LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL S’ENGAGE POUR LE PATRIMOINE

CHAMPLIEU, ÉGLISE NOTRE-DAME DE LA NATIVITÉ (Xe- XVIIIe SIÈCLES)

L’église Notre-Dame de la Nativité est une ancienne église paroissiale. À une période inconnue, elle appartient à l’abbaye bénédictine Saint-Crespin-le-Grand de Soissons avant de dépendre du prieuré de Saint-Thibaut de Soissons au XVIe siècle, puis des Bénédictins de Paris au XVIIe. L’église a été fouillée depuis le Second Empire à nos jours en même temps que les ruines gallo-romaines.

Des fouilles de sauvetage, dirigées par Marc Durand, se sont déroulées entre 1976 et 1978 pour lutter contre les fouilles clandestines et les utilisateurs de détecteurs de métaux. Ces fouilles ont permis l’étude des fondations du lieu de culte et l'examen des sépultures médiévales.

Elles ont mis en évidence une fondation d’époque romaine Plan suite à la fouille (Marc Durand) et un premier édifice de plan basilical daté d’avant le Xe siècle. Le bâtiment actuel, en forme de croix latine, orienté est-ouest, est bâti à la fin du Xe-début du Lithographie de 1842 XIe siècle. Il en reste le choeur et le transept. Fin XIe-début XIIe siècle, la charpente de la nef est remplacée par une voûte en plein cintre. Le portail daterait du XIIIe siècle avec des remaniements au XVIIIe siècle. Au XVe siècle des travaux sont réalisés pour agrandir les baies du chevet et des croisillons. On peut estimer que l’église pouvait accueillir entre 500 et 600 personnes. Elle a été fermée en 1808 en raison de son mauvais état, puis détruite par la foudre en 1814. Fouille de sépulture en cours (photo Marc Durand) L’ancien mur du cimetière ainsi que des sépultures ont été découverts aux alentours et sous l’église. Ces sépultures ont pu être datées grâce aux objets retrouvés à l’intérieur, mais également en fonction de leur recoupement avec les fondations. Sur 53 inhumations étudiées, 31 sont médiévales. D’autres seraient antérieures au Xe siècle. Les études menées sur les squelettes montrent des individus aussi bien masculins que féminins et de tous âges (du nourrisson à la personne âgée), confirmant ainsi l’idée du cimetière paroissial et Dessin d’une sépulture en pleine terre (dessin Marc Durand) non d’un enclos réservé aux moines. LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL S’ENGAGE POUR LE PATRIMOINE

CHÂTEAU DE LA MOTTE (XVIIe-XIXe SIÈCLES)

Le château de la motte est situé entre les communes de Béthisy-Saint-Martin et d’. Ses façades et sa toiture sont classées Monuments Historiques (arrêté du 16 décembre 1986). Il est composé de 4 parties : le logis (maison), la basse-cour (espace technique ou de service), la cour d’honneur (entrée) et le parc (jardin).

Vue satellite du château avec répartition spatiale

Ce logis est composé d’un corps central et de deux pavillons latéraux. L’élévation se décompose ainsi : l La terrasse sur laquelle il est construit est caractéristique des XVIIe-XVIIIe siècles, elle permet de mettre en valeur le logis, de grandir le logis en le surélevant. Carte IGN du château l Le 1er niveau (RdC) est l’étage noble. l Le 2ème niveau (étage) est l’étage privatif. l Le 3ème niveau (comble) est l’étage domestique. Vue du logis (Crédit photo P. Poschadel) La toiture est composée d’un toit unique (XVIIIe siècle et postérieur) et la façade est régulière, sauf au niveau des cheminées, avec des encadrements de baies simples (XVIIIe siècle et postérieur).

La basse-cour constitue l’espace de service de la maison du maître. Elle peut accueillir un puits, des celliers, des écuries, des caves,etc. Cette basse-cour se situe à proximité du logis et se compose de plusieurs bâtiments avec une petite cour centrale. Au Sud, se trouvent un grand bâtiment avec des verrières, l’orangerie et un pigeonnier. L’orangerie est un symbole de richesse car elle accueille et conserve des arbres et des plantes fragiles notamment l’hiver. Orientée au Sud, elle permet de mieux profiter de la chaleur. Carte postale ancienne montrant la face sud du logis et l’orangerie LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL S’ENGAGE POUR LE PATRIMOINE

LE CHÂTEAU D’ORROUY (XVe-XIXe SIÈCLES)

Carte postale de 1945, vue générale du château d’Orrouy depuis le sud-ouest

Les origines du château d'Orrouy sont mal connues. Les premiers seigneurs émergent au XVe siècle, dans le contexte difficile de la Guerre de Cent Ans. Dès le début du XVIe siècle et jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, le château est en possession des Foucault dont plusieurs membres font carrière au service de la Couronne. Peu de sources anciennes documentent le château, seule une analyse archéologique et architecturale du site a permis de faire progresser la connaissance du site. Les propriétaires actuels sont à l’origine de cette initiative.

Le logis était à l’origine au centre d’une vaste cour rectangulaire. Vue générale du château depuis le sud-est Il est composé de sept grands ensembles dont le corps de bâtiment au Sud-Est constitue la partie la plus ancienne. Le grand corps de logis principal, celui qui présente des tours aux angles, est une partie reconstruite après la Guerre de Cent Ans. Elle fut agrandie vers le Nord, peut-être au XVIIe siècle : la belle charpente d'origine qui le recouvre en témoigne. La haute tour à l’angle Nord-Est est un ajout très tardif (courant du XIXe siècle), dans un style architectural que l’on qualifie de néo- gothique car il vise à imiter l’art médiéval. Ces modifications furent peut- être l’œuvre du comte Armand Doria, grand mécène et collectionneur d’art. Le jardin mixte s’étend sur quatre hectares et est régulièrement ouvert l’été pour la promenade. En plus de sa situation originale à flanc de coteau qui en fait une formation étagée, quelques plantes remarquables sont à signaler dont un beau châtaignier, des ormes et un grandiose tulipier du Japon. Le château est souvent associé à une ancienne commanderie templière. C’est une erreur et il faut situer le site templier à l'endroit Hypothèse de restitution de l’emprise du château médiéval sur fond de l’actuelle ferme de Beauvoir, hameau à l’est du village. du cadastre ancien par Maxime Chartier LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL S’ENGAGE POUR LE PATRIMOINE

L’ÉGLISE SAINT-RÉMI D’ORROUY (XIIe-XVIe SIÈCLES)

L’église Saint-Rémi d'Orrouy est célèbre pour son clocher-porche roman (env. 1130), inspiré de la tour occidentale de l’église de , et pour son chœur-halle gothique flamboyant plus jeune de quatre siècles (env. 1540) qui présente cinq belles verrières Renaissance.

Elle présente un plan parfaitement rectangulaire en raison du choix d’un chevet plat et parce que les chapelles orientales et les bas-côtés effacent le transept. Vous constaterez que le fidèle (ou le visiteur) descend dans l’église, une première fois dès l’entrée et une seconde fois entre le clocher et la nef. La topographie du terrain, en versant de vallée, explique que l'on doit descendre dès l’entrée dans l’église puis une nouvelle fois entre la base du clocher et la nef.

Les dispositions intérieures de l’église montrent une adaptation, à chaque période, des éléments architecturaux aux moyens financiers d’une petite paroisse rurale. Les voûtes du choeur et celles des chapelles latérales ont la même hauteur : on parle donc de "choeur-halle". Ce dernier est très régulier et les piliers ainsi que les voûtes sont traités sobrement sans qu’aucun élément original ne s’en dégage. Seules les clefs de voûtes varient discrètement : symboles héraldiques, formes géométriques, décors végétaux ou astronomiques. Plan schématique de l’église d’Orrouy, par Pierre Poschadel

Le clocher à quatre niveaux est de la série des clochers romans célèbres dans l’ et particulièrement dans la vallée de l’Automne. Il est par exemple similaire aux clochers voisins de Bonneuil-en-Valois, Morienval et Saint-Vaast-de-Longmont, présentant tous, deux étages de beffrois à deux baies par face et par niveau. Quant au chœur-halle, son jeu de contreforts décorés et de toitures complexes est plus massif et original que ne le laisserait croire l’architecture intérieure. LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL S’ENGAGE POUR LE PATRIMOINE

LES "GROTTES" D’ORROUY

Les grottes d'Orrouy sont en fait des carrières de pierre. Elles concernent l’exploitation de calcaire à milioles du Tertiaire de couleur crème uni, présent dans la vallée de l’Oise allant de Compiègne à Saint-Leu-d'Esserent.

Ce calcaire a été utilisé dès l'époque gallo-romaine : la pierre de Saint-Maximin a ainsi été utilisée à Lutèce (thermes de Cluny). Ce sera encore le cas tout au long du Moyen - Âge (pierre de Saint-Leu). Au XVIIe siècle, les carrières se multiplient dans l’Oise et Colbert réalise un inventaire de toutes les carrières du Lutétien moyen. La pierre de Saint-Leu est alors considérée comme la meilleure. La vallée de l’Oise devient le lieu d’une très forte exploitation pour les constructions parisiennes. Au XVIIIe siècle, plusieurs effondrements de carrières de Paris incitent les constructeurs à se tourner vers les carrières de l’Oise : la rivière est canalisée pour permettre le transport en 1825, puis le chemin de fer prendra le relai. La pierre est utilisée pour les grandes constructions haussmaniennes au XIXe siècle et pour la Reconstruction des années 1920 et 1930. Elle est encore prisée pour les restaurations de monuments historiques.

Généralement, les carriers creusaient les galeries à partir du front de taille des carrières à ciel ouvert. Ils Vue de carrières, Montigny dégageaient des "rues" en réservant des piliers de soutènement (méthode en piliers tournés). La hauteur, la largeur et les chambres variaient selon l’épaisseur de la couche exploitée, la résistance des matériaux, la hauteur des piliers et la résistance des toits. Ensuite, on procède au dégagement de blocs centraux puis des latéraux, par sciage horizontal puis vertical. À partir du XIXe siècle, pour éviter les effondrements, on élabore des stratégies de soutènement et des normes de largeur et hauteur maximales sont imposées. LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL S’ENGAGE POUR LE PATRIMOINE

L’AFFAIRE DES FAUSSES CATACOMBES DE CHAMPLIEU (XIVe-XXe SIÈCLES)

On trouve à Champlieu non loin de l’église Notre-Dame, une cave composée de plusieurs pièces : la première, couverte d’une voûte en berceau, débouche sur un escalier coudé descendant à une galerie rectiligne longue de 12 mètres. Elle a pour ciel le banc de roche étayé par cinq arcs tandis que les parois correspondent à des murs de pierres soigneusement appareillés. Une petite cavité de 4 à 5 mètres de large taillée dans la roche termine la cave. Carte postale -Collection de Monsieur Duret

Cette cave fut l’objet d’une incroyable fumisterie orchestrée par Madame Osselin, rentière à Orrouy au début du XXe siècle. En 1909, cette dernière racheta la propriété, fit restaurer la cave en partie victime d’un éboulement et la transforma en une fausse catacombe paléochrétienne qu’elle appelait "le Lucernaire", c’est-à-dire le lieu où les premiers chrétiens célébraient leurs offices. Pour la mise en scène, Madame Osselin récupéra de nombreux objets d’époques différentes (silex taillés, ossements humains ou d’un improbable ours des cavernes, fragments de blocs sculptés, sarcophages, céramiques variées, monnaies romaines, fibules...) qu’elle dit avoir trouvés lors de fouilles. L’incroyable est qu’elle fut confortée dans sa supercherie par des érudits comme le spéléologue Edouard-Alfred Martel et l’abbé Narbey qui interprétèrent le site comme étant une cavité naturelle occupée depuis la Préhistoire puis transformée en catacombe paléochrétienne comme semblait l’indiquer les nombreux pseudos symboles gravés sur les murs : monogrammes du Christ, poissons, etc. LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL S’ENGAGE POUR LE PATRIMOINE

L’AFFAIRE DES FAUSSES CATACOMBES DE CHAMPLIEU (XIVe-XXe SIÈCLES)

Madame Osselin aménagea le site comme un petit musée, exposant en produits d’appel certains objets et quelques sarcophages à la surface et proposant aux touristes de descendre dans la catacombe pour la modique somme de 20 sous. Le désir de croire au miracle archéologique fut tel que, quand Monsieur Breton, gardien des ruines gallo-romaines, voisines dénonça en 1910 la supercherie, Madame Osselin le traîna en justice et il fut condamné à lui payer des dommages et intérêts. Mieux encore, le juge, reconnaissant la réalité historique de la chapelle souterraine par sa décision, en demanda le classement. Néanmoins, à partir de cette affaire, certains journalistes émirent des doutes sur l’authenticité de la catacombe.

En 1925, le nouveau propriétaire Eugène Barbier fit de cette catacombe un lieu dédié simultanément à la déesse Mithra en s’appuyant sur des interprétations erronées de gravures déjà fausses. Il réalisa quelques sondages mais ne fit aucune découverte archéologique. Le site resta ouvert au public.

Il faut attendre les années 1970 et l’article de Bernard Ancien pour que la supercherie soit clairement dévoilée. Comme le montrent manifestement les marques d’appareillage et d’outils, cette cave a été creusée et aménagée au XIVe ou au XVe siècle. Les graffitis des murs ne pouvaient donc pas dater de l’époque des premiers chrétiens.

Cette cave est néanmoins inscrite sur la liste des Monuments Historiques depuis 1965 mais son accès est fermé au public.

Carte postale -Collection de Monsieur Duret Carte postale -Collection de Monsieur Duret LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL S’ENGAGE POUR LE PATRIMOINE

CAMP DE MANŒUVRE DES CHARS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

Chars Schneider en pleine manœuvre (avec baraquements en fond) à Champlieu, 1916

En plein conflit, le colonel Eugène Estienne réussit à convaincre l’état- major français de créer un engin capable de franchir tous les obstacles, de transporter de l’infanterie, des armes et des bagages, le tout sous le feu ennemi. Promu général en août 1916, Estienne obtint des crédits spéciaux pour concevoir et fabriquer les premiers blindés. En septembre, il créait le premier camp de chars sur le terrain de manœuvre de l’infanterie de Champlieu. Ce lieu, tenu secret, offrait de nombreux avantages, il était situé à proximité du front mais aussi de Paris et il possédait un camouflage naturel grâce à l’épaisse forêt de Compiègne.

Le camp disposait d’un grand terrain de manœuvre avec un réseau de Char Renault FT 17, 1917 tranchées, de champs de tir, de sections de réparation et d’ateliers ainsi que de parcs de stationnement. Sur ce site, les chefs de chars, les conducteurs, les mécaniciens, les canonniers et les mitrailleurs étaient formés sur les chars Saint-Chamond, Schneider et Renault FT 17. Baptisée artillerie spéciale dans un premier temps avant d’être renommée chars d’assaut puis chars de combat, cette artillerie devint un des symboles de la victoire en 1918.

Aujourd’hui, ne subsistent que quelques traces de ce camp, les baraquements et infrastructures ayant totalement disparu. Seul un monument commémoratif du camp des chars d’assaut, réalisé par le sculpteur Réal de Sarte, rappelle à tous les enjeux et la mémoire Char Saint-Chamond, Champlieu, 1916 de ce site.