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Note préliminaire sur l’abondance relative des Corvidés sur 5 secteurs du et du Puy de Dôme (Auvergne) durant la période 2002-2005

Jean Pierre DULPHY et Priscilla NOTE

derniers sites correspondent à de grandes zones Introduction : d’estives très ouvertes avec peu de bois. Les ornithologues Les proportions de milieux ouverts et boisés seront auvergnats s’intéressent calculées par P. Note pour la synthèse des résultats du rarement aux corvidés programme en cours. (cf Boitier, 2000). Par ailleurs ces derniers sont « vilipendés » par les agriculteurs et les chasseurs qui Dates de prospection les accusent de nombreux dégâts. Leur intérêt n’est Les dates de prospection sont fixes d’une année sur cependant pas négligeable car ils peuvent être des l’autre : début novembre et début avril, en 2002-2003, indicateurs, faciles à suivre, de l’état de certaines zones en 2003-2004 et en 2004-2005, soit, pour l’instant 6 agricoles, par exemple pour évaluer l’impact de comptages. Ces dates ont été proposées par les l’utilisation de la bromadiolone. Pour un ornithologue ornithologues de Franche-Comté (MORIN , 2001, ils peuvent aussi donner une idée des disponibilités en méthode inspirée de BUCKLAND , 1993). La première a proies pour certains rapaces. pour objectif d’avoir une idée des populations de Il se trouve que, dans le cadre d’un travail prédateurs avant la mortalité hivernale et après la (coordination ENITAC, INRA, Parc des Volcans) migration post-nuptiale. La seconde a le même objectif, concernant l’impact éventuel de la bromadiolone sur les après la mortalité hivernale et avant la reproduction. populations de prédateurs diurnes du Campagnol terrestre (Arvicola terrestris), les corvidés présents ont Méthode été comptés, en même temps que les rapaces, sur des transects effectués en voiture dans 5 secteurs témoins. Des linéaires de 2 km ont été définis à l’avance sur Cette note a pour but de présenter les résultats obtenus carte et parcourus en voiture à vitesse lente (environ 20 pour les Corvidés sur 3 années de suivi. Les Rapaces km/h.), avec un arrêt de 2 mn. sur le transect (endroit seront traités par ailleurs. fixé à l’avance, mais positionné différemment d’un transect à l’autre). C’est la méthodologie proposée par Matériel et Méthodes : les ornithologues de Franche-Comté (Morin, 2001). Chaque transect est parcouru en 8-10 minutes. Le Sites d’étude nombre de transects par site (de 8 à 13), et donc de km réellement parcourus, est variable (cf tableau 1). Ces 5 sites sont concernés : 3 dans le Cantal (15) : transects sont parcourus 3 jours de suite (parfois 2 , /, /Marchastel, et 2 seulement en cas de mauvaises conditions climatiques) dans le Puy-de-Dôme (63) : /Mazaye/, et seule la valeur maximale par espèce pour une série . Leur altitude varie entre 700 et 1100 m : de 3 passages a été retenue. On calcule alors par espèce un indice de présence kilométrique (IKA). Cet indice - Ceyssat/Mazaye/Olby : 700-900 m est donc calculé avec le nombre d’oiseaux maximum - Allanche : 900-1000 m vus (sur 3 passages) pour l’ensemble des transects d’un site, rapporté au nombre de km parcourus (exemple : le - Landeyrat/Vernols, Lugarde /Marchastel, Orcival : premier chiffre du tableau 1 est obtenu avec 5 1000-1100m Corneilles vues sur 26 km le meilleur jour). Les paysages concernés sont des paysages d’élevage (Bovins dominants) plus ou moins ouverts. Le degré Participants : d’ouverture du milieu est croissant pour les sites ordonnées ci-après : Ceyssat/Mazaye/Olby, Outre les auteurs, ont participé aux comptages : O. Lugarde/Marchastel, Orcival, Allanche, Roquetanière (Parc des Volcans), Ch. Rous et d’autres Landeyrat/Vernols. Le site de Ceyssat/Olby est à agents de l’INRA de Marcenat, JF Cougoul et JN, proximité de la chaîne des Puys avec des surfaces agents de l’INRA d’Orcival. boisées importantes. Sur Lugarde/Marchastel les boisements se limitent aux vallées. Sur Orcival de Résultats : grandes zones de fauche existent sur les plateaux, mais Au total 5 espèces de Corvidés ont été notées : de nombreux boisements couvrent les versants. Les 2 Corneille noire ( Corvus corone ), Choucas des tours (Corvus monedula ), Pie bavarde ( Pica pica ), Grand

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Corbeau ( Corvus corax ) et Geai des chênes ( Garrulus Les résultats ont aussi été donnés pour un rapace glandarius) . Sauf pour les Geais, leur repérage est commun, la Buse, à titre de comparaison. Ceux pour les assez facile lorsqu’ils se nourrissent à terre dans les autres rapaces seront publiés ultérieurement (P. Note, prairies ou se perchent dans les arbres. En fait 2 en préparation). espèces, la Corneille et la Pie, sont en nombre suffisant pour que leurs comptages soient analysés.

Tableau 1 : IKA pour Corneille, Pie et Buse (valeur maximale prise sur 3 jours consécutifs de comptage) (IKA = nombre d’individus notés par km parcouru) Site Espèce Nov. 02 Avril 03 Nov. 03 Avril 04 Nov. 04 Avril 05 Moyenne

Allanche Corneille 0,2 0,9 0,9 0,8 0,73 0,30 0,64 (26 km) Pie 1,0 0,5 0,6 0,3 0,42 0,21 0,50 Buse 0,60 0,50 0,80 0,3 1,08 0,27 0,59

Landeyrat Corneille 0,4 0,9 0,5 0,7 0,41 0,59 0,58 (22 km) Pie 0,4 0,5 0,5 0,6 0,64 0,50 0,52 Buse 0,5 0,4 0,6 0,3 0,91 0,45 0,53

Lugarde Corneille 0,58 0,46 1,92 0,58 0,83 0,54 0,82 (24 km) Pie 0,42 0,38 0,29 0,58 0,46 0,33 0,41 Buse 0,71 0,33 0,79 0,42 0,71 0,42 0,56

Ceyssat Corneille 3,00 2,41 2,91 4,68 2,23 1,91 2,86 (22 km) Pie 1,77 0,77 1,73 0,86 0,91 0,36 1,07 Buse 1,50 1,36 2,18 1,68 1,14 1,18 1,51

Orcival Corneille 1,44 1,19 1,50 2,06 1,38 0,94 1,41 (16 km) Pie 2,00 2,19 1,50 1,81 1,19 1,06 1,62 Buse 0,69 0,56 0,94 0,75 0,81 0,56 0,72

Moyenne Corneille 1,12 1,17 1,55 1,76 1,12 0,86 1,27 Pie 1,12 0,87 0,92 0,83 0,72 0,49 0,82 buse 0,80 0,63 1,06 0,69 0,93 0,58 0,78 Dans le tableau 1 des moyennes ont été données. Leur signification est, bien sur, réduite, mais elles donnent une idée globale des valeurs observées selon les lieux ou les années.

Pour la Pie l’indice moyen est passé de 1,1 au départ Effet du secteur : pour se retrouver à 0,5 en avril 05. Cet indice est passé La Corneille est surtout abondante sur le secteur de de 0,92 en novembre à 0,73 en avril. Ceyssat (2,86 par km), et peu sur le Cantal (0,7 par Enfin en ce qui concerne la Buse, pour une valeur km). Orcival donne une valeur de 1,4. La Pie est plus moyenne de 0,78 les valeurs sont plus élevées en abondante sur Orcival (1,6) qu’ailleurs : 1,1 pour novembre (0,93) qu’en avril (0,63). Ceyssat et 0,5 pour le Cantal. Pour la Buse on note une valeur de 0,56 oiseau par km Autres espèces notées : dans le Cantal, contre 1,5 sur Ceyssat et 0,7 sur Orcival Trois autres espèces de corvidés ont été notées en petit nombre (Grand Corbeau, Geai des chênes et Choucas). Effet de la saison : En dehors des Corvidés des Hérons cendrés et des Pie- En ce qui concerne la Corneille, pour une valeur grièches grises ( Lanius excubitor ) ont été notés. Les moyenne de 1,27 par km on note des chiffres indices, trop faibles, ne sont pas donnés, mais ils légèrement plus élevés en novembre 03 et avril 04, peuvent être calculés à partir des cumuls du tableau 2. mais pas d’effet moyen de la saison.

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Tableau 2 : nombre cumulé d’individus vus en sommant les meilleurs chiffres journaliers par saison pour les autres espèces vues (hors rapaces) – 6 passages Choucas Grand Corbeau Geai Héron cendré Piegrièche grise

Allanche (156 km) 35 3 1 5 8 Landeyrat (132 km) 1 1 3 6 3 Lugarde (144 km) 15 7 25 1 1 Ceyssat (132 km) 16 6 12 2 Orcival (96 km) 4 3 31 1

Discussion et Conclusion : donne simplement une photographie de l’état des lieux, mais les évolutions futures pourront être intéressantes à Notons tout d’abord que le programme de recherche considérer. évoqué se poursuit actuellement. D’autres chiffres seront donc disponibles, surtout pour les rapaces, et Il serait bien utile de tirer de ce travail quelques analysés en fonction de l’utilisation de la bromadiolone enseignements sur la densité des corvidés dans les sur les différents secteurs. Les chiffres donnés dans zones étudiées. Ce n’est à priori pas facile faute de cette note ont donc surtout pour objectif de signaler le relevés adaptés, du moins pour l’instant. On prendra travail en cours et de donner quelques éléments sur les pour hypothèse une surface « exploitable à l’œil » de 40 Corvidés, éléments pouvant servir de référence pour ha par km (révisable lors du dépouillement final). Au d’autres travaux. vu des suivis effectués nous pourrions alors avancer les densités suivantes, pour les individus visibles en Quelques commentaires sont possibles sur les corvidés. moyenne : environ 3 Corneilles par 100 ha, 2 Pies, 0,25 Les valeurs obtenues sont très différentes en fonction Choucas et 0,25 Geai, soit 1 Corneille pour 30 ha, 1 pie du secteur d’étude. Deux facteurs ont probablement pour 50 ha, 1 choucas et 1 geai pour 400 ha. Ces beaucoup d’importance : l’altitude et la nature du valeurs sont faibles au vu de la bibliographie paysage, mais il y a aussi un effet de la pression (GEROUDET & CUISIN, 1998 ; YEATMAN -BERTHELOT anthropique qui est inconnu. Par ailleurs les conditions & JARRY 1994). Il est en effet certain que le comptage de visibilité ne sont pas les mêmes selon les secteurs en voiture doit sous-estimer les oiseaux présents. (plus faibles en secteur plus bocager ou boisé, à l’inverse plus élevé en secteur ouvert). La comparaison En définitive les zones d’élevage concernées couvrant des secteurs n’est donc pas vraiment possible des milliers d’hectares, il semble bien que les actuellement faute d’avoir enregistré tous les populations de corvidés qui les habitent ne soient pas paramètres qui les caractérisent. Ces conditions devront négligeables, mais l’enregistrement du nombre donc être précisées dès que possible pour mieux d’oiseaux vus par km devra être accompagné par des interpréter les résultats présents et à venir, y compris relevés permettant une meilleure interprétation des pour les Rapaces. résultats. A ce stade de l’étude on se bornera donc au constat suivant : sur les secteurs étudiés du Cantal on trouve : 0,7 corneille, 0,5 pie par km. Dans le Puy-de-Dôme on trouve 2,1 corneilles et 1,3 pie. La valeur de 4,7 corneilles sur Ceyssat et de 2,1 pies sur Orcival en avril 2004 donne une idée de ce qui est possible lorsque probablement plusieurs conditions favorables sont réunies (altitude, paysage, nourriture, pression anthropique supportable). L’effet de la saison n’est pas net. Il n’apparaît pas pour la Corneille et est relativement faible pour la Pie (plus vue en novembre qu’en avril). Parmi les autres espèces 2 sont notées à égalité : le Choucas des tours (indice 0,1) et le Geai (indice 0,1). Le Grand Corbeau est rare. Il est très probable que les corvidés n’ont pas d’incidence sur les populations de rats taupiers. Néanmoins ils peuvent être empoisonnés en Bibliographie consommant des cadavres. Leur notation, qui est très BOITIER E., 2000. Liste commentée des oiseaux facile, peut donc s’avérer très utile pour évaluer d’Auvergne. Le Grand Duc , hors série n°1, 132 p. l’impact de la bromadiolone sur l’écosystème, après celle des rapaces. La méthode utilisée est adaptée à un suivi à long terme. Pour ces 3 premières années, elle

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GEROUDET P. & CUISIN M., 1998. Les Rapport présenté par le Groupe Naturaliste de Franche- Passereaux d’Europe. Tome 2. Delachaux et Niestlé, Comté. 9 pages. Paris, 512 pages. YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994 . MORIN C., 2001 . Suivi diurne de la faune sauvage. Nouvel Atlas des oiseaux nicheurs de . 1985- Plan d’actions campagnols. Modalités de mise en 1989. Société Ornithologique de France, Paris, 716 œuvre des parcours et organisation des comptages. pages.

Manuscrit reçu le 22 décembre 2005

 Jean-Pierre DULPHY  Priscilla NOTE Coteaux de Varennes ENITAC, Marmilhat 63450 63370