabet en soi n’est rien. Aux n’est pas pour concurrencer Holly- PEN/Faulkner Award 1993 pour Opération Shylock ; le National Book Etats-Unis, où l’on ne feint même wood en exhibant une image de la Award 1995 pour Le Théâtre de Sabbath ; le prix Pulitzer du roman pas, comme ici, de s’intéresser à la guerre. C’est afin d’en radiogra- 1998 pour Pastorale américaine. littérature, l’alphabet est colonisé phier les pires ravages, ceux qui ne par la propagande sauvage des LeMonde Job: WIV1699--0007-0 WAS LIV1699-7 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 19:04 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0047 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / VII b BANDE DESSINÉE b par Yves-Marie Labé Un parfum d’affaires

MORT D’UN MINISTRE de Philippe Richelle et Delitte Ed. Casterman, 56 p., 60 F (9,14 ¤)

l est rarissime que la bande dessinée s’aventure dans les eaux du ma- rigot politique alors qu’elle s’est, depuis longtemps, intéressée aux « affaires » (Largo Winch), à la géopolitique actuelle ou passée, sous couvert de thriller politico-fantastique (XIII), ou de règlement de comptesI vis-à-vis de l’Histoire (Les Phalanges de l’Ordre noir). Avec Mort d’un ministre, premier épisode d’une série qui s’annonce pas- sionnante, deux jeunes auteurs belges, Philippe Richelle et Delitte, déjà re- marqués pour leur trilogie africaine intitulée Donnington (éd. Helyode), s’at- tellent à la tâche. C’est peu dire que le récit qu’ils font des magouilles de l’establishment politique est nourri aux meilleures sources documentaires et alimenté par la chronique récente. Sur les rives de la Tamise, un ancien pre- mier ministre, Sir Stuart, écarté du pouvoir, règle ses comptes avec son parti par le biais d’un entretien au Daily Telegraph, dans lequel il suggère qu’il pos- sède des dossiers sur ses anciens condisciples du gouvernement. Ses révélations vont ouvrir la boîte de Pandore. L’enquête policière et les investigations de la presse mettent à jour l’embrouillamini politico-affairiste dans lequel se sont fourvoyés certains membres du gouvernement, dont un certain Malcom MacLuhan, ministre des affaires sociales et ancien ennemi politique de Sir Stuart. A ce point du récit, et même si Mort d’un ministre a élu Londres et la Grande-Bretagne pour décors, on peut lire cette fiction à l’aune des scan- dales récents qui ont défrayé la Ve République, des meurtres inexpliqués d’anciens ministres gaullistes comme Robert Boulin ou Joseph Fontanet au suicide de Pierre Bérégovoy dont s’inspire le personnage de Malcom Mac Luhan – y compris dans le rappel de ses origines modestes ou de ses fautes de goût qui firent tant de gorges chaudes chez les petits marquis de la Mit- terrandie. La force de ce récit est de décrire la lutte pour le pouvoir d’hommes et de femmes dont l’idéal a pu parfois se dévoyer. Mais Richelle et Delitte n’ou- RAYMOND DEPARDON/MAGNUM RAYMOND Manifestation contre la guerre du Vietnam en 1968 aux Etats-Unis blient pas d’en souligner les à-côtés : la connivence entre stars du journa- lisme et de la politique ; les liaisons dangereuses du milieu et de la classe gouvernante ; les ambitions personnelles de ceux qui forment la camarilla des élites ministérielles. Quant au dessin de cette plongée en apnée dans les coulisses du pouvoir, il offre à la fois des plans audacieux et d’une grande Une tragédie ordinaire précision. La palette de couleurs extrêmement variée, du vert anglais au mordoré, permet d’adoucir cette sombre vision des arcanes politiques. b TOWER, d’Ange-Sébastien Goethals Après « Opération Shylock », Philip Roth offre le deuxième volet de sa trilogie historique. Plus que dans Ancien terroriste repenti de l’IRA, Tom Cleggan a reconstruit sa vie en Ita- lie, à l’insu de ses anciens camarades et grâce au magot qu’il a subtilisé à l’or- une simple « chronique réaliste », le lecteur plonge dans une magnifique équivoque romanesque ganisation. Mais de nouveaux attentats ensanglantent Belfast, signés du symbole qu’il utilisait auparavant – la tour du jeu d’échecs, tower. Ces atten- roriste – d’un non-personnage (pas Zuckerman, l’écrivain juif né dans celle qui va devenir sa belle-fille, tats l’incitent à sortir de l’incognito, et à renouer à la fois avec l’IRA et avec PASTORALE AMÉRICAINE même un antihéros) serait comme le New Jersey, narrateur de ce récit Mary Dawn Dwyer. «Les choses son père, qui fut le premier à l’initier à la guerre civile. Se basant sur la (American Pastoral) l’aboutissement du travail de Roth, en trois parties : « Le paradis de la s’étaient gâtées pour Merry de la fa- complexité des liens entre les factions irlandaises, sur la difficulté à identifier de Philip Roth. la sortie de l’impasse dans laquelle mémoire » ; « La chute » ; « Le pa- çon même que son grand-père juif agents doubles et révolutionnaires idéalistes, sur les liaisons entre terrorisme Traduit de l’anglais l’enfermait, selon ses détracteurs, radis perdu ». A Newark, jadis, avait prévu qu’elles se gâteraient », et mafia, ce premier épisode de Tower retrace l’itinéraire d’un homme aux (Etats-Unis) par Josée Kamoun, sa « chronique personnelle, narcis- Zuckerman était l’ami de Jerry, le constate le narrateur. De même, abois, en proie aux démons et aux ombres de son passé. Le rythme soutenu Gallimard, « Du Monde entier », sique ». A ceux-là et à tous ceux frère cadet du Suédois si beau et si Rita Cohen, qui se dit amie de de l’intrigue est servi par un dessin hyperréaliste et efficace, découpé comme 436 p., 150 F (22,96 ¤). qui ont envie de le lire ainsi, Philip doué pour le football américain, le Merry et prend contact avec le un film noir (éd. Vents d’Ouest, 48 p., 58 F [8,84 ¤]). Roth en donne pour leur argent : le basket, le base-ball. Jerry et Zuc- Suédois après la fuite de sa fille b PREMIÈRES CARTOUCHES, de Pascal Rabaté New Jersey, ses villes, sa cam- kerman se retrouvent en 1995, à (un médecin est mort dans l’atten- Touche-à-tout de génie de la BD, Pascal Rabaté a déjà remporté plusieurs oth aurait-il déserté ? pagne, ses fermes, ses maisons une cérémonie commémorative de tat qu’elle a commis contre la prix, qui couronnent l’intelligence de ses scénarios et l’acuité de son trait en Aurait-il trahi ? Aurait- bourgeoises du côté de Morris- leur école. Tous deux sont très poste), insiste sur l’impossible re- noir et blanc. Premières cartouches rassemble quatre histoires, dont trois il renoncé à imposer town ; Newark dévasté par les étonnés de se rencontrer, chacun lation de Merry et de sa mère: d’entre elles (Exode, Vacances et Les Amants de Lucie) furent publiées par les « sa fiction à l’expé- émeutes et « fini (...) La ville qui se pensant que l’autre dédaignait « Elle la détestait parce qu’elle était défuntes éditions Futuropolis ; le quatrième récit, La Mort de Monsieur Kas- rienceR » plutôt que « traduire l’ex- relèvera jamais » ; l’Amérique « cette sentimentalité abjecte », votre fille. Que Miss New Jersey sowich, a lieu en pleine guerre civile yougoslave. périence en fiction », comme il écri- chamboulée par la guerre du Viet- cette « nostalgie à la con ». Tandis épouse un juif, c’est bel et bon. Mais Qu’il s’agisse de décrire les phases ubuesques ou tragiques de l’exode de vait dans Tromperie ? En un mot nam et le Watergate ; les étudiants que ses anciens condisciples font le qu’elle élève une juive, c’est une 1940 dans un petit village français, les tribulations de trois jeunes zazous à serait-il devenu un romancier réa- contestataires, l’arrestation d’An- compte de leurs enfants et petits- autre paire de manches. Vous avez l’affût des vacances de leurs rêves (filles, plage et farniente) ou l’enterrement liste, réconfortant les confor- gela Davis ; les cris et les bombes ; enfants, Zuckerman, lui, dit seule- une femme shiksè, Le Suédois, mais d’un vieil homme mettant aux prises communautés serbes et croates, Pascal mistes, les adeptes du roman-ro- l’intégration d’une famille juive, ment : « Je m’appelle Nathan Zuc- votre fille ne l’est pas. » Rabaté fait montre d’un humour décapant et d’un art du dialogue étonnant. man, ceux qui le combattaient et l’aboutissement d’un rêve améri- kerman, j’étais vice-président de Roth ne dit pas s’il partage le dé- La perfection de son trait et la justesse des ellipses de son dessin en font un l’exaspéraient ? Sûrement pas. Il a cain, puis la désintégration de la- notre classe et membre du comité de sarroi du père ou les griefs de la auteur complet, dont chaque récit recèle une vision du monde, celle d’un depuis longtemps choisi son camp, dite famille par la révolte de la la promotion. Je n’ai ni enfants ni fille. Il débusque les faiblesses, les moraliste tendre (éd. Vents d’Ouest, 140 p., 118 F [17,98¤]). mais il est aussi un expert en ma- quatrième génération ; et tout ce petits-enfants, mais j’ai quand mensonges, les lâchetés, les b THÉRÈSE, de Jean-Philippe Stassen nœuvres de diversion. Il a décidé que vous avez toujours voulu sa- même subi il y a dix ans un quin- compromissions et les sottises, de Thérèse est grosse, peu gâtée par la nature. D’un recoin de sa fenêtre, elle cette fois-ci de parler d’un homme voir sur la fabrication des gants en tuple pontage cardiaque dont je suis tous les côtés. Il est celui qui observe Momo, si jeune, si beau, dont elle est amoureuse. Thérèse a un qui est le seul à lui avoir inspiré, peau. assez fier. » échappe à cette tragédie améri- don : ce qu’elle désire, que ce soit cocasse ou tragique, se concrétise. A la dans son enfance, « le désir d’être C’est impeccable, superbement S’arrachant à « la fête des caine ordinaire puisqu’il peut la ra- suite d’un amoncellement de hasards, elle va vivre son histoire d’amour avec un autre ». « Mais se vouloir dans la construit et raconté, du travail de retrouvailles » Zuckerman se met conter, en faire, non plus l’histoire Momo au long des chemins africains, quittant sa ville grise pour une autre gloire d’un autre, qu’on soit enfant très grand professionnel. Cousu « à rêver. Je rêvai une chronique de Seymour Levov et de Meredith, histoire dont l’issue – heureuse – n’est pourtant pas celle qu’elle attendait. ou adulte, est intenable pour des rai- main, comme les gants de l’usine réaliste ». Et il l’écrit, avec la lucidi- mais le roman de Philip Roth. Il C’est une véritable fable qu’a bâtie le dessinateur liégeois Jean-Philippe Stas- sons psychologiques si l’on n’est pas té et la minutie dont il est maîtrise, lui, l’Histoire, alors sen, qui s’est mis à la fois aux commandes du scénario (le deuxième après écrivain, et pour des raisons esthé- Josyane Savigneau capable. Comment Sey- qu’elle a vaincu un homme censé Louis le Portugais) et d’un dessin résolument coloré et naïf, ce qui n’exclut ni tiques si on l’est. » mour Levov, le petit juif être très fort, Le Suédois. Il la nuance ni la subtilité. Il raconte comment le quotidien peut se transformer « J’écris de la fiction, on me dit Levov. Mais ce serait un peu court qui ressemblait à un Aryen, mais cherche à maîtriser aussi le temps. en magie pure, grâce à la transfiguration des êtres par l’amour (éd. Dupuis, que c’est de l’autobiographie, affir- si cela ne s’inscrivait dans une dont le grand-père ne parlait A la fin de la cérémonie d’anniver- « Aire libre », 56 p., 79 F [12,04 ¤]). mait-il, toujours dans Tromperie, œuvre à lire entièrement, à suivre même pas l’anglais, est devenu un saire de l’école, il mange tous les b MADAME LAMBERT, de Jerome Charyn et Andreas Gefe j’écris de l’autobiographie, on me dit dans ses méandres, de livre en livre parfait Américain et a « adoré » ça. rugelach qu’on vient de lui offrir : Natalie Lambert, épouse d’un riche industriel de la pétrochimie, est une que c’est de la fiction, aussi puisque – et ce n’est certainement pas in- Comment il a épousé une non- « Je dévorais ces bouchées de pâtes femme libre qui choisit ses amants à sa guise sans crainte du qu’en-dira-t-on je suis tellement crétin et qu’ils sont nocemment que Roth cite Proust juive, une shiksè, catholique d’ori- si riches (...), dont j’avais aimé la ni des foudres de son mari. Mais lorsqu’elle choisit Antoine, un artiste mau- tellement intelligents, qu’ils décident dans ce roman, alors qu’il n’est pas gine irlandaise, qui a été Miss consistance farineuse dès l’enfance, dit ressemblant à Vincent Van Gogh, le scénario déraille et se solde par un donc, eux, ce que c’est ou n’est l’une de ses références habituelles, New Jersey. Comment ce couple dans l’espoir que mon “Nathan” meurtre dont le peintre est accusé, alors que tourne autour de sa maîtresse pas. » Il est évidemment confor- contrairement à Céline ou Genet. bourgeois a élevé sa fille unique et s’affranchisse de ce dont s’affran- un ballet d’agents secrets et de trafiquants. table, pour ceux qu’a toujours in- Pas innocemment non plus que les a totalement raté la transmission chissait, à l’en croire, le “Marcel” de Ecrit par l’écrivain américain Jerome Charyn et dessiné par l’auteur suisse quiétés le génie créateur de cet Levov sont gantiers. « Vous ne sa- de ses valeurs (mais que pour- Proust sitôt qu’il reconnaissait la sa- Andreas Gefe, qui travaille ses planches au crayon gras, Madame Lambert écrivain ironique, obscène et viez pas que Sir Walter Scott était fils raient « transmettre », ensemble, veur de la petite madeleine : l’ap- est le troisième album de la nouvelle collection de bandes dessinées des édi- double, de se précipiter sur Pasto- de gantier ? demande le père du un juif de Newark et une catho- préhension de la mort. “ Une seule tions du Masque, baptisée « Petits meurtres ». Destinée à renouveler la fac- rale américaine et d’y voir une Suédois. Vous savez qui d’autre, en lique ?). Comment Meredith, bouchée, écrit Proust, et le mot mort ture classique des albums de BD policière, cette collection propose des his- sorte de fresque historique ra- plus de Sir Walter et de mes deux « Merry », est devenue, à seize perdait son sens. ” Alors je mangeai toires complètes à la pagination variable, en noir et blanc. Chaque album contant la vie – « très simple et très fils ? William Shakespeare (...) Le ans, une pasionaria gauchiste, op- avec avidité, je m’empiffrai, refu- associe un écrivain de polars (Jerome Charyn, José-Louis Bocquet, Jean- banale, et par conséquent formi- plus célèbre auteur de l’histoire. » posante à la guerre du Vietnam sant de mettre le moindre frein à Bernard Pouy, etc.) à un dessinateur choisi en fonction de l’éclairage spéci- dable, l’étoffe même de l’Amé- Celui qui sait donner la plus par- jusqu’à poser des bombes et à tuer cette fringale de graisse saturée, fique qu’il peut apporter au scénario. Jonction de deux littératures aux re- rique » – de Seymour Levov dit Le faite version des tragédies. plusieurs personnes. Comment mais sans connaître un seul instant lents sulfureux – la BD et le polar –, les œuvres éditées par Le Masque réin- Suédois, juif de Newark dans le Après une trilogie autobiogra- Seymour a retrouvé Meredith et la grâce de Marcel. » ventent le genre, en soignant à la fois l’écriture et le trait, l’ombre et la New Jersey (la ville où Roth est né phie (Les Faits, Tromperie, Patri- s’est mis à la voir en cachette. La mort, et le « désir − désespéré, lumière. En apportant aussi un soin particulier à la traduction. C’est le cas de en 1933 et a grandi), blond, beau, moine), Roth a écrit son texte le Comment il s’est marié une se- on le comprend, chez ceux qui vieil- Madame Lambert, pour lequel Jeanne Guyon a réussi à rendre le ton parti- grand, « le meilleur équivalent d’un plus périlleux et peut-être le plus conde fois, a eu trois garçons lissent − de lui faire échec, de lui ré- culier de Charyn. Le Masque s’est aussi lancé dans la découverte et la publi- goy que nous aurions jamais ». fort, Opération Shylock, où il s’af- (Merry, elle, est morte). Comment sister, de recourir à tous les subter- cation bandes dessinées policières internationales, notamment israélienne, Ce récit de l’existence lisse – puis frontait à un véritable double, non il a de nouveau rencontré Zucker- fuges qui permettent d’éviter comme avec son label « Atmosphères » (éd. du Masque, « Petits meurtres », 54 p., tragique, quand sa fille devient ter- plus nommé Nathan Zuckerman man, deux mois avant de mourir la peste de la voir clairement » sont 63 F [9,60 ¤]). ou Tarnopol, mais Philip Roth. d’un cancer de la prostate, à près le sujet caché de ce livre, comme Jouer avec sa propre identité pour de soixante-dix ans. du précédent, Le Théâtre de Sab- prouver sa puissance romanesque Il faut aussi lire Pastorale améri- bath. A la descente aux enfers de était un pari inouï. Risqué aussi : caine comme le roman d’un Mickey, avec ses obsessions, sa que faire quand on l’a réussi ? Roth double échec: celui d’une relation rage, son angoisse de vivre, ré- a entrepris une sorte de trilogie père-fille (Levov se souviendra pond l’apprentissage par Le Sué- historique : Le Théâtre de Sabbath, avec culpabilité du jour où il a em- dois de « la plus terrible leçon de la Pastorale américaine (titre à ne pas brassé sa petite fille, qui, avec le vie, à savoir qu’elle n’a pas de lire au premier degré) et I Married bégaiement qu’elle tentait de sens ». Si Nathan Zuckerman a rê- a Communist (« J’ai épousé un combattre en vain, lui demandait vé une « chronique réaliste », Phi- communiste », pas encore traduit un baiser sur la bouche, comme lip Roth, en tentant de donner sa- en français) : les Etats-Unis et leurs avec mammm...man) et celui du tisfaction à son double, a quand soubresauts, de la deuxième mariage d’un juif avec une catho- même, et c’est heureux, écrit un guerre mondiale aux années 80, lique. Echec programmé, comme le roman de Roth, à multiples en- à travers des destinées indivi- montre l’interrogatoire (imprimé trées, paradoxal et sarcastique, duelles. Le destin du Suédois n’est en lettres capitales) que fait subir dramatique, comique, tragique. pas séparable de celui de Nathan Lou Levov, le père du Suédois, à Magnifiquement équivoque. LeMonde Job: WIV1699--0008-0 WAS LIV1699-8 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 19:26 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0048 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 la chronique

de Roger-Pol Droit b

LES ORIGINES Comment les héros moins sensible, souligne Nicole Lo- DE LA PENSÉE EUROPÉENNE raux, à cette constante de la tragé- sur le corps, l’esprit, d’Homère voyaient-ils die. Ainsi, lorsque Sartre adapta, l’âme, le monde, en 1965, Les Troyennes d’Euripide L’intérieur des anciens Grecs pour Georges Wilson, au TNP, il en le temps et le destin la vie ? Peut-on (The Origins modifia radicalement le sens, selon of European Thought) reconstituer leurs Nicole Loraux. Attentif à la logique de Richard Broxton Onians. de l’émancipation, Sartre gomme Traduit de l’anglais représentations du corps, la part du deuil. Notre temps est par Barbara Cassin, mieux accoutumé au pire. Sensible Armelle Debru, Michel Narcy. de la pensée, du destin ? au retour des horreurs, il peut à Seuil, 698 p., 245 F (37,35 ¤). nouveau percevoir dans la tragédie Plus tard, chez la conviction durable du temps LA VOIX ENDEUILLÉE (aiôn, le temps de l’existence, le Essai sur la tragédie grecque les classiques, le rôle « toujours » de la force vitale) et de Nicole Loraux. du cri sans phrase (aiaî, le pleur du Gallimard, « NRF-Essais », de la tragédie fut-il chœur, la plainte « condensant en 188 p., 95 F (14,48 ¤). elle tout le registre expressif de la seulement politique ? douleur »). Nicole Loraux souligne très fine- Considérations proches ment ces variations. Elle éclaire out entier dans le regard surtout l’ambiguïté du fait théâtral, des autres. Pas d’intros- du présent aux confins du politique et de l’af- T pection, nulle conscience fectif. Parce qu’on a mille fois sou- intime. En lutte, relevant ligné la dimension politique des des défis, recevant des honneurs, sée, l’agencement intérieur des vis- tragiques grecs, – la grande hellé- insoucieux pourtant de s’interroger cères, les rôles attribués aux or- niste a raison de rappeler que «le sur soi. Sensible au blâme ou à ganes et, surtout, d’un point de vue théâtre de Dionysos n’est pas sur l’éloge, mais indifférent aux plus général, les croyances rela- l’Agora », c’est-à-dire que « la tra- miasmes de la culpabilité, étranger tives à la vie et à la mort. Le grand gédie n’est pas seulement poli- aux remords. Ainsi vécut, dit-on, érudit britannique Richard Brox- tique ». Référence civique, la tragé- l’homme grec de la période clas- ton Onians, né en 1899 et mort en die ravive aussi ce qui résiste à la sique. Telle est l’image qu’on peut 1988, a consacré son existence à mainmise de la cité : la peine sin- retenir, en schématisant beaucoup, rassembler insatiablement tous les gulière, la fibre humaine, la perte des travaux de Jean-Pierre Ver- indices disponibles. Il les a disposés de l’existence. En bouleversant le nant. Un fâcheux contresens serait en une fresque impressionnante spectateur, elle le porte à « dépas- de croire, si l’on simplifiait exces- dans son livre sur Les Origines de la ser son appartenance à la commu- sivement, que les Grecs anciens pensée européenne. Ce volume – nauté civique pour saisir son appar- furent dépourvus de toute vie inté- paru pour la première fois en 1951, collectionne méticuleusement les Comme on le voit, l’enquête me- vertébrale, préservée par la boîte tenance, plus essentielle encore, à la rieure. Ce serait manifestement augmenté, remanié, devenu une moindres tournures de phrases de née sur des points de vocabulaire crânienne, repérable également race des mortels ». une absurdité. En effet, on ne sau- référence majeure – est enfin tra- L’Iliade et de L’Odyssée ! A partir débouche sur des résultats d’une dans les genoux, sans compter des Aussi le théâtre donnait-il peut- rait confondre l’intériorité de la duit en français, presque un demi- d’une poussière d’indications tout autre dimension. Ce que tente relations subtiles entre le filage, la être aux Grecs un « intérieur » – conscience chrétienne – ses plis, siècle plus tard ! Au premier abord, éparses, il commence par rectifier de reconstituer Onians, avec un représentation du temps et celle du paradoxal et intermittent, autre- ses galeries, ses portes dérobées, il ne cherche pas à élaborer de des erreurs tenaces. Phrénès ne luxe infini d’exemples et de cita- destin. Ce qui étonne le plus, en fin ment construit et réparti que le qui naissent grosso modo avec saint vastes perspectives. Ce travail peut être que les poumons et thu- tions, c’est la « pensée première » de compte, c’est moins l’étrangeté nôtre. Est-ce simplement par Augustin – et le sentiment interne pourrait même donner l’impres- mos est plus riche que notre des guerriers grecs antiques. de ces conceptions que la percep- curiosité historienne que nous de soi que possédaient à leur ma- sion de ne s’intéresser qu’à des su- souffle : le terme désigne une va- Et même des Indo-Européens. tion fugace, à tel détour du texte, avons à présent à nous en préoc- nière les contemporains d’Homère jets microscopiques, estimables, peur humide, capable de s’assécher De proche en proche, en effet, de leur aspect familier, de leur per- cuper ? Nous avons, semble-t-il, de comme ceux de Périclès. Mais mais somme toute peu exaltants : comme de s’agiter, qui constitue la l’érudit dessine l’arrière-plan ar- sistance à bas bruit dans nos vies moins en moins d’intériorité. Cou- quelle était cette « manière » ? que signifie exactement le terme vie même de l’individu, sa capacité chaïque des croyances partagées modernes, apparemment si éloi- rant d’écran en écran, traversés de Comment s’agençaient exactement grec phrénès ? A-t-on raison raison d’agir, de vouloir et de sentir. Ce par plusieurs peuples ancêtres des gnées d’Homère. flux d’informations multiples, as- leurs représentations d’eux- de le traduire par « estomac » ou n’est donc pas un hasard si les Européens. Les résultats sont assez La tragédie n’existe chez les saillis d’images, de messages, de mêmes, du fonctionnement de l’es- par « diaphragme », comme on le termes classiques désignant la ré- déconcertants. Parmi ces convic- Grecs que plus tard, mais elle offre sollicitations sans nombre, de ma- prit, de la constitution du corps, du fait généralement ? Comment flexion (phroneïn, phronèsis) sont tions très antiques reconstruites au lecteur d’aujourd’hui un mé- traquages de toutes sortes, nous ne cours de l’existence ? Dès qu’on comprendre thumos, rendu le plus formés à partir de phrénès, les pou- par touches successives, on lange assez comparable d’actuel et savons sans doute plus, de la formule ces interrogations, la si- souvent par « cœur », « ardeur », mons. « C’est avec son thumos et constate non seulement l’existence d’inactuel. Demeure intemporel, même façon qu’autrefois, ce que tuation se complique. souvent « courage », et quelque- ses phrénès, soit – si notre interpré- d’une pensée-souffle humide, qui en un sens, le centre même du tra- peut signifier une « vie inté- Seule une enquête très minu- fois par « souffle » ? tation est juste – avec le souffle de se tient dans les poumons et se gique : évocation de la douleur, rieure ». Raison de plus pour cher- tieuse peut permettre d’entrevoir Onians reste volontairement au son âme et ses poumons, qu’un confond en partie avec les mots, rencontre répétée du deuil, ineffa- cher à comprendre comment, dans ce que furent, pour les guerriers ras des textes. Il les scrute à la homme pense et connaît tout autant mais aussi la présence d’une se- çable plainte. Mais l’actualité de des temps très lointains, il arrivait d’Agamemnon, le siège de la pen- loupe, ne perd pas un exemple, qu’il sent », souligne Onians. mence de vie lovée dans la colonne chaque époque la rend plus ou qu’on en constituât une.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Augustin ou une vie de passion Pharaon que de nom De ses jeunes années « hérétiques » à la crise pélagienne particulièrement mise en lumière, Un portrait épuré de Toutankhamon : Serge Lancel retrace le parcours du célèbre évêque d’Hippone sa célébrité tient plus à sa tombe qu’à son règne

SAINT AUGUSTIN cain, gente Afer, l’évêque manichéen été représentée par les courants hé- sier épistolaire permet ainsi de raon ou de l’histoire de la de Serge Lancel. Faustus, « un indigène » numide de térodoxes qui l’ont parcourue jus- suivre ce drame qui ébranla toute TOUTANKHAMON XVIIIe dynastie ? Car, comme le Fayard, 796 p., 180 F (27,44 ¤). Madaure (C. Faust, I, 2). qu’à sa disparition, plutôt que par l’Afrique dès le début du IVe siècle et Le pharaon retrouvé souligne Patricia Rigault, Le panégyrique en l’honneur de l’orthodoxie officielle de la Catholica. qui ne s’achèvera pas avec la fa- de Patricia Rigault. « quelle part réelle prit Toutankh Monique ne doit pas faire oublier La rencontre avec Faustus, atten- meuse conférence de 411 tranchant Ed. Liana Levi, « Curriculum », aton aton aton [futur Toutankha- ans l’épais palmarès des son attitude assez odieuse, à Cassi- du des années durant par Augustin, en faveur de la Grande Eglise. 118 p., 78 F (11,89 ¤). mon], âgé de onze ou douze ans, « vies de saints », Augus- ciacum, quand elle entreprit de faire ne prit pas fin à l’avantage de ce der- L’amoureux de l’Afrique notera dans ces importantes décisions ? » tin d’Hippone occupe renvoyer vers son Afrique la nier. En effet, l’évêque manichéen avec plaisir les brèves évocations de Bien faible, sans aucun doute. D compagne de son fils. Cette jeune eut tôt fait de voir que le dévoué Au- Djemila et de Timgad sous la neige Mais peut-on le reprocher à un une place dont il se fut rotégé par la médiocrité bien dispensé. Il supporte en effet femme, de modeste origine, était de- diteur, qui voulait comparer les cal- de janvier, des mirages surgissant du de sa sépulture autant pharaon arrivé au pouvoir à neuf des bibliothèques entières d’ou- venue indésirable aux yeux de la culs des astronomes, les mathemati- Chott el-Hodna, et il suivra la pro- que par l’obscurité de ou dix ans et mort entre dix-huit mère qui destinait son fils à un beau ci, aux images de la cosmogonie menade à Tipasa à travers les ar- P et vingt ? Sans doute le pouvoir vrages, et on a pu dire, sans sévérité son règne, Toutankha- excessive, que la plupart sont mé- parti pour une brillante carrière. De- manichéenne, n’avait pas compris moises, « dans cette terre si charnelle- mon doit sa célébrité au hasard : mûrit prématurément, et le diocres. Mais, pour célébrer le grand puis près de seize ans, la mère que les calculs rationnels des uns ment fascinante pour les vivants », celui qui a voulu que sa tombe jeune pharaon a pu conduire évêque africain, il y a aussi de bons d’Adéodat avait suivi Augustin, et étaient sans rapport avec l’enseigne- avec ces quelques mots de Camus reste inviolée durant plus de quelques expéditions vers la fin et même d’excellents livres. Le Saint celui-ci pourra d’ailleurs écrire, non ment du mythe. sur une simple stèle : « Je comprends trois mille ans et offre ainsi aux de son règne (le mobilier por- Augustin de Serge Lancel est de sans quelque fierté, « en ces années- Sur cette polémique contre la ici ce qu’on appelle gloire : le droit archéologues l’une des plus table de sa tente peut être lié à ceux-là. C’est une importante syn- là, j’avais une femme, et je lui gardais secte qui s’étendit sur près d’une d’aimer sans mesure. » spectaculaires découvertes du ses campagnes), mais il n’eut thèse – avec notes, chronologie, bi- la fidélité du lit » (Conf. 4, 2). Après vingtaine d’années, Serge Lancel a La troisième partie de l’ouvrage siècle. sans doute aucune influence sur bliographie et index, au total près de son départ forcé, il ajoute encore : raison d’écrire que les amateurs s’ouvre sur une pénétrante analyse Comme il se doit, la légende les décisions essentielles, celles 800 pages – destinée à un large pu- « Mon cœur, où elle adhérait, fut dé- d’ironie corrosive trouveront leur de la crise pélagienne. Mais, alors s’en empara aussitôt, et la « ma- qui mettaient fin à la révolution blic, mais dont des érudits sauront chiré et blessé et il portait une traînée compte dans le premier traité d’Au- que l’évêque menait enfin à terme lédiction » du pharaon n’a pas fi- amarnienne. Comment douter aussi tirer profit. de sang... » (Conf., 6, 25). Qui pour- gustin Sur les mœurs des manichéens. ses grands traités Sur la Trinité et la ni d’alimenter la littérature de que Ay, le « père divin », ou le Dans son avant-propos, l’auteur rait assurer que cette Africaine, qui Mais plus tard, accusé par des ad- Cité de Dieu, il allait avoir à suppor- gare. Sur ce point, comme sur général Horemheb, ses deux suc- estime que le jeune Augustin s’est avait voué sa vie à son compagnon, versaires d’être demeuré un suppôt ter personnellement cette crise. Ju- bien d’autres, Patricia Rigault cesseurs sur le trône d’Egypte, un peu trop attardé dans la « voie de n’a pas joué un rôle, peut-être de Mani, l’évêque d’Hippone aura lien d’Eclane, disciple de Pélage, ne met les choses au net avec ont conduit la réalité de la poli- garage » du manichéisme. On peut alors du mal à se défendre ménageait pas ses sarcasmes, ac- précision et autorité. Et pose tique de l’Egypte, probablement toutefois, sans faire du paradoxe, se François Decret des turpitudes, dénoncées cusant Augustin d’être demeuré du même coup, en pleine en fonction des intérêts des di- demander si ce circuit par l’« héré- par le pamphlet et dont on « prisonnier du lupanar de Mani ». conscience, les limites d’un vers groupes qui comptent au- sie » n’a pas été salutaire pour celui même décisif, dans sa grande aven- le chargera à son tour. L’ancien Auditeur ayant insinué que genre en plein essor jusque chez tour du roi, la famille royale, les qui allait devenir le plus grand théo- ture humaine et spirituelle ? Les controverses menées à Hip- l’« eucharistie » manichéenne pour- les historiens les plus hostiles à prêtres, les troupes ? Du coup, la logien de l’Eglise catholique. En ef- Peut-on parler du « piège de la pone face aux manichéens Fortuna- rait consister en pratiques infa- la personnalisation de l’Histoire. biographie du pharaon le plus fet, dans ses multiples polémiques christologie manichéenne » ? Certes, tus et Felix n’ont pas été ces succès mantes entre religieux, le pélagien Car, enfin, que sait-on de Tou- célèbre après Ramsès II se réduit avec la secte, il n’adressa jamais au- c’est bien ainsi que l’ancien Auditeur dont parle l’hagiographie tradition- accusait alors l’évêque d’avoir été tankhamon ? Patricia Rigault, à peu de chose. cune critique à l’encontre de cette plaidera pour justifier ses « chemine- nelle, mais des joutes parfois diffi- lui-même initié à ces « sacrements sans le dire expressément, ré- Ce petit format lui convenait spiritualité mystique à laquelle il ments dans l’erreur ». Mais Augustin ciles pour celui-là même qui avait innommables ». pond : « rien », ou si peu... On particulièrement bien, et on lit avait été initié. Il trouva dans le mes- n’est pas resté de sa dix-huitième à convoqué devant sa chaire les « hé- En ce printemps de l’année 430, ignore qui sont ses parents, bien avec un grand plaisir ce portrait sage de l’hérésiarque perse une doc- sa vingt-neuvième année dans la rétiques » justiciables des édits im- alors que les Vandales assiégeaient qu’Aménophis IV ait les meil- épuré, cette esquisse biogra- trine, utopique peut-être, une secte, avec de longues périodes de périaux. En fait, les victoires d’Au- Hippone, dans la lassitude des der- leures chances d’être son père phique qui nous donne à voir le « fable » comme il la qualifiera plus prosélytisme militant – quand il gustin furent incertaines et niers mois de sa vie, cet interminable (mais l’identité de sa mère reste jeune pharaon entouré de ses tard, mais exaltante et grandiose, chargeait furiosissime, dit-il lui- décevantes. Pour écraser la secte, il et brutal combat qu’il devait soute- conjecturale), comment il arriva jouets et de ses vêtements d’en- bien faite, dit-il, pour fasciner «une même, les ouailles catholiques –, faudra des tribunaux et des condam- nir s’achevait en tragédie. Augustin, sur le trône et comment il mou- fant, de ses armes d’adolescent, âme de jeune, passionné pour la véri- sans que ces années, les plus belles nations. immense et génial écrivain, légua à rut au bout de dix ans de règne. de ses bijoux royaux, tous ac- té... et plein de mépris pour ces contes d’une vie d’homme, l’aient profon- On lira avec un intérêt particulier la postérité plus d’une centaine Mais le règne inaugure des bou- cumulés dans sa tombe, témoin de vieilles femmes » qu’on débitait dément marqué. les belles pages de Lancel sur les d’ouvrages. Mais, dit son biographe leversements essentiels. d’une brève vie de luxe et de dans l’Eglise officielle. S’inscrivant dans la ligne ortho- Confessions, « livre majeur de saint Possidius, « ceux qui ont le plus profi- Après la révolution d’Améno- loisirs tandis que d’autres Faut-il revenir aux questions déjà doxe d’Henri-Irénée Marrou, Serge Augustin... aisément accessible à tous té de lui sont surtout ceux qui avaient phis IV - Akhénaton, abandon- conduisaient la politique de si débattues sur le « berbérisme » Lancel n’a guère de sympathie pour les lecteurs, à tous ceux du moins qui connu de près sa manière de vivre ». nant Thèbes pour Akhétaton, le l’Egypte. d’Augustin ? A se demander si Au- les hérétiques ni pour les schisma- ont du goût pour les grandes aven- règne de Toutankhamon (1336- C’est le grand mérite de Patri- gustin était de « sang berbère », on tiques. Or schismes et hérésies ont tures humaines ». ૽ Signalons la réédition d’un texte 1326) marque la restauration du cia Rigault que de refuser l’exal- passe bien vite du fond ethnique à tellement marqué l’aventure du Les chapitres sur le donatisme d’Etienne Gilson, datant de 1947, Philo- culte d’Amon-Rê, l’abandon de tation de l’enfant-roi, de le cré- une vision raciale. Notons ici qu’Au- christianisme en Berbérie qu’on peut présentent un développement très sophie et incarnation selon saint Augus- l’éphémère capitale Akhétaton diter des réussites comme des gustin se prévalait simplement d’être se demander si, dans cette chrétienté précis de ce puissant mouvement re- tin, préfacé par Marie-Anne Vannier pour Thèbes ou Memphis. Etape échecs d’un règne qui n’est le un Afer, un Africain (Ep. 14, 4), de fort ancienne et profondément im- ligieux et social, avec la jacquerie des (éd. Ad Solem, 8, cours des Bastions, décisive, certes, mais relève- sien que de nom. même qu’il présentait comme Afri- plantée, la véritable tradition n’a pas circoncellions. L’exploitation du dos- Ch-1205 Genève, 144 p., 110 F). t-elle de la biographie du pha- Maurice Sartre LeMonde Job: WIV1699--0009-0 WAS LIV1699-9 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 18:28 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0049 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / IX b Le philosophe, le juge et l’historien La société libérale ne rêve que d’une chose : remplacer la politique par le « règne des juges ». Philosophe et militant révolutionnaire, Daniel Bensaïd proteste

QUI EST LE JUGE ? juste titre, l’idée selon laquelle la Qu’on nous berce à longueur de volontaires de Hitler ? Et pourquoi de Daniel Bensaïd. pensée de Marx, loin de se réduire journée de l’illusion du consen- déclarer que le procès fait au na- Fayard, 286 p., à une théorie du déterminisme sus. Et que nous finissons par ne zisme (ou à ses collaborateurs) ne 120 F (18,29 ¤). économique, demeure un outil es- plus savoir, ni que nous sommes serait pas plus justifié, finalement, sentiel pour penser nos pro- en guerre, ni de quel côté nous que le procès fait au communisme ÉLOGE DE LA RÉSISTANCE blèmes d’aujourd’hui, Daniel Ben- combattons. Soit. Mais, si peu (abusivement confondu, par ses À L’AIR DU TEMPS saïd ne propose pas pour autant d’époques ont été aussi « dépoli- ennemis, avec le stalinisme) ? de Daniel Bensaïd. d’en revenir aux thèses du Capital, tisées » que la nôtre, faut-il repro- Bensaïd déploie, sur cette der- Entretien avec Philippe Petit. ni même à celles de Trotski. Nour- cher aux juges de contribuer à nière question, une dialectique re- Ed. Textuel, 126 p., rie d’une solide expérience des cette « dépolitisation », alors que doutable, mais dont chaque mail- 79 F (12,04 ¤). évolutions sociales les plus ré- nombre d’entre eux pèchent par lon pourrait être contesté pied à centes, sa propre démarche le excès, plutôt que par défaut, de pied. Le procès intenté à Maurice ésister à l’air du temps : conduirait plutôt à réhabiliter le sensibilité politique ? Le pouvoir Papon, pour complicité de crimes cette belle formule, qui politique en tant que tel, sous judiciaire ne mériterait-il donc contre l’humanité, l’a, en parti- donne son titre au livre toutes ses formes. Qu’il s’agisse plus de constituer, avec le législa- culier, fort agacé. Donne-t-il ce- R de participer, par le vote, au jeu tif et l’exécutif, l’un des trois prin- d’entretiens qu’il vient pendant, à cette réaction néga- de réaliser avec Philippe Petit, ré- parlementaire, ou bien de s’oppo- cipaux acteurs du théâtre démo- tive, de bonnes raisons ? sume bien, en effet, le parcours de ser, par la grève, aux menaces qui cratique ? Celles qui sont avancées dans Daniel Bensaïd. Communiste et pèsent sur les droits des travail- Les tribunaux humains, il est son livre sont loin d’emporter révolutionnaire, cet universitaire leurs et des exclus, tout acte pro- vrai, sont faillibles. Bensaïd, là l’adhésion. Les faits étaient trop atypique a toujours été un dis- prement politique est salutaire car non plus, n’a pas tort de mettre le anciens ? Certes, mais les témoins sident. Très tôt (c’était en 1965, il il est propre à enrayer le fonction- doigt sur quelques « erreurs judi- survivants étaient nombreux. Pa- n’avait pas vingt ans), il a eu la nement de la machine d’oppres- ciaires » récentes, sur quelques pon ne fut qu’un rouage ? Evi- chance de se faire exclure du Parti sion. tristes « bavures » de la « concep- demment, mais c’est précisément communiste. « Je ne le regrette tion policière de l’histoire ». Non, pour cette raison qu’il aurait pu pas », dit-il aujourd’hui. « Cela UNE ÉPOQUE DÉPOLITISÉE ce n’était pas une bonne idée d’in- dire non, ou faire semblant m’a fait gagner trente ans de liberté C’est pour la même raison – ré- viter les époux Aubrac, torturés − comme d’autres − de partir en d’action et de pensée. » Trente ans habiliter le politique − que Ben- par leurs trous de mémoire, à vacances. La notion de « crime pendant lesquels, tout en militant saïd vient de s’en prendre, dans comparaître devant un « jury » contre l’humanité » et celle à la Ligue communiste révolution- un autre livre, au « règne des d’historiens qui se sont sentis d’« imprescriptibilité » sont des naire, il n’a pas cessé de réfléchir juges ». Les magistrats, affirme-t- obligés, ce jour-là, de se transfor- bizarreries juridiques ? Sans aux rapports de la philosophie et il en substance, se trompent lors- mer en procureurs. Non, les ma- doute. Mais Cesare Beccaria, il y a de la politique : car, s’il se refuse à qu’ils s’efforcent d’appliquer, à cabres statistiques du Livre noir du deux siècles, défendait déjà l’im- déclarer qu’il n’y a rien au-delà de des réalités historiques, par na- communisme (Stéphane Courtois) prescriptibilité pour les crimes les l’action, Daniel Bensaïd n’en est ture opaques et conflictuelles, des ne reposent sur aucune définition plus monstrueux. Et c’est grâce à pas moins de ceux qui croient que critères juridiques ou moraux, pu- précise du concept de « victime », des « bizarreries » de ce genre la fonction de la pensée est de rement formels et, dans le meil- ni de celui de communisme. Non, que le droit, petit à petit, pro- descendre sur la place publique. leur des cas, inutilisables. De Le Passé d’une illusion (François gresse, chaque procès créant un « Agitateur politique en philoso- même, les historiens qui pré- Furet) n’est pas un livre sérieux, nouveau « précédent », chaque phie » : c’est ainsi, dit-il encore en tendent porter, sur les événe- mais l’archive pathétique d’un « précédent » rendant un peu plus reprenant les mots d’Althusser, ments de leur siècle, des juge- sombre règlement de comptes difficile la vie des criminels qu’il aimerait se voir défini. ments sans appel trahissent leur entre un ex-stalinien et son futurs. Au-delà de l’autobiographie in- véritable mission. Les uns comme propre passé. Non, les pseudo- Songeons, l’espace d’une mi- tellectuelle, Eloge de la résistance les autres participent, en fait, historiens « révisionnistes » alle- nute, à l’excellent Pinochet. Il ne à l’air du temps peut donc se lire d’une tendance « lourde » de mands, Nolte en tête, ne méritent risque pas grand-chose, au fond. aussi comme une sorte d’intro- notre époque : la tendance à éva- pas autre chose qu’une réfutation Et le plus probable est qu’il ne se duction à la « philosophie poli- cuer les luttes réelles au profit des en règle − et Bensaïd doit être, ici, passera rien. Mais le seul fait qu’il tique ». Une introduction qui irait débats du prétoire. Bref, à substi- déclaré vainqueur aux points. puisse connaître, durant quelques à contre-courant du néolibéra- tuer le « judiciaire » au « poli- Mais pourquoi aligner, sur les nuits, des moments d’insomnie lisme pur et dur aussi bien que du tique ». médiocres tentatives apologé- est, en soi, une bonne nouvelle. nationalisme « républicain » cher Cette dernière thèse, Daniel tiques de Nolte, un travail solide- Qui sait ? Son exemple pourrait à MM. Chevènement et Pasqua – Bensaïd n’a aucune peine à l’argu- ment documenté (même s’il est rendre un peu moins attrayant, à dont il partage néanmoins les menter. Il est indéniable que nous quelquefois excessif et souvent l’avenir, le dur métier de dictateur. convictions antieuropéennes et vivons, comme il le dit, des temps mal écrit) comme le livre de Da- Faut-il s’en plaindre ? anti-OTAN. Même s’il défend, à de « contre-réforme libérale ». niel J. Goldhagen, Les Bourreaux Christian Delacampagne

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le témoin muet de la Gorgone Médicaments Que signifie témoigner de la Shoah ? Des lacunes trouent le discours. de l’esprit Giorgio Agamben interroge ce « reste » qui travaille toute mémoire

gral » qui vécut l’horreur. C’est en ce sont eux, les “musulmans”, les en- CE QUI RESTE D’AUSCHWITZ son pauvre nom que la parole, gloutis, les témoins intégraux, ceux PUISSANCE DES Homo Sacer III jusque dans son impuissance, reste dont la déposition aurait eu une si- PSYCHOTROPES, (Quel che resta di Auschwitz) à dire. gnification générale. Eux sont la POUVOIR DES PATIENTS de Giorgio Agamben. Ici, la religion de l’indicible n’a règle, nous, l’exception. » Cette de Philippe Pignarre. Traduit de l’italien évidemment pas sa place. Agam- règle, sur laquelle Auschwitz a été PUF, 148 p., 118 F (17,98 ¤). par Pierre Alferi, ben l’affirme avec force : l’indicible imaginé et édifié, c’est la mort, Rivages, 234 p., 120 F (18,29 ¤). ne doit en aucun cas devenir le der- d’où « la honte inouïe des rescapés diteur dynamique, Phi- nier mot de l’histoire, une sorte de devant les engloutis ». On doit dès lippe Pignarre est égale- ontre l’impossible : c’est tabernacle devant lequel il faudrait lors formuler le paradoxe qui ment historien, chargé ainsi que se sont consti- s’incliner. Parce qu’alors Hurbinek, conduit à une terrible aporie : nul E de cours à l’université C tués les témoignages sur balbutiant sa « non-langue », conti- ne peut être un témoin fidèle s’il Paris-VIII, où il s’est spécialisé dans la Shoah. C’est ainsi nuerait de mourir, dans un silence n’est mort. l’étude de ces fameux médica- qu’ils se sont alignés dans une bi- devenu – piètre consolation ! – reli- Derrière le survivant qui raconte ments de l’esprit – ou psycho- bliothèque informelle pour dire, gieux. Le témoignage, comme le et décrit, il y a donc un autre té- tropes –, destinés à soigner l’en- selon des expériences diverses, une souligne Agamben, se constitue moin, tué ou rendu muet par la vi- semble des maladies psychiques. séquence de l’histoire qu’un seul précisément dans la « relation entre sion de la Gorgone. Un homme, Pour ce troisième ouvrage, il ana- nom, Auschwitz, résume et symbo- impossibilité et possibilité de dire ». même s’il en a perdu l’apparence et lyse avec subtilité les transforma- lise (1). Impossible ? Tous les té- De même, il est nécessaire de le langage, comme les clochards tions induites par ces substances moins ont assorti, explicitement ou « s’attarder » sur le « décalage » parisiens recontrés par le Malte de chimiques dans la personnalité des non, leurs paroles d’une réserve : « entre la volonté de comprendre Rilke. Un homme, lacunaire pour sujets. Il montre notamment que non, tout ne peut être dit ; les mots trop et trop vite et le refus de ainsi dire, dont la désubjectivation leur usage permet à certains pa- ni (surtout) les images ne peuvent comprendre ». a été menée à bien, à son terme, au tients de se soustraire à toute contenir ce tout ; au-delà de l’hor- point de laisser accroire qu’ici l’hu- forme de cure par la parole, fondée reur, il y a une horreur plus grande « LE MUSULMAN » main s’arrête et que même la no- sur l’exploration de l’inconscient, que la parole est impuissante à ex- Agamben nomme une autre fi- tion d’« espèce » n’est plus apte à au profit d’une sorte d’échange primer ; là, on balbutie, on se tait ; gure, générique celle-là, du « té- l’accueillir. Entre ces deux témoins, contractuel et verbal qui passe par « ...c’est en fait inimaginable qu’on moin intégral » : « le musulman ». entre le vivant et le mort, « dans la connaissance du contenu et des puisse raconter exactement com- Ainsi appelait-on dans les camps, une zone d’indistinction où il n’est effets du traitement pharmacolo- ment nous avons vécu cette ces créatures parvenues au terme plus possible d’assigner la position gique. Ainsi un sujet peut-il refuser épreuve », écrit Zelman Lewental, de la résignation et du malheur, ap- du sujet », « le sans-parole fait par- de parler de son malaise à un mé- membre du Soderkommando partenant au « troisième règne, situé ler le parlant, et le parlant porte decin, auquel il dénie ainsi le droit d’Auschwitz. Et Robert Antelme : entre la vie et la mort ». « Le musul- dans sa parole même l’impossibilité d’accéder à son intimité, pour « A nous-mêmes, ce que nous avions man illustre le triomphe parfait sur de parler... ». mieux exiger de lui la prescription à dire commençait alors à nous pa- l’être humain. Bien qu’il soit encore Avec une grande clarté d’exposi- d’une drogue capable de soulager raître inimaginable. » Un « reste » en vie, c’est une silhouette sans tion et de raisonnement, sollicitant sa souffrance. Il existe donc un subsiste, dont le philosophe italien nom » (Wolfgang Sofsky). Pour beaucoup d’auteurs, témoins, écri- pouvoir des patients qui agit sur la Giorgio Agamben a fait le sujet l’auteur, ce « troisième règne » « est vains ou penseurs – Heidegger, puissance des psychotropes à tra- d’une méditation exemplaire de le fin mot du camp, de ce non-lieu Foucault, Arendt, Blanchot, Levi- vers une manipulation perverse de rigueur et de probité intellec- où les barrières entre les domaines nas... – Giorgio Agamben dé- la relation thérapeutique. tuelle (2). (éthique, politique, juridique, an- montre que ce « reste », cette «la- Dédiée à Edouard Zarifian, cette Primo Levi, dans La Trêve, parle thropologique, physiologique et cune » sont aussi les formes d’un étude se réclame de l’enseigne- d’un enfant de trois ans, que les dé- psychologique) s’effondrent ». devoir pour la pensée. Le plus ment de Gilles Deleuze. Sans portés avaient nommé Hurbinek, Il va articuler sa réflexion sur ces grave qui se puisse concevoir. doute gagnerait-elle en originalité et dont le langage était réduit à un lignes de Primo Levi : « Je le répète : Patrick Kéchichian si Philippe Pignarre parvenait à se mot incompréhensible : « mass- nous, les survivants, ne sommes pas dégager d’une inutile hostilité à la klo » ou « matisklo ». « Hurbinek, le les vrais témoins (...). Nous, les survi- (1) Voir le livre d’Annette Wieviorka, psychanalyse, qui encombre sa dé- sans-nom, dont le minuscule avant- vants, nous sommes une minorité L’Ere du témoin (Plon) (« Le Monde marche, et à se détacher de l’in- bras portait le tatouage d’Ausch- non seulement exiguë mais anor- des livres » du 4 décembre 1998). fluence qu’exercent sur lui les witz ; Hurbinek mourut les premiers male. Nous sommes ceux qui, grâce (2) Ce qui reste d’Auschwitz est le troi- thèses de certains des auteurs qu’il jours de mars 1945, libre mais non à la prévarication, l’habileté ou la sième volet d’une trilogie, Homo Sacer, aime et qu’il a choisi de publier racheté. Il ne reste rien de lui : il té- chance, n’ont pas touché le fond. dont le premier, sous-titré « Le Pou- dans sa collection des « Empê- moigne à travers mes paroles. » Té- Ceux qui l’ont fait, qui ont vu la Gor- voir souverain et la vie », avait paru au cheurs de penser en rond » (Syn- moin sans parole, Hurbinek est gone, ne sont pas revenus pour ra- Seuil (« Le Monde des livres » du thélabo). l’une des figures du témoin « inté- conter, ou sont revenus muets, mais 18 juillet 1997). Elisabeth Roudinesco LeMonde Job: WIV1699--0010-0 WAS LIV1699-10 Op.: XX Rev.: 22-04-99 T.: 08:15 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0050 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Afrique : souvenirs convenus

points : la franc-maçonnerie, la présidence de tout : « Plus décisif était le fait que cette coopé- MÉMOIRES D’AFRIQUE (1981-1998) l’UNEF et la présidence d’une université pari- rante était de la Nièvre, le département d’élection de Guy Penne. Entretiens sienne, qui lui avaient donné des contacts avec – dans tous les sens du terme – de François Mit- L’autre Adam Smith avec Claude Wauthier, les dirigeants africains. Si ces lettres de no- terrand. Vous connaissez les hommes politiques : Fayard, 394 p., 140 F (21,34 ¤). blesse n’avaient pas été suffisantes, l’amitié du leurs électeurs et leurs électrices sont des inter- nouveau président de la République aurait fait locuteurs privilégiés qu’ils croient volontiers sur THÉORIE a cellule africaine de l’Elysée est une lé- le reste. Guy Penne reste à la tête de la cellule parole. » Guy Penne avoue que le rappel de DES SENTIMENTS MORAUX gende. Sous de Gaulle et Pompidou, africaine de l’Elysée jusqu’à la première cohabi- l’ambassadeur dépendait du bon vouloir du d’Adam Smith. L elle s’identifiait à Jacques Foccart. Avec tation de 1986. Il repousse l’idée que le scandale président. Traduit et annoté l’arrivée de la gauche au pouvoir, elle du Carrefour du développement soit à l’origine Il n’en dira pas plus sur le rôle dans les Etats par Michaël Biziou, Claude Gautier devient le fief du dentiste de François Mitter- de son départ. Il prend la défense de Christian pétroliers africains, renvoyant à un rapport du et Jean-François Pradeau, rand et du fils du président de la République, Nucci qui a remplacé Jean-Pierre Cot à la Coo- Sénat sur le Congo, ou sur le génocide des Tut- PUF, 470 p., 178 F (27,13 ¤). Jean-Christophe, journaliste à l’AFP, où sa glo- pération et qui est accusé d’avoir profité de dé- sis au Rwanda et l’opération Turquoise. Au rieuse filiation bloque sa carrière. C’est en tous tournements de fonds publics. Pour Guy Penne, moins consent-il à reconnaître que des univer- es auteurs ne sont pas maîtres du choix que fait la postérité de leurs cas ce qu’explique Guy Penne dans ce livre l’affaire du Carrefour du développement té- sitaires, spécialistes de la région, « donnaient œuvres. Si Adam Smith se relevait de sa tombe, sans doute serait-il d’entretiens avec un spécialiste de l’Afrique, moigne d’une « complicité objective entre chira- des éclairages assez différents de ce que nous di- surpris du succès planétaire de la Richesse des nations, si énorme, en Claude Wauthier. Malgré sa connaissance in- quiens, giscardiens et rocardiens, qui ont cru que saient les télégrammes officiels : il ne fallait pas se L time du continent, celui-ci n’arrive pas à tirer le moment était venu de sonner l’hallali pour fier au calme apparent qui semblait régner ». vérité, qu’il a éclipsé les autres livres de l’Ecossais, telle, par exemple, cette Théorie des sentiments moraux pour laquelle il avait pourtant une pré- de son interlocuteur des informations inédites. abattre François Mitterrand, et qui se sont lour- Dans la région des Grands Lacs, au Congo ou dilection particulière. C’était son premier ouvrage et c’était un coup de Guy Penne est discret. Il s’abrite derrière les dement trompés » s’ils pensaient l’empêcher de au Tchad, Guy Penne estime que les dirigeants maître. Il le publia en 1759, à l’âge de trente-six ans, puis il fit paraître de son rapports que, devenu sénateur des Français de briguer un second mandat. français sont souvent guidés par le « complexe vivant cinq autres éditions, apportant à chaque fois des corrections et des l’étranger, il rédige pour son illustre maison, ou Guy Penne conte ses souvenirs sans em- de Fachoda », par la peur des intrigues anglo- ajouts. La dernière sera éditée en 1790, quelques mois avant sa mort. On ne derrière les publications de ses anciens col- phase, avec précision, brossant des portraits saxonnes sur le continent noir pour en évincer prend pas un tel soin d’une œuvre de jeunesse si on ne la considère pas lègues. sans surprise des chefs africains qu’il a côtoyés les Français ou au moins réduire leur influence. comme fondamentale et, de fait, elle l’est. La Richesse, publiée en 1776, n’at- Ainsi cite-t-il le livre de Jean-Pierre Cot qui se pendant cinq ans, proposant des analyses François Mitterrand était-il prisonnier du teint pas, malgré sa renommée, l’ampleur majestueuse de cette extraordi- réfère au devoir de réserve pour ne pas convenues et racontant des anecdotes. Il re- même complexe ? En partie seulement. Il naire théorie morale. s’étendre sur sa démission du ministère de la vient par exemple sur le limogeage de l’ambas- connaissait les vieux dirigeants africains pour On ne disposait, en France, que de trois traductions françaises, toutes pa- coopération, un an après la victoire de François sadeur à Niamey, Alain Pierret, qui aurait été les avoir côtoyés dans les Assemblées, voire rues entre 1764 et 1798. Celle que l’on trouve encore dans quelques recoins Mitterrand. Guy Penne n’y est pour rien, ni victime d’une confusion entre le et le Ni- dans les partis, de la IVe République. Quand il poussiéreux de bibliothèque parce qu’elle a été réimprimée est due à la mar- Jean-Christophe Mitterrand qui n’a jamais pris geria à la suite de la visite d’une mission parle- était dans l’opposition, le PS s’était permis des quise de Condorcet (1). Il convient donc de saluer par des bravi enthousiastes sa carte du PS, affirme Guy Penne, qui ne se mentaire. Guy Penne s’indigne qu’une telle prises de position en faveur de la démocratie la présentation qui nous est faite aujourd’hui de la méconnue Théorie des préoccupait pas des luttes de courant au sein confusion soit possible à l’Elysée ou au Quai qui mettaient le nouveau gouvernement de sentiments moraux. Dans leur introduction, Michaël Biziou, Claude Gautier et du parti et n’avait donc rien contre un repré- d’Orsay. « Il est tout aussi erroné d’imaginer que gauche à Paris en porte-à-faux. Les relations Jean-François Pradeau s’excusent d’être restés plus fidèles à la rugosité, aux sentant des rocardiens. Quant au conseiller les postes diplomatiques sont à la merci de parle- avec le Gabonais Omar Bongo, le Togolais répétitions et aux lourdeurs du style de Smith que ne l’avait été la plume élé- pour les affaires africaines, il ne s’occupait pas mentaires mécontents de l’accueil que leur a ré- Gnassingbé Eyadema, ou, dans un autre re- gante de la marquise. Qu’ils se rassurent ! La prose smithienne n’est pas fa- du « réseau d’amitiés » de son adjoint : servé l’ambassade », écrit l’ancien conseiller gistre, avec le Guinéen Sékou Touré, en té- cile, certes, mais ils en ont tiré le maximum dans un style beaucoup plus li- « C’étaient ses affaires personnelles, et elles n’ont pour les affaires africaines qui propose une ex- moignent, comme les effets contrastés du som- sible aujourd’hui que ne peut l’être une traduction datant du XVIIIe siècle. En jamais interféré dans la conduite de la politique plication toute aussi scandaleuse : une coopé- met franco-africain de La Baule en 1990. Les outre, ils ont accompagné leur traduction de nombreuses notes de bas de africaine. » rante aurait alerté Paris sur les amitiés giscar- dirigeants africains et les observateurs avaient page qui aident le lecteur à suivre le cheminement parfois tortueux de la pen- Quand Guy Penne fut nommé conseiller pour diennes de l’ambassadeur. Or le mari de cette cru comprendre, ravis ou effrayés, que la sée de Smith ou encore à la situer par rapport à ses prédécesseurs et contem- les affaires africaines, beaucoup s’interrogèrent coopérante, coopérant lui-même, était conseil- France ferait désormais de la démocratisation porains. Grand plagiaire, l’Ecossais ne citait pas souvent ses sources. Elles sur ses qualifications. La réponse tient en trois ler du président du Niger. Mais ce n’est pas une condition de son aide à l’Afrique. sont ici restituées avec beaucoup d’à-propos. Quant à l’indispensable index, il n’a qu’un seul défaut : tous ses chiffres sont faux ! Mais comme ils sont tous faussés de deux unités, le lecteur peut finalement s’y retrouver. Ainsi, la fa- POLITIQUE meuse « main invisible » apparaît sous une seule occurrence (comme dans la Sur les « décennies piteuses » Richesse) non pas à la page 259, mais à la page 257. Et ainsi de suite. Ne gâ- b par Thierry Bréhier chons pas notre plaisir. Les ouvrages rabâchés vous sortent littéralement ciale, culturelle de la France depuis 1975. La ry Giscard d’Estaing a accepté le principe Ouvrage de jeunesse, des yeux, deviennent proprement il- HISTOIRE DE LA FRANCE méthode a un revers : le pointillisme rend dif- d’une possible cohabitation, Mais, contraire- lisibles. Celui-là est comme neuf. Et des origines à nos jours ficile une appréhension d’ensemble. Surtout, ment à ce que pense l’auteur, le retour du pou- cette extraordinaire c’est un régal. sous la direction de Georges Duby. en s’en tenant, parfois, à un froid énoncé des voir de gouverner à l’hôtel Matignon n’est pas Il n’est évidemment pas facile de Larousse, « In Extenso », 1 258 p., faits, Jean-Michel Gaillard nous prive de mises forcément l’alpha et l’omega d’un progrès po- théorie morale est rendre compte de la Théorie en quel- 160 F (24,39 ¤). en perspective ; elles auraient, pourtant, été litique. D’ailleurs, il appuie son raisonnement ques lignes sans la caricaturer. Elle fort bien venues pour l’amorce de l’indépen- sur des rapprochements contestables : qu’y a- sans aucun doute repose sur le postulat que oucher à l’œuvre d’un maître fait dance de la justice, l’immigration, la corrup- t-il de commun entre l’apparente « cohabita- « l’homme ne peut subsister qu’en trembler tout historien. D’avance, tion, la résurgence de l’extrême droite, le dé- tion » entre François Mitterrand et Laurent Fa- le grand œuvre de l’auteur société ». Or, pour vivre en société, il pourtant, Georges Duby en accordait veloppement de la démocratie d’opinion. bius, voulue par le président de la République T Dater un changement qui n’émerge qu’au fil faut certains caractères. La Nature a le droit. Lorsqu’il avait présenté, en pour donner l’image d’un chef de l’Etat au- de la« Richesse des nations » donc « imprimé » (ce mot est répété 1972 dans Le Monde, la première édition de sa des ans comporte forcément une part d’arbi- dessus de la mêlée, et celle avec Jacques plusieurs fois) ces caractères dans le monumentale Histoire de la France, il avait traire. Retenir 1975 paraît d’autant plus Chirac que lui ont imposée les électeurs ? cœur, aujourd’hui on dirait dans les gènes, de l’homme. Nul besoin, donc, de souligné son intention d’intégrer « l’histoire curieux que l’auteur le justifie en s’appuyant Entre celle, sous surveillance, avec Michel Ro- supposer un contrat social souscrit par on ne sait quels fondateurs dans un immédiate » : chaque réédition devait obéir au sur deux évolutions fortes – la gestion de card, au cours de laquelle la majorité prenait temps très lointain. Ce que nous avons sous les yeux suffit : la société fonc- postulat d’origine en réactualisant les trois l’économie, la démocratisation des pratiques ses ordres à l’Elysée, et celle avec Edouard Bal- tionne, il s’agit de comprendre comment. derniers chapitres. Aujourd’hui, après son dé- institutionnelles – pour lesquelles il défend ladur, soutenu par une droite omniprésente à Le premier, le principal caractère, c’est la sympathie. Le terme ne doit pas cès, sa volonté est toujours respectée. Pour la des thèses aussi intéressantes que discutables. l’Assemblée nationale ? Quant à l’actuelle, il être compris dans son sens étymologique de « souffrir avec », mais comme sortie de l’ouvrage en édition de poche, un Certes, le premier choc pétrolier, celui de 1973, est encore bien trop tôt pour dire si elle in- la faculté que chacun a de se mettre, par l’imagination, au diapason des pas- chapitre entier a été ajouté pour couvrir le a contraint les « trente glorieuses » à céder la fluencera la pratique institutionnelle. « Ton- sions d’autrui, quelles qu’elles soient. Il arrive même que nous sentions pour dernier quart de siècle ; sa rédaction a été place aux « décennies piteuses », dont il dé- ton » a largement usé de la « monarchie répu- autrui une passion qu’il semble entièrement incapable d’éprouver lui-même. confiée à Jean-Michel Gaillard, un agrégé montre toutefois que si elles ont fortement ac- blicaine ». Jean-Michel Gaillard le reconnaît Ainsi sympathisons-nous avec les morts, souffrant à leur place de la froideur d’histoire qui, en qualité d’énarque, en a aussi cru les inégalités, fait réapparaître la pauvreté, volontiers, même si, comme il le détaille avec du caveau et du travail de la vermine. été un acteur, notamment en travaillant à condamné à mort la « classe ouvrière », elles raison, cela a permis l’émergence de contre- Mais cette sympathie peut connaître quelques dissonances. Quand les pas- l’Elysée à côté de François Mitterrand. n’ont pas empêché, loin s’en faut, la France de pouvoirs, par la décentralisation et la coupure sions d’autrui sont en accord avec les émotions sympathiques du spectateur, Son apport ne dépare pas les qualités de continuer à s’enrichir et de devenir une des du lien entre le gouvernement et l’audiovisuel elles apparaissent « convenables ». Dans le cas contraire, elles lui paraissent l’ensemble. Les consignes du maître ont été premières puissances économiques mon- public – encore que celle-ci ait mis bien du « injustes, inconvenantes et inadéquates aux causes qui les ont excitées ». De scrupuleusement respectées. Toujours dans Le diales. Mais le vrai basculement, explique lui- temps à devenir une réalité. toute façon, les émotions du spectateur risquent de « rester en deçà » de ce Monde, il avait expliqué que lorsque le passé même Jean-Michel Gaillard, eut lieu en 1983, L’historien de l’immédiat ne peut, faute de qui est ressenti par celui qui souffre ou qui jouit. Aussi bien la personne devient le presque-présent, l’essentiel est de quand un gouvernement socialiste mit fin à la recul, avoir la même objectivité que celui du concernée doit-elle affaiblir sa passion jusqu’à cette hauteur à partir de la- « fournir des données sûres, statistiques en ce social-démocratie colbertiste dans laquelle Moyen-Age. Il ne peut qu’apporter des faits et quelle le ou les spectateurs deviennent capables de l’accompagner dans sa qui concerne l’économie, factuelles en ce qui s’étaient complus tous les gouvernements de nourrir la réflexion pour aider, comme le disait souffrance ou dans sa joie. « Elle doit assourdir la stridence de son ton naturel concerne l’histoire des institutions, et presque un droite. Georges Duby, « à comprendre le présent ». pour réduire sa passion jusqu’à l’harmoniser et à l’accorder avec les émotions de catalogue de la production artistique en ce qui Faire du giscardisme le point de départ d’un Jean-Michel Gaillard en est un bon élève. Il ceux qui l’entourent », écrit Smith d’une plume pour une fois heureuse. Ainsi, concerne la culture ». Tout cela figure et per- fonctionnement démocratique des institutions trouve ainsi sa place dans une grande histoire tandis que le spectateur se met à la place de la personne concernée, celle-ci, à met, à la lecture de ce chapitre, de mesurer gaullistes ne paraît pas non plus évident. qui est autant « une » que diverse. Comme la son tour, prend la place du spectateur. Smith encore : « Et comme la passion l’extraordinaire mutation économique, so- Certes, à la veille des législatives de 1978, Valé- France. réfléchie que cette personne conçoit de cette manière est bien plus faible que la passion originelle, cela réduit nécessairement la violence de ce qu’elle ressentait avant (...) de considérer sa situation avec ce point de vue droit et impartial. » De SOCIETE ce jeu de miroirs qui se réfléchissent eux-mêmes naît ainsi le personnage du b par Michèle Aulagnon Noyée dans l’alcool spectateur impartial qui s’empare de notre conscience pour faire de chacun de nous des êtres sociaux. L’ambition que Smith manifeste dans cet ouvrage est considérable : il l’idée simple que si elle comprenait pourquoi elle Le monde n’est plus binaire. Il n’y a plus d’un cô- s’agit ni plus ni moins de bâtir une théorie capable d’englober tout ce qui a JUSQU’À PLUS SOIF buvait de façon si extravagante, elle n’en éprou- té les justes, les irréprochables, les sans-taches, et été écrit sur le même sujet depuis Platon et Aristote. Il est certain que l’acteur renaître de l’alcool verait plus le besoin, elle entreprend une psycha- de l’autre l’être désolant qu’elle est devenue, avec social qui apparaît ici est beaucoup plus complexe et subtil que l’être unique- d’Anne V. nalyse. « La souffrance inhérente à toute analyse sa reconnaissance obligée pour leur mansuétude. ment mû par son intérêt que l’on croira pouvoir tirer plus tard des théories Nil, 310 p., 120 F (18,3 ¤). était alourdie par le poids de la honte », écrit-elle, « Tout à coup se trouvait devant moi mon sem- économiques de l’Ecossais. honte de boire avant de se rendre à la séance blable : celui pour qui boire n’était plus un signe Bref, le jeune Smith, l’autre Smith, surplombe le Smith de l’âge mûr, ’alcoolisme est un tabou dans un pays pour avoir le courage de parler, honte de boire d’infamie ou un vice solitaire, mais un grand mal- comme si, à mesure que sa vie s’écoulait, il n’avait pu rester à la hauteur de fier de ses grands crus. Le fait de détenir après la séance pour oublier ce qu’elle avait dit. heur partagé. » ses premières intuitions. Raison de plus pour y revenir d’urgence. le record européen de consommation Anne V. a la certitude d’être l’unique femme au Elle va expérimenter la règle des vingt- L monde à être tributaire de l’alcool, la seule à quatre heures, celle qui permet de contourner les d’alcool par an et par habitant n’a jamais (1) A. Smith, Théorie des sentiments moraux, traduite par Mme Sophie de Grouchy, vraiment inquiété. Jusqu’à la publication le avoir perdu la liberté de s’en abstenir. Le trop- serments d’ivrogne. Pas question de promettre marquise de Condorcet ; précédée d’une introduction et accompagnée de notes 17 mars du rapport du professeur Bernard boire n’est-il pas masculin ? Comme neuf de s’arrêter de boire demain, ni de jurer qu’on ne par H. Baudrillart, Paris, Guillaumin & Cie, Libraires, réédition de 1860, reproduc- Roques, où l’alcoolisme est décrit comme un en- femmes sur dix, elle boit seule. Mais en fait, touchera plus jamais à une goutte d’alcool. Non, tion pour la coll. « Les Introuvables », Editions d’Aujourd’hui, 1982. nemi de la santé publique, responsable de près 400 000 femmes en France sont alcooliques, le il faut tenir vingt-quatre heures. « Je vais essayer de 40 000 morts par an (Le Monde du 19 mars). plus souvent dans la clandestinité. Leur fréquen- ce truc idiot, s’est dit un membre des Alcooliques bbbbbbbbbbbbbbbbbbb Deux millions de personnes sont aujourd’hui en tation des bistrots reste furtive, elles rentrent anonymes. Je n’entrerai pas dans ce bistrot-là. (...) France alcoolo-dépendantes. dans un café pour boire debout, au bar, seules et De toute façon, j’irai dans le bistrot d’après. Ma dé- PASSAGE EN REVUE Anne V. a été l’une d’entre elles. Elle n’avait très vite. Enlisée dans l’alcoolisme, enfermée marche s’est strictement arrêtée là et je n’ai plus ja- pas trente ans, une famille aimante et un métier dans une logique qu’elle ne parvient à rompre, mais eu la moindre obsession d’alcool, plus jamais, b « La Nouvelle Revue française » qui la passionnait. Elle va sombrer. Jusqu’à la dé- l’auteur fera une tentative de suicide. jamais, jamais ! » Anne V. jouera le jeu. Elle se Klaus Mann a succédé à Rimbaud en vignette de couverture d’une NRF rajeunie, chéance, la haine de soi et, plus que tout, la Son salut viendra des Alcooliques anonymes. conformera aux douze étapes du programme, à présent trimestrielle et animée par Michel Braudeau, assisté de Philippe Demanet honte de donner l’image d’une femme alcoo- De nombreuses enquêtes sur cette organisation malgré le vocabulaire quasi religieux qui la et Nicole Aboulker (« Le Monde des livres » du 8 janvier). Evidemment, sur quel- lique. Durant vingt années, elle va boire, boire née aux Etats-Unis dans les années 30 dont le heurte et lui fait craindre une version en douze que 350 pages, le pari sur la diversité est plus sûr. C’est l’Amérique qui a cependant « jusqu’à plus soif », selon le titre de son livre- nom, Alcoholics Anonymous, a été inventé par points des dix commandements. la part belle, avec Saul Bellow, Jim Harrison (un poème dédié à Essenine), Jorge témoignage. « Quand les choses ont-elles bas- un membre journaliste au New Yorker, ont déjà Depuis dix-huit ans, alors qu’elle ne boit plus, Luis Borges, et la suite du dossier cubain. Nommons aussi quelques-uns des Fran- culé ?, se demande-t-elle. Je n’en sais rien. (...) A été publiées. Mais ce livre, grâce une réelle quali- Anne V. se rend chaque semaine aux réunions çais présents : Caroline Lamarche, Marie Nimier, Max Dora, Eric Faye... (Gallimard, un moment comme les autres, sans aucun signe an- té d’écriture, sans fausse pudeur ni voyeurisme, des AA. Sans pouvoir s’en passer. Elle va servir de no 549, avril, 95 F [14,48¤]). nonciateur du désastre, l’envie de boire, non, la né- est plus qu’un témoignage. Anne V. livre bien sûr tutrice à de nouveaux entrants, étudiera toujours b « Septimanie » cessité absolue de boire me tombait dessus, avec la les étapes de sa renaissance, mais y décrypte aus- plus les règles de l’organisation. Elle en fera Les revues institutionnelles ne sont pas fatalement mauvaises. En publiant le premier soudaineté du rapace fondant sur une souris des si un système, celui du groupe, avec ses règles – même un livre, celui-là, où elle passe au crible les numéro de Septimanie – dont le titre est un hommage à Valery Larbaud –, le Centre ré- champs. » strictes, si strictes – et ses symboles. connaissances de la science sur le sujet, le désar- gional des lettres du Languedoc-Roussillon se propose non seulement de donner des Longtemps, elle refusera de se considérer De nombreuses questions restent en suspens. roi des médecins, mais aussi l’aide qu’ils peuvent informations concernant la vie du livre dans la région, mais aussi de puiser dans la ri- comme une alcoolique, tant le mot lui semble Comment, quand on s’enlise dans une glu apporter à ces patients « parfois si découra- chesse littéraire passée et présente languedocienne. La qualité de la présentation ren- chargé d’infamie. Tout juste admettra-t-elle avoir comme l’alcool, peut-on, en un soir, en une réu- geants ». « Nous sommes des espèces d’antima- force l’agrément de la lecture. Pour ce numéro, Gil Jouanard a notamment convoqué « un problème d’alcool », bien réel. Mais les crises nion, décider de n’en plus toucher une goutte, de lades, le contraire du bon malade qui veut aller Pierre Sansot, Robert Lafont, Max Rouquette, Christine Angot... (Septimanie, 20, rue de alternent avec des périodes d’abstinence, et n’en plus boire une gorgée ? Pour Anne V. le dé- mieux pour lui-même et pour faire plaisir à son la République, 34000 Montpellier, 10 F., abonnement annuel : 40 F [6,09 ¤]). P. K . celles-ci, peu à peu, dominent sa vie. Animée par clic fut de se retrouver avec des frères de galère. docteur. » LeMonde Job: WIV1699--0011-0 WAS LIV1699-11 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 19:26 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0051 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 / XI b Esthétique et géopolitique de l’image en mouvement Couleurs Les actes d’un colloque consacré au paysage cinématographique, l’essai de Vincent Amiel sur le corps au cinéma latinos et celui de Raymond Bellour sur le passage du septième art au langage : réflexions plurielles

LES PAYSAGES DU CINÉMA entravés, du geste morcelé et de la pesanteur acceptée ; et John Cassa- SONS LATINOS Sous la direction de Véronique Mortaigne. de Jean Mottet. vetes, qui revendique la dépense physique, orchestre la gesticulation Ed. Le Serpent à plumes, 238 p., Ed. Champ Vallon, 99 F (15,09 ¤). « Pays/paysages », des corps affaissés, épuisés, vidés, 270 p., 130 F (19,81 ¤). qui isole l’essoufflement, la fulgu- rance, la grimace, et qui décadre le ’un exotisme gourmand, LE CORPS AU CINÉMA corps, trop large pour exister plei- l’image fruitée de Car- de Vincent Amiel. nement sur l’écran, condamné à de- D men Miranda a la grâce PUF, 122 p., 98 F (14,94 ¤). venir lui-même espace, mais frag- du kitsch absolu, noyée menté. dans un rose fluo aussi iconoclaste L’ENTRE-IMAGES 2 Dans la lignée des travaux d’Hu- que le costume en soie rose bonbon de Raymond Bellour. bert Damisch sur la perspective ou que seul le Bahianais Caetano Veloso POL/Trafic, 384 p., de Daniel Arasse, des écrits de Chri- peut se permettre d’arborer en im- 155 F (23,62 ¤). tian Metz, Maurice Blanchot ou peccable dandy. C’est dire, dès la Gilles Deleuze, des films de Chris couverture, que ce recueil de repor- Marker, Jean-Luc Godard ou Bill tages et d’articles de Véronique Mor- ’image reste une énigme. Il Viola, le critique Raymond Bellour, taigne, parus sur près d’une décennie est relativement récent que lui, s’interroge sur la diversité des dans Le Monde, ne masque rien des L l’on tente de la résoudre en images et leur pouvoir, la valeur ar- enjeux d’image, fabriquée ou authen- convoquant l’analyse de tistique des « nouvelles images » tique, d’une musique latino-améri- film en même temps que l’histoire imprimées par l’ordinateur, l’ambi- caine aussi populaire que mal de l’art, la sociologie, l’esthétique, guïté du rapport entre ces images et connue. Victime d’amalgames faciles,

l’urbanisme. Ce fut le cas en dé- GOVAERS COLL. HIROKO ce qu’elles sont censées représenter. faute d’une curiosité véritable sur les cembre 1996, lors d’un colloque te- Image tirée du film « Feux dans la plaine », de Kon Ichikawa (1950) Recueil d’essais publiés entre 1988 racines culturelles et sociales dont nu à l’université de Tours, dont l’un et 1999, L’Entre-Images 2 rend hom- elle est issue. Quoi de commun entre des enjeux était de prendre en oreilles, « exactement comme s’il tique, Sitney en appelle à Hegel, rée de jungle et d’eau dans un pay- mage à Roland Barthes, qui avait vu la figure effacée de Domenico Zipoli, compte les paysages du cinéma s’agissait de personnages ». Pour- pour lequel « la poésie n’a d’autre sage sans horizon » ; et la grande dans la photographie, et non dans celles de Joao Gilberto, « pape de la dans l’exploration des représenta- quoi montrer des paysages ? Parce objet que spirituel ; le soleil, les pay- lessive grise de la mousson, comme le cinéma, l’art capable de faire la bossa-nova », ou de Carlinhos Brown, tions de la nature, et d’admettre que « tout est en train de dispa- sages, les bois, la montagne ne la la traversée de redoutables maré- synthèse avec les grands arts anté- chef de bande boulimique, celles du que littérature et peinture n’étaient raître », comme le dit Wim Wen- concernent pas », car « le monde où cages, ou la pupille sombre au fond rieurs, et à André Bazin, qui anti- romanesque Cha Cha Ier, « vice-roi pas seuls créateurs de paysages ders ? « Le dépaysement est-il deve- vivent les hommes n’a de valeur de l’œil du héros, offrent du plus cipa la notion d’une image ne ren- d’Ouidah », et de Compay Segundo, imaginaires. Véhicule d’un regard nu une condition du paysage, qu’en tant qu’il exprime et reflète blanc au plus noir une palette chro- voyant pas à ce qui la précède ou à rayonnant nonagénaire cubain ? Ces moderne, le « septième art » a pro- surenchérit Jean Mottet, ou le ciné- l’âme humaine ». matique signifiante, topographie ce qui la suit, mais « à ce qui en est silhouettes nous invitent moins à longé le désir de voir mieux et au- ma nous invite t-il à goûter la prolifé- symbolique d’un espace où dit ». Les « passages de l’image » qui parcourir un inventaire à la Prévert trement, en initiant le mouvement ration des espaces dans une postmo- DU PLUS BLANC AU PLUS NOIR l’éblouissement surgit du vide. interpellent Bellour, ce sont les qu’à explorer près d’un siècle de ryth- de l’image (un tremblé de la camé- dernité sans lieu ? » Espaces qui Autre texte majeur : celui d’Oli- En déplorant qu’à la suite des transformations qui affectent à la mes et de musiques partis de leur ra, un travelling, un zoom) et le peuvent, comme il le démontre vier-René Veillon, qui s’empare de dessins animés japonais, les images fois l’image et le langage, le passage source indigène à la conquête du mouvement dans l’image (où « ça dans une étude sur L’Avventura Feux sur la plaine pour expliquer de la télévision et de la vidéo, para- « entre » l’une et l’autre, d’une monde. L’option géographique rete- bouge », comme les fameuses d’Antonioni, compromettre le rap- comment Kon Ichikawa a fondu les lysées par des codes, tendent à ne image à un au-delà de l’image. nue fait la part belle aux figures ar- feuilles d’un buisson en arrière-plan port qu’entretiennent avec eux les traditions picturales chinoises et ja- plus utiliser le corps humain que Il élabore ainsi sa théorie de «la gentines et, plus encore, brésiliennes, du Déjeuner de Bébé, de Louis personnages, en étant représentés ponaises d’une part, et, d’autre comme un simple vecteur du récit, double hélice », explique comment mais donne, du coup, aux évocations Lumière). comme des formes à la limite de part, l’écran large du Cinémascope Vincent Amiel plaide, dans Le Corps la vidéo amène un progrès pour re- cubaines (le Mexique reste en marge Le cinéma a permis plus tard l’abstraction. L’un des meilleurs (« l’un des plus spectaculaires instru- au cinéma, pour la survie d’une es- présenter l’intimité de la mort, du tour d’horizon) une couleur plus d’inventer la notion de « peintre de textes de ce colloque réunis dans ments du triomphe militaire et idéo- thétique incarnée, d’un art capable dresse un portrait de Godard en ci- directement géopolitique. Ce change- sons ». Il ose des paysages où « ça Les Paysages du cinéma, de Paul logique des Etats-Unis ») afin de fi- d’appréhender la chair comme néaste-écrivain, disserte sur le rêve, ment d’optique, qui évite la tentation fait du bruit », où se fait entendre le Adams Sitney, professeur à Prince- gurer l’indicible, l’irreprésentable, autre chose qu’un objet. Il analyse l’entre-temps, les mots-images et du catalogue, s’offre en résonance à vent, la vague, le bruissement des ton, souligne le rôle de l’élément l’horreur du feu nucléaire et le sur- l’originalité « culturelle » de trois ci- l’ici - là-bas. On s’attardera en parti- l’ensemble du parcours, ouvert par pas sur la neige ou les feuilles humain au cœur de ces images. saut d’un pays effondré retrouvant néastes : Buster Keaton, qui pro- culier sur son étude du cinéma une superbe évocation de la mortes, et, étrange écho du tumulte Avant d’illustrer ses propos en ci- ses valeurs dans les décombres. pose une autre perception de l’es- conçu comme une « chambre », Chilienne Violeta Parra, à qui l’ou- naturel, le bruit du silence. Parmi tant les westerns (dont Yves La- Dans un cadre analogue au fameux pace en filmant les courses rêvées claire ou noire, lieu clos évoquant à vrage est dédié. ces peintres, Jean-Marie Straub et coste démontre par ailleurs le ca- fond blanc de Shitao, reflet d’un ef- de son héros, transformé en sil- la fois « sa séduction et son angoisse, Ph.-J. C. Danièle Huillet filment dans Trop ractère « géopolitique »), et les fondrement, les personnages se di- houette à la liberté inaliénable ; Ro- faisant passer le frisson de ce qui s’y tôt, trop tard des paysages qui sont films d’Eisenstein où est inscrit le luent, le sang est projeté « comme bert Bresson, peintre des mains passe ou pourrait s’y passer ». Véronique Mortaigne « couvés des yeux », et épiés des « devenir social » de l’Union sovié- un jet d’encre », l’image est « satu- agrippées, épaules lourdes, pieds Jean-Luc Douin est journaliste au Monde

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Leçons apocalyptiques Effervescente Weimar Dans « Le labyrinthe du temps », Penderecki Un parcours musical et artistique peine à trouver une issue convaincante dans le bouillonnant Berlin des années 20

son monde intérieur. » Comme on le d’Etat. « Dans un contexte de répres- LE LABYRINTHE DU TEMPS devine par le titre de « Fin de siècle LA MUSIQUE SOUS sion et de misère sociale, l’idéal Cinq leçons ne veut pas dire fin de l’art », Pende- LA RÉPUBLIQUE communiste semble alors la seule issue pour une fin de siècle recki se veut pourtant optimiste. DE WEIMAR au renouveau de la société », estime de Krzysztof Penderecki. Tout le monde ne s’abandonnera de Pascal Huynh. Pascal Huynh. Traduit du polonais pas à l’adoration du multimédia, Fayard, « Les chemins L’heure révolutionnaire est pro- par François Rosset. veau d’or contemporain responsable de la musique », pice aux manifestes, comme celui de Ed. Noir sur blanc, 120 p., de la décadence de l’art, « cet art qui 502 p., 160 F (24,39 ¤). la Musique nouvelle. Paul Hinde- 98 F (14,94 ¤). recourt aux techniques les plus avan- mith entend « rétablir la communau- cées, cherche à nous épater par des travers l’histoire de la mu- té presque déjà perdue entre les inter- rincipal représentant, avec images d’agression, de décomposition sique, de la danse et des prètes et le public ». De nouveaux Witold Lutoslawski, d’une et de mort, dénuées de toute média- A arts de la scène, le musico- répertoires surgissent, comme ceux P école polonaise à la pointe tion artistique ». L’heure est donc à logue Pascal Huynh par- du groupe Novembre, né à la fin de de la modernité au cours l’« Elégie pour une forêt mou- court une période cruciale pour l’Al- 1918, qui se distingue par des mani- des années 60, Krzysztof Penderecki rante ». D’ailleurs, Penderecki a la lemagne contemporaine et pour la festations pluridisciplinaires et des (né en 1933) compte aujourd’hui main verte et s’est constitué pendant vie des idées en Europe, de la pre- concerts réunissant de jeunes parmi les repentis de l’avant-garde. vingt ans un arboretum réunissant mière guerre mondiale à 1933. Ou- compositeurs. La musique proléta- Cette position apparaît nettement à plus de 1 200 espèces. « Je me sens vrage savant, rédigé dans un style at- rienne fleurit. Des milliers de cho- la lecture de Cinq Leçons prononcées souvent plus à l’aise comme dendro- trayant, agrémenté de photos, de rales ouvrières, comptant plus de entre décembre 1993 et décembre logue que comme compositeur », partitions, d’un index et d’une disco- 200 000 membres, chantent, par 1996, dans la plupart des cas à l’occa- confesse-t-il... Sachant que son es- graphie, son livre décrit l’essor des exemple, le Karl Liebknecht Lied. Le sion de la remise du titre de docteur prit suit une « orientation apocalyp- courants de contestation artistique, mélange des genres, le jazz, le caba- honoris causa par une université ou tique », on n’est pas surpris par la jusqu’à la marche vers le IIIe Reich ret politique, occupent les scènes, une académie de musique. thématique de la cinquième : qui y mettra un terme. avec la pantomime, les clowns, le La première, homérique au « L’arche ». Né d’une impulsion vers un lan- pastiche. propre comme au figuré, enseigne gage dépouillé, opposé au post-ro- Les structures musicales sont réor- que Penderecki a connu l’Iliade (en LAPALISSADES mantisme, le mouvement de critique ganisées. Elles développent l’éduca- conquérant de la nouvelle musique) De Savonarole à Kandinsky, toute musicale accompagne les remises en tion populaire à travers le rappro- et l’Odyssée (en pénitent revenu aux prédiction mystique est alors bonne question sociales. A l’orée de la pre- chement entre théorie et pratique, valeurs ancestrales). « L’arbre inté- à prendre pour parer au déluge ! mière guerre, des groupes comme entre professionnels et amateurs. La rieur », texte de moins de cinq Penderecki assure que les créateurs Die Brücke et Der blaue Reiter pro- nouvelle pédagogie encourage l’éveil pages, ne nous apprend donc pas de la fin du XIXe siècle ont traversé clament l’union de tous les arts, à de l’oreille et l’improvisation. Dans grand-chose et s’épuise dans une li- une crise semblable à celle d’au- l’image d’Arnold Schoenberg, à la la deuxième moitié des années 20, la tanie de bonnes intentions. La jourd’hui. Il prend Mahler en fois peintre et compositeur. Frank flûte à bec est redécouverte comme deuxième leçon, « Un artiste dans le exemple et exhorte à écrire des sym- Wedekind raille le goût officiel, culti- outil d’éducation. La musique sé- labyrinthe », voit Penderecki enfon- phonies (il en prévoit lui-même vant le cabaret ou le théâtre popu- rieuse fusionne avec le répertoire cer le clou d’un constat négatif. On neuf) pour participer au renouveau laire de marionnettes. Le grand populaire et les œuvres baroques acquiesce lorsqu’il met en garde de la musique. Mais ses démonstra- compositeur Paul Hindemith suscitent l’intérêt. contre l’extension d’une culture de tions se terminent toujours en s’adonne aux activités musicales les Avec l’essor du disque, de la radio masse soumise à des impératifs queue de poisson comme lorsqu’il plus variées. Kurt Weill, l’élève de et du cinéma muet, la musique commerciaux mais pas lorsqu’il en prétend que l’espoir vivra « tant que Ferruccio Busoni, développe de nou- gagne de nouveaux supports. Les déduit que « notre plus grand pro- ne tarira pas la source d’où nous par- velles conceptions de l’opéra. valeurs de la Musique nouvelle blème aujourd’hui, c’est la crise de viennent les sons ». Lapalissades Aux lendemains de la défaite, l’Al- connaissent leur âge d’or vers 1927- l’imagination ». Le compositeur a (« un thème ancien ne peut s’actuali- lemagne s’éveille dans un climat de 1928. Mais Hitler et Goebbels les cri- beau se trouver de prestigieux ser que si nous trouvons pour le for- misère sociale et de tension extrême. tiquent violemment. L’émancipation compagnons d’infortune (ici Calvi- muler de nouveaux moyens d’expres- « Des orateurs haranguaient la foule féminine, symbolisée par des figures no, plus loin Kantor) auxquels il em- sion ») et sentences obscures (« il n’y à tous les coins de rue. De partout telle Lotte Lenya, est dénoncée prunte justement des extraits de Le- a qu’une seule manière de sauver s’élevaient des chants de haine, car comme « une perversité ». En 1929, le çons (Leçons américaines pour le l’homme, c’est de rétablir la dimen- tout était haï : les juifs, les capitalistes, nombre de chômeurs dépasse le cap premier, Leçons de Milan pour le se- sion sacrée du réel ») encombrent les communistes, les travailleurs, les des trois millions. Puis le Parti nazi cond), il demeure toujours évasif l’entretien redondant accordé en sans-travail », note le peintre Georg interdit les œuvres et menace les quant aux moyens de sortir du laby- complément par le compositeur Grosz. Les grandes institutions mu- compositeurs. La République de rinthe de la création : « il faut conser- d’une « sacra rappresentazione » au sicales et théâtrales, occupées par les Weimar, forte d’une exceptionnelle ver une conscience et une intelligence nom révélateur de Paradis Perdu. ouvriers révolutionnaires en no- créativité artistique, a vécu. affûtées, tout en restant à l’écoute de Pierre Gervasoni vembre 1918, deviennent des scènes Catherine Bédarida LeMonde Job: WIV1699--0012-0 WAS LIV1699-12 Op.: XX Rev.: 21-04-99 T.: 19:42 S.: 111,06-Cmp.:22,08, Base : LMQPAG 33Fap:100 No:0052 Lcp: 700 CMYK

XII / LE MONDE / VENDREDI 23 AVRIL 1999 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Deleuze, Guattari vus de New York Manifestation b Nouvelles collections. L’éditeur André Dimanche propose avec La schizo-analyse et les machines désirantes outre-Atlantique pluraliste à Cassis « Rive Noire » de « faire connaître au public français des “classiques”, n reconnaît un colloque leurs contributions théoriques, du sphère du capital, hors de laquelle a XIe édition du Printemps Gilbert Rastoin (RPR), l’élection en des œuvres encore non traduites ou sur Gilles Deleuze et rhizome à la schizo-analyse, de la plus rien ne se situe, Kriss Ravetto, du livre de Cassis (dans 1995 (grâce aux voix du Front na- depuis longtemps épuisées, signées Felix Guattari à la machine désirante au corps sans or- professeur de cultural studies, mêla les Bouches-du-Rhône) tional) de Jean-Pierre Teisseire a d’auteurs noirs américains impor- franche diversité de ses gane, grâce à leur mobilité même, de son côté schizo-terroristes et réunit, depuis le 16 avril modifié le climat qui régnait sur la tants ». Récits, autobiographies et intervenants,O mimétique de l’ap- sont aujourd’hui reprises ou dé- guerre totale, Kosovo et Irak, l’islam (etL jusqu’au 25) écrivains, artistes et ville. La municipalité intentera ainsi études critiques seront vendus au- proche développée dans L’Anti- tournées par des acteurs variés de et Unabomber, ou encore Barthes journalistes autour du thème « Té- deux actions en justice – dont elle tour de 160 F (24,40 ¤). Les pre- Œdipe, et à la façon qu’ils ont, à la scène culturelle américaine, des et Virilio. Plus réflexif, Jacques Ran- moin et autofiction ». Créée par sera déboutée – visant à faire inter- miers titres sont : Banjo, de Claude force de le répéter, de buter sur le internautes libertaires aux DJ expé- cière se demanda s’il existait une Danièle Milon (aujourd’hui vice- dire cette manifestation qualifiée McKay ; L’homme qui ne voulait pas mot de « déterritorialisation ». Les rimentaux (qui vont jusqu’à les citer « esthétique » deleuzienne, si la présidente de l’association), sur d’« élitiste ». Et, en 1996, Jean-Pierre se taire, de John A. Williams et La deux ingrédients étaient réunis sur les pochettes de leurs disques), substitution à la vieille narration fi- proposition conjointe du ministère Teisseire organisera, aux mêmes Rive noire, de Michel Fabre. En sep- pour la rencontre « Deleuze & du champ aux contours flous des gurative d’une nouvelle narration, de la culture et du ministère du dates, une manifestation concur- tembre, sont attendus : Affaire de Guattari : On the Edge », tenue cultural studies aux artistes-plasti- celle de « l’autoreprésentation de tourisme, c’est en 1986 qu’a lieu rente, à laquelle il devra renoncer, viol, de Chester Himes, et Loin du à l’université de Columbia ciens des Côtes est et ouest. l’art comme défiguration », n’avait pour la première fois ce qui n’est faute de succès, l’année suivante. pays, de Claude McKay. (New York) les 15 et 16 avril à l’ini- Au point que ce qu’a pu dire l’une pas déjà été prédite par Hegel. Du encore qu’une « expérience cultu- Depuis, Danièle Milon déclare : La Documentation française lance tiative de la maison d’édition Se- des intervenantes, Suely Rolnik, côté des analystes, Danielle Siva- relle hors saison touristique ». De- « On nous laisse tranquilles », même « Asie plurielle », une nouvelle col- miotext(e) et de son fondateur, le psychanalyste à Sao Paulo, du rap- don évoqua le « laboratoire » que vant le succès de cette première si, dit-elle, « on ne nous facilite pas lection dirigée par Pierre Gentelle, Franco-Américain Sylvère Lotrin- port des intellectuels brésiliens à fut la clinique de la Borde, tandis édition, François Léotard reprend, la tâche » (aucune salle n’étant chercheur au CNRS. Destinés à des ger. Ce dernier avait monté en 1975, ces mêmes concepts peut s’appli- que Jean-Claude Pollack détendait deux années plus tard, le projet ini- mise à leur disposition, c’est la Ca- non-spécialistes, les ouvrages pro- à New York également, le sympo- quer pareillement à leur réception l’atmosphère avec le cas de « Vic- tié par Jack Lang. Ecrivains et ar- margo Foundation et l’Hôtel des posés dressent un état des lieux sium Schizo-Culture, qui avait alors américaine : « leurs effets ont été tor », convaincu d’être devenu, en tistes sont alors conviés autour Roches blanches – dont le proprié- politique, économique et géogra- débordé ses organisateurs et sur- subvertis », ils ont été utilisés pour onze ans de sessions, un cas d’an- d’un thème choisi ; ce sera, en taire, Georges Dellacase, est par ail- phique de chaque pays. Vendus tout introduit auprès d’un public « légitimer ce qui constitue autant de thologie des théories schizo-analy- 1988 : « Villégiatures des écrivains leurs président de l’association – 98,35 F chacun (15 ¤), les premiers américain disparate les œuvres des lignes de fuite hors de la pensée euro- tiques. Chris Kraus, artiste et pro- sur la côte ». qui accueillent les intervenants). titres sont : Indonésie. La réinven- deux penseurs français. L’idée était péenne et de la figure moribonde de fesseur de Los Angeles, illustra « Fête des écrivains et non des édi- Pourtant, le public est là (les tion d’un archipel, de François Rail- donc, cette fois, de mesurer l’intellectuel telle que ce continent l’a vivement la différence des milieux teurs », c’est pour Danièle Milon salles étaient, selon les organisa- lon ; Inde. Un destin démocratique, l’impact et le trajet qu’ont eus en inventée ». Même si le devenir plu- de réception en offrant, en guise l’occasion de proposer au public teurs, archi-combles les 17 et 18). de Max-Jean Zins et Viêt-Nam. Par- vingt-cinq ans, aux Etats-Unis et riel du désir ne fait pas exactement d’hommage aux deux maîtres, un une véritable « mise à nu du carac- De plus, le soutien, entre autres, du cours d’une nation, de Philippe Pa- au-delà, les grands concepts bon ménage avec le néo-calvinisme récit d’initiation au sado-maso- tère de l’auteur », grâce notamment ministère de la culture, du conseil pin. Suivront des ouvrages sur la deleuzo-guattariens. américain et les chantres d’une chisme, qui, « au contraire de la aux rencontres littéraires organi- régional et du conseil général ainsi Corée, le Japon et la Chine. Car ceux-ci ne sont plus l’apa- sexualité politiquement correcte. sexualité ordinaire, est un acte et pas sées par Serge Koster et Antoine que celui de Jean-Jacques Boin Les Belles Lettres lancent « Guide nage d’une certaine contre-culture Les autres interventions furent aus- seulement une métaphore ». Si le Spire (écrivains et journalistes sur (conseiller pour le livre et la lecture Belles Lettres des civilisations », anarchisante des années 70. Ils si variées que peuvent l’être, en dialogue entre les deleuziens et France-Culture). Peintres, sculp- à la DRAC PACA) n’a jamais faibli. une collection dirigée par Jean- couvrent désormais, dans l’arène terra americana, les lectures de leurs critiques (les « intensifs » et teurs, photographes et musiciens Pas plus que celui des écrivains qui Noël Robert. Destinés à un large américaine, un spectre autrement Deleuze. les « réflexifs»), mais aussi avec la sont également présents pour, ont, depuis onze ans, participé à public, ces ouvrages pratiques sont plus large : non seulement la tren- Si le Californien Peter Wilson re- masse des indécis, n’a pas toujours dit-elle, « faire découvrir d’autres cette manifestation afin qu’elle dotés d’une table des matières, taine d’ouvrages qu’ont signés, en- gretta que l’époque ne fut pas favo- eu lieu, cette rencontre a démontré écritures artistiques ». reste pluraliste. d’un index, d’un répertoire biogra- semble ou séparément, les deux au- rable à la « nomadosophie », les la vitalité polysémique d’une pen- Mais la singularité de cette ma- Emilie Grangeray phique et d’une bibliographie es- teurs ont presque tous été traduits touristes (« colonisateurs de sée qu’aucun territoire, campus ou nifestation tient (malheureuse- ૽ Pour tout renseignement : Asso- sentielle afin de donner aux lec- aux Etats-Unis (un cas suffisam- l’image »), comme les réfugiés galerie d’art, ne saurait assigner. ment) aussi à son histoire difficile. ciation Printemps du livre, tél. : 04- teurs « les clés nécessaires pour ment rare pour être signalé), mais économiques, se situant dans la François Cusset Jusqu’alors soutenu par le maire, 42-01-09-30. comprendre un texte ancien, une œuvre d’art ou un livre d’histoire ». bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb C’est Rome, de Jean-Noël Robert, qui inaugurera la collection (300 p., 95 F [14,48 ¤]). La Chine, le Japon, A L’ETRANGER la Grèce, l’Egypte, la Mésopotamie et l’Inde seront les prochains pays Un Américain à Paris b Une histoire de l’Afrique par les Africains étudiés. L’idée d’une histoire générale de l’Afrique a été lancée dès b L’université d’Angers accueille oût 1969. Huit mois après sa publication par l’existence, le miracle comme quintessence de la réali- 1963. Trente-cinq ans plus tard, dans une démarche qui a mo- Anthony Burgess. Livres annotés, Buchet-Chastel, Sexus, d’Henry Miller, té, l’évidence d’un destin pour chacun... bilisé plus de trois cents spécialistes de tous pays, mais sur- carnets de travail, manuscrits, pho- vogue encore sur la crête des best-sellers ; Cette « confession » serait un peu lénifiante si Miller tout africains, huit volumes de 1 000 pages chacun viennent tos et même le piano de l’auteur porté par le vent de libération des mœurs, ne lui donnait pas, çà et là, un peu d’épaisseur char- d’être publiés en français, anglais et arabe, partiellement en anglais (décédé le 25 novembre l’auréoleA sulfureuse de l’écrivain américain et le frisson nelle – par exemple les terribles évocations de sa mère, swahili et haoussa, et seront bientôt disponibles dans d’autres 1993) seront exposés dans le de savoir enfin levée la censure qui avait immédiate- de son père, et de sa petite sœur attardée, ou encore langues africaines. Le financement a été assuré notamment Centre Anthony Burgess. C’est ment frappé, dès sa parution en janvier 1950, aux édi- lorsqu’il raconte sa façon d’« affronter » les moments par l’Unesco, la Libye, la Côte d’Ivoire, le Vatican et l’Iran. Un donc à Angers dans le Maine-et- tions de la Terre de Feu, ce premier volet du triptyque noirs, les tentatives d’abdication. Et puis – c’est la ri- colloque a célébré l’événement, à Tripoli, et a été l’occasion Loire (où l’écrivain aimait se de La Crucifixion en rose. chesse de cette collection d’archives sonores de pour les spécialistes présents de renouer avec la richesse de rendre) qu’il sera inauguré à l’au- Cet été-là, l’auteur est à Paris, où l’on tourne une l’INA –, la « voix » de Miller est là, ponctuée de ses fa- leur passé et d’en finir avec préjugés et contre-vérités. Le chef tomne. Et ce grâce notamment à adaptation de son Tropique du Cancer (1934), pierre meux « humg, humg » et scandée d’innombrables de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, et le directeur Liana Burgess – la seconde épouse inaugurale d’une œuvre novatrice et réputée scanda- « how do you say it ? » lorsqu’il cherche ses mots en général de l’Unesco, Federico Mayor, ont conclu ce colloque. de l’écrivain – et à Ben Forkner, leuse, constamment placée sous le boisseau de l’inter- français... quand il ne s’exprime directement en anglais, b République tchèque : Soljenitsyne non-stop professeur de littérature anglo- dit. Du statut de dépravé et d’obsédé sexuel, Miller est laissant malicieusement le soin de la traduction à son Baptisée « Non-stop Soljenitsyne », une lecture continue, du- saxonne. Ce dernier (qui fut ami désormais passé à celui de machiste et de phallocrate, interlocuteur. rant soixante-douze heures, d’extraits des principales œuvres avec l’écrivain) souhaite que ce honni par les féministes d’outre-Atlantique. Mais En contrepoint beaucoup plus incarné, on ne saurait de l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne a eu lieu à Prague, centre soit « tout sauf un musée ». l’homme de près de soixante-dix-huit ans que retrouve trop recommander la lecture du recueil des Lettres à du dimanche 18 avril au mercredi 20 avril, dans une église Mais plutôt un hommage rendu à alors Georges Belmont (l’un de ses traducteurs et ami Emil que vient de reprendre en poche la collection évangélique de Prague. L’auteur d’Une journée d’Ivan Denisso- l’auteur notamment d’Orange mé- de longue date) n’a pas l’air de se soucier de ce nou- 10/18. Truculente, pathétique, émouvante, cette corres- vitch, de L’Archipel du Goulag et du Pavillon des cancéreux n’a canique, La Guerre du feu, Le veau visage de la censure et affiche les allures d’un pondance d’Henry Miller avec son ami américain Emil pu y assister, pour des raisons de santé. Royaume des mécréants et Pianistes. sage chinois. Rendez-vous est pris pour un entretien Schnellock couvre les années décisives (1930-1934), le b ARGENTINE : XXVe Foire du livre de Buenos Aires b Prix littéraire. Le grand prix de radiophonique (qui sera diffusé sur France-Culture du grand tournant vers l’écriture. Miller est à Paris – un La Foire internationale du livre de Buenos Aires a ouvert ses littérature policière 1999 a été at- 6 au 21 février 1970) censé donner « une image aussi Paris aujourd’hui disparu, dont il donne de superbes portes le 16 avril et espère accueillir pour ses noces d’argent, tribué à Michael Connelly pour complète que possible » de l’auteur du Colosse de tableaux. Cinq ans bouillonnants d’enthousiasmes et d’ici le 3 mai, un million de visiteurs. Dans son discours d’ou- Créance de sang paru au Seuil. Le Maroussi. de désespoirs. Une vie de dèche et de bohème, sauvée verture, le président Carlos Menem a annoncé qu’il présente- prix de l’écrit intime a été décerné On est en fait loin du compte. L’essentiel de par un appétit d’ogre, la conviction d’être un écrivain rait un projet de loi pour la promotion, la commercialisation à Serge Doubrovsky pour son ou- l’échange portant sur la nébuleuse moralo-philosophi- et la rencontre essentielle, en décembre 1931, avec et la production littéraires. Quelque huit cents manifestations vrage Laissé pour conte (Grasset). co-religieuse investie par Miller (premières révélations Anaïs Nin. Commencent alors les Jours tranquilles à artistiques sont prévues, dont un hommage au grand écrivain Le prix Unesco-Françoise Galli- à dix-sept ans, avec la lecture de Lao-tseu, Sweden- Clichy... argentin Jorge Luis Borges (1899-1986). mard a été décerné à Eric Faye borg, le Livre des morts tibétain...), tandis que le bio- Valérie Cadet b MEXIQUE : hommage à Octavio Paz pour Croisière en mer des pluies graphique, vie et œuvre mêlées, est abordé en quel- ૽ Henry Miller. Les Entretiens de Paris avec Georges Bel- A l’occasion de la Journée mondiale du livre, la ville de Mexi- (Stock) et à Robert McLiam Wilson ques touches, au galop et sans relance. Propos sur mont, éd. INA/Radio-France, « Les Grandes Heures », co a lancé une semaine consacrée à la promotion de la pour Eureka Street (Christian Bour- l’absurdité du mal et de la guerre, la sagesse (celle qui no 221795, 1 CD, 72 min, 139 F, 21,19 ¤. culture et, en particulier, de la poésie. Les festivités ont débu- gois). Son traducteur, Brice Mat- suppose des choix et intègre les paradoxes), le cœur et Lettres à Emil (Letters to Emil), d’Henry Miller, traduit de té par un hommage à Octavio Paz, Prix Nobel de littérature, tieussent, sera également ses passions, la nécessité de ne jamais cesser d’être en l’anglais (Etats-Unis) par Frédéric Jacques Temple, 10/18, pour le premier anniversaire de sa mort, le 19 avril 1998, en récompensé. conflit avec soi-même ; les mystères insondables de « Domaine étranger », no 3028, 320 p., 47 F, 7,16 ¤. présence de la romancière sud-africaine Nadine Gordimer, autre Prix Nobel, et d’autres écrivains, comme le Péruvien bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Mario Vargas Llosa, les Espagnols Pere Gimferrer et Jorge Rectificatif Semprún, le Colombien Alvaro Mutis et le Mexicain Homero Aridjis, ainsi que l’historien Enrique Krauze, son plus proche b L’éditeur de l’album Cuisine de AGENDA concert autour du thème du cières et les éditions du Fleuve collaborateur à la revue Vuelta. sorcière, illustré par Wolf Erlbruch voyage (Cité du livre, 8-10, rue Noir organisent une exposition à sur un texte de Goethe, n’est pas b LES 23 ET 24 AVRIL. des Allumettes, 13090 Aix-en- l’occasion de la sortie de l’ou- Milan, comme nous l’indiquions VOYAGE. A Aix-en-Provence, la Provence ; tél. : 04-42-25-98-65). vrage de François Rivière : Frédé- dans « Le Monde des livres » du quatrième édition de Livres en b DU 23 AVRIL AU 28 AOÛT. ric Dard, la vie privée de San- 16 avril, mais l’éditeur genevois La fête sera l’occasion de ren- SAN-ANTONIO. A Paris, la bi- Antonio (Bibliothèque des littéra- 0123 Joie de lire. contres, d’une exposition et d’un bliothèque des littératures poli- tures policières, 48-50, rue du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris ; tél. : 01-42-34-93-00). & b DU 23 AU 25 AVRIL. LIRE. A DOSSIERS DOCUMENTS littéraires Limoges, la 16e édition de la Fête du livre de Limoges sera l’occa- sion de rencontres, animations jeunesse, expositions et ateliers autour de deux thèmes : « la Les écrivains engagés ville » et « le Moyen Age » (place de la République, 87031 e Limoges ; tél. : 05-55-45-61-60). du XIX siècle b LES 23 ET 24 AVRIL. FEMMES. A Paris, le Centre na- tional d’information et de docu- mentation des femmes et des fa- milles organise un forum De Charles Fourier à Eugène Sue, de Jules Vallès international autour du thème : à Emile Zola, comment des intellectuels « L’Europe a besoin des femmes ». Une exposition et un se sont battus pour la justice, festival de cinéma prolongeront l’égalité et la liberté : les tables rondes et débats pro- posés (CNDIFF, 7, rue du Jura, une leçon de civisme pour aujourd’hui. 75013 Paris ; tél. : 01-42-17-12-00). b LE 28 AVRIL. ÉDITION. A Pa- Et aussi : ris, un débat est organisé autour Victor Hugo, la légende d’un siècle de l’ouvrage d’André Schiffrin : L’Edition sans éditeurs paru à La Fabrique Editions (à 18 h 30, UNE PUBLICATION DU MONDE L’Arbre à lettres, 62, rue du Fau- bourg-Saint-Antoine, 75012 Paris) CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX