Renouvellement, extension et approfondissement de la carrière « Le Mont Colquin »

Dossier présenté par la société Neveux et Cie Commune de ()

Enquête publique Du 29 janvier au 28 février 2019 inclus

RAPPORT D’ENQUÊTE

Jacques MARQUET

Commissaire enquêteur

Arrêté préfectoral du 4 janvier 2019

Décision du Tribunal Administratif n° E18000101 / 14 du 20.12.2018

Mars 2019

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ENQUÊTE PUBLIQUE

Relative à la demande d’autorisation environnementale présentée par la société Neveux & Compagnie pour le renouvellement, l’extension et l’approfondissement de la carrière « le Mont Colquin » située sur le territoire de la commune de Doville.

Du mardi 29 janvier 2019 à 9 h 00

Au jeudi 28 février 2019 à 17 h 00

DOCUMENTS COMPRENANT :

PARTIE 1 : LE RAPPORT D’ENQUÊTE PUBLIQUE (document séparé de 35 pages )

PARTIE 2 : LES CONCLUSIONS ET L’AVIS MOTIVE DU COMMISSAIRE ENQUÊTEUR (document séparé de 12 pages)

LES ANNEXES DU RAPPORT sont reliées séparément

LES PIECES JOINTES sont reliées séparément

Commissaire enquêteur :

Jacques MARQUET

La nouvelle canée

50000 SAINT-LÔ

Tél : 0233578687

Destinataires :

- Monsieur le Préfet du département de la Manche à SAINT-LÔ - Monsieur le Président du Tribunal Administratif de CAEN

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SOMMAIRE GENERAL

PARTIE 1 : LE RAPPORT

1. Préambule page 4 2. Encadrement juridique du projet page 5 3. Présentation du projet page 6 3.1 Historique du site page 12 3.2 Objet de la demande page 12 3.3 Le projet présenté page 13 3.4 Le contexte environnemental du projet pages 14 - 15 3.5 Les capacités techniques et financières de l’exploitant page 16 4. Présentation du dossier de demande d’autorisation page 16 5. L’étude d’impact et les mesures ERC page 17 - 19 6. L’étude des dangers page 19 6.1 Identification et caractérisation des potentiels de dangers page 19 6.2 L’analyse des risques page 20 6.3 La remise en état du site après exploitation page 20-21 7. Observations des services et des personnes publiques associées page 21 7.1 L’avis des communes page 21 7.2 L’évaluation environnementale du projet page 21-22 7.3 L’avis des personnes publiques associée page 23 8. Préparation de l’enquête publique page 23 8.1 Modalités pratiques page 23 8.2 Rencontre avec le maître d’ouvrage avant le début de l’enquête page 23-24 9. Déroulement de l’enquête publique page 24 9.1 Désignation du commissaire enquêteur page 24 9.2 Durée de l’enquête publique page 24 9.3 Information du public page24 9.3.1 Annonces légales page 24 9.3.2 Affichage de l’avis d’enquête publique page 25 9.3.3 Bilan de la publicité page 25 9.3.4 Mise à disposition du dossier page 25 9.4 Permanences du commissaire enquêteur page 25 9.5 Réunion publique page 26 9.6 Formalités de clôture page 26 9.7 Déroulement des permanences page 26 9.8 Conclusions sur le déroulement de l’enquête page 27 10. Le recueil des observations du public et du commissaire enquêteur page 27 10.1 Le relevé des interventions à la date du 28 février page 27

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10.1.1. L’enregistrement des observations du public page 27 10.1.2 Les observations figurant sur le registre papier page 27 10.1.3 Les observations envoyées par courrier électronique page 27 10.1.4 Le courrier directement remis au CE le jour de la 4ème permanence page 28 10.1.5 Les visites et les téléchargements sur le registre numérique page 28 10.2 Les observations favorables au projet page 28 10.3 Les autres observations page 29 10.4 Les observations du commissaire enquêteur page 31 11. Le procès-verbal de synthèse page 31 12. Le mémoire en réponse du maître d’ouvrage page 31 13. Analyse du mémoire page 31-34 14. Conclusion du rapport page 34-35

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ANNEXES AU DOSSIER

Annexe 1 : la remise du procès-verbal de synthèse Annexe 2 : les éléments de synthèse de l’enquête Annexe 3 : les observations complémentaires du commissaire enquêteur Annexe 4 : le mémoire en réponse du pétitionnaire au relevé des observations

NB : la synthèse des observations du public figurent dans le rapport au point 10.1 pages 25 à 29. NB : la synthèse des réponses du pétitionnaire et les avis du commissaire enquêteur figurent également dans le rapport au point 13.

PIECES JOINTES AU DOSSIER

PJ1 : l’avis d’enquête publique PJ2 : la décision du Tribunal Administratif PJ3 : la publication de l’avis d’enquête publique dans le quotidien « Ouest » du 10 janvier 2019 PJ4 : la publication de l’avis d’enquête publique dans le quotidien « Ouest France » du 30 janvier 2019 PJ5 : la publication de l’avis d’enquête publique dans le journal hebdomadaire « La Manche Libre » du 12 janvier 2019 PJ6 : la publication de l’avis d’enquête publique dans le journal hebdomadaire « La Manche Libre » du 2 février 2019

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PARTIE 1 : LE RAPPORT

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1. Préambule

Je soussigné, Jacques MARQUET, commissaire enquêteur, désigné par décision de Monsieur le Président du Tribunal Administratif de Caen le 20 décembre 2018 pour conduire l’enquête publique relative à la demande d’autorisation environnementale présentée par la société Neveux & Compagnie pour le renouvellement, l’extension et l’approfondissement de la carrière « le Mont Colquin » située sur le territoire de la commune de Doville certifie :

- avoir paraphé le registre d’enquête afin qu’il puisse être mis à la disposition du public dès l’ouverture de l’enquête, - avoir assuré les quatre permanences, conformément au calendrier défini dans l’arrêté d’ouverture d’enquête publique pris par Monsieur le Préfet du département de la Manche le 4 janvier 2019, - avoir procédé à l’examen approfondi du dossier soumis à l’enquête publique, - avoir rencontré et m’être entretenu avec le directeur technique du site et visité ce même site, - avoir vérifié la bonne exécution des mesures de publicité suivantes : . affichages sur les panneaux habituels de toutes les communes concernées, . affichage sur le site, . insertions dans la presse, . site internet de la Préfecture de la Manche, - avoir produit le présent rapport en toute indépendance et n’être en aucune façon lié, ni à titre personnel, ni à titre professionnel, au projet du pétitionnaire.

2. Encadrement juridique du projet

Depuis la loi n° 93-3 du 4 janvier 1993 modifiée relative aux carrières, ces exploitations relèvent de la législation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) et ont été inscrites dans la nomenclature des installations classées sous la rubrique 2510. Les rubriques et les activités désignées sont les suivantes : 2510-1-A (exploitation de carrière, 2515-1-A (broyage, concassage, criblage de pierres….et puissance maximales de l’ensemble des machines fixes), 2517-1 (station de transit de produits minéraux ou de déchets non dangereux inertes…). Ces rubriques fixent à 3 kms le rayon d’affichage et de consultation des conseils municipaux environnant le site de l’ICPE. Les activités figurant à la nomenclature des installations, ouvrages, travaux et activités (IOTA) sont également concernées sous les rubriques n° 2.1.5.0 (A) et 3.2.3.0 (A). Les conditions dans lesquelles elles peuvent être exploitées sont définies également par le code de l’environnement (articles L.122-1 à L.122-2 (évaluation environnementale et étude d’impact), L.512-1 et suivants et R.123-1 et suivants. Outre les textes concernant les installations classées, une section spécifique « carrières » existe dans le code de l’environnement aux articles L.521-1, L.515-1 et suivants, R.515-1 et suivants. L’enquête publique a été prescrite par arrêté préfectoral du 4 janvier 2019 , sur le dossier de demande d’autorisation environnementale accompagné d’une étude d’impact déposé le 14 mai 2018 et complété le 8 octobre 2018 par la société Neveux et Compagnie dont le

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siège social est situé 2, rue Jean Mermoz à MAGNY LES HAMEAUX ( 78114 ) – portant sur le renouvellement, l’extension et l’approfondissement de la carrière « Le Mont Colquin » située sur le territoire de la commune de DOVILLE. Cette enquête publique est prévue se dérouler pendant 31 jours, du 29 janvier au 28 février 2019 inclus. Outre la commune de DOVILLE, le périmètre de l’enquête publique concerne également les communes situées dans un rayon d’affichage de 3 kms du projet. L’avis au public doit être affiché et publié dans les mairies suivantes : , La Haye, , Neuville-en- Beaumont, Saint-Nicolas-de-Pierrepont, Saint-Sauveur-de-Pierrepont, Saint-Sauveur-le- Vicomte, et ainsi que dans les communes déléguées de la commune nouvelle de La Haye, Bolleville et Saint-Symphorien-le-Valois dont la totalité ou une partie seulement du territoire se trouve dans un rayon proche du projet.

3. Présentation du projet

3.1 Historique du site

La SNC Neveux et Compagnie dont le siège social est situé 2, rue Jean Mermoz 78114 Magny-les-Hameaux exploite la carrière de grès à ciel ouvert du « Mont Colquin » située aux lieux dits « Le Mont Doville » et « La Brière » au nord et au sud de la route départementale 137 sur la commune de Doville (Manche ). Le site est principalement localisé au sud de cette RD 137 où se situent la zone d’extraction, les installations de concassage-criblage et une aire de stockage des granulats. La partie nord de la RD 137 comprend les locaux (bureaux, atelier, vestiaires et sanitaires) et une deuxième aire de stockage.

La carrière est ouverte depuis 1850. L’autorisation en vigueur est régie par un arrêté préfectoral en date du 25 juin 2007, délivrée pour 20 ans. L’exploitation concerne une surface de 257 828 m2 et une production annuelle moyenne de 400 000 tonnes avec des pointes autorisées à 500 000 tonnes. Il intègre également une installation de concassage- criblage d’une puissance de 900 kw et une station de transit des produits minéraux d’une surface totale de 66 613 m2 et d’une capacité de stockage de 80 000 m2. L’arrêté prévoit également l’accueil de matériaux inertes extérieurs à hauteur de 50 000 m3 maximum par an, soit 80 000 tonnes, destinés au remblaiement partiel de la fouille.

3.2 Objet de la demande

L’arrêté préfectoral d’exploitation arrivera à échéance en 2027. Considérant que les réserves théoriques de matériaux disponibles dans l’emprise autorisée ne sont pas épuisées mais ne sont pas intégralement exploitables pour diverses raisons techniques et écologiques (espèce protégée située au sud du projet), le pétitionnaire, sur la base d’une étude écologique réalisée en 2016, envisage une extension au nord de la carrière entre l’excavation actuelle et la plateforme de stockage des granulats. Le choix présenté consisterait donc à ne pas modifier l’emprise actuelle d’exploitation mais d’approfondir le fond de la fouille sur deux paliers d’une hauteur de 15 mètres entre les cotes 40 m et 10 m NGF (nivellement général de la France). Le pétitionnaire possède la maîtrise foncière des

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terrains concernés par la demande d’autorisation, étant lié aux propriétaires du terrain par un contrat d’engagement de sous-location et un bail de carrière.

3.3 Le projet présenté

Compte tenu du volume de gisement disponible et de la production moyenne prévue, le pétitionnaire sollicite une nouvelle autorisation d’exploitation du site pour une durée de 30 ans dans les conditions et avec les aménagements suivants :

. création de deux nouveaux paliers jusqu’à la cote minimale de 10 mètres NGF (gisement de 1 402 000 m3),

. extension sur 11 307 m2 de la zone de stockage au nord-ouest sur la parcelle ZM 72 et sur la parcelle 73 pour l’accès depuis la plateforme existante et pour limiter la traversée par les camions de la RD 137 et suppression de la zone de stockage au nord-est, portant la superficie totale de la zone de stockage à 68 204 m2,

. poursuite de l’exploitation des installations de traitement fixes et mobiles de concassage et de criblage avec une augmentation de la puissance installée de 900 à 1 208 kW,

. installation d’un crible-laveur de 82 Kw et d’une centrale de fabrication de graves-ciment / grave-émulsion de 20 Kw et de 1 000 t/j pour diversifier la production, installations qui seraient utilisées périodiquement en fonction des besoins de production,

. aménagement de deux bassins d’infiltration au niveau des aires de stockage par agrandissement du bassin existant au nord ( 207 m3 ) et création d’un bassin au sud ( 195 m3 ), bassins équipés d’une surverse de sécurité en cas d’épisodes pluviaux exceptionnels vers des fossés existants,

. création de deux nouveaux bassins de décantation de 1 500 m3, à l’emplacement de la zone de stockage nord-est, chacun afin d’augmenter la capacité de décantation avant rejet,

. aménager un dispositif de régulation des eaux pluviales issues de la carrière (100 m3 / h maximum) afin de gérer les eaux d’exhaure en cas d’épisodes pluvieux importants,

L’extension projetée porterait la surface totale du site à 29,2 ha dont environ 13 ha exploitables. Le projet s’accompagnerait d’une réduction de la production annuelle (400 000 à 300 000 tonnes par an en moyenne et 500 000 à 450 000 tonnes par an en pointe). Les volumes moyens de stockage de matériaux inertes extérieurs (pierres, terre, morceaux de béton, gravats, sable) devraient être maintenus à 50 000 tonnes. Dans le prolongement actuel de l’exploitation, ces matériaux, évacués par des camions de 30 tonnes de charge utile moyenne, sont destinés à l’approvisionnement de la centrale à béton de la société Cemex, d’usines de préfabrication, de chantiers locaux de bâtiment et d’aménagements portuaires et maritimes.

L’activité d’exploitation de la carrière sera réalisée en continu, les jours ouvrés, à raison de 245 jours par an environ, entre 7 h 00 et 22 h 00 maximum mais plus généralement de 7 h 30 à 12 h 00 et de 13 h 30 à 17 h 30.

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L’extraction du gisement se fera par abattage à l’explosif, par tirs de mines verticales profondes, sur 7 à 8 fronts d’une hauteur unitaire maximale de 15 mètres. Par rapport à la situation actuelle, deux nouveaux paliers seront créés jusqu’à la cote minimale de 10 m NGF. Sur cette base, il y aurait environ 1 tir tous les 2 mois pour une production annuelle de 300 000 tonnes avec une fréquence plus élevée, 10 tirs par an, en cas de production annuelle maximale atteinte. Le site ne stocke pas d’explosifs. Il est à noter que l’évacuation des matériaux produits nécessitera une cinquantaine de rotations journalières de camions qui utiliseront la RD 137 et la RD 900.

Le projet prévoit 6 phases d’exploitation. Sur la base de la production annuelle moyenne envisagée, chacune des 5 premières devra durer environ 5 ans. La dernière phase sera consacrée à la production pour une durée de 3.5 années et ensuite dédiée à l’achèvement des travaux de remise en état du site. Dans ce cadre, 50 à 100 000 tonnes de matériaux inertes, collectés dans un rayon proche, seront apportés sur le site. En fin d’exploitation, la zone d’extraction sera partiellement remblayée avec des matériaux inertes et stériles issus de l’exploitation, d’araser la zone de stockage pour limiter l’impact visuel. La fosse d’extraction sera remplie d’eau jusqu’à la cote de 75 mètres imposée par un déversoir à aménager. Le trop plein sera dirigé vers le fossé qui borde la RD 137qui s’écoulera vers le marais au nord. Le dossier mentionne que les contours du plan d’eau favoriseront la présence d’espèces typiques des parois rocheuses. S’agissant des zones de stockage et de l’aire des installations de traitement, elles deviendraient des zones à vocation écologique. Les différents bassins seront conservés pour l’accueil des amphibiens. Enfin, une prairie de fauche sera recréée sur la parcelle dédiée à l’extension de la zone de stockage.

3.4 Le contexte environnemental du projet

Les nombreuses sensibilités environnementales de la commune de Doville se situent principalement au nord du projet : une zone humide dite « site RAMSAR », deux sites « Natura 2000 », un parc naturel régional, une réserve naturelle nationale, cinq zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique « ZNIEFF » dont trois de type 1, des zones humides, deux sites d’inventaires géologiques, un arrêté préfectoral de protection de biotope et deux périmètres de protection de captage d’eau potable. Cette commune est aussi concernée par des aléas naturels (zones inondables, mouvements de terrain, zones de submersion marine, remontées de nappes phréatiques) mais n’est pas couverte par des plans de prévention de risques naturels ou technologiques. L’intégralité de la commune est localisée dans le Parc naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin ( PnRMCB ). Le site du projet est occupé principalement par des landes, des fourrés, des haies et une prairie de fauche. Le paysage du site, caractérisé par une lande de bruyères et d’ajoncs, est partiellement situé dans l’emprise d’un réservoir de biodiversité ouvert défini au schéma régional de cohérence écologique (SRCE) de Basse-Normandie. La carrière est située à 660 mètres au sud de la réserve naturelle nationale de la « Sangsurière et de l’Adriennerie », milieu tourbeux de plaine qui accueille des espèces

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d’intérêt patrimonial, gérée par le parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. Plusieurs habitations sont situées dans un rayon de 600 mètres autour du site, dont les plus proches sont implantées à environ 160 mètres au nord-ouest de l’emprise du projet et à 400 mètres de la zone d’exploitation. Au nord du territoire, à 450 mètres du projet, se situe le site « RAMSAR » précité, traversé par quatre rivières (Taute, Douve, Aure et Vire). A 550 mètres du projet, la commune compte deux sites Natura 2000 dont celui des « Basses vallées du Cotentin et du Bessin et Baie des Veys », zone de protection spéciale de la directive « oiseaux » et celui des « Marais du Cotentin et du Bessin, Baie des Veys », zone spéciale de conservation de la directive « Habitats, Faune, Flore ». Trois zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique ( ZNIEFF ) de type 1 sont situées sur la commune, composées pour partie de zones humides et de landes tourbeuses qui accueillent des espèces remarquables, notamment des amphibiens ( triton marbré ) dans les mares de l’ancienne carrière, l’Agrostide à soies dans le Mont Doville et le Rossolis à feuilles rondes dans le bois d’Etenclin. Le projet est situé à 550 mètres au sud de la première ZNIEFF, dans l’emprise de la deuxième et à 2.5 kms à l’ouest de la troisième.

Nous trouvons aussi deux ZNIEFF de type 2, liées écologiquement avec les ZNIEFF de type 1, la première, localisée à 770 mètres au nord, le projet couvrant la quasi-totalité de la deuxième. La carrière est couverte par l’un des deux sites d’inventaires géologiques, « le Grès ordovicien du Mont de Doville ». Celui-ci présente des bancs décimétriques de grès massifs de divers coloris ainsi que du schiste et de l’argile noire. Le Mont Doville, qui culmine à 129 mètres d’altitude, représente un habitat remarquable (landes et pelouses) favorable à la nidification d’oiseaux et à la présence d’espèces remarquables et protégées.

La carrière est située entre deux cours d’eau, le Buisson et le Gorget, celui-ci faisant l’objet d’un arrêté de protection de biotope. Il est précisé que la carrière n’est concernée par aucun site classé ou inscrit, ni par des zones humides avérées, ni par les périmètres de protection éloignée et rapprochée du captage de Saint-Nicolas-de Pierrepont. Elle est également située hors des zones inondables, des zones de submersion marine et n’est pas concernée par les remontées de nappes phréatiques. En revanche, elle est concernée par l’aléa chutes de blocs du fait de pentes fortes à très fortes.

S’agissant de la carrière proprement dite, un certain nombre de mesures d’accompagnement et de compensation ont été prises permettant le développement des espèces pionnières. Les points de vigilance et les mesures à mettre en œuvre devront porter prioritairement sur la gestion de certaines espèces protégées et sur la reconstitution des habitats favorables à la recolonisation de ces espèces (l’Agrostide à soies en particulier), sur l’extension d’espèces exotiques envahissantes. En ce sens, un suivi annuel précis les cinq premières années de l’évolution de la dynamique des populations devra être réalisé. Il est rappelé, en termes de faune-flore, que les inventaires effectués recensent 5 espèces végétales d’intérêt patrimonial dont deux protégées au niveau régional, 30 espèces animales à protéger dont 25 d’intérêt patrimonial, 20 types d’habitat, 6 espèces végétales potentiellement invasives. Soit au total, 104 espèces animales (insectes, oiseaux,

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mammifères, amphibiens, reptiles) ainsi que 3 groupes d’espèces de chauves-souris, toutes protégées.

3.5 Les capacités techniques et financières de l’exploitant

(d’après les informations contenues dans le dossier d’enquête)

Capacités techniques : la société Neveux dispose du matériel nécessaire à l’exploitation de la carrière et au concassage et au criblage des matériaux ainsi que du personnel qualifié pour mener à bien chacune de ces opérations.

Capacités financières : le dossier précise le montant des dépenses d’investissement prévues dans le cadre de la poursuite de l’exploitation ( amélioration des dispositifs d’abattage des poussières sur les installations, 50 000 euros, et la modification du système de gestion des eaux, 60 000 euros ).

Les chiffres d’affaire, bilans et comptes de résultats des derniers exercices de la société Neveux et Cie ainsi que les provisions pour risques et charges (remise en état du site et démantèlement) figurent bien dans le dossier et attestent de la capacité financière de la société à mener à bien l’activité d’extraction envisagée ainsi que la remise en état du site selon les prescriptions qui lui seront imposées dans l’échéancier qui figurera dans l’arrêté à prendre. Le pétitionnaire, conformément aux dispositions réglementaires applicables, a fourni également, dans sa demande d’autorisation, le plan estimé du montant des garanties financières, par période quinquennale (page 56 de la demande).

4 . Présentation du dossier de demande d’autorisation

En application des articles R.512-3 R.512-6 du code de l’environnement, le dossier d’enquête publique déposé par le pétitionnaire est constitué de : - Pièce 1 : la note de présentation non technique (9 pages) - Pièce 2 : la demande d’autorisation environnementale (119 pages) - Pièce 3 : le plan d’ensemble - Pièce 4 : les résumés non techniques des études d’impact et de dangers (55 pages) - Pièce 5 : l’étude d’impact (287 pages) - Pièce 6 : 7 annexes de l’étude d’impact (310 pages) ▪ étude acoustique ▪ étude hydrogéologique ▪ étude faunistique et floristique ▪ dossier d’évaluation d’incidences sur les sites Natura 2000 ▪ carthographie pétro-structurale ▪ mesures de retombées des poussières ▪ étude paysagère - Pièce 7 : l’étude de dangers (58 pages ) - Autres pièces présentes au dossier : l’étude paysagère ainsi que les avis du Parc Naturel Régional du Cotentin et du Bessin, de l’INAO et la MRAe (15 pages). La réponse du

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pétitionnaire à l’avis délibéré de la mission régionale d’autorité environnementale ainsi que l’arrêté préfectoral portant ouverture de l’enquête publique figurent également au dossier mis à la disposition du public.

Ce dossier a été élaboré par le bureau d’études ENCEM dont le siège est basé 3, rue Alfred Roll 75849 Paris Cedex 17. C’est l’ensemble de ce dossier de plus de 900 pages, complété de l’avis de l’autorité environnementale en date du 15 novembre 2018, qui a été mis à la disposition du public en mairie de DOVILLE du 29 janvier au 28 février 2019 inclus. Le registre d’enquête mis à la disposition du public dans la mairie comportait 32 pages dont 20 destinées à recevoir ses observations.

5 . L’étude d’impact et les mesures « E.R.C » (Eviter, Réduire, Compenser)

Le dossier valant étude d’impact, produit par le maître d’ouvrage, répond aux exigences de l’article 122.5 complété par les articles R.512-3 à R.512-9 du code de l’environnement. Il analyse les différents impacts du projet ainsi que les mesures ERC (Eviter, Réduire, Compenser) proposées par le pétitionnaire, processus de mesure qui consiste dans un premier temps à définir les mesures visant à éviter les impacts, puis à réduire ceux qui n’ont pas pu être évités, et enfin à compenser les impacts résiduels restant significatifs.

Les thématiques retenues par le pétitionnaire, présentant un enjeu particulier sont les suivantes : la population, la biodiversité, les eaux, les voies de communication, le patrimoine et le paysage.

▪ l’impact sur la population :

- incidences acoustiques : modélisation des émissions déjà réalisée, niveaux sonores mesurés inférieurs ou égaux aux seuils réglementaires. Aucune mesure de réduction des impacts n’est à prévoir. - vibrations : estimations des vitesses largement conformes à la réglementation. Aucune mesure de réduction des impacts n’est à prévoir. - poussières : 8 mesures mises en place pour limiter les envols de poussières. Aucune mesure de réduction des impacts n’est à prévoir. - émissions lumineuses : le site ne fonctionne pas la nuit. Eclairage utilisé lorsque la luminosité est faible, orienté vers l’intérieur de la carrière, sans risque de gêne pour les habitants. - sécurité publique : les sources potentielles sont nombreuses. Les mesures sont mises en place dans le cadre de l’exploitation actuelle. - santé : compte tenu des niveaux d’émissions et des mesures prévues, le projet ne présente pas de risque sanitaire. - paysage : stocks peu visibles. Impact faible.

▪ l’impact sur la biodiversité : l’impact faune, flore et habitats naturels est lié en grande partie au niveau de sensibilité patrimoniale du milieu. Il est qualifié de « faible » sur l’emprise actuelle et de « moyen » sur la zone d’extension de la zone de stockage.

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Les 14 mesures « ERC » prévues sont présentées ci-dessous en fin de chapitre.

▪ l’impact sur les eaux : l’analyse des incidences concernent les effets du débit et la qualité du rejet de la carrière sur le milieu récepteur ( le Gorget ). Dans la mesure où la zone de collecte des eaux de ruissellement restera inchangée. Un aménagement du dispositif actuel de gestion des eaux est prévu afin de réguler le débit de rejet lors des épisodes pluvieux importants et d’améliorer la qualité vis-à-vis des matières en suspension. Par ailleurs, le dispositif de décantation actuel, comportant trois bassins, sera complété par deux autres bassins. Trois bassins d’infiltration seront aménagés au niveau des aires de stockage. S’agissant des eaux souterraines : pas d’incidence du projet d’approfondissement sur les ressources en eau souterraine. Pas de mesure de réduction des impacts à prévoir. Sur un plan purement qualitatif, 7 mesures de prévention des risques sont mises en œuvre assorties de mesures de suivi et autres analyses.

▪ l’impact sur les voies de communication : la production évacuée se poursuivra selon les modalités actuelles, sans augmentation du trafic ni de la production, envisagée en légère baisse. Les mesures de sécurité sont déjà mises en place. Aucune mesure de réduction des impacts n’est à prévoir.

▪ l’impact sur le patrimoine : pas de site archéologique connu dans le secteur, pas de périmètre de monument historique ou de site classé et inscrit interférant avec la carrière, pas de covisibilité entre les éléments du patrimoine protégé et les terrains en exploitation.

▪ l’impact sur le paysage : les effets sur le paysage et l’impact visuel se limiteront à une seule zone de perception sur l’extension de la zone de stockage visible depuis la RD 137 et sur une distance de 150 mètres environ. Globalement le projet ne modifiera pas sensiblement l’impact visuel actuel du site depuis les zones de perception des fronts actuels. Cinq mesures destinées à limiter l’impact visuel sont prévues.

► Les principales mesures réductrices et compensatrices, au nombre de 14, que le pétitionnaire propose de mettre en place concernent uniquement la biodiversité :

▪ 5 mesures d’évitement : - E1 : évitement des landes du Mont Doville par l’abandon du projet initial d’extension au Nord de la carrière actuelle, - E2 : conservation en l’état des fronts Nord pour préserver les sites de nidification du Faucon pèlerin et du Grand Corbeau et d’une végétation de landeouverte riche en Agrostide à soies, - E3 : évitement de la station de Pyrole à feuilles rondes avec conservation du fossé, - E4 : évitement du bassin au Nord qui abrite des populations de Crapaud accoucheur, Rainette verte et Triton palmé, - E5 : évitement des haies au niveau de l’extension de la zone de stockage.

▪ 6 mesures de réduction : - R1 : protection des amphibiens : les opérations de remaniement et de curage seront réalisées hors période de reproduction et de phase aquatique des amphibiens,

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- R2 : protection des oiseaux : remaniement des secteurs colonisés en dehors de la période de nidification des oiseaux, - R3 : protection des haies : préservation d’une bande non décapée au niveau de l’extension de la zone de stockage, - R4 : protection de la Pyrole à feuilles rondes ; pas d’entretien du fossé qui abrite la station entre le 1er juillet et le 15 octobre et aucun curage réalisé à son niveau, - R5 : éradication des espèces invasives, - R6 : protection des eaux superficielles et du marais de la Sangsurière.

▪ 3 mesures d’augmentation des potentialités d’accueil pour certaines espèces ( pas de mesures compensatoires par conséquent ) : - A1 : aménagement écologique des bassins de décantation afin de favoriser des habitats favorables aux végétations aquatiques, amphibies et hygrophiles, - A2 : remise en état favorable à l’Agrostide à soies par le maintien d’un substrat minéral, à l’Est de la carrière, pour restaurer une lande basse et des pelouses, - A3 : assurer la mise en œuvre des mesures ERC par une mission de suivi, d’assistance et de conseil.

L’étude d’impact est bien présentée, les nombreuses cartographies en facilitent sa lecture. De même pour son résumé non technique qui répond aux exigences du code de l’environnement et facilite sa compréhension. Les principales mesures réductrices ou compensatoires que le pétitionnaire propose de mettre en place concernent le milieu naturel

6 . L’étude des dangers

Définie à l’article R.512-9 du Code de l’Environnement, l’étude des dangers est une étude prospective qui doit mettre l’accent à la fois sur les dangers que peut présenter une installation et sur les moyens de les réduire.

Dans l’esprit de la méthodologie décrite dans la circulaire du 24 juillet 2003 précisant les principes généraux pour l’élaboration des études de dangers, seuls sont étudiés les évènements physiquement vraisemblables, à l’exclusion de ceux résultant d’actes de malveillance éventuels.

6.1 Identification et caractérisation des potentiels de dangers

Le document est présenté de la façon suivante :

- identification des sources de dangers du projet, dans la carrière , auprès des installations fixes et mobiles ainsi que sur les zones de stockage y compris ceux liés aux éléments ou circonstances extérieures au site ( risques anthropiques et naturels ),

- analyse des risques consécutifs à un évènement accidentel (sources possibles du risque, origine et conséquences potentielles),

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- évaluation qualitative et quantitative des effets suivant leur nature et prise en compte de la probabilité d’occurrence, de la cinétique et de l’intensité des effets de la gravité des conséquences des accidents.

Quatre familles de risques ont été répertoriées (impacts sur les eaux et sur les sols, impact sur l’air, explosion accidentelle et accidents corporels) ainsi que 19 potentiels de dangers.

Le document présente ainsi de façon précise et , pour chacune des familles de risques et de potentiels de dangers, les évènements initiateurs, les conséquences potentielles et les principales mesures de maîtrise du risque mises en œuvre dans le cadre de l’exploitation actuelle.

Il est noté enfin qu’aucun accident de tiers n’a été enregistré sur le site et à l’extérieur, en lien avec l’exploitation de la carrière.

6.2 L’analyse des risques

Les risques répertoriés, liés à un potentiel de danger interne et externe, font l’objet de mesures préventives et de protection. Les documents, étude de dangers et résumé non technique de l’étude de dangers, définissent la cotation les risques en terme de probabilité, d’occurrence et de gravité et évaluent ces risques selon une grille de criticité. D’une façon globale, il ressort de cette étude concernant les cibles extérieures au site, un niveau général de gravité « modéré » mais possiblement « sérieux » pour les risques d’incendie d’hydrocarbures et celui concernant les accidents d’engins et de véhicules. S’agissant enfin de l’évaluation générale des mêmes risques, extérieurs au site, le niveau de classification pour tous les risques est situé à un niveau « acceptable ».

L’étude de dangers est claire. Les mesures de prévention des risques appliquées sur le site de la carrière contribuent d’ores et déjà à réduire les différents types de dangers tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la carrière. Il eût été souhaitable néanmoins, au regard des risques induits par l’activité extractive d’un front de taille de roche massive à ciel ouvert, d’évoquer la question des instabilités ou mouvement de terrain pouvant affecter l’exploitation (glissements plan le long d’une discontinuité, glissement plan « banc sur banc », phénomène de fauchage…). Cet aléa « chutes de blocs » constitue un élément sensible du fait des pentes fortes à très fortes rencontrées.

6.3 La remise en état du site après exploitation

La zone d’extraction, côté fosse Est, sera remblayée progressivement par les stériles produits au niveau de l’exploitation, ceux stockés en bordure de carrière et par des matériaux inertes provenant des chantiers de travaux publics locaux.

La fosse d’extraction, après arrêt du pompage, se remplira d’eau pluviale.

Les fronts de taille seront modelés de façon à créer des milieux supports différents pour la végétation spontanée et les espèces rupicoles.

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Au terme de l’exploitation, les équipements (bureaux, installations, atelier) seront démontés et évacués, l’aire des installations de traitement fera place à une zone à vocation écologique, l’extension de la zone de stockage aura vocation à redevenir une prairie de fauche semblable à celle existant actuellement.

Le plan d’eau constituera enfin une importante réserve d’eau qui pourrait, selon les choix opérés, être mis à profit pour la lutte contre l’incendie ou l’irrigation des cultures.

L’étude des dangers présentée justifie que le projet présenté permet d’atteindre, dans des conditions économiquement acceptables, un niveau de risque aussi bas que possible, compte tenu de l’état des connaissances, des pratiques et de la vulnérabilité de l’environnement de l’installation.

7. Observations des services et personnes publiques associées

7.1 L’avis des communes

Pour parfaire son information, la préfecture de la Manche a demandé à l’ensemble des communes concernées par l’enquête publique de prendre une délibération sur la demande d’autorisation environnementale présentée par la société Neveux & Compagnie pour le renouvellement, l’extension et l’approfondissement de la carrière « le Mont Colquin » située sur le territoire de la commune de Doville.

▪ commune de Saint-Sauveur-de-Pierrepont : délibération du 8 février 2019. Avis favorable (unanimité).

▪ commune de Saint-Nicolas-de-Pierrepont : délibération du 14 février 2019. Avis défavorable ( 6 contre, 2 pour, 1 abstention ).

▪ commune de Catteville : délibération du 4 mars 2019. Avis favorable (unanimité).

▪ commune de La Haye (dont communes déléguées) : délibération du 5 mars 2019. Avis favorable (51 pour, 1 abstention, 0 contre).

▪ commune de Doville : délibération du 12 mars 2019. Avis favorable (unanimité).

▪ commune de Varenguebec : délibération du 6 mars 2019. Avis favorable (unanimité)

7.2 L’évaluation environnementale du projet

Cet avis « simple », argumenté mais non conclusif, exprimé par la Mission Régionale d’Autorité environnemental (MRAe) porte sur la qualité de l’étude d’impact et sur la prise en compte de l’environnement par le projet. Il porte également sur la bonne intelligibilité dans la présentation du projet et de son évaluation environnementale par le public. L’avis rendu poursuit les trois objectifs suivants : permettre au maître d’ouvrage d’améliorer son projet, éclairer la décision de l’autorité organisatrice et informer le public participant à l’enquête publique. Conformément à l’article R.122-9 du

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code de l’environnement, il est intégré au dossier soumis à l’enquête publique. Conformément également à l’article R122-2 du code de l’environnement, le projet est soumis à évaluation environnementale systématique au titre des « carrières soumises à autorisation mentionnées par la rubrique 2510 de la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement et leurs extensions supérieures ou égales à 25 ha » (29,2 ha dans le cas du projet). Cet avis, daté du 15 novembre 2018 était consultable sur le site de la préfecture de la Manche à compter du 29 janvier 2019. L’Autorité Environnementale considère que l’étude d’impact présentée comporte l’ensemble des documents exigés par les articles R.512-3 à R.512-9 du code de l’environnement. Elle est de bonne qualité sur la forme et présente de nombreuses illustrations, cartes, tableaux de synthèse et lexiques qui facilitent la bonne compréhension du projet. L’état initial de l’environnement est présenté de façon claire. Les impacts sur l’environnement, les incidences Natura 2000, la justification des choix, l’estimation des dépenses et le résumé non technique sont examinés, produits et jugés cohérents et / ou de bonne qualité. Il en est de même pour les mesures relatives à l’intégration paysagère, au bruit et aux déchets. L’Ae recommande cependant : ▪ d’approfondir l’état initial de l’environnement sur la biodiversité en raison de la proximité du projet de nombreux sites remarquables et de développer par conséquent l’évaluation des impacts du projet, ▪ de compléter et d’améliorer la lisibilité de la cartographie des sites Natura 2000, ▪ d’identifier les projets susceptibles de présenter des effets cumulés avec la carrière et d’analyser ces effets cumulés, L’Ae constate également que des éléments à fort enjeu sont insuffisamment pris en compte : ▪ en explicitant davantage la nature des effets du projet sur l’environnement et en complétant le dispositif de suivi des mesures d’évitement, de réduction et de compensation pour le rendre plus opérationnel, ▪ en justifiant le maintien du débit des eaux pluviales en sortie de carrière à 100 m3 / h par le canal Venturi et en renforçant le dispositif de suivi des mesures, ▪ en étayant les incidences sur la biodiversité des nuisances sonores générées par le projet ▪ en introduisant davantage d’indicateurs de suivi pour la flore et la faune, en intégrant les impacts du projet sur la biodiversité ordinaire et en prenant en compte la question de l’hibernation des chauves-souris lors des coupes d’arbres et de haies, ▪ en détaillant les mesures prises pour s’assurer du respect de la réduction des retombées de poussières. Il est rappelé que les recommandations de l’Ae ont donné lieu à un « mémoire en réponse » du maître d’ouvrage daté du 5 décembre 2018. Il est joint au dossier d’enquête publique avec les études d’impact et de dangers et l’avis de l’Ae.

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7.3 L’avis des personnes publiques associées

- Le Parc naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin : pas de remarques de fond. Deux points de vigilance sont évoqués : l’arrivée des rejets dans la réserve naturelle nationale de la Sangsurière et Adriennerie avec le risque possible d’envasement du fossé sud de la Réserve et l’affectation possible des bassins de décantation, lors du réaménagement final, afin d’offrir un potentiel écologique plus favorable aux amphibiens. - L’Institut National de l’Origine et de la Qualité : pas d’objection formulée à l’encontre du projet dans la mesure où celui-ci n’affecte pas l’activité des productions sous signe de qualités concernées (AOP, AOC, IG et IGP). - La Direction Régionale des Affaires Culturelles : pas d’avis. - Le Parc naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin pour la partie « SAGE Douve Taute » : pas d’avis. - Le commissaire enquêteur n’a pas eu connaissance d’avis d’autres services.

8. Préparation de l’enquête publique

8.1 Modalités pratiques

Dès réception de la décision de la décision du Tribunal Administratif de CAEN, j’ai rencontré Madame Camille PICARD le 27 décembre à la Préfecture de la Manche à SAINT- LÔ – bureau de l’Environnement et de la Concertation Publique – afin d’arrêter les modalités pratiques de l’enquête. Le dossier d’enquête devant être complété, nous avons néanmoins décidé que : - l’enquête publique se déroulerait du 29 janvier 2019 à 9 h 00 au 28 février 2019 à 17 h 00, - le commissaire enquêteur assurerait quatre permanences au sein des locaux de la mairie de DOVILLE, - un arrêté d’enquête préfectoral serait diffusé par les services de la Préfecture auprès des mairies concernées, - l’enquête publique ferait l’objet d’une triple publicité : par voie d’affichage de l’avis d’enquête dans toutes les mairies concernées, par parution du même avis, à deux reprises, dans les journaux « Ouest France » et « La Manche Libre » et enfin par voie dématérialisée, - le dossier serait également consultable sur un poste informatique dédié mis à la disposition du public à la Préfecture de la Manche, - une visite au moins du site de la carrière aurait lieu 15 jours avant le début de l’enquête et que le contrôle de l’affichage de l’avis d’enquête seraient réalisés par le commissaire enquêteur. J’ai rencontré Madame Camille PICARD une seconde fois le 9 janvier afin de prendre possession du dossier et de compléter le registre d’enquête.

8.2 Rencontre avec le maître d’ouvrage avant le début de l’enquête

Après une première lecture de l’ensemble des documents, je me suis rendu le 14 janvier 2019 à la carrière où j’ai été reçu par M. Patrick MELLIER, directeur d’agence matériaux du site, qui m’a apporté les éléments utiles à la bonne compréhension du dossier,

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notamment au regard des éléments de contexte technique, règlementaire et environnemental. Nous avons évoqué, entre autres, la question de l’affichage sur place prévu par l’article R.123-14 du code de l’environnement, le plan de phasage de l’exploitation et du remblaiement, l’accueil du public vis-à-vis du projet de prolongation de durée. Nous avons également visité le site, les installations, les fronts de taille ainsi que l’environnement habité ou non dans la carrière. Cette visite a permis au commissaire enquêteur de bien appréhender les enjeux associés à la situation de la carrière et à l’évolution projetée.

9. Déroulement concret de l’enquête publique

9.1 Désignation du commissaire enquêteur

J’ai été désigné en qualité de commissaire enquêteur pour la présente enquête publique par décision n° E18000101 / 14 en date du 20 décembre 2018.

Je certifie être parfaitement indépendant et n’être aucunement intéressé par le projet, objet de la présente enquête publique.

L’ouverture de l’enquête publique a été prononcée par arrêté préfectoral en date du 4 janvier 2019.

9.2 Durée de l’enquête publique

L’enquête publique s’est déroulée sur 31 jours consécutifs du mardi 29 janvier 2019 à 9 h 00 au jeudi 28 février 2019 à 17 h 00. Le dossier était accessible aux horaires habituels d’ouverture de la mairie de Doville, le lundi de 10 h 30 à 12 h 30, le mardi de 16 h 00 à 18 h 00 et le jeudi de 13 h 30 à 15 h 00.

9.3 Information du public

L’information du public a fait l’objet d’une triple publicité légale (articles R.123-9, 10 et 11 du code de l’environnement) par affichage de l’avis d’enquête publique, l’insertion dans la presse de cet avis d’enquête et par voie dématérialisée du même avis d’enquête.

9.3.1 Annonces légales

La première parution de l’avis d’enquête publique dans la presse a été réalisée le 10 janvier 2019 dans le quotidien « Ouest France » et le 12 janvier 2019 dans le journal hebdomadaire « La Manche Libre », donc bien dans les délais impartis par rapport à la date de début de l’enquête.

La seconde parution a été effectuée le 30 janvier 2019 dans « Ouest France » et le 2 février 2019 dans « La Manche Libre », soit comme prévu dans les 8 premiers jours de l’enquête.

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9.3.2 Affichage de l’avis d’enquête publique

L’affichage sur site de l’avis d’enquête publique, dans un format conforme à l’arrêté du 24 avril 2012 fixant les caractéristiques et dimensions de l’affichage de l’avis d’enquête publique, a été apposé par le pétitionnaire au niveau des accès à la carrière. J’ai vérifié par mes soins cet affichage le 14 janvier 2019 à l’occasion de ma visite de la carrière.

Conformément à la nomenclature des ICPE, l’affichage de cet avis d’enquête publique a également été réalisé dans les communes situées dans un rayon de 3 kilomètres autour du site du projet. Les communes et communes déléguées concernées sont au nombre de 12. Outre la commune de Doville, il s’agit de : Catteville, La Haye, Bolleville, Saint Symphorien-le-Valois, Neufmesnil, Neuville-en-Beaumont, Saint-Nicolas-de-Pierrepont, Saint-Sauveur-de-Pierrepont, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Taillepied et Varenguebec dont la totalité ou une partie seulement du territoire se trouve dans le rayon précité.

Le 14 janvier 2019, j’ai vérifié par mes soins cet affichage dans toutes les communes précitées.

9.3.3 Bilan de la publicité

Les obligations règlementaires prévues à l’article R.123-11 du code de l’environnement ont bien été respectées.

9.3.4 Mise à disposition du dossier

Le dossier d’enquête publique (dossier d’enquête, pièces annexées et registre d’observation) était accessible au public aux horaires habituels d’ouverture de la mairie de Doville, auprès du secrétariat de mairie. Ce dossier était également consultable à compter du 29 janvier 2019 sur le site internet du registre dématérialisé à l’adresse suivante https://www.registre-numerique.fr/carriere-Doville et sur un poste informatique mis à la disposition du public à la préfecture de la Manche à Saint-Lô, du lundi au vendredi selon les horaires habituels d’ouverture au public.

9.4 Permanences du commissaire enquêteur

Conformément à l’arrêté du préfet de la Manche, le commissaire enquêteur s’est tenu à la disposition du public au cours de quatre permanences se sont déroulées en mairie de Doville aux dates et horaires suivants : - Le mardi 29 janvier 2019 de 9 h 00 à 12 h 00 - Le jeudi 7 février 2019 de 14 h 00 à 17 h 00 - Le jeudi 14 février 2019 de 15 h 00 à 18 h 00 - Le jeudi 28 février 2019 de 14 h 00 à 17 h 00

La mairie avait mis à ma disposition la salle du conseil municipal ou un bureau pour les 4 permanences. J’ai ainsi pu recevoir le public dans un espace adapté, accessible aux personnes à mobilité réduite, permettant la libre expression de chacun.

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9.5 Réunion publique

Ce projet n’a pas nécessité la tenue d’une réunion publique durant l’enquête publique. En effet, le projet concerne une demande d’autorisation d’étendre légèrement (3 ha) le site d’une carrière existante.

Cette dernière existe depuis de nombreuses années et les procédés d’extraction qui seraient mis en œuvre dans le cadre de la présente demande seraient inchangés par rapport à ceux utilisés actuellement. En revanche, le chef d’agence matériaux a présenté aux élus de Doville le 14 décembre 2017 la proposition de réaménagement de la carrière en fin d’exploitation (avis favorable à l’unanimité).

9.6 Formalités de clôture

La clôture de l’enquête a eu lieu le 28 février 2019 à 17 h 00. Le registre a été clos par le commissaire enquêteur. Les copies des pages d’ouverture et de clôture du registre, pages d’observations, documents remis et reçus par le commissaire enquêteur ainsi que les observations transmises par courrier électronique via le site de la préfecture sont annexés au rapport.

Sur les registres d’enquête ( papier et courriers électroniques ), le commissaire enquêteur a relevé 4 observations sur le registre, 5 mails et a reçu par mail ou s’est vu remettre 4 courriers. J’ai récupéré le registre d’enquête dès la clôture. Il sera joint au rapport et aux conclusions que je remettrai à la préfecture de la Manche avec copie à Monsieur le Président du Tribunal Administratif de Caen.

9.7 Déroulement des permanences

Conformément à l’arrêté du préfet de la Manche, le commissaire enquêteur s’est tenu à la disposition du public au cours des quatre permanences fixées, aux dates et heures fixées, en mairie de Doville.

Ces quatre permanences se sont déroulées sans aucun incident. Le lieu de permanence (salle de réunion du conseil municipal ou salle de réunion) pouvait faciliter la consultation des documents ainsi que les échanges entre les participants et le commissaire enquêteur. Ce lieu était adapté pour recevoir des personnes à mobilité réduite. Le commissaire enquêteur n’en a pas rencontré. Chaque participant avait la possibilité de disposer du registre pour porter ses observations en toute quiétude.

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9.8 Conclusions sur le déroulement de l’enquête

La composition du dossier d’enquête, les conditions de déroulement de l’enquête et l’information du public n’appellent pas d’observations particulières de ma part. Par ailleurs, toutes les formalités de publicité ont bien été respectées.

10. Le recueil des observations du public et du commissaire enquêteur

10.1 Le relevé des interventions reçues à la date du 28 février 2019

Suite à l’enquête publique sur la demande d’autorisation environnementale pour le renouvellement, l’extension et l’approfondissement de la carrière « Le Mont Colquin » située sur la commune de Doville.

Codification mise en œuvre : ( LR ) lettre recommandée, ( R ) registre d’enquête papier, (CE) courrier électronique, (CEPJ) courrier électronique avec pièce jointe, (RO) observations orales, ( C ) courriers remis au commissaire enquêteur en mairie de Doville.

10.1.1 L’enregistrement des observations du public

Lors des 4 permanences, le commissaire enquêteur a reçu quatre personnes en mairie de Doville. Cette enquête unique a donné lieu globalement à : ▪ 4 observations rédigées sur le registre papier codifiées R1 à R4 ▪ 1 courrier remis au commissaire enquêteur lors d’une permanence codifié C1 ▪ 5 courriers électroniques codifiés CE 1 à CE 5 ▪ 3 courriers électroniques avec pièce jointe codifiés CEPJ 1 à CEPJ 3.

10.1.2 Les observations figurant sur le registre papier

Le registre papier mis à la disposition du public comportait 32 pages, dont 24 pages destinées à recevoir ses observations.

Les observations sont au nombre de 4. Elles sont examinées ci-après, en détail, et codifiés R1 à R4.

10.1.3 Les observations envoyées par courrier électronique

Les 5 courriers électroniques reçus via le registre numérique codifiés CE 1 à CE 5.

Les 3 courriers électroniques avec pièce jointe reçus via le registre numérique ou transmis directement vers le site de la préfecture codifiés CEPJ 1 à CEPJ 3.

Elles font toutes l’objet d’un examen.

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10.1.4 Le courrier directement remis au commissaire enquêteur le jour de la quatrième permanence, codifié C1.

Ces éléments font également l’objet d’un examen détaillé.

10.1.5 Les visites et les téléchargements sur le registre numérique

- 66 visites ont été enregistrées, - 140 téléchargements ont été effectués.

10.2 Les observations favorables au projet

R1- Monsieur Daniel ENAULT (le bourg Doville) souligne l’importance de la carrière dans l’activité économique locale. Il mentionne aussi l’adaptation de l’activité aux différents paramètres locaux : environnement, bruits, vibrations et précise la tenue régulière de la Commission Locale de Concertation et de Suivi (CLCS). Il pense que les aménagements complémentaires prévus dans le cadre du projet peuvent permettre de mieux maîtriser les fortes pluies. Il note enfin que le projet ne prévoit pas une extension de la zone d’extraction et donc, par voie de conséquence, une menace pour les zones à forte sensibilité environnementale.

CE1- Monsieur Oisin SUBILEAU (La Roche-sur-Foron ) insiste sur la participation de la carrière au développement économique territorial : emplois directs, activité induite par la présence de la carrière ( restauration, hôtellerie, sous-traitants, prestataires de services, ressources minérales fournies…). Il considère par ailleurs que le projet industriel, conçu en lien avec des professionnels du métier et les associations locales, prend bien en compte l’ensemble des enjeux.

CE2- Monsieur Marc BENNEVILLE (Villers-Bocage) mentionne la contribution de l’entreprise Neveux au développement économique, vis-à-vis en particulier du maintien voire du développement de l’emploi et de l’activité des sous-traitants, dans le respect de l’environnement.

CE3- Madame Morgane ECOLIVET (La Haye-d’Ectot) précise que la carrière ne se limite pas simplement à l’extraction de « cailloux » car sa présence s’étend au-delà de ce champ d’activité. Elle indique ses liens avec les collectivités locales, les entreprises, les agriculteurs, les distributeurs, les particuliers.. Elle ajoute également l’importance du volet emploi et la nécessité de la présence de ce point d’approvisionnement local pour satisfaire les besoins locaux en matériaux. Elle considère enfin que le projet présenté prend bien en compte les aspects économiques, environnementaux et sociaux.

CE4- Monsieur Jacques THIVIER (Saint-Sauveur-le-Vicomte), sous traitant « transport » proche de la carrière souligne l’importance du maintien, voire du développement, de cette activité économique.

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CE5- Monsieur Matthieu MONTCAQ (La Haye-du-Puits) apporte aussi son soutien au projet car l’activité de la carrière permet le maintien de l’emploi, le développement de nouveaux projets et la contribution au développement économique local.

10.3 Les autres observations

R2- Monsieur MABILLE (La cuiroterie Doville ) se déclare favorable à la poursuite de l’extraction de matériaux mais s’interroge sur la « production d’enrobage de bitume à froid » et ses impacts sur l’environnement et sur « le volume de transport » généré par cette production.

R3- Madame Aline HOLLEY-MABILLE (La cuiroterie Doville ) se montre inquiète vis-à- vis de la centrale d’enrobage au bitume à froid et de l’absence d’une étude spécifique sur ce sujet. Elle s’interroge aussi sur l’origine des seuils autorisés (100t/jour à 1500t/jour) et sur les conséquences d’une extraction en profondeur en termes de bruit et de vibrations ainsi que vis-à-vis de la nappe phréatique.

R4- Madame Sonia VERMUGHEN (La cuiroterie Doville ) fait part de ses inquiétudes vis-à-vis de la centrale au bitume à froid et sur la réhabilitation du site.

CEPJ1- Mairie de Saint-Nicolas-de-Pierrepont : courrier daté du 19 février 2019 mentionnant, par délibération du 14 février, son opposition au projet. Les points exposés dans ce courrier sont les suivants : ▪ un dossier technique, volumineux et dont la consultation et la lecture sont difficiles, ▪ l’insuffisance des mesures de bruit, tant sur le plan de la périodicité (tous les trois ans) que sur les paramètres intégrés à ces mesures (force et direction des vents ), ▪ le dépôt des poussières, ▪ les flux de camions : possibilités d’accidents, limitations de vitesse non respectées, poussières soulevées, émissions de gaz d’échappement, klaxons de recul bruyants, inadaptation des routes et de l’accès à la RD 900, situation des bureaux et de la bascule nécessitant la traversée constante de la RD 137, ▪ pollution par les eaux de ruissellement (illustration par 8 photos), non-conformité possible des aménagements réalisés sur la RD 137, stockage de granulats sur une parcelle en devers le long de la RD 137 avec le risque sur le village Le Boscq, ▪ le souhait de prévoir la construction d’un mur anti-bruit.

CEPJ2- LPO Normandie : courrier daté du 22 février 2019. Ce courrier relève des insuffisances dans le domaine avifaune : ▪ indication de la présence, sur le site d’exploitation, d’une espèce rare et en fort déclin, le Tarier des prés, sans mention de mesures de compensation. Confusion probable avec le Tarier pâtre, espèce proche et moins rare, ▪ erreur à nouveau d’interprétation du bureau d’études concernant la reproduction d’une espèce rare et menacée, la Fauvette pitchou. Un seul couple se reproduirait sur

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le mont Colquin, à proximité de la carrière, ce qui semble indiquer l’absence de nécessité d’un enjeu de conservation dans le périmètre de l’exploitation, ▪ aucune mention ni relevé hivernal concernant le site de repos de la population de Hibou des Marais, espèce inscrite à l’annexe 1 de la directive européenne Oiseaux, dont les individus ( 2 à 11 ) hivernent dans une zone de friche de la carrière. Absence de cet enjeu important dans l’étude d’impact et urgence de l’intégrer dans le projet.

CEPJ3- Manche Nature et Cotentin Nature : courrier daté du 28 février 2019. Les quatre remarques évoquées sont les suivantes : ▪ arrêt souhaité de l’exploitation à la date d’expiration de l’autorisation actuelle, compte tenu des enjeux environnementaux, de la perte croissante de biodiversité et des ressources naturelles et de la possibilité de rechercher des alternatives à ce type d’exploitation (réutilisation des matériaux issus de la démolition par exemple), ▪ insuffisance de l’étude d’impact, pointée par l’autorité environnementale dans son avis du 15 novembre 2018, issue d’une analyse de l’état initial de l’environnement imprécise avec pour conséquence la sous-évaluation des incidences sur l’environnement, ▪ impact direct de l’exploitation sur le milieu aquatique, la zone humide et sur les eaux du Gorget, cours d’eau protégé par un arrêté biotope ; refus mentionné du pétitionnaire « d’approfondir l’étude sur les incidences de la carrière sur les milieux aquatiques », ▪ la remise en état du site qui consistera principalement à remblayer la carrière par des « déchets en volume conséquent », mesure inconcevable compte tenu de la sensibilité du site.

CE1- Madame Marie-Hélène SCELLES (le bourg Doville) : courrier daté du 28 février 2019 remis le même jour au commissaire enquêteur. Dans son courrier, elle évoque les points suivants : ▪ son étonnement de l’organisation d’une enquête publique alors que l’autorisation actuelle est valable jusqu’en 2027 tout en soulignant le besoin de cailloux pour les entreprises, ▪ sa surprise également de la volonté de mise en œuvre d’une centrale d’enrobé à froid qui viendrait s’ajouter à une centrale mobile de fabrication de grave. Les questions sont donc liées à cet équipement : produits utilisés, la composition de l’émulsion, quelle étude de risques sur ce sujet, quel niveau annuel de production ?….Madame SCELLES, faute de précisions sur ce projet, précise son opposition à cette centrale d’enrobé à froid, ▪ l’instabilité des stériles et des matériaux inertes utilisés : les risques de glissement sur les pentes et les conséquences sur la sécurité des salariés de la carrière ont-ils été étudiés ? ▪ au terme de la période d’exploitation, la carrière laissera sa place à un plan d’eau de 8.4 ha. La présence d’une telle masse d’eau présente-t-elle des risques d’infiltration et au pire, en cas de séisme, quelles en seraient les conséquences ?

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10.4 Les observations du commissaire enquêteur

Elles figurent en annexe 4 du rapport. Elles sont au nombre de trois.

11. Le procès-verbal de synthèse

Le 5 mars 2019, en application de l’article R.123-18 du code de l’environnement, le commissaire enquêteur a remis à M. Patrick MELLIER, directeur d’agence matériaux de la carrière, dans ses bureaux situés sur le site, ce procès verbal, que nous avons conjointement signé (annexe 1), accompagné d’une synthèse rapide des principaux éléments de l’enquête (annexe 2) ainsi que l’ensemble des observations recueillies. Ce document reprend de manière exhaustive l’ensemble des observations émises figurant sur le registre papier et reçues par courrier électronique et par courriers. Le commissaire enquêteur a fait figurer ses propres interrogations sur un document (annexe 3 ). Le maître d’ouvrage a été informé qu’il disposait d’un délai de 15 jours pour produire ses réponses, soit avant le 21 mars 2019. Le commissaire enquêteur s’est vu remettre le 19 mars 2019, et par mail du 18 mars 2019, le mémoire en réponse du pétitionnaire.

12. Le mémoire en réponse du maître d’ouvrage (annexe 4) Ce document de 5 pages m’a été remis et commenté le 19 mars 2019 par M. MELLIER dans les bureaux de la carrière. Le commissaire enquêteur a apprécié la qualité et la précision des réponses du pétitionnaire, qui reprennent et développent les thématiques présentées dans le procès-verbal de synthèse. Dans le chapitre suivant, le commissaire enquêteur formulera un avis sur les réponses apportées par la société Neveux à ses observations et à celles du public qui ont été regroupées par thèmes.

13. Analyse du mémoire

► les observations favorables au projet (codifiées R1, CE1, CE2, CE3, CE4 et CE5 5) synthétisées au point 10.2 du présent rapport : le maître d’ouvrage fait mention de 17 emplois directs relevant de la société Neveux et d’une dizaine d’emplois indirects permanents auxquels il faut ajouter les sous-traitants et les emplois induits. Il précise aussi l’importance de la desserte de proximité de la carrière vis-à-vis de ses principaux clients. Avis du commissaire enquêteur : projet motivé également par la continuité d’exploitation d’un gisement de matériaux disponibles avec une légère diminution demandée par le pétitionnaire de la production d’agrégats.

► les autres observations du public

▪ sur le calendrier du projet (codifiées CE1 et CEPJ3) : l’échéance de l’autorisation actuelle prévue en 2027 ne permet pas d’assurer la pérennité de l’activité et les réserves

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disponibles ne peuvent être exploitées dans le cadre des conditions du phasage prévu par l’arrêté de 2007. Avis du commissaire enquêteur : pas de remarque particulière sur ce point

▪ sur l’arrêt de l’exploitation et sur les solutions de substitution (codifiées CE1 et CEPJ3 ) : la carrière répond à un besoin de proximité sans possibilité actuelle de substitution locale. Avis du commissaire enquêteur : la protection des ressources naturelles, du paysage et de l’environnement naturel au sens large conduisent progressivement à un zonage qui restreint de plus en plus l’ouverture de nouvelles carrières. Dans ce contexte, pour couvrir des besoins indispensables à l’économie d’un territoire, la solution appropriée consiste à renouveler les autorisations accordées à des sites existants, lorsque les réserves de gisement le permettent. Les pouvoirs publics recommandent, à juste titre, une gestion économe et rationnelle de la ressource afin d’éviter le gaspillage des gisements et l’ouverture de nouveaux sites d’exploitation.

▪ sur le contenu et la forme du dossier et sur son caractère technique et son volume (codifiées CEPJ1 et CEPJ3) : dossier établi selon les exigences réglementaires. Les deux résumés non techniques, présents au dossier, permettent de s’approprier plus facilement les éléments principaux du dossier. Avis du commissaire enquêteur : avis partagé.

▪ sur l’analyse de l’état initial (codifiées CEPJ1 et CEPJ3) : dossier présenté de façon complète, illustré et documenté sur les thématiques à enjeux par des études détaillées. Sur le fond, le pétitionnaire considère avoir apporté toutes les explications et compléments demandés par l’autorité environnementale. Avis du commissaire enquêteur : considère que les études d’impact et de dangers présentées par le pétitionnaire sont correctement construites et documentées et que les relevés non techniques sont appropriés aux enjeux. Il faut noter toutefois que l’autorité environnementale a recommandé au pétitionnaire d’approfondir cet état initial sur la partie biodiversité et d’évaluer en particulier les incidences Natura 2000. Le pétitionnaire a apporté les réponses dans son mémoire en réponse.

▪ sur la centrale d’enrobés à froid (codifiées R2, R3, R4 et CE1) : le pétitionnaire apporte les précisions techniques sur ce procédé de fabrication et sur l’absence notable de rejet dans l’eau et dans l’atmosphère en particulier. Avis du commissaire enquêteur : cette centrale mobile de graves (ciment et émulsion), positionnée sur la zone de stockage au Nord de la RD 137 consiste à mélanger des matières premières à froid, sans concassage ni criblage.

▪ sur les vibrations et le bruit (codifiées R3 et CEPJ1) : l’approfondissement, selon le pétitionnaire minimiserait les vibrations à l’extérieur du périmètre du fait en particulier

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du confinement augmenté des émissions sonores dans la fosse. Les mesures de bruit et l’étude acoustique réalisées sont conformes à la réglementation en vigueur. Avis du commissaire enquêteur : le commissaire enquêteur s’en remet aux résultats des études communiquées dans le dossier. Un contrôle régulier des niveaux sonores devra être poursuivi selon une fréquence qui sera définie dans l’arrêté préfectoral.

▪ sur les poussières (codifiées CEPJ1) : les mesures des retombées des poussières dans l’environnement sont conformes à la réglementation en vigueur, tant au niveau des habitations proches que de la station témoin. Avis du commissaire enquêteur : en maintenant l’application stricte des mesures (arrosage des pistes en période sèche, chargements de granulats bâchés ou arrosés, roues des véhicules sortants lavées), les retombées de poussières aux abords de la carrière seront faibles et l’envol de poussières limité.

▪ sur le trafic routier (codifiées CEPJ1) : aucun accident de la route avec l’activité de la carrière souligné par le pétitionnaire sur les RD 137 et RD 900. Les aménagements routiers ont été réalisés en 2004. Avis du commissaire enquêteur : bien pris note des indications fournies. Les axes routiers mentionnés sont suffisamment dimensionnés pour accueillir le trafic, qui n’a pas volonté à augmenter. Il serait néanmoins judicieux que la société Neveux s’engage sur des accords avec ses clients afin d’utiliser le plus fréquemment possible l’usage du double fret, permettant en toute logique de limiter les déplacements (un passage en charge d’inertes et un passage en charge d’évacuation de granulats.

▪ sur les eaux et les milieux aquatiques (codifiées R3, CEPJ1 et CEPJ3) : aucun effet possible sur les eaux souterraines en l’absence de nappe, que ce soit en phase d’exploitation et de remise en état du site. Seules les eaux météoritiques sont collectées dans la fosse. Pas d’effet direct non plus sur les eaux superficielles. Aucun effet direct de pollution sur les eaux du Gorget.

Avis du commissaire enquêteur : le commissaire enquêteur prend acte de ces réponses et rappelle les mesures envisagées par le pétitionnaire et détaillées dans son dossier : bassins de rétention et de décantation, grille avaloir, caniveau…Ces mesures, de nature à mieux maîtriser les eaux de ruissellement constatées lors d’épisodes pluvieux importants. Les installations mises en œuvre devront toutefois faire l’objet d’un suivi régulier (recommandation 2). Les eaux du Gorget, pour la partie concernée par la carrière, devront être analysées de façon complète (recommandation 3).

▪ sur les oiseaux (codifiées CEPJ2 – LPO Normandie) : les points techniques abordés par la LPO portent sur des erreurs et des insuffisances du dossier concernant des espèces rares et menacées pour certaines ( tarier des prés, fauvette pitchou et hibou des marais). Le pétitionnaire a apporté dans son mémoire en réponse les éléments de réponse.

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Avis du commissaire enquêteur : prend note des indications fournies par la LPO et des réponses apportées par la société Neveux. Les 13 mesures ERC, consacrées à la biodiversité, sont de nature à répondre aux objections soulevées.

▪ sur les apports de déchets (codifiées CEPJ3) : le remblaiement partiel de la fosse par des matériaux inertes issus de chantiers de démolition en particulier font l’objet d’une procédure de contrôle à l’entrée de la carrière. Avis du commissaire enquêteur : le stockage d’inertes présente un risque potentiel de pollution du site, notamment par les plantes invasives. En conséquence, le pétitionnaire indique mettre en œuvre une procédure stricte de contrôle lors de la réception. Il est patent que la lutte contre le risque de prolifération des plantes invasives est conditionnée au respect des procédures prévues. Il conviendra donc que le responsable de la carrière s’assure de l’application des consignes en ce domaine par les employés concernés.

▪ sur la remise en état du site (codifiées CE1) : le pétitionnaire précise que la mise en verse des remblais stériles s’effectue naturellement selon l’angle de stabilité, qu’un merlon est présent en fond de fouille afin d’isoler le pied de pente de la zone de travail et que le futur plan d’eau, contenu dans la roche disposera d’un trop plein établi sur des terrains naturels. L’ensemble de ces éléments serait de nature à éviter tout accident.

Avis du commissaire enquêteur : le commissaire enquêteur prend acte de ces réponses mais formule néanmoins un point de vigilance concernant « les instabilités » (recommandation 4 ) . ▪ sur les observations personnelles du commissaire enquêteur : le commissaire enquêteur prend note des indications fournies sur les trois observations déposées.

En synthèse, je considère que le mémoire en réponse apporte les compléments d’informations suffisamment étayés pour répondre aux inquiétudes et observations exprimées lors de l’enquête publique. Quatre recommandations ont été formulées dans les conclusions et avis par le commissaire enquêteur.

14. Conclusion partielle du rapport

Le public intéressé a été reçu dans des conditions satisfaisantes et a pu s’exprimer librement dans le cadre des horaires d’ouverture de la mairie de Doville et des permanences du commissaire enquêteur.

Toutes les obligations réglementaires liées à la présente enquête publique ont bien été respectées.

Le projet présenté, même s’il ne fait pas l’objet d’une opposition locale forte, trouve malgré tout parmi les riverains, municipalité proche (Saint-Nicolas-de- Pierrepont) et associations, quelques personnes méfiantes ou très opposées. Peut-être s’agit-il, pour

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certains, du lien déjà ancien avec le projet de centrale d’enrobage à chaud, abandonné en 2013 par le maître d’ouvrage. Une situation qui permit probablement d’accélérer le processus d’intégration de la société Neveux au sein du territoire situé autour de la carrière, par l’instauration d’une commission locale de concertation et de suivi (CLCS) et par la mise en œuvre de relations régulières avec les acteurs locaux.

C’est dans cet esprit d’ouverture, de partenariat et d’informations, gage de confiance réciproque, que la société Neveux devra poursuivre l’exploitation de la carrière, si elle y est autorisée (recommandation 1).

Fait à Saint-Lô le 28 mars 2019

Jacques MARQUET

Commissaire enquêteur

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