LE NORD ET LE PAS-DE-CALAIS " ZONE INTERDITE " DANS LA GUERRE 1939/1945 (La vie quotidienne sous l'Occupation) DU MÊME AUTEUR Aux éditions S.O.D.I.M. de Bruxelles : - 1939-1940, l'armée française (pendant la Drôle de Guerre) en images. - Mai-juin 1940, l'invasion de la (vue du côté allemand) en images. - 1940-1944, Le Nord en images. - 1941-1944, l'armée allemande en U.R.S.S. en images. - 1940-1944, Rommel en images. - 1940-1944, Pétain (et Vichy) en images. - 1939-1945, Le Haut-Commandement allemand et les généraux du Führer en images.

Aux éditions Syros de Paris : - en collaboration avec André PIERRARD : Eusebio Ferrari, à l'aube de la Résistance armée, Paris, 1980. Michel ROUSSEAU

LE NORD ET LE PAS-DE-CALAIS " ZONE INTERDITE " DANS LA GUERRE 1939/1945 (La vie quotidienne sous l'Occupation)

HORVATH REMERCIEMENTS Nous voulons remercier ici tous ceux qui nous ont aidé : - Le service des Archives départementales du Pas-de-Calais et notam- ment son directeur, M. Bougard. - Le service des Archives départementales du Nord à Lille. - Le Comité d'Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale à Paris. - C.H.G. = Comité d'Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale à Paris. - La Ville de Somain et en particulier M. Robton. - La Ville de Gravelines et M. Patrick Oddone. - La Commission Historique du Haut-Pays à Fauquembergues. - La Société historique des Amis de Marchiennes. - L'association MEM.O.R. (Mémoire de l'Occupation et de la Résistance en Zone Interdite) à Vielleneuve-d'Ascq. - Le Musée de la Résistance de Denain. - Le Musée de la Résistance d'Harnes. - Les acteurs, témoins, chercheurs qui nous ont fourni des documents : MM. Boulet, Delame-Lelièvre, Degrémont, D'Hallendre, Heuclin et Pannequin. - Les personnes qui possédaient des photographies (mention dans l'ou- vrage). - MM. P. Y. Dubois, R. Fenzy et J.W. Wiart qui ont bien voulu se charger de la reproduction de certains documents prêtés. - M. Pierre Thibierge qui a photographié une cinquantaine d'affiches de l'Occupation.

Copyright Editions HORVATH 104, rue Tronchet - 69006 LYON ISBN : 2-7171-0915-3 PREFACE

Comment ne pas saluer l'entreprise de M. Michel ROUSSEAU qui tente de rassembler en quelques pages claires, avec des mots simples, une période de notre histoire particulièrement confuse, complexe et encore aujourd'hui mal connue. L'honneur qui m'est fait de préfacer cette importante contribution ne peut pas être séparé de l'hommage qui est dû à tous ceux, connus ou inconnus, qui ont joué dans cette aventure nécessaire autant que doulou- reuse, équivoque dans ses moyens autant que claire dans ses objectifs et qui, pour beaucoup d'entre eux, ne figurent sur aucune des tablettes ou archives de la Résistance aujourd'hui dénombrées. La Résistance est née, cela va de soi, de l'Occupation mais je crois plus encore, et M. Michel ROUSSEAU le souligne fortement, de l'histoire même de notre Région. La Patrie n'a pas de limites géographiques précises ; il n'est que de considérer l'évolution de nos frontières au cours des siècles écoulés pour s'obliger à admettre qu'il faut trouver ailleurs que dans la géographie le contenu de la patrie. C'est d'abord une culture, c'est à dire un langage, des traditions, une solidarité voire des antagonismes locaux mais qui se traduisent dans le même langage et dans un comportement similaire. C'est aussi les évène- ments qui l'ont frappée, qui l'ont métallisée et fondée d'autant plus pré- cisément que les coups qui lui étaient portés étaient plus redoutables. Benjamin FRANKLIN dit quelque part qu'il n'a connu que deux Patries : une grande et une petite. Au niveau de notre petite Patrie qu'est le Nord-Pas de Calais, plus que d'autres nous avons supporté les coups d'agresseurs successifs, tous tentés par notre géographie, fortement ouverte sur le monde extérieur, détentrice de richesses naturelles et en hommes, qui a fondu les premiers éléments de notre civilisation actuelle. Dès lors, comment s'étonner que cette Région trois fois-martyre en soixante quinze ans, ait trouvé tout naturellement et spontanément les forces individuelles d'abord, groupées ensuite, organisées enfin pour répondre à l'agression du nazisme totalitaire ? Chacun d'entre nous connaît, dans le village où il habite, tel de ces résistants qui, dès le 14 juillet 1940, a sorti son drapeau pour narguer la présence occupante, tel teneur de plume inconnu qui, répétant la protes- tation de 1448, passait la nuit sous la porte de son voisin un texte le plus souvent émouvant de protestation simple mais forte. Contrairement à ce qu'on a beaucoup dit, la Résistance était majoritaire dans ce pays même si elle n'a été au départ que le fait d'une poignée d'hommes. Cette poi- gnée de volontaires, compte tenu des coups qu'elle a reçus, du prix qu'elle a payé en vies humaines, n'aurait pas pu se développer si elle n'avait trouvé au plus profond de notre communauté régionale et nationale une protection, un appui, une compréhension que les quelques délations connues ici ou là ne pourront jamais effacer. J'ai parlé d'histoire complexe et je pourrais certainement sur quelques points, des dates, des hommes, des faits, contester ou enrichir la contribu- tion de M. ROUSSEAU ; mais cela est de peu d'importance. Ce qui compte, à travers cette présentation de nos départements dans la guerre 3945, c'est plus le mouvement qu'une série de simples anecdotes ou de destins individuels. Si nous avons parlé dès que cela a été possible de mou- vement c'est bien que nous n'avions envie ni d'écrire une anthologie, ni de rester figés armes au pied, armes que nous n'avions même pas. Nous n'avons découvert qu'à nos corps défendants les règles de la clandestinité et le prix de cette ignorance a été élevé. Comment éviter alors cette bousculade dans les appartenances, ces trous de nos mémoires, cette solitude dans la narration qui tient au fait que chacun d'entre nous était porteur de sa propre histoire et si peu de celle de ses camarades les plus proches. Certes, quand la Gestapo et l'Abwher avec, parfois, la collaboration de la Police française, frappaient nos camarades, une hiérarchie s'effondrait mais l'on voyait en paraître une nouvelle. Quand ? Comment ? Nous n'avions pas de règlement, nous n'avions que des occasions. Nous n'avions pas la liberté du choix, si ce n'est celle de nous engager pour la liberté, pour la République, pour l'indépendance nationale contre tous les abandons. J'essaie de traduire ici le sentiment confus qui a animé la Résistance toute entière. Pouvions-nous, quand notre règle constante était de dire aux plus proches membres de ne pas conserver d'archives, penser à écrire notre propre histoire ! C'est pourquoi, en insérant dans l'histoire de la France et notamment en inter-face à l'action de VICHY notre combat régional, M. ROUSSEAU a fait l'œuvre que sa qualité d'homme et son engage- ment personnel commandaient. "PERSONNE" (permettez-moi ce rappel qui n'a de sens que pour ceux qui survivent) vous salue, cher Monsieur ROUSSEAU, et vous dit merci au nom de tous nos camarades.

Jacques PIE 77 E, Compagnon de la Libération Inspecteur Général des Forces Françaises de l'Intérieur pour la Région A (Nord-Pas de Calais, Somme, Aisne, Ardennes, Seine Inférieure) INTRODUCTION

Beaucoup d'ouvrages sont parus sur la guerre de 1939-1945 dans la région du Nord. La plupart traitent de cet événement capital de notre histoire nationale, dans des secteurs géographiques bien particuliers de la région, nous apportant de précieux témoignages. Dans l'ouvrage que nous vous présentons, nous avons voulu traiter tous ces événements - sans négliger la vie quotidienne -, en associant le texte, la photo, le document et la carte. Il se veut une synthèse non exhaustive des faits qui s'y sont déroulés. Et quels faits ! Région frontière, couloir d'invasion, elle se trouve la première à voir déferler une armée allemande triomphante et la première bataille perdue par les armées franco-britanniques. Occupée, elle est soumise à un régime spécial, rattachée au gouverne- ment militaire allemand en Belgique et menacée d'annexion en cas de victoire allemande. La première année, elle subit un régime d'occupation extrêmement rigoureux qui rappelle par beaucoup de ses aspects, celui des troupes du Kaiser de 1914 à 1918. Durant toute la guerre, le gouverne- ment de Vichy verra sa souveraineté contestée par les militaires allemands de Bruxelles et de l'Oberfeldkommandantur de Lille. De ce fait, les hommes et les femmes de la "Zone interdite", menacée par un possible rattachement à un Grand Reich victorieux, ne verront leur salut que dans la victoire de l'Angleterre et se lanceront très tôt dans la résistance à l'occupant en aidant les soldats et aviateurs britanniques évadés, suivant en cela l'exemple de leurs aînés de 14-18. A l'inverse, les mouvements de collaboration auront peu d'audience dans l'opinion publique. L'existence d'une classe ouvrière nombreuse, de communautés d'im- migrés anti-fascistes feront que les sabotages et les attentats seront précoces et nombreux, s'attaquant au potentiel militaire, économique et humain de la Wehrmacht. Enfin, la proximité de la Grande-Bretagne, l'extraordinaire enchevê- trement des voies de communication, fer et canaux, l'implantation sur son sol de fortifications, de rampes de lancement d'armes secrètes, en font le champ rêvé pour l'action des réseaux de renseignements français, anglais, belges et polonais. En juin 1944, la région du Nord-Pas-de-Calais était tout entière acquise à la Résistance et à la cause alliée. Lorsqu'elles déboucheront de Normandie, fin-août, les unités anglaises et américaines n'y feront que passer, se dirigeant de toute la puissance de leurs moteurs vers l'Alle- magne et la Hollande. Les F.F.I. du Nord-Pas-de-Calais nettoieront le terrain et masqueront la "poche de Dunkerque" qui, faute d'intérêt pour les Alliés, ne se rendra qu'au lendemain de l'armistice du 8 mai 1945. La région du Nord - Pas-de-Calais aura ce douloureux honneur d'être à la fois la première région de France à être occupée et la dernière à être libérée. DE LA DÉCLARATION DE GUERRE A L'ARMISTICE (AOÛT 1939 - JUIN 1940) Le dimanche 3 septembre 1939, à 17 heures, la France se déclare en état de guerre avec l'Allemagne. La Grande-Bretagne l'avait précédée à 11 heures. Le 1er septembre, l'armée allemande avait envahi la Pologne. La France et la Grande-Bretagne, puissances garantes de l'intégrité du territoire polonais, respectaient leur engagement. Pour la population, la déclaration de guerre n'était pas une surprise ; les violations successives d'Adolf Hitler en Rhénanie, en Autriche, en Tchécoslovaquie et à Memel avaient sensibilisé l'opinion et beaucoup en avaient conclu qu'il fallait, un jour ou l'autre, en découdre avec le maître du III' Reich. La région du Nord reprend le visage qu'elle avait connu en août 1914 et en septembre 1938, lors de Munich. Les abords des casernes, les quais .des gares s'emplissent d'une foule grave et affairée où les uniformes domi- nent. La Ire Région Militaire qui comprend les départements du Nord et du Pas-de-Calais mobilise ses réservistes et constitue ses grandes unités. Nombre de villes de la région sont des centres mobilisateurs de toutes armes. Le Centre Mobilisateur de Cavalerie n° 1 de Saint-Omer et le 7e Groupe d'Automitrailleuses forment trois groupes de reconnaissance divi- sionnaire d'infanterie (G.R.D.I.): le 7e (Lt-colonel Mariot), le 11e (Chef d'Escadron Hennocque) et le 70e (C.E. Viennet). Le Centre Mobilisateur de Chars n" 509 de constitue le Groupement blindé 519 (Lt- colonel Aubry) fort de deux bataillons, les 38e et 3ge Bataillons de Chars de Combat (Cdt Chevreul et Pennec) formation blindée de la Première Armée et les 25e et 26e B.C.C. (C" Pruvost et Bonnot) qui constitueront avec les 28e et 37e B.C.C. de chars lourds de Metz, Verdun et Mourmelon la lre Division Cuirassée de réserve (D.C.R.). Le dépôt d'Hesdin mobilise les 27e et 227e régiments d'artillerie. A Lille, le 43c Régiment d'Infanterie fournit les cadres et des hommes de troupe pour former le 33c R.I. qui se mobilise à Béthune. Son 5" Bataillon donne naissance au 100e R.I. à Orchies et son 4e Bataillon caserné à le 54" Régiment d'Infanterie de forteresse en formation à Saint-Amand. Le 1er R.I. de Cambrai aide à la constitution des 127e et 201e R.I. Le 110' R.I. de Dunkerque mobilise les 73e et 310' R.I. A Douai, les ISe Régiment d'Artillerie de campagne et le 215' Régi- ment d'Artillerie lourde fournissent des effectifs aux 161e Régiment d'Ar- tillerie de position et au 406e Régiment de D.C.A. Le dépôt du 3c Régiment du Génie d'Arras constitue ses compagnies de sapeurs-mineurs qui seront ensuite endivisionnées. A Landrecies, à Avesnes-sur-Helpe et dans des localités de l'Avesnois et de la Thiérache, se mobilisent les deux régiments d'infanterie de forte- resse, les 84e et 87e R.I.F., à majorité de frontaliers qui constitueront la 102e Division d'Infanterie de forteresse qui occupera la ligne fortifiée de Wargnies-le-Grand à Trélon. Au total, la lre Région Militaire (Lille) constitue trois grandes unités : - la 1" Division d'infanterie motorisée (D.I.M.) (Général de Camas), 1er, 43e et 110e R.I., ISe et 215e R.A. et 7e G.R.D.I. - la 2e Division d'Infanterie (D.I.) (Général Renondeau), 33e, 73e et 127e R.I., 34e et 234e R.A. et 11e G.R.D.I. - et la 5e D.I. (Général Boell), 102 e 201' et 310e R.I., 27e et 227e R.A. et 70e G.R.D.I. Tandis que les unités de réserve se concentrent, la couverture de la frontière est assurée par la lre D.I.M. qui est une division d'activé, le 54e R.I.F. qui occupe le secteur fortifié de l'Escaut de fort de Maulde à l'ouest, à Wargnies-le-Grand à l'est et la 102e D.I.F. de Wargnies-le-Grand à Trélon. Dès 1932, la frontière du nord avait reçu une amorce de fortifications. De 1932 à 1935, la Commission des Ouvrages des Régions Fortifiées (C.O.R.F.) avait édifié douze casemates sur la lisière nord de la forêt de Raismes et quatorze en forêt de Mormal. En 1938, le petit ouvrage (P.O.) d'Eth, les casemates de Jenlain et du Talandier ainsi que les quatre P.O. de la couronne nord de Maubeuge avaient été construits. Une seconde ligne de casemates Section Technique du Génie (S.T.G.), de blockhaus lre Région, Main-d'Œuvre Militaire (M.O.M.) et Fortifications de Campagne Renforcées (F.C.R.) était venue renforcer la position existante. Durant l'hiver 39-40, les troupes d'intervalle creuseront des tranchées anti-chars, des épaulements, des abris de tir et tendront des réseaux de barbelés. Notre frontière semblait bien protégée et capable de résister à un assaut ennemi qui ne pouvait venir que de Moyenne-Belgique tout comme en 1914. Le 15 septembre, la 51e D.I. occupe le Secteur Défensif de Lille d'Ar- mentières à Maulde. Le 5 octobre, la 2e D.I. vient en soutien dans le Secteur Fortifié de l'Escaut. Dès le 2 octobre, les troupes britanniques de la British Expeditionary Force (B.E.F.) commencent à débarquer sur le continent et vont progres- sivement prendre la relève des unités françaises entre la Lys et le fort de Maulde. En décembre, les 2e et 5le D.I. s'embarquent pour la Lorraine, relevées respectivement par la 2e Division d'Infanterie Nord-Africaine et par les 1er et 2e Corps d'Armée britanniques. A la droite des Anglais, de Dunkerque aux Monts de Flandre, se trouve la 7e Armée du général Giraud. A l'est, dans le Hainaut et la Thiérache, la lre Division marocaine (D.M.) et la 5e D.I.N.A. sont en soutien de la 101' D.I.F. Très en arrière, dans le Cambrésis, le Vermandois et le Ternois, les trois Divisions Légères Mécaniques (D.L.M.) se tiennent prêtes à bondir vers la frontière et, au-delà vers la Hollande et la Moyenne-Belgique. L'implantation des troupes alliées, à quelques modifications près, telles les arrivées en mars 1940 de la 4c D.I. dans le Marquenterre et des grandes unités britanniques de formation récente, restera la même jusqu'au matin du 10 mai. A l'arrière, la population civile, tout comme la troupe, s'installe dans cette torpeur des esprits qu'on a très vite appelée la "drôle de guerre". Les inquiétudes d'un été sanglant comme celui de 1914 s'estompent, estom- pées aussi les craintes de bombardements massifs et d'attaques par les gaz. Dès les premiers jours, on aménage les caves, on étançonne les voûtes, on bouche hermétiquement les soupiraux contre les gaz toxiques, on creuse des tranchées-abris sur les places et les jardins publics. On distribue des masques à gaz aux citadins ; mais très vite, l'absence de bombardements aériens désarme la vigilance du début : les masques restent à la maison et les habitants ne descendent plus dans les abris lorsque retentissent les sirènes d'alerte. Tous les jours à midi, un avion de reconnaissance allemand vient photographier les travaux de fortification à la frontière sans réaction de la chasse alliée. Tant d'inaction, de veulerie, de manque de combativité et de motiva- tions, démoralisent troupe et civils. Dans son cantonnement le soldat s'en- nuie. Cultivateurs et ouvriers d'usine estiment qu'ils seraient plus utiles dans leurs champs ou sur leurs machines qu'à creuser des tranchées qui s'éboulent sans cesse par suite des pluies d'hiver. La mobilisation indus- trielle est lente, l'argent et les matières premières rares. Pour le premier, on a recours à l'emprunt, on lance des émissions de bons d'armement. Des machines-outils sont achetées aux Etat-Unis, en Angleterre, en Suisse et en Suède, le parc de nos usines métallurgiques du Nord n'étant pas adapté à la fabrication des bombes et obus. Pour les matières premières, on a recours à la récupération : « Avec votre vieille ferraille nous forgerons l'acier victorieux ! » proclament les affiches. On associe les écoliers, les scouts à cette campagne. Dans les houillères, on remplace les mineurs mobilisés par des réfugiés venus des mines de Moselle et par des ouvriers marocains. La production souffre beaucoup du manque d'expérience de cette main-d'œuvre non formée à l'exploitation d'un gisement difficile et tourmenté. Le gouvernement doit freiner les enrôlements des mineurs polonais dans l'armée polonaise Sikorski reconstituée en France, de crainte de perdre une main-d'œuvre courageuse et qualifiée. Durant le long hiver, froid et neigeux de 1940, le moral est très bas. Les soldats grelottent dans leurs granges, la solde est maigre comparée à celle du soldat anglais. La propagande allemande s'en donne à cœur joie. Le traître Ferdonnet au micro de Radio-Stuttgart s'emploie à semer la discorde parmi les alliés : « Les Anglais donnent leurs machines, les Fran- çais leur poitrine !» ; il annonce également les mouvements des unités françaises avant même que les intéressés en aient connaissance, fait état de la bombance et des travers des chefs. Il sème ainsi la suspicion et donne à croire que des traîtres à la solde de l'Allemagne agissent aux plus hautes instances de l'armée. Il n'en faut guère plus pour que le soldat français se sente trahi et en juin 1940, la plupart des vaincus s'écrieront : « Nous avons été trahis ! ». C'est dans cette atmosphère pernicieuse que va éclater le coup de tonnerre du 10 mai 1940. A la fin de la nuit du 9 au 10 mai, l'aviation ennemie fait preuve d'une activité anormale. A 5 heures 20, Dunkerque et Calais sont bombardées. A 5 heures 45, les troupes allemandes franchissent la Sure à Echternach (Grand-Duché de Luxembourg). A 6 heures 35, le général Billotte commandant le Groupe d'armées n° 1 (7e, lre, 9e et 2e Armées) reçoit l'ordre d'exécuter le plan Dyle. Ce plan consiste à pénétrer en Belgique pour aller s'établir sur une ligne allant de la Zélande au nord à Givet au sud en passant par Anvers, Louvain, Namur et le cours moyen de la Meuse. En avant de cette ligne, les trois D.L.M. françaises, la cavalerie motorisée anglaise, les divisions de cavalerie montée françaises et les Chasseurs ardennais belges doivent prendre contact avec l'ennemi et retarder son avance jusqu'à la ligne de résistance tenue par l'infanterie. L'état-major français prescrit le retour sur la position frontière car le danger principal vient maintenant de la partie centrale du front entre Sedan et Dinant. Le 13 mai en effet, à 8 heures, les chars de la 7e Panzer de Rommel franchissent la Meuse au nord de Dinant, à 15 heures, la lre Panzer du Corps blindé de Guderian la traverse à l'ouest de Sedan. La percée est faite, tout maintenant va aller très vite. Le 16 mai à la nuit, les premiers éléments de la 7e Panzer de Rommel franchissent notre ligne fortifiée entre Claifayts et Solre-le-Château. Vers minuit, ils sont dans Avesnes-sur-Helpe où ils livrent un dur combat avec les chars légers de la lre D.C.R. L'invasion de la région du Nord est commencée. Plus au sud, Guderian découple des divisions. Le 18, il est à Péronne, le 20 à 9 heures à Amiens et à 20 heures, le bataillon de reconnaissance de la 2e Panzer atteint la Manche à Noyelles-sur-Mer. Au soir du 20 mai, les éléments de quatre Panzerdivisionen sont à Abbeville, Amiens, Montreuil et Hesdin. Toutes les armées françaises du Nord, le Corps expéditionnaire britannique et l'armée belge sont coupées du reste de la France. L'armée hollandaise a capitulé le 14. L'état-major ordonne le retrait de toutes ses unités derrière l'Escaut de Gand à Bouchain et derrière la ligne des canaux de Bouchain à Grave- lines. Le 19 au soir, il ne reste plus à l'est de l'Escaut que les ouvrages de Maubeuge qui tomberont l'un après l'autre du 21 au 23 mai, les chars Somua et les Dragons portés du 4e Régiment enfermés dans Le Quesnoy et le petit ouvrage d'Eth-Jenlain-Le Talandier qui ne se rendra que le 26 mai après une belle défense de sept jours. Le 21 mai, la 5e D.I. britannique soutenue par les chars du Royal Tank Regiment lance une contre-attaque à partir d'Arras en direction du sud dans l'objectif lointain de donner la main aux troupes françaises au sud de la Somme et de rompre ainsi l'encerclement. Le 22, le 4e Régiment de Dragons portés et des chars du 18e Dragons de la lre D.L.M. attaquent au Mont-Saint-Eloi et capturent 130 prison- niers. De violents combats ont lieu à l'ouest d'Arras, à Duisans, Warlus, Agny, Simencourt et Marœuil. Si la percée escomptée n'a pas réussi, elle a sérieusement inquiété la VIIe Panzer de Rommel et les S.S. de la "Toten- kopf' (1) et leur a infligé leurs premières pertes sérieuses depuis le début de la campagne. Les S.S. se vengeront en massacrant des populations civiles. Le 22 mai également, une autre contre-attaque française lancée à partir des ponts de Paillencourt et de Hem-Lenglet sur le canal de la Sensée par des éléments de la 2e D.L.M., du 3e Groupe de reconnaissance de corps d'armée et du 5e G.R.D.I., échoue dans les faubougs de Cambrai, l'en- nemi ayant rameuté ses Stukas. Ces deux seules contre-offensives menées par les Alliés pour rompre l'encerclement, échouent car lancées trop tard, avec des moyens insuffi- sants et un manque de coordination évident. Sur l'Escaut, à l'extrémité de ce que l'on a appelé le "doigt de gant", les Alliés résistent vaillamment. La 3e division anglaise (général Montgomery - le futur maréchal) est installée à , derrière l'Escaut, de Maulde à cette ville. Le passage du fleuve est interdit à l'ennemi. A Antoingt, un mitrailleur anglais dissimulé dans un four à chaux cause de lourdes pertes à l'assaillant. Les 19 et 20 mai, dans sa tourelle blindée du pont du Sarteau à Vieux-Condé, le soldat Jules Beaulieu, du 54e R.I.F., interdit le passage du canal avant d'être foudroyé par trois obus de char. Du 20 au 26 mai, la 1 re D.I.M. résiste magnifiquement entre Château- l'Abbaye et Escautpont. Des combats extrêmement violents l'opposent à la 269e I.D. allemande du XXVIIe Corps du général Wagner à Fresnes- sur-Escaut, Odomez, Bruille-Saint-Amand et Notre-Dame-au-Bois. Les blockhaus et casemates tombent les 25 et 26, crevés par les obus de 88 tirés à bout portant. Le fort de Maulde résiste superbement. Les deux 75 Modèle 97-33 de sa casemate-est sèment la terreur parmi les assaillants. Bombardé par des obus de 305 et 280, aveuglé par des fumigènes, sa résis- tance ne faiblit pas. Il ne sera évacué que dans la nuit du 26 mai. Au sud, d'Escaupont à Prouvy, la 15e D.I.M. tient le canal de l'Escaut. Le général Juin (le futur maréchal) ne s'en laisse pas conter. Son artillerie écrase impitoyablement toute action de l'ennemi. La tentative de franchis- sement du canal le 23 mai à Trith-Saint-Léger par la lre I.D. est repoussée par les tirs du 4c R.I. et du 1er R.A.

(1) Totenkopf: tête de mort. De Prouvy à Bouchain, le secteur est tenu par la 4e D.I. : l'officier qui commande son 3e Bureau est le capitaine Philippe de Hauteclocque (qui deviendra le général Leclerc commandant la légendaire 2e D.B.). L'en- nemi veut s'emparer de Bouchain qui commande le passage de l'Escaut. Il amène de part et d'autre de la ville la 8e I.D. du VIlle Corps (général Heitz) et la lre I.D. du XVIe Corps. Le 23 mai, il s'infiltre dans les marais de Boucheneuil. Le 25, il traverse les marais de Wavrechain-sous-Faulx et enserre la ville. Partout les fantassins du 45e R.I. du Lt-Colonel Desroches résistent farouchement. Le 26 à 23 heures 30, ils se replient sur ordre vers Lille tandis que le dernier carré formé par la Y Compagnie du lieutenant Sabatier se retranche dans la vieille tour d'Ostrevant et ne se rend qu'à 15 heures 30. 400 hommes avaient tenu tête à 2 000. Le 26 mai dans la nuit, la retraite est générale. Les troupes de la lre Armée refluent vers Lille avec pour but final, le port de Dunkerque et le rembarquement vers la France via la Grande-Bretagne. Il était prévu un mouvement en deux temps : un premier repli sur la ligne Cysoing-Pont-à- Marcq et un second sur la Lys. Mais le 27 au matin, le corps blindé de Hoth (5e et 7e Panzer) franchit le canal entre Béthune et La Bassée. Le 28, il coupe la route Lille-Armentières à Lomme et rejette dans la banlieue- ouest et sud, les troupes françaises en retraite. Les restes des divisions se forment en hérissons à Loos, à Haubourdin, à Lomme, au faubourg des Postes, au Canteleu et brûlent leurs dernières cartouches et leurs derniers obus. Il faut bientôt se rendre. Le 31 à 21 heures, le général Molinié signe la reddition. Le général allemand Wagner reconnaissant le courage et le sacrifice de la lre Armée lui accorde les honneurs de la guerre. Des déta- chements symboliques français défilent devant le général et un détache- ment allemand qui lui rend les honneurs. Ce geste chevaleresque sera par la suite reproché à Wagner par les chefs nazis. Les vaincus de Lille pren- dront bientôt le chemin de la captivité en Allemagne. Pendant ce temps, les troupes franco-anglaises qui avaient pu traverser la Lys se replient sur Dunkerque où s'organise en toute hâte un camp retranché. Boulogne est tombée le 25 mai après deux jours de combat dans la ville haute qui immobilisent la 2e Panzer. Le 23 mai, la 10e Panzer avait attaqué Calais défendue par des troupes françaises et trois bataillons et un régiment de tanks britanniques. Dans la soirée du 26, après deux jours de bombardements aériens, les Allemands prennent d'assaut la cita- delle et submergent la défense. La belle résistance de Boulogne et de Calais, en immobilisant le Corps blindé de Guderian, avait permis au 3e Corps britannique de prendre position sur le canal entre Saint-Omer et La Bassée. Le 26 mai, la poche dans laquelle étaient enfermées les armées alliées, avait un périmètre de 209 km, les Français étaient encore à Valenciennes mais l'armée belge pressée par la VIe Armée allemande de von Reichenau, menaçait de s'écrouler. Sa capitulation sera effective le 28 à 10 h 45. Les troupes anglaises découvertes sur leur gauche, refluent sur Dunkerque. Le 26 à 17 heures, prévoyant cette éventualité, l'Amirauté britannique avait ordonné le déclenchement de l'opération "Dynamo", c'est-à-dire l'évacuation des armées du Nord par Dunkerque. L'opération "Dynamo", si elle est un succès, n'en est pas moins une très dure épreuve pour les hommes de troupe et les marines de guerre et de commerce. Dès la soirée du 26, Dunkerque est sous le feu des canons allemands installés à Gravelines. Malgré cela, l'évacuation s'accélère : le 26, 1 400 hommes ; le 27, 7 700 ; le 28,17 800 ; le 29, 47 000 ; le 30, 54 000 ; le 31, 60 000; le 1er juin, 64 000; le 2 et le 3, 48 100 hommes. Dans la nuit du 3 au 4, dernier embarquement de 38 000 hommes. Le dernier périmètre du camp retranché est tenu par les Français, du nord au sud : le 8e Zouaves, le 92e G.R.D.I., le 137e R.I., les soldats du Secteur Fortifié des Flandres, le 341e R.I., le 59e G.R.D.I. et le 225e R.I., ce qui fit dire plus tard par la propagande de Vichy « que les Anglais avaient foutu le camp laissant tomber les Français ». Le matin du 4 juin à 9 heures, les 40 000 soldats restant dans le réduit déposent les armes. Les troupes allemandes de la XVIIIe Armée entrent dans la ville qui n'est plus qu'un tas de décombres sur lesquels plane l'épaisse fumée noire des réservoirs de pétrole en feu. 338 000 hommes avaient réussi à s'embarquer, mais en laissant tout leur matériel lourd. Le bilan est sévère : des centaines de milliers de prisonniers, le matériel blindé et automobile de trois divisions légères mécaniques, d'une division cuirassée ; de six divisions d'infanterie moto- risée, tout l'équipement du Corps expéditionnaire britannique étaient perdus. Le "fer de lance" des armées alliées était brisé. Les départements des Ardennes, du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme au nord du fleuve étaient entièrement occupés. Leur potentiel économique et humain était retranché de l'économie française, des centaines de milliers de réfu- giés errent encore sur les routes de l'exode. Dès le 12 mai, on voit passer les réfugiés belges de la province de Liège et du Brabant. le 16 et le 17, c'est le tour des populations de l'Avesnois. Le 18, le Douaisis et le Valen- ciennois sont touchés. Certains arriveront à passer la Somme avant que les Panzer en interdisent la traversée. Les autres fuient vers l'ouest, vers Saint-Pol, Hesdin, Béthune espérant échapper à l'occupation allemande, tant est vivace celle de 14-18. Les avions allemands mitraillent, bombar- dent les colonnes qui encombrent les routes y laissant de sanglants sillons. A la peur des bombardements, s'ajoute la terreur des exactions des troupes allemandes et en particulier des S.S. du régiment " Totenkopf" : 45 civils abattus à Berles-Monchel, 4 à Hermaville, 76 à Aubigny-en- Artois, 8 à Etrun, 23 à Pont-de-Gy, 54 à Courrières, 70 à Oignies, 13 à Ostricourt et 17 à Wahagnies. Tous les réfugiés ont encore l'espoir d'un redressement et, toujours dans le souvenir de la dernière guerre, la foi dans un nouveau miracle de la Marne. Le généralissime Weygand qui avait succédé au général Gamelin le 19 mai, a établi avec les troupes de réserve venant de l'est, une ligne de défense allant d'Abbeville à la ligne Maginot en bordant la rive sud de la Somme, le canal Crozat, le canal de l'Ailette, la rive sud de l'Aisne, la bretelle d'Inor et Montmédy. La ligne Maginot de l'ouvrage du Chesnois à l'ouest à la frontière suisse de Bâle était intacte. Mais avec si peu d'hommes et de matériel moderne, il n'était plus question d'aller bien loin. Le dénouement est proche, le temps pour les Allemands de retourner vers le sud et vers l'est leurs divisions blindées et d'infanterie. Le 5 juin, ils passent à l'attaque et franchissent la Somme entre Amiens et Longpré-les-Corps-Saints. Après deux jours de durs combats, la percée est accomplie. Le 9, Rouen est prise. Le 10, la Seine est franchie à l'est de Louviers, les Panzer foncent alors vers Nantes prise le 19, Rennes le 18 et Brest le 20. Le 9, à 5 heures 30, c'est sur l'Aisne que l'ennemi prononce son effort. Malgré la résistance de la 2c D.I. à Rethel, la position est forcée le 10. Les Panzer de Guderian déferlent dans les plaines de Champagne puis dans les Vosges et la vallée de la Saône. Les Allemands sont à Epinal le 20, à Lyon le 21. Le 17, la frontière suisse était atteinte à Pontarlier, la ligne Maginot prise à revers et les armées françaises de l'est encerclées et reje- tées dans les Vosges du Nord. Le 17 juin, à Bordeaux, le maréchal Pétain qui a accepté la présidence du Conseil, demande l'armistice sans consulter son gouvernement et l'an- nonce à la radio ce qui démobilise l'armée française. Le même jour, le général Charles de Gaulle s'envole pour l'Angleterre. Le lendemain, il prononcera sur les ondes de la B.B.C. l'appel historique qui l'immortali- sera. Le 22 juin, dans la clairière de Rethondes, sur les lieux mêmes où fut signé l'armistice de 1918, les plénipotentiaires français ratifient un armis- tice dont les clauses seront très dures. La France devra payer une indem- nité de guerre journalière de 400 millions de francs qui sera portée à 450 puis à 500 millions. Un million et demi de prisonniers de guerre français sont rassemblés dans les camps allemands pour une durée indéterminée. Le territoire français est découpé en zones à administrations différentes : ' Les départements d'Alsace et de Moselle sont annexés au Reich et reçoivent un gauleiter, Burckel à Metz et Wagner à Strasbourg. Les régions au sud d'une ligne de démarcation allant du Jura à Tours et de Tours à Bayonne deviennent la zone non-occupée administrée par le gouvernement du maréchal Pétain siégeant à Vichy et à souveraineté toute théorique. Quelques vallées alpestres sont annexées à l'Italie. Au nord d'une ligne de démarcation allant d'Abbeville aux Ardennes, les départements du Nord et du Pas-de-Calais constituent la "Zone Inter- dite" dont l'administration est confiée au Gouvernement Militaire de Bruxelles (Militar Befehls Haber in Belgium und NordFrankreich - M.B;H. Gouvernement militaire pour la Belgique et le Nord de la France). Le commandant en est le général de l'Infanterie Alexander von Falkenhausen qui réside au château de Seneffe près de Bruxelles. Le reste de la France entre les deux lignes de démarcation forme la Zone occupée administrée par le Gouvernement militaire de Paris (MilWir Befehls Haber in Frankreich) dont le chef est le général Eric von Stüpnagel. Le 7 juillet, la ligne de démarcation de la Somme devient hermétique- ment close. Le Nord et le Pas-de-Calais sont isolés du reste de la France (Vichy ne l'apprendra que le 20). Commence la longue nuit de l'occupation qui durera quatre ans, quatre ans de souffrance, de privations et de lutte.

LES ÉVÉNEMENTS D'AOÛT 1939

En septembre 1938, les visées annexionnistes d'Adolf Hitler sur les territoires des Sudètes, provoquent une mobilisation partielle de certai- nes catégories de réservistes. (Ar- ... et des réquisitions militaires. chives Mairie de Somain. Photo. Ed. (Archives Mairie de Somain. Photo. Robton) Edmond Robton) 14 juillet 1939 à Lille : le général Weygand et le préfet Caries au monument aux morts, place Rihour. Dans un discours aux offi- ciers de réserve, le général devait déclarer : "L'armée française n'a jamais été aussi puissante et aussi bien commandée..." (Archives C.H.G., Paris)

Lille, août 1939 : la foule lit les affiches annonçant le rappel immé- diat de certaines catégories de réservistes. (Archives C.H.G., Paris) Lille, août 1939 : la foule anxieuse s'arrache les dernières éditions des journaux dans les kiosques. (Archives C.H.G., Paris)

Lille, août 1939 : des militaires français prennent connaissance des dernières nouvelles. (Archives C.H.G., Paris) Le 2 septembre 1939 à 0 heure, la mobilisation générale est décré- Pour éviter des désordres créés tée. Un télégramme officiel est par l'ivrognerie sur la voie publi- adressé à chaque maire de que, le préfet Caries interdit la France pour qu'il appose les affi- vente d'alcool "à emporter" aux ches et exécute les consignes mobilisés. (Archives C.H.G., données. (Archives Mairie de Paris) Somain. Photo. E. Robton)

La guerre est officiellement déclarée à l'Allemagne le diman- L'ordre de mobilisation générale, che 3 septembre à 11 heures par est affiché dans chaque mairie «le l'Angleterre et à 17 heures par la France, ainsi... (Archives Mairie . France. (Archives Mairie de de Somain. Photo. E. Robton) Somain. Photo. E. Robton) L'Armée française n'est pas ... des chevaux et des mulets. prête. Pour compléter son maté- (Archives Mairie de Somain. riel, elle doit avoir recours à la Photo. E. Robton) réquisition des automobiles... (Archives Mairie de Somain. Photo. E. Robton)

LA RÉGION DU NORD MOBILISE SES HOMMES

Lille, 3 septembre 1939 : les mobilisés se pressent dans la salle des pas-perdus de la gare de Lille. (Archives C.H.G., Paris) ZONE INTERDITE Le NORD et le PAS-DE-CALAIS DANS LA GUERRE 1939/1945 égion frontière, couloir d'invasion, la région du Nord se trouve R la première à voir déferler une armée allemande triomphante et la première bataille perdue par les armées franco-britanniques. Occupée, elle est soumise à un régime spécial, rattachée au gouvernement militaire allemand en Belgique et menacée d'annexion en cas de victoire allemande. Durant toute la guerre, le gouvernement de Vichy verra sa souveraineté contestée par les militaires allemands de Bruxelles et de l'Oberfeldkommandantur de Lille. De ce fait, les hommes et les femmes de la "Zone interdite" menacée par un possible rattachement à un Grand Reich victo- rieux, ne verront leur salut que dans la victoire de l'Angleterre et se lanceront très tôt dans la résistance à l'occupant. A l'inverse, les mouvements de collaboration auront peu d'audience dans l'opinion publique. L'existence d'une classe ouvrière nombreuse, de communau- tés d'immigrés antifascistes feront que les sabotages et les atten- tats seront précoces et nombreux, s'attaquant au potentiel mili- taire, économique et humain de la Wehrmacht. La région du Nord et du Pas-de-Calais aura ce douloureux honneur d'être à la fois la première région de France à être occu- pée et la dernière à être libérée.

P.V.P. : 148 F ISBN : 2-7171-0915-3 REBOUL IMPRIMERIE - SAINT-ÉTIENNE

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