Éditorial

COMPÉTITIVITÉ, ATTRACTIVITÉ ET DÉVELOPPEMENT DE L’ORIENTAL Dynamisé et guidé par les orientations royales, notre pays a entamé son processus d’ouver- ture économique à la faveur, notamment, des accords de libre-échange signés avec l’Union Européenne ainsi qu’avec plusieurs pays du pourtour méditerranéen, comme la Turquie et certains pays arabes frères (Jordanie, Egypte, Tunisie, Liban et Lybie). La Région Orientale du Royaume se trouve ainsi placée au coeur de nouvelles frontières, plus larges que celles aux- quelles elle était traditionnellement associée, en l’occurrence celles du Maghreb.

Ces nouveaux espaces offrent à notre vaste Région de nouvelles opportunités d’interactions socioéconomiques. La Région de l’Oriental, probablement plus que d’autres Régions du Royau- me de par sa position géographique et ses liens traditionnels avec l’Europe, est prédisposée à tirer le meilleur avantage de ces opportunités. Pour cela, elle doit préparer son territoire à valoriser de manière compétitive ses productions, construire une nouvelle image d’elle- même, mettre en valeur ses atouts et ses potentialités ; bref, développer son attractivité aux plans économique, social et culturel, et tenir la comparaison avec ses voisins maghrébins et euroméditerranéens.

L’Agence de l’Oriental, consciente des enjeux liés à «la compétitivité et l’attractivité comme facteurs de développement des territoires», a choisi de consacrer le deuxième numéro de « oriental.ma » à ce thème, pour partager avec ses lecteurs les résultats des initiatives en cours ainsi que les réflexions d’experts internationaux, d’hommes politiques, d’universitaires et de praticiens confrontés quotidiennement, à travers leurs projets, à ces questions.

Leur traitement, comme il ressort des différentes contributions publiées ici, doit être entrepris avec professionnalisme et rigueur méthodologique, car l’état des connaissances, qui inspi- rent les « approches liées à la promotion et au marketing des territoires », est en constante évolution. Ces approches intègrent autant la géographie et l’histoire des territoires, que la sociologie des populations et les cultures qui les composent, en une subtile mise en synergie avec les arguments à caractère « promotionnel et commercial ». Ainsi donc, les sciences de la communication doivent travailler à valoriser les atouts et spécificités de notre territoire. Ces arguments, destinés à diffuser une image naturellement positive mais réelle de la Région, doi- vent en outre être fondés sur une « vérité » du territoire, afin d’assurer leur crédibilité.

L’« Initiative Royale pour le Développement de l’Oriental » a offert une chance historique de reconstruction de la Région sur de nouvelles bases : une vision, un projet de territoire cohérent et intégré, un programme de promotion de ses facteurs de compétitivité et d’attractivité. La Région, qui travaille à reconstruire son positionnement au sein de l’ensemble national, ambi- tionne de concourir dans la compétition économique à l’échelle euro-méditerranéenne. C’est à cet objectif global que l’Agence de l’Oriental contribue dans le cadre des missions qui lui sont dévolues ; d’où l’importance du thème de ce numéro.

Je saisis cette occasion pour remercier toutes les éminentes personnalités qui ont accepté de partager ici leurs éclairages et leur témoignage. Enfin, permettez-moi, au nom de toute l’équipe de l’Agence de l’Oriental, d’exprimer aux lecteurs comme aux auteurs, tous mes vœux de bonheur et de santé à l’occasion de la nouvelle année.

M. Mohamed MBARKI, Directeur Général de l’Agence de l’Oriental Le point

Un marketing territorial pour promouvoir l’offre de l’Oriental

Nazha Benabbes TAARJI-ASCHENBRENNER Chef de Division, CNUCED

Avec la coopération de la CNUCED, une stratégie de marketing appropriée à la Région de l’Oriental est en cours d’élaboration pour mieux cibler les investisseurs potentiels, étrangers ou nationaux. Des actions adaptées viseront la promotion de l’offre de la Région.

’Agence de l’Oriental est dépo- que les capitaux seront investis de la ma- entreprises, le Maroc a su attirer des flux sitaire de la vision intégrée du nière la plus productive et en des lieux où relativement importants d’IED. Mais le développement économique et l’avantage concurrentiel est le plus grand. potentiel du pays est bien plus important, L social de la Région, porté par les flux d’IED sont souvent concentrés l’Initiative Royale pour le Développement Flux des Investissements dans quelques villes, telles Casablanca, de l’Oriental. Sa mission première consis- ou Marrakech. Des défis restent à te à développer une stratégie globale de Etrangers Directs relever afin de pérenniser et diversifier les promotion de la Région et d’intégration flux d’IED pour qu’ils répondent aux ob- dans le tissu économique : national, ma- Sur le marché mondial de l’IED, tous les jectifs de développement du pays et de ghrébin et euro-méditerranéen. Afin de pays sont en concurrence. Les pays déve- ses différentes Régions, dont l’Oriental. faire connaître la Région de l’Oriental et loppés sont en confrontation directe avec Une stratégie proactive de promotion des d’attirer des investissements, l’une des les pays en développement et ces der- investissements et de ciblage des inves- priorités est l’élaboration d’une stratégie niers le sont entre eux. Cette concurrence tisseurs est nécessaire, au plan national, de communication pour promouvoir l’ima- acharnée se retrouve entre Régions d’un mais aussi au niveau des Régions. ge et l’attractivité régionales. Pour ce faire, même pays. La CNUCED a montré qu’en l’Agence de l’Oriental a sollicité la coopé- 2006, le flux global des IED s’élevait à 1 306 Ainsi, le projet de coopération est destiné ration de la Conférence des Nations Unies milliards de Dollars : les pays développés à assister et soutenir l’Agence de l’Orien- pour le Commerce et le Développement recevant 857 milliards de Dollars, alors tal dans l’élaboration d’une stratégie de (CNUCED) fin 2006. que les pays en développement ne rece- promotion de l’investissement et le renfor- vaient que 379 milliards de Dollars. cement des capacités internes de l’Agen- La CNUCED sert de point de convergen- ce et des opérateurs locaux. Ce projet, ce au Secrétariat de l’Organisation des Cependant, dans toutes les Régions, les co-financé par l’Agence et la CNUCED, Nations Unies pour toutes les questions niveaux ont augmenté considérablement. bénéficie des expertises en marketing relatives à l’investissement étranger direct En 2006, l’Afrique a drainé près de 36 territorial, formations et systèmes d’infor- (IED) et aux sociétés transnationales. De- milliards de Dollars : deux fois plus qu’en mations ainsi que du réseau de contacts puis le début des années 80, la concep- 2004. L’intérêt continu pour les matières de la CNUCED en matière de promotion tion de l’IED comme instrument de déve- premières et un environnement des affai- économique en faveur de la Région. loppement économique plus efficace que res plus favorable expliquent cette crois- les prêts et les dons a gagné du terrain car sance des flux d’IED vers le continent afri- La CNUCED donne une grande impor- l’IED passe d’abord par le secteur privé, cain. Le Maroc fait partie des 10 premiers tance à ce projet car il s’inscrit dans l’es qui prend ses décisions d’investissement pays bénéficiaires d’IED en Afrique, qui prit de sa stratégie de développement et exclusivement sur la base du profit et de reçoivent 90 % de ces flux. d’appui aux régions les plus défavorisées la rentabilité. Il est donc trés probable De fait, grâce aux réformes structurelles pour réduire la pauvreté. Une première

2 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 de sociétés si l’assise interne est fiable, c’est-à-dire si déjà implan- l’ensemble des acteurs du territoire sont tées, parte- formés, informés, convaincus pour croire nariats tech- en leurs capacités et leur avenir et déve- nologiques lopper eux-mêmes « la stratégie de l’am- ou apport du bassadeur ». Tout un travail de commu- tourisme) ; nication interne propre à la Région et de • les contri- communication semi-interne liée au ter- butions à la ritoire national est donc incontournable, reconnais- le pays servant ici de cadre de référence sance et à plus large. Le travail effectué servira le ter- l’appréciation ritoire dans toutes ses composantes. grandissante des produits L’offre territoriale est l’ensemble des élé- et équipe- ments qui composent le territoire, qu’ils ments locaux favorisent l’investissement ou le freinent. pour favoriser Ce sont les déterminants de la localisa- tion, décisifs pour le choix de l’implanta- mission d’experts a été réalisée dans la la production et l’exportation. tion : les recenser permettra d’élaborer Région de l’Oriental en décembre 2006, l’argumentaire commercial et servira de dès réception de la demande d’assistan- Les deux développements peuvent être point d’appui à la stratégie d’image. ce technique. Mr Supachai Panitchpakdi, envisagés en simultané, le premier axe Secrétaire Général de la CNUCED, lors de ayant une influence sur le second et vice Actuellement, la Région de l’Orien- sa visite au Maroc pendant « les Intégra- et versa. En effet, plus les investisse- tal souffre d’un déficit d’image que la les de l’Investissement 2006 » à Rabat, a ments extérieurs afflueront sur le territoire construction de l’offre territoriale, basée exprimé aux responsables de l’Agence de - par exemple dans le tourisme autour de sur les secteurs d’excellence et l’amé- l’Oriental son soutien personnel au projet. la locomotive de Saïdia avec FADESA, lioration permanente, peut contribuer à ou encore les services liés à l’offshoring, combler par une communication appro- Un audit a conclu cette mission d’ex- comme avec l’arrivée de SQLI - plus ce priée et durable. L’ambition de l’Oriental perts. L’élaboration de la stratégie de territoire gagnera en crédibilité et en re- se décline ainsi : promotion de l’investissement et de mar- connaissance, puisque ces apports vont keting territorial sera discutée lors d’un générer des travaux d’aménagement, de atelier national à tenir dans la Région construction de locaux, de logements, • une Région unique, dynamique et re- début 2008. La création d’une base de des compétences nouvelles, de la for- connue au Maroc, une Région de réfé- données sur les procédures d’investis- mation, des besoins en biens d’équipe- rence au cœur du Maghreb ; sement est déjà en cours. L’élaboration ments, produits de grande consomma- • une Région pilote sur le continent afri- d’un plan marketing consistera en : tion, loisirs, services et produits liés à la cain, un partenaire incontournable pour restauration et à l’hôtellerie. l’Europe – l’oasis la plus proche du conti- • l’examen des avantages comparatifs de nent - une Région de potentialités pour le la Région ainsi que des obstacles ; Cette production accrue va elle-même reste du monde. • l’analyse de l’offre territoriale globale ba- entraîner une dynamique pour trouver sée sur l’excellence sectorielle ; de nouveaux débouchés. Le travail sur Pour ce faire, l’Oriental va devoir mettre • l’analyse de l’argumentaire commercial l’image et la perception va développer en place une image qui n’existe pas en- existant et de la méthode de ciblage des la notoriété, une meilleure connaissance core aux yeux du monde et se trouve plu- investisseurs ; du territoire et générer une plus grande tôt négative au Maroc. Cette image peut • l’examen du rôle des acteurs publics et confiance, tant interne qu’externe. Autant naître d’une réflexion commune, vraie et privés et la stratégie pour les fédérer ; d’éléments qui participeront à l’évolution profonde. Elle va se décliner en messages • l’analyse de la perception et de l’image. permanente de l’offre territoriale. de communication, actions de promotion et préconisations d’organisation. Elle va, La démarche de marketing territorial est Déficit d’image à combler dans un esprit d’efficacité et sur le mode basée sur la construction de l’offre, le ci- de l’expérience, tenir compte de l’en- blage des investisseurs, la valorisation et La démarche de la CNUCED porte princi- dogène et de l’exogène. Elle ne pourra la promotion de l’offre via des stratégies palement sur le travail d’image à effectuer s’installer et évoluer favorablement que de communication adaptées. Ces diffé- pour attirer les IED. Il s’agit de promotion dans un contexte soutenu d’amélioration rentes étapes visent à favoriser : et de communication externe, laquelle ne permanente de l’offre territoriale et dans • les investissements exogènes (implan- peut être efficace que si le produit est de la transparence constante vis-à-vis des tations ex-nihilo, participations au capital bonne qualité (le territoire et ses atouts) et investisseurs internationaux.

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 3 Le point

La Banque Mondiale entre dans le débat sur le développement régional

Marie-Hélène COLLION Spécialiste Principal du Développement Rural - Banque Mondiale Siège de la Banque Mondiale

La croissance économique axée sur le marché est-elle vouée à aggraver les disparités entre Régions ? La démarche adoptée par la Banque Mondiale veut, au contraire, privilégier un développement intégrant les territoires grâce à l’intervention appropriée des politiques publiques.

a croissance économique est ou maintenu, sans la mobilisation au plan pauvres et essaiera d’en tirer des recom- un processus de création de territorial des facteurs de production (phy- mandations pour les décideurs. richesses ancré dans des ter- siques, humains et immatériels) sous l’im- L ritoires. Des ressources dont pulsion des politiques publiques en faveur La Banque Mondiale vient également de jouissent ces territoires et de leur position- du développement régional. démarrer un travail spécifique sur le dé- nement par rapport à d’autres régions va veloppement spatial dans la région du dépendre un rythme de croissance plus De plus en plus de pays recherchent l’avis Moyen Orient et de l’Afrique du Nord qui ou moins rapide. De ce fait, l’importance de la Banque Mondiale concernant l’im- sera publié fin 2009. Partant du constat de l’espace comme facteur de croissan- pact potentiel des politiques et des inves- qu’il existe trois types de disparités spa- ce a longtemps été un sujet de débat. tissements destinés à réduire les inégali- tiales : ville-campagne ; région riche-ré- tés spatiales. Quel est l’impact spatial des gion défavorisée ; villes et leur périphérie D’un côté, les économistes comme politiques publiques ? Quelle configura- (bidonvilles), l’objectif du travail est de : Friedman (“The World is Flat”) soutien- tion spatiale donner au réseau de services nent la théorie de la conver- • déterminer l’impact (analyse gence : les forces du marché coût/bénéfice) de différents à travers la mobilité des fac- instruments de politiques publi- teurs, font qu’à la longue, les ques sur les inégalités spatiales ; régions en retard finiront par « • évaluer les coûts d’opportu- rattraper » celles dont le développement publics pour en optimiser l’impact sur la nité des alternatives d’investissement, en est plus avancé. Les pouvoirs publics croissance et la réduction des inégalités particulier en ce qui concerne les choix n’ont donc pas à’intervenir. ? La Banque Mondiale a donc décidé entre les secteurs et les choix entre les d’entrer dans le débat. Son prochain objectifs de croissance ou d’équité. D’autres économistes mettent au contrai- Rapport sur le Développement dans le re en avant l’idée selon laquelle le proces- Monde destiné à être publié en octobre Ce travail utilisera les modèles d’analyse sus de création de richesses est dominé 2008, aura pour thème « Disparités spa- des choix de localisation des entreprises par des effets d’accumulation (économies tiales et politiques de développement ». et des ménages et identifiera comment d’échelle et d’envergure et effets d’agglo- Ce Rapport examinera la façon dont ces choix peuvent être influencés par les mération) qui ne peuvent qu’aboutir à un les trois ‘D’ du développement spatial – politiques publiques. Sur cette base, le creusement des écarts entre régions à densité, distance et division – ont déter- rapport évaluera dans quelle mesure les forte croissance et celles en déprise. miné la croissance dans le monde. En interventions de l’Etat et en particulier les s’appuyant sur des analyses multi-pays, investissements en infrastructures influen- Ces auteurs font ressortir que le déve- il examinera dans quelle mesure les po- cent le niveau de croissance et sa distri- loppement régional, défini en termes de litiques publiques ont permis de réduire bution spatiale, ainsi que la réduction des compétitivité, ne saurait être enclenché les disparités entre régions riches et disparités sociales et spatiales.

4 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 COMPÉTITIVITÉ ET ATTRACTIVITÉ DE L’ORIENTAL Les deux axes de la stratégie de l’Agence

Taoufiq BOUDCHICHE Directeur de la Coopération Internationale - Agence de l’Oriental

Pour corriger la perte de compétitivité de l’Oriental, il est impératif d’en rehausser l’attractivité. A cet effet, l’Agence de l’Oriental a adopté une stratégie en deux axes. Elle vise à définir une offre territoriale lisible et cohérente et à promouvoir une image positive de la Région.

ans le cadre de la promotion tissement, notamment, à travers les in- l’Agence de l’Oriental, donnant lieu sur économique et sociale de la vestissements étrangers directs (IED). cette base, à une stratégie d’intervention Région de l’Oriental, l’une fondée sur deux orientations majeures : D des problématiques posées Par conséquent, en parallèle à l’amé- au lendemain de la création de l’Agen- lioration des facteurs de compétitivité • l’appui à la définition d’une offre terri- ce consistait à « revisiter » les forces et à l’échelle de la Région, des actions de toriale fondée sur les « filières industriel- faiblesses de cette importante partie du renforcement de « l’attractivité » régiona- les à valoriser», sur le soutien « aux pô- territoire national ; exercice indispensable le s’avéraient urgentes à mettre en œu- les d’excellence » et le développement pour identifier les « atouts » et « contrain- vre auprès des investisseurs nationaux et « de pôles de compétitivité » ; tes » liés à sa position géographique et internationaux et des créateurs d’entre- • l’amélioration de l’image de la Région ses potentialités socio-économiques. prises. Telle est l’approche adoptée par au plan national et international.

Parmi les conclusions importantes du diagnostic établi par l’Agence figurait la nécessité de corriger « la perte de com- pétitivité » que la Région a cumulé de- puis plusieurs décennies relativement à d’autres Régions du Royaume. En effet, la Région devait mieux se préparer à la «globalisation croissante de l’économie» et à la compétition induite par l’ouverture progressive des frontières du Royaume vers les autres espaces économiques.

L’amélioration de la compétitivité régio- nale s’imposait d’autant plus que « l’Ini- tiative Royale pour le Développement de l’Oriental », avait enclenché un effort d’investissement public sans précé- dent dans l’histoire de la Région. Le défi posé dans ce contexte était de fertiliser cet effort par la recherche « des parte- nariats public-privé » et d’instituer un « cadre propice d’attractivité » de l’inves-

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 5 Le point

1- Appui à la définition d’une offre sait de surcroît des déficits d’infrastruc- territoire au sein de la Région, démar- territoriale tures de transport, surtout en termes de che appuyée, notamment, sur l’excellent liaisons, avec le reste du Royaume. travail d’analyse conduit auparavant par A l’instar du reste du Royaume, la Région « L’Initiative Royale pour le Développe- l’Aménagement du Territoire pour l’éta- de l’Oriental a connu depuis le début des ment de l’Oriental » est venue modifier blissement du Schéma Régional d’Amé- années 90, plusieurs initiatives d’envergu- radicalement le contexte socio-économi- nagement du Territoire (SRAT) ; re visant à promouvoir la création d’entre- que de la Région en impulsant une nou- • le projet conjoint Agence de l’Oriental- prises et à faciliter l’investissement (créa- velle dynamique d’investissement public CNUCED en cours intitulé « Promotion tion des CRI, renforcement des missions et privé accompagnée d’une forte mobi- des investissements étrangers directs économiques des principaux acteurs lisation des acteurs locaux autour de la dans la Région Orientale du Royaume », territoriaux : autorités locales, conseils ré- vision royale (cf. n° 1 de Oriental.ma). destiné à établir un plan d’action et de gionaux et provinciaux, communes, etc.). marketing territorial pour faire connaître Par ces initiatives, l’économie devenait un Est apparue en outre, la nécessité d’opti- les opportunités d’investissement dans champ d’intervention prioritaire au plan lo- miser l’impact de l’effort d’investissement l’Oriental à l’échelle internationale, fondé cal, lequel disposait donc des principaux public en générant le maximum d’effets sur l’expertise et le réseau international outils institutionnels nécessaires. Cepen- d’entraînement sur l’économie régionale. de la Commission des Nations-Unies dant, l’action des acteurs territoriaux se Ce nouveau contexte a conduit les ac- pour le Commerce et le Développement ; heurtait le plus souvent à des obstacles teurs territoriaux à un travail méthodique • le projet conjoint Agence de l’Oriental- de taille limitant l’impact de la « décentra- d’identification des opportunités d’inves- ONUDI, destiné à identifier et structurer lisation économique » tels que : tissement potentielles, autrement dit, à certaines filières de produits du terroir la définition d’une « offre territoriale lisible (dattes, nèfles, agrumes, plantes aroma- • l’absence d’un « projet de territoire » co- et cohérente ». L’action de l’Agence de tiques et médicinales, viande rouge, miel, hérent et intégré ; l’Oriental a été déterminante de ce point figues, produits de l’artisanat, etc.) dont • les déficits en matière de coordination- de vue, notamment, dans le cadre des le territoire abonde. harmonisation entre instances communa- initiatives suivantes : les, provinciales et régionales et entre les Ces actions ont été conduites, selon départements sectoriels; • le Programme de Développement l’objet de chaque projet, sur la base de • les lacunes en ressources humaines ; Industriel de l’Oriental (PDIRO, initié diagnostics participatifs, qui ont mis en • le déficit de compétences pour mobili- par l’Agence du Nord et poursuivi par lumière les opportunités d’affaires et ser l’expertises et le financement. l’Agence de l’Oriental ) qui a permis, de- d’investissement qu’offre la Région. El- puis 2005, d’élaborer le diagnostic et les ont permis d’affiner la connaissance Ces limites ont été fortement ressenties d’identifier des sites d’accueil de filières du territoire, sous l’angle de sa compé- dans les territoires « dits périphériques », industrielles à développer en fonction des titivité, notamment, par des analyses de comme la Région Orientale, qui connais- spécificités et potentialités de chaque benchmarking avec les régions et pays

6 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 voisins. Il est prévu que les résultats de 2- Action de l’Agence ces projets soient « capitalisés » et « in- pour l’image de la Région tégrés » dans le cadre de l’élaboration, actuellement à l’étude, d’une stratégie Les diagnostics et enquêtes économique et sociale globale. Celle-ci de l’Agence auprès des mi- permettra, courant 2008, de proposer lieux d’affaires mènent à des aux acteurs nationaux et régionaux, une conclusions préoccupantes « Charte du Développement Régional » pour l’image économique avec trois objectifs : de la Région, dominée par des aspects négatifs • définir un projet de territoire actualisé, (concurrence déloyale de la cohérent et intégré ; contrebande, éloignement • instaurer des mécanismes de planifica- des centres de décision in- tion des nouvelles priorités économiques duisant des coûts élevés de et sociales à court, moyen et long termes transport, etc.) plutôt que L'AVENIR EST AUX PORTES DE L'ORIENTAL (anticipation, identification, suivi, etc.) ; par les avantages offerts • établir les scénarios et modalités de aux investisseurs. Ceci est mobilisation des financements pour le un frein important à l’attrac- développement de la Région. tivité régionale. Or, l’attractivité est un facteur décisif gionale, l’Agence a mis en place un dis- Ces actions, conduites par le biais de pour le développement socio-économi- positif à plusieurs niveaux d’interventions : démarches participatives, novatrices et que, surtout dans un contexte où notre • définition d’une stratégie de communi- de haut niveau d’expertise, devront à pays, à la faveur des réformes entrepri- cation fondée sur le marketing territorial terme concourir à la définition d’une offre ses et de la conjugaison d’efforts consi- (identité visuelle, communication insti- territoriale lisible et intégrée, pour l’attrait dérables sur « l’image », connaît une tutionnelle, communication de projets, d’entreprises modernes et compétitives progression constante des IED, passés communication de résultats, etc.) ; dans la Région, susceptibles de consti- d’une moyenne de EUR 500 millions • promotion des atouts économiques de tuer des locomotives pour l’investisse- dans les années 90 à plus de EUR 2 la Région dans les forums nationaux et ment national et international. milliards actuellement (source : Direction internationaux ; des Investissements). • insertion de la Région dans les réseaux Mais, pour valoriser cette offre, il convient de la coopération internationale pour d’engager des actions spécifiques desti- Consciente de l’enjeu lié à l’amélioration contribuer à une meilleure connaissance nées à faire évoluer l’image de la Région. de l’image pour renforcer l’attractivité ré- de la Région à l’échelle internationale.

A quoi sert d’être compétitif si personne ne le sait ? Alors, communiquons ! mpcom

La Région est en déficit de notoriété à l’étranger, où elle n’a donc La compétitivité en est bien entendu un volet déterminant. pas d’image de marque autre que celle du Royaume, heureuse- Au plan national, la communication de lancement a été relayée ment positive. Au Maroc, cette image est connotée d’éléments par la communication d’installation, avec la valorisation des atouts négatifs qu’il faut confronter à la réalité nouvelle et aux potentiali- compétitifs trop méconnus de la Région dans plusieurs domai- tés réelles pour changer la perception. nes, notamment les fruits des réalisations récentes menées à Le challenge de la notoriété et de l’image à l’international passe bien suite à l’Initiative Royale pour le Développement de l’Oriental. prioritairement par un usage optimisé mais résolu de médias La promotion de l’offre MED EST concerne aussi les investis- ciblés, par des évènements où la présence active génère du seurs nationaux car leur sensibilité à la compétitivité régionale contact et par des actions de marketing direct volontaristes sur est toute aussi grande que celle de leurs homologues étrangers. des cibles très finement sélectionnées. 2008 verra donc la poursuite de la mise en avant des facteurs Cet effort a été entamé en 2007 par les communications de d’attractivité : la compétitivité très largement accrue aujourd’hui, l’Agence et de la Région sur un certain nombre de cibles. mais aussi l’image régionale, sur laquelle deux communications Il sera renforcé en 2008 autour de la promotion de l’offre d’ac- ont déjà été menées : la campagne «L’Oriental des Festivals» à cueil faite aux investisseurs : en l’occurrence, l’accompagnement l’été 2007 et un spot TV d’image télédiffusé fin décembre. en communication du placement des sites du programme indus- La communication d’image continuera d’être menée en triel MED EST. synergie avec la promotion des atouts compétitifs, autour d’un L’Agence gèrera cela de front avec une communication d’image concept global que l’on pourrait très simplement résumer : valorisant l’attractivité régionale. il fait bon vivre, investir et travailler dans l’Oriental !

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 7 Le point

BAROMÈTRE MAROC l’Oriental en hausse

Hicham DIOURI Ernst & Young

Dans un environnement où la proximité des marchés et des territoires est déterminante, l’enjeu de l’attractivité des Régions pour les investisseurs est devenu primordial. Le Baromètre annuel Ernst & Young indique sur ce plan une progression de la cote de l’Oriental.

e Baromètre « Attractivité Ma- ajoutée, nécessitant qualification élevée Taux de citation

roc » réalisé annuellement par et infrastructures de qualité, avec pour Taux Evolution Régions le cabinet Ersnt & Young pour conséquence la présence du Maroc dans de citation 2006/2007 le compte des pouvoirs publics un nouveau groupe de concurrents (Eu- Casablanca 71% +8 L Tanger 56% +10 marocains est riche d’enseignements et rope de l’Est, notamment Roumanie et démontre clairement un renforcement Bulgarie, Turquie…) ; Marrakech 17% -8 Rabat 15% -9 progressif de l’image de la « place Ma- • une perception à améliorer auprès des Agadir 11% +2 roc » dans le bassin méditerranéen. investisseurs non encore implantés au Oujda - Nador - Meknès 2 à 5% -5 à +1 Parmi les réflexions connexes, émerge Maroc (à titre indicatif, seuls 40% des in- Fès - Laâyoune - Tétouan l’enjeu de l’attractivité des Régions, vestisseurs n’ayant pas d’expérience au dans un environnement où la proximité Maroc jugent la qualité de la main d’œu- • l’émergence de plateformes d’accueil entre « marchés » et « territoires » de- vre satisfaisante, contre 71% des entre- thématiques (agro-industrie, offshore, vient cruciale… prises implantées) ; logistique, tourisme…) et l’arrivée d’amé- Dans ce contexte, la valorisation des spé- • l’affirmation des spécificités régionales nageurs / développeurs de premier rang ; cificités régionales et le développement avec notamment l’amélioration de l’image • l’accompagnement des pouvoirs pu- harmonieux des territoires constituent de la Région de l’Oriental, confirmant son blics dans le développement des infras- sans doute des facteurs de succès…. statut de 6ème région émergente et tirant tructures et des besoins de qualification. profit de l’effet de marketing territorial réa- 1. Enseignements du Baromètre annuel lisé depuis 2003, ainsi que des effets des Compte tenu des atouts du territoire, les Ernst & Young projets d’envergure en cours de réalisa- filières citées ci-après représentent des tion ( nouvelle station touristique à Saïdia, enjeux et opportunités importantes pour Sur la base d’un panel de 204 décideurs mise à niveau des infrastructures…). les opérateurs économiques. internationaux (européens, nord-améri- cains, asiatiques, maghrébins, originaires 2. Leviers stratégiques d’attractivité Agriculture et Agro-industrie des pays du Golfe) intervenant dans des pour la Région de l’Oriental domaines d’activités majeurs (industrie, La Région, qui est l’une des zones agri- services, tourisme, …), les principaux Dotée d’une stratégie de développement coles les plus dynamiques, est constituée enseignements de ces enquêtes se résu- rationalisée et en cours de mise en œuvre, essentiellement du bassin agricole de la ment comme suit : la Région se différencie aujourd’hui par : Moulouya dont la renommée nationale et internationale est grande. • un transfert progressif du profil « low • la montée en charge de branches et fi- L’agro-industrie, secteur phare, avec 1,5 cost » vers un profil plus qualitatif, posi- lières d’activité cohérentes avec les atouts milliard de Dirhams de chiffre d’affaires et tionné sur des activités à plus forte valeur de la Région ; 30% des effectifs industriels, représente

8 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 le deuxième secteur industriel de la Ré- gion après les matériaux de construc- tion. Elle dispose d’un potentiel de dé- veloppement important, vu la proximité Opportunités des bassins de production et du marché Saisir les opportunités européen (notamment les filières ovine liées à la croissance du marché et oléicole, les agrumes,…).

Tourisme et Artisanat

Marketing Climat des affaires Plus de la moitié des investisseurs in- Promouvoir l'image de la Région Assurer transparence, stabilité terrogés lors de l’étude du Baromètre au plan national et international et sécurité au sein de la Région d’attractivité 2006 confirment l’attracti- vité du secteur touristique pour les trois prochaines années. La filière touristique dans la Région de l’Oriental représente Connectivité un levier important, intégrant les op- Développer les infrastructures et les réseaux de communication portunités de création et de dévelop- pement d’activités industrielles et de services connexes. Le développement de l’artisanat est fortement corrélé au développement de l’activité touristique dans la Région. A ce titre, la nouvelle station touristique Services et labels régionaux, communication de « de Saïdia constitue une locomotive success stories »…) ; (environ 48 000 lits en cours de mise Le bassin d’emploi que représente la • l’attrait d’opérateurs renommés par la en marché) et a permis d’enclencher Région, la maitrise des langues étran- création d’opportunités d’investissements une dynamique puissante aux conditions incitatives (rôle avec de nombreux projets de prescripteur) ; en cours. • l’amélioration de l’environne- ment général des affaires (clas- Logistique sification et simplification des processus administratifs…) ; Selon le Baromètre Ernst & • l’amélioration de la connecti- Young 2007, le Maroc, et plus spéci- gères et la proximité de l’Université vité (desserte aérienne, routes…). fiquement la partie nord sur la Médi- d’Oujda sont autant d’atouts pour la terranée, se positionne au 2ème rang Région dans les activités de services. En matière d’offre territoriale, plusieurs des citations sur les filières logistiques Ces critères sont jugés déterminants par sites de taille critique sont en phase de (après la France et devant l’Espagne les investisseurs dans ce type d’activi- commercialisation et viseront notamment, et la Pologne). La Région dispose d’un tés. Ce positionnement sera renforcé à court terme, la valorisation de près de potentiel de développement important par la mise en marché d’une offre d’im- 200 ha développés aux standards inter- sur cette filière, du fait de l’existence mobilier tertiaire de qualité (prévu au nationaux dans le cadre du programme du port de Nador (7ème rang national projet MED EST). MED EST. Ce dernier comporte des enga- pour le trafic marchandises, 2ème pour Il ressort que l’effort de marketing terri- gements importants des pouvoirs publics le trafic passagers), en raison de la torial conduit par les acteurs régionaux, en termes de renforcement des forma- proximité de la péninsule ibérique, la visibilité liée aux grands projets en tions et des qualifications afin de répondre permettant de desservir les marchés cours dans la Région et la mise à niveau aux attentes des « end users » ainsi qu’un européens (200 km), et de 2 aéroports des équipements et des infrastructures, vaste programme, quasiment achevé, de internationaux pour le fret express en placent la Région de l’Oriental dans une développement des infrastructures (route, soutes des avions commerciaux. catégorie qui pourrait être qualifiée d’« rail, aéroport, port). L’attractivité de la Région sur cette fi- émergente » avec des atouts et un po- lière s’améliorera encore par la mise tentiel considérables, qui nécessitent : La mise en œuvre de ces leviers, pour la en service de l’autoroute Casablanca- plupart déjà enclenchés, permettra à la Oujda et de la ligne ferroviaire Taourirt- • la consolidation de son positionne- Région de développer et consolider son Nador, assurant ainsi une offre multi- ment via un effort continu de promotion attractivité par rapport aux régions plus modale complète. et de marketing (création de marques matures dans le bassin méditerranéen.

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 9 Repères

Surmonter les entraves à l’investissement dans les Régions

Nizar BARAKA Ministre des Affaires Économiques Générales

Quels sont les axes essentiels de la politique gouvernementale en matière de financement du développement des Régions ? M. Nizar Baraka, Ministre Délégué auprès du Premier Ministre chargé des Affaires Économiques Générales, évoque ici les choix et les formes d’intervention prioritaires mis en œuvre.

Quelles sont les actions et les mesures en- la Région en vue d’ériger cette dernière et réalisés dans le cadre de contrats en- visagées par le Gouvernement pour pro- en un outil efficace de financement et tre l’Etat et les collectivités locales avec mouvoir la régionalisation, notamment au de mise en œuvre des projets intégrés la collaboration de la population cible. plan économique ? d’aménagement et de développement De même, considérant l’économie so- économique et social durable. ciale comme étant une niche potentielle Comme vous le savez, notre pays s’est, Au niveau sectoriel, le gouvernement pour de nouveaux emplois, le gouverne- très tôt, engagé avec succès, dans un veillera à l’instauration d’une nouvelle gé- ment veillera, à l’horizon 2010, à couvrir vaste chantier de réformes visant à lever nération de contrats programmes secto- toutes les Régions par des Plans Ré- les obstacles objectifs à une pratique sai- riels intégrés qui seront consacrés aux gionaux de Développement de l’Econo- ne des affaires en adaptant son arsenal secteurs porteurs créateurs d’emplois et mie Sociale (PDRES), dont les contrats institutionnel, juridique et économique qui respecteront les spécificités écono- programmes seront l’outil de mise en aux exigences du monde des affaires. miques de chaque Région. œuvre. L’objectif escompté étant de Cependant, si les réformes engagées ont Il en est de même pour le monde rural où promouvoir les activités génératrices de d’ores et déjà permis d’atteindre des ré- tous les programmes envisagés seront revenu, à travers l’exploitation des po- sultats probants, force est de constater déclinés selon une approche régionale tentialités économiques, humaines et que leurs retombées n’ont pas été équi- tablement réparties sur l’ensemble des Régions du Royaume. Cette situation a engendré un accroissement des phéno- mènes d’exclusion sociale et un désé- quilibre entre les Régions, pénalisant leur croissance et leur développement. Aussi est-il devenu nécessaire de ren- forcer l’attractivité des Régions en les accompagnant dans leurs efforts pour lever les entraves à l’amélioration de leur climat général des affaires de manière à créer les conditions favorables devant engendrer leur développement durable. Dans ce sens, la Déclaration de Politique Générale met l’accent sur la volonté de ce gouvernement de mettre en place une politique contractuelle entre l’Etat et

10 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 naturelles propres à chaque Région. Quels sont les effets attendus de la régio- régional intégré ne peut se concevoir sans A cet effet, il y a lieu de signaler que les nalisation pour encourager l’investissement l’adhésion et la mobilisation de tous les ac- travaux concernant l’élaboration des public et privé au niveau local ? teurs régionaux et sans l’implication forte PDRES des Régions du Gharb-Chrarda- de toutes les compétences de la Région Beni Hssen, Fès-Boulmane et Tadla-Azilal Cette stratégie devra favoriser la mise afin de fédérer leurs efforts avec le travail démarreront incessamment et ce suite aux en place des conditions favorables au essentiel des Agences de Développement conventions de partenariats déjà signées développement par la suppression des ( du Nord, du Sud et de l’Oriental) dont l’ob- avec ces Régions. Les PDRES des Ré- entraves régionales à l’investissement jectif est justement, de favoriser l’émergen- gions de l’Oriental et des Doukkala-Abda et l’émergence de pôles régionaux qui ce de pôles de développement durable à sont programmés pour 2008. auront un rôle de locomotive pour le dé- travers la mise en place des infrastructures Cependant, et afin de garantir à cette dé- veloppement de leur Région. nécessaires pour permettre la valorisation marche les meilleures chances de succès, A terme, cette politique imprimera à l’éco- rationnelle des potentialités offertes par les cette politique de contractualisation sera nomie nationale un développement spatial zones concernées. accompagnée par l’accélération du proces- plus harmonieux et plus équilibré et fera bé- Aussi est-il primordial que toutes les forces sus de décentralisation par l’élargissement néficier toutes les Régions des retombées vives que compte la Région (autorités loca- des attributions des collectivités locales et de de la croissance de manière plus équitable. les, provinciales, régionales, universitaires, la déconcentration à travers le transfert des Enfin, cette démarche qui implique l’en- associations professionnelles, Chambres compétences adéquates et des moyens né- semble des partenaires économiques et de commerce, d’industrie et de services, cessaires à l’administration territoriale. sociaux locaux dans le processus de dé- société civile, Agences de développement, Ainsi, la mise en place d’une administration veloppement régional, ne manquera pas CRI, etc.) oeuvrent de concert dans l’éla- de proximité, le renforcement des attributs de susciter les complémentarités inter et boration de la stratégie de développement de l’administration territoriale pour devenir intra-régionales et de renforcer la compéti- économique et social de leur Région ainsi l’interlocuteur habilité à soutenir les efforts tivité des Régions et leur attractivité. que pendant sa transcription dans la réalité. des élus et des opérateurs économiques Cette concertation permettra à la Région locaux et l’activation des mécanismes Quelle mobilisation est-elle souhaitable aux de bénéficier de toutes les synergies lo- contractuels et de partenariat entre les col- niveaux régional, provincial et communal cales en vue de l’amélioration continue de lectivité locales, l’Etat et le secteur privé, pour contribuer à l’amélioration du climat son environnement des affaires, ce qui ne constitueront désormais, les outils fonda- des affaires, de la compétitivité et de l’at- manquera pas d’augmenter sa compétiti- mentaux pour la conception et la mise en tractivité des Régions ? vité, d’accroître son attractivité et de drai- œuvre de cette politique de développe- ner l’investissement tant privé que public, ment régional intégré. Une stratégie réussie de développement qu’il soit national ou étranger.

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 11 Repères

Plus attractif, plus compétitif, avec plus de proximité

Mustapha BOUJRAD Expert en développement participatif communautaire

usqu’à la fin du dernier siècle, nos proximité. En effet, le Maroc s’est enga- C’est ainsi que plusieurs diagnostics parti- responsables avaient pris l’habi- gé, au début avec l’appui des organismes cipatifs territoriaux sont lancés par les ac- tude de planifier leurs actions internationaux pour les associations, et teurs de proximité. Ils visent, en plus de la J de développement dans un ter- ensuite avec l’appui d’organismes public, dynamique dans le territoire, sa connais- ritoire de façon unilatérale, sans associer (Agence de l’Oriental, Ministères…) dans sance et sa valorisation. Une fois le ter- les acteurs locaux dans aucune phase de une expérience de développement de ritoire connu et compris, la valorisation leurs interventions. Depuis, le développe- proximité sans précédent. participative de ses compétences et de ment local et la proximité sont devenus ses potentialités lui confère une identité. d’actualité. L’approche sécuritaire classi- L’avènement de l’INDH est venu pour La compétitivité et le marketing du terri- que a démontré ses limites. Il s’est avéré, consolider et officialiser ces approches. toire se fait correctement après une pla- même si tardivement, que le développe- Il représente une feuille de route pour un nification participative dans laquelle sont ment local par la proximité est plus effica- vrai développement démocratique local. impliqués tous les acteurs locaux. ce pour instaurer la paix dans une nation. Il est certain que le chemin est long pour que les principes de l’INDH soient La création de l’Agence de l’Oriental illus- La proximité ne veut pas dire l’écoute appropriés, mais tout le monde est mobi- tre l’exemple parfait de l’appui du déve- pour absorber la colère des exclus et des lisé pour les faire aboutir. loppement de proximité par le Royaume. marginalisés, mais elle vise plutôt à as- En tant que structure de proximité et à seoir les fondements d’une démocratie Approche participative travers ses actions (mise à niveau urbaine, de développement local. Elle devrait être programmes des activités génératrices synonyme de valorisation de toutes les Le discours Royal du 18 mai 2005 a mis de revenu, DéLIO, programme de plani- composantes du territoire : humaine, na- l’accent sur la proximité et sur tous les fication territorial avec l’UNICEF, l’ADS et turelle, culturelle, etc . concepts y afférents, comme la participa- la DGCL, les études stratégiques, secto- tion et la dignité humaine : rielles, les partenariats nationaux et inter- Le positionnement d’un territoire dans nationaux…), l’Agence travaille à promou- son environnement ne peut se faire sans « ……Elles renseignent, en outre, sur la voir l’Oriental dans son environnement la connaissance et la reconnaissance de limite des approches de développement national, maghrébin et méditerranéen. ses faiblesses, de ses compétences et de strictement sectorielles, isolées et non ses potentialités Pour ce faire, il est indis- intégrées, et sur les dysfonctionnements Tout cela ne peut aboutir si l’on n’instaure pensable d’approcher de près le territoire que génère la grande dispersion des ef- pas une décentralisation et une décon- et avec les siens. Il se construit autour de forts, des ressources et des intervenants. centration effectives. C’est une condition l’implication de la population, des entre- En revanche, ces expériences attestent incontournable pour la promotion du terri- preneurs, des travailleurs et des citoyens. Il de la pertinence des politiques de cibla- toire en interne et en externe. La proximité est mobilisateur de ressources. Il implique ge des zones et des catégories les plus des services et la réactivité des interve- pour réussir, une volonté et une conduite démunies, autant que de l’importance nants permettent sa promotion et par là de changement. Il renvoie à un « savoir d’une participation des populations pour son attractivité et sa compétitivité. construire ensemble », où les logiques une meilleure appropriation et viabilité des sectorielles s’effacent devant des mixités. projets et des interventions, ainsi que des Enfin, chaque territoire est attractif et Il s’exprime dans de nouvelles formes de vertus des approches contractuelles et compétitif d’abord parce qu’il a une rai- solidarités. partenariales, outre le dynamisme du tis- son d’être. Il suffit de l’approcher pour le La connaissance du territoire devrait bien su associatif et des acteurs du dévelop- connaître et le reconnaître. sûr se faire à travers des approches de pement local et de proximité…… »

12 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 CLIMAT DES AFFAIRES La connexion fait le beau temps

Lara GOLDMARK Directrice du Programme Amélioration du Climat des Affaires au Maroc - USAID

Directeur du programme de l’USAID pour « l’amélioration du climat des affaires au Maroc », Lara Goldmark estime prioritaire l’extension et la maximisation de l’usage des nouvelles technologies de communication pour surmonter l’isolement de la région et faciliter l’accès des investisseurs potentiels à l’information et aux contacts.

Lara Goldmark, en quoi consiste le pro- et les délais de certaines procédures ad- terrain, compte tenu des stratégies de gramme que vous dirigez ? ministratives (enquête régionale « Doing développement régional ( « profils écono- Business », utilisant la méthodologie de miques régionaux »). Le programme que je dirige est un pro- la Banque Mondiale), en examinant des Ces enquêtes ont permis d’attirer l’atten- gramme de l’agence américaine pour le facteurs de compétitivité (enquête sur tion sur l’importance du cadre réglemen- développement international « USAID », la « perception des cadres », utilisant le taire qui régit l’activité économique régio- qui s’intitule « Amélioration du Climat des questionnaire du Forum Economique nale. Elles ont également mis en lumière Affaires au Maroc ». Il contribue à la mo- Mondial) et finalement, en mettant en les opportunités d’amélioration dans les dernisation de l’économie marocaine. perspective les observations faites sur le domaines prioritaires tels que définis dans Comment ? En facilitant l’interaction entre l’entreprise et l’administration à travers la simplification des procédures administra- tives, le renforcement du système de droit des affaires, l’amélioration de la transpa- rence réglementaire, et l’expansion des marchés financiers. Sans ces mises à niveau, les investisseurs internationaux auront des difficultés à installer leurs affai- res au Maroc, à y rester et créer des em- plois durables.

Vous venez de conduire des enquêtes régionales dans sept Régions du Ma- roc, dont l’Oriental. Quels en sont les résultats ?

Permettez-moi d’abord de vous dire un mot sur la démarche que le programme a choisi d’adopter : c’est à travers trois en- quêtes que nous avons jeté trois regards complémentaires sur le climat régional des affaires. Ceci en mesurant les coûts

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 13 Repères

le cadre de la stratégie de développement Par exemple, en partant de la contrainte permettant l’accès, en temps réel, à des régional. Les principaux défis, d’après nos relative à l’isolement géographique perçu informations relatives au foncier dispo- enquêtes se résument à : dans la Région comme un frein au déve- nible pour l’accueil de projets d’inves- loppement, nous avons élaboré une stra- tissement ; s l’enclavement géographique et l’insuffi- tégie visant à faire de l’Oriental la Région s l’établissement de « relais publics » qui sance des infrastructures permettant de la « mieux connectée » du Maroc. permettraient aux populations n’ayant pas relier l’Oriental aux centres économiques accès aux TIC, de bénéficier des presta- du Maroc ; En s’inscrivant dans l’actuelle straté- tions publiques ou bien la mutualisation s un certain décalage entre l’éducation gie de l’Agence de l’Oriental, l’idée est de la bande passante Internet à l’échelle (notamment académique) et les besoins d’étendre et de maximiser l’usage des régionale etc. du secteur privé ; technologies de l’information dans la s la réglementation liée à la construction ; Région. C’est pourquoi le Programme Comment les NTIC peuvent-elles s la difficulté d’accès au foncier ; Amélioration du Climat des Affaires de impacter le développement ? s l’épuisement des ressources naturelles, l’USAID collabore avec l’Agence de qui va de pair avec un manque de pra- l’Oriental et la CNUCED à la mise en Pour le développement économique, l’ac- tique durable dans le tourisme, l’agricul- œuvre du portail « e-regulations ». cès aux réseaux de télécommunications ture, etc. ; est devenu aussi stratégique que l’accès s la difficulté de recouvrer une créance ; Ce dernier permettra la mise en ligne et à l’énergie ou à l’eau. Banaliser l’accès au s et finalement, la présence d’une contre- donc l’accès facile pour un investisseur ou haut débit pour toutes les entreprises ou bande qui exerce des effets perturbateurs opérateur économique à toute informa- permettre une meilleure fluidité du traite- sur l’économie locale. tion relative aux procédures administra- ment des procédures administratives par- tives liées à l’investissement telles qu’el- ticipe à la compétitivité de l’entreprise. Par Ces défis, abordés dans le cadre de la les se pratiquent dans la Région. Autre ailleurs, en termes de positionnement, la stratégie régionale par des mesures adap- exemple, la mise en œuvre d’un applicatif Région de l’Oriental se projette comme le tées au contexte local et dirigées vers les informatique (e-invest) partagé entre les carrefour naturel du Grand Maghreb. Que secteurs clefs, peuvent se transformer en différentes administrations régionales per- serait un carrefour sans les voies de com- véritables opportunités. mettra d’accélérer le traitement des dos- munication pour le rejoindre… ? siers d’investissement par un partage en C’est une fenêtre d’opportunité que de Concrètement, à votre niveau, comment temps réel des éléments constitutifs du profiter à plein des possibilités offertes cela se traduit-il ? dossier au format numérique. aujourd’hui par les outils modernes, sur- D’autres initiatives pourront découler de tout, à l’heure où le Maroc ambitionne de Par la mise en œuvre d’actions pilotes en la mise à disposition des nouveaux outils se positionner sur l’échiquier mondial des coordination avec les partenaires locaux, technologiques (TIC) : plateformes « offshore » pour les nouvel- le Wali, l’Agence de l’Oriental et le CRI. s le développement d’un mécanisme les technologies.

14 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 Agir pour accroître l’attractivité locale

Driss HOUAT Président de la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services d’Oujda

Avec l’impulsion donnée au développement de la Région de l’Oriental, la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services d’Oujda ambitionne de jouer un rôle plus dynamique pour animer l’économie régionale et stimuler l’investissement. Dans cette optique, elle met en œuvre une série de projets et de mesures d’accompagnement.

ongtemps oubliée, la Région Certaines institutions ont ainsi vu le jour, nement de l’investissement (résoudre les Orientale vivait des séquelles d’une pour rendre la Région plus attractive no- problèmes fonciers, implanter des zones politique qui voulait que l’Oriental tamment le Centre Régional d’Investis- d’activités économiques, faciliter les pro- L axe son développement sur sa sement, l’Agence de l’Oriental, avec à sa cédures administratives). position de zone frontalière. La Chambre tête M. Mohamed Mbarki, dont l’ambition Il s’agit d’offrir à l’investisseur, notamment de Commerce, d’Industrie et de Services réaliste est d’ accélérer le développement étranger, la qualité de vie dont il a besoin. d’Oujda, soucieuse de l’avenir écono- de l’Oriental, et de valoriser tous ses po- C’est un facteur qui peut rendre notre Ré- mique de cette Région a sonné l’alarme. tentiels naturels, économiques et sociaux. gion plus attractive. En l’an 2000, et à travers son livre blanc M. Mohamed Brahimi, Wali de la Région, a « quelle stratégie de développement beaucoup fait pour l’Oriental.Grâce à son L’intérêt que portent à la Région les pou- pour la Région Orientale ?» elle a suggé- volontarisme exceptionnel, il a, en peu de voirs publics est important. Les multiples ré un ensemble de propositions consti- temps, impulsé la mise en œuvre de vas- visites de Sa Majesté le Roi Mohammed VI tuant la feuille de route pour l’Oriental. tes projets et la mise en place des moyens et le discours Royal historique du 18 mars Auparavant en 1999, la CCIS d’Oujda nécessaires. 2003 ont été a l’origine de grands change- a établi un diagnostic des secteurs ments et du lancement de grands chan- productifs dans sa circonscription, en Animation tiers dans cette Région. cherchant les moyens de faire sortir la Région de son isolement et de l’intégrer de l’économie locale La Chambre de Commerce d’Industrie et dans le tissu économique national. de Services d’Oujda, en tant qu’institu- La priorité des priorités est bien évidement tion publique représentant les intérêts des En 2002, la Chambre a encore sonné l’alar- celle du désenclavement de la Région. opérateurs économiques au niveau de sa me en sensibilisant les responsables sur la La réalisation en cours des programmes circonscription, multiplie ses efforts pour situation économique de l’Oriental qui est d’infrastructures de base est de ce fait vi- animer l’économie locale et améliorer l’at- étroitement dépendante de l’informel, voire tale. Il s’agit des axes de transport routier tractivité de son environnement et ce : de la contrebande. Un ensemble de reven- (’autoroute Oujda-Fès,) aérien (permettant dications ont pu, depuis, être satisfaites ; d’ouvrir de nouvelles lignes avec l’Algérie, • en sensibilisant à la nécessité d’entre- d’autres le seront grâce au discours Royal Oujda - Oran par exemple, et de multiplier prendre pour assurer le renouvellement du historique du 18 Mars 2003 qui a exprimé les fréquences surtout avec les pays ara- tissu économique local ; le grand intérêt qu’accorde Sa Majesté à bes, à partir de l’aéroport d’Oujda Angad), • en renforçant le dispositif d’aide au nou- l’Oriental et qui s’est traduit par le lance- ferroviaire (dédoublement et électrification vel entrepreneur, en le suivant pas à pas, ment de grands chantiers. Aujourd’hui, la de la voie ferrée) ou maritime ( port de Beni de l’idée à la création puis à l’accompa- Région prend son destin à bras le corps Ansar ). Il y a aussi les projets relatifs aux té- gnement de sa jeune entreprise ; grâce aux efforts conjoints aussi bien des lécommunications, à l’eau et à l’électricité. • en soutenant les entreprises déjà opé- élus, que des technocrates. Cependant, il faut aussi améliorer l’environ- rationnelles ;

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 15 Repères

• en défendant les intérêts du commer- • le Centre d’Oujda pour la Médiation et merciaux via la frontière terrestre, avec un çant sans nuire au consommateur, ni au l’Arbitrage, une création susceptible de coût de transport moindre que par la voie producteur ; jouer un rôle capital dans les différends à aérienne ou maritime. • en entretenant des relations de partena- caractère économique et commercial, no- riat avec des organismes, aussi bien na- tamment Euro-Maghrébins. En effet, le développement de la Région de tionaux qu’étrangers, pour promouvoir la • l’Ecole de Commerce, établissement l’Oriental reste, quelles que soient les réser- Région auprès des investisseurs nationaux d’enseignement supérieur qui viendra ves que l’on peut formuler, intimement lié à et étrangers ; renforcer le dispositif de formation actuel la situation géographique de cette partie • en favorisant l’amélioration du cadre de dans la Région, pour mieux se positionner du Royaume en tant que zone frontalière. vie du citoyen par le soutien à l’implantation par rapport aux métiers de demain. (cet- L’ouverture des frontières entre le Maroc et des grandes surfaces au niveau régional te Ecole, étroitement lié aux attentes des l’Algérie reste toujours une solution alter- (, Aswak Essalam, ), la pré- professionnels, contribuera également à la native de premier ordre. Aussi, nous de- sence de ces enseignes étant susceptible couverture des besoins en profils ciblés, vons encore penser au développement de de contrecarrer la contrebande ; pour mettre en œuvre des projets d’inves- notre Région dans le cadre de l’UMA. • en œuvrant à la conversion des réseaux tissement dans les filières économiques de commerce illicite ( une étude a été réali- prioritaires identifiées par le PDIRO) ; Enfin, nous ne cessons de défendre l’idée sée par la CCIS d’Oujda sur la contreban- • l’espace d’accueil des passagers et qu’Oujda sera un jour le « Strasbourg du de et ses répercussions sur l’économie de marchandises et de logistique, projet qui Maghreb Arabe », et d’œuvrer pour placer l’Oriental en 2004, avec recommandations) ; va favoriser le développement des activi- «la Région de l’Oriental au cœur du triangle • en stimulant la modernisation du tis- tés de transport/ logistique. économique Casablanca-Alger-Espagne». su commercial dans le cadre du plan Vu sa position géographique, la zone fron- Nous sommes persuadés que l’avenir Rawaj 2020 ; talière est appelée à jouer un rôle impor- nous appartient. Oe uvrons tous ensemble • en favorisant l’amélioration de l’environ- tant dans l’évolution des échanges com- pour le renouveau de la Région. nement économique et social de l’opéra- teur (Assurance Maladie Obligatoire pour les commerçants et artisans, amélioration du secteur du transport : une étude est réalisée sur le secteur….) ; • en mettant en place au sein de la CCIS d’Oujda, des structures d’aide et d’appui aux différents opérateurs et aux étudiants (départements information-communication, appui aux entreprises, animation, relations internationales, centre de commerce et d’investissement « HIC », guichets Mou- kawalati et Fogarim) . Notons que le guichet Moukawalati de la CCIS d’Oujda a reçu depuis sa mise en place jusqu’au 29 novembre 2007 : 276 dossiers de candidature, dont 13 projets ont démarré générant 50 emplois.

De même la CCIS d’Oujda, à travers son interface de soutien, le HIC a pu accom- pagner plusieurs investisseurs dans la concrétisation de leurs projets dans le ca- dre de la coopération maroco-hollandaise . Le dernier projet lancé est celui d’une unité de fabrication de fromage, installée à la pé- pinière des entreprises de Jerada.

La CCIS d’Oujda joue un rôle important en matière de formation, et au plan inter- national, elle prépare de grands projets au niveau consulaire susceptibles d’accroître l’attractivité locale :

16 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 Nador, moteur économique de MED EST

Tarik YAHYA Président de la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de Nador

L’accessibilité, la proximité et l’ouverture de Nador sur l’Europe sont des points forts que la Chambre de Commerce et d’Industrie veut mettre à profit pour favoriser les implantations d’entreprises.

e par sa situation géogra- notre Région, mais les infrastructu- Les contraintes de compétitivité obligent phique, la Région se tourne res d’accueil sont encore trop limitées de plus en plus de PME/PMI européen- aujourd’hui surtout vers pour satisfaire toutes les demandes nes à se délocaliser. Notre Région pos- D l’Europe. Il est plus facile d’implantations. sède tous les atouts pour pouvoir drai- pour un homme d’affaire de se rendre ner une partie de ces délocalisations. à Nador à partir de Bruxelles ou de Bar- C’est pour répondre à cette demande celone, qu’à partir de Casablanca ! Des accrue que la Chambre de Commerce, D’autre part, l’accord d’association vols directs sans escale à partir de plu- d’Industrie et de Service de Nador et entre l’Union Européenne et le Maroc sieurs capitales européennes permet- l’Agence de Développement de l’Orien- représente une extraordinaire oppor- tent de desservir la Région en moins de tal se sont attelées à mettre en place, tunité d’ouverture de marché pour les trois heures de vol. Les lignes maritimes sur une superficie de 100 hectares, le entreprises de part et d’autre de la Mé- régulières de car-ferry entre le port de premier parc industriel de la Région. diterranée, sachant que le marché ma- Nador et ceux d’Almeria et de Sète ren- Ce site extraordinairement bien situé ghrébin représente déjà 80 millions de forcent nos liens directs avec l’Europe. sera complètement équipé et doté consommateurs. d’une structure d’accueil permettant Aujourd’hui, cette vocation d’ouverture à une entreprise de s’installer dans un Avec plus de 45% des unités industriel- vers l’Europe est passée dans la réalité, temps record maximal de trois mois, et les de la Région, Nador est devenu le car de plus en plus de chefs d’entrepri- ce sans avoir l’obligation d’acheter un moteur économique du Nord Est du ses espagnols, italiens et français tra- terrain ou de construire ses locaux pour Maroc. Nous avons aujourd’hui l’am- versent la Méditerranée pour s’installer abriter son activité. Le parc industriel of- bition d’être au cœur de ce formidable à Nador. L’accessibilité et la proximité frira en location à des prix très compéti- challenge connu désormais sous son sont donc les points forts dont dispose tifs des locaux prêts à l’emploi. intitulé porteur «MED EST».

Nador, pôle industriel et maritime

Les capacités d’accueil du pôle industriel et maritime de Nador vont être considérablement accrues grâce au futur parc industriel de Selouane situé à environ dix kilomètres à l’Est de la ville sur une superficie initiale de 72 hectares. Réalisé dans le cadre du programme MED EST, ce site comprendra plus de 200 lots et sera très accessible grâce à des infrastructures renforcées. Il s’agit notamment de l’autoroute Fès-Oujda (en 2010), de la voie rapide Oujda-Nador (en 2008) et de la rocade méditerranéenne Saïdia-Nador-Tanger. La nouvelle ligne ferroviaire de 17 kilomètres reliant Taourirt à Nador favorisera aussi l’accessibilité des nouveaux sites industriels. Le port international de Nador constitue la plus grande gare maritime d’Afrique du Nord avec une capacité annuelle de 6 millions de passagers (actuellement environ 1 million), 150 000 véhicules et 10 millions de tonnes de marchandises traitées. La proxi- mité des aéroports internationaux de Oujda-Angad et de Nador-El Aroui constitue de même un facteur important d’attractivité. Autant d’éléments qui vont favoriser le développement des grandes potentialités industrielles, maritimes et touristiques de Nador avec des retombées positives sur l’ensemble de la Région.

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 17 Repères

PATRIMOINE NATUREL Un enjeu, des risques, des solutions

Youssef SLAOUI Consultant

Le développement économique serait-il voué à nuire à l’environnement naturel ? Excluant tout fatalisme ou toute passivité, un plan concerté vise à préserver la biodiversité et les sites vulnérables dans la Région de l’Oriental. L’implication responsable des opérateurs économiques est fondamentale.

’Oriental dispose d’un patri- intégré pour cette Région aujourd’hui en biodiversité de ces cinq sites, en moine naturel exceptionnel, objet de toutes les convoitises. faire des sites pilotes et les doter de 200 km de côte méditerra- plans de gestion spécifiques, articu- L néenne, des zones humides Reconnaissance lés autour d’une volonté politique de sans égal (embouchure de la Mou- internationale l’Etat et d’une forte approche partici- louya et lagune de Nador), un massif pative, intégrant les partenaires inter- montagneux exceptionnel (le massif Les bailleurs de fonds internationaux ne venant sur ces sites, qu’ils soient ad- des Beni Snassen), une richesse pay- s’y sont d’ailleurs pas trompés et ont ministratifs, élus ou représentants de sagère importante (le Cap des Trois vite compris le potentiel et les risques la société civile. Fourches, Kamkoum El Baz) et un pa- qu’encourt cette Région. En 1999, le trimoine historique unique (les grottes Fonds Français pour l’Environnement Cette approche se voulait donc péda- de Zegzel et l’oasis de Figuig) pour ne Mondial (FFEM) et le Fonds Mondial gogique, développant des techniques citer que cela. pour l’Environnement (GEF ou FEM), de préservation et de gestion à dupli- Aujourd’hui, l’Oriental est à la pointe ont mis en place avec le gouvernement quer sur le reste des zones sensibles des projets structurants du pays. A tra- marocain un projet de préservation du pays, bénéficiant pour cela d’un vers les différents projets de raccorde- de la biodiversité des zones humides soutien technique international et d’un ment de l’Oriental avec le reste du pays et côtières de l’Oriental, dans le cadre partage des expériences entre les six (autoroute, voie ferrée, rocade méditer- d’un projet international commun à six pays concernés. ranéenne), la Région est appelée à re- pays (outre le Maroc, étaient concer- définir sa place dans le processus de nés la Tunisie, l’Egypte, le Liban, les Les réalisations du projet développement économique national. Territoires Palestiniens et l’Albanie). Ce Le projet touristique de Saïdia et la ro- projet s’appelait MedWetCoast, Med Depuis cinq ans, le projet se déroule cade méditerranéenne sont des atouts pour méditerranéen, Wet pour wet- normalement (avec néanmoins des re- structurants dont la Région doit profiter lands (zones humides) et Coast pour tards dûs à la complexité et à l’ambition comme base de développement éco- zones côtières. du programme) et met à jour, grâce à nomique et social. Doté de 3,5 millions de dollars pour la un diagnostic rigoureux, des richesses partie internationale, ce projet a repéré en biodiversité dépassant de loin les Cependant, cette opportunité ne doit cinq zones d’intervention prioritaires : attentes, justifiant encore plus la mise pas se faire au détriment du patrimoine le cap des Trois Fourches, l’embou- en œuvre du processus de protection. de la Région. chure de la Moulouya, le massif des Les cinq sites sont inscrits sur la liste Bien au contraire, nous devons tirer les Beni Snassen, la lagune de Nador et le Ramsar suite aux résultats du diagnos- leçons du passé et imaginer un pro- mont forestier du Gourougou. tic et au travail des Eaux et Forêts. cessus de développement durable et L’objectif était de préserver la richesse Pus particulièrement, la richesse fau-

18 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 nistique de l’embouchure s’avère ex- qu’il était hors de question de sacrifier en dur n’étant pas rares dans la rive ceptionnelle, surtout pour les oiseaux un tel projet économique au profit de la nord de la Méditerranée, condamnant d’eau et révèle une zone de repro- préservation naturelle. les gestionnaires à importer du sable duction, de nidification et d’hivernage d’ailleurs pour alimenter leurs plages. pour de nombreuses espèces mon- Plus encore, des contacts sérieux ont dialement menacées, comme la sar- été pris avec les responsables de la Cette approche en termes de déve- celle marbrée, le goéland d’Audoin ou station touristique pour leur proposer loppement durable est la seule voie le balbuzard pêcheur. de participer avec nous à cette opéra- possible et elle devrait fédérer les Très tôt, les responsables du projet tion de préservation, partant du prin- énergies : au moment où l’on parle ont eu à arbitrer entre l’opportunité de cipe que la sauvegarde d’une zone d’extension de la station balnéaire, il l’installation de la station balnéaire de naturelle de toute beauté devait être faut être conscient que cette exten- Saïdia et la préservation des richesses considérée comme un plus à offrir aux sion ne doit pas se faire au détriment de la Moulouya. futurs clients de la station balnéaire. du patrimoine naturel de la zone, sa- chant par ailleurs que les possibilités Très vite aussi, l’intérêt économique C’est ainsi que d’importants aména- d’extension sans remettre en cause et l’importance du nombre d’emplois gements ont été déployés sur la zone les richesses de l’embouchure sont créés pour la Région par cette station balnéaire de l’embouchure pour gérer largement possibles. l’ont emporté sur les considérations les flux d’estivants et reconstruire les purement écologiques, malgré une dunes cassées par les véhicules 4X4, Cette philosophie doit être présente forte opposition de la société civile, avec pour but de redonner à cette zone dans l’esprit des décideurs de la Ré- représentée par les positions d’ONG un aspect aussi naturel que possible, gion, qui ont aujourd’hui à prendre des comme « Homme et environnement », sans pour cela empêcher les popula- mesures d’envergure qui dessineront farouchement opposées à la station tions de profiter du site balnéaire. Au- l’avenir de la Région. Ils doivent aussi balnéaire. delà de cet aspect purement ludique, prendre en considération les volontés Le défi était alors d’allier la préserva- la reconstruction des dunes et leur pré- des populations locales, qui, aussi tion des zones sensibles et le dévelop- servation est une garantie du maintien attachées soient-elles à la création pement économique : les bailleurs de du niveau d’ensablement de la plage d’emplois et de richesses, sont atta- fonds internationaux comme la cellule de Saïdia, les exemples de disparition chées aussi à leur patrimoine naturel de gestion du projet étaient convaincus du sable en raison des aménagements et historique.

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 19 Repères

L’investissement comme acte territorial

Hassan BERNOUSSI Directeur des Investissements

L’une des caractéristiques fortes de l’évolution des investissements au Maroc est la part croissante prise par la dimension régionale. M. Hassan Bernoussi, Directeur des Investissements, souligne ici l’ampleur et la nature de cette tendance.

L’investissement a connu une croissan- riode est de plus de 110 milliards de En provenance de pays arabes, citons ce importante au cours des dix derniè- Dirhams, portant sur la création de 69 notamment les projets suivants: res années. Quels en sont les impacts 165 emplois directs et stables. au plan régional ? Au premier semestre 2007, la Com- s Vallée de Bouregreg, Rabat (sur deux mission des investissements a souscrit phases : Bab El Bahr prévu sur 5 ans Le Maroc s’est imposé au cours de la 51 projets de conventions d’investisse- et Amwaj prévu sur 10 ans) ; décennie comme l’un des principaux ment. L’encours total des investisse- s Houara, région de Tanger (230 hecta- acteurs du capital investissement. Les ments pour ce semestre est estimé à res, avec une composante résidentielle) ; tableaux ci-après reprennent les pro- 51 milliards de Dirhams portant sur la sLa Marina de Casablanca (24 hectares jets soumis traités par la Commission création de 31 690 nouveaux emplois entre le port et la mosquée Hassan II) ; Ministérielle et montrent la répartition directs et stables. En moyenne sur la s Chrifia, Marrakech (projet touristique des investissements par Région ainsi période 2003-2007, le montant de de la Région). que l’évolution des montants d’inves- l’investissement est de 13,86 milliards tissements entre 2005 et 2006. de Dirhams par semestre et le nombre En provenance des Etats-Unis, nous La Commission des Investissements a d’emplois de 8 645 / semestre. avons deux projets dans le textile : approuvé, pour la période 2003-2006, Eurojeans & Wash et Polydesign Sys- 227 projets avec une moyenne de 28,37 Pouvez vous nous indiquer quelques tems pour un montant de 120 MDh (un projets par semestre. L’encours total exemples de projets par origine géo- investissement significatif de 1,4 mil- des investissements pour cette pé- graphique ? liard de Dh de Fruit of the Loom).

Répartition des investissements par localisation en 2005 Répartition des investissements par localisation en 2006

Nombre Investissement Nombre Investissement Région Emploi Région Emploi de projets en millions de Dh de projets en millions de Dh

Projets éclatés 10 8 912 1 660 Maroc 14 17 446,8 4 736

Marrakech-Tensift-El Haouz 5 4 355 1 400 Marrakech-Tensift-El Haouz 16 18 822,9 9 772

Rabat-Salé-Zemmour-Zaer 5 2 555 2 840 Rabat-Salé-Zemmour-Zaer 8 868,9 1 793

Doukala-Abda 2 1 652 - Doukala-Abda 2 2826,4 275

Chaouia-Ourdigha 4 1 179 1 760 Chaouia-Ourdigha 5 2688,2 1 090

Grand Casablanca 15 1 161,55 4 377 Grand Casablanca 14 2 195,4 2 059

Tanger-Tétouan 6 214,4 3 604 Tanger-Tétouan 14 13 427 10 248

Source : Direction des Investissements- Bilan de la Commission des Investissements Souss-Massa-Darâa 1 3 580 160

20 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 tissement, à l’image d’autres domaines Evolution des montants (en MDh) des projets transversaux, nécessite une large col- 70 000 laboration. L’offre territoriale est une responsabilité 60 000 partagée par les acteurs politiques, les 50 000 institutionnels, les opérateurs écono- miques et les citoyens. 40 000 Une mise en réseau entre les niveaux 30 000 local et national est cruciale, au regard de la nouveauté du système promo- 20 000 tionnel et du stade d’évolution actuel 10 000 de la régionalisation au Maroc. Un tel aboutissement est perçu comme élé- 0 2003 2004 2005 2006 2007 ment déterminant à l’implantation de Source : Rapport de l’USAID l’investisseur. Cette vision de la Région a été sou- Les Intégrales de l’Investissement en- loppement durable de la Région? lignée par Sa Majesté, dans sa lettre globent-elles l’approche régionale ? s L’aménagement du territoire, un outil d’ouverture de la 2ème édition des Inté- stratégique pour la Région ? grales de l’Investissement : Dans chacune des éditions des Inté- s Quelle promotion pour la Région ? « l’investissement, créateur de ri- grales, nous avons accordé une place à chesse et générateur d’emplois, est la dimension territoriale, étant convain- En quoi la régionalisation, priorité af- le gage d’une vie digne et décente cus, qu’en fin de compte, il n’existe fichée du gouvernement, est-elle en pour notre peuple, notamment no- d’investissement réel que dans sa re- mesure de « booster » l’investissement tre jeunesse. L’objectif est que l’en- lation à un espace, délimité physique- national et international ? semble des Régions du Royaume ment, offrant les atouts nécessaires puissent valoriser, au mieux, les po- pour donner naissance à un projet et Le Maroc s’est engagé dans une stra- tentialités dont elles disposent et plus tard le capitaliser dans une appro- tégie d’aménagement du territoire, fon- assurer leur intégration optimale au che de développement intégré. dée sur les principes d’équité sociale, tissu économique national dans l’opti- La Région a été aussi présente en tant d’efficacité économique et de dura- que d’un développement global, dura- qu’espace « culturel » favorable à l’in- bilité des ressources devant garantir ble et équilibré, basé sur la réduction vestissement lors de la première édition l’égalité des chances entre les différen- des disparités sociales, l’élimination qui a traité du lien entre « Culture et ci- tes Régions du Royaume. des déséquilibres spatiaux et la pro- vilisation ». Elle a été également retenue La question de la promotion de l’inves- motion du monde rural ». comme environnement bénéficiaire et favorisant l’investissement socialement responsable à la 3ème édition. ème Lors de la 4 édition, la Région a été 1% retenue comme pépinière de ressources Autres humaines qualifiées et bassin d’emploi.

Lors de la dernière édition, la Région a 4% été interpellée une fois encore en tant USA 50% que point d’attache affectif et utilitaire Europe des compétences marocaines évoluant à l’étranger. Mais, les Intégrales de l’investisse- ment ont tout particulièrement dédié 45% la deuxième édition spécifiquement à Pays arabes l’investissement comme acte territorial. Quelques interrogations ont ainsi été traitées lors des débats : s Quelle place pour la Région dans une économie globalisée ? Projets IDE Maroc par origine géographique 2003 - 1er semestre 2007 s Quelle gouvernance pour un déve- Source : Direction des Investissements

oriental.ma - N°02 - Mars 2008 21 Repères

L’attractivité, facteur de compétitivité

Moulay Hafid ELALAMY Président de la CGEM

Le défi de l’attractivité s’impose fortement aux Etats et aux Régions. La CGEM a intégré ce fait et déploie des actions de communication et des initiatives à l’échelle des Régions afin de sensibiliser et mobiliser les entreprises marocaines. Au-delà des contraintes et des réticences rencontrées, des réponses adaptées et des convergences avec les autres acteurs régionaux sont recherchées…

a mondialisation économique, Notre Confédération est structurée de vers des rencontres sectorielles ciblées, la généralisation des échan- telle manière à répondre aux soucis de de sensibiliser le tissu industriel de leurs ges et des investissements la compétitivité, voire de l’attractivité ré- Régions respectives à l’impératif de la L internationaux, loin de tarir la gionales. Aujourd’hui, les Unions Régio- compétitivité. Car l’adoption de nouvel- concurrence entre les nations, a imposé nales font un excellent travail de com- les méthodes de management permet- aux Etats et aux Régions une nouvelle munication à cet égard. tra, aussi bien, aux entreprises qu’aux forme de compétition pour attirer et re- Avec leurs différents partenaires natio- collectivités locales marocaines de dis- tenir les entreprises, les capitaux et les naux et étrangers, elles essayent, à tra- poser d’un territoire compétitif et donc à talents sur leur territoire.

Ces territoires nationaux et régionaux ne sont pas le réceptacle passif des facteurs mobiles : ils vont au contraire, comme de véritables chefs d’entreprise, être amenés à mettre en valeur leurs caractéristiques et leurs atouts. C’est pourquoi, aujourd’hui, la problématique de l’attractivité est au cœur des campa- gnes de communication de bon nombre de Régions et au centre des débats de la vie politique et publique.

La banalisation de la notion d’attractivité, que nous retrouvons dans les discours de nombreux acteurs politiques et éco- nomiques, et la médiatisation croissante des études et enquêtes d’opinion ten- dent à rendre difficile la mise en exergue des facteurs et déterminants qui contri- buent à rendre un territoire attractif. A la CGEM, nous sommes conscients de tous ces défis.

22 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 ses entreprises de préserver leurs parts de et internationaux. Elles constituent ainsi maintien et le renforcement de la com- marché et leurs avantages comparatifs. une composante essentielle du cadre pétitivité, dans une époque marquée Cependant, la mise en œuvre d’un sys- global de gouvernance au Maroc. par la globalisation. tème de marketing territorial au Maroc se heurte à plusieurs contraintes dont Par ailleurs la Commission PME de no- Aujourd’hui un territoire qui se veut at- notamment l’absence, ou parfois l’insuf- tre Confédération, en partenariat avec la tractif doit présenter une « offre » variée, fisance, de ressources compétentes for- PIMEC (Confédération des PME catala- comprenant des filières sectorielles, mées en management public en général nes), a initié un nouveau concept : des pôles de compétences, des sites et en marketing territorial en particulier ; « Les Rendez-Vous de la PME ». industriels, des opportunités d’affaires la réticence de certains responsables au et des partenariats d’entreprise. En ef- changement et à l’utilité des nouvelles Il s’agit d’une « caravane » qui a sillonné fet, un territoire économique compétitif techniques de management, etc. le Maroc avec comme stations prin- et attractif peut être une bonne source cipales les grandes villes du Royaume de compétitivité externe et d’avantages La CGEM a aussi poussé ses entrepri- (Agadir, Casablanca, Fès, Oujda, Rabat comparatifs pour l’entreprise locale, ses à l’échelle nationale à nouer des re- et Tanger) afin de mettre au fait les PME la notoriété et la renommée de celle-ci lations de partenariat, de coopération et régionales et les informer sur les chal- passant par : de jumelage avec d’autres entreprises, lenges de l’innovation, la productivité et groupements et collectivités étrangères bien entendu l’attractivité de leurs Ré- • la qualité de la relation tissée avec le pour profiter de leurs expériences ou gions, finalité qui passe inéluctablement territoire en question ; pour un éventuel échange d’information, par leur compétitivité. Les questions po- • la qualité et les traits distinctifs du ter- de technologie et de compétences. sées aujourd’hui sont de savoir : ritoire (son image de marque, ses atouts L’action de la CGEM dans les Régions et potentiels, ses ressources humaines, passe par ailleurs par les rencontres or- • comment les acteurs territoriaux, pu- sa culture dominante, etc) ; ganisées dans chacune des Unions Ré- blics et privés, prennent en compte la • la disponibilité et les coûts raisonna- gionales par le Conseil d’Administration notion d’attractivité dans une optique bles des terrains industriels ; et l’ensemble des Commissions de la de compétition ? • des interlocuteurs locaux de qualité Confédération. • quels partenariats sont-ils possibles : (élus et personnel communal) ; public-public, public-privé, privé-privé... ? • la participation des services extérieurs Ainsi la CGEM a mis en place, il y a un • quelles démarches peut-on identifier locaux dans la prise de décision locale ; an, un projet de Code de bonnes prati- pour la promotion de l’attractivité (po- • la qualité de la planification stratégi- ques de gouvernance d’entreprise, fruit sitionnement, mise en réseau, offre de que locale ; d’un consensus très large entre les sec- services, évaluation) ? • un bon environnement économique, teurs privé et public. Ce Code a été éla- L’attractivité est un facteur-clef pour le législatif, social et monétaire. boré par la Commission nationale pré- sidée par la CGEM et le Ministère des Affaires Economiques et Générales et s’adresse à toutes les entreprises sou- cieuses d’accroître leur performance et leur valeur de manière durable, grâce à l’adoption des meilleures pratiques de gouvernance d’entreprise.

Les bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise permettent d’améliorer les performances et la compétitivité des entreprises, d’optimiser l’accès au fi- nancement et le coût du capital et de consolider leurs relations avec les par- ties prenantes (employés, clients, créan- ciers, administrations…).

Pour l’économie générale, elles contri- buent à la croissance de l’emploi, au développement d’un marché des capi- taux efficient et au renforcement de la confiance des investisseurs nationaux

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Dimensions sociales et humaines de l’attractivité territoriale

Ahmed LAMRINI - Secrétaire Général, Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité

Au cœur des politiques de développement régional, l’attractivité impose la prise en compte de tous les atouts économiques, humains et culturels des Régions. L’impératif du développement humain implique que soient surmontées les contraintes qui persistent face à cette dynamique nouvelle.

Le territoire doit ainsi être à la hauteur ans un contexte économi- Les facteurs nécessaires à l’attractivité que de plus en plus glo- territoriale des défis et des enjeux, et prendre en balisé et concurrentiel, main son propre développement, à tra- D aucune position en terme vers une nouvelle gestion, autour d’un d’attractivité d’un pays ou d’une région projet de territoire fondé sur la cohésion n’est acquise définitivement et dans Economiquement Territoire et l’équité sociales, l’efficacité économi- viable l’absolu. Ce contexte met les Etats attractif que, la protection des ressources natu- et les Régions en compétition pour atti- relles et la valorisation du patrimoine. Socialement Ecologiquement rer et retenir les investisseurs potentiels équitable durable et les capitaux sur leurs territoires. Développement humain, une problématique au centre Aussi, pour développer leur attractivité, des politiques publiques… qu’elle soit économique, résidentielle ou touristique, les territoires nationaux ou capital humain, son degré d’ouverture Le nouveau concept du développe- régionaux doivent-ils adopter une appro- sur son environnement, son patrimoine ment, en opposition aux théories classi- che proactive et mettre en valeur leurs culturel, ainsi que par le cadre de vie ques qui donnent la primauté au capital atouts et leurs potentialités. L’attracti- qu’il offre à ses habitants. physique, incarne un changement de pa- vité territoriale est d’ailleurs, aujourd’hui, radigme majeur en matière de développe- au centre des débats et devient un facteur Cependant, pour développer durablement ment économique et social. Il met l’ac- déterminant aussi bien dans le choix des un territoire, il est nécessaire de rechercher cent sur l’importance de la démocratie investisseurs que pour le développement un équilibre entre développement social, et de l’Etat de droit, et postule que le du territoire lui-même. développement économique et protec- développement humain devrait être à tion de l’environnement et du patrimoine la fois, la seule et vraie finalité de toute Développement territorial et ce, dans le cadre d’une vision globale politique de développement et un moyen et attractivité et intégrée. L’attractivité d’un territoire puissant pour impulser tous les facteurs est donc tributaire de notre capacité à de croissance. L’attractivité d’un territoire ne se mesure construire des politiques structurelles pas uniquement par son offre en infras- qui articulent étroitement des projets L’analyse prospective de l’évolution de tructures économiques et en services relevant de divers domaines : économie, notre développement humain, réalisée collectifs, ni même par ses ressources infrastructures, social, savoir, sécurité à l’occasion du cinquantenaire de l’in- naturelles, mais aussi et surtout par son et environnement. dépendance de notre pays, a permis

24 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 Le développement humain : rer une dynamique pérenne en faveur travail, l’initiative pour l’emploi, la charte un moyen et une finalité du développement humain et du bien- nationale éducation formation, l’habitat être de la population et à améliorer, social ; à terme, les indicateurs de développe- • une démarche de mise à niveau spa- ment humain. tiale et de correction des déséquilibres Finalité En outre, elle instaure un mode de gou- territoriaux ; Développement économique, développement social Développement humain • une solidité du capital socio-institution- et protection de l’environnement vernance rénové du développement, nel en termes de partenariat public privé ; Moyen basé sur la planification stratégique ter- ritorialisée et sur les principes de par- • une société civile plus dynamique. ticipation et de partenariat. La mise en œuvre de ce processus a pour objec- Une qualification de dégager des pistes d’action autour tif la mise en convergence des actions des territoires et des acteurs d’espaces privilégiés de réforme, en de l’ensemble des intervenants sur un est, cependant, nécessaire vue de tirer notre développement vers le même territoire, sur la base d’objectifs haut. Il s’agit notamment, d’améliorer no- partagés et dans le cadre d’une vision En effet, malgré ces atouts, un certain tre compétitivité, d’aller vers de nouvelles globale et intégrée. nombre de contraintes objectives per- logiques de positionnement régional, de sistent dans le domaine social, liées s’intégrer à la société du savoir, d’amé- Ce chantier de règne vient, à point nom- essentiellement à l’insuffisance en res- liorer notre système de gouvernance, mé, compléter les atouts dont dispose sources humaines qualifiées et aux faibles de lutter contre la pauvreté et l’exclusion notre pays, lui permettant ainsi d’amé- capacités des acteurs locaux en matière sociales et de réorganiser les solidarités. liorer sa compétitivité : de planification, de conduite et de ges- tion des projets de développement. Déjà, à l’aube du nouveau millénaire, • une politique de croissance économi- une nouvelle vision du développement que volontariste, fondée sur la diversifica- C’est pourquoi, le Ministère du dévelop- social a émergé. Elle met l’accent sur tion de l’appareil productif, la promotion pement social, de la famille et de la soli- la nécessaire intégration des politiques des investissements et la modernisation darité et les deux établissements sous publiques sectorielles, la promotion de des infrastructures ; tutelle, l’Entraide nationale et l’Agence la participation, du partenariat et de la • des politiques sociales ambitieuses : de développement social, ont mis en solidarité, ainsi que la prise en comp- mise en place de l’Assurance maladie place une stratégie qui s’articule autour te de la dimension territoriale. Cette obligatoire (AMO) et du Régime d’as- d’un certain nombre de programmes, vision a pris en considération les ap- sistance médicale (RAMED), le code du conduits en partenariat avec les départe- ports conceptuels nouveaux en matière de développement social et de dévelop- pement humain, ainsi que les nouvelles règles de gouvernance publique. La création, en juin 2004, du Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité et surtout le lancement, en mai 2005, de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) par Sa Majesté le Roi ont imprimé une nouvelle dimension à cette vision. …l’INDH, une dynamique pérenne en faveur de l’attractivité territoriale

Tout en favorisant une forte croissan- ce économique, l’INDH vise à court et moyen termes, à réduire la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale et, par voie de conséquence, à atteindre les objectifs du millénaire pour le dévelop- pement. Elle vise également à instau-

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ments ministériels en charge des secteurs (RNDS) qui regroupe décideurs politiques, et personnes handicapées. Les axes sociaux et les organisations du système chercheurs, universitaires et acteurs de d’intervention concernent le soutien des Nations unies. la société civile, et qui constitue un espace aux activités génératrices de revenus et de réflexion, de concertation et d’échange créatrices d’emploi, l’accompagnement Tous ces programmes visent à renforcer d’expériences dans le domaine du déve- social des projets de lutte contre l’habi- les capacités des acteurs locaux de déve- loppement social. tat insalubre, l’aide et l’assistance aux loppement en matière de planification groupes sociaux vulnérables. et de management du développement De nouvelles approches et à promouvoir l’ingénierie sociale. transversales pour conduire Approche genre le développement : ou approche par catégorie ? Ainsi, un programme de qualification des l’approche genre associations est développé ; il vise à par- et l’approche droit Le genre est, selon la définition du tir d’un diagnostic des capacités mana- PNUD, un concept qui se réfère aux gériales et des critères de gouvernance, Ces deux approches s’imposent désor- rapports sociaux et aux différences l’appui aux associations et leur profes- mais dans le champ du développement sociales entre femmes et hommes. sionnalisation en vue de leur classification et permettent une meilleure analyse de Mais, il est important de distinguer en fonction des projets à gérer. la réalité sociale. Leur intégration dans les politiques de développement vise l’approche genre de l’approche par Le programme de mise en réseau des la reconsidération de la femme en tant catégorie ou groupes sociaux qui associations a pour finalité la recherche qu’actrice à part entière dans le déve- elle, renvoie aux personnes âgées, de complémentarité et de cohérence dans loppement, l’élimination des écarts en enfants, jeunes, personnes handica- les actions et les projets de développement. terme d’opportunités et de droit et ce, pées et personnes en situation diffici- à travers une répartition égale des pos- le, et dont les besoins, les comporte- Le programme de formation aux métiers sibilités, un accès équitable aux ressour- ments et les perceptions ne peuvent du travail social concerne la formation ces, la réhabilitation sociale, économi- être présumés identiques. de 10 000 travailleurs sociaux à l’hori- que et politique des femmes, ainsi que D’ailleurs, parmi les personnes âgées, zon 2012, répartis en 8 profils, en parte- l’intégration sociale des personnes en il y a des femmes et des hommes ; nariat avec les universités et les établis- situation de handicap, pour permettre parmi les enfants, il y a des filles et des sements de formation professionnelle. à tous et à toutes d’être plus efficaces garçons... et plus efficients dans la construction Par ailleurs, la promotion de la recherche de la société. en sciences sociales, l’observation sociale La nécessaire mise en et la diffusion des bonnes pratiques, a né- Les programmes sont développés convergence des actions cessité la mise en en place, en 2007, du selon une approche par catégorie : fem- de l’ensemble des acteurs Réseau national de développement social me, famille, enfant, personnes âgées du développement territorial

Des outils méthodologiques et des instruments d’intervention La problématique du développement au service du développement local www.social.gov.ma est marquée par le caractère multidi- mensionnel et la multiplicité des interve- nants aussi bien au niveau central que local : départements ministériels, éta- blissements publics, collectivités locales et société civile.

Le cadre juridique de la gouvernance locale ainsi que le dispositif institution- nel mis en place par l’INDH permettent la mise en place d’un processus de pla- nification stratégique qui regroupe tous ces acteurs et ce, pour une meilleure coordination des initiatives et une lar- ge concertation dans la définition des actions à engager.

26 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 COMPÉTITIVITÉ ET ATTRACTIVITÉ Émergence de filières nouvelles

Taoufiq BOUDCHICHE Directeur de la Coopération Internationale - Agence de l’Oriental

Le défi pour l’Oriental est d’effectuer une transition d’une économie fondée sur les secteurs traditionnels à une économie moderne et compétitive portée par de nouvelles filières. Panorama d’une économie régionale à haut potentiel allant de l’industrie à la culture en passant par l’agriculture, l’élevage, la pêche maritime, le tourisme, les services…

’Initiative Royale pour le Déve- Quelles sont les filières émergentes ? rapidement étendue. Dès 1914, des mi- loppement de l’Oriental met Quelles sont les conditions de leur déve- nes de fer et d’autres minerais étaient en œuvre les conditions per- loppement dans l’Oriental ? en activité. Des mines d’anthracite, de L mettant à l’économie régio- Telles sont les questions qui font l’objet plomb, de zinc et de manganèse, ont nale d’effectuer sa transition en passant de cet article. été ouvertes à Jerada, Boubker, Touissit d’une économie fondée sur des sec- Au plan économique, l’Oriental a connu et Jbel Klakh (Bouarfa) à la fin des an- teurs traditionnels (mines, agriculture, un développement en plusieurs étapes nées 20. Ces activités, fortement dépen- élevage, Industries primaires, etc.) à une associé, d’une part, aux projets secto- dantes des cours mondiaux, ont cessé économie régionale moderne, basée riels implantés dans la Région dès 1905 progressivement à partir des années 80. sur de nouvelles filières à haute valeur à travers des initiatives qui ont touché Aujourd’hui, les matières premières des ajoutée (tourisme durable, nouvelles tous les secteurs économiques de base industries, notamment pour la , technologies, offshoring, formation et (mines, agriculture, élevage, industries, sont importées. La prospection pétro- économie du savoir, sous-traitance in- etc.) - et, d’autre part, à sa position géo- lière, entreprise dès les années 1920, n’a dustrielle, etc.). graphique qui a permis le développement pas encore donné ses fruits. des secteurs du tourisme, du commerce Ces filières, tout en valorisant les sec- et des services. En volume, la production industrielle de teurs traditionnels, permettraient à la Ré- la Région de l’Oriental s’élevait en 2004 gion Orientale de développer ses facteurs Ressources minières et Industrie à environ MAD 7 milliards, dont 75% réa- de compétitivité et d’attractivité pour les lisée par la filière matériaux de construc- entreprises évoluant dans les secteurs Entamée en 1905 dans l’arrière-pays de tion et 22% par les industries agro-ali- les plus modernes de l’économie. Nador, l’exploitation des gisements s’est mentaires. Le tissu industriel compte

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Répartition des entreprises industrielles par grands secteurs raîchère et agrumicole au plan national. Nombre Chiffre Investisement Ils ont été aussi à l’origine de la pratique Grands secteurs Effectif d’entreprises d’affaires (k€) (k€) d’un élevage intensif de bovins, veaux, taurillons bouchers et vaches laitières. Agro-alimentaire 118 135 000 8 300 1 900 Ils ont également favorisé l’implantation d’activités industrielles (sucrerie de Zaio, Chimie & parachimie 100 101 000 8 600 2 000 unité d’emballage et de traitement du lait Electrique & électronique 4 4 500 150 100 d’Oujda, et de conserveries à Berkane).

Métalique & mécanique 81 410 000 1 700 2 200 Dans la plaine des environs de Taourirt,

Textile & cuir 14 4 000 35 500 au climat beaucoup plus sec, le défri- chement a commencé dans la première Total 317 654 500 18 785 6 700 moitié du siècle et a pris une importan- ce sensible dans les années 70. Il s’est Source : Ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à Niveau Economique (2004) renforcé au cours des quinze dernières environ 300 établissements dont 85% comportera environ 204 lots (site dédié années avec le creusement de puits et sont localisés à Oujda et Nador. aux industries de sous-traitance indus- la plantation d’arbres fruitiers. Ce mou- trielle et à la logistique) ; vement a été encouragé, au début de la Les exportations de produits indus- • le pôle tertiaire d’Oujda qui jouxtera décennie 90, par le programme d’aide à triels, estimés à MAD 734 millions sont l’aéroport d’Oujda-Angad, s’étendra une l’agriculture sous centres pivots. Mais, constituées essentiellement de lingots de première étape sur 20 ha et pourra offrir ces défrichements et aménagements plomb (MAD 416 millions) et de conser- jusqu’à 560 lots (site dédié à l’offshoring, risquent de menacer, à moyen terme, veries de poissons et de fruits et légumes aux nouvelles technologies, à l’industrie les écosystèmes. (MAD 276 millions). Les importations sont aéronautique, à la formation, etc.). formées principalement de La superficie des terres agri- matières premières (céréales, coles dans la Région de billettes d’acier, charbon, etc). l’Oriental représente 7% du total national, dont seulement Actuellement, les matériaux les 2/3 sont exploités, le reste de construction, l’agro-ali- étant mis en jachère, ce qui mentaire, et la pêche concen- présente un potentiel de dé- trent l’essentiel de l’activité économique Il est prévu de renforcer le pôle « Econo- veloppement notable. La filière totalise régionale. Les grandes entreprises im- mie du Savoir » à travers le pôle d’Oujda. un chiffre d’affaires de EUR 135 millions plantées dans la Région concernent en et concentre près de 30 % des effectifs particulier les matériaux de construction Agriculture et élevage intensif industriels de la Région. Ces derniers : SONASID à Nador (filiale de Arcelor présentent des caractéristiques de flexi- / Mittal) dans la sidérurgie et la cimen- L’implantation d’une agriculture ouverte bilité importante à un coût compétitif (sa- terie HOLCIM à Oujda. En effectif, on sur un large marché (arboriculture irri- laire minimal agricole de MAD 1184 par compte près de 300 unités industriel- guée et viticulture), qui s’est faite dans les mois en 2000). les pour l’essentiel implantés dans les plaines des Trifa et des Angad dès 1906, Provinces de Nador et d’Oujda (respec- a été le fruit d’initiatives privées colonia- La filière agro-industrielle est également tivement 152 et 113). Elles emploient les. Les premiers aménagements agri- prépondérante au vu des capacités de 6 700 personnes environ. coles entrepris par les services publics production de produits agricoles dans ont concerné, en 1917, l’arrière-pays de le bassin de la Moulouya. Les program- La relance du secteur industriel est envi- Nador, Laroui, Midar et Dar Driouch. De mes de mise en concession des terres sagée dans le cadre du Programme de la même époque date l’insertion dans SODEA / SOGETA (10 000 ha depuis Développement Industriel de la Région le plan national hydro-agricole et hydro- 2005), constituent une opportunité réelle de l’Oriental (PDIRO) désormais intitulé électrique des projets d’aménagement pour la Région permettant d’attirer des MED EST. Ce programme, articulé sous hydraulique sur la Moulouya qui ont dé- opérateurs nationaux et étrangers et de forme d’une «déclinaison» régionale du bouché, au lendemain de l’indépendan- favoriser l’amélioration des rendements Plan Emergence, a ciblé les sites et les ce, sur la construction de barrages et de grâce aux débouchés à l’export. filières industrielles suivantes : réseaux d’irrigation. L’agriculture régionale bénéficie de la no- • le parc industriel de Selouane, à une Ces équipements ont permis à la Région, toriété de Berkane à l’international pour dizaine de Km de Nador, qui s’étendra notamment à la plaine des Trifa, d’ac- la production d’agrumes et de vignobles. dans une première étape sur 72 ha et quérir un statut de grande région ma- Les principales variétés cultivées sont la

28 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 clémentine, l’olive et l’orge. Les sous-fi- d’Oujda. Le premier diagnostic, élaboré lières les plus dynamiques, avec le plus en 1936, a donné lieu, en 1952, à un d’opportunités en termes de croissance plan d’amélioration pastorale intégrant et de rentabilité sont : la défense des sols et de la végétation, la plantation de rideaux d’eucalyptus et • l’industrie de l’emballage et du condi- d’arbustes fourragers, des aménage- tionnement (le potentiel agricole de la ments d’hydraulique pastorale et la mise Région lui vaut d’occuper le 3ème rang en défens périodique de quartiers de dans la production nationale d’agrumes, pâturage en concertation avec les éle- les volumes exportés (80% de la produc- veurs. tion régionale) et les équipements hydro- En 1971, une nouvelle étude a couvert la agricoles irriguant 40 000 ha, sont des totalité du territoire des Provinces d’Oujda facteurs favorables à l’implantation de et de Figuig. Les actions qui devaient en nouvelles unités industrielles nécessaires découler n’ont pas été organisées de au traitement et à l’écoulement de la pro- façon intégrée avant la mise en œuvre duction agricole régionale) ; du Programme de Développement des • l’industrie oléicole (surtout artisanale Parcours et de l’Elevage de l’Oriental à ce jour, la production est en cours de (PDPEO), en 1990. La deuxième phase modernisation du fait du développe- de ce dernier, lancée en 2004 devrait dé- les autres ports méditerranéens). Ce port ment de l’entreprenariat privé dans les boucher sur une véritable structuration occupe le 10ème rang pour la pêche métiers du conditionnement, de la tritu- de l’élevage. Par ailleurs, plusieurs pro- côtière nationale, après les ports atlan- ration, de la saumure et de la confise- jets sont à l’étude pour le développe- tiques de Laayoune, Agadir, Tan Tan, rie d’olives), avec une superficie dédiée ment des filières suivantes : Dakhla, Casablanca, Safi, Tarfaya, Sidi aux plantations d’oliviers de 6 852 ha, Ifni et Larache. assurant une production annuelle de • la filière caprine et produits laitiers ; 18 000 quintaux, reste nettement en • la filière bovine et viande rouge, notam- Le port de Ras Kebdana occupe le 4ème deçà des capacités de la Région au vu ment, sur la base des atouts dont la Ré- rang sur la Méditerranée (après Béni An- des terres disponibles et des possibilités gion dispose avec la race BéniGuil ; sar, Al Hoceima et Mdiq). Sa production d’irrigation ; • l’industrie de la boucherie (l’important Pêche maritime a sensiblement augmenté durant les cheptel ovin de la Région, constitué de deux dernières années pour atteindre 1,3 million de têtes, offre des oppor- La Région de l’Oriental dispose d’une fa- 3 000 tonnes / an en moyenne. Les sta- tunités sur toute la filière, de l’abattage çade maritime de 200 km sur la Méditer- tistiques des ports de pêche espagnols au transport frigorifique en passant par ranée, soit 39% du littoral méditerranéen d’Andalousie font ressortir des captures l’industrie de transformation), tandis que marocain. Elle compte deux ports de d’un niveau bien plus élevé. Pour la seule l’élevage est concentré au Sud (Provin- pêche : Béni Ansar et Ras Kebdana. La Région d’Andalousie, le nombre de ports ces de Jerada et Figuig) où il représente flottille de pêche comprend 1 145 unités, de pêche s’établit à 25, dont 11 pour les l’essentiel de l’activité économique. dont 87% de canots de pêche artisanale trois Provinces qui font face à l’Oriental (17% du tonnage total). Avec des captu- (Malaga, Grenade et Almeria). Vision synoptique sur le secteur agricole res moyennes annuelles de 30 622 ton- L’enjeu consiste à consolider le secteur Superficie agricole utile 700 000 ha nes en volume et près de 242 MDh en valeur, la Région participe aux produits de la pêche par le renforcement de l’in- frastructure portuaire et la modernisation Superficie irriguée 110 000 ha de la pêche au plan national à raison de 1,3% en volume et 4,4% en valeur. Au ni- de la flotte pour assurer une meilleure Superficie cultivable 440 000 ha veau des ports de la Méditerranée, cette exploitation des ressources halieutiques participation a atteint 38,4% en volume de la Région. Plantation arboricole 68 000 ha et près de 52% en valeur. Tourisme Elevage pastoral Le port de Béni Ansar se positionne comme premier parmi les huit ports de L’Oriental a connu pendant de longues A partir de la fin des années 20, les ser- pêche du Maroc sur la Méditerranée années une activité soutenue par les re- vices techniques du Protectorat ont or- avec le tiers des captures méditerranéen- cettes des touristes maghrébins venant ganisé les éleveurs et mis en place des nes en 2004. Celles-ci se distinguent par effectuer leurs achats dans les souks structures d’amélioration génétique et leur qualité puisque leur valeur moyenne de la Région (Oujda, Béni Drar, Ahfir, sanitaire, en particulier une ferme de sé- a atteint 12,13 Dh/kg (contre 3,24 Dh/ Berkane et Nador) ou en villégiature à lection de béliers de race Beni Guil près kg au niveau national et 7,90 Dh/kg pour Saïdia, jusqu’à la fermeture des frontières

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terrestres maroco-algériennes en 1994. tal a toujours été considérée comme un Au plus fort de son activité, la Région a foyer important de création théâtrale. enregistré par exemple, 2 022 218 touris- Ses troupes ont été nominées dans plu- tes algériens et tunisiens entrés en 1991, sieurs festivals nationaux et internatio- soit près de 90% des touristes entrés par naux. Les arts plastiques ne sont pas voie terrestre et près de 65% des entrées en reste, avec des créateurs de grande de touristes au pays, toutes nationalités qualité. Des métiers d’artisanat raffiné et toutes voies confondues. sont spécifiques à l’Oriental, tels le Me- jboud (broderie avec fil d’or), le tapis et En 1991, le taux d’occupation des hôtels le burnous. de la Région était de 113 nuitées par lit pour une moyenne nationale de 93. Ac- Pour les équipements culturels, l’Oriental tuellement, ce taux s’établit à 15 nuitées se classe parmi les Régions «moyenne- par lit, soit à peine 13,6% de l’activité de ment équipées», avec 23 établissements 1991. Les capacités d’accueil régionales (maisons de la culture, bibliothèque, comportent 161 hôtels, dont 44 clas- musées, théâtres,...), soit 7,4 % de l’en- sés, soit environ 7 900 lits dont 42% se semble national. A titre de comparaison, trouvent en hôtels classés. La mise en lé-Zemmour-Zaer. En 2005, un montant la Région de Tanger-Tétouan avec 41 service à partir de l’été 2008 de la sta- global de 39,5 milliards de Dirhams (soit établissements et 14,2 % est « la plus tion « Méditerrania-Saïdia » va permettre 10,8% du montant total des dépôts équipée », la Région Gharb-Chrarda-Bni d’améliorer la capacité touristique de la bancaires du Royaume) a été enregistré Hssen avec 4 établissements et 1,2 %, Région. Celle-ci prévoyait initialement 28 dans la Région. En 2006, on estime que étant « la moins équipée ». Un renforce- 000 lits qui ont été portés à 40 000, suite 24 % des transferts financiers des MRE ment de ces équipements est program- au succès commercial de la première vers le Maroc ont transité par l’Oriental mé en 2007 et 2008, avec l’achèvement tranche auprès de la clientèle européen- (soit près de 1 milliard d’Euros). et la mise en fonction de plusieurs projets ne. L’investissement global s’élève à plus structurants tels que des maisons de la de EUR 1 milliard. Son impact sur le dé- Le principal défi à relever est d’orienter culture à Oujda , Nador et Figuig, une veloppement régional sera considérable, cette épargne vers les projets productifs médiathèque municipale, un musée, un et servira de force motrice à l’ensemble de la Région. En effet, en 2006, seule- conservatoire de musique et de danse, de l’économie régionale. ment 6,8 milliards de Dirhams ont été ainsi qu’une galerie des arts contempo- réinvestis au niveau de la Région, soit rains à Oujda. Commerce et Services à peine 2,3% du montant des crédits Ce potentiel peut donner lieu à l’émer- bancaires distribués au niveau national. gence d’une véritable industrie culturelle Du fait de la position géographique de la Des actions ont été initiées par l’Agence (édition, industries du spectacle, tourisme Région, le secteur du commerce et des de l’Oriental pour la mise en place de culturel, etc.) et nécessite de fortes actions services constituait un secteur d’activités mécanismes permettant de promouvoir de promotion de la Région. Les infrastruc- traditionnel important en termes d’em- l’investissement productif issu de ces tures qui se mettent en place à la faveur plois et de contribution au produit inté- transferts financiers, notamment, en col- de l’Initiative Royale pour le Développe- rieur brut régional. Après avoir souffert, laboration avec la coopération technique ment de l’Oriental, le soutien à des mani- pendant longtemps de la prolifération des allemande et avec la CNUCED. activités informelles et de la contreban- festations culturelles d’envergure interna- tionale (Festival du Raï à Oujda, Festival de, ce secteur connaît une nouvelle dy- Culture et industries culturelles namique avec l’introduction de la grande Imerqane à Nador, etc.), le soutien aux manifestations scientifiques organisées distribution. Plusieurs enseignes se sont La Région se distingue par un patrimoine par les pôles culturels comme l’Université installées ou sont en cours d’installation culturel diversifié. Des monuments his- d’Oujda, ou l’Institut Français de l’Orien- (Marjane, Aswak Essalam, Metro, etc.). toriques telles les Kasbahs de Saïdia, tal, le développement de l’économie du Laâyoune, Taourirt et Debdou, les mu- savoir avec la technopole d’Oujda, de- Au sein des activités de services, il faut railles d’Oujda, l’ancienne mosquée, la vil- vraient contribuer à faire émerger une véri- noter la contribution importante du sec- le de Figuig avec ses Ksours, renferment table industrie culturelle qui, dans certains teur bancaire à la collecte de l’épargne un important patrimoine archéologique, pays développés, contribue jusqu’à 5% et aux flux financiers provenant, notam- très riche et d’une grande valeur scien- du Produit Intérieur Brut. ment, de la communauté marocaine tifique. La Médina d’Oujda fait partie du résidant à l’étranger et originaire de la patrimoine historique et culturel non seu- Région. L’Oriental constitue le troisième lement régional, mais également national. pôle financier du pays après les Régions Elle couvre une superficie de 28 ha, occu- Source : base de données de l’Agence de l’Oriental (étude du Grand Casablanca et de Rabat-Sa- pée par l’habitat et le commerce. L’Orien- MED EST, extraits du rapport du Conseil d’Administration)

30 oriental.ma - N°02 - Mars 2008 Développement urbain, attractivité et compétitivité des territoires

Michel SUDARSKIS Secrétaire Général de l’INTA

Les mutations économiques et sociales sur fond de mondialisation impliquent une régénération des villes afin d’organiser une mixité des fonctions au-delà des modèles urbains d’aujourd’hui. Quels en sont les instruments ? Quels rôles devront y jouer l’Etat, les villes et les partenariats public-privé ?

algré leur diversité, la plu- tégration mondiale, à l’exemple des sec- ticulière aux entreprises, notamment aux part des villes de la Médi- teurs en expansion : agro-industrie, trans- PME qui créent plus d’emplois ; terranée ont à relever un ports, commerce international et de détail, • des ressources humaines qui permet- M défi commun : accroître techniques liées à l’environnement, indus- tent de tirer parti de la croissance et de leur prospérité économique et leur com- tries culturelles et tourisme, conception l’innovation dans les secteurs fondés sur pétitivité et faire reculer le chômage et et recherche, services aux entreprises de le savoir, et la capacité d’assurer des for- l’exclusion sociale, tout en protégeant et pointe. Leur croissance donne les moyens mations continues par des liens forts en- en améliorant l’environnement. Là réside de créer des emplois et d’améliorer la tre offre et demande en professionnels toute la difficulté du développement ur- qualité de vie à l’échelon local et régional. qualifiés (le besoin de formation qualifiante bain maîtrisé, difficulté que certaines villes Les taux de chômage dans l’Oriental sont est reconnu par les autorités de l’Oriental, surmontent mieux que d’autres. encore supérieurs aux moyennes natio- avec des programmes conçus en coopé- Les projets de régénération sont variés, nales, par les effets de la restructuration ration entre Universités, centres de forma- mais, pour l’essentiel, ils visent à organiser économique et par l’insuffisance de capa- tion professionnelle et agents économi- une mixité des fonctions qui rompt avec cité d’adaptation dans les zones urbaines ques, et le projet de pôle technologique la séparation plus ou moins stricte entre et périurbaines. qui vient renforcer cette politique) ; habitat et travail. Ces projets se dévelop- • une bonne infrastructure de commu- pent partout dans la ville, mais avec une La qualité de l’environnement urbain est nication, y compris en technologies de concentration dans les centres, les ports, un investissement à long terme pour at- l’information, des transports assurant les bords de mer ou de fleuve, et les fri- tirer des «travailleurs du savoir», géogra- l’accessibilité interne et externe, ainsi ches industrielles. Au-delà, c’est tout ae la phiquement mobiles, et des activités à que des stratégies d’internationalisation problématique de la reconstruction de la forte valeur ajoutée. L’étalement urbain encourageant les échanges, l’établisse- ville sur elle-même qui est posée, c’est-à- et la périurbanisation (exode des habi- ment de réseaux et des apprentissages dire d’une politique «sustainable» de dé- tants et des activités vers les périphéries) mutuels entre milieux économiques et veloppement urbain aujourd’hui prioritaire peuvent détériorer durablement la qualité sociaux différents, politique déjà à l’œu- au Maroc, en particulier dans l’Oriental. environnementale des zones urbaines, vre avec l’amélioration des réseaux fer- et donc leur attractivité. La compétitivité rés et routiers, littoral ou autoroutier ; Villes et compétitivité : la complexité d’un territoire se mesure à plusieurs fac- • un environnement urbain de qualité des stratégies à mettre en œuvre teurs, chacun jouant sa partition dans une en termes de ressources naturelles et dynamique de croissance : physiques, reposant sur des systèmes Mondialisation, essor du secteur tertiaire efficaces de contrôle de la qualité de et intensification de la concurrence in- • une économie locale diversifiée dans l’environnement naturel ou bâti, un bon ternationale, sont à la fois des chances laquelle il y ait place à la fois pour des in- fonctionnement des infrastructures et des et des risques pour les zones urbaines dustries manufacturières, des services, transports, des documents d’urbanisme de l’Oriental. Elles peuvent tirer parti des des industries culturelles, les loisirs et le cohérents et stables qui permettent une possibilités offertes par les progrès de l’in- tourisme, accordant une importance par- utilisation mixte des sols et rendent les

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villes attrayantes (les plans d’aménage- sont fortement dispersées (logements, ment ambitieux d’Oujda et Nador sont travail, achats). Outre qu’il favorise la pro- des étapes importantes pour la transfor- lifération urbaine, le “tout automobile” a mation des villes de la Région) ; d’autres conséquences néfastes, com- • une bonne qualité de vie culturelle et me la coupure d’avec le voisinage et la sociale, des logements abordables et mobilité réduite si l’on n’a pas de voiture. une sécurité assurée, ces améliorations Là où la mobilité est nécessaire, il faut du cadre de vie passent notamment par mettre en place des systèmes favorables la rénovation du parc immobilier, la lutte aux transports publics et autres modes contre la pollution et le vandalisme, la de partage de la mobilité. protection et la mise en valeur de bâti- ments et d’espaces libres dans les zo- La surconsommation d’énergie génère nes dégradées, ainsi que par la préser- des rejets de gaz contribuant à l’effet de vation du patrimoine historique et culturel serre, lui-même moteur du changement (l’aménagement de Saïdia, la rénovation climatique. L’insuffisance de l’isolation du centre-ville et la récupération des fri- thermique des bâtiments en est un fac- ches ferroviaires d’Oujda, ou l’aménage- teur important. La hausse de la consom- ment de la lagune de Nador, s’inscrivent mation en eau est capital : la pénurie se dans cette logique de développement fait déjà sentir sur de vastes territoires de urbain comme facteur d’attractivité et l’Oriental. La pollution du milieu marin met donc de compétitivité) ; en danger non seulement le secteur de stratégie intégrée d’attractivité pour ac- • une bonne gestion des collectivités et la pêche, mais aussi l’économie littorale croître la compétitivité : l’élaboration d’approches intégrées et tributaire du tourisme. Les insuffisances de partenariats pour le développement dans la gestion des déchets génèrent • stimuler la vitalité économique des économique urbain, y compris avec les la dégradation des paysages, la conta- villes par l’innovation et l’esprit d’entre- entreprises privées ; mination des eaux et des sols et la pro- prise, en augmentant la productivité et • des relations efficaces et fonctionnelles pagation de maladies. Les villes doivent en exploitant de nouveaux gisements avec des villes plus grandes et d’autres en outre réduire et gérer les risques en- d’emplois, dans les villes petites et plus petites, y compris des liens solides vironnementaux (glissements de terrain, moyennes comme dans les centres mé- à nouer avec la périphérie rurale (le sys- tremblements de terre et inondations), tropolitains, vers un système polycentri- tème urbain polycentrique entre Oujda, ainsi que les risques technologiques liés que, complémentaire et solidaire ; Berkane, Nador est l’amorce d’une par exemple aux grands complexes in- • organiser l’accès de tous aux résultats grande région urbaine plus fonctionnelle dustriels. d’une productivité et d’une compétitivi- et plus performante). té accrues, pour faire reculer l’exclusion La qualité du bâti et des infrastructures sociale et améliorer la sécurité (l’exclu- Le défi de l’aménagement urbain : et la nécessité de valoriser le patrimoine sion, par son ampleur et son intensité, durabilité locale et effets globaux revêtent une grande importance dans affecte la vie de ceux qui en sont vic- tous les types de zones urbaines, mais times, mais aussi la compétitivité des Le prélèvement sur les ressources na- c’est d’abord dans le centre historique villes et des territoires) ; turelles, surtout par la consommation des villes qu’elles se posent avec le plus • faire en sorte que les villes soient à lon- d’énergies et de matières premières non d’acuité, comme à Nador et Oujda. gue échéance plus soucieuses de l’envi- renouvelables, la pollution accrue et la ronnement et que les effets indirects du production croissante de déchets, in- Remarques pour l’avenir développement ne pèsent pas sur leur fluent sur les écosystèmes et imposent périphérie immédiate, les zones rurales un coût élevé à la société. Un environne- Malgré la diversité des expériences et environnantes, les régions voisines ; ment médiocre a souvent pour corollaire des situations, les villes de l’Oriental • stimuler l’innovation et la souplesse des une aggravation de l’exclusion spatiale. sont confrontées à des défis similaires : processus décisionnels et du domaine mondialisation et restructuration écono- institutionnel pour développer la parti- La prolifération urbaine induit une hausse mique, transformations sociales, mon- cipation et assurer la complémentarité des besoins en transports et accroît la tée de l’exclusion, pressions sur l’envi- des actions menées en partenariat par dépendance à l’égard du véhicule indivi- ronnement, pression fiscale et évolution les secteurs public, privé et associatif, du duel, d’où une aggravation des encom- des relations institutionnelles. La pros- niveau national jusqu’à l’échelon local, brements, de la consommation d’éner- périté économique, l’insertion sociale, et enfin renforcer la synergie et la perfor- gie et des pollutions, y compris sonores. la protection et l’amélioration de l’envi- mance entre procédures institutionnelles Ces problèmes sont aigus dans les zo- ronnement, sont des objectifs à rendre et moyens mis en œuvre. nes urbaines peu denses de l’hinterland complémentaires pour en améliorer les de l’Oriental où les activités quotidiennes chances de réalisation au sein d’une Tels sont le défi et l’ambition de l’Oriental.

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