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Après la défaite de l’En devant la guinée

Les Verts choisissent-ils leurs matches ?

©Bille l Zehan i/Liber té

Choix des matches, tricherie ou manque d’autorité de l’entraîneur Qu’arrive-t-il à nos “stars européennes” en sélection ?

C’est désormais une certitude : les Verts de l’EN n’ont rien à voir avec les Verts en club. Ceux qui suivent avec accointance les prestations de nos internationaux lors des week-ends de championnats européens ou de soirées de Ligue des champions n’ont, en effet, pas reconnu vendredi au 5-Juillet l’étincelant Sofiane Feghouli qui a terrassé l’Olympique lyonnais à Gerland, ni le qui a donné le tournis à la défense de Chelsea le soir même, encore moins le Ryad Mahrez qui affole les statistiques en ou le qui allume le feu dans son couloir gauche chaque dimanche de Série A. Face à la Guinée, le Feghouli de l’EN n’avait rien à voir avec celui de Valence. Autant il se montre impliqué avec le club Ché multipliant les allers-retours dans son couloir droit, autant il a été inerte vendredi sur l’herbe du 5-Juillet, donnant même l’impression de n’être pas concerné par ce match dans lequel il n’est jamais vraiment entré. À croire qu’il avait laissé à Valence son punch, sa percussion, sa vitesse d’exécution, ses coups de reins et ses frappes presque toujours cadrées. Déjà que son absence au Lesotho avait lancé le débat sur son implication réelle ou supposée lors de certaines rencontres “sans attrait” et “sans grand enjeu”, voilà que Sofiane Feghouli offre, peut être inconsciemment, de la crédibilité aux arguments avancés par les partisans de la thèse selon laquelle “certains professionnels choisissent leurs matches en sélection”. Et ce n’est, certainement, pas son coéquipier de l’entrejeu Yacine Brahimi qui pourrait jouer le rôle d’un adjuvant de taille dans cette guerre de la comparaison, lui qui a désarçonné à lui tout seul l’arrière-garde londonienne telle que façonnée par José Mourinho himself avant de se montrer incapable de trouver la moindre solution face à une défense guinéenne de seconde zone. Que dire alors de Ryad Mahrez, intenable 90 minutes durant dans l’intensité de la Premier League anglaise, mais éteint au bout d’une accélération, d’un débordement et d’une passe décisive vendredi, comme s’il s’était contenté de ce “devoir accompli” alors que l’on jouait seulement la 2e minute de cet amical Algérie-Guinée ?

Docteur Jekkyl en club, Mister Hyde en sélection Dans le même registre “osons la comparaison”, le Napolitain à l’accent chantant en Série A qu’est Faouzi Ghoulam nous doit, ainsi, une bonne explication sur son “non-match” du 5-Juillet comparativement à sa performance à San Siro il y a à peine une semaine ! Si ce n’est un problème de motivation lié principalement à un manque d’implication, que ces “pros du week-end en Europe” nous expliquent cette terrible déchéance en EN alors qu’il y a un peu plus d’une année, ils flambaient en Coupe du monde au Brésil et qu’il y a seulement une semaine ils brillaient dans le ciel européen ! S’il ne s’agit, comme le soutient la vox populi, d’une réprimandable forme de tricherie, que les Feghouli, Brahimi, Ghoulam et autre Mahrez nous expliquent ce subit changement du style Docteur Jekkyl et Mister Hyde ! À moins que le gros du problème ne réside dans le discours “trop mou” et la personnalité “gant de velours” et “pas assez main de fer” du sélectionneur ? Car, c’est aussi la personnalité de leur patron technique que les joueurs doivent “calquer” sur le terrain. Fébrile comme l’était par moments Rabah Saâdane ou caractérielle comme l’a toujours été Vahid Halilhodzic, l’EN a toujours épousé le caractère de celui qui la dirigeait. Habitué au cocon lorientais, pas assez hard pour imposer sa poigne à un vestiaire algérien réputé de tout temps difficile à gérer et pas vraiment adepte des opérations jumelées coups de gueule-coups-de-poing de son prédécesseur bosniaque, Christian Gourcuff, par son manque de relief caractériel, a complètement ramolli l’identité d’une EN qui a bâti l’essentiel de sa renommée sur son côté guerrier. “De winner sur lequel compte tout un peuple algérien épris de sa sélection, Christian Gourcuff n'en possède apparemment pas le profil. Ni le tempérament d'ailleurs. De meneur d'hommes, le technicien breton ne semble pas non plus détenir l’âme. Quoi de mieux qu'un fils footballeur professionnel, fort talentueux et génial par moments qui plus est, pour ‘démontrer’ son aptitude à gérer un athlète de haut niveau et à le mener à atteindre les objectifs qu'il s'est assignés ? Le peu d'emprise qu'il a sur son propre fils, Yohann, laisse d'ailleurs à penser qu'il serait extrêmement compliqué pour le père et sélectionneur Christian d'avoir la mainmise sur un vestiaire algérien réputé difficile à gérer”, écrivions-nous dans ces mêmes colonnes le 27 avril dernier, soit voilà près de six mois. De fait, si ce n’est pas un problème de “joueurs qui trichent et choisissent leurs matches”, ou un autre lié “au profil inadéquat d’un sélectionneur dont le discours est creux et sans impact sur le groupe”, les Verts nous doivent une sacrée revanche mardi face au Sénégal. Toute autre prestation sans ingrédients de révolte et de rédemption tiendrait, ainsi, à maintenir le doute et à conforter ces thèses…

R. B.

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