Histoire Des Communes De L'yonne
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Maurice PIGNARD-PÉGUET HISTOIRE DES COMMUNES DE L’ YONNE LIVRE III ARRONDISSEMENT DE JOIGNY 1913 JOIGNY (JAUNIACUS, JOVINIACUM) Les Origines. — L’ancienne cité de Joviniacum aurait été le siège d’une villa romaine sous la préfecture des Gaules de Jovin et le règne des fils de Constantin. On croit qu’elle aurait remplacé l’ancien «Bandritum»situé vers Saint-Aubin, du côté duquel M. Bruzen de la Martinière prétend qu’on a trouvé des vestiges. Cette station de « Bandritum », sorte de mansion ou poste militaire romain, est portée par la table de Peutinger sur la route de Sens à Auxerre, à huit lieues gauloises d’Auxerre la lieue gauloise était de 2.209 mètres d’après d’Anville, ce qui ne saurait correspondre à Joigny, qui est à 27 kilomètres d’Auxerre. M. Quantin croit que ce poste était situé aux environs de Bassou. L’expression de « Bandritum » remonte donc aux Romains tandis que l’appellation de «Jovianicum » a été écrite première fois, au XIIe siècle, par le moine Clarius de Saint-Pierre-le-Vif mais la cité semble avoir existé dès les premiers temps de l’ère chrétienne puisqu’en 1820 on a découvert à environ deux cents mètres de Joigny au nord un ancien cimetière d’où l’on exhuma près de 150 fosses contenant des ossements et des vases. Or, comme pendant les deux premiers siècles, on brûlait les corps, ce cimetière ne peut guère remonter plus haut que le IVe siècle, mais il implique à cette date l’existence d’un village. Le château de Rainard-le-Vieux. — Le comte de Sens, Rainard-leVieux, fils de Fromond 1er et père de Fromond II, étant en butte aux intrigues de l’archevêque de Sens qui lui disputait la possession de cette ville, construisit vers la fin du Xe siècle plusieurs forteresses dont celle de la Motte-du-Ciar à Sens, celle de Châteaurenard (Loiret) et celle de Joviniacum (978-1001) afin de protéger ses terres. Il construisit le château de Joigny sur un terrain qui appartenait, dit le chroniqueur Clarius, au prieuré de Sainte-Marie de Joigny (fondé entre le VIe et le Xe siècle), et à l’abbaye de Ferrières-en-Gâtinais. Ce terrain devint un siècle plus tard la propriété de Notre-Dame de Sens qui relevait de l’abbaye-mère de la Charité-sur-Loire. L’enceinte du château englobait l’église de Saint jean qu’un chemin seul sépare du château et cette église n’était autre alors que le prieuré dont parle le moine Clarius. Alix de Sens, dame de Joviniacum. — En mourant (1003), Rainard-le-Vieux avait partagé ses possessions entre son fils Fromond II, et sa fille Alix. Il donna à celle-ci Joviniacum. La guerre de la succession de Bourgo- gne éclatait alors et Eudes II, comte de Champagne, se trouva à la suite de cette guerre, maître des châtellenies de Saint-Florentin, Joigny et la Ferté-Loupière ; mais il y était comme vassal des ducs de Bourgogne qui possédaient tout ce pays depuis la conquête de Sens par Richard-le-Justicier au IXe siècle. La limite de la Champagne était fixée approximativement au ruisseau Saint-Ange et au lieu dit de Tallouan (Villeneuve-Saint- George). C’est ainsi que la dame Alix de Joviniacum devint la vassale des comtes de Champagne qui étaient eux-mêmes vassaux, pour cette contrée, des ducs de Bourgogne. En 1012 Rainard II, fils de Fromond II, lui succédait comme comte de Sens, et son frère, Fromond devenait seigneur de Châteaurenard. La Veuve de Fromond. — Le roi Robert, poussé par l’archevêque, s’était emparé de Sens. Rainard II avait pu fuir ; mais Fromond, qui s’était réfugié dans la Motte du Ciar, avait été fait prisonnier et le roi l’avait interné dans la tour d’Orléans où il l’avait laissé mourir de faim (I0I7) ; il laissait une jeune veuve, Alix et une fille, Marie. Elles se rendirent au château de « Joviniacum » à Joigny qu’elles avaient sans doute hérité d’Alix, fille de Rainard-le-Vieux, et décédée. Toutes les deux convolèrent : la mère, Alix, épousa Engelbert, comte de Braine-sur-Aube, seigneurie dépendante des comtes de Champagne comme la châtellenie de Joigny puis, Engelbert de Braine (ou Brienne) maria sa belle-fille, Marie, à un brave chevalier du nom d’Etienne des Vaux (Stephano de Vallibus). Engelbert obtint l’érection de Joigny en comté au profit de sa femme Alix qui devint ainsi comtesse de Joigny (comitissam Joviniaci). Elle céda son titre à sa fille Marie. Son gendre, Etienne des Vaux, élevait pendant ce temps le «castrum de Jove villa» qui bientôt prendra le nom de Joinville. Geoffroy, premier comte de Joigny. — De son mariage avec Marie de Sens, fille de Fromond II, Etienne de Vaux avait eu un fils qu’il avait appelé Gaufrid dont on a fait Geoffroy. A la mort de ses parents, Geoffroy devint Geoffroy premier comte de Sens et second seigneur de Joinville. Ceci se passait de 1060 à 1070. Le comte de Joigny était qualifié un des sept grands vassaux des comtés de Champagne. Vers cette date de 1070 citée plus haut, Joigny comptait déjà trois paroisses celle de Saint-Jean dans l’enceinte du château, celle de Saint-Thibaud vers la ville basse entre les anciennes portes au Poisson et Saint- Jacques ; enfin celle de Saint-André à l’autre extrémité, hors murs. On signalait aussi une chapelle Saint- Georges. L’enceinte de la ville toutefois n’englobait pas encore la porte Saint-Jacques, elle s’arrêtait à la porte au Poisson et à l’église Saint-Thibaud ; elle n’atteindra Saint-Jacques que vers 1150. Les Comtes de Joigny, seigneurs de Joinville. — Le comte Geoffroy Ier fit don en 1080, de la chapelle Saint-Georges à l’abbaye de la Charité-sur-Loire pour fonder un prieuré. Ce prieuré devait sans doute remplacer l’ancien dont nous avons parlé et fut transféré hors l’enceinte du château, près de l’église actuelle de Saint- André. Ce fut le prieuré de NotreDame et la cérémonie eut lieu en présence de l’archevêque de Sens, de l’évêque d’Auxerre, des seigneurs de Courtenay, de Seignelay et autres. Geoffroy Ier mourut peu après cette fondation que son fils Rainard confirmait en 1082 ou 1085 en ajoutant des terres à la donation. On lit dans le nécrologe du prieuré de Joigny que Geoffroy fut le premier comte de cette ville et Rainard le second « Pro Gaufrido primo comite hujus villae » et « Rainaldus comes secundus hujus villae, filius Gaufridi ». Rainard laissa un héritier, Geoffroy II, qui fut comme son père et son grand-père, comte de Joigny et seigneur de Joinville. Ce Geoffroy II mourut en l’an 1110 après avoir partagé ses biens entre ses deux fils (Reinard ou Reinaud) et Roger, assignant à Reinaud et à sa descendance le comté de Joigny, et à Roger et à sa descendance la baronnie de Joinville. Les deux seigneuries de Joigny et de Joinville restèrent désormais séparées à jamais. Les Comtes de Joigny, seigneurs de La Ferté-Loupière. — A Reinaud I succéda son fils Guy Ier, qui fonda l’abbaye de Dilo, avec sa femme Adélaïde, en 1150. Deux ans après, Etienne, troisième fils de Thibaut IV, comte de Champagne prît le titre de comte de Sancerre et son fils Guillaume 1er eut à lutter contre Guillaume IV comte d’Auxerre et de Nevers (1161). Ce Guillaume Ier, de Sancerre et de la Ferté-Loupière, appela à son secours le comte de Joigny, Reinaud, envers lequel il engagea Sa terre de La Ferté-Loupière. En 1163, le comte d’Auxerre les vainquit à La Marche. Alors en 1186 Pierre de Courtenay, comte d’Auxerre, revendiqua la vassalité de la châtellenie de la Ferté-Loupière mais il se heurta aux prétentions du comte de Joigny, Guillaume Ier, successeur de Reinaud. Et comme celui-ci relevait des comtes de Champagne, il fut soutenu par la comtesse Marie de Champagne et son fils Henri. Le comte d’Auxerre et de Nevers s’inclina jusqu’à la décision des arbitres. A partir de ce moment, la châtellenie de la Ferté-Loupière demeura sous la dépendance des comtes de Joigny. Le comte Reinaud avait reconnu, quand il traita avec le comte de Sancerre, qu’il n’avait reçu qu’à titre d’engagement la terre de La Ferté-Loupière afin de l’indemniser de son concours dans la guerre que le comte de Sancerre soutint de 1161 à 1163 contre le comte d’Auxerre ; mais d’autre part le comte de Sancerre s’était déclaré son vassal et lui avait promis foi et hommage ainsi qu’à ses successeurs pour la moitié de la châtellenie. Cet arrangement reconnu après lui par les comtes de Sancerre valut à la Ferté- Loupière une division de la châtellenie et la création de deux bailliages en 1213. En 1199, le comte Etienne de Sancerre étant mort à la croisade, son fils Guillaume Ier confirma l’accord passé avec le comte Reinaud. Le nouveau comte de Joigny s’appelait aussi Guillaume Ier. Après s’être séparé de sa femme Alix, fille de Pierre Ier, sire de Courtenay, pour cause de parenté, il épousa Béatrix de Sancerre, de sorte que Guillaume Ier de Joigny se trouva être le gendre de Guillaume Ier de Sancerre. Le premier était aussi allé à la croisade en 1190. En 1209, il fondait, paraît-il, l’abbaye de l’Enfourchure à Dixmont. Nous ignorons la date de sa mort. La maison de Sainte-Croix. — D’après d’autres historiens, la maison de Sainte-Croix occupait le comté de Joigny en 1200, car à cette date, le comte Pierre de Sainte-Croix épousait l’héritière de Coulanges-la-Vineuse qui lui apportait en dot cette châtellenie avec la seigneurie du Val de Merci et en 1208 il promulguait même un règlement relatif aux mariages entre les serfs de ses possessions et ceux de l’abbaye de Saint-Marien.